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Les nouvelles formes de journalisme sur les réseaux socionumériques: le cas des médias twitter


par Tiziano Taillibert
Université Côte d'Azur - Master DISTIC 2001
  

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Partie II : Les médias Twitter à la loupe

Chapitre 1 :

Présentation et justification de la méthodologie

Avant de rentrer pleinement dans la partie méthodologique de ce mémoire de recherche, il est important de se pencher sur le cadre de cette partie méthodologique. Ainsi, nous allons approfondir notre triangulation des méthodes de recueil et définir leurs contours et leurs utilités respectives.

La première méthode que nous allons mettre en oeuvre et dont les résultats vont structurer l'ensemble du chapitre à venir est l'entretien semi-directif.

1. Méthode principale : l'entretien

1.1 L'entretien : un outil performant et perfectible

L'entretien se définit comme un procédé d'investigation scientifique qui utilise un processus de communication pour recueillir des informations en rapport avec le but fixé138(*). L'entretien se différencie du questionnaire proprement dit. En effet, le contact direct (visuel et/ou verbal) ainsi que la faible directivité du chercheur sont de nature à encourager l'interviewé à construire sa pensée. Il ne s'agit donc pas d'un interrogatoire, mais bien d'un procédé qui permet de recueillir le témoignage verbal d'une personne. Pour y parvenir, il est nécessaire de négocier un « contrat de communication »139(*)entre les deux parties.

Dans notre cas, ce contrat comporte plusieurs points :

· Le premier, c'est celui des modalités de l'entretien. Du fait de l'absence de zone géographique précise à mon sujet d'étude et des difficultés de circulation engendrées par la crise sanitaire du Covid-19, il a été convenu avec l'ensemble des personnes interrogées que les entretiens auraient lieu en distanciel via des applications de communication en ligne permettant des appels téléphoniques et vidéos, à savoir Discord, WhatsApp et Skype.

· Le second, c'est celui du respect de la déontologie propre à un entretien. Ainsi, toutes les informations fournies par les personnes interrogées ne pourront être utilisées qu'à des fins de recherche et ne pourront être divulguées avant la publication du mémoire de recherche.

· Enfin, nous demanderons l'autorisation d'enregistrer la totalité des entretiens afin d'éviter toute prise de notes, celle-ci pouvant laisser croire au sujet que le chercheur n'est pas centré sur son discours.

Écouter, c'est également « accueillir favorablement »68c'est-à-dire sans a priori, jugement de valeurs ou prises de position. En ce sens, le chercheur doit accepter et respecter la vérité de l'autre. Cependant, tout en respectant l'autre et en intervenant le moins possible dans son discours, il ne doit pas oublier de garder le cap de l'entretien. Pour recentrer le discours de l'autre sur l'objet de recherche, il aura donc à utiliser divers procédés de relance (reformulation, complémentation, attitudes non-verbales).

Il existe en tout 3 types d'entretiens différents :

· L'entretien directif consiste en une série de questions ouvertes ou fermées demandant des réponses courtes, où l'enquêteur réalise très peu de relances.

· L'entretien semi-directif correspond à une série de questions ouvertes, préalablement établie par un guide d'entretien. Dans ce cas, c'est à l'enquêté de construire sa pensée autour de l'objet de recherche. Le chercheur le guide afin qu'il ne sorte pas de l'objet d'étude.

· L'entretien non-directif se réalise à partir d'un thème général, et sert à comprendre l'individu dans sa singularité et dans son histoire. On laisse parler la personne enquêtée comme elle le désire.

Celui que nous utiliserons dans ce travail méthodologique est l'entretien semi-directif, car il permet d'obtenir des informations et des avis sur des thèmes préalablement établis, de comprendre l'opinion de l'intervenant, mais aussi d'approfondir des points importants et de mettre en place une démarche participative.

1.2 Les échantillons

Les personnes interviewées au cours de ces entretiens semi-directifs se divisent en deux échantillons distincts, qui vont chacun permettre de mieux comprendre les enjeux autour des médias Twitter. Si tous les intervenants sont des responsables de profil Twitter se définissant comme média, les comptes ont été divisés en deux échantillons pour identifier des tendances tout en étant confronté à diverses réalités des médias Twitter. Ainsi, l'échantillon 1 se focalise sur les médias traitant de l'actualité généraliste tandis que l'échantillon 2 se focalise sur les médias traitant de l'information spécialisée, et en l'occurrence le monde musical et en particulier la scène hip-hop / rap. Les différents médias ont également été sélectionnés en fonction de leur popularité pour obtenir une pluralité de résultats en fonction de la réussite et des ambitions de chacun. Ainsi, les médias sollicités oscillent entre 2 753 followers (The Way) et 515 700 de followers (Raplume) au 15 mai 2021.

Parmi l'échantillon 1, les personnes interviewées sont :

- Hugues de Rosny, responsable de Média Positif (@LMPositif), créé en août 2020, 73 400 followers (au 15 mai 2021), dont l'entretien a été réalisé le 14 mai 2021

- Mohammed Nader & Lisa Alsy, responsables de Conflits France (@ConflitsFrance), créé en novembre 2012, 188 500 followers (au 15 mai 2021), dont l'entretien a été réalisé le 17 mai 2021

- RojhatDeshkar, responsable de The Way (@theway_tv), créé en février 2020, 2753 followers (au 15 mai 2021), dont l'entretien a été réalisé le 10 mai 2021

Parmi l'échantillon 2, les personnes interviewées sont :

- Alvaro Mena, responsable de Raplume (@Raplume), créé en avril 2016, 515 700 followers (au 15 mai 2021), dont l'entretien a été réalisé le 12 mai 2021

- Manon Thomas, responsable de Shimmya (@shimmya_), créé en juin 2020, 10 400 followers (au 15 mai 2021), dont l'entretien a été réalisé le 11 mai 2021

- Isam Ben Mbarek, responsable de La Pépite (@la_ppit), créé en avril 2020, 10 000 followers (au 15 mai 2021), dont l'entretien a été réalisé le 11 mai 2021

1.3 La période

Le phénomène des médias Twitter est extrêmement contemporain. Toutes les données que nous allons recueillir lors de ce travail méthodologique se basent sur les cinq dernières années. Ainsi, la page Twitter la plus ancienne de notre corpus - Raplume - a été créée en avril 2016. Cela va également nous conduire à évoquer le futur avec les différents intervenants pour envisager la suite de ce phénomène.

2. Deuxième méthode : l'analyse de corpus

2.1 L'analyse de corpus : un outil complexe

L'analyse de corpus pose plusieurs interrogations sur la notion de corpus ou sur son utilisation en tant qu'objet méthodologique.

Les opérations de mesure de corpus sont nombreuses : il peut être question de distribuer, regrouper, lier, classer, positionner dans l'espace, quantifier, compter, comparer, croiser. Il s'agit alors soit d'une mesure de grandeur (mathématique), soit d'une mesure de relation (géométrique)140(*). Mais toute l'utilité d'un corpus dans un travail de recherche est la manière dont il va être analysé. Pour Joël Cadière, « Le corpus ne dit rien par lui-même, s'il n'est pas traité par un raisonnement opérationnel, orienté par la question de recherche, en vue d'amener les données qu'il contient à une mesure, laquelle permettra la mise en relation des données entre elles. Autrement dit, c'est amener le corpus de son investigation à un autre niveau d'expression qui va permettre de développer une stratégie de mise en relation des données, d'où découlera la connaissance de la matière observée, en regard de la question qui lui est posée »141(*).

Il convient donc de bien organiser son analyse de corpus pour cadrer au mieux avec les besoins de ce travail de recherche et faire le meilleur usage possible des résultats obtenus.

2.2 L'analyse de corpus de tweets

L'analyse d'un corpus de tweets est une méthode contemporaine de recherche qui dispose déjà d'un cadre propre. Ainsi, l'analyse de données numériques natives nécessite l'analyse de nouveaux types de discours, mais aussi de nouveaux acteurs et de nouvelles interactions. Et si les données peuvent sembler plus accessibles de par leur présence constante sur le web, elles sont contraintes par des droits et des difficultés techniques.

Un corpus de tweets signifie également de nouvelles formes d'écriture. Ainsi, le poids des dispositifs sociotechniques a impacté les pratiques d'écriture sur les réseaux socionumériques, il est alors nécessaire de s'y préparer lors de l'acte de décodage et de construction du sens. Cette nouvelle forme d'écriture sera parmi les principales données de recherche sur ce corpus de tweets des médias Twitter.

Il convient alors d'adopter une approche micro-linguistique des tweets, résultant en plusieurs points importants :

· Considérer les tweets dans leur face signifiante

· Envisager les tweets comme des « micros-textes » et donc soumis aux règles de textualité

· Prendre en compte le fait que les tweets sont insérés dans un dispositif sociotechnique interagissant avec des formes de communications plus traditionnelles.

2.3 Constitution du corpus

Plusieurs méthodes de constitution d'échantillons sont possibles lorsque l'on s'intéresse à Twitter, le chercheur Bernhard Rieder les catégorise selon trois types génériques de collecte de données142(*) :

· La collecte exhaustive de toute la production de messages diffusés sur la plateforme ou d'un échantillon aléatoire statiquement correct

· La collecte de la production de messages d'un ensemble d'usagers sélectionnés en fonction de critères prédéfinis

· La collecte de messages comportant un mot-clé spécifique

Dans notre cas, la méthode utilisée sera la deuxième, à savoir la collecte de la production de messages d'un ensemble d'usagers selectionné en fonction de critères prédéfinis, ces critères étant les comptes se définissant comme Média Twitter préalablement choisis dans notre échantillon d'entretien.

Cette méthode permet d'extraire les principaux sujets de discussion et d'en mesurer leur importance. Le principal désavantage de cette approche est le fait que tous les messages portant sur les sujets en question, mais produits par des usagers extérieurs à l'échantillon présélectionné, échappent à l'analyse143(*).

Nous analyserons un ensemble de 100 tweets par compte analysé via vingt entrées différentes, à savoir :

- Le type de tweet (tweet simple / threads / réponse / tweet cité)

- Le nombre de caractères (+ 140 caractères / - de 140 caractères)

- La présence d'une image

- La présence d'une vidéo

- La présence d'un lien externe

- La présence d'émojis

- La présence d'hashtag

- Le ton (formel / familier / injonctif)

- Citation de la source d'information

- La présence de titraille

- Citation d'un utilisateur (@)

- La présence de verbatim

- La présence de contenu sensible

- La présence de contenu supprimé

2.4 L'échantillon

Pour obtenir un champ de recherche le plus complet et le plus proche de la réalité possible, nous avons décidé de reprendre la moitié des échantillons des entretiens semi-directifs pour l'analyse de corpus. Cela permet de mettre en parallèle le discours des responsables de ces pages pour voir si leur discours se retrouve dans leurs actes. Cela est également un très bon moyen de corrélation entre les idées exprimées et les faits. L'échantillon sera donc celui-ci :

- Médiavenir (@médiavenir), créé en janvier 2020, 1 100 000 followers (au 15 mai 2021), média généraliste

- Conflits France (@ConflitsFrance), créé en novembre 2012, 188 500 followers (au 15 mai 2021), média généraliste

- Raplume (@Raplume), créé en avril 2016, 515 700 followers (au 15 mai 2021), média spécialisé (musical)

- 1863 (@1863fr), créé en juin 2019, 26 900 followers (au 15 mai 2021), média spécialisé (musical)

2.5 La période

L'objet de recherche n'étant pas fixe comme cela pourrait l'être avec l'analyse d'un mot-clé sous forme d'hashtag par exemple, cela nous laisse une certaine liberté au niveau de la période. Puisque les différents comptes étudiés n'ont pas de date de création similaire, il a été convenu de choisir une période de quatre jours durant laquelle les tweets des quatre comptes sélectionnés seront analysés. La période d'analyse s'étend donc du 27 au 30 avril 2021.

3. Troisième méthode : le questionnaire

Le questionnaire est une méthode de recueil d'information en vue de comprendre et d'expliquer les faits. Le questionnaire est une méthode collective dont la validité et la crédibilité des informations repose sur le nombre d'éléments de l'ensemble de l'échantillon.

La mise en place d'un questionnaire va nous permettre d'observer l'autre côté de la réalité des médias Twitter, à savoir le côté du public.

3.1 Le corpus

Notre questionnaire va chercher à vérifier les informations obtenues lors des deux méthodes précédentes qui analysaient le comportement des responsables des médias Twitter. Cela va nous permettre d'observer la réception du public et si la réalité des médias Twitter correspond à celle du public.

Ainsi, notre questionnaire portera sur plusieurs thèmes sous la forme de questions qui vont nous permettre de répondre à nos hypothèses de travail, à savoir :

- Vous êtes : (un homme / une femme / je ne souhaite pas le préciser)

- À quelle tranche d'âge appartenez-vous ? (- 18 ans / 18 - 25 ans / 26 - 35 / 36 ou plus)

- Vous êtes : (étudiant / Salarié / Entrepreneur / Demandeur d'emploi / Retraité)

- À quelle fréquence utilisez-vous Twitter (en moyenne) ? (Jamais / Très rarement / Une fois par semaine / Plusieurs fois par semaine / Une fois par jour / Plusieurs fois par jour)

- Suivez-vous des « Médias Twitter » sur la plateforme ?

- Si oui, pouvez-vous les citer ?

- Suivez-vous des médias traditionnels sur Twitter ?

- Quels types de médias Twitter suivez-vous (généraliste / spécialisés) ?

- Si vous avez coché média spécialisé, pouvez-vous préciser le genre ? (Musical, sportif, autre)

- L'information diffusée par ces "médias Twitter" vous semble-t-elle fiable ? Si non, pourquoi ?

- Seriez-vous prêt à payer pour cette information ?

- Interagissez-vous avec ces comptes Twitter ? Si oui, de quelles manières ? (Retweet, like, tweet cité, réponse en commentaire)

- Suivez-vous ces comptes sur d'autres réseaux sociaux ? Si oui, sur quelles plateformes (Instagram, YouTube, TikTok, autre)

- Pensez-vous que Twitter facilite l'accès à l'information ?

3.2 L'échantillon

En demandant préalablement les informations sociologiques aux personnes questionnées, cela nous permet de bien identifier notre corpus. Ainsi, notre corpus est constitué d'une cinquantaine de réponses, comprenant 70 % d'hommes et 30 % de femmes. Au niveau de l'âge, 80 % de notre corpus a entre 18 et 25 ans, et 20 % entre 26-35 ans. 70 % sont des étudiants, 20 % des salariés ou des demandeurs d'emplois. Enfin, 100 % d'entre eux sont des utilisateurs de Twitter.

Cet échantillon est assez représentatif des utilisateurs de Twitter en général et nous permet d'avoir des résultats crédibles.

4. Outil de collecte

À l'issue de ces méthodes de recherche, il va être nécessaire de définir une méthode d'analyse des données recueillies, car nous allons nous retrouver avec une quantité de matériel importante.

4.1 Les entretiens

L'entretien semi-directif est une méthode qui permet de regrouper une masse de donnée volumineuse, il est donc très important d'en faire le tri. Au cours des entretiens, on peut distinguer plusieurs types d'informations par rapport au sujet :

- Celles qui relèvent d'une dimension référentielle (ce que la personne fait, dit du sujet traité)

- Celles qui relèvent d'une dimension modale (ce qu'elle en pense)

- Celles qui relèvent d'une dimension illocutoire (ce qu'elle cherche à accomplir comme acte à l'égard de l'intervieweur)

Il est important de différencier ces types d'informations pour ne pas se méprendre sur l'intention de la personne interrogée.

Dans un second temps, il est nécessaire de procéder à la retranscription intégrale l'ensemble des entretiens qui ont été menés. Dans notre cas, nous choisirons une retranscription écrite - qui adopte les conventions grammaticales et formelles du texte écrit, et tend à effacer les traces expressives du discours au profit des éléments de contenu - pour faciliter la lecture et la compréhension en corrigeant les fautes grammaticales et les abus de langage.

4.2 L'analyse de corpus

Pour l'analyse de corpus de Tweet, il existe deux grandes méthodes : d'une part, la recherche a posteriori dans la base de données de Twitter de tous les messages qui nous intéresse (méthode asynchrone) et, d'autre part, l'enregistrement au fur et à mesure des tweets au moment de leur production via l'une des API de Twitter (méthode synchrone)144(*).

Dans notre cas, nous utiliserons la première méthode puisque la période des tweets étudiés est antérieure à la période d'étude.

Quant aux résultats, nous travaillerons dans une perspective qualitative développée selon une opération de catégorisation : c'est l'opération intellectuelle qui permet de faire ressortir un sens plus général sous un ensemble d'éléments codifiés. Le travail de codage aboutit à l'adoption d'une série de catégories qui vont ensuite être appliquées à l'ensemble du corpus. Les unités de signification repérées vont être classées sous la forme de catégories. Cela permet directement un début de théorisation car cela fait appel à l'ensemble de ses connaissances, ses paradigmes de référence.

L'objectif est de segmenter le texte, et de proposer des interprétations des catégories constituées à partir du découpage des entretiens. Cette phase est délicate, car ensuite tout ce qui n'aura pas été catégorisé ne pourra pas être intégré à la recherche... Cette catégorisation se fait donc par l'écartement des thèmes identifiés mais qui ne sont pas directement utiles pour répondre à la problématique, et au contraire par la mise en avant de ceux qui vont être central dans la réponse à la problématique. On peut regrouper dans une même catégorie des thématiques qui fonctionnent ensemble, qui peuvent être rassemblées sous un même intitulé.

4.3 Le questionnaire

Pour notre troisième méthode de terrain, nous avons choisis de créer notre questionnaire via Google Forms, qui nous permet d'obtenir les résultats sous formes de graphiques que nous pourrons exploiter dans les prochaines parties.

Chapitre 2 :

Présentation des résultats

1. Les entretiens semi-directifs

Suite à cette série d'entretiens, un ensemble de tendances se dégagent et viennent, partiellement ou totalement, confirmer ou non nos hypothèses de travail. Dans cette présentation des résultats de notre première méthodologie de travail, il convient de procéder selon les divers thèmes qui ont été évoqués au cours des différents entretiens semi-directifs, pour observer si des consensus ou des divergences émergent dans les discours des différents intervenants. En ayant divisé nos interviewés en deux échantillons, cela va également nous permettre de voir les différentes approches et utilisations du médium Twitter dans leurs approches journalistiques.

1.1 Le choix de Twitter

Le premier thème qui convient d'être abordé est le choix de Twitter comme plateforme par les différents intervenants. Il s'agit de la première étape qui va structurer la suite de notre analyse et qui va conditionner plusieurs autres aspects importants sur les usages de la plateforme.

À la suite de cette série d'entretiens, une grande tendance se dégage dans le choix de Twitter par les interviewés au moment de lancer leur média en ligne. En effet, tous les responsables de comptes Twitter interrogés disent avoir choisi cette plateforme parce qu'ils étaient déjà des utilisateurs actifs avant même de lancer leur média. C'est la connaissance de la plateforme, de ses codes et de son fonctionnement, qui a été le moteur principal dans ce choix. Alvaro Mena, responsable du compte Raplume, illustre cette tendance :

« J'étais déjà un gros utilisateur depuis longtemps. Avant j'étais beaucoup dans l'univers des jeux-vidéo et je suivais mes YouTubers préférés. Quand j'ai grandi, j'ai passé encore plus de temps sur la plateforme, je suivais les artistes, les médias, puis je me suis mis à tweeter moi-même, à rencontrer des gens et à prendre la pleine mesure de ce que c'est Twitter. »

Le fait de posséder un compte Twitter personnel avant de créer un média sur la plateforme permet également à certains responsables de capitaliser sur leur audience, caractérisée par leur nombre de followers. Certains, à l'image de Mohammed Nader, créateur du compte ConflitsFrance, ont bâti leur média à partir de leur compte personnel comme il l'explique :

« À l'origine de ConflitsFrance, il y a mon compte personnel qui était pas mal suivi, j'avais une dizaine de millier d'abonnés. Quand j'ai eu l'idée de lancer un média, au lieu de partir de zéro, j'ai décidé de reprendre ce compte et de changer l'identité, de supprimer les anciens tweets, mais d'avoir déjà une audience. J'ai prévenu du changement et j'ai commencé ainsi. »

La dernière motivation derrière le choix de Twitter repose sur la réputation de la plateforme dans le partage d'information. En effet, comme vu dans la partie précédente, Twitter s'est placé comme le réseau socionumérique numéro 1 en termes de place médiatique et de relai d'information. Hugues de Rosny, responsable de Média Positif insiste sur ce point :

« Pour nous c'était la plateforme où les gens échangent leur opinion, échangent leur propre prisme d'une vision de l'actualité (...) Pour nous, c'est la plateforme qui permet de partager un maximum de contenu facilement. On trouvait ça assez pertinent, c'est un peu la plateforme par excellence pour les médias d'informations. »

Twitter bénéfice donc de sa popularité et de sa réputation, qui combinée, font la différence avec les autres réseaux socionumériques au moment de créer un média en ligne. Le fait que la plateforme soit gratuite, simple d'utilisation et qu'elle constitue une place médiatique forte sont les principales raisons évoquées par les interrogés pour justifier leur choix de Twitter.

1.2 La « grammaire Twitter »

La présence sur Twitter des médias étudiés induit plusieurs spécificités liées à la plateforme dans les usages des comptes. Parmi ces spécificités, on peut observer une « grammaire » bien spécifique dans la manière de communiquer de la part des médias Twitter. Ainsi, la majorité des tweets d'un même compte suivent un schéma particulier. Cette donnée, qu'on approfondira par la suite dans l'analyse de la deuxième méthodologie de terrain, a pour objectif de créer une identité visuelle, directement grâce aux tweets. Cette grammaire s'illustre dans la majorité des cas étudiés par l'utilisation d'émojis, de hashtags, d'une titraille bien particulière ou bien de la mise en forme de threads (ensemble de tweets formant un long texte cohérent). RohjatDeshkar, responsable du compte The Way, évoque cette nécessité :

« Quand on utilise des hashtags ou des émojis, c'est pour se créer une identité écrite. Il faut capter l'attention quand on défile dans la TL (timeline ou fil d'actualité) des gens, c'est aussi pour ça qu'on utilise tout le temps des images ou des vidéos, c'est des codes. »

Ce besoin est aussi généré par la limitation des tweets en termes de caractères. Pour tous les interviewés, l'information diffusée sur la plateforme doit d'être courte mais surtout chaude. Cette décision est conditionnée par le fonctionnement de Twitter, où le fil d'actualité est constamment actualisé et où les tweets finissent par se noyer par les nouveaux. C'est pourquoi les responsables de médias Twitter cherchent à se créer une identité visuelle dans cet océan d'information. Manon Thomas, qui s'occupe de Shimmya, raconte ceci :

« Twitter, c'est 280 caractères, c'est limité pour l'information approfondie, c'est pour ça qu'on se contente des sorties, des ventes : de toute l'actu chaude. Mais il faut réussir à exploiter cette limitation, on va donc utiliser des émojis, des images, des choses visuelles pour se faire voir. »

Twitter est donc à l'origine, de par son format, d'une grammaire spécifique, proche de celle que l'on peut observer dans l'infotaiment ou des codes que l'on peut retrouver sur YouTube, ou la quête de l'attention fait rage, mais au format écrit.

1.3 Un secteur saturé

La popularité de certains médias Twitter a rapidement engendré un phénomène de masse qui a vu de très nombreux comptes dédiés à l'information se lancer sur la plateforme. Mais ce succès soudain a entraîné une certaine saturation au niveau des médias d'actualité. À la différence des médias traditionnels qui, malgré un traitement de l'actualité similaire, peut se différencier par une direction artistique originale ou des personnalités médiatiques (journaliste, présentateur etc.), les médias Twitter disposent d'une plus faible marge de manoeuvre pour se différencier. En effet, ils sont limités dans la direction artistique, où seule la photo de profil, la photo de couverture et la biographie permet de différencier un compte d'un autre, limité par le format de la plateforme également, où le nombre de caractères imposé ne permet pas de créer un mode d'expression original. Pour les utilisateurs, il y a donc peu d'intérêt à suivre plusieurs comptes d'actualité qui vont traiter les mêmes informations dans un style similaire. Une pensée illustrée par Alvaro Mena :

« Il y a trop de comptes qui essayent juste de refaire des relais d'actualité mais en fait c'est trop tard, aujourd'hui, si tu veux juste de l'actu, tu followKultur ou Raplume et c'est bon t'as pas besoin d'un autre compte. »

Pour les responsables interrogés, il convient donc de se différencier au niveau de la ligne éditoriale pour les nouveaux arrivants sur la plateforme. Si l'actualité brute est saturée, il est nécessaire d'élargir le secteur et de proposer du contenu original. Plus que venir concurrencer les gros comptes déjà installés, les nouveaux médias Twitter cherchent à venir « compléter » l'information, où proposer une vision différente, à l'image de Média Positif, qui a choisi de relayer seulement de l'actualité positive. Son responsable, Hugues de Rosny explique cette démarche :

« (...) on a remarqué une saturation au niveau des médias d'informations sur Twitter - on pense à Médiavenir, à Conflits etc. (...) Nous, c'est quelque chose d'assez différent, on n'a pas une vision globale de l'actualité, le message ce n'est pas de dire : on a le monopole de l'information, suivez-nous et vous serez au courant de l'actualité. La personne qui suit exclusivement Média Positif, il sera un peu en autarcie par rapport au monde (rire). On est plus une petite fenêtre de positivité de l'actualité. »

Dans un milieu de plus en plus saturé, les médias Twitter les moins reconnus se doivent de proposer un traitement de l'information original pour se différencier et offrir quelque chose de nouveau aux utilisateurs.

1.4 L'audience

Si les médias traditionnels sont des médias de masse et s'adressent donc à un large auditoire, les médias sur les réseaux sociaux doivent eux s'adapter à leur audience, qui bien que large, n'est pas aussi importante que celle de la télévision, de la radio ou de la presse écrite. Ainsi, la majorité des responsables des médias Twitter interrogés ne visent pas forcément une audience spécifique, et ce pour deux raisons distinctes :

· La première, c'est le fait que dans plusieurs cas, les médias en question n'ont pas été lancés avec l'intention d'être un média. C'est le cas de Raplume comme en témoigne Alvaro Mena :

« Au début je postais des phrases de rap, ça a commencé à prendre, j'ai alors pris cette tournure de média (...). J'ai commencé à recevoir des messages de personnes qui me proposais leur aide pour aider. Alors on a créé le site, on a écrit des petits articles au début, sur le site et sur Twitter. Après on a commencé à relayer un peu l'actualité et ça a pris le dessus sur les phrases. »

· La seconde, c'est que Twitter possède déjà sa propre audience. Ainsi, 35 % des utilisateurs de la plateforme ont moins de 25 ans145(*). Les jeunes deviennent alors l'audience par défaut pour certains médias comme ConflitsFrance comme l'explique Lisa Alsy, co-fondateur du média :

« Notre idée, c'est de transmettre l'information aux plus jeunes plus directement que les médias traditionnels. On sait qu'il y a une grosse communauté de 14-25 ans sur Twitter et c'est plus simple et accessible pour eux que les médias traditionnels. »

Ce ciblage d'audience inexistant, ou découlant de la plateforme montre l'aspect « improvisé » de beaucoup de médias Twitter, qui ne préparent pas de stratégie commerciale avant de se lancer. À l'image des blogs, les médias Twitter ont une approche plus libre et peu calculée du partage d'information.

1.5 L'interaction avec le public

Si l'audience n'a pas été ciblée, les médias Twitter savent utiliser la plateforme pour pousser plus loin l'interaction entre média et public. Twitter a modifié les relations entre politiciens et les citoyens, entre marques et clients etc. Cette évolution de la relation entre média et public est la suite logique.

Les utilisateurs disposent de plusieurs outils pour interagir avec les médias Twitter (retweet, citer le tweet, like, réponse etc.), bien plus que les médias traditionnels, qui possèdent aux mieux un espace commentaire. De leur côté, pour la grande majorité, les responsables de médias Twitter se réjouissent et jouent beaucoup sur la relation avec le public, comme en témoigne Isam Ben M'Barek, responsable de la Pépite :

« C'est quelque chose qui nous tient à coeur. Dans l'équipe il y a un vrai esprit de famille, on rigole beaucoup... et c'est quelque chose qu'on veut garder avec notre communauté, ce sentiment de proximité. Une fois toute les 2/3 semaines on essaye de prendre la température : on met des posts où on invite les gens à venir parler en dm s'ils ont besoin... on interagit énormément. »

Nous observerons plus en profondeur comment cette interaction prend forme lors de l'analyse de la deuxième méthodologie de terrain, mais cette position peut s'expliquer par le fait qu'avant d'être des responsables de médias, les interviewés étaient, et sont toujours, des utilisateurs de Twitter. Mais ce phénomène peut avoir ses limites lorsque le nombre de followers, et donc l'influence est trop importante. Ainsi, les deux médias les plus suivis de notre corpus (Médiavenir : 1,1 million de followers et Raplume : 520 000 de folllowers) ont une relation plus nuancée que les autres médias. Si Médiavenir s'est fixé comme ligne de conduite de ne pas interagir avec le public, Raplume a dû freiner cet aspect depuis quelques mois à cause de son succès comme l'explique Alvaro Mena :

« (...) Il y a beaucoup de trolls (en argot Internet, un troll caractérise un individu ou un comportement qui vise à générer des polémiques), des gens qui profitent de notre popularité pour essayer de faire du buzz. Mais malgré moi je finis toujours par regarder. Il y a une relation assez proche avec les utilisateurs, surtout quand on était moins connus, mais j'essaye toujours de répondre, pas toujours avec Raplume mais aussi avec mon compte perso et je kiffe, que ça soit parler avec ceux qui encouragent ou ceux qui critiquent. Je ne vois pas de barrière entre Raplume et le public vu que je ne me considère pas comme quelqu'un d'important. »

Un dernier aspect de l'interaction est celui entre les médias Twitter et les personnalités publiques. Ces dernières sont des opportunités importantes pour les médias qui peuvent bénéficier de leur activité et de leur popularité pour attirer de nouveaux followers. Les personnalités publiques et les médias Twitter ont deux types d'interactions :

· La première, c'est « l'interaction involontaire » dans laquelle le média Twitter n'a pas de pouvoir. Cela arrive lorsque les personnalités publiques retweet, like ou commente les publications des médias de la plateforme. Un phénomène observé par Hugues de Rosny :

« La deuxième explication à notre succès, c'est que les `gros' comptes, certifiés par exemple, ont tendance à faire des tweets pour inciter les gens à nous suivre. C'est ce qui explique qu'on a gagné 20 000 abonnés en deux jours et qu'on soit sur une très bonne dynamique. »

· La seconde, c'est « l'interaction programmé » dans laquelle le média Twitter va produire du contenu en rapport avec une personnalité publique qui va, en retour, remercier ou inciter à consommer le contenu.

En adoptant une communication avec le public à mi-chemin entre le journalisme et le community manager, les médias Twitter donnent une nouvelle dimension à la fonction de médiatique, qui apparait aussi comme une réponse à la défiance envers la presse actuelle. En se rapprochant du public, les médias Twitter révolutionnent la relation d'informateur-informé et tendent à effacer les frontières journalistiques.

1.6 Média mais pas journaliste

Malgré la production de contenu journalistique, la totalité des responsables de média Twitter interviewés ne se considèrent pas comme des journalistes. Malgré une défiance de plus en plus accentuée envers la profession, le journaliste reste une fonction de prestige et à laquelle les intervenants n'ont pas la prétention de s'identifier. Les responsables interrogés préfèrent se qualifier de « passionnés », de « community managers » ou d'« entrepreneurs ». Parmi les six personnes interrogées, aucune n'est issue d'une école de journalisme ou n'a travaillé dans ce milieu, ce qui explique cette modestie. Hugues de Rosny témoigne de ce sentiment :

« Ça dépend vraiment de ce que l'on entend par le terme journaliste. Si un journaliste, c'est une personne qui sort d'une école de journalisme alors non, si c'est une personne qui a une carte de presse alors non. Mais si un journaliste c'est une personne qui a vocation à recueillir et chercher l'information alors pourquoi pas. Après, nous on n'a pas la volonté de s'afficher comme des journalistes, on est plus des reporter ou même des chercheurs de bonnes nouvelles, c'est plus cette dimension. Je ne sais pas si un de nous aurait l'arrogance de se définir comme journaliste, je ne pense pas. Par contre, on a une volonté qui est forte : celle d'informer, donc à ce titre-là est-ce que l'on peut nous appeler journaliste ? Je ne sais pas, c'est à vous de le dire »

Mais si les responsables ne se considèrent pas comme journalistes, ils s'entourent pour la plupart de « vrais » journalistes qui viennent apporter la légitimité nécessaire pour se caractériser comme média. Les médias Twitter étudiés sont composés de petites équipes (entre 5 et 15 membres) qui produisent les différents contenus journalistiques, et parmi elles, on retrouve généralement des membres qui ont fait des études de journalisme ou qui ont une expérience dans le domaine. Alvaro Mena explique la différence entre le responsable et les journalistes :

« Je considère plus ça comme un travail de passionné et comme de l'entreprenariat. Même si moi je suis passionné par le rap, j'en écoute tous les jours au moins 10 heures par jour, que je suis capable d'écrire des articles dessus, je n'ai pas la prétention de dire que je suis journaliste. Par contre, je m'entoure de personnes qui elles ont la capacité de le dire. Ce sont eux qui vont écrire les articles, Ce sont eux qui vont faire les Interviews... Je n'ai pas la prétention de dire que je suis journaliste quand je vois des mecs qui m'entourent qui sont dix fois meilleurs que moi dans ce domaine, où qui on fait des études même si ça ne veut pas tout dire »

Si les responsables de médias Twitter n'ont aucun mal à accepter l'étiquette de média, ils refusent tous de s'autoproclamer comme journaliste malgré la production de contenu journalistique.

1.7 La fin de la légitimité

Si les responsables de médias Twitter n'ont aucun mal à accepter l'étiquette de média, c'est aussi parce que les responsables interviewés ne se posent pas la question de la légitimité de leur action, et cela pour deux raisons :

· La première, c'est que la passion est suffisante pour partager de l'information sur les réseaux socionumériques, même sous l'étiquette de média. C'est la pensée de Isam Ben M'Barek :

« Moi je pense que la légitimité à parler de sa passion, tout le monde peut l'avoir, après qu'il s'identifie comme simple passionné ou comme un média, tant qu'il est sincère dans sa démarche, je pense que la question ne se pose pas. »

· La seconde, c'est que Twitter a offert cette opportunité grâce à son mode de fonctionnement et que c'est la plateforme qui offre la légitimité. C'est la pensée de Hugues de Rosny :

« Aujourd'hui je pense qu'on est un peu rentré dans l'ère du citoyen-journaliste, dans la mesure où on est un peu rentré dans l'ère du citoyen qui voit, qui entend et qui parle, qui parle via les réseaux sociaux de manière assez libre et très ouverte. Aujourd'hui, on est dans une démocratie libérale, donc qui dit démocratie dit liberté de parole et d'expression et je pense que Twitter est le réceptacle - qui peut parfois tendre à de petits conflits - mais je pense que chaque citoyen peut présenter son prisme ou sa vision de l'actualité. Nous on le fait, on n'est pas plus légitime qu'un autre mais pas non plus moins légitime qu'un autre. Je pense donc que la question de la légitimité ne se pose pas tant qu'on ne s'arroge pas le monopole de l'actualité ou celui du journalisme. »

Avec l'arrivée du Web 2.0 et le pouvoir accordé aux utilisateurs au niveau du partage d'information, la légitimité n'est plus une barrière pour les utilisateurs souhaitant se créer un média Twitter. La passion et l'avènement du citoyen-journalisme suffit pour justifier les motivations des interviewés.

1.8 Les sources d'information

Dans la tradition des pures players de presse, les sources d'informations des médias Twitter proviennent d'abord des réseaux socionumériques ou d'autres médias. Chez les médias généralistes étudiés, les informations sont essentiellement issues d'une veille sur les sites internet de différents médias traditionnels. L'objectif est de partager l'actualité le plus rapidement possible comme l'explique Lisa Alsy :

« Les rédacteurs ont les notifications de différents médias et personnalités sur les réseaux sociaux activés et fouillent un peu sur le net des infos plus exclusives. On se doit d'être très réactif sur l'actualité pour informer le plus vite possible mais quand c'est un peu plus calme au niveau des news, on essaye de trouver des infos moins récentes mais qui ont de l'intérêt. »

Mais à force de grandir, les médias Twitter engrangent de la légitimité et des outils et commencent à créer leurs propres contenus. Pour les médias généralistes étudiés, cela passe notamment par des reportages d'actualités, pour les médias spécialisés étudiés, cela passe par des contrats avec les maisons de disques pour obtenir directement toutes les informations nécessaires ou pour produire du contenu exclusif avec les artistes signés par les labels. Manon Thomas détaille cette évolution :

« Pour les infos, c'est beaucoup de débrouille, j'ai toutes les notifications des artistes activés, je traîne sur les fan pages etc. Mais on commence à être en contact avec les labels, on a déjà un contrat avec Warner, on reçoit toutes les news et on est invité lors des journées médiatiques de leurs artistes, on en profite pour faire des interviews. »

Si les médias Twitter reposent encore beaucoup sur le partage d'informations issues de la presse ou des réseaux socionumériques, leur croissance s'accompagne d'une volonté de créer leur propre contenu journalistique. Il n'est pas insensé de penser que cette propre production peut devenir majoritaire à terme.

1.9 La politique de Twitter

Si Twitter offre de nombreuses possibilités et d'outils aux médias Twitter, sa politique en matière de restrictions inquiète la totalité des responsables interrogés. Des inquiétudes différentes selon les deux échantillons étudiés. En effet, chez les médias musicaux, la crainte porte sur les restrictions en matière de droits d'auteurs qui peuvent entraîner la suspension des comptes. Twitter répond aux réclamations relatives à des droits d'auteur envoyées dans le cadre de l'application de la loi Digital Millennium Copyright Act (DMCA). Cela limite grandement les médias spécialisés lors du partage de musiques protégées par copyright. Si le « fair use » est censé permettre une utilisation équitable de contenu sans l'autorisation du détenteur des droits, ce concept est peu souvent respecté face à la puissance des grandes maisons de disques qui détiennent les droits. Une inquiétude qui s'est accentuée chez les médias Twitter depuis la suspension de « gros » compte comme 1863 ou les Alchimist. Manon Thomas fait part de cette insécurité :

« Évidemment ça fait peur, on se dit que tout le travail peut sauter en un instant. Il y a un système d'avertissement et à chaque manquement au niveau du copyright on en prend un. Là, je crois qu'on en est déjà à trois ou quatre, c'est inquiétant »

Pour passer sous les radars, les médias spécialisés usent de techniques pour ne pas se faire détecter par les bots de la plateforme. Ainsi, les responsables interviewés n'hésitent pas à supprimer les tweets avec des contenus copyrightés ou à enregistrer puis reposter les vidéos via un autre compte avant de les partager. Un problème profond puisqu'être en contact avec les branches françaises des labels ne suffit pas puisque la décision provient des pôles internationaux. Les solutions sont alors réduites pour les médias Twitter comme l'explique Alvaro Mena :

« On a déjà eu des soucis à cause de ça, heureusement aujourd'hui on a des contacts. Pour contourner on fait un peu de tout : on supprime les contenus quelques jours après avoir posté, je sais que le bot d'Universal, il ne signale pas les contenus en dessous de 28 secondes, avec Sony on a des accords, Believe ou Because c'est uniquement français donc on n'a pas de problèmes... On s'adapte. »

Une situation complexe, même pour les plus gros comptes. Du côté des médias généralistes, la politique de Twitter inquiète également. Au niveau des copyrights mais également au niveau des fakes news. Twitter a lancé une campagne pour lutter contre les fakes news : les tweets contenant de fausses informations sont signalés et les comptes les relayant sont menacés. Une nouvelle campagne qui a fait redoubler d'attention Lisa Alsy et l'équipe de Conflits France comme elle l'explique :

« Au début, on avait parfois tendance à vouloir aller trop vite dans le partage d'information et on ne prenait pas le temps de vérifier en profondeur certaines informations. On a pris un avertissement de la part de Twitter. Même si c'est une bonne chose, parce qu'on a une responsabilité et qu'on se doit d'être le plus juste et véridique possible, ça fait peur parce qu'on se dit qu'on pouvait tout perdre pour une petite erreur »

Mais les fakes news ne sont pas la seule préoccupation des responsables des médias généralistes interviewés. La récente suspension du compte Twitter de Donald Trump par la plateforme, a posé des questions sur la légitimité de l'entreprise américaine à bloquer un axe de communication à une personnalité. Une politique qui inquiète Hugues de Rosny :

« J'ai des doutes sur le fait qu'une entreprise privée puisse dire qu'une telle personne ou une autre ne peut pas parler. Il doit y avoir une limite, par rapport aux insultes, ça effectivement ce n'est pas une opinion mais un délit, cependant, à mon sens, on a le droit de s'exprimer comme on veut dans la limite de la liberté (...) mais il ne faut pas oublier que ce n'est qu'une entreprise privée et pas un État. Donc prudence, et je tiens à rappeler que la liberté d'expression est un droit fondamental. »

Twitter étant un réseau social de masse, il ne peut rentrer dans les détails de chaque atteinte aux copyrights ou autre atteinte à son règlement de chaque compte et laisse des bots se charger du respect des lois en vigueur, parfois au détriment des médias Twitter, qui se trouvent limité dans leur possibilité de partage de contenu multimédia ou autre.

1.10 Twitter, mais pas que

Si les médias étudiés se sont tous lancés sur Twitter, tous se sont également élargis à de nouvelles plateformes. Qu'il s'agisse d'une chaîne YouTube, d'une page Instagram ou d'un site internet, tous les responsables interrogés ont développé leur média au-delà de Twitter. Un choix qui s'explique principalement par deux facteurs :

· Le premier, c'est la recherche d'une nouvelle audience. Malgré son immense popularité, Twitter dispose d'une communauté moins importante que d'autres réseaux socionumériques comme Instagram (21 millions d'utilisateurs mensuels en France), YouTube (46 millions d'utilisateurs mensuels en France) ou même TikTok (11 millions d'utilisateurs mensuels en France)146(*). Pour accroître la popularité de leur média, certains responsables interrogés décident de se lancer sur d'autres plateformes.

Tableau récapitulatif des plateformes utilités par les médias Twitter étudiés

Un exemple avec Hugues de Rosny avec Média Positif :

« On agit surtout par empirisme. On essaye de voir si ça marche tout simplement. On a tenté de développer TikTok et on a vu que ça n'a pas trop marché alors on développe plus Facebook et Instagram. On procède surtout par tâtonnement, la pratique est toujours plus intéressante. C'est aussi une nouvelle audience qui cherche peut-être ce genre de contenu. Mais il n'y a pas de stratégie d'ensemble, on expérimente, ce ne sont pas des réseaux dont on maitrise tous les codes donc c'est aussi un apprentissage. »

· La seconde raison, ce sont les limitations de Twitter. Bien qu'il s'agisse de la plateforme la plus efficace pour le partage d'information, elle ne permet pas un support vidéo suffisamment performant, ni la création d'une identité graphique. Les responsables des médias Twitter vont donc trouver ces qualités chez les autres plateformes comme l'explique Alvaro Mena :

« Aujourd'hui tu dois être partout. Twitter tu as cet aspect rapidité, Instagram t'as l'aspect visuel, TikTok c'est plutôt du divertissement, YouTube ça va être pour du travail plus long : des interviews, des vidéos montées etc. Sur Twitter, tu ne peux pas faire tout ça. »

Mais plus que dupliquer la même formule sur chaque réseau, certains médias Twitter observés profitent de cette diversification pour créer une complémentarité. Si chaque plateforme a sa spécialité, le contenu produit sur une d'entre elles peut être adapté à une autre et chaque réseau socionumérique forme une partie d'un média d'ensemble. Une vision expliquée par Isam Ben M'barek :

« Contrairement à la plupart des médias, on a très rapidement décidé de lancer nos autres plateformes. D'habitude, les médias se développent d'abord sur Twitter, et ont ensuite l'idée de se lancer sur YouTube. Nous, on a voulu que dès le départ, nos trois pôles se lancent quasi en même temps, c'est utile puisque lors qu'on sort une vidéo YouTube, ça nous fait du contenu Twitter et Instagram grâce aux extraits, quand on fait du contenu Insta, ça nous fait du contenu Twitter car on ressort sous forme de thread... donc je dirais qu'il y a une vraie complémentarité des réseaux. »

Twitter sert donc également de tremplin pour les médias étudiés, qui profitent de la communauté rassemblée sur la plateforme pour lancer plus facilement leurs nouveaux projets sur les autres réseaux socionumériques populaires. Pour autant, Twitter n'est pas délaissé mais devient une « branche » des médias qui se développent sur plusieurs plateformes, servant à relayer l'information brute et les brèves.

1.11 Devenir rentable

Un autre aspect qui a poussé les responsables interrogés à se développer sur d'autres plateformes est l'aspect économique. Twitter ne bénéficiant pour l'instant d'aucun système économique en faveur les utilisateurs, les gérants des médias cherchent des sources de revenus ailleurs. C'est dans cette optique que les médias Twitter observés se lancent sur TikTok, YouTube ou bien Twitch, des plateformes disposant d'un système de rémunération. Le profit est en effet un des objectifs affichés par la plupart des médias. Que cela soit pour rémunérer les membres du média, pour acheter du matériel supplémentaire ou pour que cela devienne un projet professionnel, les responsables interviewés souhaite devenir rentable à terme. Manon Thomas détaille cet objectif :

« On veut devenir un média reconnu et qui compte, et cela passe par faire du profit. Pour l'instant, on gagne un peu avec TikTok et YouTube mais on cherche d'autres moyens, on veut s'asseoir à la table des Views ou Genius et ça ne se fera pas sans revenus. »

Mais les réseaux socionumériques ne sont pas les seuls moyens pour générer des revenus. Les médias spécialisés étudiés bénéficient de rentrées d'argent via des contrats avec des maisons de disques qui souhaitent faire la promotion d'artistes comme l'explique Alvaro Mena :

« Oui {sur le fait de générer des revenus}, principalement des labels. Un petit peu grâce à YouTube et TikTok mais beaucoup par les labels via des packs marketing sur des artistes. »

Les médias Twitter ont donc l'ambition de grandir et de se professionnaliser encore plus et pour cela cherche à générer des revenus, soit par leurs activités sur les réseaux socionumériques, soit via du contenu sponsorisé. Des financements que Twitter ne peut pas encore offrir à ses utilisateurs, mais qui vont être à observer dans un futur proche. En effet, la plateforme est en train de mettre en place un système de « pourboire » permettant de faire des dons aux usagers de Twitter de récompenser les comptes qu'ils souhaitent147(*).

2. L'analyse de corpus

Notre analyse de corpus va également nous permettre de répondre aux hypothèses de travail préalablement émises mais aussi d'analyser plus en profondeur des résultats observés lors de la présentation des résultats de la première méthodologie de travail.

L'analyse des tweets de quatre comptes de notre corpus nous permet de décortiquer les méthodes des médias Twitter afin de comprendre au mieux comment ces derniers font pour légitimer leur contenu journalistique.

2.1 Les codes journalistiques classiques

Malgré une limitation de caractères qui restreint le style d'écriture, les médias Twitter conservent certains codes journalistiques dans leurs tweets. Cette tendance est d'autant plus vraie chez les médias généralistes qui diffusent de l'information plus régulièrement et qui cherchent donc à légitimiter leur contenu via les codes journalistiques classiques. Ainsi, sur les 100 tweets de Médiavenir analysés, la totalité possède un ton formel, très journalistique (exemple : Le Rhône est placé en vigilance orange canicule, alerte la plus précoce depuis la création du dispositif en 2004). La totalité dispose également d'une titraille comme pour un article de presse (exemple : Flash). Enfin, 34 des 100 tweets analysés possèdent un verbatim, qui permet de donner une information précise, sans une retranscription écrite pouvant parfois découler d'une ligne éditoriale précise.

Pour Conflits France, ce sont 96 des 100 tweets qui possèdent un ton formel, 88 d'entre eux disposent d'une titraille et 13 possèdent un verbatim.

Un tweet de Mediavenir comprenant les codes journalistiques énoncés

Lien du tweet : https://twitter.com/Mediavenir/status/1387367366150041602

Cette façon de reprendre les codes journalistiques des médias traditionnels donne aux médias Twitter une certaine forme de légitimité en « rassurant » le public avec un modèle qu'il connaît déjà et qui inspire une forme de respect. Mais cette continuité avec les médias traditionnels n'est pas présente chez les médias spécialisés. En effet, seuls 25 des 100 tweets de 1863 possèdent un ton formel, aucun d'entre eux ne dispose d'une titraille et seulement 10 d'entre eux possèdent un verbatim, qui découle d'une interview réalisée par le média et retranscrite. Un constat similaire pour Raplume, dont seulement 22 des 100 tweets possèdent un ton formel, six d'entre eux disposent d'une titraille et trois possèdent un verbatim. Cela montre déjà une différence d'utilisation de la plateforme selon le corpus d'étude. Les médias traditionnels font de la légitimité de leur information leur priorité, en utilisant certains codes des médias traditionnels. De leur côté, les médias spécialisés ne s'embarrassent pas de ces problématiques et n'hésitent pas à casser les codes classiques comme nous allons le voir.

2.2 Les nouveaux codes

Si les médias Twitter gardent certains aspects des médias traditionnels, ils développent en parallèle une forme d'écriture propre en utilisant les codes et les outils de la plateforme. Ainsi, 310 des 400 tweets du corpus contiennent un émoji. Comme vu dans la première méthodologie, l'objectif est d'attirer l'attention et de créer une identité visuelle. Mais cela vaut également pour les hashtags, qui sont présent dans 95 % des tweets de Conflits France et 98 % de ceux de Mediavenir. En plus d'une identité visuelle, les hashtags permettent une meilleure visibilité des tweets sur la plateforme grâce à la possibilité de recherche par hashtag.

Si cette méthode n'est pas utilisée par les médias spécialisés (seulement un hashtag parmi les tweets de Raplume et 1863), ces derniers n'hésitent pas à utiliser un ton beaucoup moins journalistique et beaucoup plus familier. Ainsi, 74 des 100 tweets de 1863 adoptent un ton familier. Pour Raplume, cela représente 77 % du corpus.

Un Tweet de 1863 qui reprend les codes de Twitter
Lien du tweet : https://twitter.com/1863fr/status/1387824664072830983

Ces nouveaux codes contiennent également de nouvelles manières de délivrer l'information. Ainsi, chez les médias spécialisés, un tweet ne signifie pas une information. 36 % des tweets de 1863 étudiés constituent un thread, c'est-à-dire qu'ils font partie d'une série de tweets qui créée un ensemble un fois assemblé, où lus en entier.

En communicant à l'image des utilisateurs de la plateforme, les médias Twitter, et notamment les médias spécialisés, jouent la carte de la proximité pour diffuser leur contenu journalistique. Contrairement aux médias généralistes, les médias spécialisés brisent les codes avec les médias traditionnels et développent une nouvelle façon de faire du journalisme.

2.3 L'interaction avec le public

Dans la lignée du point précédent, une partie importante des tweets des médias spécialisés sont des réponses aux commentaires d'autres utilisateurs. Ainsi, 55 % des tweets de Raplume analysés sont des réponses. Pour 1863, ce sont 25 % des tweets qui sont des réponses et 5 % d'autres qui sont des tweets cités pour répondre aux utilisateurs. Une pratique qui est très peu présente chez les médias généralistes étudiés, avec seulement deux réponses parmi les 200 tweets du corpus.

Les médias spécialisés ont également tendance à citer directement des utilisateurs dans leur tweets en incluant leur nom d'utilisateur (et donc un lien vers leur profil). Ainsi, on retrouve des arobases d'utilisateurs dans 11 des 100 tweets de Raplume et dans 16 des 100 tweets de 1863, contre seulement 5 chez Conflits France et Mediavenir.

Enfin, les médias spécialisés usent beaucoup de la fonction retweet pour mettre en avant des commentaires d'utilisateurs ou partager une information directement depuis sa source. Sur la période étudiée, le compte de 1863 a retweeté un tweet 40 fois.

Toute ces interactions entre média Twitter et public confirment la volonté de développer une nouvelle façon de faire du journalisme en effaçant les frontières journalistique classique entre informateur et informé. Une nouvelle manière d'informer, qui fait du sens dans nos sociétés où la transparence est de plus en plus recherchée et où les médias classiques subissent une perte de confiance en raison de leur prétendu élitisme. Sans forcément en prendre conscience, les médias Twitter viennent donc répondre à des attentes du public, qui sont en quête de nouvelles formes de diffusion de l'information.

2.4 L'utilisation des multimédias

Malgré la facilité à inclure un contenu multimédia dans un tweet et son apport potentiel en termes de visibilité, les tweets des médias Twitter étudiés ne comprennent qu'une faible portion d'images ou de vidéos. Chez les comptes généralistes, cela représente un très faible échantillon. Seulement 14 % des tweets de Mediavenir comprennent une image et 4 % une vidéo. Une donnée supérieure chez Conflits France, où 30 % des tweets comprennent une image et 4 % une vidéo. Cette faible utilisation de contenus multimédia est notamment dûe à la volonté de délivrer l'information le plus rapidement possible.

Le nombre de contenus multimédia est supérieur chez les médias spécialisés, qui reposent beaucoup sur des extraits musicaux ou des clips. Pour autant cela ne représente pas la majorité des tweets. En effet, 36 % des tweets de 1863 comportent une image et 32 % une vidéo. Pour les tweets de Raplume, on ne compte que 23 tweets avec une image intégrée et 20 avec une vidéo. Il faut également prendre en compte dans ces données que beaucoup de tweets de ces deux médias sont des réponses, et ne nécessitent donc pas de contenu multimédia.

Cette utilisation prudente des images ou des vidéos témoigne de la crainte de la politique de Twitter en termes de copyright, qui peut être très brutale pour les comptes Twitter. En créant leur média sur la plateforme, les comptes étudiés sont sous le joug du réseau socionumériques et de sa politique. Un élément qui pousse les responsables observés à se développer sur d'autres plateformes pour jouir de plus de liberté.

2.5 Les sources d'information

Toujours dans cette volonté de légitimer leur contenu journalistique, les médias Twitter ponctuent la majorité de leurs tweets par la source d'où découle l'information contenue dans le tweet. C'est notamment le cas chez les médias généralistes étudiés qui détaillent la source d'information dans 184 des 200 tweets du corpus (96 chez Mediavenir, 88 chez Conflits France). Une pratique qu'on ne retrouve pas chez les médias spécialisés.

Un des 88 tweets de Conflits France citant la source d'information

Cette méthode semble avoir une double utilité. La première, c'est de rassurer le lecteur grâce au nom d'un grand média où d'une institution dans laquelle il peut avoir confiance et ainsi légitimiter son information. La seconde, c'est de se protéger au cas où une information serait inexacte. Après avoir souvent été accusés de diffuser des fakes news, les médias Twitter font très attention à ne pas relayer de fausses informations mais doivent toutefois être très réactifs. Le fait de citer la source d'information leur permet de ne pas être tenus intégralement responsable en cas d'erreur.

3. Le questionnaire

Contrairement aux deux méthodes précédentes, le questionnaire s'intéresse au comportement du public des médias Twitter. Cela nous permet d'analyser la réception des méthodes observées plus tôt et d'ouvrir une nouvelle grille de lecture.

3.1 Des médias populaires

La première observation qui ressort du cette troisième méthode de recueil, c'est que les médias Twitter jouissent d'une forte popularité chez les utilisateurs de la plateforme. En effet, 70 % des interrogés disent être abonnés à un média Twitter, c'est plus que le nombre d'interrogés disant suivre des médias traditionnels (66,7 %).

Les réponses à ces deux questions

Cela montre l'importance prise par ces nouveaux médias au niveau du partage d'information sur Twitter. En diffusant directement l'actualité plutôt qu'en renvoyant à des liens externes, les médias Twitter ont su séduire le public, notamment les jeunes, qui constituent une part importante de notre questionnaire (83,3 % des interrogés disent avoir entre 18 et 25 ans).

3.2 Des médias de confiance

Si les médias Twitter sont populaires, ils sont également dignes de confiance pour les utilisateurs. Ainsi, 90 % des interrogés pensent que la plateforme facilite l'accès à l'information et 95 % d'entre eux jugent fiable l'information diffusée par les médias Twitter. Les deux interrogés ne faisant pas confiance à l'information diffusée par ces médias font part du « nombre important de fakes news » et le fait « qu'une partie de ces médias relayent des informations sensationnelles sous le prisme de l'exclusivité avec des sources douteuses ». Malgré ces doutes, la grande majorité des interrogés ont confiance dans l'information fourni par les médias Twitter.

Le taux de réponse à la question de la crédibilité

Ce sentiment de fiabilité peut être étonnant compte tenu de la réputation de nid à fake new que Twitter à traîner pendant de longues années. Mais si Twitter souffre toujours de la propagation de fausses informations, d'autant plus avec la crise du Covid 19148(*), les efforts importants fournis par la plateforme dans sa lutte contre les fake news et l'arrivée des entreprises médiatiques ont donné au réseau socionumérique une nouvelle image et une crédibilité beaucoup plus importante, notamment au niveau des informations partagées.

3.3 Gratuité de l'information

Si l'information diffusée par les médias Twitter est jugée fiable par le public, les utilisateurs interrogés ne sont pas prêts à dépenser de l'argent pour avoir accès à cette information. En effet, 100 % des personnes interrogés disent ne pas vouloir payer si cette information n'était plus gratuite.

Le taux de la réponse à la question du coût de l'information

Cette culture de la gratuité est déjà très présente dans la presse en ligne et l'est encore plus sur une plateforme qui a toujours été gratuite comme Twitter. Cela témoigne d'un nouveau rapport à l'information, qui est assimilée à un bien commun, sans prise en considération du métier, du travail supposé par sa recherche, sa mise en forme, son éditorialisation etc. Cela témoigne également d'un nouveau rapport à la confiance journalistique, car le fait de payer pour quelque chose implique en retour des devoirs de la part de l'informateur. Dans une formule gratuite comme celle des médias Twitter, cette responsabilité est beaucoup moins vraie.

3.4 Un public qui interagit

Parmi les interrogés, 68 % disent interagir avec les comptes des médias Twitter. Une interaction qui prend la forme de like pour 82,4 % des interrogés, de retweets pour 67,6 % d'entre eux, de commentaires (pour 26,5 % du corpus) et de tweets cités (32,4 %).

Le type d'interaction des usagers

Une donnée qui confirme le sentiment des responsables des médias Twitter et qui témoigne d'une nouvelle relation entre public et média. Les utilisateurs se montrent favorables à ce nouveau mode de consommation de l'information.

3.5 Un public twitto-centré

Si les utilisateurs font confiance aux médias Twitter et n'hésitent pas à interagir avec eux, cette fidélité ne dépasse pas les frontières de la plateforme. En effet, seulement 42 % des interrogés disent suivre les médias Twitter sur d'autres réseaux socionumériques. Parmi ces 42 %, c'est Instagram qui est le plus populaire (70 % du temps) suivi de peu par YouTube (65 %) Facebook et TikTok ont également été mentionnés.

Les autres plateformes où les utilisateurs suivent les médias Twitter

Cela montre que les plateformes de réseau social sont assez hermétiques et qu'elles représentent chacune un public distinct. Pour les médias Twitter, cela montre la difficulté de devenir des médias « hybrides » : présent et influent sur différents réseaux. Pour y parvenir, les responsables et leurs équipes doivent connaître les codes de chaque plateforme et s'y acclimater. Une faculté révélatrice de la faculté d'adaptation de ces médias et de la connaissance de l'univers des NTIC pour construire leur légitimité et leur structure sur un ensemble de plateformes.

Chapitre 3 :

Analyse et interprétation des résultats

Après avoir présenté les résultats de notre travail empirique, il convient désormais d'analyser ses résultats pour nous permettre de vérifier nos hypothèses de travail et de répondre à nos questionnements et surtout à notre problématique. Pour cela, nous allons procéder à une analyse transversale de nos trois méthodologies de travail pour faire ressortir les grands thèmes structurants qui vont venir aider à répondre à notre problématique.

1. Une nouvelle forme de journalisme

La première réflexion qui s'impose après la présentation de la méthodologie de terrain, c'est le l'émergence d'une nouvelle forme de journalisme par les médias Twitter. Une nouvelle manière de faire du journalisme qui est directement liée à l'utilisation de la plateforme de réseau social. En effet, si les médias généralistes observés (Mediavenir, Conflits France) dans le cadre de l'analyse de corpus conservent certains codes des médias traditionnels (titraille, écriture journalistique, verbatim etc.), ils n'hésitent pas à se créer une identité journalistique propre, qui résulte de l'utilisation de Twitter. Un phénomène encore plus flagrant chez les médias spécialisés étudiés (Raplume, 1863) qui s'abrogent complétement des codes classiques du journalisme dans leur utilisation de la plateforme.

Entre community management et journalisme, les médias Twitter connaissent les codes de la plateforme et savent en faire profit. Comme nous l'a révélé l'analyse de corpus, les médias du corpus n'hésitent pas à utiliser des émojis, des hashtags, à faire des threads où à parler de manière familière dans leurs tweets, tout en partageant de l'information. On retrouve également dans les comportements de ces médias des leviers issus de la communication digitale d'entreprise. Ainsi, il arrive aux médias Twitter d'organiser des concours ou d'effectuer des sondages auprès de leur communauté.


Un concours organisé par Raplume sur Twitter
Lien du tweet : https://twitter.com/raplume/status/1333029977042849794

Cela nous amène à une autre facette importante de l'action des médias Twitter : l'interaction avec le public. Dans le prolongement de la réinvention des codes journalistiques, ces nouveaux médias brise l'approche classique de la relation entre média et audience. Le journalisme a toujours fonctionné de manière très verticale dans la relation informateur - informé. Mais comme le suggérait notre troisième hypothèse de travail, les médias Twitter abandonnent ces logiques pour une approche journalistique bien plus horizontale.

Comme observé tout au long de ce travail méthodologique, la proximité avec le public est une des spécificités des médias Twitter, et ce par le biais de la plateforme. En effet, c'est avant tout le fonctionnement du réseau social qui permet cet interaction spontanée et directe. Que cela soit en répondant aux commentaires des utilisateurs, en retweetant les tweets de leur public ou en citant directement les noms d'utilisateurs dans leurs tweets, les médias étudiés consacrent une part importante de leur utilisation de la plateforme à l'interaction avec leur audience. Cela prend aussi forme lors de la rédaction de ces nouveaux médias, qui ont tendance à employer un langage beaucoup plus familier que dans les médias traditionnels. Un langage qui ressemble à celui des utilisateurs et qui a souvent tendance à impliquer ces derniers via la formulation des phrases ou à l'organisation d'événements comme vu précédemment.

Un tweet de 1863 impliquant l'utilisateur
Lien du tweet : https://twitter.com/1863fr/status/1405506941623881736

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Du côté du public, cette nouvelle relation avec les médias d'informations est très bien reçue et est adoptée par la plupart des utilisateurs comme en témoigne notre questionnaire. Cette interaction vient en effet répondre aux doutes et à la perte de confiance des citoyens envers les médias traditionnels. En effet, comme évoqué dans notre première hypothèse de travail, le manque de représentativité et un certain élitisme sont très largement critiqués par une grande partie de la population. Un déficit de confiance qui a conduit les citoyens à remettre en cause les codes journalistiques classiques. C'est pourquoi l'arrivée des médias Twitter et de leur proximité avec le public a séduit un grand nombre d'utilisateur de la plateforme, permettant à ces nouveaux médias de bâtir leur légitimité.

2. Les limites de Twitter

Si Twitter permet aux médias de la plateforme une nouvelle approche du journalisme, le réseau socionumérique restreint également les possibilités de ces médias. Si dans notre deuxième hypothèse de travail, nous avons émis l'idée que la politique de Twitter dans sa lutte contre les fakes news permettait à la plateforme de bénéficier d'un regain de légitimité, la politique du site amène à d'autres problématiques.

Comme en témoigne les entretiens semi-directifs et le questionnaire, la lutte contre les fakes news effectuée par la plateforme a porté ses fruits : les médias Twitter étant très attentifs à ne pas partager de fausses informations pour ne pas se voir sanctionner par le site et les utilisateurs ayant confiance dans les informations recueillies sur la plateforme. Mais à côté de cela, la politique de Twitter est sujet à critique et à interrogation. En premier lieu, c'est la politique de modération du réseau socionumériques qui est source de critiques. Une politique jugée obscure, symbolisée par la décision de suspendre le compte de l'ex-président des États-Unis Donald Trump en janvier dernier. La possibilité pour ces géants du numériques de décider de la suspension, et donc du droit de parole, de ces utilisateurs pose question chez les responsables de médias Twitter, d'autant plus que la plateforme ne communique très peu sur ces méthodes de modération149(*).

Mais au-delà de ces questions de morale, la politique de Twitter pose des problèmes au niveau de la diffusion de l'information sur la plateforme. En effet, comme observé lors des entretiens semi-directifs, les responsables de médias Twitter se disent très inquiets de voir leur compte suspendu en raison de la politique du réseau socionumérique en matière de copyright. Le partage d'information nécessitant souvent un contenu multimédia, notamment chez les médias spécialisés observés, le fait que Twitter soit très strict au niveau de l'application de la loi DMCA porte atteinte aux médias Twitter. Le « fair use » n'étant que très rarement appliqué face à la puissance des détenteurs des droits, les médias observés sont sous le joug d'une suspension de leur compte, et donc de leur média.

Cette politique punitive est une des raisons pour lesquelles les médias Twitter sont de plus en plus nombreux à se diversifier et ne plus se contenter d'une seule présence sur Twitter. En effet, comme observé lors des entretiens semi-directifs, l'entièreté des responsables des médias Twitter développent leur structure sur d'autres plateformes. Que cela soit un site internet, une chaîne YouTube, une page Instagram ou un compte TikTok, les médias Twitter élargissent leur champ de possibilité de création journalistiques grâce aux spécificités des différents réseaux socionumériques. Si Twitter est la meilleure plateforme pour l'information brute et pour l'interaction avec le public, il reste limité sur beaucoup d'aspects.

Ces limites sont notamment dues au fonctionnement du réseau socionumérique : l'actualisation perpétuelle du fil d'information de la plateforme ne permet pas de mettre en valeur du contenu qualitatif, qui se retrouvera forcément noyé sous le flot d'information. C'est pourquoi les responsables de média Twitter ont tendance à diffuser ces contenus sur d'autres plateformes, YouTube notamment, qui permet de mettre en évidence le travail journalistique grâce à une meilleure visibilité sur le long terme.

Twitter est aussi très limitant en termes de création graphique, ce qui restreint grandement les possibilités de créer une direction artistique propre et originale. En effet, le phénomène des médias Twitter a vu l'apparition de nombreux acteurs mais sans véritable originalité. Il est d'autant plus difficile de sortir du lot avec les limitations de Twitter en termes d'image. Là où des plateformes comme Instagram, YouTube ou TikTok permettent de créer une identité graphique forte via les plus larges possibilités offertes par ces plateformes en termes de créativité.

Enfin, Twitter est également limitant au niveau de la rémunération. Le développement des médias Twitter sur d'autres plateformes est aussi dû à la politique de Twitter en matière de gratifications. En effet, la plateforme ne dispose pas d'un système monétaire permettant de rémunérer les créateurs de contenus qui font vivre le réseau socionumérique. Bien que l'entreprise soit en train d'essayer de mettre en place un système de « pourboire » qui va permettre aux utilisateurs de financer certains comptes Twitter, les résultats du questionnaire nous ont démontré que les usagers de la plateforme ne sont pas prêts à dépenser de l'argent pour l'information fournie par les médias Twitter. Pour générer des revenus et développer leur structure et leur contenu journalistique, les responsables de médias Twitter choisissent donc de se lancer sur des plateformes qui ont la capacité de leur rapporter des revenus, comme YouTube ou TikTok, qui rémunère les créateurs de contenus en fonction du nombre de vues. C'est aussi le cas d'un site internet qui peut apporter une rémunération grâce à une potentielle publicité.

Conflits France invitant ces abonnés Twitter à rejoindre leur page Instagram
Lien du tweet : https://twitter.com/ConflitsFrance/status/1401630644350881802

Cette façon d'utiliser les différentes plateformes de manière complémentaire est une des caractéristiques de ces nouveaux médias mais interroge sur le rôle de Twitter, qui sert parfois de tremplin aux médias de la plateforme en générant une communauté pour ensuite s'exiler sur d'autres réseaux socionumériques. Mais dans la plupart des cas, les médias Twitter vont développer chaque plateforme simultanément en étant actifs sur chacune d'elles et en exploitant leurs spécificités. En résulte une évolution de ces médias Twitter, qui deviennent alors des médias « hybrides » où l'information prend différentes formes selon les plateformes sur laquelle elle est partagée.

3. Du contenu de plus en plus propre

Si les médias Twitter étudiés se diversifient sur d'autres plateformes, c'est aussi pour créer du contenu journalistique plus riche et surtout plus personnel. En effet, comme observé lors de l'analyse de corpus, les informations diffusées sur la plateforme sont souvent caractérisées par la reprise d'actualités provenant d'une source extérieure. Une pratique qui se caractérise par la citation des sources qui accompagnent la majorité des tweets des médias généralistes étudiés. Si la reprise d'information est fréquente, notamment dans le journalisme en ligne, il s'agit d'une partie du travail journalistique des médias Twitter. Même si cela représente la part la plus importante de leur activité, en évoluant, ces nouveaux médias développent leur production journalistique sous différentes formes.

Comme observé lors des entretiens semi-directifs auprès des responsables de ces nouveaux médias, la création de contenus plus diversifiés passe souvent par la constitution d'une équipe journalistique. Parmi les médias étudiés, on retrouve des bénévoles ou prestataires de service qui officient en tant que rédacteurs, cadreurs, monteurs etc. Cela donne aux médias Twitter le savoir-faire et les moyens de réaliser des contenus à la hauteur de leurs ambitions, que cela soit des interviews, des reportages ou des création audiovisuelles.

Mais comme observé précédemment, Twitter n'est pas la plateforme privilégiée pour diffuser des contenus qualitatifs, qui représentent un investissement pour les responsables des médias, et qui n'a donc pas pour vocation de se noyer dans le flux d'informations quotidien que diffusent les médias Twitter. Les médias vont donc faire usage de leur présence sur différentes plateformes pour diffuser leur contenu sous les formes qui correspondent le plus à chacune. Généralement, YouTube est utilisé pour diffuser le contenu dans son intégralité lorsqu'il s'agit d'un produit vidéo. Certains extraits vont ensuite être repris pour être diffusés sur d'autres réseaux socionumériques, comme Instagram, TikTok ou Twitter.

Twitter est également utilisé comme un outil de partage, permettant de diffuser les liens du contenu journalistique au public. Comme vu lors du questionnaire, une partie des utilisateurs est réceptif à ce contenu diffusé sur d'autres plateformes. Cela permet aux médias Twitter de profiter de la communauté rassemblée sur la plateforme pour se développer ailleurs. Pour que cette information ne soit pas perdue sous le flot de tweet, les médias étudiés ont tendance à épingler le tweet (un tweet épinglé est le premier tweet affiché lors qu'on arrive sur un compte Twitter) annonçant leur dernière grosse production pour que ce dernier gagne en visibilité.

Le dernier tweet épinglé de Raplume qui annonce la sortie d'une vidéo YouTube avec le lien externe

Lien du tweet : https://twitter.com/raplume/status/1401479175144448000

4. Un rapport ambigu au journalisme

Si les médias Twitter peuvent être interprété comme la suite logique du journalisme en ligne et de l'investissement des réseaux socionumériques par les journalistes, les individus qui représentent ces nouveaux médias entretiennent un lien ambigu avec la fonction journalistique. En effet, malgré la production de contenu journalistique et la gestion d'un média, les responsables des médias Twitter ne se considèrent pas comme des journalistes. Une retenue qui s'explique par le prestige qui entoure la profession, qui a une mission de « chiens de garde » de la démocratie et qui est régie par une déontologie propre. Pour autant cela ne signifie pas que les médias Twitter ne respectent pas les devoirs essentiels à l'exercice du métier : les informations publiées sont majoritairement vérifiées, sourcées et exprimées de façon neutre. Si les responsables ne se considèrent pas journalistes, ils n'hésitent pas à travailler avec des journalistes de métier ou de formation qui viennent apporter une nouvelle couche de légitimité aux médias Twitter.

Le fait que les individus à la tête des médias Twitter ne se considères pas comme journalistes implique un phénomène important : cela montre comment la légitimité à diffuser de l'information a évolué depuis l'arrivée du Web 2.0 et l'apparition des réseaux socionumériques. En permettant à chacun de s'exprimer librement sur une plateforme publique, les réseaux ont rendu acceptable le fait qu'un citoyen puisse faire part de sa vision de l'actualité. Une tendance accentuée par l'explosion des blogs et du journalisme citoyen jusqu'au point de faire tomber la barrière que représentait la légitimité journalistique. Ainsi, les responsables de médias Twitter ont lancé leur structure sur la seule base de la passion, sans se poser la question de la légitimité de leur action.

Conclusion :

Ce mémoire de recherche avait pour ambition d'étudier les nouvelles formes de journalisme sur les réseaux socionumériques en prenant le cas des médias Twitter. L'objectif était de se demander comment les responsables des médias Twitter travaillent la légitimité de leur contenu journalistique.

Tout d'abord, il a été nécessaire de mesurer l'impact des réseaux socionumériques dans le partage d'information, ceux-ci étant désormais des plateformes essentielles dans la réception de l'actualité de millions d'utilisateurs. Il a ensuite fallu observer l'évolution du journalisme depuis l'apparition d'Internet et du Web 2.0 pour comprendre la réalité et les enjeux du journalisme en ligne. Puis, nous avons étudié la transformation de la légitimité sur le Web pour comprendre comment étaient régis les rapports d'autorité sur les réseaux socionumériques. Enfin, nous avons analysé Twitter et ses spécificités pour comprendre au mieux l'environnement de notre travail de recherche.

Dans un second temps, pour comprendre au mieux le phénomène étudié et ses acteurs, nous avons organisé une série d'entretiens semi-directifs auprès des responsables d'un corpus de médias Twitter pour recueillir et analyser leurs motivations, leurs méthodes et points de vue. À la suite de cela, nous avons analysé un corpus de tweets de quatre médias Twitter pour dégager des tendances, des spécificités liées à l'usage de la plateforme ainsi que des disparités entre les différents médias. Pour finir, nous avons mis en place un questionnaire auprès du public de ces médias Twitter pour comprendre comment les utilisateurs se les approprient et comment s'instrumentent les relations entre informateurs et informés sur la plateforme.

Grâce à ce travail de recherche et ce travail de terrain, nous avons pu identifier plusieurs stratégies mises en place par les responsables de médias Twitter pour légitimer leur contenu journalistique. Le premier, c'est la genèse d'une nouvelle forme de journalisme, qui s'inscrit dans l'évolution de la profession depuis son arrivée sur le Web. Ce journalisme se caractérise par l'utilisation des codes et les spécificités des réseaux socionumériques dans la diffusion de l'information mais surtout par une nouvelle relation avec le public, beaucoup plus orientée vers l'interactivité.

Un autre élément observé, c'est la création de contenus journalistiques de plus en plus personnels qui permettent aux médias Twitter de construire une légitimité par la production. Cela induit pour la majorité des cas la création d'une équipe journalistique et donc la mise en place d'une véritable structure médiatique professionnelle ou semi-professionnelle.

Enfin, les médias Twitter ont su exploiter les possibilités d'une pluralité de réseaux socionumériques lorsque Twitter, par son fonctionnement ou sa politique en matière de restriction, est devenu trop limité pour les ambitions des médias Twitter. Ces derniers réussissent à produire le contenu journalistique qui correspond le plus à chaque plateforme et travaillent leur légitimité sur chacune de celle-ci, devenant des médias hybrides.

Ce mémoire a bénéficié d'une partie empirique efficace et bien répartie, en se focalisant dans un premier temps sur les acteurs et leurs discours, puis sur leurs actions et leur fonctionnement et enfin sur la réception. Pour autant, il aurait été encore plus bénéfique pour approfondir nos résultats d'observer le fonctionnement interne des médias Twitter, en étudiant les rapports de force au sein des structures et la distribution des tâches. Malheureusement, le manque de temps et de moyens m'a empêché de pousser la recherche jusqu'à ce point

Ce mémoire de recherche m'a permis d'approfondir un phénomène qui m'intriguait et qui faisait partie de mon quotidien, étant moi-même un utilisateur actif sur Twitter et étant confronté à ces nouveaux médias. Les résultats de ce mémoire nous ont permis d'observer l'évolution de ces médias et leur déploiement sur un ensemble de plateformes, il serait donc cohérent de poursuivre cette recherche en se demandant comment ces médias hybrides s'articulent sur les différents réseaux socionumériques sur lesquelles ils prennent place ?

Annexe :

Annexe 1 : Retranscription entretien semi-directif avec Hugues de Rosny, responsable de Média Positif

Est-ce que tu peux te présenter toi et ton média ?

Moi je m'appelle Hugues de Rosny, je suis étudiant à Science Po et à la Sorbonne et conseiller municipal à Orléans et j'ai créé avec deux amis Le Média Positif en aout dernier. Le média Positif c'est aujourd'hui une communauté de 78 000 personnes et qui grandit de jour en jour. Notre volonté, comme son nom l'indique, c'est de partager des actualités positives, optimistes qui peuvent apporter du sourire aux gens, qui éclairent le monde sous un nouveau prisme. Aujourd'hui, on est 8 à travailler sur nos différentes plateformes.

Vous avez commencé sur Twitter, pourquoi ?

Pour nous, c'est la plateforme qui permet de partager un maximum de contenu facilement. On trouvait ça assez pertinent, c'est un peu la plateforme par excellence pour les médias d'informations.

Tu penses que c'est donc la meilleure plateforme pour le partage d'information ?

Complétement, pour nous c'était la plateforme où les gens échangent leur opinion, échangent leur propre prisme d'une vision de l'actualité, et nous on voulait offrir un nouveau prisme, là où les médias plus mainstreams ont une vision de l'actualité qui leur est propre, et qui es tout à fait pertinente, mais qui a tendance à mettre en lumière des actualités assez négatives, à toujours dramatiser en quête d'audience - ce qui est tout à fait compréhensible et important - mais pour contrebalancer ce phénomène, on voulait mettre en avant des choses plus positives.

Justement, c'est une ligne éditoriale qui marche bien, est-ce que ça témoigne d'un besoin ?

Oui, je pense. On a lancé ça en août, en pleine période du Covid, on était dans une atmosphère un peu angoissante, assez difficile pour les gens, où tout ce qu'on voyait était plutôt négatif. Il y avait une sorte de bulle angoissante et on a voulu percer celle-ci et notre aiguille c'était Média Positif. On y arrive bien parce qu'on est un peu les seuls sur ce segment et puis c'est un phénomène assez intéressant à mettre en lumière c'est que les personnes ont l'impression de faire une action positive lorsqu'elles retweet ou like quelque chose, ils ont l'impression de faire partager quelque chose de positive et donc de transmettre un message positif à leurs followers. C'est pour ça qu'on a un gros taux d'engagement. La deuxième explication à notre succès, c'est que les « gros » comptes, certifiés par exemple, ont tendance à faire des tweets pour inciter les gens à nous suivre. C'est ce qui explique qu'on a gagné 20 000 abonnés en deux jours et qu'on soit sur une très bonne dynamique.

Tu en a parlé rapidement, vous êtes un peu les seuls sur ce créneau mais on voit énormément de « média Twitter » qui se créé, est-ce que tu penses qu'il y a un besoin d'originalité ? Est-ce que c'était aussi dans votre optique ?

On ne s'est pas dit qu'on allait trouver un créneau pour se différencier. Nous on avait une idée donc on l'a fait, ce n'était pas en comparaison aux autres même si on a remarqué une saturation au niveau des médias d'informations sur Twitter - on pense à Médiavenir, à Conflits... - qui sont des médias intéressants et qui offrent des informations vérifiées, ou très souvent en tout cas, et qui permettent aux gens de prendre l'actualité brute. Nous, c'est quelque chose d'assez différent, on n'a pas une vision globale de l'actualité, le message ce n'est pas de dire : on a le monopole de l'information, suivez-nous et vous serez au courant de l'actualité. La personne qui suit exclusivement Média Positif, il sera un peu en autarcie par rapport au monde (rire). On est plus une petite fenêtre de positivité de l'actualité.

Tu parlais de votre fort taux d'engagement, est ce que vous essayez de créer un lien avec votre audience ?

On essaye de créer le maximum de lien. De manière générale, c'est une communauté très bienveillante. Pourtant, sociologiquement, c'est très hétérogène, il y a des lycéens, des étudiants, des CEO, des personnes un peu plus âgées, des quadragénaires... un panel extrêmement large et en même temps, il y a un point commun c'est qu'ils sont tous très bienveillant. On a énormément de messages très positifs.

Et toi personnellement, est-ce que tu te considères comme journaliste ?

Ça dépend vraiment de ce que l'on entend par le terme journaliste. Si un journaliste, c'est une personne qui sort d'une école de journalisme alors non, si c'est une personne qui a une carte de presse alors non, mais si un journaliste c'est une personne qui a vocation à recueillir et chercher l'information alors pourquoi pas. Après, nous on n'a pas la volonté de s'afficher comme des journalistes, on est plus des reporter ou même des chercheurs de bonnes nouvelles, c'est plus cette dimension. Je ne sais pas si un de nous aurait l'arrogance de se définir comme journaliste, je ne pense pas. Par contre, on a une volonté qui est forte : celle d'informer, donc à ce titre-là est-ce que l'on peut nous appeler journaliste ? Je ne sais pas, c'est à vous de le dire

Et est-ce que vous vous êtes posé la question de la légitimité à diffuser l'information ou est-ce que ce n'est plus une question qui se pose avec les réseaux sociaux ?

C'est une très bonne question, aujourd'hui je pense qu'on est un peu rentré dans l'ère du citoyen-journaliste, dans la mesure où on est un peu rentré dans l'ère du citoyen qui voit, qui entend et qui parle, qui parle via les réseaux sociaux de manière assez libre et très ouverte. Aujourd'hui, on est dans une démocratie libérale, donc qui dit démocratie dit liberté de parole et d'expression et je pense que Twitter est le réceptacle- qui peut parfois tendre à de petits conflits - mais je pense que chaque citoyen peut présenter son prisme ou sa vision de l'actualité. Nous on le fait, on n'est pas moins légitime qu'un autre mais pas moins légitime qu'un autre. Je pense donc que la question de la légitimité ne se pose pas tant qu'on ne s'arroge pas le monopole de l'actualité ou celle du journalisme.

J'avais également une question par rapport à la politique de restriction de Twitter, on a vu pas mal de gros compte suspendu pour des questions de copyright ou de fakes news, est-ce que c'est quelque chose qui vous inquiète ?

J'avoue que parfois je me pose des questions. J'ai des doutes sur le fait qu'une entreprise privée puisse dire qu'une telle personne ou une autre ne peut pas parler. Il doit y avoir une limite, par rapport aux insultes, ça effectivement ce n'est pas une opinion mais un délit, cependant, à mon sens, on a le droit de s'exprimer comme on veut dans la limite de la liberté. Par rapport aux restrictions, aux copyrights ou autres, parfois on a l'impression d'être confronté à une politique très cavalière, dans la mesure où supprimer un compte pour des copyrights sur une vidéo où on ne se rend même pas compte, on n'a pas l'impression de commettre un crime. Je pense que Twitter aurait plus intérêt à éduquer un peu plus là-dessus, à informer qu'il faut créditer les auteurs des photos ou vidéos, ce qui est parfaitement normal, plutôt que de supprimer de manière impulsive et robotique. C'est un peu le problème du réseau social de masse, forcément il ne peut pas y avoir quelqu'un pour regarder chaque compte, c'est un peu robotique et dommage. Je me pose quelques questions, après c'est leur politique c'est comme ça mais il ne faut pas oublier que ce n'est qu'une entreprise privée et pas un état. Donc prudence, et je tiens à rappeler que la liberté d'expression est un droit fondamental.

Vous vous êtes récemment développer sur d'autres plateformes, est-ce que c'est quelque chose qui se complémente ?

On agit surtout par empirisme. On essaye de voir si ça marche tout simplement. On a tenté de développer TikTok et on a vu que ça n'a pas trop marché alors on développe plus Facebook et Instagram. On procède surtout par tâtonnement, la pratique est toujours plus intéressante. C'est aussi une nouvelle audience qui cherche peut-être ce genre de contenu. Mais il n'y a pas de stratégie d'ensemble, on expérimente, ce ne sont pas des réseaux dont on maitrise tous les codes donc c'est aussi un apprentissage.

Tu n'es pas un utilisateur de Twitter de manière personnelle ?

Si, comme je fais un peu de politique locale, forcément le réseau social c'est un vecteur d'information assez important, donc oui j'en suis un utilisateur assez rompu pour le coup, mais pas trop pour les autres réseaux sociaux. Après il ne faut pas oublier que Twitter ce n'est pas le monde entier, c'est une partie du monde, une partie des Français, je pense donc qu'il ne faut pas voir Twitter comme la représentation exacte de la France ou du monde mais une partie qui doit être prise en compte, qui est intéressante, qui a ses points positifs et ses points négatifs, comme n'importe quel espace.

Quels sont vos objectifs avec le Média Positif ?

On n'a pas vraiment d'objectifs fixés, dans la mesure où il y a 3 mois on n'aurait jamais imaginé en être là. Demain ça peut ne plus marcher d'un coup, donc on verra. Si demain ça ne marche pas ou si marche plus on improvisera. L'important c'est d'être fier de ce que l'on fait, après le futur on verra, on n'a pas vraiment d'objectif chiffré

Il y a la volonté de se professionnaliser encore plus ?

On y réfléchit, c'est tout à fait possible. On songe à lancer un site web. Déjà le fait qu'on se soit étendu à d'autres réseaux sociaux, c'est une première étape et peut-être que la deuxième étape ça sera un site ou une application, la troisième un magazine... c'est des choses en cours de réflexion. On n'a pas tranché mais c'est des questions qui se poseront et d'autant plus si on continue de grandir en termes d'audience et de visibilité.

Ça peut devenir un objectif professionnel ?

Je ne pense pas. Je n'ai pas commencé en me disant ça. Après c'est comme tout, on ne sait pas de quoi demain sera fait... Tout dépend de la dynamique, on verra alors.

Annexe 2 : Retranscription entretien semi-directif avec Alvaro Mena, responsable de Raplume

Est-ce que tu peux commencer par te présenter toi et Raplume

Je m'appelle Alvaro Mena, j'ai 22 ans, je suis entrepreneur. J'ai fondé Raplume en 2016, même si fonder c'est un grand mot, j'ai créé le compte Twitter en 2016. Au début je postais des phrases de rap, ça a commencé à prendre j'ai alors pris cette tournure de média et je me suis développé avec un site internet, puis avec Instagram puis avec YouTube etc... jusqu'à en arriver où on en est aujourd'hui.

Et aujourd'hui vous êtes combien à travailler sur Raplume ?

Je suis tout seul dans la société mais il y a toujours un stagiaire qui tourne et après c'est des prestataires de services, que ça soit pour des Interviews, des montages, des articles...

On va revenir un peu au commencement, pourquoi t'as décidé de lancer cette page Twitter ?

À la base c'était juste partager ma passion parce que, c'est bête mais au lycée quand j'étais en cours de français c'est là que j'ai fait le lien avec la musique que j'écoutais c'est-à-dire le rap et je me suis dit qu'il y avait des trucs plus intéressant que juste écouter la musique. Je m'intéressais énormément aux textes et du coup j'ai fait ce petit compte parce que j'aimais beaucoup les phrases, je mettais des paroles sur mes photos Instagram etc... C'est parti de cette petite passion là en fait.

Et pourquoi Twitter ? Tu étais un utilisateur ?

Oui j'étais déjà un gros utilisateur depuis longtemps. Avant j'étais beaucoup dans l'univers des jeux-vidéos et je suivais mes YouTubers préférés dessus (rires). Quand j'ai grandi, j'ai passé encore plus de temps sur la plateforme, je suivais les artistes, mais aussi les médias, puis je me suis mis à tweeter moi-même, à rencontrer des gens et à prendre la pleine mesure de ce que c'est Twitter. Ça me semblait être la meilleure plateforme pour ma vision de ce que je voulais faire : des messages courts, qui peuvent toucher beaucoup de monde et avec une grosse interaction.

Et à partir de quand tu as pris cette tournure de média ?

À partir du moment où il y avait de plus en plus de monde qui nous suivait, j'ai commencé à recevoir des messages de personnes qui me proposais leur aide pour aider. Alors on a créé le site, on a écrit des petits articles au début, sur le site et sur Twitter. Après on a commencé à relayer un peu l'actualité et ça a pris le dessus sur les phrases.

Et quel usage tu fais de Twitter ?

Twitter c'est impactant. Il faut être concis, il faut donner l'info directement. L'époque où on met des titres pour inciter à cliquer, où on ne dit pas tout directement... c'est un peu fini. Aujourd'hui tout le monde est sur Twitter et si on partage un lien sans l'info dans le titre, y a un mec qui va dire en commentaire « j'ai la flemme de cliquer ». Pour moi l'idée c'est d'aller vite, ça permet d'être au courant de tous, donc faut informer rapidement et de façon très directe.

Et est-ce que vous avez une grammaire particulière sur Twitter pour informer rapidement ?

On utilise pas mal les émojis, c'est bien pour donner du relief. Par exemple quand une info tombe, on va mettre un petit émoji alarme, pour séparer les différents artistes on utilise des petits carrés mais on n'en abuse pas, il faut que ça reste professionnel quand même.

Raplume a été un des premiers média Twitter, mais on observe un vrai phénomène avec de plus en plus de média qui se lance sur la plateforme, pourquoi cet engouement ?

Déjà je ne nous considère pas forcément comme les premiers. Les premiers c'est plus VRF et Reverse même si on est les premiers à voir vraiment exploser. Mais pour répondre, je pense que c'est avant tout quelque chose qui ne demande pas d'investissement à part du temps et qui est accessible. C'est tentant d'écrire sur sa passion devant une potentielle audience.

Mais c'est de plus en plus dur de se différencier

Oui totalement. Pour se différencier désormais il faut apporter sa propre ligne éditoriale. Les nouveaux médias qui grossissent aujourd'hui c'est parce qu'ils ont une ligne éditoriale différente de ce qui se fait déjà, 1863 par exemple ils parlent d'artistes undergrounds, La Pépite qui se concentre aussi sur les interviews de rookies... l'objectif c'est de ne pas faire comme tout le monde. Il y a trop de comptes qui essayent juste de refaire des relais d'actualités mais en fait c'est trop tard, aujourd'hui, si tu veux juste de l'actu, tu followKultur ou Raplume et c'est bon t'as pas besoin d'un autre compte. Donc il faut essayer de faire un truc un peu nouveau, ou alors proposer de l'actu mais le faire mieux, proposer un truc innovant.

On peut lire dans ta bio Twitter « je ne suis pas journaliste », pourquoi tu ne considères pas comme journaliste ?

Je considère plus ça comme un travail de passionné et comme de l'entreprenariat. Même si moi je suis passionné par le rap, j'en écoute tous les jours au moins 10 heures par jour, que je suis capable d'écrire des articles dessus, je n'ai pas la prétention de dire que je suis journaliste. Par contre, je m'entoure de personnes qui elles ont la capacité de le dire. C'est eux qui vont écrire les articles, c'est eux qui vont faire les Interviews... Je n'ai pas la prétention de dire que je suis journaliste quand je vois des mecs qui m'entourent qui sont dix fois meilleur que moi dans ce domaine, où qui on fait des études même si ça ne veut pas tout dire. Mais je ne me permettrais pas de dire que je suis journaliste

Mais tu considères Raplume comme un média ?

Oui totalement mais je ne suis pas pour autant journaliste (rires). Les gens qui écrivent et qui font des Interviews pour Raplume : oui - Kitao aujourd'hui qui fait les interviews, Célia avant qui aujourd'hui travaille chez Brut - eux ce sont des journalistes, moi non.

En parlant d'Interview, Raplume s'est lancé sur d'autres plateformes que Twitter, pourquoi ?

Aujourd'hui tu dois être partout. Twitter tu as cet aspect rapidité, Instagram t'as l'aspect visuel, TikTok c'est plutôt du divertissement, YouTube ça va être pour du travail plus long : des interviews, des vidéos montées etc. Sur Twitter, tu ne peux faire tous ça.

Et à quel moment tu t'es dit que Twitter c'était trop restreint et que tu devais développer sur d'autres plateformes ?

Quand j'ai vraiment voulu que ça devienne un média qui peut s'asseoir à la table d'un Booska-P, d'un RapÉlite ou d'un Rapunchlines. Quand j'avais envie de créer du contenu plus que de simplement relayer.

Pour en revenir un peu à Twitter, c'est une plateforme très interactive, quelle est votre relation avec le public ?

Récemment c'est plus dur.

J'imagine qu'il y a beaucoup de réponse

Non, ça ce n'est pas le problème, moi je suis un geek, je peux passer des heures à lire des réponses (rires). Mais il y a beaucoup de trolls, des gens qui profite de notre popularité pour essayer de percer. Mais malgré moi je finis toujours par regarder. Y a une relation assez proche avec les utilisateurs, surtout quand on était moins connu, mais j'essaye toujours de répondre, pas toujours avec Raplume mais aussi avec mon compte perso et je kiffe, que ça soit parler avec ceux qui encouragent ou ceux qui critiquent. Je ne vois pas de barrière entre Raplume et le public vu que je ne me considère pas comme quelqu'un d'important.

Mais tu préfères quand même répondre avec ton compte perso qu'avec le compte de Raplume ?

Oui, surtout quand c'est des embrouilles ou autre. Quand c'est des questions ou des compliments, on répond directement mais quand c'est des embrouilles, je vais répondre avec mon compte perso, faut quand même rester professionnel.

Tu parlais de 1863, ils ont récemment eu des problèmes avec Twitter à cause de copyrights, est-ce que la politique de Twitter à ce niveau-là t'inquiète ?

Oui, c'est super limitant. Le problème c'est qu'on travaille avec ces labels et même eux sont impactés parce que c'est une décision internationale, ça vient de la loi DMCA sur les droits d'auteurs et donc les pôles internationaux des labels ont des bots qui signalent tous les contenus copyrightés, ce qui nous limitent beaucoup dans le partage.

Et vous faites attention à cela ? Vous avez des techniques pour contourner ?

Je fais très attention. On a déjà eu des soucis à cause de ça, heureusement aujourd'hui on a des contacts. Pour contourner on fait un peu de tout : on supprime les contenus quelques jours après avoir posté, je sais que le bot d'Universal, il ne signale pas les contenus en dessous de 28 secondes, avec Sony on a des accords, Believe ou Because c'est uniquement français donc on n'a pas de problèmes... On s'adapte.

Et aujourd'hui c'est quoi vos sources d'informations ?

Avant c'était beaucoup les comptes des artistes et ce que partageais les autres médias, aujourd'hui on est en contact avec les labels qui nous envoient toutes les news, ce qui va arriver...

Et maintenant que vous êtes bien implantés sur différentes plateformes, c'est quoi l'objectif avec Twitter ? Ramener la communauté sur les autres pôles ?

Non j'ai l'impression que les communautés des réseaux sociaux sont trop indépendantes. Quand on a lancé YouTube ça nous a aidé d'avoir le Twitter mais pas plus que ça, ce n'est pas la même communauté qui va aller s'abonner, pareil sur Instagram, si tu balance le lien sur Twitter les gens s'en foutent.

Mais Twitter reste important, c'est là qu'on est le plus actif, c'est là qu'on publie l'info chaude et où on communique le plus avec notre communauté, on ne va pas lâcher le compte parce qu'on se développe ailleurs.

Et aujourd'hui c'est quoi le futur de Raplume ?

Dans un avenir proche, on va essayer de devenir rentable en commençant des collaborations avec des marques pour que ça devienne notre principale source de revenu. Sinon, on veut démocratiser les compils Raplume, on en a déjà sorti une mais on veut faire ça plus souvent et sinon on veut développer YouTube encore plus.

Aujourd'hui, vous générez des revenus ?

Oui, principalement des labels. Un petit peu grâce à YouTube et TikTok mais beaucoup par les labels avec des packs marketing sur des artistes.

Annexe 3 : Retranscription entretien semi-directif avec Isam Ben M'barek, responsable de la pépite

Est-ce que tu peux te présenter toi et ton média ?

Je m'appelle Isam Ben Mbarek, j'ai 21 ans, je fais un BTS en négociation en digitalisation de la relation client. J'ai fondé la Pépite en octobre 2019. De base, c'était juste une page Twitter sur laquelle je publiais et au final ça a plutôt plu et on est parti sur une DA (direction artistique) assez originale. Aujourd'hui on a une équipe composée de community manager, de monteurs, de rédacteurs, de journaliste, de cadreurs, des gens qui s'occupent de la relation presse... On est aujourd'hui 13 à travailler sur ce projet.

Et au commencement, c'était une simple page Twitter c'est ça ?

Exactement, c'était juste une page où je partageais des musiques, des posts où je présentais mes artistes de la semaine... c'était vraiment quelque chose de simple. De base, je publiais énormément sur mon compte personnel et dans ma story Instagram et je me suis dis que ça devait saouler les gens (rire), alors j'ai créé un compte à part, au moins ceux qui veulent follow le peuvent. Au final, ça a plutôt bien pris.

Et pourquoi sur Twitter et pas un autre réseau ?

De base, c'est le réseau sur lequel je passe le plus de temps et il y avait forcément un créneau à prendre parce sur Twitter il y avait l'arrivée d'autres médias Twitter et je me suis dit autant le faire maintenant. De plus que c'est le réseau le plus facile d'utilisation pour lancer un média, ça paraissait logique dans ma tête.

Tu parles de l'arrivée des médias Twitter, comment faire pour se différencier et sortir du lot ?

C'est très compliqué. D'autant plus sur Twitter où il n'y a pas forcément ce système de direction artistique comme il peut y avoir sur Insta avec des posts personnalisables. Sur Twitter, c'est principalement des Tweets. Pour notre cas, ce qui nous différencie c'est notre ligne éditoriale : le fait que l'on parle de jeunes artistes. Il y a peu de pages qui le font, à part 1863 et PépiteFr. C'est quelque chose de vraiment compliqué en tout cas.

Et comment t'as eu cette idée de ligne éditoriale ?

C'était mon idée dès le départ. J'avais envie de partager des jeunes artistes et les faire découvrir parce que c'est ce que j'aime faire et ce que j'écoute le plus. Je me suis dit que ça pouvait plaire aux gens et du coup c'est resté.

Et le nom, le logo... c'est arrivé très vite aussi ?

Oui, ça s'est fait au bout de 10 minutes (rire), j'en parlais avec des amis, j'ai eu l'idée et j'ai créé le logo.

Quel usage vous faite de Twitter ?

C'est principalement du relai d'information. On partage les nouveaux clips, les actualités chaudes. Ça nous arrive aussi de faire des threads sur un sujet précis, on y poste également les liens de nos vidéos YouTube.

Est-ce que vous avez un code d'écriture sur Twitter ?

Oui, on a un vrai code couleur sur Twitter. Déjà, on utilise beaucoup les émojis, par exemple quand on va partager un clip, le dernier là c'est Sirène de Luidji, et bien on va mettre un émoji sirène, ça permet à la personne devant son écran de s'arrêter devant parce que ça attire. Sinon on essaye de faire des petits paragraphes, c'est des petits détails mais ça permet de créer une petite identité.

Il y a aussi beaucoup d'interaction avec votre audience

Oui, c'est quelque chose qui nous tient à coeur. Dans l'équipe il y a un vrai esprit de famille, on rigole beaucoup... et c'est quelque chose qu'on veut garder avec notre communauté, ce sentiment de proximité. Une fois toute les 2/3 semaines on essaye de prendre la température : on met des posts où on invite les gens à venir parler en dm s'ils ont besoin... on interagit énormément.

Et tu penses que Twitter est le meilleur réseau social pour ça ?

Oui clairement. Tu as une interaction directe. Sur Instagram ou YouTube, tu as juste le système de commentaires ou de messages privés, mais ça finit par se noyer. Sur Twitter, déjà les gens interagissent beaucoup et c'est plus clair, que ce soit par les tweets cités ou les réponses, c'est beaucoup plus simple d'avoir cet aspect familial sur Twitter.

Ton média commence à grandir, vous enchainez les interviews et le contenu journalistique, est-ce que tu te considères comme journaliste ?

Moi à titre personnel non, je n'ai pas les connaissances requises. Mais dans notre média, il y a des journalistes qui ont fait des études dans ce domaine mais moi je me vois simplement comme un mec lambda qui parle de rap parce qu'il aime ça.

Pourtant il y a une vraie production journalistique

Oui mais je l'attribue aux journalistes qui m'entourent plus qu'à moi. C'est eux qui vont mener les interviews.

Et donc toi tu te considères comment ?

Moi je m'occupe de gérer le média par le haut, je distribue les tâches, je vérifie que tout soit fait. Je dirais que je suis le boss, même si je n'aime pas trop cette étiquette.

Mais tu considères quand même la Pépite comme un média ?

Oui mais c'est quelque chose avec lequel on a encore du mal. Dans notre contenu et notre production : oui, on est un média mais on a énormément de mal à se qualifier ainsi parce que pour nous un média c'est quelque chose de fort et c'est arrivé tellement vite qu'on se considère toujours comme des passionnés. Je dirais qu'en réalité on est un média mais que dans nos têtes on est une page de passionnés.

Vous avez récemment lancé votre chaîne YouTube en plus d'une page Instagram, pourquoi ?

Contrairement à la plupart des médias, on a très rapidement décidé de lancer nos autres plateformes. D'habitude, les médias se développent d'abord sur Twitter, et qui ensuite à l'idée de se lancer sur YouTube. Nous, on a voulu que dès le départ, nos trois pôles se lancent quasi en même temps, c'est utile puisque lors qu'on sort une vidéo YouTube, ça nous fait du contenu Twitter et Instagram grâce aux extraits, quand on fait du contenu Insta, ça nous fait du contenu Twitter car on ressort sous forme de thread... donc je dirais qu'il y a une vraie complémentarité des réseaux.

Et est-ce que tu as cherché à viser une audience en particulier ?

Non, j'ai vraiment lancé ça sur un coup de tête. A aucun moment j'ai pensé que ça allait autant se développer et prendre une telle ampleur. Je prends ce qui vient à moi, mais je ne me suis jamais posé de question comme celle-ci.

D'après toi, comment on construit une légitimité à parler musique ou autre pour tous les médias Twitter qui émergent ? Et est-ce que tu penses qu'il y en a besoin ?

Moi je pense que la légitimité à parler de sa passion, tout le monde peut l'avoir, après qu'il s'identifie comme simple passionné ou comme un média, tant qu'il est sincère dans sa démarche, je pense que la question ne se pose pas.

Et tu penses quoi du terme « média Twitter » qui est de plus en plus repris par des pages ?

Le terme média Twitter pour moi, il est attribué à des médias qui font exclusivement du contenu sur la plateforme. L'exemple parfait c'est 1863, tout le monde les connait sur Twitter mais en dehors de Twitter non. Raplume n'a plus cette étiquette depuis qu'ils ont lancé leur chaine YouTube et Insta

En parlant de 1863, ils ont récemment été suspendu de Twitter, est-ce que la politique de la plateforme en termes de restriction te fait peur ?

Forcément, personne n'y échappe, même Camino y est passé. C'est quelque chose qui nous inquiète mais on prend nos précautions. Il y a des petites techniques pour éviter ça. Mais ça fait très peur de se dire qu'on peut sauter parce qu'on a mis un extrait musical trop long. Et c'est de plus en plus sévère.

C'est peut-être aussi une raison pour laquelle de plus en plus de média Twitter s'ouvre à d'autres plateformes

Clairement, parce que si t'es un média Twitter et que demain ton compte saute à cause de droit d'auteur, si t'avais que ça c'est fini.

Aujourd'hui, quelles sont vos principales sources d'informations ?

C'est principalement les labels et les maisons de disques Ils font appels à nous lors de la sortie d'un album ou pour un événement et il nous demande si on a du contenu à proposer.

Et désormais c'est quoi vos objectifs ? d'être rentable à terme ?

C'est dans un coin de notre tête mais ce n'est pas le but ultime. Pour l'instant on pense à grandir le plus possible.

Grandir sur YouTube principalement ?

Non, on essaye vraiment de faire grossir nos trois plateformes. Pour l'instant c'est Twitter qui marche le mieux mais on essaye de faire grossir Instagram aussi, qui est peut-être le réseau qu'on utilise le plus.

Tu considères donc pas Twitter comme une passerelle pour lancer quelque chose ensuite ?

Non, on n'a pas prévu de lancer de site ou autre, c'est quelque chose qui disparait un peu au profit des réseaux. On y a pensé mais ça demande beaucoup de taff pour pas grand-chose et on n'a pas la capacité de le maintenir.

Et donc, toute votre équipe,ce sont des bénévoles ?

Oui, c'est vraiment des passionnés. Même si j'essaye de les rémunérer un petit peu avec les petits profits qu'on fait.

Tu ne vois pas ça comme un objectif professionnel ?

Non, non clairement pas même si c'est dans un coin de notre tête (rire). Mais non je vois plus ça comme une passion. Dans l'équipe, il y en a déjà qui ont un travail à côté et chacun fait son chemin.

Annexe 4 : Analyse de corpus des tweets de Raplume :

Annexe 5 : Analyse de corpus des tweets de Mediavenir :

Annexe 6 : Résultats questionnaire quantitatif :

Bibliographie :

Ouvrages :

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* 141 Ibid, p. 101

* 142Rieder, B. (2012). The refraction chamber: Twitter as sphere and network. First Monday17(11). {En ligne} https://doi.org/10.5210/fm.v17i11.4199

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* 144 Ibid, p. 130

* 145Twitter Ads manager Audiences - extrapolations de We Are Social Digital Report 2020 

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo