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Les enjeux d'une évaluation préalable d'un projet culturel. Cas de l'appel à  propositions du programme ACP cultures+ (Afrique, CaraàŻbes, Pacifique).

( Télécharger le fichier original )
par Eric LOEMBET
Université Lille 3 - Charles de Gaule - Master 2 - Recherche 2015
  

Disponible en mode multipage

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2014 - 2015

Matière : Sciences de l'Information et de la Communication (SIC)
Spécialité : Sciences de l'Information et du Document (SID)
Parcours : Société, Communication, Culture et Document (SCCD)

Les enjeux d'une évaluation préalable d'un projet culturel. Cas de l'appel à propositions du programme ACP Cultures+ (Afrique, Caraïbes, Pacifique).

Directrice de Recherche

- Simona DE IULIO -

Professeure en Sciences de l'information et de la communication.
Directrice du département Culture, UFR DECCID Université Lille 3

Membres du Jury

Cécile TARDY & Simona DE IULIO

Professeurs en Sciences de l'information et de la communication Département Culture - Université Lille 3

Eric Rodrigue F. LOEMBET

Etudiant - Chercheur en SIC

- Soutenance : le 21 septembre 2015 à l'université Lille 3 -

1

2

Remerciements

J'adresse mes remerciements aux personnes qui m'ont aidé dans la réalisation de ce mémoire.

En premier lieu, j'exprime toute ma reconnaissance et ma gratitude à Madame Simona DE IULIO, Professeure en Sciences de l'information et de la communication, Directrice du département Culture, UFR DECCID Université Lille 3, en sa qualité de Directrice de mémoire, qui m'a guidé dans mon travail et m'a aidé à trouver des solutions pour avancer. Je la remercie de m'avoir encadré, orienté, aidé et conseillé.

Je remercie également Madame Widad MUSTAFA EL HADI, Responsable du Master 2 Recherche et de la session 2014-2015, qui m'a encouragé, soutenu et m'a fourni de sages conseils durant ma formation et mes recherches.

J'adresse mes sincères remerciements à tous les professeurs, intervenants et toutes les personnes qui, de loin comme de près, à travers leurs paroles, leurs écrits, leurs conseils et leurs critiques, ont guidé mes réflexions et ont accepté de me rencontrer et de répondre à mes questions durant mes recherches. Je pense à Madame Michèle Dominique RAYMOND, Sous-secrétaire Générale ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique), Madame Astrid AUDIBER, Team leader - Assistance technique unit ACP Cultures+ / ACP Secrétariat) et Madame Denise RICHERT, Culture Programme - Union européenne.

Je remercie mes très chers parents, Joseph LOEMBET et ma défunte mère adorée Thérèse NDOULOU (Paix à son âme) qui m'ont toujours soutenu. À mon épouse, Willy Esther MATONDO BILAYI, mes enfants Thérèsia De-Fabrice et Corneille Terranova. Je remercie mes frères : Etienne, Claver, Gaston, Claude, Jean-Jacques, Marien, Patrick, Eméry, Jean-Pierre ; mes soeurs : Gisèle, Frenette, Marise, Flore, Cathina, Yvette, Nicole, Marlène, Christelle et mes neveux pour leur encouragement.

Enfin, je remercie tous mes Ami(e)s que j'aime tant, Jean-Marc POATY LOEMBA, Amira ZRELLI, Elsie LOEMBA... Pour leur sincère amitié et confiance, et à qui je dois ma reconnaissance et mon attachement.

À tous ceux-là que je ne pourrais citer, je présente mes remerciements, mon respect et ma gratitude

3

TABLE DES SIGLES

ACP Afrique, Caraïbes, Pacifique

ADT Analyse de données textuelles

AERES Agence d'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur

CEDEAO Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest

CNE Conseil national de l'évaluation

CSE Conseil supérieur de l'évaluation

FED Fonds européen de développement

FIDC Fonds international pour la diversité culturelle

OCDE Organisation de coopération et de développement économiques

OMD Objectifs du millénaire pour le développement

ONG Organisation non gouvernementale

IGEN Inspection générale de l'Éducation nationale

PIN Programme indicatif national

PIR Programme indicatif régional

PME Petite et moyenne entreprise

PPB Programmation Planification Budgétisation

PRAG Practical Guide

PTOM Pays et territoires d'outre-mer

RCB Rationalisation des choix budgétaires

SFE Société française de l'évaluation

SIC Sciences de l'information et de la communication

SRI Système de recherche d'informations

UE Union européenne

UEMOA Union économique et monétaire ouest-africaine

4

SOMMAIRE

Remerciements 2

Table des sigles 3

Sommaire 4-6

Introduction 7-13

1. Objet de l'étude 14-15

2. Postulat de départ 16-17

3. Terrains 17-19

4. Intérêt de l'étude avec les industries culturelles et créatives .19-20

5. Intérêt de l'étude dans les sciences de l'information et de la communication 20-21

6. Mise en situation 21-22

7. Plan du travail 22-24

Première partie : Problématique générale - Questionnements - État de l'art 25

1. Chapitre premier : Problématique générale 26

1.1. Evaluation préalable ..26-27

1.2. Appropriation des principes de l'évaluation 27-29

1.3. L'état de la question 29-32

1.4. La formulation du problème 32-33

2. Chapitre deuxième : Questionnements 34

2.1. La formulation de l'hypothèse 34

2.2. Questionnements 34-35

3. Chapitre troisième : L'état de l'art 36
3.1. Introduction : La mobilisation de la notion d'évaluation dans la recherche

scientifique et professionnelle 36

3.2. La question de l'évaluation dans le discours des auteurs 36-40

3.3. Commentaire sur quelques définitions et sur l'origine sémantique 40-41

3.3.1. Le dictionnaire 42

3.3.2. Dictionnaire de l'évaluation et de la recherche 42

3.3.3. Paroles d'acteurs sur la définition de l'évaluation 43

3.3.4. L'origine de la notion d'évaluation en bref 43-45

3.3.5. Mobilisation de la notion d'évaluation du champ de la recherche au champ

professionnel 45-46

3.3.6. L'évaluation dans les sciences de l'information et de la communication 46

3.3.6.1. Le processus de légitimation des SIC en tant qu'interdiscipline

46-47

3.3.6.2. Comment les chercheurs SIC sont soumis à l'évaluation 47-50
3.3.7. L'évaluation dans l'éducation : de l'évaluation institutionnelle à l'évaluation

des performances des apprenants 50-53
3.3.8. L'évaluation dans les politiques publiques : d'une politique d'évaluation à une

politique de résultats 53-56

3.3.9. L'évaluation en milieu médical : évaluer l'état de santé du patient 56

3.3.10. L'évaluation dans les politiques culturelles 57-59

5

4. Conclusion de la première partie :

 

60-61

62

De l'évaluation singulière à l'évaluation collective

Deuxième partie : Description et analyse du dispositif et d'un projet subventionné

1. Chapitre premier : Description et analyse du dispositif

63

1.1. Introduction

63

1.2. Organismes contractants

63-64

1.2.1. Secrétariat du Groupe des États ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique)

64

1.2.2. La Commission européenne

64

1.2.3. La Coopération ACP-UE

64-65

1.3. Présentation du terrain de recherche

65-66

1.3.1. Analyse et délimitation du terrain

66-67

1.3.2. Présentation du dispositif

67-68

1.3.2.1. Le dispositif : Programme ACP Cultures+

68-70

1.3.2.2. Les appels d'offres ou appels à propositions

70-71

1.3.2.3. Les termes de références ou les spécifiques techniques

71-72

1.3.2.4. L'appel à propositions

72

1.3.2.5. Les différents critères

72

1.3.2.5.1. Les critères d'éligibilité

72-74

1.3.2.5.2. Les critères d'évaluation

74

1.3.2.5.3. Les critères de sélection

74-76

1.4. Les grilles d'évaluation

76-77

1.4.1. Évaluation et sélection des demandes

77

1.4.2. Caractéristiques de la grille d'évaluation

78

1.4.2.1. Première étape de l'évaluation et de la sélection

78-80

1.4.2.2. Deuxième étape de l'évaluation et de la sélection

80-83

1.4.2.3. Troisième étape de l'évaluation et de la sélection

83

1.5. Les évaluateurs du programme ACP Cultures+

83

1.5.1. Qui sont-ils, quel est leur capital culturel et intellectuel ?

83-84

1.5.2. Déroulement de l'évaluation

84-86

2. Chapitre deuxième : Description et analyse d'un projet culturel subventionné 87

2.1. Présentation du projet « CIRCUIT ART'MATTEND » 87

2.1.1. Les objectifs du projet 87-88

2.1.2. Le choix sur l'analyse du projet « Circuit Art'Mattend » 88-90

2.1.3. Résumé de l'action 90-92

2.1.4. Outils et mécanismes d'évaluation préalable du projet 92-93

2.1.4.1. Origine et questionnement du projet 93-94

2.1.4.2. Les indicateurs de réussite 94-95

2.1.4.3. Les actions du projet 95-98

2.1.4.4. Pérennité du projet 98-99

2.1.4.5. Risques et durabilité 99

2.1.4.5.1. Risques 99-100

2.1.4.5.2. Durabilité du projet 100-102

2.2. Fiches de présentation du projet dans le catalogue des projets subventionnés 103-104

3.

6

Chapitre troisième : Accord de subvention 105

3.1. Projets subventionnés 105

3.2. Statistiques 106-108

Troisième partie : Méthodologie de recherche et accès au terrain 109

1. Chapitre premier : Méthodologie de recherche et accès au terrain 110

1.1. Introduction 110-111

1.2. Choix du programme et du projet culturel 111

1.2.1. Le programme ACP Cultures+ 111-112

1.2.2. Le projet culturel circuit Art'Mattend 112-113

1.3. Terrain de recherche, acteur de terrain et entretiens 113

1.3.1. Choix du terrain 113-114

1.3.2. Les acteurs de terrain 114

1.3.3. Les entretiens semi-directifs 114-116

1.3.3.1. Analyse des entretiens 116-119

2. Chapitre deuxième : Financement - Expert - Ressources 120

2.1. L'organisme de financement 120-121

2.2. Les experts (consultants) 121

2.3. Le terrain et ses ressources 121-122

Quatrième partie : Apports visés, limites et difficultés de l'étude - Résultats 123

1. Chapitre premier : Apports visés, limites et difficultés de l'étude 124

1.1. Apports visés 124-128

1.2. Limites et difficultés 128-131

1.3. Résultats 132-141

Conclusion générale 142-148

Bibliographie 149-158

Annexes 159-246

7

INTRODUCTION

L'évaluation est devenue omniprésente (Damon, 2009) dans tous les domaines de la société, avec pour fondement de mesurer l'écart entre les résultats obtenus et les résultats espérés, d'analyser les performances d'une action dans sa mise en oeuvre et d'évaluer les objectifs fixés en amont de la conception ; c'est le cas pour un projet culturel. Mesurer une activité culturelle en se basant sur les résultats fixés en amont constitue un effort d'application de procédés managériaux de définition et de mise en place des indicateurs de réussite élaborés dans des champs autres que celui de la culture. L'évaluation peut également servir à établir des classements, des hiérarchies dans le but d'avoir des repères pour la distribution et l'attribution des ressources. En valorisant l'action à réaliser dans le cadre d'un projet culturel, le porteur de projet détermine les mécanismes et les méthodes susceptibles de l'aider à se repérer, hiérarchiquement dans la mesure des résultats et des attentes de l'action. D'où, l'omniprésence de l'évaluation dans la conception d'un projet culturel avec pour finalité la valorisation de l'action à réaliser.

Un projet analysé ou évalué en amont de se réalisation se construit dans une vision de réussite tout en évitant les erreurs. Concevoir un projet culturel, c'est définir et déterminer l'environnement dans lequel sera menée l'action à développer. Évaluer un projet culturel, c'est mesurer de quelle manière les actions vont être réalisées et mises en place, juger l'intensité de la faisabilité pragmatique du projet dans un environnement de développement socioéconomique stable. À cet effet, le porteur de projet ou le concepteur d'une action construit un cadre théorique suivant son projet, en mettant en place préalablement des indicateurs et en délimitant le champ de l'exercice de l'action afin de mener à bien son travail d'évaluation.

Dans une démarche de libre concurrence et de laisser-faire de l'Etat, tout comme l'évaluation d'actions économiques, l'évaluation des projets culturels se fonde sur une batterie d'indicateurs de réussite et de faisabilité. La liberté des porteurs de projet de concevoir, créer et organiser doit répondre à des critères d'évaluation préalable, sachant que l'évaluation est un examen ciblé et limité dans le temps, servant à juger un projet en cours ou achevé, y compris sa conception, sa mise en oeuvre et ses résultats. Elle juge selon les méthodes systématiques et des critères objectifs et recherche des explications si un processus ne s'est pas déroulé comme

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prévu (De Perrot, Wodiunig, 2008, p.15). Dans un monde économiquement libéral, la liberté de créer et de concevoir des projets culturels doit se plier à des logiques d'évaluation préalable. Des logiques dont les normes et les règles soumettent les porteurs de projets dans le respect des critères et des conditions d'attributions de ressources, tout en sachant que la liberté de concevoir et de créer reste à la portée du porteur de projet. Évaluer, c'est tirer les leçons d'une expérience (De Perrot, Wodiunig, 2008) dont les résultats ou la finalité n'ont été à la hauteur des attentes du concepteur de l'action. Ainsi, évaluer préalablement un projet culturel, c'est mesurer en amont les chances de sa mise en oeuvre, de sa réussite et de sa pérennité.

Come les manuels pratiques de gestion de projets culturels le conseillent, concevoir un projet, c'est d'abord vous informer afin de prendre en compte les réalités locales, définir les objectifs qui motivent votre action, prendre les premiers contacts pour mettre en place le partenariat (De Bosset, 2008) pour enfin se lancer dans la conquête du terrain. Dans cette perspective, le sens de l'étape de la conception serait d'avoir un regard global de ce que l'on entreprend, de clarifier et hiérarchiser les objectifs (Kabore, 1999) et de donner une colonne vertébrale. Plus précisément, dans le cas pris en examen dans le cadre de notre mémoire, afin de répondre à un appel à projets proposé par l'Union européenne via le programme ACP Cultures+ (Afrique, Caraïbes, Pacifique) il faut tenir compte d'une démarche normative qui demande le respect des critères d'éligibilité établis par les institutions en charge de l'appel. Cette démarche soumet le porteur de projet à un certain nombre d'exigences parmi lesquelles un diagnostic préalable de la proposition à soumettre, la planification du processus, la détermination de la cohérence entre les résultats et les attentes de la proposition et la vérification des ressources disponibles sur le terrain à exploiter. Le soumissionnaire doit tenir compte des mécanismes de soumission tout en respectant les procédures contractuelles du dispositif dans le cadre des actions à mener. Se pose ainsi la question de l'évaluation préalable de la proposition ou du projet à soumettre pour éligibilité.

Dans toute démarche de développement ou de mise en place d'un projet, voire d'un programme, la nécessité d'une évaluation préalable s'impose. D'après Joëlle Le Marec (1996) qui a examiné les enjeux de l'évaluation en muséologie, il s'agit d'apporter des informations sur le déjà-là du public pour prévenir les obstacles à la transmission des connaissances et à la communication, ou bien pour optimiser l'impact de l'opération projetée. En effet, l'évaluation préalable oblige le porteur de projet à s'interroger sur les critères d'évaluation de son projet, sur ses objectifs, sur les indicateurs de réussite ou de faisabilité. La démarche évaluative

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conçue et mise en place en amont de la conception d'une action ou d'un projet permet de recueillir des données et des informations susceptibles de mesurer la portée de l'action et les finalités du projet, une manière d'acquisition de connaissances et de savoir. Pour Griggs (1984), l'objectif de l'évaluation préalable est d'éviter les erreurs avant qu'elles ne soient commises. C'est une enquête que le porteur de projet doit mener sur son terrain de collecte de données afin de définir les périmètres d'exercice et d'identifier l'environnement dans lequel il doit mener l'action ou le projet. Un projet ou une action a une particularité, la définition des stratégies objectives à la conception, la mise en place des méthodes pratiques servant à mesurer les résultats visés, la manière de poser les indicateurs de contrôle ou de vérification : vérifier, optimiser et assurer la qualité (De Perrot et Wodiunig, 2008, p. 16).

Évaluer n'a jamais été facile. En effet, des moyens sont nécessaires pour accomplir une telle tâche. Une évaluation répond à une démarche précise sur le sujet à évaluer1 afin d'adapter une structure de raisonnement et de bâtir une rhétorique normée, respectant les règles de conception solide d'un projet. La construction d'un projet quel qu'il soit répond à des enjeux normés et à des exigences réglementées. Le projet est considéré aujourd'hui comme le mode de fonctionnement privilégié des organisations les plus performantes, en tant que moyen mobilisateur des acteurs pour la réussite de leurs objectifs (Vilatte, 2006) qui visent une réussite à la conception. Ainsi, évaluer son projet en amont précise la compréhension des objectifs et la définition des indicateurs à mettre sur pied pour la conduite de la conception. Le porteur de projet devient évaluateur de son projet avec une détermination de mésuser les mécanismes de faisabilité de son projet ou de son action. Evaluer son projet en amont permet à la fois d'établir une description quantitative et qualitative de son action, en jugeant la valeur à accorder à celui-ci, en mesurant les réalisations à concrétiser, en définissant les indicateurs susceptibles d'aider le porteur de projet à s'approprier l'outil de travail. Car évaluer c'est mesurer le chemin parcouru pour progresser, réajuster, mettre en cohérence. L'évaluation est un outil au service de la démarche de progrès qui s'inscrit dans le souci de l'amélioration continue des actions. Chatel (2001) souligne qu'en sciences de l'information et de la communication, l'évaluation est un outil de contrôle et de mesure des résultats. Des résultats qui doivent tenir comptent des objectifs établis en amont ainsi que des attentes du porteur de projet. Un projet dans son ensemble mobilise toujours des moyens, des énergies et de la compétence pour se réaliser tout en respectant une démarche évaluative

1 « Méthodologies d'évaluation en EAD », Antipodes, n°156, avril 2002, p.16-19.

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justifiée et mesurée en amont. Le porteur du projet devient à la fois concepteur et évaluateur d'une action dont les objectifs ciblés à la conception de son travail déterminent la finalité. Il n'est pas aisé d'évaluer son propre travail quand on n'est pas évaluateur, mais l'on devient pour vérifier la réalisation ou la faisabilité de son projet en tenant compte des indicateurs mis en place à la conception. Il est important de souligner qu'un indicateur d'évaluation est un descripteur qui permet de répondre à une question évaluative. Le porteur de projet dans en mesurant la faisabilité de son projet doit tenir compte des indicateurs suivant : l'efficacité, l'efficience, la cohérence ou la pertinence de l'action à mener.

Notre étude porte sur les enjeux d'une évaluation préalable d'un projet culturel avant soumission. Le choix de ce sujet est lié à la place de plus en plus importante accordée par les acteurs culturels à cette étape préalable du processus d'évaluation, dans la conception des projets culturels qui visent à contribuer à la réduction de la pauvreté et au développement humain. À cet effet, plusieurs travaux en sciences de l'information et de la communication plus largement en sciences humaines et sociales seront cités, tels que ceux de Jacques Ardoino, Guy Berger, Élisabeth Chatel, Michel Lecointe, Marie-Anne Dujarier, Jérôme Denis, Valérie Boussard, Joëlle Le Marec, Françoise Campanale, Michel Vial, Valérie Bouchard, Robert Boure.

Ce travail de recherche se focalise en particulier sur le cas des appels à propositions du programme ACP Cultures+ en partenariat avec l'Union européenne. Ce cas nous paraît significatif parce qu'il permet d'observer dans quelle mesure l'évaluation préalable nécessite un esprit critique dans l'élaboration et la réalisation d'un projet concret, voire réaliste. À cet effet, il est nécessaire de circonscrire préalablement l'évaluation dans la conception d'un projet afin d'élaborer une action qui réponde aux exigences d'une communauté dont la finalité s'oriente à la fois vers le soutien de la créativité et vers l'amélioration des conditions de vie des citoyens. Il sera question d'analyser ce que l'évaluation produit comme normes dans la gestion d'un projet culturel par l'analyse du dispositif du programme ACP Cultures+ ainsi que d'un projet subventionné dans le cadre de ce programme. Le programme ACP Cultures+ est le seul dispositif existant qui accompagne le développement culturel et soutien les porteurs de projets des pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique). Le choix d'un tel dispositif, se justifie dans la manière elle se présente (techniquement) et de la manière elle se constitue (spécificité). Comprendre le fonctionnement du dispositif ainsi que la manière dont les porteurs de projets évaluent leurs projets, est le point de départ de ce travail de recherche.

11

Tout est parti d'un constat, le rejet des propositions soumissionnées par les porteurs de projets (le plus souvent) dans le cadre de l'obtention du financement. Certains voient leurs propositions rejetés suscitant le découragement et la déception, d'autres par ailleurs se voient octroyés le financement. La finalité de la démarche artistique des porteurs de projets, est de pouvoir décrocher le sésame (financement du dispositif ACP CULTURES+) afin de réaliser leurs projets ou leurs actions. Contribuer à la réduction de la pauvreté sur le continent en menant des actions de développement et de croissance économique à travers les projets proposés par les porteurs de projets africains. Ainsi, je me suis posé des questions : comment fonctionne ce programme ACP CULTURES+ ? Quelles-sont les conditions à remplir pour avoir accès au financement ? Qui évalue les propositions des porteurs de projets ? Comment est-ce que le programme octroi le financement (critères, conditions) ? Autant de questionnements de ma part. Il était nécessaire de comprendre le fonctionnement du dispositif ACP CULTURES+, déterminer les termes d'évaluation du programme et de validation des propositions. De l'autre côté, comprendre comment est-ce que les porteurs de projets conçoivent leurs propositions et déterminer la manière dont ils évaluent leurs projets à soumissionner.

Dans la cadre de mon projet professionnel, cette étude ouvre la voie d'une recherche universitaire qui doit se poursuivre en thèse avec pour objectif de travailler dans l'évaluation des projets et politiques culturels. L'intérêt de se lancer dans cette démarche de recherche universitaire, s'explique par ma volonté de vouloir comprendre comment sont évalué les projets culturels, en particulier les projets culturels internationaux. Acquérir de la compétence, du savoir et de la maîtrise de conduite d'évaluation des projets sollicitant des financements internationaux. Evaluer les projets, évaluer les programmes dans le domaine de la culture, m'as toujours passionné. La maîtrise des mécanismes liés à la réalisation d'une évaluation (en amont ou en aval) d'un projet dans le domaine du développement culturel, serait un atout dans l'accompagnement professionnel à apporter aux porteurs de projets africains, en quête d'expertise et de consultations de leurs initiatives culturelles.

Cette recherche amorcée durant ma formation en Master serait l'une des premières étapes d'un parcours universitaire qui devrait se poursuivre les années à venir vers la préparation d'un doctorat.

12

La réalisation d'un projet ou d'une action dans le domaine de la culture appelle des compétences, des qualités et des moyens pour mener à bien un travail de créativité dans un objectif de réussite qui, lui-même, nécessite des mesures, de valeurs indicatives, une évaluation préalable. Répondre à l'appel à projets proposé par l'Union européenne via le programme ACP Cultures+ signifie pour le porteur de projet comprendre des mécanismes et des règles de jeu du dispositif afin de bâtir des stratégies d'évaluation préalables et de mesurer les objectifs finaux.

Evaluer un projet culturel en amont de sa conception est une démarche quantifiable et qualifiable pour déterminer la faisabilité et la fiabilité de l'action à mener. A cet effet, dans ce mémoire recherche, l'objectif est de savoir, pourquoi les porteurs de projets doutent-ils du système d'évaluation des projets soumissionnés dans le cadre du programme ACP Cultures+, craignant que leur projet soit rejeté ? Il sera question d'analyser le dispositif qui accompagne le programme ACP Cultures+, et de comprendre les mécanismes de conception des projets par les porteurs de projets en vue d'obtention de financement. Mon travail de mémoire s'intéresse à l'évaluation préalable d'un projet culturel avant soumission pour subvention. Il sera question d'étudier les acquis, les expériences, les connaissances et les compétences des porteurs de projets dans la conception et la soumission d'une proposition d'action ou d'un projet ; d'examiner la manière dont ils appréhendent de la notion d'évaluation préalable ainsi que les règles concernant l'octroi de la subvention et de comprendre comment l'évaluation est menée au sein de l'organisme d'octroi de subvention.

Dans cette étude, il sera question dans un premier temps de signifier comment la notion d'évaluation a été questionnée par dans les sciences de l'information et de la communication (SIC). Est-ce que les SIC ont un regard spécifique sur l'évaluation ? Quelle est la particularité des études sur l'évaluation en SIC ?

Dans un deuxième temps, il s'agira de répondre aux interrogations suivantes : quel est en général le bagage culturel des évaluateurs ? Quels sont leurs savoirs et savoir-faire dans le domaine culturel ? Quelles fonctions assument-ils au sein de l'organisme financeur des appels à projets ? Quels sont leurs objectifs finaux au regard de ces règles et normes ? Sur quel fondement et sur quelle expérience sont basés les grilles d'évaluation et les critères d'éligibilité inscrits dans les appels à projets ?

13

Dans un troisième temps, il s'agira d'interroger les règles qui constituent le fondement préalable d'une évaluation dans l'écriture d'un projet culturel, en se référant au dispositif mis en place par l'Union européenne en partenariat avec le groupe des États ACP. L'analyse de ce dispositif s'avère nécessaire pour saisir le poids de l'évaluation préalable dans la conception d'un projet culturel.

Puis, dans un quatrième temps, nous allons tenter de comprendre comment les porteurs de projet définissent leurs actions : Dans quel cadre cognitif inscrivent-ils leurs démarches de conception préalable ? Concevoir un projet, c'est s'informer des réalités du terrain et bien définir les objectifs qui motivent l'évaluation préalable.

14

1. Objet de l'étude

Dans le cadre de cette étude, nous allons étudier les enjeux d'une évaluation préalable d'un projet culturel en amont de sa conception en nous appuyant sur l'analyse du cas de l'appel à propositions de l'Union européenne via le programme ACP Cultures+ (Afrique, Caraïbes, Pacifique). Nous allons notamment analyser les mécanismes de l'évaluation préalable des projets soumis dans le cadre de cet appel.

Mettre en place un projet culturel, c'est obéir aux normes et aux règles qui définissent les objectifs préétablis et les résultats attendus en passant par l'évaluation préalable. À cet effet, pour évaluer un projet culturel, il est nécessaire de mettre en place des mécanismes d'accompagnement et des indicateurs de réussite qui couronneront le succès et la faisabilité du projet.

L'objectif de cette étude se focalise autour de la question de l'évaluation préalable qui est au coeur de l'élaboration des projets culturels en amont de leur conception. Il s'agit d'analyser les processus d'élaboration et de mise en route des critères d'évaluation préalable par les évaluateurs ainsi que les processus de compréhension des enjeux de l'évaluation préalable par les porteurs de projets et la manière dont ils en tiennent compte dans la conception d'un projet. Il s'agit d'étudier ce que l'évaluation produit comme normes dans la réussite de la conception d'un projet. Construire un projet c'est déterminer les formes de matériaux qui permettront de mettre sur pied les indicateurs susceptibles de mesurer les résultats, comme le signifie Joëlle Le Marec (1996), d'apporter des informations sur le déjà-là des consommateurs, des usagers pour prévenir les obstacles et d'éviter les erreurs dans l'optimisation des impacts dans l'évaluation préalable d'une action.

Nous faisons l'hypothèse que, en mettant en place un tel dispositif de subvention, l'organisme contractant construit également son objet d'évaluation et ses principes de contrôle afin de mieux structurer hiérarchiquement les démarches d'octroi de financement qui respecteraient les valeurs représentatives de la structure pour répondre aux attentes des porteurs de projet.

Figure 1 - Un dispositif, des obligations, des outils d'évaluation, des résultats et une finalité.

Dispositif

(Programme ACP Cultures+)

Evaluation finale

Evaluation des résultats

Finalité

Outils d'évaluations

Critères d'éligibilités
et d'évaluations

Evaluateurs face aux
porteurs de projets

Projets à soumissionner
ou soumissionnés

Obligations

Respect des termes
de référence

Le PRAG

Résultats

Respect et réalisation
des objectifs définis

15

Le schéma ci-dessus est la lecture à faire dans la compréhension du dispositif (Programme ACP Cultures+). Cette description m'a permis de résumer tout le dispositif en suivant étape après étape le chemin que le porteur de projet devrait suivre dans la soumission d'une proposition de projet ou d'une action. L'appropriation du langage et du discours contenu dans le dispositif (Programme ACP Cultures+) par le porteur de projet, devrait l'aider dans la conception d'une proposition en amont de la soumission, en respectant les consignes, les conditions, les critères et les obligations décrient dans le document.

Ce schéma résume la démarche que devrait emprunter le soumissionnaire dans la conception et la soumission d'une proposition. A partir des obligations, le porteur de projet est soumis au respect des termes de référence contenu dans le PRAG (Pratical guide). La définition des outils d'évaluations suivant les critères d'éligibilités et d'évaluations déterminées dans le dispositif (évaluateurs face aux porteurs de projets). Les résultats et la finalité dont le porteur de projet devrait dans la conception de sa proposition définir clairement les objectifs à réaliser ainsi que l'évaluation finale de son action.

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2. Postulat de départ

Notre recherche part d'un questionnement : pourquoi les porteurs de projet doutent-ils du système d'évaluation des projets soumissionnés dans le cadre du programme ACP Cultures+ et craignant que leur projet soit rejeté ?

J'ai pu rencontrer les porteurs de projets avec qui nous avions échangés durant cette étude dans l'objectif d'acquérir plus des données dans la conception de leurs projets. Ces rencontres avaient pour but de comprendre leurs manières de réfléchir dans la conception et l'évaluation de leurs projets ; de déterminer leurs craintes et leurs appréhension dans la soumission des propositions dans l'obtention des financements internationaux. A travers des questionnaires et des entretiens physiques, chaque porteur de projet à définit sa méthodologie de travail ; à produit son raisonnement et sa réflexion (Cf. les questionnaires à l'annexes). Les porteurs de projets sont des acteurs de terrain avec des initiatives qui contribuent au développement culturel d'une nation et à la création d'emploi. Ce sont des moteurs de développement d'emploi et humain.

La nécessité d'analyser le dispositif d'octroi des subventions pour soutenir le développement des industries culturelles dans les pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique) ainsi que son fonctionnement constitue le point déclencheur de cette étude. La démarche à suivie pour pouvoir apporter des approches de raisonnement a consisté dans l'analyse de la situation d'octroi des subventions et la manière dont les porteurs de projet saisissent la question des normes et des règles du dispositif. Ainsi, la compréhension du cadre théorique et technique du dispositif a présenté un atout nécessaire pour notre étude afin de mieux cerner les mécanismes de l'évaluation préalable, point focal de la conception d'un projet culturel.

L'installation du doute dans les consciences des porteurs de projets suivant le système d'octroi des subventions a été l'une des causes de notre engagement dans ce travail. Les porteurs de projets dans la conception de leurs propositions culturelles, sont soumis à des contraintes dans la soumission des projets. L'obligation du respect du cadre de travail défini dans le PRAG (Pratical guide), le suivi des consignes dans la démarche d'évaluation préalable du projet. Aucun porteur de projet ne pourrait déroger à la réglementation établie dans le document principal de travail. Afin de pouvoir s'assurer du respect des consignes de la part des porteurs de projets dans la conception et la soumission des propositions pour financement, nous nous sommes appropriés le PRAG (Pratical guide). Nous avions analysé et

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décrypté le contenu du document afin de comprendre en quoi l'existence du doute des porteurs de projets.

Afin de mieux conduire nos travaux, nous avons analysé les mécanismes environnant la soumission des projets culturels, essayé de comprendre la méthodologie appliquée par les acteurs de terrain dans l'évaluation préalable du projet et d'examiné l'environnement professionnel dans lequel ils travaillent et le point de vue des personnes avec qui ils conçoivent leurs actions. Autant de pistes de réflexion pour cerner et analyser le dispositif de manière générale. L'analyse d'un tel dispositif préétabli implique la maîtrise de l'environnement et la vérification des compétences des porteurs de projet pour faire face aux contraintes du dispositif.

3. Terrains

Pour mener à bien ce travail de réflexion et de recherche scientifique, il était impératif de définir le terrain dans lequel nous devions mener nos enquêtes, récolter des données et rencontrer les différents acteurs concernés par cette démarche : les porteurs de projet et l'organisme de financement des projets (les techniciens-évaluateurs). Tout travail de recherche ou de collecte de données nécessite de la patience, de la détermination et du courage, car les terrains sont différents, les caractéristiques ne sont pas les mêmes, l'accès aux données s'avère douteuse, la disponibilité physique des personnes ressources pose problème au niveau du calendrier ou en raison d'autres tâches prioritaires. Seuls la détermination et l'engagement du chercheur entraîneraient la réussite de l'action.

Pour la collecte des données de cette étude, nous avons rencontré les porteurs de projet, acteurs principaux de l'étude, et les techniciens en charge de l'évaluation des appels d'offres de l'organisme de financement, avec pour terrain principal le siège des États ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique) à Bruxelles, en Belgique. On ce qui concerne les porteurs de projets, nous avions échangé avec les acteurs culturels de terrain, ceux dont les propositions ont été validées et le financement accordé. Initiateurs et concepteurs des projets de développement culturel, ils représentent pour les artistes et les bénéficiaires de leurs actions, l'espoir d'une vie meilleur ainsi que du développement humain. Certes parmi eux d'autres n'ont pas des formations ou des diplômes supérieurs, juste de l'expérience et la maitrise du terrain, faisant d'eux des concepteurs d'actions culturelles et d'initiateurs de projets de développement avec finalité, la création d'emploi. D'autres par contre, sortent des écoles de

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formations de management, avec des expériences et des compétences dans la conception et la réalisation des projets culturels. Des consultassions sont menées entre eux dans le cadre d'échanges de compétences visant la transmission d'expériences et des idées.

En ce qui concerne les techniciens en charge d'évaluation des appels à propositions des porteurs de projets, ceux dont nous avions rencontré sont fonctionnaires soit du secrétariat des Etats ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique) et d'autres de la commission de l'Union européenne. Tous ne sont pas des professionnels du métier de la culture, mais travaillent depuis un certain moment dans le domaine et ont acquis des connaissances et de l'expérience dans la gestion et l'évaluation des propositions des porteurs de projets en quêtent de financement. Ils ont missions d'accompagner les porteurs de projets dans la compréhension et la maitrise des termes du dispositif de financement, répondre aux besoins des porteurs de projets de manière permanent suivant un calendrier établi par l'organisation d'octroi de financement et assistent techniquement les soumissionnaires dans l'accomplissement de leurs actions

L'accès au terrain nous a permit de collecter des données et des documents que nous avions analysé dans l'objectif de comprendre le fonctionnement du dispositif, et la compréhension d'une évaluation préalable d'un projet culturel. Parmi les documents analysés, le PRAG (Pratical guide) des procédures contractuelles dans le cadre des actions extérieures de l'Union européenne document principal et par excellence de travail dans la compréhension du dispositif. C'est un document qui décrit des règles de base du dispositif, le fonctionnement des marches de services, des marchés de fournitures, de marchés de travaux, des subventions ainsi que des bases légales. A cela s'ajoute d'autres documents d'accompagnement dans la maitrise du dispositif détaillant le fonctionnement et l'appropriation des termes de référence : les foires aux questions (FAQ) et les lignes directrices à l'intension des demandeurs de subventions, constituons ainsi le seul document légal. Les documents ont été trouvés facilement sur conseil des techniciens sur le site internet de la commission de l'Union européenne et du secrétariat des Etats des ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique). D'autre part, nous avions analysé un projet culturel validé et subventionné dont l'exécution s'est déroulée sur deux continents (l'Afrique et les Amériques). Un seul projet parce que nous ne pouvions analyser tous les projets, question de timing. Il nous fallait nous concentrer sur une seule démarche artistique, chose que nous avions réalisée. Nous souhaitions également analyser un

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projet culturel rejeté ou non validé par le dispositif, mais impossible d'en avoir l'accès selon les techniciens du programme.

4. Intérêt de l'étude avec les industries culturelles et créatives

Le terme industries culturelles fait référence à des industries qui touchent à la fois la création, la production et la commercialisation de contenus créatifs de nature culturelle et immatérielle (Gombault, Livat-Pécheux, Durrieu 2009). Parler de document créatif c'est parler des projets culturels dont le contenu constitue une idée ou des idées faisant parti d'acticités culturelles tout en prônant la création et le développement artistique. Dans le cadre de notre étude, le projet culturel est une activité qui fait partie des industries culturelles et créatives au regard de son contenu et de son intérêt pour le développement culturel. Les relations ou les liens sont direct entre un projet culturel avec les industries culturelles et créatives. Les industries culturelles et créatives englobent toutes activités créatives et artistiques, incérant ainsi dans son sein le projet culturel.

Le terme industries créatives comme le soulignent Gombault, Livat-Pécheux et Durrieu (2009), comprend un plus grand ensemble d'activités qui englobent les industries culturelles auxquelles s'ajoutent toutes les activités de production culturelle ou artistique, qu'elles aient lieu en direct ou qu'elles soient produites à titre d'entité individuelle. Le projet culturel, l'objet de notre étude fait parti intégrante de la production artistique parce qu'il y a de la création artistique à l'image du projet dont nous avions analysé qui concerne le théâtre. Il y a un contenu artistique et théâtral diffusant de l'information ou des données. La relation qui existe entre notre étude et les industries culturelles et créatives, tourne autour de la créativité et la diffusion artistique, parce que les produits ou les services contiennent une proportion substantielle d'entreprise artistique ou créative et comprennent des activités comme l'architecture et la publicité (Idem, 2009).

Le développement des industries culturelles et créatives constitue de nos jours pour les pays émergents un fondement, un appui technique et économique pour développer l'économie de la culture. Les porteurs des projets qui sont les acteurs de terrain, sont les portes paroles par excellence du développement des industries culturelles et créatives par rapport à leurs initiatives de création d'emploi et de développement humain. Travaillant essentiellement par l'entremise des projets culturels qui fait partie intégrante des industries culturelles et créatives, les porteurs de projets contribuent de manière permanente au développement de leurs pays et

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à la diminution de la pauvreté. Suivant cette démarche de contribution à l'émergence, les porteurs de projets deviennent des entrepreneurs culturels dans la création artistique et culturelle, en apportant de la valeur ajoutée dans la conception et le développement des projets culturels innovants, en sachant qu'un projet culturel est porteur de données sociales, culturelles, techniques et professionnelles.

5. Intérêt de l'étude dans les sciences de l'information et de la communication

Notre travail s'intéresse aux enjeux de l'évaluation préalable des projets culturels. Il s'agit de questionnements qui concernent directement les acteurs professionnels : les acteurs institutionnels impliqués dans l'élaboration des appels à projets et les acteurs de la culture porteurs de projets ; et aussi de questionnements qui ont aussi des retombées plus large à caractère social, économique, culturel, technique. De ce point de vu, notre recherche s'insère parfaitement dans la tradition des sciences de l'information et de la communication, interdiscipline née au sein des IUT et ayant au coeur de ses préoccupations la professionnalisation des apprenants pour répondre à une demande politique et sociale (Jeanneret, Ollivier, 2004). Il est important de signaler que les acteurs institutionnels impliqués dans l'élaboration des appels à projets et les acteurs de la culture porteurs de projets, assurent le rôle chacun dans son univers. Les acteurs institutionnels assurent le relai entre les porteurs de projets et le dispositif ACP Cultures+, avec pour mission d'accompagner les soumissionnaires des propositions d'actions suivant un processus de professionnalisation.

De l'autre côté, nous avions les porteurs de projets qui assurent le relai entre le projet culturel et les bénéficiaires finaux, qui valideront le projet selon les retombées qu'elles soient sociales, économiques, culturelles voir techniques. Chacun des acteurs joue un rôle capital dans le développement culturel et humain ainsi qu'à l'évaluation d'un projet culturel qui est la finalité des attentes des porteurs de projets. Le projet culturel fait partie intégrante des industries culturelles et créatives contribue au développement cette dernière, ainsi qu'à l'amélioration de qualité de vie des citoyens. Un projet culturel dans son objet se positionne comme un instrument de développement local à travers des actions à réaliser.

La prise en compte d'un projet culturel comme un instrument de développement, s'explique par rapport aux résultats fixés en amont de la conception, par son importance et son utilité au service du développement humain et de son intérêt à contribuer à la diminution de la pauvreté. Les porteurs de projets qui sont les acteurs de ce développement en passant par

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le projet culturel, deviennent des pourvoyeurs d'emplois (en qualité d'entrepreneurs) et des acteurs de lutte contre la pauvreté par la mobilisation des moyens techniques et financiers. Ce travail fait par les porteurs de projets en apportant une valeur ajoutée dans le développement culturel, nécessite un esprit d'évaluation préalable afin de hiérarchiser les étapes de mise en route du projet à réaliser. Une évaluation n'a de sens que si elle produit du changement en produisant de la connaissance, c'est un processus qui à principalement une fonction de régulation (Genthon, 1991). Une connaissance qui doit rendre les acteurs ou les bénéficiaires de l'action, professionnel dans l'exercice d'une fonction ou dans l'amélioration des conditions de travail.

De l'objet de la recherche à l'intérêt du sujet dans les sciences de l'information et de la communication en passant par la définition de ce sujet, postulat de départ de ce travail, notre écriture pose les bases d'une étude scientifique nécessitant des éléments sémantiques pragmatiques dans la démonstration des référentiels, des discours et des raisonnements d'une recherche de qualité critique et de synthèse. Un travail de recherche scientifique se résume dans l'analyse des enjeux, dans la production des processus communicationnels et informationnels et dans l'amélioration de la qualité de l'objet observé sur le terrain, car l'idée de l'évaluation est une mesure des performances (Hadji, 1997, p. 24), sachant que les résultats de cette évaluation conditionnent l'efficacité et la qualité d'une subvention internationale (De Perrot & Wodiunig, 2008).

6. Mise en situation

Les enjeux d'une évaluation préalable dans la conception d'un projet culturel déterminent les processus et la conduite d'une action ou d'un programme à développer. Ainsi, mener une évaluation préalable avant la soumission d'un projet dans le cadre d'une subvention internationale permet aux demandeurs ou porteurs de projet de se projeter dans la mise en route de l'action et de bâtir les stratégies possibles conduisant à la réalisation des objectifs fixés. L'évaluation étant devenue omniprésente (Damon, 2009), elle a pris une place capitale dans la conception des programmes, des politiques et des projets qui visent la croissance et le développement. Cela demande la conception de stratégies de mise en place d'outils pour la mesurabilité des objectifs et le développement et de méthodes pragmatiques pour l'application des indicateurs de vérification doivent être développées. Une évaluation se justifie par sa performance, sa pertinence, son contenu et son impact à communiquer autour des finalités et des résultats fixés en amont.

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Dans cette étude, nous allons déterminer l'importance d'une évaluation préalable dans la conception d'un projet et justifier l'intérêt d'évaluer son action pour l'atteinte des objectifs fixés ainsi que des résultats attendus en se référant au dispositif prédéfini, socle de la démarche de soumission d'un projet culturel.

L'évaluation préalable est aujourd'hui un élément essentiel de succès dans le management des projets, qu'il s'agisse de recherche ou de soins, d'individus ou de lois. Célébrée ou critiquée, elle a l'ambition de mener à l'efficacité, la performance et la qualité (De Perrot & Wodiunig, 2008). Elle impose alors le respect d'une démarche rigoureuse de type stratégique. Il est nécessaire de souligner que la stratégie d'évaluation suppose beaucoup de profondeur dans l'analyse, de rigueur dans le travail et de créativité dans les décisions.

7. Plan du travail

Notre travail va nous permettre d'analyser les stratégies d'évaluation pour un projet culturel, qu'elles soient faites en amont avant la conception, à l'écriture de l'action ou durant l'action, et de présenter les enjeux qui les sous-tendent.

Dans la première partie de notre mémoire, nous allons problématiser de manière méthodique la thématique de notre étude concernant les enjeux de l'évaluation d'un projet culturel. L'évaluation est un instrument de mesure et de contrôle dans la conception d'un projet qui lie l'acteur de terrain (porteur de projet) et l'évaluateur face au projet culturel. La nécessité de pouvoir mener une évaluation dans la conception d'un projet culturel, présenterait des garanties de réussite et de faisabilité pour les concepteurs des actions dans la recherche de financement. Une forme d'indicateur suffisamment solide pour permettre de mesurer les objectifs fixés et les résultats attendus pour un projet. A cet effet, évaluer son projet culturel en amont de sa conception c'est déterminer les mécanismes nécessaires et possibles, susceptibles de pouvoir présenter des gages justifiables, quantifiables et qualifiables à termes pour une action ou un projet à développer. Les porteurs de projets en soumissionnant des propositions d'actions ou de projets à la quête d'une subvention dans la réalisation de leurs propositions, se soumettent à des exigences et obligations dans le cadre du dispositif ACP Cultures+ en répondant à l'appel à propositions proposé par l'Union européenne en partenariat avec le secrétariat des Etats ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique). Dans le cadre de notre étude, déterminer les enjeux de l'évaluation d'un projet culturel c'est s'assurer de la

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validité des indicateurs (internes) qui doivent vérifier la cohérence et la constance méthodiquement ; vérifier la comparabilité dans le temps et l'espace analytiquement sur les mécanismes de réussite et s'assurer de la disponibilité des données qui doivent nécessairement permettre aux porteurs de projets de construire son analyse. Nous nous poserons des questionnements sur l'hypothèse de notre étude qui se focalise sur la manière dont les porteurs de projet saisissent et appréhendent la question de l'évaluation préalable au coeur de l'élaboration des projets culturels. Pour terminer, nous allons établir l'état de l'art de notre recherche en convoquant des auteurs qui ont produits des discours sur la question l'évaluation, analyser la manière dont ils ont mobilisés cette notion d'évaluation dans la recherche scientifique.

En suite dans la deuxième partie de notre étude, nous allons analyser notre corpus, principalement le dispositif ACP Cultures+ (le programme) et l'un des projets culturels ayant obtenu un financement du programme. Parler de porteurs de projets dans la soumission des propositions ou d'actions dans le cadre du programme de subvention du programme ACP Cultures+, c'est décrire le dispositif dans son intégrabilité suivant les termes de références ou les spécifications techniques concernant l'évaluation des projets. Les porteurs de projets dans la conception des propositions à soumissionner dans le cadre du dispositif financier, doivent s'approprier toute la documentation mis à leur disposition pour faire bonne usage. Notre analyse dans cette deuxième partie se portera uniquement dans la compréhension des termes de références du programme et dans la manière dont les porteurs de projets conçoivent les évaluations préalable de leurs de leurs projets à soumissionner. Il sera question également de déterminer les capacités et capitaux intellectuels, culturels, sociologiques et économiques des pouvoirs adjudicateurs ou de l'administration contractante pour l'élaboration des termes de référence ou des spécifications techniques.

Dans la troisième partie, nous présenterons la démarche méthodologique empruntée dans la collecte des données et de l'accès au terrain de notre étude. De la méthode quantitative et qualitative en passant par la méthode hybride ainsi que de l'observation directe. L'évaluation ne doit pas être prise pour une machine à broyer les efforts des acteurs de terrain, mais un mécanisme susceptible de prévenir les manquements et les erreurs qui pourraient porter un coup à la survie d'un projet ou d'une action. L'intérêt de ce dernier doit se centrer dans les attentes et non dans le rejet d'une vérification des données. Nous allons analyser les effets que produit l'évaluation comme norme dans la conception d'une évaluation préalable

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d'un projet pour éviter les écarts dans les résultats, déterminer les variables analytiques (stratégies, enjeux, actions) dans une posture d'adaptation des politiques évaluatives quantifiables et qualifiables à la conception des outils de mesure en amont de l'écriture du projet. Parler de terrain et de méthodologie de recherche, c'est déterminer l'environnement dans lequel nous allons mener notre étude afin de vérifier la problématique posée en amont, et de répondre aux hypothèses posées dans le cadre de cette recherche. Il va nous permettre aussi de déterminer les contours et l'importance d'une évaluation préalable, fondement d'une démarche quantifiable et qualifiable des objectifs fixés et des résultats attendus pour mesurer la finalité d'une action.

Enfin dans la quatrième partie, nous terminerons cette étude en présentant notre apport dans la réflexion du débat sur l'évaluation préalable, précisément dans les projets culturels. Nous présenteront les limites de notre recherche ainsi que les difficultés rencontrées durant la recherche, pour terminer par la présentation des résultats que nous avions obtenus.

PREMIÈRE PARTIE

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Problématique générale - Questionnements - État de l'art

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1. Chapitre premier : Problématique générale

1.1. Evaluation préalable

La Commission de lois du Sénat au travers de son glossaire de partenariat (Cf. http://www.senat.fr/commission/loi/partenariat.html) définie l'évaluation préalable comme une évaluation à laquelle la personne publique procède obligatoirement avant le lancement de la procédure de passation du contrat de partenariat. Une obligation de pouvoir justifier, évaluer, démontrer et prouver la faisabilité d'une action ou d'un projet dont l'organisme public devrait octroyer un financement. Claude Ménard et Oudot Jean-Michel (2009) renchérissent en disant que l'évaluation préalable a pour objet de faire « apparaître les motifs de caractère économique, financier, juridique et administratif qui conduisent la personne publique à engager la procédure de passation d'un contrat. Il en est de même pour un projet culturel, dont le porteur de projet à mission de pouvoir évaluer et justifier la faisabilité de son action ou de son projet avant soumission pour financement quelconque.

Si l'évaluation permet de porter une appréciation sur la démarche et l'action mise en oeuvre dans le cadre d'un projet, l'évaluation préalable par contre, est une démarche obligatoire et nécessaire dans la conduite d'un projet culturel, question de mettre en place des indicateurs de valeurs et de réussite. C'est l'étape première dans la conception d'un projet du fait qu'elle permet de prévenir les erreurs ou les ratés qui pourraient intervenir dans la réalisation du projet comme le souligne Joëlle Le Marec (1996), une étape importante dans la conception d'un projet ou d'une action.

Dans le cadre d'un projet culturel, l'évaluation préalable oriente la réflexion des initiateurs du projet ou de l'action à réaliser. Les porteurs de projets doivent définir en amont l'objectif général et les objectifs spécifiques du projet, tout en déterminant tous les indicateurs possibles : l'impact sur l'ensemble des effets, la pertinence de la démarche en adéquation avec les objectifs, les résultats attendus et la finalité du projet en fixant les bénéficiaires. L'évaluation préalable est le reflet des indicateurs définis en amont de la conception d'un projet mesurable, fiable, quantifiable et qualifiable.

Le choix des indicateurs dans dépend des objectifs du projet, ils doivent être identifiés lors de la mise au point du projet et non lorsque le projet est en cours (Clark, 1995). Les indicateurs ainsi définis et établis, représentent l'évaluation préalable pour le porteur de projet, une garantie de faisabilité et une validation sur l'attribution d'une éventuelle

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subvention, car ils permettent de mesurer une situation ou un risque, de donner une alerte ou au contraire de signifier l'avancement correct du projet.

L'évaluation préalable, c'est le point de départ d'un projet viable qui doit définir les étapes de faisabilité avec mission de pouvoir vérifier que les actions prévues correspondent à un réel besoin pour le public visé, et permettre d'estimer les effectifs potentiels de bénéficiaires (Brézault, Olm, Angotti, Simon, 2009).

1.2. Appropriation des principes de l'évaluation

Les porteurs de projets sont des acteurs de terrain qui conçoivent et initient des projets dans tous les domaines de la société. L'intérêt de cette démarche de conception de projets est de contribuer au développement culturel d'une communauté ou d'une nation avec une finalité, la création d'emploi et le développement humain. Les projets dont ils ont la charge de pouvoir concevoir ou conduire nécessite de manière générale une évaluation, comment le soulignent De Perrot et Wodiunig (2009) spécialistes en évaluation dans le domaine culturel, une évaluation est un examen ciblé. En ciblant l'examen des projets à réaliser, les porteurs de projets focalisent et concentrent la réflexion au niveau de l'évaluation préalable, symbole de l'analyse de la faisabilité d'une action ou d'un projet, l'étape nécessaire pour diagnostiquer la situation sur le choix des priorités. Le porteur de projet devient évaluateur de son propre projet, dans la mesure où il doit définir les objectifs généraux et spécifiques, mettre en place et analysé les indicateurs de réussite, déterminer la faisabilité suivant les matériaux susceptibles valider les résultats attendus.

La conception d'un projet nécessite de la compétence, du savoir et du savoir-faire pour citer l'anthropologue Philippe-Lavigne Delville (2004), évaluer un projet demande une éthique affirmée pour éviter de tomber dans des pièges fréquents. Des pièges qui font reculer le fonctionnement du projet et qui stop ou freine sa réalisation. Il est nécessaire de signaler qu'un porteur de projet est à la fois concepteur et évaluateur de son propre projet, avec pour finalité de mieux juger le travail et orienter les résultats attendus.

Le premier évaluateur ou expert d'un projet culturel est le concepteur lui-même, le porteur de projet qui on est l'auteur de l'idée. De l'idée à la conception des outils nécessaires pour concevoir son projet, le porteur de projet s'inscrit en auteur principal de son scénario et

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définit les attentes, les objectifs, les résultats et la finalité de son action, il est sensé évaluer son action avec beaucoup d'dextérité et de précautions strictes.

Affuter ces armes pour réussir son projet culturel, c'est éviter de tomber dans les erreurs qui rendrait irréalisable la proposition quelque soit les potentialités de celui-ci. En devenant évaluateur de son propre projet, le porteur de projet s'assure de son outil d'évaluation pour paraphraser le Géologue Marc Münster et le professeur Peter Knoepfel (2004), un outil d'évaluation de projets ne prend tout son sens que si l'on a fait un état des lieux au préalable et si les objectifs de durabilité sont définis et acceptés. Une évaluation préalable est nécessaire pour réunir toutes les conditions de faisabilité et de mise en route d'un projet ou d'une action, en tenant compte des indicateurs fixés en amont.

En s'appropriant les valeurs et les principes d'évaluation, les porteurs de projets deviennent évaluateurs de leurs propres projets, en jugeant leurs forces et capacités de pouvoir réaliser un projet et en vérifiant leurs moyens de rassembler les énergies, et les ressources possibles à la réussite de l'action à conduire. En se référant au dispositif ACP Cultures+, les normes et principes établies par les organismes d'octroient de subvention, les porteurs de projets se retrouvent face à un cadre juridique et professionnel leur facilitant le travail.

En s'appropriant les principes et normes de l'évaluation préalable précédant la conception du projet, les porteurs de projets verront leurs projets ou actions validés du fait que cela ne souffriraient d'absence d'indicateurs à conduire au mieux la démarche d'évaluative.

De la manière que l'évaluateur du programme ACP Cultures+ évaluera la proposition du porteur de projet, ce dernier devrait aussi logiquement suivre le schéma de l'évaluateur en respectant le cadre logique du dispositif dans son travail. Comme le souligne le sociologue Danilo Martucceli (2010), l'évaluation est un jugement de valeur basé sur une démarche, c'est-a-dire, le respect d'une logique validant en amont le processus de l'évaluation préalable porteuse de valeur, d'identité et crédibilité dans la conception d'un projet. Une démarche qui cadrerait les objectifs du projet aux normes et recommandation du programme. Une valeur est une qualité, une qualité est une évaluation réunissant les conditions de réussite.

L'appropriation des valeurs évaluatives dans la conception préalable d'un projet ou d'une action par les porteurs de projets, en devenant eux-mêmes évaluateurs de leur propre

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projet, s'explique par cette volonté d'être à la hauteur d'une bonne soumission ou d'une bonne proposition culturelle. Une proposition ou une soumission réussissant toutes les conditions fixées par l'organisme d'octroi de subvention et du respect des normes établies dans la mise en route d'un projet culturel.

1.3. L'état de la question

L'évaluation préalable est devenue l'outil par excellence pour pouvoir mesurer, juger, évaluer et contrôler une action dans le but d'obtenir les résultats fixés en amont de la conception de cette action ou du projet à réaliser. Anne-Catherine De Perrot et Tina Wodiunig, spécialistes de l'évaluation dans le domaine de la culture, définissent l'évaluation comme un examen ciblé de la conception au timing d'exécution, et limité dans le temps suivant les objectifs et la finalité préétablie du projet (De Perrot, Wodiunig, 2008). C'est une démarche et une pratique pour juger un projet en cours ou achevé, y compris sa conception, sa mise en oeuvre et ses résultats, tout en respectant les étapes de sa hiérarchisation conceptuelle.

Mesurer une action dans le cadre de la conception d'un projet, d'un programme ou d'une politique et fixer des indicateurs de réussite, c'est analyser la dimension des résultats ou l'amélioration que cette action produirait. Une action ou un projet répondent à des normes et à des règles auxquelles l'initiateur se réfère pour bâtir des stratégies de réussite et de faisabilité, tout en suivant le processus d'étude préalable. Il est important de mettre au centre de cette étude préalable la question de l'évaluation afin d'anticiper et de mesurer dans le temps les résultats. En effet, évaluer une action, c'est déterminer la finalité immédiate du projet tout en se demandant si les objectifs formulés sont vérifiables c'est-à-dire mesurables, qualifiables et interrogeables (De Perrot, Wodiunig, 2008). Il s'agit également de vérifier les chances de réussite afin d'éviter les erreurs. Évaluer devient la mesure principale pour déterminer les résultats et donner des réponses puisqu'il n'y a pas d'évaluation sans un effort d'objectivation (Hadji, 1997, p.71), dans une finalité déterminante. Objectiver l'action évaluative, c'est s'assurer des mesures vérifiables concernant les résultats attendus ainsi que les réponses sur la problématique posée en amont de la conception de son projet durant l'évaluation préalable.

Une évaluation a un caractère normatif (Martucceli, 2010) parce qu'elle détermine des normes à suivre et des critères à respecter dans le cadre d'un projet dont les indicateurs mesurent les résultats. Elle a aussi une dimension performative puisqu'elle finit par définir le

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type d'activité à effectuer. Ainsi, à la base, l'évaluation est un outil normé au service de résultats fixés en amont, dans l'analyse des objectifs préétablis dont la finalité détermine son objet à évaluer avec des termes clairement définis et conçus. Dans un contexte dans lequel les logiques managériales néolibérales sont dominantes, aucun projet ou aucune action ne se passe d'une évaluation. La démarche de l'évaluation reste le point central pour mesurer des résultats à l'aide d'indicateurs qui se veulent objectivement vérifiables. Dans le cadre de notre étude, l'affirmation des logiques d'évaluation ne va pas de soi. En effet, « la question de l'évaluation fait largement débat dans le secteur culturel. On la dit dévoreuse de temps et d'énergie coûteuse et réclamant une expertise difficile à mobiliser ; on croit deviner derrière ses beaux atours l'ombre des logiques d'audit et de contrôle ; et surtout on la considère comme inadaptée au champ culturel, où règnent le sensible et le subjectif... bref, le non quantifiable2 ». Face à cette situation, l'évaluation est considérée comme l'épée de Damoclès pour les porteurs de projet, du fait qu'ils doivent se questionner sur la « finalité de l'évaluation3 » : que doit-on évaluer exactement ? Que souhaite-t-on évaluer ? Que veut-on vérifier ? Que veut-on tirer de cette action ? Il s'agit pour nous de mettre l'accent sur l'importance de la prise en compte des réalités sociales dans l'élaboration des politiques et stratégies de l'évaluation préalable, qui concerne en particulier le secteur culturel. Le politiste Julien Damon soutient que l'évaluation soulève des critiques, voire des disputes virulentes, car tout ne serait pas évaluable (2009, p.18-23). Par ailleurs, si l'évaluation est un contrôle ou un audit, reste-t-elle encore utile dans sa fonctionnalité ? Une évaluation préalable serait-elle une solution dans cette situation de doute ? Quelle que soit la forme de l'évaluation, son objet ou sa cible s'inscrit dans une logique de mieux tenir les engagements fixés dès la conception des indicateurs et d'agir efficacement (Hadji, 1997, p.19) dans l'obtention des données nouvelles afin d'analyser les résultats.

S'il y a aujourd'hui et de toute évidence un besoin d'évaluer dans les domaines scientifiques, politiques et de la recherche, la réponse à ce besoin s'exprime par des moyens stratégiques pour susciter la qualité via l'évaluation préalable et la référentialisation (Figari, 1994). Dans le domaine de la communication, l'évaluation a été pendant très longtemps considérée comme une démarche utile pour vérifier si la transmission d'un message d'un

2 Arcadi, « L'évaluation dans le secteur culturel. Entre exigence démocratique et efficacité décisionnelle », Colloque du 2 avril 2010, Paris, Comptoir général.

3 Idem, Colloque du 2 avril 2010.

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émetteur à un destinataire arrivait à obtenir le résultat espéré (un émetteur, un objectif, un destinataire)

Dans un ouvrage sous la direction de Jacques Weiss (1991), Michèle Genthon (1991) définit l'évaluation comme un processus de communication suivant les informations qui circulent et les données qui sont produites. Dans une démarche d'évaluation préalable, le porteur de projet est face à un terrain qu'il doit s'approprier pour recueillir des informations et des données, qui seront diffusables après analyse et étude. En désignant l'évaluation comme un processus de communication, Michèle Genthon la représente dans un milieu d'apprentissage et de formation dont les acteurs font partie en tant qu'apprenants en quête de savoir et dont l'évaluation doit vérifier les acquis et les connaissances. Les apprenants ont des représentations, des valeurs, des projets, des intentions, des objectifs, des critères privilégiés (Idem, 1991) censés être évalués dans une logique de communication. Ainsi, s'il y a communication, c'est qu'il y a des informations qui circulent dans le but de transmettre des données et des informations recherchées. En revanche, pour le dossier de présentation d'un projet culturel, il pourrait être envisagé comme un outil de communication ayant la fonction de valoriser les atouts du projet en vue de son financement. Un document présentant les éléments de réussite, des indicateurs pouvant déterminer la faisabilité du projet ainsi que la présentation des ressources possibles de réaliser l'action.

Un projet culturel dont l'évaluation préalable détermine les stratégies et les méthodes à mettre sur pied pour collecter des informations, permettra aux évaluateurs de projets d'émettre leurs assentiments évaluatifs. Le support du projet culturel ainsi conçue, permettra au porteur de projet de communiquer avec les éventuels organismes d'octroi de subvention, du fait qu'il transmet un message, des données évaluables et mesurables.

Communiquer autour d'un projet culturel ou d'une action, c'est transmettre les informations ou les données recueillies durant l'évaluation préalable afin de poser les bases d'une analyse des résultats. La conduite d'une évaluation préalable d'un projet culturel en amont de la conception ouvre les brèches de la faisabilité d'une action en évitant les erreurs et les ratés dans les résultats par le suivi des indicateurs mis en place.

En nous intéressant à l'évaluation préalable, notre mémoire cherche à problématiser pourquoi les porteurs de projet doutent du système d'évaluation des projets soumissionnés

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dans le cadre du programme ACP Cultures+, craignant que le leur soit rejeté. Il analyse aussi le dispositif d'accompagnement des propositions des soumissionnaires et les acquis, les expériences, les connaissances ainsi que les compétences de ces derniers dans la conception d'actions. Il examine la manière dont ils appréhendent la notion d'évaluation préalable ainsi que les règles concernant l'octroi de la subvention. Il cherche à comprendre comment l'évaluation est menée au sein de l'organisme d'octroi de subventions.

Cette démarche va nous permettre de confronter nos savoirs, nos savoir-faire et nos connaissances en évaluation préalable avec les réalités du terrain. En somme, la recherche, bien qu'étant une activité de production de connaissances et de savoirs, est aussi une manière de voir, de regarder un objet et de le connaître afin de renouveler constamment les conceptions, les méthodes et les techniques.

1.4. La formulation du problème

Dans la mesure où l'une de nos préoccupations est d'analyser ce que l'évaluation préalable produit comme normes dans la conception d'un projet ou d'une action, nous visons à comprendre les mécanismes normatifs propres aux appels à propositions ainsi qu'à étudier une proposition de projet culturel soumissionné par les porteurs de projet dans le cadre du programme ACP Cultures+.

L'évaluation est un instrument de mesure et de contrôle dans la conception d'un projet qui lie l'évaluateur, l'acteur de terrain et le projet culturel. Au centre de notre recherche se trouve l'analyse des stratégies d'évaluation préalable en amont de la conception. Notre objectif est double : comprendre les méthodologies et les techniques d'évaluation au sein de l'organisme de subvention et analyser en quoi les acteurs de terrain, notamment les porteurs de projets, tiennent compte de ces méthodologies et de ces techniques dans l'élaboration de leurs projets.

Chaque projet culturel visant à un financement tente de répondre à une évaluation et de s'adapter aux objectifs préétablis et fixés dans un référentiel (Vial, 1999) par les évaluateurs. Quelle que soit l'issue de la démarche évaluative, l'objet central et principal de l'évaluation préalable reste unique, le diagnostique de la situation et des priorités du projet. L'évaluation n'est pas une discipline avec ses approches et ses méthodes formatées ; elle a pour visée essentielle d'être un outil d'aide à la décision (Damon, 2009). Nous faisons

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l'hypothèse que les évaluateurs essayent de légitimer leur action à la fois à travers la construction de discours qui visent à accroitre leur crédibilité et à travers l'élaboration d'indicateurs et d'outils de mesure qui se veulent objectifs et fiables.

Un projet culturel, dans sa mise en place, obéit à des normes et à des règles qui déterminent les résultats. Notre travail de recherche examine le rôle de l'évaluation préalable dans la conception d'un projet culturel, interroger les processus de planification et les enjeux stratégiques de cette évaluation, quelle qu'en soit la forme.

Pour évaluer un projet culturel, les évaluateurs mettent en place des mécanismes d'accompagnement et des indicateurs de réussite qui vont valider ou non les résultats. En partant de l'évaluation préalable, fondement de toute conception en amont d'une action, l'évaluation de la faisabilité de l'action ou du projet doit se baser sur des indicateurs qui se veulent objectivement vérifiables.

Selon la note technique ACP Cultures+, un bon indicateur objectivement vérifiable doit être SMART : « Spécifique à l'objectif qu'il est censé mesurer ; Mesurable (quantitativement ou qualitativement) ; d'un coût Acceptable ; Répondre aux besoins en information des gestionnaires ; limité dans le Temps ».

Cette étude se focalise sur la question de l'évaluation préalable au coeur de l'élaboration des projets culturels en amont de sa conception. Il s'agit analyser ce que l'évaluation produit comme normes dans un projet culturel.

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2. Chapitre deuxième : Questionnements

2.1 . La formulation de l'hypothèse

L'hypothèse est le point de départ d'une démonstration logique, posé dans l'énoncé et à partir duquel on se propose d'aboutir à la conclusion. Dans les sciences humaines et sociales, l'hypothèse nous permet de poser les fondements d'une réflexion, d'un discours et d'un raisonnement dans l'aboutissement d'une théorie vérifiable. Dans les sciences expérimentales4, elle est l'explication plausible d'un phénomène naturel, provisoirement admise et destinée à être soumise au contrôle méthodique de l'expérience. Elle est toujours formulée à l'affirmative. Suivant la définition de l'hypothèse, la construction des hypothèses de notre travail repose sur une méthode empirico-inductive qui va des faits observés sur le terrain à l'élaboration d'une théorie cohérente avec ces faits. L'hypothèse de notre étude se focalise sur la manière dont les porteurs de projet saisissent et appréhendent la question de l'évaluation préalable au coeur de l'élaboration des projets culturels en amont de la conception, et sur ce que l'évaluation produit comme normes pour un projet culturel. Nous allons analyser le dispositif mis en place dans le cadre du programme, tout en vérifiant les données recueillies sur le terrain, afin de déterminer la place et l'importance d'une évaluation préalable dans la conception d'un projet.

2.2. Questionnements

Nous faisons l'hypothèse que dans l'élaboration de leurs propositions, les porteurs de projet sont amenés à se poser la question du respect des normes et des critères qui régissent le dispositif ACP Cultures+, dont ils ont mandat de respecter les conditions établies et les exigences formulées par les organismes de financement. Nous croyons aussi qu'ils sont amenés à structurer leurs projets en tenant compte des recommandations afin d'avoir accès a la subvention.

À partir de ces affirmations de soumissionnaires dans l'élaboration des propositions de projets, nous allons analyser leurs appréhensions en nous posant des questions sur l'appropriation des règles et des instruments de mesure d'évaluation du dispositif. Comment prennent-ils en compte les conditions d'éligibilité dans la conception d'un projet culturel ? En quoi sont-ils orientés par les critères sur lesquels porte l'évaluation, sachant qu'il y a des normes et des règles à respecter pour la réussite de l'action ? Qu'est-ce qui va être évalué : la

4 Idem, Disponible sur : http://mathocollege.free.fr/dem/dem01.htm

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pertinence, la performance de la faisabilité, la conception, l'efficience, l'efficacité, la technicité du projet ?

De manière plus générale nous nous posons les questions suivantes : que représente pour les porteurs de projet le programme ACP Cultures+ ? Quelles sont leurs attentes face à ce programme ? Comment les porteurs de projet conduisent-ils l'évaluation préalable de leurs projets ? Comment saisissent-ils les règles établies par ce programme ACP Cultures+ ? Comment les critères de jugement et d'éligibilité sont-ils construits ? Pourquoi certaines propositions des porteurs de projet sont-elles rejetées ? Les propositions soumissionnées répondent-elles aux normes du programme ACP Cultures+ ?

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3. Chapitre troisième : L'état de l'art

3.1. La mobilisation de la notion d'évaluation dans la recherche scientifique et professionnelle

L'évaluation est un jugement de valeur basé sur une démarche cognitive (Martucceli, 2010, p. 33) qui mobilise des connaissances, des savoirs, des savoir-faire et des expériences. Porter un jugement sur une action n'est pas toujours chose facile dans la mesure où on recherche des résultats d'un travail qui doit se faire ou qui est en train de se réaliser, avec la finalité d'apporter des modifications et des aménagements possibles. Un jugement résulte toujours des objectifs fixés en amont de la conduite d'une action, évitant erreurs et ambiguïtés. Quand juger s'invite dans le travail ou le raisonnement scientifique, l'évaluation devient un moyen incontournable de justifier les attentes et la vision des résultats.

Convoquée dans plusieurs discours et raisonnements scientifiques, voire plusieurs champs disciplinaires, la notion d'évaluation est de nos jours un instrument à juger, mesurer, auditer, contrôler et évaluer une action qui se veut cohérente et positive dans l'obtention des résultats fixés en amont. Mobilisée par plusieurs auteurs dans la recherche scientifique, les chercheurs se sont prêtés à l'exercice de définir la notion d'évaluation en tenant compte des champs des actions et en portant un jugement dans leurs raisonnements, au fur et à mesure de l'évolution du concept, sachant que l'évaluation n'est pas une discipline avec ses approches et ses méthodes formatées : elle a pour visée essentielle d'être un outil d'aide à la décision (Damon, 2009), à la compréhension, à l'appréciation, voire à la revalorisation des indicateurs.

Ce chapitre nous permettra de saisir l'intérêt d'un concept et de comprendre l'ancrage de la notion d'évaluation dans les discours selon les champs disciplinaires et professionnels, de voir son évolution dans les raisonnements et d'étudier les défis qu'elle pose à la recherche scientifique.

3.2. La question de l'évaluation dans le discours des auteurs

L'évaluation est une pratique mise en place dans plusieurs domaines et disciplines de manière discursive, à travers un recueil de données et l'analyse des objectifs fixés en amont. Dans le cadre de l'évaluation d'un projet ou d'une action, évaluer préalablement son action revient à définir la démarche à emprunter pour l'aboutissement du projet. L'objectif de l'évaluation préalable, comme l'avait signifié Griggs (1984) dans ses travaux, est de permettre d'éviter les erreurs avant qu'elles ne soient commises. Le discours de l'évaluation raisonne

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comme un outil de prévention. Plus une étude est effectuée précocement, plus le projet a de chance d'aboutir dans ses objectifs. Les propos de Griggs sont appuyés et soutenus par Joëlle Le Marec (1996) dans sa thèse : une enquête menée au stade de l'évaluation préalable présente des analogies avec une étude de marché. La question est de vérifier la faisabilité et la mise en route d'une action selon ses attentes.

Jean-Christophe Vilatte (1993), dans ses cours sur l'évaluation en muséologie, définit l'évaluation comme un jugement par lequel on se prononce sur une réalité donnée, en articulant une certaine idée ou représentation de ce qui devrait être, et un ensemble de données factuelles concernant cette réalité. Juger son action en amont de la conception permet de mieux poser les indicateurs de réussite qui doivent être en accord avec les résultats prononcés sur une réalité de l'action. Le psychologue Jean-Christophe Vilatte, spécialiste-formateur en évaluation présente ce que doit être un travail d'évaluation visant à collecter des données suivant des procédures respectant les normes et les règles d'une enquête, une forme de dispositif méthodiquement établie dans une requête d'informations.

Jacques Ardoino et Guy Berger (1989), dans leur ouvrage sur l'évaluation dans le secteur de l'université, présentent la notion d'évaluation comme un contrôle, du fait que celui-ci est tout à la fois un système, un dispositif et une méthodologie constitués par un ensemble de procédures ayant pour objet (et visée) d'établir la conformité (ou la non-conformité). Évaluer, juger et contrôler consolident une étude en amont et forgent une réflexion de réussite sans incertitude ni préoccupation vis-à-vis des résultats.

Les travaux de ces auteurs véhiculent des contenus pragmatiques et normés, déterminant la manière dont l'évaluation doit être conduite et observer dans un environnement de justification des résultats par objectivité. Élisabeth Chatel (2001), dans son ouvrage, poursuit le débat sur le jugement dans l'évaluation en affirmant qu'évaluer est réellement porter un jugement de valeur sur le produit d'une action. Une action qui, au préalable, est passée par la case enquête pour se prêter à un jugement au terme d'une étude du fait des résultats porteurs de valeurs, du fait que l'évaluation est par nature normative, ajoute Chatel. Une action ou un projet culturel, dans sa mise en route ou dans son étude de faisabilité, doit respecter des normes et des valeurs indicatives qui nécessitent le contrôle et l'évaluation sans limite des résultats.

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Certes, tous les auteurs n'ont pas la même vision ou le même regard sur l'évaluation suivant les domaines et les disciplines. La finalité d'une évaluation est d'améliorer une situation ou de lier les objectifs définis en amont avec les résultats attendus.

Mesurer c'est juger, juger c'est contrôler et contrôler c'est évaluer l'action ou le projet qui doit être mis en route. Selon la sociologue de travail, Marie-Anne Dujarier (2001), la mesure des résultats sur chaque critère est liée à une sentence sur les hommes et leur travail. Les systèmes d'évaluation contemporains réalisent donc avant tout une mesure associée à un jugement. Dans tous les domaines de la vie, de la société, on retrouve l'évaluation comme socle ou support des résultats et des objectifs à réaliser.

Le travail des hommes doit être mesuré dans l'obtention des résultats afin de juger les performances de ces résultats, du rendu et des objectifs préalablement établis. Une évaluation suppose des règles (Dénis, 2009) d'après Jérôme Denis qui sont saisies en tant qu'inscriptions : elles sont incarnées dans des documents de nature variée qui sont eux-mêmes le résultat d'un travail de production. Une règle résulte d'une évaluation qui vise le respect de normes préalablement établies dans la conception des documents cognitifs et de valeurs normées.

Plusieurs auteurs ont évoqué la question de l'évaluation en mettant en avant dans leurs discours la qualité de l'évaluation dans la production des données, dans l'amélioration des conditions de vie ou des changements de situation. Dans une perspective socio-psychologique, Valérie Boussard (2009), dans ses écrits sur l'évaluation des performances individuelles affirme que c'est à partir de la qualité d'un individu, de son état, que ce dernier est défini, saisi et classé. On mesure ainsi la performance et la qualité des résultats de l'individu. Dans la perspective des sciences de l'information et de la communication, Stéphane Chaudiron et Madjid Ihadjadene (2002) se posent la question de la place de l'usager dans l'évaluation des Systèmes de recherche d'information (SRI), ils justifient l'efficacité de l'usager à la quête des contenus ou des connaissances à pouvoir mesurer la capitalisation d'une acquisition des données dans les SIC. Si à chaque étape de la recherche, l'usager évolue de l'incertitude à la satisfaction ou l'insatisfaction, il doit être capable dévaluer son travail tout en mesurant les résultats de sa recherche. Danilo Martucceli (2010) propose une lecture analytique globale de l'évaluation dans sa critique de la philosophie de l'évaluation. Michel Vial (1999), pense que l'évaluation est avant tout une attitude, un processus de sujet évaluant

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qui construit le sujet. Charles Hadji (1997) attend de l'évaluation qu'elle devienne un puissant levier pour une amplification de la réussite. Jean Cardinet (1989) souligne que la mesure de l'écart au seuil de la réussite demande un nombre excessif d'observations. Il faut donc se résigner à ne pas pouvoir situer exactement la position de chaque élève, ce qui d'ailleurs évite le danger d'une catégorisation déshumanisante.

Ces auteurs qui chacun dans son domaine de prédilection, débat de la question d'évaluation suivant leurs discours et leurs sensibilités de recherche, présente l'évaluation comme un outil d'appréciation, de mesure et jugement susceptible d'apporter un plus dans l'enseignement supérieur et de recherche. La question en commun dans les discours de ces auteurs, c'est la manière dont la notion d'évaluation est convoquée et utilisée pour présenter leurs études. D'aucun l'utilise comme un instrument de jugement de valeurs pour l'usager des sciences de l'information et de la communication, d'autres se l'approprient comme un outil de mesure sur la qualité des données observables dans la recherche ainsi que des résultats pouvant apporter de la nouvelle matière de réflexion.

De l'analyse analytique globale de la question de l'évaluation de Danilo Martucceli à la question de l'évaluation qui est avant une attitude, un processus dont le sujet évalue son travail de Michel Vial, la distance dans le raisonnement et la compréhension s'explique dans la manière chacun d'eux s'approprie la notion d'évaluation. Pour Charles Hadji et Jean Cardinet, l'évaluation un instrument de mesure de performances pour ceux qui la pratique et l'utilise comme outil de travail.

La littérature autour de la question et de la notion d'évaluation est riche en discours et travaux scientifiques. Dans le cadre de notre étude sur l'évaluation préalable en amont de la conception d'un projet culturel, nous allons faire appel à d'autres auteurs ayant travaillé sur ce sujet. L'évaluateur n'est ni un simple observateur (disant comment sont les choses), ni un simple prescripteur (disant comment elles devraient être), il est un médiateur faisant le lien entre l'un et l'autre (Vilatte, 1993). En qualité de médiateur, l'évaluateur qui à pour mission d'évaluer la proposition d'un porteur de projet dans la cadre d'une recherche de subvention, il se présente comme la croie de transmission entre le projet soumissionné et l'organisme de subvention. Le médiateur à pour rôle d'accompagner et de conseiller le porteur de projet dans

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sa démarche culturelle, sachant que lui-même (le médiateur) subit les ordres venant d'en haut question de respecter les recommandations d'une bonne évaluation préalable. La relation qui doit exister entre le médiateur et le porteur de projet se situe au niveau de la méthodologie de travail, des outils empruntés pour évaluer le projet et de la présentation des ressources disponibles pour conduire le projet. Selon le dictionnaire, la médiation consiste à « servir d'intermédiaire entre une ou plusieurs choses, c'est la relation entre deux renchérit le théologien catholique français impliqué dans le domaine de la médiation, Jean François Six (1990) que c'est l'espace vide autour duquel on se rencontre, la table qui sépare et réduit, le troisième terme qui fait le lien, qui permet aux deux de trouver sens, l'un par l'autre. Le médiateur c'est l'intermédiaire à qui le porteur de projet s'appui pour en savoir plus sur le dispositif, c'est l'évaluateur qui donne son point de vue selon les normes établies, c'est l'acteur qui valide le processus du projet proposé.

Le lien dont parle Vilatte (1993), n'est pas un lien virtuel ou superficiel mais physique et pratique pour le porteur de projet. Dans le cadre de notre étude, le dispositif à mit en place un planning d'échange (Cf. Annexe) entre les porteurs de projets et les évaluateurs qui ne sont autres que les médiateurs sur la compréhension du dispositif, sur les questions fréquemment posées (FAQ) par les porteurs de projets. Le projet culturel qui est soumissionné devient alors le vide entre le porteur de projet et le médiateur pour discuter, échanger et apporter des éléments nouveaux dans la proposition faite. Un médiateur c'est aussi un communiquant car il est chargé de sensibiliser, d'éduquer ou de faire émerger des projets culturels (Dufrene, Gellereau, 2003) en relation avec les porteurs de projets qui répondent à l'appel à proposition des organismes d'octroi de subventions.

3.3. Commentaire sur quelques définitions et sur l'origine sémantique

De nombreuses définitions de la notion d'évaluation, dans plusieurs champs disciplinaires professionnels et dans autant de discours scientifiques. Il est utile de rappeler que la thématique de l'évaluation est présente dans tous les domaines professionnels et de la recherche. De manière officielle, le gouvernement français, dans le cadre de la politique publique, a défini l'évaluation dans un décret : L'évaluation d'une politique publique au sens du présent décret a pour objet de rechercher si les moyens juridiques, administratifs ou financiers mis en oeuvre permettent de produire les effets attendus de cette politique et d'atteindre les objectifs qui lui sont assignés (Décret n° 90-82 du 22/01/1990). Il s'agit de se

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fixer des objectifs, de s'assurer que les prévisions établies produiront des effets. C'est une démarche qui conditionne la volonté des politiques à évaluer leurs actions et à mesurer les effets assignés de la politique à développer. Une définition qui se veut officielle pour évaluer les politiques publiques en France, tout en insistant sur les objectifs fixés en amont de sa conception, dont les résultats susciteraient une motivation institutionnelle dans le développement des actions, des projets et des programmes formulés par le gouvernement.

À cette définition dite officielle parce que le gouvernement est maître des orientations à donner dans les politiques du développement et de la mise en place des programmes qui favoriseraient la croissance dans tous les domaines socioéconomiques. Une notion dite officielle dans un environnement professionnel, voire gouvernemental, devient une sémantique universelle du fait de son utilisation particulière dans les discours des politiques qui le positionne au-dessus d'un langage peu commun. S'ajoutent d'autres propositions sur la compréhension particulière sémantique de la notion d'évaluation :

« L'évaluation d'une politique publique consiste à comparer ses résultats aux moyens qu'elle met en oeuvre, qu'ils soient juridiques, administratifs ou financiers, et aux objectifs initialement fixés. Elle doit aboutir à un jugement partagé sur l'efficacité de cette politique (Idem, Décret n° 90-82) ».

« La finalité de l'évaluation est d'apporter un regard extérieur et de disposer d'outils qui permettent ensuite aux acteurs eux-mêmes d'évaluer leurs propres politiques chemin faisant (Rapport, l'évaluation dans les Pays de la Loire, 1999)».

« Évaluer un projet, une politique, un objet, c'est porter un jugement sur la façon dont celui-ci est réalisé, pour pouvoir mieux agir. Pour cela, il faut d'abord connaître et si possible mesurer ses effets spécifiques (Minot, 2001).

Ces définitions tirent leurs fondements de la définition officielle car elles se basent sur les effets des résultats, sur les objectifs fixés et sur la volonté des politiques à mettre en place des programmes de structuration et de développement dans un État, une communauté et une société. La particularité de ces définitions est qu'elles visent les mêmes ambitions, les mêmes déterminations, les mêmes orientations et partagent des idées communes.

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3.3.1. Le dictionnaire

D'après le Nouveau Petit Robert, « Évaluation : nom féminin qui signifie action d'évaluer, de déterminer la valeur ou l'importance (d'une chose). Appréciation, calcul, détermination, estimation, expertise, prisée. Autant de mots et de synonymes utilisés dans le dictionnaire pour donner le sens même de la notion d'évaluation dans la forme et dans le fond. Une définition qui qualifie le fondement et la valeur du travail ou de l'action à évaluer, qui en détermine le sens, voire la valeur, ou l'importance à apporter à une chose qui nous paraît utile. Evaluer son travails son action ou sa démarche quelque soit le domaine professionnel, il est utile de mesurer les objectifs, les résultats et les attentes de la démarche à entreprendre. Le cas de notre étude qui s'intéresse à l'évaluation préalable des projets culturels, il est important et nécessaire de déterminer la valeur du travail à réaliser pour un porteur de projet.

Un projet à de la valeur et de considération, quand il répond aux normes et aux conditions de sa mise en place ainsi qu'a sa réalisation, en suivant les orientations du dispositif. Pour un porteur de projet, comprendre le processus d'évaluation est une nécessité et une obligation pour concevoir une proposition ou une action qui aurait des répercutions positives pour la population bénéficiaire, en réalisant une évaluation préalable stricte répondant aux exigences des pourvoyeurs de subventions et aux bénéficiaires.

Le Nouveau Petit Robert dans sa définition insiste sur l'importance que l'on doit accorder à l'évaluation, au respect de la démarche évaluative à attribuer de manière précise à la procédure préalable d'une conception de projet. Pour apprécier, estimer ou valoriser une action ou un projet, le porteur de projet est soumit à des exigences de qualité dans le choix des objectifs, de performance dans la détermination des indicateurs et de réussite et à des résultats fiables, la somme toute de l'évaluation préalable établie en amont de l'action.

3.3.2. Dictionnaire de l'évaluation et de la recherche

Selon Gilbert De Landsheere (1992), professeur émérite, spécialiste internationalement reconnu de la pédagogie expérimentale, le terme évaluation « a une acception beaucoup plus large que le mot mesure ». Large parce qu'elle ne se contente pas uniquement de mesurer une action d'évaluation, mais aussi de quantifier les résultats ciblés et attendus. Cette définition est une description quantitative de comportement, alors que l'évaluation comprend à la fois la description qualitative et la description des jugements de valeur concernant leur désidérabilité (Lacointe, 1997).

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3.3.3. Paroles d'acteurs sur la définition de l'évaluation

Dans la définition de ce qu'est l'évaluation, il faut tenir compte du point de vue des divers acteurs impliqués dans ce processus. Ce point de vue n'est pas uniforme. En effet, selon les porteurs de projet, évaluer son projet en amont de sa conception permettrait de mieux approprier son projet, question d'éviter les erreurs et les pièges constants de l'évaluation. Une action de pouvoir respecter les consignes et les recommandations d'un dispositif, le cas de notre étude sur l'évaluation préalable, dont devrait faire tout porteur de projet qui aspire aux subventions et à l'argent public. Le respect des valeurs d'une évaluation préalable (objectif, résultats, indicateurs...) éviterait au porteur de projet d'avoir des soucis avec les décideurs financier dans la gestion d'une subvention ou de l'aide de l'Etat. Certes que l'argent publique demande de la rigueur et des exigences contraintes, une évaluation préalable bien conduite en amont épargnerait le porteur de projet des surprises désagréables. Avoir un regard sur son action afin d'améliorer ses pratiques relève bien d'une préoccupation d'animateur de projet.

En revanche selon les décideurs, les porteurs de projet à la quête de financement ne se donnent de la peine de mieux conduire une évaluation pour son projet. Un projet bien construit avec des garantis possibles se verrait attribuer une subvention ou l'aide d'Etat au regard de son évaluation préalable répondant aux normes du dispositif établi par les décideurs. Mais attention, bénéficier l'aide de l'argent public pour son projet une chose, mieux gérer, décider rationnellement de l'utilisation des fonds publics en est une autre, tout aussi légitime selon les décideurs.

Une évaluation est une construction collective et négociée, la prise en compte de multiples points de vue, une méthode rigoureuse. Plus qu'une définition, ce sont les propres attentes des acteurs (Jabot, 2007). Il s'agit de la rétrospective sur soi et sur les autres pour mieux s'identifier dans un environnement suscitant un droit de regard, un droit à la reconnaissance et un droit à la valorisation.

3.3.4. L'origine de la notion d'évaluation en bref

Tout est parti des États-Unis dans les années 1960, dans le cadre d'un programme dit Planning Programming Budgeting (PPB) pour planifier les programmes de gestion budgétaire du gouvernement. Cette planification se justifiait dans l'objectif de mieux stabiliser le système

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budgétaire, l'organisation des programmes publics dans une vision d'évaluer les actions ainsi que leur objet social dans la société. De la planification et de la vérification des programmes, le contrôle est très tôt associé à l'idée d'une évaluation de l'efficacité avec la création, en 1921, du General Accounting Office. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la multiplication des programmes de Welfare suscite une mutation des méthodes de contrôle qui se traduit par un appel plus fréquent aux sciences sociales5. Ce planning avait pour mission de réguler la gestion des comptes de l'État et de mieux évaluer les résultats dans sa réalisation et sa mise en pratique.

En France, l'évaluation va apparaître dans le cadre de la Rationalisation des choix budgétaires (RCB) comme une première tentative pour instituer l'évaluation ex ante (par opposition à l'évaluation ex post qui domine actuellement le paysage de l'évaluation) comme un rouage de la décision publique. Initiative d'origine purement technocratique et inspirée d'une conception trop rationnelle de la décision, elle n'a pas abouti aux résultats escomptés mais a toutefois permis d'amorcer le développement d'une culture de l'évaluation dans l'administration française (Perret, 2003) de 1970 à 1984 sous le gouvernement de Michel Rocard. Cette démarche s'est inscrite dans le but de réaliser des analyses sur les coûts et sur l'efficacité des programmes publics, de vérifier la fonctionnalité des services et d'évaluer le niveau de réussite des programmes. Mais c'est réellement dans les années 1980 qu'on parlera de l'évaluation en France. En 1989 sont ainsi mis en place un Comité national d'évaluation de la recherche ainsi qu'une Commission nationale d'évaluation du RMI. Un Conseil supérieur de l'évaluation (CSE) est créé en 1990. Il sera remplacé par un Conseil national de l'évaluation (CNE) en 1998, aujourd'hui disparu (Damon, 2009). L'évaluation va prendre place dans les discours, dans les institutions et dans tous les domaines selon l'ingénieur et socio-économiste Bernard Perret (2003) parlant ainsi de la fièvre de l'évaluation qui s'est installée dans le pays. Pour couronner cette volonté de mieux évaluer le travail et les institutions, la Société française de l'évaluation en 1999 devient une institution dynamique avec toutes les prérogatives de réussite.

Dans les autres pays du monde, la première vague d'évaluation a été généralement dirigée par des réformistes en période de croissance (sociaux-démocrates en République fédérale d'Allemagne et en Suède, libéraux au Canada). La deuxième vague d'évaluation a

5 Le portail de l'évaluation des politiques publiques : aperçu des évaluations. Disponible sur : http://www.evaluation.gouv.fr

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plutôt été le fait de gouvernements conservateurs dans des périodes moins favorables (par exemple aux États-Unis entre 1968 et 1974, puis après 1979 ; en Grande-Bretagne entre 1970 et 1974, puis après 1979 ; au Danemark après 1982 ; en Norvège de 1981 à 1986 ; aux Pays-Bas après 1982). Dans ce cas, l'évaluation a été davantage orientée vers la perspective d'économies budgétaires (Idem, http://www.evaluation.gouv.fr ).

3.3.5. Mobilisation de la notion d'évaluation du champ de la recherche au champ professionnel

Une organisation professionnelle ou de recherche scientifique vise la performance et la qualité à travers les objectifs fixés en amont dans le cadre d'un développement stratégique basé sur des finalités de croissances pédagogiques, intellectuelles et professionnelles. Cette finalité passe par le système évaluatif interne qui détermine les capacités quantifiables et qualifiables des contenus à diffuser ou à communiquer. Par exemple, le chercheur, dans les sciences sociales est soumis à une exigence de résultats basée sur les communications scientifiques que Viviane Couzinet (1999) qualifie de transmission entre chercheurs des connaissances et des informations produites au cours des activités de recherche. C'est une manière d'évaluer le travail des chercheurs scientifiques dans les universités et les laboratoires de recherche. Il on est de même dans l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, la question d'évaluation est devenue un enjeu crucial et capital comme le souligne Julie Bouchard (2011), la question de la compétitivité, la transparence, l'excellence, l'autonomie, la responsabilité et visibilité sur l'échiquier internationale. Le niveau des enseignements reflètent la qualité de l'établissement en se positionnant au même titre que les autres universités de qualité dans le monde. Le défi de la compétitivité consiste à promouvoir une production du savoir compétitive à l'échelle internationale, et ce souvent en dehors de l'État nation, à travers des formes plus ou moins hybrides de coopération ou d'organisation. Le défi de l'évaluation accompagne un contexte global et concurrentiel régulé par des dispositifs d'évaluation, d'assurance-qualité et d'accréditation qui se systématisent, se professionnalisent et se multiplient (Bouchard, 2011).

L'évaluation est l'instrument par excellence pour mesurer dans un environnement d'apprentissage professionnel ou universitaire, de valorisation des connaissances et de contrôle de la situation. Les données produites dans cette démarche de recueil d'informations doivent servir de supports de vérification du niveau de réussite et de l'atteinte des objectifs. Devenue incontournable dans tous les domaines professionnels, de la recherche, de la

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politique et de l'éducation, l'évaluation fonde ses stratégies sur un triptyque : mesure - jugement - décision (Cardinet, 1989, p. 9) dans le but d'améliorer les résultats d'une manière quantitative et qualitative, visant une finalité objective et positive sans erreurs. Sans être exhaustif, nous allons déterminer l'ancrage de l'évaluation dans les sciences de l'information et de la communication, dans l'éducation, dans les politiques publiques, dans les politiques culturelles et dans l'administration sanitaire.

3.3.6. L'évaluation dans les sciences de l'information et de la communication 3.3.6.1. Le processus de légitimation des SIC en tant qu'interdiscipline

Les sciences de l'information et de la communication en tant qu'interdiscipline nous permettent de comprendre les mutations sociales en cours. La légitimité des sciences de l'information et de la communication s'explique par rapport à sa fonctionnalité de faire appel à plusieurs sciences humaines et sociales le rendant ainsi interdiscipline. En s'imposant comme toutes autres sciences dans le monde de la production des connaissances, elles à devoir comme le soulignent Yves Jeanneret et Bruno Ollivier (2004), de construire une légitimité, emprunter aux autres outils et méthodes tout en montrant son originalité, élaborer des connaissances tout en formant à des métiers. Une légitimé ne s'explique pas uniquement par son identité, mais aussi par sa force de présenter un nouveau visage au sens propre dans la recherche, du fait qu'elle (la légitimité) s'acquière quand une science ou une matière produit de la connaissance ou des données évaluables et mesurables, contribuant ainsi au développement de la société, plus précisément pour les universités et l'enseignement supérieur.

En tant qu'interdiscipline, elle doit nouer des relations avec les milieux professionnels dans lesquels (Jeanneret, Ollivier, 2004) les étudiants, les chercheurs et les enseignants vont se retrouver suivant les métiers de la discipline. Une légitimité se construit et doit cherché à s'imposer comme support particulier voir, comme un instrument au service de la production de la diversité des discours et des connaissances. En se positionnant comme science traitant de la question l`information et de la communication, les sciences de l'information et de la communication ne s'est pas démarquée d'autres sciences vieilles de plusieurs années ayant déjà traité du sujet, de la philosophie à l'économie, de la sociologie à la rhétorique, de la littérature à la didactique comme les mathématiques, la philosophie et autres (Idem, 2004). En s'imposant dans le milieu de la recherche et en légitimant sa capacité de produire des connaissances, les Sic ne s'est pas seulement contentées à analyser les activités concrètes de la communication (Perret, 2004) mais s'est permis également de se construire dans un univers scientifiques pluridisciplinaires en s'associant avec d'autres métiers qui font de lui l'interdiscipline.

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Les SIC se sont constituées depuis les années 70 d'abord en tant que savoirs multiples et dispersés dans plusieurs disciplines mères, et ensuite en tant qu'interdiscipline fonctionnant de plus en plus en discipline académique au fur et à mesure de leur maturation (Boure, 2002, p. 35). En effet, les sciences de l'information et de la communication sont un domaine par excellence de production des discours et des raisonnements dans le domaine de la recherche. Bien que ce domaine soit interdisciplinaire, à la croisée de différents champs professionnels, il ne déroge pas à la règle de l'évaluation qui s'impose dans son fonctionnement cognitif.

La reconnaissance scientifique des sciences de l'information et de la communication est l'une des forces de cette interdiscipline qui est justement un lieu d'échanges éclairés entre enseignants-chercheurs, dans une problématisation de leurs pratiques (Boure, 2002, p. 35). Ces échanges visent à faire connaître les résultats de leurs recherches, tout en soumettant leurs travaux au comité scientifique habilité à évaluer un travail de recherche scientifique, à juger les capacités de la recherche produite et réalisée, à mesurer dans le temps les retombées du travail dans les discours. On mesure ainsi la place de l'évaluation et son internet dans la production des données dans la recherche.

3.3.6.2. Comment les chercheurs en SIC sont soumis à l'évaluation

La bibliométrie étant un moyen qui permet de calculer un chiffre quantifiant, en partie, l'impact d'une publication, permet de s'affranchir des jugements humains qui peuvent parfois être subjectifs et biaisés. Cet outil de mesure des publications scientifiques soumet les chercheurs dans une exigence de travail de production de connaissances et de savoirs, parce qu'il permet de « juger de l'impact d'une publication scientifique ou des activités d'un individu »6.

Les travaux des chercheurs en sciences de l'information et de la communication soumise à l'évaluation s'explique par cette volonté des évaluateurs dans le domaine, à susciter des productions scientifiques de qualité répondant aux attentes de l'enseignement supérieur et de la recherche. Les productions scientifiques ont toujours été l'objet d'un regard critique et technique, du fait de la démarche scientifique entreprise par les chercheurs et de la méthodologie appliquée dans l'obtention des résultats. Des stratégies qui nécessitent un regard particulier de la part des organismes d'évaluations à évaluer le travail, la démarche, la

6 Les indicateurs de l'évaluation de la recherche : de l'impact factor à l'h-index. Limites et alternatives d'outils d'évaluation de la recherche scientifique. Par Laurence Bianchini (7/05/2012). Consulté le 08/09/2015 sur https://www.mysciencework.com/news/6290/les-indicateurs-de-l-evaluation-de-la-recherche-de-l-impact-factor-a-l-h-index

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méthodologie ainsi que les résultats. L'évaluation qui selon le dictionnaire de la langue française renvoie à l'estimation de la valeur d'un objet au sens soit de mesure (d'un prix, d'une quantité, d'une distance), soit de jugement de valeur (Robert Boure, 2010), est devenue dans les sciences de l'information et de la communication suivant les sciences humaines et sociales comme le souligne Robert Boure (2010), le fondement important de la prise de décision et plus généralement de l'action. Il est important de souligner que l'action est interrogée par elle à partir de critères quantitatifs et qualitatifs se voulant « objectifs » et sous plusieurs angles complémentaires : pertinence (par exemple, par rapport aux attentes des acteurs), effectivité, efficacité (les objectifs sont-ils atteints ? quels sont les effets positifs et négatifs directs ou induits ?), efficience (au regard des moyens, et en particulier des moyens financiers), cohérence (adéquation des objectifs et des moyens), viabilité et continuation (Idem, 2010). Ces critères quantitatifs et qualitatifs dont nous parle Robert Boure est une représentation d'indicateurs pour pouvoir mesurer la production dans la recherche scientifique, tout en respectant la qualité et non la quantité.

Le développement des sciences de l'information et de la communication, c'est aussi la mise en place d'institutions pour conduire les travaux et évaluer les résultats des recherches. Il s'agit de créer puis de développer les laboratoires et centres de recherche qui seront les indispensables observatoires analytiques et prospectifs, et les foyers de recherche fondamentale placés en amont des industries culturelles (Boure, 2002, p. 61), pour mieux évaluer la recherche dans sa globalité et donner une place importante à cette interdiscipline vieille de quarante ans.

Les organismes ou les structures d'évaluation à l'image de l'Agence d'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur (AERES) et l'Agence nationale de la recherche (ANR), ont constitués des pôles d'évaluation plus précisément dans l'enseignement supérieur et universitaire, dénommés « communauté scientifique » selon Robert Boure (2010). Ces communautés scientifiques ont pour rôles et missions d'évaluer les travaux des chercheurs. La question d'évaluation des travaux des chercheurs en milieu universitaire ou enseignement supérieur avec l'instauration des communautés scientifiques, rencontre la méfiance (Idem, 2010) des enseignants-chercheurs au regard de cette nouvelle manière d'évaluer leurs travaux. Pire encore, le doute s'installe sur la question des comités sélections, dont les chercheurs se posent la question de la capacité de ces derniers à évaluer une recherche. Face à ces organismes ou communautés scientifiques, les chercheurs se retrouvent face à tendance de

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rejet ne doutant point des capacités des structures, mais des méthodes utilisés dans l'évaluation des travaux. Ils se voient imposer un régime d'évaluation inédit (...) qui tend aujourd'hui à s'imposer (Dodier, 2009, 2) dans la production des travaux de recherches scientifiques et universitaires. En dehors de la bibliométrie qui consiste à recenser les occurrences de citation des travaux des chercheurs et à les rapporter à la qualité scientifique des revues dans lesquelles ils sont publiés et/ou cités, l'activité des chercheurs est déjà largement évaluée dès qu'ils soumettent un article à une revue (comité de lecture), dès qu'ils candidatent à un poste (jury de sélection) ou sollicitent des crédits de recherche (Damon, 2009), d'où la présence permanente de l'évaluation dans les SIC. Cette omniprésence d'une institution de vérification est considéré utile et au coeur de la recherche. Aucune démarche ne peut être approuvée ni validée par les pairs-experts (Boure, 2002, p. 46) sans mesurer le degré scientifique du travail d'un chercheur dans sa production qui vise la qualité, la rhétorique, la vérification et le raisonnement.

A cette évaluation s'ajoute celle réalisée par les revues scientifiques comme le souligne Vivianne Couzinet (2008) la revue, objet médiateur qui porte des connaissances scientifiques » est pourtant « un moyen d'évaluer des recherches et d'évaluer des chercheurs ». Une revue scientifique à toujours été le moyen par excellence de faire connaitre ces travaux et de faire découvrir au plus large public les travaux des chercheurs. Une aubaine pour les chercheurs à communiquer à travers les supports et revues scientifiques, les résultats de leurs recherches et de justifier l'intérêt de la recherche scientifique dans le milieu de l'enseignement supérieur. Evalués par les pairs, les chercheurs sont soumit à des exigences techniques et méthodologiques dans la production des savoirs dont, la finalité est l'augmentation de la circulation des savoirs, selon Vivianne Couzinet (2006) offrant ainsi des voies de recherche innombrables pour les sciences de l'information et de la communication. D'après Duplessis (2007), l'évaluation dans la recherche scientifique est une démarche qui à pour finalité d'attribuer une valeur, une signification à l'information au moyen d'un jugement. La question de l'évaluation dans le monde de la recherche scientifique reste le socle de la productibilité des connaissances et des savoirs empiriques, domaine idéal pour favoriser un nouveau mode de management des savoirs, des savoir-faire et des connaissances dans la construction des discours. Des méthodologies et des techniques sont mises en place pour évaluer les résultats de la recherche, qui devront à leur tour aider d'autres chercheurs à mieux argumenter leurs discours en s'appuyant sur des travaux déjà réalisés et évalués par les experts.

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La communication scientifique est un débat scientifique Viviane Couzinet (1999) qui doit respecter les normes et les règles d'une écriture qualitative. Autrement dit, les positions concurrentes défendues par les chercheurs dans le cadre d'une valorisation de leurs travaux font intervenir la question de l'évaluation. Les chercheurs en sciences de l'information et de la communication se retrouvent face à cette démarche ou cette obligation dans la production des travaux scientifiques, c'est-à-dire à défendre leurs productions et recherches scientifiques au service de l'enseignement supérieur et du monde de la recherche.

A la question de la méfiance ainsi que d'un régime d'évaluation inédit dont parlent Dodier et Boure, de l'autre côté des revues scientifiques, selon Annie Le Saux (2009), les textes sont, constat fréquent, écrits pour des pairs et non pour le grand public académique, dans une écriture conforme à l'esprit d'une thèse, mais qui apparaît jargonneuse et inappropriée lorsqu'elle est lue par un public moins averti. Les chercheurs dans le domaine des sciences humaines et sociales contribuent avec intérêt à l'avancée de la discipline qui continue à trouver ses marques et à s'imposer dans le monde de la recherche, avec l'évaluation au centre des travaux, des publications, des recherches universitaires et des discours cognitifs communicationnels. Évaluer, c'est toujours juger le travail qui se fait afin de mieux adapter les résultats aux attentes selon les objectifs fixés en amont, car l'évaluation est un processus (Campanale, 1999, p. 2) par lequel nous définissons la démarche à emprunter pour orienter une réflexion. Les meilleures pratiques ne sont-elles pas des exemples dont les autres doivent s'inspirer pour s'améliorer (Boure, 2002, p. 60) ? Les réactions sont partagées et le débat n'est pas loin d'être clôturer entre les chercheurs et les organismes d'évaluation.

3.3.7. L'évaluation dans l'éducation : de l'évaluation institutionnelle à l'évaluation des performances des apprenants

Évaluer est une démarche qui nécessite des moyens d'action pour mieux formuler les référentiels, les discours et les effets d'une réussite ; c'est à la fois mesurer avec précision et estimer approximativement (Tardieu, 2005). Cette action, qui se veut utile pour des attentes évaluables et quantifiables, s'expliquerait par les outils à mobiliser pour organiser systématiquement une théorie fondée sur l'efficacité, l'efficience, le résultat et l'amélioration de situations. Quand une évaluation est réfléchie en amont de sa conception théorique ? l'évaluation préalable ? plusieurs mécanismes doivent être de la partie pour encadrer le dispositif qui accompagnerait l'action ou l'étude des données, dans la perspective de mieux

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diligenter le travail de recherche de terrain. Pour ce faire, l'environnement évaluatif doit être encadré juridiquement par la mise en place d'instruments assurant la police ou l'encadrement du secteur. De l'évaluation de la recherche scientifique à l'évaluation des organismes professionnels, la distance est réduite, il n'y a pas de grand écart. Ce sont bien deux processus qui se rattachent par leurs méthodes et leur fonctionnement dans l'exercice des résultats, à savoir mesurés en amont. Ce sont deux processus qui s'entrecroisent et se complètent dans la production des résultats.

En France par exemple, l'évaluation prend son envol dans les années 1970, et c'est en 1980 que tout se met en place avec la création d'instances d'évaluation ayant pour mission d'évaluer les politiques publiques, les établissements de formation afin de mesurer leur performance et leur compétitivité. En effet, on attend de l'évaluation qu'elle devienne un puissant levier pour une amplification de la réussite (Hadj, 1997, p. 8) afin de booster les objectifs fixés et de capitaliser les résultats et pour éviter les échecs dans les processus de fabrication d'outils à évaluer. Dans cette marche de la « fièvre de l'évaluation », plusieurs auteurs ont produit des discours autour de l'évaluation dans l'éducation, domaine et fondement de la notion d'évaluation. Dans l'Éducation nationale, la notion d'évaluation est le maître mot justifiant les acquis et les connaissances des apprenants ainsi que la mesure des objectifs fixés par l'enseignant, qui a pour mission de partager et de communiquer des données.

Valérie Pécresse alors ministre de l'Éducation nationale de mai 2007 à juin 2011, érigera l'évaluation en impératif absolu (Boure, 2010), question de mieux évaluer le travail des apprenants, de mesurer le niveau des acquis et des enseignements donnés. Rendre impératif, c'est obliger une chose à se réaliser en comptant sur les objectifs et les attentes. Au niveau de l'éducation, c'est une réalité pour prouver l'atteinte des objectifs fixés par la hiérarchie dans une démarche de production de valeurs et de résultats : l'efficacité, l'effectivité, l'efficience, la cohérence et la vitalité. En effet, cette évaluation se fonde sur la philosophie du résultat. La notion d'évaluation a été rapidement construite comme un enjeu scientifique et pratique, l'un de ses emblèmes étant les sciences de l'éducation où son usage se répand depuis leur reconnaissance officielle dans les années 1970 (Boure, 2010), donnant ainsi une légitimité pour évaluer absolument un travail qui se veut producteur de contenus et de valeurs. L'obligation d'être évalué dans l'Éducation nationale passe par cette détermination de mettre à niveau les compétences et la qualité des apprenants. Nous allons

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assister ainsi à la création de plusieurs structures avec pour mission de capitaliser la notion d'évaluation dans l'Éducation nationale.

En 2006 sera créée par la loi du 18 avril de programme de la recherche l'Agence d'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur (AERES), opérationnelle depuis le 21 mars 2007. François Goulard, ministre délégué à l'Enseignement supérieur et à la Recherche déclare alors dans un communiqué : « par ses évaluations, elle participera au pilotage de la recherche et de l'enseignement supérieur, en incitant tous les acteurs à s'inscrire dans un cercle vertueux d'amélioration de leur efficacité ». Elle est une autorité administrative indépendante qui agit au nom et pour le compte de l'État sans disposer de la personnalité juridique et sans être rattachée à un département ministériel. « Si le terme "agence" rappelle le modèle américain, il porte aussi en lui un certain nombre d'éléments liés à la modernisation "à la française" de l'Administration et aux formes particulières que revêt en France la crise de l'État-providence (Idem, 2010)».

La démarche empruntée par l'Éducation nationale dans la création des structures d'évaluation comme le souligne Isabelle Bruno (2008), l'évaluation à dominante gestionnaire est fondée sur le contrôle de performance par l'appréciation du résultat à travers une démarche se voulant objective dans ses conditions d'exercice (transparence, neutralité, technicité, professionnalisme). Elle révèle cette opiniâtreté de viser la réussite, la performance et la compétitivité dans l'organisation des connaissances (Roy, 2003). En mettant en place des structures d'évaluation dans le secteur de l'éducation, l'objectif est de remettre l'efficacité dans le travail et dans la production des résultats, sachant que l'évaluation est faite dans tous les domaines de l'éducation nationale : les universités, les divers établissements de formation, les écoles doctorales, les unités de recherche, dans une vision de performance de productibilité des résultats. Cette évaluation serait en premier lieu utile pour les structures leur permettant de se connaître à partir de critères «objectifs», de détecter leurs dysfonctionnements, d'améliorer la qualité de façon à se conformer aux standards européens, d'adapter leur stratégie et de donner des arguments aux instances pour entreprendre les réformes indispensables (Boure, 2010, p. 49) qui profiteraient à l'évaluation et aux acteurs de terrain.

Du point de vue de la notation des élèves et des enseignants dans l'Éducation nationale, une étude réalisée par le ministère en charge de l'Éducation a évalué les objectifs,

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les résultats, les attentes et les finalités de la nécessité de l'évaluation en milieu scolaire. Cette étude (Rapport IGEN n° 2013-072, juillet 2013) avait pour objet de faire un état des lieux des pratiques de notation et d'évaluation des acquis des élèves de l'école primaire ou de collège, d'en mesurer les évolutions, d'identifier les résistances « au changement » et d'en comprendre les fondements. L'évaluation par la note chiffrée se fait à l'école primaire et au collège et permet de juger le niveau des élèves. À l'école maternelle, la note chiffrée n'existe pas, mais les enseignants pratiquent une autre manière d'évaluer pour juger et contrôler le travail des enfants.

Comme le souligne Hadji, l'idée de l'évaluation est une mesure des performances (Hadji, 1997) dans l'optique d'accompagner les apprenants dans leur cursus tout en capitalisant leurs connaissances. Sans évaluer le travail des élèves, il serait impossible de mesure la performance et l'efficacité. Évaluer la performance par compétences prendrait le pas sur l'évaluation par la notation, car l'enseignant accompagnerait l'apprenant selon ses compétences et selon les notes à obtenir. La différence apparemment spectaculaire entre notation chiffrée et évaluation par compétences ne doit cependant pas cacher le véritable enjeu d'une évaluation performante, qui est celui de l'explication devant accompagner tout système d'évaluation. Ce qui permet aux élèves de se mobiliser, d'apprendre de leurs erreurs et de progresser, ce ne sont pas les différents types de codages, qu'il s'agisse de notes, de lettres ou de couleurs, mais les appréciations et observations ciblées dont ces codages sont assortis. De leur côté également, les enseignants subissent une évaluation sur les objectifs de transmission des connaissances et leur capacité à évaluer le travail des élèves. Dans le cadre de cette évaluation qui se veut performante, l'enseignant reçoit lors de son affectation une note allant de 0 à 100 accompagnée d'une appréciation pédagogique, sur proposition de l'inspecteur chargé de l'enseignement spécialisé, une manière d'évaluer en amont le travail de l'enseignant qui a obligation de produire des résultats.

3.3.8. L'évaluation dans les politiques publiques : d'une politique d'évaluation à une politique de résultats

La mise en place d'une politique, quel que soit son domaine d'action, a pour finalité d'évaluer les résultats dont les objectifs ont été fixés en amont de sa conception préalable, car lorsqu'une évaluation est définie par les résultats qu'elle permet d'obtenir (Le Marec, 1996), les réalisations attendues sont palpables et directes. Ainsi, une politique vise toujours un changement et des mutations pour améliorer les ratés d'une action, qu'elle soit

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gouvernementale, communale ou autre. Outre la définition officielle de l'évaluation des politiques publiques, plusieurs rapports à savoir, le rapport Deleau (1985) et le rapport Viveret (1989) ainsi que le circulaire du 28 décembre 1998 relative à l'évaluation des politiques publiques (JO, n° 36 du 12 février 1999, p. 2239.) ont évoqué la question de l'évaluation en définissant la dimension normative et cognitive de cette dernière dans l'organisation des actions, avec pour finalité la réalisation des objectifs fixés en amont. Pour Freeman et Rossi, par exemple, « l'évaluation doit se préoccuper de l'utilité, de la mise en oeuvre, de l'efficacité et de l'efficience des mesures qui ont pour but d'améliorer le sort des membres de la société »7.

Pour les responsables des programmes ou des politiques, l'évaluation est une source d'informations nombreuses ainsi que d'analyses et de recommandations. Elle constitue une aide à la prise de décisions, à l'adaptation ou à la réorientation de leur stratégie. La mise en place d'un programme répond aux exigences normées d'une demande ou d'attentes fixées en amont. Dans le cadre d'une évaluation des politiques publiques, les règles et les normes sont les mêmes du fait qu'elle doit respecter l'ordre établi dans sa mise en route par les ordonnateurs de la politique. Officiellement, l'évaluation sert à apprécier l'efficacité d'une politique en comparant ses résultats aux objectifs assignés et aux moyens mis en oeuvre (Perret, 2014). Juger l'efficacité d'une action ou d'une politique revient à se poser des questions sur son utilité dans sa mise en route, sur ses résultats selon les objectifs fixés et la définition des moyens mis en oeuvre.

Une politique publique représente pour le gouvernement ou la communauté urbaine la colonne vertébrale d'une réalisation portant en soi les transformations sociales et économiques d'une cité ou d'un programme quelconque. Mais attention, évaluer une politique publique demande de mettre sur pied une ou des méthodologies pour mener à bien les actions. L'évaluation est une démarche avant d'être une technique (Perret, 2014), qui doit répondre à une vision et à une méthodologie axée sur les résultats des actions à effectuer dans un objectif bien défini en amont.

7 http://www.evaluation.gouv.fr/cgp/fr/interministere/doc/petit_guide_cse.pdf Ce guide est consacré à l'évaluation des actions et activités publiques. Sous la présidence de Jean Leca - Rapporteurs Bernard Perret & Claire Guignard-Hamon.

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Pour lutter contre le chômage par exemple, la démarche évaluative s'inscrit dans la logique d'apporter des solutions et des réponses à cette revendication des demandeurs d'emploi. À cet effet, des méthodes et des processus sont mis en place pour apporter un tant soit peu une approche de résolution, en réfléchissant sur les techniques que la politique doit mettre sur pied afin de remédier à la situation. Ainsi, l'évaluation intervient comme l'outil par excellence pour évaluer les mécanismes et les moyens à mobiliser pour donner gain de cause : poser des questions sur la situation des demandeurs tout en catégorisant les situations ; observer le marché de l'emploi pour trouver des pistes de placements selon les offres disponibles ; mesurer et analyser dans la durabilité les offres d'emploi proposées afin de réaliser les résultats. Car évaluer une politique, c'est d'abord la questionner (Perret, 2014) pour obtenir les réponses attendues et les objectifs fixés. Une politique publique entre en scène quand tous les acteurs de sa mise en oeuvre se solidarisent pour porter sa réalisation sans faille. Ainsi, les commanditaires, les exécutants ou les fonctionnaires, les acteurs de l'évaluation et les méthodologues se réunissent pour définir la planification de la politique au bénéfice des populations qui en sont les destinataires directs. Les questionnements de la politique publique passent par les objectifs, le choix des méthodes à apprivoiser, la collecte des données ainsi que leur traitement, la formulation des réponses et la finalité.

Ce travail nécessite de l'énergie et des compétences pour mener à terme la planification de la politique à mettre en place, car les objectifs d'une évaluation préalable, quand ils sont bien formulés et bien construits, évitent les erreurs. À cet effet, un arsenal de mécanismes doit être mis en place pour conduire l'évaluation de la politique publique sans ambiguïté, à savoir les dispositifs de pilotage de l'évaluation, sachant que l'évaluation n'est pas un simple mécanisme, mais un ajustement réciproque des contraintes de l'action publique (Perret, 2014). L'évaluation de la politique publique actionne les mécanismes de vérification directe quand les outils mis en place répondent aux normes et aux règles établies. Non seulement l'évaluation est un effort qui vise à rendre compte de l'action des gouvernants, mais elle participe aussi d'un mouvement plus général de redéfinition des modes de justification du pouvoir politique dans les démocraties modernes. Il y a dans l'évaluation un double registre de connaissance et de justification (Duran, 1999). Dans le registre de connaissance, il est important de classifier les compétences et les qualités d'un groupe des personnes question de repartir les ressources financières, de même que la justification sur les résultats dans le travail à produire. L'évaluation ne sert pas uniquement à mesurer un projet culturel mais aussi amène souvent à des classements qui sont utilisés dans la répartition des

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ressources financières, comme dans le cas de l'analyse et de l'évaluation des emplois, l'appréciation individuelle implique la recherche d'une objectivation et d'une systématisation du processus d'évaluation (Monié, 1986).

3.3.9. L'évaluation en milieu médical : évaluer l'état de santé du patient

Établir le bilan de santé d'un patient en milieu hospitalier, comme le souligne l'économiste Henriette Gardent (2001) c'est évaluer les capacités cliniques d'un malade, de la prise en charge multidimensionnelle de sa santé de la personne (fonctionnel, nutritionnel, mental, psychologique, relationnel, pathologies et autres). Ainsi, la pratique d'un examen clinique sera le couronnement du recueil d'informations, qui va permettre aux personnels soignants de porter jugement et de faire une évaluation pour son bien-être. Quel que soit son objectif, toute action d'évaluation repose sur un recueil d'informations, suivi d'une analyse et d'une présentation synthétique des conclusions auxquelles la procédure aboutit (Gardent, 2001). C'est un travail qui s'effectue de manière permanente en milieu hospitalier par les agents de santé pour améliorer les conditions de vie des malades.

L'intérêt d'une vie saine pour l'homme reste la préoccupation des objectifs des personnels médicaux, qui ont les capacités et les aptitudes nécessaires pour prendre soin des malades. Remédier à la situation sanitaire des patients, c'est améliorer les objectifs suivant les résultats des examens. Nous sommes dans le processus de l'évaluation d'un projet ou d'une action avec des objectifs préétablis à l'avance, des résultats fixés en amont et les finalités d'une projection préalablement conçues tenant lieu d'indicateurs quantifiables et qualifiables. L'évaluation est omniprésente dans le milieu médical depuis les examens médicaux (objet à évaluer) pour les patients jusqu'à l'évaluation des compétences et qualités des personnels médicaux (évaluation sommative), en passant par les organismes en charge d'accueillir les patients (performance évaluative), dans une démarche de mesure, qualité et jugement des résultats.

Évaluer est une nécessité qui oblige les évaluateurs à donner le meilleur d'eux-mêmes sans se transformer en donneurs de leçons. L'évaluation, dans un idéal absolu, est une démarche qui devrait permettre d'améliorer l'efficacité du processus de décision (Gardent, 2001), de refixer les objectifs, de remettre les indicateurs à l'heure de la réalité et d'éviter l'inattendu.

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3.3.10. L'évaluation dans les politiques culturelles

L'évaluation des politiques culturelles dans une nation symbolise le rayonnement de l'image du développement interne des industries culturelles et créatives du pays vers l'extérieur. Une image rayonnante vers l'extérieur grâce à la force de la créativité portée par les acteurs-créateurs peut valoriser la création d'emplois dans le milieu de la culture. Une bonne politique culturelle répond aux normes et aux mécanismes nécessaires pour porter haut le niveau des résultats fixés, tout en apportant une valeur ajoutée dans la vie économique du pays. La mise en place des mécanismes qui accompagnent les politiques culturelles passe par des concertations nationales, départementales, voire régionales, afin de recueillir des données à mesurer sur ce qui se fait sur le terrain et sur ce qui se fera dans un avenir proche.

Pour les acteurs de terrain, l'évaluation est la bête noire de l'exercice de leurs fonctions. Comme le souligne le sociologue Patrice Duran (1999), rendre compte des financements obtenus pour le développement d'un projet est une action que refusent les acteurs culturels, ils ont du mal à accepter du fait que l'évaluation est une machine dévoreuse de temps de travail et nécessitant de la disponibilité pour se prêter au jeu. En sus des obligations que demande la gestion du projet, les acteurs de terrains se voient encore attribuer autres missions, celles de rendre compte et de se justifier sur les subventions obtenues. Pour les acteurs de terrain, l'évaluation demande également de l'expertise extérieure au projet et sollicite les énergies dans sa globalité : « Levier de changement et d'optimisation des projets, elle représente aussi et surtout un enjeu de démocratie dans l'optique de "rendre compte" au citoyen de l'utilisation de l'argent public. Pourtant, la question de l'évaluation fait largement débat dans le secteur culturel. On la dit dévoreuse de temps et d'énergie, coûteuse et réclamant une expertise difficile à mobiliser ; on croit deviner derrière ses beaux atours l'ombre des logiques d'audit et de contrôle ; et surtout on la considère comme inadaptée au champ artistique, où règnent le sensible et le subjectif... bref, le non quantifiable »8. Plusieurs d'acteurs de terrain se pressent dans leurs propres pièges sur la manière ils doivent concevoir l'évaluation ou de la manière dont ils doivent réaliser l'évaluation. Patrice Duran insiste dans ces propos, que c'est une démarche de « rendre compte » à celui qui a donner de l'argent ou à

8 Arcadi. « L'évaluation dans le secteur culturel, entre exigence démocratique et efficacité décisionnelle », colloque, 2 avril 2010, en partenariat avec la Société française de l'évaluation ( www.sfe-asso.fr), Paris, Comptoir général. L'Arcadi a pour mission de soutenir la création artistique, de favoriser la diffusion des oeuvres et d'aider au développement d'actions artistiques dans les domaines de la chanson, de la danse, de l'opéra, du théâtre et du multimédia en Île-de-France. Il a aussi des missions d'information, de conseil, de mutualisation, d'observation, au bénéfice de tous les acteurs de la vie artistique et culturelle d'Île-de-France.

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subventionner l'action ou le projet. S'en passer, c'est refuser de voir la vérité en face de soi et admettre le recule dans le management des projets.

La pratique de l'évaluation dans le secteur culturel est comme un outil de pilotage et d'aide à la décision, permettant aux acteurs de s'approprier les outils pour mieux conduire et administrer les projets, et de rectifier si besoin les objectifs. Savoir piloter un projet, c'est savoir évaluer son action dans une temporalité fixe tout en respectant les décisions qui seront prises lors de la révision des indicateurs et de la réorientation des mesures. Ainsi, les porteurs de projet font appel à l'ajustement pour une décision qui doit s'orienter vers la planification et l'adaptation des projets, devenant ainsi la plaque tournante de toute évaluation dans les politiques culturelles. Les évaluations sont donc menées au regard d'un référentiel normatif de l'évaluation des politiques publiques (pertinence, cohérence, efficience, efficacité) auquel est adjointe l'évaluation de principes et/ou d'éléments de démarche que ces programmes souhaitent promouvoir (démarche ascendante, caractère innovant, démarche participative...). Cette évaluation va surtout se baser sur la comparaison (Duran, 1999, p. 169) entre les objectifs d'une part, les réalisations et les résultats d'autre part (Xavier Pastau et Patrick Smith, 2009). Sans une comparaison des objectifs fixés en amont au regard des réalisations et des résultats obtenus, l'évaluation n'a plus sa place dans la gestion des projets ainsi que dans la mesure des résultats visant le développement des politiques culturelles.

En France par exemple, la politique culturelle a connu un développement continu depuis la création du ministère Malraux en 1959. Depuis lors, l'État y consacre près de 1 % de son budget, soit 2,8 milliards d'euros. Les collectivités, de leur côté, se sont largement emparées du sujet et dépensent globalement 7 milliards d'euros pour des activités culturelles. On pourrait penser que, là comme ailleurs, la démarche évaluative suit son chemin, tâtonnant mais déterminé (Lucas, 2009), un choix fait par les décideurs politiques dans l'accompagnement et le soutien à apporter à la culture, quel que soit le secteur d'exercice. Sans évaluation, il serait impossible de justifier la faisabilité ou la réalisation d'une action qui se veut capitale dans l'économie de la culture. Elle est indispensable pour valoriser les acquis évaluables dans une finalité de faisabilité.

Bien que l'évaluation des politiques culturelles en France se porte bien, plusieurs questions reviennent en boucle pour une meilleure prise en charge du secteur par les décideurs : « Comment ces phénomènes s'inscrivent-ils dans une perspective de

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développement culturel durable ? En quoi participent-ils à l'épanouissement des individus, au vivre ensemble et à la diversité culturelle ? Dans quels termes se pose aujourd'hui la question de l'accès à l'art et à la culture ? Comment les différentes formes de culture présentes dans la société entrent-elles en interaction ? Quel rapport associe la culture à l'éducation, à l'économie, au social, à l'urbain ? Quels sont les enjeux, les obstacles et les interrogations soulevés par ces relations transversales ? Quelle place la société fait-elle à l'art et aux artistes ? Ces questions de fond sur les enjeux culturels de notre époque en appellent d'autres sur la gouvernance des affaires culturelles. Autour de quelles règles du jeu faut-il recomposer l'action de l'État et des collectivités territoriales en faveur de la culture ? Quelle est la responsabilité des acteurs culturels et de la société civile dans ce débat ? Compte tenu de ces questionnements, quel nouveau contrat pourrait associer État, pouvoirs locaux et acteurs culturels et quel sens convient-il de lui donner ? ».9

Une évaluation sur le fond et sur la forme pour les politiques culturelles, dans un pays où la culture apporte un peu plus dans la vie des acteurs du terrain.

9 Observatoire des politiques culturelles. « Vers un nouveau contrat pour les politiques culturelles territoriales ? », un tour de France et d'Europe à l'occasion des 20 ans de l'OPC, 2009. Disponible sur : http://www.observatoire-culture.net/fichiers/files/programme des 20 ans de l opc telecharger 2.pdf

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4. Conclusion de la première partie : De l'évaluation singulière à l'évaluation collective

Évaluer n'as pas toujours été simple et facile comme pourrait le penser certains. Au contraire, l'évaluation peut permettre de donner une image positive de l'action et de quantifier la réussite de la démarche appliquée pour les résultats fixés. Dans ce chapitre, nous donnons une vue d'ensemble de la notion d'évaluation dans plusieurs champs et domaines pédagogiques, professionnels et autres, des relations directes se remarquent dans la manière dont les acteurs pratiquent l'évaluation, et des regards presque similaires s'observent dans la conduite des procédures d'exécution des tâches.

L'objectif de notre mémoire se focalise autour de la question de l'évaluation préalable qui est au coeur de l'élaboration des projets culturels en amont de leur conception. Un projet analysé ou évalué en amont de se réalisation se construit dans une vision de réussite tout en évitant les erreurs. Évaluer un projet culturel, c'est mesurer de quelle manière les actions vont être réalisées et mises en place, juger l'intensité de la faisabilité pragmatique du projet dans un environnement de développement socioéconomique stable. Il s'agit d'analyser les processus d'élaboration et de mise en route des critères d'évaluation préalable par les évaluateurs ainsi que les processus de compréhension des enjeux de l'évaluation préalable par les porteurs de projets et la manière dont ils en tiennent compte dans la conception d'un projet. Il s'agit d'étudier ce que l'évaluation produit comme normes dans la réussite de la conception d'un projet. Construire un projet c'est déterminer les formes de matériaux qui permettront de mettre sur pied les indicateurs susceptibles de mesurer les résultats, comme le signifie Joëlle Le Marec (1996), d'apporter des informations sur le déjà-là des consommateurs, des usagers pour prévenir les obstacles et d'éviter les erreurs dans l'optimisation des impacts dans l'évaluation préalable d'une action.

L'évaluation détermine et fixe la finalité d'un projet par les résultats attendus établis en amont de la conception. Incontournable dans l'exercice de toute activité professionnelle, l'évaluation reste le fondement et le socle d'une vision axée sur l'amélioration et le changement des objectifs d'un projet. Une évaluation, quelle soit préalable ou non, impose le respect des normes et des règles établies dans un environnement socialement soumis aux discours de la qualité. De l'évaluation singulière à l'évaluation collective en passant par les évaluations spécifiques et morcelées, la fixation des objectifs conçus en amont dans le cadre de l'évaluation préalable devrait contribuer dans la lutte contre les échecs et les erreurs, et mesurer la fiabilité du projet sous tous ses aspects.

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En se questionnant sur la manière dont les porteurs de projets procèdent dans l'évaluation des actions ou les projets culturels, la finalité est de comprendre par quelle mécanisme ou processus s'exercent-ils à concevoir ou à évaluer les projets à soumissionner dans le cadre du programme ACP Cultures+.

A cet effet, nous faisons l'hypothèse que, en mettant en place un tel dispositif de subvention, l'organisme contractant construit également son objet d'évaluation et ses principes de contrôle afin de mieux structurer hiérarchiquement les démarches d'octroi de financement qui respecteraient les valeurs représentatives de la structure pour répondre aux attentes des porteurs de projet. Un porteur de projet à pour détermination dans la conception de son projet culturel de décrocher le sésame (financement du dispositif ACP CULTURES+) pour réaliser son projet ou son action. Ainsi, je me suis posé des questions : comment fonctionne ce programme ACP CULTURES+ ? Quelles-sont les conditions à remplir pour avoir accès au financement ? Qui évalue les propositions des porteurs de projets ? Comment est-ce que le programme octroi le financement (critères, conditions) ? Il était nécessaire de comprendre le fonctionnement du dispositif ACP CULTURES+, déterminer les termes d'évaluation du programme et de validation des propositions. De l'autre côté, comprendre comment est-ce que les porteurs de projets conçoivent leurs propositions et déterminer la manière dont ils évaluent leurs projets à soumissionner.

Une réflexion, une méthodologie et un raisonnement pour situer le travail à réaliser et mettre en place des outils permettant d'obtenir des résultats. Si toute évaluation à un caractère normatif (bien résumé dans les indicateurs retenus), elle a aussi une dimension performative puisqu'elle doit aboutir à définir le type d'activité à effectuer (Martucceli, 2010). Sans pouvoir mieux définir les indicateurs de la réussite ou la réalisation de l'évaluation, l'on ne pourrait effectuer son activité et s'attendre à la performance souhaitée. Il est important de signifier par tous les moyens des indicateurs et des valeurs indicatives les outils à évaluer et à faire évaluer sans craindre le risque d'échec.

DEUXIÈME PARTIE

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Description et analyse du dispositif et d'un projet subventionné

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1. Chapitre premier : Description et analyse du dispositif

1.1. Introduction

Dans cette deuxième partie, il s'agit de décrire et d'analyser les termes de références ou les spécifications techniques contenues dans le dispositif ACP Cultures+, mises en place par l'Union européenne en collaboration avec le secrétariat des Etats ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifiques), organismes de financement et d'évaluation d'appels à propositions, à l'attention des porteurs de projet ou des soumissionnaires. Les termes de références ou les spécifications techniques représentent pour les organismes de d'octroi de subvention, le document principal servant de guide pratique (Pratical guide) pour les porteurs de projets qui souhaitent soumissionner ou répondre à l'appel à propositions des projets culturels, dans le cadre du programme ACP Cultures+. Un support dans lequel les soumissionnaires ou les porteurs de projet devront trouver toutes les informations utiles pour soumissionner un projet ou une action dans le cadre du développement culturel. Les documents d'accompagnement des appels à projets nécessitent d'être compris par les acteurs de terrain afin qu'ils puissent respecter les critères de sélection et d'éligibilité. À cet effet, décrire et analyser le cadre théorique de ces appels à propositions formulés par l'Union européenne via le programme ACP Cultures+ demandent un capital culturel et intellectuel pour appréhender le discours institutionnel et la finalité des résultats fixés par l'organisme en charge du financement.

Dans cette logique de description et d'analyse du dispositif d'appel à propositions, nous allons définir les termes de référence et les spécifications techniques dans le cadre d'un appel d'offres, décrire et analyser le contenu du programme afin de comprendre le langage technique et les outils mis en place pour l'application des conditions du dispositif. Il sera question également de déterminer les capacités et le capital intellectuel, culturel, sociologique et économique des pouvoirs adjudicateurs ou de l'administration contractante pour l'élaboration des termes de référence ou des spécifications techniques (PRAG, 2012).

1.2. Organismes contractants

Les appels d'offres ou appels à projets sont ordonnés par l'organisme en charge d'octroyer les financements, à savoir l'Union européenne en collaboration avec le secrétariat des gouvernements ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique) dans le cadre du programme ACP Cultures+. À la faveur de cette collaboration, un accord de partenariat ACP-UE (Le Monde diplomatique, 2005) a été signé entre les deux organismes pour une durée de vingt ans, centré sur l'objectif de réduction et, à terme, d'éradication de la pauvreté tout en contribuant au

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développement durable et à l'intégration progressive des pays ACP dans l'économie mondiale.

1.2.1. Secrétariat du Groupe des États ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique)10

Composé de 79 pays et de 3 continents, le Groupe des États ACP rassemble aujourd'hui près de 980 millions d'habitants répartis dans 48 pays d'Afrique sub-saharienne, 16 des Caraïbes et 15 du Pacifique. Le Secrétariat ACP assure la gestion administrative du Groupe. Il assiste les organes de décision et de consultation du Groupe dans leurs missions. Le Secrétariat ACP a son siège à Bruxelles (Belgique). Il est dirigé par un Secrétaire général doté de pouvoirs exécutifs.

Le Secrétaire général est chargé de la mise en oeuvre de la politique internationale du Groupe ainsi que de l'animation et de la coordination de la politique de coopération. Le secrétariat, sous l'autorité des organes politiques du Groupe ACP (Sommet des chefs d'État et de gouvernement, Conseil des ministres, Comité des ambassadeurs), a pour missions d'exécuter les tâches qui lui sont confiées par le sommet des chefs d'État et de gouvernement, le Conseil des ministres, le Comité des ambassadeurs et l'Assemblée parlementaire ACP, de contribuer à la mise en oeuvre des décisions de ces organes, de suivre la mise en oeuvre de l'accord de partenariat ACP-UE, d'assister les organes ACP et les institutions mixtes créées dans le cadre des accords de partenariat ACP-UE.

1.2.2. La Commission européenne

La Commission européenne est l'organe exécutif de l'Union européenne. Elle est le deuxième bailleur d'aide au développement dans le monde. Afin de pouvoir apporter une telle aide, la Commission a mis en place le Fonds européen de développement (FED) doté de 22,68 milliards d'euros pour la période 2008-2013 reconductible. Le FED est son principal instrument d'aide au développement à destination des États membres du Groupe ACP.

1.2.3. La coopération ACP-UE

La coopération entre l'Union européenne et les pays ACP est centrée sur la réduction et, à terme, l'éradication de la pauvreté. Elle doit également contribuer à la paix et à la

10 Microfinance ACPUE, « L'union européenne et le Groupe ACP ». Disponible sur : http://www.acpeumicrofinance.org/fr/origines/l union europeenne et le groupe acp

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sécurité, à la stabilité politique et démocratique des pays ACP. Dans ce contexte, les partenaires de l'accord agissent conjointement pour atteindre progressivement les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). En se focalisant sur quelques principes, la coopération ACP-UE repose également sur l'égalité des partenaires et l'appropriation des stratégies de développement. Il appartient aux États ACP de déterminer, en toute souveraineté, les stratégies de développement de leur société et de leur économie. Parmi les protocoles signés entre les deux organismes dans le cadre du financement des projets, une partie est accordée au développement du secteur culturel à travers le programme ACP Cultures+.

1.3. Présentation du terrain de recherche

Les enquêtes quantitatives et qualitatives, l'observation directe et ethnographique (Wahnich, 2006) permettent à un chercheur d'analyser une situation dans l'objectif d'un recueil de données vérifiables et quantifiables. Le terrain est loin d'être un simple support et champ de recherche, il est à la fois le point de départ et l'objectif final de tout processus de connaissance, et module les résultats de la recherche (Belhedi, 1998). Il ouvre la porte à une réflexion méthodique, organisée, normée et réglementée du chercheur à la recherche d'éléments nouveaux. Dans cette démarche, le chercheur, par sa stratégie de travail, recueille des données légitimes à son étude et pose les bases de la fiabilité de la collecte. Les données recueillies et observées vont lui permettre de construire un raisonnement ou d'améliorer une situation observée. Afin de cerner notre terrain de recherche, il était question de déterminer sur quoi nous allions baser notre étude et de quelle manière nous allons procéder dans la collecte des informations. Ainsi, notre démarche nous a conduits à identifier l'environnement ou le terrain sur lequel nous allions devoir recueillir les données qui nous permettraient de vérifier notre problématique de départ.

Le terrain constitue un maillon incontournable dans la recherche, même la plus théorique qui soit. En effet, le terrain constitue le point de départ et le point de chute de toute recherche, il est le champ d'application, d'expérimentation et d'initiation de la recherche. Même les spéculations les plus théoriques ont toujours une retombée sur le terrain qui prend des formes différentes (Belhedi, 1998). Le choix d'un terrain de recherche doit être fait selon la problématique d'étude et la finalité des travaux à conduire. C'est le maillon incontournable de la recherche, la colonne vertébrale de l'étude et le fondement des résultats attendus ou fixés.

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Notre étude est axée sur les enjeux de l'évaluation préalable d'un projet culturel, en amont de la conception des outils évaluatifs et avant sa soumission pour une subvention. Cette démarche s'est effectuée dans le cadre du programme ACP Cultures+ via le financement de l'Union européenne. Une question a été le point de départ de la problématique : Pourquoi les porteurs de projet doutent-ils du système d'évaluation des projets soumissionnés dans le cadre du programme ACP Cultures+, craignant que leur projet soit rejeté ? De cette question, nous allons nous pencher dans ce mémoire sur les enjeux de l'évaluation préalable et notamment le fait que les logiques de l'évaluation amènent le porteur de projet a raisonner selon ces logiques à adhérer aux principes de l'évaluation et à devenir lui-même le premier évaluateur de son projet. Une fois que l'on met en place une logique d'évaluation, le sujet évalué ne peut plus échapper à des règles de l'évaluation et est obligé à les intégrer même dans la phase de conception de son projet.

Afin de construire notre cadre théorique, vérifier notre problématique et nos hypothèses, le recueil des données nécessitait l'accès au terrain afin de légitimer la construction de notre raisonnement. À cet effet, nous avons défini et délimité notre terrain de recherche, tout en divisant la stratégie de travail en deux parties : premièrement, oeuvrer avec les acteurs de terrain (les porteurs de projet), tous basés en Afrique, dans l'objectif de comprendre leurs méthodes de fonctionnement et comment ils saisissent la notion d'évaluation préalable lors de la conception des projets culturels ; deuxièmement, connaître comment fonctionne l'organisme de financement de projets (programme ACP Cultures+ via l'Union européenne) basé à Bruxelles, en Belgique, pour l'octroi de la subvention selon le dispositif et suite à l'appel à propositions, ainsi que les finalités des projets subventionnés.

1.3.1. Analyse et délimitation du terrain

Analyser un terrain dans le cadre d'une recherche revient premièrement à le délimiter du fait qu'il est à la fois un milieu physique et un champ spatial, une technique d'approche du réel (Belhedi, 1998) pour un chercheur qui doit mesurer l'ampleur de son travail, déchiffrer les codes d'accès et s'approprier le milieu pour le recueil d'informations. L'accès au terrain n'est pas toujours facile au regard des procédures à mettre en place et des processus à respecter, du fait qu'il est le point de départ d'une étude qui devra permettre de mieux cadrer une démarche scientifique avec un objectif pratique et pragmatique. Dans le cadre de notre étude sur l'analyse des enjeux de l'évaluation préalable en amont d'un projet culturel et avant

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soumission pour une subvention, il était question de rencontrer les acteurs culturels pour connaître entre autres leur niveau professionnel et de rencontrer les institutions de financement par le biais des administrés pour comprendre leurs modes de fonctionnement et les démarches de l'octroi des financements.

Nous avions décidé de faire de l'observation directe pour ne pas être le chercheur-spectateur mais le chercheur-observateur recueillant des informations, des matériaux à la source dans le cadre conceptuel de notre recherche. Nicolas Flamant (2005) professionnel des ressources humaines à écrit, le parcours de la situation observée jusqu'à la restitution de contenus est une enquête à part entière. Elle contribue à la fois à l'analyse des conditions de production des sources et à la construction de l'objet même de la recherche. Notre étude nous a amené à rencontrer les porteurs de projet (les soumissionnaires), l'organisme d'octroi des subventions et les experts (consultants) pour l'analyse de terrain.

Une fois atteinte une certaine étape d'avancement de sa recherche, le chercheur va concrétiser pleinement son rapport au terrain : il prend des contacts et "descend" sur son terrain (Raoul, 2002) afin de pouvoir se l'approprier et prendre le contrôle dès que possible de l'environnement de l'étude. Il n'est pas toujours facile de s'approprier un terrain dont nous ne connaissons pas les règles de fonctionnement, les obligations qui s'imposent et les critères d'utilisation des données qui doivent être recueillies. Philippe Quinton (2009), enseignant-chercheur voit le terrain comme un texte à exploiter, un prétexte à partir duquel un éclairage va être donné à un phénomène que le chercheur, dans sa démarche de conquête de terrain, doit exploiter et expliquer.

1.3.2. Présentation du dispositif : ACP Cultures+

Le dispositif du programme ACP Cultures+ et le choix d'un projet culturel bénéficiaire du dispositif représentent pour nous le fondement de la recherche dans l'analyse et la collecte d'éléments pour l'étude. En sus du corpus, d'autres supports collectés durant la phase d'exploration du terrain serviront dans l'organisation de notre travail et la finalisation de la recherche. Il est important de signaler que le recueil des données est un processus bien encadré qui doit respecter des normes et des règles, dans une finalité de production de résultats susceptibles de résoudre une problématique, voire d'apporter une approche de solution. Ainsi, l'analyse du corpus et le décryptage des données collectées constituent une étape cruciale dans la recherche et dans la valorisation des résultats obtenus. C'est ainsi que

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nous avons décidé d'aller au contact des acteurs de terrain pour construire notre approche théorique à partir de ce contact (Dumez, 2011), vérifier directement et indirectement les discours et les théories liés aux enjeux de l'évaluation préalable d'un projet culturel. Toutes les données recueillies ne seront pas utilisées mais seront nécessaires durant la phase d'analyse et de décryptage des dispositifs.

1.3.2.1. Le dispositif : Programme ACP Cultures+

Afin de soutenir le développement du secteur des industries culturelles et créatives en Afrique, dans les Caraïbes et dans le Pacifique, un programme a été mis en place par le Secrétariat du Groupe des États ACP dans le cadre du développement culturel de ces États. Ainsi, l'Union européenne et le Secrétariat des États du Groupe ACP vont nouer un accord de collaboration dans le cadre du 10e Fonds européen de développement (FED) qui n'est autre que « l'instrument principal d'aide communautaire pour la coopération au développement dans les pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) et dans les pays et territoires d'outre-mer (PTOM). Au cours de la période 2008-2013, cette aide supplémentaire représentera environ 3 % des dépenses annuelles de l'Union. Chaque FED est régie par son propre règlement financier et géré en dehors du budget général de l'UE. Il est financé par des contributions directes des États membres. Les taux de contribution diffèrent de ceux du budget général et résultent d'une négociation (Programme ACP-UE d'appui au secteur culturel ACP, 2012).

Doté d'un budget global de 30 millions d'euros et financé par l'Union européenne dans le cadre du 10e Fonds européen de développement, le Programme ACP Cultures+ a pour objectif global de contribuer à la lutte contre la pauvreté. Une lutte tournée vers l'émergence et la consolidation d'industries culturelles viables et pérennes dans les pays ACP, vers le renforcement de leur apport au développement social et économique et vers la préservation de la diversité culturelle. Ce dispositif a pour visée spécifique de renforcer la création et la production de biens et services culturels des États ACP dans une approche intégrée avec les circuits de diffusion, de soutenir un accès renforcé aux marchés locaux, régionaux, intra-ACP, européens et internationaux pour les biens et services culturels des États ACP, de renforcer les capacités des professionnels des secteurs de la culture au sein des pays ACP au moyen des différentes formations, de contribuer à l'amélioration de l'environnement réglementaire des secteurs de la culture au sein des pays ACP. Ses modalités de mise en oeuvre sont des appels à propositions aboutissant à l'octroi de subventions aux

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opérateurs sélectionnés dans tous les domaines de la culture, y compris le cinéma et l'audiovisuel.

Il s'agit d'un programme conçu pour répondre aux besoins d'un groupe cible (Mouanda, 2002) afin de contribuer au développement de la situation observée. La question est d'apporter des résolutions dans la réduction de la pauvreté et de soutenir les acteurs de terrain qui contribuent à l'émergence socioéconomique d'une nation. D'où la particularité de ce programme qui repose sur la volonté institutionnelle de soutenir les initiatives privées comme étatiques dans le développement des industries culturelles et créatives, afin de permettre aux acteurs culturels ou porteurs de projet de trouver une indépendance économique dans la création d'emplois et le développement humain. La mise en place d'un tel programme de soutien (à savoir le développement des industries culturelles et créatives par le secrétariat du groupe ACP avec le soutien financier de l'Union européenne) part d'une analyse de la situation, d'une demande économique et d'un manque cruel d'aide, voire d'accompagnement des acteurs de terrain, financièrement et techniquement, dans la réalisation des projets au niveau local.

Plusieurs initiatives sont conduites dans les pays en développement et émergent dans le cadre de la réduction de la pauvreté. Ces initiatives concernent la création de structures de financement des microcrédits et macrocrédits, la formation des professionnels et du personnel des organismes de terrain, et la création d'emplois PME et PMI. Afin de soutenir ces initiatives, des analyses ont été réalisées pour définir les contextes des projets, les objectifs et les stratégies de mise en oeuvre (Mouanda, 2002) des propositions des porteurs de projet par des professionnels des pays ACP et de l'Union européenne. Ne pouvant répondre à toutes les soumissions, l'institutionnalisation des appels d'offres ou des appels à projets par l'organisme en charge de financer les demandes des acteurs de terrain répond de manière pratique, réaliste et pragmatique aux attentes de financement. Par cette stratégie, les bases d'une évaluation sont mises en place afin de vérifier la qualité des soumissions, la faisabilité des projets et leur apport dans la réduction de la pauvreté. Le programme ACP Cultures+, dans son intention de financer les actions des porteurs de projet, comme l'explique Jean Leca (1994), vise la cohérence (dans la conception et la mise en oeuvre), l'atteinte des objectifs (les évolutions constatées), l'efficacité (la mesure des effets), l'efficience (dans la mobilisation des ressources), l'impact (l'effectivité) et la pertinence d'un projet. Il s'agit d'évaluer les résultats

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et la finalité des propositions des soumissionnaires avec efficacité et détermination professionnelle.

1.3.2.2. Les appels d'offres ou appels à propositions

Bernard Perret (2001, p. 18) stipule qu'une politique se justifie par l'identification d'un besoin ou d'un problème de société auquel les pouvoirs publics se sentent tenus de faire face, afin de mettre des moyens et de développer des stratégies possibles pour résoudre le manque observé. À cet effet, répondre aux besoins et aux attentes des acteurs de terrain qui souhaitent développer des projets dans l'objectif de contribuer à la réduction de la pauvreté est une décision courageuse qu'il faut prendre par le biais d'une politique à mettre en oeuvre. Ainsi, par l'observation de terrain, les décideurs politiques ou autres se rendent compte du travail à réaliser, à modifier ou à améliorer. Une décision s'impose et des dispositions doivent être prises pour répondre au manque observé.

La pauvreté étant l'épicentre du protocole de partenariat entre l'Union européenne et le secrétariat des gouvernements ACP, la résolution de cette situation devrait passer par l'appui des multiples projets et programmes en faveur des populations et des sociétés privées qui exercent dans le domaine social. Faire face à ce qui a été observé, c'est trouver des moyens d'accompagnement et de soutien pour éradiquer dès que possible la situation observée, comme le rappelle Bernard Perret (2001). Celui-ci ajoute qu'une politique sera dite pertinente si ses objectifs et sa théorie d'action sont adaptés à la nature du (des) problèmes qu'elle est censée résoudre ou prendre en charge.

À cet effet, le moyen trouvé pour répondre à ce problème est de permettre aux porteurs de projet et acteurs de terrain de répondre aux appels d'offres ou appels à projets, soumissionnant leurs propositions dans le cadre du programme de développement du secteur culturel. Les financements ne pouvant être octroyés à tout-va, les acteurs de terrain ou porteurs de projet, les prétendants au financement devront répondre aux exigences, normes et règles établies par les organismes dans le cadre des aides aux projets. Une exigence qui appelle du professionnalisme, de la compétence, des qualités et de l'ingéniosité de la part des porteurs de projet pour la conception et la soumission des propositions. D'où la consignation, dans un guide pratique des procédures contractuelles dans le cadre des actions extérieures de l'UE (PRAG), de toutes les conditions d'octroi des financements : normes, règles, cadre logique.

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Les porteurs de projet ou les soumissionnaires sont astreints au respect de ce guide pratique des procédures contractuelles, tout en s'appropriant les méthodes et les enjeux du discours contenu dans le document.

1.3.2.3. Les termes de référence ou les spécifications techniques

Robert Boure (2010, p. 60) déclare que les meilleures pratiques sont des exemples dont les autres doivent s'inspirer pour mieux exercer dans leur travail et fournir des résultats positifs. En mettant en place les termes de référence réservés pour les marchés de services et les spécifications techniques pour les marchés de fournitures et de travaux, l'Union européenne, organe de financement de ce programme, s'est donné les moyens de permettre aux porteurs de projet de produire un travail efficace dans la conception préalable de leurs projets. Les termes de références et les spécifications techniques ont pour objet de fournir aux soumissionnaires des instructions et des conseils sur les contraintes administratives et techniques de l'offre à soumettre, et de servir de mandat aux attributaires durant la mise en oeuvre des projets. Les termes de référence ou les spécifications techniques sont inclus dans le dossier d'appel d'offres. Ils deviendront une annexe du contrat conclu ultérieurement suite à l'appel d'offres (PRAG, 2012), un outil de référence pour les porteurs de projet ou les soumissionnaires pour s'approprier les normes et les règles afin de mieux adapter le discours d'une soumission de projet dans le cadre d'un appel d'offres ou d'un appel à projets.

Un projet, quelle que soit sa forme, est soumis à des exigences et à des qualifications qui nécessitent une préparation minutieuse pour mieux élaborer les objectifs d'une action, car la compréhension des termes de référence ou des spécifications techniques de l'Union européenne est extrêmement importante pour la réussite finale du projet. L'élaboration d'un projet répond à une attente, à un manque ou à la résolution d'une situation. Pour Jean-Christophe Vilatte (2006), l'étude de la résolution d'un problème permet de comprendre comment les individus s'y prennent pour trouver des solutions à des situations pour lesquelles ils ne disposent pas a priori de réponse appropriée. Les individus sont soumis à la maîtrise de l'objet de recherche et à l'observable, tout en conciliant problématique et résolution en posant des hypothèses qui conduisent à la solution. Quand un projet résout la situation posée en amont de la conception par l'évaluation préalable, il garantit de la performance et de la qualité dans les résultats puisque l'évaluation est une opération de lecture orientée de la réalité (Hadji, 1997, p. 119), une réalité qui est le meilleur garant de la pertinence de la conception

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du projet, de la réalisation des travaux conformément au calendrier et d'un usage économique des ressources. « Autrement dit, une préparation optimale du projet permet de réaliser des gains de temps et d'argent au niveau des phases ultérieures du cycle du projet (Idem, 2012) ».

L'appropriation par les porteurs de projet ou les soumissionnaires des termes de référence et des spécifications techniques ouvre la voie à la compréhension et à la maîtrise d'une méthodologie de soumission d'un projet dans le cadre d'un appel d'offres ou d'un appel à projets. Cette maîtrise se caractérise par l'usage des règles et des normes le plus simplement possible dans l'élaboration et l'évaluation préalable de son projet. Une évaluation bien faite et bien ciblée dans le temps (De Perrot, Wodiunig, 2008) produit des résultats adaptés à la situation du fait qu'elle exige de la transparence (Martucceli, 2010, p. 34) dans son exécution pratique. Aux termes de référence et aux spécifications techniques s'ajoute le budget : « [Ils] sont les points fondamentaux qui doivent permettre un accès égal aux candidats et aux soumissionnaires et ne doivent pas avoir pour effet de créer des obstacles injustifiés à l'ouverture des marchés à la concurrence (PRAG, 2012) ». Analyser les termes de référence et les spécifications techniques du PRAG (Pratical guide), c'est représenter objectivement la situation dans laquelle l'évaluateur est emmener de juger et de décider suivant une proposition (Vilatte, 2006) dans la finalité d'un diagnostic préalable répondant aux normes établies dans la soumission d'un appel d'offres ou d'un appel à projets. Poser les bases d'une évaluation en amont de la conception d'un projet, tout en respectant les termes de référence et les spécifications techniques d'une soumission, ouvre les portes d'une éligibilité à l'octroi de financements et à la sélection du projet soumissionné.

1.3.2.4. L'appel à propositions

Par souci de transparence et d'équité, un appel à propositions est lancé par tous les moyens nécessaires de communication dont dispose l'organisme de financement, afin de permettre à toute personne ou institution privée ou publics de répondre à l'appel et de soumissionner selon les règles de l'art. Les lignes directrices sont publiées sur le site internet d'EuropeAid et dans tout autre média approprié - autres sites Internet, presse spécialisée, publications locales, etc. - (Idem, 2012).

1.3.2.5. Les différents critères

1.3.2.5.1. Les critères d'éligibilité

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Est considérée comme éligible au niveau de la soumission d'un projet ou d'une action dans le cadre du programme ACP Cultures+ une proposition qui respecte les clauses et les conditions de participation à un appel d'offres. L'appropriation des valeurs et des mécanismes d'une évaluation oriente le discours d'un porteur de projet dans la conception et l'élaboration de son action. Les valeurs évaluatives posées par l'organisme de d'octroi de financements dans la soumission des projets méritent d'être décryptées et analysées afin de mieux saisir les attentes fixées et les résultats que les organismes souhaitent obtenir. À cet effet, pour être éligible et voir son action validée pour un financement, le travail de la compréhension du discours et de la maîtrise de la philosophie de la structure doit être au centre de la réflexion. La prise en compte des mécanismes normatifs d'éligibilité d'une action dans l'évaluation préalable facilite la collecte des données recherchées et permet de construire une évaluation dite normative (Campanale, 1999). Les critères d'éligibilité déterminent les conditions de participation à un appel à propositions. Ces critères doivent être établis en tenant compte des objectifs de l'action et doivent être en accord avec les principes de transparence et de nondiscrimination (Idem, 2012) dans la soumission d'un projet.

L'éligibilité se décompose en deux points : l'éligibilité du demandeur qui concerne précisément sa situation juridique et administrative, à savoir sa nationalité et la justification sur le plan administratif ; l'éligibilité de l'action que le demandeur souhaite mener en définissant le type d'activités, les secteurs ou thèmes et les zones géographiques couverts par l'appel à propositions (Idem, 2012). La compréhension de ces deux points d'appréciation d'éligibilité est la base d'une demande de subvention pouvant conduire à la financiarisation de l'action à mener dans le cadre du projet culturel, qui doit contribuer de manière particulière à la réduction de la pauvreté pour les destinataires finaux de l'octroi de financement. À ce niveau de soumission d'une proposition, le demandeur ou le soumissionnaire est astreint à des exigences de qualité, de performance, d'efficacité et de technicité dans l'élaboration minutieuse de sa demande, tout en se reportant aux multiples consignes de l'organisme d'octroi de financement qui exige le respect strict des recommandations établies pour la soumission d'une proposition d'action ou de projet. Cette exigence part de l'esprit d'évaluation personnelle de ses compétences et de ses qualités à construire un raisonnement susceptible de convaincre les évaluateurs par rapport au niveau du projet sur le fond, la forme, la qualité et la faisabilité. Tout projet doit être évalué (Vilatte, 2006) puisque évaluer, c'est rechercher les effets, dégager les significations d'un projet, d'une politique, estimer la valeur et l'identité de l'action. Le respect des normes, des règles et des valeurs prédéfinies par le

74

commanditaire d'une éventuelle évaluation augmente les chances de faisabilité et de réalisation d'un projet ou d'une action, quels que soient sa forme et son contenu.

1.3.2.5.2. Les critères d'évaluation

Isabelle Gernet et Christophe Dejours (2009), dans une communication, expliquent qu'évaluer renvoie à la mesure d'un objet ou d'une chose produite, mais aussi à des jugements portant sur le résultat d'une action ou d'un travail. Cette réflexion va de pair avec notre raisonnement qui consiste à identifier les indicateurs et les valeurs indicatives d'un projet pour qu'au bout de la chaîne de la construction discursive, le soumissionnaire du projet puisse mesurer l'objet de son action et porter un jugement sur les résultats obtenus, afin de modifier ou d'harmoniser les objectifs fixés en amont de la conception. Les critères d'évaluation donnés par l'Union européenne par l'intermédiaire du programme ACP Cultures+ dans la soumission des projets comprennent des critères de sélection et d'attribution figurant dans la grille d'évaluation que nous étudierons un peu plus loin. Sans critère d'évaluation, il ne peut y avoir de mesure ou de jugement dans le choix des indicateurs. Comme le déclare G. Scallon (1988, p. 187), le critère d'évaluation est un point de vue à partir duquel une oeuvre, un produit ou une performance sont évalués. Pour juger de la qualité d'une oeuvre, d'un produit ou de sa performance, le porteur de projet ou le soumissionnaire doit se prononcer sur le choix des indicateurs et des objectifs du projet en cours d'élaboration. L'objet observé et évalué doit déterminer sa faisabilité et sa réalisation.

1.3.2.5.3. Les critères de sélection

Plusieurs étapes sont définies dans un appel à propositions où le porteur de projet ou le soumissionnaire doit respecter la démarche et répondre aux normes établies pour voir la recevabilité de sa proposition. Aux critères d'éligibilité et aux critères d'évaluation s'ajoutent les critères de sélection et d'attribution. C'est une démarche évaluative caractérisée par la recherche d'une synergie entre une exigence de qualité scientifique et des finalités de régulation (Leca, 1994). Les critères de sélection permettent d'évaluer d'une part la capacité financière du demandeur, et de l'autre sa capacité opérationnelle à mettre en oeuvre l'action proposée, et celle de ses entités affiliées (Idem, 2012), dans le cadre de la proposition d'un projet ou d'une action. En effet, soumettre un projet, c'est justifier des capacités possibles et des moyens nécessaires pour mener à bien le projet, comme cité en amont. Un porteur de projet doit prouver sa bonne foi dans la conduite d'un projet, un soutien financier externe

75

suffisant par rapport à l'aide sollicitée auprès de l'Union européenne par l'intermédiaire du programme ACP Cultures+ afin de démontrer la faisabilité et la réalisation de son action.

Cette vérification est effectuée sur la base des pièces justificatives requises. « Ces dernières peuvent inclure un rapport d'audit du demandeur, le compte de pertes et profits et le bilan comptable pour la dernière année financière pour laquelle les comptes sont clos. En cas de doute sur la capacité financière du demandeur, le comité d'évaluation peut demander des pièces complémentaires (Idem, 2012) ». Parmi les critères de sélection proposés dans le PRAG, « le demandeur doit disposer de sources de financement stables et suffisantes pour maintenir son activité pendant la période de mise en oeuvre de l'action et, le cas échéant, pour participer à son financement. De même, les entités affiliées à la proposition du demandeur doivent disposer ensemble de l'expérience, des compétences et des qualifications professionnelles requises pour mener à bien l'action proposée (Idem, 2012». Jean Leca (1994) qualifie ce genre de critère de « norme » puisque c'est une excellence à viser quand on doit juger la qualité d'une évaluation.

- Les critères d'attribution

Attribuer une subvention pour l'administration contractante est la démonstration du succès d'un projet au niveau de ses objectifs, ses résultats, sa finalité, sa performance, son efficacité et sa capacité à mobiliser des moyens supplémentaires pour la réussite de l'action à mener. « Il existe des règles strictes en ce qui concerne l'attribution de subventions. L'attribution de subventions est sujette aux principes de programmation, transparence et égalité de traitement. Les subventions ne peuvent être cumulées ou attribuées rétroactivement et doivent en règle générale être cofinancées. Le montant éligible au financement, tel que spécifié au contrat de subvention, ne peut pas être dépassé (Idem, 2012)».

Dans le cadre de ce programme, les critères d'attribution permettent d'évaluer la qualité des propositions soumises au regard des objectifs et des priorités fixés, et d'octroyer des subventions aux actions qui optimisent l'efficacité globale de l'appel à propositions. Une évaluation de la fiabilité reposant sur le « digne de confiance (Idem, 2012)», explique Jean Leca (1994). Le porteur de projet ou le soumissionnaire a en face de lui, dans la conception de son projet, des enjeux déterminants dans le respect des normes et des règles d'une soumission de projet suffisante pour se voir attribuer une subvention. Aucun détail ne doit être négligé dans l'élaboration préalable de son projet, car « les critères d'attribution concernent,

76

notamment, la pertinence de l'action et sa cohérence avec les objectifs du programme dans le cadre duquel l'appel à propositions est financé, la qualité, l'impact attendu et la durabilité de l'action, ainsi que son efficacité par rapport au coût (Idem, 2012)». Durant l'évaluation préalable dans l'élaboration des objectifs, des résultats et des indicateurs du projet, le porteur de projet se doit d'être entouré de professionnels ou d'experts susceptibles de l'accompagner dans l'écriture du projet, dans la vérification des postulats et des observables de terrain. Objectif rime avec résultat, qualité avec faisabilité et performance avec réalisation.

Cette démarche fait appel à un bilan informationnel et communicationnel, un bilan sur la technicité et les compétences du porteur de projet, un bilan sur les performances personnelles et intellectuelles dans l'acquisition de savoir-faire ou de connaissances (Screven, 1990, p. 38), résultat d'une évaluation préalable respectant les critères établis. Joëlle Le Marec (1996) considère l'objectif de l'évaluation préalable comme un instrument et un indicateur permettant d'éviter les erreurs. Les critères d'attribution « permettent de retenir les propositions qui assurent à l'administration contractante le respect de ses objectifs et priorités et garantissent la visibilité du financement de l'Union Européenne (Idem, 2012) ».

1.4. Les grilles d'évaluation

L'institutionnalisation des normes et des règles par les organismes qui octroient des subventions laisse à comprendre, l'importance d'un contrôle strict du financement à attribuer à un porteur de projet. Une norme appelle le respect des intentions et des conditions bien qu'elle ne soit ni asservissante ni libératrice (Hadji, 1997), mais une réalité spécifique pour des résultats sûrs. L'institutionnalisation d'outils de contrôle ou de vérification dans le cadre d'une action qui nécessite une aide financière publique l'exigence de transparence dans la gestion de l'action ou du projet est au centre des obligations d'une évaluation des résultats. Pour obtenir la subvention d'un projet ou d'une action dans le cadre du programme ACP Cultures+, l'obligation de respecter la réglementation établie et fixée par l'administration contractante est au coeur de la décision de l'octroi du financement aux soumissionnaires.

Savoir évaluer (Cf. 1.2. du chapitre premier de la première partie) son projet ou son action préalablement à sa soumission pour une subvention va avoir des conséquences positives sur la réussite d'une demande concernant l'éligibilité de cette action. Une évaluation répond à des normes et des règles, sans penser comme Michel Vial (2001) qu'une bonne évaluation est une chimère, exceptée dans le cas du programme ACP Cultures+. Ainsi, pour

77

éviter de l'ambigüité et des doutes auprès des porteurs de projet, l'administration contractante a mis en place une grille d'évaluation de toutes les propositions soumissionnées. Ses critères cadrent les propositions, sachant que le contenu d'une évaluation doit être précisé (De Perrot, Wodiunig, 2008, p.16) comme l'indiquent les deux auteurs. Si les porteurs de projet ou les soumissionnaires doivent rendre compte des subventions obtenues dans le développement de leurs projets ou actions, l'administration contractante a aussi mandat de rendre compte de l'argent public aux contribuables. Ainsi, tout le monde finit par rendre des comptes à quelqu'un (Martucceli, 2010, p. 31) quand il s'agit d'une action nécessitant un contrôle et une vérification. L'analyse de la grille d'évaluation représente pour l'évaluateur l'outil pour évaluer la proposition du porteur de projet. Les porteurs de projet saisissent-ils le discours évaluatif et le cadre théorique d'éligibilité de l'administration contractante ? La grille d'évaluation suffit-elle à évaluer une proposition de projet ?

1.4.1. Évaluation et sélection des demandes

Une proposition de projet soumise à évaluation dans le cadre du dispositif ACP Cultures+ doit respecter la réglementation fixée par l'administration contractante, en charge de l'octroi de la subvention. Évaluer, c'est juger les capacités pour une action ou pour un projet à respecter les objectifs fixés en amont dans l'obtention des résultats attendus. Ainsi, « les demandes reçues dans le cadre du programme sont examinées et évaluées par l'administration contractante avec l'aide, le cas échéant, d'experts extérieurs (assesseurs) (Idem, 2012) » et confirment la transparence dans l'administration des fonds publics et dans la sélection des propositions à subventionner.

La sélection et l'évaluation des demandes suivent un processus de programmation qui permet à l'administration contractante d'avancer dans le choix des propositions, dans le respect des étapes de sélection. Afin de mieux traiter toutes les demandes et propositions, la sélection se déroule en trois étapes (Idem, 2012, p. 18-20, p. 28) , à savoir : l'ouverture, la vérification administrative et l'évaluation des notes succinctes de présentation (1re étape), l'évaluation des demandes complètes (2e étape) et la vérification de l'éligibilité des demandeurs et de leurs partenaires (3e étape), une manière de contrôler le travail professionnel des porteurs de projet dans la gestion de leurs soumissions. Pour citer Bouquin et Pesqueux (1999), le contrôleur de gestion s'assurera de la fiabilité des informations et du respect des échéances afin de mieux cadrer son évaluation.

78

1.4.2. Caractéristiques de la grille d'évaluation

La grille d'évaluation est le cadre par excellence pour les évaluateurs pour décider de l'éligibilité et la sélection d'une proposition. Afin de permettre aux porteurs de projets ou aux soumissionnaires d'avoir accès à la subvention du programme ACP Cultures+, les organismes d'octroi de financement ont intégré dans le PRAG (Pratical guide) une grille d'évaluation, accessible à tous les demandeurs ou soumissionnaires souhaitant solliciter l'aide en accompagnement de projets culturel ou artistiques. Le document est ouvert et disponible pour toutes personnes susceptibles de solliciter une subvention ou pour les besoins de consultations du programme. Afin de nous permettre de comprendre le processus d'évaluation mis en place par les organismes d'octroi de subvention, nous allons présenter la place des évaluateurs et la manière dont ils sont choisis au sein du dispositif pour évaluer les propositions de porteurs de projets, et un peu plus loin nous allons présenter les acteurs de terrain qui sont autres les porteurs de projets dans le cadre du programme ACP Cultures+.

1.4.2.1. Première étape de l'évaluation et de la sélection

Les évaluateurs se prononcent de manière professionnelle et technique au niveau de la sélection en respectant les règles d'un appel d'offres par l'ouverture des dossiers de soumission, la vérification administrative des éléments fournis et l'évaluation des notes succinctes de présentation du projet ou de l'action à réaliser. Cette première étape est nécessaire et capitale au cours de l'évaluation des propositions. Pour qu'une proposition soit acceptée pour étude et évaluation, les porteurs de projet doivent tenir compte des critères de sélection et d'évaluation qui conditionnent l'éligibilité au financement. L'administration contractante commence par la vérification du respect du timing de soumission des propositions que les porteurs de projet doivent intégrer dans leur programmation d'évaluation préalable. Ils doivent veiller au remplissage du formulaire de soumission afin d'éviter les erreurs pouvant porter préjudice dans la sélection de leur demande, s'imprégner des matériaux mis à leur disposition par l'administration contractante afin de capitaliser la proposition pour une soumission respectant les normes et les règles.

Une évaluation est un examen ciblé et limité dans le temps (De Perrot, Wodiunig, 2008, p. 15) afin de mieux juger sa réussite et sa faisabilité avec un regard critique et empirique.

79

Les évaluateurs mettent l'accent sur l'évaluation de la note succincte dans laquelle le porteur de projet présente son action ou son projet afin de justifier du bien-fondé de sa proposition ainsi que des finalités de ses actions. Le point de chute de cette démarche d'évaluation et de sélection de la note succincte portera sur la pertinence et la conception de l'action. Une évaluation établie en amont permet de déterminer la pertinence de l'action à mener par « l'analyse des objectifs du projet en fonction des enjeux problématiques identifiés à la conception »11 .

Les objectifs ainsi formulés cadrent-ils avec l'appel à propositions ? Aucune évaluation n'est imaginaire du fait qu'elle se fonde sur des contraintes et des obligations que doivent respecter un soumissionnaire : établir la pertinence de l'action à développer, assurer l'adéquation entre les objectifs et les priorités de la subvention, vérifier que les mesures établies présentent des garanties faisabilité de l'action, bien identifier les destinataires finaux de l'action et préciser en quoi cette action se justifie par rapport à l'environnement, s'assurer que les objectifs démontrent la valeur ajoutée de l'action sur le terrain. Car l'évaluation de la pertinence vise à mesurer des résultats et analyser des effets (Rangeon, 1993) en tenant compte également de la conception de l'action qui tend à vérifier la cohérence du discours sur les finalités de l'action et en tenant compte de la faisabilité de l'action suivant les objectifs formulés et les résultats attendus. L'évaluateur-expert vérifie en quoi la demande soumissionnée présente un intérêt particulier par rapport aux objectifs de l'administration contractante sur la réduction de la pauvreté et le développement humain et mesure la pertinence du projet dans une perspective large en étudiant l'impact sur l'environnement et son efficacité sur les destinataires finaux.

Tableau 1 : Critères pour une note succincte

 

Notes

Pertinence de l'action

Sous-note /

30

Dans quelle mesure la proposition est-elle pertinente par rapport aux objectifs et priorités de l'appel à propositions ?

5(x2)*

Dans quelle mesure la proposition est-elle pertinente par rapport aux besoins particuliers et contraintes du(es) pays ou de la (des) région(s) cible(s) ? (y

5(x2)*

11 « Repères pour l'évaluation de projets », Les outils méthodologiques de l'IAAT Poitou-Charentes, n°2, septembre 2011.

80

compris la synergie avec d'autres initiatives de l'UE et l'évitement du double emploi)

 
 

Dans quelle mesure les parties impliquées (bénéficiaires finaux, groupes cibles) sont-elles clairement définies et choisies de manière stratégique? Leurs besoins ont-ils été clairement définis et sont-ils convenablement abordés dans la proposition ?

5

La proposition contient-elle des éléments spécifiques apportant une valeur ajoutée, tels que des aspects environnementaux, la promotion de l'égalité des chances et de l'égalité des sexes, les besoins des infirmes, les droits des minorités et les droits des populations indigènes, ou l'innovation et de

meilleures pratiques (ainsi que les autres éléments complémentaires

mentionnés dans la section 1.2 des lignes directrices à l'intention des
demandeurs) ?

5

Conception de l'action

Sous-note / 20

Dans quelle mesure est cohérente la conception générale de l'action ? En particulier, reflète-t-elle l'analyse des problèmes, tient-elle compte des facteurs externes ainsi que des parties prenantes concernées ?

5(x2)*

L'action est-elle faisable et logique par rapport aux objectifs et résultats escomptés ?

5(x2)*

NOTE GLOBALE

 

Source : PRAG, Guide pratique, janvier 2012, p.19-28. Les notes sont multipliées par 2 en fonction de leur importance.

Une note succincte respectant les normes et les règles établies en amont de la conception de l'action pourrait être évaluée positivement et se voir attribuer une note susceptible de permettre à la proposition d'être subventionnée. Avant toute évaluation de la proposition globale, les techniciens-évaluateurs du programme concentrent leurs efforts de notation et d'évaluation sur cette note succincte. Celle-ci résume tout le projet, de ses objectifs à sa finalité en passant par ses actions, ses indicateurs de réussite et autres. Au vu de la note attribuée à cette note succincte, la proposition peut se voir octroyer le financement, en attendant une lecture plus complète du projet.

1.4.2.2. Deuxième étape de l'évaluation et de la sélection

L'étape suivante de l'évaluation et de la sélection porte sur l'évaluation des demandes complètes suivant une liste d'éléments à fournir. Le point de départ est le retour du formulaire officiel complété qui doit respecter les critères d'éligibilité voulus par l'administration

81

contractante et être vérifié du point de vue authenticité selon Rangeon (1999), du fait que l'évaluation doit être précise, rigoureuse et objective. Cette précision doit stimuler les porteurs de projet pour mieux organiser leur réflexion en amont de l'action et rendre objective la faisabilité menant à l'octroi d'une subvention. Dans cette logique évaluative, s'enchaînent ensuite la qualité de la demande sur le fond et sur la forme, la démonstration de la volonté des porteurs de projet sur leur capacité à conduire l'action en collaboration avec leurs partenaires, a mobilisation des ressources. Puis s'ensuit la vérification des critères de sélection et d'attribution. La grille d'évaluation est la référence pour les évaluateurs qui doivent se conformer aux obligations et normes établies afin de pouvoir évaluer les demandes des porteurs de projet de manière critique et professionnelle. Sélectionner une demande, c'est valider la capacité des porteurs de projet dans la mobilisation financière et dans l'opérationnalité de l'action mise en oeuvre.

En se référant à la grille d'évaluation, les évaluateurs valident le discours des demandeurs selon leurs démonstrations basées sur des réalités et des preuves tangibles. En effet, la vérification n'est jamais loin des évaluateurs qui pensent en termes de réalisme et objectivité dans la faisabilité d'une action. Pour attribuer une subvention, les évaluateurs s'en tiennent à la qualité des demandes soumises suivant des objectifs qualifiables et quantifiables ainsi qu'aux priorités fixées dans la finalité de l'action.

Tableau 2 - Modèle de la grille d'évaluation

Rubrique

Note
maximum

1. Capacité financière et opérationnelle

20

1.1 Le demandeur et, le cas échéant, ses partenaires possèdent-ils une expérience en gestion de projets suffisante ?

5

1.2 Le demandeur et, le cas échéant, ses partenaires possèdent-ils une expertise technique (notamment, une connaissance des questions/points à traiter) suffisante ?

5

1.3 Le demandeur et, le cas échéant, ses partenaires possèdent-ils une capacité de gestion adéquate ? (notamment au regard du personnel, des

équipements et de la capacité à gérer le budget de l'action).

5

1.4 Le demandeur dispose-t-il de sources de financement stables et suffisantes ?

5

82

Pertinence de l'action

30

Report de la note totale obtenue lors de l'évaluation de la note succincte de présentation

30

3. Efficacité et faisabilité de l'action

20

3.1 Les activités proposées sont-elles appropriées, pratiques et cohérentes avec les objectifs et résultats escomptés ?

5

3.2 Le plan d'action est-il clair et faisable ?

5

3.3 La demande contient-elle des indicateurs objectivement vérifiables pour évaluer les résultats de l'action ? Une évaluation est-elle prévue ?

5

3.4 Le niveau d'implication et de participation à l'action des partenaires est-il satisfaisant ?

5

4. Durabilité de l'action

15

4.1 L'action est-elle susceptible d'avoir un impact tangible sur les groupes cibles ?

5

4.2 La demande est-elle susceptible d'avoir des effets multiplicateurs ?

(notamment probabilité de reproduction et d'extension des résultats de
l'action, ainsi que diffusion d'informations)

5

4.3 Les résultats attendus de l'action proposée sont-ils durables?

- d'un point de vue financier (comment seront financées les
activités à la fin de la subvention ?)

- d'un point de vue institutionnel (existera-t-il des structures
permettant la poursuite des activités à la fin de l'action? Y aura-t-il une « appropriation » locale des résultats de l'action ?)

- au niveau politique (le cas échéant) (quel sera l'impact
structurel de l'action - par exemple, va-t-elle résulter en de

meilleures lois, codes de conduite, méthodes, etc. ?)

- d'un point de vue environnemental (le cas échéant) (l'action
aura-t-elle un impact positif/négatif sur l'environnement ?)

5

5. Budget et rapport coût-efficacité de l'action

15

 

5.1 Les activités sont-elles convenablement reflétées dans le budget ?

5 x 2*

5.2 Le ratio entre les coûts estimés et les résultats escomptés est-il satisfaisant ?

5

Note globale maximum

100

Source : PRAG, Guide pratique, janvier 2012, p.20, 21-28. Les notes sont multipliées par 2 en fonction de leur importance.

83

À partir de cette grille d'évaluation, l'évaluation devient une analyse et émet des recommandations quant aux ajustements, aux réglages ou à la poursuite du projet (De Perrot, Wodiunig, 2008, p. 15). Les soumissionnaires s'en tiennent aux recommandations de manière stricte pour se voir octroyer une subvention dans le cadre du développement de leurs actions.

1.4.2.3. Troisième étape de l'évaluation et de la sélection

La troisième et dernière étape consiste en la vérification de l'éligibilité des demandeurs et de leurs partenaires. Les évaluateurs vérifient les éléments administratifs et les justificatifs présentés par les demandeurs avec leurs partenaires pour évaluer leurs projets et la conformité des déclarations avec les données produites pour justifier l'action. Les demandeurs sont face à leurs discours et à leurs engagements au regard des éléments fournis et des justificatifs établis pour solliciter une subvention. Une telle réussite dépend d'une évaluation préalablement réalisée sans ambiguïté en posant les bases indicatives solides pour atteindre les résultats fixés. Face aux discours des demandeurs, les évaluateurs ont pour mission de faire ressortir les éléments cadrant avec les priorités de l'appel à propositions et montrant la valeur ajoutée de l'action dans la réduction de la pauvreté. Car il ne peut y avoir d'aide sans contrepartie (Martucceli, 2010, p. 41) dans une démarche de développement culturel visant à contribuer à la croissance économique et au développement humain.

1.5. Les évaluateurs du programme ACP Cultures+

L'administration contractante avec ses techniciens sollicite le cas échéant une expertise extérieure pour mener la mission d'évaluation et de sélection des propositions soumissionnées par les demandeurs dans la finalité de subventionner des projets porteurs de créativité et d'innovation en termes de réduction de la pauvreté. Qui sont-ils, ceux qui évaluent et sélectionnent les propositions des demandeurs ? Quel est leur capital culturel et intellectuel ? Outre les techniciens du programme, comment les experts extérieurs sont-ils choisis ?

1.5.1. Qui sont-ils, quel est leur capital culturel et intellectuel ?

Charles Hadji (1989, p. 23) présente l'évaluateur comme celui qui prend du recul et se constitue comme sujet extérieur aux éléments évaluées. Il considère l'évaluateur comme producteur d'un discours jugeant ces éléments pour lesquels il a mission de donner son avis et sa position en qualité d'évaluateur. A ce niveau, l'évaluateur doit savoir prendre de la hauteur,

84

et maîtriser le domaine dans lequel il va exercer l'action évaluative en se référant aux objectifs fixés par les commanditaires qui attendent des résultats..

Dans une logique où l'évaluation d'une action ou d'un projet nécessite de l'expertise extérieure, ce qui est le cas du programme ACP Cultures+, il est important de définir les compétences et l'expérience qu'un expert en matière de développement culturel doit avoir, notamment la maîtrise du dispositif à évaluer ou à expertiser (méthodologie, techniques d'entrevue, grille de collecte, outils d'analyse qualitative et quantitative des données), être familier et avoir des connaissances sur le développement et la promotion des industries culturelles. À l'image du programme ACP Cultures+, la maîtrise des mécanismes d'évaluation interne à la structure est nécessaire.

Le choix des experts-évaluateurs se fait sur la base d'un appel à compétences selon le dispositif de l'organisme. En effet, un expert-consultant doit être un professionnel confirmé, généralement de plus de 40 ans, avec une expérience correspondant à la mission à réaliser sélectionnée par l'Union européenne. « Se basant sur ces termes de référence, l'évaluateur devra élaborer une approche globale et méthodologique consistant à rassembler et à analyser des données qualitatives de première main afin de les confronter à une série d'indicateurs qu'il ou qu'elle aura développés12. » Sont choisis comme experts extérieurs pour évaluer les propositions des demandeurs dans le cadre du programme ACP Cultures+ des professionnels dans le domaine du développement culturel, dont la compétence mentionnée sur leur CV et leur expérience dans des fonctions d'expert reflètent l'image du programme.

Il leur faut avoir une grande connaissance dans le domaine d'exercice et être un très bon généraliste avec la capacité de motiver ses choix, de rédiger, expliquer et montrer des résultats qualifiables et quantifiables. Ils collaborent avec les assistants techniques délégués pour veiller à ce que le programme porte ses fruits en subventionnant plusieurs actions et projets respectant les normes et les règles d'éligibilité.

1.5.2. Déroulement de l'évaluation

12 « Appel à candidatures international pour le recrutement d'un évaluateur du projet CIRCUIT ART'MATTEND », site Arts-Togo, la vitrine artistique et culturelle du Togo, 2013. Disponible sur : http://www.arts-togo.com/details.php?recordID=902

85

L'administration contractante est garante de l'évaluation des propositions ou des demandes soumises par les porteurs de projet ou soumissionnaires. Afin de mieux conduire l'évaluation, un comité est mis en place et mandaté pour assurer la mission d'évaluation et de sélection des demandes. « L'évaluation des propositions est faite par un comité d'évaluation comprenant un président non votant, un secrétaire non votant et un nombre impair de membres votants (au minimum trois) désignés par l'administration contractante. Les membres votants doivent être dotés de toutes les capacités techniques et administratives nécessaires pour se prononcer valablement sur les propositions (Programme d'appui au secteur culturel ACP, 2012) ».

C'est à l'administration contractante que revient le rôle de choisir de manière individuelle les membres du comité, tout en informant la Commission européenne des choix réalisés dont l'approbation revient à elle et elle seule qui a mandat de désigner les observateurs. Quelle que soit la composition du comité d'évaluation, tous les membres ont « les mêmes droits de vote (Idem, 2012) ». C'est sur la base des compétences et de l'expérience que sont choisis les évaluateurs, d'où les mêmes droits de vote pour tous les membres du comité.

Sachant que l'évaluation d'une action ou d'un projet exige de la transparence (Martucceli, 2010, p. 34), les évaluateurs, dans le cadre de leur travail, ne prennent pas position et exercent la neutralité dans les décisions à prendre, d'où une exigence de transparence dans les résultats attendus par l'administration contractante. Aucun doute n'est toléré. L'évaluation se déroule suivant un schéma tracé par l'administration contractante respectant les règles et les normes préétablies en amont. Ces règles et ces normes signifient la prise en compte des attentes de l'organisme contractant face aux propositions des porteurs de projet qui ont pour mission de respecter le cadre logique de l'action à mener.

Les évaluateurs qui, eux-mêmes, sont évalués par le commanditaire de l'action ne peuvent aller au-delà des conditions, des critères de jugement et d'évaluation des propositions des soumissionnaires. Ils sont soumis à la contrainte de la feuille de route, à savoir la grille d'évaluation des propositions, en tenant compte de la pertinence, de la qualité, de l'efficience, de l'efficacité, de la finalité et des objectifs à atteindre. Le travail des évaluateurs n'est pas de sanctionner, car évaluer n'est pas sanctionner, mais d'évaluer la proposition à la limite des attentes de l'organisme contractant. La proposition rentre-t-elle dans le cadre logique de

86

l'action attendue par le commanditaire ? Danilo Martucceli (2010) pense que l'évaluation est un jugement de valeur basé sur une démarche cognitive, dont les évaluateurs détiennent la connaissance pour mieux porter un jugement.

87

2. Chapitre deuxième : Description et analyse d'un projet culturel subventionné

Pour mieux mener notre enquête et produire des résultats, il nous fallait obtenir un projet accepté, validé et subventionné, support que nous avons reçu. De l'autre coté, il nous fallait également avoir accès au contenu d'un projet rejeté n'ayant pas été sélectionné pour la subvention, support qui nous a été refusé en raison de la règle de protection des données de la part des organismes en charge du programme ACP Cultures+.

2.1. Présentation du projet « CIRCUIT ART'MATTEND »

Initié par une association culturelle togolaise, « CIRCUIT ART'MATTEND » est un projet fédérateur regroupant les capacités et les compétences de plusieurs associations et acteurs culturels venant de plusieurs pays ACP. Ce projet de création, de diffusion de spectacles de théâtre contemporain et d'institutionnalisation d'une agence spécialisée dans la diffusion d'oeuvres dramatiques est né suite à différentes rencontres professionnelles, discussions, débats formels et informels entre les structures partenaires et associées. L'objectif général de cette démarche est d'oeuvrer pour la professionnalisation du secteur des arts afin de permettre aux acteurs culturels de vivre dignement de leur art. Ceci passe par la résidence de dix auteurs d'arts dramatiques, l'édition de dix textes, la création de deux spectacles contemporains de théâtre devant impliquer d'autres disciplines artistiques telles que la danse, la musique, les marionnettes, le conte et la vidéo. Spécifiquement il s'agit pour les initiateurs du projet « CIRCUIT ART'MATTEND » de créer d'ici un an un circuit de diffusion dynamique et pérenne des arts dramatiques entre l'Afrique, les Caraïbes et l'Europe. L'activité principale du projet passe par la création de spectacles et leur diffusion, mais aussi la constitution d'une agence de diffusion de produits culturels, la mise en ligne d'un site internet et bien d'autres activités. À travers ces actions, le projet vise à contribuer de manière active, pérenne et viable à lutter contre la pauvreté dans le secteur, créant ainsi une plate-forme entre des acteurs culturels dans la prise en mains du développement humain.

2.1.1. Les objectifs du projet

Pour réaliser les objectifs et concrétiser le projet Circuit Art'Mattend, les initiateurs du projet ont trouvés mieux de fédérer leurs moyens en s'associant avec les administrateurs culturels, les scénographes, les auteurs, les metteurs en scène, les artistes de diverses disciplines de plusieurs pays (ouest-africains, haïtiens et européens) selon les domaines professionnels respectifs, afin de porter haut la proposition. L'ambition principale des initiateurs du projet est de pouvoir renforcer la création artistique dans le secteur de la culture

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et de préserver les atouts de la diversité culturelle. La conception du projet Circuit Art'Mattend serait d'après les concepteurs de l'action, un projet ambitieux, déterminant avec des propositions de professionnalisation des acteurs culturels viables et pérennes, visant l'autonomisation des parties prenantes. A analyser les objectifs de la proposition Circuit Art'Mattend, les concepteurs du projet en axés dans les objectifs du projet dans plusieurs directions artistiques, mais en se fondant sur la question de la formation des acteurs culturels, avec pour finalité de les rendre professionnels dans les métiers de la culture. En suivant les consignes inscrites dans les obligations du programme ACP Cultures+ sur la réduction de la pauvreté, les concepteurs-initiateurs du projet Circuit Art'Mattend se sont prononcés pour créer une cinquantaine d'emplois sur une période de deux ans de manière suivante : au moins cinq professionnels administratifs pour une durée illimitée et plusieurs emplois temporaires réguliers. La création de ces emplois dans le cadre de ce projet selon le dispositif ACP Cultures+, est une réponse à l'une des attentes du programme dans la réduction de la pauvreté et le développement humain.

Tout projet proposé dans le cadre du dispositif ACP Cultures+ doit se soumettre aux exigences concernant l'expansion géographique du projet. Dans ses objectifs, les actions de Circuit Art'Mattend s'étalent de l'Afrique de l'Ouest en Haïti en passant par le Togo (pays initiateur du projet), le Bénin, la France, le Ghana, la Côte d'Ivoire et le Nigéria. Au centre de cette détermination se trouve la question de l'emploi et du développement humain : « Très peu d'acteurs et organisateurs culturels prennent à bras le corps la question de l'emploi de la culture. Au Togo comme en Haïti, le théâtre vit une crise perpétuelle. Les associations culturelles Toto B. et Kadam-Kadam mènent des actions en vue d'organiser durablement le secteur : formation permanente d'artistes, appui pour la promotion des femmes artistes dans le secteur culturel, création du site fédérateur www.arts-togo.com, diffusion de spectacles à travers le centre culturel BanlieuZ'arts, festival de théâtre jeunes publics Zedeka, théâtre de quartier, théâtre à l'école (Cf. le Formulaire de demande de subvention. Le projet «CIRCUIT ART'MATTEND)».

2.1.2. Le choix sur l'analyse du projet « CIRCUIT ART'MATTEND »

En qualité d'étudiant chercheur, ma thématique de recherche nécessitait de faire le choix d'un projet culturel entrant dans le cadre du dispositif ACP Cultures+ pour réaliser mon analyse. Le choix sur l'analyse de ce projet est le fruit d'une longue négociation entre les initiateurs du projet et ma personne. D'après les informations recueillis du milieu des porteurs

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de projets, le projet ne peut sortir hors du cadre de sa conception. Aucun porteur de porteur de projet n'a voulu communiquer les données de leur initiation en dehors des porteurs de projets « CIRCUIT ART'MATTEND », fruit d'une longue négociation avec présentation des garanties de ne pouvoir divulguer la description complète du projet à des tierces personnes non autorisées dans le cadre de ma recherche.

Ce projet valait la peine d'être analyser et étudier du fait qu'il a été validé pour subvention et de l'autre coté, sur la présentation des garanties dans la lutte contre la pauvreté, l'un des points clés du programme ACP Cultures+. Dans l'ensemble, le projet « CIRCUIT ART'MATTEND » présentait des éléments de fiabilité dans les résultats et ces objectifs, sans oublier en particulier sur le profil des bénéficiaires de l'action. En se référant sur la fiche résumé de l'action (Cf. 2.1.3 du chapitre deuxième de la troisième partie), les bénéficiaires finaux du projet présenté de la manière suivante : Les artistes de la sous-région ouest africaine et de Haïti ; Les acteurs de la chaîne de création artistique francophone et anglophone et les compagnies des arts de la scène, les festivals d'arts scéniques, les publics, des lieux de diffusion (Togo - Haïti - Bénin - France - Ghana - Côte d'Ivoire - Nigéria), présentent tous les mêmes traits professionnels sur les difficultés à créer de l'emploi, à promouvoir leurs travaux artistiques et de valoriser leurs créations artistiques. L'analyse du projet « CIRCUIT ART'MATTEND » sur les résultats estimés, présente des garanties d'une faisabilité dans le temps avec pour finalité la création d'emploi pour les acteurs culturels associés dans le projet. Dans la lutte contre la pauvreté et pour le développement humain, plusieurs organismes et associations culturels fédèrent leurs expériences afin de proposer des actions pour contribuer un tant soit peu au développement de leur pays.

Dans le domaine du développement culturel, le constat reste amer sur les projets de création d'emplois et très peu d'acteurs culturels vivent de leur métier dans les pays ACP. Les acteurs culturels souffrent du manque de formation professionnelle et qualifiante, une obligation nécessaire de ce lancer dans le monde du travail. La plupart d'entre eux sont les autodidactes et se confrontent ainsi à des problèmes de recherche de financement professionnellement, à créer de l'emploi pratique et à subvenir aux besoins constant de la vie. « Peu d'investissement dans le secteur, l'absence de synergie et de complémentarité entre les différents acteurs, l'absence de politique de relève de la qualité, l'accès insuffisant aux textes d'arts par les enseignants et les élèves, l'insuffisance du nombre d'artistes vivant réellement de leurs arts dans les pays ACP, l'insuffisance de la qualité relative de leurs prestations,

90

l'utilisation insuffisante des arts comme vecteur déterminant de développement, l'insuffisance des compétences artistiques, la sous-exploitation des arts à des fins socio-économiques, la production et la diffusion insuffisantes des oeuvres et spectacles d'arts (Cf. le formulaire de demande de subvention du projet «CIRCUIT ART'MATTEND)). En analysant l'objectif global du projet Circuit Art'Mattend, les initiateurs du projet souhaitent oeuvrer pour la professionnalisation dans le secteur des arts et de la culture ; OEuvrer pour que les acteurs culturels vivent de leur art et sortent de la précarité en Afrique et dans les Caraïbes (Cf. 2.1.3 du chapitre deuxième de la troisième partie). Une détermination objective et ciblée pour les initiateurs du projet afin d'apporter une valeur ajoutée dans le développement culturel des pays concernés dans le projet. Il est évident que l'absence de structuration et d'organisation du secteur culturel entraîne la rareté de l'emploi en sa faveur. Ainsi, la création d'une agence spécialisée dans la diffusion des produits culturels, comme le propose le projet, renforcera durablement et systématiquement l'industrie des arts dramatiques dans les pays concernés par ces actions.

Le projet « CIRCUIT ART'MATTEND » avait répondu au deuxième appel à propositions du programme ACP-UE d'appui aux secteurs culturels ACP lancé le 18 septembre 2012 dont la date de clôture était fixée au 20 décembre 2012. Après validation du projet par les organismes d'octroi de subvention, les initiateurs du projet ont commencé les activités inscrites dans leur feuille de route le 18 janvier 2014 pour une durée de 24 mois, soit la fin de l'exécution projet en date du 17 janvier 2016 (Cf. 2.2 la fiche de présentation du projet dans le catalogue des projets subventionnés du même chapitre). L'exécution projet suit son court tout en respectant le timing établi en amont par les initiateurs ainsi qu'a la prise en compte des contraintes fixées par les organismes d'octroi de subvention. Sachant que nous travaillons sur l'évaluation préalable d'un projet culturel, nous ne pouvons présenter les avancer du projet ou établir une évaluation à mis parcours.

2.1.3. Résumé de l'action Tableau 3 - Résumé de l'action

Titre de l'action:

CIRCUIT ART'MATTEND : Création, diffusion de spectacles de théâtre contemporain et institutionnalisation d'une Agence spécialisée dans la diffusion d'oeuvres dramatiques.

Lot spécifique :

ï Lot 1

91

 
 

o Lot 2

Lieu(x) de l'action

HAÏTI (Thomassin), TOGO (Togoville, Lomé et Assahoun), BÉNIN (Cotonou), FRANCE. Autres pays : GHANA, NIGÉRIA, CÔTE D'IVOIRE.

Durée totale de l'action :

24 mois.

Montant contribution l'UE

de la

requise de

470 000,00 EUR

Objectifs de l'action

Objectif global : - OEuvrer pour la professionnalisation dans le secteur des arts et de la culture.

- OEuvrer pour que les acteurs culturels vivent de leur art et sortent de la précarité en Afrique et dans les Caraïbes.

Objectif spécifique :- Créer d'ici un (1) an, un circuit de diffusion dynamique et pérenne des arts dramatiques entre l'Afrique, les Caraïbes et l'Europe.

Groupe(s) cible(s)

Compagnies d'arts, opérateurs culturels, journalistes culturels,

dramaturges, artistes de toutes les disciplines d'arts, scénographes, régisseurs son et lumière, artistes des pays participants (Togo - Haïti - Bénin - France - Ghana - Côte d'Ivoire - Nigéria).

Bénéficiaires finaux

+ Les artistes de la sous-région ouest africaine et de Haïti.

+ Les acteurs de la chaîne de création artistique francophone et anglophone.

+ Les compagnies des arts de la scène, les festivals d'arts scéniques, les publics, des lieux de diffusion.

 
 

+ Dix (10) textes de théâtre sont écrits par dix (10) auteurs des

Caraïbes et de l'Afrique.

+ Dix (10) textes de théâtre sont édités et publiés dans une

collection dénommée « Collection ART'MATTEND ».

+ Deux (02) textes sont créés en Haïti et au Togo par une trentaine d'artistes.

+ Au moins trente (30) représentations dans sept (07) pays.

+ Douze (12) managers d'Afrique de l'Ouest et du Haïti sont

92

Résultats estimés

 

renforcés.

+ Une cinquantaine d'acteurs culturels d'Afrique de l'Ouest, du Haïti et d'Europe décident d'appuyer la création d'un circuit de diffusion.

+ Les actes du Symposium sont publiés.

 

+ Plus d'un millier d'acteurs culturels, de journalistes, des

décideurs politiques et traditionnels, un grand nombreux public sont sensibilisés sur l'importance de la création d'un circuit de diffusion des oeuvres dramatiques en Afrique, en Europe et dans les Caraïbes.

 

+ Un (1) circuit de diffusion de spectacles est créé.

 

+ Une (01) Agence de diffusion dénommée « CIRCUIT

 

ART'MATTEND » est créée et opérationnelle.

 

+ Un site internet spécialisé dans la diffusion est créé.

 

+ Résidence d'écriture.

 

+ Édition d'oeuvres.

 

+ Deux (02) résidences de Créations.

 

+ Ateliers de renforcements de capacités de douze (12) managers culturels du Circuit Art'Mattend.

Activités principales

+ Symposium sur la production artistique contemporaine

réunissant les acteurs culturels de l'Afrique, des Caraïbes et de

l'Europe autour du thème « Circulation et diffusion de
spectacles : enjeux et perspectives ». Tournée internationale des spectacles dans au moins sept (07) pays (Afrique de l'Ouest, Haïti et Europe).

 

+ Création de l'Agence internationale de diffusion des arts

dramatiques dénommée « CIRCUIT ART'MATTEND ».

 

+ Création de site internet.

Source : Formulaire de demande de subvention : Le projet « CIRCUIT ART'MATTEND ». Administration contractante : Secrétariat du Groupe des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (Secrétariat ACP). Programme ACP-UE d'Appui aux secteurs culturels ACP. 10e Fonds européen de développement. Référence : EuropeAid/133395/D/ACT/ACP.

2.1.4. Outils et mécanismes d'évaluation préalable du projet

Les initiateurs du projet Circuit Art'Mattend à savoir l'association Kadam-kadam créée par des professionnels des arts de la scène et de la culture oeuvre depuis 1998, basée à

93

Agoè Logopé et Kové au Togo (Cf. Annexe) affirment dès le début de l'évaluation préalable : « Nous sommes résolument convaincus que notre démarche contribuera efficacement à la lutte contre la pauvreté par l'émergence et la consolidation d'industries culturelles viables et pérennes dans les pays ACP, au renforcement de leur apport au développement social et économique et à la préservation de la diversité culturelle (Idem, Cf. formulaire de demande de subvention du projet «CIRCUIT ART'MATTEND). Les initiateurs du projet se disent objectifs et réalistes suivant les indicateurs mis en place et l'aboutissement des objectifs fixés en amont avec une finalité, la réalisation des résultats attendus.

2.1.4.1. Origine et questionnement du projet

Tout projet a une origine, une raison pour sa mise en route et une nécessité d'exécution. Les initiateurs du projet Circuit Art'Mattend sont partis de la réalité du terrain en signifiant que « le domaine des arts et de la culture constitue le domaine le plus délaissé, oublié, voire négligé, par les États au sud du Sahara et dans les Caraïbes. Les travaux qu'effectuent les organisations et acteurs culturels de ces pays sont régulièrement parsemés de péripéties, d'entraves énormes. Les artistes et acteurs culturels vivent au quotidien une précarité, une pauvreté criante, surtout dans le domaine des arts de la scène. Dans le domaine du théâtre par exemple, les salles de spectacles se vident de plus en plus à cause de la situation socio-économique indécente des populations (Idem, Cf. formulaire de demande de subvention du projet «CIRCUIT ART'MATTEND)». Le constat statistique fait montre du nombre d'acteurs culturels qui diminue de jour en jour pour cause d'abandon ou d'exil. Les analyses et investigations montrent clairement que le secteur des arts dramatiques est le plus touché. Il est important de signaler que le secteur des arts dramatiques est un secteur pourvoyeur d'emplois, générateur de revenus, de renforcement réel de la cohésion sociale, de consolidation de la paix, de la démocratie, de la coopération internationale et de la diversité culturelle (Idem, le formulaire de demande de subvention du projet «CIRCUIT ART'MATTEND). Ceci entraîne une réelle volonté des artistes de promouvoir une politique de création, de diffusion et de promotion des produits culturels.

En se référant au formulaire de demande de subvention du projet «CIRCUIT ART'MATTEND, soulignent les initiateurs du projet, la plupart des pays ACP ont prévu des dispositions particulières dans leur politique de développement pour la promotion des arts et de la culture, notamment le programme indicatif régional (PIR) et de la CEDEAO (Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest), les programmes indicatifs

94

nationaux (PIN), les fonds régionaux de promotion culturelle, le Fonds international pour la diversité culturelle (FIDC), etc. La situation des artistes des arts dramatiques dans la plupart des pays ACP, en particulier au Togo et en Haïti, est toujours alarmante. En effet, les textes d'application de ces dispositions n'ont pas été adoptés, et même s'ils le sont, leur mise en oeuvre n'est pas effective.

En analysant les objectifs et les résultats du projet Circuit Art'Mattend, les initiateurs-concepteurs de l'action ont eu à réaliser des enquêtes, des entretiens téléphoniques et des interviews sur le terrain afin de mesurer les retombées et recueillir les points de vues des futures bénéficiaires. Cette étape d'observation et d'analyse de terrain des initiateurs du projet, à permis à ces derniers de pouvoir évaluer préalablement la démarche de la conception du projet. Il est important de signifier qu'une décision dans la conception d'un projet ou d'une action se prend après une réflexion préalable, voir une évaluation en amont. De Perrot et Wodiunig (2008) deux spécialistes dans l'évaluation des projets dans le domaine de la culture soulignent, une évaluation préalable bien construite en amont aide à prendre des décisions.

2.1.4.2. Les indicateurs de réussite

Afin de pouvoir remédier aux manquent de soutien et accompagnement financier des politiques (élus, gouvernement,..) sur le terrain, les initiateurs du projet Circuit Art'Mattend ont mis en place des indicateurs pour pouvoir pallier à cette situation, en allant vers les entités privées susceptibles de les accompagner à pérenniser les emplois sui seront crées dans le cadre du projet Circuit Art'Mattend, après financement du programme ACP Cultures+. Selon les initiateurs, le projet Circuit Art'Mattend est une action qui sera pérenne dans la conception, dans la diffusion des créations, dans la production et la circulation des oeuvres, dans la création d'emplois, dans le renforcement des capacités et dans la professionnalisation. A travers les indicateurs de vérification de faisabilité qui seront mis en place dans le cadre de ce projet, les initiateurs du projet espèrent la réalisation des objectifs fixés en amont, dans le respect de principes des obligations du programme.

De Perrot et Wodiunig (2008) nous expliquent que les indicateurs permettent de se prononcer sur la réalisation des objectifs, car ils sont plausibles dans la mesurabilité des résultats fixés et établis en amont. Il existerait une hiérarchisation entre les objectifs et les indicateurs dans l'atteinte des résultats et la finalisation de l'action à développer. Dans le cadre du projet Circuit Art'Mattend, les objectifs établis et fixés par les initiateurs du projet

95

reflètent les indicateurs (Idem, le formulaire de demande de subvention du projet «CIRCUIT ART'MATTEND) mis en place pour mesurer la faisabilité, parmi lesquels on peut citer la création de spectacles de théâtre de bonne qualité dans l'objectif de permettre aux artistes de pouvoir vendre leurs créations, la création d'une agence de diffusion dénommée Circuit Art'Mattend pour faire circuler des produits culturels, le renforcement des capacités artistiques et managériales (à travers les ateliers, les rencontres professionnelles...) et la création d'emplois temporaires et à durée indéterminée (par la création et la circulation des oeuvres artistiques) dans cette finalité de pérennité des actions rentrant dans le cadre de la réduction de la pauvreté. Les indicateurs de réussite s'insèrent dans une réflexion d'amélioration des conditions de vie des populations des pays faisant partie du projet, tout en visant la pérennité des actions. L'évaluation d'une pérennisation d'une action ou d'un projet le cas du projet Circuit Art'Mattend, contribuerait efficacement à l'amélioration de condition de vies des citoyens bénéficiaires du projet, comme le souligne d'ailleurs Julien Damon (2009), l'évaluation doit être à l'origine de transformations et d'améliorations des conditions de vie. Aucun projet ou aucune action ne peut se passer d'indicateurs de réussite qui prennent en compte les objectifs et les résultats fixés en amont. Les indicateurs doivent mesurer le niveau des objectifs et des résultats en tenant compte de l'ampleur, de la qualité, de l'innovation et de la durabilité (De Perrot, Wodiunig, 2008) du projet et des actions formulées en amont. En se référant au tableau présentant le résumé de l'action, plus précisément les résultats estimés, la finalité du projet a été arrêtée en se basant sur les indicateurs préétablis.

2.1.4.3. Les actions du projet

En tenant compte des objectifs du projet et des indicateurs définis en amont de sa conception, plusieurs actions ont été mises en place afin d'aboutir aux finalités du projet. Parmi ces actions (Idem, le formulaire de demande de subvention du projet «CIRCUIT ART'MATTEND), on peut citer :

+ Activité 1 -

Résidence d'écriture à Togoville (30 jours) avec pour objectif l'organisation de cette résidence et l'édition d'un recueil de textes de théâtre de différents auteurs, une ambition réelle dans la préservation de la diversité culturelle, et avec pour finalité la distribution du recueil afin de permettre aux enseignants, aux élèves, aux étudiants et aux divers publics des pays ACP/UE d'avoir davantage accès aux textes de théâtre. Cette action rentre dans le cadre du renforcement de l'éducation

96

artistique et contribuera de manière très précise au développement social et économique.

+ Activité 2 -

Résidences de création en Haïti et au Togo (90 jours) avec pour objectif la création de deux spectacles de théâtre qui devront mobiliser plusieurs acteurs culturels, et avec pour finalité la création d'emplois directs (temporaire et pérenne : l'activité mobilisera une trentaine de personnes qui seront logées et nourries, sans oublier les honoraires des directeurs artistiques, des artistes, la location d'un lieu de répétition, les achats liés aux décors, aux costumes et à la régie son et lumière) pour trente-deux (32) acteurs culturels et qui impliqueront plusieurs disciplines artistiques.

+ Activité 3 -

Atelier de renforcement des capacités de douze (12) managers culturels avec pour objectif de renforcer leurs compétences et leurs capacités pour qu'ils puissent accompagner les créateurs artistiques, et avec pour finalité de gérer l'agence de diffusion en vue de pérenniser le Circuit Art'Mattend. Ces douze (12) managers formés animeront le Circuit Art'Mattend dans leur pays respectif par l'animation du site internet, par la sélection des meilleurs spectacles et des meilleurs produits à intégrer dans le circuit pour diffusion.

+ Activité 4 -

Campagne médiatique autour de deux (02) spectacles, avec pour finalité de communiquer sur les créations artistiques réalisées. Il s'agira d'amener le public à reconnaître la place de l'artiste dans la société et de donner un cachet particulier à l'évènement pour le rendre populaire.

+ Activité 5 -

Symposium pour faire s'exprimer des experts, des acteurs culturels sur la nécessité de la création artistique. Ce sera un lieu de rencontre scientifique qui rassemblera plusieurs grands noms du théâtre contemporain de l'Afrique et des Caraïbes. Les actes du symposium constituent le document de plaidoyer, de recommandations et de propositions sur les atouts du Circuit Art'Mattend. Ce

97

document marquera la fin des activités de cette rencontre scientifique et sera édité en deux mille (2000) exemplaires pour une large diffusion.

+ Activité 6 -

Tournée en Afrique de l'Ouest et en Haïti, l'une des activités principales du projet. C'est une étape déterminante dans ce projet car elle permet non seulement de montrer au grand public les premiers produits du Circuit, mais aussi et surtout d'aborder l'itinéraire qui constitue le réseau du Circuit Art'Mattend.

+ Activité 7 -

Création de l'Agence internationale de diffusion des arts dramatiques Circuit Art'Mattend avec de grandes ambitions au tournant. Cette activité est le point fondamental du développement du projet dans le temps. Les indicateurs définis dans cette activité concerneront la pérennité et la durabilité du projet en amont et en aval.

Ces actions démontrent à quel point les initiateurs du projet ont dû prendre du temps pour mesurer sa faisabilité et évaluer les réalisations dans une finalité pérenne et durable de ce projet.

Figure 2 - Photos de l'activité 7

98

Crédit photo : (c) copyright 2012 : ECO3 S.P.R.L. - webmaster@acpculturesplus.eu

2.1.4.4. Pérennité du projet

Afin de pérenniser les résultats du projet en termes de durabilité sur le long terme, plusieurs scénarios ont été mis en scène par les initiateurs du projet par rapport à la production de résultats positifs ouvrant la voie du développement humain et de la création d'emplois. En analysant les indicateurs de réussite mis en place ainsi qu'en détaillant les objectifs, les initiateurs du projet envisagent de : s'occuper de la circulation des deux créations artistiques (spectacles) en vue d'élargir le circuit de diffusion et coopter d'autres spectacles de qualité que Circuit Art'Mattend va proposer ; rassembler les spectacles, les dossiers de presse, les CV d'artistes, les visuels... au niveau de son siège et de son site internet accessible et dynamique www.circuitartmattend.com qui sera créé et présenté comme une vitrine ou un marché virtuel où chaque organisation et acteur des arts vivants pourra rendre visible et vendre son produit ; organiser des ateliers permanents en ingénierie culturelle et la mise en réseau avec d'autres marchés et circuits existants ; programmer la création d'emplois.

En décryptant les indicateurs mis en place par les initiateurs dans le cadre du développement du projet Circuit Art'Mattend, les voyants seraient au rouge pour l'obtention de la subvention permettant de réaliser le projet. Les propositions présentées s'avèrent crédibles dans leur mise en place et leur exécution du fait qu'elles rentrent dans la finalité et

les conditions établies par le dispositif de financement. De l'initiation à la mise en place, en passant par la description des méthodes de travail et les moyens mis en oeuvre, le projet présente des garanties solides en termes d'indicateurs, en attendant les garanties financières et techniques.

Tableau 4 : Exemple d'emplois à créer durant le projet

Fonction

Nombre

Personnel
permanent

Durée de la mission (en mois)

Personnel
de Kadam-Kadam

Coordonnateur

1

X

24

OUI

Responsable
administratif et
financier

1

X

24

NON

Comptable

1

X

24

OUI

Chargé de
communication

1

X

24

OUI

Secrétaire

1

X

24

OUI

Juriste / Consultant

1

 

12

NON

Source : Formulaire de demande de subvention. Le projet «CIRCUIT ART'MATTEND». Administration contractante : Secrétariat du Groupe des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (Secrétariat ACP), Programme ACP-UE d'Appui aux secteurs culturels ACP. 10e Fonds européen de développement. Référence : EuropeAid/133395/D/ACT/ACP.

2.1.4.5. Risques et durabilité

2.1.4.5.1. Risques

Dans le cadre de l'évaluation préalable par les initiateurs du projet de sa durabilité et de sa pérennité, les conditions des risques d'échec ont été identifiées. En effet, il est toujours important de définir les conditions dans lesquelles le projet sera développé, à savoir l'environnement politique, social, économique et culturel. L'évaluation permet de juger de la faisabilité du projet et dans quelle mesure il serait réalisable, à l'image du tableau présenté par les initiateurs de Circuit Art'Mattend dans lequel ils définissent les indicateurs de réussite et d'échec tout en présentant les niveaux de faisabilité des actions.

99

Tableau 5 : Jugement de faisabilité par les initiateurs du projet Circuit Art'Mattend

Politiques

Sociaux

Économiques

L'insécurité s'installe dans le pays avant les élections présidentielles de 2015.

La situation socio-politique fragile en

Haïti, surtout après les derniers
évènements douloureux, se détériore.

Les acteurs de la culture ne sont pas réactifs.

Les bailleurs traditionnels

stoppent leur soutien.

Les ministères en charge de la

Culture se retirent de leurs
engagements suite à un changement de gouvernement.

Les mentalités restent

négatives envers les
artistes et leur art. Le grand public n'est pas

réceptif aux messages
de sensibilisation.

Aucun partenaire institutionnel n'accepte de soutenir les artistes.

 

Les acteurs de théâtre et les ONG ne s'investis- sent pas sur le thème du professionnalisme.

Les revenus et le pouvoir

d'achat des familles chutent.

Source : Formulaire de demande de subvention. Le projet « CIRCUIT ART'MATTEND ». Administration contractante : Secrétariat du Groupe des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (Secrétariat ACP). Programme ACP-UE d'Appui aux secteurs culturels ACP. 10e Fonds européen de développement. Référence : EuropeAid/133395/D/ACT/ACP.

2.1.4.5.2. Durabilité du projet

De toutes les actions que comprend le projet Circuit Art'Mattend, les initiateurs du projet axent leur objectif de durabilité et pérennité sur l'agence qui sera mise en place. Cette agence constitue un atout pour l'après-projet du fait qu'elle continuera à chercher des marchés à travers le circuit, les réseaux de centres culturels, de festivals, le site internet, afin de promouvoir la création artistique et encourager la formation, plus précisément le renforcement des capacités des managers, l'animation permanente du site du Circuit Art'Mattend et la promotion de leurs spectacles. La finalité à long terme est de faire de l'agence un véritable point de vente des spectacles avec la création d'une boutique artistique en ligne. L'installation de cette agence va permettre de créer des emplois temporaires et durables.

100

+ Durabilité financière

101

Afin de convaincre l'organisme financeur de subventionner le projet, les initiateurs ont présenté des preuves de garanties financières et démontré comment ce processus fonctionnerait après la fin du projet. Sans une évaluation préalable, il serait difficile de justifier de la faisabilité financière du projet. D'après les initiateurs du projet, « les principales activités prévues pour la promotion n'ont pas pour vocation de générer des revenus. Mais elles renforcent les capacités des organisations et acteurs culturels en matière de mobilisation de ressources financières auprès des bailleurs de fonds, grâce à la notoriété acquise et aux capacités de gestion renforcées (Idem, le formulaire de demande de subvention du projet «CIRCUIT ART'MATTEND)».

Durant le déroulement du projet, les acteurs y prenant part en qualité de salarié percevront leurs salaires suivant les objectifs définis en amont. Ce sont les bénéfices des résultats des productions artistiques qui permettront de faire vivre le projet après subvention par le dispositif. Autre exemple présenté par les initiateurs du projet : « À court terme, la viabilité financière de l'association Kadam-Kadam s'appuiera sur l'État togolais qui lui accordera chaque année une subvention dans le cadre du Fonds d'Aide à la Culture. Elle garantira ainsi le fonctionnement du Circuit Art'Mattend et la réalisation de certaines activités connexes. De même, à long terme, la légitimité et la crédibilité du Circuit Art'Mattend et de son réseau associatif seront renforcées vis-à-vis des acteurs au développement : États de l'UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine), État haïtien, bailleurs de fonds, institutions internationales, ONG.

En conséquence, des possibilités d'ouverture et de contact avec de nouveaux partenaires, notamment financiers, permettront au Circuit Art'Mattend et à son réseau d'obtenir des soutiens pour le développement de leurs actions (Idem, le formulaire de demande de subvention du projet «CIRCUIT ART'MATTEND)». La mise en route réelle du réseau Circuit Art'Mattend permettra de favoriser la circulation des spectacles après la réalisation du projet.

+ Viabilité environnementale

Dans un objectif de respect de l'environnement, le dispositif de subvention demande des garanties de ne pas détruire l'environnement. Ainsi, les initiateurs du projet ont apporté des garanties qu'aucun impact sur l'environnement n'aurait lieu. Aucune activité à l'extérieur ne le mettrait en péril ou le dégraderait. Les différentes activités se dérouleront en salle, dans

102

les centres culturels et sur les places publiques sans aucun risque de destruction de l'environnement.

103

2.2. Fiche de présentation du projet dans le catalogue des projets subventionnés

Source : Guide de présentation des projets sélectionnés. (Copyright - Secrétariat ACP, 2015)

ACPCULTURES+Eu

Contact

Koubidina Alanda

Association KAdam-KAdam

Quartier Agoè-Cacavéli, derrière

la Brasserie du Bénin SA

13B.P 61 Lomé, TOGO

Tel : +228 22 19 58 01

+228

93

50

43

58

+228

98

12

88

20

circuitartmattend@gmail.com kadam kadam@hotmail.com www.arts-togo.com www.kadam-kadam.com

Les activités du projet

Appuyer l'écriture et la création théâtrales au Togo et en Haïti

La résidence d'écriture au Togo donnera lieu à dix textes écrits par des auteurs confirmés des Caraïbes et d'Afrique. Ces textes seront édités en 10.000 exemplaires dans une collection intitulée ART'MATTEND. Pendant la résidence d'écriture, les textes seront lus dans les établissements scolaires. La distribution des recueils permettra aux enseignants, aux élèves, aux étudiants et aux divers publics des pays ACP/UE d'avoir d'avantage accès aux textes de théâtre. Un comté de lecture international sélectionnera 2 textes à mettre en scène lors de résidences de création qui se dérouleront à Thomassin (Haiti) et à Assahoun (Togo) et déboucheront sur la production de deux spectacles de théâtre tout public.

Renforcement des compétences de managers culturels d'Afrique de l'Ouest et d'Haïti

En vue de la création d'une agence de diffusion visant à pérenniser et rendre durable le Circuit Art'Mattend, un atelier de renforcement des capacités en montage de projets culturels de douze managers ouest-africains et haïtiens sera organisé. La sélection des participants prendra en compte une répartition équitable entre hommes et femmes, étant donné la faible représentation des femmes dans le secteur. Les managers formés animeront le Circuit Art'Mattend dans leur pays respectif par la mise à jour du site Internet, la sélection des meilleurs spectacles de théâtre, des meilleurs produits à intégrer dans le circuit pour diffusion. Ils auront aussi la charge d'appuyer les groupes artistiques au niveau administratif.

La durabilité de l'action

Créer un circuit de circulation des artistes et de diffusion de leurs oeuvres en Afrique de l'Ouest, en Haïti et à l'échelle internationale par la mise en place de l'Agence Internationale de diffusion des arts dramatiques dénommée «CIRCUIT ART'MATTEND».

Un symposium ayant pour thème central : « Circulation et diffusion de spectacle : enjeux et perspectives « aura lieu à la veille de la tournée ouest-africaine réunissant des professionnels de la culture et des représentants d'autres composantes de la société civile. La fin du symposium marquera le lancement de la tournée ouest-africaine qui permettra non seulement de montrer au grand public les premiers produits du Circuit, mais aussi et surtout d'initier le circuit de diffusion du réseau du CIRCUIT ART'MATTEND. Les deux spectacles créés seront présentées dans cinq pays d'Afrique de l'Ouest (Nigéria, Bénin, Togo, Ghana, Côte d'Ivoire), en Haiti et en Europe (à moyen terme).

L'achèvement de la tournée sera marqué par le lancement et le démarrage de l'Agence Internationale de diffusion des arts dramatiques chargée de gérer le nouveau circuit et qui assurera la durabilité du projet. Un site Internet visant à assurer la promotion de l'Agence et spécialisé dans la diffusion de spectacles théâtraux sera également créé.

www.ACPCULTU RESPLUS.Eu

(c).Secrétariat ACP, 2014 / Reproduction autorisée moyennant mention de la source.

La présente publication a été élaborée avec l'aide du Secrétariat ACP et de l'Union européenne. Le contenu de la publication relève de la seule responsabilité des auteurs si no pont aucunement Atm considéré comma reflétant le point de vue du Secrétariat ACP et do l'Union européenne.

104

Source : Guide de présentation des projets sélectionnés. (Copyright -- Secrétariat ACP, 201 S)

105

3. Chapitre troisième : Accord de subvention

3.1. Projets subventionnés

Dans le cadre des appels à propositions lancés par le Groupe des gouvernements des États ACP en partenariat avec la Commission européenne pour les années 2011 et 2012, plusieurs projets ont été soumissionnés venant des pays ACP. L'objectif était d'accompagner les créateurs artistiques, les porteurs de projet, de soutenir leurs initiatives dans le cadre du développement culturel des pays ACP. À cet effet, un dispositif dénommé programme ACP Cultures+ a été mis en place et a financé 55 projets retenus à l'issue des deux appels à propositions. Afin de mieux cibler l'aide selon les domaines culturels, les initiateurs du dispositif ont divisé le programme en deux lots pour satisfaire toutes les propositions. La finalité était d'éviter les amalgames dans les demandes des porteurs de projet, et de ne pas mélanger les secteurs des propositions tout en respectant les projets selon les domaines. Ainsi, les lots étaient répartis de la manière suivante selon les secteurs :

Lot 1 :

Cinéma et audiovisuel (dont la radio)

Lot 2 :

Toutes les autres industries culturelles (danse, théâtre, musique, arts plastiques,

artisanat, photographie, architecture, patrimoine, littérature, réseaux...)

Source : ACPCCULTURES+.EU (2012). Programme ACP-UE d'appui aux secteurs culturels ACP. Disponible sur : http://www.acpculturesplus.eu/?q=fr/content/projets-bénéficiaires

Répartis en deux lots suivant les secteurs, les porteurs de projet ont proposé des actions dans tous les domaines visant le développement culturel. Le dispositif a reçu 55 propositions, soit au total 55 contrats. Ces 55 propositions ont bénéficié d'une aide et d'un accompagnement d'un montant de 22 270 419,57 €. Soit 33 propositions concernant l'audiovisuel et le cinéma pour un budget de 12 227 584,36 € et 22 propositions se rapportant aux autres industries culturelles pour un budget de 10 042 835,21 €. La répartition des projets par domaine d'intervention est la suivante :

Formation / Professionnalisation

18 projets

Production / Création

18 projets

Distribution / Diffusion / Promotion

18 projets

Réglementation

1 projet

Source : ACPCCULTURES+.EU (2012). Programme ACP-UE d'appui aux secteurs culturels ACP. Disponible sur : http://www.acpculturesplus.eu/?q=fr/content/projets-bénéficiaires

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3.2. Statistiques

Source : ACPCCULTURES+.EU (2012). Programme ACP-UE d'appui aux secteurs culturels ACP. Disponible sur : http://www.acpculturesplus.eu/?q=fr/content/projets-bénéficiaires

 

ACPC U LTU RES+Eu

Programme ACP-UE d'appui aux secteurs culturels ACP

5. DEMANDES REÇUES AU

1 ER APPEL (2011)

Répartition des demandes par région

Sème et 10ème FED

66

63

 
 
 

34

 
 
 
 
 
 
 
 

9 éme FED

22

 
 
 
 

10 éme FED

 

19

 
 
 
 
 

16

 
 
 
 
 
 
 
 

12

 
 
 
 
 
 
 

10

 
 
 
 
 
 
 
 
 

3 2

 
 
 

Afrique Afrique Ca ra ibes Pacifique Europe

Centrale Australe

70 60 50 40 30 20 10 0

68

31

15

Afrique Ouest Afrique Est

107

Page 7

108

TROISIÈME PARTIE

109

Méthodologie de recherche et accès au terrain

110

1. Chapitre premier : Méthodologie de recherche et accès au terrain

1.1. Introduction

Une recherche scientifique visant la collecte de données et l'analyse de discours nécessite une méthodologie quantifiable et qualifiable dans la gestion de l'information. À cet effet, il nous semble important de choisir un terrain de collecte de données et de vérifier les hypothèses ainsi que la problématique posée préalablement. Parler de terrain de recherche, c'est déterminer l'environnement dans lequel nous allons mener une étude afin de vérifier la problématique posée en amont du travail à réaliser, et de répondre aux hypothèses de la thématique de recherche. Circonscrire la notion de terrain avant la prise en possession de l'environnement, c'est s'approprier le lieu dans lequel nous allons pouvoir construire notre raisonnement discursif et la vérification de nos hypothèses à travers les données à recueillir.

Sur la compréhension du paradigme du terrain, Philippe Quinton (2002) s'est posé les questions suivantes sur le sens du terrain dans une logique de saisie de l'environnement et de la construction du discours scientifique (Quinton, 2009). Qu'est-ce qu'un terrain ? Une réalité objective ? Une construction ? Un signe ou une portion de signe ? Quel est son rôle dans la production d'une connaissance scientifique ? Que devient-il dans les écritures qui en rendent compte ? Et finalement, quelle serait sa part dans le sens d'une recherche ?

Le dictionnaire Larousse (2009) définit le terrain comme un lieu où un scientifique exerce sa recherche dont il étudiera les résultats en laboratoire. C'est un état de choses ou d'esprit considéré du point de vue d'une action à venir, de leur réceptivité à une influence : sonder le terrain, trouver un terrain favorable à ses idées. Définir son environnement de travail et de recherche permet au chercheur de confronter sa problématique et ses hypothèses dans un espace, un lieu, de sonder la réalité des idées, de vérifier sa démarche de recherche.

Dans le cadre de notre étude, nous sommes partis de la théorie de Philippe Quinton afin de circonscrire notre cadre théorique et empirique par un choix

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méthodologique de recherche scientifique, sachant que dans les sciences humaines et sociales on ne peut guère valider une hypothèse sans une vérification et une légitimation du terrain. Le terrain tient la place et le rôle du laboratoire (sans avoir exactement le même statut) destiné à vérifier une loi, tester un modèle, confirmer ou infirmer une hypothèse ou confronter une idée contradictoire (Belhedi, 1998), en hiérarchisant la démarche de la récolte des données suivant l'ordre d'utilité des résultats car toutes les données n'auront pas la même place et certaines données disparaîtront complètement (Lefèvre, 2013) suivant les analyses à avoir. Le sociologue Nicolas Lefèvre (2013) souligne qu'il faut hiérarchiser ses données selon leur importance explicative et leur force d'analyse, les harmoniser de manière à ne pas être hors de son sujet de réflexion et de rechercher. Le terrain peut prendre la forme d'après Amor Belhedi (1998) d'un espace physique, d'un domaine d'étude, d'un champ concerné par la recherche, de matériaux ou de données objet de la recherche...

Le choix d'un terrain de recherche est le point de départ principal pour une étude qui vise à apporter des réponses, des solutions ou à améliorer une situation observée à la suite d'une problématique posée. À cet effet, nous avons déterminé l'environnement dans lequel notre objet de recherche se situait les enjeux de l'évaluation préalable en amont d'un projet culturel dans la conception des outils évaluatifs avant soumission pour une subvention et posé les bases d'une enquête en classant les données de terrain de manière hiérarchique, en faisant un inventaire et un tri dans le choix du matériel empirique le plus pertinent (Lefèvre, 2013). Sur le plan méthodologique, nous avons opté pour la afin de connaître le point de vue des acteurs de l'évaluation (techniciens-évaluateurs et porteurs de projets) nous avons opté pour des entretiens semi-directifs.

1.2. Choix du programme et du projet culturel

1.2.1. Le programme ACP Cultures+

Le choix du programme ACP Cultures+ et son apport dans le développement culturel dans les pays membres des Etats Afrique, Caraïbes et Pacifique (ACP), dans le cadre de cette étude est partie de cet envie de comprendre le fonctionnement du dispositif, qui en le lisant nous parait compréhensible, mais reçoit de la part des porteurs

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de projets des commentaires négatifs au regard des milliers des projets rejetés. Dans le cadre d'un partenariat Union européenne - ACP, plusieurs programmes sont mis en place dans tous les domaines du développement et le programme ACP Cultures+ est destiné au développement culturel. La plupart des porteurs de projets des pays membres rêvent toujours de pouvoir décrocher une subvention de la part du programme afin de développer leurs projets au niveau local. Subventionné par l'Union européenne en partenariat avec le secrétariat des Etats membres des ACP, le programme ACP Cultures+ est l'outil par excellence pour accompagner les créations artistiques et culturelles des acteurs de terrain qui contribuent tant soit peu au développement culturel d'une nation.

C'est sur la base d'un témoignage d'un porteur de projet qui s'est vu plus d'une fois ces propositions être rejetés, bien sûre accompagner des commentaires et explications de ce refus de la part des organismes d'octroi de la subvention que je me suis lancé dans la recherche avec le soutien de ma directrice de mémoire. Ainsi, comprendre et de décrypter ce dispositif qui est unique dans son genre et son style du point de vue des mécanismes de vérification et de contrôle de la part des organismes en charge du programme, qui sont très strictes. Il paraissait nécessaire d'aller en profondeur de la compréhension du programme, en ciblant ma recherche uniquement sur la manière dont les évaluateurs évaluent les propositions des porteurs de projets et sur quelles bases de critères d'éligibilités se fondent-ils.

1.2.2. Le projet culturel Circuit Art'Mattend

Etudier et analyser le programme ACP Cultures+ nécessitait également l'analyse d'un projet culturel ayant été validé et subventionné par le programme. Apres plusieurs recherches et contacts avec des porteurs de projets ayant soumissionnés des propositions dans le cadre du programme, tout en leur présentant ma démarche d'étude et de recherche, aucun n'a donné une suite favorable, en dehors des initiateurs du projet culturel Circuit Art'Mattend. Aucun choix ne s'est fait en amont concernant l'étude d'un projet, tout dépendait de la réponse des porteurs de projets. La preuve, nous avions analysé uniquement un seul projet validé et subventionné, le souhait était aussi d'analyser un projet culturel rejeté dans le cadre de cet appel à propositions. Avec les porteurs de

113

projet circuit Art' Mattend, nous avions beaucoup échangés et discutés sur la finalité de notre étude, ainsi que de l'intérêt de cette dernière dans la recherche scientifique.

1.3. Terrain de recherche, acteur de terrain et entretiens

1.3.1. Choix du terrain

L'observation directe à Bruxelles (siège de l'organisme en charge du dispositif) lors de la réunion des bénéficiaires du programme a été un moment cruciale dans notre recherche, car observer est [...] une pratique sociale avant d'être une méthode scientifique (Pierre Fournier, Anne-Marie Arborio, 2010). L'observation permet de toucher du doigt les réalités vivantes du terrain, de ce que l'on doit observer et de ce que l'on peut recueillir comme données. L'immersion d'un chercheur sur son terrain d'étude ou de recherche lui permet de s'enquérir des réalités physiques, de toucher le palpable observable et de définir lui-même les indicateurs de réussite de l'objet de l'étude. Cette observation était nécessaire pour comprendre et décrypter certains discours empiriques des acteurs du programme et de s'immerger dans leur milieu professionnel selon les actions en cours. Comme le suggèrent Pierre Fournier et Anne-Marie Arborio (2010), l'enquête par observation directe permet d'observer les pratiques sociales dans la situation où elles se développent. Observer la société, c'est mettre les mots sur les maux qui minent une communauté dans un environnement en perpétuelle mutation. Ainsi, le chercheur a pour mission et rôle de contribuer à l'amélioration des conditions de vie d'une communauté par rapport à son travail de réflexion et son discours de contribution intellectuelle.

Le choix de notre terrain est partie de notre thématique de recherche dans le cadre de cette formation en Master 2 recherche. Déterminer un terrain de travail sur lequel nous seront emmené à recueillir des informations dans le cadre de cette étude, c'est définir tout d'abord l'objet de sa thématique de recherche tout en décrivant La méthodologie de travail. Evaluer les enjeux d'une évaluation préalable pour un projet culturel, le cas des appels à propositions du programme ACP Cultures+, c'est la thématique que nous avions choisie de développer afin de comprendre les mécanismes d'évaluations que font propre les porteurs de projets et saisir la politique d'évaluation des organismes en charge du

114

programme ACP Cultures+. Ayant déjà présenté les biens fondés de notre thématique de recherche en amont de notre mémoire, nous nous permettons à cet effet, de présenter les mobiles du choix de notre terrain.

1.3.2. Les acteurs de terrain

Les porteurs de projet sont les acteurs culturels qui soumissionnent leurs propositions en répondant à des appels à projets dans le cadre du programme ACP Cultures+, sollicitant des financements pour leur permettre de développer leurs projets dans leurs pays, leurs régions ou leurs secteurs de résidence dans le cadre du développement des industries culturelles et créatives. En effet, l'objectif général du programme est de contribuer à la lutte contre la pauvreté par l'émergence et la consolidation d'industries culturelles viables et pérennes dans les pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique), au renforcement de leur apport au développement social et économique et à la préservation de la diversité culturelle (PRAG, 2012, p.6-28). L'appel à propositions est ouvert à toute personne qui souhaite solliciter un financement de la part du programme tout en respectant la réglementation établie et les normes fixées pour l'octroi de la subvention. Dans le cadre de notre étude, tous les porteurs de projet étaient basés en Afrique et développaient des projets en faveur des populations africaines. Ne pouvant pas analyser tous les projets culturels ayant obtenu le financement du programme, nous avons porté notre choix sur un seul projet dont les actions s'étendaient de l'Afrique aux Caraïbes.

1.3.3. Les entretiens semi-directifs

Le travail de terrain, comme le souligne Bruno Raoul (2002), nécessite du courage, de la détermination, de l'insistance et la maîtrise de sa problématique pour ne pas échouer car, à partir des réponses obtenues, le chercheur se fait une représentation plus précise du terrain, de la réalité sociale que sous-tend celui-ci, tout en continuant à construire son terrain (catégorisation, critères de différenciation, choix dans la perspective des entretiens...). En optant les procédures d'entretiens semi-directifs et libres dans le cadre de notre travail de recherche, nous avions voulu laisser libre cours aux choix de réponse des enquêtés, avec leurs mots et des détails faisant sens selon eux. Le

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sociologue Nicolas Lefèvre dans ces cours de méthodologie de la recherche (2013), souligne que l'entretien revêt des processus fondamentaux de communication et d'interaction humaine. L'interviewé s'est senti libre dans les réponses, sachant que l'entretien n'était ni entièrement ouvert, ni entièrement fermé. Cette méthode utilisé nous à permit d'échanger avec les quelques techniciens-évaluateurs et porteurs de projets, chacun d'eux dans son domaine d'exercice professionnelle.

L'interaction étant le moyen le plus fiable et directe dans le recueil des données ou des informations, comme l'explique Sophie Duchesne (2000), l'entretien est une interaction qui, comme telle, est structurée dès la prise de contact met l'interviewé dans une condition de confiance et d'échange facile. Les techniciens-évaluateurs étant en charge d'évaluer les propositions des porteurs de projet soumissionnant dans le cadre du programme ACP Cultures+, il était impératif de les approcher pour en savoir un peu plus dans leur mode de fonctionnement et de travail. Certes que nous n'avions pas pu rencontrer directement des évaluateurs ayant la charge d'évaluer les propositions des porteurs de projets, la parole des assistants techniques du programme jouant le rôle de techniciens-évaluateurs (service conseil pour les porteurs de projets), nous à permit de comprendre le fonctionnement du dispositif.

Par exemple lors d'un entretien téléphonique avec une conseillère du département programme de l'Union européenne, dénommée madame Denise RICHERT (Cf. Annexe), suivant la question concernant le doute des porteurs de projet qui se voient déboutés de leurs propositions de projet, elle explique, l'appropriation du PRAG (Pratical guide) par les porteurs de projet pour comprendre comment est-ce que les évaluations sont faites, leurs éviteront de douter de l'action mener par les organismes d'octroi de subvention. Comme signifier en amont de ce mémoire, en s'appropriant le document principal présentant les normes et critères d'éligibilité des propositions de projets, les porteurs de projet seront à mesurer de conduit et de réaliser les évaluations préalables sans hésitations et avec assurance de leurs projets. C'est avec toute transparence que nous travaillons, ajoute-t-elle, question de mettre en confiance nos interlocuteurs, de les armer de connaissances et de capacités d'approprier le PRAG (Pratical guide).

116

Cette technique d'entretien semi-directif est une démarché que le chercheur emprunt pour recentrer l'entretien sur les thèmes qui l'intéresse quand l'entretien s'en écarte, et de poser les questions auxquelles l'interviewé ne vient pas par lui-même souligne Nicolas Lefèvre dans ces cours de méthodologie de recherche (2013). A travers cette méthodologie que nous avions opté, nous avions pue avoir les points de vue des porteurs de projets sur leurs manières de conduire les évaluations préalables dans la conception de leurs propositions d'actions, ainsi que les points de vue des techniciens-évaluateurs. De ces points de vu recueillis, le chercheur analyse les résultats et réalise des rapprochements de théories suivant sa démarche de recherche dans le cadre de son travail. C'est le cas de notre travail de mémoire, les points de vue des porteurs de projet et des techniciens-évaluateurs, nous ont servie de mieux appréhender le dispositif et de saisir les contours des enjeux de l'évaluation préalable dans la conception des projets culturels. Ces différentes rencontres n'ont pas manqué d'intérêt du fait que les acteurs donnaient leurs avis et leurs positions vis-à-vis du dispositif. En effet, pour le chercheur, sa présence physique sur le terrain change la donne et son regard car les interviews apportent du nouveau dans la problématique posée avant l'accès au terrain et de nouveaux matériaux en sus du questionnaire. Les interviews ont permis de quantifier les réponses et d'évaluer les résultats. Chacune des rencontres s'est déroulée sur une durée d'une heure, voire d'une heure et demie maximum.

1.3.3.1. Analyse des entretiens

D'une manière générale, l'analyse de nos entretiens apparaît à travers les exemples que nous avons eu à sélectionner tout au long de cette analyse pour montrer les différents arguments employés par les acteurs. Les énoncés pouvaient être affectés, de façon relativement univoque, dans les différentes catégories, à savoir :

Énoncés

Interprétations

Les limites objectives de l'évaluation consistent dans le fait que vos évaluateurs sont en Europe,

La plupart des porteurs de projet se posent la question de la manière dont

117

notamment en Belgique, siège de l'Union

européenne, loin des réalités du terrain de

l'activité et le plus souvent en ignorant

royalement les réalités du terrain. À leur
décharge, il faut le souligner, ils sont neutres et justes.

les évaluateurs évaluent les propositions

soumissionnées, certains qu'ils sont
neutres, mais le doute subsiste en eux.

L'intérêt et l'importance de pouvoir

L'évaluation est une nécessité car elle permet de

évaluer, question de mesurer les

savoir si on atteint nos objectifs de départ, la pertinence du projet.

résultats de manière objective.

Évaluer un projet est une nécessité car elle nous permettra de savoir si nous sommes sur la bonne voie, si nos objectifs sont atteints, si les résultats obtenus sont conformes à notre vision, notre

Implication par rapport à l'expérience

mission, nos objectifs.

en général.

Les projets la plupart du temps existent déjà, parfois bien rédigés, parfois schématisés...

 

Oui, j'ai soumissionné plusieurs fois au

financement auprès de l'Union européenne en passant par le programme ACP dans le cadre des

Le porteur de projet, dans son

anciens FED. J'ai été retoqué plus d'une fois.

interprétation personnelle, se dit être à

Les raisons ont été toujours l'inadéquation du

la hauteur de la tâche, met en cause

cadre logique, les insuffisances dans le bilan, l'impertinence dans l'impact du projet. Je me

parfois, ou en doute, le travail des évaluateurs du programme. Du fait qu'il

suis résigné depuis plusieurs années parce que

se défend de bien faire son travail, de

toutes mes activités sont consacrées à

l'international autour des évènements culturels d'autres partenaires qui vivent la croix et la

respecter le cadre logique, du coup, c'est de la résignation.

118

bannière pour faire aboutir les convergences de critère après avoir bénéficié des financements.

Une partie des interprétations se fonde sur des éléments pratiques, au départ déterminants, implicites et plus directs dans la mesure où ils ressortent autant de la façon de s'exprimer que des contenus.

Énoncés

Façon de produire le sens

Sens produit, interprétation en termes d'implication

Exemple de résignation : "... Je

me suis résigné depuis
plusieurs années..."

La résignation pousse les

acteurs culturels à l'abandon, puis parfois ils changent de cap ou d'action.

Le discours convoqué est

interprétable comme une
norme par rapport à laquelle se positionne l'acteur.

Exemple : "Jamais je n'ai

renoncé à mes projets..."

Prise en charge d'un énoncé pragmatique et déterminant.

Illustration d'un

positionnement contradictoire par rapport au premier. Doute + engagement.

Une interprétation des données produit du contenu qui, la plupart du temps, regorge des éléments de recherche collectés en amont. L'analyse des données a pour objectif d'établir des faits, de décortiquer des attitudes et de saisir les réflexions des acteurs prenant part à l'exercice. En décryptant ou en interprétant les contenus des entretiens, l'enquêteur se retrouve face à des discours qu'il doit analyser en tenant compte de ses attentes et de son objectif de recherche. Certain que tout n'est pas utilisable ni analysable, l'enquêteur prend de la hauteur dans son analyse et produit un raisonnement selon les données collectées.

À l'image des quelques énoncés dans les tableaux ci-dessus, nous avons des perceptions directement liées au sens produit dans le cadre de nos entretiens. Quand tel porteur de projet pense avoir mieux réalisé son travail, l'autre pense autrement. Le raisonnement au niveau de la compréhension du sens de l'évaluation est partagé par tous, mais à chacun sa manière de se l'approprier. Les implications ne sont pas les mêmes en

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actions et en développement de projets. Les ressentis ne sont pas les mêmes dans l'art de la conception et de la soumission des propositions.

Ceci ne signifie pas pour autant que nous puissions interpréter la situation selon notre bon vouloir. L'un des reproches adressés à l'interprétation qualitative est qu'elle ne suit pas de procédures constantes, contrairement à l'approche quantitative qui applique les mêmes formules à l'ensemble des données. De plus, comme nous l'avons fait valoir dans le cadre de la partie épistémologique, les faits observés peuvent être réfutés de la même façon que les faits symboliques invraisemblables peuvent être rejetés.

Nous pensons ainsi que les interprétations conceptuelles suivant le cadre logique du programme ne diffèrent pas des attentes des porteurs de projet.

120

2. Chapitre deuxième : Description des acteurs

2.1.1. L'organisme de financement

Financer et soutenir le paradigme industriel de la créativité (Bouquillion, Miège, Moeglin, 2013) dans les pays en développement est l'une des missions des institutions politiques dans les pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique pour le développement des industries culturelles et créatives, considérées comme un espoir de création d'emplois et de développement humain. Afin d'encourager la créativité des pays émergents dans un monde en mutation socioéconomique et culturelle, soutenir le secteur culturel serait un atout pour atteindre les objectifs de développement culturel. Ainsi, la collaboration entre les gouvernements des pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique et l'Union européenne est nécessaire dans le cadre du financement des projets et programmes en faveur des acteurs de terrain.

Les gouvernements des pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique réunis en un Groupe des États dénommé ACP ont signé un accord dit l'Accord de Cotonou13 le 23 juin 2000 avec l'Union européenne. Son article 27 trait au développement culturel où la coopération vise à « intégrer la dimension culturelle à tous les niveaux de la coopération au développement ; reconnaître, préserver et promouvoir les valeurs et identités culturelles pour favoriser le dialogue interculturel ; reconnaître, sauvegarder et valoriser le patrimoine culturel, appuyer le développement des capacités dans ce secteur ; développer les industries culturelles et améliorer les possibilités d'accès au marché pour les biens et services culturels (Accord de partenariat ACP-UE, 2000) , à travers le programme ACP Cultures+. Ce programme vise la promotion d'un environnement, notamment réglementaire, favorable au développement durable des industries culturelles ACP. Il a pour objectif de soutenir la création et la diffusion des biens et services culturels ACP, la promotion de la diversité culturelle ACP, le renforcement des capacités, la création d'emplois (PRAG, 2012, p.5-28), avec un budget indicatif global mis à la disposition des acteurs culturels dans l'appel à propositions de 2012 de 14 800 000 euros. À travers ce programme et ce financement pour le développement des industries

13 Europa. Synthèse de la législation de l'Union européenne. Disponible sur : http://europa.eu/legislation summaries/development/african caribbean pacific states/r12101 fr.htm

121

culturelles et créatives sur les territoires des pays ACP, la structure en charge du financement et du contrôle de l'enveloppe pour la subvention a pour mission d'octroyer ou non la subvention si les critères d'éligibilités sont réunis ou non.

2.1.2. Les experts (consultants)

Obtenir des subventions de l'Union européenne, en raison des normes et des règles établies, demande une grande expertise, de l'expérience et des compétences pour mieux soumissionner un projet. Ainsi, la plupart des porteurs de projet sollicitent et font appel à des cabinets d'expertise spécialisés pour les aider à mieux centrer les objectifs, les attentes, les finalités et le plan d'évaluation des actions à mener. Les experts ainsi consultés ont pour mission de cadrer le discours et le raisonnement des propositions des porteurs de projet pour se mettre dans l'esprit de la compréhension de l'organisme de financement des projets et de se conformer aux normes et aux critères d'éligibilité afin d'être certains d'obtenir une subvention pour le projet ou la proposition présenté lors de la soumission. Un dossier bien mené, bien ficelé et construit selon les critères établis par le programme ACP Cultures+ à des chances de se voir octroyer une subvention.

2.2. Le terrain et ses ressources

Un terrain représente pour le chercheur l'endroit, le lieu idéal pour la construction de sa problématique et la réponse à ses hypothèses de recherche, sachant que les postures, les projets et les outils conceptuels (les interprétants) mobilisés par le chercheur pour ses interventions sur le terrain organisent (et déforment) nécessairement son regard. Il se doit en principe d'en faire état (Quinton, 2002). Prendre conscience de son terrain d'étude permet à l'auteur de mieux s'imprégner de la situation et des postures et des outils à exploiter dans la description de la démarche scientifique ou technique à construire, car le terrain est un réservoir de données empiriques (Quinton, 2002) contenant des données circulables. Pour notre étude, nous avions pu mobiliser plusieurs ressources physiques afin de nous imprégner et nous approprier le terrain.

Grâce au personnel et techniciens du secrétariat du Groupe des États ACP et aux techniciens de l'Union européenne, l'accès aux informations et aux données sur la

122

thématique de notre recherche s'est déroulé sans problème. De la sous-secrétaire générale du secrétariat du Groupe des États ACP aux conseiller techniques de l'Union européenne en passant par les assistants techniques du programme ACP Cultures+, le terrain a été favorable pour la collecte et l'exploitation des données et l'accès à la documentation. Nous avons pu rencontrer la plupart des porteurs de projet africains, encore appelés les bénéficiaires (Le programme nomme « bénéficiaires » les porteurs de projets dont les projets ont été acceptés et subventionnés. Ils passent du statut de soumissionnaires à celui de bénéficiaires), lors d'une réunion de tous les bénéficiaires du programme ACP Cultures+ venus d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, une performance inestimable le secrétariat des pays ACP a pu réaliser pour nous dans le cadre de l'accès au terrain. Ainsi, les échanges avec les porteurs de projet ont contribué de manière pratique et pragmatique à l'exploitation de l'objet de notre recherche et à la problématisation de notre étude.

QUATRIÈME PARTIE

123

Apports visés, limites et difficultés de l'étude - Résultats

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1. Chapitre premier : Apports visés, limites et difficultés de l'étude

1.1. Apports visés

Nous ne pouvons dire si le travail de recherche que nous avons mené retiendra l'attention des acteurs ou organismes travaillant dans l'évaluation des projets, plus précisément dans l'évaluation préalable des projets culturels. Dans cette étude, nous avons voulu montrer en quoi l'évaluation préalable oriente la réalisation du projet en imposant des normes et des objectifs à atteindre. D'après Jérôme Denis (2009), une évaluation suppose le respect de règles, qu'elles soient permanentes ou provisoires, une nécessité pour pouvoir mieux cibler la finalité d'une action ou la mise en pratique des contraintes préétablies dans un dispositif.

Le principe d'une évaluation préalable en amont d'une action ou d'un projet culturel suscite de la compétence, du savoir-faire et de la maîtrise du travail à réaliser, ainsi que la capacité de se mettre à la place des évaluateurs en devenant d'une certaine façon l'évaluateur de son propre projet. En se positionnant comme évaluateur de son propre projet, le porteur de projet se projette sur les intentions de son action, sur les objectifs à atteindre tout en mesurant les résultats attendus, sachant que l'évaluation préalable implique un travail d'autoévaluation qui amène le porteur de projet à s'approprier les critères d'évaluation et à les appliquer à son idée. Ce qui doit être évalué dans l'appropriation des mécanismes de la conception en amont d'un projet, c'est la capacité à améliorer dans le temps nos propres résultats et impacts en faveur du développement durable, comme le soulignent les élèves administrateurs territoriaux Laurent Djezzar et Céline Gateau-Leblanc (2008). Un porteur de projet doit être capable et a mesure d'évaluer son travail durant l'évaluation préalable, question de revoir et d'améliorer les éléments qui doivent fonder son travail. Il s'agit d'un travail de négociation qui consiste à rester fidèle à son projet tout en respectant les contraintes imposées par les évaluateurs du programme. En soumissionnant sa proposition, le porteur de projet se dit confiant et rassurant de son évaluation préalable car on retrouve dans tous les appels à propositions accompagnant le dispositif, des règles et des normes qui encadrent le processus d'évaluation. Les porteurs de projet qui soumissionnent des

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propositions sont obligés de se soumettre aux conditions établies et doivent suivre strictement les attentes des institutions à l'origine de l'appel.

Mais le ressenti sur le durcissement des conditions d'attribution des marchés suivant le dispositif contrarie les soumissionnaires. Qu'à cela ne tienne, la détermination des porteurs de projet à soumettre des projets pour financement s'explique par le courage de pouvoir présenter des idées nouvelles et porteuses de valeurs pour les bénéficiaires finaux. Le désir de proposer des projets conséquents et innovateurs qui respecteraient les critères et les obligations du programme, dont les bénéficiaires finaux profiteront des effets de la mise en place, est une démarche qui confirme les intentions des porteurs de projets. Vouloir reculer ou se résigner à ne rien faire, c'est se soumettre à la loi de l'incompétence.

Les porteurs de projet sont face à leur destin et contraints à la démonstration de leurs compétences dans la réalisation d'une proposition répondant aux normes établies. Les porteurs de projet sont des acteurs de terrain qui à la base ont des compétences et des qualités pour pouvoir conduire les projets culturels. Certain parmi eux ont suivis des formations spécifiquement culturelles dans le management et le montage des projets culturels. D'autres par contre, s'en tiennent uniquement à leurs bagages universitaires ou estudiantins.

N'ayant pas eu accès à des informations concernant la formation que donne le programme ou le dispositif d'accompagnement pour aider les porteurs de projets dans le montage de leurs dossiers, il serait souhaitable pour le compte des institutions d'octroi de subvention d'organiser des sessions de formations en amont avant soumission de propositions pour le compte des porteurs de projet. Dans une étude-enquête réalisée par Marta Carrascosa et Victoria Werlé en 2010, pour le compte du Programme UE-ACP d'appui aux industries culturelles des pays ACP, les deux enquêtrices proposent : « Dans le secteur culturel il existe beaucoup de jeunes structures prometteuses, engagées et riches en idée. Il faudrait pouvoir leur donner l'opportunité de participer à nos projets en ouvrant le programme à ces organisations émergentes. Pour ce faire, un système de

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parrainage pourrait être mis en place entre le porteur de projet et la jeune structure ». Une proposition qui devrait ouvrir les portes sur l'amélioration et les ajustements concernant le programme ACP Cultures+, afin de rendre accessible le programme à tous.

Le cadre logique présenté dans la proposition d'un projet ou d'une action est une manne pour les porteurs de projet. À mieux lire et s'approprier le contenu du programme ACP Cultures+, le soumissionnaire qui a bien réalisé son évaluation préalable de terrain assumerait les normes d'éligibilité. Car le dispositif dans son ensemble accompagne les porteurs de projet dans la conception théorique d'un projet sans erreurs. Il suffit pour eux de se l'approprier et d'en faire bon usage.

Nous ne pouvons oublier ou négliger le côté apprentissage et renforcement des compétences. Les porteurs de projet doivent se former et s'assurer d'avoir les compétences requises pour répondre aux appels à propositions sans toujours compter sur les cabinets conseils. La formation destinée aux porteurs de projet en amont de la conception des projets avant soumission à l'appel à propositions, devrait être au centre des intérêts des organismes d'octroi de subvention. De même pour les porteurs de projet, ils doivent également se professionnaliser dans le domaine en suivant des formations qualifiantes et diplomates dans le montage des projets culturels. La formation est un moyen d'accès aux apprentissages permettant de mieux comprendre les termes de référence et les spécifications techniques du programme ACP Cultures+. En analysant les questionnaires reçus, on perçoit des lacunes et des manquements de la part des porteurs de projet dans la conception de leurs projets et dans la compréhension des règles du dispositif. Par rapport à notre questionnement de départ pour cette étude, on s'étonne moins du rejet des propositions des soumissionnaires en analysant les réponses aux questionnaires.

Certes, la compréhension du programme ACP Cultures+ demande de la compétence et un savoir au regard de son contenu. Il est important de signifier que tous les porteurs de projet n'ont pas le même capital culturel ou intellectuel, il y a ceux en dehors de leurs formations universitaires ou estudiantines, ont une formation spécifique

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culturelle sur le montage des projets et le management culturels, il y a d'autres qui ont uniquement une formation universitaire ou estudiantine. Du point de vu bagage culturel ou intellectuel, tous ne sont pas logés à la même enseigne dans la compréhension et la prise en compte du programme ACP Cultures+. Cela n'empêche personne de pouvoir soumissionner les propositions, juste un peu du savoir-faire et de l'appropriation du PRAG (Pratical guide) dans la conception des projets. Ceci ne veut pas dire qu'ils sont incompétents, loin de là. Par ailleurs, le niveau d'évaluation de la proposition ou de la note de présentation de la part des institutions de subvention devrait être revu au regard de l'éligibilité des propositions des porteurs de projet des pays du Sud par rapport à ceux des pays du Nord qui ont plus d'expérience et de compétences professionnelles.

Dans un entretien14 accordé par Mme Michèle Dominique Raymond, responsable du programme ACPCultures+ pour un site internet lors du festival de cinéma de Cannes, elle déclare ce qui suit :

Nous avons pris en compte les remarques et difficultés rencontrées par les porteurs de projet pour répondre à nos appels à propositions. C'est pourquoi nous avons considérablement simplifié et allégé les lignes directrices de notre dernier appel, et notamment les critères d'éligibilité des actions soutenues. Nous avons conscience que le modèle des appels à propositions, qui sert de référence quel que soit le secteur considéré, n'est pas parfaitement adapté aux industries culturelles et encore moins au cinéma. Cependant, nous ne pouvons y déroger car si l'on souhaite que la culture soit considérée comme un secteur de l'aide au développement à part entière, alors ses opérateurs ne peuvent avoir de traitement de faveur, ni pendant la phase de dépôt de leurs projets ni au cours de leur évaluation. En outre, nombre de bénéficiaires reconnaissent que l'expérience acquise au cours du montage des projets puis dans le cadre

14 Entretien d'Olivier Barlet avec Mme Michèle Dominique Raymond, responsable du programme ACPCultures+. "LE CINÉMA A LE POTENTIEL DE CRÉER DES RESSOURCES ET DES

EMPLOIS" - See more at:
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de leur gestion, leur est bénéfique car elle renforce leurs compétences. J'aime à rappeler que la culture, si elle est le vecteur de nos expressions artistiques et de la diversité culturelle ACP, est également une industrie qui, plus que jamais, doit faire face aux contraintes économiques et maîtriser les cadres, règles et procédures existants pour assurer sa survie. Mais toutes ces considérations ne nous empêchent pas de réfléchir à l'appui que nous pourrions apporter aux opérateurs, en amont, pour les aider à finaliser leurs dossiers. Nous projetons à ce sujet d'organiser une table ronde entre bailleurs et opérateurs pour nourrir et partager ces réflexions

Des explications et des éclaircissements dont les porteurs de projets devraient prendre note et s'en approprier, dans le cadre de l'évaluation préalable de leurs propositions et de sortir des doutes qui minent leurs esprits. Un discours qui résume en mieux la démarche que devrait emprunter les porteurs de projets dans la conception et l'évaluation préalable des propositions. De la prise en compte des remarques et difficultés rencontrées par les porteurs de projets, de l'assouplissement des conditions d'accession au programme pour tous, ainsi que d'une éventuelle réflexion que le programme souhaite mener concernant l'appui à apporter aux opérateurs, en amont, pour les aider à finaliser leurs dossiers, c'est une prise de conscience de la part du programme au regard des attentes des porteurs de projets et une aubaine pour les soumissionnaires dans l'exercice de leur travail.

1.2. Limites et difficultés

La recherche scientifique comporte des normes qu'il faut suivre pour produire un travail de qualité. Dans toute production en recherche, qu'elle soit scientifique ou non, l'auteur ou le chercheur est confronté à des limites ou au moins à des difficultés dans son travail. La recherche de l'information ou la collecte des données reste le point crucial dans une étude scientifique où le chercheur, dans la quête de la vérité, doit dire le vrai, le décrire, le comprendre, expliquer cette réalité (de terrain) et la modéliser. Le chercheur, dans son travail, dépasse celui du journaliste, notamment pour des questions de

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temporalité (le chercheur ne travaille pas dans l'urgence) et de validité (la preuve est fondamentale dans la recherche) (Talbot, 2004).

Cette étude a été riche en enseignement et en apprentissage au regard du travail effectué et des rencontres réalisées durant la recherche. La contextualisation de notre problématique de recherche nous a permis de mesurer et de comprendre le niveau dans lequel s'inscrit la notion d'évaluation préalable dans un projet culturel. L'appropriation de notre thématique nous a aidés à identifier les forces et les faiblesses que rencontrent les porteurs de projet dans la conception d'un projet ou d'une action. Notre méthodologie de recherche et de travail, nous a conduits à saisir les relations qui s'établissent entre les porteurs de projet et les évaluateurs dans le cadre du dispositif les liants et à nous pencher sur un ensemble de dimensions théoriques passionnantes. Durant la construction de notre raisonnement pour ce mémoire, nous avons eu le sentiment d'aller à la limite de nos efforts de recherche. L'objectif était de réaliser un travail de qualité et de découvrir toute la richesse qui entoure la recherche, ainsi que les difficultés qui l'accompagnent.

Cette étude nous a permis de constater également que la prise en compte des données d'un dispositif favorise la compréhension de ses règles et de ses normes. Un porteur de projet qui s'approprierait le dispositif en respectant ou en suivant le cadre théorique et logique ne s'exposerait pas au rejet de sa proposition lors de l'évaluation pour l'obtention d'une subvention. Il est nécessaire de prendre en compte toutes les données présentes, d'analyser les discours et les documents mis à disposition pour ne pas être surpris. C'est dans cette perspective du respect du cadre logique seulement que le porteur de projet trouverait un écho à sa demande.

Durant ce travail, les limites et les difficultés ont été au coeur de la recherche, entre autres des contraintes d'ordre temporel, des problèmes dans l'accès aux données, le refus de communiquer de la part de certains acteurs. Du point de vue de ces limites et difficultés, nous allons partir sur trois bases de raisonnement.

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Le premier raisonnement concerne la méthode que nous avons employée pour traiter le sujet de notre étude. Il était nécessaire en effet de choisir une méthode spécifique pour aborder notre sujet de recherche : l'analyse qualitative et quantitative des documents de travail formant notre corpus et la réalisation des entretiens semi-directifs. C'était une étape importante qui nous a poussés à beaucoup lire en tenant compte des représentations et de l'interprétation des entretiens, une contribution utile et rationnelle à cette étude. Certes, d'autres méthodes de recherche auraient été utiles durant notre étude, mais le choix de celles cités en amont nous a aidés à mieux aborder notre travail et nous en sommes satisfaits.

Deuxièmement, la réflexion menée dans notre étude est le résultat à un moment donné de l'écriture et d'une méthode choisie en amont. Pour s'approprier la thématique de l'étude, nous avons lu des ouvrages choisis soit par nous-mêmes en bibliothèque, soit selon les propositions de l'encadreur, de collègues et amis, ou bien des articles parus dans des revues spécialisées ou repérés au hasard de nos lectures. Un travail heuristique et scientifique dont l'objectif était de prouver les résultats obtenus. Certes, notre étude a connu des tâtonnements, des blocages, des modifications, des lectures et relectures avec pour finalité la quête d'une vérité scientifique. Un travail scientifique de qualité repose sur des preuves et des témoignages des pairs de la recherche et des acteurs de terrain. Cela a été un plaisir de lire et d'analyser les travaux de ces auteurs pour notre mémoire. Mais il ne saurait confirmer ou affirmer une vérité réelle, car la recherche est une science sur le long terme.

Le troisième et dernier raisonnement sur les limites et les difficultés concerne la question de la temporalité qui a beaucoup joué sur notre travail. Il est certain que l'accès au terrain a été favorisé par les responsables du programme ACP Cultures+, mais la rencontre avec des évaluateurs de projets soumissionnés n'a pas été autorisée. En revanche, nous avons pu échanger avec les techniciens (Cf. le point 1.3.3 Les entretiens semi-directifs du premier chapitre de la troisième partie).

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Parler de l'appel à propositions, c'est résumer les résultats par les projets reçus, soit les projets acceptés pour subvention soit les projets rejetés ne répondant pas aux normes du dispositif. Ainsi, pour mieux mener notre enquête et produire des résultats, il nous fallait obtenir un projet accepté, support que nous avons reçu, et un projet rejeté, support qui nous a été refusé en raison de la règle de protection des données. Il faut savoir que l'analyse d'un seul projet culturel ne suffisait pas à évaluer le travail de tous les porteurs de projet soumissionnant leurs propositions. La confrontation de deux projets ou propositions, à savoir l'un accepté et l'autre rejeté, devait nous aider à saisir le degré de la compréhension des normes et règles du dispositif par les porteurs de projet. L'analyse d'un seul projet biaisait notre démarche de recherche. Nous avons heureusement analysé également le dispositif principal afin de nuancer les résultats.

Nous avons évoqué la question de la temporalité. Traiter un tel sujet de recherche en moins de douze mois n'était pas chose facile pour produire un travail de qualité. Nous nous sommes cependant efforcés de faire de notre mieux avec les matériaux disponibles. L'objectif était d'aller au plus près des porteurs de projet, sur le terrain en Afrique pour une valeur ajoutée, car la recherche signifie des données fiables ou des preuves. À défaut du terrain en Afrique, nous nous sommes contentés des questionnaires, des entretiens et des interviews qui nous ont fourni des éléments d'analyse.

Du côté de Bruxelles, la rencontre avec certains techniciens du programme n'a pu avoir lieu faute de temps et de calendrier. Mais l'accès au terrain nous été facilité et nous avons pu rencontrer quelques techniciens avec qui nous avons échangé. Le problème dans cette démarche a été l'impossibilité de rencontrer les évaluateurs ayant pour mission d'évaluer les propositions des porteurs de projet dans le cadre de l'appel à propositions. Concernant les porteurs de projet africains, c'est par l'entremise des institutions du programme à Bruxelles que nous les avons rencontrés lors des journées de formation dédiées aux bénéficiaires du programme. Par manque de financement, nous ne sommes pas allés en Afrique au plus près d'eux. Mais les échanges ont été fructueux et encourageants.

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1.3. Résultats

Dans le cadre de notre étude, les enjeux d'une évaluation préalable d'un projet culturel dans le cadre d'un appel à projets du programme ACP Cultures+ (Afrique, Caraïbes, Pacifique), nous avons analysé ce que l'évaluation produit comme normes au niveau de la conception d'un projet culturel. La description et l'analyse du cadre théorique et normatif du dispositif faisant l'objet de cette étude, en interpellant les acteurs concernés dans une finalité de production de données, nous ont permis de déterminer sur quels mécanismes les porteurs de projet s'appuient pour faire face aux exigences externes. Dans la démarche de compréhension des discours des soumissionnaires sur la conception des propositions, nous avons décelé des faiblesses de leur part dans la gestion et la prise en compte des obligations du dispositif. L'accès au terrain a été un moment déterminant pour nous pour approcher les éléments à collecter ainsi que la rencontre avec les acteurs concernés par notre étude.

Évaluer un travail ou un dispositif, c'est définir les objectifs et les ambitions d'une action tout en déterminant les mécanismes à mettre en place pour atteindre les résultats fixés en amont. Pour Françoise Campanale15, évaluer une démarche, ce n'est pas seulement mettre l'accent sur les critères de réussite, mais c'est aussi mettre l'accent sur les critères de réalisation. Il est important de signaler qu'un critère de réalisation est propre à une méthode, car un réalisateur met en place ou en oeuvre les opérations en fonction de ses propres processus cognitifs afin de pouvoir évaluer une démarche dont les mécanismes conditionnent la réussite d'un projet ou d'une action. Il est impossible de réaliser une action sans auparavant définir une méthode de travail ou des stratégies d'exécution. La définition d'une stratégie ou d'une méthode tient compte de l'évaluation préalable que le porteur de projet a réalisée en amont de toute démarche stratégique. Il est utile et important de signifier que ce qui est intéressant dans l'étude de l'évaluation préalable, est le fait ce qui est évalué ce sont les intentions, les promesses faites par le porteur de projet et les moyens qu'il envisage de mettre en place pour maintenir ces promesses.

15 Idem., IUFM de Grenoble, Cours de l'évaluation.

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Le porteur de projet dans sa démarche évaluative devrait susciter une attitude favorable auprès de l'évaluateur, en intégrant lui-même les logiques de l'évaluateur dans sa démarche, du fait qu'il ne peut pas échapper aux logiques de l'évaluation et il faut qu'il les auto-impose à sa démarche constructrice du projet.

Ainsi, évaluer une démarche, c'est décrypter le contenu d'un texte, d'un discours, des règles et des normes. Le cas du projet analyser dans cette étude à savoir, le projet culturel Circuit Art'Mattend, présente pour les initiateurs du projet une valeur ajouter dans le développement culturel des pays faisant partie de la démarche. Initié par une association culturelle togolaise, Circuit Art'Mattend représente pour le compte des acteurs culturels des payas prenant part à l'action, comme un projet fédérateur regroupant les capacités et les compétences de plusieurs associations, ainsi que les acteurs culturels membre des Etats ACP. Il est important de signifier que l'activité principale du projet passe par la création de spectacles et leur diffusion, mais aussi la constitution d'une agence de diffusion de produits culturels, la mise en ligne d'un site internet et bien d'autres activités. La conception du projet Circuit Art'Mattend serait d'après les concepteurs de l'action, un projet ambitieux, déterminant avec des propositions de professionnalisation des acteurs culturels viables et pérennes, visant l'autonomisation des parties prenantes. En soumissionnant cette proposition dans le cadre du programme ACP Cultures+, les initiateurs se sont conformés aux exigences et au respect des normes du programme. Tout projet proposé dans le cadre du dispositif ACP Cultures+ doit se soumettre aux exigences concernant l'expansion géographique du projet. Évaluer le dispositif pour l'appropriation des données de ce dernier, c'est saisir sans ambiguïté les tenants et les aboutissants de l'action à mener ou du projet à développer. L'exercice de la compréhension et d'appropriation des règles et des normes d'un dispositif permet au porteur de projet de s'enquérir des conditions de soumission d'une proposition d'action ou d'un projet pour subvention. Au centre des intérêts des initiateurs du projet Circuit Art'Mattend, la création comme une réponse à l'une des attentes du programme dans la réduction de la pauvreté et le développement humain. La nécessité de mettre en place une stratégie ou une démarche pour saisir la teneur du dispositif de subvention doit être évaluée par le porteur de projet, en s'assurant d'une démarche normative et déterminante

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dans la faisabilité de l'action. Dans ses objectifs, les actions de Circuit Art'Mattend s'étalent de l'Afrique de l'Ouest en Haïti en passant par le Togo (pays initiateur du projet), le Bénin, la France, le Ghana, la Côte d'Ivoire et le Nigéria. L'activité principale du projet passe par la création de spectacles et leur diffusion, mais aussi la constitution d'une agence de diffusion de produits culturels, la mise en ligne d'un site internet et bien d'autres activités. À travers ces actions, le projet vise à contribuer de manière active, pérenne et viable à lutter contre la pauvreté dans le secteur, créant ainsi une plate-forme entre des acteurs culturels dans la prise en mains du développement humain.

Pour décrire et analyser les résultats d'une recherche scientifique basée sur des données recueillies sur le terrain dans laquelle le dispositif représente le corpus central, le chercheur se positionne en critique avec un esprit de synthèse dans une finalité qui résulte de la situation observée. Un dispositif vise une finalité, soit l'amélioration d'une situation, soit la modification d'une réalité de terrain, soit la réorientation d'une politique ou d'un programme, soit la contribution et le soutien à des propositions visant le changement d'une philosophie ou d'une théorie particulière.

À cet effet, la gestion d'un projet culturel, quel que soit le contexte dans lequel son exécution ou son orientation sera faite, nécessite un regard évaluatif objectivant la faisabilité et la pérennité d'une action, tout en mesurant les indicateurs de réussite. Toute démarche technique ou pragmatique qui appelle des outils évaluatifs dans sa mise en route conditionne sa réussite dans une logique de pérennité des résultats fixés en amont à la conception préalable du projet. Ainsi, parler de faisabilité d'une action dans le cadre d'un projet culturel, c'est paramétrer les indices mesurables d'une réussite ou d'une approche qualifiable et quantifiable des résultats attendus.

Le dispositif mis en place dans le cadre du programme ACP Cultures+ en faveur des porteurs de projets culturels par le secrétariat du Groupe des États membres des pays ACP en partenariat avec la Commission européenne vise un objectif : contribuer à la réduction de la pauvreté en soutenant les initiatives des porteurs de projet dans le développement des industries culturelles et créatives. Un dispositif répond à des normes

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et à des règles qui nécessitent une compréhension et une analyse structurée. D'où la nécessité pour le chercheur d'avoir un esprit critique, d'analyser les mécanismes et les propositions des porteurs de projet qui répondent aux appels à propositions du dispositif.

En réglementant un processus d'évaluation dont les objectifs visent à contribuer à l'amélioration des conditions de vie, les porteurs de projet ont pour mission de respecter les conditions du dispositif pour se voir attribuer une subvention.

Un porteur de projet, en soumettant une action ou un projet dans le cadre du programme ACP Cultures+, se met en cause dans la conception de sa proposition tout en suivant les critères établis et en respectant la réglementation du dispositif. Une évaluation préalable s'impose en amont de la conception d'un projet qui vise la qualité, la fiabilité et la pérennité. Ainsi, « le travail d'évaluation préalable a vocation à se poursuivre tout au long du processus normatif afin d'affiner l'analyse des effets prévisibles16 ».

Dans cette étude, nous avons analysé les outils et les mécanismes qu'empruntent les porteurs de projet pour la conception de leurs projets, les outils représentant les normes et les règles d'une évaluation pour l'octroi d'une subvention. Le respect des critères de sélection et d'éligibilité ; la prise en compte des attentes de l'organisme de financement dans la qualité d'une proposition, tenant à la faisabilité d'une action et la compréhension des conditions préétablies dans l'évaluation préalable d'une proposition, autant des conditions pour la validation d'une proposition et de son analyse pour financement. L'une des finalités de cette logique normative, c'est la qualité. Une proposition de qualité, répondant aux critères et aux normes préétablies aurait une réponse positive. Ainsi, la qualité est une recommandation particulière pour les porteurs de projet a proposé des actions qui ont des objectifs performants (De Perrot, Wodiunig, 2008, p. 51) visant une dimension qualitative. Quand la notion de qualité est placée en avant de la conception d'un projet durant son évaluation préalable en la prenant comme

16 L'évaluation préalable: principes et enjeux. Version du 1er août 2014. Disponible sur : http://www.legifrance.gouv.fr/Droit-francais/Guide-de-legistique/I.-Conception-des-textes/1.1.-Necessite-des-normes/1.1.2.-Etudes-d-impact. (Page consultée le 15/07/2015)

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indicateur de réussite, elle permet de déterminer si les objectifs préalablement définis ont été atteints ou non et d'interpréter les résultats (De Perrot, Wodiunig, 2008, p. 51).

Dans le respect des règles et des normes du dispositif, les porteurs de projet sont obligés à définir le qualitatif dans la conception de leurs projets. Une obligation qui les incite à mettre en place des outils d'évaluation dans leurs propositions soumises à validation pour une subvention. D'où la définition particulière des contenus spécifiques et déterminants pour un projet à réaliser répondant aux attentes des instances de financement de projets, contenant ainsi des valeurs positives pour des cibles bien définies.

Concevoir, porter et évaluer la faisabilité d'un projet ou d'une action dans la finalité de contribuer à une amélioration d'une situation, c'est mesurer les retombés de ce dernier dans son environnement par évaluation des résultats. L'évaluation préalable dans la conception de son action ou de son projet permet de mettre les chances de réussite de son côté, suivant les mécanismes mis en place pour évaluer les résultats. La finalité d'une évaluation est de contribuer à l'amélioration d'un jugement de valeur (Leca, 2013) dont la nécessité oblige le porteur de projet de se positionner en acteur-innovateur de terrain. Apporter du nouveau, du jamais vu et non du déjà vu pour éviter la routine artistique. C'est le cas du projet culturel faisant l'objet de notre étude, parmi les actions, la création d'une agence de circulation des créations artistiques et du management des projets. Une proposition quasi-inexistante dans l'univers des projets culturels africains, une innovation pour les acteurs de terrain, porteurs de projet.

Aucun projet ou aucune action ne peut être enclenché sans fixer précédemment les indicateurs de réussite ou les mécanismes de faisabilité. La démarche serait vouée à l'échec comme le signifie Griggs (1984), l'objectif de l'évaluation préalable définie en amont de la conception permet d'éviter les erreurs avant qu'elles soient commises.

La prise en main des stratégies techniques à intégrer dans l'évaluation préalable, se résume dans le respect des normes définies en amont. Éviter une erreur ou des erreurs

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dans la conception de son projet, c'est avoir la maîtrise de son environnement professionnel et saisir les contraintes du terrain à exploiter. En se référant au projet faisant l'objet de notre étude, les porteurs de projet dans la conception des actions, se sont basés sur les pré-enquêtes qui leur ont permis d'analyser la situation du terrain, de définir les actions à mener tout en mettant en place les mécanismes de réussite ainsi que les indicateurs de faisabilité. Un véritable plan d'évaluation préalable est une démarche qui respecte les règles d'éligibilité suivant le programme ACP Cultures+. Le terrain représente pour les porteurs de projet le lieu par excellence de collecte des données et de la pratique avec observation. C'est dans la fixation d'objectifs (Damon, 2009) que les résultats sont définis et mesurer en réponse à une évaluation préalable stricte et ciblée.

Face aux objectifs fixés et aux résultats attendus, un porteur de projet doit accomplir, prévoir plusieurs actions : la conduite d'enquête sur le terrain les échanges avec les acteurs susceptibles d'apporter des données dans le projet à concevoir ; la confrontation des théories et des idées sur la thématique à développer durant la recherche de terrain ; la vérification des données et des éléments évaluatifs ; la prise de décision sur le terrain. C'est une démarche qui est assimilée à une étude du marché (Griggs, 1994) question de sortir des a priori, des fausses conceptions et de mettre au centre des intérêts de la recherche terrain, les réalités perceptibles. Cette étape du terrain est la première évaluation dans l'identification de son objet de ses protagonistes, et la compréhension des enjeux de son projet (Leca, 2013). La lecture du projet faisant l'objet de notre étude, les résultats de l'étude de terrain ont été le point principal pour évaluer les actions à mener, identifier les secteurs à développer et à construire les matériaux d'évaluation à long terme du projet.

Une évaluation a pour nécessité de conduire vers une amélioration de situation ou de combler un manquement à une situation observée sur le terrain. La décision d'évaluer son action en amont durant la conception, permet d'identifier des acteurs à convoquer, de construire des étapes d'avancement de la réflexion, de mettre en avant les attentes à satisfaire, de concevoir des politiques de progression chemin faisant, d'arrêter les décisions et de définir sa finalité. Le projet d'évaluation décrit un cheminement logique

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pour formuler un ensemble de questions auxquelles on est tentés de répondre (Leca, 2013), c'est cette attitude que définit le dispositif du programme ACP Cultures+ dans sa globalité et sa finalité, une méthode destinée à éclairer les choix possibles. Le projet Circuit Art'Mattend dans ces objectifs visait Objectif d'oeuvrer pour la professionnalisation dans le secteur des arts et de la culture ; d'oeuvrer pour que les acteurs culturels vivent de leur art et sortent de la précarité en Afrique et dans les Caraïbes ; de créer d'ici un (1) an, un circuit de diffusion dynamique et pérenne des arts dramatiques entre l'Afrique, les Caraïbes et l'Europe. Des ambitions qui se mélangent de l'objectif global aux objectifs spécifiques avec les résultats estimés dont la finalité est de réaliser dix (10) textes de théâtre sont écrits par dix (10) auteurs des Caraïbes et de l'Afrique ; Dix (10) textes de théâtre sont édités et publiés dans une collection dénommée « Collection ART'MATTEND » ; Deux (02) textes sont créés en Haïti et au Togo par une trentaine d'artistes ; Au moins trente (30) représentations dans sept (07) pays ; Douze (12) managers d'Afrique de l'Ouest et du Haïti sont renforcés ; Une cinquantaine d'acteurs culturels d'Afrique de l'Ouest, du Haïti et d'Europe décident d'appuyer la création d'un circuit de diffusion et de l'organisation d'un symposium dont les actes devront être publiés. Le projet Circuit Art'Mattend de ces ambitions si déterminantes ne souhaitent réaliser ces objectifs en respectant le timing de son action ainsi que l'applicabilité des exigences du programme dont il est soumit. L'atteinte des objectifs fixés en amont de la conception et de l'évaluation préalable du projet viserait aussi cette envie de toucher plus d'un millier d'acteurs culturels, de journalistes, des décideurs politiques et traditionnels, un grand nombreux public sont sensibilisés sur l'importance de la création d'un circuit de diffusion des oeuvres dramatiques en Afrique, en Europe et dans les Caraïbes. De mettre en place un (1) circuit de diffusion de spectacles est créé ; d'une (01) Agence de diffusion dénommée « CIRCUIT ART'MATTEND » et d'un site internet spécialisé dans la diffusion des spectacles qui seront crées durant la réalisation de l'action. L'analyse du projet « CIRCUIT ART'MATTEND » sur les résultats estimés, présente des garanties d'une faisabilité dans le temps avec pour finalité la création d'emploi pour les acteurs culturels associés dans le projet. Dans la lutte contre la pauvreté et pour le développement humain, plusieurs organismes et associations culturels fédèrent leurs expériences afin de proposer des actions pour contribuer un tant soit peu au

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développement de leur pays. À travers ces actions, le projet vise à contribuer de manière active, pérenne et viable à lutter contre la pauvreté dans le secteur, créant ainsi une plate-forme entre des acteurs culturels dans la prise en mains du développement humain. Mieux cadrer une réflexion et mieux orienter une décision pour se voir octroyer un financement.

Le programme ACP Cultures+ implique des normes que les porteurs de projet sont amenés à respecter et à suivre à la lettre dans la conception préalable des actions et dans la soumission pour éligibilité au financement. C'est une forme d'évaluation dont « le but est de déterminer la pertinence et le degré de réalisation des objectifs, de même que l'efficience, l'efficacité, l'impact et la durabilité des résultats en matière de développement. Une évaluation doit fournir des informations crédibles et utiles permettant d'intégrer les leçons de l'expérience dans le processus de décision des bénéficiaires et des donneurs »17. La compréhension des normes et des règles par le porteur de projet, ouvre la voie d'une réflexion positive, visant la réussite d'une démarche constructive. L'appropriation du dispositif dans l'état actuel des choses permettrait aux porteurs de projet de ne point douter de la manière dont leurs propositions sont évaluées et mesurées par les évaluateurs. Il serait de même pour tous les projets qui doivent être évalué.

En se référant au cadre logique du dispositif, l'institution financière a voulu faciliter la tâche aux porteurs de projet dans la conception et l'évaluation de leurs propositions. « Le cadre logique est un outil qui a été développé dans les années 1970 et est utilisé depuis lors par de nombreux organismes, dont l'Union Européenne dans le cadre de ses appels à propositions. La méthode du cadre logique implique la mise en forme des résultats d'une analyse de manière à présenter de façon systématique et logique les objectifs d'un projet »18. Parler de cadre logique, c'est la définir par excellence la stratégie du projet et des mécanismes à mettre en oeuvre pour parvenir à sa réussite, tout

17 Le Réseau du CAD sur l'évaluation en matière de développement. (2001). Évaluer la coopération pour le développement récapitulatif des normes et standards de référence. Deuxième édition. Disponible sur : http://www.oecd.org/dac/evaluation/dcdndep/47832438.pdf. le 03/06/2015 à 11h14.

18 Manuel cadre logique. Atelier de formation des acteurs locaux de l'eau et de l'assainissement. Pour répondre au 2ème appel à propositions de la Facilité ACP-UE. Félix Adegnika (Partenariat pour le

en sachant que, « le cadre logique n'est pas à proprement parler une méthode d'évaluation, mais plutôt un outil de conception et de conduite de projet. À ce titre, il incorpore un dispositif de suivi et d'évaluation »19.

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Source : Manuel cadre logique. Atelier de formation des acteurs locaux de l'eau et de l'assainissement. Pour répondre au 2ème appel à propositions de la Facilité ACP-UE.

En partant des objectifs généraux à l'objectif spécifique en passant par les résultats attendus pour terminer par les activités à développer, le cadre théorique fournit les éléments nécessaires à l'écriture du projet. Le cas de notre étude sur le projet culturel Circuit Art'Mattend, dont les porteurs de projet dans l'évaluation préalable de leur proposition, ont définit les intentions, leurs attentes et leurs résultats dans la lecture d'un cadre logique exiger par les programme ACP Cultures+. En suivant la logique établie ou les normes préétablies, les porteurs de projet seront à mesurent de mieux adapter leurs démarches et leurs soumissions. Le dispositif présente des éléments essentiels pour bien construire les indicateurs susceptibles de mesurer un projet ou des actions à mettre sur pied. Un support de travail pour éviter les erreurs et se conformer aux exigences de l'institution financière. Une proposition ou une soumission dont l'évaluation préalable est

19 VAL, centre de ressource en évaluation. Disponible sur : http://www.eval.fr/Pages/cadrelogique.aspx le 15/07/2015.

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faite en amont, offrirait des résultats mesurables. Car une évaluation c'est une « appréciation systématique et objective d'un projet, d'un programme ou d'une politique, en cours ou achevé, de sa conception, de sa mise en oeuvre et de ses résultats »20.

Les évaluateurs des propositions soumissionnées par les porteurs de projet ont mission de « déterminer la pertinence et le degré de réalisation des objectifs, de même que l'efficience, l'efficacité, l'impact et la durabilité des résultats en matière de développement »21. Sans cela, le projet se verrait rejeté, car « une évaluation doit fournir des informations crédibles et utiles permettant d'intégrer les leçons de l'expérience dans le processus de décision des bénéficiaires et des donneurs »22. Car pour eux, la finalité d'une évaluation est « d'améliorer les politiques, programmes et projets des années futures grâce à la prise en compte des enseignements tirés du passé ; de fournir des éléments en vue de la justification des actions menées, avec des informations destinées au public »23.

La disponibilité des données nous a permis de conduire notre enquête et de formuler le travail de cette étude que nous ne qualifions pas d'expert, mais heuristique pour la recherche. Ces résultats de notre recherche ne concernent cependant qu'un corpus restreint qu'il faudrait étoffer à l'avenir pour pouvoir disposer de données plus représentatives.

20 Le Réseau du CAD sur l'évaluation en matière de développement. Évaluer la coopération pour le développement récapitulatif des normes et standards de référence. Deuxième édition. OCDE. Disponible sur : http://www.oecd.org/fr/cad/evaluation/49898837.pdf le 15/07/2015

21 Idem. Disponible sur : http://www.oecd.org/fr/cad/evaluation/49898837.pdf le 15/07/2015

22 Idem. Disponible sur : http://www.oecd.org/fr/cad/evaluation/49898837.pdf le 15/07/2015

23 Idem. Disponible sur : http://www.oecd.org/fr/cad/evaluation/49898837.pdf le 15/07/2015

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CONCLUSION GÉNÉRALE

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L'évaluation n'est plus seulement dans l'amélioration de l'existant, que ce soit le produit, en termes de correction, les stratégies de fabrication du produit en termes de remédiation externe ou d'auto-régulation interne au sujet et guidée de l'extérieur comme dans la cybernétique, mais une démarche contribuant à l'auto-évaluation d'une action. On n'est plus dans le "faire mieux" mais aussi dans le "faire autrement", la réorientation, la régulation de divergence, du projet initial et pas seulement du programme (Vial, 2002). L'évaluation n'est pas seulement une démarche de sanction ou une amélioration d'une situation, mais aussi un moyen de mieux réorienter une politique, un programme voire une décision.

Dans cette étude que nous avions menée, nous nous sommes intéressés à l'évaluation préalable avec pour thématique les enjeux de l'évaluation préalable dans un projet culturel, le cas de l'appel à propositions du programme ACP Cultures+ (Afrique, Caraïbes, Pacifique).

Certaines questions et préoccupations annoncées en introduction générale, puis développées tout au long de la partie théorique, ont pu trouver des réponses. D'autres par contre, resteront en réflexion dans la poursuite d'une nouvelle recherche. Ce mémoire de fin d'études a eu pour objectif d'analyser les enjeux d'une évaluation préalable d'un projet culturel répondant aux normes et exigences d'un programme de subvention, le cas d'appel à propositions de l'Union européenne en partenariat avec le Secrétariat des Etats ACP.

Concevoir et soumettre une action ou un projet culturel pour une subvention, qu'elle soit nationale ou internationale, exige de la compétence, de la technique, une méthodologie pragmatique et la maîtrise de l'environnement. Un savoir en plus pour mieux conduire une action et une démarche utile pour déterminer le bien-fondé de la structure théorique d'un projet ou d'une action en évaluant les objectifs fixés, en mesurant les résultats et en justifiant la finalité de l'action. Comme signifié et démontré dans la partie théorique de ce mémoire, un projet viable et fiable nécessite une évaluation préalable, respectant les mécanismes de la conception en amont de toute enquête. Le

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sociologue Martucceli (2010) explique que l'évaluation augmente l'efficacité des bonnes pratiques parce qu'elle permet de faire émerger par comparaison des idées pragmatiques et pratiques dans une conception respectant les normes fiables. L'efficacité d'un projet se détermine par le processus d'évaluation que le porteur de projet s'en approprier pour procéder à l'émergence de ces résultats, ainsi, l'évaluation préalable reste le centre de la réussite de l'action.

L'évaluation préalable représente pour les porteurs de projet le fondement de la conception d'une action quel que soit le domaine d'exercice. Savoir évaluer et mesurer une action ou un projet, c'est déterminer les enjeux d'une éventuelle modification ou d'une amélioration d'une situation précise. Comme nous l'avions signifié dans la partie théorique de ce mémoire, l'évaluation préalable d'un projet ou d'une action permet d'éviter les erreurs avant qu'elles ne soient commises, selon Le Marec (1996).

Dans cette recherche, j'ai axé mon travail de mémoire sur la description et l'analyse du dispositif principal de l'objet de l'étude : le programme ACP Cultures+ en s'appropriant du PRAG (Pratical guide), le document descriptif du programme.

Au coeur du programme analysé, la description de manière détaillée du dispositif en mettant l'accent sur les normes et règles d'une proposition des porteurs de projet, pour accéder à une subvention destinée à soutenir le développement des industries culturelles dans les pays ACP. Les mesures et les indicateurs présentés dans le document permettaient aux porteurs de projet de se projeter techniquement et professionnellement dans la conception d'un projet ou d'une action en suivant les conditions établies. Le respect d'un cadre logique préétabli avec la définition des objectifs, des résultats et des activités à développer contenu dans le PRAG, définit le parcours constructif dont devrait suivre les porteurs de projet dans la conception de leurs propositions.

Le porteur de projet dans la conception de son action ou de son projet, est sensé décrire et déterminer la logique d'intervention à réaliser, définir les indicateurs objectivement vérifiables, présenter les sources et moyens de vérification et enfin les

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hypothèses dans une évaluation dite préalable pour répondre de manière fiable à l'appel à propositions et en avoir accès.

Dans le même d'ordre d'idée, nous avons également analysé les enjeux d'une évaluation préalable d'un projet culturel en amont de la conception en le décryptant, question de comprendre les mécanismes emprunter ou utiliser par des acteurs culturels de terrain avant de pouvoir soumissionner son action ou sa proposition. Nous avons résolu de mener des enquêtes afin de vérifier nos hypothèses de départ et de répondre à la problématique que nous nous sommes posées en amont. Il faut signaler que c'est à partir de la mise en évidence des appréhensions, des doutes ou des interrogations des porteurs de projet et de l'analyse du dispositif accordant une subvention à des propositions de soumissionnaires que nous aller à la rencontre acteurs de terrain.

L'objectif de notre recherche était de pouvoir étudier les acquis, les expériences, les connaissances et les compétences des porteurs de projet dans la conception et la soumission d'une proposition d'action ou de projet en partant d'une évaluation préalable. Examiner la manière dont les acteurs de terrain appréhendent la notion d'évaluation préalable ainsi que les règles concernant l'octroi de la subvention, et de comprendre comment l'évaluation est menée au sein de l'organisme d'octroi de subvention. D'autre part, il était nécessaire de vérifier les compétences techniques des évaluateurs des propositions de porteurs de projet, de connaître leurs compétences, leurs bagages culturels ou artistiques, leurs décisions à l'issue de l'évaluation des propositions. Une description et une analyse technique ont été faites dans la partie théorique de ce mémoire, en réponse à nos questionnements et préoccupations de recherche.

La question en amont de cette recherche était : « Pourquoi les porteurs de projet doutent-ils du système d'évaluation des projets soumissionnés dans le cadre du programme ACP Cultures+, craignant que leur projet soit rejeté ? ». Sa finalité était de comprendre par la comparaison des discours professionnels et techniques, et par l'analyse des données, sur les attentes des porteurs de projet et des évaluateurs. Cette démarche a suscité des réflexions poussées et des raisonnements critiques pour des approches

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constructives, voire normatives. Aucune hypothèse n'a été négligée dans la mise en forme des données et des théories, suivant l'écriture de ce mémoire.

Au cours de cette étude, nous avons exploré de multiples pistes de recherche, utilisé des méthodes standards d'enquêtes pour accéder aux données afin de constituer notre corpus puis d'analyser les résultats recueillis. À cet effet, l'accès au terrain été favorable du côté Bruxelles, sachant qu'avant de recueillir et collecter les données de l'étude, nous avons réalisé des pré-enquêtes qui nous ont permis de mieux nous orienter dans ce travail.

A cet effet, je suis passé par la phase questionnaire et des entretiens semi-directifs afin de recueillir des informations, des données en sus de la documentation obtenue par internet ainsi qu'en bibliothèque. Si la méthode du questionnaire a permis de pénétrer efficacement les dimensions cognitives et réflexives des porteurs de projet ou acteurs de terrain et de définir leurs visions face au dispositif ACP Cultures+, peu importe le nombre de réponses obtenues, l'option entretiens physiques et téléphoniques en revanche, dite coûteuse en temps, en énergie et en disponibilité, s'est révélée insatisfaisante et pas assez conséquente pour valider nos hypothèses. Le manque de temps des acteurs de terrain et des techniciens du programme pour répondre à nos demandent tient lieu au timing. Certes, nous avons pu rencontrer quelques acteurs et techniciens, mais insuffisant pour évaluer nos objectifs et nos attentes fixés en amont.

La force de cette étude dans l'accès aux données, c'est la pré-enquête qui nous a permis de définie notre thématique de recherche et de bien cibler les acteurs de terrain pour une meilleure collaboration.

L'échec des entretiens physiques et téléphoniques, en particulier auprès des techniciens du programme, excepté un entretien était dû à une question de timing, sachant que nous nous y étions pris un peu tard. Mais pour le public d'enquêtés, comme décrit dans l'interprétation des résultats, à savoir les porteurs de projet et les techniciens du programme, le fond de la réflexion reste le même ; ce qui change, ce sont des pratiques

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techniques et des méthodes pragmatiques. Du coté des techniciens du programme, dits évaluateurs, leurs apports devraient permettre de pénétrer le milieu pour mieux comprendre leurs positionnements et leurs déterminations dans le choix des projets. Mais hélas, nous avons dû juste avoir recours au document principal des directives de subvention, faute de disponibilité. Ceci nous aurait aidés en effet à répondre à d'autres questions de recherche et surtout à bien cibler les résultats pour une éventuelle recherche future.

Par ailleurs, concernant notre démarche méthodologique sur l'enquête, l'insuffisance des réponses obtenues au questionnaire pourrait s'expliquer par la formulation des questions qui étaient parfois longues et complexes. Nous avons bien conscience que ces possibles longueurs ont dû décourager certains porteurs de projet ou des techniciens du programme. Qu'à cela ne tienne, les résultats obtenus ont pu nous aider à décrypter, à analyser les situations et à répondre à la question de départ. Au travers des résultats analysés des acteurs de terrain et des techniciens du programme, se ressentent le doute dans des réflexions, des incertitudes de la part des porteurs de projet, de l'encouragement et de la levée des doutes de la part des techniciens du programme. Mais ce qui les rassemble, c'est l'idée de bien évaluer son projet ou son action dans l'espoir que ce projet ou cette action soit subventionné.

L'objectif fixé en début de recherche était de parvenir à préciser les inquiétudes des porteurs de projet dans la soumission des propositions pour subvention, d'évaluer les mécanismes d'octroi de subvention du programme, de vérifier et d'évaluer les compétences des porteurs de projet dans la conception des projets ou des actions culturels. Suite à notre question de départ et à nos hypothèses posées en amont de la recherche, des échecs ont anéanti nos efforts durant la phase d'enquête, d'où l'impossibilité de valider à 100 % les résultats. Mais quelques résultats obtenus durant les enquêtes nous ont aidés à analyser le dispositif et à apporter des approches de raisonnement dans la construction théorique de ce mémoire.

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Les porteurs de projet, dans la conception de leurs propositions ou de leurs actions, sont soumis au respect des conditions préétablies, aux normes définies par les institutions octroyant des financements, en passant par une évaluation préalable répondant aux attentes de ces institutions. En dépit du manque de compétences professionnelles, de l'absence de maîtrise de la conception du cycle d'un projet selon les attentes des institutions, les porteurs de projet sont des acteurs de terrain qui contribuent de manière déterminée et volontaire au développement culturel de leur environnement, en luttant contre la pauvreté. Peu importe le projet proposé, les institutions octroyant du financement devraient aussi tenir compte de l'action ou des actions à mener, tout en mesurant les garanties présentées et les objectifs de ces actions.

En analysant les questionnaires et les interviews réalisés durant la phase d'enquête se lit entre les lignes la volonté des porteurs de projet de proposer de bonnes actions et de bons projets, mais au final, persiste la même réponse ou le même reproche, « inadéquation du cadre logique, insuffisances dans le bilan, impertinence dans l'impact du projet »24 . Il n'en demeure pas moins que les porteurs de projet ont du mal à s'approprier le cadre logique ou le dispositif de manière générale. En revanche, ils ont des qualités et de l'expérience qui leur permettent de construire des projets susceptibles de répondre aux attentes de la population ou de l'environnement à exercer, tout en créant de l'emploi durable.

Le chemin de l'évaluation préalable dans la conception des projets culturels est loin de révéler toutes ses vérités, sachant qu'un seul projet subventionné a pu être étudié, hors l'analyse d'un projet rejeté ou des notes d'explications de la part de l'administration contractante devrait peut-être révéler d'autres éléments essentiels pour notre étude.

À défaut de conclure par une réflexion définie pour ce mémoire, notre recherche n'en garde pas moins sa portée heuristique et pourra dans l'avenir servir de base à une nouvelle recherche ou de réflexion pour de futures études.

24 Cf. Questionnaire du porteur de projet, AHOUNOU Moustapha Patrice du Bénin, n° 5. Annexe.

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ANNEXES






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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus