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Exposition aux risques morpho-hydrologiques dans deux secteurs périurbains de la ville de Yaoundé. Cas des monts Akok-Ndoué et Mvog-betsi au sud-ouest de la ville.

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par Georges Ghislain FOFACK MUJIA
UNIVERSITÉ DE YAOUNDÉ  - Master 2016
  

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RÉPUBLIQUE DU CAMEROUN

0 Paix - Travail - Patrie

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REPUBLIC OF CAMEROON Peace - Work - Fatherland

**************

UNIVERSITÉ DE YAOUNDÉ I

***********

THE UNIVERSITY OF YAOUNDE I

***************

CENTRE DE RECHERCHE ET DE
FORMATION DOCTORALES EN
SCIENCES HUMAINES ET
ÉDUCATIVES

POST-GRADUATE SCHOOL FOR
SOCIAL AND EDUCATIONAL
SCIENCES

s UNITÉ DE RECHERCHE ET DE
FORMATION DOCTORALES
EN SCIENCES HUMAINES

DOCTORAL RESEARCH UNIT FOR SOCIAL SCIENCES

EXPOSITION AUX RISQUES MORPHO-HYDROLOGIQUES DANS
DEUX SECTEURS PÉRIURBAINS DE LA VILLE DE YAOUNDÉ: CAS
DES MONTS AKOK-NDOUÉ ET MVOG-BETSI AU SUD-OUEST DE LA
VILLE

Mémoire présenté en vue de l'évaluation partielle pour l'obtention du diplôme de Master en

Géographie

Spécialité : Dynamique de l'environnement et des risques Option : Géomorphologie et hydrologie

Rédigé et présenté par:

FOFACK MUJIA Georges Ghislain Mle 07K171

Licence en géographie physique

Sous la direction du:

Pr. Mesmin Tchindjang Maître de conférences

Avril 2016

i

DÉDICACE

À

MES PARENTS

Mon regretté père, Mr NKUOIBOUTI, dont le décès précoce a été pour moi le principal

émulateur

Et

Ma mère, Mme veuve ABONZEM Géneviève Épse NKUOIBOUTI, pour tout

l'amour, les sacrifices et l'inamovible soutien à juste valeur consenti jour après jour à mon
égard, malgré les multiples difficultés de la vie. Tu es un modèle de courage, d'amour et

d'abnégation.

ii

REMERCIEMENTS

La réalisation de ce travail est le fruit de la disponibilité, de la rigueur, du soutien moral et technique de mon directeur de recherche, le Pr. Mesmin TCHINDJANG. Professeur, merci pour les multiples séances de travail, les discussions constructives, les débats, les conseils pour les modélisations, les apports documentaires, etc. Nous vous adressons à travers ce travail nos sincères remerciements.

Ma reconnaissance va également à l'endroit de tout le corps enseignant du département de Géographie de l'université de Yaoundé I, pour tous les efforts ménagés dans notre formation de géographe. Nous pensons ainsi au Pr. Paul TCHAWA, chef du département, dont les enseignements ont façonné notre amour pour la géographie. Notre gratitude va également à l'endroit des professeurs Jean Louis DONGMO, KENGNE FODOUOP, Joseph Gabriel ELONG, Maurice TSALEFAC, Feu NGWA NEBASINA ; Roger NGOUFO ; Moïse MOUPOU ; Samuel ABOSSOLO et aux docteurs Jean Guy DZANA, OJUKU TIAFACK, pour leurs enseignements.

Je voudrais tout particulièrement dire ma reconnaissance à :

Monsieur ESSAGA en service à la cellule technique de la communauté urbaine de Yaoundé, pour son accueil chaleureux et la mise à ma disposition des multiples données géoreférencées de la ville de Yaoundé ;

Mes camarades Eric VOUNDI, Elvis GHOMSI et Frédéric SAHA, avec qui nous formions une superbe équipe de recherche dans les risques naturels. Merci pour les remarques, les discussions, les apports documentaires, surtout la joie de vivre ensemble et de partage qui a caractérisé nos différentes collectes de données sur le terrain ;

Roverlain FOMEN, merci pour tous les apprentissages des environnements informatiques, de la conception, de la modélisation et tout le chemin qu'on a fait ensemble ;

Mes amis promotionnaires de Master II : Guy Célestin MESSI, Janvier MOLO, Lionel Valery ONGOLO, merci pour les débats acharnés qui ont rythmé notre cursus académique. Ils ont été une source indubitable d'inspiration et d'apprentissage ;

Mlle Esther NGO BIKAI, à qui je tiens personnellement à témoigner tout ma reconnaissance pour les encouragements et les corrections de mon travail;

Aussi, je voudrais à travers ce travail manifester mon obligeance à l'endroit de:

Ma mère, madame veuve ABONZEM Géneviève Epse Nkuoibouti, pour tous les sacrifices financiers consentis pour mes études ; Maman, un merci ne saurait suffire pour t'attester ma reconnaissance, vivement que l'aboutissement de ce travail puisse être un motif de satisfaction pour ton indéfectible soutien à mon égard;

À mon fils, FOFACK POUFFON Adrian Christ-Georges, merci de m'apporter tout ce bonheur ;

Monsieur et madame AKOAGHE, pour tout le soutien financier et surtout moral dont je bénéficie de votre part depuis plusieurs années, vos sacrifices n'ont pas été vains ;

Mes frères Emile NKUOIBOUTI et Zéphirin NKUOIBOUTI, ainsi qu'à tous les membres de ma famille, merci pour le soutien que vous m'apportez tous les jours ;

Mlle Raïssa POUFFON MATSA, merci pour ta sollicitude, ton soutien permanent;

À tous ceux et celles dont les noms n'ont pas été mentionnés ici, et qui ont contribué de quelque manière que ce soit à mon éducation, à l'édification de ma personne par les critiques et surtout à la réalisation du présent travail de recherche, je voudrais vous témoigner à travers ces quelques lignes toute ma gratitude.

Mots-clés : Akok-Ndoué, Aléa, Inondations, Mouvements de terrain, Mvog-Betsi, SIG, Exposition, Risques, Vulnérabilité.

iii

RÉSUME

La zone d'extension urbaine Sud-ouest de la ville de Yaoundé sur laquelle se dressent les monts Akok-Ndoué (957 m) et Mvog-Betsi (902 m), est au fil des années, sujette aux risques d'inondations et de glissements de terrain.

La croissance urbaine que connait globalement la capitale camerounaise depuis deux décennies, entraine une anthropisation croissante des pentes abruptes des versants et une colonisation des bas-fonds marécageux de cette zone. Cette situation prédispose de ce fait, une bonne partie de la population de ce secteur de la ville aux aléas morpho-hydrologiques de plus en plus importants. À travers le présent travail de recherche intitulé : « Exposition aux risques morpho-hydrologiques dans deux secteurs périurbains de la ville de Yaoundé : cas des monts Akok-Ndoué et Mvog-Betsi au Sud-ouest de la ville », nous avons pu caractériser et cartographier les risques d'inondations et de glissements de terrain en nous servant des données géoreférencées de la ville de Yaoundé, de la télédétection et des SIG.

Cette approche méthodologique doublée des observations de terrain, nous a permis d'élucider les degrés de vulnérabilité des populations de cette zone eu égard aux risques suscités. La combinaison de plusieurs couches de données géoreférencées (carte de pentes, occupation du sol...), nous a permis en outre de rendre compte des disparités dans la distribution de la vulnérabilité des populations de la zone. Ce travail a également débouché sur la proposition de multiples solutions dont la réalisation d'un plan de prévention des risques qui implique un zonage en vue d'identifier les zones de risque élevé et donc impropres à la construction et celles de risque faible donc constructibles et viables.

Face aux difficultés de prévention des risques qu'impose ce site, des mesures adéquates telles que : le reboisement des versants à fortes pentes ; la prise en compte des études géotechniques lors des aménagements sur ces sites ; la sensibilisation, la matérialisation et la protection du domaine de l'État ; l'abandon des actes d'incivisme chez les populations ; la cartographie actualisée...doivent être mises en oeuvre pour une réduction considérable de la vulnérabilité des populations de cette zone face aux risques d'inondations et de glissements de terrain.

Keywords: Akok-Ndoué, Floods, GIS, Hazards, Landslides, Mvog-Betsi, Exposition, Vulnerability.

v

ABSTRACT

For many years, the South-West sub-urban zone of the town of Yaoundé where Akok-Ndoué (957 m) and Mvog-Betsi (902 m) hills are founded was affected by floods and landslides. The urban growth that globally affected the Cameroonian capital since two decades, lead to the crescent humanization of sloppy areas and marshy dregs of the study zone. This situation induces an important part of the population of this area to morpho-hydrological hazards.

Through this research work, entitled «Exposition to morpho-hydrological hazards in two Yaoundé suburban zones: cases studies of Akok-Ndoué and Mvog-Betsi hills in the South-West part of the town», we have characterized and mapped floods and landslides using georeferenced data of Yaoundé town, remote sensing data and GIS.

This methodological approach couple to field observations enable us to clear up the degree of population vulnerability in this zone as regards to the above-mentioned hazards. The combination of many georeferenced data such as slope map, land use map..., enable us to observe disparities as regards the distribution of the population vulnerability in this area. This work also issues to the proposal of various solutions such as the realization of a risks prevention plan (RPP) which involves zoning in order to identify and classify higher exposition risks areas which are inappropriate for constructions and lower risk exposition areas which are proper for constructions.

In front of such difficulties of risks prevention impose by this site, adequate measures should be put in place to considerably reduce vulnerability of inhabitants of this area to landslides and floods. Such measures include: reafforestation of high slopes versants; the taking into account of geotechnical analysis when planning constructions in this area; sensitization, materialization and protection of the State domain to avoid illegal occupation; the avoidance of incivism act of pouring garbages in water and updated cartography.

vi

SOMMAIRE

INTRODUCTION GENERALE V

1

CHAPITRE I : TYPES DE RISQUES NATURELS A AKOK-NDOUE ET MVOG-BETSI 43

INTRODUCTION 43

I. LES MOUVEMENTS DE TERRAIN 43

II. LES INONDATIONS 57

CONCLUSION PARTIELLE 69

CHAPITRE II : EXPOSITION AUX RISQUES ET VULNÉRABILITÉ DES POPULATIONS

70

I. FACTEURS DE VULNÉRABILITÉ AUX RISQUES 70

II. CARTOGRAPHIE DES RISQUES NATURELS DANS LA ZONE D'ÉTUDE 80

CHAPITRE III: POLITIQUES, STRATÉGIES DE GESTION ET DE PRÉVENTION DES

RISQUES A AKOK-NDOUE ET MVOG-BETSI 96

INTRODUCTION 96

I. LES PRINCIPALES STRUCTURES DE GESTION ET DE PRÉVENTION DES RISQUES 96

II. NOMENCLATURE DES TEXTES LÉGISLATIFS ET RÉGLEMENTAIRES 100

III. DISCUSSIONS AUTOUR DE LA PERTINENCE DE LA GESTION ET DE LA PRÉVENTION

DES RISQUES 102

IV. LES POPULATIONS FACE AUX RISQUES A AKOK-NDOUE ET MVOG-BETSI : ENTRE

LUTTE PERMANENTE, SOLUTIONS INFRUCTUEUSES ET ADAPTATION AU MILIEU 105

V. STRATÉGIES DE GESTION ET DE PRÉVENTION DES RISQUES DANS LA ZONE

D'ÉTUDE 110

CONCLUSION PARTIELLE 124

CONCLUSION GENERALE 125

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 125

ANNEXES 125

vii

LISTE DES TABLEAUX

TABLEAU 1 : TABLEAU RÉCAPITULATIF DE QUELQUES RISQUES NATURELS ET LEURS CONSÉQUENCES

DANS LA VILLE DE YAOUNDÉ 4

TABLEAU 2: CATASTROPHES NATURELLES AU CAMEROUN ENTRE 1971 ET 2006 5

TABLEAU 3: DÉLIMITATION THÉMATIQUE 7

TABLEAU 4: TABLEAU SYNOPTIQUE DE LA RECHERCHE 20

TABLEAU 5 : LOGICIELS UTILISÉS ET TÂCHES EFFECTUÉES 41

TABLEAU 6: DIFFÉRENCES ENTRE LE GLISSEMENT ROTATIONNEL ET TRANSLATIONNEL 47

TABLEAU 7: RÉPARTITION MENSUELLE DES PRÉCIPITATIONS ET DES TEMPÉRATURES DE YAOUNDÉ 51

TABLEAU 8: ZONES INCONSTRUCTIBLES DÉFINIES PAR LA CUY 62

TABLEAU 9: VARIABLES PRÉDICTIVES RETENUES POUR ÉLABORER LES CARTES DE SUSCEPTIBILITÉ 80

TABLEAU 10: CARACTÉRISATION DE LA SUSCEPTIBILITÉ PAR CONSIDÉRATION DU GRADIENT DE PENTE

83

TABLEAU 11: MATRICE DE DÉTERMINATION DES CLASSES DE RISQUES 88

TABLEAU 12: CLASSES DE SUSCEPTIBILITÉ AUX RISQUES D'INONDATION 90

viii

LISTE DES FIGURES

FIGURE 1 : CARTE DE LA LOCALISATION DE LA ZONE D'ÉTUDE 9

FIGURE 2 : LOCALISATION DES QUARTIERS À L'ÉTUDE DANS LA COMMUNE D'ARRONDISSEMENT DE

YAOUNDÉ VIÈME 10

FIGURE 3: ILLUSTRATION DE L'ALÉA (INONDATION) 27

FIGURE 4: ILLUSTRATION DES

ENJEUX 29

FIGURE 5 : LES FACTEURS À PRENDRE EN COMPTE DANS L'ANALYSE DE LA VULNÉRABILITÉ 30

FIGURE 6: ILLUSTRATION DU RISQUE

D'INONDATION 33

FIGURE 7: DIFFÉRENCE ENTRE RISQUE ET CATASTROPHE 36

FIGURE 8: COUPURE SUD-OUEST DU PLAN-GUIDE DE LA VILLE DE

YAOUNDÉ ..40

FIGURE 9: SCHÉMA CONCEPTUEL DE L'ITINÉRAIRE MÉTHODOLOGIQUE 42

FIGURE 10: PROCESSUS DE CHUTE DE PIERRES ET DE BLOCS ROCHEUX

44
FIGURE 11: DÉTERMINATION DE LA PENTE

TOPOGRAPHIQUE 49

FIGURE 12: LOCALISATION DES MONTS AKOK-NDOUÉ ET MVOG-BETSI 50

FIGURE 13: CLASSIFICATION SUPERVISÉE PAR MÉTHODE « MAXIMUM LIKELIHOOD » DE 2 IMAGES DE

LA ZONE : 2002 (A) ET 2013(B) 53
FIGURE 14: ÉVOLUTION SPATIALE DE LA VILLE DE YAOUNDÉ ENTRE 1980 ET 2001

54

FIGURE 15: RÉSEAU HYDROGRAPHIQUE DE LA CUY VI ..59

FIGURE 16: IMAGE SATELLITE DU MONT AKOK-NDOUÉ ET SES VERSANTS LE 27/02/2010 .....62

FIGURE 17 : SCHÉMA SYSTÉMIQUE RISQUE D'INONDATION EN MILIEU URBAIN 66

FIGURE 18: SCHÉMA SYSTÉMIQUE DU RISQUE D'INONDATION DANS LES BAS-FONDS D'AKOK-NDOUÉ

ET DE MVOG-BETSI 67

FIGURE 19: ALTIMÉTRIE DE LA ZONE 71

FIGURE 20: ABAQUE HYDROTHERMIQUE DE LA VILLE DE YAOUNDÉ ....72

FIGURE 21 : COMPARAISON DIACHRONIQUE DE L'HUMANISATION DES VERSANTS DU MONT AKOK-

NDOUÉ ENTRE 2002 ET 2010 75

FIGURE 22 : BASSINS VERSANTS ET TYPOLOGIE DE L'HABITAT DANS LA CUY 77

FIGURE 23 : SYNTHÈSE DE LA CARTOGRAPHIE DU RISQUE 81

FIGURE 24: CARTE DES PENTES DE LA ZONE À L'ÉTUDE ..82

FIGURE 25: MODÈLE NUMÉRIQUE DE TERRAIN DE LA ZONE L'ÉTUDE 85

FIGURE 26: OCCUPATION DU SOL DANS LA COMMUNE D'ARRONDISSEMENT DE YAOUNDÉ 6ÈME 87

FIGURE 27: CARTE DE LA SUSCEPTIBILITÉ AUX GLISSEMENTS DE TERRAIN 88

FIGURE 28 : ESPACES À RISQUE D'INONDATIONS ÉLEVÉ DANS LA ZONE D'ÉTUDE .91

FIGURE 29 : ESPACES À RISQUE D'INONDATIONS MODÉRÉ DANS LA ZONE D'ÉTUDE 92

FIGURE 30: SYNTHÈSE DE L'EXPOSITION AU RISQUE D'INONDATION 93

FIGURE 31: EXPOSITION AU RISQUE D'INONDATION 94

FIGURE 32: SCHÉMA DE COORDINATION DES STRUCTURES DE LA DPC 99

FIGURE 33 : TERRASSEMENT ET GLISSEMENTS DE TERRAIN SUR UN VERSANT PENTU ET UN TALUS . 115

FIGURE 34 : ZONAGE DE LA ZONE D'ÉTUDE 122

ix

LISTE DES PHOTOS ET DES PLANCHES PHOTOGRAPHIQUES

A- LISTE DES PHOTOS

PHOTO 1: LÉZARDAGE SUR UNE HABITATION SITUÉE SUR UNE PENTE 46

PHOTO 2: ENCOMBREMENT DES COURS D'EAU PAR LES ORDURES 64

PHOTO 3 : ILLUSTRATION DU NON-RESPECT DES DÉCISIONS DE LA COMMUNE DE YAOUNDÉ 6E 104

PHOTO 4: SURÉLÉVATION DES FONDATIONS 107

PHOTO 5: DIGUE DE PROTECTION 108

PHOTO 6 : MURS DE SOUTÈNEMENT SUR UN VERSANT PENTU 109

PHOTO 7: SURCHARGES AU SOMMET D'UN TALUS ET SUR D'UN VERSANT PENTU 112

B- LISTE DES PLANCHES PHOTOGRAPHIQUES

PLANCHE PHOTO 1: ILLUSTRATION DU RISQUE DE CHUTES DE PIERRES ET DE BLOCS ROCHEU 44

PLANCHE PHOTO 2: AMÉNAGEMENTS INAPPROPRIÉS SUR DES VERSANTS 55

PLANCHE PHOTO 3: RECUL DE LA VÉGÉTATION SOUS L'INFLUENCE DES ACTIVITÉS HUMAINES 56

PLANCHE PHOTO 4: COMPARAISON D'UN TRONÇON DE LA MINGOSSO EN SAISON SÈCHE ET EN SAISON

DE PLUIE 65

PLANCHE PHOTO 5: INONDATIONS DANS LA ZONE D'ÉTUDE 68

PLANCHE PHOTO 6 : GONFLEMENT DE L'ÉCOULEMENT SUR LA RIVIÈRE MINGOSSO 73

PLANCHE PHOTO 7: LOGEMENTS PRÉCAIRES (CLICHÉS FOFACK MUJIA GEORGES 76

PLANCHE PHOTO 8: EXEMPLES D'ACTIONS DE TERRASSEMENT NON CONFORMES 78

PLANCHE PHOTO 9: FORTE ANTHROPISATION DES VERSANTS DES MONTS AKOK-NDOUÉ ET MVOG-

BETSI 103

PLANCHE PHOTO 10: CURAGE DE DRAINS DES COURS D'EAU 106

PLANCHE PHOTO 11: TERRASSEMENT ET DÉBLAI SUR DE TALUS ET DES VERSANTS PENTUS 116

PLANCHE PHOTO 12 : ORDURES ET INONDATIONS 119

x

LISTE DES ACRONYMES ET ABRÉVIATIONS

BRGM : Bureau des Risques Géologiques et Miniers

CAPU: Commission d'Agrément des Plans d'Urgence

CARC: Commission d'Analyse des Risques de Construction

CUY : Communauté Urbaine de Yaoundé

CUY VI : Commune Urbaine de Yaoundé VIème

CNPC: Conseil National de la Protection Civile

CVS: Cellules de Veille Sécuritaire

DPC : Direction de la Protection Civile

DUP : Déclaration d'Utilité Publique

FALSH : Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines

MINATD : Ministère de l'Administration Territoriale et de la Décentralisation

MINDCAF : Ministère des Domaines du cadastre et des Affaires Foncières

MNT : Modèle Numérique de Terrain

NDVI: Normalized Difference Vegetation Index ou «Indice de Végétation par Différence

Normalisée »

OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement

ONR: Observatoire National des Risques

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

PN2RC: Plate-forme Nationale pour la Réduction des Risques de Catastrophes

PPRN : Plan de Prévention des Risques Naturels

SP-RE : Site à Potentiel-Risque Elevé

SP-RF : Site à Potentiel-Risque Faible

SP-RM : Site à Potentiel-Risque Médian

SIG: Système d'Informations Géographiques

TIN: Triangular Irregular Network

INTRODUCTION GENERALE

1

Si la réduction des risques est un défi pour le développement, alors la prévention et la gestion des risques quel qu'ils soient sont un challenge pour le développement surtout socio-économique et humain au plan local des populations. Selon le rapport1 du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) en 2004, près de 75% de la population du monde vivait dans les zones exposées au moins une fois l'an à un phénomène lié à la nature, et dans cette population seulement 11% sont rangés dans les pays à revenus faibles. Mais à l'opposé ceux-ci enregistrent 53% des décès liés à ces phénomènes naturels. Le constat est clair, les pays à faible niveau de développement souffrent un peu plus que les autres des conséquences des phénomènes naturels.

Au Cameroun en général, dans les grandes villes telles que Yaoundé, Douala, Bamenda etc en particulier, le problème se pose avec insistance, étant donné le développement accéléré de ces grandes métropoles sur le plan socio-spatial et démographique. Ce développement rapide tient à la combinaison de plusieurs facteurs à la fois socio-économiques et politiques. Cette situation prédispose une bonne partie de leurs populations, sinon la majeure partie à une multitude de risques d'ordre naturel (glissements de terrain, inondations, etc.), technologique ou sanitaire, etc.

La problématique de la gestion et de la prévention de ces risques, est un débat qui fait écho dans la sphère politique du Cameroun, mais surtout c'est une question qui incombe aux universitaires, chercheurs et autres, afin de pouvoir trouver des voies et moyens de réduction de l'exposition de la population urbaine en particulier aux risques.

Notre sujet ainsi formulé : « Expositions aux risques morpho-hydrologiques dans deux secteurs périurbains de la ville de Yaoundé : cas des monts Akok-Ndoué et Mvog-Betsi » s'insère dans cette logique de la problématique de la gestion et de la prévention des risques en milieu urbain et surtout périurbain. Au-delà de cette problématique, qui semble très actuelle, la constance des dynamiques socio-spatiales, économiques et environnementales, observées dans la capitale camerounaise, a également motivé le choix de ce sujet de recherche.

La présente étude, envisage d'appréhender les facteurs qui expliquent la vulnérabilité de la population urbaine aux risques naturels ; et prévoit à son terme de proposer des stratégies dont la réalisation d'un plan de gestion et de prévention des risques, susceptibles de réduire l'exposition des populations aux risques et donc de contribuer au développement socio-

1 Rapport du bureau de la prévention des crises et du relèvement du programme des nations unies pour le développement, 2004

2

économique et humain, tel que précisé par les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) à savoir : Garantir à toutes les populations, un environnement sain.

Le présent travail de recherche comporte 3 (trois) chapitres:

Le chapitre I (un) présente en caractérisant les risques hydro-morphologiques auxquels les populations des secteurs Akok-Ndoué et Mvog-Betsi sont exposées.

Le chapitre 2 (deux) quant à lui, met en relief les facteurs expliquant la vulnérabilité des populations de la zone d'étude face aux risques sus-cités. Dans ce chapitre il est également question de dresser une cartographie des risques d'inondations et de glissements de terrain dans les zones d'Akok-Ndoué et de Mvog-Betsi, tout en ressortant le degré respectif de vulnérabilité.

Le troisième et dernier chapitre analyse le cadre juridique et les solutions pouvant être expérimentées afin de réduire l'exposition des populations desdits secteurs aux risques morpho-hydrologiques. Ce faisant, ce chapitre dresse la typologie des textes législatifs qui entourent la protection aux risques naturels des populations au Cameroun, dans la ville de Yaoundé en général et dans la zone d'étude en particulier. Il analyse également les obstacles à la réduction de la vulnérabilité aux risques dans ces secteurs. Ce chapitre s'achève par la présentation des stratégies pouvant être mises en place afin de réduire considérablement l'exposition des populations de ces deux secteurs aux risques morpho-hydrologiques.

3

I. CONTEXTE GENERAL DE L'ÉTUDE

« Que l'on se situe à l'échelle individuelle, sociétale ou territoriale, les risques constituent à la fois, une menace et une exigence, une contrainte et une ressource »2. (Kessler, 2001). Dans la carte mondiale de la vulnérabilité, la World Disaster Report (WDR) subdivise le monde en 5 zones selon le degré de dommages subis. Le Cameroun faisant partie de la zone 4 avec une exposition située entre 0 et 0,9% de sa population. Cela pourrait présenter un tableau de faible exposition mais au regard des données quantitatives présentées par ce même rapport soient : environ 192 534 personnes affectées par les risques de toute nature au cours de la décennie 1980-1990 ; 604 645 personnes pour la décennie 1990-2000, nul doute que cela représente une exposition importante. Ce chiffre pour l'ensemble du Cameroun semble être largement dépassé aujourd'hui tant on sait que la ville de Douala et celle de Yaoundé, principales métropoles du Cameroun, semblent être de plus en plus frappées pas des sinistres liés au milieu naturel. Sans toutefois oublier toutes les populations de l'Extrême Nord du pays qui ont été frappées en 2012 par des inondations et dont la menace semble toujours être permanente. Les titres des journaux, relevés en 1994 par Tchotsoua, étaient déjà à ce sujet très illustratifs: «Yaoundé, le centre-ville dans l'eau: que nous réserve demain ?»; «Éboulement du mont Mbankolo (Yaoundé) : la terre n'a pas tremblé»; «Mont Mbankolo : gare à la troisième pierre» ; «Violence inhabituelle des pluies à Yaoundé : tristes images d'un triste événement»; «Éboulement à Oyomabang (Yaoundé) ; bilan : 5 morts». Il est vrai que la menace persiste toujours, au regard de l'explosion démographique de la ville de Yaoundé (environ 1.850.000 habitants en 2010). Selon Kengne et al., (2000), la population de Yaoundé a été multipliée par 16, avec une croissance démographique soutenue de 7,3% en 37 ans. Nul doute que cette croissance démesurée de la population pose une pléthore de problèmes dont celui du logement (quand on sait que plus de la moitié de la population de la ville de Yaoundé est le produit de l'exode rural comme l'indiquent une fois de plus Kengne et Bopda, (2000) : « l'exode rural qui depuis 1960 a apporté à Yaoundé au moins 71,8% de sa population urbaine ».). Cette prompte augmentation de la population de Yaoundé dans le temps entraine de nombreuses conséquences socio-spatiales. Cet excédent démographique produit par l'exode rural poussé, est de ce fait confiné dans le secteur informel, caractérisé par de très faibles revenus, et par conséquent une incapacité de se loger sur des sites viables. De plus comme le signalait déjà Tchotsoua (1994), l'ambiguïté du système foncier dans la ville de Yaoundé est également de

2Cité par Soule B. in revue de géographie alpine 2004 n° 4 p. 49.

4

nature à participer à l'installation des populations dans les zones exposées aux risques. La simple observation des tableaux 1 et 2, présentant quelques risques dont l'ampleur s'est étendue au-delà des pertes matérielles, montre que la problématique des risques naturels en milieu urbain, précisément à Yaoundé (dans les quartiers périurbains), demeure; et la question de gestion de ces risques perdure.

Tableau 1 : Tableau récapitulatif de quelques catastrophes et leurs conséquences dans la ville de Yaoundé

RISQUES

ANNÉE

DOMMAGES
MATÉRIELS

PERTES EN VIES
HUMAINES

LIEU

Éboulement
et
glissement
de terrain

25 septembre

1990

1 maison détruite

5 enfants décédés

Oyomabang

Glissement
de terrain

11 septembre

1998

1 maison détruite

4 enfants décédés

Messa-
carrière

Inondations

4 et 25 Avril

2008

Pertes de biens
matériels très
importantes

4 morts et 400 sans abris

Nkolbisson

Glissement
de terrain

Mai 2012

2 maisons détruites

3 personnes décédées

Mbankolo

Source : Compilation : Cameroun tribune (1992), Tchotsoua (1993) et recherche documentaire

5

Tableau 2: Catastrophes naturelles au Cameroun entre 1971 et 2006

Risques

Cas ou
évènements

Décès

Blessés

Sans-abris

Victimes

Total des
victimes

Dégâts
(en
milliers
USD)

Sécherèsse

2

0

0

0

586.900

586 900

1500

Epidemies

17

2.638

0

0

24.600

24 600

Non
indiqué

Inondations

7

69

0

2.700

1.500

4 200

Non
indiqué

Invasions
d'insectes

2

0

0

0

0

0

1700

Mouvements de terrain

1

20

0

100

0

100

Non
indiqué

Eruptions
volcaniques

3

1.783

437

510

12.500

13 447

Non
indiqué

Total

32

4.510

437

3.310

625.500

629 247

//

Source: CRED-EMDAT, www.em-dat.net Mars 2015

II. JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET

De nombreuses raisons soutendent le choix de ce thème de recherche :

? L'exposition de plus en plus croissante des populations urbaines aux risques hydro-morphologiques, en particulier celle de la ville de Yaoundé. On se rend bien compte de l'augmentation fulgurante des dommages liés aux risques naturels. Ces risques naturels se trouvent à la fois exacerbés par la pression anthropique et démographique de plus en plus grande dans la ville (forte croissance urbaine), par la faiblesse, l'ambiguïté du système foncier et la variabilité climatique observée depuis quelques années dans la zone (Cette variabilité climatique donne lieu à des épisodes orageux d'une rare intensité). Ce qui a tendance à accroître la probabilité d'occurrence de ces risques.

? La problématique des risques en milieu urbain se pose avec une certaine insistance dans

l'ensemble des zones urbaines du monde, la capitale camerounaise n'étant pas exempte de cette question au regard de la forte occurrence des aléas depuis quelques décennies.

6

Ceux-ci se trouvent donc amplifié par une combinaison de facteurs d'ordres socio-économique et humain. Cette situation prédispose une bonne partie de la population périurbaine aux aléas morpho-hydrologiques.

? L'extension urbaine exponentielle de la zone Sud-ouest de la ville de Yaoundé accompagnée d'une anthropisation similaire des versants des montagnes et des bas-fonds marécageux de cette zone. Cela entraine une exposition accrue des populations de ces espaces aux risques hydro-morphologiques. Ce postulat a motivé l'orientation de notre recherche vers cette question dans le but de comprendre les motivations qui ont soutendu l'installation des milliers d'habitants sur ces zones à hauts risques, ainsi que la compréhension des facteurs expliquant leur vulnérabilité face à ces risques naturels.

? Aussi, nous avons également porté notre choix sur ce sujet à cause du constat de l'absence de véritable plan de gestion et de prévention de ces risques dans la ville de Yaoundé en général et dans la commune de d'arrondissement de Yaoundé VIe (où se situe la zone d'étude) en particulier. Ceci se traduit par un défaut de zonage, de cartographie du parcellaire, des aléas, ainsi que des systèmes de vulnérabilité susceptibles d'être endommagés en cas de survenance de ces risques.

III. DÉLIMITATION SPATIO-TEMPORELLE ET THÉMATIQUE DU SUJET

III.1. Délimitation thématique

La présente étude n'a pas la prétention d'analyser l'ensemble des risques naturels de cette zone car compte tenu de la faiblesse des moyens techniques et financiers, nous avons décidé de la circonscrire aux risques géomorphologiques et hydrologiques (inondations, glissements de terrain, chutes de blocs. Le tableau suivant présente la conceptualisation du « risque » et les sous-indicateurs (colorés) que nous avons pris en compte pour ce travail de recherche.

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Tableau 3: Délimitation thématique

Concept

Variables

Dimensions

Indicateurs

Sous-indicateurs

Risques

Naturels

Géologiques

Mouvements de terrain

Glissements de terrain

Chutes de pierres

Chutes de blocs, etc.

Éruptions volcaniques

Magmatique

Liquéfaction

Magmato-phréatique

Tremblements de terre

 

Tsunamis

Émanation de gaz

Hydro-climatiques

Inondations

Sécheresse

Tornade, typhon, etc.

Écologiques

Invasions acridiennes, etc.

Technologiques

 
 
 

Sanitaires

Épidémies

 

Épizooties

 

Sociétaux

Conflits

 

8

III.2. Délimitation temporelle

La période de temps concernée par la présente étude s'étend de 1990 à 2013.

III.3. Délimitation spatiale

Cette étude s'attardera sur les secteurs périurbains Sud-ouest de la ville de Yaoundé en l'occurrence les quartiers périphériques des monts Akok-Ndoué et Mvog-Betsi qui sont administrativement logés dans la commune d'arrondissement de Yaoundé VIe. La figure 1 présente la localisation de la matrice spatiale à l'étude dans la ville de Yaoundé.

III.4. Délimitation administrative

La zone d'étude englobe les quartiers Akok-Ndoué et Mvog-Betsi I et II. Ces quartiers sont administrativement situés dans la commune d'arrondissement de Yaoundé VIème. Ces quartiers couvrent une superficie de 6,006 Km2 soit environ 600,6 ha. (Fig.2)

IV. CONTEXTE SCIENTIFIQUE DE L'ÉTUDE

L'élaboration d'une revue de la littérature n'a pas été aisée. En dépit de la diversité de références bibliographiques traitant de la question de risques naturels de façon générale, les ouvrages examinant la problématique de risques naturels dans les zones périurbaines de Yaoundé n'étaient pas faciles à trouver. Toutefois, la diversité des documents que nous avons parcourus à l'instar d'ouvrages généraux, des thèses, des articles, des revues, des mémoires, nous a permis de faire le tour de la question des risques en milieu urbain. La teneur de cette recherche documentaire tient autour de 5 principales approches :

IV.1. L'approche de la description morphologique de la ville de Yaoundé

Kuété (1977), dans sa thèse de doctorat, a largement décrit le massif de Yaoundé en présentant sa morphologie, les origines de matériaux qui le constitue, l'âge du sous-bassement du relief qui le constitue, et la nature des différents types de roches qui le constituent.

Cette description du site Yaoundé est également présentée par Abah (1974) dans son mémoire de maitrise, où le milieu physique de Yaoundé est mis en relief, dans tous ses aspects physiques.

Franqueville (1984) Yaoundé : construire une ville, met en relief les caractéristiques, à la fois physiques, démographiques (croissance spatiale et urbaine de la ville). Cet auteur décrit la ville de Yaoundé dans tous ses aspects, en particulier les rythmes d'évolution du tissu urbain et l'extension spatiale des quartiers, ainsi que les conséquences d'une telle croissance démographique, dont la principale est sans doute l'occupation des zones à risques telles que les bas-fonds marécageux et les flancs des montagnes de la zone périurbaine de Yaoundé.

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Figure 1 : Carte de la localisation de la zone d'étude

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Figure 2 : Localisation des quartiers à l'étude dans la commune d'arrondissement de Yaoundé VIème

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IV.2. L'approche de la caractérisation des risques naturels en milieu urbain

Bonvallot (1984) : Glissement de terrain et aménagement du milieu naturel dans une montagne méditerranéenne humide, dans son mémoire pour l'ORSTOM, présentait les glissement de terrain en milieu méditerranéen, en insistant sur les stratégies et les méthodes d'aménagement des zones de montagnes. Il souligne les difficultés liées à l'aménagement des sites de montagnes et propose donc un guide pratique sur les types d'aménagement à promouvoir en montagne, ainsi que les méthodes d'aménagement de ces espaces azonaux sensibles.

Flageollet (1989) dans : Les mouvements de terrain et leur prévention, décrit l'ensemble de mouvements de terrain et leurs caractéristiques, les conditions de genèse, et les méthodes de prévention avec des exemples de cas pris sur le territoire français. Il dresse en effet une typologie des mouvements de terrain, mais présente surtout leurs caractéristiques respectives et les conditions de genèse, avec une mention sur quelques méthodes de gestion et de prévention de ces types de risques naturels.

Tchotsoua (1993) dans sa thèse de doctorat abordait déjà la question de risques d'érosion et des contraintes d'aménagement dans le Mfoundi. À cet effet, il présente dans cette dernière, les causes, et les mécanismes de l'érosion hydrique dans la ville de Yaoundé et les conséquences probables liées à la persistance de l'érosion.

Tchotsoua (1993) dans son article intitulé : Risque d'éboulement de blocs rocheux sur les versants des monts orientaux du massif de Yaoundé : cas des monts Oyomabang et Mvog-Bétsi, publié dans la revue de géographie du Cameroun, décrivait les risques d'éboulement sur les versants. Il précisait alors que la pression anthropique sur ces versants favorisait le décompactage du substrat, accélérant le processus d'érosion et les chutes de blocs rocheux sur les versants.

D'Ercole (1994), présentait dans un de ses articles sur les risques3, les facteurs qui expliquent la vulnérabilité des populations urbaines et des sociétés urbaines aux risques. En 19964, cet auteur décrivait les méthodes d'analyse, d'évaluation et de représentations

3D'Ercole R., (1994) : La vulnérabilité des sociétés et des espaces urbanisés : concepts, typologie, mode d'analyse, Revue de Géographie Alpine, n° 4

4D'Ercole R., (1996.) : Représentations cartographiques des facteurs de vulnérabilité des populations exposées à une menace volcanique. Application à la région du volcan Cotopaxi (Equateur). Bulletin de l'Institut Français des études andines, 25 (3), pp. 479-507.

5Pigeon P. (1996) : La gestion des risques urbains in Risques naturels Risques de sociétés Paris Economica 5162

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cartographiques des facteurs de la vulnérabilité, en prenant exemple des risques liés à l'activité volcanique du Cotopaxi en Équateur.

Tchotsoua (1996) dans son article : Les mouvements de terrain dans le département du Mfoundi au Cameroun, publié dans les annales de la FALSH de Ngaoundéré, caractérisait les mouvements de terrain dans la ville de Yaoundé et les conséquences inhérentes, à ces mouvements de terrain, ainsi la part des populations exposée aux risques de mouvements de terrain dans la ville.

Cet auteur dans une communication intitulée : « Risques morpho-hydrologiques en milieux Urbains et ruraux tropicaux : cas de Yaoundé, Douala et de la vallée de la Bénoué au Cameroun » présentée à Hanoi en 2007 sur la Gestion intégrée des eaux et des sols. Ressources, aménagements et risques en milieux ruraux et urbains, établissait un bilan structurel et humain des risques. Il signalait que: « Environs 4 000 habitations sont dans cette situation dans la ville de Yaoundé ». Aujourd'hui il convient de préciser que ce chiffre est largement dépassé.

Pigeon (1996), soulignait déjà que « l'urbanisation ; c'est-à-dire le principal changement dans le peuplement, peut être à l'origine des risques, qui sont alors endogènes »5 ; L'aléa de ce point de vue n'est donc plus extérieur mais bien interne. De ce qui précède, on s'aperçoit bien évidement que les risques en milieu urbain résultent de la conjonction des facteurs liés à la fois au lieu physique et humain tel l'urbanisation rapide et accélérée. (Tchotsoua 1994, 2007). C'est à juste valeur que ce dernier précise que : « L'Homme en constitue de loin, le principal facteur » de la genèse des risques d'inondations et de glissements de terrain.

Tchindjang et al (2001) dans leur article intitulé : Risque d'inondation dans la vallée de Nyos, présentent les facteurs à l'origine des inondations de la vallée de Nyos, et offre dans leur article, une approche systémique et multidimensionnelle de l'analyse du risque d'inondation.

IV.3. L'approche de l'utilisation des SIG dans la gestion des risques en milieu urbain

Assako Assako (1998-a), Dans son article "Apport des systèmes d'information géographique dans l'analyse des risques d'inondation et de glissements de terrain à Yaoundé" présente un guide pratique d'analyse des risques morpho-hydrologiques, à l'aide des systèmes

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d'information géographiques. Ce dernier esquisse une méthodologie pratique permettant de cartographier les risques morpho-hydrologiques, en vue de les prévenir et mieux les gérer.

André (2004), dans un article paru dans la revue Cybergeo, élucidait une méthode de cartographie des risques dans le monde, fondée sur deux approches, une approche sociale de la vulnérabilité et une approche économique de celle-ci. Ces deux approches servant dans la pratique à mettre en évidence les différents degrés d'exposition aux risques naturels en fonction des multitudes de paramètres socio-économiques.

Aussi, Guitard (2009), dans son mémoire : « Évaluation et cartographie du risque de glissement de terrain d'une zone située au Nord de Lisbonne », expose une méthode de cartographie du risque de glissement de terrain fondée sur la combinaison du couple SIG-enquête de terrain. Cette approche qui, intègre une fois de plus l'utilisation des données géoreférencées, incorpore également l'analyse spatiale et l'estimation statistique des dommages corporels et structurels inhérents à ce risque. Cette méthode débouche sur une représentation cartographique pertinente du risque de glissement de terrain fondée sur la statistique spatiale.

Suivant ce même ordre d'idée, Maquaire et al (2006),6 : dans leur article : « Évaluation et cartographie du risque de glissement de terrain. Application aux Alpes du Sud », apportent une procédure en trois étapes pour évaluer et cartographier le risque de glissement de terrain en associant plusieurs modèles d'analyse spatiale. Pour cela la susceptibilité (composante spatiale de l'aléa) aux glissements est évaluée grâce à la théorie de l'évidence prenant en compte un modèle probabiliste bivarié. Ensuite dans un deuxième temps, les conséquences (dommages) potentielles sont estimées par l'identification des éléments à risque (enjeux structurels et corporels) et leur valeur à travers un modèle semi-empirique. Enfin, le risque de glissement de terrain est obtenu en combinant la carte de la susceptibilité et celle des conséquences.

Ray (2007),7 dans son article : « La construction du risque urbain en périphérie nord-est de Cuzco (Pérou) », présente une méthode de cartographie du risque basée sur une prise en compte des paramètres historiques et sociologiques dans la construction du risque. Cette méthode permet de comprendre que le risque ne résulterait pas uniquement de l'aléa naturel, mais davantage des interactions Nature-sociétés. Cela signifie théoriquement que le risque dans son évaluation devrait prendre en compte une kyrielle de composantes multidimensionnelles susceptible de rendre compte dans le moindre détail de l'exposition des populations. Cette

6 Interactions Nature-Société -Analyse et Modèles. UMR CNRS 6554 LETG, La Baule

7 Bulletin de l'Institut Français d'Études Andines / 2007, 36 (2): 259-276

6 Tchotsoua (2007) Les risques morpho-hydrologiques en milieu urbain tropical : cas de Yaoundé au Cameroun In Actes des JSIR AUF, Hanoi, 6-9 novembre 2007.9p

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conception de la construction du risque, rejoint sémantiquement l'hypothèse systémique dans l'évaluation et la cartographie du risque.

IV.4. L'approche justifiant la corrélation entre l'explosion démographique et les risques naturels

Tout environnement humain produit ou amplifie le risque. Dans bien de cas, par analyse systémique, l'explosion démographique ne peut être dissocié des risques naturels particulièrement des aléas morpho-hydrologiques.

Calberac (2005), précise que « le risque 0 n'existe pas »8, dans la mesure où toute agglomération produit volontairement ou involontairement le risque, qui influence à son tour l'évolution du peuplement. Quelque soit le type d'environnement urbain, le risque est présent et fait partie des systèmes multiformes dans lesquels il est la cause des interactions de facteurs géographiques complexes, aussi variés que la topographie, la nature des aléas, la répartition de la population et de l'habitat ou des activités humaines.

Capo (2006), dont les travaux portait sur l'urbanisation et les risques naturels dans la ville de Cotonou au Benin, précise qu'il y a une corrélation entre la croissance urbaine accélère, anarchique et la récurrence des risques naturels dans cette métropole économique. De ce fait, il argumente que l'incivisme urbain qui se caractérise par le non-respect des plans d'aménagement, des zones « non aedificandi » et la mauvaise gestion des déchets urbains, sont à l'origine des risques d'inondations récurrentes dans cette zone littorale du Benin.

Tchotsoua (2007), dans son article, présente de façon générale l'ensemble des risques morpho-hydrologiques qui affectent la ville de Yaoundé. A ce propos il considère la croissance démographique de la population et l'extension spatiale des quartiers comme étant des facteurs à l'origine de l'exposition des populations aux risques. De plus il présente aussi le système foncier dans la ville de Yaoundé comme étant un facteur expliquant l'exposition accrue des populations aux risques naturels. En 20079, 10.345 habitations des quartiers spontanés étaient exposées aux risques morpho-hydrologiques (glissements de terrain, inondations, coulées boueuses et ravinement, etc.) contre environ 4667 des quartiers mixtes et 315 des quartiers bien

8 Calberac Y. 2005, A propos du livre « Géographie critiques des risques »publié le 21/07/2005 in http : //www.café-geo-net/article.php3.id-article-703

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lotis. Nul doute que ces chiffres ont largement augmenté au regard de la croissance urbaine de plus en plus poussée et de l'extension des quartiers spontanés.

Fekoua (2010), dans son mémoire : « Anthropisation et risques environnementaux sur les collines de Yaoundé », souligne également la forte anthropisation des versants des sommets de la ville de Yaoundé par une kyrielle d'activité humaines (à l'instar des carrières de pierres, de l'agriculture, la recherche du bois de chauffe, l'extension de l'habitat spontanée) comme étant prépondérant dans la construction des risques particulièrement celui de glissement de terrain. Ce postulat corrobore déjà les précisions de Tchotsoua (2007), Capo (2006) et Calberac (2005) sur l'incidence de la croissance démographique sur la construction des risques en milieu urbain.

IV.5. L'approche de la gestion et de la prévention des risques en milieu urbain

Dauphiné (2001), dans son ouvrage Risques et catastrophes : Observer- Spatialiser - Comprendre-Gérer, propose un guide compréhension des risques et des méthodes d'observation, d'analyse, de spatialisation et de gestion intégrée des risques naturels et des catastrophes.

De même Desroches et al (2005), dans le Dictionnaire d'analyse et de gestion des risques, présente dans la même logique les procédés d'analyse et de gestion des risques de façon générale.

En somme, de l'analyse du contexte scientifique de la question liée aux risques naturels en milieu urbain qui précède, nous constatons favorablement que cette problématique a été largement analysée particulièrement en ce qui concerne la ville de Yaoundé.

Cependant avec la récurrence des catastrophes liées au milieu naturel qui surviennent généralement durant la période des pluies et qui ne cessent de faire de nombreuses victimes dans des familles et de causer des dommages matériels importants, ajoutés à la croissance urbaine accélérée, la variabilité pluviométrique ici enregistrée depuis quelques années, font donc resurgir de façon exacerbée la question des risques naturels en milieu urbain.

Cependant avec l'abondante littérature portant sur la question, particulièrement en ce qui concerne la ville de Yaoundé, la présente étude procèdera à une analyse fine du secteur périurbain sud-ouest de la ville de Yaoundé.

Il s'agira dans ce travail de recherche, tout d'abord de s'attarder sur les facteurs qui accroissent la susceptibilité aux mouvements de terrain et d'inondations dans ces secteurs. Ensuite d'user des données de télédétection, des SIG et des données d'enquêtes pour

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cartographier ces risques afin de délimiter les zones fortement exposées de celles qui le sont moins.

V. PROBLÉMATIQUE

De nombreux drames touchent des milliers de populations dans le monde chaque année, à la suite des tentatives de viabilisation, et de construction sur des zones à risques.

Il est vrai que le problème de risques naturels touche l'ensemble des pays du monde, mais c'est irréversiblement dans les pays en développement que la situation semble des plus critiques. Ceci du fait de la faible capacité de gestion et de prévention de ces risques par ces pays ; en ce sens que la seule responsabilité de la gestion et de la prévention des risques incombe à l'État et pour le cas du Cameroun du Ministère de l'Administration Territoriale et de la Décentralisation (MINATD) par le biais de la Direction de la Protection Civile (DPC).

La ville de Yaoundé, comme toute les grandes métropoles, ne déroge pas à la règle ; la question des risques urbains se pose ici avec une certaine acuité, depuis plusieurs décennies ; c'est à juste titre que la question de « sécurité urbaine » était au centre des discussions de l'atelier « AFRICITE » tenu à Yaoundé en Décembre 2003 et tout récemment en juillet 2012 s'est également tenu un cours international sur la protection civile, toujours à Yaoundé et dont a vu naître au terme de ce cours, l'idée de création d'une unité d'intervention sous l'égide de la Direction de la Protection Civile. Tout ceci témoigne de la préoccupation pressante que pose la question des risques surtout en milieu urbain.

Mais à l'opposé des tentatives de solutions aux problèmes de risques en milieu urbain (qui sont insuffisantes et inadaptées), une urbanisation rapide, qu'on qualifierait d' « urbanisation à l'africaine » prend place. Celle-ci se caractérise par une occupation accélérée de l'espace et donc d'une extension horizontale de l'espace urbain en direction de la périphérie. Elle se traduit également par des tentatives à l'aide des moyens médiocres (non prise en compte du facteur risque, absence d'études géotechniques préalables sur les sites de construction, etc.) de viabilisation des espaces à hauts risques (bas-fonds, flancs des versants) qui s'accompagnent presque toujours et dans la majeure partie des cas d'une exposition accrue aux risques morpho-hydrologiques.

D'un autre côté, l'État est soucieux de la question sociale liée au logement, cela se traduit par la participation de ce dernier à la conférence de l'Habitat II tenu à Istanbul en Juin 1996, où les chefs d'États et de gouvernement ont signé une déclaration visant à garantir à tous les citadins un logement décent et des établissements urbains plus sûrs, salubres, vivables. Cette volonté commune de plusieurs responsables d'États s'inscrit dans la logique des rencontres

'°Tchotsoua (2007) Les risques morpho-hydrologiques en milieu urbain tropical : cas de Yaoundé au Cameroun In Actes des JSIRAUF, Hanoi, 6-9 novembre 2007.9p

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internationales de Rio en 1992 et de Copenhague en 1995 sur « le développement social ». Cependant dans la pratique, il n'en est rien, les citadins de Yaoundé en particulier, sont abandonnés au « chacun pour soi » lorsqu'on parle de logement.

Aussi, le système foncier est-il lui-même ambigüe (Tchotsoua, 2007)10 et de nature à favoriser l'installation des populations sur les sites à hauts risques de la ville sans aucun respect des plans d'urbanisme et d'aménagement urbain ou des règles de génie civil, etc. Cela se fait sous le regard passif et désintéressé des pouvoirs publics, de la communauté urbaine, des communes d'arrondissement et du Ministère des Domaines, du cadastre et des Affaires Foncières (MINDCAF). La règle de jeu dans cette « jungle urbaine » est « tous les moyens sont bons, pourvus qu'ils soient efficaces », entend t-on souvent dire en ce qui concerne la quête de parcelles pour se loger.

Très souvent ces populations ne sont pas conscientes du risque qu'elles encourent en s'installant sur ces espaces à hauts risques. La réponse couramment avancée pour justifier leur choix de ces zones est presque partout la même : « Avons-nous vraiment le choix ». De quel choix, parlent-elles ? Celui de l'exposition structurelle et corporelle aux risques? La réponse couramment avancée par ces populations est « Qui ne risque rien n'a rien ». Réponse qui suffit à expliquer le boom des constructions spontanées dans les zones à hauts risques de la ville de Yaoundé, et dont les conséquences sont de plus en plus importantes.

Face à cette situation qui continue affreusement de faire des victimes innocentes et d'engendrer des dommages structurels et matériels importants dans les quartiers périurbains des secteurs montagneux et marécageux de la ville, on se rend compte à l'opposé d'un certain laxisme des pouvoirs publics et plus précisément des organes étatiques en charge de la gestion des risques et des catastrophes (Direction de la Protection Civile) et des structures en charge des affaires et questions foncières telles que le cadastre, le ministère des domaines, ainsi que de la collectivité territoriale décentralisée.

Mais d'un autre côté au regard de l'augmentation des sinistres d'ordre morpho-hydrologiques dans les quartiers des zones montagneuses périurbaines et dans les bas-fonds, quels sont les degrés de susceptibilité aux risques naturels auxquels les populations de ces

? Identifier, caractériser et dresser une typologie des aléas dans cette zone et éventuellement leur cartographie ;

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secteurs sont confrontées? Quelle est l'architecture de l'exposition aux risques dans notre matrice spatiale ?

VI. QUESTIONS DE RECHERCHE

Analyser notre problème de recherche nous a valu de décliner la question de recherche qui a déboucher sur la formulation des questions subsidiaires.

VI.1. Question principale

La question principale de recherche se formule ainsi : quels sont les degrés d'exposition des populations des secteurs d'Akok-Ndoué et de Mvog-Betsi aux risques morpho-hydrologiques ?

VI.2. Questions spécifiques

Cette question principale se décline en effet en 3 questions subsidiaires :

? Quels sont les types de risques naturels auxquels les populations de cette zone sont exposées?

? Quel est le degré d'exposition et de vulnérabilité des populations de cette zone aux risques morpho-hydrologiques ?

? Quel est l'état des lieux de la politique et des stratégies de gestion et de prévention des risques dans ces secteurs ?

VII. OBJECTIFS

Analyser les questions de recherche sus-formulées, nous a imposés la déclinaison des objectifs de recherche.

VII.1. Objectif principal

L'objectif général est : d'identifier, faire ressortir les facteurs qui expliquent l'exposition aux risques morpho-hydrologiques dans la zone d'étude et dresser une cartographie de cette exposition

VII.2. Objectifs spécifiques

Cet objectif général peut se décomposer en objectifs spécifiques qui sont les suivants :

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? Cartographier, analyser, caractériser les différents degrés d'exposition des populations aux risques naturels recensés dans la zone d'étude ;

? Ressortir la politique et les stratégies de gestion des risques dans la zone d'étude.

VIII. HYPOTHÈSES

L'atteinte de ces objectifs de recherche présuppose la formulation préalable des hypothèses de recherche.

VIII.1. Hypothèse principale

L'hypothèse centrale de recherche retenue pour cette étude est la suivante : les secteurs jouxtant les monts Akok-Ndoué et Mvog-Betsi sont inégalement exposés à plusieurs risques morpho-hydrologiques.

VIII.2. Hypothèses spécifiques

L'hypothèse centrale suscitée entraine 3 hypothèses spécifiques :

H1 : Les populations installées sur les versants des Monts Mvog-Betsi, Akok-Ndoué et dans les bas-fonds avoisinant au regard de la physionomie du relief de cette zone font face à plusieurs types de risques morpho-hydrologiques.

H2 : Les populations installées sur les versants des monts Mvog-Betsi, Akok-Ndoué et des bas-fonds qui les jouxtent, sont inégalement vulnérables face aux risques morpho-hydrologiques.

H3 : La politique et les stratégies de gestion et de prévention des risques mises en place dans les zones d'Akok-Ndoué et Mvog-Betsi ne contribuent pas de manière efficace à la réduction des risques.

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Tableau 4: Tableau synoptique de la recherche

THÈME DE
RECHERCHE

PROBLÈMES DE
RECHERCHE

QUESTIONS DE RECHERCHE

OBJECTIFS DE RECHERCHE

HYPOTHÈSES DE RECHERCHE

MÉTHODOLOGIE DE VÉRIFICATION
DES HYPOTHÈSES FORMULÉES.

CHAPITRES

EXPOSITION AUX
RISQUES
MORPHO-
HYDROLOGIQUE
SDANS DEUX
SECTEURS PERI-
URBAINS DE LA
VILLE DE
YAOUNDE: CAS
DES MONTS
AKOK-NDOUE ET
MVOG-BETSI AU
SUD-OUEST DE
LA VILLE

· Quels sont les facteurs qui expliquent l'exposition croissante des populations de cette zone aux risques de glissements de terrain et d'inondations ?

· Les populations dans cette zone sont-elles exposées de façon similaire et/ou avec la même amplitude aux risques de glissements de terrain et d'inondations

Question principale :

Objectif principal :

Hypothèse principale :

Approche recherche documentaire-enquêtes
de terrain-SIG

 
 

L'objectif général est : d'identifier, faire
ressortir les facteurs qui expliquent
l'exposition aux risques morpho-
hydrologiques dans la zone d'étude et
dresser une cartographie de cette exposition

Les secteurs jouxtant les monts Akok-
Ndoué et Mvog-Betsi sont inégalement
exposés à plusieurs risques morpho-
hydrologiques.

 

Objectif spécifique 1 :

Hypothèse spécifique 1 ; Les populations

· Recherche documentaire

· Approche semi-empirique

· Focus group discussion (FGD)

CHAPITRE I

 

Identifier, caractériser et dresser une
typologie des aléas dans cette zone et
éventuellement leur cartographie ;

installées sur les versants des Monts Mvog- Betsi, Akok-Ndoué et dans les bas-fonds avoisinant au regard de la physionomie du relief de cette zone font face à des risques à

plusieurs types de risques morpho-

hydrologiques.

 
 

Objectif spécifique 2 :

Hypothèse spécifique 2 :

Enquêtes de terrain

CHAPITRE II

 

Cartographier, analyser, caractériser les
différents degrés d'exposition des
populations aux risques morpho-
hydrologiques recensés dans la zone
d'étude ;

Les populations installées sur les versants
des monts Mvog-Betsi, Akok-Ndoué et des
bas-fonds qui les jouxtent, sont inégalement
vulnérables face aux risques morpho-
hydrologiques

· Relevés de terrain

· Prises d'images

· Observations

Approche SIG-Télédétection-Enquêtes de

EXPOSITION AUX
RISQUES NATURELS ET
VULNÉRABILITÉ DES
POPULATIONS

 
 

·

Objectif spécifique 3

Hypothèse spécifique 3 :

· Recherche documentaire

· Approche semi-empirique

· Cartographie

· Enquête de terrain

CHAPITRE III

 

Ressortir la politique et les stratégies de
gestion des risques dans la zone

d'étude.

La politique et les stratégies de gestion et de prévention des risques mises en place dans les zones d'Akok-Ndoué et Mvog-Betsi ne

contribuent pas de manière efficace à la

réduction des risques.

 
 

21

IX. INTÉRÊT DE L'ÉTUDE

Cette étude revêt un triple intérêt à savoir : ? Un intérêt académique

? Un intérêt scientifique ? Un intérêt pratique

IX.1. Intérêt académique

Cette étude s'inscrit dans la logique d'évaluation partielle en vue de l'obtention du diplôme de Master. Mais au-delà de cette exigence, il faut tout de même préciser que dans la perspective de la poursuite des études doctorales, ce mémoire sanctionnant la fin du cycle de Master, constitue une condition essentielle.

IX.2. Intérêt scientifique

Sur le plan scientifique, cette étude ambitionne de mettre en évidence par le biais des SIG, la susceptibilité aux risques de mouvements de terrain et d'inondations par combinaison des couches de données géospatiales et géoreférencées. Elle vise également à faire ressortir les facteurs qui accroissent la vulnérabilité des populations périurbaines aux risques dans un environnement en perpétuelle mutation. D'autre part, cette étude vise tout aussi à proposer un zonage des risques à l'étude afin de faciliter la prévention des risques, c'est-à-dire à minimiser voire réduire l'exposition des populations de la zone périurbaine Sud-ouest de la ville de Yaoundé aux risques hydro-morphologiques.

IX.3. Intérêt pratique

Le troisième intérêt de cette recherche est surtout pratique. Il vise tout d'abord à mettre à la disposition des chercheurs des données actuelles concernant aussi bien les risques en zone périurbaine, ainsi que la vulnérabilité des populations de ces zones face aux risques. Au-delà de cette simple intention, cette étude vise à mettre également à l'endroit des décideurs, des hommes politiques et des organismes chargés de l'aménagement de territoire, une analyse évolutive de la dynamique socio-spatiale sur les versants des monts Akok-Ndoué et Mvog-Betsi, mais surtout des outils simples d'analyse de la vulnérabilité, et quelques pistes de solutions pour la réduction de ces risques naturels.

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X. CADRE THÉORIQUE ET CONCEPTUEL

Dans cette partie, il est question pour nous d'élucider le cadre théorique et conceptuel sur lequel cette étude se fonde. Spécifiquement, il s'agira de la mise en contexte de notre exposé et de la définition des concepts clés de cette thématique de recherche, ainsi que des théories inhérentes à cette étude.

X.1. CADRE THÉORIQUE

La présente étude propose de s'appuyer sur plusieurs théories dont :

? La théorie du chaos développée par James Gleick en 1989

? La théorie des catastrophes développée par le mathématicien Thom en 1980

? L'approche systémique

? La théorie déterministe

? La théorie probabiliste

X.1.1. La théorie du chaos

Cette théorie sous-entend un non-sens de la prédiction à long terme, dû à une impossibilité de contrôle des perturbations pouvant exister au niveau de nombreux systèmes et de leur environnement.

C'est à cet effet que Poincaré pense, qu'il peut arriver que de petites différences dans les conditions initiales engendrent de très grandes différences dans les phénomènes finaux. Une petite erreur sur les premières produirait alors une erreur énorme sur les dernières. La prédiction devient alors quasiment impossible. Il précise en effet que : « une cause très petite qui nous échappe, détermine un effet considérable que nous pouvons ne pas voir, et alors nous disons que cet effet est dû au hasard. Si nous connaissions exactement les lois de la nature et la situation de l'univers à l'instant initial, nous pourrions prédire exactement la situation de ce même univers à un instant ultérieur »11. Il assimile à cet effet la théorie du chaos à « l'effet papillon » d'Édouard Lorenz. Ceci étant l'étude des phénomènes qui paraissent aléatoires mais qui présentent un facteur de régularité qu'on peut mathématiquement démontrer. Au départ les éléments peuvent sembler aléatoires et sans rapport, enfin de compte un schéma se

11Poincaré H. Sciences et méthodes (1908)

23

définit et à l'arrivée toutes les pièces du puzzle se recollent. C'est-à-dire qu'une petite perturbation ou tout au moins minime telle qu'un battement d'ailes de papillon, puisse, après un long moment, et par amplification exponentielle, déclencher un cyclone.

Cette théorie du point de vue pratique au regard de notre étude, est d'une importance capitale, parce que celle-ci nous permettra de comprendre et de prédire les quantités de dommages potentiels liés aux risques dans la zone par simple observation et interprétation des caractéristiques des aléas. Elle nous permettra aussi de comprendre les différents systèmes en présence et les conséquences qui peuvent survenir en cas de perturbation enregistrée sur le système ou sur une composante de celui-ci.

X.1.2. La théorie des catastrophes

Théorie mathématique développée par Thom pour formaliser le comportement des systèmes où le changement continu de la valeur d'un paramètre est susceptible d'introduire localement des discontinuités dans l'évolution des variables d'état. Ces ruptures ont été rigoureusement décrites et classées suivant un nombre de variables d'état inférieur ou égal à 2, les plus connues sont le pli et la fronce.

Cette théorie du point de vue de notre recherche, nous apporte une piste de compréhension de la complexité des systèmes, et nous permet d'extrapoler sur les conséquences d'un changement de la valeur d'un paramètre ou d'une variable appartenant à un système en étude.

X.1.3. L'approche systémique

Découlant à la fois des travaux développés au cours du XVIIIe siècle sur les systèmes à l'instar de ceux de Condillac en 1749, de Pareto en 1906 et particulièrement de ceux de Von Bertalanffy12dans les années 60, que les bases de l'approche systémique ont été jeté. Et c'est à partir de cette date que cette approche va être développée et vulgarisée au cours des 40 dernières années suivantes, au point de devenir le socle des analyses en sciences humaines et particulièrement en géographie.

Cette approche précise de prendre tout problème en géographie sous le prisme d'un regard multiscalaire et multidimensionnelle. Cela signifie naturellement et théoriquement que l'approche systémique permet d'associer l'interface naturelle et les actions de celle humaine

12Ludwig von Bertalanffy, General System Theory. Foundations, Development, Applications, George Braziller, New York, 1968, p. 132

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dans l'examen des problématiques géographiques. De ce point de vue, on s'apercevra au regard de l'approche systémique par exemple que, le risque dans notre zone d'étude est le produit de multiples interactions entre le milieu naturel et celui humain.

Du point de vue pratique, au regard de notre étude, cette approche nous permettra en effet d'analyser les causes des risques dans toutes leurs dimensions. C'est dire qu'elle nous permettra de comprendre les facteurs qui expliquent la recrudescence des risques hydro-morphologiques sous le prisme d'un diagnostic systémique. Tout en nous facilitant la compréhension de la complexité et du caractère multiscalaire et multidimensionnel de la vulnérabilité. Elle nous permettra également entre autre de considérer plusieurs dimensions mieux encore aspects dans la proposition de l'élaboration d'un plan de gestion et de prévention des risques.

X.1.4. La théorie déterministe

Théorie qui fut développée par certains géographes allemands, notamment Carl Ritter (1779-1859) et encore plus Friedrich Ratzel (1844-1904), le déterminisme dans un sens général est une position philosophique qui considère que tout effet a une cause ou une série de causes identifiables et que la démarche scientifique consiste à chercher ces causes. C'est une théorie de cause à effet : « Les mêmes causes produisent les mêmes effets ». Ce postulat affirme la prééminence des éléments comme le relief et les rythmes thermiques et pluviométriques sur l'homme. Suivant ce regard philosophique, le milieu physique serait responsable de la survenance des risques naturels. Cette théorie a le mérite de mettre en évidence le rapport de causalité entre les risques et les effets induits par ces derniers.

X.1.5. La théorie possibiliste

Le possibilisme désigne, en géographie, une certaine approche des relations entre l'homme et la nature, selon laquelle l'exploitation de l'environnement par les hommes est fonction des techniques et des choix que ceux-ci développent. Mise en place par l'historien Lucien Febvre et développée par le géographe Vidal de la Blache (1845-1918), fondateur de ce qu'il est convenu d'appeler l'École française de géographie.

Le possibilisme s'est en premier lieu opposé au déterminisme géographique, qui postule que l'homme est avant tout conditionné par son environnement physique. C'est plus particulièrement la notion de « genres de vie », développée par Vidal, qui marque le passage du déterminisme au possibilisme. Suivant le possibilisme de Vidal de la Blache, un même milieu est susceptible de mises en valeur diverses selon les techniques de production, lesquelles sont concrétisées par les genres de vie. Le possibilisme revient à mettre en avant l'influence

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prédominante de l'environnement naturel sur l'environnement économique, social, anthropologique, voire politique.

X.2. CADRE CONCEPTUEL

Le risque, la vulnérabilité, la perception, l'aléa, l'aménagement, la catastrophe, la résilience, sont de toute évidence des termes utilisés par plusieurs disciplines. Il est incontestablement important et même primordial que dans la perspective de cette étude, que ces termes soient clairement élucidés et contextualisés, selon un point de vue appliqué à la géographie et en prenant en compte la notion d'espace et de temps de façon associée ou indépendante.

X.2.1. L'aléa

Pierre George (2009) dans la 10ème édition du dictionnaire de la géographie considère l'aléa comme étant un « évènement incertain qui dépend du hasard » ; en d'autres termes l'aléa désigne la probabilité d'occurrence d'un évènement dangereux.

L'aléa est un phénomène qui se caractérise par son imprévisibilité. Ce concept récent est emprunté au langage des probabilités et qui se traduit par la probabilité d'occurrence d'un phénomène. L'aléa peut être naturel (éruption volcanique, mouvement de terrain, coulée de boue), technologique (explosion chimique, accident nucléaire), il peut tout de même aussi relever de la violence des rapports sociaux (guerres, manifestations) ou provenir d'autres espèces vivantes (épidémies, etc.), Heitz (2005)

Son imprévisibilité, est fonction de :

? L'intensité du phénomène : qui se traduit par l'importance d'un phénomène (Dauphiné, 2001). Cette intensité est difficilement prévisible et ce malgré les efforts techniques mis en place aujourd'hui. L'intensité de phénomènes sociaux (d'une guerre civile, par exemple) ou de phénomènes naturels tels que des orages localisés, gardent un caractère souvent imprédictible. Toutefois, des calculs statistiques ou des simulations tentent de prévoir les intensités de certains phénomènes naturels à partir de plusieurs paramètres tels que l'analyse des évènements passés, les conditions actuelles du milieu, etc. Dans le cas des précipitations, des modélisations du fonctionnement du système à petite échelle tentent de prévoir les intensités d'événements significatifs (de durée de retour de 10, 50 ou 100 ans) en fonction de paramètres environnementaux précis.

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? Son occurrence spatiale (Où aura lieu le phénomène ?) : la probabilité d'occurrence spatiale est conditionnée par des facteurs de prédisposition ou de susceptibilité (géologique, géomorphologique ou climatique par exemple).

? Son occurrence temporelle (Quand ?): nul ne peut prévoir avec exactitude, le moment où un phénomène va se produire et même la durée de ce dernier. Dans certains cas, des régularités temporelles de survenance peuvent être observées (pour les crues, par exemple). Parfois, des signes annonciateurs peuvent faire redouter l'arrivée d'un phénomène, sans qu'il soit pour autant possible de déterminer exactement le moment où il va se produire (les glissements de terrain, les éruptions volcaniques). Enfin, certains phénomènes, tels les accidents technologiques ou les séismes sont totalement imprévisibles. Par retour d'expérience, il est possible de retracer le cheminement de l'aléa après la catastrophe et de conclure, à ce moment-là, à la nécessité de mener à bien des aménagements futurs pour protéger les populations.

? Sa durée (Quelle durée ?): L'aléa peut avoir des échelles de grandeur différentes selon les phénomènes. La cinétique d'un événement fait référence à cette durée par rapport à l'échelle de vie humaine.

? Les enjeux et la vulnérabilité : Ceux-ci sont liés à la présence humaine (personnes, habitations, activités économiques, infrastructures, etc.) et sont difficiles à définir. Pour certains phénomènes, il est possible de prévoir des aires susceptibles d'être touchées ; permettant ainsi d'identifier les zones les plus sensibles de celles moyennement sensibles et peu ou pas sensibles. Il est cependant difficile de savoir où se manifestera exactement l'aléa. S'il est possible de dresser des cartes des régions menacées par les séismes par exemple, personne ne peut prévoir quel sera le prochain site touché. De plus, chaque aléa possède un mode de diffusion spatiale qui lui est propre, sur lequel il est parfois impossible d'avoir un impact. Ce qui est le cas pour les trajets de cyclones ou des nuages toxiques, par exemple. Les aléas se combinent parfois entre eux, rendant leurs conséquences encore plus redoutables. De même, les sociétés par leur comportement, peuvent aggraver l'intensité ou la fréquence de certains aléas et l'étendue de leurs effets. La figure 3 présente une simulation de l'aléa (inondation pour le cas de figure).

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Sens probable de

submersion par les eaux

Cours d'eau pouvant être affecté par des crues

Figure 3: Illustration de l'aléa (inondations)

Source : Bureau des Risques Géologiques et Miniers, octobre 2006 X.2.2. La vulnérabilité

C'est une notion complexe qui exprime la sensibilité globale d'une société vis-à-vis d'un aléa, l'importance potentielle des dommages subis, la capacité de réaction de cette société face aux aléas. Les ingénieurs, les aménageurs, les assureurs s'en tiennent à une conception étroite, analytique et quantitative de la vulnérabilité, définie comme « le niveau de conséquences prévisibles d'un phénomène sur des enjeux (hommes, biens, bâtiments, infrastructures, etc.» C'est aussi la probabilité de souffrir des conséquences d'événements imprévus ou encore la sensibilité aux chocs extérieurs. C'est assurément une notion plus vaste que celle de la pauvreté au sens traditionnel (Lipton et Ravallion, 1995). De ce point de vue, la vulnérabilité est essentiellement physique, économique, sociale, environnementale et évaluable en tant que telle. Ne faut-il pas dans la définition de la vulnérabilité, la prise en compte des dommages psychologiques, moraux, brefs immatériels ? C'est au regard de ce postulat que nombreux sociologues et géographes, notamment anglo-saxons (Fabiani, Theys, 1987 ; Alexander, 1993), ont élargi la notion de vulnérabilité à l'ensemble des modalités d'atteinte et de réaction d'une société face à un ou des aléas.

Dans cette perspective plus synthétique et plus sociale, la vulnérabilité exprime alors la sensibilité globale d'une société face à un aléa en fonction de l'intensité et de la fréquence du phénomène en cause, de la valeur des biens et du nombre de personnes potentiellement affectés, des capacités de résistance au phénomène et des capacités de rétablissement des conditions minimales de fonctionnement de la société. Dans cette acception, la vulnérabilité est sociale, globale (elle implique l'ensemble de la société et de son fonctionnement), et elle est difficile à quantifier en tant que telle. La vulnérabilité s'inscrit dans un système qui englobe les préjudices

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corporels et moraux aux personnes et l'endommagement potentiel des éléments exposés (biens de production, activités socio-économiques et patrimoine).

On peut donc considérer comme vulnérable toute société qui peut être facilement touchés par un aléa. Cela peut être une atteinte physique (corporelle), structurelle (biens ou enjeux matériels) ou encore psychologique. Le risque et la catastrophe éventuelle n'ont de sens que lorsque l'aléa survient dans un espace vulnérable : un aléa majeur n'engendrera aucune catastrophe s'il survient dans un endroit désert. Cette notion est donc un élément essentiel de la réflexion théorique sur les risques et les catastrophes. Elle nous rappelle son étroite relation à une géographie « sociale ».

Cette notion très délicate a été définie diversement, mais nous nous intéresserons particulièrement aux deux approches développées par D'Ercole (1996) et réutilisées dans plusieurs méthodes de cartographie de la vulnérabilité. D'Ercole définit la vulnérabilité selon une approche analytique ou synthétique. L'approche analytique considère la prévision de niveaux de conséquences pour un événement naturel sur des enjeux représentés par les vies humaines, les biens et les activités. Pour chaque enjeu, il faut une évaluation des dommages en fonction des niveaux d'aléas. L'approche synthétique consiste en une détermination de la résilience, c'est-à-dire de la capacité d'un écosystème à absorber le changement, à persister au-delà d'une perturbation. La vulnérabilité est faible si le niveau de résilience est élevé et inversement. Elle pose alors la question de la durabilité d'un lieu anthropisé dans des espaces à risques. La vulnérabilité dépend de plusieurs facteurs :

? Le lieu où sont installés les hommes et leur concentration en ces lieux. Il est

alors possible de tracer des lignes d'iso-vulnérabilité (de même vulnérabilité) autour de lieux à risques,

? Les hommes eux-mêmes : c'est-à-dire des indicateurs socio-économiques : leur
niveau de développement, leur santé, leur âge, etc, sont autant de facteurs qui les rendent plus ou moins vulnérables.

? Divers facteurs humains susceptibles d'amplifier ou de limiter la sensibilité des
hommes ou des installations humaines aux aléas : la présence de postes de secours, la qualité du bâti, la présence ou non des structures de santé, etc.

Il n'existe pas de vulnérabilité intrinsèque, mais une vulnérabilité pour chacun des aléas concernés. La vulnérabilité dépend des éléments exposés et de leur résistance. Elle est caractéristique d'un site à un moment donné. Elle est modulable et évolutive en fonction de l'activité humaine.

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La figure 4 illustre les enjeux susceptibles d'être endommagés ou de subir des détériorations, des dégradations en cas de la montée rapide des eaux (inondations).

Enjeux

Figure 4: Illustration des enjeux

Source : Bureau des Risques Géologiques et Miniers, octobre 2006

On se rend à l'évidence que la vulnérabilité est ici variable en fonction de la position topographique en particulier : plus les enjeux humains sont localisés à proximité du lit du cours d'eau plus la vulnérabilité est élevé indépendamment des caractéristiques techniques des habitations et des conditions micro-économiques des habitants des demeures et inversement.

Toutefois dans la perspective d'une analyse de la vulnérabilité rendant compte de façon non exacte, mais proche de la réalité de terrain, plusieurs échelles et dimensions doivent être incorporées dans le schéma d'analyse de celle-ci. La figure 5 suivante illustre les dimensions à prendre en compte dans l'analyse de la vulnérabilité.

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INTENSITÉ DU

PHÉNOMÈNE

FACTEUR DE RESISTANCE

DOMMAGE
STRUCTUREL

BIEN

F

MODES ET NIVEAUX D'ENDOMMAGEMENT

FACTEURS
INSTITUTIONNELS

FACTEURS
SOCIO-
ÉCONOMIQUES

FACTEURS HUMAINS

VULNERABILITE

ÉLÉMENTS EXPOSES

PERTURBATION FONCTIONNELLE

PHÉNOMÈNE

ACTIVITÉ

F

FACTEURS
FONCTIONNELS

FACTEURS
CONJONCTURELS

FACTEURS TECHNIQUES

PERSONNE

PREJUDICE CORPOREL

: Niveau d'endommagement FS : Structurel FF : Fonctionnel FC : Corporel

F

INTENSITÉ DU PHÉNOMÈNE

FACTEUR DE PROTECTION

FACTEUR DE MOBILITÉ

PERCEPTION

FACTEURS COGNITIFS

Figure 5 : Les facteurs à prendre en compte dans l'analyse de la vulnérabilité Source : Adaptation auteur à partir de Leone F., Asté J.P. , Leroi E. (1996) 13

13 « L'évaluation de la vulnérabilité aux mouvements de terrains : pour une meilleure quantification du risque » In Revue de géographie alpine. 1996, Tome 84 N°1. pp. 35-46.

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Au regard de ce qui précède, le constat apparent qui surgit, tient au fait que la vulnérabilité est un concept plus complexe, et donc la compréhension et surtout l'évaluation et l'analyse repose sur une pléthore de critères et de paramètres notamment sociaux et économique (André G., 2004)14

X.2.3. Le risque

Le mot de risque est apparu dès le XVIe siècle dans le domaine des assurances maritimes. Dès lors, l'utilisation de cette notion bouleversera le traitement juridique des accidents, notamment les accidents du travail à partir du XIXe siècle. Le risque est alors utilisé dans tous les domaines: il devient social, économique, technologique, politique et écologique, etc.

Étymologiquement, Risque vient du latin « risecum » ou « resecare » qui signifie couper, ou du grec « rhizikon » qui signifie danger éventuel, plus ou moins prévisible. C'est l'éventualité d'un évènement ne dépendant pas exclusivement des volontés des parties et pouvant causer des dommages.

D'après le dictionnaire de l'environnement (1991), le risque est « la possibilité de survenance d'un évènement susceptible de porter atteinte à l'équilibre naturel ». Le risque résulte de la conjonction d'un aléa et des enjeux en présence. De façon plus simpliste, le risque est « un danger éventuel, plus ou moins prévisible, dans une aire non précisément définie, d'une durée indéterminée »15. C'est encore une mesure de la situation dangereuse qui résulte de la confrontation de l'aléa et des enjeux. La notion de risque possède une dimension probabiliste et elle est traduite sous la forme d'une fonction.

Dépendant à la fois de l'aléa et de la vulnérabilité, le risque est apprécié de façon variable et souvent sous-estimé car il est toujours de l'ordre d'une probabilité et non d'une certitude.

Selon November (2000), « le risque apparaît lors de la mise en danger d'un assemblage ». Autrement dit un événement suffit pour qu'émerge une réalité mal contrôlée

14André G. (2004) « Cartographie du risque naturel dans le monde. Etude comparative entre une approche d'ordre social et une approche d'ordre économique de la vulnérabilité », Cybergeo : European Journal of Geography [En ligne], Environnement, Nature, Paysage, document 286, mis en ligne le 16 septembre 2004, consulté le 13 janvier 2012. URL : http://cybergeo.revues.org/2614 ; DOI : 10.4000/cybergeo.2614

15Bailly A(1994). Enseigner les risques naturels

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dans un monde où tout est a priori stable et maîtrisable. Les situations à risque font entrer de nouvelles composantes inconnues dans un système équilibré pour le déstabiliser et le modifier. Il est possible de définir des zones à risques, des périodes à risques sans jamais savoir où et quand une catastrophe surviendra. Et bien souvent, le risque perdure même après une catastrophe, ce qui implique la nécessité de mettre en place des politiques de prévention.

Il n'y a risque que si potentiellement des groupes humains et leurs implantations territoriales peuvent être affectés par les destructions qui suivront la réalisation d'une catastrophe. Le degré de probabilité d'un événement suppose une certaine conscience du danger, laquelle distingue le risque de l'aléa, caractérisé par son imprévisibilité.

L'idée de risque ne s'applique pas uniquement aux phénomènes naturels, les risques technologiques et les risques sanitaires (épidémies) constituent également des menaces. Les grandes concentrations industrielles et les lieux de stockage des produits toxiques exposent aussi les populations à un certain nombre de dangers.

L'idée de risque n'est pas non plus uniquement liée à celle de catastrophe, c'est-à-dire d'événement brutal et de quasi-simultanéité entre son occurrence et son impact sociétal. Toute dégradation régulière de l'environnement terrestre et des ressources dont la matérialisation peut être reportée à plusieurs décennies appartient également à la catégorie des risques.

Le phénomène naturel ou géodynamique interne (géophysique) ou externe (hydrométéorologique, etc.) représente la menace et s'exprime par un champ d'action (espace), une magnitude (volume), une intensité ou un débit, une violence (impact) et une récurrence (fréquence).

Daniel Bernoulli en 1738, dans « Specimen theoriae novae de mensura sortis » apporte la première définition scientifique : « le risque est l'espérance mathématique d'une fonction de probabilité d'événements ». En termes plus simples, il s'agit de la valeur moyenne des conséquences d'événements affectés de leur probabilité. Ainsi, un événement e1 a une probabilité d'occurrence p1 avec une conséquence probable C1 ; de même un événement en aura une probabilité pn et une conséquence Cn, alors le risque r vaudra :

 
 

r = p1·C1 + p2·C2 +

... + pn·Cn = ?pi·Ci.

 

Le produit pi·Ci est appelé valeur de l'aléa i.

En définitive, le risque comme sus-défini, peut être illustré comme suit :

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Dommages humain, infrastructurel et environnemental

Figure 6: Illustration du risque d'inondation

Source : Bureau des Risques Géologiques et Miniers, octobre 2006

Mais dans la perspective de cette étude, l'attention se focalisera sur les risques hydro-géomorphologiques, précisément les risques de mouvements de mase et d'inondations.

X.2.4. La perception

C'est une notion importante dans la compréhension de l'exposition des sociétés aux risques.

Il vient du latin « Perceptio » et le dictionnaire Oxford le définit comme « l'habileté de voir, entendre, comprendre ».

Pour Piaget (1937), « c'est la fonction par laquelle l'esprit humain se représente des objets en leur présence ».

Suivant un aspect psychologique, la perception est une représentation intellectuelle, une opération de l'intelligence, une fonction de l'esprit par laquelle le sujet se représente ainsi que les objets autour de lui. Burloud16, précise que : « La perception est la représentation organisée d'un monde d'objets individualisés occupant les uns par rapport aux autres et tous par rapport à nous des positions définies ».

La perception est une faculté biophysique ou le phénomène physio-psychologique et culturel qui relie l'action du vivant aux mondes et à l'environnement par l'intermédiaire des sens

16 Précis de psychologie, xi.

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et des idéologies individuelles ou collectives. Chez l'espèce humaine, la perception est aussi liée aux mécanismes de cognition par l'abstraction inhérente à l'idée et aux notions apprises dans la pensée.

Le mot perception désigne donc, soit la capacité sensitive (l'instinct par exemple), soit le processus de recueil et de traitement de l'information sensorielle ou sensible (en psychologie cognitive par exemple), soit la prise de conscience qui en résulte.

La perception souligne également la prise de conscience (soit des objets environnants, de l'aléa et de la vulnérabilité à cet aléa) ou la sensation d'une exposition à un danger. De ce point de vue les verbes considérés ici sont : regarder, écouter, voir, entendre, sentir. La perception c'est la possibilité de regarder, sentir, entendre.

George (2009) la définit en rapport avec l'image qu'une société se fait d'un espace, d'un objet, ou d'un phénomène etc. La perception du risque peut être entravée ou amplifiée par des facteurs subjectifs, propres à chaque être humain, et même par des facteurs culturels ou conjoncturels propres à des communautés humaines.

X.2.5. La résilience

Ce terme provient du verbe latin « resilio », « resilire » qui signifit littéralement « sauter en arrière », d'où rebondir, résister (au choc, à la déformation).

On a coutume de dire et en suivant Nietzsche Friedrich dans Le Crépuscule des Idoles que : "Ce qui ne me tue pas me rend plus fort". Appréciant ainsi la résilience comme étant la capacité d'un individu, d'une société ou d'un système non pas à faiblir face à l'adversité mais à davantage devenir résistant à cette situation ou à une autre similaire.

Selon le dictionnaire de la géographie de Pierre George, la résilience, renvoie à « la capacité d'un écosystème et/ou d'un système à récupérer ou retrouver un fonctionnement normal après avoir subi un traumatisme ou des dommages ».

C'est à l'origine un terme expliquant la résistance des matériaux aux chocs. Il a été utilisé pour la première fois dans le domaine de la psychologie dans les années 30 et 40 (précisément en 1939 et 1945) par deux psychologues scolaires américains (Werner et Smith).

Ce terme est utilisé par plusieurs disciplines à l'instar de la physique, de l'économie, de l'informatique, et surtout de la psychologie, et tout récemment de la géographie. Mais de toute évidence, au regard de l'ensemble des définitions avancées par les différentes disciplines qui emploient ce terme, la résilience de façon générale désigne la capacité d'un organisme, groupe ou structure de s'adapter à un environnement changeant, ou tout au moins à revenir à un état

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normal à la suite d'une perturbation quelconque.

Pour la présente étude, on retiendra que la résilience, traduit la capacité d'un système ou d'un individu, à retrouver un état de fonctionnement quasi-normal après avoir subi une perturbation.

X.2.6. Risque et catastrophe : De l'analogie à la différenciation géographique

Ces deux notions très souvent dans l'imagination et les utilisations usuelles font souvent l'objet de parenté sémantique, alors que dans la pratique, le risque s'en éloigne significative de la catastrophe.

La catastrophe se définit par la transformation du risque en une certitude, un phénomène qui s'est déjà produit (Dauphiné, 2001). Elle se traduit par des impacts, des dommages et est principalement définie par les pertes en vies humaines. Cette définition induit alors une problématique de détermination du seuil de pertes en vies humaines et implique un questionnement plus général de l'ordre de l'appréciation d'une catastrophe, basée uniquement sur le nombre de pertes en vies humaines.

La catastrophe survient à une date non prévue, malgré une anticipation du risque. Spatialement la catastrophe est ponctuelle, localisée. Elle survient généralement dans les zones de risques mais ses effets peuvent les dépasser.

Malgré un lien spatial souvent avéré, l'intensité de la catastrophe n'est pas en relation directe avec l'intensité du risque. Un risque important peut déclencher une catastrophe faible et inversement. Sa temporalité est contrastée, c'est-à-dire que la durée de la catastrophe peut-être plus ou moins longue. Le moment de la survenance de la catastrophe est connu, ce qui n'est pas le cas pour ses effets indirects (famine après une catastrophe naturelle, désorganisation des services de santé, des services administratifs...) et non immédiats.

De plus, il existe une réelle difficulté de mesure de la catastrophe et de ses impacts. La graduation des niveaux de catastrophe implique la détermination d'indicateurs précis car toute catastrophe est un phénomène multidimensionnel qui peut toucher l'économie, les paysages, les hommes et les organisations sociales, l'écologie et la culture (Dauphiné, 2001).

Contrairement à la catastrophe qui s'inscrit dans le registre de la certitude, le risque demeure un danger potentiel. Donc lorsqu'on parle du risque, c'est avec une issue de probabilité, d'incertitude, dépendant d'un ensemble de facteurs susceptibles de précipiter sa survenance et le faire passer au stade de catastrophes (cette dernière dépend de la connotation politique, de l'importance des dégâts matériels et des pertes humaines, etc.)

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Au terme de ce qui précède, la figure 7 illustre au mieux les principaux concepts à l'étude à savoir : l'aléa, la vulnérabilité, l'enjeu, le risque et la catastrophe.

Figure 7: Différence entre risque et catastrophe

Source : Bureau des Risques Géologiques et Miniers, Octobre 2006, adaptation Auteur

On peut à juste valeur conclure que la catastrophe s'en démarque nettement du risque. La catastrophe est factuelle quand le risque est potentiel.

X.2.7. Périurbanisation

Elle s'appréhende comme le processus d'extension de l'urbanisation des campagnes autour des villes et où l'on observe une réelle volonté des citadins à mettre en place des habitations individuelles. Également perçu comme un processus d'extension spatiale de la ville et donc de perte des milieux naturels ou/et ruraux, la périurbanisation est un phénomène relatif, aléatoire, mouvant, conséquence dans certains cas du « désir de campagne » auquel se greffe dans une moindre mesure l'attractivité foncière des environs de la ville. « L'espace périurbain est un espace fonctionnellement urbain situé à la périphérie d'une grande agglomération urbaine [...] Elle fait référence à des transformations spatiales liées au desserrement des fonctions urbaines et évite également à une réflexion sur les mutations rurales qui ne sont pas liées au phénomène périurbain » (Thompsin 2001). Différente de la rurbanisation, néologisme, apparu dans le vocable de la géographie française en 1976 et faisant davantage allusion à l'importation en zones rurales des modes de vie et références culturelles des sociétés urbaines ; la périurbanisation est un phénomène faisant référence au développement et à l'expansion du bâti autour des villes.

Quoiqu'il est soit au-delà de la multitude des conséquences socio-environnementaux

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(modification des paysages, imperméabilisation des sols, conflits activités rurales-activités urbaines, etc.) la périurbanisation dans la ville de Yaoundé, est apparue au cours des années 80 et 90, comme une réponse ponctuelle et instantanée à une double et congruente problématique : celle de pourvoir un espace pour se loger ceci dans un coût nettement faible à l'excédent démographique de la ville de Yaoundé consécutif au boom de la population. « Les modèles de villes denses se sont révélés étouffants pour nombre de citadins qui ont décidé de se retrancher à la périphérie » (Yemmafouo 2013).

XI. MÉTHODOLOGIE

Après avoir effectué la mise en contexte de notre étude, élucider le cadre conceptuel et théorique sur lequel cette étude se fonde, il convient de mettre en exergue la méthodologie qui a été déployée pour réaliser le présent travail de recherche. Chemin faisant nous insisterons sur les techniques qui ont été mobilisées pour la collecte, l'analyse et le traitement des données afin d'extraire l'information.

XI.1. Approche méthodologique générale

En géographie comme dans beaucoup d'autres disciplines, l'approche méthodologique renvoie à la manière dont on procède pour construire un raisonnement scientifique. Il s'agit de montrer et de faire comprendre les processus utilisés pour la collecte, le traitement, l'analyse et l'interprétation des données afin d'obtenir les informations utiles pour notre recherche. Pour cela, la démarche utilisée est la démarche hypothético-déductive, chère à la géographie et qui préconise la formulation des hypothèses suivie par leur vérification sur le terrain. Il s'agit en termes plus simples de confronter les tests, données et observations empiriques (réalités de terrain) aux modèles préalablement construits et choisis en laboratoire (théories et hypothèses).

XI.2. Approches méthodologiques spécifiques

Plusieurs approches spécifiques ont été utilisées pour la collecte des données : XI.2.1. Recherche et exploitation des documents

Cette recherche a débuté par une longue fouille documentaire. Celle-ci a commencé dans les bibliothèques de la Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines de l'Université de Yaoundé I, du Ministère de la recherche scientifique et de l'innovation, du service de la documentation de la direction de la protection civile, de la bibliothèque de la communauté urbaine de Yaoundé, de l'institut de recherche pour le développement (IRD), de la mairie de Yaoundé VIe, de la bibliothèque du PNUD. Ceci dans le but de collecter les données de seconde main, dans l'optique d'avoir un aperçu de la zone d'étude et de la littérature sur la thématique ;

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de parcourir tout ce qui a été écrit sur la zone d'étude et sur notre sujet afin de mieux nous positionner scientifiquement. Mais cette étape nous a surtout permis d'effectuer un recadrage thématique de notre sujet de recherche et une amélioration de sa formulation. Aussi, cette étape nous a également permise de collectionner les cartes en support papier qui ont été numérisé et introduites dans la base de données de la présente étude.

XI.2.2. Enquêtes par observation et entretien

L'observation directe est la technique de collecte de l'information que nous avons privilégiée au cours de notre étude car elle nous a tout d'abord permise de faire une reconnaissance de la zone d'étude puis, de se familiariser avec le terrain et toucher du doigt les réalités propres de notre matrice spatiale. Ces premières observations nous ont permises de faire une comparaison entre les informations présentes sur les documents et celles du terrain afin de disposer des informations plus récentes et significatives. Et au cours de cette collecte de l'information, nous avons mis l'accent sur des enquêtes semi-directes, compte tenu de l'insuffisance des moyens financiers indispensables pour réaliser une enquête exhaustive. Cette étape cruciale de notre recherche, a débouché sur l'identification des zones cibles pour l'ensemble des relevés et des analyses à effectuer au cours du travail qui a été le nôtre.

Pour identifier les zones tests nous avons eu comme critère de base :

? la localisation géographique : car dans la zone d'étude, les secteurs qui sont exposés aux risques sont ceux qui sont localisés sur les versants aux pentes abruptes; et ceux qui se situent dans les bas-fonds de la zone (espaces situés à proximité du lit des cours d'eau : entre 0-30 m du lit voire plus dans certains secteurs dépendant de la largeur des lits majeurs.).

Au cours donc de ce travail, après avoir identifié ces secteurs cibles, nous les avons ratissés afin de collecter les données pour l'analyse.

Pour parvenir à vérifier nos hypothèses de recherche sur le terrain, nous avons mis en oeuvre une méthodologie en plusieurs échelons. Nous avons pour ce fait allier recherche documentaire, travail de terrain et traitement cartographique pour atteindre nos objectifs.

XI.2. MATÉRIELS

En ce qui concerne le matériel déployé pour la recherche de terrain, nous étions munis : D'un récepteur-GPS (Global Positioning System) de marque Garmin dont le rôle était :

39

? le « Tracking » des points.

? Le positionnement des quartiers étudiés sur la carte de la zone

? La localisation sur la carte des espaces marécageux de la zone à l'étude.

D'un appareil photo numérique de marque Samsung (14.5 Megapixel), dont le rôle était de :

? Prendre les prises de vue des éléments jugés significatifs pour notre étude XI.2.1. LES DONNÉES DE BASE DE LA CARTOGRAPHIE

Plusieurs sources de données ont été mobilisées pour effectuer cette étude : XI.2.1.1. Carte topographique de Yaoundé au 1/50 000

Nous avons obtenu le fichier numérique de la carte topographique de Yaoundé de l'INC, que nous avons géoreférencé afin de l'intégrer dans notre base de données SIG. Cette carte topographique, nous a permis d'extraire les courbes de niveaux de la zone à étudier pour la réalisation du MNT. Elle nous a également permis d'extraire le réseau hydrographique de la zone en vue de la modélisation des inondations dans la zone à l'étude.

XI.2.1.2. Les images satellitaires de Yaoundé

Nous avons utilisé plusieurs images de Google Earth de dates différentes en vue d'analyse les dynamiques socio-spatiales à l'instar de celles du 3 février 2002 et 3 mars 2013

XI.2.1.3. Le plan-guide de la ville de Yaoundé à l'échelle 1/25 000

Ce plan-guide nous a facilité les descentes sur le terrain et le repérage des quartiers à étudier. Une fois digitalisé et géoreférencé, ce plan-guide nous a permis de numériser les zones marécageuses que nous avons étudiées.

40

Figure 8: Coupure Sud-ouest du plan-guide de la ville de Yaoundé Source : INC, 2008

XI.2.1.4. Données secondaires de cartographie

Les autres données utilisées dans la confection de notre base de données, proviennent d'une multiplicité de sources : rapports scientifiques, données de projets urbains dans la ville de Yaoundé, mémoires, thèses, etc. Celles-ci ont été numérisées puis géoreférencées et introduites dans notre base de données pour la cartographie.

XI.3. Traitement cartographique des données

Le traitement cartographique, partie charnière de notre travail, a nécessité l'usage de plusieurs logiciels de dessin, de modélisation 3D, SIG et de traitement d'images satellites. En fonction des tâches spécifiques que nous avons effectuées, nous avons spécifiquement fait

41

usage d'un logiciel précis. Le tableau suivant présente les différents logiciels que nous avons utilisés au cours de notre recherche et les tâches qui y ont été effectuées.

Tableau 5 : Logiciels utilisés et tâches effectuées

Logiciels

 

Usages au cours de la recherche

Surfer


·

Réalisation du modèle numérique de terrain (MNT) de la zone à partir des courbes de niveau numérisées

MapInfo 8.5


·


·


·


·

Extraction de la zone d'étude et cartographie, importation des données des fichiers Excel à la base de données géographiques,

mise à jour des données externes à la base de données, géoréférencement des supports cartographiques externes, conversion des coordonnées et transformations des projections.

Arcgis 9.3


·


·


·

Cartographie, modélisation, création du TIN

Quantum GIS (QGIS)


·

Cartographie (cartes occupation du sol)

Envi 4.5 et Grass Gis

6.3.0


·

Traitement des images satellites de Yaoundé (NDVI, ACP, classification, post classification, découpage des images, etc)

logiciel Google Earth


·

Visualisation et téléchargement des images compressés et

Pro

 

récentes de la zone

 

Le schéma conceptuel (fig. 9) présente de façon succincte et simplifiée les articulations de notre méthodologie. Celle-ci fut axée sur 3 séquences essentielles :

· Étape 1 : Recherche documentaire

· Étape 2 : Investigations de terrain

· Étape 3 : Travail de laboratoire ou traitement cartographique.

La combinaison de ces différentes étapes au cours de la recherche, nous a permis de déboucher sur le schéma méthodologique ci-dessous présenté :

MÉTHODOLOGIE

3

Recherche documentaire Investigations de terrain Traitement cartographique

Exploration du sujet Collecte des données secondaires Collecte des données primaires Traitement cartographique

1 2

Revue de la
littérature

Pré-enquête
de terrain

Analyse cartographique,
modélisation des
scénarios, cartographie
de la susceptibilité

Formulation de la
problématique, des
questions, des objectifs et
des hypothèses de recherche

Données brutes

Conception,
implémentation et
réalisation de la base
de données pour
l'étude

Relevés GPS

Observation

Prise des vues

Numérisation et géoréférencement

Extraction de
l'information
utile

Figure 9: Schéma conceptuel de l'itinéraire méthodologique

42

CHAPITRE I :

TYPES DE RISQUES NATURELS A AKOK-NDOUÉ
ET MVOG-BETSI

Pour réduire les risques de catastrophe f...], il faut d'abord savoir quels sont les aléas auxquels doivent faire face la plupart des sociétés, dans quelle mesure celles-ci sont vulnérables sur les plans physique, social, économique et environnemental et comment ces aléas et cette vulnérabilité vont évoluer à court et à long terme, puis prendre, en connaissance de cause, les mesures qui s'imposent. »

Cadre d'action de Hyôgo pour 2005-2015

43

INTRODUCTION

La zone soumise à notre étude à savoir les quartiers Mvog-Betsi et Akok-Ndoué qui se situent sur les versants de monts Akok-Ndoué et Mvog-Betsi, est sujette à plusieurs risques d'ordre naturel à savoir : les mouvements de terrain (glissements de terrain, chutes de blocs, éboulements et effondrements) et les inondations.

I. LES MOUVEMENTS DE TERRAIN

I.1. DÉFINITIONS ET TYPES

Un mouvement de terrain désigne un déplacement plus ou moins brutal du sol ou du sous-sol, d'origine naturelle ou anthropique. C'est également un mouvement gravitaire plus ou moins brutal du sol, qui dépend notamment de la nature des terrains, de la structure géologique, des pressions hydrauliques souterraines et dans certains cas de la pression anthropique.

Ces mouvements sont dus à des processus d'altération et d'érosion mécanique, de différentes natures : cycles de gel/dégel, érosion par l'eau. L'expression mouvement de terrain recouvre en fait une grande variété de phénomènes dont les terminologies et les classifications diffèrent suivant les auteurs et les régions. Elles se réfèrent généralement à leur volume ou leur ampleur spatiale, leur cinématique17 ou bien encore à leur teneur en eau. Parmi les mouvements de terrain qu'on rencontre dans notre zone d'étude nous avons :

? Les chutes de pierres et de blocs rocheux ? Les glissements de terrain

I.2. LES CHUTES DE PIERRES ET DE BLOCS ROCHEUX

Les chutes de blocs sont des phénomènes d'instabilité qui impliquent le détachement de blocs d'une paroi rocheuse ou d'une pente instable et les mouvements qui s'ensuivent (chute libre, rebond, roulement, glissement) le long de la pente jusqu'à ce qu'un équilibre soit atteint. Elles se produisent généralement à partir d'une paroi rocheuse lorsque les ponts de matière, soumis aux agents extérieurs (infiltration d'eau, etc.), entre les blocs et la paroi, ne sont plus suffisants pour retenir les blocs. Le déclenchement se produit généralement à la suite d'un

17Cinématique est la partie de la mécanique qui étudie le mouvement, mais dans ce contexte il renvoie aux conditions de mise en mouvement des blocs rocheux ou de pierres

44

événement se surimposant aux processus de dégradation naturels: fortes précipitations, tremblement de terre, etc. Le volume de blocs ne dépasse généralement pas le seuil du dm3. Au-delà de 100 m3, on parle généralement d'éboulement.

La figure 10 qui suit illustre le processus de naissance des chutes de blocs. Cette présentation s'accompagne en effet de la superposition photographique des risques potentiels liés aux chutes de blocs dans certains secteurs de notre zone d'étude.

Sur la planche photographique 1, on observe une habitation à 1 mètre d'un bloc rocheux suspendu (photo B), cette bâtisse se situe sur le champ de dévalement de ce bloc rocheux. En cas de rupture de ce dernier, les dommages peuvent être importants sur la bâtisse ainsi que sur les occupants de ladite maison en fonction du moment de survenance du décrochement de ces blocs rocheux.

Bloc rocheux

Habitations susceptibles d'être endommagées

Figure 10: Processus de chute de pierres et de blocs rocheux

Source : Bureau des Risques Géologiques et Miniers, octobre 2006

Planche photo 1: Illustration du risque de chutes de pierres et de blocs rocheux (Clichés Fofack Georges, Août 2012)

45

I.3. LES GLISSEMENTS DE TERRAIN

I.3.1. DÉFINITIONS ET CARACTÉRISATION

Ils peuvent être définis comme le déplacement cohérent, vers le bas de pente, d'une masse de terrain le long d'une surface de rupture. Les glissements sont des mouvements de terrain lents (de quelques mm/an à quelques m/an) qui surviennent sur une pente. Ils sont caractérisés par une discontinuité de surface facilement identifiable (plane ou circulaire), séparant la partie stable de la partie en mouvement. Ils sont souvent déclenchés par des événements climatiques extrêmes tels que des précipitations ou par les actions humaines. Leur extension et leur profondeur sont très variables et leur cinématique varie en fonction des conditions locales (pente, nature du sous-sol, quantité et durée des précipitations,...). Les profondeurs des surfaces de glissement sont très variables: de quelques mètres à plusieurs dizaines de mètres, voire une centaine de mètres pour certains glissements de versant. Des indices caractéristiques peuvent être observés dans les zones de glissements de terrain actifs :

y' Les niches d'arrachement ;

y' Les fissures ;

y' Les bourrelets ;

y' Les arbres couchés :

y' Une zone de rétention d'eau ;

y' Le lézardage des murs des habitations. (Photo 1)

46

Photo 1: Lézardage sur une habitation située sur une pente (Cliché Fofack Georges, Août 2012)

Cette photo présente le mur d'une habitation dont le lézardage apparait. Ceci témoigne de l'existence d'un glissement de terrain actif sur cette zone de forte pente.

Les glissements de terrain peuvent être en plan ou rotationnel, voire même complexe selon qu'ils possèdent à la fois une composante plane et rotationnelle.

Les principales différences entre les deux principaux types de glissements sont contenues dans le tableau 6 :

47

Tableau 6: Différences entre le glissement rotationnel et translationnel

 

Rotationnel

Pian

Description

La surface de rupture est concave, et le

mouvement est plus ou moins

rotationnel autour d'un axe parallèle
aux lignes de niveau de la pente. La

masse se déplace en général de
manière cohérente le long de la surface

de rupture avec une légère

déformation interne. Le haut de la

matière déplacée se meut presque

verticalement et le bas du matériel
déplacé peut remonter (cf. schéma ci-dessous).

La masse se déplace selon une surface

relativement plane. Ce type de

mouvement peut avoir lieu sur des
distances considérables si la surface de

rupture est suffisamment inclinée,

contrairement aux glissements
rotationnels qui ont tendance à rétablir l'équilibre du glissement. Le matériel qui glisse peut provenir de sols meubles, non consolidés et/ou de blocs de pierres. Ils ont souvent lieu le long de discontinuités géologiques comme des failles, diaclase, strates, ou entre la roche et le sol.

Schéma, photo

 

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Source :The Landslide Handbook {HIGHI AND, et ai., 2006,:

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Source : The Landslide Handbook (HIGHLAND, et al., 2008f

 
 
 

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Source r The Landslide Handbook (HIGHLAND, et of., 20081

 
 

_.

Source : The Landslide Handbook (HIGHLAND, et al., 2008;

Taille relative

Dans les sols, la surface de rupture a

généralement un rapport

profondeur/longueur d'environ 0.1 à
0.3

Ils sont généralement moins profonds

que les glissements rotationnels : leur
surface de rupture a généralement un rapport profondeur/longueur inférieur à 0.1. Leur longueur s'étend de l'ordre du mètre à celui du kilomètre.

Vitesse

q 'extrêmement lent (moins de 0.3 m

tous les cinq ans) à lent (1.5 m par
mars)

Le mouvement initial peut être lent

(1.5 m par mois) mais beaucoup d'entre eux ont ensuite une vitesse relativement rapide (1.5 m par jour), voire très rapide.

Dommages
engendrés

Il peut endommager fortement les

infrastructures et les routes, mais est

rarement une menace pour les vies
humaines à cause de sa lenteur. Il peut

également créer des inondations s'il
coupe une rivière.

S'il est lent, il n'endommage que les

infrastructures et les routes, mais s'il est plus rapide, il peut être dangereux pour

les vies humaines. Il peut aussi causer
des inondations s'il coupe une rivière.

Source: The Landslide Handbook (Highland, et al., 2008)

48

I.3.2. LES CAUSES PHYSIQUES ET ANTHROPIQUES RESPONSABLES DES GLISSEMENTS DE TERRAIN

Les glissements de terrain sont causés par deux catégories de facteurs : les facteurs naturels qui sont exacerbés par l'empreinte humaine.

I.3.2.1. LES FACTEURS LIÉS AU MILIEU PHYSIQUE

I.3.2.1.1. La gravité et la pente

Selon la théorie de la gravitation universelle de Newton (formulée par Isaac Newton en 1687), à tous les corps massifs, dont les corps célestes et la Terre, est associé un champ de gravitation (ou gravité) responsable d'une force attractive sur les autres corps massiques. L'essentiel de la pesanteur est d'origine gravitationnelle, c'est-à-dire qu'elle est due à l'attraction mutuelle entre corps massifs. Autrement dit un corps attire un autre avec une force dont l'intensité est proportionnelle au produit de leurs masses et inversement proportionnelle au carré de la distance qui les sépare.

Cette force permet de définir la notion de verticalité : on observe qu'en un lieu donné tous les corps libres tombent en direction du sol suivant la même direction appelée verticale du lieu.

C'est ce qui explique que les matériaux se trouvant sur des reliefs à forte pente ont généralement tendance à suivre une trajectoire descendante vers les zones à faible pente.

La pente topographique est la tangente de l'inclinaison d'un terrain donc de son angle vis-à-vis de l'horizontale (figure 11). Le terme pente est parfois directement assimilé à l'inclinaison, pour ce qui est du cas de figure à l'inclinaison du versant.

49

Figure 11: Détermination de la pente topographique Source : Brunet (1993)

C'est un facteur essentiel des glissements de terrain. Celle-ci détermine la susceptibilité d'un terrain à glisser si les autres conditions sont réunies. Cela signifie théoriquement les zones à fortes pentes sont potentiellement plus susceptibles aux glissements et inversement

I.3.2.1.2. La nature des sols

Le relief de la zone d'étude est accidenté et s'étend plusieurs collines hautes de 25-50 m au dessus du plateau (Bachelier 1959). Sur le plan géologique, le sol dérive d'un matériau quartzo-feldspathique plus ou moins micacé. (Pelletier, 1969). De nature rouge latéritique et forestier classique, le sol de la zone présente un horizon rouge plus ou moins superficiellement lessivé qui peut atteindre dans les conditions favorables une profondeur de 4 à 10 m ; puis un horizon gravillonaire, un horizon tacheté et un horizon d'altération de la roche-mère. (Bachelier 1985). La structure du sol présente cependant une répartition inégale de profondeur de la base des versants vers le sommet des collines. Les versants pentus portent une couche superficielle de matériaux non complètement consolidés et fragilisée par la double influence de l'érosion et de la déforestation. Cette couche superficielle majoritairement constituée de lithosols sont peu profonds et par conséquent sensibles aux interventions humaines qui combinés aux autres facteurs entraineraient leur rupture.

Mt. Mvog-Betsi, 902 m

Mt. Akok-Ndoué, 957 m

50

Figure 12: Localisation des Monts Akok-Ndoué et Mvog-Betsi

51

I.3.2.1.2. La pluviométrie

La survenance des glissements de terrain est dans la majeure partie des cas corrélée à la présence de l'eau.

L'eau, associée à un épisode pluvieux important est le principal facteur aggravant, en raison des pressions interstitielles qu'elle développe dans le sol et le sous-sol.

Le tableau 7 montre la répartition annuelle de la hauteur d'eau dans la ville entre 20062010. L'analyse qui découle est que l'apport en eau sur les versants est important durant les 2 saisons de pluies. Toutefois, il faut préciser que les mois d'octobre, septembre et mars enregistrent les plus grandes quantités de précipitations. Cela traduit en théorie les mois les plus vulnérables car l'apport en eau est conséquent.

Cependant, suivant l'approche historique, les glissements de terrain dans la ville de Yaoundé sont survenus lors des épisodes orageux d'une rare intensité.

Tableau 7: Répartition mensuelle des précipitations et des températures de Yaoundé

MOIS

J

F

M

A

M

J

Jt

A

S

O

N

D

TOTAL

Moy.

P
(mm)

24,2

45,2

139,9

181,1

208

156,7

66,5

110,1

228,4

292,3

113,7

20,8

1586,9

132,2

T
(°c°)

25,4

26,5

25,3

25,1

24,8

24,5

23,3

23,8

23,6

23,3

24,1

25,7

295,4

24,6

Source: Station de Nkolbisson et de l'aéroport militaire de Mvan 2006-2010

I.3.2.2. LES FACTEURS ANTHROPIQUES

À côté du milieu physique, les facteurs humains précipitent, aggravent ou exacerbent les glissements de terrain

I.3.2.2.1. L'urbanisation accélérée : un facteur aggravant

L'exposition aux glissements de terrain dans la zone s'explique également par la forte anthropisation du milieu dans ce front d'urbanisation. La croissance spatiale de la ville entraine l'occupation et la mise en place d'une multiplicité d'activités humaines qui contribuent à accroître la susceptibilité de la zone à subir des glissements de terrain.

Cette croissance urbaine vertigineuse se traduit par l'installation des populations sur les flancs des montagnes.

52

Notre zone d'étude présente en effet presque les mêmes caractéristiques démographiques et socio-économiques que l'ensemble des quartiers des zones à risques de la ville de Yaoundé à savoir: population nombreuse et hétérogène, croissance démographique élevée, etc. La population de ces trois quartiers est estimée à 51 761 habitants en 2007 sur une superficie totale d'environ 6,006 Km2 soit environ 600,6 ha.

Ce constat est d'autant plus vrai que lorsqu'on observe la figure 14 qui met en évidence l'évolution du tissu urbain de la ville de Yaoundé entre 1980 et 2001, la superficie urbaine de cette ville au cours de ladite période aurait été multipliée par plus de 4, passant ainsi de 3 807 ha en 1980 à environ 15 919 ha en 2001 (CUY, 2010). La zone d'étude tout comme la ville a subit un rythme d'urbanisation quasi-similaire. Presqu'inhabitée au début des années 80, celle-ci est quasi occupée aujourd'hui. Les flancs des montagnes, les bas-fonds marécageux et inondables ne sont guère épargnés par les constructions et les aménagements humains. Or la ville de Yaoundé qualifiée de « ville aux sept collines » a un relief parsemé de collines (jusqu'à plus de 1 200 m d'altitude) avec des pentes parfois abruptes (Sietchiping, 2003), sur lesquelles prédominent des habitats informels. Ainsi, les espaces « inconstructibles », pentus (plus de 30 %) et marécageux sont densément bâtis (Assako Assako, 1998 b).

53

Figure 13: Classification supervisée par méthode « Maximum Likelihood » de 2 images de la zone : 2002 (A) et 2013(B)

De l'illustration qui suit où la classification orientée a été réalisée sur deux images multi dates (3 février 2002 (A) et 3 mars 2013(B)) à partir de la méthode « Maximum Likelihood » ou de « Maximum de vraisemblance », la progression de l'habitat (couleur magenta) et des sols nus (couleur marronne) sont observables. Le recul de la végétation (couleur verte), d'autre part observée et l'augmentation des surfaces nues, est un marqueur de l'explosion démographique dans ce secteur, qui par ailleurs est un front d'urbanisation.

Aussi, il découle de cette analyse diachronique que, la croissance démographique est telle que les versants abrupts de l'Akok-Ndoué et du Mvog-Betsi ne sont guère épargnés par les expansions humaines.

54

Figure 14: Évolution spatiale de la ville de Yaoundé entre 1980 et 2001 Source : CUY, 2010

La figure 14 analyse l'évolution de la surface humanisée de la ville de Yaoundé entre 1980 et 2001. On s'aperçoit que la zone d'étude qui est située au sud-ouest de la ville, était inhabitée au début des années 1980. Mais cette zone en 2001, avait déjà été presque consumée par les installations humaines. Reliefs pentus des flancs des montagnes, bas-fonds inondables sont occupés par les habitations.

I.3.2.2.2. Déforestation et exposition des sols aux glissements de terrain

Corollaire de la croissance démographique que connait la ville en général et la zone d'étude en particulier, la déforestation est effectuée pour plusieurs raisons (cultures, constructions des carrières de pierres, espaces pour habitat, etc.) Cf. fig. 13 et planche photo 3. C'est le facteur précipitant la survenance des glissements de terrain. Cette activité menée

55

sans contrôle, favorise le ruissèlement. L'absence de couverture végétale, en particulier arborescente, expose les sols à la possibilité d'un drainage plus ou moins important d'un volume de matériaux vers l'aval des versants sous l'influence de la pente et de la gravité.

I.3.2.2.3. L'homme et ses aménagements

D'autres actions anthropiques sont également à l'origine des glissements : travaux de terrassement, tels que : surcharge en tête d'un talus ou d'un versant ou décharge en pied supprimant une butée stabilisatrice. Ces travaux sont habituellement réalisés sans respect préalable des règles de génie civil. Ils ont pour conséquence de faciliter la survenance de ce type de risque naturel.

Planche photo 2: Aménagements inappropriés sur des versants (clichés Fofack Georges, Août 2012)

Sur la planche photographique 2, on observe des aménagements inappropriés en l'occurrence des travaux de nivellement, de remblai sur des versants pentus sans respect des règles. Ces travaux réalisés sans études préalables, ont le mérite de fragiliser les talus et les versants. Cela influence par effet de causalité, la stabilité de ces derniers et accroit de fait la susceptibilité d'occurrence spatiale des mouvements de terrain.

56

A

D

E

B

C

F

Planche photo 3: Recul de la végétation sous l'influence des activités humaines (Clichés Fofack Mujia Georges, Août 2012 et Juillet 2013)

57

Sur la planche photographique 3, on observe une kyrielle d'activités humaines qui entraine le recul de la couverture végétale. Sur les photos A ; B ; C ; D, on s'aperçoit de l'intensification des constructions d'habitations sur différents versants de la zone d'étude. Cet essor de l'habitat sur les versants dû à la forte poussée démographique que connait la ville de Yaoundé dans l'ensemble, entraine une diminution significative de la couverture végétale de ces secteurs. À cause donc des multiples terrassements, remblai, déblai et du recul de la végétation, les couches pédologiques sont fragilisées par l'infiltration et potentiellement sujets à des glissements à court, moyen ou long terme.

Sur la photo E, on aperçoit des activités de terrassements pour l'extraction des pierres qui seront par la suite vendus en blocs, soit concassées en gravier.

Sur la photo F, on observe le recul de la végétation naturelle au profit des activités agricoles (Pour ce cas de figure, on observe des champs de maïs sur un versant à forte pente).

En somme, on peut affirmer à juste valeur que dans la zone d'étude, la couverture végétale, au fil des années subie les affres des actions humaines. Celle-ci est détruite par l'homme pour de multiples fins qui peuvent aller des constructions aux carrières de pierres en passant par l'agriculture.

II. LES INONDATIONS

II.1. DÉFINITIONS

C'est l'invasion d'un territoire ou mieux encore d'un espace géographique par les eaux. (George, 2009). On peut en outre la définir comme la submersion d'un terrain résultant du débordement des eaux. Par débordement, les eaux de la rivière ou d'un cours d'eau envahissent le lit majeur où elles déposent par décantation des alluvions généralement fines. Lorsque le débit et le volume d'eau entrainent un débordement par rapport au lieu habituel d'écoulement (lit mineur) et que la crue est susceptible d'affecter les installations humaines on parle d'inondation. L'eau se répand dans les zones d'expansion des crues, qui correspondent au lit majeur du cours d'eau et qui sont souvent occupées par les populations.

58

II.2. TYPES D'INONDATIONS

Par essence, on distingue plusieurs types d'inondations en fonction du paramètre considéré. Selon la rapidité de submersion du lit majeur du cours d'eau, on distingue deux principaux types d'inondations :

.. les inondations dites « lentes » qui sont provoquées par des crues progressives (l'eau monte de quelques centimètres par heure). Celles-ci surviennent généralement lors des épisodes orageux de faible intensité mais sur une longue durée.

.. Les inondations dites « brutales » ou « rapides » qui sont des crues soudaines induites par une montée brusque et rapide des eaux (plusieurs mètres par heure). Elles sont dans la plupart des cas causées par des précipitations de faible durée et d'intensité élevée ou très élevée. Ce sont par nature des inondations dangereuses et dévastatrices à cause de leur caractère brusque et rapide, empêchant ainsi, les populations soumises à cet aléa à un faible temps de réponse, surtout si elles surviennent de nuit.

II.3. LES CAUSES DES INONDATIONS DANS LA ZONE D'ÉTUDE

Celles-ci sont à la fois humaines et physiques.

II.3.1. LES CAUSES PHYSIQUES

Les inondations dans la zone d'étude sont principalement dues à 4 facteurs d'ordre naturel:

V' La densité du réseau hydrographique V' La platitude du fond des vallées V' L'importante pluviométrie

V' Les fortes pentes des versants

II.2.1.1. La densité du réseau hydrographique

Ce facteur est une cause importante de la survenance des inondations. Il est tout à fait clair que lorsque le réseau hydrographique d'un espace géographique est dense, celui-ci est susceptible d'être facilement inondé si les fonds des vallées sont plats et les précipitations parfois importantes. Lorsqu'on observe le réseau hydrographique de notre matrice spatiale, qui est de type dentritique (Fig.15) on se rend compte que celui-ci est dominé par les affluents du Mfoundi tels que le Mingosso et d'autres rivières dont le débit d'écoulement n'est pas

59

négligeable surtout lors de la survenance des épisodes orageux importants de la saison des pluies.

Figure 15: Réseau hydrographique de la CUY VI

Source : Plan-guide de Yaoundé (2008) et enquête de terrain(2013)

60

II.2.1.2. Un relief collinaire parsemé de bas-fonds plats et marécageux

Il faut certes le préciser, notre matrice spatiale se situe sur un site collinaire, mais dans cet espace, on rencontre bon nombre de fonds de vallées qui sont quasiment plats. Le site de la ville de Yaoundé est "tout en collines et en larges vallées marécageuses" (Franqueville, 1984). Sur le prolongement Sud-ouest de ces collines, on retrouve les monts Akok-Ndoué d'une altitude de 957 m et Mvog-Betsi dont le pic est à 902 m. Ces collines, dont les versants ont des pentes abruptes et fortes (20-50%), surplombent des vallées dont quelques-unes sont grandement inondables et sont aujourd'hui très humanisées, du fait de la forte poussée démographique que connaît cette métropole depuis plusieurs décennies.

II.2.1.3. L'importante pluviométrie

C'est le facteur déterminant à l'origine de la survenance des inondations dans la plupart des cas et dans notre matrice spatiale. La ville de Yaoundé où se situe notre espace d'étude, enregistre des précipitations importantes tout au long de l'année, en l'occurrence de l'ordre de 1600mm par an en moyenne. (Cf. tableau 7) Toutefois, la récurrence des épisodes orageux de grande importance (c'est-à-dire des précipitations d'une forte intensité et de faible durée ; réduisant ainsi les capacités de réponse du bassin versant par ralentissement de l'infiltration, etc.) en début de saison de pluies (Septembre-Novembre) dans la ville de Yaoundé et spécifiquement dans l'espace à l'étude. Ceci justifie de la prépondérance de la susceptibilité des populations de ce secteur aux risques d'inondations.

II.2.1.4. Les fortes pentes des versants

C'est également un facteur de grande importance influant sur la survenance des inondations dans l'espace étudié. L'observation de la carte des pentes de cet espace (Fig.24) et du modèle numérique de terrain dudit espace (Fig.25), permet de s'apercevoir de prime abord que les pentes variant entre 14 et 45°, sont significatives. Ce qui constitue dans la pratique, un espace dont les pentes sont relativement importantes, influençant de ce fait la rapidité de l'écoulement superficiel et subsuperficiel.

Cela contribue en aval de ces versants pentus, à stocker, l'eau issue de ces 2 écoulements, dans les bas-fonds plats, et à rapidement saturer les couches superficielles de ces bas-fonds, tout en prédisposant ces espaces marécageux, densément habités, en cas de survenance d'épisodes orageux importants, aux risques d'inondation. Aussi, le lit mineur des cours d'eau se trouve être dans bien de cas, le lieu de déversement des ordures de toute nature.

Aussi, la CUY a également défini une typologie d'espaces ou de zones qualifiées de zones «non aedificandi ». Lesquelles sont présentées dans le tableau 8. Toutefois, c'est avec

61

Ce qui contribue souvent à bloquer le ruissèlement et à précipiter la sortie de l'eau de son lit. (Cf. planche 4)

II.2.2. LES CAUSES HUMAINES

Plusieurs facteurs humains sont à l'origine de la survenance des inondations en milieu périurbain, particulièrement dans les secteurs d'Akok-Ndoué et Mvog-Betsi. Ce sont :

V' Le clientélisme

V' L'incohérence urbanistique

V' La pauvreté

V' L'imperméabilisation croissante des bas-fonds

V' L'encombrement du lit des cours par les ordures de tout genre

II.2.2.1. Le clientélisme et l'incohérence urbanistique

Ce sont là deux facteurs importants qui accroissent la vulnérabilité des populations de l'espace à l'étude aux risques d'inondation.

Selon la loi N° 2004/003 du 21 avril 2004 régissant l'urbanisme au Cameroun en son article 9 alinéa 1 : « Sont inconstructibles, sauf prescriptions spéciales, les terrains exposés à un risque naturel (inondation, érosion, éboulement, séisme, etc.); les parties du domaine public classées comme telles et les aires écologiquement protégées telles que définies par la législation relative à la gestion de l'environnement ».

Les zones marécageuses sont à cet égard des espaces écologiques sensibles et donc interdits de constructions et de vente ; car ils font partie du domaine public de l'État. Le constat sur le terrain est tout le contraire, car lorsqu'on observe l'image satellite Google Earth du 27/02/2010 du Sud et Sud-est de l'espace d'étude, on se rend compte que les espaces de bas-fonds (marécageux), sont quasiment bâtis. Ceci montre que les autochtones véreux, sans prise en compte des textes en vigueur, ont commercialisés ces espaces, qui devraient rester dans leur état naturel. Ce constat corrobore le postulat de Tchotsoua(2007), lorsqu'il précise que le système foncier dans bien de quartiers de la ville de Yaoundé particulièrement les quartiers spontanés est ambigu et de nature à favoriser la susceptibilité des populations aux risques morpho-hydrologiques.

Figure 16: Image satellite du mont Akok-Ndoué et ses versants le 27/02/2010 Source : Google Earth

Zone

marécageuse bâtie

N

62

pertinence que nous remarquons que ces zones, loin d'être vides et vacantes, sont des espaces de prédilection l'extension de l'habitat humain.

Tableau 8: Zones inconstructibles définies par la CUY

ZONES INCONSTRUCTIBLES DÉFINIES PAR LA CUY

CATÉGORIES

CARACTÉRISTIQUES

TYPE A

Rivières et bas-fonds marécageux ou non

TYPE B

Espaces routiers futurs ou existants

TYPE C

Espaces ayant un statut de zone industrielle

TYPE D

Hauts reliefs et les espaces ayant le statut « d'espaces verts »

Source : Communauté urbaine de Yaoundé

63

Cette image satellite Google Earth du 27/02/2010, on voit des bas-fonds qui sont densément humanisées, obstruant le lit majeur du cours d'eau. De même, on s'aperçoit également sur cette image, une mauvaise organisation de l'habitat, qui est sans plan et ne respecte aucune règle d'urbanisme.

Cette image démontre à pertinence le postulat selon lequel les zones définies comme inconstructibles, particulièrement les bas-fonds marécageux, ont presque disparues à cause de l'anthropisation exponentielle de ces zones.

On se rend compte dans bien de cas que les bas-fonds marécageux à l'état naturel n'existent presque plus dans la zone du fait de la poussée démographique qui entraine une extension spatiale conséquente de la ville dans la zone Sud-ouest.

D'autre part, cette image de la zone Sud et Sud-est de l'espace étudié, présente également une des caractéristiques propres aux villes tropicales : l'incohérence urbanistique. Ce dernier est un facteur de vulnérabilité non pas de seconde importance. Cette incohérence urbanistique se traduit par l'absence des réseaux de drainage et de collecte de l'eau de ruissèlement. Cette situation contribue à prédisposer de façon croissante les populations de ces secteurs aux risques d'inondation.

On s'aperçoit également que même les versants pentus ont presque partout dans la zone d'étude subi la loi de la pression humaine.

II.2.2.2. L'imperméabilisation croissante des bas-fonds

Les bas-fonds de la zone sont aujourd'hui dans la plupart des cas, largement humanisés. Au regard de l'image Google earth ci-dessus, on peut affirmer que les bas-fonds de la zone ont déjà fait l'objet d'une quasi-mise en valeur, soit pour la culture de légumes, ou pour l'extension de l'habitat. Ce qui cause une imperméabilisation conséquente de ces bas-fonds, rendant ainsi difficile l'infiltration de l'eau des précipitations, facilitant ainsi la survenance des inondations.

II.2.2.3. L'Encombrement du lit des cours par les ordures de tout genre

L'autre facteur aggravant les inondations dans la zone, est l'encombrement quasi-permanent des lits des rivières et des cours d'eau par les ordures de toute sorte. Les populations de la zone, à cet égard font preuve d'incivisme urbain, en déversant quotidiennement leurs ordures dans les cours d'eau. Sans conscience que cette activité participe à la récurrence de

64

débordement des cours d'eau qui causent les inondations dans la zone. La photo 2 illustre parfaitement ce déversement des ordures dans les cours d'eau de la zone.

La planche photographique 4 présente un tronçon d'un cours d'eau entre 2 dates. L'une en saison sèche et l'autre pendant la saison des pluies.

Sur cette image, on observe l'incivisme des populations des quartiers suscités. Ces derniers ont pour déversoirs d'ordures les cours d'eau. Or ces ordures qui obstruent le lit des cours d'eau, restreignent l'écoulement et sont à l'origine de la sortie de cours de son lit, causant ainsi les inondations.

Ordures ménagères déversées dans un cours d'eau au quartier EBA II (Mvog-Betsi)

Photo 2: Encombrement des cours d'eau par les ordures (Cliché Fofack Georges, Juillet

2013)

65

Sur cette planche photographique, on aperçoit un même tronçon de la Mingosso, affluent du Mfoundi qui coule à Akok-Ndoué, entre 2 périodes : en saison sèche (photo A) et en saison de pluie (photo B). Cette comparaison diachronique, nous permet d'observer l'incidence du déversement des déchets de tout type dans le lit du cours d'eau : Les inondations se produisent parce que le lit du cours d'eau a été obstrué par les ordures, ce qui entraine donc la sortie du cours d'eau de son lit et d'envahir les zones d'habitation avoisinantes qui sont installées sur le lit majeur du cours d'eau.

Photo A : Tronçon de la Mingosso (Affluent du Mfoundi) au niveau d'Akok-Ndoué le 31 juillet 2013.

Sens d'écoulement du cours d'eau

Photo B : Tronçon de la Mingosso (Affluent du Mfoundi) au niveau d'Akok-Ndoué le 29 Septembre 2013

Planche photo 4: Comparaison d'un tronçon de la Mingosso en saison sèche et en saison de pluie (Clichés Fofack Georges, Juillet et Septembre 2013)

66

La figure 17 le rapport systémique existant entre les causes des inondations suscitées et la prédisposition des populations de notre espace à l'étude à ce type de risque.

Figure 17 : Schéma systémique risque d'inondation en milieu urbain

Source : Mesmin Tchindjang, Cours Master EDMR Université Paris Diderot Paris 7

Au regard de ce qui vient d'être analysé, il convient de préciser que le schéma qui suit, illustre, la combinaison relationnelle des facteurs à l'origine du risque d'inondation dans l'espace à l'étude.

67

6,006 km2 de superficie pour

51 761 habitants en 2007, soit plus de 8 620 hbts au km2 Densité très élevée = Imperméabilisation croissante

Encombrement des cours d'eau par les ordures

1600 mm en moyenne/an Pluviométrie importante

Facteurs naturels

Facteurs aggravants

Facteurs de vulnérabilité

3 structures sanitaires dans une superficie de 600 ha, soit 3 hôpitaux pour plus de

52 000 habitants. 1hôp. Pour 17 330 hbts Faible protection sociale

Clientélisme et incohérence urbanistique

Figure 18: Schéma systémique du risque d'inondation dans les bas-fonds d'Akok-Ndoué et de Mvog-Betsi

68

Cette planche photo met en évidence les inondations dans différents secteurs (quartiers) de notre zone d'étude. Sur la photo 1, on a une habitation à Eba I dont la façade arrière est complètement envahie par les eaux. Sur les photos 2 et 4, on a un pont à Akok-Ndoué qui est envahi par les eaux, entravant ainsi le trafic des piétons. De plus les habitations à proximité en arrière-plan portent l'inscription « A détruire » Sur la photo 3, on a la fondation d'une habitation au quartier Mewoulou I qui a été envahi par les eaux. Sur la photo 5, on a une bâtisse en planche qui sert de lieu de culte d'une église dite « réveillée » dont la cour sert de garage de véhicules, qui a été submergé par les eaux.

4 5

2

6

3

Planche photo 5: Inondations dans la zone d'étude (Clichés Fofack Georges, Septembre 2013)

69

CONCLUSION PARTIELLE

Une multitude de facteurs physico-humains à l'instar de la densité du réseau hydrographique, la platitude du fond des vallées, l'importante pluviométrie, les fortes pentes des versants, le clientélisme, l'incohérence urbanistique, la pauvreté, l'imperméabilisation croissante des bas-fonds, l'encombrement du lit des cours par les ordures de tout genre ; explique l'augmentation de l'exposition des populations des secteurs autour des monts Mvog-Betsi et Akok-Ndoué aux risques de glissements de terrain, de chutes de pierres et de blocs et d'inondations.

L'on peut constater que le milieu physico-humain est particulièrement favorable à l'occurrence spatiale des risques des mouvements de terrain et d'inondations. La morphologie collinaire de ce site dont le pic se situe à 957 m d'altitude avec des pentes autour de 20-50%, couplée aux paramètres climatiques, font en sorte que ce site se trouve grandement exposé aux risques hydro-morphologiques. De plus, l'occupation accélérée et anarchique des pentes des versants de ces deux sommets et ainsi que l'humanisation à une rythme exponentielle des bas-fonds par une population à majeure partie à revenu faible, entraine une exposition croissante de cette dernière aux risques précisément aux glissements de terrain, chutes de blocs et de pierres, inondations. Quels sont les degrés d'exposition aux risques morpho-hydrologiques dans cet espace d'extension périurbaine de la ville de Yaoundé ? La réponse à cette interrogation constitue l'intention sémantique du chapitre suivant.

CHAPITRE II :

EXPOSITION AUX RISQUES ET VULNÉRABILITÉ
DES POPULATIONS

« L'Analyse de la vulnérabilité donne le moyen de prévoir l'amplitude des préjudices potentiels, car elle fournit une mesure quantitative de l'exposition des éléments »

Thouret J-C, D'Ercole R

70

I. FACTEURS DE VULNÉRABILITÉ AUX RISQUES

L'analyse de la vulnérabilité est un élément essentiel dans l'étude du risque et partant de là des catastrophes. Elle permet de déterminer les facteurs qui combinés rendent les populations vulnérables ainsi que la façon dont celles-ci sont exposées. La question de la vulnérabilité des individus par rapport aux aléas naturels est très importante pour comprendre et appréhender les incidences possibles et probables de ces aléas sur la population et mieux prendre des décisions quant à la façon de les gérer efficament. L'objectif de la première articulation de ce chapitre consiste à faire une analyse qualitative de la vulnérabilité des populations de la zone d'étude en tenant compte de la synthèse systémique. Cela vaudra de parcourir de façon systémique les facteurs naturels et humains expliquant la vulnérabilité des individus de la zone d'étude aux risques de glissements de terrain et d'inondations.

I.1. LES FACTEURS GÉOGRAPHIQUES

Il s'agit d'un ensemble de facteurs liés au milieu physique de la zone expliquant la vulnérabilité de la population cible aux risques.

I.1.1. La topographie et la pédologie

Il est admis que la topographie exerce une incidence sur la vulnérabilité des populations. Le site de la zone d'étude à l'exemple de celui de l'ensemble de la ville de Yaoundé, a une topographie prononcée. Les quartiers sur lesquels la présente étude est focalisée se situent sur les versants des massifs Akok-Ndoué et Mvog-Betsi ainsi que des multiples vallées qui parsèment ce secteur montagneux. Les informations altimétriques qui découlent de l'observation de la figures 19 montrent l'altitude de la zone est largement au-dessus de 680m.

De plus, le site de la zone est presqu'entièrement parsemé de hauts massifs aux pentes abruptes qui surplombent une série de vallées inondables pendant les saisons des pluies. Cette morphologie topographique explique d'une part l'exposition importante des individus de cette zone.

71

Figure 19: Altimétrie de la zone

Source : Données carte topographique de Yaoundé 1/50 000

72

I.1.2. Une pluviosité élevée et un réseau hydrographique dense

Le climat de la zone d'étude est le même que dans toute la ville de Yaoundé au millimètre près. C'est un climat de type équatorial avec 4 saisons dont 2 pluvieuses et 2 sèches (2 saisons sèches : Juin-Août et Décembre-Mars et deux saison pluvieuse : Mars-Juin et Septembre-Novembre). Les saisons pluvieuses, d'inégales longueurs, sont souvent caractérisées par de fortes pluies, parfois concentrées dans le temps, et qui sont de l'ordre de 1600 mm en moyenne par an. Les températures sont généralement élevées et oscillent autour de 22-26°c tout au long de l'année. (Cf. Fig.20).

L'autre constat qui s'observe également tient à la variabilité climatique annuelle et interannuelle enregistrée depuis quelques années dans le régime climatique de la ville de Yaoundé. Celle-ci a pour conséquence directe la recrudescence des épisodes orageux d'importance considérable. Lesquels orages entrainent d'une part la survenance des inondations dans la zone mais aussi agit comme facteur déclencheur des glissements de terrain.

25

20

30

15

10

5

0

Jan Fev mars avr mai juin juil aout sept oct nov déc

A1

A2 B1 C1

Abaque hydrothermique de Yaoundé

B2

T-6

Pmm

250

200

350

300

50

0

150

100

Figure 20: Abaque hydrothermique de la ville de Yaoundé Source : Tchindjang M. (2010) Cours Master EDMR

Le réseau hydrographique de la zone d'étude comme celui de la ville toute entière est très ramifié. Les cours d'eau s'écoulent dans deux directions préférentielles le Nord ou le Sud. Et cette zone appartient hydrologiquement au bassin versant du Mfoundi, qui a pour principal

73

cours d'eau le Mfoundi, dont quelques affluents tels l'Abiergue et Le Mingosso drainent la zone d'étude. Il ressort que la zone prise en compte par l'étude, se trouve à cheval entre 3 bassins versants secondaires (l'Abiergue, le Mingoa et le Biyem). De fait la zone d'étude est parcourue de rivières dont les débordements pendant les longs épisodes orageux du début et de la fin de la saison des pluies, conduisent parfois à des inondations des espaces humanisés avoisinants. (Planche photo 6)

A0

A1

B0

B1

Planche photo 6 : Gonflement de l'écoulement sur la rivière Mingosso (Clichés Fofack Georges, Mai 2015)

De cette planche photo, on observe deux sections distinctes d'une rivière de la zone. Les photos A0 et B0 présentent l'écoulement normal dans ces sections de cours avant une pluie. Celles A1 et B1 montrent les mêmes sections quelques instants après une pluie. On s'aperçoit du gonflement important de l'écoulement dont la conséquence est l'envahissement des espaces humanisés avoisinants.

74

I.2. LES FACTEURS HUMAINS

I.2.1. Une végétation sans cesse grignotée par la présence humaine

En ce qui concerne la végétation, la région de Yaoundé et ses environs, présentait à l'origine une végétation forestière constituée d'une forêt dense et d'une forêt semi décidue avec les Sterculiacées et les Ulmacées selon Letouzey (1968 et 1985).

Mais cette forêt dense a été attaquée par les hommes à des fins agricoles et pour l'exploitation forestière ; mais aussi à cause du fort taux d'urbanisation de ces 35 dernières années. Par rapport à ce point de vue on se rend compte que sur les versants abrupts, la végétation a de plus en plus disparu au fil des années, laissant place à un développement accéléré des habitations. Car les zones périurbaines qui étaient, il y a une vingtaine d'années à l'état naturel, ont été progressivement dégradées afin de pourvoir aux besoins de logements de plus en plus croissants dans la ville de Yaoundé. Notre zone d'étude en est un parfait illustratif de cette croissance spatiale qui a presque partout ici consumée le couvert végétal. Même dans les espaces répertoriés comme écologiquement sensibles et potentiellement à risques tels que les bas-fonds marécageux et les pentes des versants.

I.2.2. Le poids de la croissance démographique

Le rythme d'urbanisation est comparable à celui de toute la ville en général. Il est largement élevé de l'ordre de 4,2% entre 1973 et 1999. Il a largement dépassé ce seuil de nos jours. On s'aperçoit que notre zone d'étude dans les années 60 était quasiment inhabitée et qu'elle a été largement colonisée au cours de la période 1980-2000. Aussi, les proportions de cette urbanisation dans la zone sont aujourd'hui effrayantes. Comme le témoigne la figure 21 présentant images satellites de Google Earth du mont Akok-Ndoué, respectivement du 03 février 2002 (image A) et du 2 mars 2013 (image B).

On peut constater qu'il ne reste plus que des îlots de couvertures végétales. Celles-ci ont été presque totalement consumées par l'emprise humaine pour des fins principalement de logement. On s'aperçoit en outre que même les espaces de hauts reliefs et les bas-fonds qui sont écologiquement sensibles et interdits de constructions, sont presque totalement humanisés.

75

Image satellite A : Les versants du Mont Akok-Ndoué en 2002 Image satellite B : Les versants du Mont Akok-Ndoué en 2013

N N

Mont Akok-Ndoué

Figure 21 : Comparaison diachronique de l'humanisation des versants du Mont Akok-Ndoué entre 2002 et 2010 Source : Google Earth

76

Sur la figure 21, on observe une évolution significative de l'urbanisation sur les versants du mont Akok-Ndoué. Sur l'image A, les versants Ouest et Sud sont très peu humanisés. Par contre sur l'image B ces mêmes versants ont subi une pression humaine importante, entrainant une diminution de la couverture végétale. Ceci témoigne de l'explosion démographique de la ville et de l'extension spatiale de celle-ci.

I.2.3. La pauvreté et l'expansion de l'habitat précaire

Il est admis que la vulnérabilité varie également avec le niveau de développement des sociétés exposées. A l'échelle sociétale, la vulnérabilité varie tout aussi bien avec le niveau d'aisance sociale qui a un impact certain sur la qualité du logement. Lorsqu'on observe la figure 22 qui présente la typologie de l'habitat dans la ville de Yaoundé, il ressort que la zone étudiée se structure en grande partie de l'habitat spontané et précaire.

La précarité des logements expliquerait l'importance de la vulnérabilité des populations y résidentes aux risques d'inondations et de glissements de terrain.

Pic du mont Akok-Ndoué, 957m d'altitude

Planche photo 7: Logements précaires (Clichés Fofack Mujia Georges, Août 2012 et Mai 2015)

Sur la planche photo 7, on aperçoit des habitations en matériaux provisoires situées à plus de 800m d'altitude (photo A), c'est-à-dire à quelques mètres du pic du mont Akok-Ndoué. Sur la photo B, on s'aperçoit d'une habitation précaire sur le lit majeur d'une rivière. Ce qui justifie le fait que la vulnérabilité varierait avec la qualité du logement.

77

Figure 22 : Bassins versants et typologie de l'habitat dans la CUY Source : Données GUY (2010)

78

I.2.4. Les aménagements anthropiques non conformes

La vulnérabilité des populations dans la zone d'étude aux risques naturels et en particulier aux risques de glissements de terrain ne tient pas uniquement à la combinaison de facteurs physiques et à l'explosion démographique. L'auto-production urbaine généralisée dans cet espace, qui implique une auto-construction des logements (aucun promoteur immobilier pour viabiliser les espaces et lotir) entraine la multiplication des aménagements inadaptés et inappropriés au site. C'est le cas des terrassements non conformes aux règles de génie civil, des remblais et déblais sur des talus pentus, etc.

Le risque est par essence une construction sociale. De fait, l'ensemble des actions humaines sur le site à l'exemple de celles susmentionnées concourent à accroître la vulnérabilité des populations riveraines ainsi que l'exposition aux risques.

C

A

D

B

Planche photo 8: Exemples d'actions de terrassement non conformes (Clichés Fofack Georges Juillet et Septembre 2013)

79

Sur ce diaporama, on peut observer comme sus-décrit les aménagements humains inadaptés sur le site. Ces aménagements pour la plupart constitués de terrassements, de déblais, de remblais, fragilisent la stabilité des talus et des versants et augmente de fait la susceptibilité des terrains avoisinant à subir un mouvement, tout en accroissant parallèlement la vulnérabilité des populations qui y sont installées.

I.2.5. Difficulté d'accès au site

Il faut aussi remarquer non sans valeur que la configuration spatiale du secteur étudié (quartiers spontanés constituent l'essentiel de la zone habitée (Cf. photo D planche photo 8) montre un enclavement structurel et routier. Cette situation se traduit par un accès difficile au site de la zone d'étude en particulier les quartiers localisés sur les flancs de montagnes (Mewoulou, Akok-Ndoué I et II, Mvog-Betsi Eba). De fait, la vulnérabilité des populations qui y résident apparait plus importante. La difficulté d'accès au site traduirait une vulnérabilité plus élevé. L'assistance d'urgence (secours, évacuation, etc.) en cas de survenance d'un potentiel risque serait « un casse-tête ».

À la suite de ce qui précède, dont l'intention fut-il de ressortir et d'analyser la vulnérabilité aux risques de glissements de terrain et d'inondations dans les secteurs d'Akok-Ndoué et de Mvog-Betsi. La démarche expérimentée ici, consistait à user les données d'enquêtes socio-économiques et démographiques, la cartographie.

Il en ressort que la zone à l'étude à travers ses caractéristiques géographiques, structurelles, démographiques et sociales, se présente à l'évidence comme fortement exposée aux risques de glissements de terrain et d'inondations. La vulnérabilité des populations étant disparate, témoigne de l'exposition croissante des populations des zones urbaines aux risques naturels.

80

II. CARTOGRAPHIE DES RISQUES NATURELS DANS LA ZONE D'ÉTUDE

Dans cette section, il est question d'effectuer une cartographie des risques de glissements de terrain et d'inondations dans la zone d'étude afin de mettre en évidence les degrés d'exposition aux dits risques. Cela consiste en fait de passer de l'aspect théorique ou descriptif à l'aspect pratique et donc cartographique. Aussi, il va s'agir de ressortir les degrés de vulnérabilité des populations et de leurs biens face aux risques d'inondations et de glissements de terrain.

II.1. MÉTHODOLOGIE SPÉCIFIQUE

La compréhension des résultats cartographiques présentés dans cette section, nécessite de préciser la méthodologie spécifique qui a été mobilisée pour parvenir à de tels résultats. Il s'agit au préalable de la présentation des outils, des données, des méthodes et des techniques qui ont été utilisés pour la réalisation des cartes de susceptibilité et d'exposition aux risques.

La réalisation de la carte de la susceptibilité aux risques naturels dans notre matrice spatiale, a requis la mobilisation d'un certain nombre de données lesquelles sont consignées dans le tableau suivant :

Tableau 9: Variables prédictives retenues pour élaborer les cartes de susceptibilité

Catégories de
variables
retenues

Variables prédictives

Sources des données

Géomorphologie

1- Glissements de
terrain

Observations de terrain, carte topographique
de Yaoundé 1/10 000e

Topographie

2- Gradient de pente

MNT issu de la digitalisation des courbes de
niveau de la carte topographique de Yaoundé
1/10 000e

Occupation du

sol

4- Occupation du sol

Observations de terrain, images satellites
Landsat, Google Earth de la zone

Hydrologie

5- Réseau
hydrographique

Carte topographique de Yaoundé 1/10 000e

81

Figure 23 : Synthèse de la cartographie du risque Source : Guitard(2009)

II.2. CARTOGRAPHIE DU RISQUE DE GLISSEMENT DE TERRAIN

La cartographie du glissement de terrain dans la zone d'étude s'étale sur trois (3) principales étapes :

? Étape 1 : La détermination au préalable par la cartographie des éléments physiques qui prédisposent les populations. Ceci revient à mettre en évidence la carte des aléas ,
·

? Étape 2 : Ensuite la mise en évidence de la vulnérabilité par la cartographie ,
·

? Étape 3 : Enfin le croisement entre la carte des aléas et celle de la vulnérabilité.

Étape 1 : Cartographie des aléas

Nous avons débuté cette étape par la réalisation de la carte des pentes grâce à la numérisation des courbes de niveaux de la carte topographique de Yaoundé au 1/10 000e avec le logiciel Surfer 8. Après cela, nous avons exporté le résultat dans l`environnement Arcview (Arc Gis) où nous avons réalisé la carte des pentes (Fig. 24), afin d'avoir un aperçu de la distribution des pentes dans la zones d'étude.

Cette figure mettant en évidence le gradient de pente de la zone d'étude et des quartiers avoisinant, nous permet déjà d'apprécier les secteurs dont les pentes sont très importantes (tous les versants du mont Akok-Ndoué, quelques secteurs des versants du mont Mvog-Betsi).

Cela signifie théoriquement comme le présente le tableau 10, que la susceptibilité aux

82

glissements de terrain est accrue avec le gradient de pente. Plus la pente est forte, plus la susceptibilité l'est également et inversement.

De ce fait, la figure 24 montre la répartition des pentes dans la zone d'étude.

Figure 24: Carte des pentes de la zone à l'étude Source : Carte topographique de Yaoundé 1/10 000, INC

83

Au regard de la carte des pentes qui précède, l'hypothèse formulée est la suivante : plus les pentes sont fortes, plus le terrain est susceptible de glisser, si les autres conditions physiques (structure et texture du substrat en présence) sont réunies, et inversement. En suivant cette carte on distingue 5 classes de susceptibilité en prenant en compte la variable « inclinaison des pentes ».

Tableau 10: Caractérisation de la susceptibilité par considération du gradient de pente

Susceptibilité

S0 : Susceptibilité
nulle

Définitions

Conséquences probables et prescriptions

Aucune possibilité de déclenchement des glissements

de terrain,

(à cause du gradient de pente qui est nul à faible)

Il n'existe aucune menace réelle à l'échelle humaine ou le niveau de menace est

négligeable à l'état actuel des
connaissances

S1 : Susceptibilité
très faible

Possibilité très faible de déclenchement de
glissement de terrain

(Gradient de pente très faible)

La menace sur les personnes est faible ou inexistante. Mais de très faibles dommages

ou des perturbations mineures sont

envisageables. Le principe est à la

sensibilisation et l'autorisation de
construction sous prescription.

S2 : Susceptibilité
modérée

Possibilité modérée de déclenchement de glissement

de terrain

(Gradient de pente modéré)

La menace sur les bâtiments et les

personnes est présente mais modérée. Les dommages sérieux sur les habitations est à

prendre en compte si le mode de
construction n'est pas adapté. On peut s'attendre à une perturbation modérée des activités humaines. Le principe est à la règlementation (zones constructibles ou non sous prescription d'un coût élevé)

S3 : Susceptibilité
forte

Possibilité forte de déclenchement de glissement de

terrain

(Gradient de pente fort)

La menace sur les habitations est forte ainsi que sur les personnes. Une destruction des

habitations est à entrevoir à l'échelle
humaine ainsi qu'une perturbation majeure des activités humaines. Le principe est à

l'interdiction des constructions (zones
inconstructibles)

S4 : Susceptibilité
très forte

Possibilité très forte de glissement de terrain

(Gradient de pente très fort), Si les autres conditions
sont réunies : sol dégradé ou raviné, absence de
végétation, etc.

Source : Enquête de terrain, Août 2013

84

Ceci signifie théoriquement que la susceptibilité aux glissements de terrain en prenant en compte l'inclinaison des pentes se répartit comme suit :

? S0 : Les zones dont les pentes se situent entre 0 et 3° sont des zones très faiblement susceptibles aux glissements de terrain. Elles correspondent dans leur majorité à des zones de bas-fonds et les sommets des montagnes où les pentes sont presque nulles. C'est le cas des secteurs : Mewoulou, des bas-fonds d'Akok-Ndoué et de Mvog-Betsi et surtout des sommets de monts.

? S1 : Les zones dont les pentes se situent entre 3 et 8°, qui sont des zones faiblement susceptibles aux glissements de terrain, du fait du faible degré d'inclinaison de la pente. Elles correspondent sur le terrain aux bas de versants.

? S2 : Les zones dont la pente est comprise entre 8 et 14°, qui sont des zones dont les pentes sont moyennes et donc théoriquement très peu susceptibles aux glissements de terrain.

? S3 : Les zones dont la pente est comprise entre 14 et 24°, sont les zones dont les pentes

sont fortes. Ce sont des zones fortement susceptibles aux glissements de terrain.

? S4 : Les zones dont l'inclinaison de la pente se situe entre 24 et 45°, qui sont des espaces très fortement susceptibles aux glissements de terrain du fait des pentes qui sont ici très fortes. Elles correspondent sur le terrain aux hauts de versants. Ces secteurs correspondent dans la zone d'étude aux quartiers tels que : Akok-Ndoué I et II, Mvog-Betsi Eba I et II.

En complément à la carte des pentes qui nous a permis d'apprécier le gradient de pente dans la zone d'étude, nous avons également réalisé une restitution en 3D de la zone d'étude. Celle-ci nous a permis de réaliser le modèle numérique de terrain (MNT) de la zone d'étude. Ce MNT nous a permis d'observer la morphologie générale du site à l'étude afin d'identifier a priori les zones potentielles de glissements de terrain du fait de leur altitude et du gradient de pente.

85

Figure 25: Modèle numérique de terrain de la zone l'étude Source : Carte topographique de Yaoundé 1/10 000, INC

86

Étape 2 : Détermination de la vulnérabilité

En ce qui concerne la vulnérabilité, nous l'avons exprimée par le biais de la réalisation de la carte de l'occupation du sol de la zone d'étude et de ses environs. La figure 26 présente l'état de l'occupation du sol. On se rend compte que dans la zone, l'habitat est partout omniprésent. Même dans les zones dites « à risques » telles que les bas-fonds marécageux et les versants pentus de sommets. Cela signifie théoriquement qu'une bonne partie de la population de cette zone se trouve être exposée aux risques de glissements de terrain et d'inondation.

Toutefois, il convient de préciser que cette carte des pentes, illustre la prédisposition autrement dit la susceptibilité des versants à subir un glissement de terrain. Or notre définition du risque tel qu'élaborée dans le cadre conceptuel, considère le risque comme le croisement de l'aléa et de la vulnérabilité. (Cf. Tableau 11). Afin de mettre en évidence la susceptibilité aux glissements de terrain, nous avons croisé 2 variables à savoir :

? « L'inclinaison des pentes » ? « les enjeux »

SGT= IP×E

La formule mise en évidence est :

SGT= Susceptibilité aux glissements de terrain IP= Inclinaison des pentes

E= Enjeux.

Nous avons pour ce faire, considérer le risque comme la combinaison de l'aléa et de la vulnérabilité (voire cadre conceptuel, introduction générale) Nous avons retenus 5 classes d'intensité de l'aléa et 5 classes de vulnérabilité. Le croisement de ces classes d'aléa et de vulnérabilité se résume dans le tableau 11.

87

Figure 26: Occupation du sol dans la commune d'arrondissement de Yaoundé 6ème

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Tableau 11: Matrice de détermination des classes de risques

 

Aléa

Vulnérabilité

×

Très faible
(Classe 1)

Faible
(Classe 2)

Moyen
(Classe 3)

Fort

(Classe 4)

Très fort
(Classe 5)

Très faible
(Classe 1)

2

3

4

5

6

Faible
(Classe 2)

3

4

5

6

7

Intermédiaire (Classes 3)

4

5

6

7

8

Fort (Classe

4)

5

6

7

8

9

Très fort
(Classe 5)

6

7

8

9

10

Après que les dites variables aient été retenues, il importe de préciser que l'obtention de la carte de susceptibilité aux risques passe par la combinaison des variables sus-considérées. Afin de déterminer le degré d'exposition aux risques, nous avons distingués 5 catégories d'intensité de risques.

Figure 27: Carte de la susceptibilité aux glissements de terrain Source : Carte topographique de Yaoundé, Google Earth

89

Cette carte nous permet de constater les disparités dans l'exposition aux risques de glissements de terrain.

La susceptibilité aux glissements de terrain va de la mention très faible à la mention très forte en passant par les mentions faible, moyenne et forte. Cela signifie que la susceptibilité aux glissements ou mieux encore les degrés d'exposition sont différents en fonction des paramètres pris en compte.

II.3. CARTOGRAPHIE DU RISQUE D'INONDATION

La cartographie du risque d'inondation a également obéit à la même procédure, c'est-à-dire en 3 étapes : réalisation de la carte de l'aléa, celle de la vulnérabilité et enfin croisement des deux cartes pour obtenir la carte du risque d'inondation.

Étape 1 : Réalisation de la carte de l'aléa

À ce niveau nous avons élaboré la carte du réseau hydrographique. Celle-ci nous a permis d'observer la répartition du drainage dans la zone et de constater que le réseau hydrographique était dense et constitué d'une multitude de rivières à écoulement permanent.

Étape 2 : Détermination de la vulnérabilité

Pour mettre en évidence la susceptibilité aux inondations, nous avons croisé 2 variables à savoir :

? « la localisation par rapport au lit du cours d'eau »

SI= LLC×E

? « les enjeux »

La formule mise en évidence est :

Ou SI= Susceptibilité aux inondations

LLC= Localisation par rapport au lit du cours d'eau

E= Enjeux.

Cela nous a donc value d'établir pour ce risque 3 classes de susceptibilité. Le tableau 12 les en

résume :

90

Tableau 12: Classes de susceptibilité aux risques d'inondation

Susceptibilité

Caractéristiques

Définitions

Conséquences probables et prescriptions

S0 : Susceptibilité
nulle

Espaces situés à plus de
50 m du lit majeur du
cours d'eau ou de la
rivière

Aucune possibilité de
submersion par les eaux de
débordement,

Il n'existe aucune menace réelle à l'échelle

humaine ou le niveau de menace est
négligeable à l'état actuel des connaissances

S1 : Susceptibilité
intermédiaire

Espaces situés entre 20-
40 m du lit du cours
d'eau

Possibilité moyenne de
submersion par les eaux

La menace sur les personnes est moyenne Mais de très faibles dommages ou des perturbations mineures sont envisageables. Le

principe est à la sensibilisation et

l'autorisation de construction sous
prescription.

S1 : Susceptibilité
forte

Espaces situés entre 0-20 m du lit du cours d'eau

Possibilité élevée et quasi-
instantanée de submersion par
les eaux

Menace sur les hommes et sur les biens importante. Le principe à ce niveau est à la proscription des constructions. Si oui suivant des conditions de prise en compte du risque d'inondation.

Source : Enquête de terrain, Août 2013

Étape 3 : Cartes des risques d'inondations

Les figures 28, 29, 30 présentent l'exposition au risque d'inondation dans la zone d'étude. Force est de constater que cette exposition varie considérablement en suivant la prise en compte de la localisation de l'habitat humain ou de la distance euclidienne entre le lit du cours d'eau et l'habitat.

Cela signifie théoriquement que plus la demeure est proche du lit du cours, plus elle est et ses occupants sont susceptibles de subir les affres de la submersion par les eaux de débordement des inondations et inversement. Cela est encore d'autant plus vrai, dans la mesure où dans la zone d'étude, les populations n'ont pas réellement pris en compte le risque d'inondation durant l'aménagement. Cela signifie que les habitations ne sont pas adaptées aux zones d'inondations en termes de matériaux et de qualité du bâti.

91

Figure 28 : Espaces à risque d'inondations élevé dans la zone d'étude Source : Plan-guide de Yaoundé (2008), CUY et enquête de terrain (2013)

92

Figure 29 : Espaces à risque d'inondations modéré dans la zone d'étude Source : Plan-guide de Yaoundé (2008), CUY et enquête de terrain (2013)

93

Figure 30: Synthèse de l'exposition au risque d'inondation

Source : Plan-guide de Yaoundé (2008), CUY et enquête de terrain (2013)

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Figure 31: Exposition au risque d'inondation Source : Fofack Georges (Septembre 2013)

Sur cette image de Google Earth géoreférencée de la zone d'étude sur laquelle nous avons appliqué des « buffers » de valeurs 50m et 100m de part et d'autre du réseau hydrographique, on observe qu'une quantité importante d'habitations se trouve dans les zones de forte susceptibilité aux inondations. Cela permet également de s'apercevoir de la densification de l'habitat dans les espaces de bas-fonds qui par essence sont régulièrement sujette aux inondations.

L'exposition aux risques de glissements de terrain et d'inondation se trouve être différente d'un endroit à l'autre de la zone d'étude. On relève dans la zone étudiée, les populations très exposées, les populations moyennement exposées et les populations faiblement exposées. Cela donne également lieu à des vulnérabilités différentes : des plus vulnérables aux moins vulnérables.

Dans ce chapitre, il était question de pouvoir se servir de l'approche par les SIG pour mettre en évidence la susceptibilité aux risques d'inondations et de glissements de terrain dans

95

la zone à l'étude. La méthodologie employée, insistait sur le croisement de l'aléa et de la vulnérabilité pour déterminer les cartes des risques.

La carte de la vulnérabilité pour les glissements de terrain incorporait un seul paramètre : l'inclinaison des pentes. Quant à celle de la vulnérabilité aux inondations, elle prenait en compte la distance euclidienne par rapport au lit du cours d'eau comme paramètre d'expression de la vulnérabilité.

Cette approche nous a permis de dériver sur des cartes d'exposition ou de susceptibilité aux risques de glissements de terrain et d'inondations.

Seulement, le résultat de cette analyse aurait été plus affiné si d'autres paramètres tels que le coefficient d'infiltration, la nature des substrats, les accidents géologiques, la qualité du bâti, la perception ou non du risque, etc ; avaient été agrégés à l'analyse et insérés dans la base de données de l'étude. Cela aurait le mérite de rendre plus fins, nos cartes de susceptibilité des risques analysés.

Néanmoins, les résultats auxquels nous sommes parvenus dans cette séquence de notre travail, démontre à suffisance que dans notre matrice spatiale, le risque est présent et qu'en outre la susceptibilité aux risques varie considérablement d'un point à l'autre. Cela signifie que l'exposition aux risques dans cette zone est fonction de la position topographique sur laquelle se situent les vulnérabilités (pour les risques de glissements de terrain) et de la localisation des vulnérabilités en fonction du lit du cours d'eau (pour les risques d'inondations).

Nonobstant cette exposition différente aux risques hydro-morphologiques dans la zone à l'étude, il y a une réelle nécessitée de mettre en place des stratégies à même de réduire considérablement cette exposition et par là de minimiser le risque de catastrophe à long terme. Quel est l'état des lieux des stratégies et du cadre juridique autour de la protection des populations face aux risques dans la zone d'étude ? Quelles sont les stratégies qui peuvent être expérimentées afin de surseoir une réduction considérable de l'exposition aux risques des populations des secteurs Akok-Ndoué et Mvog-Betsi ? Ces questions trouveront écho dans le prochain chapitre.

CHAPITRE III:

POLITIQUES, STRATÉGIES DE GESTION ET DE
PRÉVENTION DES RISQUES À AKOK-NDOUÉ ET
MVOG-BETSI

« La maitrise du risque est l'idée révolutionnaire qui définit le passage aux temps modernes : l'idée que l'avenir ne dépend pas des caprices des dieux et que les hommes et les femmes ne sont pas sans défense face aux force de la nature »

BERNSTEIN (1960): Against

the Gods-The remarkable story of risk

96

INTRODUCTION

La gestion et la prévention des risques au Cameroun de façon générale incombent à une principale structure, en l'occurrence, la direction de la protection civile (DPC). Cette structure qui est rattachée au Ministère de l'administration territorial et de la décentralisation (MINATD), est chargée de la coordination de toutes les stratégies qui concourent à la gestion et la prévention des risques sur le triangle national.

I. LES PRINCIPALES STRUCTURES DE GESTION ET DE PRÉVENTION DES RISQUES

La DPC, dans l'optique de faciliter la gestion et la prévention des risques, via la collaboration et la concertation, est secondée par plusieurs organes de coordination qui agissent sur deux plans : celui stratégique et opérationnel.

I.1. AU PLAN STRATÉGIQUE

Dans ce registre, nous relevons plusieurs organes de coordination à savoir :

V' Le Conseil National de la Protection Civile (CNPC)

V' L'Observatoire National des Risques (ONR)

V' La Plate-forme Nationale pour la Réduction des Risques de Catastrophes (PN2RC).

I.1.1. Le Conseil National de la Protection Civile (CNPC)

C'est un organisme consultatif du Président de la République en matière de protection civile. Il a été créé le 12 Mars 1996. Il regroupe des hauts responsables gouvernementaux du secteur. C'est un organisme purement consultatif.

I.1.2. L'Observatoire National des Risques (ONR)

C'est un mécanisme de veille sécuritaire mis en place par arrêté du Premier ministre le 19 mars 2003. La mission principale de cet observatoire selon l'article 2 de l'Arrêté n° 037/PM du 19 mars 2003 portant création, organisation et fonctionnement d'un Observatoire National des Risques est : « la collecte, la gestion et la diffusion des informations sur les risques naturels, technologiques, industriels et anthropiques ». Cet organe comporte des points focaux régionaux.

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I.1.3. La Plate-forme Nationale pour la Réduction des Risques de Catastrophes (PN2RC)

C'est un cadre permanent de concertation et d'échange d'information entre l'ensemble des partenaires nationaux de la Protection Civile. Elle a été créée en septembre 2010. Elle oeuvre dans l'implémentation du Cadre d'Action de Hyôgo 2005-2015, (qui milite pour l'intégration des préoccupations de protection civile dans tous les plans afin que les nations et les communautés soient résilientes face aux catastrophes).

I.2. AU PLAN OPÉRATIONNEL

Concernant cet aspect, nous avons des structures plus pratiques chargées de la mise en oeuvre des mesures de protection. Nous avons à ce titre :

V' Les Cellules de Veille Sécuritaire

V' La Commission d'Agrément des Plans d'Urgence

V' La Commission d'Analyse des Risques de Construction

I.2.1. Les Cellules de Veille Sécuritaire (CVS)

Ce sont des mécanismes de collaboration au niveau local, placés auprès des autorités administratives (gouverneurs de régions et préfets). Elles ont été mises en place suivant les termes d'une circulaire du MINATD du 15 janvier 2010. Elles ont pour principale mission : le renforcement des mesures de prévention des risques dans les unités administratives de l'État.

I.2.2. La Commission d'Agrément des Plans d'Urgence (CAPU)

C'est une plate-forme interministérielle chargée d'approuver les outils d'opération interne en cas de crise.

I.2.3. La Commission d'Analyse des Risques de Construction (CARC)

C'est un mécanisme de concertation en matière d'élaboration de normes de construction des immeubles.

Le constat qui se dégage de cette architecture structurelle qui entoure la gestion et la prévention des risques, est que le pays dispose d'un ensemble de structures, mais dont la majorité est purement consultative. De plus, il semble également surgir de cette analyse que, plusieurs de ces structures tant stratégiques qu'opérationnelles, opèrent ou sont actualisées et déployées uniquement lorsque les crises surviennent.

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Aussi, au regard du rôle assigné à l'ONR, on se rend compte dans la pratique, qu'il y a un défaut de disponibilité des données collectées en ce qui concernent les risques de façon générale et les risques naturels en particulier.

La figure 32 présente l'architecture fonctionnelle des organes en charge de la gestion des risques au Cameroun.

Il se dégage dans cette architecture, qu'aucun centre de recherche n'est associé , aucune équipe scientifique, aucune équipe de recherches spécialisées, aucun laboratoire scientifique dédié à l'étude et l'analyse des risques de glissements de terrain et/ou d'inondations ne participent à des études de terrain afin de dresser des plan de gestion et de prévention des risques en milieu urbain.. Bref l'organisation de la gestion et la prévention des risques y est purement administrative.

Pourtant, un observatoire national du risque (ONR) comme nous l'avons vu a été créé (Voir annexe 1) par l'arrêté n° 037/PM du 19 mars 2003. Les rapports émanant de cet organisme ne sont pas permanent et surtout présente une analyse sommaire de la situation du Cameroun en ce qui concerne les risques (naturels, technologiques et sanitaires). Ces rapports sommaires réalisés à l'échelle nationale, ne présentent pas la vulnérabilité des populations face aux risques à une échelle fine (par exemple, l'exposition des villes face aux risques).

99

Conseil
National de la
Protection
Civile (CNPC)

Organe
consultatif de la
présidence en
matière de
protection civile

Au plan stratégique

Observatoire
National des
Risques
(ONR)

? Collection ? Gestion

? Diffusion des informations sur les risques

Plate-forme Nationale pour
la Réduction des Risques de
Catastrophes
(PN2RC)

? Concertation

? Échange d'information sur les risques

DIRECTION DE LA PROTECTION CIVILE

Cordonne

Cellules de

Veille
Sécuritaire

(CVS)

Collaboration locale

Source: www.minatd.cm/DPC/ONR/ Adaptation graphique Fofack Mujia Georges

Approbation des
outils de
prévention des
risques

Commission
d'Agrément des
Plans d'Urgence
(CAPU)

Au plan opérationnel

Commission d'Analyse
des Risques de
Construction (CARC)

Concertation sur
les normes de
construction

Figure 32: Schéma de coordination des structures de la DPC

100

II. NOMENCLATURE DES TEXTES LÉGISLATIFS ET RÉGLEMENTAIRES

Sans être exhaustif, nous avons pu distinguer ces textes en fonction de leur portée.

II.1. Du point de vue législatif

Il convient de préciser que suivant ce point de vue, plusieurs lois dont l'essence, concoure à la gestion et la prévention des risques existent. Le texte le plus important et dont la portée concerne la prévention des risques est la Loi N° 2004/003 du 21 avril 2004 régissant l'urbanisme au Cameroun. Ce texte législatif de portée nationale, précise en son article 9 alinéa (1) que rappelons le : « Sont inconstructibles, sauf prescriptions spéciales, les terrains exposés à un risque naturel (inondation, érosion, éboulement, séisme, etc.); les parties du domaine public classées comme telles et les aires écologiquement protégées telles que définies par la législation relative à la gestion de l'environnement ».

Théoriquement cette loi met en avant l'argument de la prévention de risques entre autres des risques naturels tels que les inondations, les éboulements, etc.

Cependant, en considérant l'aspect pratique, l'évidence est que les collectivités territoriales décentralisées (les communes) en l'occurrence la commune d'arrondissement de Yaoundé 6ème, ne veille pas à l'application de ladite loi. Or le texte précise en son article 18 que les maires au plan local sont en charge de l'application de ladite loi : « Les maires assurent la diffusion et l'application des dispositions prévues aux règles générales d'urbanisme et de construction, en recourant à tous les moyens nécessaires et en impliquant, notamment, les services locaux de l'urbanisme ou ceux chargés des questions urbaines, selon le cas, ainsi que les associations de quartiers. ». Ce qui soulève la question de la léthargie ou du laxisme des autorités administratives. Conduisant ainsi à l'exposition de plus en plus croissante de la population des secteurs périurbains d'Akok-Ndoué et de Mvog-Betsi aux risques morpho-hydrologiques.

De plus cette loi exige que toute collectivité territoriale décentralisée dispose d'un document de planification urbaine (document qui détermine les conditions permettant, d'une part, de limiter l'utilisation de l'espace, de maîtriser les besoins de déplacements, de préserver les activités agricoles, de protéger les espaces forestiers, le patrimoine culturel, les sites et paysages naturels ou urbains, de prévenir les risques naturels et les risques technologiques, ainsi que les pollutions et nuisances de toute nature et, d'autre part, de prévoir suffisamment d'espaces constructibles, pour les activités économiques et d'intérêt général, ainsi que pour la satisfaction des besoins présents et futurs en matière d'habitat et d'équipements publics). Ce document de planification urbaine peut être soit un Plan Directeur d'Urbanisme; un Plan

101

d'Occupation des Sols; un Plan de Secteur; un Plan Sommaire d'Urbanisme à une échelle d'au moins 1/5000e et 1/10000e. Or la commune d'arrondissement de Yaoundé 6ème ne dispose d'aucun de ces documents cartographiques.

II.2. Du point de vue réglementaire

En plus de tout l'amalgame de structures à vocation stratégique et l'arsenal juridico-législatif entourant la question de gestion et de prévention des risques précisément dans la ville de Yaoundé, il convient tout de même de préciser ici que, la CUY n'est pas en restée en marge des tentatives infructueuses de juguler cette problématique des risques. Plusieurs mesures émanant de la CUY sont mises en oeuvre depuis plus de trois décennies en vue de ralentir l'anthropisation des zones dites « non aedificandi ». Parmi ces mesures, on note :

? L'installation des plaques portant les informations « République du Cameroun, Communauté Urbaine de Yaoundé, zone de hauts reliefs protégés, interdite à la construction ». Toutefois des mesures d'accompagnement de cette initiative à l'instar du respect effectif de la prescription des pancartes n'ont pas suivi. Cela s'est traduit par la colonisation croissante de ces zones dites à risques par des occupants qui continuent d'élire comme lieu de domicile, ces zones.

? la Déclaration d'Utilité Publique18 (DUP) sur les hauts sommets et leurs terrains attenants tels que Fédé, Mbankolo, Messa, Akok-Ndoué et autres, demandée et obtenue par la CUY depuis janvier 2008. Ceci justifie l'intention de la CUY de Yaoundé de mettre en place sur ces lieux, des projets futurs. Or l'anthropisation des versants de ces sommets en particulier ceux de d'Akok-Ndoué et Mvog-Betsi, est sensiblement croissante. Ces terrains déclarés « d'utilité publique » sont ici mis en vente et des maisons y sont construites. Seuls les terrains se trouvant sur des affleurements rocheux sont épargnés par la vente illicite et la construction illégale. (voire planche photo 9)

? La création des forêts urbaines (reboisements des bas-fonds avec les Eucalyptus) particulièrement dans les zones de bas-fonds dans le but de ralentir l'occupation de ces espaces par les populations.

18C'est un acte administratif pris par le ministère en charge des domaines et des affaires foncières, déclarant d'utilité publique les terrains devant accueillir des projets (futurs) d'intérêt général. La CUY a demandé et obtenu cet acte depuis janvier 2008 pour les hauts sommets de la ville de Yaoundé.

102

Ces mesures à elles seules ne suffisent pas à prévenir les risques précisément le risque de mouvements de terrain sur les versants d'Akok-Ndoué et de Mvog-Betsi. D'autant plus que depuis l'installation des pancartes interdisant l'utilisation des terrains situés au-delà de 800 m d'altitude et l'obtention de la déclaration d'utilité publique par la CUY sur ces terrains, aucune action dont la vocation fut-elle de promouvoir ces décisions, n'a été menée. À côté de ce manque de sensibilisation de proximité des populations sur le caractère invendable et inaliénable des terrains déclarés d'utilité publique, on constate une progression importante des constructions sur ces terrains. Ce qui traduit la forte exposition de ces populations aux risques.

III. DISCUSSIONS AUTOUR DE LA PERTINENCE DE LA GESTION ET DE LA PRÉVENTION DES RISQUES

Il faut le dire ici, malgré la multiplicité des textes législatifs et réglementaires qui entourent, la gestion et la prévention des risques de façon générale au Cameroun et plus spécifiquement dans la zone à l'étude qui administrativement se situe dans la commune d'arrondissement de Yaoundé 6ème, il apparait au terme de notre recherche que cette gestion ou alors la prévention des risques de mouvements de terrain et d'inondations est loin d'être efficace. La récurrence des inondations dans la zone en saison des pluies, soulève en permanence, le débat sur l'applicabilité et l'application des textes législatifs et réglementaires.

III.1. Le laxisme dans l'application des textes législatifs et réglementaires

L'une des tares qui contribuent à l'exposition croissante des populations aux risques d'inondations et mouvements de terrain la zone à l'étude, demeure le laxisme dans l'application au niveau communal des textes législatifs et réglementaires. Dans la mesure où plusieurs textes légiférant l'urbanisme et en particulier la constructibilité des sites ont été mis en place. Toutefois, il faut le préciser qu'ils ne sont guère appliqués dans la zone. Ceci à cause du laxisme de l'autorité communal dans bien de cas. La photo 3 illustre ce cas de figure. On aperçoit une bâtisse, premièrement sur un site collinaire à risques, qui est marqué de l'inscription « A démolir ». Inscription qui a été porté le 16/12/2010 mais malheureusement, cette décision de démolition n'a jamais été exécuté, pour des raisons que nous ignorons jusqu'ici. De plus, la construction sur de sites à risques, requiert selon la loi d'urbanisme de 2004, des autorisations spéciales, et doit être précédée des études géotechniques spécifiques mais surtout doit respecter des règles précises en termes de matériaux de construction. Ce qui n'est le cas de la bâtisse sur la photo. Ce constat est légion dans la zone. Cela traduit ainsi d'un côté la complaisance de l'autorité communale et la difficulté d'application des textes législatifs dans la zone, qui est un front important d'urbanisation de la ville de Yaoundé.

103

Sur la photo A, on a en arrière plan des versants complètement humanisés au quartiers Mvog-Betsi et Mewoulou (Versants du mont Mvog-Betsi). Ce sont uniquement les affleurements rocheux qui sont épargnés par les constructions à cause de l'impossibilité d'y implanter les habitations. Sur la photo B, les constructions humaines s'étendent jusqu'à plus de 850 m d'altitude sur le mont Akok-Ndoué. On s'aperçoit également que c'est l'affleurement rocheux situé en arrière plan qui a stoppé la progression anarchique des habitations sur le versnt Sud-est . En outre ces espaces, faisant partie du domaine classé d'utilité publique par le GUY et zones à risques par la loi d'urbanisme de 2004, sont pris d'assaut par les installations humaines au détriment des lois et des mesures municipales.La couverture forestière a cependant presque totalement disparue.

A

Affleurements rocheux au mont Mvog-Betsi

B

Affleurement rocheux sur le versant Sud-est du mont Akok-Ndoué

Planche photo 9: Forte anthropisation des versants des monts Akok-Ndoué et Mvog-Betsi (Clichés Fofack Mujia Georges, Août 2012 et Juillet 2013)

104

Sur cette photo, on aperçoit une bâtisse au quartier Mewoulou II, qui porte une inscription de la commune d'arrondissement de Yaoundé 6e suivante « CAY 6e A démolir 16.12.2010 ». Le 30 juillet 2013, date de notre passage dans cette zone au cours de nos investigations de terrain, Cette case n'avait pas encore été détruite, pas sûr qu'elle le sera un jour. Cette situation qui s'observe dans bien de cas, justifie de la passivité de la collectivité territoriale décentralisée en charge de cette zone. Selon les dires du propriétaire, cette inscription a été mise pour « défaut de permis de bâtir » or la bâtisse se trouve à plus de 800m d'altitude, logiquement une zone à risques, qui est située dans le domaine déclaré d'utilité publique de la CUY.

Photo 3 : Illustration du non-respect des décisions de la commune de Yaoundé 6e (Cliché Fofack Georges, Juillet 2013)

III.2. L'absence de sensibilisation concernant les textes législatifs: élément d'accroissement de l'exposition aux risques dans la zone.

Il faut aussi souligner que la méconnaissance ou l'ignorance des textes législatifs en matière particulièrement d'urbanisme, de délivrance des titres fonciers, de constructibilité des sites, est très souvent observé dans la zone. Cette situation concoure à augmenter l'exposition des populations aux risques.

105

Encadré 1 : Extrait de l'entretien avec Mr Nguika J.N., propriétaire d'une demeure sur le versant Sud-est du mont Akok-Ndoué (Petit village)

f...] Moi j'ai acheté le terrain sur lequel se trouve ma maison en 2001 par l'intermédiaire d'un ami. J'ai commencé les travaux de construction de ma maison un an plus tard... Je n'ai pas de titre foncier et de permis de bâtir. Je ne sais pas si ma maison est sur un site à risques [...]

On s'aperçoit clairement au terme de cet encadré que la méconnaissance des textes législatifs (en l'occurrence la loi d'urbanisme de 2004) combinée à l'hétérogénéité des mécanismes et des procédures d'accès à la propriété foncière dans les secteurs d'Akok-Ndoué et de Mvog-Betsi ainsi que la non perception des risques, concourent à prédisposer de façon croissante la population aux risques. Cet itinéraire d'accès à la propriété foncière est légion dans ces 2 secteurs périurbains.

III.3. L'incohérence opérationnelle des structures en charge de la gestion des risques

Il est certes vrai qu'en matière de gestion et de prévention des risques, le Cameroun dispose d'une pléthore de structures y afférentes. Toutefois, la difficulté réside dans l'incohérence dans la coordination de la gestion et la prévention des risques. Il y a un nombre non négligeable de structures impliquées dans ce sens en théorie. Mais dans la pratique, cette situation a induit une réelle problématique de coordination de la gestion et de la prévention des risques au Cameroun en général et dans la zone à l'étude en particulier.

IV. LES POPULATIONS FACE AUX RISQUES A AKOK-NDOUÉ ET MVOG-BETSI : Entre lutte permanente, solutions infructueuses et adaptation au milieu

À côté des de l'inefficacité des solutions et des stratégies de l'appareil étatique face la gestion et la prévention des risques de glissements de terrain et particulièrement des inondations, les populations des secteurs étudiés ont mis et continuent de mettre en place des solutions ponctuelles et parfois infructueuses la plupart du temps pour faire face à ces risques ou pour les contourner. Le danger demeure permanent malgré les solutions locales.

106

IV.1. Une lutte quasi-quotidienne face aux inondations : le curage des drains

Pour s'affranchir du risque permanent d'inondations, les populations ont très vite compris l'utilité du curage du lit des cours d'eau qui sont envahis par les amas d'ordures qui obstruent les canaux de ruissellement et causent les inondations. A cause de l'importante récurrence des inondations dans la zone, ces actions de curage sont organisées par les riverains des cours d'eau avant, pendant et après les pluies afin de permettre aux cours d'eau de ruisseler dans le chenal.

A B

Planche photo 10: Curage de drains des cours d'eau (Clichés Fofack Mujia, Septembre 2013)

Sur la planche photo 10, on observe, la lutte permanente effectuée par les riverains des bas-fonds de la zone pour lutter contre les inondations. Sur l'image A, on s'aperçoit des amas d'ordures qui empêchent le ruissèlement dans le chenal normal. Sur l'image B, l'un des riverains qui immédiatement après la pluie se lance dans une tentative de curage du lit du cours d'eau afin de faciliter le ruissèlement normal et le retrait des eaux d'inondations.

Malgré la réponse des populations face aux inondations impliquant la répétitivité de ces actions de curage des drains des cours dans le but de réduire la survenance de ce risque, le constat qu'on a pu effectuer est que ces solutions n'ont qu'un effet ponctuel et d'une temporalité très réduite. Cela signifie qu'en dépit de ces efforts, les inondations sont quasi-permanentes durant les saisons de pluies.

IV.2. La surélévation des fondations des habitations dans les bas-fonds

En réponse à la répétitivité des inondations, certains riverains des cours d'eau et des zones

marécageuses, ont plutôt décidé de s'adapter au milieu. L'une des stratégies de prévention et

107

d'adaptation aux inondations est la surélévation des fondations des habitations dans les secteurs les plus menacés.

Photo 4: Surélévation des fondations (Cliché Fofack Mujia, Mai 2015)

Sur cette image, nous avons l'illustration de la prévention des inondations à travers la surélévation de la fondation de l'habitation. La flèche rouge indique la limite supérieure de la fondation d'une habitation qui se trouve à plus 1.5m du sol. La flèche noire indique le lit du cours d'eau. Cela permet de s'apercevoir de la proximité de l'habitation d'avec le cours d'eau. Toutefois, il convient de préciser que cette stratégie permet d'éviter que les eaux envahissent l'intérieur des maisons mais contraint les riverains à rester cloîtrer dans leur habitation pendant toute la durée de l'épisode orageux et le temps du retrait des eaux.

IV.3. Constructions de digues de protection

Aussi, pour répondre aux inondations incessantes, les riverains entre autres de stratégies de protection et de prévention, conscients du danger permanent, ont opté lors des aménagements des habitations, à la construction dans le même temps des digues de protection. Même si par défaut de données précises sur la hauteur maximale des eaux dans le chenal d'écoulement lors des épisodes orageux, ces digues sont parfois débordées par les eaux qui envahissement les habitations.

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Photo 5: Digue de protection (Cliché Fofack Mujia, Mai 2015)

Sur cette image, une digue de protection contre les inondations. Cependant, il faut remarquer que cette digue qui fait plus de 2m, est une solution efficace pour lutter contre les inondations. Mais l'absence de données précises sur la probable hauteur des eaux dans le chenal d'écoulement rend imprévisible et permanent la possibilité d'inondations et d'envahissement des habitations riveraines de la digue en cas d'épisodes orageux d'une durée importante et d'une intensité similaire.

IV.4. Constructions des murs de soutènement

Pour faire face à la susceptibilité de glissements de terrain et pour s'en prémunir, certains riverains dont les conditions économiques le permettent ont érigé des murs de soutènement (avec des pierres et du béton) afin de retenir des grandes quantités de terrain dont la base a été excavé pour des terrassements pré-constructifs.

La remarque qu'il faut avancer ici est que cette stratégie de prévention est ponctuelle, c'est-à-dire ne concerne habituellement qu'une seule habitation ; d'autre part, il faut noter que celle-ci n'est pas réaliser par toutes les habitations situés sur les sites collinaires. De fait cette protection ponctuelle, si elle empêche parfois les éboulements, ne saurait être une solution de prévention des glissements de terrain parce que la quantité de terrain impliqué dans un glissement de terrain est nettement plus importante que celui d'un éboulement. Cette protection ponctuelle ne résorberait pas le problème.

109

Photo 6 : Murs de soutènement sur un versant pentu (Cliché Fofack Mujia, Août 2012)

Sur cette photo, on a un exemple de mesure de prévention des mouvements de terrain. Pour protéger sa demeure, ce riverain dont l'habitation est située sur un versant pentu du mont Akok-Ndoué a bâti un mur de soutènement en pierres.

IV.5. La résilience : une attitude partout observée

« Capacité d'un système, une communauté ou une société exposée aux risques, de résister, d'absorber, d'accueillir, et de corriger les effets d'un danger19 » la résilience est ici caractéristique de la population étudiée dans la zone à l'étude. Lors des entretiens menés sur le terrain avec les riverains, d'aucuns ont laissés entrevoir dans leur propos « savoir qu'ils sont installés sur une zone à risque (inondations) » et affirment « vivre avec le risque permanent ». L'acceptation et la perception du risque rappellent constamment dans la mémoire des riverains, la nécessité de vivre en alerte permanente quant à la susceptibilité aux risques.

A côté des conditions socio-économiques qui ne permettent guère à cette population de quitter ces espaces à risques, celle-ci a décidé de vivre avec le risque et de développer des stratégies lui permettant de continuer une existence normale après la survenance du risque (inondations).

19 UNISDR (United Nations International Strategy for Disaster Reduction)

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Au terme de l'analyse qui précède, dont l'essence portait sur l'état des lieux du cadre législatif et réglementaire, concernant la gestion et la prévention des risques dans la zone à l'étude ainsi que les stratégies mis en place par les populations riveraines pour s'en prémunir. Il convient de relever qu'en dépit de la multiplicité, l'hétérogénéité du cadre législatif et réglementaire en matière de prévention des risques, toutes les solutions ponctuelles et non durables mis en place par les populations, la gestion et la prévention des risques ne sont guère efficaces. L'exposition croissante des populations des secteurs d'Akok-Ndoué et de Mvog-Betsi aux risques de mouvements de terrain et aux inondations, met à nu la faiblesse de l'opérationnalité de l'arsenal juridique qui entoure la gestion et la prévention des risques dans la zone ainsi que des solutions jusque-là expérimentés par les populations. Ceci se manifeste entre autre par le laxisme dans l'application de textes législatifs et réglementaires au niveau de l'autorité communale ainsi qu'au niveau des populations concernées, l'absence de cartographie efficiente des zones à risques au niveau de l'autorité décentralisée, défaut de disponibilité des données sur l'évolution de l'occupation du sol dans l'arrondissement, etc. Aussi, l'absence de stratégies opérationnelles concrètes et d'actions planifiées tant au niveau de la communauté urbaine de Yaoundé, de la commune d'arrondissement de Yaoundé VI que des populations, corroborent ce constat. Cette situation contribue dans la pratique à accroitre l'exposition des populations de ladite zone d'étude aux risques de mouvements de terrain et d'inondations. De fait, d'autres stratégies peuvent être expérimentées afin de garantir à court, moyen et long terme, une réduction croissante de l'exposition des dites populations aux risques sus-évoqués. En outre, l'approche de la cartographie, apporte un pan de solution à la planification préventive de l'urbanisation démesurée dans le but de réduire l'exposition aux risques. L'ultime étape de ce travail de recherche apporte une solution cartographique ainsi que quelques propositions de stratégies en vue de réduire l'exposition aux risques.

V. STRATÉGIES DE GESTION ET DE PRÉVENTION DES RISQUES DANS LA ZONE D'ÉTUDE

Un adage populaire dit que : « gérer, c'est prévoir, prévoir c'est savoir et savoir c'est mesurer ». Cette prévention passe par l'anticipation. Ceci pour préciser l'importance significative que la prévention jouerait dans la gestion des risques. Cette gestion passe inéluctablement par la mesure. Cette mesure quant à elle s'effectue par la modélisation des scénarios et la production des données géoreférencées. Dans cet ultime section de notre travail, il sera en effet question de s'appuyer sur l'état des lieux de la gestion et de la prévention des risques dans la zone, pour proposer des stratégies visant à prévenir les risques étudiés afin les gérer de façon efficace et efficiente. Cette séquence débouchera sur la proposition de multiples

111

solutions à l'instar du zonage susceptible de réduire l'exposition des secteurs Akok-Ndoué et Mvog-Betsi aux risques hydro-morphologiques tels que les glissements de terrain, les chutes de blocs et les inondations.

V.1. STRATÉGIES DE PRÉVENTION DES RISQUES DE GLISSEMENT DE TERRAIN ET DE CHUTES DE BLOCS

Les glissements de terrain constituent dans la pratique des phénomènes naturels dont les manifestations résultent généralement de la combinaison des facteurs aggravants ou déclencheurs, la présence des zones d'érosion par exemple, l'inclinaison des pentes, les propriétés géologiques et géotechniques des sols, les conditions d'eau souterraine, etc. Ces événements surviennent dans la majeure partie des cas au cours des saisons de pluies, lorsque la pression hydraulique de l'eau est critique pour la stabilité des talus. La fréquence de ces événements peut être augmentée par les épisodes météorologiques extrêmes.

D'un autre point de vue, une bonne partie des glissements de terrain est liée à des interventions humaines sur des talus, fragilisant des zones déjà susceptibles à ce phénomène. Cela signifie que les stratégies visant à réduire la prédisposition des différents secteurs de Mvog-Betsi et d'Akok-Ndoué, doivent s'attaquer aux interventions humaines inappropriées. Signifiant ainsi que toutes les interventions humaines pouvant compromettre l'équilibre d'un talus ou d'un versant pentu doivent être évitées. Il s'agit principalement de : surcharge au sommet des talus, des opérations de déblai ou d'excavation à la base des talus ou déboisement des versants et des talus.

V.1.1. Éviter les surcharges au sommet des talus et sur les versants pentus

Les surcharges des versants ou des sommets des talus par la construction des remblais, l'entreposage de matériaux tels que les pierres de construction, la terre d'excavation, peuvent nuire à la stabilité des versants ou des talus. Dans la mesure où ce poids supplémentaire peut ainsi modifier dans la pratique l'équilibre du talus ou du versant et ainsi déclencher à court ou à long terme les glissements de terrain. Or en théorie, un remblai augmente l'inclinaison de la pente ; ce qui augmente les risques de survenance des glissements de terrain en particulier si un épisode orageux se produit avec une forte intensité et ou une intensité faible mais avec une durée importante. La photo 7, présente des surcharges au sommet d'un talus et sur un versant pentu respectivement dans les quartiers Mvog-Betsi (Mewoulou) et Akok-Ndoué (Akok-Ndoué II).

112

Photo 7: Surcharges au sommet d'un talus et sur d'un versant pentu (Cliché Fofack Mujia, Août 2012)

Sur la photo 7, on s'aperçoit des différentes surcharges liées aux implantations humaines sur les talus et les versants pentus : on observe des habitations au sommet d'un talus au quartier Mvog-Betsi dont la base a été considérablement victime de déblai et d'excavation de matériaux (pierres pour la construction) ; Ces actions agissent comme des facteurs aggravants du risque de glissements de terrain.

En effet, les surcharges des talus et des versants sont monnaie courante dans les secteurs d'Akok-Ndoué et de Mvog-Betsi. Ce type d'interventions humaines réalisées sans consultations géotechniques préalables, est de nature à interagir en tant que facteurs aggravants ou à être à l'origine des glissements de terrain à court ou long terme. Le poids additionnel induit par la densification des habitations sur les versants pentus et sur les talus ou le stockage des matériaux excavés ou déblayés tels que les pierres de construction, la terre d'excavation au sommet des talus ou sur les versants à forte pente, prédisposent les zones sous-jacentes à des risques d'occurrence de glissements de terrain. Dans la mesure où le talus ou le versant pentu en dehors du poids des matériaux colloïdaux qui le constituent, doit également subir la pression physique (poids) de la charge additionnelle ajoutée sur le talus ou le versant pentu.

Cela peut s'exprimer par : Où :

 

113

Pmax = Pmc + Pam+G+p

 
 
 

? Pmax est le poids total de charge qu'un talus peut supporter tout en restant stable ; ? Pmc est le poids de l'ensemble des matériaux colloïdaux qui constituent le talus ;

? Pam est le poids additionnel maximal pouvant être ajouté sur talus par les activités humaines ;

? G étant la gravité sur le versant ;

? P représentant la plasticité du substrat (en rapport avec l'homogénéité du matériau : roches dures, plastiques, fluides ou meubles).

En supposant que la gravité dépende de la pente topographique, le matériau en présence étant plastique, et si Pam augmente rapidement sous l'influence des actions humaines, la

susceptibilité de rupture du talus augmente latéralement, induisant ainsi un glissement de terrain

A titre d'exemple si la Pmax d'un versant est de 100m3 et que Pmc est de 75m3 ; cela signifie que Pam est de 25m3. Si par contre sous le coup des activités humaines d'entreposage de matériaux, Pam est supérieur à 25m3 : ce talus est susceptible de glisser car Pmax aurait

été dépassé.

Raison pour laquelle des actions de cette nature doivent être proscrites au niveau des populations ou à plus forte raison effectuées sous réserve d'études géotechniques (en particulier sur la plasticité des matériaux) déterminant la susceptibilité du secteur à aménager, à subir l'addition des charges physique ou à supporter les travaux de déblai ou de remblai, sans être victime de rupture pouvant conduire à un glissement de terrain.

V.1.2 La proscription des opérations de déblai ou d'excavation à la base des talus

Le déblai ou l'excavation de matériel à la base des talus, modifie généralement l'équilibre du talus et accentue l'inclinaison et/ou la hauteur de ce talus. Cette opération nuit donc à la stabilité du talus. Ce type d'intervention peut à long ou moyen terme provoquer un glissement de terrain lors de l'excavation ou agir comme un facteur aggravant. Ce type d'opérations dans le but de réduire l'exposition croissante de ces zones aux glissements de terrain, doit être évité.

114

La figure 33 illustre un scénario communément observé dans les zones de susceptibilité aux risques de glissements de terrain. On s'aperçoit de la corrélation existant entre les aménagements anthropiques imprudents et chimériques tels que l'excavation de matériaux, en bas de talus, le terrassement ; et le risque de glissements de terrain.

La planche photographique 11 présente en substance quelques exemples d'interventions inadéquates et inappropriées des populations des secteurs périurbains d'Akok-Ndoué et de Mvog-Betsi sur des talus et des versants pentus.

Ces actions inadaptées et réalisées sans études géotechniques préalables, sont de nature à prédisposer les dites zones à des glissements de terrain ou à interagir comme des facteurs aggravants.

Ce type d'intervention humaine, sont de ce point de vue à proscrire dans le but de minimiser les risques de survenance des glissements de terrain.

115

Figure 33 : Terrassement et glissements de terrain sur un versant pentu et un talus

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Photo 2 : Terrassement et déblai sur un versant humanisé

Photo 1 : Terrassement en bas d'un versant pentu

Planche photo 11: Terrassement et déblai sur de talus et des versants pentus (Clichés Fofack Mujia, Août 2012)

Sur cette planche photographique, on observe un ensemble d'actions anthropiques inappropriées de terrassement et de déblai à la fois sur des versants pentus habités ainsi que sur des talus humanisés. Les flèches rouges sur l'image 2 indique les zones de terrassement. On peut constater leur multitude. Ces actions fragilisent la stabilité du versant et augmente de fait la susceptibilité des terrains à glisser.

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Au regard des effets des opérations humaines de terrassement et de déblai sur les versants pentus et sur des talus, ce types d'actions des populations pour quelques raisons que ce soit doivent être interdites ou évitées afin de réduire la probabilité d'occurrence des mouvements de terrain dans les secteurs d'Akok-Ndoué et de Mvog-Betsi dans la mesure où si la stabilité du versant ou du talus est précaire, même une petite excavation ou un petit terrassement peut s'avérer fatale à court ou long terme par effet papillon, en ce sens qu' elle peut être à l'origine de la survenance d'une rupture entrainant un glissement de terrain.

V.1.3. Interdiction du déboisement et le reboisement des versants et des talus

L'abattage d'arbres dans les secteurs d'Akok-Ndoué et de Mvog-Betsi pour des fins de construction, de culture ou de recherche du bois de chauffe, modifie considérablement les conditions de stabilité des versants et des talus et augmente donc de ce fait la probabilité que survienne un glissement de terrain.

En effet, un talus ou un versant à forte pente tel que les versants des monts Akok-Ndoué et de Mvog-Betsi, boisé est moins vulnérable à des glissements superficiels qu'un talus ou un versant qui ne l'est pas, car les arbres retiennent une partie des précipitations, ralentissant ainsi le ruissellement et l'infiltration de l'eau. C'est pourquoi, le déboisement sur les talus ou les versants pentus sont fortement à proscrire dans l'optique de réduire la probabilité de survenance de glissements de terrain.

Globalement, compte tenu de la nature des phénomènes, prévenir les glissements de terrain nécessite d'agir sur les deux facteurs aggravants : l'eau et le poids des terrains. Ainsi, la prévention pour lutter contre les glissements de terrain consiste :

? à maîtriser tous les rejets d'eau (eaux usées, eaux pluviales, eaux de drainage) ;

? à adapter les pratiques agricoles pour limiter les modifications des infiltrations et écoulements d'eau dans le sol ;

? à éviter tout terrassement susceptible de déstabiliser le terrain.

V.2. STRATÉGIES DE PRÉVENTION DES INONDATIONS

L'occurrence régulière des inondations dans les bas-fonds d'Akok-Ndoué particulièrement témoigne de l'absence ou du caractère non efficient de la prévention des dits risques dans ce secteur.

Des défaillances importantes sont observées à la fois dans le dispositif des populations, de la commune d'arrondissement de Yaoundé VI ou de la communauté urbaine de Yaoundé (CUY) et de l'État dans la prévention de ces risques.

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S'attaquer à la prévention des risques d'inondations dans les bas-fonds d'Akok-Ndoué et de Mvog-Betsi, revient à s'attaquer non pas aux facteurs naturels responsables des inondations mais davantage aux interventions anthropiques qui amplifient ou aggravent ou même précipitent et facilitent l'occurrence spatiale des risques d'inondations dans ces secteurs. Cela passe tout d'abord par :

V.2.1. La proscription du déversement des ordures dans le lit des cours

Au cours du présent travail de recherche, nous nous sommes rendus compte que l'un des facteurs aggravants, amplifiants ou causant les inondations dans les quartiers Akok-Ndoué et Mvog-Betsi, émanait du déversement des ordures de toute nature dans le lit des cours d'eau par les populations. Ce défaut de gestion des ordures ménagères à la fois par les populations et les structures concernées, a une incidence sur l'occurrence spatiale des inondations. Dans la mesure où les populations en amont ignorent parfois dans la majeure partie des cas, les répercussions que ces déversements d'ordures peuvent avoir sur la survenance des inondations en aval des cours d'eau.

La planche photo 12 nous montre à pertinence la relation de cause à effet entre la gestion inadéquate des ordures et l'occurrence spatiale des inondations à Akok-Ndoué et Mvog-Betsi. Dans la mesure où dans cette capture, on observe dans deux sections différentes (à Mvog-Betsi Eba et Akok-Ndoué) de la Mingosso (Affluent du Mfoundi), que celui-ci constitue le bac de collecte et de drainage des ordures de toute nature. Ces ordures ont le mérite d'obstruer le lit des cours d'eau entrainant ainsi lors des épisodes orageux intenses des inondations dans ces secteurs.

Le déversement des ordures dans le lit des cours d'eau doit donc être proscrit aux populations sous réserve des sensibilisations sur ses conséquences. Par ricochet pour éviter que les populations basculent toujours dans cette pratique, les structures en charge de la collecte des ordures doivent dans ce même ordre d'idée mettre sur pied des stratégies d'intensification et de collecte des ordures « au porte par porte ». Cela limiterait le déversement des ordures dans les cours d'eau et réduirait à terme le risque de survenance des inondations.

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Photo 1 : Ordures ménagères à Mvog-Betsi Eba (Mingosso)

Photo 2 : Ordures ménagères à Akok-Ndoué (Mingosso)

Planche photo 12 : Ordures et inondations (Clichés Fofack Mujia, Juillet et Septembre 2013) V.2.2. La sensibilisation de la population sur l'occupation anarchique des bas-fonds

La sensibilisation permanente des populations reste une stratégie de prévention de premier ordre des risques d'inondations. Dans la mesure où au niveau de la communauté urbaine et de la commune d'arrondissement de Yaoundé VI, rien n'a en effet été fait depuis des décennies pour limiter l'occupation croissante et anarchiques des zones de bas-fonds dans ce secteur.

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Il n'existe aucune plaque, aucune carte de zonage, aucune marque de matérialisation de la propriété de l'État sur ces sites.

La communauté urbaine a également défini les zones inconstructibles dans son unité de compétence parmi lesquelles on retrouve les zones de « type A » qui englobent les lits de rivières (majeurs) et les bas-fonds marécageux ou non, qui ne doivent pas être bâtis. Or dans la pratique, ce sont ces secteurs qu'occupe le gros de la population urbaine et périurbaine. On s'aperçoit au regard de notre matrice spatiale que le défaut de sensibilisation permanente a entrainé la pérennisation du clientélisme conduisant ainsi l'humanisation continue des bas-fonds dans ce secteur.

Cette défaillance de sensibilisation, de matérialisation de la propriété de l'État, du zonage, a conduit d'une certaine manière à travers l'anthropisation des lits de rivières et des bas-fonds, à augmenter les risques d'inondations.

De ce fait la sensibilisation continue et permanente, peut donc contribuer à minimiser l'exposition des populations aux risques d'inondations, d'où son utilité et sa portée.

Cela passe au préalable par :

? la délimitation ou la matérialisation physique du domaine de l'État, des zones à risques ,
·

? l'intensification et le contrôle régulier sur le terrain du respect du non franchissement des zones matérialisées comme appartenant au domaine de l'État ou de la collectivité ,
·

? La création au sein de la commune d'arrondissement de Yaoundé VI, d'une cellule cartographique dont l'objectif sera la production des données cartographiques actualisées en vue du contrôle de l'évolution du foncier, et donc de prévenir l'occupation anarchique des zones rentrant dans le domaine de l'État.

V.3. DE L'IMPORTANCE DE LA CARTOGRAPHIE DANS LA GESTION ET LA PRÉVENTION DES RISQUES OBSERVES

Une des réponses aux problèmes de risques d'inondations et de mouvements de terrain est la cartographie et particulièrement le zonage. La difficulté de la gestion et de la prévention efficientes des risques morpho-hydrologiques dans la ville de Yaoundé et particulièrement dans la zone d'étude, réside dans l'ambiguïté de la gestion foncière et surtout dans les défaillances de disponibilité de cartographies actualisées délimitant ou matérialisant les zones à risques.

121

Le but de cette section de notre travail, n'est pas davantage de critiquer le système de gestion foncière par exemple mais d'insister sur l'importance de la cartographie en particulier du zonage comme solution à la gestion préventive des risques d'inondations et de mouvements de terrain.

V.3.1. LE ZONAGE : Instrument efficace de gestion préventive des risques naturels

En géographie, le zonage est la répartition en lots de terrain affectés à un type spécifique d'occupation des sols. C'est une notion qui a été pendant longtemps utilisé par les urbanistes en particulier les aménageurs urbains. Mais son utilisation s'est étendue au-delà de l'urbanisme.

Dans la gestion des risques aujourd'hui, le zonage est une solution adéquate pour la prévention des risques. Le plan de zonage est quant à lui un document cartographique qui devrait émaner des municipalités. Ce document devrait permettre une cohabitation entre les différentes utilisations du sol, tout en prenant en compte le risque qui pourrait être subordonné à la zone couverte par le plan de zonage.

La cartographie et la vulgarisation des supports précisant les secteurs appropriés aux aménagements humains (zones à potentiel risque faible) et ceux hostiles à l'anthropisation (zones à potentiel risque élevé), devrait faire partie des préoccupations des municipalités, afin de faciliter la prévention des risques.

La municipalité de Yaoundé VI en particulier et celles de Yaoundé en général, devraient de ce fait initier l'élaboration des plans de zonage dans leur secteur d'administration, dans le but de prévenir la preste appropriation des espaces déclarés comme « écologiquement sensibles » donc impropres à la construction, en vue de réduire l'exposition des populations aux risques d'inondations et de glissements de terrain.

Toutefois, ce zonage, doit être accompagné sur le terrain par l'intensification des contrôle, dans l'optique de s'assurer du respect effectif des prescriptions du plan de zonage communal.

122

Figure 34 : Zonage de la zone d'étude

La figure 34 montre le zonage dans la zone d'étude. Cette figure précise les espaces de forte susceptibilité aux glissements de terrain donc interdites d'aménagements humains. Elle précise en outre les zones de susceptibilité moyenne (à aménager sous conditions) et les zones de faible susceptibilité ou d'aménagement libre.

Ce type de cartographie devrait être pris en compte par le cadastre dans la délimitation

des parcelles de construction et dans la délivrance des permis de bâtir par les municipalités dans le but de prévenir la survenance des risques de glissements de terrain.

V.3.2. LES PLANS DE PRÉVENTION DES RISQUES

Les Plans de Prévention des Risques naturels (PPRN) sont des outils privilégiés pour

mettre en oeuvre des actions de prévention. Servitudes d'utilité publique, orientent l'urbanisme et la construction vers les espaces les moins exposés aux risques naturels.

De ce fait les PPRN :

? sont réalisés par bassin de risque, à partir d'une approche globale et qualitative des phénomènes naturels concernés ;

123

· couvrent les domaines de l'utilisation des sols, de la construction, de l'exploitation des sols et de la sécurité publique ;

· proposent des mesures appropriées à l'objectif recherché de prévention et proportionnées à l'importance des risques ;

· sont conduits par l'État, en recherchant la concertation la plus large possible avec l'ensemble des acteurs locaux du risque, en particulier les élus communaux.

Pour cela, l'élaboration d'un PPRN passe inéluctablement par une série d'étapes qui donnent lieu à la production de plusieurs cartes techniques, d'une carte réglementaire et d'un règlement. Néanmoins le périmètre d'étude ou bassin de risque doit être défini.

Les quatre étapes de l'élaboration d'un PPRN englobent successivement :

V' la confection d'une carte informative des phénomènes naturels ;

V' L'élaboration d'une carte des aléas ;

V' La réalisation d'une évaluation des enjeux socio-économiques et humains soumis

à ces aléas ;

V' La réalisation d'un plan de zonage réglementaire du PPRN et le règlement.

À l'issu de la réalisation d'un PPRN, on aboutit à trois grandes familles de zones réglementaires :

> 1ère catégorie : Les zones inconstructibles qui correspondent aux zones à potentiel-risque élevé se rapportant ainsi dans l'espace à l'étude aux zones situées à proximité du lit des cours d'eau (entre 0-20 m) ainsi que les espaces dont les pentes sont fortes(entre 25-45°) ;

> 2ème catégorie : Les zones constructibles sous conditions établies dans un règlement du PPRN. Ces zones doivent prendre en compte les prescriptions qui peuvent être imposées aux constructions existantes dans le but de protéger les occupants du risque. Ces espaces correspondent dans la zone à l'étude aux espaces situés à une distance moyenne du lit des cours d'eau (entre 20-40 m) ainsi que les espaces dont les pentes sont moyennes (entre 10-25°);

> 3ème catégorie : Les zones constructibles sans conditions spécifiques de prise en compte du risque, objet du plan de prévention (on parlera la plupart du temps de zones blanches ou non réglementées), celles-ci se rapportent aux zones éloignées du lit des cours d'eau et des sites dont les pentes sont faibles (zones à potentiel-risque faible 0-10°).

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CONCLUSION PARTIELLE

Au total, le constat qui se dégage de notre analyse, précise que les interventions humaines apparaissent comme étant l'élément amplificateur ou favorisant la survenance rapide des risques de glissements de terrain et d'inondations. De ce fait, l'ensemble des stratégies visant à réduire l'exposition aux risques suscités dans la zone d'étude englobent : la proscription des opérations de terrassement ou de déblai sur les talus sans études géotechniques préalables afin de préciser le coefficient de stabilité de ces talus, le reboisement des talus clairsemés, la limitation des construction sur des sites à fortes pentes pour ce qui est des glissements de terrain ; la limitation des déversements des ordures dans les lits des cours d'eau, la construction des réseaux de drainage des eaux pluviales, l'interdiction de l'occupation du lit majeur des rivières et de cours d'eau, etc, pour ce qui est des inondations.

Néanmoins, la gestion et la prévention des risques supposent une réelle anticipation et une cartographie efficiente. Face à la récurrence des sinistres hydro-morphologiques et particulièrement inondations dans la zone d'étude, l'approche cartographique, reste une solution de taille dans le politique de gestion et de prévention des risques de glissements de terrain et d'inondations.

En somme de cette séquence, il convient de s'apercevoir de la nécessité d'élaborer au niveau de la municipalité, du plan de zonage (qui incorpore les données cadastrales, topographiques, hydrologiques, anthropiques, etc.) afin de déterminer les espaces réservés aux lotissements et ceux proscrits aux aménagements du fait de leur fort potentiel à risque.

À côté de ce zonage dont le but est de réduire l'exposition aux risques, le plan de gestion et de prévention des risques pour toute la préfecture du Mfoundi serait également d'un grand apport pour la prévention des risques dans la ville de Yaoundé.

CONCLUSION GENERALE

126

Au terme de ce travail de recherche, il convient à juste titre de rappeler que l'objectif principal de notre étude était d'identifier, faire ressortir les facteurs qui expliquent l'exposition aux risques morpho-hydrologiques dans les secteurs d'Akok-Ndoué et de Mvog-Betsi et dresser une cartographie de cette exposition.

De ce fait pour parvenir à la vérification de nos hypothèses spécifiques de recherche, nous avons fondé notre méthodologie sur deux principales démarches. La première est la méthode empirico-inductive, axée sur des observations directes particulièrement de notre vécu quotidien à proximité de la zone d'étude. La seconde approche est la méthode SIG-télédétection, qui était axée sur la construction et l'utilisation d'une base de données géoreférencées de la zone à l'étude. Cette approche nous a permis de rendre compte par des analyses croisées des disparités de vulnérabilité aux risques d'inondation et de glissements de terrain dans la zone.

Pour mener à bien nos analyses, nous nous sommes d'abord appuyés sur la théorie générale des systèmes, qui préconise la considération des problématiques géographiques sous le prisme d'un regard systémique, c'est-à-dire de prendre tout problème sous forme de système constitué de plusieurs composantes qui participent à son fonctionnement. Cette théorie du point de vue pratique, nous a permis au cours de notre recherche, d'appréhender les différentes instances politique, juridique, économique et humain qui participent à la construction des risques dans notre zone d'étude. Cela signifie concrètement que dans les secteurs d'Akok-Ndoué, Mvog-Betsi, plusieurs dimensions sont à l'origine de la construction des risques d'inondation et de glissements de terrain : la dimension politique à travers l'absence de matérialisation du domaine public de l'Etat, hostile à la construction (pentes abruptes de versants et bas-fonds), la passivité de l'autorité communale ; la dimension juridique par l'ambigüité du système foncier ; la dimension socio-économique caractérisée par la pauvreté qui limite les possibilités de lotissements sur des sites appropriées ou même de viabilisation de ces derniers.

Dans le même temps, l'utilisation des SIG comme outil d'aide à la décision, nous a permis de cartographier les risques d'inondation et de glissements de terrain au travers de la combinaison des données géoreférencées multisources. Cela nous a permis d'évaluer les degrés de vulnérabilité des populations de la zone d'étude aux risques d'inondation et de glissements de terrain.

Cette évaluation nous a permis d'observer:

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? Les sites à potentiel-risque faible (SPRF) correspondant aux surfaces situées au-delà de 50 m du lit du cours d'eau et des espaces dont le degré de pentes est faible (0-10°), donc potentiellement propices aux aménagements humains ;

? Les sites à potentiel-risque médian (SPRM) correspondant aux sites situés entre 20-40m du lit des cours d'eau et de sites dont la pente est moyenne (10-25°) qui peuvent être humanisés sous réserve des études géotechniques et pédologiques spécifiques ;

? Les sites à potentiel-risque élevé (SPRE) qui concernent les zones situés à proximité du lit du cours (0-20 m du lit des cours d'eau) et des sites de pentes élevé (25-45°). Ceux-ci sont donc impropres aux aménagements humains à l'exception des aménagements qui tiennent compte de ce risque.

Aussi, le laxisme, l'absence des données dans le temps et dans l'espace, l'absence d'observatoire urbain de gestion des risques et le défaut de réelle coordination des efforts de prévention, de gestion des risques, constituent le ventre-mou de la gestion et de la prévention des risques urbains particulièrement dans la zone.

À côté de cela, il faut également souligner l'absence d'implication de l'autorité décentralisée (dans ce cas de figure, la commune d'arrondissement de Yaoundé VIe) à l'exemple du modèle français, dans la gestion et la prévention des risques dans la commune. La loi N° 2004/003 du 21 avril 2004 régissant l'urbanisme au Cameroun est assez explicite respectivement en ses articles 34 alinéa 1, 39 alinéa 1, 43 alinéa 1 et 46 alinéa 1 : « L'initiative de l'élaboration d'un Plan Directeur d'Urbanisme20 appartient au Maire de la commune ou à un groupement de communes concernées » ; « L'initiative de l'élaboration d'un Plan d'Occupation des Sols21 appartient au Maire.. » ; « L'initiative de l'élaboration d'un Plan de Secteur22 appartient au Maire» ; « L'initiative de l'élaboration d'un Plan Sommaire

20 Le Plan Directeur d'Urbanisme est un document qui fixe les orientations; fondamentales de l'aménagement d'un territoire urbain, la destination 'générale des sols et la programmation des équipements. Les documents graphiques du plan Directeur d'Urbanisme sont élaborés à une échelle comprise entre 1/20 000e et 1/25 000e

21 Le Plan d'occupation des sols est un document qui fixe l'affectation des sols et les règles qui la régissent pour le moyen terme (10 à 15 ans). Les documents graphiques du plan d'occupation des sols sont élaborés à une échelle comprise entre 1/5 000e et 1/10000e.

22 Le Plan de Secteur est un document qui, pour une partie d'agglomération, précise de façon détaillée l'organisation et les modalités techniques d'occupation du sol, les équipements et les emplacements réservés. Les documents graphiques du Plan de Secteur sont élaborés à une échelle comprise entre 1/500e et 1/1000e.

128

d'Urbanisme23 appartient au Maire». Ceci dans l'optique de montrer toute l'implication que la commune devrait avoir dans la gestion de son espace urbain. Or sur le terrain, il n'en est rien. Le désordre dans la planification urbaine (car ce sont les populations qui construisent sans règles particulières cet environnement), continue d'augmenter la vulnérabilité des populations de cette commune aux risques.

De même suivant la Loi n° 2004/018 du 22 juillet 2004 fixant les règles applicables aux communes, des compétences particulières sont transférées aux communes à l'instar de la gestion de l'environnement et des ressources naturelles ainsi que la planification, de l'aménagement du territoire, de l'urbanisme et de l'habitat (l'élaboration de plans communaux d'action pour l'environnement ; l'élaboration des plans d'occupation des sols, des documents d'urbanisme, d'aménagement concerté, de rénovation urbaine et de remembrement ; l'aménagement et la viabilisation des espaces habitables ; la délivrance des certificats d'urbanisme, des autorisations de lotir, des permis d'implanter, des permis de construire et de démolir...). Face à ce constat à qui devrait-on imputer la planification anarchique qui accroit la vulnérabilité des populations aux risques?

Toutefois, face à la recrudescence des risques hydro-morphologiques dans les secteurs d'Akok-Ndoué et de Mvog-Betsi et à la vulnérabilité de plus en plus croissante, l'urgence se trouve dans la recherche des solutions efficaces et durables susceptibles de garantir une faible exposition à ces risques et à fournir à cette population urbaine, un cadre de vie sain et viable.

La cartographie actualisée, la sensibilisation sur l'incivisme, la matérialisation du domaine de l'État, le zonage, l'élaboration des plans de gestion et de prévention des risques, la réalisation des études géotechniques sur la susceptibilité des terrains aux constructions, la mise en place d'un observatoire des risques urbains dans la ville susceptible de fournir des données précises et précieuses en temps réel sur le potentiel risque des espaces anthropisés, constituent un ensemble de mesures, à même de réduire la vulnérabilité des populations d'Akok-Ndoué, Mvog-Betsi et Etoug-Ebé en particulier et de la ville de Yaoundé en général aux risques morpho-hydrologiques.

23 Le Plan Sommaire d'Urbanisme est un document qui fixe l'affectation des sols. Il édicte de façon sommaire, pour chacune d'entre elles, les règles, restrictions et servitudes particulières d'utilisation du sol. Les documents graphiques du Plan Sommaire d'Urbanisme sont élaborés à une échelle comprise entre 1/5 000e et 1/10 000e. C'est un document de planification simplifié qui est élaboré par les communes en l'absence de Plan d'Occupation des Sols.

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TABLE DE MATIÈRES

DÉDICACE I

REMERCIEMENTS II

RÉSUME III

ABSTRACT V

SOMMAIRE VI

LISTE DES FIGURES VIII

LISTE DES PHOTOS ET DES PLANCHES PHOTOGRAPHIQUES IX

LISTE DES ACRONYMES ET ABRÉVIATIONS X

INTRODUCTION GENERALE VIII

I. CONTEXTE GENERAL DE L'ÉTUDE 3

II. JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET 5

III. DÉLIMITATION SPATIO-TEMPORELLE ET THÉMATIQUE DU SUJET 6

III.1. DÉLIMITATION THÉMATIQUE 6

III.2. DÉLIMITATION TEMPORELLE 8

III.3. DÉLIMITATION SPATIALE .8

III.4. DELIMITATION ADMINISTRATIVE 8

IV. CONTEXTE SCIENTIFIQUE DE L'ÉTUDE 8

IV.1. L'APPROCHE DE LA DESCRIPTION MORPHOLOGIQUE DE LA VILLE DE YAOUNDÉ 8

IV.2. L'APPROCHE DE LA CARACTÉRISATION DES RISQUES NATURELS EN MILIEU URBAIN 11

IV.3. L'APPROCHE DE L'UTILISATION DES SIG DANS LA GESTION DES RISQUES EN MILIEU URBAIN 12

IV.4. L'APPROCHE JUSTIFIANT LA CORRÉLATION ENTRE L'EXPLOSION DÉMOGRAPHIQUE ET LES

RISQUES NATURELS 14

IV.5. L'APPROCHE DE LA GESTION ET DE LA PRÉVENTION DES RISQUES EN MILIEU URBAIN 15

V. PROBLÉMATIQUE 16

VI. QUESTIONS DE RECHERCHE 18

VI.1. QUESTION PRINCIPALE 18

VI.2. QUESTIONS SPÉCIFIQUES 18

VII. OBJECTIFS 18

VII.1. OBJECTIF PRINCIPAL 18

VII.2. OBJECTIFS SPÉCIFIQUES 18

VIII. HYPOTHÈSES 19

VIII.1. HYPOTHÈSE PRINCIPALE 19

VIII.2. HYPOTHÈSES SPÉCIFIQUES 19

IX. INTÉRÊT DE L'ÉTUDE 21

IX.1. INTÉRÊT ACADÉMIQUE 21

IX.2. INTÉRÊT SCIENTIFIQUE 21

IX.3. INTÉRÊT PRATIQUE 21

X. CADRE THÉORIQUE ET CONCEPTUEL 22

X.1. CADRE THÉORIQUE 22

X.1.1. La théorie du chaos 22

X.1.2. La théorie des catastrophes 23

X.1.3. L'approche systémique 23

X.1.4. La théorie déterministe 24

X.1.5. La théorie possibiliste 24

X.2. CADRE CONCEPTUEL 25

X.2.1. L'aléa 25

X.2.2. La vulnérabilité 27

X.2.3. Le risque 31

X.2.4. La perception 33

X.2.5. La résilience 34

X.2.6. Risque et catastrophe : De l'analogie à la différenciation géographique 35

X.2.7. Périurbanisation 36

XI. MÉTHODOLOGIE 37

XI.1. APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE GÉNÉRALE 37

XI.2. APPROCHES MÉTHODOLOGIQUES SPÉCIFIQUES 37

XI.2.1. Recherche et exploitation des documents 37

XI.2.2. Enquêtes par observation et entretien 38

XI.2. MATÉRIELS 38

XI.2.1. LES DONNÉES DE BASE DE LA CARTOGRAPHIE 39

XI.2.1.1. Carte topographique de Yaoundé au 1/50 000 39

XI.2.1.2. Les images satellitaires de Yaoundé 39

XI.2.1.3. Le plan-guide de la ville de Yaoundé à l'échelle 1/25 000 39

XI.2.1.4. Données secondaires de cartographie 40

XI.3. TRAITEMENT CARTOGRAPHIQUE DES DONNÉES 40

CHAPITRE I : TYPES DE RISQUES NATURELS A AKOK-NDOUE ET MVOG-BETSI 43

INTRODUCTION 43

I. LES MOUVEMENTS DE TERRAIN 43

I.1. DÉFINITIONS ET TYPES 43

I.2. LES CHUTES DE PIERRES ET DE BLOCS ROCHEUX 43

I.3. LES GLISSEMENTS DE TERRAIN 45

I.3.1. DÉFINITIONS ET CARACTÉRISATION 45

I.3.2. LES CAUSES PHYSIQUES ET ANTHROPIQUES RESPONSABLES DES

GLISSEMENTS DE TERRAIN 48

I.3.2.1. LES FACTEURS LIÉS AU MILIEU PHYSIQUE 48

I.3.2.1.1. La gravité et la pente 48

I.3.2.1.2. La pluviométrie 51

I.3.2.2. LES FACTEURS ANTHROPIQUES 51

I.3.2.2.1. L'urbanisation accélérée : un facteur aggravant 51

I.3.2.2.2. Déforestation et exposition des sols aux glissements de terrain 54

I.3.2.2.3. L'homme et ses aménagements 55

II. LES INONDATIONS 57

II.1. DÉFINITIONS 57

II.2. TYPES D'INONDATIONS 58

II.3. LES CAUSES DES INONDATIONS DANS LA ZONE D'ÉTUDE 58

II.2.1. LES CAUSES PHYSIQUES 58

II.2.1.1. La densité du réseau hydrographique 58

II.2.1.2. Un relief collinaire parsemé de bas-fonds plats et marécageux 60

II.2.1.3. L'importante pluviométrie 60

II.2.1.4. Les fortes pentes des versants 60

II.2.2. LES CAUSES HUMAINES 61

II.2.2.1. Le clientélisme et l'incohérence urbanistique 61

II.2.2.2. L'imperméabilisation croissante des bas-fonds 63

II.2.2.3. L'Encombrement du lit des cours par les ordures de tout genre 63

CONCLUSION PARTIELLE 69

CHAPITRE II : EXPOSITION AUX RISQUES ET VULNÉRABILITÉ DES POPULATIONS

70

I. FACTEURS DE VULNÉRABILITÉ AUX RISQUES 70

I.1. LES FACTEURS GÉOGRAPHIQUES 70

I.1.1. La topographie et la pédologie 70

I.1.2. Une pluviosité élevée et un réseau hydrographique dense 72

I.2. LES FACTEURS HUMAINS 74

I.2.1. Une végétation sans cesse grignotée par la présence humaine 74

I.2.2. Le poids de la croissance démographique 74

I.2.3. La pauvreté et l'expansion de l'habitat précaire 76

I.2.4. Les aménagements anthropiques non conformes 78

I.2.5. Difficulté d'accès au site 79

II. CARTOGRAPHIE DES RISQUES NATURELS DANS LA ZONE D'ÉTUDE 80

II.1. MÉTHODOLOGIE SPÉCIFIQUE 80

II.2. CARTOGRAPHIE DU RISQUE DE GLISSEMENT DE

TERRAIN 81

II.3. CARTOGRAPHIE DU RISQUE D'INONDATION 89

CHAPITRE III: POLITIQUES, STRATÉGIES DE GESTION ET DE PRÉVENTION DES

RISQUES A AKOK-NDOUE ET MVOG-BETSI 96

INTRODUCTION 96

I. LES PRINCIPALES STRUCTURES DE GESTION ET DE PRÉVENTION DES RISQUES 96

I.1. AU PLAN STRATÉGIQUE 96

I.1.1. Le Conseil National de la Protection Civile (CNPC) 96

I.1.2. L'Observatoire National des Risques (ONR) 96

I.1.3. La Plate-forme Nationale pour la Réduction des Risques de Catastrophes (PN2RC) 97

I.2. AU PLAN OPÉRATIONNEL 97

I.2.1. Les Cellules de Veille Sécuritaire (CVS) 97

I.2.2. La Commission d'Agrément des Plans d'Urgence (CAPU) 97

I.2.3. La Commission d'Analyse des Risques de Construction (CARC) 97

Plate-forme Nationale pour la Réduction des Risques de Catastrophes (PN2RC) 99

II. NOMENCLATURE DES TEXTES LÉGISLATIFS ET RÉGLEMENTAIRES 100

II.1. DU POINT DE VUE LÉGISLATIF 100

II.2. DU POINT DE VUE RÉGLEMENTAIRE 101

III. DISCUSSIONS AUTOUR DE LA PERTINENCE DE LA GESTION ET DE LA PRÉVENTION

DES RISQUES 102

III.1. LE LAXISME DANS L'APPLICATION DES TEXTES LÉGISLATIFS ET RÉGLEMENTAIRES 102

III.2. L'ABSENCE DE SENSIBILISATION CONCERNANT LES TEXTES LÉGISLATIFS: ÉLÉMENT

D'ACCROISSEMENT DE L'EXPOSITION AUX RISQUES DANS LA ZONE. 104
III.3. L'INCOHÉRENCE OPÉRATIONNELLE DES STRUCTURES EN CHARGE DE LA GESTION DES RISQUES

105

IV. LES POPULATIONS FACE AUX RISQUES A AKOK-NDOUE ET MVOG-BETSI : ENTRE

LUTTE PERMANENTE, SOLUTIONS INFRUCTUEUSES ET ADAPTATION AU MILIEU 105

IV.1. UNE LUTTE QUASI-QUOTIDIENNE FACE AUX INONDATIONS : LE CURAGE DES DRAINS 106

IV.2. LA SURÉLÉVATION DES FONDATIONS DES HABITATIONS DANS LES BAS-FONDS 106

IV.3. CONSTRUCTIONS DE DIGUES DE PROTECTION 107

IV.4. CONSTRUCTIONS DES MURS DE SOUTÈNEMENT 108

IV.5. LA RÉSILIENCE : UNE ATTITUDE PARTOUT OBSERVÉE 109

V. STRATÉGIES DE GESTION ET DE PRÉVENTION DES RISQUES DANS LA ZONE

D'ÉTUDE 110

V.1. STRATÉGIES DE PRÉVENTION DES RISQUES DE GLISSEMENT DE TERRAIN ET DE

CHUTES DE BLOCS 111

V.1.1. Éviter les surcharges au sommet des talus et sur les versants pentus 111

V.1.2 La proscription des opérations de déblai ou d'excavation a la base des talus 113

V.1.3. Interdiction du déboisement et le reboisement des versants et des talus 117

V.2. STRATÉGIES DE PRÉVENTION DES INONDATIONS 117

V.2.1. La proscription du déversement des ordures dans le lit des cours 118

V.2.2. La sensibilisation de la population sur l'occupation anarchique des bas-fonds 119

V.3. DE L'IMPORTANCE DE LA CARTOGRAPHIE DANS LA GESTION ET LA

PRÉVENTION DES RISQUES OBSERVES 120

V.3.1. LE ZONAGE : Instrument efficace de gestion préventive des risques naturels 121

V.3.2. LES PLANS DE PRÉVENTION DES RISQUES 122

CONCLUSION PARTIELLE 124

CONCLUSION GENERALE 125

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 125

ANNEXES 125

ANNEXES

LISTE DES ANNEXES

Annexe 1 : Arrêté n° 037/PM du 19 mars 2003 portant création, organisation et fonctionnement d'un Observatoire National des Risques

Annexe 2 : Schéma d'analyse de la vulnérabilité

ANNEXE 1

Arrêté n° 037/PM du 19 mars 2003 portant création, organisation et fonctionnement
d'un Observatoire National des Risques

Le Premier Ministre, Chef du Gouvernement,

Vu la Constitution ;

Vu la loi n°86/016 du 6 décembre 1986 portant réorganisation générale de la protection civile

au Cameroun ;

Vu le décret n° 92/089 du 9 mai 1992 précisant les attributions du Premier Ministre, modifié

et complété par le décret n° 95/145 du 4 août 1995 ;

Vu le décret n° 97/206 du 7 décembre 1997 portant nomination d'un Premier Ministre ;

Vu le décret n° 98/031 du 9 mars 1998 portant organisation des plans d'urgence et des secours

en cas de catastrophe ou de risque majeur ;

Vu le décret n° 98/147 du 17 juillet 1998 portant organisation dit Ministère de

l'Administration Territoriale ;

Vu le décret n° 2002/216 du 24 août 2002 portant réorganisation du Gouvernement,

Arrête :

CHAPITRE I : DES DISPOSITIONS GÉNÉRALES

Article 1er: Il est créé auprès du ministère chargé de l'administration Territoriale et de la décentralisation. Un Observatoire National des Risques en abrégé « 0. N. R. », et ci-après désigné l'«Observatoire».

Article 2 : (1) L'Observatoire a pour missions la collecte, la gestion et la diffusion des informations sur les risques naturels, technologiques, industriels et anthropiques.

A ce titre, il veille notamment à:

? la mise en place à l'échelle nationale, d'un dispositif d'observation des sites et autres installations à risque, assorti d'un système fiable de collecte et de transmission des données et informations sur les risques ;

? la publication d'un bulletin conjoncturel des risques, et à la mise en oeuvre de toute autre action de sensibilisation et d'information préventive sur les risques.

(2) Il sert de cadre de concertation et de collaboration entre les différentes administrations concernées, les organismes publics ou privés, nationaux et internationaux impliquée dans la gestion préventive des risques.

CHAPITRE II : DE L'ORGANISATION ET DU FONCTIONNEMENT

Article 3 : (1) L'Observatoire est placé sous l'autorité du ministre chargé de l'Administration territoriale et de la décentralisation.

(2) Son cadre organique comprend :

? une coordination ;

? des correspondants ;

? un secrétariat permanent,

Article 4 :(1) La Coordination de l'Observatoire est composée ainsi qu'il suit :

Coordonnateur : Le Secrétaire Général du ministère chargé de l'Administration territoriale et de la Décentralisation ;

Membres :

y' un (1) représentant des Services du Premier Ministre ;

y' un (1) représentant du ministère chargé de l'Administration territoriale et de la

Décentralisation ;

y' deux (2) représentants du ministère chargé de la Défense ;

y' deux (2) représentants du ministère chargé des Mines, de l'Eau et de l'Énergie ;

y' deux (2) représentants du ministère chargé des Transports dont un de la météorologie

et un des transports terrestres ;

y' un (1) représentant du ministère chargé de l'Industrie ;

y' un (1) représentant du ministère chargé de la Recherche scientifique et technique ;

y' un (2) représentant du ministère chargé de la Ville ;

y' un (1) représentant du ministère chargé de l'Urbanisme et de l'Habitat ;

y' un (1) représentant du ministère chargé de la Santé publique ;

y' un (1) représentant du ministère chargé de l'Environnement ;

y' un (1) représentant du ministère, chargé des Affaires économiques, de la

Programmation et de l'Aménagement du Territoire ;

y' un (1) représentant du ministère chargé de la Communication ;

y' un (1) représentant du ministère chargé des Télécommunications ;

y' un (1) représentant de la Délégation Générale à la Sûreté Nationale ;

y' un (1) représentant de l'Institut National de Cartographie ;

y' un (1) représentant de l'institut des Recherches Géologiques et Minières ;

y' un (1) représentant de l'Agence Nationale de Radioprotection.

(2) Le Coordonnateur peut faire appel à toute autre administration ou organisme ainsi qu'à toute personne physique, en raison de ses compétences ou de sa contribution financière ou matérielle, dans le domaine de la gestion préventive des risques.

Article 5 : (1) Les membres de la Coordination sont désignés par les administrations et organismes auxquels ils appartiennent.

(2) La composition de l'Observatoire est constatée par arrêté du ministre chargé de l'Administration territoriale et de la Décentralisation.

Article 6 : (1) La Coordination se réunit en tant que de besoin et au moins une fois par trimestre. (2) Les convocations, accompagnées du projet d'ordre du jour, doivent parvenir aux membres de la Coordination au moins quinze (15) jours avant la date de la réunion, sauf en cas d'urgence.

Article 7 : Les membres de la Coordination sont d'office les correspondants de l'Observatoire dans leurs administrations et organismes respectifs.

A ce titre, ils communiquent au secrétariat permanent de manière périodique ou instantanée, toute information sur les risques relatifs au secteur d'activités.

Article 8 : (1) Le secrétariat permanent de l'Observatoire est assuré par la Direction de la Protection Civile du ministère chargé de l'Administration Territoriale et de la décentralisation.

(2) Il est

notamment chargé :

? du secrétariat des réunions de la Coordination ;

? de l'exécution des plans d'action et d'activités arrêtés par la Coordination ;

? du suivi des études et activités techniques relatives à la collecte, à l'analyse et à la diffusion des informations sur les risques ;

? de la veille permanente.

CHAPITRE III : DES DISPOSITIONS DIVERSES ET FINALES

Article 9 : (1) Le Coordonnateur présente chaque trimestre au ministre chargé de l'Administration Territoriale et de la décentralisation, un rapport sur le fonctionnement de l'Observatoire, et des difficultés éventuelles rencontrées.

(2) Un rapport semestriel est adressé au Premier Ministre, Chef du Gouvernement.

Article 10: Les ressources nécessaires au fonctionnement de l'Observatoire proviennent du budget de l'Etat, des contributions et dons acceptés par le Gouvernement.

Article 11 : (1) Les fonctions de Coordonnateur et de membre de la Coordination ou du secrétariat permanent de l'Observatoire sont gratuites.

(2) Toutefois, le Coordonnateur et les membres susvisés bénéficient de facilités de travail, selon des modalités arrêtées par le ministère chargé de l'Administration Territoriale et de la décentralisation.

Article 12 : Le présent arrêté sera enregistré, publié suivant la procédure d'urgence, puis inséré au Journal Officiel en français et en anglais.

Yaoundé, le 11 mars 2003

Le Premier Ministre, Chef du Gouvernement,

(é) Peter Mafany Musonge

Thouret, D'Ercole(1996) In Cahiers des sciences humaines

ANNEXE 2






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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo