Le théà¢tre : une voie pour l'enseignement des faits religieux en Haà¯ti.

UNIVERSITE D'ARTOIS

UFR d'Histoire, Géographie, Patrimoines

Master Sciences des religions et sociétés - Etude des faits religieux
Année universitaire 2015-2016

LE THEATRE : UNE VOIE POUR

L'ENSEIGNEMENT DES FAITS

RELIGIEUX EN HAÏTI

Préparé par Jean Marc Voltaire

Sous la direction de Jean-Marc Vercruysse

Le théâtre : une voie pour l'enseignement des faits religieux en Haïti

REMERCIEMENTS

La réalisation de ce mémoire a été possible grâce au concours de plusieurs personnes à qui je voudrais témoigner toute ma reconnaissance.

En premier lieu, je remercie M. Jean-Marc Vercruysse, maître de conférences à l'université d'Artois, pour sa patience, sa disponibilité et surtout ses judicieux conseils, qui ont contribué à alimenter ma réflexion. En tant que Directeur de mémoire, il m'a guidé dans mon travail et m'a aidé à trouver des solutions pour avancer.

Je désir aussi remercier M. Numa Wander, recteur de l'université du Cap-Haitien (UFCHC), qui m'a fourni les outils nécessaires à la réussite de mes études universitaires.

Je voudrais exprimer ma reconnaissance envers les amis et collègues, Ezéchias François, Jean Baptiste Jean Ronald et Virginie Destuynder qui m'ont apporté leur soutien moral et intellectuel tout au long de ma démarche.

Enfin, je tiens à témoigner toute ma gratitude à mon épouse Rachel Pierre Louis et mes fils : Cédric, Ted Oliver et Chris Marc pour leur confiance et leur soutien inestimable.

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Jean Marc Voltaire

TABLE DES MATIERES

Remerciements 2

INTRODUCTION 5

I. Objet de la recherche 9

II. Questions de la recherche 9

III. Hypothèse 9

1. CADRE THEORIQUE 11

1.1 Mémoire religieuse haïtienne 11

1.2 Mémoire théâtrale haïtienne 14

1.3 Problématique 15

1.3.1 Rapport entre la religion et le theatre 16

1.3.2 Laïcité, définitions, étymologie et légitimité 17

1.3.3 2010, une année tragique pour Haïti 19

1.3.4 Religion vs Théâtre en Haïti à partir 2010 22

1.4 Le fait religieux 23

1.4.1 Les faits religieux comme objets d'enseignement 25

1.5 Enseigner les faits en Haïti 27

1.5.1 Exemples de sujets en faits riligieux dans le contexte haïtien 29

1.6 Dans une approche laïque de la morale 31

1.7 Théâtre comme moyen de transmission 34

1.7.1 Enjeux social et culturel 37

1.7.2 Le théâtre forum 38

2 CADRE METHODOLOGIQUE 44

2.1 Enseignement du fait religieux par le théâtre 44

2.1.1 l'apport du jeu dramatique 46

2.1.2 Le jeu dramatique : source d'enrichissement sur le plan communicationnel 47

2.1.3 Importance du travail corporel et vocal 48

2.1.4 travailler les émotions 48

2.1.5 Compétences pour se lancer dans l'utilisation du théâtre et de ses techniques 49

2.2 Methodologie 49

2.2.1 La démarche de création 52

2.2.2 La visée esthétique 53

Le théâtre : une voie pour l'enseignement des faits religieux en Haïti

2.2.3 Démarche d'initiation 53

2.2.4 Impacts 54

2.3 Methodes de verification 56

2.3.1 Objectifs visés par l'enquete 56

2.3.2 Construction des questionnaires 57

2.3.3 Description de l'échantillonnage 57

2.3.4 Focus groupe 58

2.3.5 Deroulement du focus groupe 58

2.3.6 Eléments soulevés 59

2.3.7 Interprétation des opinions recueillies 60

2.3.8 Remarques et perspectives 60

3 CONCLUSION 62

4 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 64

4.1 Articles consultés 65

4.2 Mémoires consultéS 66

4.3 Sites consultés 67

5 ANNEXES 68

5.1.1 Annexe 1 : Exemples d'exercices de jeux dramatiques 68

5.1.2 Annexe 2 : Plan du déroulement du focus groupe 76

5.1.3 Annexe 4 : Guide d'entretien individuel 78

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Jean Marc Voltaire

INTRODUCTION

La religion et le théâtre n'ont pas entretenu de bons rapports pendant un certain temps, dès le début du moyen âge¹. L'Eglise a été la première à accuser le théâtre de sacrilège, d'immoralité et de mensonge. Paradoxalement, vers le XIe siècle avec l'Église, le théâtre renaît à travers le drame liturgique, joué par des prêtres et d'autres membres du clergé à l'intérieur de l'église, avec comme sujet : la nativité, les rois mages... Aux XIVe, XVe et XVIe siècle, il y avait le Miracle, qui se jouait à l'extérieur de l'église, sur le parvis, et racontait le plus souvent la vie d'un saint, et le Mystère, qui se jouait sur le parvis, mais aussi sur la place publique, devant la ville entière. Quelles sont les origines des notions de religion et de théâtre ?...

Le mot « religion » vient du latin "relegere" (relire, revoir avec soin, rassembler) dans le sens de "considérer soigneusement les choses qui concernent le culte des dieux" et "religare" (relier) pour désigner "le lien de piété qui unit à Dieu". D'après l'encyclopédie Larousse, « la religion est l'ensemble des croyances, des rituels, des dogmes régissant le rapport de l'homme et de la divinité (ou des divinités). Croyance humaine à ces rituels et dogmes, attitudes qui découlent de cette croyance. Au sens figuré, attitude de respect et de vénération. Vie monastique, consacrée à la religion... »². Et selon Dario Sabbatucci, dans son article intitulé "Histoire des religions"³, la définition même du concept de religion serait considérée comme étant le premier problème que pose l'étude des religions, parce que le concept de religion est proprement occidental. Il n'a pas d'équivalent dans les autres cultures et ne peut directement désigner des faits culturels leur appartenant. Il ne s'agit pas de donner une définition philosophique, mais scientifique; puisque la matière à étudier est « culturelle » et non « naturelle », la discipline scientifique qui se donne un tel objet ne peut être qu'historique ; c'est l'histoire des religions. Ce qu'on appelle « culture

1 Marie SALGUES, THEATRE VS RELIGION : UNE QUERELLE ANCIENNE ARBITREE PAR LA MONARCHIE ISABELLINE, p187

² http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/religion/87050 . Consultés le 16 septembre 2015

³Dario SABBATUCCI, « RELIGION : L'histoire des religions », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 7 janvier 2015. URL : http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/religion-l-histoire-des-religions/

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» par opposition à « nature » est précisément constitué par l'ensemble des productions humaines, parmi lesquelles il faut compter les religions, entendues selon l'acception scientifique du terme et non du point de vue de la foi. Cette étude nous présente la religion comme un ensemble de faits culturel.

« La religion est un fait universel. Chez tous les peuples il y a des cérémonies, des rites, un culte, des choses, des êtres, des lieux sacrés. Si bien que le naturaliste Quatrefages définissait l'homme 'un animal religieux'. Il semble qu'on s'entend à dire : Partout où il y a des hommes il y a aussi un Dieu ou des dieux. À mesure que le monde est mieux connu, on se rend compte de l'importance du fait. Puisqu'il est universel, on ne peut plus l'expliquer par des causes accidentelles, par la fantaisie de quelques imaginations, par l'imposture de quelques volontés. Un fait

qui se retrouve partout doit avoir une cause qui s'étende à tout.» ⁴. (George Fonsegrive)

George Fonsegrive cherche à faire une différence entre les connotations du mot « religion » par des croyants et incroyants. Il s'appuie sur la doctrine de M. Durkheim et relate d'abord une remarque qui s'impose. C'est que les faits religieux ne ressemblent pas aux autres faits. Pour les étudier et les transmettre, il nous faut adopter une méthode fiable et capable d'assumer cette lourde tâche.

Le croyant monothéiste voit la religion comme quelque chose qui est révélée et il ne peut y en avoir qu'une ; toutes celles qui n'ont pas été révélées ont été le produit d'une élaboration humaine et par conséquent sont fausses. Cependant, pour l'incroyant, la religion est un produit de la nature, elle doit pouvoir s'expliquer par des causes d'ordre naturel, ses origines ressortissent donc à la science et toutes les religions, même les plus nobles et les plus pures, ne peuvent être que des illusions⁵.

On distingue des orientations fondamentalement diverses et c'est une histoire qui nous renvoie à trois expressions : histoire de l'Église, histoire des religions, histoire religieuse. Il existe une très grande variété dans les doctrines et les pratiques rituelles, parmi

4 George Fonsegrive, « L'origine de la religion », Correspondant, 10 avril 1915, ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS [En ligne], consulté le 16 septembre 2015. URL : http://assr.revues.org/24448 ⁵Dario SABBATUCCI, « RELIGION » « L'histoire des religions », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 7 janvier 2015. URL : http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/religion-l-histoire-des-religions/

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lesquelles on distingue généralement les religions dites primitives ou animistes, les religions orientales (hindouisme, bouddhisme, shintoïsme, confucianisme, taoïsme...) et les religions monothéistes issues de la Thora / la Bible comme : le judaïsme, le christianisme, et l'islam.

L'étymologie du mot théâtre est fondée sur le « regard » (theatron, du verbe grec theomai, "voir"). Pour ce qui le concerne, a une histoire étroitement liée à celle de l'humanité, de la société, des moeurs, de la politique, des cultes et croyances... En Occident, cette activité collective qu'est le théâtre, est issue des cultes et des croyances religieux en Grèce antique et a été depuis lors pour la religion un moyen de communication soit avec les dieux, soit pour une meilleure propagande de la mythologie. Non seulement le théâtre contait toujours des mythes, des fables et se déroulait toujours, à Athènes, pendant les Dionysies et les Lénéennes, mais en plus, le théâtre était organisé de manière à instaurer une voie de communication entre les hommes et avec les dieux... Car, dans le monde grec, le théâtre conserve des scènes rituelles (scènes de deuil, de sacrifice, de supplication) et des chants en l'honneur des dieux. Au centre de l'orchestra se trouve un autel (le thymélée) dédié à Dionysos. La statue du dieu est transportée au milieu de l'orchestra, là où évolue le choeur, et elle y reste pendant toute la représentation.

Le théâtre a été un moyen de communication pour gérer la cité. Cette expression « lieu d'où l'on voit » renferme un double sens :

- Voir : le peuple vient voir gratuitement des spectacles ;

- Avoir des visions : le spectateur doit être inspiré par le culte. Il reçoit également un enseignement civique, celui des autorités d'Athènes qui se servent de ce moyen de communication pour gérer la cité. Nous nous rappelons aussi que les Grecs ont inventé la philosophie et la démocratie⁶.

Avec l'agitation des passions religieuses au cours du XVI^e siècle, le genre dramatique a été appelé à participer à la guerre des pamphlets qui oppose protestants et catholiques français. La forme théâtrale a permis une diffusion large, immédiate et plus accessible

6 André DEGAINE « HISTOIRE DU THEATRE DESTINEE », points de collecte Amazone, mai 2000, http://anne.fillon.free.fr/Francaispourtous/FichesGenerales/HistoireduTheatre.pdf. Consulté le 17 septembre 2015

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des débats théologiques et a facilité l'expression de la dissidence religieuse. Ce théâtre de propagande connaît une grande variété formelle et idéologique, ses armes et ses cibles pouvant être rapprochées de celles des autres discours satiriques.

Au cours des siècles la pratique théâtrale ait conquis une place reconnue dans la pédagogie.⁷ Nous avons tous à l'esprit le théâtre d'éducation des jésuites au 17e siècle, l'introduction du théâtre à des fins éducatives dans les colonies françaises dès la fin du 19e siècle, et, plus récemment (depuis le début du 20e) l'utilisation, au même moment, du jeu dramatique par des mouvements défendant des philosophies radicalement opposées: les scouts de la jeunesse catholique en France avec Léon Chancerel, les jeunesses communistes d'Union Soviétique, et d'une autre manière, les mouvements d'Éducation Nouvelle dans toute l'Europe. Ainsi en Haïti, le théâtre peut être utilisé pour éduquer les communautés de manière adaptée à leur fonctionnement, selon leur besoin.⁸

Certainement, le théâtre possède des spécificités du point de vue des stratégies persuasives mises en oeuvre. En effet, la représentation théâtrale permet d'incarner des valeurs en temps de crise et de célébrer une communauté d'élus.⁹ Mais, il nous faut surtout dans ce travail, mieux :

? Démontrer les rapports qui existent entre le théâtre et la religion ;

? Montrer combien le théâtre peut être une voie pour l'enseignement des faits religieux en Haïti...

7 Elle apparaît dans les nouveaux programmes français "Qu'apprend-on à l'école élémentaire?" CNDP, 2002 dans la partie LITTERATURE (dire, lire, écrire) : "mettre sa voix et son corps en jeu dans un travail collectif portant sur un texte théâtral ou sur un texte poétique" page 173

⁸Dans un monde sans dieu, le théâtre est-il une religion ?, CHRISTIANE PAGE, Article publié en ligne : 2006/05 http://www.sens-public.org/spip.php?article273

⁹Natacha Salliot, « Théâtre et dissidence religieuse au XVI^e siècle : la représentation des élus », LES DOSSIERS DU GRIHL [En ligne], 2013-01 | 2013, mis en ligne le 07 mars 2013, consulté le 19 décembre 2014.

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OBJET DE LA RECHERCHE

Cette recherche se base sur trois (3) axes :

1. Définir les rapports entre ces deux patrimoines immatériels de l'humanité et montrer combien la religion peut s'appuyer sur le théâtre, cet outil qui est à la fois un lieu de culture et de pratiques, la rencontre entre le domaine des savoirs, quelle qu'en soit l'origine disciplinaire et donnant aussi naissance à des oeuvres s'interprétant dans la pluridisciplinarité.

2. Réfléchir aux différents aspects culturels, communicationnels et éducatifs soulevés par le théâtre, dans toutes les disciplines comme : les sciences, les sciences humaines, les lettres, le droit, les arts, en particulier la religion...

3. Approcher et intégrer les différentes formes du théâtre d'idées dans l'enseignement haïtien, en prenant conscience de l'importance de cet outil dans les pratiques de vulgarisation des savoirs, dans le but de transmettre, d'observer, de penser, d'analyser, d'explorer et d'étudier ce qui est ou a été vécu comme faits religieux.

QUESTIONS DE LA RECHERCHE

Quelle est la situation réelle de l'enseignement des faits religieux en Haïti ? Comment peut-on concilier les corpus théâtraux dans le champ des faits religieux ? ...

III HYPOTHESE

Dans cette recherche, nous souhaitons montrer que le théâtre, outil efficace pour le développement individuel et de groupe par l'imitation et à la représentation, éléments de jonction avec la religion, peut être une meilleure voie pour l'enseignement des faits religieux en Haïti.

Pour mieux cerner cette problématique, mon travail de recherche reposera sur deux grandes parties qui s'articulent premièrement sur le cadre théorique renfermant comme

Le théâtre : une voie pour l'enseignement des faits religieux en Haïti

repères : la mémoire religieuse et théâtrale, le rapport entre la religion et le theatre, l'impact du 12 janvier 2010 en Haiti, les faits religieux comme objets d'enseignement en Haïti, dans une approche laïque de la morale et les enjeux du théâtre comme moyen didactique. En deuxième lieu, le cadre méthodique qui s'appuiera sur non seulement, mes recherches en enseignement spécialisé par le théâtre, démontrant les aspects pédagogiques du théâtre et aussi les résultats d'une petite enquête, axée sur l'état des lieux de la religion et du théâtre en Haïti, le fait religieux et l'importance des corpus théâtraux dans l'enseignement des faits religieux, l'interprétation des opinions recueillies et conclusion.

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1. CADRE THEORIQUE

1.1 MEMOIRE RELIGIEUSE HAÏTIENNE

Religion, ce concept qu'on lie à l'ensemble des phénomènes sociaux attachés au sentiment religieux, soit un système de croyances en des puissances surnaturelles, des divinités ou un Dieu personnel, soit encore l'une des traditions instituée autour de ces croyances, avec chacune ses caractéristiques particulières, il en existe de très nombreuses en Haïti.

La culture haïtienne est riche de traditions : indienne, africaine, occidentale.... Les autres pratiques culturelles et religieuses sont très présentes dans la société et comme pour tous les autres peuples sur la terre, les religions ont profondément marqué la culture haïtienne. Les premiers habitants qui vivaient sur l'île étaient polythéistes. Ils admettaient l'existence de plusieurs dieux, formant ensemble un panthéisme (doctrine selon laquelle la totalité du monde réel est divin). Ils adoraient le soleil, la lune, les arbres...

« L'Eglise aux colonies est une Eglise de Blancs, une église d'étrangers. Elle n'appelle pas l'homme colonisé dans la voie de Dieu, mais bien dans la voie du Blanc, dans la voie du maitre, dans la voie de l'oppresseur. Et comme on le sait dans cette histoire, il y a beaucoup d'appelés et peu d'élus »10

D'une religion à une autre, en 1492, les Espagnols prennent possession de l'île d'Haïti. Ils la nomment Hispaniola et ses habitants, Indiens, implantèrent le christianisme. Ils n'avaient pas la même culture, la même langue ni la même religion que les Espagnols.

Le christianisme est une religion monothéiste. Les chrétiens reconnaissent l'existence d'un Dieu unique et personnel, créateur et rédempteur. Les 5 branches du christianisme sont : l'Eglise catholique, les Églises orthodoxes, les Églises uniates (Eglises orientales qui acceptent les dogmes catholiques et l'autorité du Pape, mais gardent cependant leurs rites particuliers), les Églises protestantes, l'Église anglicane.

10 Frantz Fanon, Les damnés de la terre, Maspéro, 1961, p. 34

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Le théâtre : une voie pour l'enseignement des faits religieux en Haïti

D'après Kleber Georges Jacob, dans son ouvrage L'Ethnie haïtienne, les populations haïtiennes sont victimes, par le fait d'une ignorance totale de la religion qu'ils professent et parce qu'ils ne font pas assez la distinction entre les fondateurs de certaines religions et leurs représentants en Haïti¹¹.

Vers les 1503, avec la présence française dans l'île remonte, les esclaves venus de différentes régions de l'Afrique se déversaient à grands flots dans l'île. Ce fut encore une véritable guerre de religion entre les colons français qui se dirent également chrétiens catholiques monothéistes et les esclaves africains vodouisants polythéistes.

Vodou («vo» et «du») vient du langage parlé par les communautés Fon de Dawomey. Ce terme signifie «adoration», «divinité»... D'après les témoignages historiques de l'époque coloniale et les africanismes, c'est une religion à structure dominante, différents groupes culturels représentés en termes de cultes en Haïti : Rada, Mahi et Nago (prévenants de : Yoruba, Dahomey et Congo).¹²

Le 28 mars 1860 fut signé entre le représentant du souverain pontife, Pie IX, et les représentants du président Fabre Nicolas Géffrard un accord qui réglait les rapports entre le Vatican et la République d'Haïti. Le premier archevêque de Port-au-Prince fut Mgr. Testaud De Cosquer. À partir de la signature du Concordat, la religion catholique est devenue la religion officielle du pays.

« Interdisons tout exercice public d'autres religions que la religion catholique, apostolique et romaine ; voulons que les contrevenants soient punis comme rebelles et désobéissants à nos commandements; défendons toutes assemblées pour cet effet lesquelles nous déclarons conventionnelles, illicites et

séditieuses... »13

Comme fait historique, rappelons qu'avant le Concordat, il y avait des protestants dans le pays. Les anglicans s'installèrent dans le Nord sous le régime du roi Henry Christophe. Le protestantisme est apparu au XVI^ème siècle. Les réformateurs Martin Luther (1483-

11 Kleber Georges Jacob « L'ethnie haïtienne », 1941, page 182.

12 Laënnec Hubon, Dieu dans le vodou haitien, 1987, p. 74

13 Moreau de Saint-Mery : Lois et constitutions des colonies françaises de l'Amérique sous le vent, Paris, 1785-1790

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1546) en Allemagne, Ulrich Zwingli (1484-1531) en Suisse, et Jean Calvin (1509-1564) en France ont entrepris de réagir contre les abus de l'Église. Le terme « protestant » se réfère à la protestation conduite alors par les princes allemands.

On trouve en Haïti d'autres religions comme l'Islam... La foi musulmane consiste à croire en un Dieu unique, aux anges, au Livre révélé, aux Envoyés, au Jour dernier et en la prédestination... En dépit de tous ces courants religieux, la culture haïtienne est, comme l'on dit souvent, fortement influencée par le vaudou qui est considéré en Haïti comme la religion des ancêtres. Avec l'appui du Président Jean Bertrand Aristide, un ancien prêtre de la religion catholique, le vaudou a été reconnu comme une religion à part entière, par arrêté présidentiel le 4 avril 2003.

Selon la constitution de 1987, les gens peuvent pratiquer la religion qu'ils veulent. L'article 30 stipule : « Toutes les Religions et tous les Cultes sont libres. Toute personne a le droit de professer sa Religion et son Culte, pourvu que l'exercice de ce droit ne trouble pas l'ordre et la paix publics ». L'État haïtien respecte la liberté de religion dans la pratique. En matière de démographie religieuse, un recensement fait par le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) et publié en 2006 (se basant sur des données de l'année 2003) démontre les statistiques démographiques religieuses suivantes : 54.7% de la population sont catholiques romains, 15.4 sont baptistes, 7.9 % sont pentecôtistes, et 3% sont des adventistes du Septième-Jour. Les épiscopaliens, les Témoins de Jéhovah, les Méthodistes, les adeptes de l'Eglise de Jésus Christ des Saints des Derniers-Jour (Mormons), les Musulmans et des praticiens du Vodou sont également présents. Un pourcentage indéterminé de la population pratique à la fois le Vodou et le Christianisme. De récentes estimations indiquent que la moitié de la population pratique le Vodou, en plus de s'adonner à d'autres pratiques religieuses¹⁴.

14 BUREAU DE DEMOCRATIE, DROITS HUMAINS ET DU TRAVAIL, Rapport International sur la Liberté de la Religion pour l'année 2009, 26 octobre 2009

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1.2 MEMOIRE THEATRALE HAÏTIENNE

Le théâtral commence avec la colonie française en Haïti, vers les années 1740, dans la ville du Cap. Peu à peu, il gagne les villes de Port-au-Prince, Saint-Marc, Léogane, Cayes, Jérémie, Petit-Gôave, Jacmel. D'après Jean Fouchard, «le théâtre était le divertissement le plus populaire» institué à Saint-Domingue. C'était encore un théâtre d'orientation coloniale marqué par la couleur des îles, le répertoire était encore parisien, mais il se manifestait en dépit de l'autorité des maîtres, de leur loi, de leur langue, de leur religion et de leur idéologie, en dépit de cette complexité de peuples divers, de moeurs différentes, de langages idiomatiques importés d'Afrique. Vers les années 1750, le théâtre tente de s'affranchir par des pièces d'inspiration locale en créole et par le recours à des acteurs nègres sur scène. La Liberté générale et Le Héros africain, d'auteurs inconnus et présentées après la révolte des esclaves en 1791, sont les premières pièces qui soulignent le caractère révolutionnaire et l'essor du théâtre haïtien. La vie théâtrale est décrite en ces termes par Charles Malo (cité par Robert Cornevin) : "On fit revivre le théâtre. La plupart des acteurs étaient noirs et plusieurs d'entre eux possédaient de grands talents. Ils jouaient surtout des comédies et pantomimes..."¹⁵. Au lendemain de l'indépendance d'Haïti et jusqu'en 1915, le théâtre connaîtra un nouvel essor avec un message politique de décolonisation relatant les luttes de l'indépendance, les problèmes sociaux.

Après 111 années de troubles divers, une nouvelle catastrophe s'annonce pour le pays avec l'assaut des Américains de 1915 à 1934. Le théâtre prendra alors une orientation nouvelle en Haïti: il sera une véritable arme de combat contre les occupants, dans la nuit de l'occupation américaine et caractérisé par le drame patriotique national. À partir de 1945 et jusqu'à nos jours, le théâtre haïtien a connu de nouvelles transformations. C'est la période moderne et contemporaine avec des initiatives relevant du théâtre populaire.

Autour des années 70, le théâtre haïtien va tenter de dépasser les tâtonnements, les incertitudes, les fluctuations, les influences pour émerger malgré la présence de la

15 Clermont Péan Paula, « Vie culturelle et théâtre 1804-2004 : côté ombre, côté lumière. », revue AFRICULTURES 1/2004 (n° 58), p. 57-66

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dictature de François Duvalier. Le chant théâtral sera le chant de l'homme haïtien luttant contre la violence culturelle.

On sera censuré mais on ne perdra pas pour autant cette ligne de continuité de théâtre critique, léguée par la tradition du pays depuis le théâtre patriotique remontant à l'indépendance. Et il se tiendra ainsi jusqu'en 1986 où il sortira de l'ombre pour faire exploser tout ce qu'on n'a pas osé crier pendant trente ans¹⁶. Beaucoup de troupe se sont fondées.

1.3 PROBLEMATIQUE

A l'instar de Lyonel Trouillot, un écrivain haïtien qui nous rappelle que « construire la citoyenneté en Haïti doit passer par la reconnaissance du caractère structurant et permanent de ces mécanismes d'exclusion, d'en défaire le noeud, déconstruire pour reconstruire et produire des discours publics opposés aux discours de l'exclusion. Par l'exigence de la vertu communautaire qui a manqué aux élites économiques et intellectuelles. Par l'institution de la sanction dans la vie politique. Par la constitution d'un patrimoine national. Par le respect des libertés individuelles et la laïcisation de la sphère publique. Par la valorisation du créole et la démocratisation du français. Par une école républicaine pour tous »¹⁷, pour y parvenir à passer par tous ces chemins que Lionel nous prescrit pour arriver à une telle reconstruction de la citoyenneté haïtienne, il nous faut un bon moyen pour transmettre et faire la promotion d'une éducation aux valeurs patrimoniales religieuses et culturelles, qui est l'axe central de cet enseignement dit faits religieux sur quoi notre étude se base. Et le théâtre est l'une des meilleure voie...

16 Clermont Péan Paula, « Vie culturelle et théâtre 1804-2004 : côté ombre, côté lumière. », AFRICULTURES 1/2004 (n° 58), p. 57-66

17 Lyonel Trouillot, Haïti, (Re), penser la citoyenneté, Edition HSI, 2001.

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1.3.1 RAPPORT ENTRE LA RELIGION ET LE THEATRE

La religion et le théâtre se querellaient depuis avant leur arrivée en Haïti. On a relaté comme fait historique que les Pères de l'Eglise avaient condamné les spectacles. Au XVIe siècle, le rapport entre le théâtre et les protestants était aussi très ambigu. Les réformateurs privilégiant surtout l'écrit alors que le théâtre d'avant 1550 renvoyait surtout au monde de l'oral. Martin Luther défendit, néanmoins, l'idée qu'on puisse jouer des comédies. On y trouvait, selon lui, un enseignement pour le public et surtout un enseignement de nature sociale : « Il ne faut pas non plus », écrivait-il, « que les Chrétiens fuient [les] comédies (...) sous prétexte qu'on y rencontre des plaisanteries grasses et des aventures galantes. A ce compte-là, il ne faudrait plus lire la Bible... ». Par contre, il refusait que l'on jouât la Passion car le spectacle faisait naître la pitié alors que ce mystère devait susciter la foi.

En excluant par les Pères ce procès de transformation culturelle qui est l'un des facteurs les plus importants du milieu civique, en parlant du système des spectacles, qui jouait un rôle décisif parmi les formes de sociabilité urbaine, n'y a-t-il pas là une contradiction? Car, malgré cela, il existe de très grandes relations entre la religion et le théâtre. Une voie de propagande religieuse par le théâtre existe au XVI^e siècle, comme l'ont montré les travaux de J. Beck. Ce dernier soulève plusieurs problèmes en rappelant l'ambiguïté générique, idéologique, esthétique ou encore linguistique de la forme théâtrale. Marquées par l'hybridité formelle (on peut les désigner comme moralités, mais aussi comme farces), ces pièces auraient finalement comme points communs leur tendance à la controverse et à la propagande et leur volonté d'orienter à ces fins l'édification et le divertissement qu'elles suscitent. Les religions recourent donc au théâtre pour obtenir une diffusion rapide de leurs idées¹⁸.

D'ailleurs, les sources trouvées nous montrent clairement que les spectacles ne cessèrent pas d'être un élément constitutif de la vie urbaine sous les empereurs chrétiens

18 http://dossiersgrihl.revues.org

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et cela nous fait comprendre non seulement combien le `côté spectaculaire' de la civilisation ancienne était fort dans le peuple, mais aussi qu'il y avait, sur ce point-là, une différence importante entre la position de l'église et celle de l'empire chrétien.¹⁹

Le théâtre n'a cessé d'être au service de l'Eglise et du peuple. Son impact sur le public, son effet purgatif lui confèrent peu à peu une triple mission :

- éclairer : amener le citoyen à une prise de conscience

- célébrer : faire connaître et comprendre les grands événements et les grands hommes de la nation

- structurer : forger l'identité nationale²⁰

On peut considérer que la visée pédagogique est plus efficacement atteinte grâce aux différentes modalités de représentation que rend possible le théâtre.²¹

1.3.2 LAÏCITE, DEFINITIONS, ETYMOLOGIE ET LEGITIMITE

La laïcité est définie dans le dictionnaire comme non confessionnelle. Elle comprend également la notion de séparation d'Église et d'État. Le terme laïc renvoie lui à la vie civile (par opposition à confessionnel, religieux). Etymologiquement, le terme « laïcité » est apparu pour la première fois en 1871 en France par dérivation de l'adjectif laïc, néologisme créé par Ferdinand Buisson, du grec laos - peuple. Le terme désigne ce qui n'appartient pas au clergé ni à un ordre religieux ou qui appartient au monde profane ou à la vie civile.

Enfin et surtout, la laïcité n'est pas « anti-religieuse », elle suppose plutôt le respect de toutes les options face à la spiritualité : elle garantit non pas la liberté religieuse, mais la liberté de conscience²². La Constitution haïtienne prévoit la liberté de religion, et d'autres lois et principes qui ont généralement contribué à la libre pratique de la religion, pourvu

19 «Alma Mater Studiorum» - Università degli Studi di Bologna Dottorato in Studi Religiosi: Scienze socialie studi storici delle religioni (XVIII ciclo) / École Pratique des Hautes Études - Section de Sciences Religieuses / École doctorale: Science des Religions et Systèmes de Pensés Vanitas ludus omnis. Le problème des spectacles dans le christianisme ancien (IIe-Ve siècles). Thèse de doctorat de Leonardo Lugaresi, dirigée par A. Le Boulluec et soutenue le 7 juin 2006

20 Introduction aux grandes théories du théâtre, Jean-Jacques Roubine

21 http://dossiersgrihl.revues.org/5872#ftn21

22 Brigitte Morard, L'art du Moyen Age, le fait religieux, CRDP académie de Montpellier, 2006.

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Le théâtre : une voie pour l'enseignement des faits religieux en Haïti

que ces pratiques ne portent atteinte à la loi et à l'ordre public. La Constitution guide l'application des lois afin de réglementer le processus de reconnaissance et le fonctionnement des groupes religieux. La gestion et le contrôle des Affaires Religieuses sont sous la tutelle du Ministère des Affaires Etrangères et des Cultes. Le Bureau des Affaires Religieuses au sein de ce Ministère est en charge de l'enregistrement des églises, des groupes, et des missionnaires. Le gouvernement observe les congés nationaux tels que le Vendredi Saint, le jour de la fête Dieu, le jour de l'Assomption, le jour de la Toussaint, le jour des Morts et le jour de la Noël.

Historiquement, le catholicisme romain est la religion officielle. Bien qu'on ait mis fin à ce statut officiel avec la promulgation de la Constitution de 1987, le Gouvernement, et le Saint-Siège n'ont pas renoncé au Concordat de 1860 qui sert de base entre les relations entre l'Eglise Catholique (et ses ordres religieux) et l'Etat. À bien des égards, le catholicisme a gardé sa primauté traditionnelle sur les autres groupes religieux du pays. Les cérémonies officielles et quasi-officielles sont célébrées dans des églises catholiques et des cathédrales, telles que les messes de «Te Deum » célébrées le jour de l'Indépendance, de la Fête du Drapeau et le Jour des Aïeux; cependant, le Gouvernement reconnaît que les églises protestantes prennent de l'extension. Par exemple, le clergé épiscopal et d'autres groupes protestants ont été invités à prendre part aux cérémonies lorsque l'on avait fait appel au secteur religieux pour jouer un rôle de conseiller dans les affaires politiques.

Quoique la Constitution stipule que les individus ne peuvent être contraints de rejoindre une organisation ou de recevoir une instruction religieuse allant à l'encontre de leurs convictions, dans la plupart des écoles congréganistes ou protestantes, les responsables exigent une éducation religieuse, en général, ils prennent certaines dispositions par rapport aux élèves qui ne sont pas affiliés à leur religion. Mais, d'une manière générale, le Gouvernement a respecté la liberté de religion dans la pratique.²³

23 BUREAU DE DEMOCRATIE, DROITS HUMAINS ET DU TRAVAIL, Rapport International sur la Liberté de la Religion pour l'année 2009, Haïti- 26 octobre 2009.

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1.3.3 2010, UNE ANNEE TRAGIQUE POUR HAÏTI

Le 12 janvier 2010, un tremblement de terre a ravagé Haïti : plus de 222.000 personnes sont mortes et près de 2,3 millions de personnes sont laissées sans abri²⁴. Dans la même année, en octobre, le choléra a frappé Haïti, qui n'avait aucune expérience antérieure de cette maladie et donc aucune immunité naturelle. En novembre, un ouragan a contourné Haïti, mais a balayé malgré tout certaines régions du pays avec des pluies torrentielles et des vents forts. De par ses sources d'eau non-protégées, ses pratiques d'assainissement et d'hygiène médiocres, les inondations, la peur et la mobilité de la population, le nombre de cas de choléra a rapidement augmenté et a fait plus de 3.500 morts et 150.000 malades à la fin de l'année 2010²⁵. Tout au long de l'année, le peuple haïtien a connu une vie brisée et bouleversante, se battant quotidiennement pour ses besoins en eau, en logement, en emplois, en éducation afin de survive. Les habitants ont eu non seulement à faire face à des épidémies majeures, mais aussi à des montées de violence, les femmes et les jeunes filles ont été victimes d'abus sexuels et de viols qui ont nécessité des mesures importantes à plusieurs niveaux. La population vivant dans des camps demeure vulnérable aux maladies mentales qui découlent du séisme, des maladies à transmission vectorielle et contagieuses²⁶. Dans la peur, les familles se regroupaient afin de se soutenir et de se protéger d'éventuelles agressions surtout à l'approche de la nuit.

Une profonde souffrance morale, psychologie et spirituelle est venue s'ajouter à l'épreuve physique de beaucoup d'Haïtiens, à la suite de la perte de leur maison, de leur commerce, de membres de leurs familles... des pertes physiques comme un bras, parfois les deux jambes, restant aussi le sentiment d'avoir perdu une part de soi-même. Un sentiment de peur se traduit parfois par de terribles cauchemars lors du repos de la nuit. Les scènes

24 Duval Frantz (2010). « 35 secondes fatales.... plus de 220 000 morts », LE NOUVELLISTE, édition spéciale, 12 janvier-12 février.

25 Evens Jabouin, « Haïti, en situation post-séisme : quelques effets de la catastrophe du 12 janvier 2010 sur la population locale », ÉTUDES CARIBEENNES [En ligne], 17 | Décembre 2010, mis en ligne le 10 janvier 2012, consulté le 29 mai 2015. URL : http://etudescaribeennes.revues.org/4842 ; DOI : 10.4000/etudescaribeennes.4842

26 RAPPORT DES NATIONS UNIES EN HAÏTI 2010-SITUATION, DÉFIS ET PERSPECTIVES

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Le théâtre : une voie pour l'enseignement des faits religieux en Haïti

de ce jour noir sont revues comme si elles étaient dans la réalité. De très nombreuses personnes sont sorties traumatisées.

Dans les camps des sinistrés, le manque d'eau et de nourriture, l'insalubrité et la violence ont rendu amer le quotidien. Après le séisme, près d'un million de personnes vivait dans des conditions inhumaines. La dignité humaine s'affaiblit dans ce cadre de lutte pour la survie qui ressemble parfois à un genre de vie animal plutôt qu'humain.²⁷

Sur le plan sanitaire, d'autres faits sont à signaler. La qualité de vie dans les camps de déplacés était de plus en plus précaire surtout quand il n'existait à proximité des camps ni toilettes, ni eau courante. Dans certains camps, laissés à l'abandon, la canalisation, qui devrait permettre l'écoulement des eaux usées, n'existait pas. Dans quasiment tous les camps, les notions d'hygiène et de propreté étaient à redéfinir. De plus, l'absence de canalisation a provoqué la stagnation des eaux usées, produisant des moustiques, d'où le risque considérable de dengue et de malaria pendant toute la saison des pluies.²⁸

Le séisme a rendu encore plus fragile une grande partie de la population déjà vulnérable. Pour avoir de quoi subvenir à leurs besoins quotidiens et à ceux de leurs proches, les gens se laissent souvent guider par les stratégies de survie. Les femmes et les enfants se trouvent encore plus en proie aux agressions et aux violences.

Dans la ville de Port-au-Prince, bon nombre d'édifices publics ou à caractère patrimonial historique ont été sévèrement touchés ou simplement détruits notamment le palais national (1922), les casernes Jean-Jacques Dessalines (1912), le palais des finances (1880), le palais de justice (1927), le palais des ministères (1881), l'hôtel de ville (19251928) et plusieurs lieux de culte témoins de l'implantation de l'Église catholique en Haïti après la signature du Concordat de 1860: la cathédrale Notre-Dame (1912), l'église du

27 D'après un article écrit par le frère. Manuel Rivero o.p. « Vivre et croire en Haïti après le séisme du 12 janvier 2010 »

29 mai 2011 sur le Site Internet des Frères prêcheurs en Haïti : http://haiti.dominicains.com

28 Evens Jabouin, « Haïti, en situation post-séisme : quelques effets de la catastrophe du 12 janvier 2010 sur la population locale », ÉTUDES CARIBEENNES [En ligne], 17 | Décembre 2010, mis en ligne le 10 janvier 2012, consulté le 29 mai 2015. URL : http://etudescaribeennes.revues.org/4842 ; DOI : 10.4000/etudescaribeennes.4842 28 Rencontres en Haïti, mission Groupe URD, septembre 2010. Hellen Mwangouya, Rendre moins vulnérable en faisant preuve d'humanité, Face à la crise n°3, IFRC, 2010.

28 L'enseignement du fait religieux - BU ESPE Lille Nord de France - mars 2014.

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Sacré-Coeur de Turgeau (1908), l'église Sainte-Anne du Morne à-Tuf, ainsi que la cathédrale de la Sainte-Trinité, dont la collection unique de peintures murales, réalisée par de grands artistes haïtiens dans les années 1950... 29

Il existait en Haïti, bien avant le passage de ce séisme, un écart important entre les besoins éducatifs, spécialement à la citoyenneté, aux valeurs, à la démocratie et aux droits humains et les aides apportées à la population.

Il était urgent que l'État s'engage sur la voie de l'action cohérente afin de remédier à l'écart majeur qui existe entre les aides et les besoins réels des Haïtiens, ce qui a été depuis six (6) ans et reste encore un grand défi. Car, la reconstruction ou de refondation du pays, doit s'appuyer sur non seulement : l'aménagement du territoire, l'environnement, le développement économique, la création d'emplois, les infrastructures nationales, la reconstruction de l'État et la gouvernance, la santé publique et la population, la solidarité et le développement social, le patrimoine et la culture, les interventions urgentes et post urgentes, la planification globale et le financement, mais surtout, le système éducatif haïtien, d'où venant tous les malheurs du pays à cause l'absence des notions de civisme dans son curriculum.

C'est dans ce sens que je propose d'insérer à la place de l'« éducation civique », qui est en voie de disparition dans le système éducatif haïtien, l'enseignement des faits religieux, avec le théâtre comme voie de transmission, en vue de donner à la jeunesse des repères culturels indispensables, incluant l'apprentissage des droits, des devoirs, du respect des valeurs démocratiques et des droits humains.

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29 http://www.ledevoir.com/international/actualites-internationales/283418/le-patrimoine-haitien-sous-perfusion

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Le théâtre : une voie pour l'enseignement des faits religieux en Haïti

1.3.4 RELIGION VS THEATRE EN HAÏTI A PARTIR 2010

Dans la condition où le peuple haïtien se trouvait après le passage du séisme du 12 janvier 2010, que faut-il faire pour répondre aux besoins réels des Haïtiens? En quoi le pays avait-il besoin de la religion et du théâtre ? Quel plan d'action prévoir en dehors de l'aide urgente en médicaments et en nourriture ? En quoi le théâtre serait utile ?

Beaucoup d'organismes nationaux et internationaux se donnaient pour mission d'aider le pays à se relever et de jeter les bases de solutions structurelles à la misère haïtienne. Ainsi, je pense que la participation de la religion et du théâtre, a été d'un rôle de plus en plus important dans la réorganisation du pays. Car, ils n'ont pas attendu Freud pour participer aux appuis psychosocial et thérapeutique qu'avait besoin la population, sur qui, les conséquences du séisme révèlent plus cruellement des problématiques antérieures, nombreuses et récurrentes...

Les Haïtiens s'appuient, surtout après le 12 janvier 2010, sur toutes les ressources disponibles: la religion, à l'évidence, apparaît en première ligne, à la fois par son réseau de solidarité, ses lieux de refuge, mais aussi ses valeurs, qui soutiennent le moral d'une population traumatisée par la catastrophe. Des catholiques et des protestants se sont mis à prier ensemble au lieu de se critiquer et de se disputer³⁰. En pensant à reconstruire Haïti, ne fallait-il pas aussi, chercher à reconstruire l'homme et la femme haïtiens ?

Comme toutes institutions participantes dans l'entre aide auprès des victimes du séisme, l'Eglise a été à l'avant-garde. Outre son apport en nourriture, d'eau, logement, spirituel, etc. Des religieuses et des religieux, des prêtres, des pasteurs et des laïcs s'essayaient chaque jour dans les camps à soutenir à tout point de vue les familles qui, après le séisme sont menacées par le choléra et d'autres épidémies.

Ainsi, outre que le théâtre soit une forme littéraire, un texte, un lieu, un bâtiment, ou encore un spectacle, une performance éphémère, c'est aussi un art thérapeutique. La représentation dramatique produit non seulement une émotion esthétique, mais aussi elle

30 D'après un article écrit par le frère. Manuel Rivero o.p. « Vivre et croire en Haïti après le séisme du 12 janvier 2010 » le 29 mai 2011 sur le Site Internet des Frères prêcheurs en Haïti : http://haiti.dominicains.com

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mobilise des souvenirs, des sentiments et de l'imagination. Depuis l'Antiquité, on connaît la valeur cathartique de l'action théâtrale. La vue du spectacle libère ainsi le spectateur de certaines passions ou émotions.

La libération ne concernait pas seulement les spectateurs mais aussi les acteurs. Le psychodrame, en favorisant la libération, est un moyen psychothérapeutique. Par des jeux de rôle on peut travailler sur l'improvisation qui implique une spontanéité et les relations de groupe qui ajoutent une dynamique.

Le psychothérapeute Jacob Levy Moreno est parti de l'hypothèse que l'individu est emprisonné dans des rôles sociaux à cause de la pression du milieu dans lequel il vit. Il a montré que le jeu dramatique changeait les conduites sociales des acteurs grâce au travail sur l'invention et la création. Alors, à son instar, le théâtre peut jouer plusieurs rôles par rapport à l'organisation et aux vécus de ce peuple en matière de faits religieux, plus précisément ce fait tragique qu'a connu Haïti : un appui psychosocial et thérapeutique certes, mais aussi la transmission de cette mémoire en perte de patrimoine humain, matériel et même immatériel qui mérite d'être partager à travers l'histoire, la philosophie, la géographie, les arts...

1.4 LE FAIT RELIGIEUX

D'après Regis DEBRAY, parler de fait religieux, c'est parler d'un phénomène universel, l'existence des communautés de croyance qui coexistent ou se mêlent sur toute la planète. Et que toute civilisation, le plus souvent par rapport à sa tradition religieuse, consciente ou non, a une façon particulière de :

> organiser son calendrier, avec des fêtes et des jours fériés ;

> Polariser son espace, par des lieux de culte et de pèlerinage ;

> marquer les corps, par la circoncision, les tatouages ou la barbe.

> discipliner l'alimentation, par des interdits ou des jeûnes ;

> scander, par des rites, la vie, de la naissance à la mort ;

> ...

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Le théâtre : une voie pour l'enseignement des faits religieux en Haïti

Le fait religieux s'inscrit en profondeur dans l'histoire, la géographie, comme dans la littérature et le cinéma. C'est une clé pour ouvrir les grandes portes. On ne peut pas lire ou regarder vaguement les documentaire et autres qui transmettent des informations sur : la grâce, le sacrilège, la naissance d'Israël, la politique étrangère américaine, les Croisades, les dragonnades, la tragédie du 11 septembre, la shoah... C'est aussi une donnée simple et ordinaire, quelque chose qui se voit comme : une cathédrale, une mosquée, un temple vodouesque... ; qui s'entend comme : un gospel, une cantate; qui se respire comme : l'encens ou la crypte; qui se lit comme : la Bible ou le Coran. Et qui se croise dans n'importe quelle rue de Paris ou d'Haïti, sous forme de jeunes musulmanes à foulard, juifs orthodoxes à chapeau noir, chrétiens en procession, ou hare Krischna au crâne rasé... Le fait religieux est partie intégrante de la réalité collective. On ne doit pas le confondre avec l'expérience spirituelle du sacré très respectable, qui est intime et incommunicable. L'enseignement du fait religieux n'a pas de caractère confessionnel, ni anticlérical. On doit l'aborder sans a priori ni préjugé, comme un trait de comportement, même si cela peut être aussi, à l'extérieur de l'école, un objet de culte, selon nos traditions familiales ou nos croyances personnelles. Pour nous, élèves ou enseignants, l'étude du fait religieux relève de la culture générale. On ne doit pas le confondre avec un catéchisme ou un témoignage. Il a la valeur, et les limites, d'une simple description compréhensive. Mais, entre catholiques, juifs, musulmans, orthodoxes, protestants, etc., mieux se comprendre, c'est aussi apprendre à se respecter. Car le fait religieux ne privilégie aucune religion particulière, considérée comme plus vraie ou plus recommandable que les autres. L'étude des faits religieux nous propose plutôt de nous ouvrir sur l'Asie lointaine, à travers Bouddha, sur l'Inde, à travers Vichnou et les yogis, sur l'Afrique, à travers le culte des ancêtres, sur l'Antiquité aussi, à travers Athéna et Jupiter. Les dieux et déesses de la mythologie gréco-latine nous accompagnent même tout au long de la semaine comme : Dimanche, dont l'étymologie est «jour du seigneur ». Mardi, jour de Mars, Mercredi, de Mercure, Vendredi, de Vénus, Jeudi, de Jupiter.³¹

31 RegisS DEBRAY, Guide républicain, Scérén-CNDP, Ministère de l'Éducation nationale, Delagrave, 2004.

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1.4.1 LES FAITS RELIGIEUX COMME OBJETS D'ENSEIGNEMENT

Enseigner en Haïti dans une démarche critique, laïque et non-confessionnelle, la notion complexe de « faits religieux » nécessite une réaction sereine et pertinente. Comment comprendre les religions de l'intérieur sans y adhérer, en conformité avec les attendus de la loi de 1905 qui précise que la République Française, mère du vocable, ne reconnaît aucun culte tout en faisant tout pour les connaître ?³² C'est là que mon travail prend tout son sens et intérêt. Il est clairement intéressant, voire important, d'enseigner aussi dans les écoles et les universités haïtiennes les faits religieux, vis-à-vis de la gravité des urgences précédemment signalées, en vue de comprendre comment prémunir de toute urgence les générations à venir contre les dangers qu'elles courent si ces urgences étaient ignorées ou méconnues.

Pour cela, pencher sur l'enseignement des faits religieux en Haïti est nécessaire, avec comme médiation institutionnelle, une formation scolaire, voire universitaire à la recherche et par la recherche dans le domaine de l'étude des faits religieux.

Il convient de rendre compte du débat décisif entre le sociologue Durkheim et le philosophe Jules Lachelier le 4 février 1913 lors d'une séance de la Société française de Philosophie, dont Alain fut le témoin et rend compte dans un chapitre de son livre Les idées et les âges, pour mieux comprendre les enjeux d'une telle définition, nous aidant à réagir à une certaine urgence de notre actualité, comme la controverse et le témoignage d'Alain qui s'avèrent déterminants pour avancer dans l'essai de définition :

- Pour Lachelier, philosophe spiritualiste, lecteur de Kant : la religion est un « effort individuel ou solitaire pour s'affranchir et se déprendre de tout ce qui n'est pas elle, et de tout ce qui, en elle, n'est pas sa liberté même », « L'âme religieuse se cherche et se trouve hors du groupe social, loin de lui et souvent contre lui. »

- Le sociologue Durkheim répond en définissant la religion : comme fait social et moral qui intègre à une vie supra-individuelle. l'âme religieuse « peut être sous la

32 Voir la contribution de Claude Langlois dans : Dominique Borne et Jean-Paul Willaime (dir.), Enseigner les faits religieux, quels enjeux ?, Paris, Armand Colin, coll. « Débats d'école », 2007, 224 p.

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Le théâtre : une voie pour l'enseignement des faits religieux en Haïti

dépendance du groupe, sans le savoir. » Or, cette âme ne se connaît pas elle-même : « Seule la science des religions, grâce aux procédés d'analyse et de comparaison dont elle dispose, a qualité pour expliquer progressivement les faits religieux. » 33

- Ainsi, par rapport aux approches de Durkheim et de Lachelier, Régis Debray affirme, en reprenant Marcel Mauss, que le fait religieux est un « fait social total », et du point de vue sociologique, enseignable puisqu'il est « observable », même « s'il n'est pas une chose. » Et il ne peut être l'objet d'une discipline spécifique mais il est transversal à toutes les disciplines regroupées dans les humanités.

- Depuis ce Rapport de 2002³⁴, on sait que Régis Debray prit ses distances à l'égard de l'expression « fait religieux », lui préférant en 2005 le terme « communion »35 qui permettait d'en finir avec le terme « religion ». Et ses hésitations sont révélatrices d'une série d'oublis sémantiques et de décisions institutionnelles précipitées, déjà à l'oeuvre dans la lettre de mission du ministre français en 2001. Cette lettre de mission présente comme allant de soi que :

1- le fait religieux existe ;

2- le fait religieux est enseignable.

Par rapport à la triple difficulté d'ordre : sémantique, éthique et didactique, Alain prévient ainsi :

o d'une dérive sociologisante, qui consisterait à voir les faits religieux comme une simplification morale du seul fait social : Lachelier est ici oublié.

o d'une dérive mystique et individualiste, qui consisterait à voir dans l'institution la dégradation des convictions religieuses intimes : Durkheim est ici oublié.

Il renvoie dos-à-dos ces deux approches et dégage par ce fait un lieu intellectuel spécifique et original où il est possible d'étudier, voire d'enseigner, les faits religieux de l'intérieur mais sans prosélytisme confessionnel. Quand il est respecté

33 Jules Lachelier, La Nature, l'esprit, Dieu : textes choisis, Paris, PUF, 1955, p. 149-154.

34 Régis Debray dans Études, septembre 2002, p. 169s.

35 Régis Debray, Les communions humaines : pour en finir avec « la religion », Paris, Fayard, coll. « Les dieux dans la cite », 2005, 216 p.

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et étudié sans adhésion, le religieux devient un récit mythologique à portée éthique.

Si l'on intègre les faits religieux au sein d'une culture humaniste d'ensemble qui n'est ni sociologique ni prosélyte mais qui en même temps a du sens, les faits religieux peuvent devenir un objet propre d'étude et donc d'enseignement tout en étant un objet scientifique complexe à préciser.³⁶

1.5 ENSEIGNER LES FAITS EN HAÏTI

L'enseignement des faits religieux est bien différent de l'enseignement religieux qui a toujours suscité de nombreuses interrogations et il ne faut en aucun cas confondre fait religieux et catéchèse. Cet enseignement a été intégré dans un ensemble appelé « culture humaniste » et « valeurs sociales et civiques », et devient une obligation depuis la loi de 2005 en France.³⁷

Parler de l'enseignement des faits religieux en Haïti aujourd'hui, c'est bien sûr le faire avec tout le respect, mais aussi avec tout le recul nécessaire, et notamment les précautions de langage qui s'imposent à travers les trois urgences :

1. D'après Régis DEBRAY qui nous a signalé en février 2002 que « les faits religieux n'a quasiment plus de place dans l'espace culturel public. Certains élèves seraient de plus en plus étrangers aux symboles et aux marqueurs religieux de leur propre monde. Ils sembleraient ignorants des savoirs et des patrimoines qui les font être ce qu'ils sont. Pour éviter le double écueil de l'approche objectivante et de l'approche confessante, Régis Debray appelle de ses voeux une « didactique des sciences des religions ».³⁸ D'après lui, la culture religieuse semblerait méconnue aujourd'hui.

36 D'après les notes du cours sur l'enseignement des faits religieux et l'enseignement laïc de la morale, dispensé par Charles Coutel et Olivier Rota, Université d'Artois, p11-14.

37 « L'enseignement du fait religieux dans l'École laïque », Rapport Régis Debray au Sénat de février 2002, < http://www.iesr.ephe.sorbonne.fr/docannexe/file/3739/debray.pdf>.

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Le théâtre : une voie pour l'enseignement des faits religieux en Haïti

2. En octobre 2008 dans La sainte ignorance, paru au Seuil, Olivier Roy relate une seconde urgence, qui serait la conséquence de la première urgence « La culture profane a oublié ses racines religieuses. Ce n'est pas par anticléricalisme ou posture antireligieuse militante, c'est par ignorance. »39

Il revient ensuite sur une illusion redoutable qui guette les croyants eux-mêmes, celle qui consiste à croire :

? « Qu'il n'a pas besoin de savoir pour être sauvé [...] et le savoir peut détourner de la vraie foi. »

? « l'annulation de la langue au profit de la parole est l'exemple le plus achevé de la sainte ignorance »

Donc, les croyants seraient ignorants de la culture religieuse de leur propre religion.

« On voudrait le lien social sans la mémoire » a déclaré Olivier Roy, proposant la constitution d'une culture religieuse profane, critique et non confessionnelle, capable de consolider la culture religieuse des croyants eux-mêmes en instruisant tout le monde face au fondamentalisme amnésique et à l'obscurantisme militant.

3. Xavier Boniface de son côté, dans son article « Histoire de l'Église, histoire des religions, histoire religieuse », nous a signalé l'urgence qu'il y a à prévenir les effets pervers de l'interventionnisme du pouvoir exécutif dans le développement de l'histoire des religions dans l'enseignement. Car, il est risqué de voir le pouvoir exécutif (parfois nostalgique du Concordat) redire au religieux la place et le rôle qu'il devrait jouer dans la société. 40

Enfin, en 2003, Lucien Jerphagnon dans son recueil Connais-toi toi-même⁴¹ fait la synthèse des urgences précédentes, et appelle à l'étude du fait religieux dans une perspective d'ensemble afin de permettre la connaissance des éléments patrimoniaux

39 Olivier Roy, La sainte ignorance. Le temps de la religion sans culture, Paris, Seuil, coll. « La couleur des idées », 2008, p. 189

40 D'après les notes du cours sur l'enseignement des faits religieux et l'enseignement laïc de la morale, dispensé par Charles Coutel et Olivier Rota, Université d'Artois, p. 10.

⁴¹Lucien Jerphagnon, Connais-toi toi-même, paru en 2012 dans la collection Poche.

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religieux de notre culture mais aussi de l'unité de l'humain. Il n'hésite pas à écrire : « Etudions le fait religieux. Il ne faut rien négliger de l'humain ».

Aussi, je pense qu'il est urgent de pencher sur la problématique des savoirs en faits religieux en Haïti, particulièrement, les richesses traditionnelles, patrimoniales et culturelles profondes... qui méritent d'être exploré, observé, analysé, étudié et transmis... dans une démarche d'éducation à la citoyenneté, constituant un ensembles de valeurs éthique et morale à la vie sociale, la liberté de conscience des droits de chacun, la différence entre les principes universels (les droits de l'homme), les règles de l'État de droit (la loi), les usages sociaux (la civilité) et la liberté religieuse (la laïcité). Afin de devenir des citoyens responsables, conscients de leurs droits et devoirs, des principes et des règles qui fondent le vivre ensemble. Pour cela, il nous faut une très bonne approche et aussi cette bonne voie, le théâtre...

1.5.1 EXEMPLES DE SUJETS EN FAITS RILIGIEUX DANS LE CONTEXTE HAÏTIEN

Haïti est très riche en matière de patrimoine religieux. Voici une liste non exhaustive de sujets de faits religieux dans un contexte haïtien :

? « Les fêtes champêtres, patrimoines immatériels », associées à la fête patronale d'une ville, d'une commune, d'une section rurale ou à une fête foraine... Ce sont des événements très complexes en Haïti, surtout célébrés durant l'été. Elles sont à la fois sacrés, ludiques et mythiques. Souvent, cinq catégories de gens y participent :

o Les Natifs et les locaux dont les déserteurs économiques ou professionnels qui profitent de l'opportunité pour revenir au bercail.

o Les Épicuriens, qui sont surtout motivés par les distractions saines ou autres et des opportunités de relaxation.

o Les Pèlerins: s'intéressent aussi bien aux activités religieuses que celles pseudo-religieuses spiralées.

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o Les Affairistes, intéressants au gain et des intérêts économiques, comme : les commerçants, les petites marchandes itinérantes...

o Les Opportunistes politiques, quête constant d'une certaine image ou de notoriété.

? « Aspect historique, géographique, philosophique et religieux dans la culture haïtienne », qui concerne le rapport des haïtiens entre eux et avec les autres, des haïtiens par rapport à la nature et le respect de cette nature en général avec l'implication directe des arbres, de points d'eau, utilisés comme espaces sacrés dans le culte, la connaissance des plantes et leur utilisation dans la médecine traditionnelle, les haïtiens par rapport au monde vivant et invisible, aux morts à travers la fête des morts, la paques, la toussaint, les rois, la noël... à la vision de l'univers, avec une certaine compréhension du monde et une cohésion (cosmogonie)...la connaissance du territoire lors des fêtes traditionnelles à travers le rara, le carnaval, la participation aux fêtes patronales... de l'histoire du pays depuis son indépendance en 1804. les échanges oraux sur l'histoire, avec les jeunes et surtout les vieux du pays, lien étroit des haïtiens avec la nature

? « L'indépendance d'Haïti » ou mémoire des bravoures des esclaves à partir de la cérémonie du bois caïman...

? « 12 janvier 2010, une perte pour Haïti en : le patrimoine bâti, les centres urbains, les musées, les bibliothèques et archives et le patrimoine immatériel... »

? « 12 janvier 2010, une perte pour Haïti en patrimoine humain (religieux et non religieux) »

? « L'architecture religieuse haïtienne, Un trésor mis à mal par le séisme du 12 janvier 2010 »

? « Coutumes partagées entre religieux et non religieux » Il s'agit des comportements conscients ou pas, des faits ou pratiques, où des haïtiens, religieux ou non, partagent ensemble, sans avoir la moindre idée de l'origine, comme : cracher trois (3) fois dans sons urine pour préserver son âme, un

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commerçant choisisse à qui vendre en premier pour la journée pour avoir de la chance, méfiant d'un poignet de la main gauche,...

1.6 DANS UNE APPROCHE LAÏQUE DE LA MORALE

Depuis la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat, le mot « laïque » est fréquemment utiliser par opposition au vocabulaire religieux et signifie non-confessionnel, mais aussi anticlérical. Contrairement à ce que pensent certains, la laïcité n'est pas l'athéisme. Le concept de laïcité concerne les régimes respectant la liberté de conscience au sens où ceux-ci impliquent l'Etat, et fait aussi référence au combat contre le cléricalisme religieux de la tradition française. Dans ce cas, en plus de l'affirmation de la liberté religieuse, il y a une séparation des confessions et de l'Etat. L'appellation « approche laïque de la morale » n'est pas une mince affaire. La morale est du domaine des principes qui inspirent l'action des hommes, une philosophie de la vie, dont le principal exemple est le Décalogue, tandis que la laïcité est un ensemble de règles qui permet le "vivre ensemble" dans une société de droit, transversalement à toutes références morales. Donc, j'entends par approche laïque de la morale une approche qui n'est ni moralisatrice ni doctrinale, mais plutôt «laïque», c'est-à-dire, ni ecclésiastique ni religieuse, indépendante des organisations religieuses ou partisanes, libre et raisonnée. Elle n'engage aucune conception de l'existence ou du bien ultime. Une approche qui est morale et civique en même temps, se référant aux seules valeurs culturelles d'une société : la liberté et l'égalité, la justice, le respect de la personne humaine, la solidarité... Une conception et organisation de la société fondée sur la séparation de l'Église et de l'État et qui exclut les Églises de l'exercice de tout pouvoir politique ou administratif, en particulier, de l'organisation de l'enseignement. Le principe de la laïcité de l'État est posé par l'article 1er de la Constitution française de 1958.

La laïcité prend appui sur cette loi de 1905 qui repose sur quatre fondamentaux :

- la neutralité de la puissance publique, arbitre des relations sociales;

- la séparation des Églises et de l'État;

- la garantie de la liberté de conscience;

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Le théâtre : une voie pour l'enseignement des faits religieux en Haïti

- l'égalité des droits, qui se traduit en terme plus moderne par un principe de nondiscrimination.

C'est un principe fondamental du « vivre-ensemble » dans des contextes où la pluralité et la diversité au sein des sociétés actuelles ne devraient pas apparaître comme des menaces mais comme une richesse. La laïcité doit être porteuse de valeurs essentielles comme la solidarité, l'égalité, la justice sociale, la fraternité...⁴²

« L'établissement d'un État laïc en Haïti nécessite l'autonomisation des sphères politiques et religieuses et l'élaboration de normes collectives et de politiques publiques non influencées par une quelconque doctrine religieuse. »⁴³ Selon Jean Eddy Saint Paul, 'il n'y a pas certainement une « affinité élective » entre « laïcité » et « république d'Haïti» Parce que sans aucune doute, le libéralisme politique est le meilleur courant paradigmatique permettant d'atteindre le « seuil » le plus élevé en matière de laïcité...

En effet, le but d'une telle formation en enseignement des faits religieux en Haïti, dans une approche laïque et d'éthique de la morale, est de proposer aux élèves/étudiants une approche historique et sociologique du phénomène religieux, dans toutes ses composantes, en vue de leur de donner des repères culturels indispensables à la compréhension du monde dans lequel ils évoluent.⁴⁴ En visant trois compétences de bases:

- Individus et relations interpersonnelles et sociales : traitant « des aspects personnels : l'autonomie et l'identité, la reconnaissance des émotions personnelles et celles des autres, la reconnaissance de la dignité de soi et du respect des autres, la diversité et les droits de tous. Concernant des situations comme : L'Egalite des hommes et des femmes dans la famille et dans le monde du travail.⁴⁵

42 RAPPORT DU SNESUP-FSU, La gestion du fait religieux à l'université, Auditions de L'Observatoire de la laïcité, p. 4, 2015

43 Jean Eddy Saint Paul, La laïcité en Haïti : Approche sociologique de quelques erreurs épistémologiques et théoriques dans les débats récents, 2014

44 Brigitte Morard, L'art du moyen âge, le fait religieux, CRDP académie de Montpellier, 2006.

45 Boletín Oficial del Estado, n° 293, 8 décembre 2006, p. 43080-43082.

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Jean Marc Voltaire

- La vie en communauté : Relatif à la convivence dans les relations avec l'environnement, aux valeurs civiques sur lesquelles sont fondés : le respect, la tolérance, la solidarité, la justice, l'égalité, l'aide mutuelle, la coopération, la culture de la paix... pour une société démocratiques. En identifiant la diversité, rejetant la discrimination, mettant en valeur la participation, à partir de la reconnaissance de la diversité sociale, culturelle et religieuse présente dans l'environnement immédiat, concernant les droits et devoirs de tous et la participation à la valorisation des différents canaux de participation et au respect critique des coutumes et des modes de vie différents du sien propre, ainsi que l'identification des situations de marginalisation, inégalité, discrimination et injustice sociale.

- Vivre en société : Proposant un positionnement plus vaste sur la convivence sociale, la nécessité de se doter de règles pour vivre ensemble, les principes de convivence que fixe la Constitution haïtienne, la mise en valeur des biens communs et des services, les pratiques civiques : protection civile, la sécurité entière du citoyen, la défense au service de la paix et l'éducation aux règles de la circulation routière...

Je pense que l'éducation aux valeurs culturelles et patrimoniales en Haïti a été trop longtemps laissée de côté. C'est une erreur fondamentale car, sans valeurs culturelles partagées, il ne peut y avoir de citoyenneté. A mon sens, l'enseignement à la citoyenneté haïtienne doit impérativement passer par une revalorisation de l'éducation aux valeurs... C'est un point très important sur quoi les instances concernées doivent mettre l'accent et utiliser dans leurs fonctions d'agent de développement sociale, éducative et culturelle... le théâtre, ce moyen de transmission, d'observation, pour mieux explorer, d'étudier, penser et analyser, ce qui est ou a été vécu comme faits religieux...

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Le théâtre : une voie pour l'enseignement des faits religieux en Haïti

1.7 THEATRE COMME MOYEN DE TRANSMISSION

Etant une bonne voie de communication, le théâtre est un espace privilégié de liberté, d'exploration du corps et de l'imaginaire, étant un art et aussi un jeu, c'est d'abord une source de plaisir. Celui qui l'a pratique va également le considérer comme un jeu et cela va changer son rapport avec les apprentissages qu'il fera lors de ces activités ludiques⁴⁶ Il est à la fois un lieu de culture et de pratiques. Comme rencontre entre les domaines du savoir, quelle qu'en soit l'origine disciplinaire, le théâtre donne naissance à des oeuvres s'interprétant dans la pluridisciplinarité. Aujourd'hui, Les professionnels de terrain sont sensibilisés aux vertus des pratiques artistiques, spécialement le théâtre comme médiation en contexte d'intervention sociale.⁴⁷

C'est une source quasi-inépuisable d'activités. Il existe des exercices s'inspirant des techniques de l'acteur et pourront aboutir à une représentation théâtrale. Le théâtre restera avant tout un outil permettant les apprentissages... On distingue trois grandes catégories d'objectifs :

- des objectifs liés aux apprentissages fondamentaux

- des objectifs spécifiques d'un enseignement esthétique

- des objectifs liés à l'ouverture culturelle.

Jouer, c'est agir. Jouer, c'est laisser aller son imagination, ses émotions et simultanément trouver une forme pour les exprimer, les partager avec d'autres dans le plaisir. Le jeu théâtral permet de faire évoluer les élèves/étudiants d'un état passif à une attitude active et créative, avec la complicité d'enseignants et d'artistes. L'activité de jeu est libre mais elle est soumise à des règles bien définies et est circonscrite dans des limites d'espace et de temps précises et fixées à l'avance.

« L'important est de ne pas croire que jouer est un acte sacré c'est-à-dire réservé, mais que n'importe qui peut le faire... »48

46 Paolini Olivier, Comment développer les compétences orales par le théâtre à l'école primaire?, I.U.F.M, Académie de Montpellier, 2007

47 Emmanuel BOUTON, L'intervention du Théâtre-Action-Emanciper par la médiation artistique, Le GRAIN asbl, 23 août 2013

48 Artaud (Antonin), Le Théâtre et son double, Saint Amand : Folio Essais Gallimard, 1964.

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Jean Marc Voltaire

Le théâtre didactique a connu des heures plus riches au nom de tant de projets de société et survit encore de nos jours sous le nom de : «animation» ou «conscientisation». La pédagogie par le théâtre permet de traiter une multitude de compétences-clefs qui correspondent également à un besoin et une demande bien spécifique : apprendre à oser, apprendre à écouter, apprendre à travailler en équipe et aller de l'avant, s'adapter à toutes les situations... Elle se révèle être un outil particulièrement pertinent pour impliquer et stimuler les apprenants dans leur apprentissage et leur développement personnel. Lors des séances d'improvisation, l'enseignant/animateur travaille sur différentes techniques d'expression et transmets des outils concrets, utiles pour tous types de publics et entraine:

- l'écoute et le respect du travail des autres ;

- la solidarité à travers le travail de groupe ;

- l'exigence dans la poursuite d'un projet de mise en scène;

- le développement de l'esprit critique ;

- améliorer sa communication orale ;

- apprendre à communiquer autrement que par les mots (gestes) ;

- améliorer les relations interpersonnelles ;

- la prise de parole réfléchie et adressée ;

- communiquer ses sentiments ;

- l'acquisition d'une culture théâtrale,

-

...

Pour bien transmettre, l'activité théâtrale consiste à placer des personnages dans une situation fictive et à les faire réagir. Théâtraliser : « action qui vise à donner un caractère de théâtralité, de l'emphase à », dramatique : « relatif au théâtre ; destiné à être joué au théâtre », dramatiser : « présenter de manière théâtrale. Donner un tour exagérément grave à », oraliser : « Dire à haute voix », interpréter : « Chercher à rendre compréhensible, à traduire, à donner un sens à ; Jouer un rôle dans une pièce », sont les mots clefs pour la transmission de des savoirs de tout domaine, en mettant le pratiquant dans trois positions :

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Le théâtre : une voie pour l'enseignement des faits religieux en Haïti

1) ACTEUR : puisqu'il agit dans un espace défini avec son corps et sa voix.

2) AUTEUR : car il lui est donné la possibilité d'imaginer et de créer à l'infini des univers.

3) SPECTATEUR : Regarder les autres jouer est tout aussi important, car on apprend autant en regardant qu'en faisant.

Le public a une grande importance. Un spectacle de théâtre est créé pour être vu. C'est pourquoi jouer devant les autres donne tout son sens au théâtre. Je pense que le théâtre peut être un excellent moyen pour déclencher l'expression, la parole et la réflexion chez un public/apprenant dans la transmission des valeurs. Car sa pratique est saine, donne de l'aisance dans sa relation avec les autres et dans l'expression, et permet de franchir les barrières psychologiques, la peur du ridicule, autant de faits qui entravent la limite d'un sujet. Ainsi il est possible de démontrer ce pouvoir qu'il a lors de la transmission, l'observation, la penser, l'analyser, l'exploration et l'étude ce qui est ou a été vécu comme faits religieux.

En général, le théâtre demande d'exprimer des sentiments, des émotions par la parole, et le corps. C'est un lieu où peut s'extérioriser tout ce qui, le plus souvent, reste caché. Comme praticien du théâtre et éducateur spécialisé, j'ai mainte fois expérimenté cet outil à travers de différents stages pour des groupes distincts, sur des sujets différents comme :

- Le VIH/Sida

- La relation trans-générationelle

- Les droits de l'enfant

- Le cholera

- Grossesse précoce

- Le viol

De par mes expériences d'éducateur spécialisé par le théâtre, je suis convaincu que la dramaturgie relationnelle développe les attitudes qui favorisent l'expression spontanée dans les interactions et la créativité en pédagogie. Cinq objectifs possibles peuvent être identifiés dans la pratique du jeu théâtral à travers un enseignement de faits religieux:

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Jean Marc Voltaire

? Permettre à l'élève/étudiant de focaliser son regard pour construire une manière de voir la société sans qu'elle s'empare de lui ni qu'il soit complètement passif par rapport à elle et être capable d'analyser un faits de son environnement en le regardant avec plus de distance possible et d'absence de parti pris ;

? Imposer ses rituels du commencement et de la fin, tout en penchant sur les problèmes d'indifférences religieuses et la déstructuration de la réalité qui méritent d'être posé, pour la reconstruire dans une autre intentionnalité ;

? Proposer à travers les jeux et, surtout, à travers le geste, un langage plus élaboré pour penser la société et accéder à ce qui fait symbole pour nous ;

? Fonder et imposer pour la personnalité par la distanciation, l'implication, l'identification, la nécessité, la possibilité, la temporalité... l'obscénité dans sa manière de traiter tous conflits religieux et interreligieux dans une démarche du « vivre ensemble » ;

? Donne la possibilité de mettre la société en jeu, mais aussi en « enjeux », parce que le théâtre est un moyen de politisation. Non pas au sens politicien du terme, mais parce qu'il met une loupe sur des enjeux et permet de donner à voir ce qui, précisément, dans la vie n'est pas toujours visible, pas toujours clair.

1.7.1 ENJEUX SOCIAL ET CULTUREL

Il est important que les haïtiens découvrent ce moyen pour enrichir et développer leur culture en faits religieux. Le théâtre représente donc un enjeu culturel important dans le but de cet enrichissement. Il représente également un enjeu social. En effet, avec cet outil, on peut mieux aborder et conscientiser les gens sur des sujets graves tel que : « les inégalités, la folie des guerres, la peur de disparaître ou d'être dévoré, la boulimie ou l'indifférence, la différence non acceptée, la difficulté à être, les blessures intimes...⁴⁹ les plaisirs de la métaphore et la distance du jeu. Autrement dit, cela leur permettra de changer leur regard sur le monde et sur les autres, ainsi que de développer leur esprit critique. De plus la pratique théâtrale participe à l'éducation du futur citoyen en

49 Jean-Claude Lallias, 2005, « Enjeux du théâtre jeune public contemporain », La revue des livres pour enfants, 223, p. 65-72.

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Le théâtre : une voie pour l'enseignement des faits religieux en Haïti

l'impliquant dans une pédagogie de la tolérance envers les autres et apport comme effets positifs : « rencontre différente avec l'écrit et l'invention, nouveau regard sur les langages et leur fonctionnement, approche différente des objets culturels, enthousiasme d'un groupe soudé par un but à atteindre ensemble ».⁵⁰

1.7.2 LE THEATRE FORUM

Pour bien expliquer ce fait, j'aimerais m'appuyer sur ce type de théâtre qui existe déjà depuis plusieurs années et qui illustre, d'après moi, le pouvoir libérateur qu'exerce

le théâtre sur les gens et la collectivité, et que j'ai déjà expérimenté : le théâtre forum. Il

s'agit d'une méthode théâtrale inventée et développée par Augusto Boal dans les années soixante, d'abord au Brésil puis en Europe, et qui est maintenant répandue dans le monde

entier. Cette méthode utilise le théâtre comme moyen de connaissance et de transformation de la réalité intérieure, relationnelle et sociale. Boal a toujours pensé que

le « le théâtre dans tout son intégralité est nécessairement politique, parce que toutes les activités de l'Homme est politique et que le théâtre en est une ».⁵¹

« Le monde entier est un théâtre où tous les hommes, les femmes sont de simples acteurs. Ils y ont leurs entrées, leurs sorties, et chacun joue bon nombre de rôles dans sa vie [...]. » (Shakespeare, « Comme il vous plaira », II, 7)

Il s'agit d'un théâtre qui rend le public actif et qui sert aux groupes de « spect-acteurs » à explorer, à mettre en scène, à analyser et à transformer la réalité qu'eux-mêmes vivent.

Une des principales hypothèses de base est que « le corps pense », cela signifie une

conception de l'être humain comme globalité de corps, d'esprit et d'émotion. Tout en touchant des aspects personnels et émotifs, le Théâtre de l'opprimé ne se pose pas

comme thérapie, mais comme instrument de « libération » collective s'appuyant sur la

50 Jean-Claude Lallias et Jean-Louis Cabet, 1985, Les pratiques théâtrales à l'école, CRDP de la Seine-Saint Denis, p.15

51 Boal A. Théâtre de l'opprimé, La découverte, Paris, 1996, p. 7

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Jean Marc Voltaire

prise de conscience autonome des personnes, sur le « miroir multiple du regard des autres ».⁵²

Ainsi, après la catastrophe du 12 janvier 2010 en Haïti, il a fallu aux institutions concernées d'être convaincues que si on veut aider les gens, il ne suffit pas seulement de leur donner à manger. Il n'y a pas que la santé physique, il y a aussi la santé mentale. Alors, l'art, spécialement le théâtre a été beaucoup utilisé pour aider ces personnes déprimées, désespérées et tenter de leur redonner espoir, en leur montrant comment affronter les problèmes avec moins de surprise ou d'angoisse à travers le théâtre forum qui permet de vivre par le jeu, sans danger, des situations problématiques de la vie réelle et d'expérimenter de multiples réactions face à ces situations.⁵³

Le théâtre forum est une forme de théâtre utilisée pour tenter de résoudre collectivement des problèmes de société. C'est un théâtre-débat, d'expérimentation pour débloquer des situations. Elle a une vocation à la fois thérapeutique, psychosociale et « éducatifs », c'est-à-dire qui tient compte des liens entre l'individuel et le collectif. L'appui psychosocial vise à prévenir et à soulager les blessures morales consécutives aux catastrophes ou événements violents.

Le théâtre est une médiation d'apprentissage, un outil de développement personnel, un véritable travail sur soi... Avec le théâtre forum, cette technique, qui est fondée sur la conviction que le théâtre est un outil pouvant changer les choses et le monde, vise à mettre en scène, pour leur redonner leur dimension collective, des situations

52 Cf. Véronique Guérin et Jacques Ferber (2007), « Le monde change. Et nous ? Une approche de développement relationnel », Edition Chronique Sociale

53 Comme plusieurs autres groupes de comédiens, avec la Nife, une compagnie, composée de plasticiens, comédiens, musiciens, danseurs et éducateurs spécialisés etc. sous ma direction, de concert et d'autres institutions nationales et internationales comme le Centre de Formation et d'Encadrement Psychosocial (CEFEPS), l'OIM, l'OXFAM...j'ai pu expérimenter cette forme de théâtre dans des camps d'hébergement, en vue de collecter avec les communautés un ensemble de problèmes de la vie quotidienne et en même temps d'y proposer des pistes de solutions, avec des objectifs précis :

- Permettre un échange de paroles sur les situations à gérer

- Affronter ou éviter des conflits

- Affirmation de la personnalité

- Contrôler son comportement dans une situation à risque grâce à des mises en situations imaginaires

- Conscientiser et responsabiliser chaque participant de son itinéraire.

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Le théâtre : une voie pour l'enseignement des faits religieux en Haïti

problématiques ou conflictuelles qui sont le plus souvent intériorisées et vécues comme bloquées. Comme dans la vie, les histoires qui en découlent finissent mal. Et c'est aux spectateurs, qui deviennent donc acteurs à leur tour, de monter sur scène pour imaginer une solution, ou essayer de dénoncer, de remettre en cause le rapport de force qui leur est dévoilé. S'instaure alors un débat démocratique et participatif.⁵⁴

Ses potentialités éducatives ont toujours été claires dans l'univers éducatif. À l'imitation et à la représentation comme éléments de confluence entre l'éducation et le théâtre, s'ajoute la recherche qui a à voir avec l'être intime, l'être d'humain et son « être au monde » en tant que sujet d'exploration, d'étude et de travail. Avec le théâtre on peut arriver à observer nos actions et réfléchir sur ce que nous sommes et sur ce que nous faisons, en fait, sur notre propre identité, et ceci dans le cadre de l'action et de l'interaction. Comme moyen didactique, les caractéristiques les plus remarquables du théâtre en tant que véhiculeur d'apprentissages sont :

- La représentation des situations humaines, un but motivant qui permet à chacun de se représenter et par conséquent, d'observer, de penser, d'analyser, d'explorer et étudier ce qui est ou a été vécu.

- Le théâtre constitue toujours une expérience parfaitement pratique, avec pour contenu de cette expérience pratique, conflit qui est un point important pour la découverte, la croissance ou l'évolution personnelle et/ou communautaire dans n'importe lequel de ses multiples aspects.

- Le théâtre est avant tout un moyen d'expression et de communication, qui permet aux gens de découvrir et d'éprouver leurs propres limites et possibilités, aussi bien au niveau personnel que sur le plan des interactions sociales.

- Le théâtre amuse en même temps qu'il éduque et c'est l'une des caractéristiques qui le rendent particulièrement approprié aux activités de formation.

- La raison suffisante pour que le théâtre soit compris comme un instrument de formation au service de l'épanouissement, du développement et de l'autonomie

54 Par rapport à mes expériences sur le plan psychosocial et thérapeutique avec cet outil qu'est le théâtre.

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Jean Marc Voltaire

progressive des personnes et des communautés, c'est qu'il est avant tout une expérience personnelle et de groupe.

- Le théâtre est un point de contact, de découverte et d'interaction entre les gens, au-delà de tout âge, profession ou sexe. Quiconque peut trouver sa place et sa fonction En lui.

- Comme instrument de formation, Le théâtre est utile pour l'homme en général parce qu'il est utile lors de toutes les étapes de son développement. Dans chacune d'elles il aura des objectifs différents, il suivra un modèle spécifique et des techniques appropriées par rapport à un stade donné d'évolution

- Le théâtre possède un caractère très intégrateur, construisant à partir d'un grand nombre de langages (mots, gestes, bruits, couleurs, images, formes, etc.).

- D'un point vue éducatif le théâtre peut être dans le même temps un fait artistique, une création collective et une expérience d'apprentissage collectif dans laquelle chacun joue ou développe son rôle et sa fonction, apportant de cette façon, sa contribution particulière et individuelle à la construction collective.

- Les actions dramatiques sont basées sur la capacité de jouer ou de développer un rôle ou un personnage dans une situation fausse. Le principe du jeu symbolique, par le «on fait comme si... », est une technique qui permet la supposition des sujets, des faits et des endroits symboliques. Toute représentation suppose non seulement une simulation, mais également un transfert d'attitudes, de connaissances et de procédures au sein de différentes situations ou rôles.

- Du point de vue formatif, les actions dramatiques rendant possible l'utilisation symbolique de l'espace et des objets, favorisent et stimulent la capacité de transfert; la flexibilité et l'adaptation personnelle à des situations nouvelles; le développement de l'imagination et de la créativité des personnes.⁵⁵

-

...

Outre un soutien matériel certes essentiel, le théâtre aide en effet les Haïtiens à aller mieux et à surmonter le traumatisme qu'ils ont subi. Il leur redonne un sens de normalité

55 Úcar Martínez, LE THÉÂTRE ET L'ÉDUCATION : CHERCHER, IMITER, INTERPRÉTER ET REPRÉSENTER, Département de Pédagogie Systématique et Sociale Université Autonome de Barcelone.

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Le théâtre : une voie pour l'enseignement des faits religieux en Haïti

malgré les conditions de vie difficiles dans les camps. Le théâtre constitue par ailleurs un élément de cohésion sociale important et une forme de soutien moral aux déplacés. Il redonne aussi un fort sens d'identité et d'appartenance, ces deux éléments étant des facteurs de rétablissement dans des circonstances difficiles.

Alors, n'est-il pas grand temps qu'on ait enfin un nouveau regard sur le théâtre ? Ne peut-on pas comprendre qu'aujourd'hui il joue plusieurs rôles dans une société ? Etant un art et un métier, à ce titre, le théâtre a développé au cours du temps des techniques, des écoles, des approches, dont la finalité commune reste non seulement l'expression d'oeuvres théâtrales devant un public, qui n'a qu'une seule exigence, être ému, au sens large du terme. Le comédien doit maîtriser l'émotion de son personnage, c'est-à-dire la faire ressentir sans être submerger par elle, il doit gérer cette émotion. L'émotion se manifeste physiologiquement par différents symptômes, la montée d'adrénaline pour la colère, les larmes pour la tristesse, le rire pour la joie⁵⁶.

Avec le théâtre comme voie de transmission, on parviendra à mieux donner à la jeunesse haïtienne des repères culturels indispensables, incluant l'apprentissage des droits, des devoirs, du respect des valeurs démocratiques et des droits humains, en matière de ce qui existe ou a été vécu comme fait religieux... et montrer combien la pratique de l'art, spécialement du théâtre, permet à chacun de s'exprimer librement et le conduit à reconnaître avec lucidité la richesse et la diversité des modes de pensée, d'expression et d'action dans l'environnement sociétal. Elle contribue ainsi de façon décisive à une pédagogie de la liberté.⁵⁷ Car, l'entraînement théâtral aide à développer la capacité d'attention, de concentration, de contrôle de soi, de calme intérieur, d'écoute et de respect des autres. Il apprenne l'accepter de soi, tel qu'on est, à développer l'imaginaire, à prendre la parole, à s'affirmer tout en respectant et faisant parti d'un groupe. En s'amusant, il apprenne à déployer des qualités humaines et artistiques par :

56 Extrait de Laurent Lesavre. Théâtre et entreprise, état des lieux et une approche globale. http://hal.grenoble-em.com/hal-00451472.

57 Mes différentes actions éducatives par le théâtre me sont très utiles dans ce travail. De 2006 à 2012 j'ai animé des ateliers de pratique théâtrale qui étaient utilisés dans un premier temps comme atelier à destinations des jeunes des deux sexes ainsi à des groupes de femmes, spécifiquement ceux situés dans les camps d'hébergement, et dans un second temps comme théâtre-débat à des publics plus large. Ces ateliers consistent, entre autres choses, à entraîner les participants et développer leurs compétences physiques et psychologiques qui leur permettront de se mettre au service de leurs communautés. Il s'agit de thérapie par le théâtre.

Jean Marc Voltaire

> Des exercices techniques : relaxation, respiration, voix, attention, concentration, etc. ;

> l'improvisation, le mime : apprendre à créer une situation, la faire vivre et évoluer sans préparation, faire passer des émotions, aller chercher la sincérité, développer son sens de l'écoute et la relation avec ses partenaires.

Avec pour Résultats :

> Régulation émotionnelle : diminution du stress et de l'impulsivité, meilleure gestion

de la colère.

> Limitation des comportements auto-agressifs ou autodestructeurs.

> Amélioration des capacités d'attention, de concentration et d'apprentissage.

> Amélioration des relations interpersonnelles.

> Renforcement de la confiance en soi : réassurance, revalorisation narcissique.

> Développement de nouvelles ressources, nouveaux raisonnements, nouvelles

émotions.

> Renforcement du sentiment de liberté et de choix.

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Le théâtre : une voie pour l'enseignement des faits religieux en Haïti

2 CADRE METHODOLOGIQUE

2.1 ENSEIGNEMENT DU FAIT RELIGIEUX PAR LE THEATRE

« Je serais certainement un enseignant si je n'étais pas comédien. » (Brad Garrett)

Il s'agira pour moi, à partir d'expériences concrètes, ⁵⁸ premièrement à partir d'ateliers spécialisés en milieux psychosociaux et culturels haïtiens, deuxièmes dans le milieu universitaire, de démontrer combien le théâtre peut non seulement contribuer au développement de la personne et peut-être aussi une bonne voie de transmission, d'observation, d'exploration, d'étude, d'analyse... de tout ce qui est ou a été vécu comme faits religieux en Haïti.⁵⁹

Le théâtre est un meilleur moyen d'expression et de libération, pour l'enseignement des faits religieux en Haïti, avec pour but de faciliter la coopération, le sens de la responsabilité, la vie collective et la solidarité... il peut être un parfait outil pour :

? s'arrêter sur des situations de conflits religieux pour en comprendre les déclencheurs ;

58 En tant que comédien, metteur en scène professionnel et éducateur spécialisé, mon attention a été canalisé vers l'éducation par le théâtre en milieu psychosocial et éducatif dans un but au -delà du divertissement. Un but qui est généralement de changer le savoir, les attitudes et les comportements... Cela fait maintenant de nombreuses années que j'interviens dans des écoles, des centres culturels et sociaux, des camps d'hébergements, des groupements paysans, à l'université d'état d'Haïti (UEH), à l'université Franco Haïtienne du Cap-Haïtien (UFCH)... L'expérience professionnelle en enseignement spécialisé par le théâtre m'a amené à côtoyer un grand nombre personnes sur des différents sujet, en utilisant le théâtre comme moyen de:

- Sensibilisation

- Thérapeutique

- Développement individuel et communautaire
- Psychopédagogique

-

...

Dans le cadre do mon cours d'art dramatique pour les étudiants en sciences humaines au campus Henri Christophe de l'Université d'Etat d'Haïti à Limonade (CHC-UEHL) les activités sont concentrées sur, combien le théâtre avec des vertus pédagogiques, psycho-sociales et thérapeutiques, peut être utile aux domaines : philosophie, psychologie, éducation, sociologie... A partir des travaux individuels et en groupes, des débats et des mis en situation sur scène...

59 Exemple 1 : J'ai animé une série d'ateliers à l'endroit des jeunes de 12 à 18 ans, des deux sexes, ensuite à des femmes confrontant à des actes de violence, issus des communautés de : Port-au-Prince et ces environs (Ouest), Jacmel (Sud-est), Trou du Nord, Fort liberté et Ouanaminthe (Nord-est) d'Haïti... sur le thème « le droit à la liberté d'expression », les droits de l'enfant d'un côté et les droits de la femme d'un autre côté, ont été au coeur de la visée de ces ateliers de formation qu'étaient de renforcer la capacité des participants pour qu'ils exercent leur droit d'expression et qu'ils fassent entendre leur voix...en nous appuyant sur l'objectif principal même de cette forme de théâtre dite forum qu'on a utilisé, de collecter avec les communautés un ensemble de problèmes de leur vie quotidienne et en même temps d'y proposer des pistes de solutions. Ce droit comprend la liberté de recherche, de recevoir et de rependre des informations et des idées de toute espèce, sans considération de frontière, sous une forme orale, écrite, imprimé ou artistique, ou par tout autre moyen.

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Jean Marc Voltaire

> s'écouter mutuellement ;

> faire la promotion de la liberté religieuse ou de conscience en se divertissant;

> permettant à ceux qui le pratiquent de retenir l'attention d'un plus grand nombre de gens sur des sujets les concernant ou des problèmes prioritaires les affectant en matière de faits religieux ;

> faire passer par le théâtre, des messages qui soient adaptés aux réalités locales et susciter chez le public un changement de comportement ;

> amener les gens à parler plus ouvertement des sujets tabous et à voir la différence entre l'enseignement religieux et l'enseignement des faits religieux ;

> accroître leurs compétences relationnelles favorisant le respect de soi et d'autrui ;

> développer leur citoyenneté et leur esprit de tolérance;

> permettre aux gens de susciter à travers des représentations théâtrales, une réflexion et une dynamique de groupe au sein de leurs communautés.

A partir d'une approche ludique et participative, basée sur des improvisations capables de développer la capacité à rebondir... on peut arriver à développer individuellement et en groupe les capacités d'attention, de maîtrise et de confiance en soi, de calme intérieur et d'écoute des autres. En utilisant la mise en scène de situations personnelles imaginaires, réelles ou à venir...

A partir de mes expériences avec le théâtre dans le milieu socioculturel, j'ai pu accéder à beaucoup de pistes convaincantes de la vertu émancipatrice, pédagogique, communicative, psycho-social et thérapeutique que possède le théâtre. C'est pourquoi j'ai voulu, dans ce travail, proposer une approche claire et précise du théâtre et spécialement comme moyen pédagogique pour l'enseignement des faits religieux en

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Le théâtre : une voie pour l'enseignement des faits religieux en Haïti

Haïti.⁶⁰ Car, associer le théâtre à des projets pédagogiques peut répondre à divers objectifs complémentaires tels que :

? Faire l'initiation artistique ;

? Transmettre la pédagogie artistique ;

? Mettre le théâtre au service d'une émancipation comportementale et socialisante à travers une approche politique;

? Incarner un autre pour raconter autrement en s'appuyant donc sur les notions de Jeu et plaisir

Comme l'a dit Gandhi « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde »

2.1.1 L'APPORT DU JEU DRAMATIQUE

Le jeu est un apprentissage de la vie. Son importance en pédagogie est perçue depuis l'Antiquité. Il permet d'exprimer des désirs plus ou moins conscients :

1) Sur le plan de l'individu : Dans le jeu dramatique, l'élève/étudiant exprime d'abord lui-même. Il extériorise sa personne, son être profond, avec ses pulsions, ses désirs, ses inhibitions. Il s'agit pour lui, au premier chef, de re-créer des scènes qui peuvent être des scènes de la vie courante, et de vivre ces scènes en sachant qu'il les joue. C'est donc, pour lui, se détacher du monde qui l'entoure, traduire avec des gestes et un langage, une vision du monde; c'est, pour lui, découvrir que nous vivons dans un monde de codes fait de signes et de symboles. Comme le jeu dramatique est un jeu social, l'élève/étudiant établit de nouvelles relations, de nouveaux rapports avec les autres.⁶¹

60 Je m'appuie surtout sur des exemples concrets des différents ateliers de « théâtre» que j'ai expérimentés avec des enfants, jeunes et adultes, particulièrement, notre expérience avec le théâtre forum dans des camps d'hébergement après le 12 janvier 2010... (Comme je l'ai dit tantôt, dans l'objectif de collecter avec les communautés un ensemble de problèmes de la vie quotidienne et en même temps d'y proposer des pistes de solutions). Mes expériences au campus Henri Christophe de l'UEH à Limonade, avec le théâtre comme outil transversal, destiné aux étudiants des arts, Lettres, Sciences Humaines et Sociales... Ainsi que mes différentes animations de théâtre à l'Université Franco -Haïtienne du Cap, à des fins psychopédagogiques...

61 C. Dasté, Y. Jenger, J. Voluzan L'enfant, le théâtre, l'école ed. Delachaux et Niestlé - Bordas Neuchâtel. Paris 1975 p.15

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Jean Marc Voltaire

2) Sur le plan éducatif : Il est en effet possible d'utiliser le théâtre dans un certain nombre de disciplines. Les techniques de mémorisation mises en jeu dans le travail théâtral développent en même temps les capacités de l'élève dans un domaine quelconque.

2.1.2 LE JEU DRAMATIQUE : SOURCE D'ENRICHISSEMENT SUR LE PLAN COMMUNICATIONNEL

« L'expression dramatique est une pédagogie vivante et mouvante, elle occupe à l'école une place spécifique en remplaçant le savoir et le savoir-faire par le savoir-être. Ainsi l'élève s'y apprend et fait avec les autres, l'apprentissage de la vie ».⁶²

Outre que le jeu dramatique modifie les comportements, permet de trouver sa

place au sein d'un groupe et apprendre à vivre en société, c'est aussi un espace où l'on communique. Dans le jeu dramatique, la communication se fait de plusieurs manières :

entre les participants puis entre participants et spectateurs. Il est donc important d'être tour à tour acteurs et spectateurs dans le groupe. Les participants doivent s'adapter en

permanence aux situations proposées et aux communications les plus variées. Ils doivent

être prêts à réagir et doivent pour cela : écouter, être attentif, accueillir la proposition, les différences. Le plaisir de jouer sera trouvé dans cet échange, dans ce partage.

Le jeu dramatique se fait habituellement par un ensemble d'exercices qui sont utilisés

depuis tellement longtemps que personne ne pourrait raisonnablement revendiquer les droits d'invention ou de création. Pour aider les apprenants à bien exploiter leurs outils

« corps » et « voix », en accordant une place centrale au corps, à la notion d'espace :

celui des autres, celui de l'autre, le sien, à la notion de contact et tout ce qui s'expérimente avant même l'approche du texte au sein du groupe. 63

62 LANDIER J-C, BARRET G, Expression dramatique, théâtre, Hatier-Enseignants, Paris, 1991.

63 Je leur propose toujours des exercices tout au long des ateliers de théâtre que j'anime, avant chaque rencontre, je prends soin de choisir ou d'inventer quelques activités qui auront pour fonction de développer la créativité ou de travailler certaines faiblesses.

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Le théâtre : une voie pour l'enseignement des faits religieux en Haïti

2.1.3 IMPORTANCE DU TRAVAIL CORPOREL ET VOCAL

La parole expose mais le corps aussi car il contient tous les sens et donc toutes les sensations vécues. Le jeu du corps engage les élèves/étudiants dans l'espace, le mouvement, les rythmes et développe les réflexes. Pour bouger, nous devons faire appel à notre schéma corporel, image plus ou moins consciente que nous nous formons de notre corps. ⁶⁴ C'est un puissant moyen d'expression qui existe et un réel moyen de communication dont nous ne nous servons peut-être pas assez, il permet d'arriver à une meilleure communication avec soi et les autres: Ces entrainements physiques apportent détente et concentration, transformer le corps en un instrument de recherche artistique et créative par lequel passent toutes les émotions...(voir dans l'annexe des exemples d'exercices favorables à travailler le corps et la voix)

« Là où le discours en reste aux mots, la parole engage le corps. » (Jacques Lecoq)

La voix est le don le plus immédiat de l'homme, celui qui exige le moins d'effort pour s'accomplir et qui se passe d'objet. Apparemment, la voix vient du corps. Comme le corps, la voix est un instrument très important pour faire du théâtre. Les exercices vocaux sont étroitement liés à la respiration. Tout le monde respire, cependant l'acteur doit apprendre à bien respirer :

2.1.4 TRAVAILLER LES EMOTIONS

Pour avoir accès aux émotions, à la mémoire des émotions, on fait appel à l'imaginaire. Les émotions sont réellement vécues grâce au jeu, mais toujours avec un écart par rapport à la réalité. En effet, quand on joue un personnage qui a peur, on n'a pas vraiment peur. L'émotion aidera à trouver la différence entre jouer quelqu'un qui fait semblant d'avoir peur et jouer quelqu'un qui a vraiment peur et les spectateurs la percevront également. C'est pourquoi qu'il faudra ressentir cette différence. Familier pour la joie, la tristesse...

64 J.-C. LANDIER et G. BARRET "Expression dramatique - Théâtre" HATIER page 182

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L'expression dramatique propose un travail original sur les émotions et la mémoire des émotions, à travers l'identification au personnage, mais aussi lors de jeux corporels et gestuels. Cette maîtrise des émotions s'acquiert peu à peu par l'exercice pour de nombreux apprenants.

2.1.5 COMPETENCES POUR SE LANCER DANS L'UTILISATION DU THEATRE ET DE SES TECHNIQUES

Il n'est pas nécessaire de maîtriser parfaitement le théâtre pour utiliser ses techniques. Une petite expérience suffit. Mais par contre, il est fondamental d'avoir des compétences pédagogiques permettant de transmettre son savoir-faire et de stimuler la créativité de novices, de bien savoir « gérer un groupe et ses problématiques », capable de gérer des dynamiques de groupes, avoir les aptitudes pour établir un climat de confiance entre tous les participants, capable de stimuler l'émergence d'une parole parfois intime et de l'écouter respectueusement, enfin, avoir les capacités d'accueillir et de soutenir l'expression d'émotions, de s'impliquer émotionnellement et de s'engager du point de vue relationnelle avec les personnes avec lesquelles on travaille et créer une atmosphère ludique favorable au jeu, leur rassurer pour favoriser leur participation...

2.2 METHODOLOGIE

Avant tout la pratique du théâtre nécessite un lieu différent, de la place pour bouger, se déplacer... Quelle que soit l'architecture du lieu d'enseignement, on doit organiser un « espace scénique », favorable pour un travail à la fois éducatif et spectaculaire. Les activités peuvent être ordonnées en trois phases :

1) Une phase de cohésion de groupe pour contribue à briser la glace entre les participants et à les aider à mieux faire connaissance grâce à des exercices ludiques, des jeux d'exploration individuelle ou collective, verbale ou non verbale où les participants développent leurs capacités expressives, corporelles, relationnelles, sensibles et imaginatives au sein d'un groupe, puisque l'un des

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Le théâtre : une voie pour l'enseignement des faits religieux en Haïti

objectifs de l'atelier est d'amener les apprenants à développer leur sensibilité, leurs capacités de création... Cette phase permet de mettre en place une véritable coupure entre ce qui s'est passé avant (dépendamment du sujet) et ce qui va se passer. donner aux participants l'opportunité d'exprimer ce qu'ils ont envie de partager avec le collectif, ce qui les touche et les révolte. Cette étape permet aussi de tisser les enjeux personnels, singuliers et individuels en un enjeu collectif.⁶⁵ Tenter de faire le vide afin d'entrer pleinement dans l'activité. travailler le corps et la voix tout en se concentrant sur un point précis de son corps, en isolant cette partie, en la mettant en mouvement afin de prendre conscience de toutes ses possibilités. En travaillant le geste, le mouvement, n'importe quelle partie du corps pour tenter d'être au service d'une émotion, d'un objet... porter une attention spéciale à sa voix, à la production de sons et d'intonations en liant ce travail à un travail de respiration...⁶⁶

2) Une phase d'exploration et d'utilisation d'un matériau-support qui induit une situation dramatique à jouer où ils sont invités à pratiquer des techniques d'improvisations qui sont avant tout la base de la sincérité : celle des émotions, du partage avec l'autre, à travailler sur des thèmes : socioculturel, environnemental, artistique, socioreligieux, psychosocial...⁶⁷ Dans cette phase, il s'agit de partager

65 Emmanuel BOUTON, L'intervention du Théâtre-Action-Emanciper par la médiation artistique, Le GRAIN asbl, août 2013

66 Je commence toujours mes ateliers de théâtre a but éducatif par la présentation et laisser la place aux apprenants de se présenter. Et ça se fait avec un brise-glace pour favoriser de bonnes interactions entre moi et les apprenants. Des jeux pour faciliter l'expression de groupe sont proposés par des exercices d'échauffement du corps et de la voix, afin de préparer le groupe à un partage plus intense en évacuant les stress de la journée... Ces exercices suscitent : Détente, lâcher-prise, harmonisation, Prise de conscience du schéma corporel

67 Par exemple, depuis 2014, j'ai coaché une série d'ateliers de théâtre sur mesure à l'Université Franco -Haïtienne du Cap, sur des thèmes diffèrent comme : le théâtre thérapeutique, au profit des étudiants en psychologie « Le théâtre : voie d'accès aux émotions, moyen d'expression et de libération, outil de conscience. », tout en les aidant à voir comment on peut utiliser le théâtre pour :

- apprendre à se connaître et à se connecter à son être profond ;

- ouvrir et approfondir la voix par le training vocal et la parole connectée ;

- apprendre à d'améliorer le ressenti et la conscience corporelle par le travail corporel ;

- mettre en lumière des schémas comportementaux habituels par l'improvisation.

Aussi pour des étudiants en sexologie appliquée et en conseil conjugal et familial sur : SEXUALITE ET SPIRITUALITE : proposant de consulter les écritures sur la question et revoir l'expérience humaine comme le point d'ancrage où la sexualité et spiritualité se rencontrent, tout en cherchant à :

- définir les concepts : sexualité/sexe, spiritualité et religion ;

- Identifier le côté sacre du sexe ;

- Identifie la rencontre entre sexualité et spiritualité à travers l'expérience humaine;

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Jean Marc Voltaire

les idées, d'expression libre des apprenants s'inspirant de situations quotidiennes concrètes telles que : les conflits de voisinages, les tensions interethniques, l'exclusion des jeunes en milieu urbain ... qu'ils désirent mettre en scène, faire le choix du sujet pour la mise en scène du thème voté sur les idées émises et définir les grandes lignes de la mise en scène : quel contexte ? Quel environnement ? Quels personnages ? Quels rôles ?... Le travail d'improvisation est accompagné de discussions. Et pour arriver à mettre en scène l'idée choisie, des exercices pour travailler : l'espace, les sentiments, le contact, le rythme, l'énergie... sont à envisagés, pour permettre aux apprenants de découvrir combien la magie du théâtre permet de se tester, s'expérimenter et s'engager avec plaisir dans l'instant présent. Dans une approche intensive et agréable, enjouée et dynamique... Ensuite, la construction du ou des personnages qui est un élément important, où les participants apprennent à construire son physique d'abord en prenant conscience de ce que leur physique dégage extérieurement et ensuite en définissant des postures claires et singulières qui racontent qui il est. Ils définissent également les gestes caractéristiques du personnage, ses objectifs, son histoire personnelle, son costume ainsi que les objets qui l'accompagnent...⁶⁸

Tout au long du processus de création, le collectif droit réfléchit au contenu du message qu'ils désirent communiquer aux spectateurs. Au fil des improvisations et des répétitions, les participants apprennent les techniques de base du jeu théâtral, approchant l'élément de la représentation, constituant un mouvement vers la théâtralisation et la découverte du langage artistique. Pas à pas, ils sont amenés à inventer de courts canevas de jeu dramatique. Puis ils explorent et

- Reconnaitre les expressions de la foi en Dieu à l'intérieur des trois monothéismes, spécialement le

christianisme et le rapport entre la sexualité et la spiritualité;

- Reconnaitre le sexe selon la bible

RELIGION ET FAMILLE : Traitant la famille vis-à-vis de tous les grands problèmes de l'existence et son rapport avec la religion :

- définir les concepts : religion et famille;

- Reconnaitre les expressions de la foi en Dieu à l'intérieur des trois monothéismes, spécialement le

christianisme et le rapport la religion et la famille;

- Identifier les différentes dénominations religieuses évoluant en Haïti;

- Evaluer l'influence de ces dénominations sur les familles haïtiennes

68 D'après le texte de Virginie Delvaux, Emmanuel Bouton & Etienne Delvaux, Théâtre et projets pédagogiques : « Jeu » m'émancipe, ici et maintenant, Le GRAIN asbl, 22 août 2013.

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Le théâtre : une voie pour l'enseignement des faits religieux en Haïti

découvrent quelques règles et conventions du jeu théâtral : la scène, les personnages, le jeu pour le public... et à communiquer par son biais.

3) Une phase qui consiste à expérimenter le travail face à un public. Si c'est du théâtre forum, une fois la première scène jouée, le spectacle est rejoué, il est convié le public à qui souhaitant prendre la place d'un acteur ou d'une actrice de manière à dépasser le conflit, à calmer la situation, pour exprimer leur point de vue et les inciter à faire évoluer cette situation de manière à solutionner le problème. Les acteurs restant sur la scène modifient ou non leur comportement en fonction de l'attitude de la personne qui est montée sur scène.

Après le spectacle, le collectif échange autour de l'expérience, la place est laissée aux apprenants de s'exprimer librement sur leur vécu en tant qu'acteurs ou spectateurs. Je leur ai posé des questions comme: les problèmes, ont-ils été résolu à l'intérieur de leur spectacle? Quelles pistes ont-ils appréciées ou au contraire perçues comme insatisfaisantes? Pourquoi ? Est-ce que tout le monde est du même avis? Quelles émotions ont-ils ressenties lorsqu'ils étaient acteurs ou membres du public (joie, colère, peur, tristesse, surprise, honte, dégoût...)?

L'enseignement des faits religieux par le théâtre en Haïti a sur ce plan, un travail fondamental à accomplir dans la prise en charge des multiples démarches qui visent les rapports entre le théâtre et la société...

2.2.1 LA DEMARCHE DE CREATION

La création artistique a un statut particulier qui tient surtout à sa finalité. Cette démarche propose d'insister sur les aspects contemporains du théâtre, sans sectarisme aucun, s'interrogeant ce qu'ils peuvent apporter à une société en crise concernant en particulier la reconstruction de la citoyenneté et l'exploration de la pensée non verbale qui constitue la part la plus importante du génie humain en :

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Jean Marc Voltaire

? Utilisant la parole ou la mettre sous silence pour une écoute sensible de nos

potentialités créatrice réhabilitant les dimensions verbale et non-verbale ;69

? Interrogeant la représentation théâtrale et ses relations à la réalité ;

? Examiner sans préjugés le processus de dématérialisation artistique qui est en jeu avec l'irruption des technologies...

2.2.2 LA VISEE ESTHETIQUE

« Il n'y a pas toujours corrélation entre participation, satisfaction et

apprentissage », précise Jean Claude Landie⁷⁰

Pour développer le sens esthétique et le besoin de créer, il faut donc encourager tout en chacun à faire preuve de sensibilité, à parler de leurs ressentis, à « explorer le monde avec émotion et intelligence ».

2.2.3 DEMARCHE D'INITIATION

- Improvisation/exploration : perception, motricité, vocal/verbal, dramatisation (à partir d'un inducteur de jeu et spectacle : objet, image, espace, personnage, texte, musique...).

- Guidage pédagogique et accompagnement sous forme de contraintes et de variables dans la mise en jeu et en scène.

- Evaluation-remédiation à partir de critères observables

- Echanges et confrontations acteurs/spectateurs : Jeu/Rejeu

- Fixation, composition, mise en forme d'une « production» en cours,

- Nouvelles recherches, apports techniques, travail approfondi sur les intentions et sur le sens, sur les personnages, sur la mise en scène...

69 Second Nature Brain science and Human Knowledge Yale University press, 2006, Présentation et commentaires par Jean-Paul Baquiast

70 Expression dramatique Théâtre p. 127, HATIER ENSEIGNANTS 1991

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Le théâtre : une voie pour l'enseignement des faits religieux en Haïti

2.2.4 IMPACTS

Au regard des trois (3) phases présentées en haut dans ce travail, contenant des situations d'apprentissage, l'accent doit être mis sur quelques compétences de maîtrise du corps, de la voix, des émotions, l'espace le contact et des compétences comportementales, transversales et méthodologiques qu'il est possible d'acquérir grâce à la pratique théâtrale à l'école⁷¹. Comme, d'après Gisèle Barret, les espaces, les musiques ou les sons, les textes, les personnages, les cartes postales, les photos, les dessins humoristiques, les publicités ou encore les reproductions de tableau sont des pistes d'induction qui sont possibles en théâtre. « Il est toujours intéressant d'utiliser des inducteurs de jeux différents pour voir comment les gens répondent, ce qu'ils voient et ce qu'ils choisissent. On peut analyser leur manière d'interpréter l'image, l'espace ou le son. On verra alors quels éléments ils vont s'approprier pour jouer, se mettre en jeu ou organiser leurs activités dramatiques. » En partant de caricatures sociales connues et codifiées, on peut conduire les gens/haïtiens vers l'inconnu en proposant des situations d'apprentissage ouvertes et propices à l'invention et à la créativité. ⁷² Voici à titre d'exemple d'impacts une liste non exhaustive de compétences qu'on peut acquérir du théâtre :

? Maîtrise du verbal et du non verbal :

o S'exprimer de manière compréhensible (prononciation, articulation, volume, débit)

o Utiliser différents registres de la voix en fonction de situations variées

o Commenter puis créer des situations de jeu (fixe/animé - vocal/verbal) à partir d'une image, d'un tableau ou d'une musique

o Identifier les personnages, les lieux ... d'une histoire écrite ou improvisés ? Maîtrise des sujets :

o Retrouver les étapes chronologiques d'une histoire

71 Un regard sur les différents exercices utilisés pendant les différents ateliers avec la compagnie de théâtre et d 'Arts visuels Nife

72 Un extrait de BARRET Gisèle et LANDIER Jean Claude, Expression dramatique, HATIER, 1992

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Jean Marc Voltaire

o Reconnaître des éléments essentiels (concernant les personnages ou l'action principale), en percevoir la fonction ou le sens

o Transformer une histoire (par changement de ton, de narrateur, de chronologie, d'humeur...)

o Inventer, écrire et mettre en scène de manière cohérente (réaliste ou imaginaire) la suite d'une histoire

o Construire un récit et lui donner une forme théâtrale ? Savoir-faire :

o Savoir repérer et représenter les éléments significatifs d'une situation

o Développer ses capacités de mémorisation (enchaînements, situations, intentions, textes)

o Construire des éléments abstraits (espace, récit...) à partir d'un cadre réel et familier

o Donner son avis et s'exprimer dans un groupe, développer un jugement critique ? Savoir être

o Manifester de l'aisance corporelle, de la concentration

o Maîtriser les énergies, les appuis, les équilibres

o Adapter son comportement à l'activité exercée

o Explorer la possibilité de s'exprimer et de communiquer d'une manière non verbale

o Accepter et comprendre l'intérêt des consignes et variables contraignantes afin d'acquérir des savoirs nouveaux et d'accéder à une démarche de création

o Différencier le réel et l'imaginaire

o Construire son autonomie

Le langage théâtral touche le sens du spectateur et plus précisément à son esprit.

« Le théâtre est un mal parce qu'il est l'équilibre suprême qui ne s'acquiert pas sans destruction. Il invite l'esprit à un délire qui exalte les énergies. Et l'on peut voir pour finir que du point de vue humain, l'action du théâtre comme celle de la peste est la bienfaisante, car poussant les hommes à se voir tels qu'ils sont, elle

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Le théâtre : une voie pour l'enseignement des faits religieux en Haïti

fait tomber le masque, elle découvre le mensonge, la veulerie, la bassesse, la tartuferie »73

Puisque le théâtre est considéré comme le miroir de la société, la représentation permet aux spectateurs de vivre différentes situations reliées de leurs univers... Ainsi, à travers une représentation théâtral, cet enseignement sur : le vivre ensemble, la connaissance et la mémoire des valeurs patrimoniales religieuse et culturelles haïtienne... peut être bel et bien possible et prouvable.

2.3 METHODES DE VERIFICATION

Dans le cadre de cette recherche sur le théâtre comme voie pour l'enseignement des faits religieux en Haïti, j'ai procédé par deux méthodes : enquête par questionnaire semi-directif individuel et focus groupe, en vue de faire une collecte qualitative pour recueillir les avis d'un nombre de personnes possible sur le concept « fait religieux », afin de savoir si ces personnes ont une idée sur le concept et ce qu'elles considèrent comme étant les principaux problèmes ou difficultés dans la transmission des valeurs patrimoniales religieuses et la différence faite avec les croyances, pratiques et comportements des Haïtiens en matière religieuse...

2.3.1 OBJECTIFS VISES PAR L'ENQUETE

L'objectif principal de l'enquête était de s'assurer que le contenu de la recherche à produire soit le plus adapté possible aux besoins de la société haïtienne. En effet, le focus groupe en ce qui le concerne, a été organisé de telle sorte que les participants puissent être consultés suivant une approche participative, interactive et dynamique.

73 Artaud, A. Le Théâtre et son double, éd. Gallimard, coll. folio, 1964, Paris. (éd. Princeps 1938), p. 85

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Jean Marc Voltaire

2.3.2 CONSTRUCTION DES QUESTIONNAIRES

Dans le cadre de cette petite enquête, deux questionnaires associés au sujet ont été organisé de manière générale, autour de trois approches :

? L'approche cognitive : mise en évidence des connaissances, des habitudes et comportements des haïtiens en matière de faits religieux.

? L'approche affective : mise en évidence du niveau de tolérance des haïtiens face à la liberté religieuse. En s'appuyant alors sur leurs attitudes et leurs motivations.

? l'approche projective (aussi nommée prospective) : détermination des besoins des haïtiens en terme d'enseignement en faits religieux (aussi appelé culture humanisme).

Cette répartition en trois parties permet de qualifier de la façon la plus pragmatique et pertinente possible de la connaissance des haïtiens de leurs valeurs culturelles et patrimoniales. Dans la présente recherche, afin de confirmer ou d'infirmer la connaissance des haïtiens en matière de faits religieux, les questionnaires sont composés de :

- 10 questions pour l'enquête par questionnaire semi-directif individuel - 7 questions pour le focus groupe

2.3.3 DESCRIPTION DE L'ECHANTILLONNAGE

26 personnes des deux sexes et d'horizon divers ont été questionnées dont 10 semi-dirigées individuellement et 16 participants au groupe focalisé, constitué d'étudiants en psychologie, sexologie appliquée, conseil conjugal et familial, Beaux-arts à l'Université Franco-Haïtienne du Cap-Haitien (UFCH) et l'Université d'Etat d'Haïti à Limonade (CHC-UEHL).

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Le théâtre : une voie pour l'enseignement des faits religieux en Haïti

2.3.4 FOCUS GROUPE

Cette rencontre-débat a été réalisé en date du 06 juillet 2016, à Bibliothèque de l'Université Franco-Haïtienne du Cap-Haitien, 391, carrefour Lachaux, Cap-Haitien, Haïti, entre 16h et 18h, avec 16 participants et le recteur de l'UFCH comme observateur. J'ai été intervenant et modérateur. Pour faciliter les échanges, la rencontre-débat a été réalisé en créole, la langue maternelle du groupe...

2.3.5 DEROULEMENT DU FOCUS GROUPE

Le canevas d'animation de cette rencontre-débat a été monté de façon à favoriser le partage de connaissance. La méthode utilisée se base sur les interactions entre les participants du groupe. Pour ce faire, le nombre de participants au groupe était restreint, car il fallait qu'ils soient assez petits pour que chacun et chacune ait l'occasion de partager ses opinions; toutefois, ils devaient également permettre une variété de perceptions sur le fait religieux, en vue de faciliter les échanges, et vérifier si les points de vue individuels étaient partagés ou non par les autres personnes. En effet, j'ai jugé préférable que les personnes présentes répondent entre elles à leurs questionnements et me fassent ainsi profiter du partage de connaissance qu'elles ont des phénomènes universels et les stratégies proposées pour combler le vide de connaissance qu'il y a en Haïti sur ce sujet⁷⁴

N.B : Afin de conserver l'information recueillie au cours du focus groupe et de l'utiliser pour la conception de l'outil d'appui, les propos des gens participé à la rencontre ont été enregistrés. Pour ce faire, je leur ai demandé leur consentement en prenant bien soin de les rassurer sur l'utilisation qui serait faite de leurs témoignages. Je me suis ainsi engagée à ne pas utiliser l'information partagée à d'autres fins que celle de l'élaboration d'un outil d'appui dans le cadre de ce travail.

74 Un plan du déroulement de la rencontre est annexé

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? Une présentation des consignes de la rencontre et la présentation de l'étude « théâtre : voie pour l'enseignement des faits religieux » a été rigoureusement exposée, afin de permettre notamment de souligner l'importance de la participation de chacun. Cet exercice de consultation était essentiel pour l'expression du savoir et perceptions des participants sur le sujet. L'exercice a essentiellement permis de définir les principaux obstacles et besoins des haïtiens en vue de concevoir un système de transmission qui vise à faciliter leur formation en faits religieux.

? Qu'est-ce que le fait religieux? A été formuler de manière précise comme question initiale, afin de stimuler la prise de parole de chacun et faisant l'objet d'un tour de table pour permettre aux participants de répondre et donc de créer un climat de confiance et d'égalité entre eux.... Ensuite, s'en suivent d'autres questions autour :

· Laïcité

· Exemples de sujets de faits religieux en Haïti

· Différence entre l'enseignement des faits religieux et l'enseignement religieux.

· Qu'est-ce que le théâtre et ses vertus?

2.3.6 ELEMENTS SOULEVES

- Etat des lieux des connaissances et des besoins des haïtiens vis-à-vis d'un

enseignement en faits religieux.

- Formation et information sur le théâtre et ses vertus

- Formation et information sur le fait religieux

- Faire la promotion de cet outil qu'est le théâtre

- Promouvoir les valeurs patrimoniales et culturelles haïtiennes

- La conservation et la mise en valeur de la signification de coutumes culturelles

haïtiennes

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Le théâtre : une voie pour l'enseignement des faits religieux en Haïti

2.3.7 INTERPRETATION DES OPINIONS RECUEILLIES

« Qu'est-ce que le fait religieux ou avez-vous une idée des expressions : fait religieux et laïcité ?». Telle a été la question comme déclencheur, soit en questionnement individuel ou au sein du focus groupe. Majorité des 10 personnes que j'ai questionnées n'ont totalement aucune idée et le peu d'entre eux ont une compréhension assez nébuleuse, car ils ne connaissent pas la définition théorique. Dans le focus groupe, une confusion se planait par rapport à l'expression fait religieux et la religion, la spiritualité, la doctrine, le dogme, le rituel, le rite... Personnes d'entre eux n'ont jamais suisvi à un enseignement des faits religieux et tous sont convaincus que l'information et la formation de ce domaine ne sont pas faites en Haïti parce qu'il n'y a pas de recherche en la matière pour cadrer et structurer cet enseignement... De manière implicite, certaines valeurs immatérielles, insaisissables, sont transmises et promues, mais la promotion même des valeurs patrimoniales et culturelles haïtiennes n'est pas faite et que la mise en valeur de la signification des coutumes, des lieux, de la mémoire, des pratiques, des potentiels culturelles haïtiennes droit être bien conservée et transmise, non pas de manière orale et ranger dans du folklore passé, mais plutôt, synthétisé à une échelle nationale et formalisé. En ce qui a trait au théâtre, quoiqu'ils sont très peu à avoir des notions, mais ils ont tous une idée de quoi on parle et sont du même avis que la formation et l'information sur le théâtre et ses vertus sont très pauvre en Haïti et que, du point de vue qu'on ne l'abordant pas de manière frontale autour de préjugés et de refus à travers certaines réflexions qu'on canalise souvent regard du domaine, le théâtre a toute son importance dans un enseignement de faits religieux...

2.3.8 REMARQUES ET PERSPECTIVES

- Haïti est un pays qui a un patrimoine culturel extrêmement varié et important, que ce soit dans le domaine religieux ou dans le domaine culturel, l'enseignement des faits religieux pourrait servir de catalyseur de connaissance que le développement durable du tourisme culturel en Haïti est possible.

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- Avant même le 12 janvier 2010 où l'on constate d'immenses dégâts humains, sociaux, économiques, les valeurs patrimoniales religieuses et culturelles haïtiennes, étaient déjà fragilisées.

- L'État doit adopter des dispositions en matière de développement des infrastructures, des structures, et faire la promotion de l'art, spécialement du théâtre, pour la communication pleine et entière de l'enseignement des fait religieux au niveau national.

- Faire la formation des étudiants, ainsi que des professionnels, sur les notions de valeurs patrimoniales religieuses et culturelles, se révèle également capitale pour la reconstruction d'Haïti.

- Partager la signification culturelle des lieux, des coutumes, de la mémoire, des pratiques, des potentiels... en considérant comme prioritaires les valeurs associées à la protection et à la consolidation de la dignité humaine.

- Avoir une politique visant à assigner une fonction au patrimoine religieux et culturel dans la vie collective, à intégrer la transmission et la protection de ce patrimoine dans les programmes d'éducation nationale

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3 CONCLUSION

En effet, les résultats de cette recherche qui ont mis l'accent sur : l'état des lieux de la religion et du théâtre en Haïti, l'impact du 12 janvier 2010 en Haiti, le fait religieux et l'importance des corpus théâtraux dans l'enseignement des faits religieux en Haïti,... ont permis de comprendre, de démontrer combien on peut bien exploiter cet outil qu'est le théâtre, pour enseigner les faits religieux en Haïti, en vue de : pérenniser et transmettre dans une démarche éducative, la mémoire religieuse haïtienne, pour :

- Mieux comprendre et situer le patrimoine religieux et culturel haïtien par rapport à ceux des autres ;

- Mieux connaître et comprendre les autres cultures, les respecter...

- Apprendre aux haïtiens comment vivre les valeurs de liberté, d'égalité, de fraternité et les principes de laïcité et de socialisation ;

- Apprendre aux haïtiens comment vivre les valeurs d'humanismes, de paix et de solidarité qui contribuent tout autant à la construction du vivre ensemble, qui est une richesse à dimension inter-sociale, interculturelle et intergénérationnelle ;

- Permettant aux haïtiens de comprendre, de se situer et d'agir du plus local au plus global et de se construire ainsi une citoyenneté réflexive et consciente ;

- Permettant aux haïtiens d'acquérir de connaissances, d'habiletés, de compétences et le développement de leurs sensibilités, de leur créativité et de leur imaginaire, par le biais de cette voie qu'est le théâtre, en tant que révélateur de différents sentiments et positions sociales proposant différentes façons de réagir face à la même situation...

Le théâtre donne la possibilité de confronter à des postures bien éloignées de nos convictions, en permettant d'investiguer dans notre subconscient. Mieux qu'un discours, il peut expliquer différents points de vue et permettre de se confronter et même se positionner face à n'importe quelle problématique.

Jean Marc Voltaire

Ainsi, on peut l'utiliser pour reconstruire l'Homme Haïtien, avec en perspective de changer le paradigme dans le cadre de la conservation du patrimoine culturel haïtien, pour pérenniser la mémoire historique en tant que paramètre fondamental de l'enseignement des faits religieux en Haïti, en contribuant à la structuration des lieux de culte, des attitudes et gestes les plus quotidiens, des coutumes... qui peuvent favoriser ou entraver le développement sociale haïtien. Cela suppose un niveau de conscience individuelle et collective qu'on peut s'acquérir par l'éducation. Pour ce faire, comme notre enquête le démontre, l'Etat, les medias et les autres institutions concernées doivent jouer leur rôle dans la promotion de la citoyenneté, la culture, le civisme, l'éthique,... intégrant dans leurs choix de politiques culturelles et les programmes d'éducation nationale, la transmission et la protection de ce patrimoine, en vue de démocratiser la formation et l'information des domaines du théâtre et les faits religieux en Haïti... à partir d'un plan de développement des infrastructures, des structures, faire de manière formelle, la formation des élevés/étudiants, ainsi que professionnels, sur les notions de valeurs patrimoniales religieuses et culturelles en Haïti.

Comme recherche à venir, je souhaite continuer mes recherches en élaborant des outils didactiques pour faciliter cette enseignement et de proposer des travaux de performances théâtrales sur des sujets bien spécifiques, à des fins d'enseignement de faits religieux, et plus spécialement en Haïti.

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4 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

- Moreau de Saint-Mery (1785-1790) : Lois et constitutions des colonies françaises de l'Amérique sous le vent, Paris.

- Kleber Georges Jacob (1941), L'ethnie haïtienne, Imprimerie de l'état. - Frantz Fanon (1961), Les damnés de la terre, Maspéro.

- Artaud Antonin, Le Théâtre et son double, Saint Amand 1964: Folio Essais Gallimard.

- Jean-Claude Lallias et Jean-Louis Cabet, (1985), Les pratiques théâtrales à l'école, CRDP de la Seine-Saint Denis.

- Laënnec Hubon, (1987) Dieu dans le vodou haïtien, édition Henri Deschamps.

- BARRET Gisèle et LANDIER Jean Claude (1992), Expression dramatique, HATIER.

- Boal A. (1996) Théâtre de l'opprimé, La découverte, Paris.

- André DEGAINE (2000) « HISTOIRE DU THEATRE DESTINEE », Nizet. - Lyonel Trouillot, Haïti (2001), (Re) penser la citoyenneté, Edition HSI.

- Dominique de Saint Mars, (2002), "Qu'apprend-on à l'école élémentaire?", Presses de l'Imprimerie Hérissey.

- Alain Héril et Dominique Mégrier, (2002) "Entraînement théâtral pour les adolescents", édition Retz.

- Jean-Jacques Roubine (2004), Introduction aux grandes théories du théâtre, édition Armand Colin.

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- Véronique Guérin et Jacques Ferber (2007), « Le monde change. Et nous ? Une approche de développement relationnel », Edition Chronique Sociale

- Lucien Jerphagnon, (2012), Connais-toi toi-même, collection Poche, les éditions Albin Michel.

4.1 ARTICLES CONSULTES

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- Laurent Lesavre, (2003), Théâtre et entreprise, état des lieux et une approche globale.

- Clermont Péan Paula (2004), « Vie culturelle et théâtre 1804-2004 : côté ombre, côté lumière. », revue AFRICULTURE.

- Jean-Claude Lallias, (2005), « Enjeux du théâtre jeune public contemporain », La revue des livres pour enfants, 223.

- CHRISTIANE PAGE, Dans un monde sans dieu, le théâtre est-il une religion ?,

(2006) Article publié en ligne, http://www.sens-
public.org/IMG/pdf/SensPublicCPagetheatreetreligion.pdf

- BUREAU DE DEMOCRATIE, DROITS HUMAINS ET DU TRAVAIL, Rapport International sur la Liberté de la Religion pour l'année 2009, 26 octobre 2009.

- Dario SABBATUCCI, « RELIGION : L'histoire des religions », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 7 janvier 2015.

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- Duval Frantz (2010). « 35 secondes fatales.... plus de 220 000 morts », LE NOUVELLISTE, édition spéciale, 12 janvier-12 février.

- RAPPORT DES NATIONS UNIES EN HAÏTI 2010-SITUATION, DÉFIS ET PERSPECTIVES.

- Hellen Mwangouya (septembre 2010), Rendre moins vulnérable en faisant preuve d'humanité, Face à la crise n°3, IFRC, 2010. Rencontres en Haïti, mission Groupe URD.

- Emmanuel BOUTON, L'intervention du Théâtre-Action-Emanciper par la médiation artistique, Le GRAIN asbl, août 2013.

- Jean Eddy Saint Paul (2014), La laïcité en Haïti : Approche sociologique de quelques erreurs épistémologiques et théoriques dans les débats récents, Dossier État, religions et politique en Haïti (xviii^e - xxi^e s.), Editions Karthala.

- RAPPORT DU SNESUP-FSU, La gestion du fait religieux à l'université, Auditions de L'Observatoire de la laïcité, 2015.

4.2 MEMOIRES CONSULTES

- C. Dasté, Y. Jenger, J. Voluzan L'enfant, le théâtre, l'école ed. Delachaux et Niestlé - Bordas Neuchâtel. Paris 1975.

- Marie SALGUES, THEATRE VS RELIGION : UNE QUERELLE ANCIENNE

ARBITREE PAR LA MONARCHIE ISABELLINE, MCF - Université Paris 8.

- Science des Religions et Systèmes de Pensés Vanitas ludus omnis. Le problème des spectacles dans le christianisme ancien (IIe-Ve siècles). Thèse de doctorat de Leonardo Lugaresi, dirigée par A. Le Boulluec et soutenue le 7 juin 2006.

- Brigitte Morard, (2006), L'art du moyen âge, le fait religieux, CRDP académie de Montpellier.

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- Paolini Olivier, (2007), Comment développer les compétences orales par le théâtre à l'école primaire?, I.U.F.M, Académie de Montpellier.

- Natacha Salliot, (2013) « Théâtre et dissidence religieuse au XVI^e siècle : la représentation des élus », LES DOSSIERS DU GRIHL [En ligne], https://dossiersgrihl.revues.org/5872

- Úcar Martínez, (2004), LE THÉÂTRE ET L'ÉDUCATION : CHERCHER, IMITER, INTERPRÉTER ET REPRÉSENTER, Département de Pédagogie Systématique et Sociale Université Autonome de Barcelone.

4.3 SITES CONSULTES

- http://www.larousse.fr

- http://www.universalis-edu.com

- http://anne.fillon.free.fr

- http://www.sens-public.org

- http://dossiersgrihl.revues.org

- http://dossiersgrihl.revues.org

- http://haiti.dominicains.com

- http://www.ledevoir.com

- http://www.iesr.ephe.sorbonne.fr

- http://www.pedagopsy.eu

- http://etudescaribeennes.revues.org

- http://www.onu-haiti.org

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5 ANNEXES

5.1.1 ANNEXE 1 : EXEMPLES D'EXERCICES DE JEUX DRAMATIQUES

Ces exercices sont à la fois les plus simples qui puissent s'imaginer et plus riches en enseignement pour tout débutant souhaitant comprendre ce que le théâtre peut leur apporter et leur but est de les aider à:

> faire confiance et à développer la conscience de soi et des autres ;

> mieux observer et se concentrer ;

> exploiter attitudes et mouvements ;

> mieux observer et se concentrer ;

> exploiter leur imagination et émotions ;

> favoriser leur expression non verbale et la souplesse ;

> favoriser la mise en train ;

> favoriser la communication et l'improvisation ;

Voici quelques exemples de jeux :75

> Exemples d'exercices favorables à travailler le corps et la voix :

? Echauffons le corps

Déroulement : Le bras droit, en hausse; le bras gauche vers le haut. Répéter. Le bras droit vers le côté; le bras gauche sur le côté. Répéter. La tête vers l'avant, à droite, en arrière, à gauche. Répéter. Les épaules vers l'avant, en haut, en arrière, vers le bas. Répéter. Pliez en avant la taille, à droite, arrière gauche. Un pas en avant avec le pied droit (en laissant le pied gauche à la place). Un pas en avant, changez avec le pied gauche (en laissant le pied droit en place). / Agiter les mains, la tête et les épaules, les jambes et les pieds. Secouez pour enlever tout le corps. / Allonger

75 Ces exemples sont parmi les différents exercices que j'ai déjà expérimentés pendant mes différentes animations d'ateliers et formations d'acteurs. Des extraits de « Lorraine Hamilton, 2010. Exercices de théâtre », et de Alain Héril et Dominique Mégrier, "Entraînement théâtral pour les adolescents", 2002

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tranquillement avec les bras aux côtés. Inspirer au compte de 1, 2, 3,4. Expirer au compte de 1, 2, 3,4. Répéter.

? Passer un geste.

Déroulement : Les participants sont en cercle où ils passent un geste

? Dos à dos

Déroulement : Deux par deux. Appuyés dos à dos, circuler dans la salle.

? La cloche

Déroulement : Deux par deux. Dos à dos, bras dessus bras dessous, les participants se balancent à la manière d'une cloche, l'un soulevant l'autre sur son dos, en alternance.⁷⁶

? Respiration ventrale (recentrage)

Déroulement : Les participants sont disposés au hasard dans l'aire de travail, débout, les pieds bien plantés au sol, les orteils "actifs", les épaules relâchées (omoplates descendant vers le bassin), la nuque souple, mais droite (étirée), les mâchoires sont desserrées, les yeux sont ouverts et détendus. On pose doucement les mains sur la zone du nombril qui doit être détendues et on porte son attention sur son souffle, sur la sensation que procure l'air qui nous traverse, sur les narines, la gorge, la poitrine, l'abdomen et pour finir dans le bas du ventre. On ressent alors le souffle et sa circulation dans sa globalité et dans sa verticalité. On se visualise comme une colonne d'air parfaitement droite, oscillant doucement de bas en haut, entre la terre et le ciel. On prend conscience de sa situation, recentrée, de sa stabilité, de sa justesse. On visualise l'espace autour de soi et on se rend compte que l'on est parfaitement à sa place. Après cette première partie (environ 10 minutes), on amplifie son souffle en murmurant le son "AM" à chaque expiration.

- 76 Ces exercices sont tirés de Lorraine Hamilton, (2010) Exercices de théâtre ».

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Le théâtre : une voie pour l'enseignement des faits religieux en Haïti

? Tous les participants doivent s'assurer que la colonne d'air portant le son est sortie avec force et sans obstacle. D'où la nécessité d'une bonne articulation. Ils doivent s'assurer d'une respiration totale (abdominale), par laquelle une grande quantité d'air peut être accumulée.

? Pour les aider à faire confiance et à développer la conscience de soi et des autres

? Bouger dans l'espace de jeu

On propose aux participants de bouger dans tout l'espace de jeu en utilisant toutes les parties de son corps. Idem, mais au signal, s'immobiliser. Chaque participant est surpris dans une forme fixe, comme une statue. Dans l'immobilité on nomme deux éléments qu'on observe dans leurs productions en lien avec les consignes (occupation de l'espace de jeu / utilisation de toutes les parties du corps / immobilité).

? Bouger, observer, interpréter

Déroulement : Le meneur partage le groupe en deux. (A) est « public » et s'installe à l'extérieur de l'espace de jeu sur une ligne face à l'espace de jeu. (B) est « joueurs » dans l'espace de jeu. Le groupe B joue, selon la même consigne que pour l'exercice (Bouger dans l'espace de jeu). C'est un participant du groupe A qui marque au moyen du tambourin, le début et la fin de l'exercice et une immobilité. Quand les « joueurs » de B sont en immobilité, quelques participants-spectateurs de A peuvent dire à quoi leur fait penser une des statues montrées sur scène. Idem en inversant les groupes

? Le voyage farfelu

Déroulement : Tous ensembles. Les participants traversent différents lieux imaginaires, que l'animateur annonce: une route de boue, un chemin

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couvert de crème à la glace, une rivière de colle, une montagne de ressorts,

une échelle de bandes élastiques, un pont en caramel mou, etc.

? Le boulet

Déroulement : Deux par deux. L'un s'accroche à l'autre (à sa jambe, à son bras, etc.), qui essaie d'avancer comme il le peut. Après quelques minutes, inversez les rôles.

? Bas les masques : (Sans parole, sans geste, être symboliquement nu devant un public)

Déroulement : Le groupe est assis sur des chaises placées côte à côte afin de constituer un public. Chaque membre se met tour à tour face à ce public et reste debout, sans bouger et sans parler pendant 3 minutes minimum.

L'idée est de se présenter sans masque. La parole ou les gestes, les rires, sont autant de façon de masquer notre véritable personnalité et de nous protéger du regard de l'autre. Cet exercice permet de réaliser à quel point il est difficile de se livrer à ce regard sans aucune protection.

Le meneur les invite à se détendre, à respirer profondément, à faire le vide en lui. Le public joue un rôle important : il demande à chaque membre de porter un regard encourageant et dénué de jugement, sur la personne placée face à lui.

? L'aveugle et son guide

Déroulement : Deux par deux. L'un est aveugle (yeux fermés ou bandés), l'autre est le guide. Sans le toucher, le guide fait suivre un parcours à l'aveugle en lui indiquant les obstacles à contourner. Après quelques minutes, inversez les rôles.

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Le théâtre : une voie pour l'enseignement des faits religieux en Haïti

? Pour les aider à mieux observer et se concentrer

? Défense de rire!

Déroulement : Deux par deux. Face à face, se fixer du regard sans rire ni se laisser distraire.

? Pour exploiter attitudes et mouvements ? Le miroir

Déroulement : Deux par deux, face à face. L'un devient le miroir de l'autre et fait les mêmes gestes que lui. Après quelques minutes, alternez les rôles.

o Exploiter sa chaise.

Déroulement : Chacun a une chaise et trouve toutes sortes de manières de s'y installer : debout, couché en travers, accroupi en dessous, sur le siège tête en bas, etc. Il est possible aussi de mettre la chaise sur le côté, à l'envers, etc.

? Pour les aider à favoriser leur expression non verbale et la souplesse

? Entraide

Déroulement : Par groupes de quatre. Le meneur assigne à chacun un handicap : sourd, muet, aveugle, manchot. En tenant compte de leurs handicaps respectifs, les équipiers doivent s'entraider. Je leur propose des situations diverses : faire son épicerie, préparer les bagages pour une randonnée, préparer un repas, laver une auto, etc.

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? Promenade sur la Lune

Déroulement : Tous ensembles. Ça y est! On est arrivés sur la Lune. Les participants se déplacent dans la pièce en faisant d'amples mouvements, comme les astronautes sur le sol lunaire.

? Le châssis vitré

Déroulement : Deux par deux. Les équipiers sont des déménageurs chargés de transporter un châssis vitré imaginaire - sans rien casser, bien sûr!

? Pour favoriser la mise en train

? Photo de groupe

Déroulement : Par groupes de huit à dix. Un équipier est photographe, les autres forment un groupe qu'il prend en photo. Le groupe prend la pose quelques secondes. Alternez les rôles. (Suggestions de thèmes : photo de classe ou de famille, équipe sportive, alpinistes au sommet de l'Everest, etc.)

? Pour favoriser la communication et l'improvisation ? Message codé

Déroulement : En groupes de huit à dix. Les habitants d'un village éloigné n'utilisent comme moyen de communication que le son d'un bâton. Que peuvent-ils se dire? Les participants essaient d'entretenir une conversation en se servant de bâtons. (Un code peut être établi au départ.)

? C'est moi!!!

Déroulement : Tous ensembles. À tour de rôle, les participants ouvrent une porte imaginaire et se présentent au groupe en disant « C'est moi!!! » tout en exprimant l'émotion imposée par l'animateur : rage, fierté, tendresse, peur, douleur, etc.

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? Phrases imposées

Déroulement : Par groupes de quatre. L'animateur note à l'avance, sur des bouts de papier, diverses phrases anodines : « Il fait chaud ici! » « J'ai oublié mon sac à la maison » « Combien ça coute? », etc. Chaque participant tire une phrase au hasard et la tient secrète. Ensuite, chaque équipe improvise une scène où chacun (à l'insu des autres) doit insérer sa phrase dans le récit, le plus adroitement possible.

? Histoire à la chaine.

Déroulement : Tous ensembles. Le meneur commence une histoire et s'interrompt après deux ou trois phrases. Un participant prend la relève en prenant soin de commencer par le mot « heureusement ». Après une ou deux phrases, un autre enchaine, débutant cette fois avec le mot « malheureusement ». Les participants inventent ainsi une histoire à la chaine, alternant les événements heureux et malheureux.

? Grands petits exploits

Déroulement : Deux par deux. À tour de rôle, chacun raconte à l'autre une chose banale qu'il a accomplie, mais le fait comme s'il avait réussi un exploit extraordinaire.⁷⁷

? Exemples d'exercices pour les aider à exploiter leur imagination et émotions ? En l'an 3000

Déroulement : Par groupes de quatre. Chaque équipe dispose d'un sac contenant des objets du quotidien (ustensiles, vêtements, articles de bureau, etc.). À tour de rôle, les équipes présentent une scène où des archéologues, dans mille ans d'ici, découvrent ces objets et spéculent sur leur utilité. Usages farfelus préconisés!

? Déchaussons-nous!

77 Ces exercices sont tirés de Lorraine Hamilton, (2010) Exercices de théâtre ».

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Déroulement : Tous assis au sol. L'animateur demande à tous de faire semblant de se déchausser, comme si leurs pieds étaient tour à tour... mouillés, fatigués, douloureux, sales, puants, enflés, etc.

? Le cadeau

Déroulement : Tous en cercle. L'animateur fait circuler une boite imaginaire : chacun la prend à tour de rôle et l'ouvre comme s'il s'agissait d'un cadeau. En silence, par les mimiques seulement, on montre son émotion. D'où j'impose des fois une émotion : joie, fierté, déception, colère, etc.)

? Du courrier pour toi!

Déroulement : Tous assis en cercle. À tour de rôle, chacun ouvre une enveloppe imaginaire et lit la lettre qui lui est adressée. En silence, par le regard seulement, il exprime les émotions suscitées par la lettre : celle-ci commence par de bonnes nouvelles, mais se termine par de mauvaises.

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Le théâtre : une voie pour l'enseignement des faits religieux en Haïti

5.1.2 ANNEXE 2 : PLAN DU DEROULEMENT DU FOCUS GROUPE

> 15:30 - 16:00 : Accueil des participants

> 16:00 - 16:05: Rappel des objectifs de la rencontre et des critères qui ont guidés le choix des participants ;

> 16 :05 - 16 :10 : Explication du déroulement de la discussion et des raisons de l'enregistrement ;

> 16 :10 - 16 :20 : Présentation des participants (tour de table) ; > 16:20 - 17:45: Discussion, débat ;

> 17 :45 - 18:00 - Synthèse de la discussion, conclusion et remerciements.

Pour rappel, le focus groupe est une technique d'entretien de groupe qui prend forme au sein d'un groupe spécifique à caractéristique culturelle, sociale, socio-économique, idéologique,... afin de collecter des informations relatives à des opinions, des attitudes et des expériences à propos d'un sujet déterminé.

Globalement, voici les grands points qui seront abordées lors de notre rencontre. Ceux-ci seront complétés par des questions plus précises en lien avec le sujet évoqués.

D'un point de vue pratique, les questions sont dites ouvertes...

1. Qu'est-ce que le fait religieux ?

2. Qu'est-ce que la laïcité ?

3. Combien d'entre vous qui avez suivi un enseignement de faits religieux?

Jean Marc Voltaire

4. Que pensez-vous de l'enseignement de faits religieux et l'enseignement religieux?

5. Que pensez-vous du théâtre et de ces vertus?

6. Quel est l'importance du théâtre dans un enseignement de faits religieux?

7. Pensez-vous que le théâtre serait une meilleure voie pour l'enseignement des faits religieux en Haïti ?

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Le théâtre : une voie pour l'enseignement des faits religieux en Haïti

5.1.3 ANNEXE 4 : GUIDE D'ENTRETIEN INDIVIDUEL Sujet : Théâtre : Une voie pour l'enseignement des faits religieux

Problématique : Quelle est la situation réelle de l'enseignement des faits religieux en Haïti ? Comment peut-on concilier les corpus théâtraux dans le champ des faits religieux ? ...

Nom . Prénom .

Profession .

1. Avez-vous une idée des expressions : fait religieux et laïcité ?

Oui ( ) Non ( ) Plus ou moins ( )

2. Pensez-vous que la formation et l'information sur le fait religieux sont faites en Haïti ?

Oui ( ) Non ( ) Plus ou moins ( )

3. Avez-vous déjà suivi un enseignement de faits religieux?

Oui ( ) Non ( ) Plus ou moins ( )

4. Pensez-vous que l'enseignement de faits religieux et l'enseignement religieux sont différents?

5. Pensez-vous que la promotion des valeurs patrimoniales et culturelles haïtiennes est faite ?

Oui ( ) Non ( ) Plus ou moins ( )

Jean Marc Voltaire

6. Pensez-vous que la mise en valeur de la signification des coutumes, des lieux, de la mémoire, des pratiques, des potentiels... culturelles haïtiennes est bien conservée et transmise ?

7. Avez-vous une idée du théâtre et de ces vertus?

Oui ( ) Non ( ) Plus ou moins ( )

8. Pensez-vous que la formation et information sur le théâtre et ses vertus est faite en Haïti ?

Oui ( ) Non ( ) Plus ou moins ( )

9. Pensez-vous que le théâtre a de l'importance dans un enseignement de faits religieux?

10. Pensez-vous que le théâtre serait une meilleure voie pour l'enseignement des faits religieux en Haïti ?

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