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Restauration des écosystèmes dégradés de l'aire marine protégée de Saint-Louis par l'immersion de récifs artificiels et le reboisement de la mangrove. Impacts sur la biodiversité marine et côtière (Saint-Louis, Sénégal).

( Télécharger le fichier original )
par Momy SECK
Université de Thiès - Master 2 en Gestion des Aires Protégéés et de la Faune 2016
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE DE THIES

INSTITUT SUPERIEUR DE FORMATION AGRICOLE ET RURALE (ISFAR) EX ENCR DE BAMBEY

DEPARTEMENT DE PRODUCTIONS FORESTIERES

Titre du mémoire : Restauration des écosystèmes dégradés de l'aire marine protégée de Saint-Louis par l'immersion de récifs artificiels et le reboisement de la mangrove : impacts sur la biodiversité marine et côtière (Saint-Louis, Sénégal).

Mémoire présenté et soutenu publiquement le 22 juin 2016

pour l'obtention du diplôme de Master

Spécialité : Gestion des aires protégées et de la faune (GAPF)

par

Mlle Momy SECK

1ère Promotion Master GAPF 2014-2016

Directeur de Mémoire Co-Directeur de Mémoire

Dr Serigne Modou SARR Capitaine Mignane SARR

Enseignant-chercheur DPF/ISFAR Conservateur AMP-Saint-Louis

JURY

Président : Dr Mouhamed Camara : Enseignant-chercheur, ISFAR/UT

Examinateur 1 -Pr Cheikh Tidiane BA : Enseignant-Chercheur, FST/UCAD

Examinateur 2 -M. Birahim Fall : Enseignant-Chercheur, ISFAR/UT

Directeur de Mémoire -Dr Serigne Modou SARR : Enseignant-Chercheur, ISFAR/UT

Co-Directeur de Mémoire -Cne Mignane SARR : Conservateur AMP Saint-Louis

Année académique : 2015-2016

II

Dédicaces

A toi PAPA : tes prières m'ont toujours accompagnée. Qu'ALLAH te donne une longue vie et une excellente santé afin que je puisse réaliser mes projets envers toi ;

A toi MAMAN : pour tout le courage dont tu as toujours fait preuve et l'éducation que tu as inculquée à tes enfants. Ceci est le fruit de tes prières. Que Le Bon Dieu te donne une longue vie avec une excellente santé ;

A toi Grand-mère : j'ai une chance immense de t'avoir comme grand-mère. Que Dieu te garde encore aussi longtemps parmi nous. Puisses tu retrouver la santé, tu es la plus mimi ma Mamie. On restera ensemble ici pour la vie ;

A toi Grand-père : J'ai beaucoup de chance de t'avoir comme papi, tu as un coeur en or, tes prières m'ont toujours accompagnée. Continue à être notre papi pour toujours. Qu'ALLAH veille sur toi ;

A vous mes frères et soeurs : recevez ici toute ma reconnaissance pour l'unité et la fraternité dont vous avez fait preuve. Que Le Bon Dieu nous garde encore unis, dans le bonheur, la prospérité et la réussite. Puisse ce travail vous servir d'exemple afin de mieux faire ;

A vous mes oncles : J'ai les plus beaux et les plus gentils tontons, vous avez toujours été là près de nous pour nous soutenir et nous encourager. Pour vous mes oncles que j'aime, je vous dédie ce travail qui est le fruit de vos prières. Vous êtes mes idoles, que Dieu nous garde unis à jamais ;

A toi mon bien aimé : pour le soutien et la patience que tu as toujours eus à mon égard et surtout durant cette formation. Que Le Bon Dieu nous garde unis ;

A tous mes amies et amis, je veux citer particulièrement Papa Assane Sané. A vous ma famille SECK, MBAYE, NIANG, FALL, NDIAYE.

III

Avant-propos

Ce document est le résultat d'un stage de recherche de treize semaines effectué à l'Aire Marine Protégée de Saint-Louis (AMP-SL). Ayant déjà capitalisé une expérience dans la gestion des AMP, nous avons choisi ce domaine pour effectuer le travail de recherche inclus dans notre formation à l'ISFAR de Bambey. Ce présent mémoire rentre dans le cadre de l'obtention du diplôme de fin d'études de Master en Gestion des Aires Protégée et de la Faune (GAPF). Le choix du sujet est en effet directement issu d'un échange avec l'ancien secrétaire générale du comité de gestion Maïmouna Diouf lors d'une réunion avec différents acteurs de l'AMP en Septembre 2014. Des reformulations ont été apportées par mes encadreurs afin de mieux recadrer le sujet. Sur le terrain, des difficultés n'ont pas manquées de surgir. Elles concernent particulièrement l'intégration au sein des pêcheurs de la commune de Saint-Louis pour la réalisation de l'interview, la disponibilité de certains membres du comité scientifique et technique pour recueillir leur point de vue ainsi que la disponibilité des données fiables et accessibles relatives à l'évaluation des impacts de l'immersion de récifs artificiels.

iv

Remerciements

Gloire à ALLAH, l'Unique, le Créateur, le Demeurant, certes la Louange est à ALLAH, nous le louons, implorons Son Secours et Lui demandons le pardon. C'est Lui qui fait savoir à l'homme ce qu'il ne savait pas et c'est Lui qui nous a aidés à réaliser ce travail.

Nous ne pouvons ignorer l'effort de certaines personnes. Sur ce, j'adresse mes remerciements aux personnes qui m'ont aidée dans la réalisation de ce modeste travail. Plus particulièrement je remercie Monsieur le Recteur de l'université de Thiès, Monsieur le Directeur de l'ISFAR. Je remercie aussi Monsieur Birahim Fall, Directeur des études à l'ISFAR de BAMBEY pour ses conseils bienveillants, ses prières et encouragements et ses nombreux efforts pour former les meilleures élites d'Afrique en Gestion des Aires Protégées et de la Faune (GAPF).

Je tiens à remercier vivement le Capitaine Mignane SARR ancien conservateur de l'AMP, en tant que Co-Directeur de mémoire, il m'a guidée dans mon travail et m'a aidée à trouver des solutions pour avancer.

J'adresse mes remerciements à mon Directeur de mémoire Dr. Serigne Modou SARR pour le partage de son expertise, ses encouragements et ses nombreux efforts pour la réussite du Master GAPF.

Mes remerciements à tous les membres du jury, Pr Cheikh Tidiane Ba (Enseignant-Chercheur, FST/UCAD), Dr Mouhamed Camara (Enseignant-Chercheur, ISFAR/UT), Dr Serigne Modou SARR (Enseignant-Chercheur, ISFAR/UT), M. Birahim Fall (Enseignant-Chercheur, ISFAR/UT), et Capitaine Mignane SARR (Conservateur AMP Saint-Louis).

Mention spéciale à toute l'équipe de l'AMP-SL pour leur accueil, leur esprit d'équipe et en particulier Capitaine Paul Moïse DIEDHIOU, LT Ousmane NDIAYE, Sergent Ibrahima Ndiaye, GPN Babacar NDOUR qui m'ont beaucoup aidée à la rédaction de ce document. Mes remerciements vont aussi à l'endroit des agents de sécurité et de proximité de l'AMP qui m'ont toujours accompagnée dans les missions de terrain.

Mes remerciements aux différents membres du Comité de Gestion de l'AMP de Saint-Louis à dont le président M. Malick Dieng et les partenaires à travers M. Omar Diouf Fish for life et M. Diamé Ndiaye Service des pêches, pour leur disponibilité, leur collaboration lors des entretiens avec une mention spéciale à Mme Maïmouna Diouf ancienne Secrétaire du bureau de ce Comité et à Mr

V

Ahmet Sène DIAGNE président de la commission suivi et aménagement, aux membres du comité scientifique et technique qui m'ont aidée en me fournissant des informations précises lors de l'entretien, je veux citer particulièrement Dr Farokh NIASS, Dr Justin KANTOUSSAN, M. Amadou Ly pour tout le matériel mis grâcieusement à ma disposition et Dr Labaly TOURE de l'Université Gaston Berger de Saint-Louis.

Je remercie aussi le Colonel Abdoulaye Diop, Directeur des Aires Marines Communautaires Protégées du Sénégal, le Colonel Mandiaye Ndiaye Conseiller du Ministre de l'environnement, le Capitaine Mamadou Ndiaye Conservateur de l'AMP de Joal, et tout le personnel de la Direction des Aires Marines Communautaires Protégées.

Enfin, je tiens à remercier toutes les personnes qui m'ont prodiguée et relue le rapport de stage, ma famille, les élèves ingénieurs de l'ISFAR particulièrement Demba Ndong, mes camarades de promotion Soumaya FALL, Mariama FAYE, Khadidiatou FAYE, Eric Arnaud DIATTA, Amadou Faye DIEDHIOU, Samba Sarr GUISSE et Elhadji Mar DIOP.

vi

Résumé

La dégradation des écosystèmes marins et côtiers entraînant ainsi la perte de la biodiversité halieutique a permis aux gestionnaires de l'Aire Marine Protégée de Saint-Louis (AMP-SL) d'effectuer des activités de restauration. Ces activités d'aménagements ont été possibles avec le financement des partenaires financiers. Ainsi, des récifs artificiels de type artisanal ont été confectionnés et immergés dans l'AMP, et cinquante-cinq hectares de mangrove ont été reboisées dans la zone périphérique de l'AMP. C'est dans ce cadre que cette étude s'est intéressée aux impacts de ces activités sur la biodiversité marine et côtière. Pour déterminer ces impacts, nous avons procédé à une analyse comparative des résultats de l'état de référence de 2009 et de la pêche expérimentale de 2015 ; mais aussi des entretiens avec les gestionnaires et partenaires de l'AMP. Cette évaluation a aussi fait l'objet d'enquêtes auprès des pêcheurs de la commune de Saint-Louis, avec un échantillon de 97 unités de production (un pêcheur par unité de production) et auprès des femmes transformatrices des huîtres de la commune de Ndiébène Gandiol (village de Diél Mbam), avec aussi un échantillon de 37 femmes, ainsi qu'une expérience d'évaluation de la productivité de la mangrove en terme de ressources malacologiques. Les résultats obtenus ont permis de montrer que l'immersion de récifs est jugée non satisfaisante par les pêcheurs interrogés, contrairement au reboisement de la mangrove considéré comme satisfaisant par les femmes transformatrices des huîtres. Néanmoins, nous avons noté une évolution des taxons et du poids des captures au niveau de l'AMP lors des pêches expérimentales. Des indicateurs de suivi des activités de restauration des écosystèmes ont été proposés. En somme, cette étude nous a permis de montrer que l'immersion des récifs artificiels et le reboisement de la mangrove ont des impacts relativement positifs sur la biodiversité marine et côtière.

Mots-clefs : dégradation ; restauration ; écosystèmes ; récifs artificiels ; mangrove ; biodiversité

Abstract

Degradation of marine and coastal ecosystems, causing loss of fish biodiversity has enabled the

Marine Protected Area managers of Saint-Louis (MPASL) to conduct restoration

activities. These activities amenities were possible with funding from
financial partners. Thus, artificial reefs artisan type were made and immersed in the

MPA, and fifty five hectares of mangrove have been reforested in the peripheral area of the

MPA. It is in this context that this study examined the impacts of these activities on

marine and coastal biodiversity. To determine these impacts, we conducted a
comparative analysis of the results of the baseline of 2009 and the experimental

fishery in 2015; but also interviews with MPA managers and partners. This evaluation
also investigated from the fishermen of the town of SaintLouis, with a sample of 97 production units (a fisherman per unit of production) and among women processors of

oysters of the common Ndiébène Gandiol (village of Diel Mbam), also with a sample of
37 women, as well as experience of assessing the productivity of mangroves in terms of molluscan resources. The results have shown that immersion reefs is considered unsatisfactory by the fishermen interviewed, unlike the mangrove reforestation

considered satisfactory by women processors of oysters. However, we have noted an
evolution of the taxa and catch weight at the AMP during experimental fisheries. Monitoring indicators of ecosystem restoration activities have been proposed. In sum, this study allowed us to show that immersion of artificial reefs and mangrove reforestation have relatively positive impacts on marine and coastal biodiversity.

vii

Keywords: degradation; restoration; ecosystems; artificial reefs; mangroves; biodiversity

VIII

Liste des sigles et acronymes

ACL : Agence communale locale

AMP :

ANACIM :

Aire Marine Protégée

Agence Nationale de l'Aviation Civile et de la Météorologie

ANSD : Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie

CDB : Convention sur la diversité biologique

CLPA : Conseil Local de Pêche Artisanale

CMAP : Commission Mondiale des Aires Protégées

CRODT : Centre de Recherche Océanographique de Dakar/Thiaroye

DAMCP : Direction des Aires Marines Communautaires Protégées

DPN : Direction des Parcs Nationaux

DPSP : Direction Protection et Surveillance des Pêches

DSIRA : Document Stratégique pour l'Immersion des Récifs Artificiels

FAO : Food and Agriculture Organization

FMDF : Filet Maillant Dérivant de Fond

GIZC : Gestion Intégrée des Zones Côtières

IFREMER : Institut Français pour l'Exploitation de la mer

PAG : Plan d'Aménagement et de Gestion

PNLB : Parc National de la Langue de Barbarie

SER : Society Ecological Restauration

SRPSM : Service Régional des Pêches et de la Surveillance Maritime

UGB : Université Gaston Berger

UICN : Union Internationale pour la Conservation de la Nature

WWF-WAMER : World Wildlife Fauna, West African Marine Eco Region

ZITC : Zone Intertropicale de Convergence

Liste des tableaux

Tableau 1 : Durée moyenne de l'upwelling sur la côte ouest africaine .16

Tableau 2 : Caractéristiques des principaux lieux de pêche se trouvant dans l'AMP 17

Tableau 3 :Matériels utilisés lors de l'état de référence de 2009 et de la pêche de 2015 ..21

ix

Tableau 4 : Paramètres environnementaux de la zone de mangrove 37

X

Liste des figures

Figure 1 : Carte Bathymétrique de l'AMP de Saint-Louis .13

Figure 2 : Courbes de variation de la température maximale et minimale en 2015 18

Figure 3 : Représentation schématique des pêcheries situées à l'intérieur de l'AMP 18

Figure 4 : Variation de l'âge des pêcheurs enquêtes 25

Figure 5 : Variation de l'âge des femmes transformatrices des huîtres enquêtées 27

Figure 6 : Répartition des femmes enquêtées 28

Figure 7 : Scolarisation des pêcheurs enquêtés 28

Figure 8 : Différentes zones de pêche des enquêtés 26

Figure 9 : Différentes zones de cueillette des huîtres 29

Figure 10 : Taux de connaissance de l'existence d'une zone de protection intégrale 30

Figure 11 : Taux de connaissance de l'activité d'immersion de récifs artificiels 30

Figure 12 : Différentes causes de la degradation de la mangrove selon les femmes

transformatrices 31
Figure 13 : Conséquences de la degradation de la mangrove selon les femmes transformatrices

32

Figure 14: Taxons et poids dénombrés a l'AMP lors des deux pêches expérimentales 33

Figure 15: Production ostréicole mensuelle des femmes transformatrices 35

Figure 16 : Carte de la parcelle de mangrove 36

Figure 17 : Evolution des taxons et du poids des captures dans l'AMP de 2009 à 2015 38

xi

Sommaire

Dedicaces ii

Avant-propos iii

Remerciements iv

Résumé vi

Abstract vii

Liste des sigles et acronymes viii

Liste des tableaux ix

Liste des figures x

Sommaire xi

Introduction 1

Chapitre I : Revue bibliographique 4

Définition de concepts et analyse critique de la littérature 4

Aire protégée 4

Aire marine protégée 4

La restauration 5

L'écosystème 6

Les récifs artificiels 7

La mangrove 8

L'impact 9

La biodiversité 9

Chapitre II : Présentation du site, matériel et méthodes 11

2.1. Présentation du site 11

2.2. Matériel 21

2.3. Méthode 23

Chapitre III : Résultats et discussion. 27

3.1 Résultats 27

3.2 Discussion 38

Conclusion et perspectives 44

Conclusion 44

Perspectives 45

Bibliographie 46

Tabledesmatières xvi

Annexes... ....xvii

1

Introduction

En Afrique, et notamment en Afrique de l'Ouest la pêche représente une source de devises, d'emplois et d'alimentation pour plusieurs millions de personnes (Diouf & al., 2001). L'économie sénégalaise a pendant longtemps, reposé sur l'arachide et les phosphates. Avec les années successives de sécheresse et la détérioration des termes de l'échange suite au choc pétrolier, la pêche est devenue très vite le premier secteur économique (CRODT, 2000).

Selon l'ANSD (2015), la pêche occupe une place prépondérante dans les politiques publiques de création d'emplois particulièrement le sous-secteur artisanal. Elle représente une source de revenus et une activité primordiale au sein même de la région de Saint-Louis.

Cependant, suite à l'augmentation de la demande en poissons aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays, une intensification des activités de la pêche industrielle et artisanale est observée. Cette activité est menacée pour un ensemble de raisons que sont : l'augmentation de l'effort de pêche, des prélèvements directs ou accidentels de certaines espèces, la dégradation de la mangrove et les pollutions provoquées par les activités humaines sur le littoral. Une insuffisance des mesures de conservation et le non-respect des lois et règlements pour la pérennisation des ressources halieutiques sont constatés et ainsi que les changements climatiques.

La pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) a également appauvri les stocks de poissons, détruit les habitats marins, entraîné une distorsion de concurrence pour les pêcheurs honnêtes et affaibli les communautés côtières, notamment dans les pays en voie de développement Commission Européenne (2015).

Dudley et Stolton (2000) rapportent que l'Industrie Pétrolière et les déversements détruisent les habitats et portent atteinte à la biodiversité, endommagent des forêts de mangrove, des récifs coralliens et des pêcheries, à la suite d'accidents graves et de fuites régulières. Force est de reconnaître que ces activités reposent sur un espace sensible qui montre parfois des signes de dégradation inquiétants : destruction d'habitats naturels, pollutions, érosion, salinisation des sols, Niang (2010). Cette menace est à l'origine de nombreux impacts négatifs sur les écosystèmes marins et côtiers qui occasionnent plusieurs dommages dont :

(i) la surexploitation des ressources halieutiques qui engendre la raréfaction des
stocks, la réduction de la taille moyenne des espèces, la capture d'espèces non ciblées;

(ii)

2

la dégradation des fonds marins, du fait du chalutage démersal, des techniques de
pêche « fantômes » qui sont néfastes pour les biotopes meubles (vase et/ou sable), les prairies marines et les fonds rocheux ;

(iii) la pollution des eaux aux plans chimiques (accidents de transport de carburant, polluant domestique et industriel) et physique (perte d'engins continuant à pêcher, usage d'explosifs et de substances toxiques, etc.).

La communauté internationale réunie à Durban en 2003 a recommandé la création d'aires marines protégées (AMP) pour le renforcement des mesures de conservation des ressources halieutiques. Par décret 2004-14-08 du 04 Novembre 2004, le Sénégal a créé cinq (5) AMP dont celle de Saint-Louis. Cette dernière doit répondre à la fois aux objectifs de conservation de la biodiversité marine et côtière et au développement socio-économique sans pour autant nuire aux ressources halieutiques. L'ouverture de la brèche aux années 2003 pour solutionner le trop plein d'eau a pour conséquences la dégradation de la mangrove et des sites de nidification des oiseaux. L'effort de pêche considérable au niveau de la région de Saint-Louis (3847 pirogues et plus de 22.000 pêcheurs) et l'ouverture de la brèche ont des conséquences néfastes sur les ressources halieutiques.

Dans le cadre des activités d'aménagement de l'AMP de Saint-Louis, un programme de restauration des écosystèmes marins et côtiers est mis en place pour contribuer à l'atteinte des objectifs de conservation du site. C'est ainsi que nous essayons de déterminer les impacts que peuvent avoir ces activités de restauration des habitats dégradés sur la diversité halieutique et sur l'avifaune.

Sous l'angle de la problématique précitée, les hypothèses suivantes ont été formulées :

Hypothèse l : l'immersion de récifs artificiels a contribué à la restauration des habitats dégradés de l'AMP en ayant des impacts positifs sur la diversité halieutique.

Hypothèse 2 : le reboisement de la mangrove a des impacts positifs sur l'avifaune et les ressources malacologiques.

L'objectif général de cette recherche est d'évaluer la contribution des activités de restauration sur les écosystèmes dégradés au niveau de l'AMP et des zones périphériques. Plus spécifiquement il s'agira de :

? évaluer l'impact de l'immersion des récifs artificiels sur les espèces halieutiques de l'AMP ;

? évaluer l'impact du reboisement de la mangrove sur les ressources malacologiques et l'avifaune;

3

? proposer des indicateurs de suivi des activités de restauration des écosystèmes dégradés

de l'AMP.

Cette présente étude s'articule autour de trois (3) chapitres dont :

? le premier traite de la revue bibliographique ;

? le deuxième aborde la présentation du site, du matériel utilisé et des méthodes adoptées

et ;

? le troisième présente les résultats et les discussions.

4

Chapitre I : Revue bibliographique

Pour une meilleure compréhension du sujet, une revue de données déjà existantes a été faite. Cette phase consistait à faire des recherches sur internet et de consulter des documents portant sur différents sujets relatifs à la thématique étudiée. Il s'agit des revues scientifiques, des rapports, des conventions, des plans de gestion et des travaux scientifiques portant sur les AMP et les activités de restauration des écosystèmes dégradés dans le monde en général et au Sénégal en particulier. Ces recherches nous ont conduits aux structures telles que la Direction des Aires Marines Communautaires Protégées, l'AMP de Saint-Louis, le Conseil Local de Pêche Artisanale de Saint-Louis, le Service Régional des Pêches et de la Surveillance Maritime de Saint-Louis, combinées avec les informations découlant de nos enquêtes et expériences sur le terrain pour une meilleure compréhension du sujet. La lecture des différents documents nous a permis de prendre davantage connaissance avec les concepts ci-dessous.

DEFINITION DE CONCEPTS ET ANALYSE CRITIQUE DE LA LITTERATURE

Aire Protégée

Selon l'UICN (2007), une aire protégée est : « un espace géographique clairement défini, reconnu, consacré et géré par tout moyen efficace, juridique ou autres, afin d'assurer à long terme la conservation de la nature ainsi que les services écosystémiques et les valeurs culturelles qui lui sont associés».

L'aire protégée désigne tout type d'espace dédié à la protection de la nature, qu'il soit réglementé par un Etat, un privé ou géré de manière collective (Universalis, 2016). Selon la Convention africaine sur la conservation de la nature et des ressources naturelles, une aire protégée est « une aire contenant des systèmes naturels, en grande partie non modifiés, gérés aux fins d'assurer la protection et le maintien à long terme de la diversité biologique, tout en garantissant la durabilité des fonctions et produits naturels nécessaires au bien-être de la communauté. »

Aire marine protégée

Cette nouvelle définition générale d'une aire protégée par l'UICN s'applique aux AMP dans les zones marines (Dudley, 2008). Bien qu'elle ait perdu sa référence spécifique à l'environnement marin, elle garantit une démarcation plus claire entre les sites orientés vers la conservation et ceux dont la raison d'être première est une utilisation extractive, c'est-à-dire les zones de gestion de la pêche.

5

Elle n'empêche pas l'inclusion des zones adéquates de protection de la pêche, mais celles-ci doivent respecter la nouvelle définition pour être acceptées comme AMP par la Commission Mondiale des Aires Marines Protégées de l'UICN (CMAP-Marine).

Cependant, la notion d'aire marine protégée est plus perceptible avec la définition de la Convention sur la Diversité Biologique (2004). Selon cette Convention, une aire marine protégée renvoie à : « toute zone située à l'intérieur ou à proximité du milieu marin, avec ses eaux sus-jacentes, la faune et la flore associées et les éléments historiques et culturels qui s'y trouvent, qui a été mise en réserve par une loi ou d'autres dispositions utiles, y compris la coutume, dans le but d'accorder à la diversité biologique, marine ou côtière, un degré de protection plus élevé que celui dont bénéficie le milieu environnant » Stratégie nationale pour les AMP du Sénégal (2013).

Selon l'Ifremer (2010), « Une Aire Marine Protégée (AMP) est un espace délimité en mer pour lequel un objectif de protection de l'environnement à long terme a été défini. Pour atteindre cet objectif, des mesures de gestion sont mises en oeuvre : suivi scientifique, programme d'actions, chartes de bonne conduite, protection du domaine public maritime, réglementations, surveillance, information du public... »

Cette définition n'est pas pour autant satisfaisante dans la mesure où elle fait plus allusion à la protection de l'environnement qu'au développement visé à travers les AMP. C'est pourquoi, dans le cadre de cette étude, nous adoptons la définition proposée par le décret de création des cinq (5) premières AMP du Sénégal. Ce dernier stipule dans son rapport de présentation que les AMP constituent un avantage certain pour la conservation de la structure, du fonctionnement et de la diversité des écosystèmes ; de leur reconstruction en cas de dégradation ; l'amélioration du rendement de la Pêche et des retombées sociales et économiques pour les communautés locales.

La restauration

La restauration écologique est une action intentionnelle qui initie ou accélère l'autoréparation d'un écosystème qui a été dégradé, endommagé ou détruit, en respectant sa santé, son intégrité et sa gestion durable (Aronson & al., 2004). Une restauration peut ainsi être passive, lorsque les forces de dégradation sont réduites, permettant aux processus naturels de récupération de diriger la restauration, ou active, lorsque non seulement les forces de dégradation sont réduites ou arrêtées, mais que le cours de la restauration est dirigé par des interventions humaines (Lake, 2001). On parle de restauration écologique indifféremment pour des écosystèmes naturels et des écosystèmes semi-naturels (ou culturels).

6

Ces derniers étant des habitats abritant des espèces natives et à colonisation spontanée, mais dépendant d'une méthode de gestion traditionnelle (Westhoff, 1983). La restauration des écosystèmes est donc devenue essentielle pour offrir aux écosystèmes dégradés des avantages significatifs, sous la forme de la conservation de la diversité biologique, de l'atténuation des changements climatiques et de l'adaptation à leurs effets, et de la lutte contre la désertification. Les biens et services fournis grâce à la restauration des écosystèmes peuvent ainsi soutenir les moyens d'existence, contribuer à l'éradication de la pauvreté et améliorer la sécurité alimentaire, ce qui profite aux groupes les plus pauvres et les plus vulnérables. La restauration des écosystèmes peut et doit être une composante essentielle des programmes de conservation et de développement durable dans le monde. La restauration des écosystèmes est aussi précieuse de par sa capacité inhérente à offrir aux populations une occasion de réparer les dommages écologiques, mais aussi d'améliorer la condition humaine. Les avantages de la restauration en termes de conservation sont évidents. En revanche, très souvent et de façon moins apparente mais tout aussi importante la restauration des écosystèmes renouvelle les opportunités économiques, rajeunit les pratiques culturelles traditionnelles et recentre les aspirations des femmes et hommes de communautés locales. (UICN, 2012)

L'écosystème

Le dictionnaire environnement définit l'écosystème comme étant l'association d'une communauté d'espèces vivantes et d'un environnement physique qui fournit l'eau, l'air et les autres éléments dont elles ont besoin pour vivre. C'est également l'ensemble des êtres vivants (faune et flore) et des éléments non-vivants (eau, air, matières solides), aux nombreuses interactions d'un milieu naturel (forêt, champ). L'écosystème se caractérise essentiellement par des relations d'ordre bio physico-chimique. On parle d'écosystème aquatique, d'écosystème montagnard, etc.

Ecosystèmes dégradés

De nombreux écosystèmes de la planète ont subi une profonde dégradation, avec des incidences négatives sur la diversité biologique et les moyens d'existence des populations. Selon des estimations générales, 30% de la couverture forestière originale a été transformée pour d'autres utilisations, et 20% supplémentaires est dégradée (UICN, 2012). De plus en plus de personnes prennent désormais conscience qu'il sera impossible de conserver la diversité biologique de la Terre si nous ne protégeons que les aires naturelles existantes. De nombreuses personnes dépendent aujourd'hui de ce qui est devenu des écosystèmes dégradés pour subvenir à leurs besoins.

7

Les récifs artificiels

La pluralité de définitions relatives aux récifs artificiels souligne le caractère transversal de notre objet d'étude. En effet, la compréhension du sujet implique une approche globale et transversale, d'où l'utilité de se référer à des disciplines telles que la biologie, l'océanographie, la géographie et l'économie qui contribuent à enrichir la connaissance sur les récifs artificiels. Si l'on se reporte à la définition générale du dictionnaire Larousse, le mot récif est un nom masculin qui signifie « rocher ou groupe de rochers à fleur d'eau, généralement au voisinage des côtes ». Le terme artificiel est synonyme de « produit par le travail de l'Homme et non par la nature ». Complété par l'adjectif qualificatif « artificiel », le récif artificiel correspond à une reconstitution, une imitation élaborée dans un but de préservation, de protection du milieu marin. Du point de vue de l'océanologie un récif artificiel se définit comme « tout matériau ou matière placée délibérément dans un secteur de l'environnement marin où cette structure ne peut exister dans des circonstances naturelles afin d'assurer la protection, la régénération, la concentration ou l'augmentation des populations marines vivantes ou pour l'usage récréatif du secteur » (Claudet, 2006). Les Nations Unies (F.A.O, 1995) définissent les récifs artificiels comme un « outil de protection du littoral et d'amélioration de la productivité ». Ils ont dès lors proposé dans le cadre des projets de GIZC un complément de mesures de gestion, comme les aires marines protégées, pour maintenir et développer la pêche côtière (Claudet & al., 2004). En 1986, la F.A.O définissait ainsi les récifs artificiels : « Les récifs artificiels sont des structures, des installations ou des constructions fabriquées par l'Homme pour plusieurs objectifs ». En 1989, lors du colloque d'Ancône, la F.A.O caractérise les récifs artificiels de « construction humaine immergée dans l'objectif d'accroître la productivité du milieu et/ou protéger des zones spécifiques du fond marin ». Il est important de souligner que les textes européens en vigueur s'appuient sur cette définition du récif artificiel, tout en soulignant l'intérêt de développer les biocénoses à partir du biotope créé par le récif, alors considéré comme « une construction fixe ou mobile dont le rôle est de protéger et favoriser le développement de la faune et de la flore aquatiques » (Commission Européenne 2006). En 2008, la thèse de Sylvain Pioch en géographie appliquée à l'aménagement des fonds marins réalise une synthèse des multiples définitions du récif artificiel, et proposa la définition suivante : « un récif artificiel correspond à toute construction humaine immergée intégrée à l'écosystème dont l'objectif de conception est de protéger et de développer la faune et la flore aquatiques ».

Le concept de récif artificiel comme aménagement des fonds côtiers est très ancien. Il est issu d'une approche empirique de la mer.

8

De fait, les pêcheurs japonais identifièrent des lieux de pêches privilégiés aux abords des récifs, d'épaves de bateaux. Suite à ce constat, ils furent les premiers à immerger volontairement des épaves afin d'augmenter l'importance de leur pêche. La littérature japonaise témoigne dès le XVIIème siècle de la présence d'aménagements côtiers dédiés à l'accueil des poissons. Le récif correspond à « une formation rocheuse constituant un substrat dur, se développant depuis le fond de la mer vers la surface, à plus ou moins grande distance de la côte ». De forme, de taille et de complexité variables, les récifs naturels modifient l'environnement hydrologique, en particulier la circulation de l'eau, parfois sur des distances considérables. Les récifs naturels les plus riches sont formés de roches d'origine corallienne. Le concept de récif artificiel est également assimilé à « une structure immergée placée délibérément sur le fond pour mimer des caractéristiques des zones naturelles » (Guillou, 2009). Le mimétisme des récifs artificiels avec les récifs naturels riches en espèces marines a favorisé l'émergence de multiples morphologies et substrats pour s'adapter au mieux aux besoins de l'environnement marin. L'architecture du récif artificiel est conçue pour une ou des espèces dites « cibles » dans un but de préservation ou de commercialisation. L'origine des matériaux employés pour la création de ces structures est extrêmement variée : béton, acier, pierre, bois, mâchefers, pneumatiques, plastiques... Depuis quelques années les matériaux utilisés pour la création des récifs artificiels ont suscité le débat entre les gestionnaires de l'espace littoral et la communauté scientifique quant à leur « inertie » dans le temps. La question fondamentale de l'immersion en mer de matériaux est de savoir si le rôle de leur immersion est de constituer un habitat au sens écologique, ou s'il constitue simplement un déchet que l'on élimine ?

La mangrove

Au sens large du mot, la mangrove est définie comme étant l'ensemble des formations végétales arborescentes ou buissonnantes qui colonisent les atterrissements intertidaux marins ou fluviaux des côtes tropicales dont l'espèce dominante est le palétuvier (Marius, 1985). Le terme mangrove peut aussi bien désigner la formation végétale d'un écosystème littoral caractérisé par la production et le stockage d'une biomasse aérienne lui donnant un aspect de forêt. L'écosystème de mangrove a la particularité de pouvoir se développer dans un milieu soumis à d'énormes variations au cours du temps, rythmé par les marées et les crues sur des sols sursaturés d'eau, manquant d'oxygène et salés. La mangrove est aussi dépendante de plusieurs facteurs : la sécheresse, la gestion des grands barrages et aménagements sur le fleuve Sénégal et la dynamique urbaine (ADC, 2005).

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La biodiversité de la mangrove

La mangrove forme une mosaïque d'habitats terrestre et aquatique interdépendants, qui abritent une multitude de crustacés, de poissons, d'oiseaux et de mammifères. Tous tirent profit de l'abondante matière organique piégée dans les sédiments des vasières, ou issue de la transformation par des bactéries et champignons, des débris végétaux des palétuviers.

Le périophtalme (Periophthalmus barbarus) côtoie de nombreux juvéniles de poissons qui trouvent, dans la mangrove, un abri pour grandir à l'abri des prédateurs, ainsi que toute la nourriture nécessaire à leur croissance. Encore appelé quatre yeux, ce poisson peut voir à la fois sous l'eau et dans l'air, car son oeil est divisé en deux parties. Sa vision aérienne lui permet d'étendre son alimentation aux insectes volants.

Le crabe violoniste (Uca tangeri), qui doit son nom à l'hypertrophie d'une de ses pinces chez le mâle, creuse ses terriers dans la vase des mangroves. En aérant ainsi le sol, il devient ainsi un acteur essentiel de la survie des palétuviers.

L'huître des palétuviers (Crossostrea gigas) se fixe aux racines échasses et est transformée et consommée au Sénégal.

Les oiseaux : les mangroves côtières constituent des reposoirs pour les hérons, aigrettes et ibis qui y font également leurs nids à l'abri de toute activité humaine. A l'aide de leurs longs becs, ils fouillent la vase à la recherche de crustacés, mollusques et petits poissons, qu'ils partagent avec un nombre de voyageurs au long cheminement.

L'impact

Le dictionnaire de l'environnement et développement (2016) définit l'impact environnemental comme étant toute modification de l'environnement, négatif ou bénéfique, résultant totalement ou partiellement des activités, produits ou services d'un organisme.

La biodiversité

La diversité biologique ou biodiversité, représente l'ensemble des espèces vivantes présentes sur la Terre (plantes, animaux, micro-organismes, etc.), les communautés formées par ces espèces et les habitats dans lesquels ils vivent. La Convention sur la diversité biologique (CDB) définie de façon formelle la biodiversité dans son Article 2 comme étant la "variabilité des organismes vivants de toute origine, y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie; cela comprend la diversité au sein des espèces, et entre les espèces et ainsi que celle des écosystèmes".

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Le Dictionnaire de l'Environnement (2011) clarifie davantage cette notion en précisant que « la biodiversité est un terme qui désigne la diversité du monde vivant à tous les niveaux, diversité des milieux (écosystèmes), diversité des espèces, diversité génétique au sein d'une même espèce. Ce point de vue est partagé par E.O. Wilson, père de la sociobiologie (1986), qui affirme lui aussi que « la biodiversité est considérée à 5 niveaux : celui des écosystèmes, des espèces, des populations, des individus et des gènes. Mais sur le terrain, le deuxième niveau est clairement le plus accessible et relève directement des compétences naturalistes ». Cette dernière précision donne un sens plus proche à notre propre entendement de la notion de biodiversité, à travers ce présent travail de recherche. En effet, dans le cadre de cette recherche, nous mettrons l'accent, chaque fois qu'on évoque la biodiversité, sur les espèces et accessoirement sur leurs habitats (écosystèmes).

La biodiversité marine et côtière

La biodiversité marine et côtière est l'ensemble de la diversité biologique propre aux océans, aux côtes ou en dépendant très directement.

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Chapitre II : Présentation du site, matériel et méthodes

2.1. Présentation du site

2.1.1 Cadre sociodémographique de Saint-Louis

Située dans la partie nord-ouest du Sénégal, la région de Saint-Louis s'étend sur une superficie de 19 241 km2 pour une population estimée à 908 941 en 2013 (soit 6.4% de la population du Sénégal) avec un taux d'accroissement intercensitaire de 3.4% par rapport à 2002. La densité de population est de 49 habitants au km2. L'effectif de la population masculine est inférieur à celle des femmes, avec un rapport de masculinité de 96 hommes pour 100 femmes. La région de Saint-Louis est subdivisée en trois départements et compte sept (7) arrondissements et dix-neuf (19) communes. Saint-Louis est une région stratégique du Sénégal du fait de sa situation géographique, de son poids économique et de ses multiples potentialités (ANSD, 2015).

2.1.2 Cadre socioéconomique

L'histoire des populations de la Langue de Barbarie est intimement liée à la pêche à la fois comme source alimentaire et activité génératrice de revenus mais également à d'autres activités connexes.

2.1.2.1 La pêche

Les pêcheurs du parc piroguier emploient diverses pirogues faites à partir d'un modèle standard appelé pirogue Guet Ndarienne (Chabout et Kébé, 1985). Elle comporte toujours trois parties : le corps, les éperons et le bordage.

La fabrication d'embarcation nécessite généralement de grands arbres qui viennent surtout du sud du Sénégal, vendus aux pêcheurs par des commerçants. Les pirogues sont pour la plupart équipées de moteur hors-bord qui constitue le moyen de propulsion le plus moderne. La mécanisation de la navigation de la pirogue affranchie d'une certaines mesures le pêcheur des conditions naturelles même s'il a fallu investir dans le moteur, dans son entretien et consentir de nouveaux frais de carburant. Elle a permis une économie de la dépense d'énergie humaine, une augmentation qualitative et quantitative de la productivité du travailleur par rapport aux conditions de la pirogue manuelle exigeante en effort physique et très soumises aux caprices des vents. Toutefois plusieurs engins de pêches sont utilisés à Saint-Louis. La pêche des pélagiques se fait surtout avec les filets dérivants de surface et avec la senne tournante tandis que les espèces démersales sont capturées à l'aide de la ligne simple, de la palangre et des filets dormants.

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2.1.2.2 Les activités connexes

Le mareyage et la transformation des produits halieutiques sont les principales activités liées à la pêche.

En effet, à cause du déclin du secteur et la baisse des espèces démersales, différentes usines mises sur pied ont fini par être fermées. Saint-Louis abrite deux centres de transformation : le 1er à Goxu mbacc et le 2ème à Guet Ndar qui est l'un des plus importants centres du Sénégal avec plus de 250 femmes transformatrices toutes des habitantes de Guet-Ndar.

2.1.2.3 Les autres activités économiques

Etant donné que la pêche est la principale activité de la population de Saint-Louis, il existe aussi d'autres activités économiques que sont le maraichage, les cultures sous pluies, l'élevage, le commerce et le tourisme. Ces derniers ne sont pas bien développés dans la zone car ils sont confrontés à de nombreuses difficultés.

2.1.3 Présentation de l'AMP de Saint-Louis

L'Aire Marine Protégée (AMP) de Saint-Louis est située dans le département de Saint-Louis, sur la façade maritime de la Commune de Ndiébèn Gandiol et la commune de Saint-Louis, sur la Langue de Barbarie entre l'ancienne embouchure du fleuve Sénégal et le quartier pêcheur de Guet-Ndar (figure 1). Elle a été créée par le Décret présidentiel n° 2004-1408 du 04 novembre 2004 sur une aire de 496 km2 (49 600 ha).

Dans la Commune de Gandiol, elle concerne du Nord au Sud, les villages de : Keur Barka, Diél Mbam, Keur Bernard, Tassinére, Mouit, Mboumbaye et Dégouniaye. Dans la commune de Saint-Louis, elle intéresse surtout les quartiers situés sur la Langue de Barbarie dont le principal est le grand quartier pêcheur de Guet-Ndar mais aussi Ndar-toute et une partie de Goxu mbacc d'après le PAG (2014-2018).

Les objectifs de création de l'AMP sont la conservation de la structure, du fonctionnement et de la diversité des écosystèmes, la réhabilitation des habitats dégradés, l'amélioration du rendement de la pêche et de ses retombées socioéconomiques pour les communautés locales.

Saint-Louis

Sénégal

13

Figure 1 : Carte bathymétrique de l'AMP de Saint-Louis (Source PAG 2014-2018)

2.1.3.1 Facteurs biophysiques

L'AMP de Saint-Louis se situe sur la côte nord sénégalaise caractérisée par un régime météorologique qui résulte de l'oscillation en latitude de la zone intertropicale de convergence (Z.I.T.C), zone de basses pressions relatives séparant les hautes pressions de l'atlantique nord de celles de l'atlantique sud et où convergent les vents d'alizé qui soufflent d'une manière permanente du secteur et sur le bord équatorial de ces centres de hautes pressions (Domain, 1978).

2.1.3.1.1 Le climat

Situées dans le domaine climatique sahélien, les communes de Gandon et de Saint-Louis bénéficient fortement des effets adoucissants de l'alizé maritime. Leur situation littorale leur confère un climat typique appelé climat subcanarien. Deux saisons principales marquent le régime climatique : une saison sèche avec une circulation d'alizé et une saison des pluies avec une circulation de la mousson. Les températures et l'humidité vont ainsi suivre le rythme des saisons.

2.1.3.1.1.1 La pluviométrie

La pluviométrie moyenne annuelle notée en 2015 est de l'ordre de 198 mm (ANACIM, 2015). Les maximums se situent entre août et septembre. Le mois d'octobre est marqué par une baisse brutale des hauteurs de pluie à cause du renforcement des effets anticycloniques mais également du retrait rapide des vecteurs de pluies. Août est le mois le plus humide et recueille entre 35% et 45% des précipitations des stations sahéliennes.

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2.1.3.1.1.2 Les températures

La température joue un rôle important dans les processus physiques, chimiques et biologique, de même qu'elle conditionne beaucoup d'activités humaines. Les températures au niveau de Saint-Louis sont fortement modérées par l'influence adoucissante de la mer et des alizés maritimes. Les températures maximales enregistrent leur maximum au mois de novembre avec 36,9°C et le maximum secondaire en juin avec 29,2°C (figure 2). Les températures minimales ont leur maximum en octobre et leur minimum en février avec respectivement 25,8°C et 16,8°C (ANACIM, 2015).

40,0

35,0

30,0

25,0

20,0

15,0

 

Tmax Tmin

10,0

5,0

0,0

J F M A M J J A SON D

Figure 2 : Courbes de variation de la température maximale et minimale en 2015 (Source ANACIM, 2015)

2.1.3.1.1.3 L'évaporation et l'humidité relative

La présence de l'eau dans la zone et la proximité de l'océan font que la demande évaporatoire à Saint-Louis reste relativement faible, conséquence d'une hygrométrie assez élevée variant entre 20% d'humidité relative et 95,3% en moyenne selon les saisons (PAG, 2009).

2.1.3.1.1.4 Les vents

Le nord du Sénégal fait partie du Sahel, une zone transitoire entre le Sahara et les savanes plus humide caractérisée par des vents généralement modérés avec une vitesse toujours inférieure ou égale à 5m/s. Durant la période allant de juin à septembre, les vents de quadrant Ouest à Nord des secteurs Nord-Ouest et Ouest appelés mousson enregistrent les fréquences les plus élevées (PAG, 2009).

2.1.4 Evolution géomorphologique

L'histoire géologique de Saint-Louis s'inscrit dans le cadre général du Delta du fleuve Sénégal qui remonte à la période post-nouakchottienne qui correspond à une régression consécutive à une baisse du niveau marin (Kane, 2005).

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La flèche littorale qui sépare actuellement le fleuve Sénégal, de la mer à partir de Saint-Louis jusqu'à Taré (30 km au sud) est formée à partir des XVIe et XVIIe siècles. Ce cordon littoral est appelé « Langue de Barbarie » par les anciens navigateurs européens qui mouillaient sur la côte sénégalaise. Elle constitue la limite terrestre de l'AMP et abrite le quartier pêcheur de Guet-Ndar. La Langue de Barbarie se présente sous la forme d'une longue flèche sableuse fragile et instable, façonnée par le jeu de la dynamique littorale. Son extrémité détermine la position de l'embouchure du fleuve Sénégal. Cette flèche littorale de sable fin blanc, qui est le plus récent des cordons littoraux du front deltaïque est le résultat d'un long processus alternatif d'engraissement et de démaigrissement de la plage par la dérive littorale. Au cours du siècle dernier, cette flèche, qui ne s'est ni élargie, ni surélevée depuis son origine, a fréquemment migré vers le sud, entraînant dans sa progression le recul de l'embouchure (Monteillet, 1981 cité par Kane, 2005).

2.1.4.1 Morphologie et sédimentation des fonds de pêche

La côte Sénégalaise est uniformément sableuse et plate, bordée de hauts cordons de dunes actuelles et subactuelles (Bonnardel, 1967). L'épaisseur totale des sédiments pré-quaternaires est de 36 m à Saint-Louis. Il existe ainsi des niveaux sableux et/ou sablo-argileux d'assez grandes épaisseurs dans cette région (sable et lumachelle jusqu'à 36 m de profondeur). De manière globale, plusieurs séries de reliefs longitudinaux existent devant la côte du Sénégal (Pinson-Mouillot, 1980). Ces zones rocheuses sont recouvertes de sédiments et se développent en une succession de petits bancs parallèles à la côte à - 15 et - 20 m de profondeur au nord de Saint-Louis. La nature du fond a une influence sur la vulnérabilité des espèces par rapport aux engins de pêche. Ainsi, sur les fonds rocheux, inaccessibles aux chalutiers, les poissons ne peuvent être capturés qu'à la ligne ou aux filets maillants. Sur certains fonds de vase, des espèces comme la crevette (Penaeus duorarum), qui s'enfouissent dans le sédiment le jour, ne sont capturées par les chalutiers qu'à l'aide de chaluts équipés de dispositifs permettant de fouiller la vase ou bien la nuit, lorsqu'elles s'élèvent au-dessus du fond. A proximité de l'embouchure, notamment dans la zone d'influence de l'AMP, les bancs rocheux sont surmontés par des sédiments vaseux ou sableux qui sont les témoins d'anciennes lignes de rivages (Domain, 1978). Ces fonds de sables vaseux sont excellents pour la pêche et de ce point de vue, Saint-Louis est la plus favorisée de toute la grande côte (Niang, 2010).

2.1.4.2 Hydrologie marine : les remontées d'eaux froides

Les côtes sénégalaises sont baignées par d'importantes remontées d'eaux profondes ou "upwellings" qui proviennent des eaux centrales du sud de l'Océan Atlantique.

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Ce régime hydrologique est caractérisé par l'existence de deux systèmes de grands courants aux caractéristiques bien différentes :

- un courant froid nord équatorial (le courant des Canaries) qui se déplace vers le sud le long des côtes mauritaniennes et sénégalaises. Il s'agit d'un courant de dérive quasi permanent pendant toute la saison des alizés, les eaux de surface subissant un entraînement mécanique sous l'influence du vent du nord.

- le contre-courant équatorial qui transporte vers l'Est les eaux chaudes et salées, formées sur la bordure sud du tourbillon nord-atlantique.

Ces eaux recouvrent progressivement le plateau continental où l'on peut alors observer des températures de l'ordre de 16 à 18°C en 2009 et des salinités de 35,5 à 36,0 pour mille. La durée moyenne de la saison froide varie en fonction de la latitude comme le montre celle de l'upwelling (Tableau 1). L'action fertilisante de ces remontées d'eaux profondes résulte d'un apport à la surface d'eaux riches en sels nutritifs généralement issus de la reminéralisation de la matière organique que l'on trouve sur le fond. A Saint-Louis, elle se fait sentir de novembre à mai. C'est la période où les petits pélagiques sont abondants au niveau de l'AMP de Saint-Louis (PAG, 2009).

Tableau 1 : Durée moyenne de l'upwelling sur la côte Ouest africaine

Zones

Latitude Nord

Périodes d'upwelling

Durée moyenne (mois)

Cap Blanc

23°

Toute l'année

12

Nouakchott

17°50

Octobre à Juin

9

Saint-Louis

16°

Novembre à Mai

7

(Source: PAG, 2009)

2.1.5 Les habitats naturels : Géographie et toponymie des lieux de pêche

L'AMP de Saint-Louis se situe dans une zone où les facteurs géophysiques et les conditions hydrodynamiques ont concouru au développement d'une multitude de refuges pour de nombreuses espèces marines et estuariennes.

Ces refuges constituent des fonds de pêche appelés « Xer » en Wolof pour les fonds rocheux ou « joxoor » en Wolof aussi pour les fonds de nature sablo-vaseuse qui se distinguent par la présence des coquillages.

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Une vingtaine de pêcheries sont identifiées sur la côte Saint-Louisienne mais réparties dans trois zones: Kell, Tank et Gopp, respectivement la partie faisant face à Guet-Ndar, celle se trouvant au sud (partie qui englobe l'AMP) et au nord (vers la Mauritanie). Kell et Gopp représentent les principaux lieux de pêche car abritant les trois pêcheries les plus fréquentées, à savoir Diattara, Praia (partagé avec la Mauritanie) et Xerwu reywi qui se prolonge jusque dans l'AMP.

Toute l'activité de pêche à l'intérieur de l'AMP se fait autour de « Xerwu reywi » (Tableau 2), zone de prédilection des poseurs de filets dormants. Parmi les huit lieux de pêche répertoriés dans l'AMP, quatre (Gent, Bouturail, Assane, Bossyi) correspondraient d'après les pêcheurs à des fragments de « Xer wu reywi » (Figure 3).

Tableau 2 : Caractéristiques des principaux lieux de pêche se trouvant dans l'AMP

Points

Latitude

Longitude

Profondeurs

Saisons

Espèces

Noms

vernaculaires Wolof

Engins de pêche

AMP

15050"0N

16031"5 W

10 à 81m

Toute

Thiof (Epinephelus

Filets

 

15058"5N

16048"5 W

 

l'année

aenus), Tonone

dormants,

Xer wureywi

15058"07N

16033"07

19m

Intense

(Pseudotolithus

Ligne,

 
 

W

 

de Jan à Mai

typus), Langouste (Panulirus regius), Sompatt(Pomadasis

Palangre, Filets

dérivants de

Xeru Guent

15057"30N

16032"0 W

11m

Intense

Boutourail

15055"0N

16032"0 W

12m

d'Avril à Juin

peroteti), Kocc (Epinephlus gigas), Badeche (Mycteroperca rubra)

surface

Bossyi

15053"0N

16032"0 W

7m

Intense
de Juin
à Août

Embouchure

15057"2N

16030"07W

 

(Source : PAG, 2014-2018)

La pêche y est pratiquée toute l'année. Cet effort de pêche appliqué en permanence sur la ressource doit être en partie à l'origine de la baisse drastique des ressources.

Aussi, le comité de gestion conscient du fait que d'une part, les pêcheries situées dans les 6 miles de la moitié nord de l'Aire Marine constituent des frayères pour les crustacées et des nurseries pour les poissons à affinité estuarienne tels que le capitaine qu'il faut préserver et

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que d'autre part, elles font l'objet d'une surexploitation de la part des poseurs de filets dormants a décidé de les inscrire parmi les zones prioritaires à protéger. Ce choix est le résultat du zonage participatif réalisé conjointement avec la DPN, le Service des Pêches et les membres du comité de gestion (Cf. Annexe 3).

Figure 3 : Représentation schématique des pêcheries situées à l'intérieur de l'AMP (Source : PAG, 2014-2018)

2.1.6 Les ressources halieutiques

2.1.6.1 Les invertébrés marins

Au niveau de la Langue de Barbarie, les crabes représentent la partie la plus visible d'une

faune benthique dense et diversifiée dont la composition spécifique et l'abondance sont encore insuffisamment connues. En effet, l'embouchure du fleuve Sénégal est réputée être une zone de nurserie et de grossissement pour plusieurs types de crustacés, dont les plus importants sont les crevettes, les langoustes, les crabes et les cigales (PAG, 2009).

2.1.6.2 Les poissons : la principale ressource exploitée

Les communautés d'espèces rencontrées sont représentées par :

o les espèces pélagiques (cf. Annexe 1) dont l'abondance est liée à la longue activité d'upwelling dans cette zone (7mois). Elles constituent les captures les plus importantes en termes de volume (80 % des volumes débarqués à Saint-Louis) ; les plus représentées sont la sardinelle, le chinchard et le mulet. (PAG, 2009)

o les espèces démersales côtières (cf. Annexe 2) dont les fonds de mer constituent le cadre de vie. Leur répartition en fonction de la nature sédimentologique du fond (fond vaseux, vaso-sableux, et rocheux) et de la profondeur permet de distinguer principalement trois communautés : la communauté des Sciaenidae : carpe blanche,

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mâchoiron, sole, capitaine etc. ; la communauté des Sparidae : seiche, mérou, daurade, pageot etc. ; la communauté du rebord du plateau : crevette blanche, langouste (PAG, 2009).

2.1.7 Présentation de la mangrove

La ville de Saint-Louis et son hinterland abritent une forêt exceptionnelle de palétuviers qui constitue la limite septentrionale de la mangrove en Afrique. Cette mangrove à petits palétuviers (Rhizophora racemosa et Avicenia africana) a eu, au cours du Quaternaire lors du développement du paysage lagunaire, une extension beaucoup plus importante vers l'amont du fleuve Sénégal (ADC, 2005).

Au sens large du mot, la mangrove est définie comme étant l'ensemble des formations végétales arborescentes ou buissonnantes qui colonisent les atterrissements intertidaux marins ou fluviaux des côtes tropicales (Marius, 1985) cité par (ADC, 2005). La mangrove joue également un rôle de régulateur écologique par la protection des côtes et des berges du fleuve Sénégal, la régulation des crues et le contrôle des lâchers du barrage de Diama et des processus de sédimentation et d'érosion des berges. La valeur intrinsèque de la mangrove se mesure à la remarquable diversité des habitats qu'elle recèle pour les espèces aquatiques et terrestres en servant de frayères pour la faune halieutique (poissons, crustacés) et d'abris pour de nombreuses autres espèces animales (exemple l'avifaune) d'après ADC (2005).

2.1.8 Gestion de l'AMP

2.1.8.1 Cadre juridique

Le cadre légal régissant la gestion des AMP est relatif au régime juridique du Domaine Public Maritime et au régime juridique de la pêche maritime.

o Le régime juridique du Domaine Public Maritime

La loi 76-66 du 02 Juillet 1976 portant Code du domaine de l'État définit le statut juridique de la zone géographique érigée en AMP en inscrivant dans les composantes du domaine public naturel la mer territoriale (article 5a), soit 370 km à partir des lignes de base : c'est le domaine maritime, imprescriptible et inaliénable de par sa nature.

o Le régime juridique de la pêche maritime

L'instrument principal en matière de réglementation de la pêche maritime est le code de la pêche maritime. Le décret 98-498 fixant les modalités de la loi portant Code de la pêche maritime, complète et précise ce dispositif juridique, notamment son chapitre 4 intitulé « Mesures de conservation » qui détaille les engins de pêche autorisés et le maillage des filets,

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la taille et le poids minima des espèces capturables et les zones réservées exclusivement à la pêche artisanale.

2.1.8.2 Le cadre institutionnel

L'administration des AMP relève de la Direction des Aires Marines Communautaires

Protégées (DAMCP) créée en 2012 sous la tutelle du Ministère de l'Environnement. Cette Direction est représentée par le Conservateur (autorité administrative) et son équipe. L'AMP de Saint-Louis travaille cependant avec la Direction de la Protection et de la Surveillance des Pêches (DPSP) membre du Comité de Gestion.

2.1.8.3 Les organes de gestion de l'AMP de Saint-Louis

Pour la définition et la mise en oeuvre de règles de gestion concertées de l'AMP, il a été mis

sur pied, à Saint-Louis, deux organes de gestion : l'Assemblée Générale (AG) et le Comité de Gestion (CG) qui agissent sous le contrôle et la Direction du Conservateur (représentant de la tutelle, maître d'oeuvre du plan autour du noyau) qui fédèrent dans un comité de gestion. Ces instances appliquent un régime de cogestion qui associe les différentes parties prenantes impliquées dans la création de l'AMP avec l'appui de plusieurs partenaires comme des établissements scientifiques (comme le Centre de Recherche Océanographique Dakar/Thiaroye et l'Université Gaston Berger) des organisations internationales (comme le WWF WAMER, Fish for life etc. ) et des organisations locales (associations de conservation de l'environnement, organisations professionnelles, GIE, etc.)...

2.1.8.4 L'Assemblée Générale

L'Assemblée Générale (AG) est l'organe suprême du système de gestion participative des

espaces et ressources naturelles de l'AMP. C'est l'instance qui défend les intérêts de l'AMP vis-à-vis des autorités et des utilisateurs extérieurs, qui réfléchissent et décident sur les questions qui dépassent les intérêts propres des populations, incluant ainsi les projets d'investissement communs. L'AG se réunit ordinairement une fois par an. Le quorum est constitué par la majorité absolue des membres. Les décisions sont prises, si possible par consensus, et en cas d'impossibilité de l'obtenir, par la majorité des membres présents.

2.1.8.5 Le Comité de Gestion

Mis en place en 2005, le Comité de gestion de l'AMP de Saint-Louis est composé de 20

membres. Il est l'organe exécutif du système et la principale instance de décision de l'AMP. C'est l'organe qui analyse les propositions d'initiatives de développement durable associées au processus de cogestion qui seront soumises à l'AG. Le Comité de Gestion travaille en association avec tous les acteurs présents dans l'AMP et constitue un lieu d'échanges,

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d'information et de réflexion sur les problématiques de l'AMP et l'évolution de l'environnement marin.

2.2. Matériel

Pour la réalisation de cette présente étude, différents types de matériels ont été utilisés. Il s'agit de :

2.2.1. Un questionnaire administré aux pêcheurs de Saint-Louis

Ce questionnaire destiné aux pêcheurs de la commune de Saint-Louis a permis de recueillir auprès des pêcheurs des informations relatives aux impacts des récifs artificiels sur les ressources halieutiques (cf. Annexe 4).

2.2.2. Des rapports de l'état de référence de 2009 et de la pêche expérimentale de 2015 Le tableau (3) ci-dessous résume les différents matériels utilisés lors des deux pêches expérimentales.

Tableau 3 : Matériels utilisés lors de l'état de référence de 2009 et de la pêche de 2015

Ressources

Etat de référence 2009

Pêche expérimentale 2015

Ressources humaines

Une équipe de quatre (4) scientifiques du

CRODT accompagnée des pêcheurs :

> Un biologiste des pêches ;

> Un ingénieur hydro-acousticien ;

> Un technicien supérieur en physique et

environnement ;

> Un technicien en chimie

Trois équipes dont une équipe palangre, une équipe FMDF et une équipe de terrain pour le décompte. Et aussi un pêcheur à l'épervier sur le fleuve et dans la zone estuarienne. Dans les équipes nous avions :

> des scientifiques (biologiste, océanographe,
ancien du CRODT) ;

> des pêcheurs et membres du comité de
gestion ;

> des gestionnaires et agents de l'AMP

Ressources matérielles

Une pirogue motorisée

Une senne de plage de 250m ; seaux et plateaux

Une clé de détermination des espèces

Une balance de pesée

Une planche à mesurer pour les fréquences de

tailles

Une sonde ACL-1183 multi paramètres

Un accumulateur

Un sondeur acoustique Hondex HE-51C

Un GPS Garmin GP-76

Deux pirogues motorisées ;

Une senne tournante, des palangres, FMDS, des

éperviers, des lignes et des trémails ;

Deux balances électroniques de précision 0,1g et de

portée maximale 2,2kg pour l'une et 7kg pour

l'autre ;

Trois GPS

Deux ichtyomètres

Une trousse de dissection

Un disque de Secchi de diamètre 10-15cm

Une sonde multi paramètres (YSI 85) qui permet

d'avoir l'oxygène, la conductivité, la température et la

salinité ;

Un réfractomètre ;

Trois bouteilles de Niskin pour les prélèvements d'eau de fond Une benne mécanique pour connaître la nature du fond

Deux sondeurs à main pour connaître la profondeur du point de prélèvement

Stations

3stations (Keur bernard, Keur Barka et Pilote)

9 stations

Période

Deux jours, Mai 2009

Saison froide : Décembre à Mai

Deux jours, Mars 2015

Saison froide : Décembre à Mai

 

23

2.2.3. Un questionnaire administré aux femmes transformatrices des huîtres à Diél Mbam

Le questionnaire destiné aux femmes transformatrices des huîtres à Diél Mbam a permis de

recueillir des informations sur l'impact du reboisement de la mangrove sur les produits malacologiques et l'avifaune (cf. Annexe 5).

2.2.4. Un guide d'entretien destiné aux gestionnaires et partenaires de l'AMP

Ce guide a permis de recueillir le point de vue des différents acteurs que sont les services

techniques, la commission scientifique, ainsi que des personnes ressources, sur l'impact des activités de restauration des écosystèmes dégradés de l'AMP sur la biodiversité marine et côtière. Des démarches méthodologiques ont été proposées par la suite pour le suivi de l'immersion des récifs artificiels et du reboisement de la mangrove ainsi que des indicateurs nécessaires (cf. Annexe 6).

2.2.5. Une fiche de suivi de la mangrove reboisée en 2012 à Diél Mbam

L'expérience est effectuée après la mise en place d'une fiche de suivi de la mangrove qui a

permis de recueillir des données sur les paramètres physico-chimiques de la zone et son impact sur les ressources malacologiques et sur l'avifaune (cf. Annexe 7).

2.2.6. Des logiciels

Le logiciel Sphinx a permis l'élaboration, la collecte et le traitement de données des

questionnaires. Quantum gis est utilisé pour la cartographie de la parcellaire de mangrove reboisée en 2012 et la localisation des différentes placettes. Google Earth a permis la localisation de l'AMP avec les villages périphériques et les différentes zones reboisées. Le

logiciel Past (Pa
leontological statistics) est utilisé pour le traitement des informations recueillies dans la mangrove. Microsoft Office Word et Excel aussi sont utilisés pour la rédaction et le traitement de certaines données des questionnaires.

2.3. Méthodes

Dans le cadre de cette recherche différentes méthodes ont été adoptées pour recueillir des informations relatives aux impacts des différentes activités de restauration des écosystèmes. Parmi ces méthodes on peut citer :

2.3.1. La recherche documentaire

Cette phase consistait à faire des recherches sur internet et de consulter des documents portant sur différents sujets relatifs à la thématique étudiée. Il s'agit des revues, des rapports, des plans de gestion et des travaux scientifiques portant sur les AMP et les activités de restauration des écosystèmes dégradés dans le monde et au Sénégal en particulier.

Cependant, ces recherches nous ont conduit aux structures comme la Direction des Aires Marines Communautaires Protégées (DAMCP), les AMP de Saint-Louis et de Joal, le Conseil Local de Pêche Artisanale de Saint-Louis (CLPA-SL) et le service des pêches, combinés avec les données découlant de nos entretiens et expériences sur le terrain afin d'enrichir davantage nos connaissances sur le sujet traité.

2.3.2. L'élaboration des questionnaires administrés aux pêcheurs artisanaux de la commune de Saint-Louis et aux femmes transformatrices de Gandiol (Village de Diél Mbam)

2.3.2.1 Echantillonnage pour la commune de Saint-Louis

Il est nécessaire de définir au préalable un échantillon représentatif pour que les résultats des enquêtes puissent traduire par extrapolation la réalité exprimée par les acteurs. Cependant, en termes d'effectif, le nombre de pirogues (unités de production) enregistré par la DPSP en 2015 tourne autour de 3847.

La taille de l'échantillon a été déterminée avec la méthode de Fisher (Diop, 2006) qui fait intervenir trois (3) paramètres (Ne, N et n).

Ne=taille de l'échantillon à interroger N=taille de la population estimée à 3847 et n=1/d2

1

??2

????

=

1

??2

 
 
 

???? = ??

[1+(?? ??)] avec d= erreur de 10% et ?? =

1

????=

??2

 
 

24

D'où l'échantillon Ne=97, donc pour un degré de précision de 90%, quatre-vingt-dix-sept (97) pêcheurs dans quatre-vingt-dix-sept (97) unités de production ont été interrogés, pour la plupart il s'agit des capitaines de navigation qui sont généralement d'origine Saint-Louisienne, dans l'objectif d'obtenir des résultats représentatifs.

25

2.3.2.2 Echantillonnage pour la commune de Gandiol (Diel mbam)

Il existe 257 femmes transformatrices des huîtres au niveau de Diel Mbam, qui se sont constituées en GIE (GIE Bokk Diom). En utilisant la méthode de Fisher, avec une erreur de 15%, trente-sept (37) femmes transformatrices ont été questionnées, ce qui rapporte une représentativité de 85%.

2.3.3 Elaboration d'un guide d'entretien destiné aux gestionnaires, comités et partenaires de l'AMP

Le guide d'entretien est administré aux gestionnaires et personnes ressources de l'AMP dans

le sens de renforcer les questionnaires. Il regroupe des questions relatives aux différentes causes de la dégradation des écosystèmes marins et côtiers, de leurs conséquences sur les ressources, de l'importance des activités d'immersion de récifs artificiels et du reboisement de la mangrove et l'analyse des impacts que ces activités pourraient avoir sur la biodiversité marine et côtière (cf. Annexe 6).

2.3.4 Analyse comparative des rapports de l'état de référence en 2009 et de la pêche expérimentale de l'AMP en 2015

2.3.4.1 Etat de référence en 2009 : la méthode de la pêche expérimentale

Trois (3) opérations de pêche ont eu lieu au niveau de l'AMP de Saint-Louis. Les stations Keur Bernard, Keur Barka et Pilote correspondent respectivement aux positions de début, de milieu et de fin de l'AMP. Ce choix est fait après concertation avec les pêcheurs et les membres des comités de gestion. Chacune des stations a été subdivisée en trois parties pour l'étude des paramètres physico-chimiques et bathymétriques. Les pêches ont eu lieu le jour principalement à 9heures 30 et à 18heures, pour une durée moyenne de 45 minutes. Les espèces capturées ont été traitées suivant le classement en raison de leurs tailles, couleur, rareté ou appartenance zoologique, elles ont été triées, dénombrées et pesées, et les plus nombreuses et/ou de petite taille sont regroupées et formant un tas homogène. Ainsi, un échantillon est prélevé, trié, dénombré et pesé, et le nombre restant est évalué en termes de nombre de sceau. Les informations collectées sont constituées et analysées dans une base de données comprenant des variables, indépendamment des profils bathymétriques et physico-chimiques.

2.3.4.2 La méthode de la pêche expérimentale effectuée en 2015

Des opérations de pêches ont eu lieu dans les 9 stations sur les 10 qui ont été retenues par la commission scientifique (cf. Annexe 3). Ce choix est fait sur la base de l'essentiel des lieux de pêche, de la zone de protection intégrale, de l'embouchure et la liste des espèces focales

26

devant faire l'objet d'un suivi scientifique particulier. Cependant, six types d'engins de pêche sont utilisés suivant un calendrier prédéfini. Les poissons capturés sont triés par espèce puis comptés et pesés, leur sexe et leur stade de maturité sont déterminés. Les paramètres physico-chimiques sont mesurés en surface et au fond de l'eau simultanément avec les coups de pêche. Les informations collectées sont constituées et analysées dans une base de données.

2.3.5. Expérience sur la mangrove

L'expérience est faite pour déterminer la productivité en termes de ressources malacologiques d'une parcelle de mangrove reboisée en 2012 à Diél Mbam dans la périphérie de l'AMP. Elle consistait à définir neuf placettes de 1m2 chacune dans la parcelle de 90m2. Nous avons procédé à la détermination des coordonnées géographiques de la parcelle et de chaque placette, puis des paramètres physico-chimiques et halogènes à savoir la température de l'eau, la température ambiante, l'humidité de l'air, le pH, la salinité et le nombre de ressources malacologiques qui s'y trouvent (cf. Annexe 7). La parcelle et les placettes sont cartographiées pour une meilleure présentation du site.

2.3.6 Les logiciels

2.3.6.1 Cartographie de la parcelle reboisée en 2012 à Diél Mbam avec Quantum gis

Les coordonnées géographiques prises avec la fiche de suivi de la mangrove sont traitées dans Excel et exportées sur Quantum gis pour la cartographie de cette parcelle et la digitalisation des différentes placettes.

2.3.6.2 Autres logiciels

Past est un logiciel statistique naturaliste qui signifie « Paleontological statistics », utilisé en paléontologie et aussi pour diverses recherches de biologie et de géologie. Il a permis d'effectuer une analyse comparative des données de l'état de référence de 2009 et de la pêche expérimentale de 2015. De même pour Excel, nous avons traité certaines données découlant des enquêtes au niveau des pêcheurs et des femmes transformatrices.

Chapitre III. Résultats et discussions

3.1 Résultats

3.1.1 Typologie des acteurs

3.1.1.1 Répartition des personnes par âge

Un échantillon de 97 pêcheurs (un pêcheur par unité de production) a été interrogé afin d'évaluer les impacts des activités d'immersion de récifs artificiels sur la diversité halieutique (cf. Annexe 8). La figure 4 montre une variation importante de l'âge des enquêtés. Cependant, 29,9% des interrogés ont entre 30 et 40 ans, 19,6% entre 40 et 50 ans, 16,5% entre 50 et 60 ans, 7,2% entre 60 et 70 ans et 6,2% entre 0 et 20ans. L'interrogation des femmes transformatrices a permis également d'évaluer les impacts du reboisement de la mangrove sur les ressources malacologiques et l'avifaune. La figure 5 montre que 29,7% des femmes enquêtées ont entre 20 et 30 ans, 27% entre 30 et 40 ans, 27% entre 40 et 50 ans et 16,2% entre 50 et 60 ans. Ces résultats indiquent que la majorité des pêcheurs et femmes transformatrices interrogé est relativement jeune.

7,20%

16,50%

19,60%

6,20%

29,90%

20,60%

0-20 ans 20-30 ans 30-40 ans 40-50 ans 50-60 ans 60-70 ans

27,00%

16,20%

27,00%

29,70%

27

Figure 4 : Variation de l'âge des pêcheurs enquêtés Figure 5 : Variation de l'âge

des femmes transformatrices des huîtres enquêtées

28

31.1.2 Organisation du travail des femmes

Toutes les femmes enquêtées se sont organisées en GIE, ce qui leur facilitera l'acquisition de

financement. En ce qui concerne la cueillette et la transformation des huîtres 54% des interrogées travaillent pour le GIE, 27% travaillent de façon individuelle et 19% travaillent quelquefois pour le GIE et parfois individuellement.

GIE Individuel Individuel et GIE

27%

19%

54%

Figure 6 : Répartition des femmes enquêtées

3.1.1.3 Scolarisation des personnes enquêtées

Toutes les 37 femmes transformatrices des huîtres enquêtées ne sont pas instruites en français mais en arabe. Néanmoins, c'est avec cette langue qu'elles assurent la gestion du GIE.

L'analyse de la figure 7 révèle que 51,55% des pêcheurs interrogés ne sont pas instruits en français mais en arabe, et seuls 48,45% ont un niveau d'étude différent (du CI à la terminale). Cela prouve que la scolarisation des habitants de la commune de Saint-Louis (particulièrement Guet Ndar et Goxu Mbacc) est très influencée par la pêche. Donc la sensibilisation des enfants au niveau des écoles coraniques doit être encouragée pour une meilleure prise de conscience sur l'importance de la conservation des ressources halieutiques.

40,00%

60,00% 51,55%

50,00%

30,00%

20,00%

10,00%

0,00%

20,61%

9,30% 7,21% 5,15% 2,06% 1,03% 2,06% 1,03%

Figure 7 : scolarisation des pêcheurs enquêtés

29

3.1.1.4 Zones d'exploitation

Les résultats de l'étude de la figure 8 indiquent que les principales zones de pêche des enquêtés sont l'embouchure avec 51,10% et la Mauritanie 36,80%, ensuite le fleuve avec 4,3% et les zones de Cayar, Dakar, Casamance, Mbour et la sous-région avec respectivement 2,4%, 1,8%, 0,6%, 0,6% et 2,4%. Cette forte concentration de pêcheurs dans l'embouchure qui correspond à l'entrée de l'AMP affecte négativement les zones de repos, de nurserie et de reproduction de la biodiversité marine par le bruit des moteurs. Concernant les femmes, la figure 9 montre que leur principale zone de cueillette des huîtres est Diél Mbam selon 87,70% des enquêtées, ensuite les zones périphérique de l'AMP pour 11,2 % et puis au niveau des guirlandes confectionnées avec l'aide d'un bailleur pour 1,10%. L'exploitation de ces huîtres s'effectue naturellement dans la mangrove (racines de palétuviers) et seule 1,1% utilise des guirlandes. La confection de ces dernières doit être encouragée pour une exploitation rationnelle des ressources malacologiques et une gestion durable des écosystèmes de mangrove.

51,10%

36,80%

4,30% 2,40% 1,80% 0,60% 0,60% 2,40%

Figure 8 : différentes zones de pêche des enquêtés

11,20%

1,10%

Diél Mbam

Périphérie AMP

Guirlande

87,70%

Figure 9 : Différentes zones de cueillette des huîtres

30

3.1.2 Niveau d'information des acteurs

3.1.2.1 Niveau de connaissance de l'existence d'une zone de protection intégrale (ZPI) L'étude du graphique montre que 85% des enquêtés sont au courant de l'existence d'une zone de protection intégrale à l'opposé de 15% qui l'ignorent. Ce qui montre qu'une bonne partie des pêcheurs est informée par la visibilité des balises et les missions de sensibilisation effectuées dans cette zone.

Connaissent la ZPI Ignorent la ZPI

15%

85%

Figure 10 : Taux de connaissance de l'existence d'une Zone de Protection Intégrale (ZPI)

3.1.2.2 Niveau de connaissance de l'immersion de récifs artificiels

L'analyse des résultats montre que 77% des enquêtés étaient au courant de l'immersion de récifs artificiels contre 23% de notre échantillon. Donc une bonne partie des pêcheurs sont informés des activités de restauration des habitats dégradés au niveau de l'AMP de Saint-Louis.

23%

77%

Connaissent les récifs Ignorent les récifs

Figure 11 : Taux de connaissance de l'activité d'immersion de récifs artificiels

31

3.1.2.3 Niveau de connaissance des activités de reboisement de la mangrove

Toutes les femmes interrogées étaient au courant des activités de reboisement de la mangrove et ont eu à y participer durant les différentes années de reboisement (cf. Annexe 9). Leur forte mobilisation est due à l'importance accordée aux biens et services rendus par les écosystèmes de mangrove, comme source de revenus et ayant une fonction de protection et de fixation des sols. Un impact socio-économique positif envers la population à travers les ressources malacologiques et l'avifaune est noté.

3.1.3 Les activités de restauration des écosystèmes dégradés de l'AMP

3.1.3.1 Les causes de la dégradation des écosystèmes marins et côtiers

Selon les pêcheurs et les principaux gestionnaires, la rareté de certaines espèces est principalement due à l'absence d'habitat adéquat à leur reproduction et à leur survie. Cela provient, du chalutage démersal, de la surpêche, de l'utilisation de filet dormant etc. L'ensemble de ces causes notées est à l'origine de la menace de certaines espèces listées par les pêcheurs (cf. Annexe 11). Cependant, des mesures doivent être prises par les différents gestionnaires des écosystèmes marins et côtiers sur l'applicabilité des lois et règlements visant une gestion durable des ressources halieutiques.

Les principales causes de la dégradation des écosystèmes de mangrove au niveau de l'AMP sont : la salinisation des sols selon 40,90% des femmes enquêtées, l'ouverture de la brèche d'après 18,90% , le barrage de Diama selon 9,60%, les changements climatiques pour 8,80%, l'utilisation d'instruments destructeur des racines de palétuviers lors de la cueillette des huîtres selon 8%, l'érosion côtière d'après 5,8% et l'acidité des sols selon 8%.

40,90%

18,90%

8,80% 8,00% 9,60% 8%

5,80%

Figure 12 : Différentes causes de la dégradation de la mangrove selon les femmes transformatrices

32

3.1.3.2 Les conséquences de cette dégradation des écosystèmes mangrove

L'analyse de la figure 13 montre que les conséquences de la dégradation de la mangrove sont
la baisse de la production ostréicole selon 70%, une baisse des revenus d'après 20% et le
déracinement des palétuviers selon 10% des femmes enquêtées. Cependant, on constate que la
dégradation de la mangrove favorise une baisse de la production ostréicole qui se répercute sur
la vie socio-économique des femmes transformatrices des huîtres à Diél Mbam. Cependant,
Badji (2012) stipule que les activités de production sur la mer et les côtes sont perturbées par
l'absence d'habitat ou de végétation, et les conséquences de la dégradation sont multiples et
néfastes pour l'environnement et se répercutent sur la vie socio-économique de la population

Baisse de la production ostréicole

Baisse des revenus Déracinement des arbres

20%

10%

70%

Figure 13 : Conséquences de la dégradation de la mangrove selon les femmes transformatrices

3.1.3.3 L'impact de l'immersion des récifs artificiels sur les ressources halieutiques

En 2009, l'AMP de Saint-Louis dans le cadre de ses activités d'aménagement, a bénéficié d'un appui de Compact/FEM, pour la confection et l'immersion de trois cent deux (302 récifs artificiels) dans les zones de frayères (Zone de Protection Intégrale) avec une technologie locale. Puis en 2014, sous le financement du projet FEM, l'Aire Marine Protégée de Saint-Louis à travers le GIE Suxali AMP a confectionné quatre cents (400) récifs artificiels pour contribuer à l'atteinte des objectifs de conservation du site. Ainsi, dans le courant du mois d'octobre, l'équipe en place a programmé l'immersion des récifs artificiels en mer.

3.1.3.3.1 Analyse comparative des résultats des études biologiques de 2009 et de 2015 En 2009, vingt-cinq (25) taxons d'un poids total de 73 kg ont été dénombrés alors qu'en 2015 trente-quatre (34) taxons d'un poids total de 87,223 kg ont été inventoriés au niveau de l'AMP de Saint-Louis. Pour une période de six (6) ans, le nombre de taxons a évolué de neuf (9) points avec un différentiel de poids de 14,223 kg.

33

Seules 12 espèces que sont Brachydeuterus auritus, Chlorocombis chrysurus, Drepane africana, Cynoglossus senegalensis, Ephippion guttifer, Ilisha africana, Pentanemus quinquarius, Pseudotolithus senegalensis, Sardinella aurita, Sardinella maderensis, Stromateus fiatola et Trichiurus lepturus sont communes aux deux pêches. Ainsi, ces 12 espèces en commune peuvent être considérées comme étant la base permanente du peuplement de l'AMP de Saint-Louis en saison froide. Cependant, en 2015, environ 402 individus composés de 34 espèces, appartenant à 20 familles ont été identifiées (Cf. Annexe 12). En termes de diversité spécifique la famille des Scianidea et des Mugilidae avec quatre (4) espèces chacune sont les plus représentatives, viennent ensuite les Ariidae (3 espèces) et les Portunidae (2 espèces). Ce résultat peut être expliqué par l'effort de conservation consentis pour l'amélioration de la remontée biologique au niveau de l'AMP.

40

90

80

70

60

50

30

20

10

0

Etat de référence 2009 Pêche expérimentale 2015

73

25

87,223

34

Poids (Kg) Taxons

Figure 14: Taxons et poids dénombrés à l'AMP lors des deux pêches expérimentales

3.1.3.3.2 Niveau de satisfaction des pêcheurs après immersion de récifs artificiels

Selon 44,4% des pêcheurs interrogés, l'immersion de récifs artificiels est assez satisfaisante contrairement à 55,6% qui pensent que l'activité n'est pas satisfaisante.

Satisfaisant Très

satisfaisant

Peu

satisfaisant

Pas

satisfaisant

Pas satisfaisant Peu satisfaisant Satisfaisant

Très satisfaisant

55,60%

28,90%

15,50%

0,00%

60,00%

50,00%

40,00%

30,00%

20,00%

10,00%

0,00%

34

Figure 15 : Niveau de satisfaction des pêcheurs après immersion de récifs artificiels

3.1.3.4 L'impact du reboisement de la mangrove sur les ressources malacologiques et l'avifaune

3.1.3.4.1 Le reboisement de la mangrove

Le GTE Bokk Diom de Diéle Mbam a effectué un reboisement de mangrove sur une superficie de trente (30) hectares dans six sites au niveau de la zone périphérique de l'AMP de Saint-Louis sous financement du projet GIZC en 2015. Cette activité s'inscrit dans le cadre des stratégies d'adaptation aux changements climatiques par la réhabilitation des écosystèmes de mangroves. Pour une bonne productivité de la mangrove en termes de ressources malacologiques, il faut une durée de cinq (5) ans d'après la communication personnelle du président de la commission aménagement et suivi écologique M. Ahmet Sène Diagne, car la mise en place d'une biodiversité nécessite un long processus. En 2012 également, le GTE Bokk Diom avait effectué un reboisement de mangrove sur une superficie de vingt-cinq (25) hectares sous financement du projet FEM.

35

3.1.3.4.2 Les impacts

L'interrogation des femmes montre que le reboisement de la mangrove a des impacts positifs sur l'avifaune. Ces derniers sont notés lors de la cueillette des huîtres à travers la présence d'un nombre important d'oiseaux, de nids, de petits oiseaux et des oeufs. Ceci confirme le rôle de lieu de refuge et de reproduction que joue la mangrove sur l'avifaune. L'analyse du graphique montre une production ostréicole mensuelle de 15kg selon 49%, 20kg d'après 35% et 10kg pour 16% des femmes interrogées. Ces dernières ont constaté une baisse de la production ostréicole depuis l'ouverture de la brèche, ce qui se répercute sur leur vie socio-économique. Cependant, il est nécessaire d'intensifier le reboisement de la mangrove malgré l'impact positif noté.

Production ostréicole mensuelle des femmes

35%

10Kg 15Kg 20Kg

16%

49%

Figure 16 : Production ostréicole mensuelle des femmes transformatrices

Les résultats de notre enquête effectuée au niveau des femmes transformatrices des huîtres à Diél Mbam et l'interrogation des gestionnaires ont révélé que l'activité de reboisement de la mangrove a un impact positif sur les ressources malacologiques car la mangrove sert de support, de lieu de reproduction et de grossissement de plusieurs espèces halieutiques et l'avifaune.

L'évaluation des ressources malacologique sur une parcelle de 90m2 reboisée en 2012 a montré la présence de six (6) potamides (Potamide graecus) et treize (13) terriers de crabes violonistes (Uca tangeri) en moyenne dans chaque placette de 1m2, des indices de présence d'oiseaux tels que les limicoles et des mollusques telles que les arches sont également notées dans la zone (Photo1).

36

Photo 1 : Ressources malacologiques (potamides et crabe violoniste dans son terrier) retrouvées dans les placettes de mangrove (échelle : 6méga pixels)

Figure 17 : Carte de la parcelle de mangrove

Le processus est suivi avec la mesure des paramètres physico-chimiques environnementaux de la zone de mangrove de Diél Mbam tels que la température ambiante, la température de l'eau, le pH, la salinité, l'humidité relative. Ces données constituent des informations supplémentaires dont l'AMP ne disposait pas (Tableau 4).

37

Photo 2 : Mesure des paramètres physico-chimiques de la zone de mangrove (échelle : 6 méga pixels)

Tableau 4 : Paramètres environnementaux de la zone de mangrove

Coordonnées géographiques

Paramètres physico-chimiques

X

Y

T°e

T°a

HR

Ph

S

339861

1763542

 
 
 
 
 

339835

1763593

 
 
 
 
 

339817

1763615

25-27

27,4

63

7,01-7,57

22-26

339818

1763679

 
 
 
 
 

339742

1763815

 
 
 
 
 

339717

1763846

 
 
 
 
 

339705

1763919

 
 
 
 
 

339820

1763754

 
 
 
 
 

339857

1763530

 
 
 
 
 
 

T°e=Température de l'eau pH=Potentiel hydrogène

T°a=Température ambiante S=Salinité

HR=Humidité relative

3.2 Discussion

3.2.1 Impacts de l'immersion des récifs artificiels

Les résultats de la comparaison de l'état de référence de 2009 et de la pêche expérimentale de 2015 ont montré une évolution du nombre de taxons passant de 25 à 34 (Figure 15). Cette progression est également notée au niveau du poids des captures passant de 73 kg en 2009 à 87,223 kg en 2015. Ceci est en concordance avec les résultats notés au niveau de l'AMP de Joal (Rapport d'activité, 2011) après l'immersion de récifs coquillage avec l'apparition de certaines espèces qui étaient devenues rares telles que le Mérou et des juvéniles de Tassergal au terme des quatre saisons.

Selon Claudet (2006) les récifs artificiels constituent un moyen de créer de la biomasse par l'installation de nouveaux peuplements, ces mesures de gestion concernent l'écosystème, l'ensemble des communautés. Or, les interactions entre les espèces de poissons sont complexes et les caractéristiques biologiques et les dynamiques de chaque espèce font qu'elles sont chacune affectées de manière spécifique.

48

40

24

88

80

72

64

56

32

Taxons

Poids (Kg)

38

Figure 18 : Evolution des taxons et du poids des captures dans l'AMP de 2009 à 2015

39

Les résultats de l'enquête des pêcheurs ont révélé que l'immersion de récifs artificiels n'est pas satisfaisante et qu'aucun impact positif n'est noté selon 55,6% des interrogés contre 44,4% qui affirment que l'activité est assez satisfaisante car ils ont noté le retour progressif de certaines espèces indicatrices (par exemple le Mérou) et l'apparition de poulpes. En effet, les récifs constituent des habitats adéquats pour les espèces démersales. Cependant, l'évaluation de l'activité par les pêcheurs s'est basée sur une absence d'indicateurs, une configuration des récifs non adéquate à la zone immergée. Ceci est confirmé par (Claudet, 2006) qui stipule que les interactions entre la zone mise en protection et les zones adjacentes non protégées sont une source de polémiques en raison du manque de preuves permettant de décrire ces impacts et de mesurer leur importance. D'un point de vue halieutique, les AMP et les récifs artificiels ne sont pas des mesures mono-spécifiques de gestion des pêches, comme peuvent l'être les limitations en taille des individus prélevés ou des captures de certaines espèces Claudet (2006). Un suivi des récifs artificiels immergés a été fait par une équipe de plongeur sous-marine « Nautilus Plongée » en 2014. Cette plongée avait pour objectif de constater l'impact sur la vie aquatique consécutif à l'immersion de récifs artificiels.

Comme résultat il a été impossible de repérer le moindre récif artificiel car la turbidité de l'eau empêchait tout repérage. Ce résultat de la qualité de l'eau peut être justifié par les photographies aériennes capturées sur Google Earth à cette période (Photo 1 et 2) qui montrent un échange important d'eau du fleuve vers la mer par l'intermédiaire de la brèche. Selon Nautilus plongée (2014), s'il est avéré que ce sont les eaux du fleuve par l'intermédiaire de la brèche qui contribuent à instaurer cette turbidité, il serait envisageable soit de faire des repérages en amont de la brèche en direction du nord soit de s'éloigner de la côte en direction du large.

AMP Saint-Louis

Echanges d'eau du fleuve vers la mer par l'intermédiaire de la brèche ouverte en 2003

Photo 1 : photographie aérienne de la zone d'immersion de récifs artificiels et qualité de l'eau en 2014 (Mai 2014)

AMP Saint-Louis

Echanges d'eau et apports de sable fin du fleuve vers la mer par l'intermédiaire de la brèche

40

Photo 2 : photographie aérienne de la zone d'immersion de récifs artificiels et qualité de l'eau en 2014 (Août 2014)

Le suivi d'un récif artificiel recouvre toutes les actions qui visent à mesurer, analyser puis rendre compte des interactions qui se développent sur le site d'immersion et dans l'aire d'influence du récif entre, la structure immergée, la colonne d'eau et le substrat, la faune et la flore marines, les activités humaines (DSIRA, 2012). Pour pouvoir caractériser l'ensemble des interactions développées sur un site d'immersion, le suivi peut se structurer autour de 7 composantes définies de la manière suivante :

o suivi de la structure et de la qualité des fonds ;

o suivi de l'évolution physique des structures immergées ;

o suivi des faunes et flores fixées ;

o suivi ichtyologique ;

o suivi des pêches ;

o suivi des activités développées sur les récifs artificiels ;

o suivi des milieux sensibles d'intérêt patrimoniaux.

Le suivi d'un récif va consister à caractériser les interactions « réelles » qui s'instaurent à la suite de l'immersion du récif. La mise en place du suivi a vocation à faire appel à des champs d'analyse qui relèvent de disciplines diverses, telles que l'écologie, la sociologie, l'économie, la technologie des activités maritimes (DSIRA, 2012). En somme, l'analyse des résultats de nos différentes études nous a permis d'affirmer que l'immersion des récifs artificiels a contribué partiellement à la restauration des habitats dégradés en ayant des impacts positifs sur la biodiversité halieutique. Donc la première hypothèse est partiellement vérifiée.

41

3.2.2 Impacts du reboisement de la mangrove

L'écosystème de mangrove a la particularité de pouvoir se développer dans un milieu soumis à d'énormes variations au cours du temps, rythmé par les marées et les crues sur des sols sursaturés d'eau, manquant d'oxygène et salés. La mangrove est aussi dépendante de plusieurs facteurs : la sécheresse, la gestion des grands barrages et aménagements sur le fleuve Sénégal et la dynamique urbaine. Le reboisement de la mangrove est une activité primordiale dans la gestion des zones côtières. Les résultats de l'expérience sur la parcelle de mangrove et l'interrogation des femmes transformatrices prouvent qu'elle constitue un écosystème dont le reboisement a un impact positif sur les ressources malacologiques et sur l'avifaune. Ces résultats sont en conformité avec ceux de Badji (2012) qui précise que beaucoup d'espèces vivent dans les côtes, et les critères et leur mode de vie permettent de distinguer plusieurs groupes.

Ces derniers sont constitués par la faune terrestre qui comprend les oiseaux, les insectes, les reptiles et les mammifères, et la faune marine qui regroupe les huîtres, les littorines et les chtamales. Les oiseaux d'eau qui s'y trouvent essentiellement prélèvent leurs proies des produits des végétaux. C'est le cas des Pélicans (Pelecanus rufescens), les Cormorans (Phalocrocorase africanus) et tant d'autres. Il y'a les animaux qui occupent les substrats vaseux et sablo-vaseux comme les crabes violonistes, des poissons, etc. sont trouvés dans les zones de mangrove. La mangrove est une zone très riche en matière de ressources animales et végétales. Elle a donc besoin des conditions particulières pour sa mise en place et d'une bonne protection (Badji, 2012).

Marius (1985) stipule que dans les écosystèmes de mangrove, les mollusques sont représentés par les huîtres qui se fixent sur les racines échasses des Rhizophora, auxquelles sont associés quelques gastéropodes et des bivalves. L'analyse des résultats de nos différentes études nous a permis d'affirmer que le reboisement de la mangrove a contribué partiellement à la restauration des habitats dégradés en ayant des impacts positifs sur les ressources malacologiques et sur l'avifaune. Donc la deuxième hypothèse est vérifiée.

3.2.3 Impacts de la brèche

Pour la brèche, Niang (2012) précise que l'ouverture de cette brèche risque d'avoir des conséquences imprévisibles sur la zone. « La brèche va avoir un impact environnemental difficile à gérer. Elle menace directement les îlots environnants et va détruire la mangrove qui sert de refuge et de lieu de reproduction aux poissons, aux tortues et à plusieurs espèces d'oiseaux ». Le canal a suscité également de grandes inquiétudes du côté de certaines ONG.

42

De l'avis d'A. Soumaré chargé de programme au WWF WAMER, « l'ouverture de cette brèche permet l'arrivée frontale des vagues de l'océan, ce qui provoque une érosion mécanique de la langue de Barbarie et entraîne une modification de la mangrove ». D'autres affirment que la brèche va perturber tous les écosystèmes du milieu. Déjà, les bancs de sables (en particulier l'îlot aux oiseaux du PNLB) qui servaient de nichoirs à certains oiseaux et tortues, sont en train de disparaître à cause des eaux. De même, l'AMP de Saint-Louis dont l'objectif est de promouvoir le repos biologique des espèces, donc une zone en principe tranquille et peu perturbée se connecte sur la brèche devenue le passage privilégié des pêcheurs de Guet Ndar. C'est donc dans la confrontation de toutes ces positions par rapport à cette nouvelle embouchure (passage obligé des espèces qui se reproduisent dans le fleuve et lieu de croissance des juvéniles de poissons d'eau saumâtre et des cétacés) que réside toute la complexité de la gestion de l'AMP de Saint-Louis par rapport à une brèche diversement appréciée par les principaux acteurs (Niang, 2012). Donc la sensibilisation des pêcheurs sur l'importance d'une AMP doit être renforcée et le projet de stabilisation de la brèche doit être accéléré afin de réduire les nombreuses pertes enregistrées depuis l'ouverture de cette brèche.

3.2.4 Impacts du barrage de Diama

En ce qui concerne le barrage de Diama, sa construction a contribué à une déstabilisation de l'écosystème du delta dans son ensemble avec des conséquences négatives sur l'ichtyofaune. Kane (2005) estime que la biodiversité des poissons est menacée dans le cadre de l'après barrage. En effet, les ouvrages du barrage constituent des barrières physiques contre la migration des poissons et entraînent une perte d'habitat du fait du rétrécissement de la zone estuarienne. Le mode de gestion du barrage de Diama (retenues et lâchers périodiques d'eau) entraîne des variations brusques des conditions hydrodynamiques néfastes aux poissons évoluant dans l'estuaire. Selon les techniciens du service de l'hydrologie de Saint-Louis, les impacts ichtyologiques n'ont pas été pris en compte lors de la construction du barrage. Les techniciens du service régional des pêches y voient une des causes majeures de la diminution des ressources halieutiques dans la zone. Avec le barrage, le peuplement marin inféodé à l'estuaire s'arrête à Diama et n'atteint plus ses zones de reproduction situées en amont. Globalement, on assiste à une diminution importante voire à une disparition d'espèces à affinité marine ou estuarienne comme Ethmalosa fimbriata, Tilapia guineensis etc. (Niang, 2012).

3.2.5 Indicateurs de suivi proposés

Dans le cadre des activités d'aménagement d'une AMP, des suivis sont très utiles. Cependant, nous proposons des indicateurs de suivi de la biodiversité halieutique et de l'avifaune qui

43

permettront une meilleure évaluation des activités de restauration des écosystèmes de l'AMP. Relativement pour le suivi des récifs artificiels et du reboisement de la mangrove, les indicateurs biologiques et socio-économiques pourront être définis :

3.2.5.1 Indicateurs biologiques

En ce qui concerne les indicateurs biologiques, nous avons :

o l'augmentation ou la diminution de la taille des espèces focales capturées dans la zone de protection intégrale lors des pêches expérimentales ;

o l'augmentation ou la diminution du poids moyen des espèces focales capturées dans la zone de protection intégrale lors des pêches expérimentales ;

o l'augmentation ou la diminution du nombre d'alevins capturés dans la zone de protection intégrale ;

o l'apparition de nouvelles espèces indicatrices ;

o la richesse spécifique des captures ;

o l'augmentation ou la diminution du nombre d'oiseaux décomptés lors des suivis aviaires ;

3.2.5.2 Indicateurs socio-économiques

Comme indicateurs socio-économiques, nous avons proposés :

o l'augmentation ou la baisse de revenu des pêcheurs ;

o l'augmentation de l'effort de pêche ;

o l'augmentation de la fréquentation de la zone de pêche artisanale modérée.

Ces indicateurs déduits de l'interrogation des gestionnaires, des pêcheurs et de la recherche bibliographique, constituent des outils qui permettront de donner une information simple, quantitative et qualitative et d'évaluer la communication sur les activités d'aménagement de l'AMP de Saint-Louis.

44

Conclusion et perspectives

Conclusion

Cette étude sur les activités de restauration des écosystèmes dégradés de l'AMP de Saint-Louis nous a permis de montrer qu'au-delà des conséquences de la dégradation de ces écosystèmes, le potentiel de la biodiversité marine et côtière de la zone reste encore relativement important. L'immersion des récifs artificiels est jugée satisfaisante selon 55,6% des pêcheurs enquêtés contre 44,4% qui pensent que l'activité est assez satisfaisante. Néanmoins, on note une évolution du nombre de taxons et du poids qui passent respectivement de 25 à 34 et de 73kg à 87,223 kg. En ce qui concerne le reboisement de la mangrove, l'activité est satisfaisante d'après toutes les femmes transformatrices des huîtres interrogées et les gestionnaires de l'AMP.

De nombreux impacts attendus des récifs artificiels restent encore à démontrer. Des méthodes d'évaluation sont donc encore nécessaires pour une bonne gestion de ces aménagements. Ces améliorations peuvent passer par un perfectionnement des protocoles expérimentaux (Claudet, 2009). Tout au long de notre étude, nous nous sommes intéressés qu'aux impacts halieutiques des récifs artificiels bien que des indicateurs de suivi ont été proposés. Il convient de développer en parallèle aux méthodes de suivi proposé ci-dessus, des méthodes adéquates d'évaluation et des indicateurs associés, en relation avec les objectifs socio-économiques pour une gestion intégrée des zones côtières. En outre, l'écosystème mangrove doit faire l'objet d'une attention particulière afin de limiter sa dégradation qui entrainerait une perte de biodiversité. Il y'a un grand besoin de mieux comprendre les impacts des changements de l'environnement sur la flore et la faune de la mangrove. Les mangroves doivent être considérées en tant que capital économique. Cependant, l'interrogation des acteurs directs de la ressource a permis de confirmer l'impact de ces activités sur la biodiversité marine et côtière. Ces impacts relativement positifs prouvent la nécessité d'intensifier l'immersion de récifs artificiels et le reboisement de la mangrove et d'adopter des méthodes de suivi adéquates. Cependant, comme le rappelle Sumaila & Charles (2002), la gestion d'une AMP doit se reposer sur « un triangle de paradigme dont les sommets représentent trois objectifs de gestion différents : la conservation de la biodiversité, l'efficacité économique et l'équité sociale ». Si la pertinence de la conservation de la biodiversité dans une AMP n'est pas à démontrer, celle de l'efficacité économique et l'équité sociale sont moins bien admises dans la mise en oeuvre des AMP.

45

En effet, l'efficacité économique qui renvoie au rapport entre les moyens mis en oeuvre et les résultats obtenus tout comme l'équité sociale qui fait référence aux retombées de l'AMP sur les différents usagers légitimes des ressources halieutiques, sont aussi cruciales quant à leur prise en compte dans la gestion d'une AMP.

Perspectives

Les perspectives pour la restauration des écosystèmes dégradés de l'AMP sont multiples. Il s'agit entre autres de :

y' renforcer l'immersion de récifs artificiels avec des épaves ;

y' effectuer des missions de suivis réguliers des récifs immergés ;

y' reboiser en permanence la mangrove et veiller à l'assainissement des sites ;

y' aménager les zones de mangroves en des sites d'écotourisme ;

y' renforcer les activités de sensibilisation des pêcheurs sur l'utilité de respecter la zone

de protection intégrale (ZPI) ;

y' organiser des sessions de formation sur les techniques de production ostréicole durable

par la confection de guirlandes ;

y' instaurer une durée de repos biologique convenable des espèces marines et côtières.

46

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xiv

Table des matières

DEDICACES ii

Avant-propos iii

Remerciements iv

Résumé vi

Abstract vii

Liste des sigles et acronymes viii

Liste des tableaux ix

Liste des figures x

Sommaire xi

Introduction 1

Chapitre I : Revue bibliographique 4

DEFINITION DE CONCEPTS ET ANALYSE CRITIQUE DE LA LITTERATURE 4

Aire Protégée 4

Aire marine protégée 4

La restauration 5

L'écosystème 6

Ecosystèmes dégradés 6

Les récifs artificiels 7

La mangrove 8

La biodiversité de la mangrove 9

L'impact 9

La biodiversité 9

La biodiversité marine et côtière 10

Chapitre II : Présentation du site, matériel et méthodes 11

2.1. Présentation du site 11

2.1.1 Cadre sociodémographique de Saint-Louis 11

2.1.2 Cadre socioéconomique : domaines d'activités 11

2.1.2.1 La pêche 11

2.1.2.2 Les activités connexes 12

2.1.2.3 Les autres activités économiques 12

2.1.3 Présentation de l'AMP de Saint-Louis 12

2.1.3.1 Facteurs biophysiques 13

2.1.3.1.1 Le climat 13

2.1.3.1.2 La pluviométrie 13

2.1.3.1.3 Les températures 14

2.1.3.1.4 L'évaporation et l'humidité relative 14

2.1.3.1.5 Les vents 14

2.1.4 Evolution géomorphologique 14

xv

2.1.4.1 Morphologie et sédimentation des fonds de pêche 15

2.1.4.2 Hydrologie marine : les remontées d'eaux froides 15

2.1.5 Les habitats naturels : Géographie et toponymie des lieux de pêche 16

2.1.6 Les ressources halieutiques 18

2.1.6.1 Les invertébrés marins 18

2.1.6.2 Les poissons : la principale ressource exploitée 18

2.1.7 Présentation de la mangrove 19

2.1.8 Gestion de l'AMP 19

2.1.8.1 Cadre juridique 19

o Le régime juridique du Domaine Public Maritime 19

o Le régime juridique de la pêche maritime 19

2.1.8.2 Le cadre institutionnel 20

2.1.8.3 Les organes de gestion de l'AMP de Saint-Louis 20

2.1.8.4 L'Assemblée Générale 20

2.1.8.5 Le comité de gestion 20

2.2. Matériel 21

2.2.1. Un questionnaire administré aux pêcheurs de Saint-Louis 21

2.2.2. Des rapports de l'état de référence de 2009 et de la pêche expérimentale de 2015 21

2.2.3. Un questionnaire administré aux femmes transformatrices des huîtres à Diél Mbam 23

2.2.4. Un guide d'entretien destiné aux gestionnaires et partenaires de l'AMP 23

2.2.5. Une fiche de suivi de la mangrove reboisée en 2012 à Diél Mbam 23

2.2.6. Des logiciels 23

2.3. Méthode 23

2.3.1. La recherche documentaire 23

2.3.2. L'élaboration des questionnaires administrés aux pêcheurs artisanaux de la commune de Saint-

Louis et aux femmes transformatrices de Gandiol (Village de Diél Mbam) 24

2.3.2.1 Echantillonnage pour la commune de Saint-Louis 24

2.3.2.2 Echantillonnage pour la commune de Gandiol (Diel mbam) 25

2.3.3 Elaboration d'un guide d'entretien destiné aux gestionnaires, comités et partenaires de l'AMP25 2.3.4 Analyse comparative des rapports de l'état de référence en 2009 et de la pêche expérimentale de

l'AMP en 2015 25

2.3.4.1 Etat de référence en 2009 : la méthode de la pêche expérimentale 25

2.3.4.2 La méthode de la pêche expérimentale effectuée en 2015 25

2.3.5. Expérience sur la mangrove 26

2.3.6 Les logiciels 26

2.3.6.1 Cartographie de la parcelle reboisée en 2012 à Diél Mbam avec Quantum gis 26

2.3.6.2 Autres logiciels 26

Chapitre III. Résultats et discussions 27

3.1 Résultats 27

3.1.1 Typologie des acteurs 27

3.1.1.1 Répartition des personnes par âge 27

31.1.2 Organisation du travail des femmes 28

3.1.1.3 Scolarisation des personnes enquêtées 28

3.1.1.4 Zones d'exploitation 29

3.1.2 Niveau d'information des acteurs 30

3.1.2.1 Niveau de connaissance de l'existence d'une zone de protection intégrale (ZPI) 30

3.1.2.2 Niveau de connaissance de l'immersion de récifs artificiels 30

xvi

3.1.2.3 Niveau de connaissance des activités de reboisement de la mangrove 31

3.1.3 Les activités de restauration des écosystèmes dégradés de l'AMP 31

3.1.3.1 Les causes de la dégradation des écosystèmes marins et côtiers 31

3.1.3.2 Les conséquences de cette dégradation des écosystèmes mangrove 32

3.1.3.3 L'impact de l'immersion des récifs artificiels sur les ressources halieutiques 32

3.1.3.3.1 Analyse comparative des résultats des études biologiques de 2009 et de 2015 32

3.1.3.3.2 Niveau de satisfaction des pêcheurs après immersion de récifs artificiels 33

3.1.3.4 L'impact du reboisement de la mangrove sur les ressources malacologiques et

l'avifaune 34

3.1.3.4.1 Le reboisement de la mangrove 34

3.1.3.4.2 Les impacts 35

3.2 Discussion 38

3.2.1 Impacts de l'immersion des récifs artificiels 38

3.2.2 Impacts du reboisement de la mangrove 41

3.2.3 Impacts de la brèche 41

3.2.4 Impacts du barrage de Diama 42

3.2.5 Indicateurs de suivi proposés 42

3.2.5.1 Indicateurs biologiques 43

3.2.5.2 Indicateurs socio-économiques 43

Conclusion et perspectives 44

Conclusion 44

Perspectives 45

Bibliographie 46

Annexes xvii

xvii

Annexes

Annexe 1 : Principales espèces de poissons pélagiques pêchées à Saint-Louis

Appellations

Période

Vernaculaire Wolof

Français

Scientifique

Deem

Grand mulet

Mugil cephalus (Linnaeus, 1758)

Décembre à Juin

Diai

Chinchard jaune

Decapterus ronchus (Saint-Hilaire, 1817)

Diai bu nioul

Chinchard noir

Trachurus tracae (Cadenat, 1950)

Kirikiri

Thonine

Euthyllis alleteratus (Rafinesque, 1810)

Silingkeu

Barre

Dicentrarchis punctatis (Bloch, 1792)

Thath

Liche Vadigo

Campogramma glacos (Lacepède, 1801)

Yaboy Tass

Sardinelle plate

Sardinella maderensis (Lowe, 1838)

Yaboy Meureuk

Sardinelle ronde

Sardinella aurita (Valenciennes, 1847)

Yawal

Scyris d'Alexandrie

Scyris Alexandria (Prokofiev, 2001)

Warangal

Liche amie

Lichia amia ((Linnaeus, 1758)

Kobo

Ethmalose

Ethmalosa fimbriata (Bowdich, 1825)

 

Ngot

Tassergal

Pomotomus saltator (Linnaeus, 1766)

Mai à

Octobre

Ndiarweule

Liche glauque

Trachinoctis ovatis (Linnaeus, 1758)

Tawett

Carangue du Sénégal

Carang sénégalus (Cuvier, 1833)

Sompatt (Koroth)

Pristipomme ordinaire

Pomadasis peroteti (Cuvier, 1830)

 

xviii

Annexe 2 : Les espèces de poissons démersaux péchés dans l'AMP de Saint-Louis

Appellation

Période

Vernaculaire Wolof

Français

Scientifique

Banda

Daurade grise

Plectorhichis mediterraneensis (Guichenot,

Toute l'année avec une forte intensité entre Avril et Juin

1850)

 

Beur ou

Sakhabi

Courbine

Argirosomus regius (Asso, 1801)

Badéche

Badéche

Mycteroperca rubra (Bloch, 1793)

Darègne

Dentex

Dentex filosus (Rafinesque, 1810)

Doye

Mérou de Gorée

Epinephlus goreensis (Valenciennes, 1830)

Khal

Otholite bobo

Pseudotolithus elongatus (Bowdich, 1825)

Khassaw

Fiatol

Stromateus fiatola (Linnaeus, 1758)

Khedd

Brochet

Sphyraena phyreana (Gilchrist & Thompson,

1909)

 

Kibaro nar

Pagre

Pagrus erhenbergi (Akazaki, 1962)

Kibaro

Dorade

Sparus ehrenbergii (Valenciennes, 1830)

Kocc

Mérou de méditerranée

Epinephlus gigas (Linnaeus, 1758)

Magne magnère

Dentex à gros yeux

Dentex macrophtalmus (Bloch, 1791)

Mori

Loche

Merlucius senegalensis Cadenat, 1950

Ndiané

Capitaine

Polydactylus quadrifilus (Cuvier, 1829)

Rascasse

Rascasse

Scorpaena stephanica (Cadenat, 1943)

Rour

Mérou noir

Epinephlus canunis (Valenciennes, 1843)

Sole

Sole langue

Cynoglossus senegalensis (Kaup, 1858)

Thiof

Mérou blanc

Epinephlus aeneus(Saint-Hilaire, 1817)

Tiki ou youfouf

Pageot

Pagellus copei (Risso, 1827)

Feutt

Otholite du sénégal

Pseudotolithus senegenlis (Valenciennes, 1833)

Toute l'année

avec une forte

intensité entre

Juillet et

Octobre

Khedd

Barracuda

Sphyraena piscatoreum (Gilchrist & Thompson, 1909)

Kong

Machoiron

Arius sp (Günther, 1867)

Tonone

Otholite nain

Pseudotolithus typus (Bleeker, 1863)

xix

Annexe 3 : Carte zonage AMP-SL et les stations de pêche expérimentale en 2015 représenté par des étoiles

xx

Annexe 4: Questionnaire administré aux pêcheurs de Saint-Louis

xxi

Annexe 5 : Questionnaires administré aux femmes transformatrice des huîtres à Diél

Mbam

xxii

Annexe 6 : Guide d'entretien destiné aux gestionnaires, partenaires et comité de gestion de l'AMP

Date

Nom de l'interlocuteur

Profession ou poste occupé

Introduction présentation

Je suis étudiante en Master II en Gestion des Aires Protégées et de la Faune à l'Institut Supérieur de Formation Agricole et Rurale (ISFAR ex ENCR de Bambey). Il s'agit d'un travail d'entretien pour recueillir votre point de vue sur l'impact des activités de restauration des écosystèmes dégradés de l'AMP de Saint-Louis : cas de l'immersion des récifs artificiels et du reboisement de la mangrove.

Cet échange vise à recueillir votre analyse sur la démarche à suivre pour déterminer l'impact de ces activités sur la biodiversité halieutique et l'avifaune ainsi que les indicateurs de suivi.

Les résultats découlant de ce travail serviront à définir les indicateurs de suivi et les activités de sensibilisation à mener pour une meilleure conservation des écosystèmes.

Causes de la dégradation des écosystèmes marins et côtiers

· Selon vous, quelles sont les causes de la dégradation des écosystèmes ? Conséquences de la dégradation des écosystèmes

· Quelles sont les conséquences sur la biodiversité halieutique et l'avifaune ? Activités de restauration des écosystèmes dégradés

· Quelle est l'importance de l'immersion de récifs artificiels et du reboisement de la mangrove ?

· Comment doit-on suivre ces activités après leurs réalisations ? Analyse des impacts

· Selon vous, quels impacts peuvent avoir des récifs artificiels et de la mangrove sur la biodiversité halieutique et l'avifaune ?

· Quels peuvent être les indicateurs de suivi ?

· Quelle(s) autre(s) activité(s) de restauration des écosystèmes préconiseriez-vous aux gestionnaires de l'AMP ainsi que leur(s) indicateur(s) de suivi ?

xxiii

Annexe 7 : Fiche expérimentale de la mangrove

Fiche de suivi de la mangrove reboisée en 2012 à Diel Mbam (exemple d'une parcellaire de 90m2)

Marée : Basse

Sites

Coordonnées géographiques

Paramètres physico-chimiques

Ressources malacologiques

X

Y

Température eau

Température ambiante

Humidité relative

pH

Salinité

Espèces et/ou indices

Nombre

PM

 
 
 

P1

 
 
 
 
 
 
 
 
 

P2

 
 
 
 
 
 
 
 
 

P3

 
 
 
 
 
 
 
 
 

PM

 
 
 

P1

 
 
 
 
 
 
 
 
 

P2

 
 
 
 
 
 
 
 
 

P3

 
 
 
 
 
 
 
 
 

PM

 
 
 

P1

 
 
 
 
 
 
 
 
 

P2

 
 
 
 
 
 
 
 
 

P3

 
 
 
 
 
 
 
 
 

PM = Parcellaire mangrove (90m2) P= Placette (1m2)

xxiv

Annexe 8 : Liste des pêcheurs enquêtés

Numéro

Prénoms/ Noms

3

Malick séne Diop

27

Abdou khadre Dièye

14

Pape Samba Diédhiou

38

Abdou Wade

11

Diadia Sow

35

Abdoulaye Diaw

23

Saliou Sall

47

Abdoulaye Sy

2

Saer GAYE

26

Adama Fall

9

Assane Teuw

33

Baye Fall

1

Maguette SECK

25

Dame Ndiaye

19

Arona Diop

43

Ibrahima Sall

8

Massène Séne

32

Idrissa Diouf

17

Assane Mbaye

41

Lamine Wade

12

Allé Lo

36

Leïdy Teuw

6

Massow Mbaye

30

Mamadou Dièye

24

Seydina Alioune Ndiaye

48

Mamadou Dièye

7

Condy Teuw

31

Mamadou Sène

13

Matar Sow

37

Mamadou Thiam

4

Vieux Diop

28

Mame Omar Fall

22

Ibrahima Ndiaye

46

Moukhsine Thiam

10

Assane Sarr

34

Moussa Diaw

5

Moulaye Mbaye

29

Moustapha Diallo

20

Moustapha Dieng

44

Moustapha Mboup

18

Boly Dièye

42

Ndiawar Wade

21

Cheikh Sène

45

Pape Fall

15

Ismaila Sèye

39

Pape Laye Dièye

16

Baba Seck

40

Serigne Modou Mbaye

Numéro

Prénoms/ Noms

73

Vieux Aly Gueye

 

69

Babacar Fall

94

Abdou Fall

66

Khalifa Gaye

91

Abou Faye

67

Baty Diop

92

Adama Faye

70

Ndiaye Thiam

95

Adama Seye

50

Elhadji Bara Diagne

75

Assane Niang

49

Alioune Badara Gueye

74

Banna Ngom

55

Serigne Saliou Sall

80

Baye Sarr

58

Kéba Wilane

83

Birahim Fall

63

Souleymane Touré

88

Cheikh Diagne

53

Tapha Dièye

78

Cheikh Saad bou Gueye

52

Mmae Dame Mbodji

77

Cheikh Tidiane Gaye

59

Khadime Diop

84

Faly Fall

51

Mamadou Teuw

76

Maguette Diaw

xxv

62

 

Vieux Djiby Sakho

87

Maguette Gueye

61

Papa Diaw

86

Maissa Thioub

72

Sadikh Gueye

97

Malamine Fall

71

Mamadou Dièye

96

Mamadou Dièye

54

Abdou Karime Sall

79

Mamadou Gaye

60

Assane Fall

85

Mandiaye Dièye

57

Ibrahima Sarr

82

Mawa Seck

65

Abbasse Fall

90

Moctar Fall

64

Abou Fall

89

Mouhamed Diop

56

Abdoulaye Mané

81

Papa Nala Diop

68

Thairou Diagne

93

Tapha Sarr

Annexe 9 : Liste des femmes transformatrices des huîtres interrogées à Diél Mbam

Numéro

Prénoms/ Noms

13

Fatou Wade

37

Aïda Diallo

11

Siré Sène

35

Aïssatou Dièye

10

Seynabou Seck

34

Astou wade

2

Ndèye Ka

26

Awa Diagne

9

Diary Ndiaye

33

Coumba Diallo

8

Awa Diakhaté

32

Coumba Ndiaye

3

Aminata Sogue

27

Fatou Mbaye

7

Ndèye Ndioba Faye

31

Naty Diop

5

Fawou Khady Ndiaye

29

Ndèye Wade

6

Adja Sarr

30

Ndoumbé Dièye

4

Fadiamar Ndiaye

28

Rama Wade

1

Fatou Mbaye Sarr

25

Rokhaya Diop

12

Fadiamar Fall

36

Soda Gueye

14

Ndèye Fatou Diakhaté

 

15

Ndèye Ndiaye

16

Fatou Diakhaté

17

Khady Gaye Faye

18

Aida Fall

19

Awa Diakhaté

20

Fatou Cissé

21

Aissatou Sène

22

Khady Faye

23

Ndioba Faye

24

Astou Sène

xxvi

Annexe 10 : Liste des gestionnaires, membres du comité de gestion et partenaires de l'AMP, interviewés

Date

Nom de l'interlocuteur

Profession ou poste occupé

16/02/2016

Cne Mignane SARR

Conservateur AMP-SL

16/02/2016

LT Ousmane NDIAYE

Adjoint conservateur

18/02/2016

Dr Farokh NIASS

Enseignant chercheur à

l'UGB, Membre comité
Scientifique et technique

19/02/2016

Dr Justin KANTOUSSAN

Enseignant chercheur à

l'UGB, Membre comité
Scientifique et technique

24/02/2016

Dr Labaly Touré

Enseignant chercheur à

l'UGB, Membre comité
Scientifique et technique

25/02/2016

Mme Maïmouna DIOUF

Ancienne Secrétaire générale comité de gestion

25/02/2016

Mr Omar DIOUF

Océanographe, Assistant chef du projet Fish For Life

27/02/2016

Mr Ndiambé NDIAYE

Chef service des pêches

04/03/2016

Mr Ahmet Sène DIAGNE

Président commission suivi et aménagement AMP-SL

07/03/2016

Mr Malick DIENG

Président comité de gestion AMP-SL

10/03/2016

Mr Bara SENE

Premier président du comité de gestion AMP-SL

xxviii

Annexe 11 : Liste des espèces rares selon les pêcheurs

Espèces rares ou menacées

18,00% 16,00% 14,00% 12,00% 10,00% 8,00% 6,00% 4,00% 2,00% 0,00%

Mérou blanc Mérou de méditerranée Dorade Tassergal Courbine Dentex Dorade grise Othelite du Senegal Mérou de Gorée Brochet Chinchard jaune Mérou noir Sole langue carangue crevalle Ceinture Pageot Poulpe Pristipomme ordinaire Mulet Crevette Viavaneau africain rouge Othelite nain Rouget Dorade dentée Otholite bobo Capitaine Dentex à gros yeux Fiatol Mbarabine Requin Sardinelle ronde Scyris d'Alexandrie Seiche Seriole couronnee Blé-blé Badéche Capitaine Crevettes Diabar Espédron Ethmalose Gambas Kéll Korocc lagne-lagne Langouste Langue droite Liche glauque Liche Vadigo Loche Logguère Machoiron Madamechimer Ngatté Ombrine Pachot Ringue Sardinelle

Espèces rares ou menacées

xxix

Annexe 12 : Différentes familles de la pêche expérimentale de 2015

Ariidae

Carangidae Clupeidae Cynoglossidae

Echinidermes

Haemulidae Méduses Moronidae Mugilidae Muraenescocidae

Palinuridae Penaeidae Polynemidae

Portunidae Rajidae

Sciaenidae Serranidae Tetraodontidae

Trichiuridae Xanthidae






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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon