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Analyse du rôle de l'organisation des nations unies et de l'union africaine dans le règlement du conflit en république centrafricaine.

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par Hervé BONGISA
Université Protestante au Congo (UPC) - Licence 2016
  

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B. Acteurs internationaux

1. Les factions armées du Tchad, la LRA, les groupes criminels

Parmi les groupes criminels : les coupeurs de routes « zaraguinas » qui sévissent dans l'Ouest, le Nord-Ouest, le Nord-est et dans le Centre. Les cibles privilégiées de ces bandits de grand chemin sont les convoyeurs de fonds, les commerçants et les éleveurs. En coupant les axes routiers, ils perturbent la libre circulation des personnes et des biens à l'intérieur même du pays, et par conséquent le ravitaillement de la RCA. Cela se ressent donc dans le panier de la ménagère qui est désespérément vide à cause des pénuries artificielles ainsi créées et de la cherté de la vie. Un autre problème est posé par les braconniers et les trafiquants venant majoritairement de certains pays voisins. La zone de sud-est est soumise à l'activité de la LRA. Au Nord du pays, les factions armées du Tchad ont établi leur base de repli afin d'opérer à distance contre le gouvernement tchadien.

Ces groupes ne prennent pas directement part au conflit mais leurs activités illégales rajoutent à l'instabilité que connaît le pays et à l'insécurité qui touche principalement la population civile.

Nous avons dans cette première partie identifiée les causes de la crise actuelle et les motivations des différents acteurs en présence. Nous allons maintenant analyser les différentes formes prises par la violence et démontrer le caractère mouvant du conflit.

La RCA ne mobilise guère la communauté internationale. Longtemps active, la France s'efforce de se désengager totalement. Dépourvus d'un mécanisme efficace de sécurité collective régionale, les pays africains mènent des politiques diverses. L'ONU est aussi discrète que les États-Unis ou même la Chine. Tout cela fait le bonheur des acteurs non-étatiques illégaux.

2. L'ombre de la France

Ancienne puissance coloniale, la France joua un rôle essentiel dans le destin de la RCA indépendante, du moins jusqu'à la fin de la Guerre froide. En effet, le pays présente peu d'intérêt économique pour Paris. En revanche, sa situation centrale lui conféra une extrême importance stratégique comme pivot de la présence militaire et des interventions de la France en Afrique. Ce fut, par exemple, une base arrière indispensable pour contrer les forces libyennes au Tchad durant les années 1980. Ajoutons le rôle de plaque tournante du renseignement français en Afrique subsaharienne (surveillance des agissements soviétiques ou libyens, en particulier) et les ressources en uranium alors que la France développait son arsenal nucléaire militaire. L'implantation militaire permanente au Tchad face à la Libye ainsi que la fin des menées déstabilisatrices soviétiques entraînèrent la fermeture (1998) des bases de Bouar et de Bangui, réduisant à néant la rente stratégique centrafricaine.

Les multiples ingérences passées avaient fait de la RCA l'État-type de la Françafrique, cet ensemble de relations personnelles et de dispositifs politiques, économiques et militaires qui lièrent la France à ses anciennes colonies africaines jusqu'à nos jours. Mis en place sous la présidence de Gaulle par Jacques Foccart, il s'agit d'un véritable système, destiné à préserver les intérêts de la France dans son ancien domaine colonial. Mécanique complexe et à deux faces, la Françafrique reposait, d'une part, sur une coopération étroite et, autant que possible, exclusive dans les domaines économique, financier, culturel, diplomatique et militaire. Elle tire sa réputation sulfureuse du fait que, d'autre part, elle conduisit plusieurs fois à soutenir des dictatures, organiser, cautionner ou tolérer des coups d'États et des assassinats politiques, voire détourner des fonds et financer illégalement des partis politiques. Ainsi, en RCA, Paris commença par favoriser l'accession au pouvoir de David Dacko au détriment du successeur pressenti de Boganda, Abel Goumba. Le régime dictatorial mis en place ne troubla guère Paris, puisque la politique mise en oeuvre était élaborée par les conseillers qu'elle avait installés à Bangui. Le rapprochement entamé par Dacko avec les Chinois poussa la France à le remplacer par Bokassa (1966). Toujours assisté par des conseillers français et financé par le Trésor français, ce dernier exerça une dictature populiste. L'alliance avec la Libye, ennemie de la France, décida du sort de l'empereur centrafricain, renversé par l'opération militaire Barracuda (1979) et remplacé, faute de mieux, par Dacko, peu motivé et toujours aussi incompétent. Paris trouva son homme en la personne du général Kolingba arrivé au pouvoir (1981) grâce à un coup d'État «par consentement mutuel« avec le président Dacko. Douze ans durant, sous le contrôle étroit du colonel français Mantion, Kolingba gouverna tant bien que mal le pays. La vague des démocratisations post-Guerre froide poussa Paris à exiger des élections pluralistes en RCA comme dans l'ensemble des pays africains qui demeuraient sous son influence : ce fut la Paristroïka. La veille encore aligné sur Kadhafi et affichant des positions très antifrançaises, Ange-Félix Patassé, remporta la consultation et se rallia à Paris, qui lui apporta aide économique et soutien militaire. Sa politique autoritaire et discriminatoire suscita de nombreux mécontentements et, en 1996, le pays entra dans le cycle de violence d'où il n'est plus sorti. En 2003, avec le discret soutien de la France, le général François Bozizé, appuyé par le Tchad, renversa Patassé, mais cela ne mit pas fin aux agissements de factions armées. Paris envoya ses troupes à deux reprises à Birao pour sauver le président : en décembre 2006 puis en mars 2007. Ce fut la fin de l'ère des interventions, comme en témoignent le «partenariat de défense« excluant ce type d'action signé en avril 2010, ou la fin de non-recevoir opposée en décembre 2012 par le président Hollande à la demande de soutien militaire formulée par le président Bozizé aux abois. Paris ne manifeste pas davantage d'empressement pour répondre aux appels à l'aide pour la sécurisation du pays que lui lance le gouvernement de transition depuis le 16 avril 2013.

3. Les grandes puissances

Peu présents en Afrique jusqu'à la fin de la Guerre froide, les États-Unis demeurent pratiquement absents de RCA. Ils avaient manifesté leurs réticences envers cette caricature de la Françafrique en dénonçant les atteintes répétées aux droits de l'Homme en 1977, l'année du sacre de Bokassa Ier. Sollicités par le président Bozizé qui tenta, pour l'occasion, de jouer la carte du danger islamiste, ils gardèrent leurs distances. Dans le même temps, ils soulignèrent la malgouvernance dont la population était victime. Ils dénoncèrent le truquage des élections de 2011 et critiquèrent la corruption et l'absence de réformes dont le président Bozizé portait la responsabilité. Aussi refusèrent-ils tout net de répondre à son appel à l'aide le 27 décembre 2012. Toutefois, ils assurent - aux côtés des Ougandais - une présence militaire au sud-est du pays, dans la zone insécurisée par les hordes de Joseph Kony. En juillet 2013, un rapport confidentiel fit état de l'influence du Soudan sur la Séléka et, à travers Khartoum, de l'Iran. Si l'implantation d'islamistes radicaux se concrétisait, la RCA sortirait probablement de l'oubli.

Les relations avec la Chine remontent à l'ère maoïste. Elles alternent des périodes de rapprochement et des phases d'éloignement. En 1965, le président Dacko se tourna vers Pékin, suscitant le mécontentement de la France. Ce fut l'une des origines de l'accession au pouvoir de Bokassa. La RCA prit ses distances jusqu'au début des années 2000. À la recherche d'un nouveau bailleur de fonds et d'une diversification de ses alliances, elle renoua avec la Chine en 2003, après l'arrivée au pouvoir de François Bozizé. Mais les intérêts de Pékin dans le pays paraissent des plus limités, d'où son extrême discrétion dans ce conflit.

Depuis la fin des années 1990, l'ONU est associée aux tentatives de stabilisation de la RCA. En mars 1998, une Mission des Nations-Unies en RCA (MINURCA), fut envoyée superviser les élections (législatives en novembre-décembre 1998 ; présidentielles en septembre 1999). Les casques bleus furent retirés en février 2000, mais demeura un Bureau des Nations-Unies pour la consolidation de la paix en RCA (BONUCA), transformé en Bureau intégré des Nations-Unies pour la consolidation de la paix en RCA (BINUCA) au mois d'avril 2009. Jusqu'à maintenant, de par le manque d'empressement des principaux États, les résultats ne sont guère probants. Pourtant, le rapport présenté par le secrétaire général en août 2013 dressait un bilan catastrophique de la situation et appelait la communauté internationale à « s'en préoccuper d'urgence ». Signe jugé «prometteur« par les plus optimistes, le Conseil de sécurité adopta, le 14 août 2013 une déclaration jugeant que la crise en RCA constituait une « grave menace » pour la région et assurant ses membres prêts à envisager « toutes les options possibles pour stabiliser le pays ».40(*)

4. La CEEAC

Si le pire semble évité pour l'instant, c'est peut-être parce qu'un savant équilibre géopolitique, essentiellement africain et mené par le président du Congo Brazzaville Denis Sassou N'Guesso, laisse espérer un dialogue entre les deux parties.

Si la question était d'abord posée par les médias, toujours dans la fièvre interventionniste si en vogue actuellement, de la participation de la France au conflit, elle n'est désormais plus du tout d'actualité : en effet, l'Afrique a réussi à s'imposer comme la seule force légitime pour mettre en oeuvre un règlement, aussi rapide que possible, de la guerre civile.

De quelle Afrique parlons-nous ici ? Eh bien, de la première intéressée : l'Afrique centrale dans sa globalité, car les pourparlers qui ont commencé ce mercredi à Libreville ont lieu sous l'égide de la Communauté Économique des États d'Afrique Centrale (CEEAC). Cette Communauté, créée en 1983 à Libreville au Gabon et composée de 10 États membres (la République d'Angola, la République du  Burundi, la République du  Cameroun, la République Centrafricaine, la République du  Congo, la République Démocratique du Congo, la République  Gabonaise, la République de Guinée Equatoriale, la République Démocratique de Sao Tome & Principe et la République du Tchad), reconnue par l'Union africaine, ne se contente pas d'assurer une coopération dans les domaines économiques et sociales entre les États d'Afrique centrale, mais elle agit aussi comme un gardien de la paix.

 Ainsi la CEEAC présente-t-elle sur son site ce rôle particulier qui semble à première vue éloigner de sa vocation première en ces termes : "Du fait des troubles sociopolitiques et des conflits armés dans la majorité de ses États membres, la CEEAC s'est donné, outre ses missions traditionnelles de coopération et d'intégration régionale, celle de la promotion de la paix et de la stabilité en Afrique centrale, ainsi que celle de l'appui au processus électoral dans les États membres." Souvent l'on prend ce genre de déclarations pour des pures pétitions de principe. Nous voyons aujourd'hui qu'il n'en est rien. En effet, les troupes rebelles s'étant approchées de Bangui, la capitale, la CEEAC a très rapidement décidé de mettre en place d'importantes troupes d'interpositions au niveau de la ville de Damara, à 75 km de Bangui, dissuasion sans laquelle nous n'en serions pas au temps des négociations aujourd'hui. 

L'Afrique du Sud, de façon plus contestée, a également déployé pas moins de 400 soldats en vue de "sécuriser la capitale" : le communiqué sud-africain poursuit ainsi : "Les quatre cents soldats aideront à renforcer les capacités de l'armée centrafricaine. Ils faciliteront la planification et la mise en oeuvre des processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration des rebelles."

L'Afrique s'ébranle, non pas pour s'entre-déchirer, mais pour préserver une paix fragile, à partir d'intérêts économiques très concrets. Comment l'Afrique a-t-elle, dans ce conflit, pris les choses en main.

* 40 MUNIEN Vincent, loc.cit.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius