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Les stratégies politico-économiques du football professionnel dépassent-elles celles des terrains ?

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par Victor PORCHER
Université Pantheon Assas Paris II - Master 2 Commerce et Management International 2016
  

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1.2 Les gains financiers des coupes européennes pour les clubs

La ligue des Champions ou Champions League (en anglais) est considérée en Europe comme le championnat le plus prestigieux. Fondée en 1993, elle remplace la « Coupe des Clubs Européens » qui était une coupe où les vainqueurs des championnats nationaux et le vainqueur en titre de cette coupe de l'édition précédente pouvaient se rencontrer. La Champions League regroupe trente-deux des meilleurs clubs européens.

Ce tournoi est très prisé par les différents clubs car il s'avère être très lucratif financièrement. En effet, l'Union Européenne des Associations de Football (UEFA), qui est la haute instance de régulation du football européen, procède de manière autonome à ses propres appels d'offre pour la vente des droits de retransmission TV des compétitions européennes. Elle génère donc une masse d'argent considérable. De plus, c'est le comité de cette même instance qui décide de la redistribution des recettes. A titre d'exemple, sur la saison 2012-2013, 905 millions d'euros ont été perçus par les 32 clubs ayant disputé la Champions League, le reste des gains ayant été redistribués à diverses associations et à l'UEFA pour les frais administratifs et d'organisations.

Comme le révèle les archives de la haute instance européenne, la seule participation à une phase de poule du tournoi assurait un gain de 8,6 millions d'euros par club. Chaque victoire représentait un million d'euro de gain et 500 000 euros pour des matchs nuls. A cela s'ajoute une prime variable, appelée « market-pool », correspondant aux gains perçus par chaque club grâce aux retransmissions TV, versées par les chaînes de télévision nationales.

Cela a un impact économique considérable. Reprenons l'exemple du Paris-Saint-Germain. Avec un budget annuel estimé à 400 millions d'euros, le PSG est de loin le club français le plus riche de France. Il existe une corrélation entre la richesse d'un club et son classement au championnat, lui assurant l'année suivante une place directe en Champions League et ainsi pouvant profiter des dotations financières juteuses qui lui sont associées.

Comment sont décomposées les dotations financières lorsqu'un club participe à cette compétition ?

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L'équation est simple. Les dotations financières sont composées de l'addition des primes de participation, des primes de performance et du fameux « market-pool ».

Lors de l'édition 2013-2014, le PSG et l'Olympique de Marseille ont perçu respectivement 33,9 et 23,8 millions d'euros de « market-pool » alors que le total des dotations s'élevait à 54,4 millions pour le PSG et 32,4 millions pour l'OM. Il est donc facile de conclure que le « market-pool » constitue la majeure partie des revenues des clubs. De surcroît, on peut facilement conclure que seulement quelques clubs captent la majeure partie des dotations redistribuées par l'UEFA.

Participer à une compétition européenne, telle que la Champions League, résulte d'un mécanisme dit « auto-entretenu ». En effet, participer à ce tournoi permet d'accumuler des gains que d'autres clubs ne peuvent obtenir. A long terme, l'écart financier se creuse entre les clubs et plus riches et ceux qui le sont moins. Ce mécanisme donne ainsi moins de chance aux clubs moins riches de concurrencer les plus forts. C'est pour cette raison que la Champions League réunit quasiment chaque année les mêmes clubs. Les dotations financières provenant de cette compétition sont par la suite reversées aux clubs, permettant d'acheter de nouveaux joueurs ou d'investir dans de nouveaux projets d'infrastructures et donc de donner plus de chance à ces clubs de finir en haut de classement l'année suivante. On peut donc dire que ce mécanisme laisse de côté ceux qui se retrouvent dans une spirale qui ne leurs permettent pas d'accéder à ce genre de compétition. Ces clubs dits de « second plan » sont souvent ceux que l'on retrouve dans le ventre mou du classement du championnat national c'est à dire des clubs qui ne gagnent rien mais ne perdent rien non plus. D'après l'étude menée par l'économiste Pavlovski en 2010, la probabilité de se qualifier pour la Champions League est de 0,84 pour les équipes ayant participé la saison précédente alors qu'elle n'est que de 0,03 pour les clubs n'y ayant pas participé. Cela crée donc des disparités entre les championnats nationaux.

Après avoir analysé ce qu'était la Champions League et son fonctionnement, il semble intéressant de s'attarder sur la puissance financière de cette compétition.

Comme le révèle les récentes publications du site de l'UEFA, les recettes de droit de la Champions League et de l'Europa League se sont accrues de 57 millions d'euros.

Cette hausse considérable doit son explication dans l'avantage des gains de change. D'un point de vue purement financier, l'affaiblissement de l'euro face au dollar américain et de la

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livre sterling sont responsables de cette évolution positive.

De surcroît, les droits de retransmission et les droits commerciaux ont également augmentés. Les recettes ont atteint 1,47 milliards d'euros pour la saison 2013/2014, soit une hausse de 3,3% par rapport à l'édition précédente où les gains s'élevaient à hauteur de 1,42 milliards d'euros.

L'UEFA met en place chaque année une prévision des recettes. Il s'avère que pour l'exercice 2014/2015, un excédent de +83,3 millions était disponible en fin de saison. Ce surplus de gain a permis à l'UEFA de les redistribuer de la manière suivante :

- aux clubs ayant participé à la Champions League.

- aux clubs ayant disputé les matchs de barrages de cette compétition, soit au total 32 clubs.

- aux clubs ayant participé à la Super Coupe de l'UEFA.

Ce résultat qui ne laisse personne indifférent, montre que cette compétition est toujours plus appréciée du grand public.

Les deux clubs qui disputent la Super Coupe de l'UEFA (le gagnant de la Champions League contre le gagnant de l'Europa League) sont également financièrement récompensés par un montant fixe.

Comment se font les versements aux clubs ayant disputé la compétition ?

Selon les règles de l'UEFA « les versements aux clubs de l'UEFA Champions League sont les parts de marchés proportionnels à la valeur des recettes des droits de diffusion au sein des territoires respectifs des associations nationales »10.

Cette règle signifie que chaque club ne recevra pas les mêmes revenus puisque le système de distribution est variable selon chaque pays. Ainsi, il est tout à fait possible que deux clubs ayant atteint le même palier de stade d'une compétition européenne, ne soient pas forcement rémunéré au même montant.

Par ce cheminement analytique, il est même fortement probable que le gagnant de cette compétition ne soit pas celui qui gagne le plus.

10« Rapport financier 2014/2015 », UEFA, février 2015

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Cependant, on observe que les recettes augmentent continuellement. Le graphique « recette de l'UEFA relative à la Champions League (en million d'euros) »11 retranscrit nos propos.

Il est tout aussi intéressant d'analyser financièrement les gains selon les échelles de la compétition. Le tableau ci-dessous est tiré du livre « Economie du Football professionnel » de Bastien Drut.

Pour ce faire, nous avons retenus deux éditions (2011/2012 et 2014/2015) pour pouvoir comparer ces évolutions de gains selon les paliers atteints lors de la compétition.

En millier d'EUR

Cycle courant 2014/15

Cycle précèdent 2011/2012

Matches de barrage

2100

2100

Montant fixe

8600

7200

Prime de résultat - victoire

1000

800

Prime de résultat - match nul

500

400

Huitième de finale

3500

3000

Quart de finale

3900

3300

Demi-finale

4900

4200

Deuxième de la finale

6500

5600

Vainqueur de la finale

10500

9000

L'interprétation du tableau est simple : Elle ne fait qu'affirmer notre analyse précédente. La compétition de la Champions League est toujours plus profitable puisque l'on constate qu'à chaque palier, les gains ont été plus importants. Le vainqueur de la finale se voit gagner le

11 DRUT BASTIEN, Economie du football professionnel, collection repère, 2014, p. 43

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pactole. En plus de tous les gains déjà récupérés grâce aux précédents paliers, ce dernier remporte en plus près de 10,5 millions d'euros. De quoi réinvestir aisément la saison suivante pour encore plus de profit.

Pour conclure, l'aspect purement sportif et le challenge que propose la Champion League sont bien évidemment la principale motivation des clubs à accéder à ce genre de compétition. De plus, participer à ce tournoi est une forme de reconnaissance à l'échelle internationale et permet de faire de la publicité autour des clubs qui y participent. Néanmoins, il est fort à parier que les clubs prennent aussi en compte l'aspect purement financier de cette compétition.

La question que l'on pourrait se poser est la suivante : Est-il possible pour un club moins prestigieux d'exister sur la scène européenne ?

La réponse est oui. Il existe pour cela une seconde compétition européenne, certes moins prestigieuse mais avec des possibilités de gagner de gros gains. Il s'agit de l'Europa League. Petite soeur de la Champions League, l'Europa League fut créé en 2009 par l'organisme de régulation du football européen, l'UEFA.

L'Europa League succède à la coupe UEFA, aussi connue sous le nom de C3. Le fonctionnement de cette compétition de « second rang » est très similaire à la Champions League. La seule différence réside dans le prestige de la compétition qui accueille des équipes moins connues.

A titre d'exemple, lors de l'édition 2012/2013, c'est près de 209 millions d'euros qui ont été redistribués aux cinquante-six clubs qui ont participés à la phase finale de la compétition.

Le gain financier moyen pour un club qualifié pour la compétition Europa League est de 3,7 millions d'euro. Pour la Champions League la moyenne est autour de 28,3 millions d'euros. Contrairement à la Champions League étudiée précédemment, l'Europa League ne peut contribuer réellement et efficacement au développement d'un club, ce qui explique son prestige moindre comparé à sa grande soeur. Pour autant, la compétition permet à certaines équipes que l'on connaît peu, de se mesurer sur la scène européenne. Pour plusieurs grands clubs européens, se qualifier « que » pour l'Europa League est un manque à gagner voire même une forme de contre-performance. En comparant le train de vie des clubs du Real de Madrid ou du Bayern de Munich et les efforts pour parvenir à gagner cette compétition de

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prestige moindre, il est parfois moins avantageux de participer à cette compétition, tant les recettes seront maigres par rapport à la puissance de ces clubs, habitués à jouer la Champions League.

Prenons l'exemple suivant : lors de la participation à l'Europa League pour la saison 2012/2013, le club du Rapid de Vienne avait touché la dotation la plus faible : 1,9 millions d'euros. Cette somme dérisoire n'a pas permis à l'équipe de subvenir à des impératifs financiers tant on connaît la valeur de transfert et de salaires de certains joueurs de cette équipe.

L'Europa League peut même paradoxalement détériorer les performances d'une équipe. Chaque championnat européen dispute en moyenne trente-cinq matchs par saison. Ajouter ce tournoi dans un calendrier déjà bien chargé peut engendrer des conséquences néfastes pour l'ensemble du club : fatigue des effectifs, blessures, suspensions des joueurs clefs. Ces facteurs peuvent avoir une influence sur les performances en championnat, dont l'objectif premier est de terminer au meilleur classement pour prétendre jouer la coupe aux grandes oreilles (Champions League). Dans une moindre mesure, l'Europa League peut être un frein pour accéder à cette compétition suprême. L'exemple le plus frappant fut sans doute celui du Paris-Saint-Germain : le PSG aurait reçu 1,8 millions d'euros en allant jusqu'en quart de finale de la coupe UEFA 2008/2009 (anciennement Europa League) pour 10 matchs de haute intensité. L'accumulation de la fatigue et des nombreuses blessures peut expliquer le relâchement en fin de saison du club, ayant terminé à la 6e place du classement, ne permettant pas de se qualifier pour une compétition européenne la saison suivante.

Quel est donc l'avantage de cette compétition ? Certains clubs se retrouvent dans cette compétition par contre-performance tel que Liverpool ou Tottenham pour l'année 2015/2016, tandis que pour d'autres, participer à cette compétition est une forme de bonus. On peut citer l'exemple de l'En-Avant Guingamp, qui a eu la chance de disputer ce tournoi après sa victoire en finale de la Coupe de France, synonyme de qualification directe pour la compétition Européenne.

Néanmoins, pour un club plus prestigieux, seule la victoire finale peut être un réel bénéfice.

Ceci nous amène à la conclusion suivante : le football professionnel est un mélange de sport et d'argent. La participation à une compétition européenne telle que la Champions League ou l'Europa League relève autant d'un enjeu sportif que d'un enjeu financier. Gagner des titres

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c'est gagner de l'argent. C'est probablement le nouveau mot d'ordre des plus grandes écuries européennes.

La juxtaposition des termes de recettes financières et de résultats sportifs ne faisant plus aucun doute, il serait intéressant d'en étudier le degré de corrélation. Le football professionnel est-il devenu une multinationale où seuls les gains sont gages de réussite à l'image de nos plus grands leaders d'entreprises ?

Le modèle d'Andreff et Staudohar (2000) permet d'apporter un premier élément de réponse. Comme l'affirment les deux économistes, les clubs sont récemment passés d'un modèle « spectateurs-subventions-sponsors » à un modèle « média-corporate-merchandising-marché-globalisé »12.

Comparons deux saisons :

- saison 1970/1971 : les revenus des clubs français étaient composés de 81% de recettes de billetterie, 18% de subventions municipales et 1% de sponsors.

- saison 2011/2012 : ces mêmes clubs généraient près de 54% de recettes grâce aux droits de retransmission télévisuelles, 16% pour les sponsors, 11% pour les recettes de billetterie et 19% provenant d'autres recettes (exemple : produits dérivés).

En comparant la saison 1996/1997 et 2011/2012, les chiffres d'affaires des cinq plus grands championnats européens (Angleterre, France, Allemagne, Italie et Espagne) sont passés respectivement de 2,5 milliards d'euros à 9,3 milliards d'euros en seulement 16 ans. Cela représente une croissance annuelle de 10%, signe que ce secteur est en voie de développement constant.

Comme le souligne le graphique issue des études de l'agence de consulting Deloitte, le championnat anglais est de loin celui qui génère le plus de revenus avec une recette d'environ 2,9 milliards d'euros pour la saison 2011-2012.

Graphique : Suprématie du football anglais13

12 « Partie 2 : évolution du football français », Institut numérique, 28/02/2013

13 DRUT BASTIEN, Economie du football professionnel, collection repères, 2014 P.48

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Ce graphique suscite plusieurs commentaires. Premièrement, force est d'admettre que les cinq championnats majeurs européens écrasent de manière significative la concurrence par rapport aux autres nations puisqu'ils captent près de 60% des revenus totaux européens.

Le reste des recettes est partagé entre les championnats moins attrayants qui sont la Russie, la Turquie, les Pays-Bas, le Portugal, l'Ukraine et enfin la Belgique. De plus, il est important de mentionner que la majeure partie des recettes ces cinq cadors sont essentiellement dues aux recettes de droits TV. Cependant, il serait imprudent de dire que tous les clubs d'un même championnat attirent les mêmes revenus.

En réalité, seulement 25 clubs contribuent aux recettes faramineuses dont six clubs anglais, quatre italiens, quatre allemands, trois espagnols et un français : le Paris-Saint-Germain.

Le graphique de la page suivante représente la répartition des revenus des clubs professionnels, saison 2012/2013.

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En s'attardant ce sur ce graphique on peut constater une large carence économique des clubs français. Comment expliquer ce déficit des clubs de l'hexagone, comparé aux autres championnats majeurs ?

Selon les analyses de Deloitte, le deuxième club français « phare » en termes de recettes lors de la saison 2012/2013 est l'Olympique de Marseille. Néanmoins, le club phocéen ne se classe que 30e avec 104 millions d'euros de budget annuel. Le club classé à la 29ème place est celui de West Ham, club beaucoup moins en vue dans le championnat anglais. L'Olympique Lyonnais, présent dans ce classement durant sept années consécutives entre 2005 et 2012, correspondant à la période de gloire du club rhodanien, ne figure désormais plus dans ce classement.

Le tableau ci-dessous14 confirme les déséquilibres financiers des clubs au sein de la Ligue 1. Il est possible d'interpréter ce graphique en 3 catégories :

14 ALYCE ANTHONY « Quelle est la répartition des droits TV de Ligue 1 à l'issue de la saison 2014-15 ? », Ecofoot, 19 juin 2015

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- la suprématie du PSG qui fait cavalier seul dans cette catégorie. Les ressources financières du club parisien sont incomparables avec ses concurrents français. Sa dimension stratosphérique est semblable aux plus grands clubs européens tels que le FC Barcelone, le Bayern de Munich ou encore le Real de Madrid.

- La seconde catégorie concentre quelques clubs qui se concurrencent : Marseille, Lyon, Lille, Monaco et Saint-Etienne.

- La dernière catégorie rassemble tous les autres clubs, dont les revenus sont parfois équivalents au salaire d'un seul joueur du Paris Saint Germain...

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