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L'union européenne et le développement de l'Afrique.

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par Yannick NKODIA
Université de Lubumbashi - Licence 2015
  

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III. L'Union européenne et l'Afrique : les défis de la cohérence

La cohérence des instruments de l'UE exige un effort politique et administratif de longue haleine. Sans les ressources humaines et financières appropriées, la cohérence ne prendra pas corps. La voie est donc ouverte aux dynamiques de réseaux et de partage d'expérience, aux phases d'expérimentation et aux tests de motivation politique. Comme dans d'autres domaines de l'action extérieure, la cohérence, si elle gagne en épaisseur, le fera au moyen des géométries variable. La clarification de la représentation politique de l'Union, si elle a bien lieu, devrait jouer un rôle clé d'impulsion à cet égard.

Les discussions de la gouvernance multipolaire et l'interdépendance financière économique et commerciale concernent aussi l'Afrique qui devient de plus en plus imbriquée dans la mondialisation. Les enthousiasmes suscités par le continent ne doivent pourtant pas faire oublier sa diversité. Les transformations en cours doivent inspirer une réorientation de la cohérence des politiques globales de l'UE en coordination avec d'autres niveaux d'action au plan régional et national.

L'Afrique depuis une décennie, est sur la voie d'une «structuration stratégique» dans tous les domaines des affaires internationales. Face à ces changements, l'UE a fait preuve de cohérence : elle a accompagné les institutions panafricaines et sous -régionales dans leurs projets tout en cherchant négocier des relations thématiques qui répondaient aux principes de ses traités. Des déficits de cohérence perdurent cependant : ambivalences des accord de partenariat économique, externalisation et durcissement-au moins rhétorique- sur les politiques migratoires, et surtout besoin de stratégies régionales plus concertées avec les autres organisations.

L'Afrique change vite, mais les institutions changent lentement, et les défis régionaux que l'UE se dit prête à relever avec cohérence concernent le long terme. Les innovations et les transformations, pour être cohérentes, devront s'inscrire et être évaluées dans la durée. Le remplacement des cadres de coopération Cotonou n'est donc qu'une étape intermédiaire vers la formulation de nouvelles cohérences à inventer en partenariat avec l'ensemble des acteurs africains qui comptent. Chez les puissances régionales qui représentent des marchés potentiels pour les produits européens, l'UE est partagée entre ses intérêts économiques et ses exigences politiques. Ceci dit, les investisseurs européens n'attendent pas l'Union européenne pour s'engager et tenter de gagner des parts de marché.

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Le profil bas de la diplomatie de l'Union et des Etats membres leur permet d'avancer dans un climat qui n'est, à quelques exceptions près pour certains Etats membres, marqué par aucune tension politique majeure.

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Dans la gestion de crise, que l'Union ait affaire à une anarchie sécuritaire généralisée ou à des leadeurs manipulateurs et autoritaires, l'une des conditions essentielles de la cohérence européenne dépend de la qualité des analyses de terrain produites par le personnel européen, indispensables pour un suivi exigeant des dossiers politico-militaires par une diplomatie collective. De plus, sans appropriation africaine, les efforts de gestion de crise de l'Union demeureront vains et se solderont par un échec.

Face aux crises politiques, la tendance est au multilatéralisme : l'UE n'agit plus seul mais en coordination avec d'autres. Elle participe à des groupes de contact internationaux plus ou moins efficaces, elle soutient des médiations régionales et des initiatives bilatérales africaines.

Les transformations des pays africains appellent donc à une approche à la fois normalisée et différenciée. Une approche qui s'émancipe des cadres cohérents existants pour se concentrer au cas par cas sur ceux qui comptent : les puissances régionales et les pays tiers qui assurent la responsabilité de leur gouvernance, présentant ainsi un double potentiel de stabilité et force de changement. En l'absence de tels interlocuteurs africains porteurs de stabilité et de changement, l'UE pourra oeuvrer à sa cohérence interne (par les instruments) mais sous garantie immédiate ou à court terre d'efficacité ou d'influence.

L'action extérieure européenne en Afrique subsaharienne reste dominée par les anciennes puissances coloniales dont les approches bilatérales atteignent leurs limites aussitôt que l'agenda implique d'autres acteurs géographiques. Face à l'africanisation des gestions de crise (CER, Union africaine), elles doivent marquer le pas et respecter les logiques d'appropriation. Dans ce cas, elles ont intérêt à s'allier aux autres européens pour faire valoir leur stratégie et s'appuyer sur les ressources financières, normatives et humaines de l'Union.

Au niveau global et régional, elles ne sont que parties aux processus d'harmonisation des normes et de régulation de l'aide publique au développement, des échanges commerciaux ou du maintien de la paix.

Là encore, leur expertise et leur expérience est incommensurablement appréciable, mais leur agenda bilatéral, s'il demeure ambigu ou contradictoire (critiques politiques ouvertes mais maintien de l'aide, européanisation de façade mais maintien d'une logique de sphère d'influence par exemple, risquera de les desservir tôt ou tard).

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De la même manière, les institutions communautaires, malgré leurs atouts irremplaçables, sont pinsonnières de leurs propres procédures et incohérences administratives dont seuls les Etats, grâce à leur autorité politique, peuvent exiger la

 
 
 

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rectification. Les solutions sont sans doute à trouver dans des initiatives de réseaux mêlant autorités et politiques, experts nationaux et des institutions de Bruxelles ou en délégation et experts extérieures. La nature hybride du SEAE, à cet égard, représente grande opportunité, pour autant que les efforts de diffusion de l'expertise et de professionnalisation du personnel soient accrus.

En définitive, les rapports de force à l'oeuvre autour des enjeux de cohérence favorisent ceux qui maîtrisent le plus précisément -généralement grâce à leur connaissance et leur expérience du terrain-les sujets euro-africains et qui sont les seuls à même de justifier la valeur ajoutée d'une approche sincèrement collective.(2)

1. Politique de développement subordonnée?

Dans ses déclarations de politique extérieure , l'UE ne cesse d'insister sur l'importance et la nécessité d'une plus grande cohérence et d'une articulation plus étroite entre les différentes politiques (commerce ,pêche , agriculture, politique migratoire, etc..) et stratégies communes , objectif qui est également clairement énoncé dans le consensus européen : « Nous réaffirmons notre engagement à promouvoir la cohérence des politiques pour le développement ,en garantissant à cette fin que l'UE tient compte des objectifs pour la coopération ou développement dans toutes les politiques qu'elle met oeuvre et qui sont susceptibles d'affecter les pays en développement , et que ces politiques soutiennent des objectifs en matière de développement» (2006,art . 9).

En principe donc, la recherche de la cohérence devrait aussi guider les autres valets de la politique extérieure de l'UE, dialogue politique et surtout politique commerciale.

En témoignent les nouveaux accords de partenariat économique (APE) que l'Union cherche à conclure avec les pays ACP et qui visent à faire aboutir le volet commercial des accords de Cotonou (2000) officiellement motivés par la lutte contre la pauvreté, les accords de Cotonou (3) ont marqué la fin d'une relation historique privilégiée avec les ACP, fondée depuis plusieurs décennies sur un régime commercial préférentiel (4), en programmant la suppression progressive des préférences , l'instauration d'une régime de réciprocité commerciale et la création de zones de libre-échange via un soutien a l'intégration régionale.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery