IN MEMORIAM
A nos regrettés Jean-Baptiste BONGISA, Péguy
EFELAMA, Marie-Jeanne SANGA et Pasteur Vital GOMA NDAMBA, que la terre de nos
ancêtres vous soit douce.
EPIGRAPHIE
`' Pour mon peuple, pour mon pays, je n'ai ni père ni
mère ; je ne suis d'aucune région, d'aucune tribu, je ne
suis pas un homme, je suis une idée''.
P.E LUMUMBA
DEDICACE
A tout Seigneur tout honneur, Dieu Tout-puissant ;
A notre cher père BONGISA MONGENZO César, qui
peut être fier et trouver ici le résultat de longues années
de sacrifices et de privations pour m'aider à avancer dans la vie.
Puisse Dieu faire en sorte que ce travail porte son fruit ; Merci pour les
valeurs nobles, l'éducation et le soutient permanent venu de toi.
A notre chère mère SANGA SALE GERE Anicette, qui
a oeuvré pour ma réussite, de par son amour, son soutien, tous
les sacrifices consentis et ses précieux conseils, pour toute son
assistance et sa présence dans ma vie, reçois à travers ce
travail aussi modeste soit-il, l'expression de mes sentiments et de mon
éternelle gratitude.
A notre très chère épouse BULA NGUMBA
BONGISA Laureille, la mère de nos enfants, de qui l'abnégation
détermine ma réussite ;
A notre fils BONGISA SALE GERE Messie ;
Mes frères et soeurs qui n'ont cessé
d'être pour moi des exemples de persévérance, de courage et
de générosité.
Nous dédions ce travail.
BONGISA MONGENZO Hervé
AVANT-PROPOS
Au seuil de ce travail, qui marque la fin de notre
deuxième cycle d'études universitaire, nous tenons à
exprimer notre sincère gratitude à toute les nombreuses qui nous
ont assuré de leurs loyaux et précieux services pour son
aboutissement.
Notre première attention va vers le professeur INGANGE
WA INGANGE Jean Désiré qui a assuré avec beaucoup de bonne
volonté et des compétences, la rédaction de notre
mémoire en dépit de nos insuffisances et de nos faiblesses, qu'il
trouve dans ces lignes notre profonde gratitude.
Nos remerciements vont également à l'endroit de
tous les Professeurs, Chefs de travaux, Assistants et personnel administratif
de notre faculté, précisément ceux du département
de Droit pour avoir contribué à notre formation universitaire.
Nous tenons à exprimer notre plus profonde
reconnaissance à nos parents, BONGISA César et SANGA Anicette qui
m'ont toujours entouré et motivé à sans cesse devenir
meilleur.
L'aboutissement de ce travail n'aurait jamais
été possible sans le concours matériel et moral de
nombreuses personnes, notamment, BONGISA César, SANGA Anicette, BEGO
ANGWAKA Esther, LIBIYA Henriette, BULA MBANZANI François, MANZUELA
Odette, SANGA Jean-Baudouin, SANGA Max, SANGA Ruth, SANGA Mimi, BONGISA Mamie,
EFELAMA Jean-Louis, MOPUNGA Thérèse, MOPUNGA Mamie, MAHANE
François, MUHOZA-NGUMA Vanessa, ISKANDAR Mohammed, MABETE Sylvie,
TEIXERA Sandra, BOTAKA Elysée, MBOMBO Cathy, GOMA Eugenie, GOMA Glory,
Pour tant des sacrifices que vous vous êtes imposés. Nous gardons
à votre endroit un attachement profond.
A nos frères, soeurs, amis et amies, Francis SANGA,
Platini BONGISA, Grace BONGISA, Christ BONGISA, Lepetit César BONGISA,
Ben BONGISA, Noredie EFELAMA, Yannick EFELAMA, SANGA Jaffa, SANGA Liliane, Miya
BEGO, Esther BEGO, Patty MBANZANI BULA, Rizzy BULA, Huguette BULA, Laeticia
BULA, MAVAMBU Franceline, Anita BEGO, Hardy LOKOLO, Glody MIMPUTU, Blanchard
MOPITA, Chris NDALA, Rais KIMBERLY, Christian DITU, Malick BAFAKE, Giresse INO,
Hervé KUNDO, Julien BAMBA.
Nous serions ingrats si nous passons sous silence nos
compagnons de lutte qui ont enduré de peines avec nous pendant notre
séjour estudiantin, David NTALAJA, Brunette NYOMPETI, Hugues LUKOKI... A
l'assistant Jean-Louis MASIMANGO pour ses conseils et surtout ses sacrifices
à notre égard.
Aux uns et aux autres, nous disons grand merci.
BONGISA MONGENZO Hervé
LISTE DES SIGLES ET D'ABREVIATIONS
Ø Al : Alinéa
Ø ANC : Alliance pour une Nouvelle Centrafrique
Ø APF : Assemblée Parlementaire de la
Francophonie
Ø APRD : Armée Populaire pour la Restauration
de la République et la
Démocratique
Ø ART : Article
Ø ASEAN : Association des Nations de l'Asie du
Sud-est
Ø BINUCA : Bureau intégré des
Nations Unies pour la Consolidation de la Paix en
République Centrafrique
Ø BONUCA : Bureau des Nations Unies pour la Consolidation
de la Paix en RCA
Ø C.E.E.A.C : Communauté Economique des Etats
de l'Afrique Centrale
Ø C.I.J : Cour Internationale de Justice
Ø C.P.J.I : Cour Permanente de Justice
International
Ø CEI : Commission Electorale
Indépendante
Ø CEMAC : Communauté Economique et
Monétaire d'Afrique Centrale
Ø COPAX : Conseil de Paix et de
Sécurité de l'Afrique Centrale
Ø CPCJ : Convention des Patriotes pour la Justice
et la Paix
Ø CSNU : Conseil de Sécurité des
Nations Unies
Ø DDR : Désarmement, Démobilisation
et Réinsertion
Ø ECOSOC : Economic and Social Council (conseil
Economique, Social et Culturel
Ø EMIA : Ecole Militaire Interarmées
Ø EUFOR : Force Européenne
Ø F.R.I : Force Régionale
d'Intervention
Ø FACA : Forces Armées Centrafricaines
Ø FDPC : Front Démocratique du Peuple
Centrafricain
Ø FDPU : Forces de défense populaires de
l'Ouganda
Ø FMI : Fonds Monétaire International
Ø FOMAC : Force Multinationale des Etats d'Afrique
Centrale
Ø FOMUC : Force Multinationale en Centrafrique
Ø FORAC : Forum pour le Rassemblement
Centrafricain
Ø FORPRONU : Forces de Protection des Nations
Unies
Ø FUC : Front Uni pour le Changement
Ø FUNI : Force d'Urgence des Nations Unies
Ø GONUL : Groupe d'Observation des Nations Unies au
Liban
Ø ICG : International Crisis Group
Ø LRA : Lord Resistance Army (Armée de
résistance du Seigneur
Ø MICOPAX : Mission de Consolidation de la Paix en
République Centrafricaine
Ø MINUK : Mission d'administration
Intérimaire des Nations Unies au Kosovo
Ø MINURCA : Mission des Nations-Unies en RCA
Ø MINURCAT : Mission des Nations Unies en
République Centrafricaine et au Tchad
Ø MINUSCA : Mission Multidimensionnelle
Intégrée des Nations-Unies pour la
Stabilisation en République Centrafrique
Ø MISCA : Mission Internationale de Soutien à
la République Centrafricaine
Ø MLC : Mouvement de Libération du Congo
Ø MLCJ : Mouvement des Libérateurs
Centrafricains pour la Justice
Ø MNS : Mouvement National de Solidarité
Ø O.M.P : Opérations des Maintien de
la Paix
Ø O.N.U : Organisation des Nations Unies
Ø O.U.A : Organisation de l'Unité
Africaine
Ø OIT : Organisation International de Travail
Ø OMP : Opération de Maintien de la Paix
Ø OMS : Organisation Mondiale de la Santé
Ø ONG : Organisation Non Gouvernementale
Ø ONUC : Opération des Nations Unies au
Congo
Ø ONUSOM : Opération des Nations Unies en
Somalie
Ø OTAN : Organisation du Traité de
l'Atlantique Nord
Ø PDD : Pôle de Développement
Ø PGD : Parti pour la Gouvernance
Démocratique
Ø PIB : Produit Intérieur Brut
Ø PNCN : Parti National pour un Centrafrique
Nouveau
Ø PS : Parti Socialiste
Ø RCA : République Centrafricaine
Ø RDC : Rassemblement Démocratique
Centrafricain
Ø RSS : Réforme du Secteur de la
Sécurité
Ø SDN : Société des Nations
Ø SIDA : Syndrome d'immunodéficience
acquise
Ø U.A : Union Africaine
Ø U.E : Union Européenne
Ø UFDR : Union des Forces Démocratiques pour
le Rassemblement
Ø UFVN : Union des Forces Vives de la Nation
Ø UNADER : Union nationale des Démocrates
Centrafricains
Ø UNESCO : Organisation des Nations Unies pour
l'Education, la Science et la Culture
Ø URCA : Union pour le renouveau Centrafricain
Ø URSS : Union des républiques Socialistes
Soviétiques
Ø USA : United States of America
Ø VIH : Virus de l'immunodéficience
humaine
Ø WWF : Word Wild Fund
INTRODUCTION
Notre travail porte sur «
Analyse du rôle de l'Organisation des Nations Unies et de l'Union
Africaine dans le règlement du Conflit en République
Centrafricaine ». Sujet intéressant qui exige pour être
bien abordé que soient posés et précisés la
problématique du sujet (1), les différentes hypothèses
(2), l'intérêt et le choix du sujet (3), les méthodes de
recherches (4), le champ de nos investigations (5) et enfin, le plan sommaire
de notre travail (6).
1. PROBLEMATIQUE DU
SUJET
Victime des conflits à la fois interne qu'externe, la
paix en République Centrafricaine a été troublée
par de guerres civiles.
La République Centrafricaine est proclamée le
1er décembre 1958. Le 13 août 1960, le pays
accède à l'indépendance. Après l'assassinat de
Boganda en 1959, le père de l'indépendance centrafricaine, c'est
Goumba qui semble être son successeur mais David Dacko soutenu par la
France, devient le premier président de la République en 1960. Il
instaure très vite un régime dictatorial et commet l'erreur de se
rapprocher de la Chine. Cela déplaît à la France qui veut
garder son influence sur ce pays riche en uranium et à l'importance
stratégique primordiale du fait de sa position centrale sur le continent
africain.1(*)
La France se décide alors de soutenir le chef
d'Etat-major de l'armée centrafricaine, Jean-Bedel Bokassa. En 1965,
lors du « coup d'État de la Saint-Sylvestre »,
Jean-Bedel
Bokassa renverse son cousin
David Dacko et
prend le pouvoir. Le 4 décembre 1976, il s'autoproclame empereur
Bokassa Ier. Il met alors en place une politique très
répressive dans tout le pays.
En septembre 1979, « l'
opération
Barracuda », organisée par la France, renverse Bokassa et
remet au pouvoir
David Dacko. En effet,
depuis quelque temps Bokassa se rapproche de plus en plus de
Kadhafi dont la
politique au
Tchad est en
contradiction complète avec les intérêts français.
David Dacko lui succède encore brièvement. Il sera chassé
du pouvoir le 1er septembre 1981 par le
général
André
Kolingba, qui établit un régime militaire. André
Kolingba restera au pouvoir jusqu'en
1993, année où,
suivant le courant de démocratisation lancé par le sommet de La
Baule, les premières élections multipartites ont lieu et
Ange-Félix
Patassé est élu président de la
République.
À la fin des
années 1990,
les
« compagnies
juniors » canadiennes,
investies
dans plus de 8000 propriétés minières, dans plus de
100 pays, pour la plupart encore à l'état de projet,
multiplient les contrats avec des pays africains parmi lesquels la
République centrafricaine, où elles ont cependant du mal à
se faire une place, la Colombe Mines, possédant les principaux sites
diamantifères.
· La première guerre civile a commencé en
2004 et a pris fin en 20072(*).
De nouvelles périodes de troubles suivront et,
malgré l'intervention de la communauté internationale, Ange
Félix Patassé est renversé le 15 mars 2003 par son ancien
chef d'Etat-major, le général François Bozizé.
Après des élections plusieurs fois reportées pour des
problèmes d'organisation, le général Bozizé est
élu président de la République au second tour le 8 mai
2005.
· La deuxième guerre civile a commencé en
2012 et a pris fin en 2013.3(*)
Cette deuxième guerre est un conflit situé en
République Centrafricaine qui éclate en décembre 2012
entre le gouvernement centrafricain et les opposants regroupés au sein
de la SELEKA.
· La troisième guerre civile commence juste
après la deuxième guerre en 2013.
Le chef de la Seleka Michel Djotodia s'autoproclame
Président de la République. Incapable de rétablir l'ordre,
la situation s'enlise et la crise débouche sur des affrontements
interreligieux.
Face au risque de génocide, la France annonce, le 26
novembre 2013, l'envoi d'un millier de soldats pour rétablir la
sécurité dans le pays (Opération Songaris).4(*)
Le 5 décembre 2013, les milices anti-Balaka, prennent
part à la bataille de Bangui le 5 décembre 2013,
épaulés par des anciens membres des Forces armées
centrafricaines. Ils auraient également pris le contrôle de la
ville de Bossangoa.
Frappée par des dizaines d'années
d'instabilité et de combats, la République centrafricaine,
déjà accablée par la pauvreté, a été
témoin, en décembre 2012, d'une reprise de la violence lorsque la
coalition de rebelles Séléka, essentiellement musulmane («
Séléka » signifiant « alliance » dans la langue
sango), a lancé une série d'attaques.
Un accord de paix (l'Accord de Libreville), conclu en janvier
2013, n'a pas empêché les rebelles de prendre le contrôle de
la capitale, Bangui, en mars, forçant le Président
François Bozizé à fuir.
Un gouvernement de transition a été mis en place
et chargé de rétablir la paix. Le conflit a pris une tournure de
plus en plus religieuse en décembre 2013 lorsque le mouvement
anti-Balaka (anti-machette), essentiellement chrétien, a pris les armes
et que des affrontements se sont produits entre les deux groupes à
Bangui et dans sa périphérie.
Des mois de violence ont précipité
l'effondrement des institutions de l'État et laissé des millions
de personnes au bord de la famine, avec la menace que le conflit
s'étende à toute la région. On comptait alors le nombre de
morts en milliers et 2,5 millions de personnes, soit plus de la moitié
de la population totale, a eu besoin d'une assistance humanitaire. En septembre
2014, plus de 174 000 personnes étaient officiellement
déplacées dans le pays et plus de 414 000 Centrafricains ont fui
pour se réfugier au Cameroun, au Tchad, en République
démocratique du Congo et en République du Congo.
Depuis le début de la crise, les Nations Unies, leur
Secrétaire général, et d'autres acteurs internationaux et
régionaux, dont la Communauté économique des États
de l'Afrique centrale (CEEAC), l'Union africaine (UA), l'Union
européenne (UE) et la France, ont oeuvré sans relâche pour
trouver une issue pacifique au conflit, mettre un terme aux assassinats,
protéger les civils et acheminer une assistance humanitaire.
Le Bureau intégré des Nations Unies pour la
consolidation de la paix en République Centrafrique (BINUCA), qui a
été déployé dans le pays depuis janvier 2010 pour
contribuer à consolider la paix et renforcer les institutions
démocratiques, devait revoir ses priorités mais est resté
présent pendant la crise malgré le pillage de ses bureaux et des
résidences de son personnel et la réduction de ses interventions
à cause de l'insécurité.
En septembre 2013, le Secrétaire général
de l'Organisation des Nations Unies a recommandé de prendre
certaines mesures pour donner plus d'efficacité à la
présence du BINUCA sur le terrain. En conséquence, le
Conseil de sécurité a adopté sa résolution
2121(2013), qui a renforcé et modifié le mandant du BINUCA
dans cinq domaines: l'appui à la mise en oeuvre du processus de
transition; l'appui à la prévention des conflits et à
l'assistance humanitaire; l'appui à la stabilisation des conditions de
sécurité; la promotion et la protection des droits de l'homme et
la coordination des acteurs internationaux participant à
l'exécution des tâches susmentionnées.
Depuis 2011, plusieurs crises majeures se sont
succédé en Afrique : Lybie, Cote d'Ivoire, Mali,
République Centrafrique, Nigeria. L'Organisation de l'unité
africaine (OUA), devenue l'Union africaine (UA) en 2002, a souvent
plaidé pour une gestion interafricaine des conflits. Mais devant les
crises récentes, certains observateurs estiment que le continent a
été marginalisé du fait de son incapacité à
bien gérer « ses » propres affaires.
On appelle conflit, différent ou litige international
un désaccord sur un point de droit ou de fait, une contradiction, une
opposition de thèses juridiques ou d'intérêt entre deux
Etats5(*) (C.P.J.I., affaire
du lotus, 1927 ; C.I.J., affaire du Sud-ouest africain, 1962).
L'ONU ayant pour but le maintien de la paix et de la
sécurité internationale tente d'assumer une triple mission :
prévenir les différends internationaux ; à
défaut, régler ceux qui peuvent surgir ; enfin, prendre des
mesures de police collectives pour empêcher ou faire cesser le recours
à la force : établissement ou rétablissement de la
paix et consolidation de la paix6(*).
Les mécanismes prévus par la charte se sont
développés dans la pratique. A noter le rôle
supplétif des organes des nations unies dans les procédures de
règlement des différends (art. 33 et 37 de la charte).
La Charte de l'UA prévoit pour le règlement
pacifique des différends le recours aux procédures classiques de
la négociation, de la médiation, de la conciliation et de
l'arbitrage (article III, paragraphe 4) de même que
l'établissement d'une commission de médiation, de conciliation et
d'arbitrage par la voie d'un protocole séparé7(*).
La République Centrafrique est depuis plusieurs
années un Etat à la dérive. La source profonde de son
malheur doit être recherchée dans son fonctionnement réel,
même si la dimension internationale de ses problèmes ne saurait
être occultée. Etant en broie aux querelles intestines, ce pays
connaît de crises multiformes entrainant d'importantes pertes en vies
humains et des dégâts matérielles négligeables. Au
nombre de conséquence majeur qu'entraine ces crises, nous retrouvons en
rang utile la menace contre la paix et la sécurité international,
ce qui légitime l'action tend de l'UA que de l'ONU.
C'est dans cette perceptive que ces deux organisations
s'inscrivent presque irréversiblement dans la logique de mettre en place
un cadre juridique et institutionnel de nature à promouvoir la paix en
Centrafrique.
A titre illustratif, Il a également indiqué que
l'opération de maintien de la paix envisagée ne pourrait
réussir que si la région continue de jouer un rôle
important et complémentaire, y compris par le biais du médiateur,
le Président Sassou Nguesso, de la Communauté économique
des États de l'Afrique centrale et de l'Union africaine. La mission
travaille donc en étroite collaboration avec l'Union africaine et la
Communauté économique et leur apporte tout son soutien politique
ainsi qu'un appui opérationnel limité en fonction de ses moyens,
de ses capacités et de ses compétences, afin qu'elles puissent
continuer à jouer un rôle dans la stabilisation du pays.
S'agissant de l'ONU, son intervention reste demeure est
très salutaire en ce qu'elle a dû mettre en place une
opération de maintien de la paix dénommé la MINUSCA
à travers sa résolution 2149.
Mais au-delà de tous, et dépit de tous les
efforts fournis certain faiblesse demeure. La Centrafrique est toujours
emporté par de conflits, les populations se révélons sous
le coup de bal et l'insécurité persistent, comme dire que
l'action de l'UA et de l'ONU n'offre pas toutes les garantis de
stabilités politiques.
Le 10 avril 2014, le Conseil de sécurité a
décidé, par sa résolution 2149(2014), de créer
la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la
stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) pour une
période initiale venant à expiration le 30 avril 2015, et a
prié le Secrétaire général de fondre
le BINUCA au sein de la nouvelle mission à compter de la date
d'adoption de la résolution et d'assurer la transition sans heurt
du BINUCA à la MINUSCA.
Le Conseil a décidé qu'à compter du 15
septembre 2014 la MINUSCA comprendrait initialement un effectif
militaire de 10 000 hommes, dont 240 observateurs militaires et 200 officiers
d'état-major, et un effectif de police de 1 800 hommes, dont 1400
membres d'unités de police constituées et 400 policiers, et 20
agents pénitentiaires.
De quelle Afrique parlons-nous ici ? Eh bien, de la
première intéressée : l'Afrique centrale dans sa
globalité, car les pourparlers qui ont commencé ce mercredi
à Libreville ont lieu sous l'égide de la Communauté
Économique des États d'Afrique Centrale (CEEAC). Cette
Communauté, créée en 1983 à Libreville au Gabon et
composée de 10 États membres (la République d'Angola, la
République du Burundi, la République du Cameroun, la
République Centrafricaine, la République du Congo, la
République Démocratique du Congo, la République
Gabonaise, la République de Guinée Equatoriale, la
République Démocratique de Sao Tome & Principe et la
République du Tchad), reconnue par l'Union africaine, ne se contente pas
d'assurer une coopération dans les domaines économiques et
sociales entre les États d'Afrique centrale, mais elle agit aussi comme
un gardien de la paix.
Ainsi la CEEAC présente-t-elle sur son site ce
rôle particulier qui semble à première vue éloigner
de sa vocation première en ces termes : "Du fait des troubles
sociopolitiques et des conflits armés dans la majorité de ses
États membres, la CEEAC s'est donné, outre ses missions
traditionnelles de coopération et d'intégration régionale,
celle de la promotion de la paix et de la stabilité en Afrique centrale,
ainsi que celle de l'appui au processus électoral dans les États
membres." Souvent l'on prend ce genre de déclarations pour des pures
pétitions de principe. Nous voyons aujourd'hui qu'il n'en est rien. En
effet, les troupes rebelles s'étant approchées de Bangui, la
capitale, la CEEAC a très rapidement décidé de mettre en
place d'importantes troupes d'interpositions au niveau de la ville de Damara,
à 75 km de Bangui, dissuasion sans laquelle nous n'en serions pas au
temps des négociations aujourd'hui.
Dans cette étude, notre motivation profonde consistera
d'analyser les efforts déployés par cette mission (l'Organisation
des Nations Unies et l'Union Africaine) pour le retour de la paix, la
sécurité, la stabilité dans la République
Centrafricaine.
Pour y parvenir, nous tenterons donc de répondre aux
questions ci-après :
Comment en est-on arrivé à ce conflit en
République Centrafricain?
Quelle a été le rôle de l'Organisation des
Nations Unies et de l'Union Africaine pour ramener la paix, la
sécurité et la stabilité en République
Centrafricaine ?
Ces questions étant posées, il importe
maintenant d'indiquer les hypothèses de notre travail.
2. HYPOTHESES DE TRAVAIL
Dans une recherche scientifique, toute question clé
suppose une ou des hypothèses sous-jacentes, celles-ci, étant
entendues comme des réponses anticipées aux questions que l'on se
pose de l'objet de la recherche formulé en termes tels que l'observation
et l'analyse puissent conférer ou non, une réalité
définitive.
A ce sujet, R. PINTO et M. GRAWITZ disent que :
« tout chercheur doit... présupposer au départ un
point de vue, lequel constitue ce qu'on appelle le concept opérationnel
« hypothèses de travail »8(*).
Comprise comme une explication rationnelle et anticipée
du phénomène, l'hypothèse est le fil conducteur qui guide
toute démarche scientifique9(*).
Dans cette étude, nous partons de l'affirmation selon
laquelle le rôle de l'Organisation des Nations Unies et de l'Union
Africaine dans le règlement du conflit qui secoue la République
Centrafricaine, n'a pas atteint les résultats souhaités par
tous.
En effet, les populations de la République
Centrafricaine directement concernées par cette crise croyaient que la
présence de l'ONU et de l'UA signifiait le retour de la paix, la
sécurité et de la stabilité dans le pays, l'on a
assisté plutôt à des violations massives des droits de
l'homme. La recrudescence de l'insécurité causa de multiples
déplacements de population, l'occupation de certains territoires par de
mouvements rebelles, la multiplication ou la naissance d'autres groupes
armés, malgré la présence sur terrain de troupes de l'ONU.
Tous ces facteurs prouvent à suffisance l'inefficacité de l'ONU
et de l'UA quant à la résolution du dossier Centrafricain.
Devant toute cette panoplie des questions qui
nécessitent à tout prix des réponses adéquates par
rapport aux de l'ONU et de l'UA dans le règlement du conflit
Centrafricain, s'impose la démonstration de l'intérêt qui
nous a animés à choisir un sujet aussi délicat que
celui-ci.
3. CHOIX ET INTERET DU
SUJET
Nous avons choisi ce thème pour non seulement
réveiller la communauté internationale afin d'obtenir de celle-ci
une implication plus efficace. Aux autorités Centrafricaines de prendre
conscience de leurs responsabilités en dotant le pays d'une armée
efficace pour sécuriser les populations.
Ce travail comporte un intérêt si grand qu'il
constitue également un outil qui pourrait servir à de nouvelles
recherches pour qu'à jamais, cessent en Afrique, des conflits, des
guerres, et à l'ONU et à l'UA d'imaginer de nouvelles
stratégies pour jouer pleinement leur rôle lorsqu'il s'agit des
crises en Afrique.
Nous croyons par cette modeste étude, pouvoir apporter
notre contribution si modeste serait-elle, à la conscientisation de la
communauté internationale afin que celle-ci prenne à coeur, le
problème de la RCA et imagine dans les délais les plus
raisonnables, de nouveaux mécanismes pour que la République
Centrafricaine retrouve sa quiétude d'autrefois. Une manière pour
nous de lutter contre la balkanisation.
4. METHODES ET TECHNIQUES DU
TRAVAIL
Pour réussir l'élaboration de tout travail
scientifique, il est indispensable d'adopter une méthode
adéquate.
Dans cette optique, Serge ALBOUY donne sa vision
caractérisant toute démarche scientifique en ces termes : la
méthode de recherche désigne « l'ensemble des
opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche
à atteindre la vérité qu'elle poursuit, la démontre
et la vérifie »10(*).
Toute démarche scientifique doit être soutenue
par les méthodes et techniques appropriées, pour rendre
intelligibles les faits que l'on veut démontrer. La méthode
comprise dans ce sens, est l'ensemble des démarches qui suivent l'esprit
pour découvrir et démontrer la vérité. Elle est une
démarche ordonnée, raisonnée de techniques
employées pour obtenir un résultat.
Du point de vue philosophique, la méthode est une
marche rationnelle de l'esprit pour arriver à la connaissance ou
à la démonstration de la vérité.11(*)
En ce qui nous concerne, nous considérons la
méthode comme un ensemble de procédés
d'interprétation des données, des procédés
d'intervention qui influent sur la collecte de données. Elle est un
ensemble d'opérations intellectuelles par lesquelles l'esprit cherche
à atteindre la vérité.
Pour ce travail, nous avons utilisé la
technique documentaire, grâce à laquelle nous avons
consulté tous les documents relatifs au thème sous examen.
Vu la complexité de la matière à traiter,
il sera de bon aloi de poser les limites de ce qui doit être
abordé.
5. DELIMITATION DU
SUJET
Ce travail est limité dans le temps et dans l'espace.
Dans le temps, nous partirons de la période des guerres civiles, qui va
de 2004 à 2013. Nous essayerons ici d'analyser ou d'évaluer
l'action des missions de l'ONU et de l'UA dans le retour de la paix, la
sécurité dans la République Centrafricaine afin de
comprendre le manque ou l'absence des résultats.
Quant à l'espace, nous nous limiterons à la
capitale car c'est elle le bastion de tous les maux qui rongent le pays en
raison de la proximité avec les rebelles bien qu'aujourd'hui, la
situation soit généralisée. En vue d'une bonne
appréhension des idées dans ce travail, il sied de la
précéder d'un plan sommaire.
6. PLAN SOMMAIRE
« Analyse du rôle de l'ONU et de l'UA dans le
règlement du conflit en République
Centrafricain » s'articulera autour de trois grands axes ou
chapitres.
Après une introduction dont l'objet est principalement
de tracer les contours du travail, perçue de manière très
fluctuante, ce travail en expose les règles dans trois chapitres.
Le premier chapitre fait une brève présentation
de la RCA, de l'ONU et de l'UA ; le deuxième chapitre porte sur
l'intervention de ces Organisation (ONU et de l'UA) dans le règlement du
conflit en République Centrafrique ; tandis que le troisième
chapitre évalue Des Résultats des interventions et proposer des
pistes de solution durable. Enfin, nous allons clôturer ce travail par
une conclusion.
CHAPITRE I. PRESENTATION DE
LA RCA, DE L'ONU ET DE L'UA
Ce chapitre va d'abord présenter brièvement la
RCA (Section 1), et ensuite il va présenter l'ONU et l'UA (Section
2).
SECTION 1. PRESENTATION DE
LA RCA
En règle générale, il sied de comprendre
que le conflit centrafricain renferme diverses réalités au point
que son étude devient de fois complexe et fascinante.12(*)
Faisant nôtre l'approche polémologique, nous
somme persuadé de ce que la maitrise de ligne maitresse et point
fondamentaux de ce conflit passe inévitablement par la
compréhension de ses origines et de ses acteurs.
En effet, il n'y an point de doute sur le fait que la RCA
connait une histoire qui justifie les affres et les calamités qu'elle
est entrain de subir de nos jours. Depuis son accession à la
souveraineté tant nationale qu'internationale, elle a toujours
accusé certaines faiblesses qui à n'en douter, se trouvent au
centre de toutes les situations néfastes.13(*)Aussi, est-il vrai de rappeler
que la connaissance des acteurs de ce conflit permet également d'en
cerner la portée et l'étendue. Ce conflit n'est pas le fruit du
hasard ; il est justifié par plusieurs paramètres qu'ils
importent de passer en revue. Comme nous pouvons le comprendre, entant qu'un
Etat, la Centrafrique ne saurait échapper à l'approche
systémique, c'est-à-dire elle est un ensemble
d'élément qui constituent un tout indissociable, de sorte que si
l'un deux est affectée, les autres les seront également. Ce qui
va nous pousser à examiner les enjeux de ce conflit dans toutes leurs
acceptions.
La République Centrafricaine, aussi
appelée Centrafrique,
en Sango Ködörösêse tî
Bêafrîka, est un pays d'Afrique centrale en voie
de développement, dont la population est estimée à
4 500 000 habitants, pour une superficie d'environ 623 000
km². Il est entouré par le Cameroun à l'ouest, le
Tchad au nord, le Soudan et le Soudan du
sud à l'est, la République Démocratique du
Congo et la République du Congo au sud. Le pays est
membre de l'Union Africaine, de la Communauté Economique et
Monétaire de l'Afrique centrale et de la Communauté
des Etats sahélo-sahariens.
Le pays est partagé entre
savanes et forêt équatoriale (au sud), et
connaît pour l'essentiel un climat tropical14(*). La République
Centrafricaine dispose par ailleurs de nombreuses ressources naturelles,
notamment l'uranium, l'or et les diamants. Le pétrole et
l'énergie hydroélectrique sont d'autres ressources
potentiellement importantes inexploitées à ce jour.
Le territoire de la République Centrafricaine recouvre
celui de la colonie française d'Oubangui-Chari, qui fait
partie de l'Afrique-Equatoriale française de 1910 à 1960.
Après l'indépendance, le pays a eu à sa tête
différents régimes autoritaires, notamment celui de Jean
Bedel Bokassa, président, puis empereur autoproclamé. L'ancienne
puissance coloniale continue d'y jouer un rôle important. Les
premières élections libres dans le cadre du
multipartisme ont eu lieu en 1993. Elles portent au
pouvoir Ange-Félix Patassé, renversé en 2003 par
François Bozizé. Celui-ci, réélu en 2005 et 2010,
est à son tour renversé en 2013 par la Seleka, une alliance
de milices, pendant la deuxième guerre civile de Centrafrique.
La Centrafrique est un pays enclavé sans
accès à la mer. L'essentiel de la frontière sud du pays
suit le cours du fleuve Oubangui et de son affluent le Mbomou.
La partie nord du pays constitue le haut bassin du
fleuve Chari, le mont Ngaoui avec ses 1 420 m est le point
culminant. Le pays est partagé
entre savanes et forêt équatoriale (au sud).
Le pays souffre d'inondations en raison du manque d'entretien des fleuves
et des débits impressionnants qu'engendre la saison des pluies en
Afrique centrale. La déforestation est, quant à elle,
constatée dans les zones de brousse (où les paysans utilisent le
bois pour leur nourriture et les constructions), mais semble endiguée
dans les zones forestières (voir aussi : Foret du bassin du
Congo). Les sources du ministère des forêts et du
développement rural de la République Centrafricaine semblent
prouver que depuis 30 ans, la forêt gagne sur la savane, cas exceptionnel
dans le monde. De gros efforts d'aménagement et de protection des
forêts sont en effet engagés durablement, avec pour objectif
d'éviter l'érosion, de protéger la faune et de
préserver cette richesse rare qu'est la grande forêt
centrafricaine.
Le climat tropical domine l'essentiel du pays avec une saison
humide de mai à octobre et une saison sèche de novembre à
avril. Au sud, la frontière des deux Congo, le climat est de type
équatorial, intertropical de Carnot à Berberati à l'ouest,
subsaharien vers Birao au nord avec une saison sèche pouvant aller
de 8 à 9 mois, et intertropical mais frais et orageux sur les
reliefs.
La limite sud des territoires où l'Islam est
majoritaire passe au nord du pays. Par ailleurs, la République
Centrafricaine est entourée des pays dont les tensions se
répercutent sur son territoire. Un mouvement
dit « Armée de Résistance du Seigneur
(LRA) », originaire d'Ouganda pourrait être présent
dans le sud-est du pays, proche du Soudan du sud. Enfin, le pays servirait
parfois de base arrière à des « groupes de
trafiquants et de braconniers ».15(*)
Les français colonisèrent la
région à la fin du XIXe siècle et
l'administrèrent sous le nom d'Oubangui-Chari. À l'époque,
c'est un territoire stratégique dans le projet colonial français,
qui a pour objectif de traverser le continent africain d'ouest à l'est.
Ce projet est stoppé net en 1898 à Fachoda, lorsque la mission
française est repoussée par une expédition britannique
remontant vers le Caire depuis le sud du continent et la crise de
Fachoda qui suivit. Le territoire devient partie intégrante de
l'Afrique-Equatoriale Française (AEF) dès 1910,
jusqu'à son indépendance.
Durant la seconde guerre mondiale, la colonie se joignit
aux Forces alliées, le pays devient la République
Centrafricaine le 1er décembre 1958 et proclame son
indépendance le 13 août 1960.16(*)
Depuis, le pays a conservé
le français comme langue officielle, utilisée dans
les documents administratifs, alors que le sango, langue
véhiculaire, agit comme unificateur du pays, permettant à chacun
de se comprendre, même sans éducation scolaire avancée.
Le premier chef de l'État, Barthélemy Boganda,
est considéré comme le père de la nation centrafricaine.
Parlementaire à Paris, il fut l'auteur de
« brûlots réguliers et de demandes de
maintien » de tous les droits français au peuple d'Afrique
équatoriale française. Parlementaire français
véhément, il prônait depuis longtemps l'indépendance
des colonies et avait proposé la création d'un État
d'Afrique centrale unique, groupant Gabon, Congo, Cameroun et République
Centrafricaine. Il y voyait la seule solution permettant d'éviter
l'éclatement de la région en territoires trop petits, non
viables, et sans rôle à jouer sur la scène internationale.
Il meurt le 29 mars 1959, peu après son élection, dans un
accident d'avion dont les causes n'ont jamais été
élucidées.
En 1965, lors du « coup d'Etat de la
Saint-Sylvestre», Jean-Bedel Bokassa renverse son
cousin David Dacko et prend le pouvoir. Le 4 décembre 1976, il
s'autoproclame empereur Bokassa Ier. Il met alors en place une
politique très répressive dans tout le pays.
En septembre 1979, « l'opération
Barracuda », organisée par la France, renverse Bokassa et
remet au pouvoir David Dacko. En effet, depuis quelque temps Bokassa se
rapprochait de plus en plus de Kadhafi dont la politique au Tchad est
en contradiction complète avec les intérêts
français.
David Dacko lui succède encore brièvement. Il
sera chassé du pouvoir le 1er septembre 1981 par le
général André Kolingba, qui établit un
régime militaire. André Kolingba restera au pouvoir
jusqu'en 1993, année où, suivant le courant de
démocratisation lancé par le sommet de La Baule, les
premières élections multipartites ont lieu
et Ange-Félix Patassé est élu président
de la République. À la fin des années 1990,
les « compagnies
juniors » canadiennes, investies dans plus de 8000
propriétés minières, dans plus 100 pays, pour la plupart
encore à l'état de projet, multiplient les contrats avec des pays
africains parmi lesquels la République Centrafricaine, où elles
ont cependant du mal à se faire une place, la Colombe Mines,
possédant les principaux sites diamantifères.
En 2001, une tentative de coup d'État provoque de
violents affrontements dans la capitale, Bangui. Après une nouvelle
série de troubles et malgré
l'intervention de la communauté internationale
(MINURCA), le 15 mars 2003, le
général François Bozizé réussit,
avec l'aide de militaires français (deux avions de chasse de
l'armée française survolaient Bangui pour filmer les positions
des loyalistes pour le compte de Bozizé) et de miliciens tchadiens
(dont une bonne partie va rester avec lui après son installation au
pouvoir), un nouveau coup d'Etat et renverse le président
Patassé. Le général Bozizé chasse alors les
rebelles congolais, auteurs de méfaits et crimes innombrables,
notamment dans et autour de Bangui.17(*)
§1. Causes
De toute évidence, est enlisant de prés, le
conflit Centrafricain, nous nous apercevons, combien il est utile de jeter un
regard considérable sur ses origines.
Par ailleurs, il ne faudra pas perdre de vue de ce conflit qui
oppose divers acteurs dont l'étude s'avère incontournable pour la
bonne compréhension du sujet sous examen. Epiloguer sur les origines
d'un conflit dans le cadre d'une approche polémologique, affirme le
professeur NDESHYO RURIHOSE consiste à en rechercher les causes, mieux
les raisons de son existence18(*). C'est pour nous l'occasion de répondre
à la question de savoir d'où vient le conflit centrafricain et
quelles en sont la justification profonde.
Les études ont démontré qu'un Etat ne
vaut en fonction de ce qui a été hier.
En d'autre terme, la crise que traverse la Centrafrique
traduit l'idée que ce pays coeur de l'Afrique a connu une histoire peu
heureuse au point que le tribalisme a hanté les moeurs et a
divisé substantiellement les populations.
Pour atteindre le résultat escompté et saisir la
quintessence de la section sous rubrique, il est d'un intérêt
majeur de subdivisé ces causes en deux points :
· Les causes lointaines (A) ;
· Les causes proches ou récentes (B)
A. Les causes
lointaines
Avant l'an dernier, la Centrafrique n'avait jamais connu de
conflits religieux -contrairement à d'autres pays plus ou moins
lointains, comme le Nigeria ou le Mali, où des insurrections djihadistes
ont fait éclater des tensions religieuses qui couvaient depuis
longtemps, voire au Soudan voisin, où l'opposition entre musulmans et
chrétiens était très ancienne19(*). En Centrafrique, les croyants
de religions différentes vivaient en paix depuis des siècles.
Si sa population fut dévastée par l'esclavagisme
arabe, à l'inverse de nombreux pays subsahariens, la rancune des
Centrafricains ne se faisait pas sentir.
Quand en 1976, après une visite en Libye, le
président centrafricain Jean-Bedel Bokassa prêta
allégeance au Coran et changea de nom pour Salah Eddine Ahmed, ses
compatriotes majoritairement chrétiens (à 85%, contre environ 15%
de musulmans) ne lui en tinrent pas grief. Ils savaient que sa conversion
visait à attirer les largesses de Mouammar Kadhafi et ils avaient bien
conscience que Bokassa, avec son harem de femmes étrangères qu'il
n'appelait pas par leur nom, mais par leur nationalité, n'avait rien
d'un saint. Et ils ne furent pas surpris et encore moins scandalisés
quand, peu de temps après, il regagna le giron de l'Eglise
catholique.20(*)
Après avoir obtenu de la France son
indépendance, le pays allait connaître cinq coups d'Etat et jouir
d'une seule véritable élection, en 1993, mais aucun de ses
présidents n'est mort dans l'exercice de ses fonctions. Les vaincus ne
cherchent pas querelle s'ils ploient sous les adieux du peuple et les
usurpateurs, en quantités généralement familières,
restent sur leurs gardes quand les accueils sont pacifiques.
Durant les neuf derniers mois, ce qui restait de l'Etat
centrafricain s'est effondré avec de graves conséquences
humanitaires (400 000 personnes sont déplacées et presque la
moitié de la population a besoin d'aide humanitaire). Le gouvernement de
transition et la force de sécurité régionale ont
été incapables de freiner la chute dans l'anarchie aussi bien en
zone rurale qu'en zone urbaine et notamment à Bangui.
L'histoire politique de ce pays d'environ 3,5 millions
d'habitants, est jalonnée de soubresauts politiques, entraînant
une instabilité institutionnelle et conjoncturelle défavorable
à son développement.
La République Centrafricaine couvre une superficie de
622 000 km2, caractérisée par l'usage de la langue sango et ayant
pour voisins, le Cameroun à l'ouest, la République du Congo et la
République Démocratique du Congo au sud, le Soudan à l'Est
et le Tchad au nord. Sur le plan externe, la RCA vit dans un environnement
marqué par l'instabilité, tous ces voisins sauf le Cameroun,
ayant connu un conflit armé. Sur le plan interne, elle a subi pendant
une dizaine d'années des crises militaro-politiques à
répétition qui ont affecté le tissu
socio-économique et les forces de défense et de
sécurité.
Aujourd'hui, la Centrafrique affiche le visage d'un pays
politiquement instable, économiquement faible, et dans lequel le niveau
d'insécurité dans l'arrière-pays reste une source de
préoccupation. L'instabilité politique domine et dès
l'indépendance les conditions posées pour que s'installe un
conflit latent sur les bases de l'absence de jeu démocratique. David
Dacko est porté au pouvoir et met rapidement en place un régime
autoritaire à parti unique. Dès lors, le recours à la
force s'impose comme « le mode ordinaire d'accession et de
maintien au pouvoir »21(*). Les coups d'Etats se succèdent sur fond de
manipulations et d'enrichissement personnel des dirigeants africains soutenus
par les services secrets français, c'est ce que Verschave désigne
sous le nom de Françafrique22(*).
Le multipartisme est autorisé tardivement (en 1991),
force est de constater qu'il y a peu d'alternance, les élections sont
contestées et se déroulent dans un climat très tendu,
émaillées d'émeutes et de pillages sans lendemain. Les
trois mutineries de 1996 vont entrainer le pays dans le cycle de la violence
armée entre opposition et dirigeants en place.
La gestion tribale de l'état initiée par
Kolingba va aboutir à la première guerre civile à partir
de 2002 et va marquer l'entrée dans le conflit ouvert. Comme le
définit Brice Arsène Mankou23(*), le tribalisme résulte avant tout de
l'incapacité et de l'impuissance des leaders politiques africains
à asseoir les principes démocratiques dans leur pays, et de
poursuivre : « Ils deviennent ainsi des dictateurs capables de
sacrifier leur peuple pour leurs propres intérêts ».
Philippe Hugon, directeur de l'institut stratégique des relations
internationales affirme « les satrapes centrafricains ont
toujours manqué de légitimité et ont ethnicisé leur
pouvoir dans une logique néo patrimoniale »24(*).
C'est ainsi que jusqu'en 2007, les interventions
françaises parviendront à désamorcer l'escalade des
violences mais à partir de 2010 la France reste à l'écart,
et ce, malgré les appels de Bozize en 2012, dont le pouvoir est
menacé par l'avancée rapide du mouvement Seleka que les Forces
Armées Centrafricaines (FACA) fantoches sont incapables de stopper. Le
25 mars Djotodia est élu par « acclamation », ce
président illégitime et sans autorité sur la Seleka sera
incapable de mettre un terme aux exactions des miliciens
démobilisés comme à celles des milices anti-balaka
désormais animées par un sentiment de vengeance.
Le conflit prend alors une toute nouvelle dimension. Il s'est
opéré en RCA un glissement d'un conflit politique à un
conflit multidimensionnel. Le conflit prend actuellement une tournure
religieuse avec une escalade des violences entre communautés
chrétiennes et communautés musulmanes. On assiste donc à
une transformation du conflit initial.
Afin de comprendre le conflit qui se déroule
aujourd'hui en RCA, nous avons choisi de nous intéresser aux causes
profondes du conflit et à ses symptômes, à savoir aux
différentes formes de violences. Il s'agit donc ici de décrypter
le contexte de la formation de l'Etat centrafricain depuis son
indépendance en 1960 afin d'identifier les facteurs chrysogènes.
Leur identification ainsi que leur interprétation permettra donc en
dernier lieu de mieux appréhender la situation actuelle. Il semble
également intéressant de se pencher sur la mise en place d'une
culture de la violence en RCA et sur ses conséquences
présentes.
Dans une première partie, il sera question de traiter
le caractère instable du contexte centrafricain afin d'identifier les
causes profondes du conflit actuel, les motivations et la présence des
différents acteurs et montrer, dans une seconde partie que la
conjonction de ces éléments génèrent une violence
permanente massive qui revêt de multiples formes qui vont entrainer le
conflit dans une nouvelle phase, celle du conflit interreligieux.
La république Centrafricaine est aujourd'hui
qualifiée d'Etat fantôme par de nombreux auteurs. Bien que cela
soit un concept occidental, il semble tout de même nécessaire de
souligner en RCA l'absence de toute forme de fonctionnement étatique.
Selon notre analyse, quel que soit le modèle d'Etat adopté, cette
qualification d'Etat fantôme signifie un Etat creux/vide sans
capacité de diriger d'une façon ou d'une autre. Il faut souligner
l'inadaptation du modèle étatique wébérien aux
dynamiques locales d'organisation sociétale.
Afin de comprendre la situation dans laquelle se trouvent le
pays et en particulier le conflit qui a éclaté en 2012 et qui se
poursuit aujourd'hui, il semble pertinent de s'intéresser au contexte de
la République Centrafricaine depuis son indépendance.
L'instabilité chronique en RCA et la rupture actuelle
reposent sur de nombreuses causes :
Depuis l'indépendance du pays, il y a eu pas moins de
sept coups d'Etats. Cette récurrence des prises de pouvoir violentes a
institué en RCA une culture de la violence et de l'impunité
politique. Par ailleurs cette prolifération des coups d'Etat
témoigne en RCA d'une incompétence politique et de l'absence
d'une culture démocratique. On assiste donc en République
Centrafricaine à l'accaparement du pouvoir par un seul homme et au
profit de sa famille élargie. On parle même de personnalisation du
pouvoir. Ainsi, il existe en RCA une réelle absence de
légitimité politique. Cependant cette légitimité
s'acquiert par les armes, la répression et la manipulation de
l'opposition.25(*)
Par ailleurs, ces coups d'Etats successifs ont
été soutenus par la France, ancienne puissance coloniale. La
France a, à de maintes reprises, cautionné le pillage des
ressources, la corruption au sein du gouvernement, la prédation de
l'aide au développement. Valery Giscard d'Estaing, par exemple,
entretenait des relations étroites avec l'Empereur Bokassa et en a
même profité (scandale des diamants).
L'héritage colonial est aussi pesant en
République centrafricaine comme dans les autres pays de la
région. Ainsi la colonisation a été très brutale
pour la population. On mentionne souvent la maltraitance coloniale (travaux
forcés, esclavagisme, perturbations des cultures traditionnelles, chocs
épidémiques ou encore diffusion massive d'armes à feux).
Cette brutalité coloniale a eu pour conséquence l'augmentation du
mécontentement et le développement d'une culture de la
résistance en RCA contre la domination.
Par ailleurs, on peut noter un sous-investissement chronique
dans les domaines de l'éducation, de la santé, de la politique et
de l'administration pendant la période coloniale. Enfin, l'Etat
centrafricain a été créé au mépris des
réalités géographiques et démographiques. Ainsi le
concept de l'Etat comme on l'attend dans le monde occidental a
été plaqué en Centrafrique et nécessite
d'être questionné.
La RCA se trouve également dans une région
très instable. Le pays est enclavé et possède des
frontières avec le Tchad, le Soudan, le Soudan du sud, la
République Démocratique du Congo, le Congo, et le
Cameroun.26(*)
Entourée de pays en trouble, on observe très
fréquemment le déplacement de ces conflits sur le territoire
centrafricain. Ainsi, on a pu noter en RCA la présence de mouvements
rebelles de la République Démocratique du Congo comme le
Mouvement de Libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba qui appuya
la répression de Patassé après la tentative de coup d'Etat
du Général Kolingba. Les mouvements rebelles tchadiens sont
également présents comme le Front Uni pour le Changement (FUC)
qui tenta en 2006 de renverser le président Tchadien Idriss Deby. On
note également la présence de la Lord Resistance Army (LRA) de
Joseph Kony en 2008. Enfin, la RCA est aussi prise dans le jeu des
rivalités régionales (par exemple entre Tchad et le
Soudan).27(*)
La RCA, surnommée à l'époque
coloniale « la cendrillon de l'empire » et disposant
d'une position stratégique lors de la guerre froide, a été
négligée par la communauté internationale depuis le
début des années 1990. La communauté internationale a
souvent été préoccupée par d'autres conflits.
Cependant, la RCA a très rapidement accumulé les
facteurs chrysogènes qui mèneront à l'éclatement du
conflit de 2012 (absence d'état de droit, situation humanitaire
alarmante, culture de la violence et de l'impunité, prolifération
des mouvements rebelles pour n'en citer que quelques-uns).
Dès l'arrivée au pouvoir d'Ange-Félix
Patassé en 1993, le pays se retrouve dans un état de
rébellion permanente qui se traduit par une rupture avec l'opposition
légaliste et la fin de la compétition politique pacifique. On
assiste donc à un cercle vicieux où le seul moyen
d'accéder au pouvoir se fait par les armes. Cet état de
rébellion permanente est entretenu par le fléau de la mauvaise
gouvernance qui selon M. Ziguelé, du Mouvement pour la Libération
de Peuple Centrafricain et Ex-Premier Ministre, est le premier mal de l'Afrique
avec la gabegie. Il y a en RCA et cela depuis l'époque coloniale une
confusion entre les intérêts privés et publics et donc
entre pouvoir économique et politique. 28(*)
On parle également en RCA de malédiction des
ressources. Le pays est riche en matières premières comme le
bois, l'or, l'uranium ou encore les diamants.
Cependant le pays ne réussit pas à en tirer
parti et ce pour plusieurs raisons comme l'absence d'infrastructures,
l'enclavement mais aussi l'exploitation illégale de ces ressources et le
détournement de leurs revenus. Ainsi, on observe en République
centrafricaine un effort déséquilibre en matière de
développement. Ainsi le développement du nord et ses populations
ont été négligés. Il existe dans cette
région un manque cruel de services publics (administration,
éducation, santé) et une absence de voies de communication.
Dans la gestion de l'Etat, on peut également mentionner
la négligence des forces de sécurité comme facteur
d'instabilité en RCA. Ainsi, la garde présidentielle a souvent
été privilégiée par les dirigeants centrafricains
au détriment des Forces Armées Centrafricaines (FACA). Le
régime de François Bozize en est une parfaite illustration, sa
garde présidentielle était essentiellement composée de
membres appartenant à sa famille élargie et étaient
reversées dans les FACA toutes les personnes lui étant hostiles.
Enfin, pendant la période coloniale, les colons
français ont créé la notion d'ethnicité et ont
figé les identités des peuples indigènes. Ces mêmes
identités seront plus tard instrumentalisées par Patassé
ou encore Bozize pour accentuer les clivages entre peuple du fleuve ou peuple
de la savane, autrement dit entre peuple du sud et peuple du nord afin de
diaboliser les opposants.29(*)
Enfin, il semble que la population centrafricaine souffre du
« syndrome barracuda ». Cette dernière n'a plus
d'emprise sur son destin depuis la période coloniale. La multiplication
des prises de pouvoir violentes et le soutien français aux
régimes répressifs font de la violence le seul recours pour la
population.
Ces nombreuses causes sont donc à la base de
l'instabilité qui règne en RCA depuis son indépendance en
1960 mais également du conflit qui a éclaté en 2012 et qui
semble se transformer aujourd'hui. Cette « absence de
l'Etat » aura eu pour conséquences la perte du monopole de la
violence légitime ainsi que la perte du contrôle sur l'ensemble du
territoire et donc une prolifération des groupes armés,
l'utilisation de la RCA comme base de repli pour les mouvements rebelles des
pays limitrophes ou encore la prolifération des trafics illégaux
en tout genre susceptibles d'alimenter le conflit. Par ailleurs, la tradition
d'impunité et de violence politique, le naufrage économique de la
RCA et la grande paupérisation de sa population exacerbent le
mécontentement et créent un contexte de violence
généralisée où la violence devient le seul
recours.30(*)
La République Centrafricaine est aujourd'hui encore
plus isolée et en passe de devenir une zone grise alors qu'elle se
trouve dans une situation humanitaire alarmante (plus de 400 000 personnes
déplacées et la moitié de la population nécessite
une aide d'urgence). A partir de ces facteurs chrysogènes, on assiste
à la montée des clivages religieux entre musulmans et
chrétiens et un risque de basculement vers le nettoyage ethnique voire
même le génocide.
B. Les causes proches ou
récentes
Le lien de sang qui unit les Centrafricains entre eux et
l'usage unique de la langue sango qui caractérise la RCA, sont autant de
facteurs déterminants qui devraient favoriser le règlement des
crises et la réconciliation nationale. De ce point de vue, la situation
conflictuelle qui perdure dans ce pays depuis des années, relève
d'un paradoxe étonnant et trouve ses causes plutôt dans une
situation socio-économique difficile.
Les causes et les facteurs de conflits en RCA sont divers et
variés. Parmi les plus importants figurent :
· La fragilité des institutions
étatiques ;
· L'échec des efforts de
démocratisation ;
· L'exploitation et l'instrumentalisation des
différences ethniques ;
· La prolifération de groupes armés et des
armes légères ;
· Le manque de dialogue et de coopération entre le
pouvoir et l'opposition ;
· L'intransigeance et le manque de flexibilité des
acteurs sociaux et politiques ;
· Les arriérés de salaires et/ou le
non-paiement des salaires à terme échu ;
· La pauvreté et la misère.31(*)
Il convient de noter que, même pris isolément,
chacun de ces facteurs constitue en soi une source indiscutable de conflit,
mais leur combinaison totale ou partielle a rendu davantage explosive la
situation en République centrafricaine.
L'accumulation excessive des arriérés de
salaires et le non-paiement régulier des salaires courants, ont
contribué au dénuement des fonctionnaires et autres agents de
l'Etat et, par voie de conséquence, à la paupérisation
d'une grande partie de la population, dans la mesure où, en RCA, les
fonctionnaires constituent les seuls soutiens de leurs familles respectives
prises dans leur sens le plus large. La pauvreté est donc
considérée comme l'une des causes principales de la crise
centrafricaine mais aussi l'une des raisons fondamentales de sa
perpétuation.32(*)
Les crises internes, sur fond d'instabilité
régionale ont sérieusement dégradé la situation
sécuritaire à travers plusieurs types de menaces qui
pèsent actuellement sur le Centrafrique. Au nombre de celles-ci, ont
peut citer :
· Les Zaraguinas ou coupeurs de route
Sévissant principalement dans l'Ouest, le Nord-Ouest,
le Nord-est et dans le Centre, ils s'attaquent aux populations en les
dépossédant de leurs biens. Les cibles privilégiées
de ces bandits de grand chemin sont les convoyeurs de fonds, les
commerçants et les éleveurs. Leurs zones de prédilection
étant les axes routiers, ils perturbent systématiquement la libre
circulation des personnes et des biens à l'intérieur même
du pays, et par conséquent le ravitaillement de la RCA qui est pays
enclavé. Cela se ressent par conséquent dans le panier de la
ménagère qui est désespérément vide à
cause des pénuries artificielles ainsi créées et de la
cherté de la vie.33(*)
· Les Braconniers
A cause de la perméabilité des
frontières, les braconniers venant majoritairement de certains pays
voisins, pénètrent sur le territoire et se livrent à un
braconnage aveugle. Ils créent une insécurité
réduisant le nombre de touristes qui désirent se rendre dans le
Nord-est. Ce qui constitue d'importants manques à gagner financiers pour
l'économie centrafricaine.
· Le trafic illicite d'armes
En dépit de la normalisation progressive de la
situation sécuritaire dans certains pays voisins dont la plupart ont
connu des conflits armés, la Centrafrique à cause de la
porosité de ses frontières, continue de subir les effets
néfastes de la prolifération et de la circulation illicite
d'armes de guerre.
· Le non règlement définitif de la
situation des réfugiés militaires revenus d'exil et des
« Libérateurs »
Malgré les efforts de réhabilitation faits par
le gouvernement, bon nombre de réfugiés et de libérateurs
ne sont pas totalement réintégrés. Ils sont
disséminés sur toute l'étendue du territoire et peuvent
être facilement recrutés pour une action de déstabilisation
du fait de leurs conditions de vie très précaires.
· Les faiblesses du système de
défense
Les crises récurrentes ont accentué les carences
structurelles des Forces Armées Centrafricaines et détruit les
moyens déjà limités de cette Armée. En effet, ces
Forces de Défense et de Sécurité se trouvent dans un
état de dénuement très avancé avec des effectifs
vieillissants, manquant de moyens et ne bénéficiant pas de
formation.
Il convient de rappeler que, depuis plus de dix ans, la RCA
subit les effets négatifs des guerres qui se déroulent dans la
région des Grands Lacs, en accueillant des milliers de
réfugiés de la RDC, du Burundi et du Rwanda mais également
des conflits armés des pays voisins comme le Tchad et le Soudan. Ces
guerres, combinées aux rebellions internes en RCA ont accentué la
prolifération transfrontalière d'armes de guerre. En outre, les
conflits centrafricains qui étaient internes au départ, ont fini
par revêtir un caractère régional.
A cet égard, le 10 janvier 2002, le Président du
Conseil de sécurité, dans sa déclaration faite à la
presse, avait souligné que : « les membres du Conseil
de sécurité restent profondément préoccupés
par le fait qu'il existe une interdépendance entre la crise persistante
qui sévit en République centrafricaine et la situation dans les
Etats voisins en particulier, et dans la sous-région en
général ». 34(*)
Cette inquiétude du Conseil a été
renouvelée le 28 octobre 2004, suite à l'examen de la situation
en République centrafricaine. A ce propos, le Président du
Conseil de sécurité a fait au nom du Conseil la
déclaration suivante : « le Conseil exprime une
nouvelle fois sa préoccupation quant aux conséquences
potentielles que peuvent avoir sur la République centrafricaine les
crises qui affectent la sous-région. Aussi accueille-t-il avec
satisfaction l'initiative du Secrétaire général visant
à demander au BONUCA d'évaluer les implications de la situation
dans les pays voisins sur celle prévalant en République
centrafricaine et vice versa ».35(*)
Alors que la communauté internationale et le
gouvernement de transition ont le regard braqué sur la capitale, Bangui,
une bonne partie du monde rural, notamment à l'ouest et au centre de la
République centrafricaine (RCA), est devenue un terroir de violence. La
lutte qui oppose les combattants de l'ex-Seleka et les milices anti-balaka a
conduit à une recrudescence des affrontements entre communautés
d'éleveurs et d'agriculteurs depuis 2013. Ces affrontements forment
maintenant un conflit dans le conflit loin des yeux des acteurs internationaux
et du gouvernement de transition et déstabilisent davantage la
Centrafrique. A l'aube d'une nouvelle saison de transhumance qui risque
d'intensifier la guérilla rurale en cours, les acteurs internationaux et
le gouvernement de transition doivent impérativement prendre en compte
cette dimension de la crise dans leur stratégie de stabilisation et
prévenir les risques immédiats de violence entre
communautés d'éleveurs et d'agriculteurs.
Avant le déclenchement de la crise centrafricaine
à la fin de l'année 2012, le pastoralisme était
déjà depuis plusieurs années une source de violence en
zone rurale, particulièrement entre éleveurs et agriculteurs. En
libérant les ressentiments entre ces communautés et en associant
les éleveurs à l'ex-Seleka, la crise a amplifié ces
violences de manière exponentielle. Alors que le bétail est
l'objet de la convoitise des miliciens anti-balaka et de l'ex-Seleka, les
éleveurs répondent aux vols de leur cheptel par des
représailles brutales car le bétail est la richesse des pauvres.
Le basculement de jeunes éleveurs vulnérables dans les groupes
armés, le délitement des structures traditionnelles de
médiation entre agriculteurs et éleveurs, et l'arrivée
comme chaque année de transhumants, notamment tchadiens, en Centrafrique
risquent d'amplifier la guérilla rurale en cours.
Par ailleurs, depuis 2013, cette dernière a
déjà forcé de nombreux éleveurs à se
réfugier au Tchad et au Cameroun ou à migrer vers d'autres
régions en Centrafrique au terme de longues marches. Ces
déplacements forcés ont des effets dangereux tels que
l'effondrement et le blocage de la transhumance entre le Tchad et la
Centrafrique. Ces conséquences de long terme risquent d'entraver la
stabilisation du pays et doivent être prises en considération.
§2. Acteurs
Il y a eu de relever que le conflit centrafricain est nos
seulement polysémique mais aussi et surtout multidimensionnelle.
Pour le saisir, nous sommes dans l'obligation d'insisté
sur ces acteurs tant interne(A) qu'internationaux (B).
A. Acteurs internes
Depuis début décembre 2012, et à la suite
du coup d'Etat de mars 2013, la Centrafrique sombre dans l'anarchie, avec des
conséquences néfastes sur la population civile. Depuis janvier
2014 le conflit politique prend la tournure d'un conflit religieux. Nous allons
essayer d'analyser les relations entre différents acteurs dans ce
conflit afin de mettre en évidence sa complexité.
Nous avons souhaité dans un premier temps analyser la
situation fin 2012, à la veille du coup d'Etat contre M. Bozizé,
à travers l'utilisation de l'outil «oignon» qui permet de
présenter les différentes positions publiques, ainsi que les
divers intérêts et besoins des deux parties prenantes principales
à l'origine du conflit (La Seleka et le gouvernement de M.
Bozizé). En effet, cet outil permet de révéler la face
cachée des intérêts et des besoins des deux parties,
très éloignées de leurs positions officielles.
En ce qui concerne le gouvernement, malgré des effets
d'annonce répétés promettant une réforme de
l'armée, rien n'a été réellement effectué
dans ce sens. En effet, l'intérêt du gouvernement est de maintenir
une armée faible, dans le but de conserver un monopole politique.
Du côté de la Seleka, les revendications
publiques concernent la tenue des promesses du gouvernement par rapport aux
accords internationaux de Birao - 200736(*). La Seleka demande également la restitution
des matières premières qui sont accaparées par l'Etat et
dont l'exploitation ne bénéficie pas à la population. Les
intérêts sous-jacents de la Seleka sont tout d'abord la vengeance
face à l'exclusion de M. Djotodia, fondateur de l'UFDR, de la
scène politique par M. Bozizé en 2006. La rébellion
recherche donc une place sur l'échiquier politique, mais
également, et avant tout, à reprendre une certaine mainmisse sur
les matières premières. En effet, les besoins réels de la
Seleka sont de renverser le président Bozizé afin de maximiser
son profit et d'obtenir une représentativité politique pour la
région du Nord-est, jusqu'à présent négligée
par l'Etat.
Après avoir analysé la situation fin 2012, nous
allons maintenant exposer la situation actuelle, c'est-à-dire en
février 2014, afin de montrer l'évolution rapide du
conflit : multiplication des acteurs impliqués, passage d'un
conflit politique à un conflit interconfessionnel, escalade de la
violence...
1. Ex-Seleka
La rébellion Seleka, qui est une coalition de plusieurs
groupes très hétérogènes, est officiellement
dissoute en septembre 2013 par son leader Michel Djotodia. Seule l'Union des
forces démocratiques pour le rassemblement reste sous les ordres de M.
Djotodia. Les autres groupes combattants d'ex-Seleka continuent à semer
la terreur dans le pays, multipliant les exactions, les actes de torture, les
pillages et violences sexuelles vis-à-vis de la population
chrétienne.
Certains groupes de l'ex- Seleka se retirent vers le Nord du
pays en laissant leurs armes à des musulmans qui s'en prennent aux
chrétiens37(*).
2. Les « anti-balaka » et les fidèles
au Président déposé Bozizé
Face à des exactions commises contre la population
chrétienne, des groupes d'autodéfense appelés «
anti-balaka» se sont créés. Très rapidement, ces
groupes n'ont plus cherché seulement à se défendre face
à des Seleka, mais ont commencé à commettre des exactions
contre la communauté musulmane. Cela provoque des batailles à
répétition et une répression antichrétienne
meurtrière par la Seleka38(*).
Depuis mi-janvier les exactions contre les musulmans se sont
intensifiées. Les « anti-balaka » embrigadent les jeunes
désoeuvrés et en souffrance pour semer des troubles. Toutefois,
ces milices ne sont pas véritablement homogènes. Il y a une
tendance qui réclame le retour du président destitué
Bozizé. L'autre tendance exige le départ de Djotodia qui est
musulman du Nord et s'était autoproclamé chef de l'Etat en mars
2013. Aujourd'hui, on assiste à une véritable rupture entre les
« anti-balaka » qui ont rendu les armes (et ceux qui souhaitent le
faire) et ceux qui veulent poursuivre la lutte armée39(*).
3. La population civile
Les « anti-balaka » ont exacerbé dans le pays
le sentiment anti-musulman. Ce sentiment a pris une telle ampleur qu'il s'agit,
selon certaines ONG, d'une épuration ethnique dont les
communautés musulmanes sont les victimes. Certaines exactions se passent
sous les yeux des autorités de transition (lynchage d'un centrafricain
de confession musulmane lors de la célébration de la renaissance
des forces armées centrafricaines).
Par ailleurs, les communautés musulmanes
elles-mêmes se livrent à la violence en s'attaquant aux
communautés chrétiennes.
Il est à noter que jusqu'à présent les
deux communautés cohabitaient pacifiquement. Il existait des tensions
latentes entre chrétiens et musulmans mais qui n'étaient pas
exprimées.
4. Les autorités religieuses
Les abbayes et les mosquées deviennent souvent des
lieux de refuge pour les populations civiles qui fuient la violence.
Les autorités religieuses chrétiennes ou
musulmanes ont une position ambiguë. En effet, de part et d'autre
certaines tentent de réconcilier la population civile et d'autres
exacerbent la haine envers l'autre communauté.
5. Les ONG
Elles ont le soutien moral de la communauté
internationale mais pas les moyens réels d'accomplir leur mission
auprès de la population civile.
Les ONG et même les agences onusiennes sont victimes de
pillage de la part des groupes soutenant le président déchu
Bozizé. Elles restent souvent les seules informatrices de la situation
et sont en dialogue permanent avec la communauté internationale et le
gouvernement de transition.
Par ailleurs, étant donné que les populations
civiles trouvent leur refuge dans les mosquées ou églises, le
travail des ONG est concentré dans ces zones. D'autant plus que
l'accès à la population civile en dehors de ces sanctuaires est
rendu extrêmement difficile en raison des pillages et d'un climat
d'insécurité.
6. Le gouvernement de transition
Après la destitution de M. Djotodia, c'est Catherine
Samba Panza, la seule candidate ayant le soutien des deux groupes armés
ennemis, qui est élue à la présidence intérimaire
de la Centrafrique le 20 janvier 2014. Après avoir été
élue, elle lance un appel à déposer les armes et cherche
à établir un dialogue entre les communautés musulmane et
chrétienne. Son gouvernement intègre également des membres
de l'ex-Seleka.
En ce moment, le gouvernement de transition soutenu par la
communauté internationale cherche à réintégrer les
milices « anti-balaka » mais aussi les ex-Seleka soit dans
l'armée régulière, soit dans la vie civile à
travers le programme de désarmement, démobilisation et
réinsertion (DDR). Cependant, certaines factions issues des deux milices
refusent de se rendre d'où la persistance du conflit avec le
gouvernement.
B. Acteurs
internationaux
1. Les factions armées du Tchad, la LRA, les
groupes criminels
Parmi les groupes criminels : les coupeurs de routes
« zaraguinas » qui sévissent dans l'Ouest, le Nord-Ouest, le
Nord-est et dans le Centre. Les cibles privilégiées de ces
bandits de grand chemin sont les convoyeurs de fonds, les commerçants et
les éleveurs. En coupant les axes routiers, ils perturbent la libre
circulation des personnes et des biens à l'intérieur même
du pays, et par conséquent le ravitaillement de la RCA. Cela se ressent
donc dans le panier de la ménagère qui est
désespérément vide à cause des pénuries
artificielles ainsi créées et de la cherté de la vie. Un
autre problème est posé par les braconniers et les trafiquants
venant majoritairement de certains pays voisins. La zone de sud-est est soumise
à l'activité de la LRA. Au Nord du pays, les factions
armées du Tchad ont établi leur base de repli afin
d'opérer à distance contre le gouvernement tchadien.
Ces groupes ne prennent pas directement part au conflit mais
leurs activités illégales rajoutent à l'instabilité
que connaît le pays et à l'insécurité qui touche
principalement la population civile.
Nous avons dans cette première partie identifiée
les causes de la crise actuelle et les motivations des différents
acteurs en présence. Nous allons maintenant analyser les
différentes formes prises par la violence et démontrer le
caractère mouvant du conflit.
La RCA ne mobilise guère la communauté
internationale. Longtemps active, la France s'efforce de se désengager
totalement. Dépourvus d'un mécanisme efficace de
sécurité collective régionale, les pays africains
mènent des politiques diverses. L'ONU est aussi discrète que les
États-Unis ou même la Chine. Tout cela fait le bonheur des acteurs
non-étatiques illégaux.
2. L'ombre de la France
Ancienne
puissance coloniale, la France joua un rôle essentiel dans le destin
de la RCA indépendante, du moins jusqu'à la fin de la Guerre
froide. En effet, le pays présente peu d'intérêt
économique pour Paris. En revanche, sa situation centrale lui
conféra une extrême importance stratégique comme pivot de
la présence militaire et des interventions de la France en Afrique. Ce
fut, par exemple, une base arrière indispensable pour
contrer les
forces libyennes au Tchad durant les années 1980. Ajoutons le
rôle de plaque tournante du renseignement français en Afrique
subsaharienne (surveillance des
agissements
soviétiques ou libyens, en particulier) et les ressources en uranium
alors que la France développait son arsenal nucléaire militaire.
L'implantation militaire permanente au Tchad face à la Libye ainsi que
la fin des menées déstabilisatrices soviétiques
entraînèrent la fermeture (1998) des bases de Bouar et de Bangui,
réduisant à néant la rente stratégique
centrafricaine.
Les multiples ingérences passées avaient fait de
la RCA l'État-type de la Françafrique, cet ensemble de
relations personnelles et de dispositifs politiques, économiques et
militaires qui lièrent la France à ses anciennes colonies
africaines jusqu'à nos jours. Mis en place sous la présidence de
Gaulle par Jacques Foccart, il s'agit d'un véritable système,
destiné à préserver les intérêts de la France
dans son ancien domaine colonial. Mécanique complexe et à deux
faces, la Françafrique reposait, d'une part, sur une
coopération étroite et, autant que possible, exclusive dans les
domaines économique, financier, culturel, diplomatique et militaire.
Elle tire sa réputation sulfureuse du fait que, d'autre part, elle
conduisit plusieurs fois à soutenir des dictatures, organiser,
cautionner ou tolérer des coups d'États et des assassinats
politiques, voire détourner des fonds et financer illégalement
des partis politiques. Ainsi, en RCA, Paris commença par favoriser
l'accession au pouvoir de David Dacko au détriment du successeur
pressenti de Boganda, Abel Goumba. Le régime dictatorial mis en place ne
troubla guère Paris, puisque la politique mise en oeuvre était
élaborée par les conseillers qu'elle avait installés
à Bangui. Le rapprochement entamé par Dacko avec les Chinois
poussa la France à le remplacer par Bokassa (1966). Toujours
assisté par des conseillers français et financé par le
Trésor français, ce dernier exerça une dictature
populiste. L'alliance avec la Libye, ennemie de la France, décida du
sort de l'empereur centrafricain, renversé par l'opération
militaire Barracuda (1979) et remplacé, faute de mieux, par
Dacko, peu motivé et toujours aussi incompétent. Paris trouva son
homme en la personne du général Kolingba arrivé au pouvoir
(1981) grâce à un coup d'État «par consentement
mutuel« avec le président Dacko. Douze ans durant, sous le
contrôle étroit du colonel français Mantion, Kolingba
gouverna tant bien que mal le pays. La vague des démocratisations
post-Guerre froide poussa Paris à exiger des élections
pluralistes en RCA comme dans l'ensemble des pays africains qui demeuraient
sous son influence : ce fut la Paristroïka. La veille encore
aligné sur Kadhafi et affichant des positions très
antifrançaises, Ange-Félix Patassé, remporta la
consultation et se rallia à Paris, qui lui apporta aide
économique et soutien militaire. Sa politique autoritaire et
discriminatoire suscita de nombreux mécontentements et, en 1996, le pays
entra dans le cycle de violence d'où il n'est plus sorti. En 2003, avec
le discret soutien de la France, le général François
Bozizé, appuyé par le Tchad, renversa Patassé, mais cela
ne mit pas fin aux agissements de factions armées. Paris envoya ses
troupes à deux reprises à Birao pour sauver le
président : en décembre 2006 puis en mars 2007. Ce fut la
fin de l'ère des interventions, comme en témoignent le
«partenariat de défense« excluant ce type d'action
signé en avril 2010, ou la fin de non-recevoir opposée en
décembre 2012 par le président Hollande à la demande de
soutien militaire formulée par le président Bozizé aux
abois. Paris ne manifeste pas davantage d'empressement pour répondre aux
appels à l'aide pour la sécurisation du pays que lui lance le
gouvernement de transition depuis le 16 avril 2013.
3. Les grandes puissances
Peu présents en Afrique jusqu'à la fin de la
Guerre froide,
les
États-Unis demeurent pratiquement absents de RCA. Ils avaient
manifesté leurs réticences envers cette caricature de la
Françafrique en dénonçant les atteintes
répétées aux droits de l'Homme en 1977, l'année du
sacre de Bokassa Ier. Sollicités par le président Bozizé
qui tenta, pour l'occasion, de jouer la carte du danger islamiste, ils
gardèrent leurs distances. Dans le même temps, ils
soulignèrent la malgouvernance dont la population était victime.
Ils dénoncèrent le truquage des élections de 2011 et
critiquèrent la corruption et l'absence de réformes dont le
président Bozizé portait la responsabilité. Aussi
refusèrent-ils tout net de répondre à son appel à
l'aide le 27 décembre 2012. Toutefois, ils assurent - aux
côtés des Ougandais - une présence militaire au sud-est du
pays, dans la zone insécurisée par les hordes de Joseph Kony. En
juillet 2013, un rapport confidentiel fit état de l'influence du Soudan
sur la Séléka et, à travers Khartoum, de l'Iran. Si
l'implantation d'islamistes radicaux se concrétisait, la RCA sortirait
probablement de l'oubli.
Les relations avec
la Chine remontent à
l'ère maoïste. Elles alternent des périodes de rapprochement
et des phases d'éloignement. En 1965, le président Dacko se
tourna vers Pékin, suscitant le mécontentement de la France. Ce
fut l'une des origines de l'accession au pouvoir de Bokassa. La RCA prit ses
distances jusqu'au début des années 2000. À la recherche
d'un nouveau bailleur de fonds et d'une diversification de ses alliances, elle
renoua avec la Chine en 2003, après l'arrivée au pouvoir de
François Bozizé. Mais les intérêts de Pékin
dans le pays paraissent des plus limités, d'où son extrême
discrétion dans ce conflit.
Depuis la fin des années 1990, l'ONU est
associée aux tentatives de stabilisation de la RCA. En mars 1998, une
Mission des Nations-Unies en RCA (MINURCA), fut envoyée superviser les
élections (législatives en novembre-décembre 1998 ;
présidentielles en septembre 1999). Les casques bleus furent
retirés en février 2000, mais demeura un Bureau des Nations-Unies
pour la consolidation de la paix en RCA (BONUCA), transformé en Bureau
intégré des Nations-Unies pour la consolidation de la paix en RCA
(BINUCA) au mois d'avril 2009. Jusqu'à maintenant, de par le manque
d'empressement des principaux États, les résultats ne sont
guère probants. Pourtant, le rapport présenté par le
secrétaire général en août 2013 dressait un bilan
catastrophique de la situation et appelait la communauté internationale
à « s'en préoccuper d'urgence ». Signe
jugé «prometteur« par les plus optimistes, le Conseil de
sécurité adopta, le 14 août 2013 une déclaration
jugeant que
la
crise en RCA constituait une « grave menace » pour la
région et assurant ses membres prêts à envisager
« toutes les options possibles pour stabiliser le
pays ».40(*)
4. La CEEAC
Si le pire semble évité pour l'instant, c'est
peut-être parce qu'un savant équilibre géopolitique,
essentiellement
africain et mené par le président du Congo Brazzaville Denis
Sassou N'Guesso, laisse espérer un dialogue entre les deux parties.
Si la question était d'abord posée par les
médias, toujours dans la fièvre interventionniste si en vogue
actuellement, de la participation de la France au conflit, elle n'est
désormais plus du tout d'actualité : en effet, l'Afrique a
réussi à s'imposer comme la seule force légitime pour
mettre en oeuvre un règlement, aussi rapide que possible, de la guerre
civile.
De quelle Afrique parlons-nous ici ? Eh bien, de la
première intéressée : l'Afrique centrale dans sa
globalité, car les pourparlers qui ont commencé ce mercredi
à Libreville ont lieu sous l'égide de la Communauté
Économique des États d'Afrique Centrale (CEEAC). Cette
Communauté, créée en 1983 à Libreville au Gabon et
composée de 10 États membres (la République d'Angola, la
République du Burundi, la République du Cameroun, la
République Centrafricaine, la République du Congo, la
République Démocratique du Congo, la République
Gabonaise, la République de Guinée Equatoriale, la
République Démocratique de Sao Tome & Principe et la
République du Tchad), reconnue par l'Union africaine, ne se contente pas
d'assurer une coopération dans les domaines économiques et
sociales entre les États d'Afrique centrale, mais elle agit aussi comme
un gardien de la paix.
Ainsi la CEEAC présente-t-elle sur son site ce
rôle particulier qui semble à première vue éloigner
de sa vocation première en ces termes : "Du fait des troubles
sociopolitiques et des conflits armés dans la majorité de ses
États membres, la CEEAC s'est donné, outre ses missions
traditionnelles de coopération et d'intégration régionale,
celle de la promotion de la paix et de la stabilité en Afrique centrale,
ainsi que celle de l'appui au processus électoral dans les États
membres." Souvent l'on prend ce genre de déclarations pour des pures
pétitions de principe. Nous voyons aujourd'hui qu'il n'en est rien. En
effet, les troupes rebelles s'étant approchées de Bangui, la
capitale, la CEEAC a très rapidement décidé de mettre en
place d'importantes troupes d'interpositions au niveau de la ville de Damara,
à 75 km de Bangui, dissuasion sans laquelle nous n'en serions pas au
temps des négociations aujourd'hui.
L'Afrique du Sud, de façon plus contestée, a
également déployé
pas
moins de 400 soldats en vue de "sécuriser la capitale" : le
communiqué sud-africain poursuit ainsi : "Les quatre cents soldats
aideront à renforcer les capacités de l'armée
centrafricaine. Ils faciliteront la planification et la mise en oeuvre des
processus de désarmement, de démobilisation et de
réintégration des rebelles."
L'Afrique s'ébranle, non pas pour
s'entre-déchirer, mais pour préserver une paix fragile, à
partir d'intérêts économiques très concrets. Comment
l'Afrique a-t-elle, dans ce conflit, pris les choses en main.
SECTION 2. PRESENTATION DE
L'ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET DE L'UNION AFRICAINE
Il n'y a point de doute sur le fait que le conflit
centrafricain intéresse au plus au point la communauté
internationale au vu des contours politiques, économiques et
sociologiques qu'il renferme.41(*) En règle générale, les
atrocités ont atteint un paroxysme au point de justifier l'action tant
de l'ONU que de l'UA. Nous sommes d'avis qu'à elle seule, la
Centrafrique ne saurait résoudre les problèmes auxquels elle fait
face. Il s'agit, à notre avis, d'une crise qui englobe et va
au-delà de l'espace géographique de ce seul pays. Pour preuve,
elle a tenté maintes fois de s'autogérer, sans pour autant
atteindre un quelconque résultat escompté dans la mesure
où plusieurs aspects lui échappent. C'est notamment pour cette
raison que l'intervention des Organisations Internationales s'est
avérée plus que nécessaire et inéluctable. Lorsque
la paix et la sécurité internationales sont menacées, il
est du devoir de ces organisations d'intervenir, suivant les
prérogatives qui leur reviennent.
Dans le cadre de ce chapitre, il nous semble important de
rappeler quelques notions relatives à l'ONU (paragraphe 1) avant de
jeter un regard considérable sur les lignes maîtresses de l'UA
(paragraphe 2).
§1. L'Organisation des
Nations Unies
Il faut reconnaître que parler de l'ONU de nos jours
reste une tâche à la fois fascinante et difficile. Certes, une
telle approche paraît moins convaincante étant donné
l'existence de divers commentaires à propos de la plus universelle et la
plus vaste de toutes les Organisations Internationales.42(*) En ce qui nous concerne, nous
persistons et affirmons que c'est un exercice teinté de beaucoup
d'exigences intellectuelles. Pour y parvenir, il nous est d'un
intérêt manifeste de passer en revue quelques
considérations sur sa création (A) avant d'insister sur ses
objectifs et son organisation (B).
A. Approche historique de
la création de l'ONU, ses principes et ses missions
1. Approche
historique
Remarquons avec le professeur BALANDA MIKUIN LELIEL que la
création de l'ONU n'a pas été le fruit du hasard, car
cette organisation a connu plusieurs devancières, et s'est
érigée en s'appuyant sur les forces et les faiblesses de
celle-ci.43(*) La Sainte
Alliance, le Concert Européen, la Société Des Nations sont
les trois organisations desquelles l'ONU tire son origine.
L'élément le plus important de ce grand héritage
historique est ni plus ni moins la vocation que doit avoir cette Organisation
afin d'être d'une utilité incommensurable en matière de
maintien de la paix et de la sécurité internationales.
Précurseur de l'ONU, la Société des
Nations avait été fondée en 1919, suite au traité
de Versailles et dans le but de conserver la paix. On lui a reproché de
ne pas avoir pleinement joué ce rôle. Les premières bases
des Nations unies furent posées lors de l'élaboration de la
Déclaration des Nations unies, qui fut signée le 1 er janvier
1942 à Washington.
L'expression Nations Unies est due au président des
États-Unis, Franklin D. Roosevelt ; elle avait pour but de signifier que
des États avaient décidé de se réunir pour
prévenir les conflits armés de manière à ce que des
guerres telles que la Première et la Seconde Guerre mondiale ne se
reproduisent plus jamais, ayant à l'esprit que ces guerres se sont
produites deux fois en « l'espace d'une vie »44(*) comme le dit la Charte des
Nations unies.
Mais c'est avec la Conférence de Dumbarton Oaks, la
conférence de Washington et surtout celle de San Francisco en 1945
qu'ont été définis exactement le but et le fonctionnement
de l'ONU.
Le texte fondateur de l'ONU est la Charte des Nations unies.
Cette charte fut signée à la fin de la Conférence de San
Francisco par les représentants des 50 États fondateurs le 26
juin 1945. La Pologne, qui n'avait pas été
représentée à la Conférence de San Francisco, la
signa plus tard, mais elle fait néanmoins partie des 51 États
membres originels, parce que son gouvernement en exil avait
précédemment signé la Déclaration des Nations
unies. C'est le 24 octobre 1945, lors de la ratification par la majorité
des pays signataires, que l'ONU naquit officiellement.
Depuis, la Journée des Nations unies est
célébrée le 24 octobre de chaque année45(*). La paix entre les nations est
la mission fondatrice des Nations unies. Avant l'ONU, d'autres organisations
oeuvraient pour la paix dans le monde : l'Union interparlementaire,
créée en 1889 ; le Bureau international de la paix,
créé en 1891 ; la Cour d'arbitrage international de La Haye,
créée en 1899 ; l'Organisation internationale du travail,
créée en 1919 ; et la Société des Nations, active
entre 1919 et 1939 (de jure jusqu'en 1946).
De cette approche historique se dégage la
nécessité de nous interroger sur la nature de cette
institution.
En effet, L'Organisation des Nations unies (ONU) est
une Organisation Internationale regroupant, à quelques
exceptions près, tous les Etats de la planète. Distincte des
États qui la composent, l'organisation a pour finalité la Paix
Internationale. Ses objectifs sont de faciliter la coopération dans le
droit international, la sécurité internationale, le
développement économique, le progrès social, les droits de
l'homme et la réalisation à terme de la paix mondiale.46(*) L'ONU est fondée en
1945 après la seconde guerre mondiale pour remplacer
la Société des Nations, afin d'arrêter les guerres
entre pays et de fournir une plate-forme de dialogue.47(*) Elle contient plusieurs
organismes annexes pour mener à bien ses missions.
Comme nous l'avons indiqué précédemment,
L'ONU a été fondée le 26 juin 1945, à San
Francisco, lors de l'entrée en vigueur de la charte des Nations unies,
pour remplacer la Société des Nations (SDN), qui
n'avait pas pleinement joué son rôle et n'avait pu empêcher
la Seconde Guerre mondiale, ainsi que pour fournir une nouvelle
plate-forme de dialogue international.48(*)
Pour pallier les échecs de la Seconde Guerre
mondiale, Roosevelt prévoit une hiérarchie des États
où tous les membres signataires seraient représentés, mais
avec un Conseil de Sécurité de quinze membres dont cinq
permanents disposant d'un droit de véto. Ces cinq Pays sont
les Etats-Unis, l'URSS (qui sera remplacée par
la Russie), la Chine, la France, et le Royaume-Uni, tandis que
les dix autres pays du Conseil de Sécurité n'y sont que pour deux
ans.49(*)
Cinquante et un Etats signent la Charte des Nations
Unies. La condition effective pour avoir sa place à l'ONU est d'avoir
déclaré la guerre à l'Allemagne au moins trois mois avant
sa capitulation. Au fil des années, l'ONU s'érige en une
structure incontournable, et prend les allures de l'Organisation Internationale
la plus universelle qui puisse exister.
L'organisation dispose de plusieurs instances fonctionnant
autour de l'Assemblée générale ; le Conseil de
sécurité, le Conseil économique et social, la Cour
internationale de justice et des agences spécialisées.
D'autres organes sont chargés de diverses questions et forment ensemble
le système des Nations Unies. La figure publique la plus visible de
l'ONU est le Secrétaire général qui est
depuis 2007 le Sud-coréen Ban Ki-moon. L'ONU est
financée par des contributions volontaires et par les États
membres, et a six langues officielles : l'anglais, l'arabe,
l'espagnol, le français, le mandarin et le russe.
En 2012, l'ONU compte 193 Etats membres, soit
presque tous ceux qui sont officiellement reconnus. De son siège
qui se situe sur un territoire international dans la ville de New
York aux Etats-Unis, l'ONU et ses agences spécialisées
réparties dans d'autres États, prennent toute l'année
diverses résolutions
https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9solution_(politique)
sur des sujets qui sont de leur domaine de compétence.50(*)
2. Buts et
principes
Là où la Société des Nations
n'était qu'un espace de dialogue, où les diplomates pouvaient se
rencontrer pour établir des consensus, l'ONU peut, avec le
Conseil
de Sécurité, prendre des décisions concrètes.
Celles-ci peuvent déboucher, par exemple, sur l'autorisation d'employer
une force armée les «
casques
bleus » pour maintenir ou rétablir la paix.51(*)
En vertu de sa charte précisée dans l'article 1,
l'ONU s'efforce d'être un lieu où se construit un avenir meilleur
pour tous les
êtres
humains, et cela à travers quatre objectifs :
· maintenir la
paix et la
sécurité dans le monde ;
· développer les relations amicales entre les
nations ;
· réaliser la
coopération
internationale sur tous les sujets où elle peut être
utile et en encourageant le respect des
droits de
l'Homme ;
· être un centre où s'harmonisent les
efforts des nations dans des objectifs communs.52(*)
L'ONU n'est pas un gouvernement mondial et ne
légifère donc pas. Cependant, ses résolutions donnent une
légitimité aux interventions des États et sont de plus en
plus appliquées dans le droit national et international. Toutes ces
actions se pérennisent au travers de la signature de
traités ou
conventions
internationales entre les nations. Les principaux travaux et
débats sont interprétés ou traduits par écrit dans
les six
langues
officielles de l'ONU :
anglais,
arabe,
chinois,
espagnol,
français,
russe, mais seuls l'anglais
et le français sont les
langues de
travail du siège
new-yorkais.53(*)
B. Organes des Nations
Unies et leur rôle de maintien de la paix
1. Les organes
a. Le Conseil de Sécurité54(*)
· Nature
Le Conseil de sécurité des Nations unies est
l'organe exécutif de l'
Organisation
des Nations unies (ONU).55(*) Il est défini comme ayant « la
responsabilité principale du maintien de la paix et de la
sécurité internationale » selon la
Charte des
Nations unies et dispose pour cela de pouvoirs spécifiques tels que
le
maintien de la
paix, l'établissement de
sanctions
internationales et l'
intervention
militaire.56(*)
Certaines décisions, appelées
résolutions,
du Conseil de sécurité ont force exécutoire et
« les Membres de l'Organisation conviennent d'accepter et d'appliquer
les décisions du Conseil de sécurité ».57(*)
La première session du Conseil de
sécurité s'est tenue le
17
janvier
1946, dans le bâtiment
Church House,
à
Londres. Depuis, les
séances du Conseil de sécurité ont lieu au
siège de
l'ONU, à
New York. Il fut,
dès l'origine, composé de cinq membres permanents, les
États-Unis,
l'
Union
soviétique, le
Royaume-Uni, la
France et la
République
de Chine, à la fois, parce que ce sont les principaux vainqueurs de
la
Seconde Guerre
mondiale, et parce que représentant à ce moment-là la
majorité de la population mondiale (en comptant les empires coloniaux),
chacun à peu près à égalité.58(*) Le jargon onusien utilise les
acronymes p. 5 et p. 3 pour parler respectivement des 5 membres
permanents du Conseil de sécurité (Permanent Five) et
des 3 membres permanents occidentaux (
États-Unis,
France et
Royaume-Uni).59(*) Lors de l'adoption de la
charte, étaient aussi prévus six membres non permanents, nombre
porté à dix par un amendement adopté le 17 décembre
1963. La résolution de cet amendement fixa aussi, dans son article 3, le
nombre de représentants par zone géographique.
La composition permanente du Conseil de sécurité
n'a subi qu'une seule modification, au cours de l'année
1971, lorsque l'
Assemblée
générale a voté pour évincer les
représentants de la
République
de Chine (aujourd'hui Taïwan) au profit de ceux de la
République
populaire de Chine.60(*) À cette date, par la
résolution
2758 de l'
Assemblée
générale des Nations unies, le gouvernement de la
République
populaire de Chine prit la place de Taïwan au Conseil de
sécurité ainsi que dans toutes les autres instances
onusiennes.61(*) Ce choix
a été fait en raison de la victoire des
maoïstes durant la
guerre civile chinoise, après laquelle l'ancien gouvernement qui
siégeait toujours au conseil de sécurité se replia sur
l'île. N'étant alors plus représentatif de la nation
élue au lendemain de la
Seconde Guerre
mondiale, il dut abandonner son siège.62(*) De telles circonstances ne
sont possibles qu'avec l'accord de tous les membres du Conseil de
sécurité à l'exception du membre visé, comme l'y
autorise l'amendement de l'article 23 de la
Charte des
Nations unies. Après la dissolution de l'
URSS,
le président
Boris Eltsine
informera par lettre le secrétaire général de l'ONU, le 24
décembre
1991, que la
Fédération de
Russie succède à l'Union soviétique au Conseil de
sécurité, décision entérinée par le Conseil
en janvier
1992.
· Membres
1° Membres permanents
L'ONU compte cinq membres permanents : les USA, la
France, la Chine, la Russie et la Grande Bretagne.63(*)
La vague de
décolonisations,
de la fin des
années 1940
au milieu des
années
1960, la progression démographique de l'Asie, de l'Afrique et de
l'Amérique latine, la stagnation parallèle de l'
Union
soviétique (et de la
CEI)
et son éclatement, la stagnation de la
France et du
Royaume-Uni, font
qu'aujourd'hui, même avec les 1,3 milliard de
Chinois,
ces membres permanents ne représentent en 2006 que 30 % de la
population mondiale, dont 20 % pour la seule
Chine,
contre plus de 50 % en 1945, dont moins de 15 % pour la
Chine.64(*) Cette
situation explique pourquoi une large partie des États membres, depuis
les
années 1970
surtout, conteste, sinon l'existence même des membres permanents, du
moins le choix de ceux actuels ou le nombre de membres permanents, voire de non
permanents. C'est ainsi que des pays comme l'
Afrique du Sud, l'
Algérie, l'
Allemagne, le
Brésil, l'
Égypte, l'
Inde, l'
Indonésie, le
Japon, le
Nigeria ou l'
Italie souhaitent devenir
membres permanents.65(*)
Une autre source de problème est la clause sur le
« vote affirmatif [...] de tous les membres
permanents »,66(*) qui empêche régulièrement
l'adoption de résolutions répondant pourtant aux critères
exposés dans les chapitres VI et VII, parce qu'un ou plusieurs membres
permanents désirent, pour des raisons diverses, que les questions
posées ne soient pas réglées au niveau du Conseil de
sécurité, notamment quand ces résolutions proposent des
mécanismes coercitifs (
embargos,
blocus) ou des interventions
directes de forces sous mandat de l'ONU.67(*)
On a encore vu cela en 2006 avec l'
attaque
d'Israël sur le Liban, le non-respect de ses engagements en
matière
nucléaire
de l'Iran, et l'essai d'une
bombe
nucléaire par la Corée du Nord : dans chacun de ces cas
l'un des membres permanents a bloqué l'adoption d'une résolution
coercitive, y compris (cas de l'
Iran) quand une
précédente résolution avait posé une date butoir
après laquelle ce type de mesures devait être pris.68(*)
2° Membres non permanents
La question de la représentativité des membres
non permanents et de leur nombre est récurrente depuis les
années
1960. L'amendement à la Charte de décembre 1963 visait
précisément à corriger cela en faisant passer leur nombre
de six à dix et en fixant des quotas par zones. Mais depuis, la bascule
démographique et les changements géopolitiques font que certaines
régions sont sous-représentées.69(*) Le groupe
« Asie-Afrique », par exemple, représente 65 %
de la population, hors membres permanents, pour 50 % des sièges,
alors que l'Amérique latine représente 10 % de la population
et 20 % des membres. Plusieurs propositions ont été faites
ces trois dernières décennies, dont certaines sont
exposées ci-après.70(*)
Autre problème récurrent, la concurrence pour
les sièges non permanents qui entraîne quelquefois de
sévères blocages. On a le cas notable, en
1979, des 155 tours de scrutin
qui ne parvinrent pas à départager
Cuba, soutenue par le
Bloc de l'Est et la
Colombie soutenue par l'
Occident.71(*) C'est finalement le
Mexique, plus
« neutre », qui fut élu. En 2006, on a
retrouvé un problème similaire, cette fois entre un candidat
réputé «
mondialiste »
(le
Guatemala) contre un
candidat réputé «
altermondialiste »
(le
Venezuela). Après
47 tours de scrutin, au 2 novembre 2006, ni le
Guatemala ni le
Venezuela n'avaient
réussi à obtenir les 128 voix nécessaires (deux tiers des
votants à l'Assemblée Générale qui compte 192
États membres). C'est finalement au profit du
Panama, candidat de
consensus, que les deux pays se retireront. Le 7 novembre 2006, le Panama est
élu membre non permanent au Conseil de Sécurité pour deux
ans, représentant le Groupe des pays d'Amérique latine et des
Caraïbes. Il a recueilli 164 voix au 48e tour de scrutin.
· Compétence
Faisant objet des chapitre V, VI, VII et VIII de la Charte de
l'ONU et agissant conformément aux buts et principes des Nations Unies,
le Conseil de Sécurité est l'organe responsable principal du
maintien de la paix et de la sécurité internationales.72(*)
En son article 24, la Charte précise « qu'en
s'acquittant des devoirs que lui impose cette responsabilité, le Conseil
de Sécurité agit en leur Nom » c'est-à-dire
au nom des Etats membres de l'ONU de telle façon que si le Conseil de
Sécurité s'est saisi d'une question, les Etats membres devraient
s'abstenir de toute action contraire ou concurrente.73(*) Dans ses actions, le Conseil
de Sécurité doit d'une part se fonder sur un consensus, et
d'autre part se plier au droit de veto ; et pour bien accomplir ses
tâches, il prend toutes les mesures qu'il juge efficaces pour maintenir
la paix et la sécurité internationales.
Définies aux chapitres VI, VII, VIII de la Charte des
Nations Unies, ces mesures peuvent aller de la conciliation, la
médiation, l'arbitrage et autres moyens de règlement pacifique
des différends jusqu'aux actions coercitives en cas de menace contre la
paix, de rupture de la paix et d'agression (embargo diplomatique,
économique, aérien, maritime, postal, recours à la
force,...)74(*).
A l'instar de son rôle primordial dans le maintien de la
paix et de la sécurité internationales, le Conseil de
Sécurité joue également un rôle qui n'est pas
moindre en ce qui concerne l'admission des nouveaux membres ainsi que dans la
désignation du Secrétaire général de l'ONU. Les
articles 4 et 97 de la Charte disposent respectivement que :
« L'admission comme membre des Nations Unies de tout
Etat remplissant ces conditions se fait par décision de
l'Assemblé générale sur recommandation du Conseil de
Sécurité ». De même, « le
Secrétariat comprend un Secrétaire général et le
personnel que peut exiger l'Organisation. Le secrétaire
général est nommé par l'Assemblée
générale sur recommandation du Conseil de Sécurité.
Il est le plus haut fonctionnaire de l'organisation. »
La compétence du Conseil de Sécurité est
très largement définie, puisqu'elle s'étend à
toutes les questions ou affaires rentrant dans le cadre de la Charte. Par
là, nous comprenons que le Conseil de Sécurité intervient
et joue un rôle de premier plan dans l'architecture des Nations Unies. Le
fonctionnement et la structure prouvent davantage que le Conseil de
Sécurité est l'organe important de l'ONU.
b. Assemblée
générale75(*)
· Nature
L'Assemblée générale des Nations unies
est l'un des six organes principaux de l'
ONU.
Elle a un rôle consultatif pour les questions touchant au maintien de la
paix et à la sécurité internationale.76(*)
Le rôle de l'Assemblée est principalement
consultatif, contrairement au
conseil
de sécurité qui a des pouvoirs principalement
exécutifs.
Un État (membre ou non de l'ONU) peut saisir
l'Assemblée générale sur les questions touchant au
maintien de la paix ou à la sécurité internationale. Ses
conclusions n'ont qu'une valeur de recommandation, finalement c'est le Conseil
de sécurité qui décidera.77(*)
Elle a également pour rôle de nommer le
Secrétaire
général de l'ONU (sur recommandation du Conseil de
sécurité), les membres non-permanents du Conseil de
sécurité, ceux du
Conseil
économique et social, du
Conseil
de tutelle (qui ne se réunit plus depuis l'indépendance du
dernier pays sous tutelle) en 1994) et également ceux de la
Cour
internationale de justice et du
Conseil
des droits de l'homme.78(*)
Elle a un pouvoir de décision sur le
budget de l'ONU, la
répartition des contributions entre les États membres et
l'entrée des nouveaux membres au sein de l'Organisation.
· Fonctions et pouvoirs de l'Assemblée
générale
L'Assemblée est habilitée à faire des
recommandations aux États sur les questions internationales qui
relèvent de sa compétence. Elle est également à
l'origine d'initiatives (politiques, économiques, humanitaires, sociales
et juridiques) qui touchent des millions de personnes dans le monde
entier.79(*)
La
Déclaration
du Millénaire, adoptée en 2000 et le
Document
final du Sommet de 2005 sont des textes historiques qui témoignent
de la volonté des États Membres d'atteindre des objectifs
précis afin de réaliser la paix, la sécurité et le
désarmement, de promouvoir le développement et d'éliminer
la pauvreté, de faire respecter les droits de l'homme et de faire
régner l'état de droit, de protéger notre environnement
commun, de répondre aux besoins particuliers de l'Afrique et de
renforcer l'Organisation des Nations Unies. Aux soixante neuvième
sessions, des négociations intergouvernementales, tenues lors de
séances plénières informelles de l'Assemblée
générale, ont été lancées en vue de
dégager un consensus entre les pays au sujet du programme de
développement pour l'après-2015 et de son adoption.
Selon la Charte des Nations Unies, l'Assemblée
générale :
· Examine et approuve le budget de l'Organisation et fixe
le montant des quotes-parts des États Membres;
· Élit les membres non permanents du Conseil de
sécurité et les membres des autres conseils et organes de
l'Organisation, et nomme le Secrétaire général sur
recommandation du Conseil de sécurité;
· Étudie les principes généraux de
coopération pour le maintien de la paix et de la sécurité
internationales, y compris les principes régissant le
désarmement, et fait des recommandations sur ces principes;
· Discute toutes questions relatives au maintien de la
paix et de la sécurité internationales et formule des
recommandations sur ces questions, à l'exception des différends
ou situations dont le Conseil de sécurité est en train de
débattre;
· Discute toutes questions entrant dans le cadre de la
Charte ou se rapportant aux pouvoirs ou fonctions de l'un des organes de
l'Organisation des Nations Unies et, sous réserve des mêmes
exceptions, formule des recommandations sur ces questions;
· Entreprend des études et fait des
recommandations en vue de développer la coopération
internationale dans le domaine politique, d'encourager le développement
progressif du droit international et sa codification, de promouvoir le respect
des droits de l'homme et des libertés fondamentales et de favoriser la
coopération internationale dans les domaines économique, social,
humanitaire, culturel, éducatif et sanitaire;
· Formule des recommandations en vue de régler
pacifiquement toute situation de nature à compromettre les relations
amicales entre nations;
· Examine les rapports du Conseil de
sécurité et des autres organes de l'Organisation. 80(*)
L'Assemblée peut également prendre des mesures
en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix ou d'acte d'agression,
lorsque le Conseil de sécurité n'a pas pu agir en raison de
l'opposition d'un membre permanent. Dans de tels cas, aux termes de la
résolution
377 (V) adoptée en novembre 1950 et intitulée « L'union pour
le maintien de la paix », l'Assemblée peut examiner
immédiatement la question afin de faire aux États Membres les
recommandations appropriées sur les mesures collectives à prendre
pour maintenir ou rétablir la paix et la sécurité
internationales (voir
Sessions
extraordinaires et
sessions
extraordinaires d'urgence).81(*)
c. Le secrétariat
général82(*)
Le secrétaire général des Nations unies
est le plus haut fonctionnaire de l'
ONU.
Il est membre du
Secrétariat
des Nations unies. En règle générale, il parle
couramment
anglais et
français, les
deux langues officielles de travail de l'ONU.83(*)
· Nomination
Le secrétaire général est nommé
par l'
Assemblée
générale sur recommandation du
Conseil
de sécurité. Les membres permanents peuvent utiliser leur
droit de veto pour empêcher la nomination d'un candidat. La durée
de son mandat est de 5 ans renouvelable (un nombre limite de renouvellement n'a
cependant pas été fixé). Jusqu'à présent,
à l'exception de
Boutros
Boutros-Ghali qui n'a effectué qu'un seul mandat, tous les
secrétaires généraux ont vu leur mandat renouvelé
une fois.84(*)
· Rôle
Le secrétaire général doit être le
plus indépendant possible, c'est pourquoi la pratique veut que la
nationalité des différents secrétaires
généraux ne soit jamais celle d'un
État membre
permanent au Conseil de sécurité.85(*)
La
Charte des
Nations unies dans son
chapitre
XV le charge de remplir toutes les fonctions dont il peut être
chargé par le Conseil de sécurité, l'Assemblée
générale, le
Conseil
économique et social ou tout autre
organe
de l'ONU.
En tant que plus haut fonctionnaire de l'ONU, il peut utiliser
son indépendance pour empêcher l'apparition, l'aggravation ou
l'extension de tout conflit pouvant mettre en péril le maintien de la
paix ou du respect du droit international, notamment en attirant l'attention du
Conseil de sécurité.86(*)
A la fois diplomate et personnalité engagée,
fonctionnaire et chef de l'Administration, le Secrétaire
général est l'incarnation des idéaux des Nations Unies et
le porte-parole des peuples du monde, en particulier ceux qui sont pauvres et
vulnérables.
La Charte définit le Secrétaire
général comme « le plus haut fonctionnaire de l'Organisation
», chargé en cette qualité de remplir « toutes autres
fonctions dont il est chargé » par le Conseil de
sécurité, l'Assemblée générale, le Conseil
économique et social et les autres organes de l'ONU.87(*) La Charte autorise
également le Secrétaire général à «
attirer l'attention du Conseil de sécurité sur toute affaire qui,
à son avis, pourrait mettre en danger le maintien de la paix et de la
sécurité internationales ». Ces indications
générales définissent les pouvoirs de la fonction tout en
laissant au Secrétaire général une marge d'action
considérable. Le Secrétaire général faillirait
à sa tâche s'il ne tenait pas scrupuleusement compte des
préoccupations des pays Membres, mais il doit aussi défendre les
valeurs et l'autorité morale des Nations Unies et parler et agir pour la
paix, même au risque de contrarier ou de contredire de temps à
autre ces mêmes États Membres.88(*)
Cette tension créatrice accompagne le Secrétaire
général dans son travail quotidien, lequel consiste à
assister aux sessions des organes de l'ONU, à avoir des consultations
avec les dirigeants mondiaux, des hauts représentants des États
et d'autres personnalités, et à voyager à travers le monde
pour rester en contact avec les populations des États Membres et en
prise directe sur les innombrables aspects des problèmes internationaux
dont s'occupe l'ONU.89(*)
Chaque année, le Secrétaire général présente
un rapport sur l'activité de l'Organisation, dans lequel il
évalue le travail accompli et esquisse les priorités futures. Le
Secrétaire général est également le
président du
Conseil des chefs de secrétariat des
organismes des Nations Unies pour la coordination EN, qui
réunit les chefs de secrétariat de tous les fonds, programmes et
institutions spécialisées deux fois par an afin de renforcer la
coordination et la coopération sur les questions de fond et de gestion
auxquelles est confronté le système des Nations Unies.90(*)
L'un des rôles essentiels du Secrétaire
général est d'user de ses « bons offices »,
c'est-à-dire de se prévaloir de son indépendance, de son
impartialité et de son intégrité pour faire, publiquement
et en privé, des démarches propres à empêcher
l'apparition, l'aggravation ou l'extension des conflits internationaux.
Chaque Secrétaire général définit
aussi sa mission en fonction du contexte dans lequel se situe la période
de son mandat.
d. La Cour internationale de justice91(*)
· Nature
La Cour internationale de justice (CIJ), siégeant
à
La Haye (
Pays-Bas) dans le
Palais de la
Paix, est établie par l'article 92 de la
Charte des
Nations unies : « La Cour internationale de Justice
constitue l'organe judiciaire principal des
Nations
unies. Elle fonctionne conformément à un Statut établi
sur la base du Statut de la Cour permanente de Justice internationale et
annexé à la présente Charte dont il fait partie
intégrante. »92(*) Elle a pour principales fonctions de régler
des conflits juridiques soumis par les États, et de donner un avis sur
des questions juridiques présentées par des organes et agences
internationaux agréés par l'
Assemblée
générale des Nations unies.93(*)
Elle a été créée en 1945,
après la Seconde Guerre mondiale, en remplacement de la
Cour
permanente de justice internationale (CPJI), instaurée par la
Société
des Nations (SDN).94(*) Le français et l'anglais sont les deux seules
langues officielles de la Cour internationale de Justice.
· Organisation
Le statut de la CIJ est calqué sur celui de la
Cour
permanente de justice internationale (CPJI). Il lui donne les instruments
nécessaires pour appliquer le
droit
international, même si l'activité juridictionnelle de la CIJ
reste tributaire du consentement des États. La CIJ est l'un des six
organes principaux de l'
ONU.95(*) Elle est son seul organe
judiciaire, ce qui la rend souveraine dans son ordre juridique. Elle a
compétence
universelle, puisque tous les membres des Nations unies sont de ce fait
partie à son statut. Les États n'appartenant pas à l'ONU
peuvent devenir parties au Statut sous certaines conditions.96(*) C'est un organe permanent
composé de 15
juges
élus pour 9 ans par un double scrutin de l'Assemblée
générale et du Conseil de sécurité. Pour être
élu, un candidat doit obtenir la majorité absolue dans ces deux
organes. Les juges sont renouvelés par tiers, pour assurer une
continuité de jurisprudence.
La CIJ jouit de garanties d'indépendance,
d'impartialité et de compétence :
· Principe d'indépendance :
répartition géographique équitable des juges
(Afrique : 3, Amérique latine : 2, Europe occidentale et
Amérique du Nord : 5, Europe orientale : 2, Asie :
3 ; la Cour ne peut comprendre plus d'un ressortissant du même
État). Une partie peut choisir un juge ad hoc quand l'autre
partie compte un juge de sa nationalité au sein de la Cour ;
· Principe de collégialité : en
règle générale, la Cour exerce ses fonctions en
séance plénière, mais depuis la réforme de
1975, il est possible de
former des chambres d'au moins 3 membres. Les arrêts sont adoptés
à la majorité des juges présents. Ils sont motivés,
signés, avec possibilité d'
opinion
dissidente (désaccord sur le dispositif, c'est-à-dire
l'exposé par laquelle la Cour tranche le différend) ou
individuelle (désaccord sur la motivation de l'arrêt) ;
· Protection des magistrats : un membre de la Cour
ne peut être relevé de sa fonction qu'au jugement unanime des
autres membres.
· Impartialité : les membres de la Cour ne
peuvent exercer aucune activité professionnelle annexe, et ne peuvent
participer au règlement d'aucune affaire où ils sont
antérieurement intervenus, à quelque titre que ce soit.97(*)
Le statut de la CIJ est assez souple. Par exemple, les juges
peuvent, après accord des parties, jugé
ex aequo et
bono.
· Compétences
1°. Compétence contentieuse
Seuls les États ont qualité pour agir dans le
cadre de la compétence contentieuse.98(*) Ni en
1921 ni en
1945, les États n'ont
voulu limiter leur souveraineté en créant une juridiction
obligatoire de règlement des conflits. La CIJ n'est compétente
que lorsque les parties se soumettent à sa juridiction.99(*) Il existe trois moyens d'y
parvenir :
· Les deux parties concluent un compromis, convenant de
soumettre leur différend à la Cour. Ce mode de saisine se
rapproche assez du compromis d'arbitrage ;
· Certains traités ou conventions comportent des
clauses
compromissoires énonçant que les litiges concernant
l'interprétation ou l'application du traité devront être
soumis à la CIJ. Exemple : le traité liant les
États-Unis
et le
Nicaragua, ce qui a
donné la célèbre décision Nicaragua c.
États-Unis de
1986 (Activités
militaires et paramilitaires au Nicaragua et contre celui-ci) ;
· un État peut souscrire à une
déclaration facultative de juridiction obligatoire (article 36-2 du
Statut de la CIJ). Cette déclaration peut se faire purement et
simplement, sous condition de réciprocité, ou pour un
délai de réciprocité. Des réserves (excluant
certains domaines de litiges) sont également possibles. Fin 1999, seuls
58 États sur 185 ont souscrit à une telle déclaration.
· La CIJ a la compétence de sa
compétence : si un État soulève une exception
préliminaire à l'examen du litige par la Cour, il appartient
à celle-ci de juger si elle est compétente ou non. C'est ce
qu'elle a fait dans une série d'arrêts de décembre
2004 opposant la
Serbie-Monténégro
aux puissances qui l'avaient bombardée en 1999 : confirmant un
premier arrêt rendu à cette date par lequel la
République
fédérale de Yougoslavie demandait que des mesures
conservatoires soient prises pour interrompre les bombardements contre son
territoire, la Cour a estimé qu'elle n'était pas
compétente pour se prononcer sur la question de la licéité
de l'usage de la force contre la Serbie-Monténégro au motif
principal que ce pays n'était pas membre de l'ONU à la date
où il a formé le recours.
· Une fois rendue, la décision est obligatoire
pour les parties (art. 59 du Statut, art. 94 de la Charte). En cas de
non-exécution par l'une des parties, le Conseil de
sécurité peut être saisi par l'autre partie.100(*)
2°. Compétence consultative
La compétence contentieuse de la CIJ est limitée
aux États. Mais dans le cadre de la compétence consultative de
celle-ci, l'Assemblée et le Conseil de sécurité peuvent
lui adresser des questions. Cette compétence s'étend aux autres
organes et institutions de l'ONU (
UNESCO,
OIT,
etc.), après accord de l'Assemblée.101(*) Les États, eux, sont
exclus de la compétence consultative. Comme leur nom l'indique, les avis
ne possèdent pas de portée obligatoire.102(*) Ce caractère non
contraignant ne signifie pas que les avis consultatifs sont sans effet
juridique, parce que le raisonnement juridique qu'ils consacrent reflète
les opinions autorisées de la Cour sur des questions importantes de
droit international.103(*) De plus, la Cour suit essentiellement les
mêmes règles et procédures qui régissent ses
jugements contraignants rendus dans des affaires contentieuses. Un avis
consultatif tire son statut et son pouvoir du fait que c'est la
déclaration officielle de l'organe judiciaire principal des Nations
unies. Dans le cadre de cette procédure, la Cour peut décider
souverainement qu'il n'est pas opportun qu'elle se prononce.
Saisie par le Secrétaire Général des
Nations unies,
Javier
Pérez de Cuéllar, la Cour s'est prononcée le
15
décembre
1989, sur le litige qui
opposait l'Organisation des Nations unies au Gouvernement roumain concernant le
Rapporteur Spécial
ONU
sur les Droits de l'homme,
Dumitru
Mazilu.104(*) Les
autorités roumaines ont alors contesté la juridiction de la Cour
dans ce cas, affirmant que M.
Mazilu était citoyen
roumain et que l'État roumain avait toute la latitude de ne pas
permettre à Monsieur Mazilu d'aller présenter son Rapport devant
l'instance ONU.105(*) La
Cour a rendu sa décision à l'unanimité en faveur de M.
Mazilu qui devait jouir des privilèges et immunités
conférés par l'article 22 de la Convention. Dans une autre
affaire, la Cour a rendu, le 9 juillet 2004, à la demande de
l'Assemblée générale, un avis consultatif retentissant sur
les « conséquences juridiques de l'édification d'un mur
dans le Territoire palestinien occupé106(*)».
e. Le Conseil économique et
social107(*)
· Nature
Agissant sous l'autorité de l'Assemblée
générale, le
Conseil économique et
social coordonne les activités économiques et sociales du
système des Nations Unies. Instance suprême pour l'examen des
questions économiques et sociales internationales et la formulation de
grandes orientations, il est le principal artisan de la coopération
internationale pour le développement. Il tient par ailleurs des
consultations avec les organisations non gouvernementales (ONG), maintenant
ainsi un lien indispensable entre l'ONU et la société
civile.108(*)
Le Conseil se compose de 54 membres, élus pour trois
ans par l'Assemblée générale. Il se réunit pendant
toute l'année et tient une session de fond annuelle, en juillet,
alternativement à New York et à Genève. Cette session
comporte une réunion au niveau ministériel, au cours de laquelle
sont examinées les grandes questions économiques, sociales et
humanitaires.
Les organes subsidiaires du Conseil se réunissent
régulièrement et lui rendent compte de leurs travaux. Ils
s'occupent de questions telles que le développement social, la condition
de la femme, la prévention de la délinquance et le
développement durable. Cinq commissions régionales ont pour
mission de favoriser le développement et la coopération dans
leurs régions respectives.
Le Conseil économique et social des Nations unies
(souvent désigné par son sigle anglais ECOSOC, soit Economic
and Social Council) est un des six organes principaux de l'
ONU,
créé d'après le chapitre X de la
Charte des
Nations unies. Il est placé sous l'égide de l'
Assemblée
générale des Nations unies et a un rôle consultatif
concernant les questions de coopération économique et sociale
internationale.
· Rôle
Son rôle est d'examiner des questions dans les domaines
économiques, social, culturel, éducatif, de santé
publique, de
développement
durable, et tout autre domaine apparenté à ces derniers. Il
entretient également de liens étroits avec les
ONG
dans les domaines de sa compétence.
Il peut déléguer les questions pouvant
être traitées par un
organe
spécialisé de l'ONU. À titre d'exemple, les questions
traitant des campagnes de vaccination sont déléguées
à l'
OMS.
2. L'ONU et le maintien de
la paix
a. Les opérations de maintien de la
paix
En effet, en 1956, le Conseil de Sécurité n'a
pas pu condamner l'intervention Franco-britannique en Egypte en raison de
l'utilisation par ces Etats de leur Veto. Saisie par la procédure
Acheson, l'Assemblée générale condamna cette intervention
puis vota sur la base d'un projet canadien 998-ES-I du 4 Novembre 1956 qui
créait une force internationale d'urgence des Nations Unies
chargée d'assurer et de surveiller la cessation des
hostilités.109(*)
La première opération de maintien de la paix de la FUNU I (Force
d'Urgence des Nations Unies) a été mise en place le 15 novembre
1956 jusqu'à la demande de son retrait par le gouvernement
égyptien le 19 mai 1967. Ce type d'opération,
qualifiée de première génération n'est pas
prévu par les chapitres VI ou VII de la Charte. En 1956, Dag
Hammarskjöld (Secrétaire général de l'ONU) avait
évoqué l'existence de facto d'un chapitre VI bis ou VI et
demi.110(*)
L'opération de maintien de la paix assure une
présence des Nations Unies entre des belligérants dans des lieux
troublés par des combats. Cette présence se matérialise
par le déploiement de « casques bleus »,
c'est-à-dire de militaires, de forces de police, d'observateurs ou de
civiles des Nations Unies. Elle n'est pas une action coercitive car elle est
réalisée avec le consentement et l'accord des Etats
intéressés. La composition de ces forces est variable suivant le
type de mission qui leur est assigné. Si c'est une mission
d'observateurs, comme ce fut le cas pour le GONUL (Groupe d'Observation des
Nations Unies au Liban, de juin à décembre 1958). Si la mission a
pour but de s'interposer entre les belligérants pour éviter la
reprise des hostilités, elle se composera alors d'une force armée
plus conséquente, comme l'ONUC (Opération des Nations Unies au
Congo en 1960) ou la FUNU II (Force d'Urgence des Nations Unies, chargée
de s'interposer dans le Sinaï en 1973).
Les forces de Nations Unies furent créées par le
Conseil de Sécurité, qui s'en est emparé de la gestion,
même si la constitution de ces forces n'est pas expressément
prévue par la Charte des Nations Unies.
Comme statut juridique, les forces des Nations Unies sont
composées de contingents de divers pays Membres de l'ONU, lesquels
passent un accord avec l'Organisation qui autorise la création de la
mission (Assemblée générale ou Conseil de
Sécurité). Ces forces sont placées sous le commandement en
chef des Nations Unies. Le Secrétaire de l'ONU est le maitre d'oeuvre en
la matière, car il désigne le commandant de l'opération,
négocie les accords avec l'Etat d'accueil et précise le cadre de
l'opération. La mission est définie à la fois par l'organe
qui crée la force et par les pays territorialement concernés.
Elle consiste à observer et s'interposer entre les belligérants.
C'est uniquement lors de l'affaire du Congo en 1961 que le Conseil de
Sécurité, dans le cadre d'une opération de maintien de la
paix, a été autorisé à « recourir
à la force, si besoin est, en dernier ressort » pour
empêcher la guerre civile (résolutions 161 et 169 des 21
février et 24 novembre 1961).
Les décisions du Conseil de
Sécurité doivent respecter quelques procédures dans son
fonctionnement.
b. Procédures
Il faut à propos noter que toute décision doit
être promulguée par un texte voté selon un Quorum
précis. On nomme ces textes votés des résolutions. Chaque
membre dispose d'une voix.
Il ya deux types de résolution, celles portant sur des
questions de procédure et les autres. Chaque type de résolution a
quorum particulier.
L'article 27, alinéa 2 de la Charte des Nations Unies
précise que les décisions sur des questions de procédure
sont prises par un vote affirmatif de neuf membres. Et l'article 27,
alinéa 3 précise que les décisions du Conseil de
Sécurité sur toutes autres questions sont prises par un vote
affirmatif de neuf de ses membres dans lequel sont comprises les voix de tous
les membres permanents, étant entendu qu'une partie à un
différend s'abstient de voter.
Les résolutions du Conseil de Sécurité
sont des décisions à portée obligatoire. L'article 25 de
la Charte des Nations Unies stipule que « les Membres de
l'Organisation conviennent d'accepter et d'appliquer des décisions du
Conseil de Sécurité conformément à la
présente Charte ».
Cependant, un débat concerne l'étendue de la
soumission du Conseil de Sécurité à l'état de droit
(ou rule of Law) et la possibilité d'examiner la légalité
de ses décisions. Actuellement, les décisions du Conseil sont
limitées à travers trois moyens principaux : l'usage du
droit de veto par l'un des membres permanents du Conseil, le vote d'une motion
de censure par l'Assemblée générale (article 10 de la
Charte) et enfin l'établissement d'une question préjudiciable
à la Cour Internationale de Justice par l'Assemblée
générale. Enfin, la crédibilité même du
Conseil à l'égard des Etats est invoqué en tant que limite
de fait à son pouvoir.
· Mise en oeuvre des opérations de maintien de la
paix
Les opérations de maintien de la paix se sont
avérées être l'un des
outils
les plus efficaces dont dispose l'ONU pour aider les pays qui en ont besoin et
pour naviguer dans les eaux difficiles qui mènent du conflit à la
paix.
Pour appliquer leur mandat, les opérations de maintien
de la paix ont des atouts uniques, notamment la légitimité de
l'action menée, le partage du fardeau supporté, et une
capacité à déployer et à maintenir sur place des
troupes, des policiers et du personnel civil issus du monde entier.
Les Casques bleus de l'ONU assurent la sécurité
et apportent le soutien politique nécessaire à la consolidation
de la paix en aidant les pays à passer l'étape difficile de la
transition vers la paix.
Les opérations de l'ONU sont guidées par trois
principes fondamentaux :
· Consentement des parties;
· Impartialité;
· Non utilisation à la force (sauf en cas de
légitime défense ou lorsque leur mandat le rend
indispensable).
Le Département du maintien de la paix est flexible et,
au cours des deux dernières décennies, il a déployé
des missions dans des configurations très différentes.
Il y a actuellement
16
opérations de paix menées par l'ONU sur quatre continents.
Aujourd'hui, nos opérations de paix sont polyvalentes
et multidimensionnelles. Non seulement elles sont appelées à
maintenir la sécurité, mais aussi à faciliter le processus
politique, à
protéger
les civils, à aider au
désarmement,
à la démobilisation et à la réinsertion des
anciens combattants, à soutenir l'organisation d'élections
libres, à protéger et à promouvoir les droits de l'homme
et à rétablir la
primauté
du droit.
La réussite des opérations de l'ONU n'est jamais
garantie parce que celles-ci se déroulent, par définition, dans
des environnements difficiles d'un point de vue tant physique que politique.
Cependant, après plus de 60 ans d'existence, notre
histoire est jalonnée de succès et a été
couronnée par un
prix Nobel de la
Paix.
Une mission de maintien de la
paix est une action militaire
ou de police entreprise par l'
ONU
ou par un ou plusieurs pays en réponse à une crise
régionale dont ils ne sont pas les protagonistes. Lorsque cette mission
est entreprise directement par l'ONU, celle-ci demande à ses pays
membres une participation en troupes (les
casques
bleus et/ou observateurs). Le chapitre VII de la Charte des Nations unies
relatif à l' « action en cas de menace contre la paix, de
rupture de la paix et d'acte d'agression » dispose que c'est au
Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU) de décider
s'il y a lieu de créer une opération de maintien de la paix
(OMP). Cependant, dans les faits, il s'agit d'une création de la
pratique des États car la Charte des Nations unies est muette concernant
ces missions. Aussi, dans le jargon juridique et onusien, on parle
généralement de ce Chapitre comme étant le Chapitre VI
bis.
L'ONU peut également confier une telle mission à
une
organisation
internationale (
OTAN,
UE,
UA) ou à un
pays dirigeant une force multinationale, qu'elle mandate alors par une
résolution prise en
Conseil
de sécurité des Nations unies. En vertu de la
résolution "Union pour le maintien de la Paix" (ou
Résolution
Acheson), l'Assemblée générale a pu créer des
Opérations de maintien de la paix, en cas de blocage du Conseil. En
toute hypothèse, elle pourrait autoriser une action coercitive.
c. Objectifs des missions de maintien de la
paix
Stricto sensu, le maintien de la paix est une mission
de prévention d'un conflit. La force déployée est, en
général, présente pour :
· observer un cessez-le-feu et les mouvements de
troupes ;
· engager des opérations de désarmement, de
démobilisation, de réinsertion et de rapatriement ;
· appuyer des opérations humanitaires ;
· soutenir un processus de paix ;
· donner une assistance dans le domaine des droits de
l'homme ;
· assurer l'ordre public.
Elle n'a en général pas de vocation offensive et
ne doit pas ouvrir le feu autrement qu'en cas de légitime
défense. Ces missions ne suffisent généralement pas
à instaurer une paix solide et durable.
Une opération sous mandat peut recevoir une mission
plus intrusive, on parle alors de missions de
rétablissement
de la paix (peace making) ou d'
imposition de la
paix (peace enforcement). Après les échecs des
missions en Somalie (
ONUSOM) et en Ex-Yougoslavie
(
FORPRONU), le conseil de
sécurité préfère utiliser le
phénomène de l'autorisation ou habilitation, qui autorise des
États membres à intervenir, leurs troupes étant mieux
équipées, et plus aptes à rétablir militairement la
paix (e.g Interventions de l'OTAN en Bosnie-Herzégovine).
Par ailleurs, depuis le début des années 2000,
les Nations unies se consacrent de plus en plus à des missions de
consolidation ou de rétablissement de la paix, l'action visant à
soutenir les structures qui renforceront et consolideront la paix, l'agenda
pour la paix parle alors de "
peace
building
(en)": de
telles missions ont eu lieu dans le cadre de la
Mission
d'administration intérimaire des Nations unies au Kosovo (MINUK), ou
au
Timor oriental, qui
est passé d'une
Administration
transitoire des Nations unies au Timor oriental (1999) a une
Mission
d'appui des Nations unies au Timor oriental (2002), remplacée en
2006 par une
Mission
intégrée des Nations unies au Timor-Leste.
d. Opération de maintien de la
paix
· Notion
Le terme « opération de maintien de la
paix » n'est pas présent dans la Charte des Nations Unies et
aucun traité ne donne de définition de cette notion. Il faut par
conséquent se tourner vers les définitions proposées par
la doctrine pour avoir une idée précise du contenu de ce terme
utilisé dans de nombreux travaux académiques. Il sera
présenté les différentes définitions doctrinales
avant de présenter celle retenue dans cette étude.
Sur le plan formel, tous les auteurs s'accordent sur le fait
que les opérations de maintien de la paix sont des organes subsidiaires
du Conseil de Sécurité111(*).
C'est sur le plan matériel que la définition de
cette notion mérite d'amples développement. En effet, les OMP se
sont tellement transformées au fil du temps au point où leur
donner une définition n'est pas du tout aisé. Cette
difficulté est exprimée par le Comité spécial des
opérations de maintien de la paix de l'ONU en ces termes :
« ...les opérations de maintien de la paix ont
gagné en complexité et il est ...indispensable de s'entendre sur
une terminologie commune pour favoriser la coopération et la
communauté des démarches »112(*). Nous présenterons
les différentes définitions du concept d'opérations de
maintien de la paix, avant de retenir la définition qui cadre avec notre
étude.
Selon Michel Virally, l'opération de maintien de la
paix apparaît comme une « opération conservatoire
menée par les Nations Unies sur une base consensuelle113(*) ».
Pour Maurice Flory, ce sont « toutes les
opérations militaires et paramilitaires qui sont organisées sous
la pression de la nécessité faute de pouvoir mettre en oeuvres
les mécanismes de l'article 43 de la charte et faute de s'appuyer sur le
Conseil Sécurité114(*) ». Ces deux définitions ne
renseignent pas suffisamment sur le terme « opérations de
maintien de la paix », car cette notion a évolué en
fonction des mutations de l'ordre international.
Selon le Dictionnaire de droit international public, une
opération de maintien de la paix désigne « une
opération internationale non coercitive des Nations Unies
réalisée par des contingents nationaux volontaires
décidés par le Conseil de Sécurité ou par
l'Assemblée Générale et consistant en l'observation ou
l'interposition lors d'un différend pour sauvegarder ou garantir la paix
sur le territoire d'un Etat qui a donné son consentement à
l'opération115(*) ». Cette définition ne prend pas en
compte les nouveaux visages des opérations de maintien de la paix. En
insistant sur le consentement et la non coercition, elle omet le fait que de
plus en plus, les forces des Nations Unies usent de la force pour mettre en
oeuvre leur mandat et aussi que le consentement de l'Etat sur le territoire
duquel doit se dérouler l'opération n'est plus un
préalable insurmontable.
Selon Jean Combacau, la notion d'opération de maintien
de la paix est ambivalente. Elle évoque « d'un
côté le chapitre 7 permettent au Conseil Sécurité
d'agri en matière de maintien de la paix et de sécurité
internationales, par des décisions qui s'imposent aux Etats membres des
Nations Unies contre qui pourront être prises des mesures
d'exécution si les demandes au fond qui leur sont adressées ne
sont pas spontanément suivies d'effet. De l'autre, les opérations
de maintien de la paix imaginées précisément parce que le
Conseil de Sécurité n'était pas pratiquement en mesure
d'user des moyens légaux qui lui avaient été
attribués ; et qui reposent à l'inverse sur le principe de
consentement : consentement des Etats participant à
l'opération, mais aussi et plus encore ceux qui en sont l'occasion et
non la cible, et sur le territoire duquel elle va se déployer. Et
derrière ce consentement, comme inévitable corollaire de cette
première exigence, la nécessité pour l'organe
chargé de la réalisation matérielle de l'opération
de rester parfaitement neutre entre les parties en cause et, puisqu'il n'y'a
pas de force qui ne s'applique à quelqu'un en particulier, de n'en
faire usage qu'en cas de légitime116(*) ».
Quant à l'Académie Internationale de la paix,
elle définit une opération de maintien de la paix comme
« toute action qui consiste en la prévention, la
limitation, la modération, et la cessation des hostilités
internes ou entre Etats par l'intervention d'un tiers, dirigée par des
éléments internationaux pour maintenir, rétablir,
consolider et le cas échéant imposer la paix117(*) ».
La définition du concept d'opérations de
maintien de la paix qui sera retenue aux fins de cette étude est celle
donnée par l'Institut Canadien, de la défense et des affaires
étrangères. Selon cette définition, une opération
de maintien de la paix désigne « une intervention
multinationale revêtue de la légitimité internationale,
visant à prévenir un conflit ; ou à
rétablir, maintenir, stabiliser, consolider ou imposer la paix par
le déploiement du personnel militaire, policier ou civil118(*) ». Cette
définition sera retenue dans cette étude car elle a l'avantage de
présenter le concept d'opérations de maintien de la paix dans son
entièreté.
· Différentes opérations de maintien de la
paix de 1945 à nos jours119(*)
Les opérations en
cours :
§2. L'Union Africaine
Il sied de reconnaitre que l'Afrique est confrontée aux
conflits multiples et variés. C'est pourquoi on a besoin d'une structure
continentale forte, capable d'assurer le maintien de la paix.
A ce stade, nous ressortons la nature et les mécanismes
de mise en place de l'UA (A) avant d'analyser ses organes (B).
A. Nature et
mécanismes de mise en oeuvre
1. Brève historique
de l'OUA
L'organisation de l'unité
africaine (OUA) est une organisation interétatique, ayant
précédé l'
Union africaine.
Elle a été créée et présidée par
l'empereur
Hailé
Sélassié Ier en 1963 et dissoute en
2002.
En 1963, 32 États créèrent l'Organisation
de l'unité africaine à
Addis-Abeba en
Éthiopie.
Parmi les chefs d'État fondateurs, les avis divergeaient sur sa nature.
Les partisans du fédéralisme, menés par le
président du Ghana
Kwame Nkrumah,
s'opposaient aux tenants d'une « Afrique des États »
avec à leur tête le président sénégalais
Léopold
Sédar Senghor. Ces derniers imposèrent leur vision et
l'organisation de l'unité africaine devint un outil de
coopération, et non d'intégration, entre les États.
En mai 1963, la charte de l'organisation (qui fut
rédigée notamment par le président malien
Modibo
Keïta et le président togolais
Sylvanus
Olympio quelque temps avant sa mort) fut signée par trente-deux
États africains indépendants. En 1984-1985, le
Maroc se retire de
l'Organisation de l'unité africaine, dont il était membre depuis
1963, à la suite de l'admission de la
République
arabe sahraouie démocratique. Le 3 juin 1991 fut conclu le
traité
d'Abuja qui prévoyait explicitement la création d'un
marché commun à l'ensemble du continent avant 2025. L'impulsion
visant à relancer le processus d'intégration politique, qui
apparaît indispensable aux yeux des dirigeants africains pour la
croissance économique du continent, a été donnée en
1998 par
Mouammar Kadhafi,
alors « Guide de la révolution » de
la
Jamahiriya
arabe libyenne. Le 9 septembre 1999 fut signé la
déclaration
de Syrte qui fixe l'objectif de la création d'une Union
africaine. La déclaration rappelle dans ses premières lignes les
idéaux des pères fondateurs de l'OUA et notamment celui du
panafricanisme.
Cependant, comme lors de la création de l'OUA, les conceptions
fédéralistes et les souverainistes s'affrontent. Selon les
analyses, le résultat est une organisation de compromis.
Le traité créant l'Union africaine,
appelé
Acte
constitutif de l'Union africaine, est signé le
11
juillet
2000 à
Lomé, au Togo.
2. Nature
En succédant à l'Organisation de l'unité
africaine (OUA), l'Union africaine (UA) se donne pour ambition de renouveler et
de consolider le projet d'intégration politique et économique
dont les bases avaient été jetées en 1963.120(*) A cet effet, l'Acte
constitutif de la nouvelle organisation, dont les contours ont
été tracés dans la Déclaration de Syrte (Libye) du
9 septembre 1999, a fixé des objectifs et instauré un cadre
institutionnel allant bien au delà de l'approche diplomatique finalement
privilégiée par l'OUA. C'est sous l'angle organique que les
changements sont les plus notables, avec notamment une Commission
appelée à relayer et à impulser la dynamique unitaire. A
travers ce dernier aspect, la création du Conseil de paix et de
sécurité traduit la volonté de rompre avec la
fatalité des guerres et de se doter d'instruments aptes à relever
les défis de la paix et à promouvoir une politique de
défense commune. Cependant, la rupture tant annoncée avec les
égarements de l'OUA se heurte une nouvelle fois aux
réalités d'une Afrique toujours repliée sur le dogme de la
souveraineté étatique et confrontée à des
difficultés, notamment financières, qui risquent de renvoyer
à un avenir plus lointain le vaste chantier des politiques
communes.121(*)
3. La mise en place de
l'UA
Le 9 juillet 2002, à Durban, en Afrique du Sud, la
XXVIIIe Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de l'OUA proclame
la naissance officielle de l'Union africaine. Au-delà de la symbolique
d'une telle décision, décision inaugurant une période
intérimaire d'un an au cours de laquelle les principaux organes de la
nouvelle institution seront mis en place, les dirigeants africains prenaient
définitivement acte de leur volonté d'ouvrir une nouvelle page de
l'intégration de leur continent. Pareil tournant consacrait certes
plusieurs années de préparation et de négociations des
textes fondateurs de l'Union Africaine, mais il marquait dans le même
temps le souci de clore définitivement les débats parfois
controversés et toujours passionnés sur le calendrier et les
modalités de passage de l'Organisation de l'Unité Africaine
à l'Union Africaine.122(*) En effet, pendant près de trois
années, entre la réunion de Syrte, en Libye en septembre 1999,
où était pris l'engagement solennel de créer l'Union
Africaine (1) et la réunion de Durban, de 2002, en passant par les
Sommets de Lomé (2000) (2) et de Lusaka (2001) (3), bien des divergences
avaient été surmontées sur les structures de l'Union et,
en particulier, sur la nature des rapports entre ses organes
interétatiques classiques et la future Commission. En
arrière-plan de ces problèmes d'organisation et d'ordonnancement
institutionnel, sans pour autant que cela affecte l'affirmation de la
souveraineté des Etats membres, se profilait surtout le souci de ne pas
réduire l'Union à un simple changement de dénomination de
l'OUA. C'est autour de ce postulat qu'ont surgi les interrogations sur les
ambitions de l'Union Africaine, sur les rapports entre cette dernière et
les Etats membres, sur son architecture institutionnelle, sur le calendrier de
mise en place des organes prévus par l'Acte constitutif de l'Union,
ainsi que sur le contenu des politiques communes, notamment en matière
d'intégration économique et de défense. C'est pour
prévenir les critiques éventuelles sur les fondations de la
nouvelle Organisation et surtout répondre aux appréhensions de
nombreux Etats sur les finalités réelles de l'Union et la
préservation de leurs attributs de souveraineté, que le
Secrétaire général de l'OUA, Amara Essy,
désigné en juillet 2001, à Lusaka, afin d'assurer la
transition vers l'Union Africaine, a initié une large concertation
impliquant des acteurs venus des horizons les plus divers. Jamais dans
l'histoire de l'Organisation de l'Unité Africaine, ce qui montre
à la fois la rigueur et la prudence de la démarche, une aussi
large consultation n'avait été organisée. Outre les
représentants des Etats membres à tous les niveaux, elle associa
pendant des mois des membres de la société civile Africaine, des
experts tant nationaux qu'internationaux et bénéficia du concours
des Nations Unies, de l'Union européenne, voire de l'ASEAN (4).
B. Organes
1. La
Commission
Bien qu'elle soit prise en tenailles par les organes
interétatiques, la Commission, nouvellement créée, est la
grande innovation de l'architecture institutionnelle de l'Union.123(*) C'est essentiellement sur
elle, ou plutôt sur son dynamisme, que repose la mise en oeuvre du projet
d'intégration inscrit dans l'Acte constitutif. Si ce dernier est
laconique sur les attributions de la Commission («
déterminées par la Conférence », article 20 §
3), sa configuration organique, la spécialisation de ses membres, ses
méthodes de travail plus collégiales, ses fonctions telles
qu'elles ressortent de ses statuts et de son règlement intérieur,
marquent une rupture avec l'ancien Secrétariat général de
l'OUA. Fortement inspirée du modèle de la Commission de l'Union
européenne, elle est appelée à fonctionner comme un organe
collectif, chaque commissaire ayant son « portefeuille » à la
façon d'un ministre, mais toutes les questions étant
débattues collégialement, sous l'autorité d'un
président. Incarnant la continuité de l'Union, et en relation
constante avec le Comité des représentants permanents, la
Commission est en charge de préparer et de mettre en oeuvre les
décisions de la Conférence et du Conseil de l'Union.124(*) Tout en assurant le
secrétariat de l'Union, avec tout ce que cela comporte comme
tâches strictement administratives, elle assume une fonction de
représentation de l'Union sur le plan international. C'est par elle,
entre autres, et les négociations qu'elle aura à mener avec les
partenaires extérieurs à l'Afrique, que devra passer
l'indispensable accroissement des ressources financières de l'Union.
Longuement débattue, la question de sa composition définitive (un
président, un vice-président et huit commissaires) et de la
répartition des attributions entre ses différents membres
obéit à une double préoccupation d'efficacité et de
spécialisation des tâches. La présélection
très rigoureuse des candidatures aux fonctions de commissaires, sous la
forme d'un classement établi à partir des seuls critères
de compétences, a permis d'éviter le piège de la
politisation dans lequel s'est trop longtemps enfermé l'OUA, dans le
choix des secrétaires généraux adjoints. Du reste,
l'élection des dix membres de la Commission par la Conférence de
l'Union à Maputo, en juillet 2003, n'a pas fait nécessairement la
part belle aux candidats des « grands pays ».125(*) C'est ainsi que le candidat
nigérian au poste de commissaire aux affaires politiques a
été écarté au profit de celui
présenté par la Gambie
2. Les organes de l'Union
sont les suivants
· La Conférence de l'Union126(*)
La Conférence est composée des Chefs
d'État et de Gouvernement ou de leurs représentants dûment
accrédités. La Conférence est l'organe suprême de
l'Union (organe décisionnel). La Conférence se réunit au
moins une fois par an en session ordinaire. A la demande d'un Etat membre et
sur approbation des deux tiers des Etats membres, elle se réunit en
session extraordinaire. La présidence de la Conférence est
assurée pendant un an par un chef d'État et de Gouvernement
élu, après consultations entre les États membres. NB :
Elle est présidée actuellement par Idriss Deby du Tchad.
· Le Conseil Exécutif127(*)
Le Conseil Exécutif est composé des Ministres
des Affaires Étrangères ou de tous autres ministres ou
autorités désignés par les gouvernements des États
membres. Le Conseil Exécutif se réunit en session ordinaire au
moins deux fois par an ;
· Le Parlement Panafricain128(*)
Chaque État membre est représenté au
Parlement Panafricain par cinq (5) membres, dont au moins une femme, soit 265
représentants. Son siège est à Midrand en Afrique du
Sud.
· La Cour de justice129(*)
Il est créé une Cour de justice de l'Union. Les
statuts, la composition et les pouvoirs de la Cour de justice sont
définis dans un protocole y afférent.
· La Commission130(*)
Il est créé une commission qui est le
Secrétariat de l'Union. La Commission est composée du
Président, du ou des vice-présidents et des commissaires. Ils
sont assistés par le personnel nécessaire au bon fonctionnement
de la Commission. La structure, les attributions et les règlements de la
Commission sont déterminés par la Conférence. Elle dispose
du pouvoir d'initiative et comprend : un président, un
vice-président et huit commissaires chargés chacun d'un
portefeuille. Ils sont élus pour quatre ans. NB : L'actuel
président de la Commission est la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini Zuma,
qui a remplacé à ce poste le Gabonais Jean Ping.
Le président de la Commission de l'Union
africaine dirige la
Commission
de l'Union africaine, un des principaux organes de l'
Union africaine.
Cette fonction, établie en même temps que l'Union elle-même
le 9 juillet 2002, a succédé à celle de
secrétaire
général de l'
OUA.
Le titulaire est élu pour un mandat de quatre ans par la
Conférence des
chefs d'État et de gouvernement de l'UA.
Présidents
successifs
· Le Comité des Représentants
Permanents131(*)
Il est créé, auprès de l'Union, un
Comité des représentants permanents. Il est composé de
représentants permanents et autres plénipotentiaires des Etats
membres.
Le Comité des représentants permanents est
responsable de la préparation des travaux du Conseil exécutif et
agir sur instruction du Conseil. Il peut instituer tout sous-comité ou
groupe de travail qu'il juge nécessaire.
· Les Comités techniques
spécialisés132(*)
Sont créés les Comités techniques
spécialisés suivants qui sont responsables devant le Conseil
exécutif :
o Le Comité chargé des questions
d'économie rurale et agricoles ;
o Le Comité chargé des affaires
monétaires et financières ;
o Le Comité chargé des questions commerciales,
douanières et d'immigration ;
o Le Comité chargé de l'industrie, de la science
et de la technologie, de l'énergie, des ressources naturelles et de
l'environnement ;
o Le Comité chargé des transports, des
communications et du tourisme ;
o Le Comité chargé de la santé, du
travail et des affaires sociales ;
o Le Comité chargé de l'éducation, de la
culture et des ressources humains.
La Conférence peut, si elle le juge nécessaire,
restructurer les Comités existants ou en créer de nouveaux.
Les Comités techniques spécialisés sont
composés des ministres ou des hauts fonctionnaires chargés des
secteurs relevant de leurs domaines respectifs de compétence.
· Le Conseil Économique, Social et
Culturel (ECOSOC)133(*)
Le Conseil Économique, Social et Culturel est un organe
consultatif composé des représentants des différentes
couches socioprofessionnelles des États membres de l'Union.
Les attributions, les pouvoirs, la composition et
l'organisation du Conseil économique, social et culturel sont
déterminés par la Conférence.
· Les institutions financières134(*)
L'Union Africaine est dotée des institutions
financières suivantes, dont les statuts sont définis dans des
protocoles y afférents : la Banque Centrale Africaine (Abuja au
Nigéria); le Fonds Monétaire Africain (Yaoundé
Union africaine
au Cameroun); la Banque Africaine d'Investissement (Tripoli en Libye).
Liste des présidents de l'
Union
africaine depuis sa création en
juillet
2002. Le mandat de base de
la
présidence
tournante était de six mois avant la modification intervenue au
sommet d'
Abuja allongeant le
mandat à un an.
CHAPITRE II. INTERVENTION
DE L'ONU ET L'UA DANS LE REGLEMENT DU CONFLIT EN REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
Il sied de rappeler que les organisations internationales lors
de leur création, les Etats leurs avaient assigné comme
finalité principale le maintien de la paix, en particulier l'apaisement
et la prévention des tensions internationales. Par leur existence
même, les Organisations Internationales devaient constituer des moyens de
règlement pacifique des différends.135(*)
Comme nous pouvons le constater, le conflit centrafricain
constitue une menace grave contre la paix et la sécurité
internationale. Les populations civiles sont victimes de plusieurs affres qui
appellent obligatoirement l'intervention de l'ONU (section première),
ainsi que celle de l'UA (section deuxième).
SECTION 1. INTERVENTION DE
L'ONU DANS LE REGLEMENT DU CONFLIT EN REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
Traditionnellement, l'ONU a toujours eu pour tâche
primordiale et prioritaire, le maintien de la paix et de la
sécurité internationale. Le conflit centrafricain reste et
demeure au centre de plusieurs débats et discussions du faite qu'il
entraine d'importantes pertes en vies humaines et plusieurs dégâts
matériels considérable. Voilà qui a justifié la
création d'une mission de maintien de la paix.
Dans le cadre de cette section, nous comptons assistés
sur les raisons qui ont justifié la mise en place de la MINUSCA (§
1), ses missions et objectifs ainsi que son fonctionnement (§ 2).
§1. Création de la
MINUSCA, historique et raison d'être
Le 10 avril 2014, le Conseil de sécurité a
décidé, par sa résolution 2149 (2014), de
créer la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations
Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) pour
une période initiale venant à expiration le 30 avril 2015, et a
prié le Secrétaire général de fondre
le BINUCA au sein de la nouvelle mission à compter de la date
d'adoption de la résolution et d'assurer la transition sans heurt
du BINUCA à la MINUSCA.
Le Conseil a décidé qu'à compter du 15
septembre 2014 la MINUSCA comprendrait initialement un effectif
militaire de 10 000 hommes, dont 240 observateurs militaires et 200 officiers
d'état-major, et un effectif de police de 1 800 hommes, dont 1 400
membres d'unités de police constituées et 400 policiers, et 20
agents pénitentiaires.
Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations
Unies, le Conseil de sécurité a autorisé la
MINUSCA à utiliser tous les moyens nécessaires pour
accomplir son mandat, dans les limites de ses capacités et dans ses
zones de déploiement.
Le Conseil a en outre prié le Secrétaire
général de déployer, en coordination avec l'Union
africaine, une équipe de transition chargée de mettre sur pied
la MINUSCA et d'assurer le transfert sans heurt des
responsabilités de la MISCA à la MINUSCA au
15 septembre 2014. De plus, il a été demandé au
Secrétaire général de nommer un Représentant
spécial pour la République centrafricaine et chef de
la MINUSCA, sous l'autorité générale duquel seront
placées, à compter de la date de sa nomination, la coordination
et la conduite de toutes les activités du Système des Nations
Unies en République centrafricaine.
En application de la décision du Conseil, le transfert
de responsabilités de la MISCA à
la MINUSCA s'est effectué le 15 septembre 2014. Pendant la
période précédant ce transfert de responsabilités,
la MINUSCA a exécuté les tâches qui lui avaient
été prescrites au moyen de sa composante civile et
la MISCA a continué à accomplir le mandat que lui a
confié le Conseil de sécurité. La MINUSCA a, en
date du 15 septembre, commencé à exécuter, au moyen de ses
composantes militaire et de police, les tâches qui lui ont
été prescrites.
Par d'autres dispositions de la résolution, le Conseil
de sécurité a autorisé les forces françaises
à utiliser, dans les limites de leurs capacités et zones de
déploiement, depuis le démarrage des activités de la
MINUSCA jusqu'à l'expiration de son mandat, tous les moyens
nécessaires pour apporter un appui opérationnel aux
éléments de la MINUSCA, à compter de la date
d'adoption de la résolution, à la demande du Secrétaire
général.
Frappée par des dizaines d'années
d'instabilité et de combats, la République centrafricaine,
déjà accablée par la pauvreté, a été
témoin, en décembre 2012, d'une reprise de la violence lorsque la
coalition de rebelles Séléka, essentiellement musulmane («
Séléka » signifiant « alliance » dans la langue
sango), a lancé une série d'attaques.
Un accord de paix (l'Accord de Libreville), conclu en janvier
2013, n'a pas empêché les rebelles de prendre le contrôle de
la capitale, Bangui, en mars, forçant le Président
François Bozizé à fuir.136(*)
Un gouvernement de transition a été mis en place
et chargé de rétablir la paix. Le conflit a pris une tournure de
plus en plus religieuse en décembre 2013 lorsque le mouvement
anti-Balaka (anti-machette), essentiellement chrétien, a pris les armes
et que des affrontements se sont produits entre les deux groupes à
Bangui et dans sa périphérie.
· Mandatée pour protéger les civils
et appuyer à la mise en oeuvre de la transition en République
centrafricaine
Des mois de violence ont précipité
l'effondrement des institutions de l'État et laissé des millions
de personnes au bord de la famine, avec la menace que le conflit
s'étende à toute la région. On comptait alors le nombre de
morts en milliers et 2,5 millions de personnes, soit plus de la moitié
de la population totale, a eu besoin d'une assistance humanitaire. En septembre
2014, plus de 174 000 personnes étaient officiellement
déplacées dans le pays et plus de 414 000 Centrafricains ont fui
pour se réfugier au Cameroun, au Tchad, en République
démocratique du Congo et en République du Congo.137(*)
Depuis le début de la crise, les Nations Unies, leur
Secrétaire général, et d'autres acteurs internationaux et
régionaux, dont la Communauté économique des États
de l'Afrique centrale (CEEAC), l'Union africaine (UA), l'Union
européenne (UE) et la France, ont oeuvré sans relâche pour
trouver une issue pacifique au conflit, mettre un terme aux assassinats,
protéger les civils et acheminer une assistance humanitaire.
Le Bureau intégré des Nations Unies pour la
consolidation de la paix en République centrafricaine (BINUCA), qui a
été déployé dans le pays depuis janvier 2010 pour
contribuer à consolider la paix et renforcer les institutions
démocratiques, devait revoir ses priorités mais est resté
présent pendant la crise malgré le pillage de ses bureaux et des
résidences de son personnel et la réduction de ses interventions
à cause de l'insécurité.138(*)
En septembre 2013, le Secrétaire général
de l'Organisation des Nations Unies a recommandé de prendre
certaines mesures pour donner plus d'efficacité à la
présence du BINUCA sur le terrain. En conséquence, le
Conseil de sécurité a adopté sa résolution
2121 (2013), qui a renforcé et modifié le mandant du BINUCA
dans cinq domaines: l'appui à la mise en oeuvre du processus de
transition; l'appui à la prévention des conflits et à
l'assistance humanitaire; l'appui à la stabilisation des conditions de
sécurité; la promotion et la protection des droits de l'homme et
la coordination des acteurs internationaux participant à
l'exécution des tâches susmentionnées.139(*)
· La Mission internationale de soutien à
la République centrafricaine sous conduite africaine (MISCA) et
l'Opération Sangaris
Alors que la situation en République centrafricaine se
dégradait dangereusement en décembre 2013 avec un nouveau cycle
de violence et de représailles qui menaçait de diviser le pays
sur des bases religieuses et ethniques et, éventuellement, de
dégénérer pour devenir incontrôlable, le Conseil de
sécurité, dans sa résolution 2127 (2013) du 5
décembre, autorisait le déploiement de la Mission internationale
de soutien à la République centrafricaine sous conduite africaine
(MISCA) et d'une force de maintien de la paix appuyée par la France
(appelée « Opération Sangaris) pour mettre un terme à
l'escalade de la violence. Parallèlement, le Conseil confiait des
missions supplémentaires au BINUCA en appui à
l'opération élargie de l'Union africaine et priait le
Secrétaire général « d'entreprendre sans tarder
» les activités de préparation et de planification
nécessaires en vue de la transformation éventuelle de
la MISCA en une opération de maintien de la paix des Nations
Unies, tout en soulignant qu'une décision de sa part serait
nécessaire pour que cette mission soit établie.140(*)
Les déploiements rapides de la MISCA et des
forces de l'Opération Sangaris se sont révélés
salutaires et ont permis de sauver la vie de nombreux civils et
d'empêcher une tragédie de plus grande ampleur dans la
République centrafricaine. Cependant, il était clair, au regard
de l'ampleur et de l'étendue géographique de la crise, que les
besoins de sécurité sur le terrain étaient nettement
supérieurs aux moyens disponibles et à l'importance des forces
internationales déployées. Les violences et les violations
à grande échelle des droits de l'homme se sont poursuivies dans
le pays malgré la présence de ces forces. En outre, les forces
déployées ne disposaient pas de composantes civiles pour
protéger comme il se doit les civils qui risquaient à tout moment
d'être victimes de violence ou pour remédier aux causes profondes
du conflit.
· L'initiative en six points du Secrétaire
général
S'adressant au Conseil de sécurité en date du 20
février 2014, le Secrétaire général a
prôné une réponse globale et intégrée
à la complexe crise que traverse la République centrafricaine,
tenant compte de toutes ses dimensions, qui touchent à la
sécurité, à l'assistance humanitaire, aux droits de
l'homme et à la politique.141(*) Le Secrétaire général devait
peu après cette date exposer au Conseil les grandes lignes d'une future
opération de maintien de la paix des Nations Unies. Il a cependant
noté que le déploiement de cette force pourrait nécessiter
plusieurs mois et que le peuple de la République centrafricaine ne
pouvait pas attendre encore pendant des mois.
C'est dans cet esprit que le Secrétaire
général a proposé une nouvelle initiative en six
points pour mettre un terme à la violence et aux massacres,
protéger les civils, empêcher le démembrement de fait du
pays, faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire et apporter au
Gouvernement une partie du soutien dont il a besoin d'urgence.
· L'initiative prévoyait:
- le renforcement rapide des effectifs de l'Union africaine et
de la France sur le terrain et le déploiement d'autres soldats et
policiers;
- la fourniture d'un soutien logistique et financier aux
forces africaines;
- la coordination du commandement des forces internationales,
dont la mission expresse est d'empêcher les assassinats et de
protéger les civils;
- la fourniture rapide d'un soutien concret au Gouvernement
centrafricain;
- l'accélération du processus politique et de la
réconciliation dans le pays et
- le financement d'urgence de l'intégralité des
opérations humanitaires.142(*)
Le Secrétaire général a invité
instamment le Conseil de sécurité à appuyer ces
propositions, qui se voulaient une mesure provisoire essentielle, en attendant
le déploiement d'une opération de maintien de la paix des Nations
Unies.
§2. Mission, Objectif et
Fonctionnement
Le Conseil de sécurité a créé la
Mission intégrée multidimensionnelle de stabilisation des Nations
Unies en République centrafricaine (MINUSCA) par sa
résolution
2149 (2104) du 10 avril 2014 et a prié le Secrétaire
général d'intégrer le BINUCA dans la nouvelle
mission à la date de l'adoption de cette résolution.143(*) Elle a en outre prié
le Secrétaire général d'assurer le passage sans heurt
du BINUCA à la MINUSCA.
Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations
Unies, le Conseil de sécurité a autorisé la
MINUSCA à utiliser tous les moyens nécessaires pour
accomplir son mandat, dans les limites de ses capacités et dans ses
zones de déploiement.
Il a en outre décidé que le transfert de
responsabilité de la MISCA à
la MINUSCA s'effectuerait le 15 septembre 2014 et que, de la
période d'adoption de la présente résolution à ce
transfert de responsabilités, la MINUSCA exécuterait
les tâches prescrites au moyen de sa composante civile, et que,
dès le 15 septembre 2014, la MINUSCA commencerait à
exécuter son mandat au moyen de ses composantes militaire et de
police.
A. Tâches
prioritaires initiales
· Protection des civils144(*)
o Protéger sans préjudice de la
responsabilité principale des autorités centrafricaines la
population civile du risque imminent d'atteinte à
l'intégrité physique, dans les limites de ses moyens et de ses
zones de déploiement, notamment en organisant activement des
patrouilles;
o Assurer une protection particulière aux femmes et aux
enfants touchés par le conflit armé notamment en déployant
des conseillers pour la protection des enfants et des conseillers pour la
protection des femmes;
o Recenser et constater les menaces et les attaques contre la
population civile, notamment en entretenant des contacts réguliers avec
elle et en collaborant étroitement avec les organismes humanitaires et
de défense des droits de l'homme;
o Définir, exploiter et mettre en oeuvre, en
consultation étroite avec les organismes humanitaires et de
défense des droits de l'homme et d'autres partenaires compétents,
une stratégie de protection à l'échelle de la mission
· Appui à la mise en oeuvre de la transition,
y compris action en faveur de 1'extension de l'autorité de l'Etat et du
maintien de 1'intégrité territoriale145(*)
o Jouer un rôle moteur dans l'action internationale
d'aide aux autorités de transition, en collaborant avec la CEEAC,
l'Union africaine, les parties prenantes et la communauté internationale
pour concevoir la transition politique, accompagner la mise en eeuvre, apporter
une assistance technique et la coordonner pour soutenir la transition et le
processus électoral;
o Offrir ses bons offices et un appui politique aux efforts
visant à s'attaquer aux causes profondes du conflit et à
instaurer durablement la paix et la sécurité en République
centrafricaine;
o Apporter un soutien adéquat, en coordination avec les
autorités de transition, et compte tenu des risques sur le terrain, pour
que soit assurée la sécurité des principales parties
prenantes nationales, notamment des membres du Gouvernement de transition:
o Aider les autorités de transition dans le cadre des
processus nationaux et locaux de médiation et de réconciliation,
en coopération avec des organismes régionaux et locaux
compétents et des chefs religieux, notamment par le biais d'un dialogue
national ouvert à tous, de la justice transitionnelle et de
mécanismes de règlement des conflits, tout en assurant la
participation pleine et effective des femmes;
o Définir, favoriser et fournir l'assistance technique
nécessaire au processus électoral et procéder à
tous les préparatifs utiles, à l'appui des autorités de
transition et en collaborant d'urgence avec l'Autorité nationale des
élections, en vue de la tenue, au plus tard en février 2015,
d'élections libres, régulières, transparentes et ouvertes
à tous, auxquelles les femmes participeront pleinement et effectivement
à tous les niveaux, dès le début, et auxquelles prendront
également part les déplacés et les réfugiés
centrafricains;
o Favoriser et soutenir l'extension rapide de
l'autorité de l'État;
· Faciliter l'acheminement immédiat, en toute
sécurité et sans entrave, de toute l'aide humanitaire146(*)
o Contribuer, notamment grâce à une coordination
civil-militaire efficace et en étroite collaboration avec des
intervenants humanitaires, à l'instauration d'un climat de
sécurité en vue de l'acheminement immédiat, en toute
sécurité et sans entrave, sous la direction de civils, de toute
l'aide humanitaire, selon les principes de I'ONU régissant l'action
humanitaire et conformément aux dispositions pertinentes du droit
international, et du rapatriement librement consenti et durable, en toute
sécurité et en toute dignité, des délacés et
des réfugiés en étroite coopération avec les
intervenants humanitaires
· Protection du personnel et des biens des Nations
Unies147(*)
o Protéger le personnel, les installations et le
matériel des Nations Unies et assurer la sécurité et la
liberté de circulation du personnel des Nations Unies et du personnel
associé
· Promotion et protection des droits de
l'homme
o Surveiller les violations du droit international humanitaire
et du droit des droits de l'homme sur toute l'étendue du territoire de
la République centrafricaine, notamment par différents groupes
armés, dont les anciens éléments de la
Séléka et les éléments
« antibalaka », concourir aux enquêtes et faire
publiquement rapport au Conseil de sécurité à ce sujet, et
contribuer aux actions d'identification et de poursuites des auteurs, ainsi que
de prévention de ces atteintes et violations, notamment par le
déploiement d'observateurs des droits de l'homme;
o Surveiller en particulier les violations et exactions
commises contre des enfants et des femmes, y compris toutes les formes de
violence sexuelle commises en période de conflit armé, concourir
aux enquêtes et faire rapport à ce sujet, et contribuer à
l'action visant à identifier et poursuivre les auteurs de tels actes, et
à prévenir de telles violations et exactions;
o Soutenir la Commission internationale d'enquête et
favoriser la mise en oeuvre de ses recommandations;
o Aider les autorités centrafricaines à
protéger et à promouvoir les droits de l'homme
· Action en faveur de la justice nationale et
internationale et de l'Etat de droit
o Prêter un appui aux autorités de transition
pour arrêter et traduire en justice les auteurs de crimes de guerre et de
crimes contre l'humanité commis dans le pays, notamment en
coopérant avec les Etats de la région et avec la Cour
pénale internationale;
o Concourir à renforcer, notamment par l'assistance
technique, les capacités de l'appareil judiciaire du pays, et des
institutions nationales de défense des droits de l'homme, et contribuer
aux efforts de réconciliation nationale, en coordonnant son action avec
l'Experte indépendante, selon qu'il conviendra;
o Appuyer et coordonner l'assistance internationale fournie
à la police, à la justice et aux institutions
pénitentiaires pour remettre sur pied le système de justice
pénale, dans le cadre du rôle dévolu au coordonnateur pour
l'état de droit, notamment par le biais d'une assistance en faveur du
maintien de la sécurité et de l'ordre publics, d'une
manière qui privilégie l'encadrement civil, l'impartialité
et la protection des droits de l'homme, et concourir au rétablissement
et au maintien de la sécurité publique et de l'état de
droit, notamment par la présence de la Police des Nations Unies
autorisée au paragraphe 18 ci-dessus et la fourniture d'assistance par
celle-ci;
o Désarmement, démobilisation,
réintégration et rapatriement
o Aider les autorités de transition à
élaborer et à mettre en oeuvre une stratégie
révisée de désarmement, de démobilisation, de
réintégration et de rapatriement des ex-combattants et
éléments armés pour traduire les nouvelles
réalités sur le terrain, tout en accordant une attention
particulière aux besoins des enfants associés à des forces
et groupes armés, et appuyer le rapatriement des éléments
étrangers;
o Aider les autorités de transition à
élaborer et à exécuter des programmes de lutte contre la
violence communautaire;
o Regrouper et cantonner les combattants, et confisquer et
détruire, selon qu'il convient, les armes et munitions de ceux qui
refusent de les déposer
B. Tâches
additionnelles
Décide également que le mandat de
la MINUSCA comprendra les tâches supplémentaires
ci-après si les circonstances le permettent, et demande au
Secrétariat de commencer à les planifier :
· Appuyer la réforme du secteur de la
sécurité et la procédure d'agrément, notamment en
fournissant des conseils stratégiques et en coordonnant l'assistance
technique et la formation;
· Coordonner l'assistance internationale, comme il
convient;
· Aider, dans la limite de ses capacités, le
Comité créé par le paragraphe 57 de la
résolution
2127 (2013) et le Groupe d'experts créé par la
même résolution, notamment en leur communiquant les renseignements
utiles à l'exécution de leur mandat;148(*)
· Surveiller l'application des mesures imposées
par le paragraphe 54 de la
résolution
2127 (2013), en coopération avec le Groupe d'experts
créé par la
résolution
2127 (2013), notamment en inspectant, s'il le juge nécessaire et le
cas échéant sans préavis, toutes armes et munitions et
tout matériel connexe, où qu'ils se trouvent, et tenir les
autorités de transition informées des efforts
déployés pour empêcher les groupes armés d'exploiter
les ressources naturelles;149(*)
· Saisir et collecter les armes et tout matériel
connexe transférés en République centrafricaine en
violation des mesures imposées par le paragraphe 54 de la
résolution
2127 (2013), et les enregistrer et éliminer selon qu'il
conviendra;
C. Proposition de
déploiement d'une opération de maintien de la paix des Nations
Unies
Dans un rapport présenté au Conseil de
Sécurité en date du 3 mars 2014, le Secrétaire
général a recommandé au Conseil, agissant en vertu du
Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, d'autoriser le déploiement
d'une opération de maintien de la paix multidimensionnelle des Nations
Unies dont la priorité première serait la protection des
civils.
D. Effectifs
La majorité des effectifs de la MISCA ont
été transféré à l'opération de
maintien de la paix des Nations Unies, ainsi que d'autres
éléments choisis en fonction de la politique de
vérification des antécédents de respect des droits de
l'homme et d'autres ressources, de façon à parvenir à
l'effectif autorisé, soit 10 000 hommes, dont 240 observateurs
militaires et 200 officiers d'état-major, et un maximum de 1 820 membres
de la police civile et 10 unités de police constituées comprenant
1 400 membres des unités de police constituées, 400 policiers et
20 spécialistes des questions pénitentiaires en
détachement. Ces effectifs seraient déployés en même
temps qu'une importante composante civile et le personnel d'appui requis. Ils
seraient réexaminés à intervalles réguliers et
feraient l'objet de recommandations au Conseil. Avec la mise en place de
l'opération de maintien de la paix, le BINUCA devait
disparaître.150(*)
E. Objectifs et
priorités
Les objectifs et priorités d'une opération des
Nations Unies et, partant, sa configuration et ses activités devraient
être adaptés au cours du temps en fonction de la situation et des
besoins particuliers du pays et de son peuple. Ainsi, durant la phase initiale
de son déploiement, l'opération de maintien de la paix des
Nations Unies a eu pour objectifs d'assurer un climat de
sécurité, condition indispensable aux progrès dans
d'autres secteurs, d'aider le Gouvernement de transition à exercer les
fonctions essentielles de l'État, d'appuyer les efforts de paix et de
réconciliation, de protéger les droits de l'homme fondamentaux et
de faciliter l'acheminement d'une aide humanitaire.
À mesure que les conditions évolueront dans le
pays, que l'état de la sécurité s'améliorera et que
les capacités nationales de sécurité se renforceront, la
mission des Nations Unies accordera plus d'importance aux activités
suivantes: appui à l'extension de l'autorité de l'État et
à la fourniture de services publics par l'État; consolidation
d'un environnement politique stable; réconciliation des
communautés et retour des personnes dans leurs foyers; renforcement des
institutions garantes de l'état de droit et promotion du respect des
droits de l'homme. Il faudra d'emblée arrêter une stratégie
de sortie faisant fond sur les acquis dégagés en matière
de renforcement des capacités nationales.
Il sera nécessaire de déployer dans un premier
temps des effectifs militaires importants, afin de relever les défis de
sécurité, mais les forces militaires des Nations Unies devront
être progressivement réduites dès que les conditions seront
réunies, permettant à l'ONU de concentrer, dans la mesure du
possible, la majeure partie de ses efforts sur les tâches cruciales en
matière civile et le renforcement de l'État.
F. Mandat
Le Secrétaire général a recommandé
que le mandat de l'opération de maintien de la paix
proposée prévoie les activités ci-après:
· Protection des civils;
· protection du personnel, des installations et du
matériel des Nations Unies, et garantie de la sécurité et
de la liberté de circulation du personnel des Nations Unies et des
personnels associés;
· appui au processus politique et aux
éléments indispensables à la transition, comme le
rétablissement de l'autorité de l'État et son extension
à l'ensemble du territoire;
· création de conditions propices à
l'acheminement d'une aide humanitaire de principe et au rapatriement volontaire
et durable des personnes déplacées et des réfugiés
en toute sécurité;
· promotion et protection des droits de l'homme;
· promotion d'un dialogue national, de la
médiation et de la réconciliation à tous les niveaux;
et
· appui au désarmement, à la
démobilisation et à la réintégration des anciens
éléments armés, une attention particulière devant
être portée aux enfants; rapatriement des éléments
étrangers et exécution de programmes de réduction des
violences communautaires.
Parmi les tâches supplémentaires qui devraient
être inscrites dans le mandat de l'opération, on mentionnera :
· l'appui à l'organisation et à la tenue
d'élections;
· l'appui à la réforme du secteur de la
sécurité;
· l'appui aux institutions policières, judiciaires
et pénitentiaires, afin de rétablir le système de justice
pénale;
· la lutte antimite, le contrôle du trafic d'armes
et de munitions et la gestion des stocks;
· la coordination de l'action internationale à
l'appui du renforcement de la bonne gouvernance, y compris l'élaboration
d'une politique budgétaire saine et la gestion rationnelle des
ressources naturelles;
· le renforcement des institutions et la mise en place
des fondements d'un redressement socioéconomique à long terme.
1. Transition
En présentant sa proposition, le Secrétaire
général a indiqué qu'à la lumière des
enseignements tirés des précédentes transformations
d'opérations régionales en missions de maintien de la paix des
Nations Unies et des problèmes particuliers sur le terrain, il faudrait
environ six mois à l'Organisation des Nations Unies pour préparer
le déploiement de son opération. Pour que la mission des Nations
Unies soit prête et que la transition se fasse sans heurt, il a
été recommandé que le Secrétariat, en coordination
avec la Commission de l'Union africaine, de déployer
immédiatement une équipe de transition en République
centrafricaine, avec la participation de la MISCA et
du BINUCA.
Comme priorité immédiate, l'équipe a mis
au point des plans stratégiques, plus particulièrement un concept
de mission assorti d'un concept d'opérations et de plans d'appui, tout
en lançant la construction des installations nécessaires,
notamment le quartier général, les camps et les bureaux
extérieurs dans tout le pays. Par conséquent, il importait de
déployer immédiatement les moyens civils nécessaires,
notamment des pilotes et des ingénieurs. L'équipe a
également aidé à recruter rapidement des fonctionnaires
civils ayant les compétences linguistiques nécessaires.151(*)
2. Coopération internationale
Le Secrétaire général a estimé
qu'il n'y aurait pas de solution à la crise en République
centrafricaine sans la solidarité constante et agissante de ses voisins
et de la région et leur a demandé, ainsi qu'à l'ensemble
de la communauté internationale d'intensifier leur action en faveur de
la République centrafricaine, en tenant compte de leurs avantages
comparatifs tout en s'efforçant de tirer parti des partenariats et des
initiatives régionales.
Il a également indiqué que l'opération de
maintien de la paix envisagée ne pourrait réussir que si la
région continue de jouer un rôle important et
complémentaire, y compris par le biais du médiateur, le
Président Sassou Nguesso, de la Communauté économique des
États de l'Afrique centrale et de l'Union africaine. La mission
travaille donc en étroite collaboration avec l'Union africaine et la
Communauté économique et leur apporte tout son soutien politique
ainsi qu'un appui opérationnel limité en fonction de ses moyens,
de ses capacités et de ses compétences, afin qu'elles puissent
continuer à jouer un rôle dans la stabilisation du pays.
3. Une vaste entreprise à long
terme
En conclusion de son rapport, le Secrétaire
général s'est dit conscient qu'il n'y aurait pas de solution
miracle en République centrafricaine et que le règlement de la
crise exigerait du temps et des moyens. L'ampleur des besoins du pays est
impressionnante et les progrès accomplis dans un domaine ne seraient
durables que s'ils s'accompagnent de mesures majeures dans d'autres. Continuer
à reporter des mesures multidimensionnelles durables pourrait avoir des
conséquences humaines et financières bien plus lourdes. La
partition éventuelle du pays suivant des lignes sectaires et la
création d'un terreau fertile à des groupes extrémistes
sont des risques réels, qui pourraient avoir des conséquences
graves pour la stabilité de la région et au-delà.
Le Secrétaire général a indiqué
que bon nombre des problèmes auxquels se heurte la République
centrafricaine dépassent les capacités d'une opération de
maintien de la paix des Nations Unies, compte tenu de la complexité de
la crise, de l'absence d'un dispositif de sécurité et de la
déliquescence de l'État. Le déploiement d'une
opération de maintien de la paix des Nations Unies en République
centrafricaine devrait donc s'inscrire dans une vaste entreprise à long
terme de la communauté internationale. Le succès de cette
entreprise visant à aider le Gouvernement et le peuple de la
République centrafricaine à reconstruire un État
dépendra des contributions et des engagements d'un grand nombre
d'acteurs, mais, avant tout, des Centrafricains eux-mêmes.
La Mission intégrée multidimensionnelle de
stabilisation des Nations unies est désormais à la tête du
commandement des opérations de maintien de la paix en Centrafrique. Elle
remplace les forces internationales déployées dans le pays.
Le passage de relais s'est déroulé lundi 15
septembre, dans l'après-midi, au cours d'une cérémonie
solennelle à l'aéroport de Bangui,
en Centrafrique. Un
an et demi après le début de la crise armée dans le pays,
la Mission
intégrée multidimensionnelle de stabilisation des Nations unies
(Minusca) a pris officiellement la suite des forces internationales,
déployées dans le pays pour faire cesser les sanglantes violences
intercommunautaires.
La
Minusca, composée de 7 600 casques bleus, est désormais
à la tête du commandement des opérations de maintien de la
paix et remplace la force africaine (Misca, Mission internationale de soutien
à la Centrafrique), jusque-là en charge avec l'appui de
l'opération française Sangaris et de la force européenne
Eufor-RCA.
"Il faut savoir que la base de ces hommes, c'est la Misca -
déjà sur place - qui comptait environ 6 000 soldats de
contingents africains. S'ajoutent à cela des contingents du Bangladesh,
du Pakistan ou encore des appuis aériens du Sri Lanka", a
détaillé l'envoyée spéciale de France 24 à
Bangui, Tatiana Mossot. "D'ici à trois mois, le compte des 12 600 hommes
devrait être atteint. Le but c'est de pouvoir se déployer dans
tout le pays."
"Pour cette mission, c'est un véritable défi de
pouvoir récupérer tout le territoire national. Aujourd'hui, on
sait que dans différentes zones il y a encore des violences qui ne sont
pas maîtrisées", a ajouté notre journaliste depuis
Bangui.
"Ce transfert d'autorité représente la
réussite complète du mandat de la Misca et le commencement de
l'action militaire et policière de la Minusca en République
centrafricaine", a souligné le secrétaire général
de l'ONU Ban Ki-moon, tout en appelant les protagonistes du conflit à
"cesser immédiatement les violences" et à faire progresser la
transition politique.
La tâche de la Minusca s'annonce difficile. Même
si les violences intercommunautaires massives entre populations
chrétiennes et musulmanes ayant fait des milliers de morts depuis
décembre 2013 ont diminué, le pays souffre en effet d'une grave
crise humanitaire. Les forces de l'ONU doivent réussir à
stabiliser la Centrafrique. "Notre mission peut se résumer en un
triptyque : protéger la population, appuyer le processus politique et
contribuer à la restauration de l'autorité de l'État", a
résumé le général Babacar Gaye, chef de la
Minusca.
Du fait de son histoire mouvementée, la Centrafrique
détient le triste record des interventions internationales sur son sol,
plus d'une dizaine : Misab, Minurca, Bonuca, Fomuc, Micopax, etc...
Jusqu'à présent, aucune n'a permis de sortir durablement le pays
du marasme. La crise en cours est née du renversement en mars 2013 du
régiment de François Bozizé par
la rébellion
Séléka, à dominante musulmane. Le chef de cette force
armée Michel Djotodia
a
lui-même démissionné, après s'être
révélé incapable de mettre fin au conflit entre
combattants Séléka et miliciens anti-Balaka.
Comme l'explique
un
récent rapport de l'International Crisis Group (ICG), il faut
surtout revoir les fondements de l'État : "Les précédentes
interventions ont toutes échoué car elles ont ignoré ce
problème structurel de la prédation comme mécanisme de
pouvoir, sous sa forme étatique [la corruption notamment, NDLR] comme
contre-étatique [les groupes armés, NDLR]".
SECTION 2. DE
L'INTERVENTION DE L'UA EN CENTRAFRIQUE
L'Afrique est depuis plusieurs années un continent sous
tension, le théâtre de guerre atroce et la source de divers
conflits. La paix est devenue une denrée rare, une nourriture
précieuse dont-on besoins les Africains pour leur développement.
C'est pour cette raison que le rôle de l'UA sévère
indispensable pour le règlement des différends.
S'agissant particulièrement de la Centrafrique, il est
établi que l'UA est intervenue plus d'une fois.
A ce stade, il est important que nous parlions d'abord de la
MICOPAX (paragraphe 1er), avant d'insister sur la FOMAC et sur la
MISCA (paragraphe 2).
§1. Mise en place de la
MICOPAX
Placée sous l'autorité de la Communauté
économique des États d'Afrique centrale (CEEAC), la Mission de
consolidation de la paix en Centrafrique (MICOPAX) a officiellement
remplacé le 12 juillet 2008 la Force multinationale en Centrafrique
(FOMUC), créée le 2 octobre 2002 par la Communauté
économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC).152(*) Elle a été
remplacée le 19 décembre 2013 par la Mission internationale de
soutien à la Centrafrique (MISCA). La MICOPAX, qui était une
mission de la Force Multinationale des États d'Afrique Centrale (FOMAC)
s'inscrivant dans l'architecture de paix de la CEEAC, était
dirigée par un représentant spécial du Gabon et
bénéficiait du soutien financier de l'UE et logistique de la
France. Elle avait pour mandat de consolider le climat de paix et de
stabilité, d'aider au développement du processus politique de
promouvoir le respect des droits de l'homme, de coordonner l'aide humanitaire
et de prendre part à la lutte contre le VIH/SIDA. Son mandat a
été modifié en 2013 pour inclure la mise en oeuvre des
accords de Libreville entre le gouvernement centrafricain et la coalition
rebelle du Séléka.
La Centrafrique connait depuis le milieu des années
1990 un cycle de soulèvements politico-militaires qui ont
profondément déstabilisé l'environnement politique du pays
et qui ont grandement contribué à la détérioration
des perspectives socio-économiques, déjà compromises, de
la population centrafricaine. En 1996, le président élu
Ange-Félix Patassé est en effet menacé par une
série de trois mutineries au sein des Forces armées
centrafricaines (FACA), qui l'amènent à demander l'intervention
de l'armée française. À partir de cette crise,
l'instabilité devient progressivement chronique dans le pays. C'est dans
ce contexte de crises politiques et économiques que l'ancien
président André Kolingba (1981- 1993) tente un coup d'État
contre le président Patassé le 28 mai 2001; l'intervention de la
Libye et des soldats du Mouvement de libération du Congo (MLC)
permettent toutefois au président de se maintenir au pouvoir.153(*)
En réponse à cette instabilité politique
chronique, la Communauté économique et monétaire d'Afrique
Centrale (CEMAC) met en place, en décembre 2002, la Force Multinationale
en Centrafrique (FOMUC). La FOMUC, qui a pour mandat initial d'assurer la
sécurité du président Ange-Félix Patassé, la
restructuration des forces armées et de surveiller le travail des
patrouilles mixtes le long de la frontière avec le Tchad, s'implique
à partir de 2004 dans des tâches liées au processus
électoral. Au plus fort de sa présence, la mission militaire
atteint 380 soldats du Gabon, de la République du Congo, du Tchad et du
Cameroun. Y voyant une opportunité de renforcer son statut de chef de
file régional et de réaffirmer son influence en RCA face à
celle de Kadhafi, le Président du Gabon est le fer de lance de cette
initiative. Par sa position à la tête du comité ad hoc qui
a mis sur pied la mission, le Président gabonais est ainsi en mesure de
s'assurer que les deux commandants à la tête de la FOMUC au cours
de ses six années de déploiement soient Gabonais.154(*)
Le 15 mars 2003, le général François
Bozizé, qui avait fui au Tchad le 9 novembre 2001 en raison de son
implication dans le coup d'État de mai 2001, prend le pouvoir en
Centrafrique grâce au soutien de certains groupes armés
tchadiens.155(*) Ce coup
d'État a lieu en dépit de la présence des 310 soldats
africains de la FOMUC et de 300 militaires français, chargés
entre autres choses de protéger le gouvernement et le président.
Bozizé est élu président et prend la tête d'une
coalition parlementaire majoritaire le 8 mai 2005 lors d'élections
législatives et présidentielles simultanées. Sur le plan
sécuritaire, les élections sont suivies d'une nouvelle
période d'instabilité qui voit apparaitre l'éclosion de
plusieurs rébellions armées.
De plus, les problèmes récurrents au sein des
FACA empêchent le rétablissement de la sécurité en
RCA. Les FACA, qui ne comptent que 5 000 employés dont uniquement 1 500
sont prêts au combat, font face à des problèmes majeurs de
recrutement, d'équipement et de préparation au combat, une partie
importante des effectifs ayant dépassé l'âge de la
retraite. La multiplication des factions armées, la prolifération
des armes légères, l'ethnicisation progressive des violences, les
retards dans les programmes de DDR, la généralisation du
banditisme ainsi que du phénomène des « coupeurs de route
» et les violations répétées des droits humains
commises aussi bien par les groupes armés que par les forces de
sécurité gouvernementales sont autant de défis
sécuritaires avec lesquels le gouvernement et les missions
internationales présentes en Centrafrique doivent composer.156(*)
En juin 2008, le gouvernement signe les
Accords
de paix globaux de Libreville avec l'APRD, l'UFDR, le FDPC et l'Union
des forces vives de la Nation (UFVN). Le MLCJ signe pour sa part un accord de
paix avec le gouvernement en décembre 2008. Le tout mène à
l'adoption d'une loi d'amnistie générale et d'un document-cadre
pour le lancement du DDR en RCA. Le CPCJ et le FDPC sont les principaux absents
du processus de paix de 2008. Les efforts du président Bozizé
pour réamorcer le dialogue politique portent néanmoins fruit en
décembre 2008 avec l'ouverture du Dialogue politique inclusif qui se
déroule jusqu'en janvier 2009. Ce dialogue réunit une vaste
majorité des acteurs politiques et militaires du pays et ses conclusions
établissent les principaux objectifs à atteindre et des
échéanciers à respecter, notamment pour les
élections présidentielles en vue de la normalisation de la
situation politique.
C'est dans ce contexte qu'au cours de l'été
2008, la CEMAC transfère les responsabilités de la FOMUC à
la CEEAC.157(*) Au cours
de ses six premiers mois d'existence, alors que le processus de
réconciliation politique franchit des étapes importantes, la
MICOPAX tente de transformer la mission de paix relativement traditionnelle
qu'était la FOMUC en mission intégrée de consolidation de
la paix.158(*)
L'existence à la fois de la CEEAC et de la CEMAC entraîne une
problématique de duplication des mandats en matière de paix et de
sécurité, d'autant plus que les deux organisations comptent les
mêmes États membres. Afin de rectifier ce problème, deux
avenues sont envisagées : soit une division des responsabilités
(économiques pour la CEMAC et politiques/sécuritaires pour la
CEEAC), soit la fusion des deux organisations afin de former une
véritable communauté d'intégration régionale. La
transmission au Conseil de paix et de sécurité de l'Afrique
centrale (COPAX) des responsabilités assumées par la mission de
la CEMAC s'inscrit donc directement dans le processus d'harmonisation et de
coordination des deux organisations régionales.
A. Création et bilan
de la MICOPAX
La décision de transférer le maintien de la paix
est prise en octobre 2007, lors du sommet des chefs d'État de la CEEAC
à Brazzaville en République du Congo. Après une
période de planification de plus de six mois, la FOMUC se transforme en
MICOPAX en juillet 2008. Première mission sous l'autorité de la
COPAX, la MICOPAX s'inscrit dans la nouvelle architecture de maintien de la
paix de la CEEAC. Bien que déployée dans le cadre de la FOMAC, la
mission est dirigée par le Chef d'État gabonais par
l'intermédiaire d'un Représentant spécial. Le
président gabonais bénéficie de la collaboration de la
conférence des chefs d'État de la COPAX, ainsi que du
Secrétaire général de la CEEAC qui est responsable de la
gestion administrative de la mission. Cet arrangement organisationnel de la
mission confirme la primauté de l'influence gabonaise dans le maintien
de la paix régional en Centrafrique, en continuité du rôle
joué par cet État au sein de la FOMUC. La MICOPAX reste toutefois
supervisée et régulièrement évaluée par la
CEEAC.
Le mandat de la MICOPAX est notablement plus étendu que
celui de la FOMUC, qui était initialement limité au domaine
sécuritaire classique de protection du gouvernement.159(*) Ce mandat élargi est
en fait une tentative de mettre en place une mission de paix régionale
intégrée afin de mettre fin à la crise en Centrafrique. Le
12 juin 2008, la CEEAC adopte la « Décision
N°02/CEEAC/CCEG/XIII/08 portant sur le mandat de la Mission de Paix du 12
juillet au 31 décembre 2008 et Mission de Consolidation de la Paix du
1er janvier 2009 aux environs de l'année 2013 du Conseil de paix et de
sécurité de l'Afrique centrale en République
centrafricaine », qui établit le mandat de la MICOPAX pour une
période de six mois renouvelables jusqu'en 2013. La CEEAC confie
à la mission les objectifs suivants :
· consolider le climat de paix et de stabilité ;
notamment à travers l'aide au gouvernement pour le désarmement,
la démobilisation et la réinsertion (DDR) des rebelles, la
réforme du secteur de la sécurité (RSS) et le soutien aux
forces nationales en matière d'ordre public, ainsi que la protection du
personnel de l'ONU et des civils ;
· aider au développement du processus politique ;
ceci inclut le soutien aux efforts du gouvernement pour le dialogue et la
réconciliation, et à l'organisation des élections
;160(*)
· soutenir les efforts des gouvernements et des ONG pour
assurer le respect des droits de l'homme ; et
· coordonner l'aide humanitaire et prendre part à
la lutte contre les maladies, en particulier le VIH/SIDA.
La direction de la MICOPAX sur le terrain est assurée
par le Représentant spécial du président du Gabon, qui est
appuyé par une petite équipe de conseillers civils (moins d'une
dizaine de personnes) composée d'experts politiques et juridiques et
d'une cellule de communication. Outre sa direction, la MICOPAX est
constituée de trois composantes : militaire, policière et civile.
À l'image des difficultés rencontrée par l'UA et d'autres
organisations régionales africaines dans d'autres missions de paix
intégrées, le déploiement de la composante civile de la
MICOPAX s'avère problématique, celle-ci se limitant surtout
à l'équipe de conseillers entourant le Représentant
spécial même si elle est en charge des affaires concernant la
justice, les droits humains, la question du genre, la prévention du
VIH/SIDA et la protection des enfants. Cette composante doit également
se doter de conseillers en RSS, en affaires politiques et
économiques.161(*) Les deux autres composantes sont responsables
d'assurer la sécurité et la protection des civils, de maintenir
l'ordre, d'appuyer les processus de DDR et de RSS, ainsi que de soutenir le
processus politique, notamment l'organisation des élections.
Initialement, le nombre de troupes déployées est
inférieur à 400. En date de décembre 2012, la mission
compte un total de 680 troupes La composante policière est
déployée dans la capitale afin d'y maintenir l'ordre, et la
composante militaire maintient une présence dans trois autres villes en
province : Paoua dans le nord-ouest, Kaga Bandoro dans le centre-nord, et
Ndélé (depuis 2011) dans le nord-est. Sept pays membres de la
CEEAC fournissent des troupes à la mission. Les contributeurs les plus
importants sont le Cameroun, avec 144 personnels dont 125 policiers, et le
Gabon, avec 143 militaires. La RDC, le Tchad, et la République du Congo
fournissent également plus d'une centaine de militaires chacun. Les
autres contributeurs sont le Burundi et la Guinée
Équatoriale.162(*)
Comme son prédécesseur, la MICOPAX
bénéficie du soutien de la France dont le détachement
Boali déployé depuis 2002 fournit un appui logistique,
administratif et technique au volet militaire de la mission. Dans le cadre du
programme RECAMP, la France assure également l'instruction
opérationnelle des contingents africains engagés dans la MICOPAX
préalablement à leur déploiement sur le
théâtre d'opérations. Un peu moins de la moitié du
budget de la MICOPAX, qui dépassait à peine les 30 millions
d'euros en 2010, est financé par l'UE par l'intermédiaire de la
Facilité de paix de l'Union européenne accordée à
l'Union africaine (APF). Un autre 30 % du budget est assumé par la
France à travers la mise à disposition de matériel comme
les tenues militaires, les armes, les munitions et les véhicules. La
CEEAC est censée couvrir 20 % des coûts de la mission, soit les
salaires et les coûts de fonctionnement de la composante civile, tandis
que la Centrafrique contribue pour moins de 1% du budget, soit les frais de
location, d'eau et d'électricité du camp de Bangui.
Bien que la contribution de la MICOPAX à la
stabilisation de la RCA reste limitée et se concentre principalement au
domaine militaire, la mission a tout de même fourni à la CEEAC un
outil pour intervenir en RCA et surtout pour mettre sa nouvelle architecture de
paix et sécurité à l'épreuve du terrain. La mission
a notamment joué un rôle d'intermédiaire neutre entre les
différentes parties aux accords de paix, bien que cette
neutralité ait parfois été mise à dure
épreuve en raison du mandat d'appui aux forces de l'ordre. La mission a
également participé au processus de DDR et a apporté un
soutien logistique durant les élections, sans lequel le vote n'aurait pu
se dérouler dans certains endroits. Cependant, la plupart des
contingents ont fait preuve d'une certaine réticence à risquer
leur sécurité et ont ainsi été inactifs sur le
terrain. De plus, la force ne dispose toujours pas d'assez de véhicules
et de personnel pour assurer la protection des civils dans le Nord.
L'incapacité à déployer une réelle composante
civile a également grandement limité l'action de la mission. Un
énorme fossé sépare encore les capacités de la
MICOPAX et l'objectif d'en faire une mission intégrée de
consolidation de la paix. La centralité de l'État hôte dans
son mandat, le faible engagement des certains États de la CEEAC, son
instrumentalisation par d'autres et les discussions concernant un possible
retrait anticipé sont autant de défis auxquels la mission doit
faire face au cours de sa dernière année de
mandat. 163(*)
B. Déroulement de la
mission
La période suivant le déploiement de la MICOPAX
est marquée par une progression positive dans le processus de
réconciliation politique. Bien que la loi d'amnistie
générale ait été contestée, en particulier
par l'APRD, les travaux du comité de suivi permettent la tenue du
Dialogue politique inclusif au cours duquel est adoptée une feuille de
route pour la normalisation de la situation politique. La première
étape de cette feuille de route est la formation d'un gouvernement
d'union, qui voit le jour le 20 janvier 2009 sous la direction du Premier
ministre Faustin-Archange Touadéra, maintenu en poste par Bozizé.
Le nouveau gouvernement comprend des ministres de l'APRD, de l'UDFR, et de
partis modérés d'opposition. Ce gouvernement est cependant
dénoncé par certains partis d'opposition qui refusent d'y
participer, notamment l'UFVN et le MLPC. Également en janvier 2009, le
gouvernement et les rebelles mettent sur pied le comité de pilotage du
programme de DDR.
Malgré les efforts de mise en oeuvre des conclusions du
Dialogue inclusif, les rébellions armées ne tardent pas à
reprendre. Outre le CPCJ qui n'a jamais intégré le processus de
paix, le FDPR attaque la ville de Batangafo en février 2009, avec le
soutien du MLPC, et rejette l'accord de paix qu'il avait signé avec le
gouvernement en 2006. Un mois plus tard, le MLPC annonce officiellement qu'il
reprend les armes contre le gouvernement en raison de son désaccord au
sujet de la composition du gouvernement. L'Armée de résistance du
Seigneur (LRA) devient de son côté de plus en plus active en RCA
à partir du début 2009, entraînant une série
d'opérations militaires menées conjointement par les Forces
armées ougandaises (FDPU) et les FACA.164(*)
L'insécurité perdure malgré le
début des activités de DDR alors que le 27 novembre, le CPJP
(Convention des Patriotes pour la Justice et la Paix) capture la ville de
Ndélé. Son chef, l'ancien ministre Charles Massi, est cependant
capturé en décembre et meurt en janvier 2010 suite aux tortures
qui lui sont infligées. En mars 2010, le gouvernement annonce avoir
déjoué une tentative de coup d'État pro-Patassé. Au
cours de l'été, la ville de Birao est la cible de plusieurs
attaques menées par des groupes armés. En septembre, une nouvelle
tentative de coup d'État est déjouée tandis que le 25
novembre, le CPJP occupe la ville de Birao. Les rebelles finissent par
évacuer la ville quelques jours plus tard après de combats avec
les FACA et l'armée tchadienne. Le retrait de la MINURCAT le 31
décembre 2010 ne fait rien pour améliorer la situation
sécuritaire.
D'autre part, les obstacles au DDR et à l'organisation
des élections se multiplient. Le processus de DDR commence à
dérailler en janvier 2010, lorsque l'APRD refuse d'être
désarmée. Les autres groupes rebelles offrent également
une collaboration très limitée aux activités de DDR. En
février la Commission électorale indépendante (CEI)
annonce que le premier tour des élections présidentielles et
législatives aura lieu le 18 avril 2010 et le second tour le 23 mai. Les
estimant irréalistes étant donné le manque de
préparatifs, l'opposition dénonce aussitôt ces dates.
François Bozizé accepte finalement en mars de reporter les
élections, mais estime qu'elles doivent se tenir avant le 10 juin 2010
afin d'éviter un vide juridique après la fin de son mandat. C'est
ainsi qu'il propose la date du 16 mai, aussitôt rejetée par
l'opposition. La CEI reporte de nouveau les élections, laissant entendre
qu'elles pourraient avoir lieu en octobre. Entre temps, une loi autorise la
prolongation du mandat présidentiel jusqu'aux élections.
Finalement, le 30 juillet le président annonce que le premier tour des
élections aura lieu le 23 janvier 2011.165(*)
À l'approche des élections, certains
candidats de l'opposition, dont l'ancien président Ange
Félix-Patassé et Jean-Jacques Démafouth, de l'APRD,
réclament un nouveau report des élections. Malgré cela,
les élections se déroulent finalement comme prévu le 23
janvier 2011 dans un calme relatif. L'ensemble des candidats de l'opposition
dénoncent dès le lendemain le nombre élevé
d'irrégularités ainsi que des cas d'abus et de fraudes.
Après la démission de sept de ses membres, la CEI annonce les
résultats provisoires le 1er février attribuant 64 % des voix au
Président sortant François Bozizé, tandis que le parti de
ce dernier remporte la majorité des sièges aux
législatives. Les partis d'opposition décident alors de ne pas
participer au second tour du 20 mars. Peu après la mort d'Ange
Félix-Patassé dans un hôpital du Cameroun, un nouveau
gouvernement est formée et plusieurs membres de l'opposition ainsi que
d'anciens mouvements rebelles rejoignent alors la majorité pour entrer
au gouvernement.166(*)
Les violences armées se poursuivent après
les élections, principalement du fait du CPJP dans la région de
Ndélé. Ce dernier finit par signer un accord de cessez-le-feu au
mois de juin suite à un remaniement du gouvernement afin d'y faire
entrer des membres de l'opposition et d'anciens groupes rebelles. Le 27 juin,
le président annonce le début des opérations de
désarmement de 350 ex-combattants de l'APRD. Un accord de paix est
finalement signé entre une faction dissidente de la Convention des
patriotes centrafricains pour la justice (CPCJ) et le gouvernement le 19
juillet. En octobre, un accord de cessez-le-feu met fin à des combats
amorcés en septembre entre le CPCJ et l'UFRD autour de la ville de
Birao. En mai 2012 l'APRD se dissout et cesse d'exister en tant que groupe
politico-militaire ou en tant que rébellion.
§2. De la FOMAC à
la MISCA
La Force multinationale de l'Afrique
centrale (FOMAC) est une force armée multinationale africaine,
liée à la Communauté Économique des États de
l'Afrique Centrale (CEEAC).167(*)
Cette force multinationale est notamment composée de
soldats de l'armée de la République du Congo, du Tchad,
du Gabon, du Cameroun, de la Guinée équatoriale et
de l'Angola.
La FOMAC est notamment déployé
en République centrafricaine dans le cadre de la MICOPAX.
Le 19 décembre 2014, la force d'Afrique centrale en Centrafrique
(Fomac), a passé officiellement le bâton à la Mission
internationale de soutien à la Centrafrique (Misca), une force africaine
d'environ 3 600 hommes. Le Conseil de sécurité de l'ONU
s'est dit prêt à soutenir cette nouvelle force. Dans la
résolution 2121, il s'était déclaré disposé
«à envisager différentes options» et demandait
à Ban Ki-moon de lui présenter les scénarios
possibles.168(*)
Pour le secrétaire général de l'ONU, il y
a urgence à tenter de régler la crise centrafricaine avant que
celle-ci n'échappe à tout contrôle. La situation
humanitaire continuant à s'aggraver, tout comme la situation des droits
de l'homme. Des tensions entre musulmans et chrétiens apparaissaient.
« Un échec à agir maintenant de
manière décisive pour briser le cycle de violences, stopper les
violations des droits de l'Homme, et rétablir un niveau minimum de
sécurité au travers du pays, écrit Ban
Ki-moon, ne mettrait pas seulement un peu plus en danger la population
de la République centrafricaine (RCA), elle rendrait
également toute future intervention plus complexe et
coûteuse. »
Une mission envoyée en RCA du 27 octobre au 8 novembre
a travaillé sur les besoins de la force régionale
déjà déployée, et les moyens d'assurer sa
transformation en Misca.
Cette mission a recensé les difficultés
logistiques, de l'alimentation en eau potable au paiement des soldes en passant
par le transport de troupes, le soutien aérien, les systèmes de
communication. Une aide en matière d'organisation, de coordination, a
également été jugée nécessaire pour que la
future Misca puisse mettre en application la totalité de son mandat.
Pour remédier à ces déficits, cinq
options ont été envisagées par Ban Ki-moon.
La première, la plus modeste, avait consisté
à faire appel à des aides bilatérales ou
multilatérales pour permettre le bon fonctionnement de la Misca. Dans ce
scénario, les Nations unies jouent un rôle limité. Elles se
chargent notamment de mobiliser cette assistance, assurent une forme de
coordination entre les Etats membres de l'ONU et l'Union africaine et
fournissent un soutien à la Misca en matière de planification.
Dans la deuxième option Ban Ki-moon propose d'ajouter,
à ces aides bilatérales et multilatérales, un soutien des
Nations unies au travers de certains équipements ou d'assistance
technique.169(*)
La 3e option a conduit l'ONU à s'engager un
peu plus, notamment sur certains points jugés
« critiques » pour le succès de la Misca :
le transport aérien pour le déploiement et le transport de
troupes, l'établissement de systèmes de communication, l'appui
des spécialistes du Bureau des Nations unies en Centrafrique (Binuca),
... etc.
L'ONU
envisage de déployer 6 000 casques bleus en Centrafrique
La 4e option était de nature à
permettre la fourniture d'un « paquet de soutien logistique »
à la Misca, à travers l'établissement d'une mission de
soutien de l'ONU, sur le modèle de l'aide fournie à l'Amisom, la
force africaine déployée en Somalie. Concrètement, l'ONU
fournirait à la Misca l'équipement et les services qu'elle
apporte habituellement à une opération de maintien de la paix,
à l'exception du paiement des soldes et des remboursements liés
à l'utilisation du matériel. Ce scénario peut permettre
une transition progressive à une opération de maintien de la
paix.
La 5e option, la plus ambitieuse, a consisté à
transformer la Misca en opération de maintien de la paix des Nations
unies. Cette force pourrait compter 6 000 militaires dans un premier
temps. En cas de détérioration de la situation, les effectifs
militaires pourraient être portés à 9 000 hommes. La
composante de police pourrait, elle, compter 1 700 personnes.
La
CEEAC autorise l'emploi de la force pour désarmer les
éléments armés en Centrafrique
Dans son rapport, Ban Ki-moon ne préconisait pas de
manière explicite le choix d'une option ou d'une autre. Le
secrétaire général des Nations unies cite, en revanche
différents avis : l'Union africaine et la CEEAC sont prêts
à soutenir une éventuelle transformation de la Misca en force de
maintien de la paix, mais ne la souhaitent pas dans un futur
immédiat.
Lors de sa 380ème réunion le 17 juin 2013, le
CPS de l'UA a décidé de soutenir la mise en place d'une Mission
internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine
(MISCA). Cette décision est confirmée dans le Communiqué
PSC/PR/COMM.2(CCCLXXXV) du Conseil le 19 juillet 2013 dans lequel les contours
de la mission, qui doit englober les forces de la MICOPAX déjà
présentes en Centrafrique, sont dessinés. Originellement forte
d'un effectif de 3 500 personnels en uniforme (2 475 pour la composante
militaire et 1 025 pour la composante de police), elle comprendra aussi 152
civils. L'Union africaine a toutefois donné mi-décembre son
feu vert au renforcement des effectifs de la MISCA à hauteur de 6 000
hommes.
La Mission internationale de soutien à la Centrafrique
(Misca) prend officiellement le relais de la Force d'Afrique centrale (la
Fomac). Le transfert d'autorité entre la Communauté
économique des États d'Afrique centrale (CEEAC) et l'Union
africaine (UA) a lieu ce jeudi, à Bangui.170(*)
L'accouchement a été long, mais le passage de
témoin entre la Fomac et la Misca a bien lieu, jeudi 19 décembre,
à Bangui. Pour l'occasion, une cérémonie
présidée par le secrétaire général de la
Communauté économique des États d'Afrique centrale
(CEEAC), Ahmat All-Amy, et la représentante de l'Union africaine en RCA,
Awa Amehd Yousouf, devait être organisée dans la matinée au
camp Mpoko. L'ensemble des états-majors de la CEEAC et le l'UA doivent y
assister.
Les effectifs de la Misca, qui sera appuyée par
les soldats
français de l'opération Sangaris, sont aujourd'hui de plus de
4 500 hommes. L'ambition de l'Union africaine est d'atteindre les 6 000 soldats
en février. L'équipe dirigeante est exclusivement composée
de personnalités issues des pays de la sous-région. Le
général
congolais Jean-Marie Michel Mokoko en sera le chef. Il assurera le
rôle de représentant spécial de l'UA en RCA. Chef
d'état-major des armées congolaises à la fin des
années 1980, conseiller spécial auprès du chef de
l'État Denis Sassou Nguesso, Mokoko est un bon connaisseur des
opérations de paix.
C. Intenses
négociations
Le général camerounais Martin Tumenta Chomu,
diplômé de l'école militaire interarmées (Emia),
assure quant à lui le commandement militaire. Natif du nord-ouest
anglophone, il a été l'un des acteurs de la libération, en
avril, de la famille française Moulin-Fournier, enlevée sur une
route de l'extrême-nord du Cameroun par un groupe se revendiquant de Boko
Haram. Enfin, pour diriger la composante police de la Misca, un Gabonais a
été nommé : le colonel Patrice Ostangue Bengone.
Décidée en août, le transfert
d'autorité entre les deux forces a été plusieurs fois
retardé. La faute aux intenses négociations sur les postes
principaux et la composition des effectifs de la nouvelle mission. Selon les
textes de l'UA, le chef de la Misca n'aurait pas dû être un
ressortissant de la CEEAC. Mais, frustrés de perdre le contrôle
d'une entité qu'ils ont financé pendant plusieurs années,
les chefs d'État d'Afrique centrale ont protesté avant d'obtenir
gain de cause.171(*)
En tant que médiateur de la crise et principal
financier de la Centrafrique, Sassou Nguesso a une voix
prépondérante au sein de la région.
Restait à choisir entre les pays de la
sous-région. Le Tchad s'est immédiatement positionné, mais
s'est vite vu adresser une fin de non-recevoir. Pendant un temps,
l'ancien
président burundais Pierre Buyoya a tenu la corde.
Représentant de l'Union africaine pour le Mali et le Sahel, il avait
l'avantage de bien connaître le pays. L'accord de
l'intéressé n'a pas suffi à convaincre le président
Sassou Nguesso, qui, en tant que médiateur de la crise (il est en outre
pratiquement le seul à maintenir sous perfusion ce qui reste de
l'administration centrafricaine et à financer le renforcement des
troupes sur place), a voix prépondérante sur le sujet au sein de
la région. D'où le choix du général Mokoko.
D. Les effectifs, question
épineuse
La question des effectifs fut également
épineuse. Au départ, l'UA voulait élargir les contingents
aux pays de l'ensemble du continent, mais elle a finalement revu sa copie
devant le manque d'intérêt que suscitait la crise centrafricaine.
Les chefs d'État de la CEEAC ont accepté de renforcer leurs
troupes sur place, une manière pour eux de garder le contrôle
malgré le transfert d'autorité.
La surprise est venue du Burundi qui, pour sa première
participation à une opération de maintien de la paix de la CEEAC,
a décidé d'envoyer près de 850 soldats. Leur
présence a été rendu possible par l'aide logistique des
États-Unis qui ont assuré le transport du contingent, mais aussi
du lobbying du médiateur de la crise Denis Sassou Nguesso qui s'est
déplacé deux fois à Bujumbura pour convaincre le
président Pierre Nkurunziza
CHAPITRE III. EVALUATION
DES RESULTATS DES INTERVENTIONS DE L'ONU ET DE L'UA EN RCA ET PERSPECTIFS
D'AVENIR
Pendant plusieurs années, la RCA a connu une profonde
crise qui doit être regardé comme une menace contre la paix et la
sécurité internationale. Les déplacements de population
civile, consolidé par les tueries en grande échelle traduisent
les visages de composés d'un Etat au aboi et à la dérive.
Il sied de relever que l'intervention de l'ONU et de l'UA
n'est pas restée sans résultats efficace. La situation actuelle
paré être préférable à celle dans laquelle se
trouvé ce pays il y a quelques années.
D'où la nécessité de n'est pas
négligé l'apport combien estimable de se structure dont les
résultats valent la peine l'appelle d'être examiné (Section
1), les conséquences de la crise et perspective d'avenir (Section 2).
SECTION 1. EVALUATION DE
RESULTATS
Apres d'intense d'année de conflits multiples et
varié, et malgré que la paix semble n'être pas encore
restauré totalement en RCA il y a eu de reconnaitre que suite à
l'intervention de l'ONU et de l'UA, quelque point positive sont à mettre
à l'active de ses institutions.
Il s'agit du processus électorale tendant a
stabilisé ce pays sur le plan politique (§1) et de la restauration
de certains indicateurs sociologies et économiques (§2).
§1. Processus
électorale gage de la stabilité politique
Il est un fait que les désordres dans le quelle la RCA
a été plongé n'est lui ont pas rendu la tâche
facile sur le plan politique car elle a longtemps souffert d'une cire de
légitimité.
Suite à l'intervention de l'ONU et de l'UA il est donc
normal que la restauration soit effective surtout dans le domaine politique.
C'est tout le sens de l'organisation des élections qui ont
été précédé d'un referendum et surtout
marqué sur le rejet de certaines candidatures.
Dans ce paragraphe, deux points seront
abordés :
A. Le référendum constitutionnel (A) ;
B. L'organisation des élections (B).
A. Le
référendum constitutionnel
1. Contexte
Un référendum constitutionnel a lieu
en République centrafricaine pour clore la période de
transition consécutive à la troisième guerre civile
centrafricaine. D'abord prévu le 4 octobre 2015, il se tient finalement
les 13 et 14 décembre suivant.172(*)
Le référendum ratifie la nouvelle
Constitution qui reprend notamment la limite de deux mandats
présidentiels, la création d'un Sénat et d'une Haute Cour
de Justice, ainsi que l'affirmation d'une lutte contre la corruption. La
nouvelle Constitution instaure
la VIe République.
Les résultats définitifs font état d'une
participation de 38 % et un taux d'approbation du texte constitutionnel de
93 %.
2.
Résultats
Le 21 décembre 2015, l'Autorité
nationale des élections communique les résultats du
référendum constitutionnel
du 13 décembre 2015.173(*)
Référendum
du 13 décembre 2015 en République
centrafricaine
|
Électeurs inscrits
|
1 954 433
|
|
Abstentions
|
|
62 %
|
Votants
|
|
|
Blancs et nuls
|
|
|
Suffrages exprimés
|
741 056
|
|
Oui
|
689 182
|
93 %
|
Non
|
51 874
|
7 %
|
B. L'organisation des
élections
1. Contexte
L'élection présidentielle centrafricaine de 2015
et 2016 a pour but d'élire le président de
la République Centrafricaine pour un mandat de cinq ans
commençant en 2016. Elle se déroule, pour le premier tour, le
30 décembre 2015, en même temps que
les élections législatives. Un second tour devait avoir lieu
le 31 janvier 2016 mais la date est repoussée
au 14 février 2016.174(*) La nouvelle Constitution du pays sera
promulguée le jour de l'investiture
du président nouvellement élu.
Les élections en République
centrafricaine ont notamment pour objet d'élire l'Assemblée
Nationale et le Président de la République. Le recours
au référendum constitutionnel est intervenu à cinq
reprises depuis 1958. Les élections municipales n'ont pas
été organisées depuis 1988.
L'article 19 de la Constitution dispose que le principe
de la République est Le gouvernement du peuple par le peuple et
pour le peuple. La souveraineté nationale appartient au peuple qui
l'exerce par voie de référendum ou par ses représentants.
Tous les Centrafricains des deux sexes, âgés de dix-huit ans
accomplis, jouissant de leurs droits civils et politiques, sont
électeurs dans les conditions déterminées par la loi. Tout
citoyen a le devoir de voter. Le suffrage peut être direct ou indirect
dans les conditions prévues par la Constitution. Il est toujours
universel, égal et secret.
2. Calendrier
électoral
Il s'agit de la première élection universelle
depuis la
deuxième
guerre civile centrafricaine en
2013.
La date de l'élection a été
reportée huit fois depuis mars
2014, pour des raisons de
sécurité mais aussi pour permettre un corps électoral plus
complet, par des
recensements de
meilleure qualité et en incluant les réfugiés. Le
recensement a ainsi débuté au printemps 2015, mais n'était
pas terminé au milieu de l'été.
Prévue le 27 décembre, elle est repoussée
de trois jours le 24 décembre par la présidente par
intérim
Catherine
Samba-Panza, en raison de problèmes logistiques :
présence des bulletins de vote et des
urnes, des
votants, formation des
agents
électoraux.
3. Candidats
Le premier tour a ainsi lieu le
30
décembre
2015 et le second tour,
après avoir été prévu pour le
27
janvier
2016, a lieu le
14
février
2016.
La Cour constitutionnelle centrafricaine annonce le 8
décembre 2015 avoir validé 30 candidatures à cette
élection elle rejette notamment la candidature de l'ancien
président François Bozizé, qui avait
été chassé du pouvoir lors de la guerre civile, ce qui
occasionne des tensions dans le pays.175(*)
4. Résultats
a. Premier tour
Le 7 janvier 2016, l'Autorité nationale des
élections communique les résultats provisoires du premier tour.
Ils sont confirmés le 25 janvier par la Cour constitutionnelle de
transition, qui ainsi ne reçoit pas les requêtes pour
irrégularité de Désiré Kolingba, Martin
Ziguélé, Karim Meckassoua, Sonny Collet et Cyriaque Gondha. Elle
annule le même jour les résultats du premier tour
des élections législatives.
Aucun candidat n'obtient la majorité
absolue. Anicet-Georges Dologuélé, arrivé en
tête, affronte Faustin Touadéra, arrivé second, dans
un deuxième tour.176(*)
Résultats complets de l'élection
présidentielle centrafricaine de 2015177(*)
|
Candidat
|
Parti
|
Voix
|
%
|
Anicet-Georges Dologuélé
|
URCA
|
281 420
|
23,74
|
Faustin-Archange Touadéra
|
Sans étiquette
|
229 764
|
19,05
|
Désiré Kolingba
|
RDC
|
149 134
|
12,04
|
Martin Ziguélé
|
MLPC
|
126 009
|
11,43
|
Jean-Serge Bokassa
|
sans étiquette
|
77 493
|
6,06
|
Charles Armel Doubane
|
sans étiquette
|
39 336
|
3,33
|
Karim Meckassoua
|
sans étiquette
|
37 947
|
3,21
|
Jean-Michel Mandaba
|
PGD
|
36 140
|
3,06
|
Sylvain Patassé
|
sans étiquette
|
30 773
|
2,60
|
Jean-Barkès Gombé-Ketté
|
sans étiquette
|
20 064
|
1,70
|
Gaston Mandata Nguérékata
|
sans étiquette
|
19 607
|
1,66
|
Fidèle Gouandjika
|
sans étiquette
|
14 759
|
1,25
|
Théodore Kapou
|
sans étiquette
|
14 542
|
1,23
|
Timoléon Mbaikoua
|
sans étiquette
|
12 886
|
1,09
|
Jean Willybiro-Sako
|
sans étiquette
|
9 756
|
0,83
|
Guy Roger Moskit
|
MNS
|
9 394
|
0,80
|
Marcel Djibassé
|
PS
|
8 160
|
0,69
|
Émile Gros Raymond Nakombo
|
|
7 934
|
0,67
|
Xavier Sylvestre Yangongo
|
sans étiquette
|
6 868
|
0,58
|
Régina Konzi-Mongot
|
sans étiquette
|
6 855
|
0,58
|
Cyriaque Gonda
|
PNCN
|
6 399
|
0,54
|
Constant Gouyomgbia Kongba Zézé
|
sans étiquette
|
6 044
|
0,51
|
Joseph Yakété
|
FORAC
|
5 904
|
0,50
|
Laurent Gomina Pampali
|
UNADER
|
5 808
|
0,49
|
Mathias Barthélemy Morouba
|
sans étiquette
|
4 818
|
0,41
|
Théophile Sony Colé
|
|
4 109
|
0,35
|
Maxime Kazagui
|
ANC
|
3 174
|
0,27
|
Jean-Baptiste Koba
|
|
2 401
|
0,20
|
Stanislas Moussa Kembé
|
|
1 961
|
0,17
|
Olivier Gabirault
|
sans étiquette
|
1 943
|
0,16
|
Total
|
|
1 181 402
|
100
|
|
|
|
|
b. Deuxième tour
Les moyens de campagne d'Anicet-Georges
Dologuélé sont supérieurs à ceux
de Faustin-Archange Touadéra, mais ce dernier
bénéficie du soutien d'une grande partie des candidats malheureux
du premier tour, dont Martin Ziguélé.
Faustin-Archange Touadéra est
élu président de la République à l'issue
du deuxième tour, avec 62 7 % des suffrages
contre 37 3 % à Anicet-Georges
Dologuélé. Il présente la réconcialiation comme
priorité de son mandat à venir : « Aujourd'hui,
les gens ne se rendent pas aux champs parce qu'ils ont peur. Donc, ils n'ont
rien à manger. La priorité, c'est de rétablir la paix et
de réconcilier les Centrafricains».
Qu'en est- il des élections
législatives ?
Les élections législatives centrafricaines
de 2015 se déroulent le 30 décembre 2015, en
même temps que l'élection présidentielle.
Chaque Sous-préfecture ou Arrondissement de la ville de
Bangui constitue une circonscription. Il est institué une
circonscription supplémentaire par tranche respective de 35 000
habitants pour les Sous-préfectures et 45 000 habitants pour les
Arrondissements de Bangui. Selon le décret
1 du
26 août 2015, le nouveau découpage électoral porte à
141 le nombre de circonscriptions.
Des dysfonctionnements dans l'impression et l'acheminement des
bulletins de vote empêchent le scrutin d'avoir lieu dans trente
circonscriptions au moins (sur cent quarante). Ceci conduit la Cour
constitutionnelle de transition à annuler le premier tour, le 25
janvier 2016, afin de le réaliser de nouveau en mars.
§2. Relance
économique
Pour de plus amples précisions, nous pensons
dégager l'Etat de la question (A), avant d'insister sur la situation
depuis la tenue de l'élection présidentielle (B).
A. Etat de la question
Après la chute de la production enregistrée en
2013, l'activité économique de la République
centrafricaine (RCA) a connu une reprise timide en 2014. Le secteur agricole,
principal contributeur au produit intérieur brut (PIB), continue
toutefois de régresser, en raison notamment de la situation
d'insécurité prolongée et de la lenteur du retour des
personnes déplacées.
La sécurisation progressive du principal corridor
routier (Bangui-Douala), par lequel transite l'essentiel des échanges
extérieurs du pays, a favorisé les activités de commerce
et de transport. La croissance économique devrait se renforcer en 2015
et 2016 en raison de l'amélioration de la situation sécuritaire
et de la tenue des élections présidentielles et
législatives. L'année 2014 a été marquée par
la mise en place, dès le mois de janvier, des nouvelles autorités
de transition, avec notamment l'élection de Catherine Samba-Panza
à la tête de l'État, la nomination d'un nouveau Premier
ministre et la formation d'un gouvernement.
Ces changements ont reçu un accueil favorable et ont
renforcé la mobilisation de la communauté internationale pour
stabiliser le pays et appuyer le processus de transition en cours. En
dépit de ces développements positifs, l'insécurité
du pays reste cependant préoccupante et les conditions sociales et
humanitaires demeurent difficiles. Selon les dernières
estimations des Nations Unies, plus de 28 % de la population est
affectée par l'insécurité alimentaire, tandis que 33 % de
la population nécessite une assistance humanitaire. Malgré la
formation d'un gouvernement plus consensuel en août 2014, avec un Premier
ministre issu de la communauté musulmane, de nombreuses tensions
communautaires et politiques demeurent. Un nouveau calendrier électoral
a ainsi été défini pour juin-juillet 2015, avec des
élections présidentielles et législatives.
La reprise des appuis financiers extérieurs, notamment
sous forme d'aides budgétaires, a permis aux autorités de
transition d'assurer le paiement des salaires. Après une période
marquée par un recours systématique aux procédures
exceptionnelles dans l'exécution de la dépense publique et par la
désorganisation des régies financières, on assiste
à une normalisation progressive de la gestion des finances publiques.
Très enclavée, la RCA compte également
une densité de population parmi les plus faibles d'Afrique. En plus de
ces conditions difficiles, le pays doit aussi faire face à un manque
d'infrastructures qui entraîne une exclusion spatiale et
géographique de la population et exacerbe la pauvreté en milieu
rural. Pour tenter de remédier à cette situation, l'État a
adopté une stratégie de Pôle de développement (PDD)
tenant compte des caractéristiques démographiques,
économiques et sécuritaires des différentes régions
du pays.
B. La situation
après les élections
En 2014, l'activité économique enregistre une
reprise timide qui devrait se poursuivre en 2015 et 2016 grâce à
l'amélioration de la situation sécuritaire et à la tenue
des élections présidentielles et législatives en 2015.
La mobilisation de la communauté internationale, suite
à l'élection de Catherine Samba-Panza à la tête de
l'État de la transition en janvier 2014, s'est traduite par le
déploiement des forces de sécurité des Nations Unies et la
reprise des appuis financiers extérieurs.
En dépit des améliorations relatives
enregistrées à Bangui et dans certaines localités, les
conditions sociales et humanitaires restent difficiles en raison de la
persistance de l'insécurité et du nombre élevé de
déplacés.
1. La crise politique
pénalise la croissance et affaiblit les infrastructures
La crise politique et sécuritaire a été
à l'origine de la sévère récession de 2013. La
croissance devrait rebondir en 2016 dans un contexte de reprise graduelle des
activités commerciales. L'activité devrait être
principalement portée par la production agricole, qui contribue à
plus de la moitié du PIB et emploie près de 75 % de la
population. La croissance de la production agricole devrait néanmoins
continuer à pâtir du manque de productivité, de
difficultés d'accès au financement et des perturbations
sécuritaires. Le secteur minier devrait également contribuer
à la reprise de l'activité suite à la levée
partielle en juin 2015, de l'embargo contre le pays. La suspension des
sanctions devrait permettre à la République centrafricaine de
commercialiser du diamant, tout en écoulant les stocks existants,
estimées à 70000 carats. Le secteur des transports routiers et
aériens reste très fortement dépendant de la
sécurisation des sites sensibles par les forces internationales
(aéroport, axe Bangui-Cameroun) tandis que la majorité des
entreprises ont vu leur appareil de production détruit. Seuls les
secteurs bancaire et sucrier devraient connaître, dans une certaine
mesure et à l'instar du commerce de proximité, une reprise de
leur activité.
La demande interne devrait demeurer atone compte tenu de
l'exil de près d'un quart de la population (1 million de personnes ont
quitté le pays et ne sont pas encore revenus). Malgré les aides
d'urgence octroyées par l'UE et le FMI, le pays peine toujours à
se redresser et les investissements devraient rester très volatils en
2016. L'inflation tend à diminuer mais devrait rester au-dessus des
3 % ciblés par la Communauté économique et
monétaire de l'Afrique centrale. Cette légère baisse
devrait être imputée par de moindres pressions sur les prix
agricoles domestiques (en raison de l'accroissement de l'offre).
2. Des finances publiques tirées par l'aide
internationale
Dans un contexte de détérioration du solde
public (notamment chute des recettes budgétaires), le gouvernement de
transition devrait continuer de compter sur le financement externe, compte tenu
de sa capacité de financement réduite et de
l'insécurité persistante qui devraient toujours entraver la
collecte des recettes. L'UE est l'un des principaux bailleurs de fonds du pays,
ayant fourni un montant d'aide estimé à 360 millions de dollars
depuis que le conflit a éclaté en 2013 dont 10 millions
attribués aux aides humanitaires, 22 millions au fonds Bêkou
(fonds européen visant à coordonner l'aide) pour l'accompagnement
du redémarrage économique et social et 40 millions sous forme de
soutien budgétaire afin de combattre la violence en organisant les
élections de 2015-2016. Le déficit du compte courant s`est
aggravé en 2015 en raison de la baisse du cours du pétrole qui a
encouragé les importations. Il devrait commencer à se
résorber en 2016, en lien avec la levée partielle de l'embargo
sur les diamants centrafricains ; les exportations devraient ainsi sensiblement
progresser. Toutefois, la reprise devrait être progressive, et les
exportations de bois, de café et de coton (principales richesses
agricoles du pays) devraient continuer à pâtir, mais moins que les
années précédentes, de l'insécurité et des
perturbations qui touchent le secteur des transports et de la logistique.
3. Situation politique très instable et
détérioration significative du climat des affaires
Au pouvoir depuis janvier 2014, Mme Samba-Panza a dû
faire face à une situation politique instable. Le gouvernement de
transition a appelé à des élections présidentielles
et législatives le 30 décembre 2015, après des violences
qui ont repoussé la date des présidentielles initialement
prévues en octobre 2015. Selon le nouveau calendrier, un
référendum national portant sur un projet de Constitution a eu
lieu dans les semaines précédant le premier tour. Un
deuxième tour de scrutin devrait avoir lieu le 31 Janvier 2016. Les
premiers résultats partiels de l'élection présidentielle
ont confirmé l'avance de l'ancien Premier ministre Touadéra
devant une trentaine de candidats qui étaient en lice. Dans l'attente du
second tour, la Constitution autorise le gouvernement de transition à
rester en place jusqu'à ce que le gouvernement élu soit
installé.
Malgré un cessez-le-feu signé entre
chrétiens et musulmans, les combats n'ont jamais cessé. Les deux
courants comportent chacun des factions radicales indépendantes,
susceptibles d'entretenir la polarisation croissante du pays. Les nombreuses
destructions d'infrastructures et les pillages ont durement touché la
structure productive de l'économie. Dans ce contexte de guerre, le
climat des affaires devrait demeurer instable et tendu. Ainsi, selon les
indicateurs de la Banque mondiale, la République Centrafricaine serait
l'un des pays les moins bien classés en termes d'efficacité du
gouvernement, de qualité de la réglementation et de respect des
lois. L'instabilité politique et l'environnement des affaires le plus
dégradé de la région (corruption, difficulté pour
créer une entreprise) ne devrait pas être en mesure d'attirer des
investisseurs et aucune amélioration n'est anticipée à
court terme.
SECTION 2. CONSEQUENCES DE
LA CRISE ET PERSPECTIVE D'AVENIR
« La préservation de l'environnement est la
pierre angulaire de la paix et de la sécurité.» a
affirmé Kofi Annan, Secrétaire Général des Nations
Unies. Pour Daniel Richard, Président du Word Wild Fund
(WWF), Fonds Mondial pour l'Environnement, « il y a une
corrélation très forte entre l'état de l'environnement et
la guerre »178(*); pour Myers, la trentaine de guerres qui
sévissent en Afrique depuis l'indépendance jusqu'au début
des années 90, exacerbées par des séries de coup d'Etat ou
tentatives de coup d'Etat et, qui se déroulent de plus en plus à
l'intérieur des territoires, sont reconnues non conventionnels pour la
plupart, donc difficiles à prévoir. Ils mettent en prise
plusieurs acteurs qui défendent chacun ses intérêts en
faisant usage de tous les moyens ; bouclier humain, protection par
l'environnement...Les belligérants s'organisent en petits groupes et
s'éparpillent sur différents points rendant l'environnement
tributaire de leurs activités.
§1. Les
Conséquences
Les conflits armés ont des conséquences
désastreuses sur l'environnement: destruction des infrastructures,
pollution des ressources en eau, empoisonnement des sols et des champs,
destruction des cultures et des forêts et surexploitation des ressources
naturelles. C'est ainsi que l'environnement peut être utilisé
comme une arme redoutable lors de ces affrontements fratricides.
Comme dans le reste du monde, les conflits armés
représentent une source de problèmes environnementaux qui se
posent en Afrique subsaharienne. A ce jour, plusieurs pays qui vivent dans les
conflits ou qui en sortent, ont la lourde charge de développer une
politique de reboisement pour la reconstruction de leur environnement
ravagé par la violence ; ces affrontements non seulement
déchirent des vies humaines ou fragmentent le tissu social, mais
contribuent à l'affaissement du système économique, la
désorganisation de la biodiversité et la destruction des
ressources naturelles.
Dans tout conflit qui éclate, l'objectif premier est la
sauvegarde des vies humaines, ensuite viennent les autres préoccupations
entre autres l'environnement. Le Droit International Humanitaire met l'accent
sur le respect des personnes civiles mais aussi sur l'environnement et,
recommande l'usage des moyens non destructeurs pour mener les guerres.
Cependant en Afrique, ces mesures ne constituent pas la préoccupation
majeure pour les parties en conflit qui ne prennent pas garde à la
protection ou à la préservation de l'environnement.
Selon le rapport de l'Assemblée parlementaire du
Conseil Européen179(*), les dégradations que portent les conflits
armés sur l'environnement peuvent être directes ou indirectes. Une
fois le conflit éclaté, la destruction des habitations, du
peuplement d'animaux sauvages, l'occupation anarchique des zones naturelles et
leur exploitation à outrance, sont autant des méfaits qui
accompagnent ces tragédies.
Il est connu que les conflits armés ont besoin de
mobiliser des ressources pour pouvoir faire long feu. Au cours des
opérations militaires, outre les villages et élevages domestiques
qui sont pris pour cibles afin de permettre aux combattants de s'approvisionner
en nourriture ou d'avoir une base stratégique, les
végétations sont aussi soumises à toutes sortes
d'épreuve de nettoyage, pour faciliter la progression des combattants et
créer une visibilité dans les manoeuvres militaires180(*). Sous le feu des combats,
les populations civiles contraintes au déplacement, le font sans grands
moyens.
Durant leur regroupement, sur des espaces verts ou au bord des
cours d'eau, et pour se mettre à l'abri, elles font recours à des
solutions de fortune; des bois sont coupés pour se faire de hangar, les
herbes sont brûlées pour construire ou se préserver des
animaux nocifs ; les racines et les herbes deviennent leurs principales
sources alimentaires. Par ces pratiques, on assiste à une destruction de
la composante naturelle, s'y mêlent la déforestation et
l'érosion. En période de conflits, l'insécurité qui
règne, entraine immédiatement la baisse des activités
champêtres donc de la production agricole; pour assurer leur survie,
les populations se tournent vers la cueillette et les viandes sauvages. Les
occupations humaines de manière anarchique en profondeur des
forêts, à l'abri des exactions, participent à
détruire les zones protégées et les réserves
éco touristiques ; s'en suit le déplacement forcé des
animaux qui s'exposent finalement à des chasses
irrégulières. Cela contribue à l'extinction progressive
des faunes.
Les conflits qui sévissent en Centrafrique ont fait
plus de dix mille de morts, victimes constituées pour la plupart des
femmes, des enfants et des personnes âgées. Alimentés par
des enjeux d'intérêts politique et économique c'est
à dire l'exploitation des ressources naturelles et la lutte pour le
pouvoir, ces conflits ont entraîné l'une des pires catastrophes
humanitaires et des traumatismes moraux ; ils constituent par endroit, la
guerre la plus meurtrière jamais survenue sur le continent181(*).
Les victimes de ces conflits voire les acteurs, vivent des
évènements horribles; les enfants et les civils payent un lourd
tribut à cette guerre : viols, violences, tortures, assassinats,
humiliation de tous ordres sous le poids duquel, leur vie tranche avec un
bouleversement profond. «La guerre est ancrée dans ma
tête» témoigne un enfant qui a vécu une longue
période de guerre qu'a connue son pays, la Sierra Leone.
A. Les traumatismes
psychologiques
Les conséquences que produisent les conflits
armés en Afrique sur les populations civiles, ne sont plus à
démontrer. Comme dans beaucoup de guerres à travers le monde, ces
affrontements occasionnent non seulement des déplacements forcés
mais favorisent aussi les violences sexuelles à l'égard des
femmes. Pour certains analystes, ce phénomène est une option
volontairement choisie comme stratégie d'action par les combattants,
visant à terroriser la population pour marquer la conscience humaine sur
leur détermination à tout sacrifier pour obtenir le
résultat de leur opération. Ces violences qui se produisent de
manière régulière, contribuent à
déstabiliser familles et communautés, car les femmes sont
victimes de viols et porteuses de grossesses non
désirées182(*) ; d'autres se livrent à la prostitution
où se transforment en esclaves sexuelles. Les camps des
déplacés se transforment en grenier de viols où les femmes
sont exposées à la merci des combattants. Contre des faveurs
sexuelles, elles attendent bénéficier des aides alimentaires
substantielles ou de la protection pendant ou après le conflit.
Avec les violences sexuelles, qui prennent leur source
dans les conflits armés, s'accompagnent la propagation de l'infection
à VIH/SIDA et autres maladies sexuellement transmises. Les conflits
armés en Afrique subsaharienne conduisent à une modification de
comportement sexuel. Durement frappée par le VIH/SIDA, cette partie du
continent devient le théâtre de contamination exponentielle. La
population en général et la population active en particulier, est
ainsi prise dans deux types de conflits ; l'un ouvert par ses actions
militaires, l'autre fermé, par son action silencieuse; les deux se
croisent, entretiennent un taux de mortalité élevé. Tout
cela constitue une source de préoccupation pour les femmes
vulnérables qui voient les moyens d'action faire défaut pour leur
prise en charge. En période des conflits, l'objectif militaire reste la
principale priorité, la lutte contre les maladies et la prise en charge
des patients étant reléguée au second plan.
B. Les déplacements
forcés
Dans son ensemble, le déplacement forcé est
considéré comme une forme de violence la plus descriptive,
influant sur les droits humains, économiques, politiques et
sociaux129. Lorsque le conflit éclate, la population quitte
son lieu de résidence, abandonne tous ses biens ; la
première préoccupation pour elle, est de se mettre à
l'abri des combats. Privées de leur foyer, ces personnes sont victimes
de persécutions de tous ordres (religieuse, politique..) car elles
doivent se soumettre aux lois et règles des communautés
d'accueil. Considéré comme une violation de droit à la
vie, le déplacement forcé peut être interne ou externe.
§2. Les perspectives
d'avenir
L'analyse du conflit Centrafricain, porte à croire
qu'il est possible de trouver une solution durable et permanente.
Après avoir organisé les élections, la
RCA est sur la voie de son épanouissement. Il importe que les acteurs,
tant nationaux qu'internationaux de cette crise s'engage résolument a
préservé la paix, gage du développement de ce vaste et
beau pays.
A. Perspectives au regard des enjeux
électoraux
Au-delà du simple rendez-vous électoral qui a
opposé Anicet-Georges Dologuélé à Faustin Archange
Touadéra, il fallait voir les alliances et le positionnement des acteurs
dans la perspective du lancement du vaste chantier de la construction de l'Etat
post-transition.
Les principaux protagonistes sont bien connus de la scène
politique nationale et régionale. Au regard de leurs profils respectifs,
il était difficile de prédire l'issue de cette élection.
Tous deux ont été premier ministre dans leur pays et ont chacun
un parcours professionnel incontestablement méritoire. Avec 23,74 % des
suffrages obtenus au premier tour, Anicet-Georges Dologuélé, 58
ans, est originaire de la région de l'Ouham-Pendé au Nord-Ouest
de la Centrafrique. Il a été Premier ministre sous
l'administration de l'ancien président Ange-Felix Patassé de 1999
à 2001. Il a ensuite été président de la Banque de
développement des Etats de l'Afrique centrale jusqu'en 2010. Bien que
son parti soit relativement jeune, parce que créé en octobre
2013, Anicet-Georges Dologuélé a pu rassembler autour de l'Union
pour le renouveau centrafricain (URCA), une partie des dirigeants du parti Kwa
Na Kwa et une bonne frange de l'électorat de l'ancien président
François Bozizé. Il bénéficie également du
soutien de Désiré Kolingha, président du Rassemblement
démocratique centrafricain (RDR) et candidat déchu au premier
tour avec 12,04 % des voix. Il peut aussi compter sur l'alliance avec Sylvain
Patassé, candidat également au premier tour. Arrivé
deuxième au premier tour avec 19,05 % des voix, Faustin Archange
Touadéra, candidat indépendant, 58 ans comme son concurrent, a
déjoué tous les pronostics au regard des poids lourds qui
étaient en compétition. Ce candidat originaire de la
localité de Damara, près de Bangui, a été de 2008
à 2013 le dernier Premier ministre de l'ancien président
François Bozizé. Il a été recteur de
l'Université de Bangui. Comme son rival, il a
bénéficié du soutien de certains cadres et responsables
locaux du KNK. Très soutenu au Sud du pays, il a pu obtenir
l'adhésion de 18 candidats du premier tour à son programme. Il
pouvait aussi compter sur l'un des favoris du premier tour Martin
Ziguélé avec ses 11, 43% des voix. Si ces alliances entre partis
permettront à l'un ou à l'autre d'accéder à la
magistrature suprême en offrant une assise politique confortable, la
marge de manoeuvre pour gouverner et opérer les choix
stratégiques consensuels semble se présenter comme un défi
à relever. En tout état de cause, le ton donné par le
porte-parole du RDR offre des indicateurs sur le fonctionnement de la probable
majorité présidentielle dirigée par
Dologuélé. Pour ce dernier, il s'agit bien « plus qu'un
accord électoral, il s'agit d'un engagement politique (...) Nous nous
engageons à soutenir M. Dologuélé dans sa campagne. Et, en
cas de victoire de celui-ci, nos deux partis travailleront conjointement pour
redresser le pays ». Il serait peut-être précoce de
prêter des intentions malveillantes à cette déclaration,
mais la question de la cohérence entre l'action gouvernementale et la
politique générale du prochain président pourrait se poser
sur bon nombre de dossiers liés notamment à la cohésion
nationale et à la consolidation de la paix dans le pays. Par ailleurs,
le nouveau président sera attentif à la distribution des cartes
politiques qui seront issues des élections législatives au cours
de la même période.
B. Perspectives post électorales
Au-delà des digues qu'il va falloir soutenir au niveau
politique et gouvernemental, trois grands défis principalement devront
être relevés pour tout gouvernement nouvellement constitué
en République centrafricaine : la sécurité, la
reconstruction de l'Etat et l'économie. Sur le plan de la
sécurité
En ce qui concerne la sécurité, le défi
de la construction des forces de sécurité et de défense
est gigantesque. Depuis les indépendances, ce pays n'a pas eu une
armée capable d'exprimer sa loyauté et sa fidélité
vis-à-vis de la souveraineté nationale.
Au cours des dernières décennies, la
défense nationale a été scandaleusement soumise à
la sous-traitance stratégique tantôt des Etats de la
région, tantôt des milices armées ou des groupes rebelles.
Avec un territoire de plus de 600 000 km2 et une population
d'environ 5 millions d'habitants, le nouveau président aura comme
impératif majeur de se doter d'un appareil de défense nationale
capable de permettre au gouvernement de faire exprimer l'autorité de
l'Etat sur l'ensemble du territoire.
L'accélération du processus de
désarmement, démobilisation et réintégration (DDR)
devra donc être inscrite parmi les axes prioritaires du nouveau
gouvernement. A ce propos, le nouveau gouvernement, pour
bénéficier de l'appui technique des Nations unies et des
partenaires internationaux, devra impérativement se doter d'un organe
autonome de conception et de coordination interinstitutionnelle capable
d'assurer le suivi et la mise en oeuvre de la stratégie nationale de
sécurité voulue par le nouvel exécutif.
Sur le plan de la reconstruction
La reconstruction de l'Etat est un défi qui sera
incontestablement relevé sur le long terme. Mais les fondations de cette
reconstruction et les réformes structurelles y afférentes seront
attendues dès les premiers mois de l'exercice du pouvoir. En plus des
services de sécurité et de défense nationale à
construire, tous les autres secteurs de la fonction publique de l'Etat et de la
gouvernance territoriale décentralisée sont également soit
à construire, soit à consolider pour réduire les
inégalités sociales et territoriales du pays. Sans une
stabilité politique et sécuritaire portée par le nouveau
gouvernement, il sera difficile d'envisager la résolution de
l'équation des centaines de milliers de réfugiés
centrafricains répartis dans les pays de la
sous-région.
Sur le plan économique
Il va falloir relancer très rapidement
l'activité économique. Le pays regorge d'immenses richesses
naturelles qui pourraient servir à la reconstruction économique
et au développement des infrastructures de base. Ces richesses
nationales contrastent avec les indicateurs démographiques du pays qui
connait notamment une population majoritairement jeune et sans emploi. Pour
cela, il faudra offrir aux investisseurs un environnement des affaires
absolument attractif et sécurisé. Une politique de rattrapage
économique ambitieuse et dynamique pourrait s'avérer
indispensable pour atteindre cet objectif.
CONCLUSION
La réflexion qui se nourrit d'elle-même, et
s'épuise de son propre cheminement, est à la foi, vaine voire
dangereuse.
La nôtre, nous l'avons imaginée tel un jalon sur
la voie du savoir, une pierre parmi tant d'autres du vaste édifice de la
science.
Aussi, est-il vrai qu'à l'issue de cette étude,
nous ne proposons que des esquisses de solutions aux problèmes qui nous
ont occupés au fil de ces pages.
La première interrogation s'est ramenée à
la modeste ambition de réunir les informations sur l'approche
polémologique du conflit centrafricain, soit la question de savoir
comment on est arrivé à ce conflit, en mettant un accent
particulier sur les causes, les acteurs et les enjeux dudit conflit.
Considérée comme le noeud de cette étude,
la deuxième préoccupation est liée à la
problématique essentielle de ce travail celle de savoir ce qu'&
été le rôle de l'ONU et de l'UA dans le règlement du
conflit centrafricaine.
S'inscrivant dans une perspective plus large, la
troisième question tend à revenir sur les suggestions et les
pistes de solutions en vue de voir la paix se consolider en Centrafrique.
En effet, il n'est point douteux qu'au regard de son double
passé, à la fois précolonial et colonial, la
République Centrafricaine a connu divers Conflits dont le point
culminant a été récemment atteint, au point de constituer
véritablement une menace contre la paix et la sécurité
internationales.
Voilà qui a rendu légitime l'intervention de
l'ONU et de l'UA, les structures dont la vocation primordiale est de mettre
tout en oeuvre pour que règne la paix au monde.
S'agissant de l'intervention de l'UA, il sied d'avouer qu'elle
a ouvert des brèches aux critiques multiples et variées, et se
trouve au centre des débats et discussions quasi interminables. Elle
s'est révélée inefficace, impertinente et non productive,
comme pour attester que l'Afrique demeure en difficulté de régler
ses propres différends. Les efforts fournis ont engendré des
résultats mitigés. Si dans l'ensemble l'UA n'a pu, à elle
seule, apporter des solutions efficaces à ce conflit, il sied
néanmoins de ne pas méconnaitre combien la CEEAC, par l'oeuvre
salutaire de Dénis SASSOU NGUESSO, s'est battue pour la paix en
République Centrafricaine.
Dans cette optique, et au regard de cet échec, l'ONU a
dû mettre en oeuvre, tous les pouvoirs qui lui reviennent, au regard de
sa Charte Constitutive ;
En un mot, il y a lieu de reconnaitre qu'en simulacre de paix
semble s'instaurer dans ce pays, ce qui laisse comprendre que l'oeuvre de ces
institutions a, tout de même, produit des résultats. Il importe,
à présent, que les centrafricains eux-mêmes, multiplient
les efforts pour capitaliser cette paix chèrement acquise.
ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE
I. INSTRUMENTS JURIDIQUES
A. Instruments juridiques internationaux
1. Charte des Nations Unies du 26 Juin 1945.
2. Traité de Rome du 17 Juillet 1998 portant Statut de la
Cour Internationale de Justice
3. Conseil de Sécurité, Résolution 2121 du
10 Juillet 2013.
4. Conseil de Sécurité, Résolution 2127 du 5
décembre 2013.
5. Conseil de Sécurité, Résolution 2149 du
10 avril 2014.
6. Conseil de Sécurité, Résolution 2149 du
15 Septembre 2014.
II. DOCTRINES
A. Ouvrages
1. ALBOUY S., Eléments de la sociologie et de
psychologie sociale, Privat, Toulouse, 1976.
2. ALLAND D., Droit International public, paris, PUF,
2000.
3. ANDEMICAEL et BERHANYKUN, Le règlement des
différends entre les Etats africains. Rôles respectifs de l'OUA et
de l'ONU, NEW-YORK, UNTTAR, 1993.
4. BALANDA MIKUIN LELIEL, Droit des Organisations
Internationales, Kinshasa, CEDI, 2006.
5. BASSIANI M., Introduction au droit International
public, Bruxelles, Bruylant, 2012.
6. BELANGEL M., Droit International Humanitaire,
Paris, Edition Gualino, 2002.
7. BOUTROS BOUTROS GHALLY, Mes années dans la
maison des verres, Paris, PUF, 1994.
8. CARTOU L., Introduction à l'étude de
droit des communautés européennes, Dalloz, Paris, 1966.
9. CHIAVARIO MARIO, De la justice pénale
Internationale entre passé et avenir, Paris, Dalloz, 2003.
10. DAILLIER P. et PELLET A., Droit international
public, paris, LGDJ, 7ème édition, 2002.
11. DAVID F., Elément de droit pénal
International et Européen, Bruxelles, Bruylant, 2009.
12. DUPUY P-M., droit international public, Paris,
édition 9, 2008.
13. KALCK P., Histoire centrafricaine : des origines
à 1966, L'Harmattan, Paris, 1992.
14. MAMADOU ALIOU BARRY, La prévention des Conflits
en Afrique de l'ouest, Paris, Karthala, 1997.
15. MAVUNGU MVUMBI-di-NGOMA, Les relations
interafricaines, Paris, PUF, 1990.
16. MULUMBA MBUYI B., Introduction à l'étude
des sources modernes de droit international public, Bruxelles, Bruylant,
1999.
17. MUTOY MUBIALA, Le système régional
africain de protection des droits de l'homme, Bruxelles, Bruylant,
2005.
18. NDESHYO RURIHOSE O., l'héritage de l'OUA
à l'UA : La quête permanente de l'Unité
africaine, Kinshasa, EUA, 2009.
19. RUZIE D., Droit international public, Paris,
12éme édition, 1996.
20. SHOMBA K., Méthodologie de la recherche
scientifique, Kinshasa, Ed. M.E.S, 2005.
21. SHYAKA A et RUTEMBESA F., Afrique des Grands
Lacs : sécurité et paix durable, Butare, UNR, 2004.
22. Sidonie MATOKOT -MIANZENZA, Viol des femmes dans les
conflits armés et thérapies familiales. Cas du Congo
Brazzaville, Paris, L'Harmattan, 2003.
23. SINDJOUN L., Sociologie des relations
Internationales, Paris, Karthala, 2002.
24. SUDRE F., Droit Européen et International des
droits de l'homme, 6ème édition, Paris, PUF,
2003.
25. VERHOEVEN J., Droit International public,
Lancier, Bruxelles, 2000.
26. ZOCTIZOUM Y., Histoire de la Centrafrique,
l'Harmattan, Paris, 1983-1984.
27. ZOCTIZOUM Y., Histoire de la Centrafrique,
L'Harmattan, Paris, 1983-1984.
III. ARTCLES DES REVUES
1. HATEM B-S, Le système africain de protection des
droits et des peuples, in interignts bulletin, Vol I, 2000.
2. MUNIE V., « Agonie silencieuse de la
Centrafrique », Le Monde diplomatique, Octobre 2013.
3. OURGAN R., BENSIMON C.,
« Centrafrique », le Président Michel
Djotodia est sur la sellette », in le Monde.
4. REYCHLER L., les conflits en Afrique: comment les
gérer ou les prévenir ? In conflits en
Afrique : analyse des crises et pistes pour une prévention.
5. RFI, « RCA :
queques « gros poissons » anti-balaka aux
mains de la Misca, 16 février 2014.
IV. CONFERENCES, MEMOIRES, TFC ET COURS
1. MAMPUYA KANUNK'a- tshiabo A., Droit International
public, notes de cours, Kinshasa, UNIKIN, Faculté de Droit
2009-2010.
2. MAVUNGU NGIMBI, Droit International public, notes
polycopiées, Kinshasa, UPC, 2008.
3. NTIRUMENYERWA KIMONYO G, Droit International
public, notes polycopiées, Kinshasa, UNIKIN, Faculté de
droit, 1995.
4. OPANGA EKONGA, Cours de méthodes de recherches
en sciences sociales, ESU/F.C.K, Kinshasa 2008-2009.
5. Stéphane AKOA, «?La crise
centrafricaine-Quels risques pour la région?? ?»,
Conférence, UPMF, Grenoble, 9 février 2014.
V. AUTRES DOCUMENTS
1. ANDEMICAEL et BERHANY KUN, Le règlement des
différends survenus entre les Etats africains. Rôles respectifs de
l'OUA et de l'ONU, New-York, 1993.
2. Conseil Européen, les conflits armés
et l'environnement, Commission de l'environnement, de l'agriculture et des
questions territoriales, Doc.12774, Octobre 2011.
3. Dictionnaire Universel, Hachette, Paris, 5ème Ed,
2008.
4. François-Xavier Verschave,
De la Françafrique à la Mafiafrique?», Tribord,
2004.
5. Human Rights watch, RD Congo : Il faut protéger
les enfants contre le Viol et le recrutement.
6. MONUC Magazine, n°29, mai-juin 2005
7. MONUC Magazine, n°37, mai-juin 2005
8. NDESHYO RURIHOSE O. et ALIE, L'antidérive de
l'Afrique en désarroi. Le plan d'action de Lagos, Kinshasa,
1985.
VI. SITES WEB
1. Http//:www.pour la paix en Afrique.com.
2. La paix en République Centrafricaine, in
http//www.fugifilm.com
TABLE DES MATIERES
IN MEMORIAM
i
EPIGRAPHIE
ii
DEDICACE
iii
AVANT-PROPOS
iv
LISTE DES SIGLES ET
D'ABREVIATIONS
vi
INTRODUCTION
1
1. PROBLEMATIQUE DU
SUJET
1
2. HYPOTHESES DE
TRAVAIL
7
3. CHOIX ET INTERET
DU SUJET
8
4. METHODES ET
TECHNIQUES DU TRAVAIL
8
5. DELIMITATION DU
SUJET
9
6. PLAN
SOMMAIRE
10
CHAPITRE I. PRESENTATION DE LA RCA, DE L'ONU ET DE
L'UA
11
SECTION 1. PRESENTATION DE LA RCA
11
§1. Causes
15
A. Les causes
lointaines
15
B. Les causes
proches ou récentes
22
§2. Acteurs
26
A. Acteurs
internes
26
B. Acteurs
internationaux
30
SECTION 2. PRESENTATION DE L'ORGANISATION DES
NATIONS UNIES ET DE L'UNION AFRICAINE
34
§1. L'Organisation des Nations Unies
35
A. Approche
historique de la création de l'ONU, ses principes et ses
missions
35
1. Approche
historique
35
2. Buts et
principes
38
B. Organes des
Nations Unies et leur rôle de maintien de la paix
39
1. Les
organes
39
2. L'ONU et le
maintien de la paix
53
Les opérations en cours :
65
§2. L'Union Africaine
67
A. Nature et
mécanismes de mise en oeuvre
68
1. Brève
historique de l'OUA
68
2.
Nature
69
3. La mise en place de
l'UA
69
B.
Organes
70
1. La
Commission
70
2. Les organes de
l'Union sont les suivants
71
Présidents successifs
73
CHAPITRE II. INTERVENTION DE L'ONU ET L'UA DANS LE
REGLEMENT DU CONFLIT EN REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
77
SECTION 1. INTERVENTION DE L'ONU DANS LE REGLEMENT
DU CONFLIT EN REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
77
§1. Création de la MINUSCA, historique
et raison d'être
77
§2. Mission, Objectif et Fonctionnement
82
A. Tâches
prioritaires initiales
82
B. Tâches
additionnelles
86
C. Proposition de
déploiement d'une opération de maintien de la paix des Nations
Unies
86
D.
Effectifs
87
E. Objectifs et
priorités
87
F.
Mandat
88
SECTION 2. DE L'INTERVENTION DE L'UA EN
CENTRAFRIQUE
92
§1. Mise en place de la MICOPAX
92
A. Création
et bilan de la MICOPAX
95
B.
Déroulement de la mission
98
§2. De la FOMAC à la MISCA
100
A. Intenses
négociations
104
B. Les effectifs,
question épineuse
104
CHAPITRE III. EVALUATION DES RESULTATS DES
INTERVENTIONS DE L'ONU ET DE L'UA EN RCA ET PERSPECTIFS D'AVENIR
106
SECTION 1. EVALUATION DE RESULTATS
106
§1. Processus électorale gage de la
stabilité politique
106
A. Le
référendum constitutionnel
107
1.
Contexte
107
2.
Résultats
107
B. L'organisation
des élections
108
1.
Contexte
108
2. Calendrier
électoral
108
3.
Candidats
109
4.
Résultats
109
§2. Relance économique
111
A. Etat de la
question
112
B. La situation
après les élections
113
1. La crise
politique pénalise la croissance et affaiblit les
infrastructures
113
2. Des finances
publiques tirées par l'aide internationale
114
3. Situation
politique très instable et détérioration significative du
climat des affaires
115
SECTION 2. CONSEQUENCES DE LA CRISE ET PERSPECTIVE
D'AVENIR
115
§1. Les Conséquences
116
A. Les traumatismes
psychologiques
118
B. Les
déplacements forcés
119
§2. Les perspectives d'avenir
119
CONCLUSION
123
ANNEXES
125
BIBLIOGRAPHIE
129
* 1 Kalck Pierre,
Histoire centrafricaine : des origines à 1966,
L'Harmattan, Paris, 1992 (2e Ed.), p 353.
* 2 Zoctizoum Yarisse,
Histoire de la Centrafrique, L'Harmattan, Paris, 1983-1984, 2 vol.,
tome I, 1879-1959, 300 p. ; tome II, 1959-1979, 382 p.
(texte remanié d'une thèse de 3e cycle soutenue
à Paris 7 en 1981, sous le titre La formation
socio-économique de la R.C.A. de 1879 à 1979.)
* 3 Dates du début de
la Deuxième Guerre Mondiale 2012.
* 4 Rémy Ourgan, Cyril
Bensimon, « Centrafrique », le Président
Michel Djotodia est sur la sellette », in le Monde, 8janvier 2014.
* 5 David Ruzié,
Droit international public, Paris, Dalloz, 12éme
édition, 1996, p. 158
* 6 Idem, p. 164
* 7 Pierre-Marie Dupuy,
Droit international public, Paris, PUF, édition 9, 2008,
p.594
* 8 GRAWITZ (M.)
et PINTO (R), cité par SHOMBA (K.), Méthodologie de la
recherche scientifique, Kinshasa, Ed. M.E.S, 2005, p.32.
* 9 Dictionnaire
Universel, Hachette, Paris, 5ème Ed, 2008, p.1720
* 10 ALBOUY. S.,
Eléments de la sociologie et de psychologie sociale, Privat,
Toulouse, 1976, p.49.
* 11 La Passade G, et Lourou
P, cité par Opanga Ekonga, Cours de méthodes de recherches en
sciences sociales, Esu/F.C.K, Kinshasa 2008-2009, p.7
* 12 Lire à cet effet
NDESHYO RURIHOSE O., L'héritage de l'OUA à l'UA : La
quête permanente de l'Unité africaine, Kinshasa, EUA, 2009, p. 125
* 13 ANDEMICAEL et BERHANY
KUN, le règlement des différends survenus entre les Etats
africains. Rôles respectifs de l'OUA et de l'ONU, New-York R, 1993,
p.89
* 14 Yarisse Zoctizoum,
op.cit, p.300.
* 15 Zoctizoum Yarisse,
Histoire de la Centrafrique, L'Harmattan, Paris, 1983-1984, 1vol, tome
II, 1879-1959, p.300.
* 16 MONUC Magazine,
n°29, mai-juin 2005, pp.24-27
* 17 MONUC Magazine,
n°37, mai-juin 2005, pp.34-38.
* 18 NDESHYO RURIHOSE O.,
op.cit, p. 225.
* 19 Lire à ce
propos, MAVUNGU MVUMBI-di-NGOMA, Les relations interafricaines, Paris,
PUF, 1990, p.109.
* 20 MAVUNGU
MAVUMBI-di-NGOMA, op.cit., p. 110
* 21 Stéphane AKOA,
?La crise centrafricaine-Quels risques pour la région??,
Conférence, 9 février 2014, UPMF, Grenoble.
* 22 François-Xavier
Verschave, De la Françafrique à la Mafiafrique?»,
2004, Tribord, 70 p.
* 23 Brice Arsène
Mankou, «?Le tribalisme, », Le Portique, 5-2007 |
Recherches, mis en ligne le 14 décembre 2007, in
www.unitéafricaine.com, consulté le 15 décembre 2015.
* 24 Concept de JF MEDARD,
l'Etat est une coquille bureaucratique héritée de la
colonisation mais les détenteurs du pouvoir exercent des formes de
domination patrimoniales (clientélisme, népotisme...),
Paris, Dalloz, 2015 p.134
* 25 Lire à ce propos
MAMADOU ALIOU BARRY, La prévention des Conflits en Afrique de
l'ouest, Paris, Karthala, 1997, p. 176
* 26 Lire à ce propos
NDESHYO RURIHOSE O et al. L'antidérive de l'Afrique en
désarroi. Le plan d'action de Lagos, Kinshasa, 1985, p. 189
* 27 Idem, p. 190
* 28 Brice Arsène
MANKOU, op.cit., p.39.
* 29 Idem., p.
111.
* 30 Brice Arsène
MANKOU, op.cit., p. 112.
* 31 MUTOY MUBIALA, Le
système régional africain de protection des droits de
l'homme, Bruxelles, Bruylant, 2005, p. 96.
* 32 Idem., p.
97
* 33 Ibidem, p. 98.
* 34 Mutoy MUBIALA,
op.cit, p. 124
* 35 Idem, p. 125
* 36 Voir page 7-8, Rapport,
République centrafricaine : Les urgences de la transition,
International Crisis Group, 11 juin 2013.
* 37 RFI
« Centrafrique : vaste opération Sangaris-Misca à
bangui », 15 février 2014
* 38 MUNIE
Vincent « Agonie silencieuse de la
Centrafrique », le Monde diplomatique, n°14, octobre 2013,
p. 79
* 39
RFI « RCA : Quelques « gros
poissons » anti-balaka aux mains de la Misca, 16 février
2014
* 40 MUNIEN Vincent,
loc.cit.
* 41 Lire à cet effet
ANDEMICAEL et BERHANYKUN, Le règlement des différends entre
les Etats africains. Rôles respectifs de l'OUA et de l'ONU,
NEW-YORK, UNTTAR, 1993, p. 79
* 42 DAILLIER P et PELLET A,
Droit international public, Paris, LGDJ, 7ème
édition, 2002, p. 107
* 43 BALANDA MIKUIN LELIEL,
Droit des Organisations Internationales, Kinshasa, CEDI, 2006, p.
127
* 44 VERHOEVEN JOE,
Droit International public, Lancier, Bruxelles, 2000, p. 57.
* 45 Idem, p.60
* 46 ALLAND D, Droit
International public, Paris, PUF, 2000, p. 102.
* 47 MAVUNGU NGIMBI,
Droit International public, notes polycopiées, Kinshasa, UPC,
2008, p. 98.
* 48 Idem, p. 109
* 49 Ibidem, p. 111
* 50 MAMPUYA KANUNK'a-
tshiabo A, Droit International public, notes de cours, Kinshasa,
Unikin, faculté de Droit 2009-2010
* 51 CARTOU L,
Introduction à l'étude de droit des communautés
européennes, Dalloz, Paris, 1966, p. 39
* 52 Charte des Nations
Unies, article 1er
* 53 ALLAND D,
op.cit, p.105.
* 54 Charte des Nations Unies,
chapitres V, VI, VII, articles 23 à 51.
* 55 BALANDA MIKUIN LELIEL
G, op.cit, p.186
* 56 DAVID F,
Elément de droit pénal International et Européen,
Bruxelles, Bruylant, 2009, p. 88
* 57 Idem, p. 98.
* 58 Ibidem, p. 101.
* 59 Ibidem, p. 109.
* 60 BALANDA MIKUIN LELIEL
G, op.cit, p. 109
* 61 BELANGEL M, Droit
International Humanitaire, paris, Edition Gualino, 2002, p. 207
* 62 MAMPUYA KANUNK-a-
tshiabo A, op.cit, p.
* 63 Idem
* 64 BASSIANI M,
Introduction au droit International public, Bruxelles, Bruylant, 2012,
p. 193
* 65 BASSIANI M,
Introduction au droit International public, Bruxelles, Bruylant, 2012,
p. 194
* 66 Lire à ce propos
MAVUNGU NGIMBI, op.cit, p. 74
* 67 BOUTROS BOUTROS GHALLY,
Mes années dans la maison des verres, Paris, PUF, 1994, p.
125
* 68 Idem, p. 126
* 69 BALANDA MIKUIN LELIEL
G, op.cit, p. 38
* 70 Idem, p. 160
* 71 DAILLIER P et PELLETA,
op.cit, p. 359
* 72 DAVID F,
op.cit, p.38
* 73 Idem, p.39
* 74 NTIRUMENYERWA KIMONYO
G, Droit International public, notes polycopiées, Kinshasa,
Unikin, faculté de droit, 1995, p. 96.
* 75 Charte des Nations Unies,
chapitre IV, articles 9 à 22.
* 76 MULUMBA MBUYI B,
Introduction à l'étude des sources modernes de droit
international public, Bruxelles, Brayant, 1999, p. 96
* 77 BALANDA MIKUIN LELIEL
G, op.cit, p. 229.
* 78 Idem, p. 23
* 79 SUDRE F, Droit
Européen et International des droits de l'homme,
6ème édition, Paris, PUF, 2003, p. 104
* 80 Charte des Nations
Unies, articles 10 et suivants.
* 81 Lire à cet
effet, MAVUNGU NGIMBI, op.cit, pp 88-89
* 82 Charte des Nations Unies,
chapitre XV, articles 97 à 101
* 83 BALANDA MIKUIN LELIEL
G, op.cit, p. 232
* 84 Idem
* 85 VERHOEVEN JOE,
op.cit, p. 49
* 86 Charte des Nations
Unies, chapitre XV
* 87 Charte des Nations
Unies, Chapitre XV
* 88 YOKO YAKEMBE,
Déontologie des fonctionnaires Internationaux, notes
polycopiées, Kinshasa, Unikin, Droit, 2009-2010, p. 43.
* 89 Idem, p. 44.
* 90 Ibidem, p. 45.
* 91 Charte des Nations Unies,
chapitre XIV, articles 92 à 96
* 92 BULA BULA S,
op.cit, p. 94.
* 93 Idem, p. 95
* 94 Ibidem, p. 96
* 95 MAVUNGU NGIMBI,
op.cit, p. 87.
* 96 MAZYAMBO,
op.cit, p. 109.
* 97 BELANGER M,
op.cit, p. 153
* 98 Statut de la Cour
Internationale de Justice, articles 1èr et suivants
* 99 NTIRUMENYERWA KIMONYO,
op.cit, p. 95.
* 100 NTIRUMENYERWA
KIMONYO, op.cit, p. 95.
* 101 Lire CHIAVARIO MARIO,
De la justice pénale Internationale entre passé et
avenir, Paris, Dalloz, 2003, p. 105
* 102 Idem, p. 106
* 103 Ibidem
* 104 MAVUNGU NGIMBI,
op.cit, p. 87.
* 105 Idem, p. 89.
* 106 Ibidem, p. 90
* 107 Charte des Nations
Unies, chapitre X, articles 61 à 72
* 108 BULA BULA S,
op.cit, p.103
* 109 DAILLIER P et PELLETA
A, op.cit, p. 359
* 110 Idem, p. 360
* 111 Dallier (P), Forteau
(M), Pellet (A), Droit International Public, L.G.D.J (8
édition), 2009, p. 1125
* 112 Rapport,
Documents officiels de l'Assemblée générale,
supplément 19, 2005, A/59/19/Rev.1
* 113 Virally (M),
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* 114 Flory (M), L'Onu
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Bruylant/AUF/2001, p. 808
* 116 Combacau
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Nations Unies, CEDIN, Paris, Perspectives Internationales 16, MONTCHRESTIEN,
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étrangères, 2010, p. 40
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durable, Butare, UNR, 2004, p. 79
* 121 SINDJOUN L,
Sociologie des relations Internationales, Paris, Karthala, 2002, p.
183
* 122 Idem, p. 191.
* 123 SHYAKA A et RUTEMBESA
F, op.cit, p. 86
* 124 SHYAKA A et RUTEMBESA
F, op.cit, p. 88
* 125 Idem, p.89
* 126 Acte Constitutif de
l'Union Africaine, articles 6 à 9
* 127 Acte Constitutif de
l'Union Africaine, articles 10 à 13
* 128 Acte Constitutif de
l'Union Africaine, article 17
* 129 Acte Constitutif de
l'Union Africaine, article 18
* 130 Acte Constitutif de
l'Union Africaine, article 20
* 131 Acte Constitutif de
l'Union Africaine, article 21
* 132 Acte Constitutif de
l'Union Africaine, articles 14 et 15
* 133 Acte Constitutif de
l'Union Africaine, article 22
* 134 Acte Constitutif de
l'Union Africaine, article 19
* 135 DAILLIER P et PELLET
A, op.cit, p. 845
* 136 Http//:www.pour la
paix en Afrique.com, consulté le 23.01.2016
* 137 Idem
* 138 Http//:www.pour la
paix en Afrique.com, op.cit.
* 139 Conseil de
sécurité, résolution 2121 du 10 Juillet 2013
* 140 Conseil de
sécurité, résolution 2127 du 5 décembre 2013.
* 141 Discours du
Secrétaire général de l'ONU devant le Conseil de
Sécurité, NEW-YORK, 20 février 2014
* 142 Idem
* 143 Conseil de
Sécurité, résolution 2149 du 10 avril 2014.
* 144 Idem.
* 145 Conseil de
Sécurité, résolution, 2149, op.cit.
* 146 Conseil de
Sécurité, résolution 2149, op.cit.
* 147 Idem
* 148 Conseil de
Sécurité, résolution 2127 du 5 décembre 2013
* 149 Idem
* 150 Http/www.pour la paix
en Afrique, op.cit.
* 151 Conseil de
sécurité, 2149 du 15 septembre 2014
* 152 La paix en
République Centrafricaine, in http//www.fugifilm.com,
consulté le 10 mars 2016.
* 153 La paix en
République Centrafricaine, in http//www.fugifilm.com,
op.cit
* 154 Idem.
* 155 SHYAKA A et RUTEMBESA
F, op.cit, p.81.
* 156 Idem, p. 83
* 157 Lire à cet
effet SINDJOUN L, op.cit, p. 169
* 158 Idem, p. 171
* 159 HATEM B-S,
op.cit, p. 91
* 160 HATEM B-S,
op.cit, p. 93.
* 161 Idem
* 162 HATEM B-S,
op.cit, p. 93.
* 163 HATEM B-S,
op.cit, p. 93.
* 164 SHYAKA A et RUTEMBESA
F, op.cit, p. 94
* 165 La paix en
République Centrafricaine, in http//www.fugifilm, op.cit, p.
* 166 La paix en
République Centrafricaine, in http//www.fugifilm, op.cit, p.
* 167 HATEM B-S, op.cit, p.
92
* 168 HATEM B-S,
op.cit, p. 92.
* 169 HATEM B-S,
op.cit, p. 92.
* 170 SHYAKA A et RUTEMBESA
F, op.cit, p. 94
* 171 SHYAKA A et RUTEMBESA
F, op.cit, p. 94.
* 172 Elections en RCA,
in http://WWW.Worlwildelife.org, Consulté le 10 mars 2016
* 173 Election en RCA,
op.cit
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* 175 Human Rights watch,
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