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Les pratiques foncières locales en milieu rural et leur impact sur le développement agricole: cas de la chefferie de Ngweshe.

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par Isaac BUBALA
Institut Superieur de Développement Rural (ISDR-BUKAVU) - Licencié en Planication Régionale 2015
  

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SECTION III : IMPACT DES PRATIQUES FONCIERES SUR LA PRODUCTION PAYSANNE

§1 système d'agriculture paysanne :

On distingue dans le Bushi deux types d'exploitations : les exploitations agricoles familiales et les plantations. A l`intérieur de l'exploitation agricole familiale, nous distinguons également contrairement aux plantations qui ne pratiquent que des cultures industrielles (thé, café, quinquina), deux types de cultures : les cultures vivrières paysannes et les cultures de rentes paysannes. Parmi ces dernières cultures, les bananeraies occupe une position particulière, comme autrefois.

I. exploitation agricole paysanne :

La structure d'exploitation agricole familiale dans le territoire de walungu/ chefferie de ngweshe reflète une division sexuelle du travail. L'agriculture vivrière de substance est le fait de la femme, tandis que les cultures de rente, plus rémunératrices, sont le privilège de l'homme.

II. L'agriculture de substance

En 1958, l'agronome HECQ constatait déjà que la superficie des sols à cultures

vivrières permanente décroissait régulièrement en faveur de celle destinée à la bananeraie. Cette tendance a continué dans la période qui a suivi.

Comme autre fois, les champs sont installés en deux lieux et sous des contrats les plus divers. A partir de l'enclos résidentiel, pris comme centre, on trouve successivement les types des champs ci-après :

1. Sur les terres obtenues en Kalinzi : il y a d'abord la bananeraie des toutes les variétés (variétés des bananeraies en annexes). En bordure de celle-ci,

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se pratiquent la plus part des cultures ou associations principales: patate douces, haricots, associations haricots-mais-sorgho et haricot-mais-manioc.

2. Sur les terres en Bwassa, on trouve les mêmes cultures qu'en kalinzi. Le Bwassa est devenu un complément spécial indispensable aux familles, en Raison de la rareté des terres susceptibles d'être acquise en kalinzi.

En plus des cultures citées ci-dessus, on produit dans la chefferie de ngweshe : l'igname, les petits pois, la pomme de terre, le soja et la culture maraichère (amarantes, chou blanc, chou rouge, chou vert, chou-fleur, le céleri, la carotte, l'é pinard, la salade, le navet, le radis, l'artichaut, l'aubergine, le poireau etc...). Ces cultures sont essentiellement destinées à la vente.

Par le passé, ce sont la banane, le haricot et la patate douce qui fournissaient la base alimentaire. Mais sous la période coloniale, en vue de combattre la famine et les pénuries de soudure, on introduisit le manioc et la pomme de terre. Depuis la dernière décennie coloniale, le manioc prend une très forte extension. Son rendement est élevé et sa culture est facile. La récolte peut être établie sur plusieurs mois parce qu'il se conserve bien.

Parmi les tubercules, la patte douce suit directement le manioc. On la cultive sur les terres de plateaux comme le manioc. La pomme des terres ne pas produit à ngweshe, elle est plutôt cultivée dans la chefferie de Kaziba sur les hautes altitudes, elle a connu une baisse de production suite à la perturbation climatique par des pluies et manque des produits phytosanitaires.48

Récemment, vers 1970 le soja a été introduit et vulgarisé pour combattre la malnutrition. Il est actuellement cultivé par 3700 ménages agricoles avec une superficie totale emblavée de 370 ha contre une production totale de 203.50 tonnes. Sa culture est encouragée et progresse grâce à la vulgarisation des services techniques des ONGs qui interviennent dans la distribution des semences améliorées auprès des paysans agricoles. Il est hélas très peu consommé. Il est devenu très rapidement une culture de rente. Il fait l'objet de transactions sur les marchés locaux.

En plus, il est acheté aux paysans par l'usine de transformation qui le torréfie et le transforme en farine et biscuit.

Malgré la diversité des cultures de proximités géographique des zones très productives telles que le Nord-Kivu et la plaine de la Ruzizi, la population de Ngweshe est souvent en proie à de multiples carences périodiques. La dégradation des routes de dessertes

48 INSPECTION AGRICOLE DU TERRITOIRE DE WALUNGU, Rapport annuel exercice 2015.

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locales, parfois même leur disparition pure et simple font que les marchés des produits vivriers soit atomisés. Le transport des produits se fait à dos de femme sur 30 à 60 km, les véhicules ne pouvant pas circuler. De plus, les méthodes de cultures sont rudimentaires.

La recherche coordonnée par H.DUPRIEZ a fait à propos des cultures de subsistances les observations suivantes :

« Elles régressent sur le plan de leur extension en superficie. Les terres qui leurs sont consacrées sont de plus en plus marginales, à l'exception des marais. L'extension des bananeraies et des cultures industrielles les a refoulés vers les moins bonnes terres.

Elles régressent sur le plan qualitatif. Le manioc surtout, mais aussi les autres tubercules augmente progressivement au détriment des légumineuses et des céréales. Le régime alimentaire se simplifie, les protéines diminuant par rapport aux féculents.

Le nombre des bouches à nourrir étant en augmentation constante sur des terres en cours de dégradation, les rations diminuent quantitativement.

Du point de vue technique, il n'y a eu aucune amélioration notable dans les techniques de production. Le labour et l'entretien se fait selon le cas à la houe, à la machette, à la serpette,... »

III l'agriculture paysanne de rente

A côté des cultures vivrières de rente que nous venons de citer, les paysans de ngweshe cultivaient des cultures industrielles jusqu'en 1985. Ils existaient en effet des milliers des petites exploitations paysannes de quinquina, de thé, de café des eucalyptus et cyprès. On le rencontrait spécialement à kabare et à walungu.

Ces exploitations étaient installées, on s'en doute, sur les terres de kalinzi et de bugule. Elles étaient souvent de dimension modeste. Elles varient entre quelque are et 2 ou 3 hectares. Pour l'entretien de son exploitation, les paysans ne comptaient que sur sa force de travail, contrairement aux plantations qu'ils utilisent une main d'oeuvre salarié et/ou des locataires des parcelles sur les plantations.

Après la période faste des années 70 ou la pharmakina incitait par le prix les paysans à produire le quinquina, la majorité des exploitations familiales ont été progressivement laissée à l'abandon. Il semble que le cours de ces produits s'est effondré dès le début de la deuxième moitié des années 80.

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Il apparait donc qu'actuellement, les seuls cultures de rente paysannes sont les cultures vivrières pour lesquels il existe une forte demande urbaine. Parmi ces cultures, la bananeraie occupe jadis une place de choix.

Bananeraie et habitation sont toujours liées : le Mushi habite encore au milieu de sa bananeraie. Par le passé, les cultures saisonnières et l'élevage se faisaient autour du noyau central constitué par la bannerai, en particulier sur des pentes.

L'accroissement de la population et la diminution des terres de plateau disponibles a entrainé plusieurs modifications dans l'organisation de la ferme.

? La bananeraie a progressivement été étendue sur le piémont, sur les pentes et dans les ravins ;

? La part relative des cultures saisonnières dans l'ensemble des cultures paysannes a diminué, celle de la bananeraie s'est accrue ;

? Les parcelles satellites consacrées aux cultures saisonnières ont été repoussées à des distances plus grandes, soit sur des pentes encore disponibles, soit sur les marais.

La structure traditionnelle des fermes a pratiquement disparu dans les zones denses et paysages s'y est transformé en une mosaïque continue de parcelles bananières et de parcelles sous cultures saisonnières. La bananeraie est en effet sources de revenu privilégié pour les paysans du Bushi. Une bananeraie moyenne produit, d'après l'enquête de H. DUPRIEZ, 20 régimes par mois. Outre son importance économique, la bananeraie revêt pour le paysan une grande importance sociale et psychologique. Dans les circonstances de la vie (mariage, naissance, deuil, fêtes diverses), la bière de banane joue un rôle particulier. Tous les amis se joignent à l'évènement en rapport à la cruche de bière qu'ils consomment ensembles. La bière aide également a renforcé les amitiés et les relations de voisinage. Après les travaux de la journée, les hommes se trouvent pour échanger les nouvelles chez celui qui a préparé la bière.

La bière de banane sert aussi à témoigner les reconnaissances envers les autorités coutumières. Le paysan offre une deux calebasses de bière de banane à celui qui lui a donné le kalinzi ou au chef coutumier du village. C'est une manière de renouveler la confiance ; de solliciter la sympathie ou la protection de son chef politico foncier.

L'extension de la bananeraie sur les meilleurs terres, nous l'avons déjà mentionné, marginalise les cultures saisonnière et domestique. Elle témoigne d'une transformation de

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l'économie agraire qui tend à privilégier les revenues monétaires par rapport à l'économie domestique49

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon