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Les stratégies politico-économiques du football professionnel dépassent-elles celles des terrains ?

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par Victor PORCHER
Université Pantheon Assas Paris II - Master 2 Commerce et Management International 2016
  

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2.3 Une stratégie d'investissement interplanétaire

La stratégie d'investissement des chinois ne se limite pas aux seules frontières de la Chine. « L'empire du milieu » tel que l'on surnomme ce pays aux ambitions effrénées, s'est attaqué au marché européen et sud-américain. En effet, avoir un pied à terre sur deux continents du football permet d'une part, d'opérer un transfert de compétence en Chine qui rapatrie le savoir-faire à l'européenne et sud-américaine, puis d'autre part, de lui donner de la crédibilité quant à son « nouveau » penchant pour le football. Pour ce faire, nombreuses sont les entreprises chinoises qui investissent dans les clubs de football professionnels.

Aujourd'hui, on dénombre deux équipes appartenant à 100% à un groupe chinois. Il s'agit du FC Sochaux détenu par le groupe Ledus et du Salvia Prague en République Tchèque.

73 GODON PIERRE, « Le plan de la Chine pour devenir une superpuissance du football », Francetvinfo, 17/02/2016

74 « Quand le football chinois s'éveillera », Le Monde, 29 janvier 2016

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De plus, la revue Ecofoot75 soutient dans son édition du 22 Décembre 2015 que le groupe chinoise CMC/Citic Capital a récemment acquis 13% de la maison mère de Manchester City, un des cadors du football anglais. On note également que le célèbre fabricant de jouet Rasta Group, détenu par le richissime Chen Yansheng, à pris une part importante dans l'actionnariat du club de l'Espanyol Barcelone. Enfin, il semble nécessaire de mentionner l'acquisition en partie du groupe chinois Wanda Group à hauteur de 20% du prestigieux club de l'Atlético Madrid, finaliste de la Champions League lors de la saison 2015-2016.

Hormis les investissements au sein des plus grandes écuries européennes, les clubs chinois investissent également massivement dans le recrutement de joueurs issues des cinq championnats majeurs du vieux continent. Alex Teixeira et Ramires ont été transféré respectivement du Shakhtar Donetsk et de Chelsea à Jiangsu pour la somme exorbitante de 50 millions d'euros et 28 millions d'euros selon le site Footmercato76. On note également le transfert de l'attaquant Lavezzi en provenance du PSG pour le club de Heibei China Fortune ou encore Martinez, transféré de l'Atlético Madrid au Guangzhou Evergrande. Les transferts de ces joueurs aux talents incontestables sont à l'image des prétentions de la Chine à concurrencer les autres acteurs majeurs du football mondial. On constate par ailleurs que la pratique s'est étendue jusqu'à l'autre bout de la planète puisqu'au dernier Mercato hivernal, le championnat brésilien s'est vu dépossédé des plus grandes stars brésiliennes, à l'image du club des Coranthians, où quatre titulaires de l'équipe ont fait leurs valises pour la Chine.

Le bilan prête à donner des sueurs froides quant à l'espoir des clubs européens et sud-américains de garder leurs plus grandes stars. En effet, au cours du dernier Mercato, la China Super League (CSL) a dépensé près de 360 millions de dollars, soit 100 millions de plus que la Premier League anglaise, pourtant acteur essentiel du Mercato.

Il en va donc de soi que la stratégie géopolitique de la Chine s'étend aux quatre coins de la planète. Il ne s'agit plus d'un enjeux purement national mais bien interplanétaire.

75 ALYCE ANTHONY, « Pourquoi les entreprises chinoises investissent-elles massivement dans le football ? », Ecofoot, 22 décembre 2015.

76 KAROURI KHALED, « Officiel : Le Jiangsu Suning explose les compteurs pour Alex Teixeira, », Footmercato, 2016

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En réunissant de nombreux articles et études s'intéressant aux motivations chinoises qui les poussent à investir dans le football, il en ressort l'idée principale que la Chine cherche avant tout à assouvir une forme de domination mondiale.

Les propos de Simon Chadwick77 et relayés par la revue Ecofoot78 vont en ce sens. Le recours aux investissements dans le football chinois ne se justifierait que par une volonté d'être reconnu comme une nation gagnante dans tout ce qu'elle entreprend. Le football serait donc un moyen d'affirmer ou de réaffirmer sa suprématie à travers le monde. La célèbre citation « le football n'est que la poursuite de la guerre par d'autres moyens » prend ici tout son sens.

Conformément à l'interview donné par Pascal Boniface, directeur de l'Instituts des Relations Internationale et Stratégiques (IRIS), au quotidien sportif de l'Equipe : « c'est humiliant pour la Chine de ne pas être compétitive dans le football »

Il y a donc fort à parier qu'aujourd'hui nos plus grands dirigeants utilisent le football comme un outil diplomatique.

La Chine semble avoir compris le caractère politique du football et des enjeux qui s'ensuivent. Néanmoins, force est d'admettre que le football asiatique est encore assez peu développé dans la région. Seulement deux pays peuvent se vanter de posséder une équipe compétitive. Il s'agit de la Corée du Sud, organisatrice de la Coupe du Monde 2002 ainsi que du frère ennemi numéro un de la Chine : le Japon. Alors que le baseball est le sport de référence au pays du soleil levant, le football japonais ne cesse de progresser. Il n'est plus rare de voir évoluer quelques joueurs japonais au sein des plus grandes équipes européennes. En prenant en compte les nombreuses tensions historiques entre la Chine et le japon, notamment par le combat que mène ces derniers dans la reconnaissance des îles Kouriles et Senkakus (îles japonaises que la Chine cherche à conquérir depuis plusieurs années). On peut donc supposer que le football chinois est un moyen efficace concurrencer son ennemi japonais.

De surcroît, l'enjeu géopolitique n'est pas restreint à la seule région asiatique. La Chine investit massivement dans le championnat chinois et cherche à constituer une équipe nationale compétitive en vue de jouir un jour d'un rayonnement planétaire. La médiatisation et

77 Enseignant-chercheur en sport business à la Coventry University Business School.

78 ALYCE ANTHONY, « Pourquoi les entreprises chinoises investissent-elles massivement dans le football ? », Ecofoot, 22 décembre 2015.

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l'engouement que génère le football semble être un bon moyen de diffuser le modèle chinois à travers ce sport. Le rêve du président Xi-Jiping d'organiser un jour la coupe du monde dans son propre pays n'est pas anodin. L'euphorie d'une telle compétition à échelle mondiale aurait des retombées positives non négligeables, tant sur le plan économique que politique. Le modèle chinois faisant actuellement l'objet de nombreux débats (dumping social ou l'entrave des droits de l'homme pour ne citer qu'eux), la médiatisation d'un tel évènement serait, sans nul doute, le moyen de pallier cette image négative dont la Chine peine à se défaire.

En tout état de cause, la Chine cherche à s'immiscer durablement dans le football professionnel quoi qu'en pense l'opinion publique. Cependant, il serait intéressant de se demander si cette bulle spéculative liée aux investissements soudains des chinois ne risque-t-elle pas un jour d'éclater ? Le football chinois est-il soutenable à long terme ?

Dans ce pays où le football est loin d'être culturel, les stades chinois peinent à faire venir des spectateurs. Les recettes de billetterie sont très maigres et ne permettent pas aux clubs de rééquilibrer leurs dépenses avec les achats de joueurs européens et sud-américains, souvent transférés à prix d'or.

Le risque serait de voir les investisseurs chinois se retirer du marché pour cause de désintéressement face à un sport qui est encore peu populaire en Chine. Ce scénario, fortement probable, serait un second échec de la Chine. Rappelons que la Chine a connu un premier échec en investissant une première fois dans le football. Or à l'époque, les effets escomptés n'étaient pas à la hauteur des espérances du gouvernement chinois.

Nous avons tenté de démontrer que le football est devenu une forme d'enjeu géopolitique pour les dirigeants des grandes nations. Analyser succinctement le cas du Qatar et de la Chine nous a permis de comprendre pourquoi le football est considéré comme un moyen d'exister sur la scène internationale.

Pour autant, le football est aussi le reflet d'un enjeu plus criant puisqu'il a la faculté de mettre en lumière certaines misères du monde et notamment de l'Afrique. Cela constitue l'objet de notre dernière étude.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo