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Restauration des écosystèmes dégradés de l'aire marine protégée de Saint-Louis par l'immersion de récifs artificiels et le reboisement de la mangrove. Impacts sur la biodiversité marine et côtière (Saint-Louis, Sénégal).

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par Momy SECK
Université de Thiès - Master 2 en Gestion des Aires Protégéés et de la Faune 2016
  

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Chapitre I : Revue bibliographique

Pour une meilleure compréhension du sujet, une revue de données déjà existantes a été faite. Cette phase consistait à faire des recherches sur internet et de consulter des documents portant sur différents sujets relatifs à la thématique étudiée. Il s'agit des revues scientifiques, des rapports, des conventions, des plans de gestion et des travaux scientifiques portant sur les AMP et les activités de restauration des écosystèmes dégradés dans le monde en général et au Sénégal en particulier. Ces recherches nous ont conduits aux structures telles que la Direction des Aires Marines Communautaires Protégées, l'AMP de Saint-Louis, le Conseil Local de Pêche Artisanale de Saint-Louis, le Service Régional des Pêches et de la Surveillance Maritime de Saint-Louis, combinées avec les informations découlant de nos enquêtes et expériences sur le terrain pour une meilleure compréhension du sujet. La lecture des différents documents nous a permis de prendre davantage connaissance avec les concepts ci-dessous.

DEFINITION DE CONCEPTS ET ANALYSE CRITIQUE DE LA LITTERATURE

Aire Protégée

Selon l'UICN (2007), une aire protégée est : « un espace géographique clairement défini, reconnu, consacré et géré par tout moyen efficace, juridique ou autres, afin d'assurer à long terme la conservation de la nature ainsi que les services écosystémiques et les valeurs culturelles qui lui sont associés».

L'aire protégée désigne tout type d'espace dédié à la protection de la nature, qu'il soit réglementé par un Etat, un privé ou géré de manière collective (Universalis, 2016). Selon la Convention africaine sur la conservation de la nature et des ressources naturelles, une aire protégée est « une aire contenant des systèmes naturels, en grande partie non modifiés, gérés aux fins d'assurer la protection et le maintien à long terme de la diversité biologique, tout en garantissant la durabilité des fonctions et produits naturels nécessaires au bien-être de la communauté. »

Aire marine protégée

Cette nouvelle définition générale d'une aire protégée par l'UICN s'applique aux AMP dans les zones marines (Dudley, 2008). Bien qu'elle ait perdu sa référence spécifique à l'environnement marin, elle garantit une démarcation plus claire entre les sites orientés vers la conservation et ceux dont la raison d'être première est une utilisation extractive, c'est-à-dire les zones de gestion de la pêche.

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Elle n'empêche pas l'inclusion des zones adéquates de protection de la pêche, mais celles-ci doivent respecter la nouvelle définition pour être acceptées comme AMP par la Commission Mondiale des Aires Marines Protégées de l'UICN (CMAP-Marine).

Cependant, la notion d'aire marine protégée est plus perceptible avec la définition de la Convention sur la Diversité Biologique (2004). Selon cette Convention, une aire marine protégée renvoie à : « toute zone située à l'intérieur ou à proximité du milieu marin, avec ses eaux sus-jacentes, la faune et la flore associées et les éléments historiques et culturels qui s'y trouvent, qui a été mise en réserve par une loi ou d'autres dispositions utiles, y compris la coutume, dans le but d'accorder à la diversité biologique, marine ou côtière, un degré de protection plus élevé que celui dont bénéficie le milieu environnant » Stratégie nationale pour les AMP du Sénégal (2013).

Selon l'Ifremer (2010), « Une Aire Marine Protégée (AMP) est un espace délimité en mer pour lequel un objectif de protection de l'environnement à long terme a été défini. Pour atteindre cet objectif, des mesures de gestion sont mises en oeuvre : suivi scientifique, programme d'actions, chartes de bonne conduite, protection du domaine public maritime, réglementations, surveillance, information du public... »

Cette définition n'est pas pour autant satisfaisante dans la mesure où elle fait plus allusion à la protection de l'environnement qu'au développement visé à travers les AMP. C'est pourquoi, dans le cadre de cette étude, nous adoptons la définition proposée par le décret de création des cinq (5) premières AMP du Sénégal. Ce dernier stipule dans son rapport de présentation que les AMP constituent un avantage certain pour la conservation de la structure, du fonctionnement et de la diversité des écosystèmes ; de leur reconstruction en cas de dégradation ; l'amélioration du rendement de la Pêche et des retombées sociales et économiques pour les communautés locales.

La restauration

La restauration écologique est une action intentionnelle qui initie ou accélère l'autoréparation d'un écosystème qui a été dégradé, endommagé ou détruit, en respectant sa santé, son intégrité et sa gestion durable (Aronson & al., 2004). Une restauration peut ainsi être passive, lorsque les forces de dégradation sont réduites, permettant aux processus naturels de récupération de diriger la restauration, ou active, lorsque non seulement les forces de dégradation sont réduites ou arrêtées, mais que le cours de la restauration est dirigé par des interventions humaines (Lake, 2001). On parle de restauration écologique indifféremment pour des écosystèmes naturels et des écosystèmes semi-naturels (ou culturels).

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Ces derniers étant des habitats abritant des espèces natives et à colonisation spontanée, mais dépendant d'une méthode de gestion traditionnelle (Westhoff, 1983). La restauration des écosystèmes est donc devenue essentielle pour offrir aux écosystèmes dégradés des avantages significatifs, sous la forme de la conservation de la diversité biologique, de l'atténuation des changements climatiques et de l'adaptation à leurs effets, et de la lutte contre la désertification. Les biens et services fournis grâce à la restauration des écosystèmes peuvent ainsi soutenir les moyens d'existence, contribuer à l'éradication de la pauvreté et améliorer la sécurité alimentaire, ce qui profite aux groupes les plus pauvres et les plus vulnérables. La restauration des écosystèmes peut et doit être une composante essentielle des programmes de conservation et de développement durable dans le monde. La restauration des écosystèmes est aussi précieuse de par sa capacité inhérente à offrir aux populations une occasion de réparer les dommages écologiques, mais aussi d'améliorer la condition humaine. Les avantages de la restauration en termes de conservation sont évidents. En revanche, très souvent et de façon moins apparente mais tout aussi importante la restauration des écosystèmes renouvelle les opportunités économiques, rajeunit les pratiques culturelles traditionnelles et recentre les aspirations des femmes et hommes de communautés locales. (UICN, 2012)

L'écosystème

Le dictionnaire environnement définit l'écosystème comme étant l'association d'une communauté d'espèces vivantes et d'un environnement physique qui fournit l'eau, l'air et les autres éléments dont elles ont besoin pour vivre. C'est également l'ensemble des êtres vivants (faune et flore) et des éléments non-vivants (eau, air, matières solides), aux nombreuses interactions d'un milieu naturel (forêt, champ). L'écosystème se caractérise essentiellement par des relations d'ordre bio physico-chimique. On parle d'écosystème aquatique, d'écosystème montagnard, etc.

Ecosystèmes dégradés

De nombreux écosystèmes de la planète ont subi une profonde dégradation, avec des incidences négatives sur la diversité biologique et les moyens d'existence des populations. Selon des estimations générales, 30% de la couverture forestière originale a été transformée pour d'autres utilisations, et 20% supplémentaires est dégradée (UICN, 2012). De plus en plus de personnes prennent désormais conscience qu'il sera impossible de conserver la diversité biologique de la Terre si nous ne protégeons que les aires naturelles existantes. De nombreuses personnes dépendent aujourd'hui de ce qui est devenu des écosystèmes dégradés pour subvenir à leurs besoins.

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Les récifs artificiels

La pluralité de définitions relatives aux récifs artificiels souligne le caractère transversal de notre objet d'étude. En effet, la compréhension du sujet implique une approche globale et transversale, d'où l'utilité de se référer à des disciplines telles que la biologie, l'océanographie, la géographie et l'économie qui contribuent à enrichir la connaissance sur les récifs artificiels. Si l'on se reporte à la définition générale du dictionnaire Larousse, le mot récif est un nom masculin qui signifie « rocher ou groupe de rochers à fleur d'eau, généralement au voisinage des côtes ». Le terme artificiel est synonyme de « produit par le travail de l'Homme et non par la nature ». Complété par l'adjectif qualificatif « artificiel », le récif artificiel correspond à une reconstitution, une imitation élaborée dans un but de préservation, de protection du milieu marin. Du point de vue de l'océanologie un récif artificiel se définit comme « tout matériau ou matière placée délibérément dans un secteur de l'environnement marin où cette structure ne peut exister dans des circonstances naturelles afin d'assurer la protection, la régénération, la concentration ou l'augmentation des populations marines vivantes ou pour l'usage récréatif du secteur » (Claudet, 2006). Les Nations Unies (F.A.O, 1995) définissent les récifs artificiels comme un « outil de protection du littoral et d'amélioration de la productivité ». Ils ont dès lors proposé dans le cadre des projets de GIZC un complément de mesures de gestion, comme les aires marines protégées, pour maintenir et développer la pêche côtière (Claudet & al., 2004). En 1986, la F.A.O définissait ainsi les récifs artificiels : « Les récifs artificiels sont des structures, des installations ou des constructions fabriquées par l'Homme pour plusieurs objectifs ». En 1989, lors du colloque d'Ancône, la F.A.O caractérise les récifs artificiels de « construction humaine immergée dans l'objectif d'accroître la productivité du milieu et/ou protéger des zones spécifiques du fond marin ». Il est important de souligner que les textes européens en vigueur s'appuient sur cette définition du récif artificiel, tout en soulignant l'intérêt de développer les biocénoses à partir du biotope créé par le récif, alors considéré comme « une construction fixe ou mobile dont le rôle est de protéger et favoriser le développement de la faune et de la flore aquatiques » (Commission Européenne 2006). En 2008, la thèse de Sylvain Pioch en géographie appliquée à l'aménagement des fonds marins réalise une synthèse des multiples définitions du récif artificiel, et proposa la définition suivante : « un récif artificiel correspond à toute construction humaine immergée intégrée à l'écosystème dont l'objectif de conception est de protéger et de développer la faune et la flore aquatiques ».

Le concept de récif artificiel comme aménagement des fonds côtiers est très ancien. Il est issu d'une approche empirique de la mer.

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De fait, les pêcheurs japonais identifièrent des lieux de pêches privilégiés aux abords des récifs, d'épaves de bateaux. Suite à ce constat, ils furent les premiers à immerger volontairement des épaves afin d'augmenter l'importance de leur pêche. La littérature japonaise témoigne dès le XVIIème siècle de la présence d'aménagements côtiers dédiés à l'accueil des poissons. Le récif correspond à « une formation rocheuse constituant un substrat dur, se développant depuis le fond de la mer vers la surface, à plus ou moins grande distance de la côte ». De forme, de taille et de complexité variables, les récifs naturels modifient l'environnement hydrologique, en particulier la circulation de l'eau, parfois sur des distances considérables. Les récifs naturels les plus riches sont formés de roches d'origine corallienne. Le concept de récif artificiel est également assimilé à « une structure immergée placée délibérément sur le fond pour mimer des caractéristiques des zones naturelles » (Guillou, 2009). Le mimétisme des récifs artificiels avec les récifs naturels riches en espèces marines a favorisé l'émergence de multiples morphologies et substrats pour s'adapter au mieux aux besoins de l'environnement marin. L'architecture du récif artificiel est conçue pour une ou des espèces dites « cibles » dans un but de préservation ou de commercialisation. L'origine des matériaux employés pour la création de ces structures est extrêmement variée : béton, acier, pierre, bois, mâchefers, pneumatiques, plastiques... Depuis quelques années les matériaux utilisés pour la création des récifs artificiels ont suscité le débat entre les gestionnaires de l'espace littoral et la communauté scientifique quant à leur « inertie » dans le temps. La question fondamentale de l'immersion en mer de matériaux est de savoir si le rôle de leur immersion est de constituer un habitat au sens écologique, ou s'il constitue simplement un déchet que l'on élimine ?

La mangrove

Au sens large du mot, la mangrove est définie comme étant l'ensemble des formations végétales arborescentes ou buissonnantes qui colonisent les atterrissements intertidaux marins ou fluviaux des côtes tropicales dont l'espèce dominante est le palétuvier (Marius, 1985). Le terme mangrove peut aussi bien désigner la formation végétale d'un écosystème littoral caractérisé par la production et le stockage d'une biomasse aérienne lui donnant un aspect de forêt. L'écosystème de mangrove a la particularité de pouvoir se développer dans un milieu soumis à d'énormes variations au cours du temps, rythmé par les marées et les crues sur des sols sursaturés d'eau, manquant d'oxygène et salés. La mangrove est aussi dépendante de plusieurs facteurs : la sécheresse, la gestion des grands barrages et aménagements sur le fleuve Sénégal et la dynamique urbaine (ADC, 2005).

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La biodiversité de la mangrove

La mangrove forme une mosaïque d'habitats terrestre et aquatique interdépendants, qui abritent une multitude de crustacés, de poissons, d'oiseaux et de mammifères. Tous tirent profit de l'abondante matière organique piégée dans les sédiments des vasières, ou issue de la transformation par des bactéries et champignons, des débris végétaux des palétuviers.

Le périophtalme (Periophthalmus barbarus) côtoie de nombreux juvéniles de poissons qui trouvent, dans la mangrove, un abri pour grandir à l'abri des prédateurs, ainsi que toute la nourriture nécessaire à leur croissance. Encore appelé quatre yeux, ce poisson peut voir à la fois sous l'eau et dans l'air, car son oeil est divisé en deux parties. Sa vision aérienne lui permet d'étendre son alimentation aux insectes volants.

Le crabe violoniste (Uca tangeri), qui doit son nom à l'hypertrophie d'une de ses pinces chez le mâle, creuse ses terriers dans la vase des mangroves. En aérant ainsi le sol, il devient ainsi un acteur essentiel de la survie des palétuviers.

L'huître des palétuviers (Crossostrea gigas) se fixe aux racines échasses et est transformée et consommée au Sénégal.

Les oiseaux : les mangroves côtières constituent des reposoirs pour les hérons, aigrettes et ibis qui y font également leurs nids à l'abri de toute activité humaine. A l'aide de leurs longs becs, ils fouillent la vase à la recherche de crustacés, mollusques et petits poissons, qu'ils partagent avec un nombre de voyageurs au long cheminement.

L'impact

Le dictionnaire de l'environnement et développement (2016) définit l'impact environnemental comme étant toute modification de l'environnement, négatif ou bénéfique, résultant totalement ou partiellement des activités, produits ou services d'un organisme.

La biodiversité

La diversité biologique ou biodiversité, représente l'ensemble des espèces vivantes présentes sur la Terre (plantes, animaux, micro-organismes, etc.), les communautés formées par ces espèces et les habitats dans lesquels ils vivent. La Convention sur la diversité biologique (CDB) définie de façon formelle la biodiversité dans son Article 2 comme étant la "variabilité des organismes vivants de toute origine, y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie; cela comprend la diversité au sein des espèces, et entre les espèces et ainsi que celle des écosystèmes".

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Le Dictionnaire de l'Environnement (2011) clarifie davantage cette notion en précisant que « la biodiversité est un terme qui désigne la diversité du monde vivant à tous les niveaux, diversité des milieux (écosystèmes), diversité des espèces, diversité génétique au sein d'une même espèce. Ce point de vue est partagé par E.O. Wilson, père de la sociobiologie (1986), qui affirme lui aussi que « la biodiversité est considérée à 5 niveaux : celui des écosystèmes, des espèces, des populations, des individus et des gènes. Mais sur le terrain, le deuxième niveau est clairement le plus accessible et relève directement des compétences naturalistes ». Cette dernière précision donne un sens plus proche à notre propre entendement de la notion de biodiversité, à travers ce présent travail de recherche. En effet, dans le cadre de cette recherche, nous mettrons l'accent, chaque fois qu'on évoque la biodiversité, sur les espèces et accessoirement sur leurs habitats (écosystèmes).

La biodiversité marine et côtière

La biodiversité marine et côtière est l'ensemble de la diversité biologique propre aux océans, aux côtes ou en dépendant très directement.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille