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Les enjeux d'une évaluation préalable d'un projet culturel. Cas de l'appel à  propositions du programme ACP cultures+ (Afrique, CaraàŻbes, Pacifique).

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par Eric LOEMBET
Université Lille 3 - Charles de Gaule - Master 2 - Recherche 2015
  

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3.3.9. L'évaluation en milieu médical : évaluer l'état de santé du patient

Établir le bilan de santé d'un patient en milieu hospitalier, comme le souligne l'économiste Henriette Gardent (2001) c'est évaluer les capacités cliniques d'un malade, de la prise en charge multidimensionnelle de sa santé de la personne (fonctionnel, nutritionnel, mental, psychologique, relationnel, pathologies et autres). Ainsi, la pratique d'un examen clinique sera le couronnement du recueil d'informations, qui va permettre aux personnels soignants de porter jugement et de faire une évaluation pour son bien-être. Quel que soit son objectif, toute action d'évaluation repose sur un recueil d'informations, suivi d'une analyse et d'une présentation synthétique des conclusions auxquelles la procédure aboutit (Gardent, 2001). C'est un travail qui s'effectue de manière permanente en milieu hospitalier par les agents de santé pour améliorer les conditions de vie des malades.

L'intérêt d'une vie saine pour l'homme reste la préoccupation des objectifs des personnels médicaux, qui ont les capacités et les aptitudes nécessaires pour prendre soin des malades. Remédier à la situation sanitaire des patients, c'est améliorer les objectifs suivant les résultats des examens. Nous sommes dans le processus de l'évaluation d'un projet ou d'une action avec des objectifs préétablis à l'avance, des résultats fixés en amont et les finalités d'une projection préalablement conçues tenant lieu d'indicateurs quantifiables et qualifiables. L'évaluation est omniprésente dans le milieu médical depuis les examens médicaux (objet à évaluer) pour les patients jusqu'à l'évaluation des compétences et qualités des personnels médicaux (évaluation sommative), en passant par les organismes en charge d'accueillir les patients (performance évaluative), dans une démarche de mesure, qualité et jugement des résultats.

Évaluer est une nécessité qui oblige les évaluateurs à donner le meilleur d'eux-mêmes sans se transformer en donneurs de leçons. L'évaluation, dans un idéal absolu, est une démarche qui devrait permettre d'améliorer l'efficacité du processus de décision (Gardent, 2001), de refixer les objectifs, de remettre les indicateurs à l'heure de la réalité et d'éviter l'inattendu.

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3.3.10. L'évaluation dans les politiques culturelles

L'évaluation des politiques culturelles dans une nation symbolise le rayonnement de l'image du développement interne des industries culturelles et créatives du pays vers l'extérieur. Une image rayonnante vers l'extérieur grâce à la force de la créativité portée par les acteurs-créateurs peut valoriser la création d'emplois dans le milieu de la culture. Une bonne politique culturelle répond aux normes et aux mécanismes nécessaires pour porter haut le niveau des résultats fixés, tout en apportant une valeur ajoutée dans la vie économique du pays. La mise en place des mécanismes qui accompagnent les politiques culturelles passe par des concertations nationales, départementales, voire régionales, afin de recueillir des données à mesurer sur ce qui se fait sur le terrain et sur ce qui se fera dans un avenir proche.

Pour les acteurs de terrain, l'évaluation est la bête noire de l'exercice de leurs fonctions. Comme le souligne le sociologue Patrice Duran (1999), rendre compte des financements obtenus pour le développement d'un projet est une action que refusent les acteurs culturels, ils ont du mal à accepter du fait que l'évaluation est une machine dévoreuse de temps de travail et nécessitant de la disponibilité pour se prêter au jeu. En sus des obligations que demande la gestion du projet, les acteurs de terrains se voient encore attribuer autres missions, celles de rendre compte et de se justifier sur les subventions obtenues. Pour les acteurs de terrain, l'évaluation demande également de l'expertise extérieure au projet et sollicite les énergies dans sa globalité : « Levier de changement et d'optimisation des projets, elle représente aussi et surtout un enjeu de démocratie dans l'optique de "rendre compte" au citoyen de l'utilisation de l'argent public. Pourtant, la question de l'évaluation fait largement débat dans le secteur culturel. On la dit dévoreuse de temps et d'énergie, coûteuse et réclamant une expertise difficile à mobiliser ; on croit deviner derrière ses beaux atours l'ombre des logiques d'audit et de contrôle ; et surtout on la considère comme inadaptée au champ artistique, où règnent le sensible et le subjectif... bref, le non quantifiable »8. Plusieurs d'acteurs de terrain se pressent dans leurs propres pièges sur la manière ils doivent concevoir l'évaluation ou de la manière dont ils doivent réaliser l'évaluation. Patrice Duran insiste dans ces propos, que c'est une démarche de « rendre compte » à celui qui a donner de l'argent ou à

8 Arcadi. « L'évaluation dans le secteur culturel, entre exigence démocratique et efficacité décisionnelle », colloque, 2 avril 2010, en partenariat avec la Société française de l'évaluation ( www.sfe-asso.fr), Paris, Comptoir général. L'Arcadi a pour mission de soutenir la création artistique, de favoriser la diffusion des oeuvres et d'aider au développement d'actions artistiques dans les domaines de la chanson, de la danse, de l'opéra, du théâtre et du multimédia en Île-de-France. Il a aussi des missions d'information, de conseil, de mutualisation, d'observation, au bénéfice de tous les acteurs de la vie artistique et culturelle d'Île-de-France.

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subventionner l'action ou le projet. S'en passer, c'est refuser de voir la vérité en face de soi et admettre le recule dans le management des projets.

La pratique de l'évaluation dans le secteur culturel est comme un outil de pilotage et d'aide à la décision, permettant aux acteurs de s'approprier les outils pour mieux conduire et administrer les projets, et de rectifier si besoin les objectifs. Savoir piloter un projet, c'est savoir évaluer son action dans une temporalité fixe tout en respectant les décisions qui seront prises lors de la révision des indicateurs et de la réorientation des mesures. Ainsi, les porteurs de projet font appel à l'ajustement pour une décision qui doit s'orienter vers la planification et l'adaptation des projets, devenant ainsi la plaque tournante de toute évaluation dans les politiques culturelles. Les évaluations sont donc menées au regard d'un référentiel normatif de l'évaluation des politiques publiques (pertinence, cohérence, efficience, efficacité) auquel est adjointe l'évaluation de principes et/ou d'éléments de démarche que ces programmes souhaitent promouvoir (démarche ascendante, caractère innovant, démarche participative...). Cette évaluation va surtout se baser sur la comparaison (Duran, 1999, p. 169) entre les objectifs d'une part, les réalisations et les résultats d'autre part (Xavier Pastau et Patrick Smith, 2009). Sans une comparaison des objectifs fixés en amont au regard des réalisations et des résultats obtenus, l'évaluation n'a plus sa place dans la gestion des projets ainsi que dans la mesure des résultats visant le développement des politiques culturelles.

En France par exemple, la politique culturelle a connu un développement continu depuis la création du ministère Malraux en 1959. Depuis lors, l'État y consacre près de 1 % de son budget, soit 2,8 milliards d'euros. Les collectivités, de leur côté, se sont largement emparées du sujet et dépensent globalement 7 milliards d'euros pour des activités culturelles. On pourrait penser que, là comme ailleurs, la démarche évaluative suit son chemin, tâtonnant mais déterminé (Lucas, 2009), un choix fait par les décideurs politiques dans l'accompagnement et le soutien à apporter à la culture, quel que soit le secteur d'exercice. Sans évaluation, il serait impossible de justifier la faisabilité ou la réalisation d'une action qui se veut capitale dans l'économie de la culture. Elle est indispensable pour valoriser les acquis évaluables dans une finalité de faisabilité.

Bien que l'évaluation des politiques culturelles en France se porte bien, plusieurs questions reviennent en boucle pour une meilleure prise en charge du secteur par les décideurs : « Comment ces phénomènes s'inscrivent-ils dans une perspective de

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développement culturel durable ? En quoi participent-ils à l'épanouissement des individus, au vivre ensemble et à la diversité culturelle ? Dans quels termes se pose aujourd'hui la question de l'accès à l'art et à la culture ? Comment les différentes formes de culture présentes dans la société entrent-elles en interaction ? Quel rapport associe la culture à l'éducation, à l'économie, au social, à l'urbain ? Quels sont les enjeux, les obstacles et les interrogations soulevés par ces relations transversales ? Quelle place la société fait-elle à l'art et aux artistes ? Ces questions de fond sur les enjeux culturels de notre époque en appellent d'autres sur la gouvernance des affaires culturelles. Autour de quelles règles du jeu faut-il recomposer l'action de l'État et des collectivités territoriales en faveur de la culture ? Quelle est la responsabilité des acteurs culturels et de la société civile dans ce débat ? Compte tenu de ces questionnements, quel nouveau contrat pourrait associer État, pouvoirs locaux et acteurs culturels et quel sens convient-il de lui donner ? ».9

Une évaluation sur le fond et sur la forme pour les politiques culturelles, dans un pays où la culture apporte un peu plus dans la vie des acteurs du terrain.

9 Observatoire des politiques culturelles. « Vers un nouveau contrat pour les politiques culturelles territoriales ? », un tour de France et d'Europe à l'occasion des 20 ans de l'OPC, 2009. Disponible sur : http://www.observatoire-culture.net/fichiers/files/programme des 20 ans de l opc telecharger 2.pdf

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle