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Hamlet et Freud, de la psychanalyse appliquée à  sa critique philosophique.

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par Layla Dargaud
Paris Ouest Nanterre La Défense - Master 2 Philosophie  2015
  

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3) Le véritable problème : la psychanalyse et la philosophie, comme puissances d'expérimentation de la création littéraire.

Pour comprendre ce qui se joue réellement dans la rencontre entre Hamlet et la psychanalyse, nous nous trouvons face à la nécessité de dépasser le conflit d'interprétations. La psychanalyse est pertinente comme discipline non herméneutique, par le biais de laquelle, peut-être malgré elle, est possible une analyse

non interprétative de l'oeuvre littéraire.

Les résistances à la psychanalyse appliquée s'originent dans les préjugés issus de l'esthétique du XVIIIème et du XIXème siècles, dont le principe était la distinction entre le fond et la forme et la séparation entre les facultés et tout particulièrement la scission entre l'intelligence et la sensibilité.

L'oeuvre freudienne opère un mouvement de réconciliation, en ce sens que Freud effectue la jonction entre la forme et le fond et entre l'affect et sa représentation. Il donne la primauté à l'effet produit sur le lecteur, élément qui sera définitif dans l'analyse scolaire des oeuvres littéraires en classe de français, dans l'enseignement secondaire notamment.

Freud souligne par ailleurs l'impossibilité du désintéressement total par rapport à l'oeuvre d'art. Cette dernière implique toujours un certain rapport au refoulé. C'est pourquoi l'oeuvre est symbolique et symptomatique de quelque chose d'autre. Ces symboles et ces symptômes sont déchiffrables à partir de traces qui sont autant d'indices que le refoulement a, du moins partiellement, échoué.

S'ouvre ainsi un espace de lisibilité du symptôme et du symbole à travers l'oeuvre.

Dans la première partie de notre recherche, nous avons analysé Hamlet comme le modèle de la connaissance des processus psychiques. Puis, dans la seconde partie, Hamlet nous est apparu comme un texte à déchiffrer. Tout ceci nous a permis de mettre en valeur un mouvement dialectique entre le thème principal, oedipien, et un autre thème, qu'on pourrait qualifier d'hamlétien.

De sa correspondance de jeune fondateur de la psychanalyse à ses tous derniers écrits, Freud a toujours considéré le refoulement universel du complexe d'×dipe comme la découverte majeure de la psychanalyse. Le complexe d'×-dipe est, à bien des égards, le trait distinctif de la pensée freudienne. Le complexe d'×dipe s'étend effectivement à des domaines aussi variés que la culture,

443. Jean-Charles Huchet, Littérature médiévale et psychanalyse. Pour une clinique littéraire, PUF, écriture, Paris, 1990, p. 21-22.

444. Henriette Michaud, op. cit., p. 44.

445. Sarah Kofman, L'Enfance de l'art. Une interprétation de l'esthétique freudienne, op. cit.

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l'organisation sociale et politique, la morale, le Droit, la religion et la sublimation. Le domaine d'application initial de ce complexe nucléaire des névroses est l'être humain en général, l'ensemble de la vie psychique et psycho-sexuelle, normale ou pathologique.

Puisque le problème d'Hamlet est étroitement lié au complexe d'×dipe, peut-on supposer qu'il pourrait atteindre une certaine propension générale, du moins pour une certaine classe d'individus qui souffriraient davantage des effets délétères du refoulement que la plus grande majorité des hommes?

Si Hamlet est bien ce sphinx de la littérature moderne dont parle Jones, alors, nous l'avons vu, il est celui qui vient questionner ×dipe, celui qui pose une énigme, un problème à ×dipe et qui lui enjoint de répondre car il est le seul capable de résoudre l'énigme du sphinx Hamlet.

Outre l'×dipe parental, la pièce de Sophocle comporte la dimension du filicide, comme désir symétrique aux tendance parricides. Rappelons que dans la légende, c'est Laïos qui a en premier lieu voulu tuer son fils à la naissance.

Le spectre du père d'Hamlet ne reproduit t-il pas ce comportement en envoyant son fils se venger de celui qu'il sait être un assassin?

Plutôt que de concevoir le complexe d'×dipe comme une structure, on peut le voir comme un facteur dynamique, en ce sens qu'il reflète les désirs incons-

cients de l'enfant.

Ce qui est important, c'est ce que Shakespeare fait à partir de la légende d'Ham-let et ce que Freud fait à partir des textes de Sophocle et de Shakespeare a fortiori. Bien plus qu'une interprétation ou une réinterprétation, nous avons affaire là à des réécritures, à la création de quelque chose de nouveau à partir de ce qui

était déjà là.

Hamlet n'est-il qu'une variante du thème oedipien dans l'esprit de Freud? Si l'on suit Freud à la lettre, tel semble être le cas. Pourtant rien n'est moins sûr, et Freud nous a montré à plusieurs reprises qu'il en disait souvent plus qu'il n'y paraissait. C'est en ce sens que Sarah Kofman pouvait dire qu'il était loisible de lire dans le texte de Freud autre chose et plus que ce qu'il dit dans sa littéralité ?.

Le phénomène de résistance explique la tendance générale à maintenir caché le fantasme oedipien. L'origine du complexe d'×dipe est double : d'une part, la théorie ontogénétique et d'autre part, l'hypothèse phylogénétique, que l'on retrouve dans Totem et tabou avec la théorie de la horde primitive et les hypothèses sur l'interdiction de l'inceste et sur l'exogamie.

La conception que se fait Freud du père dans Hamlet découle directement de son idée selon laquelle celui-ci se décline en différentes figures. En effet, il y a le père réel, l'imago paternel, le père comme figure tutélaire et personnage du scénario du parricide, celui-là même qui imprègne la mémoire collective et le patrimoine de l'humanité.

Le complexe d'×dipe est une réalité psychique, et ce peu importe s'il est basé ou non sur un événement historique ou textuel réel.

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Hamlet comme sphinx soumet ×dipe à une épreuve, sa propre épreuve de lui-même, de même qu'il soumet Freud à l'analyse de son propre inconscient. Si dans la légende ×dipe a su jadis résoudre l'énigme du Sphinx, il finit aveugle.

Peut-on concevoir un pouvoir de castration symbolique d'Hamlet sur ×dipe, de même qu'il existerait un pouvoir de castration de la littérature sur la psychanalyse, ce à quoi semble se résoudre Freud? Hamlet doit-il rester subordonné à ×dipe? N'est-il pas lui-même une figure primitive dont l'existence conditionne la validité du complexe d'×dipe? Dire que la condition d'Hamlet est celle du névrosé moderne et le fait du progrès du refoulement à travers les siècles dans l'âme humaine, n'est-ce pas ôter délibérément à Hamlet la possibilité d'être porteur d'intensités et de forces d'un tout autre ordre?

Réciproquement dans la légende, c'est ×dipe qui donne clarté et raison à l'oracle du Sphinx. Dans la mythologie, le Sphinx est une figure féminine. Il s'agit d'ailleurs en réalité de la sphinge. La sphinge représente la mère et le verbalisme.

Tirons les conséquences de cette comparaison entre Hamlet et la sphinge dans la tragédie de Sophocle. Ceci semble aller dans le sens des hypothèses de Freud et de Jones sur la féminité du caractère d'Hamlet et sur son éventuelle homosexualité latente.

×dipe, au contraire, représente la lignée des pères et le règne du réel.

En ce sens, il nous semble intéressant d'être attentifs à ce qu'on pourrait appeler un devenir-femme, un devenir-Ophélie d'Hamlet, et ce, tout particulièrement à partir de la scène du cimetière, scène décisive qui donne l'impulsion à l'exécution de la vengeance d'Hamlet et qui pourtant n'a rien à voir avec papa-maman ni avec ×dipe.

Le véritable inconscient à l'÷uvre dans la pièce de Shakespeare, l'inconscient machinique et la puissance de vérité d'Hamlet seraient à rechercher plutôt dans le personnage d'Ophélie, ou davantage dans Ophélie comme corps sans organes, puisque la véritable machine infernale se déclenche à partir de la mort de la jeune fille, de cette dissolution ardemment désirable 446 évoquée par Hamlet lors du monologue de la scène 1 de l'acte 3.

Le cheminement freudien qui mène à l'édification de la psychanalyse est le suivant : tout d'abord, nous avons accès à des fragments d'auto-analyse occasionnels, puis l'auto-analyse se fait plus systématique, notamment dans la correspondance. Ensuite, les hypothèses sur le rêve viennent parachever les premières esquisses auto-analytiques et élargir l'analyse de l'inconscient à d'autres psychismes que le sien. C'est seulement une fois ce socle présent que peut être construite une théorie générale des névroses.

Hamlet a sa place à chacune de ces étapes menant à la fondation de la discipline psychanalytique. De même, il aura sa place à chacune des grandes étapes théoriques franchies par la psychanalyse et aura son mot à dire. Alors que paradoxalement Freud ne semble plus avoir de mot à dire sur Hamlet, ce sont les mots du prince danois qui ont quelque chose à dire à la psychanalyse. Ceci est flagrant dans les écrits de maturité. Freud reprendra Hamlet comme objet

446. a consummation devoutly to be wish'd , voir Hamlet, III, 1, 62-63.

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de la psychanalyse dans les tous derniers écrits, après l'avoir en quelque sorte laissé devenir son égal, sujet, acteur et moteur de la création en psychanalyse.

Hamlet serait une figure actoriale fondatrice de la psychanalyse, luttant en sous-main contre un retour à la figure auctoriale, du créateur et père de l'oeuvre (Freud ou Shakespeare).

Avec Hamlet, on a l'impression qu'il s'agit pour Freud d'un problème personnel, de quelque chose de bien plus fondamental et intensément vécu que le complexe d'×dipe. Freud fait lui-même le parallèle entre l'état dépressif et angoissée dans lequel il se trouvait à l'époque où il exposait à son ami ses premières in-

tuitions sur Hamlet.

D'après le spécialiste de théâtre et traducteur de Sophocle Robert Pi-gnarre?, le sphinx, cette figure féminine au même titre qu'Hamlet pour Freud, s'apparente au démon personnifiant les âmes en peine qui, avide d'amour et de sang, hante le sommeil des vivants . Dans ×dipe roi, on peut lire enfants, rejetons nouveaux de l'ancêtre .

×dipe est celui qui a permis l'affranchissement du fardeau imposé par le

monstre aux énigmes .

Hamlet est-il justement ce monstre aux énigmes dont il est question dans la pièce de Sophocle? Certains passages de la pièce de Shakespeare, qui semblent déjà annoncer, ainsi que nous l'avons suggéré, certains des plus beaux passages des Pensées de Pascal, nous donnent à penser que tel est le cas.

Toutefois, lorsque Hamlet évoque l'idée d'une monstruosité ainsi que celle d'énigme, il s'agit de l'être humain en général, comme chez Pascal.

Si tout névrosé, voire tout homme, est un Hamlet, c'est qu'il y a en lui cette dimension à la fois grotesque et pathétique, terrifiante et ridicule, tragi-comique, ni tout à fait ange, ni tout à fait bête.

En somme l'homme est une galéjade, une farce grotesque, mais également une farce effrayante qui ferait pâlir n'importe quelle créature. On retrouve dans cette définition de l'homme toute l'atmosphère du théâtre de Shakespeare qui mêle si habilement, ainsi que Hugo l'a souligné, le sublime et le grotesque, le tra-

gique et le comique.

Entre Hamlet et ×dipe, nous avons vu que Freud note une identité de racine, de source et de matière, mais une différence de moyens et de contexte. Depuis la tragédie de Sophocle le refoulement a progressé dans l'histoire affective de l'humanité, et la vie intellectuelle n'est plus la même, ce qui implique la nécessité de mettre en oeuvre différemment cette source et cette matière identiques. Avec ×dipe, le refoulement en est à un stade antérieur à celui que l'homme moderne connaît. ×dipe doit avoir recours à des processus d'élaboration et de fabulation. Par contraste le refoulement chez Hamlet se manifeste par des actions d'inhibition.

Freud entend extraire de la pièce de Shakespeare le caractère de son héros et les motifs de ces hésitations. Il entend définir précisément la nature de la tâche que le héros doit s'accomplir. Déterminer précisément ceci aura une fonction explicative pour les développements à venir concernant la recherche des symp-

tômes du refoulement d'Hamlet.

447. Robert Pignarre, Notes à ×dipe roi, Théâtre complet de Sophocle, op. cit.

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Il n'y a pas de sujet dans l'inconscient freudien. Le retour à

Freud consiste à surtout ne pas en mettre! [...] On met en place des unités de production. 448».

Guattari reprend l'expression hégélienne de belle âme », qui se référait, comme nous l'avons vu, dans L'Esthétique à la figure exemplaire d'Hamlet, pour désigner un type de paranoïaque :

désert intériorisé de la belle âme », sur un fond des flux décodés » 449.

Guattari décrit la grande machine psychanalytique, machine paranoïaque par excellence, dans laquelle justement le paranoïaque mondialement célèbre », pourrait-on dire pour parodier Freud, Hamlet hallucinant un père spectral et de l'inceste partout, et surinterprétant tous les signes qui se donnent à lui dans le cours de la pièce comme des éléments de preuve signifiant la culpabilité, renvoyant en dernière instance à l'éternel papa-maman, occupe une place d'exception.

L'exprimé (le déplacé », le transféré) est tributaire de son rapport exclusif à la machine: représentation-refoulante, représentant-refoulé (les effets de sens » de la parole sont tributaires du briquetage de significations de la langue. [...] Tu en passeras par ma grille », Tu en passeras par mon écriture, par mon ×dipe, par mon

capital, par mon État. » » 450.

Hamlet possède, nous l'avons vu, un pouvoir heuristique. Il nous semble pertinent de recourir à l'outillage conceptuel de Deleuze et Guattari pour aborder Hamlet. La schizo-analyse semble avoir des avantages pour l'étude de la littérature que la psychanalyse n'a pas. Toutefois, si la méthode schizo-analytique, la critique-clinique fonctionne en littérature, seule la psychanalyse est reconnue comme thérapie et comme outil interprétatif, à mettre en parallèle avec d'autres

méthodes et d'autres outils.

L'approche que l'on fait d'Hamlet ne se décline pas en lectures (le terme lecture » semble renvoyer à la notion d'interprétation) mais en usages (fonc-

tionnements, expérimentations) possibles.

Réduire toute forme ou trace de folie à la maladie mentale peut avoir des conséquences désastreuses, notamment lorsqu'il s'agit de réduire la créativité, l'irréductible part de folie inhérente à chacun et qui échappe à la rationalité, ce qui est de l'ordre de l'expérimentation, du processus et du vital, de l'errance positive à une pathologie synonyme de dégradation, de chute, de déflagration, de retombée du processus désirant. Réduire Hamlet à sa supposée névrose obsessionnelle ou hystérie, c'est risquer d'échapper à ce qui fait le propre du

448. Félix Guattari, Écrits pour l'Anti-×dipe, Lignes, imec, Paris, 2012, p. 50.

449. ibid., p. 55.

450. ibid.

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processus désirant. C'est en somme se focaliser sur des désirs censés être présents inconsciemment chez tout être humain, de manière homogène et universelle et pouvant être ramenés à des déterminations parentales, qui ne tolèrent que très peu de variantes, et ce, quelle que soit la forme que ceux-ci prennent.

Dans L'Île déserte et antres textes, Deleuze insiste sur l'urgence qu'il y a à purger la folie de la maladie mentale ?). La clinique deleuzienne est une clinique sans symptômes, sans malade et sans médecin (si ce n'est le créateur, véritable médecin de la civilisation , d'après la définition nietzschéenne reprise par Deleuze). L'urgence n'est pas de soigner le délire, mais de voir dans le délire l'expression machinique du désir, et en ce sens, un véritable moyen de guérison et de libération ainsi que d'investissement direct du champ socio-politique. Le délire est ce cheminement hors-sillons et hors-limites qui permet justement de retrouver une prise concrète sur le réel, désormais non biaisé par les représentations fantasmatiques.

Pour Lacan, avec les oeuvres littéraires, nous sommes déjà au-delà de la cure psychanalytique. C'est pourquoi ce n'est qu'à partir de celles-ci, tout comme ce n'est qu'à partir de la fin de la cure analytique, que le véritable voyage peut commencer ??. Lacan dit par ailleurs, dans ses Antres écrits, que l'écrivain, l'artiste précède toujours le psychanalyste et que le psychanalyste n'a donc pas à faire le psychologue là où l'artiste lui fraie la voie. ??. Le texte littéraire est censé nous faire oublier la perspective de la cure. Toutefois, la démarche lacanienne est encore plus tributaire que celle de Freud de la domination du signifiant et c'est pourquoi elle est bien plus violemment attaquée par Deleuze et Guattari. La clinique lacanienne est une symptomatologie des maladies mentales en tant que telles, mais cette clinique est centrée sur le discours en tant qu'il est signifiant, et c'est là l'écueil.

Nous verrons que la recherche des signifiants dans le discours shakespearien devient caduque dès lors que Shakespeare fait délirer la langue par le biais du

délire d'Ophélie.

Ce n'est pas par hasard que le névrosé se fait un roman familial , et que le complexe d'×dipe doit être trouvé dans les méandres de ce roman. Avec le génie de Freud, ce n'est pas le complexe qui nous renseigne sur ×dipe et Hamlet, mais ×dipe et Hamlet qui nous renseignent sur le complexe. On objectera qu'il n'y a pas besoin d'artiste, et que le malade suffit à faire lui-même le roman, et le médecin à l'évaluer. Mais ce serait négliger la spécificité de l'artiste, à la fois comme malade et médecin de la civilisation : la différence entre son roman comme oeuvre d'art et le roman du névrosé. ?.

Expérimenter Hamlet, c'est privilégier sa littéralité. La littéralité deleuzienne est ce processus qui opère entre les significations partagées par l'usage, pour

451. Gilles Deleuze, L'Île déserte et autres textes (1953-1974), éd. David Lapoujade, Les éditions de Minuit, coll. Paradoxe, Paris, 2002, p. 280.

452. Jacques Lacan, Écrits, t. I, Seuil, Points essais, Paris, 1966, p. 97

453. Jacques Lacan, Autres écrits, Seuil, Le Champ freudien, Paris, 2001, p. 192-193.

454. Gilles Deleuze, Logique du sens, Les éditions de Minuit, Paris, 1969, p. 277, Des aventures d'Alice .

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les mettre en état de rencontre et de co-implication ou encore d'hétéroge-

nèse. ??.

Ophélie est au-delà de l'être, dans l'autrement qu'être, au-delà de son intéressement à soi-même, là où Hamlet métaphysicien est tout entier focalisé sur l'alternative entre l'être et non-être. Hamlet n'a pas conscience que seule Ophé-lie est dans l'authenticité. C'est l'amour qui porte Ophélie là où être ou ne pas

être n'est pas la question ??.

Dans la pièce de Shakespeare, on a l'impression de n'avoir à faire qu'à des fragments d'Ophélie face à une machine dominante, la machine Hamlet qui lisse, unifie par ses beaux monologues impeccablement structurés, ce qu'il y a de hiatus et de contradiction dans le délire d'Ophélie. Ce sont justement ces multiplicités fragmentaires d'Ophélie qui demandent à être reconsidérées, reprises, rejouées.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle