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Systemes d'exploitation de la cuvette nord du lac Tchad: cas du maraichage sur le site de Kimé Gana dans la commune urbaine de N'Guigmi (Niger)


par Hamissou Achahabou
Universite de Diffa - Master en Evaluation Environnementale et Developpement durable 2019
  

Disponible en mode multipage

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REPUBLIQUE DU NIGER Ministère de l'Enseignement Supérieur de La Recherche et de l'Innovation (M.E.S/R.I) Université de Diffa

Institut Supérieur en Environnement et Ecologie (IS2E) Mémoire de fin de cycle

Présenté par

ACHAHABOU Hamissou,

Pour l'obtention du Master en Evaluation Environnementale et Développement

Durable (EEDD)

Option : Etude d'Impact Environnemental et Social

Systèmes d'exploitation de la cuvette nord du lac Tchad : cas du maraîchage
sur le site de Kimé Gana dans la commune urbaine de N'guigmi (Niger)

Soutenu publiquement, le 05/02/2019 Membres du jury:

Président: Ali MAHAMANE, Professeur titulaire, FST/UAM, Directeur

Membres: Youssoufa ISSIAKA, Maître -assistant, FST/UDDM

KIARI FOUGOU Hadiza, Maitre -assistante/IS2E/UDA, Co-directrice IDI SAIDOU Sani, Assistant, FSA/UDA

Année académique 2016-2017

Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page i

TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION GENERALE 1

CHAPITRE I: CADRE THEORIQUE ET PRESENTATION DU MILIEU D'ETUDE 6

I. CADRE THEORIQUE 6

1.1 Revue bibliographique 6

1.2 Définition des concepts et mots clés 7

1.3 PRESENTATION DU MILIEU D'ETUDE 9

1.3.1 Présentation de la commune urbaine de N'guigmi 9

1.3.2 Milieu physique 11

1.3.2.1 Les sols 11

1.3.2.2 La végétation 13

1.3.2.3 Le climat 14

1.4 Milieu humain 15

1.4.1 La population 15

1.4.2 La mobilité de la population 16

1.4.3 Les activités socio-économiques 16

1.4.4 L'agriculture 16

1.4.5 L'élevage 18

1.5 Localisation du périmètre mis en valeur 20

Conclusion partielle 22

CHAPITRE II : LA DEMARCHE METHODOLOGIQUE 24

2. 1 La recherche documentaire 24

2.2 Outils 24

2.3 La période d'enquête 24

2.4 La collecte des données sur le terrain 25

2.5 Le traitement et l'analyse des données 25

2.6 Les difficultés rencontrées 26

Conclusion partielle 26

CHAPITRE III : RESULTATS ET DISCUSSION 27

3.1 ACTEURS ET PRATIQUES MARAICHERES DE KIME GANA 27

3.1.2 Historique du village de Kimé Gana 27

3.1.3 L'organisation du travail dans le maraichage 28

3.1.3.1 Caractéristiques des exploitants 28

3.1.3.2 Une dominance des non alphabétisés dans les exploitants 28

3.1.3.3 Répartition des exploitants maraichers par tranche d'âge et par sexe 30

3.2 Le processus de production maraichère 31

3.2.1 Les travaux de préparation des sols 31

Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page ii

3.3 Utilisation des intrants agricoles 35

3.3.1 Les semences utilisées 35

3.4 Les modes de fertilisation du sol 36

3.4.1 La fumure organique 36

3.4.2 Les engrais chimiques 37

3.5 Les modes de traitement des cultures maraichères 37

3.5.1 Les produits phytosanitaires 37

3.5.2 Les traitements locaux 38

3.6 Les différentes espèces produites sur le site 39

3.7 Perspective de développement des cultures 45

3.8 Les modes d'assolement 45

3.9 La rotation de cultures 46

3.10.1 Les modes d'accès 47

3.10.2 L'accès au foncier maraîcher à Kimé Gana 48

3.11 LES TECHNIQUES CULTURALES ET LE FACTEUR FONCIER DES CULTURES

MARAICHERES A KIME GANA 50

3.11.1 Les techniques de production des cultures maraichères 50

3.11.1.1 Les outils de production 50

3.11.1.2 La récolte 50

3.11.1.3 La production 53

3.11.2 Commercialisation des produits maraichers de Kimé Gana 54

3.11.2.1 Commercialisation 54

3.11.2.2 Circuit et acteurs de la commercialisation 55

3.11.2.2.1 Le circuit court de commercialisation des produits maraîchers 55

3.11.2.2.2 Le circuit actuel de commercialisation des produits maraîchers 56

3.11.2.2.3 Circuit d'avant crise de commercialisation des produits maraichers 56

3.13 Les modes de conditionnement et de transport des produits maraichers 60

3.13.1 Les modes de conditionnement 61

3.13.2 Les modes de transport 61

3.14 Impacts de l'occupation momentanée des déplacés du lac à Kimé Gana 61

3.14.1 Le choix du site 61

3.14.2 Les dégâts occasionnés 62

3.15 Les contraintes de la pratique des cultures maraichage 63

3.15.1 Les risques liés aux produits chimiques 63

3.15.2 La pollution de l'environnement 63

3.15.3 Les contraintes foncières 64

3.15.4 Les contraintes financières 64

3.15.5 Les contraintes de commercialisation 64

Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page iii

3.15.6 L'analphabétisme des producteurs 64

3.15.7 Contraintes abiotiques 64

3.15.8 Les contraintes institutionnelles 65

3.15.9 L'absence des systèmes d'approvisionnement et d'inaccessibilité des producteurs 65

3.15.10 Les contraintes législatives 65

3.15.11 Les contraintes biotiques 66

3.15.12 Les contraintes économiques 66

3.15.13 Les contraintes matérielles et techniques 67

3.15.14 Les contraintes d'irrigation et le manque d'eau sur le site 68

3.16 Discussion 69

3.17 Valorisation des cultures maraichères et Perspectives d'aménagement du site de Kimé Gana 72

3.17.1 Valorisation de la culture maraichère 72

3.17.2 Perspectives d'aménagement du site de Kimé Gana 73

CONCLUSION GENERALE 75

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES a

ANNEXES d

Dédicace

Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page iv

Je dédie ce mémoire à :

? Mes parents Achahabou Elhadj Abdoussalam et Raha Elhadj Ibrahim pour les conseils et encouragements qui m'ont permis de surmonter les obstacles et poursuivre mes études ;

? Mon oncle Abdou Malan Laouali pour le soutien et l'encouragement ; ? Mes regrettés, tante Salmata Amadou Kouka et cousin Laouali

Ibrahim Tahir que leurs âmes reposent en paix et que le paradis leur

soit éternel.

Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page v

Remerciements

Au terme de ce travail, nous tenons à adresser nos sincères remerciements à toutes les personnes physiques ou morales qui, par leur contribution si modeste soit-elle, ont permis sa réalisation.

Nos remerciements vont également à l'endroit du Professeur MAHAMANE Ali, Recteur de l'université de Diffa, qui a bien voulu assurer la direction de ce travail, malgré ses multiples tâches et préoccupations.

Nos remerciements s'adressent tout d `abord à Docteur KIARI FOUGOU Hadiza, Enseignante-chercheur à l'Université de Diffa, co-directeur de ce travail pour toutes ses suggestions scientifiques, ses aides innombrables et qui a inlassablement contribué à l'élaboration et à l'amélioration de la qualité de ce présent travail.

Nous remercions aussi du fond du coeur toute l'équipe rectorale qui a toujours répondu à nos sollicitations, qu'ils trouvent notre profonde gratitude. Nous n'allons pas finir sans penser à la présidente de la coopérative maraichère de Kimé Gana en l'occurrence Hadjia Mairam Ouma MAIMANGA qui a facilité notre rencontre avec les exploitants pour les enquêtes et la collecte de données sur le terrain et nous a fournis tous les renseignements sur le site depuis sa réalisation jusqu'à ce jour.

Je remercie également M. Kassouma MALAM FOUGOURA qui m'a servi d'interlocuteur, de guide et d'interprète lors de mes excursions sur le site.

Je me dois aussi de remercier sincèrement la Direction régionale du génie rural de Diffa et toute l'équipe de la direction Départementale l'Agriculture de N'guigmi pour avoir mis à ma disposition les données sur les périmètres maraichers de N'guigmi et principalement sur celui de Kimé Gana.

Enfin une pensée spéciale à tous les camarades de la 1ère promotion du Master EEDD avec qui nous avons appris et passer de très agréables moments d'échanges scientifiques.

Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page vi

SIGLES ET ABBREVIATIONS

CAIMA : Centrale d'Approvisionnement en Intrants et Matériels Agricoles

CBLT : Commission du Bassin du Lac Tchad

CICR : Comité International de la Croix Rouge

COP : Conférence des Parties / Conferences of the Parties

CRA : Chambre Régionale de l'Agriculture

DDA : Direction Départementale de l'Agriculture

DRDA : Direction Régionale de Développement Agricole

DRHA : Direction Régionale de L'Hydraulique et de l'Assainissement

EDOS : Etudes de Développement des Oasis Sahéliennes en République du Niger

FAO : Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation

FMI : Fond Monétaire International

GRIP : Groupe de Recherche et d'Information

HYCOS : Hydrological Cycle Observing System / Système d'Observation du Cycle

Hydrologique

IS2E : Institut Superieur en Environnement et Ecologie

LASDEL : Laboratoire d'études et recherches sur les Dynamiques Sociales et le

Développement Local

N : Naira, Monnaie du Nigeria

INRAN : Institut National de Recherche Agronomique du Niger

INS : Institut National de la Statistique

OCHA: Office for the Coordination of Humanitarian Affairs

ONG: Organisation Non Gouvernementale

PASAM : Projet d'Appui à la Sécurité Alimentaire des Ménages

PAM : Programme Alimentaire Mondial

PDES : Programme de Développement Economique et Social

PDC : Plan de Développement Communal

PRESIBALT : Programme de Réhabilitation et de Renforcement de la Résilience des

Systèmes Socio-écologiques du Bassin du Lac Tchad

RECA : Réseau National des Chambres d'Agriculture du Niger

UDA : Université de Diffa

VND : Volontaire Nigérien pour le Développement

Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page vii

LISTES DES FIGURES

Figure 1: Carte de la commune de N'guigmi 10

Figure 2: Occupation des sols 12

Figure 3:Variation moyenne mensuelle des vents à N'guigmi 14

Figure 4: Courbe de l'évolution de la pluviosité de 2007 à 2016. 15

Figure 5: Présentation du site maraicher de Kimé Gana 20

Figure 6: Répartition ethnique des exploitants du site. 28

Figure 7: Répartition par tranche d'âge des exploitants 31

Figure 8:Répartition des exploitants par sexe. 31

Figure 9: Aménagement des parcelles. 34

Figure 10: Les semences utilisées et l'approvisionnement des intrants agricoles 35

Figure 11: Mode de payement de la main d'oeuvre 52

Figure 12: Pourcentage des exploitants utilisant une main d'oeuvre salariale 53

Figure 13 : Circuit court de commerce de produits maraichers à Kimé Gana 55

Figure 14 : Circuit actuel de commercialisation des produits maraichers 56

Figure 15 : Circuit d'avant crise de commercialisation des produits maraichers 57

Figure 16 : Fréquence des différents revenus des producteurs 59

Figure 17: Fréquence des différents revenus des producteurs 62

Figure 18: Niveau d'eau en mètre en fonction du temps 69

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1: Espèces végétales fréquemment rencontrées dans la zone 13

Tableau 2: Production céréalière en tonne, département de N'guigmi 18

Tableau 3:Répartition du cheptel, département de N'guigmi 19

Tableau 4:Repères techniques du site mis en valeur 21

Tableau 5:Nationalité et niveau d'instruction des chefs d'exploitants 30

Tableau 6:Mode d'accès aux parcelles sur le site 48

Tableau 7:Effectifs des maraîchers utilisant les équipements agricoles 50

Tableau 8:Revenus monétaires et types de producteurs 58

Tableau 9:Quelques espèces produites et leurs prix en fonction des périodes 60

LISTE DES PHOTOS

Photo 1: Un troupeau de la vache Kouri à Sayam CMB . 20

Photo 2: Forage artésien du site de Kimé Gana, 22

Photo 3: Moyens rudimentaires du labourage. 32

Photo 4: Confection des planches à Kimé Gana 33

Photo 5: Repiquage de l'oignon 33

Photo 6: Elevage du petit ruminant (A), Elevage de la basse-cour (B) 36

Photo 7: Résidus de culture servant d'engrais. 37

Photo 8: Produits phytosanitaires 38

Photo 9 : Procédé de fabrication de l'insecticide local. 38

Photo 10: Planche de tomate de variété Roma 41

Photo 11: Planche d'oignon 42

Photo 12: Pieds de chou 43

Photo 13: Pieds du moringa autour d'une parcelle A. Moringa séché B. 44

Photo 14: Un plan de chou pommé attaqué par des insectes 66

Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page viii

Résumé

La cuvette nord du lac Tchad présente des conditions optimales pour la pratique des systèmes d'exploitation variant d'une zone à une autre. Avec une superficie de 35 hectares (Ha), dont 11 Ha sont seulement mis en valeur ; le site de Kimé Gana est un ancien lit du lac, il est situé dans la partie sud, à 7 km du chef-lieu de la commune de N'guigmi.

La méthode de collecte de données est basée sur le moyen d'un questionnaire établi sur la base d'un échantillon représentatif du site.

Le site de Kimé Gana est exploité en majorité par 75 % de femmes. Les exploitants sont classés en fonction de la taille de leur exploitation (grande, moyenne et petite). Les grands producteurs et les producteurs moyens utilisent la main d'oeuvre pour les différents travaux de préparation des parcelles jusqu'aux repiquages des jeunes plants et pendant la période des récoltes.

Le système d'exploitation du site est basé sur une diversité de cultures (gombo, le chou, la

salade, le manioc, la courge, l'oignon, la tomate, le blé, l'ail ). Les produits issus du
maraichage permettent de subvenir aux besoins familiaux des exploitants et d'en écouler l'excédent sur les marchés locaux. De nombreux acteurs interviennent dans la vente de produits (ouvriers dans le site, transporteurs, revendeurs, collecteurs, commerçants, détaillants) et constituent un maillon important de la filière. Les principaux modes d'accès à la terre sur le site sont : l'héritage qui est fréquent à cause du critère autochtone des exploitants qui sont majoritaires. Le second est le prêt et concerne les exploitants non détenteurs qui mettent en valeur les terres empruntées auprès des propriétaires. L'activité maraichère permet de réduire d'une part la vulnérabilité des populations de la zone, ainsi que celles victimes des exactions de Boko Haram, le chômage, la migration clandestine, et d'autres part.

Mots clés: Lac Tchad, Niger, Kimé Gana, système d'exploitation, insécurité, population

Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page ix

Abstract

The northern basin of Lake Chad presents optimal conditions for the practice of farming systems that varying from one area to another. With an area of 35 hectares (Ha), of which 11 ha are only highlighted, the site of Kimé Gana is an old lake bed; it is located in the southern part, 7 km from the capital of the town from N'guigmi.

The main objective is to analyze the truck farming operating system of the irrigated perimeter of Kime Gana for its development.

The data collection method is based on the choice of the survey period, and by means of a questionnaire drawn up on the basis of a representative sample of the site.

Kime Gana's site is mostly operated by 75% women. Operators are ranked according to the size of their cultivation (large, medium and small). Large producers and average producers use the labor for the various works of preparation of the plots until the transplanting of the young plants and during the period of harvests.

The main fashions of acquirement of the earth on the site are: the inheritance and the loan. The mains vegetables that are producing on the enhanced perimeter are: the cabbage, the salad, cassava, the gourd, the onion, the tomato, wheat, the garlic. The profit of that activity permits to reduce: the vulnerability of the populations already victim of the exactions of Boko Haram, the rate of unemployment, the clandestine migration.

The development of this activity by modern's technics is a solution to household food security.

Key words: Niger, Chad Lake, Insecurity, population, Kimé Gana, truck farming

Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 1

INTRODUCTION GENERALE

Au sahel, la baisse tendancielle de la pluviométrie (sècheresses successives) observée à partir des années 1970 ainsi que la forte croissance démographique et la dégradation des ressources naturelles (baisse de fertilité des sols), ont eu conséquences sur les productions agricoles. Ces facteurs ont largement un engouement en faveur de l'adoption de l'irrigation comme stratégie prioritaire en matière de développement agricole (Awal, 2011).

Le développement de l'agriculture irriguée est une des solutions pour améliorer la sécurité alimentaire des populations sahéliennes. L'autosuffisance alimentaire est donc au coeur des stratégies de développement du pays, (Nazoumou et al, 2016).

A Diffa comme dans toutes les autres régions du pays, on observe une irrégularité des pluies, des sècheresses récurrentes, des inondations, une croissance démographique et dégradation des ressources naturelles par la baisse de la fertilité des sols. On note avec l'intensification de la culture de contre saison une croissance des cultures irriguées et maraichères dans les cuvettes, sur les rives et les zones d'épandage de la Komadougou. Les cultures se pratiquent au niveau, des mares et le long de la Komadougou Yobé. Le caractère mobile de cette agriculture le rend assez complexe et aléatoire.

Le maraîchage est une activité qui est pratiquée partout au Niger, il procure des importants revenus et des apports nutritifs. Il permet aussi de réduire le taux de chômage, qui est un facteur influençant la délinquance juvénile, la consommation de la drogue et l'exode rural vers d'autres cieux. A travers les cultures maraîchères plusieurs acteurs se retrouvent notamment les producteurs, les revendeurs, les commerçants, les transporteurs.

Cette filière génère beaucoup d'emplois non négligeables. Certaines localités font face aux attaques du groupe terroriste Boko Haram, plusieurs activités se retrouvent en panne dont les principales sont : l'agriculture, l'élevage et la pêche. Certains villages riverains du lac Tchad sont détruits et pillés, des personnes sont massacrées. En Mai 2015, l'état adopte la politique de relocalisation de cette population vers les zones stables et sécurisées.

Ces réfugiés et déplacés sont appelés communément en gudun hijira dans les localités d'accueil (Hamani et al. 2017).

Le lac Tchad constitue une figure emblématique de la menace du changement climatique et de ses enjeux dans les pays pauvres, ce qui explique l'intérêt qu'il suscite dans le cadre de la COP 21. La superficie de ce lac est en effet très variable, du fait notamment de sa faible profondeur et de son exposition à une forte évaporation, liée à sa proximité du Sahara (CBLT, 2015a).

Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 2

Il est partagé entre quatre états dont une forte proportion de la population est pauvre (Cameroun, Niger, Nigeria, Tchad) et dépendant d'un bassin réunissant 6 pays au sein de la Commission du bassin du lac Tchad (CBLT). Cette situation d'insécurité pèse sur les ressources et les moyens de subsistance des communautés résidentes, qui subissent déjà des difficultés économiques et des aléas climatiques qui s'abattent régulièrement sur la région.

Ce conflit a poussé alors la population à se tourner vers d'autres activités plus prometteuses dans les zones ou la sécurité est stable et garantie par les forces de défenses et de sécurité conjointement avec la force multinationale d'intervention. Au niveau des ménages en milieu rural, les stratégies paysannes consistent surtout à accroitre la production agricole et développer une économie rurale permettant d'assurer une sécurité alimentaire en période de faible production. Aussi convient-il d'explorer toutes les filières de production agricole notamment la filière maraîchère.

Les pratiques culturales sont faites à l'aide des moyens des puisettes ou de chadouf dans les cuvettes et dans l'ancien lit du lac. De nos jours les maraîchers utilisent des moyens diversifiés pour l'amélioration du rendement de la production maraîchère qui sont entre autre : les semences améliorées, les engrais, les motopompes, les forages.

Les cultures maraîchères apparaissent comme une alternative intéressante dans la lutte contre l'insécurité alimentaire des ménages en milieu rural dans le contexte actuel du phénomène des changements climatiques qui provoquent des déficits céréaliers récurrents (Bognini, 2010).

Il constitue depuis des millénaires, un pôle de développement, d'échanges commerciaux et culturels entre les populations du nord du Sahara et celles du sud. En tant que lieu d'accueil des oiseaux aquatiques migrateurs, le Lac Tchad joue également un rôle dans la conservation de la faune. Il offre de ce point de vue de très riches écosystèmes dans un environnement marqué par l'aridité et est de ce fait inscrit sur la liste des zones humides d'importance internationale de Ramsar (CBLT, 2015b).

La sécurité alimentaire demeure de nos jours une préoccupation dans les pays du monde entier actuellement confrontés aux perturbations climatiques et à une crise économique.

Ainsi l'agriculture, l'élevage et la pêche constituent les principales activités de la région. Depuis 2013 l'insécurité sur les rives nigérianes du lac Tchad a modifié les conditions de vie des communautés et le fonctionnement de l'économie régionale. En effet, ce contexte d'insécurité a induit à l'interdiction de toutes les activités productives du lac Tchad au Niger mais aussi les échanges commerciaux (Kiari Fougou et Lemoalle, 2016). L'accroissement de la population dans le bassin du lac Tchad est sans doute aujourd'hui l'une des plus grandes

Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 3

menaces face à la faible disponibilité alimentaire. Bien que des efforts importants aient été consentis pour lutter contre l'insécurité alimentaire, celle-ci demeure une source de préoccupation et d'inquiétude. Les causes attribuées à cette insécurité tiennent essentiellement aux aléas climatiques, à la pauvreté conjuguée à la pression démographique et à l'instabilité politique de certains pays. Si les blocages semblent moins rédhibitoires au Cameroun, au Niger et au Tchad, les quatre pays riverains du lac partagent en revanche le souci de faire le lien entre sécurité et développement (Magrin et Marc-Antoine, 2018).

Ainsi l'objectif principal est d'analyser le système d'exploitation maraicher de la cuvette nord

du lac Tchad afin de mettre en valeur le site de Kimé Gana.

Pour atteindre l'objectif précédemment cité, quelques objectifs spécifiques suivants sont

énumérés:

V' identifier les différentes spéculations des produits cultivés sur le site;

V' Identifier la typologie des exploitants et analyser les techniques utilisées par ceux-ci

pour améliorer les rendements des spéculations;

V' analyser le circuit de commercialisation des produits;

V' analyser l'impact de l'occupation momentanée des déplacés du lac Tchad sur le site en

terme de production et de menace.

L'étude s'organise autour d'une hypothèse principale et de quatre hypothèses secondaires.

L'hypothèse principale porte sur le développement des cultures maraîchères qui contribue à la

mise en valeur de la cuvette nord du lac Tchad ;

Pour la réalisation de ce travail, les hypothèses suivantes sont formulées :

V' La pratique du maraichage contribue à l'augmentation des revenus des populations ;

V' l'installation momentanée des déplacés du lac Tchad à Kimé Gana a impacté la

production maraichère du site

V' l'accès à la terre pour le maraîchage dans le site de Kimé Gana ;

V' La mise en valeur agricole du périmètre de Kimé Gana, contribue à la sécurité

alimentaire des exploitants et à la réduction du taux de chômage.

Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 4

Au Niger, les différents documents de politique de développement et stratégies en vigueur partagent une vision commune centrée sur la réduction de la pauvreté, la sécurité alimentaire, la gestion des ressources naturelles dont dispose le pays en vue d'une amélioration durable des conditions de vie des populations. Dans la thématique sur « Systèmes d'exploitation de la cuvette nord du lac Tchad : cas du maraîchage sur le site de Kimé Gana dans la commune urbaine de N'guigmi (Niger) », nous aurons à étudier l'organisation des cultures maraîchères que pratiquent les populations de la cuvette nord du lac Tchad , de leurs dimensions d'exploitations, les modes d'organisation ainsi que les techniques, types et l'importance de cette activité dans l'économie de la commune, du département, de la région et du Niger pouvant permettre d'assurer la sécurité alimentaire durable. Nous aurons aussi à proposer des pistes de développement à travers ce thème car des marges de développement disponibles de nos jours sont dans les capacités d'acquisition des nouvelles technologies, la disponibilité d'une main d'oeuvre, et de potentialités à travers l'ouverture aux changements et à la motivation des capacités à innover. Pour ce dernier point, il faudra faire un sous chapitre avant la conclusion générale du chapitre pour montrer les capacités d'innovation de cette culture.

La lutte contre la pauvreté en général et l'insécurité alimentaire en particulier est une des priorités du Niger dans la recherche d'un développement durable des zones les plus sensibles et vulnérables du pays (PASAM, 2011). En 2015, la région du lac Tchad est frappée par des violences de grande ampleur, avec l'ensemble du nord-est du Nigeria et les zones frontalières du Niger, du Cameroun et du Tchad, liées au mouvement Boko Haram. On compte des dizaines de milliers de déplacés. Les échanges sont interrompus, l'économie régionale déstabilisée. Cette situation a renforcé une dynamique intégrative développée depuis quelques années entre les états riverains du lac : accords sur les frontières, solidarité et mobilisation commune pour rétablir la sécurité, projets communs (CBLT, 2015). Avec la présence des réfugiés sur le périmètre maraicher de Kimé Gana, les travaux s'estompent. Les exploitants s'étaient retrouvés dans une impasse totale sans activités régénératrices de revenus. Ils avaient abandonnés leurs activités pour se tourner vers d'autres tandis que les plus pauvres s'enlisaient d'avantage dans la pauvreté.

Après avoir tiré avantage des monts Mandara à la frontière entre le Cameroun et le Nigéria, et de la vaste forêt de Sambisa, au nord-est du Nigéria, le groupe terroriste a habilement déplacé son centre de gravité sur cet espace lacustre, qu'il utilise depuis plusieurs années pour sa logistique militaire, financière et alimentaire (Lavergne, 2017).

Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 5

Estimé à 2 millions les acteurs qui puisent directement des ressources du lac et indirectement estimée à plus de 13 millions (Magrin et Lemoalle, 2014). Il est important de noter l'apport du lac Tchad dans la sécurité alimentaire de la sous-région. Mais depuis l'occupation de cette région par Boko Haram, le fonctionnement socio-économique du lac s'est fragilisé, obligeant certains acteurs à migrer vers des zones mieux sécurisées.

Les violences ont déplacé des millions de personnes et ont entravé l'accès aux terres et actifs agricoles, provoquant des besoins humanitaires immenses dans une région déjà confrontée à l'insécurité alimentaire, à la pauvreté et à la dégradation environnementale (FAO, 2017).

La production agricole dans son ensemble fait face à la baisse de la fertilité des sols due principalement au changement climatique constaté depuis ces dernières années, avec l'accroissement des industries polluantes. Ce qui aura pour conséquences la baisse des rendements agricoles et de la productivité. Partant de ces analyses et constats sur la région du bassin du lac Tchad, il est nécessaire de se poser des interrogations.

Pour bien mener l'étude, des questions de recherche ont été posées à savoir :

(i) Quel est l'apport des cultures maraîchères dans le développement socio-économique des populations dans un contexte de pauvreté, de démographie croissante et du changement climatique? (ii) Les cultures maraîchères peuvent-elles véritablement jouer un rôle dans la réduction des vulnérabilités des populations en milieu rural? (iii) Cette activité permet-elle de manière spécifique à améliorer le régime alimentaire des populations et procurer des revenus nécessaires à la satisfaction des besoins alimentaires des ménages?

Cette étude porte sur le système d'exploitation et les pratiques culturales sur le périmètre irrigué de Kimé Gana, en cette période d'instabilité sécuritaire qui a occasionnée le déplacement des villages en bordure du lac Tchad.

Ce mémoire est subdivisé en trois chapitres :

(i) le chapitre premier traite du cadre théorique et de la présentation du milieu d'étude ; (ii) le second chapitre fait cas de la démarche méthodologique entreprise pour la réalisation de ce travail, (iii) le troisième chapitre est consacré aux résultats et à la discussion et fait le point sur les différents acteurs et pratiques culturales sur le périmètre irrigué.

Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 6

CHAPITRE I: CADRE THEORIQUE ET PRESENTATION DU MILIEU

D'ETUDE

I. CADRE THEORIQUE

1.1 Revue bibliographique

La revue de la littérature permet de faire un état des connaissances sur les rôles et contributions des cultures maraîchères en vue de favoriser la réduction des vulnérabilités des populations victimes des crises alimentaires, des aléas climatiques et de la crise sécuritaire qui gangrènent et freinent le développement socio-économique de certaines localités des pays du bassin du lac Tchad.

Les autorités estiment à environ 280 000 personnes le nombre total des déplacés à la suite de la crise sécuritaire née des attaques de Boko Haram depuis 2013 (OCHA, 2016).

Cette situation a créé de nouveaux besoins dans tous les secteurs. Ainsi les activités maraîchères sont une voie pour permettre aux populations et surtout encourager chez les jeunes désoeuvrés le développement d'attitudes et de comportements socialement adéquats, vu l'insécurité, le chômage, le vol et la criminalité dont fait cas le bassin du lac Tchad aujourd'hui.

Le lac Tchad constitue une figure emblématique de la menace du changement climatique et de ses enjeux dans les pays pauvres, ce qui explique l'intérêt qu'il suscite dans le cadre de la COP 21. La superficie de ce lac est en effet très variable, du fait notamment de sa faible profondeur et de son exposition à une forte évaporation, liée à sa proximité du Sahara (CBLT, 2015a).

Au sud du lac, depuis les sècheresses des années 1970 et 1980, les terres inondées annuellement sont mises en culture au fur et à mesure du retrait des eaux sur de grandes superficies. Fertilisées par la crue on y cultive pratiquement toute la gamme des plantes vivrières du bassin tchadien (sauf le sorgho de décrue, ou berbéré). Maïs et maraîchage dominent, avec des rendements généralement élevés (Magrin et al, 2010). Les cultures maraichères hormis les revenus monétaires rapportés contribuent au frein de l'émigration saisonnière des jeunes vers les grandes villes voisines, diminuant le sous-emploi en saison sèche et retiennent les jeunes du terroir à ne pas regagner le banditisme et les mouvements armés de quelque nature soient-ils. L'autosuffisance alimentaire est donc au coeur des stratégies de développement du pays. L'irrigation est considérée comme le meilleur moyen d'augmenter la production agricole et de réduire sa vulnérabilité face à la variabilité climatique (Nazoumou et al, 2016). Pour pallier à cet obstacle qui perturbe les populations et surtout les jeunes, un certain nombre d'objectifs doivent être pris en compte à savoir :

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? Favoriser une meilleure perception des jeunes par la communauté ;

? Les responsabiliser et les conscientiser aux rôles qu'ils peuvent jouer dans la communauté ;

? Lutter contre la pauvreté par une participation communautaire active dans les activités génératrices de revenus, notamment les cultures maraichères ;

Selon Awal (2010), les revenus tirés de la vente de la production des cultures irriguées font l'objet de différents types d'utilisation dont entre autre la satisfaction des besoins alimentaire, vestimentaire, sanitaire et scolaire de la famille. Les revenus sont utilisés pour faire face aux obligations sociales telles que le mariage, l'achat d'animaux pour embouche, l'achat du matériel agricole et d'intrants agricoles. Abdourahamani (2011), montre que les principales espèces en sont le poivron (Capsicum annuum), le riz (Oriza sativa), l'oseille (Rumex acetosa), le gombo (Abelmoschus esculentus) dont l'essentiel est destiné à la vente. La production et la commercialisation des produits de l'agriculture de décrue profitent aussi à d'autres populations et les revenus générés sont susceptibles de contribuer à la sécurité alimentaire de leur ménage : c'est le cas des forgerons, des vendeurs de sacs, des produits phytosanitaires et des éleveurs.

1.2 Définition des concepts et mots clés

Pour mieux cerner et appréhender ce thème d'étude, il est important de définir les concepts clés qu'il comporte. Dans cette logique, il est nécessaire de définir ici les concepts clés qui seront abordés dans ce thème.

La culture maraîchère est une expression constituée des concepts culture et maraîchère. Pour le premier ; la Culture est l'action ou manière de cultiver la terre ou certaines plantes ; c'est la manière d'exploiter certaines productions naturelles et le second maraîchère qui est la culture de légume, de certains fruits, de certains fines herbes et des fleurs à usage alimentaire, de manière professionnelle, c'est-à-dire dans le but d'en faire un profit ou simplement d'en vivre, ce qui le distingue du jardinage (Ndjekornom, 2015).

Les cultures maraîchères sont des plantes annuelles ou pérennes, arbustives ou herbacées entretenues dans un espace agraire délimité généralement exploité de manière intensive et dont la récolte est vendue en plus ou moins grande quantité et fournit des ingrédients qui participent à la composition des sauces ou des salades (Austier, 1994).

Maraîchage : Il est appelé aussi culture maraîchère, c'est une activité qui vise à produire des légumes, des fruits, des feuilles ou herbes de manière professionnelle dans le but d'en tirer des profits et subvenir à certains besoins alimentaires.

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Refugiés: Il s'agit de personnes qui sont entrées sur le territoire d'un autre état lors d'un afflux massif de personnes fuyant leur pays d'origine, du fait d'un conflit ou d'une autre catastrophe.

Déplacé interne : On applique le terme de déplacé interne à une personne ou une population lorsque les conflits et les situations de tensions politiques ou économiques occasionnent des mouvements d'une population fuyant les persécutions ou la violence dans leur propre pays, sans franchir la frontière d'un autre pays. Dans le cadre de notre étude, il s'agit des populations riveraines victimes des violences du groupe Boko Haram dans les villages du bassin lac Tchad et celles vivant le long de la Komadougou qui ont été relocalisées vers les zones sécurisées et stables. Ici ce sont des citoyens nigériens qui étaient obligés de quitter leur village.

Population retournée : Ce sont des résidents du pays d'accueil qui vivaient hors de celui-ci et qui y reviennent du fait de l'insécurité (Hamani et al. 2017). Cette population favorise l'amélioration de certaines pratiques culturales par l'apport de nouvelles techniques culturales et participe au développement des activités tertiaires de la région.

Population hôte: Dans le cadre de cette étude le terme désigne une population qui accueille et héberge les populations victimes des violences de la secte Boko Haram, ou celles qui ont été relocalisées dans le cadre des mesures restrictives pour des raisons de sécurité dans la région de Diffa. Hormis l'hébergement, la population hôte octroie des terres cultivables suivant un mode d'acquisition bien défini. Ces activités culturales permettent aux déplacés et retournés de subvenir aux besoins de leurs familles.

Gudun hijira : Il renvoie à une notion d'« immigration », en référence à la fuite des compagnons de Mahomet de La Mecque vers Médine. Mais la notion est plus riche de sens que la « simple » immigration. Elle renvoie en même temps aussi à l'exil, la séparation, la rupture, notamment des liens familiaux et sociaux. Dans la littérature religieuse comme dans la situation de Diffa cette fuite renvoie à l'affirmation d'un modèle sociétal établi sur le modèle d'une communauté de destin. Cette communauté est incarnée par une fraternité et une solidarité envers les plus démunis, solidarité qui repose sur la foi (Hamani et al. 2017). Ces différentes populations ainsi définies sont réunies sous une seule désignation en langue Haoussa : « en gudun hijira ».

Ces populations participent aux développements des activités agricoles et économiques de la région.

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Boko Haram: La secte Boko Haram, dont le nom signifie en langue africaine Haoussa « éducation occidentale est un péché» a été créé en 2003 par un certain Mohamed Yusuf. Boko Haram est un mouvement insurrectionnel et terroriste d'idéologie salafiste djihadiste, originaire du nord-est du Nigeria et ayant pour objectif d'instaurer un califat et d'appliquer la charia. ( https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Boko_Haram, consulté le 02 décembre 2018).

1.3 PRESENTATION DU MILIEU D'ETUDE

Dans cette partie nous allons traiter des aspects physico-naturels notamment la situation

géographique de la zone d'étude, le climat, les ressources en eau le relief, le sol, la végétation, ensuite les aspects démographiques et socio-économiques.

1.3.1 Présentation de la commune urbaine de N'guigmi

Située à environ 130 km du chef-lieu de la région qu'est Diffa, la commune urbaine de N'guigmi est l'une des deux communes que compte le département de N'guigmi. Elles avaient été créées aux termes des lois suivantes : la loi 2001-023 du 10 Août 2001 portant création des circonscriptions administratives et des collectivités territoriales ; et la loi 2002014 du 11 juin 2002 portant création des communes et fixant le nom de leurs chefs-lieux.

Elle est limitée au Nord par la commune rurale de N'gourti, au sud par la commune rurale de Bosso, à l'ouest par la commune rurale de Kabléwa et à l'est par la République du Tchad. Elle couvre une superficie d'environ 39 200 km2 (figure 1).

Figure 1: Carte de la commune de N'guigmi (Réalisation : Achahabou, 2018)

La commune de N'guigmi regorge beaucoup de sites de cultures maraichères à savoir: (i) le site N'guigmi Aéroport d'une superficie de 4 Ha, (ii) le périmètre de Boleram qui a une superficie de 6 Ha ,(iii) le site de Kimé Gana d'une superficie de 11 Ha. Ce dernier est notre site d'étude, il avait accueilli les réfugiés et déplacés en provenance des villages riverains du lac Tchad suite aux exactions de Boko Haram, provoquant ainsi l'arrêt brusque des activités maraîchères à leur arrivée. Ce site était abandonné de toutes activités avant leur relocalisation vers d'autres sites plus adaptés. Kimé Gana regorge d'importants indices d'impacts suite à l'installation momentanée des réfugiés. On peut noter quelques-uns de ces impacts majeurs: le chômage et le manque d'activités qu'avaient vécu les producteurs et les contractuels (main d'oeuvre) durant cette période, les traces des feux de brousse, les canalisations d'eau saccagées, la coupe sauvage et abusive du bois, la destruction des parcelles ,l'occupation anarchique des espaces.

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1.3.2 Milieu physique

Ils se résument aux éléments suivants: le climat, le relief, la végétation, les sols et les ressources en eau. Ses formations géologiques sont tertiaires, quaternaires et alluvionnaires. Le relief est plat dans la plus grande partie de la Commune (notamment à l'Ouest et au Sud) mais abrite des cordons dunaires au nord et sud -est avec des plaines tant au nord qu'à l'ouest.

1.3.2.1 Les sols

Dans la commune on distingue trois types de sols:

Les sols argileux dans les bas-fonds notamment les mares et cuvettes. Au niveau des différents périmètres aménagés pour les cultures de maraîchères, les sols sont hydromorphes; c'est le cas du site de Kimé Gana.

Les sols sablo- argileux dans les plaines et dans la bordure du lac Tchad. Les plaines dunaires sont des zones de cultures ou les principales spéculations cultivées sont les mils, le niébé.

Et enfin les sols sablonneux dominant les parties nord, nord- est et nord- ouest.

Ainsi l'analyse de l'évolution de l'occupation des sols dans la commune de 1990 à 2016 nous montre une dégradation inquiétante des sols.

La période des années 90 était marquée par une démographie faible, les ressources naturelles ne sont pas trop soumises à des pressions humaines. Les conditions climatiques étaient encore favorables et on notait une abondance des ressources naturelles due principalement à la pluviométrie excédentaire atteignant parfois 350 à 400 mm/an. La végétation était dense et la dégradation des sols lente et insignifiante.

Lors de notre enquête sur le site maraicher de Kimé Gana, un ancien nous précisait que: «dans les 30 à 40 dernières années, ils partaient avec ses amis pour se baigner dans les eaux du lac à quelques lieues de la ville de N'guigmi. Ils y'avait beaucoup d'animaux et la chasse était très facile. Les antilopes étaient chassées la nuit. Mais aujourd'hui, tout se fait rare et beaucoup d'espèces animales et végétales ont disparu ».

Les écosystèmes naturels et humains existants vivaient en parfaite interdépendance. En dépit des sécheresses des années 1973-74 et 1996- 97, la pression conjuguée sur les ressources n'était pas majeure (PDC, 2016).

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Figure 2: Occupation des sols (PDC, 2016)

L'étude des cartes d'occupation des terres de 1990 à 2016 a permis d'observer et de mesurer l'ampleur des modifications biophysiques qu'a connues l'espace territorial de N'guigmi .

Durant ces 26 dernières années, on note une intensification de la dégradation de l'environnement .Les points d'eau tels que les mares ont disparus. Le processus de la désertification suit son cours, conjugué aux effets du changement climatique. La forte croissance démographique oblige une transformation des terres en surfaces cultivables; ce qui occasionne progressivement le front agricole dans les zones forestières. A cela s'ajoute une augmentation anarchique des espaces, laissant vides dans les villages. Certaines pratiques culturales tendent à disparaitre ; c'est le cas de la jachère qui n'est plus observée, entrainant alors un lessivage des sols. La croissance rapide de la population entraine un manque considérable de terre. Tout espace considéré réserve est défriché. Dans son rapport de synthèse de 2007, le GIEC mentionne que dans certains pays, le rendement de l'agriculture pluviale pourrait chuter de 50 % d'ici 2020.On anticipe que la production agricole et l'accès à la nourriture seront durement touches dans de nombreux pays, avec de lourdes conséquences en matière de sécurité alimentaire et de malnutrition. A cet effet, la commune rurale de N'guigmi dont le système productif est déjà médiocre et les ressources naturelles fortement dégradées, atteindra le seuil de la désertisation à l'horizon 2050 pendant que sa population connaitra une augmentation démesurée.

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1.3.2.2 La végétation

Le couvert végétal est constitué de ressources ligneuses et d'un tapis herbacé. Le tableau (i) nous donne quelques espèces qu'on rencontre dans la commune.

Tableau 1: Espèces végétales fréquemment rencontrées dans la zone

Noms scientifiques des
espèces végétales

Noms locaux

Haoussa

Kanouri

Prosopis chilensis

/

Kangar

Salvadora persica

Babul

Kayoo

Accacia Raddiana

Kandili

Kindil

Prosopis Juliflora

/

Kangar

Commiphora africana

/

Kabi

Calotropis procera

Tounfafia

Kayaw

Acacia senegal

Dakora

/

Balanites aegyptiaca

Adoua

Biitoo

Cenchrus biflorus

Kanrangia

Guiibi

Eragrotis tremula

Komayya

/

Panicum turgidum

Nobi

/

Leptedania pyrotechnica

Kalimbo

/

Phoenix dactylefera

Dabino

Dawino

Ziziphus mauritiana

Magarya

Kasulu

Hyphaene thebaica

Goruba

Karjom

Azadirachta indica

Bédi

Ganya

Les ligneux sont dominées par un peuplement de Prosopis juliflora, notamment dans la bordure du lac Tchad où cette espèce constitue une véritable forêt dense. C'est une plante qui est trop prisée à cause de son rendement économique sur la production du bois et du charbon. On rencontre également d'autres variantes comme Prosopis chilensis. Cette dernière est en voie de disparition autour de la commune ; parce qu'elle est consommée par l'homme et les animaux. Au sud de la commune on rencontre de nombreuses espèces comme Salvadora persica, Accacia Raddiana, Balanites aegyptiaca, Commiphora africana, Calotropis procera, et Acacia senegal. Le tapis herbacé principalement composé de graminées annuelles du

Cenchrus biflorus, Panicum turgidum et Eragrotis tremula clairsemés servant à
l'alimentation du bétail.

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Au nord de la commune, la végétation arborée, arbustive et herbacée est plutôt rare et se réduit à un peuplement clairsemé de Balanites, Acacia raddiana, Leptadenia pyrotechnica et Salvadora persica.

1.3.2.3 Le climat

Comme dans le reste du pays le climat de cette zone est de type sahélo-saharien, très aride. Il est marqué par trois (3) principales saisons: la saison sèche et froide allant d'octobre à mars; la saison sèche et chaude allant d'avril à juin; et la saison pluvieuse qui va de juillet à septembre.

Les températures sont variables avec un minima en décembre (6°C) et un maxima en avril (47°C). Les vents dominants sont : l'harmattan et la mousson.

Ainsi la figure 3 révèle que les mois de décembre, janvier, février, mars, juin et juillet sont les plus venteux avec vitesse supérieure à la moyenne de 2,8 m/s de la série. Par contre il vente moins dans les mois d'août, septembre, octobre et novembre avec une vitesse moyenne 1m/s.

Figure 3:Variation moyenne mensuelle des vents à N'guigmi (PDC, 2016)

L'harmattan qui souffle d'est en ouest pendant près de sept (7) mois (d'Octobre à Avril) est non seulement chaud et sec mais aussi chargé de poussières.

La mousson qui souffle d'Ouest en Est entre les mois de mai et septembre est porteuse de précipitations.

Les pluies sont rares avec une moyenne de 23 jours de pluies par an. Cette pluviosité est aussi irrégulière et mal répartie dans le temps et dans l'espace.

390 360 330 300 270 240 210 180 150 120

90

60

30

0

 

H (mm) Jours

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

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Figure 4: Courbe de l'évolution de la pluviosité de 2007 à 2016.

La pluviosité annuelle varie de moins de 400 mm au sud à moins de 50 mm au nord. La pluviométrie moyenne annuelle est de 350 à 400 mm au sud avec moins de 50 mm au nord. La figure nous donne une comparaison sur les précipitations annuelles enregistrées. Elle permet de distinguer des périodes humides et des périodes sèches. Ainsi, les périodes de 1 à 6 qui correspondent respectivement aux périodes de 2007 à 2012.Elles sont marquées par une augmentation des précipitations pour atteindre un pic en 2012, soit 354,50 mm. Cette période est considérée relativement comme une période humide. Pour les périodes de 6 à 10 se référant aux années de 2012 à 2016 sont caractérisées par une pluviométrie qui est globalement inférieure à la moyenne annuelle, à l'acception de l'année 2016 qui a enregistré 308 mm. Ce sont des périodes sèches.

1.4 Milieu humain 1.4.1 La population

La population de N'guigmi est estimée à 85 426 habitants. Les femmes représentent 41784 habitants soit 48,91% des effectifs (INS, projection 2017).

Les groupes ethniques qui cohabitent sont: les Kanouri, les Haoussa, les Arabes, les Toubou, les Boudouma, les peuls et les Zarma. Les principales activités économiques sont: l'agriculture, l'élevage et la pêche. Mais cette dernière est en panne à cause des menaces récurrentes dont est assujettie les villages et îles en bordure du lac. Les activités forestières, artisanales et commerciales sont aussi pratiquées, la population du département de N'guigmi

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est composite. Le nord du département est à vocation pastorale alors que le sud est traversé par la partie nigérienne du lac Tchad où la population tire le maximum de profit de l'élevage, de la pratique de la pêche et de l'agriculture (Kiari Fougou, 2014). Le sud est principalement peuplé par les Boudouma, mais depuis les attaques de Boko Haram, beaucoup de villages sont relocalisés vers des lieux sécurisés, ou dans les camps des réfugiés réservés à cet effet.

Ainsi lors d'un entretien avec un jeune déplacé d'ethnie Boudouma, affirme: «je n'ai jamais effectué un voyage de plus de 50 km, parce qu'il avait diverses activités que j'entreprenais au bord du lac avec les vendeurs de poissons et les commerçants des céréales qui venaient d'autres horizons, mais aujourd'hui, j'ai tout perdu ».

1.4.2 La mobilité de la population

Pendant les périodes de sècheresses récurrentes (1970-1980 et 1990-2000) que sont arrivés certains groupes ethniques, notamment des Haoussa, des Zarma et des Peuls. Ils étaient attirés par les gains qu'occasionnaient les activités agricoles, pastorales et halieutiques dans cette partie du pays, d'après les études de Kiari Fougou (2009, 2014) et Abdourahamani (2011). Les Zarma proviennent de l'ouest du Niger, notamment des régions de Dosso et de Tillabéry, car pratiquant aussi des activités connexes avec les populations de cette contrée. Quant aux Haoussa ils viennent des régions de Zinder, Maradi et Agadez. Ils font en général le commerce et la main d'oeuvre.

D'autres groupes viennent également des pays voisins (Tchad, Nigeria). Aujourd'hui le conflit qui caractérise le bassin du lac Tchad a poussé une grande partie de la population riveraine a quitté leurs terres vers d'autres horizons pour la recherche d'une stabilité sécuritaire ; d'où une reconfiguration de l'espace vitale. Ainsi N'guigmi a accueilli beaucoup de réfugiés en Mai 2015 en provenance des villages et iles en bordure du lac avant leur relocalisation vers d'autres sites plus adaptés.

Cette situation d'insécurité dans le bassin a occasionné un bouleversement des activités et une paupérisation de la communauté locale.

1.4.3 Les activités socio-économiques

Sur le plan économique l'agriculture et l'élevage constituent les deux (2) principales activités économiques de la population. Le secteur de la pêche était très productif, mais se trouve en panne à cause de la situation d'insécurité qui sévit dans le bassin du lac Tchad.

1.4.4 L'agriculture

Malgré l'aridité du climat, l'agriculture occupe une place de choix dans les activités économiques de la commune. Elle est pratiquée sur les plaines dunaires pour les cultures

pluviales, sur les sites maraîchers pour les cultures irriguées et sur la rive du lac Tchad pour les cultures de décrue.

Les cultures irriguées sont pratiquées dans de nombreux sites maraîchers aménagés et non aménagés dont disposent la commune. Les principales spéculations qui y sont exploitées sont le poivron, l'oseille, le gombo, la laitue, pomme de terre et la tomate dont l'essentiel est destiné à la vente.

Les cultures dunaires sont pratiquées en saison des pluies dans les champs dunaires (plaines, moyens plateaux et dans les dépressions inter-dunaires). Dans les zones nord les cultures dunaires sont rares à cause d'un manque de pluie. Les espèces sont le mil et le niébé dont les variétés sont très hâtives et très adaptées au milieu, notamment le Boudouma pour le mil et le Fidéouram pour le niébé. Le tableau nous la production enregistrée au niveau du département. On remarque qu'en 2012, la production est nettement supérieure aux autres années ; pour le mil, le niébé, le sorgho la production est respectivement de 6 966,1 256, 1 486 tonnes. Cela s'explique par la pluviométrie enregistrée en cette année qui était de 354,5 mm. Par contre on mentionne une augmentation de la production du mil en 2014,2015 et 2016. Cette augmentation est relative à la situation actuelle dans le bassin du lac Tchad du fait que les terres arables du lac ne sont pas accessibles aux cultures ; ce qui a favorisé du coût la culture pluviale dans ce département en particulier et dans la région de Diffa en général en vue de subvenir aux besoins alimentaires des ménages

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Tableau 2: Production céréalière en tonne, département de N'guigmi

N'guigmi

2011

2012

2013

2014

2015

2016

Mil

47858

91275

52875

69271

52308

55113

Sorgho

3165

12981

11419

9116

12760

8802

Niébé

22551

19286

13770

13404

25537

11095

Arachide

1947

2418

2516

2467

6981

1789

Les cultures de décrue sont pratiquées dans la rive du lac Tchad, au fur et à mesure du retrait des eaux. Les sols sont riches et très propices à l'agriculture. Les principales spéculations sont le maïs, le sorgho, le niébé, le blé, le poivron et les légumineuses. Les produits des récoltes sont autoconsommés et le surplus est destiné à la vente. En effet, les produits des récoltes sont autoconsommés pour partie et vendus pour l'autre (Abdourahamani, 2011).

1.4.5 L'élevage

L'élevage constitue la seconde mamelle de l'économie de la Commune.

Mais ce secteur n'est pas également épargné des menaces de Boko Haram qui pèsent sur la zone du rivage du lac Tchad. Beaucoup de troupeaux d'animaux ont été décimés ou abandonnés à cause de l'insécurité ; plusieurs ont été emportés par les ravisseurs. Les éleveurs, forcés de quitter cet espace si riche en fourrage vers d'autres terres. Le cheptel très important est composé de bovins, ovins, caprins, camelins, équins et asins. Toutefois, les petits ruminants dominent nettement les effectifs du cheptel. L'élevage constitue une activité importante de la commune car il permet de vendre quelques têtes de petits ruminants pour investir dans les travaux agricoles. Ainsi dans le département de N'guigmi l'élevage représente une part importante de l'économie et affiche une progression chaque année. Ainsi pour les camelins ils passent de 309 319 à 325719 têtes de 2011 à 2015, de même que pour les bovins on note une augmentation vertigineuse de 186 085 à 234 928 têtes respectivement de 2011 à 2015. Cette augmentation est relative aux conséquences engendrées par la crise sécuritaire dans le bassin lac. Beaucoup d'agriculteurs se sont tournés vers l'élevage car les activités dominantes des riverains du lac qui étaient l'agriculture et la pêche sont en panne. L'embouche est devenue alors une activité prépondérante des couches vulnérables.

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Tableau 3:Répartition du cheptel, département de N'guigmi (Source, INS, 2016)

Années

Bovins

Ovins

Caprins

Camelins

Equins

Asins

2015

234

928

225

632

271

142

325

719

5

667

25

017

2014

221

630

218

002

260

713

322

174

5

611

24

527

2013

209

085

210

630

250

686

317

413

5

555

24

046

2012

197

251

203

507

241

044

314

595

5

501

23

575

2011

186

085

196

625

231

773

309

319

5

446

23

112

Grâce à cette activité, la commune est devenue un grand exportateur de bétail vers les pays voisins .Cependant, l'agriculture et l'élevage sont confrontés à une dégradation continue et accélérée de l'environnement qui se traduit par une insuffisance de la pluviométrie, voire des sécheresses cycliques qui entraînent une baisse de la production. Dans la commune, se fixe des grands espaces de pâturage, plus précisément dans la partie sud. Notons que la race «Kouri» appelée aussi Boudouma, Bongolé ou Barey; est emblématique de la rive du lac Tchad. Elle est réputée pour la production de la viande et du lait avec un maximum de 8 litres et un minimum d'1 litre par jour (Kiari Fougou, 2014).

Pour la diffusion du taurin kouri, la commercialisation du lait et du fromage l'état a créé en 1976 le centre de multiplication de bétail (CMB) de Sayam, situé au nord à 70,5 km du chef-lieu de la région Diffa. Par contre cette même production peut varier en fonction des saisons. Ainsi durant la saison sèche la production moyenne est de 2 litres par jour. La vache Kouri est facilement remarquable par son grand gabarit haut sur patte, sa robe blanche mais peut être tachetée de froment noir ou acajou et ses cornes hypertrophiées. Cette vache à un nombre de vêlage compris entre 6 à 7. La femelle a un poids qui varie entre 400 à 500 kg avec une durée de lactation de 280 jours et le mâle tourne autour de 500 à 600 kg.

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Photo 1: Un troupeau de la vache Kouri à Sayam CMB (Cliché : Achahabou février 2018).

1.5 Localisation du périmètre mis en valeur

En Mai 2015, lors de l'opération d'évacuation des iles du lac Tchad, les autorités nigériennes avaient rendu deux sites pour accueillir les populations déplacées de Yébi et Bosso, et le site maraîcher de Kimé Gana au nord du lac se trouvant proche de N'guigmi a été choisi. Le site se localise à environ 8 km du chef-lieu de la commune.

Le site irrigué de Kimé Gana a un périmètre de 35 Ha et est entouré par une végétation clairsemée tout autour du périmètre et est essentiellement composée de Prosopis juliflora qui est l'espèce dominante dans la zone, du Phoenix dactylefera et Hyphaene thebaica qu'on croise de l'extérieur comme de l'intérieur du site, Accacia Raddiana, du Balanites, aegyptiaca, du Calotropis procera, du Bauhinia rufescens

Figure 5: Présentation du site maraicher de Kimé Gana (Réalisation, Achahabou H, 2018)

La partie non mise en valeur couvre une superficie de 24 Ha dont la clôture grillagée est fortement endommagée voire inexistante le long du périmètre, résultat de l'action humaine

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conjugué au passage des animaux. Il présente un sol dénudé plus ou moins clairsemé et constitue la zone du pâturage surtout pendant la saison des pluies.

Quant à notre site d'étude représenté par la partie mise en valeur, il a été réalisé en 1984 avec une superficie de 9 Ha. Quelques années plus tard d'autres travaux d'extension sur le site avaient été exécutés, notamment en 1989 avec une réalisation physique de 2 Ha. En décembre 2002, le nombre d'exploitants était estimé à 168 et les spéculations cultivées étaient du blé, du maïs et les produits issus des cultures maraîchères.

Ainsi le site maraicher de Kimé Gana a pour repère technique les points suivants (Tableau 4): (i) 1 800 ml de canaux revêtus, dont le rôle est de permettre le drainage des eaux vers les parcelles afin d'éviter les pertes considérables d'eau ; (ii) 5 bassins de stockage de 50 m3 chacun, dont 4 fonctionnels qui permettent de stocker une quantité importante d'eau pouvant alimenter les parcelles éloignées et réduire le manque d'eau. ; (iii) 300 ml de conduite en tuyaux PVC de diamètre 100 et 150, qui sont des conduits additionnels pour acheminer l'eau d'un bassin vers les terres mises en valeur ; (iv) 2 395 ml de clôture grillagée ; dont une grande partie a été volée bien avant la crise sécuritaire actuelle qui secoue toute la région du lac Tchad. Avant l'interdiction des engins à deux roues, les voleurs opéraient à moto, et venaient nuitamment sectionner les grillages. Néanmoins en juillet 2017, l'ONG locale VND NOUR à contribuer à la reprise du contour grillagé défectueux ou volé par une fixation des piquets ajustés par des barbelés.

Le site est alimenté par un forage artésien fournissant une eau jaillissante pouvant avoir un débit de 35 m3 par heure.

La suivante image (Photo2) illustre bien le caractère verdoyant du site de Kimé Gana synonyme d'une bonne fertilité du sol. Ce forage vétuste réalisé en 1984 fait la fierté de toute une population. On remarque une perte majeure d'eau jaillissante, résultat d'un manque d'entretien constant de ces installations.

Tableau 4:Repères techniques du site mis en valeur (Enquête de terrain, Achahabou, 2017)

Repères techniques

Grandeur

Canaux revêtus

1800 ml

5 bassins

50 m3

Tuyaux PVC

300 ml (D: 100 et 150)

clôture

2395 ml

Forage artésien

35 m3/h

Photo 2: Forage artésien du site de Kimé Gana, (Cliché : Achahabou. novembre 2017)

Cette partie présente les résultats de notre étude conduite sur le périmètre irrigué de Kimé Gana. Les points suivants seront successivement évoqués : La répartition par tranche d'âge et par sexe, le mode d'acquisition des parcelles à Kimé Gana, la typologie des exploitations agricoles, les pratiques culturales, les acteurs intervenant dans le circuit de commercialisation des cultures irriguées et l'impact de ces cultures sur la sécurité alimentaire de populations, les revenus et leur utilisation, les impacts de l'occupation du site par les réfugiés et les déplacés.

Conclusion partielle

La commune de N'guimi fait partie intégrante de la partie nigérienne du lac Tchad, avec des anciens vestiges des animaux marins (coquillages) encore qui ornent toute la partie sud. Le périmètre irrigué de Kimé Gana présente un environnement favorable au développement des

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cultures maraichères malgré les pressions anthropiques. Le milieu physique est en constante mutation depuis le retrait des eaux lacustres depuis les cinq dernières décennies.

Les questionnaires d'enquêtes adressés aux autorités coutumières, administratives, et les exploitants nous ont permis d'avoir l'historique du lieu, les pratiques culturales, sa population et son peuplement.

Le périmètre de Kimé Gana est à quelques lieues de la commune, et les équipements dont il dispose sont vétustes.

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CHAPITRE II : LA DEMARCHE METHODOLOGIQUE

Cette partie représente les matériels et outils utilisés dans la réalisation de ce travail : il s'agit entre autre de la recherche documentaire, les outils utilisés, les enquêtes de terrain.

2. 1 La recherche documentaire

Au cours de cette phase, il a été question de collecter le maximum d'information disponible à travers différents travaux réalisés antérieurement.

Tout d'abord l'Institut Supérieur en Environnement et Ecologie de l'Université de Diffa a mis à notre disposition une bibliographie des mémoires antérieurs ayant une similitude avec notre étude ; les Directions départementales de l'environnement et de l'agriculture de N'guigmi pour leur conseil sur la destruction et la coupe abusive du bois dans la commune, la mairie de la commune de N'guigmi pour la documentation reçue portant sur le Plan de développement communal replanifié, version finale, édition 2016.

Auprès de La Direction régionale du génie rural de Diffa nous avons obtenu les informations et des documents (Fiche de présentation succincte des périmètres de Kimé Gana, Boleram et N'guigmi Aéroport) sur les différents sites d'interventions du service dans la commune.

Nous avions également utilisé des bases de données notamment les recherches sur les sites internet.

2.2 Outils

Les outils utilisés sont constitués

y' un récepteur GPS (Global Positioning System) pour la prise des coordonnées sur le site;

y' Un appareil photo numérique pour les images d'illustration,

y' Un questionnaire pour la collecte des données qualitatives et quantitatives adressées aux exploitants

y' Un guide d'entretien qui est administré aux autorités coutumières, administratives et les grands exploitants.

2.3 La période d'enquête

Pour conduire cette étude dans les bonnes conditions, un premier voyage a été effectué du 07 au 13 Septembre 2017 dans la commune de N'guigmi ; notamment sur le site maraîcher de Kimé Gana situé à environ 7 km du chef-lieu de la commune. Ceci qui a permis de faire un premier constat visuel du site et de rencontrer aussi les responsables administratifs et certains membres de la coopérative. Le travail est basé sur le choix de la période d'enquête, la collecte

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de données via un questionnaire établi sur la base d'un échantillon représentatif du site, le traitement et l'analyse des informations.

Le choix de la période d'enquête pour la collecte de données est un paramètre essentiel pour cette étude, malgré l'insécurité dans les zones excentriques du site. Ainsi la période d'enquête était le moment d'intenses travaux d'aménagement des parcelles suivis de repiquage des jeunes plants, c'est aussi la période de récolte d'autres spéculations. Ainsi l'enquête pour la collecte de données a été effectuée du 05 au 15 Novembre 2017. Ainsi pour un complément d'informations, nous avions effectué un déplacement sur le site du 28 Janvier au 02 Février 2018. Pour des informations complémentaires sur le périmètre irrigué de Kimé Gana un voyage a été effectué du 18 au 21 mars 2018.

2.4 La collecte des données sur le terrain

Le questionnaire renferme des données qualitatives et quantitatives (nationalité, le régime foncier du site, mode d'accès à la terre, les revenus financiers, l'activité des exploitants, les pratiques culturales, types de cultures, la destination des produits, le bénéfice, les contraintes liées à la production, la commercialisation et circuit commercial ...etc.)

Un guide d'entretien est administré aux autorités administratives, coutumières, les grands exploitants et les personnes ressources afin de recueillir le maximum d'information sur les pratiques des cultures maraîchères.

Pour la collecte de données nous avons procédé à l'établissement d'un questionnaire qui est adressé aux 60 exploitants constituant notre échantillon représentatif du site, parmi 120 exploitants qui interviennent depuis l'avènement de cette crise, soit 50% des producteurs (retournés, déplacés et population hôte).

2.5 Le traitement et l'analyse des données

Pour le traitement des données recueillies auprès des enquêtés et des personnes ressources, le logiciel SPSS version 20 a été utilisé. En ce qui concerne la cartographie, les logiciels Arc view 3.3 et Map 10.1 sont utilisés ; le logiciel Word pour la saisie des textes et le tableur Excel pour la saisie des données statistiques, la réalisation des graphiques et figures.

Les études de terrains ont permis de constater les dégâts occasionnés sur les différentes installations au sein du périmètre irrigué de Kimé Gana.

Le constat visuel sur le terrain a permis de voir les différentes activités des exploitants et les réalités qu'ils vivent.

Le guide d'entretien qui a été administré aux personnes ressources (âgées de plus 60 ans) et aux autorités administratives et coutumières de N'guigmi, a permis de recueillir l'historique

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du site de Kimé Gana, son peuplement suivant les époques et les modifications successives de l'environnement (retrait des eaux du lac, disparition de certaines espèces animales et végétales de la zone d'étude).

Le questionnaire adressé aux exploitants pour les données qualitatives et quantitatives a servi d'outil pour identifier les systèmes d'exploitation, les différentes spéculations produites, les problèmes rencontrés depuis l'occupation momentanée des déplacés du lac, le circuit commercial tombé en panne avec la crise sécuritaire dans la zone.

2.6 Les difficultés rencontrées

Lors de nos différentes excursions sur le terrain, le problème récurrent auquel nous avions fait face était le langage car la majorité d'exploitants en occurrence les femmes ne parlent pas bien la langue Haoussa, ce qui entravait de temps à autre la communication. Aussi, bien que la zone soit sécurisée par les forces de défense et sécurité, la panique et la crainte des yaran malan demeurent dans tous les esprits ; ce qui nous obligeait à quitter le site dès les premières heures de la soirée. On note également la difficulté du transport existant depuis la réalisation du site et à cela s'ajoute les mesures restrictives imposées sur certains moyens de locomotion par les autorités à cause du climat d'insécurité qui caractérise le bassin du lac Tchad.

Conclusion partielle

La région du lac Tchad en général et la partie nigérienne en particulier est un endroit authentique pour toute étude scientifique, car présentant un environnement aux aspects originaux encore méconnus et n'ayant pas été l'objet de plusieurs études.

Notre thème intitulé « Systèmes d'exploitation de la cuvette nord du lac Tchad : cas du maraîchage sur le site de Kimé Gana dans la commune urbaine de N'guigmi » a été l'objet d'une étude théorique et méthodologique.

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CHAPITRE III : RESULTATS ET DISCUSSION

3.1 ACTEURS ET PRATIQUES MARAICHERES DE KIME GANA 3.1.2 Historique du village de Kimé Gana

Kimé Gana était jadis un village situé à la bordure du lac Tchad. Il était peuplé par les Boudouma dont l'activité principale était l'élevage. L'activité piscicole en ce temps n'était pas dominante. Les autres composantes de la population à savoir les Kanouri, les haoussas, les Toubou et les peuls faisaient l'agriculture et l'élevage le long du rivage.

Dans une autre étude rapportée par Kiari Fougou (2014), mentionne que: «traditionnellement, les Boudouma ou Yedina, habitants des îles de la cuvette nord du lac, étaient essentiellement des éleveurs. La modernisation des techniques de pêche (filets en nylon, nasses), la monétarisation des échanges et la mise en place d'un marché important au Nigeria frontalier ont conduit à une intensification de la pêche qui est devenue l'activité dominante. Les populations autochtones ont alors été rejointes par des groupes allochtones en provenance d'autres régions du Niger (Haoussa, Zarma), du Nigeria, du Tchad, du Cameroun et du Mali, amplifiant ainsi le développement de la filière pêche».

En plus de l'agriculture et de l'élevage, les kanouri pratiquent aujourd'hui la pêche, résultat d'une grande cohabitation avec les Boudouma. Lors d'un entretien avec un chef d'exploitant âgé, il affirme que: «je me rappelle de la période ou le lac était à quelques lieues de N'guigmi, on partait s'amuser en bande avec mes amis d'enfance aux bords des eaux et on revenait avec du poisson. La chasse était aussi florissante et les animaux sauvage en abondance».

Le retrait des eaux du lac Tchad observé depuis les années 1970 a engendré une importante diminution voire une disparition même des pratiques piscicoles autour de la commune de N'Guigmi. Sur le plan socio-économique, le site de Kimé Gana a connu d'importantes mutations dans le temps et dans l'espace.

Les premiers exploitants qui avaient découverts le site étaient d'abord des hommes et pratiquaient comme activités principales l'agriculture et l'élevage. C'est en 1984 que le site fut dédié aux femmes productrices, mais aujourd'hui on y trouve toutes les composantes réunies avec un âge nettement varié et les femmes représentent 75% et les hommes 25%.

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3.1.3 L'organisation du travail dans le maraichage 3.1.3.1 Caractéristiques des exploitants

La détermination des différentes ethnies et nationalités permet aussi de comprendre certaines caractéristiques des producteurs. Ainsi on note une diversité d'ethnies sur le site de cultures maraîchères de Kimé Gana. Les ethnies majoritaires sont: les kanouri, les Toubou, les Haoussa, les Boudouma et les Touareg; avec des proportions nettement variables. Ainsi les Kanouri représentent 59% des chefs d'exploitation, ensuite viennent les Toubou et les Haoussa avec 20 et 13%.Certains des chefs d'exploitation sont des travailleurs qui ont quitté les zones de forte production du bassin du lac Tchad .Il s'agit des réfugiés et déplacés internes qui avaient été délogés à la suite des attaques terroristes incessantes de Boko Haram. Néanmoins les Boudouma et les Touareg sont au bas de l'échelle.

18%

13%

7% 3%

59%

Kanouri Toubou Haoussa Peul Touareg

Figure 6: Répartition ethnique des exploitants du site.

3.1.3.2 Une dominance des non alphabétisés dans les exploitants

Cette partie nous fournit des informations sur le niveau d'instruction des exploitants du site. Les autres caractéristiques de notre échantillon sont l'âge et le niveau d'instruction des exploitants du site. Le niveau d'instruction des producteurs peut influencer la performance des activités agricoles. Ainsi 67% des exploitants ont subi l'enseignement informel, contre 20% des producteurs qui avaient fréquentés le cycle primaire. Les non instruits et le niveau

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secondaire ont une proportion de 7%. Ces chiffres traduisent bien le niveau d'éducation de la composante des producteurs sur le périmètre (Tableau 5). L'éducation non formelle comprend d'une part l'alphabétisation des adultes et d'autre part l'éducation religieuse dispensée dans le cadre des écoles coraniques.

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Tableau 5:Nationalité et niveau d'instruction des chefs d'exploitants

Niveau d'instruction

Nombre

Pourcentage

Ecole coranique

40

67

Non instruit

4

7

Primaire

12

20

Secondaire

4

7

Supérieur

0

0

Total

60

100

3.1.3.3 Répartition des exploitants maraichers par tranche d'âge et par sexe

Les adultes dominent dans la pratique des cultures maraichère à Kimé Gana (Figure 8). Les enquêtes montrent une diversité des exploitants au niveau du site en fonction d'âge avec 43% de celles-ci compris entre 41 et 60 ans. La seconde catégorie des exploitants composée des plus jeunes exploitants âgés de 16 et 35 ans soit 34%.

L'infime composante est celle des producteurs plus âgés avec une proportion de 10%.

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Figure 7: Répartition par tranche d'âge des exploitants ,

Aujourd'hui le site maraîcher de Kimé Gana est l'un des sites qui fait la fierté de la commune de N'guigmi vu les différentes spéculations qui sont produites. Il a permis une importante réduction du taux de chômage des jeunes. La pratique des cultures maraîchères est largement dominée par les femmes. Les femmes exploitent à 75 % le site par rapport aux hommes qui tirent profit du maraichage à 25%. Sur le terrain et à la première lueur du jour, les femmes exploitantes prennent le chemin pour s'y rendre sur le périmètre irrigué afin de vaguer à leurs occupations quotidiennes. Des plus petits travaux aux grands, les femmes exploitantes participent activement à tout genre de travail qu'on porte le maraichage et ne se différencient guère des hommes. Cette prouesse mentionne clairement que les femmes du site de Kimé Gana, ont une prédominance par rapport aux hommes depuis 1982 lorsque le site a été dédié aux femmes par le chef de canton de l'époque.

25%

75%

Femmes Hommes

Figure 8:Répartition des exploitants par sexe.

3.2 Le processus de production maraichère 3.2.1 Les travaux de préparation des sols

Comme pour les cultures pluviales, les travaux des cultures maraîchères dépendent également d'un certain nombre de techniques différentes d'une zone géographique à une autre. Il s'agit d'arranger et de préparer le terrain pour permettre aux plantes une croissance rapide dans les conditions favorables à leur cycle végétatif. Le plus souvent les travaux de désherbage, dessouchage et de l'abattage des pieds de Prosopis juliflora s'en suivent. Ce travail pénible est essentiellement fait grâce à l'effort personnel de l'exploitant surtout quand il s'agit d'une parcelle détenue par un homme. Néanmoins, l'entraide familiale et la main d'oeuvre salariale sont fréquentes pour les femmes exploitantes.

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Ainsi nous allons évoquer d'une manière succincte certaines activités à réaliser pour permettre une bonne production. Il s'agit de : le labour, la confection des planches, le repiquage, le sarclage, l'aménagement du réseau d'irrigation.

3.2.2 Le labour

Le labour est une façon de travailler la terre .Avec une houe, une bèche, le labour consiste à ouvrir la terre arable jusqu'à une certaine profondeur et à la retourner. Cette technique ameublit le sol et enfoui ce qu'il porte en surface, elle est utilisée pour préparer le futur ensemencement du sol. Mais toutes fois nous avons constaté sur le site que la plupart des exploitants font travailler la terre avec les moyens rudimentaires.

.

Photo 3: Moyens rudimentaires du labourage. (Cliché : Achahabou, novembre 2017)

3.2.3 La confection des planches

La préparation d'une planche est une étape essentielle du travail de l'agriculteur. Dans cette opération se trouve l'importance donnée au maraichage : Prendre soin du sol et de sa vie. Après avoir débarrassé le terrain des résidus de la récolte précédentes et en attendant que les plants aient l'âge d'être repiqués, les maraîchers confectionnent des planches destinées à recevoir les jeunes plants. La confection de ces planches nécessite une main d'oeuvre assez nombreuse et les planches sont faites de manières suivantes :

? Délimiter les parcelles selon les mesures souhaitées

? Remuer le sol avec les outils de labours (Photo 3)

? Ajouter du fumier naturel

? Arroser régulièrement les planches pendant une période approximative de 10 jours.

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Photo 4: Confection des planches à Kimé Gana. (Cliché: Achahabou, décembre 2017)

3.2.4 Le repiquage

Le repiquage appelé aussi transplantation ou replantation est une technique qui consiste à déplanter un jeune plan et à le replanter dans un autre substrat de culture ou un autre endroit. Pour certaines spéculations, l'opération de repiquage débute en Novembre et Décembre et exige une main d'oeuvre qualifiée et expérimentée pour le suivi des jeunes plans. Pour le poivron son repiquage a lieu en pleine saison des pluies ou à la fin de cette dernière. Le repiquage du poivron a lieu pendant la saison froide à partir du mois de novembre.

Photo 5: Repiquage de l'oignon (Cliché : Achahabou, décembre 2017)

3.2.5 La pépinière

La pépinière est un champ ou parcelle de terre réservée à la culture de plantes. La confection des pépinières est une activité de grande importance sur le site. En général les maraichers installent la pépinière au bon milieu de la saison des pluies allant de la fin d'Aout, mi-

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septembre et début novembre coïncidant avec la fin des pluies. La pépinière jouit d'un terrain bien aménagé où l'on sème et soigne les plants d'oignon, de chou, de laitue, de carotte, de tomate....etc. destinés au repiquage.

1. Mesurer l'écartement entre les lignes

2.

Tracer les lignes avec un bâton ou une règle

3. Semer les graines les unes à côté des autres à une profondeur d'un (1) Centimètre

Figure 9: Aménagement des parcelles (EDOS, 2015).

Sur le périmètre de Kimé Gana le choix de la période de repiquage dépend bien souvent de la main d'oeuvre, car la majorité d'exploitants du site sont des femmes âgées. Cette main d'oeuvre est le souvent sollicitée par les moyens et grands producteurs à cause des moyens financiers des producteurs. Les enfants constituent une main d'oeuvre non négligeable sur le site car les jeunes déscolarisés assistent pleinement leurs parents dans toutes activités culturales.

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3.3 Utilisation des intrants agricoles 3.3.1 Les semences utilisées

Lors de visites sur le site maraicher, les semences ne constituent guère un problème pour la mise en valeur des parcelles des cultures. Les paysans produisent eux-mêmes leurs semences sur le site dans des planches spécialement aménagées .Les semences majoritairement utilisées par les exploitants sont locales avec 45% .Pour une amélioration de l'activité maraichère, l'état à travers ses différents partenaires assistent les maraichers par une distribution des semences améliorées. Le plus souvent, les maraichers produisent eux-mêmes leur semence. C'est le même cas au niveau du site de Gourdjia comme le souligne une équipe d'experts de la chambre régionale de l'agriculture de Maradi (CRA, 2016). D'autres semences (30%) proviennent des pays voisins dont principalement le Nigeria. Cela se confirme avec Abdourahamani (2011), qui précise que l'essentiel des semences utilisées sont locales sauf quelques semences importées des pays voisins dont le Nigeria.

Ainsi 62% des producteurs affirment n'avoir pas reçu des matériels et intrants agricoles lors des distributions par les différents partenaires et l'état à travers la direction départementales de l'agriculture.

38%

62%

Acces aux intrants

Pas d'acces aux int.

Figure 10: Les semences utilisées et l'approvisionnement des intrants agricoles

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3.4 Les modes de fertilisation du sol 3.4.1 La fumure organique

Dans les systèmes d'exploitation de la cuvette l'utilisation de la fumure organique reste une pratique est une règle dans la production des cultures irriguées. C'est un système traditionnel qui recours la défécation animale ou à certains déchets des ménages. Dans le périmètre irrigué de Kimé Gana, le recours à la fertilisation animale n'est pas systématique. Certains maraichers pratiquent l'élevage de la basse-cour et des petits ruminants dans les coins de leur parcelle ; ce qui permet de disposer du fumier à la portée de main. La fertilisation animale n'est réellement efficace que si l'on dispose abondamment du fumier. Les animaux doivent être bien nourris pour assurer la production du fumier nécessaire ; à cela s'ajoute la rareté du fourrage surtout pendant la saison sèche dans ces zones arides. Le mode d'élevage détermine la durée de stabulation, de même que le séjour des animaux sur les parcelles et le pâturage hors du périmètre.

A B

Photo 6: Elevage du petit ruminant (A), Elevage de la basse-cour (B) (Achahabou, décembre 2017)

Le problème majeur auquel fait face les exploitants de ce site est le transport, car ne disposant pas de route pour acheminer les produits. Dans la partie sud de N'guigmi, la nature sablo-argileuse du sol rend aussi difficile le transport. A la fin de la récolte de certaines spéculations et afin de mieux assister le sol, les producteurs coupent et laissent au ras du sol les résidus des cultures qui serviront notamment d'engrais pour la prochaine récolte.

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Photo 7: Résidus de culture servant d'engrais. (Achahabou .H, mars 2017)

3.4.2 Les engrais chimiques

Dans la région, l'utilisation de certains engrais est strictement interdite par le gouvernorat à cause de leurs caractères chimiques pouvant servir dans la fabrication des bombes artisanales et des ceintures d'explosifs par les éléments de Boko Haram. Les producteurs utilisent en premier la fumure organique. Les producteurs privilégient l'utilisation des engrais chimiques qui semblent plus efficaces à court terme. Les engrais chimiques sont appliqués sur des plants pour permettre un bon développement.

Avant les évènements de Boko Haram l'utilisation des engrais est très répandue sur le site. Ce qui favorisait un bon rendement et une meilleure production des spéculations dans toute la commune et surtout sur les rives du lac Tchad. Mais aujourd'hui beaucoup de ces produits sont retirés du marché à cause de leur composition chimique dangereuse pouvant servir à d'autres fins ; c'est le cas de l'urée qui a été interdite par le gouvernorat de Diffa. C'est un produit qui sert à la fabrication des explosifs.

Ainsi beaucoup de producteurs se plaignent toujours de la difficulté à accéder aux engrais et semences malgré l'existence des boutiques d'intrants au niveau départemental. Les types d'engrais les plus fréquemment utilisés à Kimé Gana sont : le NPK 15-15-15, le Golden.

3.5 Les modes de traitement des cultures maraichères 3.5.1 Les produits phytosanitaires

Ils sont utilisés pour assurer une bonne productivité des cultures maraîchères .Les exploitants font le suivi et le traitement des cultures à l'aide des produits phytosanitaires, mais qu'ils jugent de fois inefficaces et très chers sur les marchés. Les prix varient en fonction de plusieurs facteurs : la quantité, la qualité, la provenance des produits et les saisons. Les insecticides proviennent dans leur majorité du Nigeria. Les produits les plus fréquemment utilisés sont : Pacha 25 EC, Diméthoate 40% EC, DDVP 1000 EC, Karaté 2 ULV, Acarius 018 EC Rambo.

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Photo 8: Produits phytosanitaires (Achahabou .H, mars 2017)

3.5.2 Les traitements locaux

Sur initiative de l'état, des projets et ONG, beaucoup de producteurs de la commune ont bénéficié de la formation sur la fabrication d'un insecticide local sur plusieurs sites. Il est fait à base des feuilles de tabac, de la poudre du savon de Marseille (lavibel) et de l'eau.

Le procédé de fabrication est le suivant : Il consiste à piler 1kg de feuilles de tabac pour une solution de dix (10) litres, qui servira à traiter une superficie de 0,1 ha.

Les feuilles doivent être d'abord broyer puis mises dans un bout de tissu et placer dans un vase contenant 10 litres d'eau. Le mélange est laissé pendant vingt-quatre heures pour homogénéisation. Ensuite mettre trois pincées du savon poudre dans un litre d'eau et le laisser pendant 24 h. Apres cela verser le contenu savonneux dans le vase contenant 10 litres d'eau .Ce mélange doit être bien filtrée avant l'application. Cette dernière doit être pulvérisée dans la soirée ce qui permettra à la solution de bien agir.

Photo 9 : Procédé de fabrication de l'insecticide local (Achahabou H. mars 2018).

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3.6 Les différentes espèces produites sur le site

Les espèces cultivées sur le site de Kimé Gana sont presque identiques à celles cultivées le long de la bordure de la Komadougou et surtout le rivage du bassin du lac Tchad. Les cultures maraîchères du périmètre de Kimé Gana sont : la tomate, la laitue, la salade, le melon, le gombo, le chou, le poivron, le piment, l'oignon, l'ail, la patate douce, la carotte.....

o La pomme de terre ou Patate (Solanum tuberosum)

En Afrique, la pomme de terre a été introduite à la fin du19e siècle par le colonisateur européen et au Niger elle a été introduite en 1912 (Sanoussi, 2010).

Les caractéristiques de la pomme de terre sont le plus souvent liées à l'espace ou bien à la variété. C'est une plante vivace qu'on trouve sous forme de tubercules ou de tiges souterraines. Chacune se caractérise par sa propre époque de récolte, sa capacité à se conserver ainsi des caractéristiques culinaires. Une ressemblance notoire s'observe entre les différentes variétés et d'autres sont particulières. Il est difficile de donner une unique description à l'espèce.

La propagation est asexuée par des tubercules formés sur les extrémités des stolons ; chaque tubercule est pourvu de bourgeons appelés « yeux ». Le cycle végétatif de la pomme de terre est court (3 à 4 mois) et la plante se caractérise par un système racinaire superficiel qui doit être compensé par une bonne fertilisation.

Néanmoins et de manière générale la plante peut avoir jusqu'à 10 tiges et paires de folioles par feuille (Un foliole termine la feuille).

Ainsi dans la commune de N'guigmi, la culture de la pomme de terre sur les sites maraichers participe à la dynamique de la réduction de la vulnérabilité des populations. La production de la pomme de terre y est devenue une activité marchande qui attire pleins d'acteurs. Elle procure à la population des revenus substantiels qui leur permettent de faire face aux crises alimentaires et palier à certaines conséquences de l'insécurité qui caractérisent le bassin du lac Tchad. Sur notre site d'étude la production de la pomme de terre contribue à l'amélioration de la sécurité alimentaire des ménages.

Un sac de jeunes plantules de la pomme de terre se vend entre 15 000 et 20 000 Naira, soit 25 000 à 33 500 FCFA, ce sac peut contenir 40 planches de longueur 2,5 sur 1,5m. Ce même sac de plantules peut produire 6 sacs de 57 à 60 Kg de pomme de terre destinés à la vente, dont l'unité tourne autour d'un prix de 8 000 Naira soit 13 500 FCFA sur le site. Un petit producteur s'en sort souvent une production moyenne de 60 kg et les autres producteurs s'en sortent avec 4 à 6sacs de 60 kg. Le produit devient rare sur le marché pendant la période de

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chaleur, notamment en avril et mars. La période des semences des plantules, est le mois d'octobre. La récolte débute pendant la saison froide allant de mi-décembre à janvier. Le manque d'eau et de superficie est un des facteurs qui freinent la production de la pomme de terre sur le site. L'autre facteur majeur est la cherté des semences car ces produits sont importés par l'état à travers ses différents partenaires techniques et financiers.

o La tomate (Lycopersicom esculentum)

La tomate est une espèce de plantes herbacées de la famille des Solanacées, originaire du nord-ouest de l'Amérique du sud, largement cultivée pour son fruit. Elle a pour caractéristiques agronomiques les points suivants : son système racinaire est de type pivotant à tendance fasciculé ; très dense et ramifié sur les trente premiers centimètres, il peut atteindre un mètre de profondeur. La tige est anguleuse, épaisse aux entrenoeuds, pubescente. La tige et les feuilles portent deux types de poils simples ou glanduleux, ces derniers contiennent une donne son odeur caractéristique à la plante. Les feuilles, alternes, longues de 10 à 25 cm sont composées et comprennent 5 à 7 folioles aux lobes très découpés.

Les semis proviennent en grande partie des marchés frontaliers du Nigeria, aussi certains partenaires comme le CICR ont procédé aux distributions de plusieurs variétés de semences des produits maraichers.

Les semis de la tomate ont lieu pendant le mois d'octobre juste à la proche de la saison froide et le début des récoltes a lieu pendant le mois de janvier et prend fin au début de la période de chaleur en mars. Elle est consommée frais, séchés ou en conserve, en particulier dans les centres urbains. Elle est cultivée sur tous les sites maraichers du pays. Sur le site de Kimé Gana la tomate était cultivée sur des petites portions car les producteurs n'accordaient pas une grande importance aux revenus qu'elles engendraient et ignoraient son importance sur les marchés locaux et frontaliers. Néanmoins ces dernières années cette culture a connu un essor surtout durant les années 2013,2014 et 2015. Ainsi pendant ces années la quantité de la production dépend d'un producteur à un autre. On estime qu'un grand producteur peut récolter au-delà de 50 bidons. Pour les moyens et petits producteurs ils peuvent produire respectivement 20 et 10 bidons à plus. A ce jour sa production est nettement en baisse par rapport aux années antérieures (2013, 2014 et 2015) et cela est dû à la situation d'insécurité grandissante dans la région du lac Tchad, occasionnant ainsi le déplacement massif des populations riveraines et la panne de toutes les activités économiques. Le manque d'eau relatif aux problèmes d'irrigation constitue une cause majeure de la baisse de la production sur le périmètre irrigué de Kimé Gana.

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Photo 10: Planche de tomate de variété Roma (Achahabou Hamissou, mars 2017)

o L'oignon (Allium cepa)

L'oignon est une plante bisannuelle de la famille des amaryllidacées. C'est une production maraîchère cultivée pour ses bulbes (séchés) et secondairement pour ses feuilles utilisées comme condiment. L'oignon est une plante qui est produite dans tous les sites maraichers. C'est une production agricole de rente de grande ampleur au Niger en général et dans le département de N'guigmi en particulier. Il est mis en culture pendant la période de fraicheur le long du mois de novembre et les premières récoltes ont lieu en plein mois de janvier au niveau du site de Kimé Gana. Cette dernière se poursuit jusque dans la saison chaude en mars, avril et surtout en fonction de la période des semis. Il est exporté vers plusieurs pays de l'Afrique de l'ouest et est trop prise pour sa saveur et son gout culinaire. La culture de l'oignon est d'une importance capitale pour tout producteur. Lors des premières récoltes les marchés sont inondés des spéculations de même type qui proviennent des autres périmètres irrigués ; ce qui explique des maigres revenus dans un premier temps. Ce pendant les quelques producteurs qui ont opté pour la conservation de cet oignon s'en sortent avec des revenus colossaux, en période de rareté du produit, le sac marqué de 50 kg pesant un poids total de 41 à 43 kg d'oignon coûte entre 9 500 à 20 000 Naira ; soit 16 000 à 33 200 FCFA ; soit 15 à 20 sacs pour un grand producteur, 7 à 11 sacs pour les petits et moyens producteurs.

Les difficultés rencontrées sont toujours majorées par le manque d'eau et les canaux d'irrigation sont défectueux. Les nouvelles techniques de conservation et de transformation, le

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défaut d'un entrepôt de grande superficie sont des facteurs qui fragilisent la filière oignon sur ce site.

Photo 11: Planche d'oignon (Achahabou Hamissou, janvier 2018),

Les variétés qui sont cultivées à N'guigmi sont de deux types à savoir : l'oignon blanc de Soumarana et le violet de Galmi.

o Le chou (Brassica oleracea)

Le chou (chou feuilles, chou pommé), est une culture de grande consommation très prisée par les consommateurs, il est cultivé dans toutes les régions du Niger. Ses feuilles libres ou pommées « chou pommé » sont destinées à assaisonner les sauces. Elles peuvent surtout être cuites et consommées en légume. En cas de mévente du chou, le séchage est la principale technique de conservation et cette dernière a lieu sur des espaces libres sur le site ou dans les maisons. La culture du chou fait l'objet d'une importante activité commerciale presque toute l'année. Sa consommation excessive s'observe particulièrement pendant le mois de Ramadan lors de la rupture du jeune. Le chou cuit facilite la digestion et apporte à l'organisme des éléments minéraux et des vitamines. Un grand producteur produit en moyenne 25 sacs tout le long de la récolte, sachant que le poids du sac pleinement chargé varie entre 61 et 63 kg Quant aux autres exploitants leurs récoltes oscillent entre 7 à 15 sacs. Les prix varient entre 3500 et 5000 Naira soit 6000 et 8800 FCFA l'unité et en fonction des périodes de récoltes. Cette culture rencontre des difficultés qui entravent sa production sur le site, dont les principales sont : le manque d'eau crucial, le problème d'irrigation, et la petitesse de la superficie exploitée.

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Photo 12: Pieds de chou (Cliché : Achahabou, mars 2018)

o Le piment (Frutescens ou annuum)

Plante originaire de l'Amérique du sud, vivace au Niger, le piment devenu comme annuelle, feuilles lancéolées plus ou moins larges, tiges érigées, fleur blanche solitaire, fruit à enveloppe charnue d'abord vert, puis rouge ou brun ou jaune suivant les espèces et les variétés. Les espèces principales produites sur le site sont :

? Frutescens ou annuum, piment fort, long ;

? Frutescens ou minimum, piment fort, court ;

o Le Moringa (Moringa oleifera)

Une des vieilles cultures pratiquée sur le site de Kimé Gana, Le Moringa oleifera, plus connu sous le nom de « moringa », en langue haoussa il est appelé « zogala ou bien el maka'a » est un petit arbre qui peut mesurer jusqu'à 10 m de haut. Il est utilisé depuis des générations en mode préventif, ainsi que pour le traitement de certaines maladies comme le diabète, les problèmes cardiaques entre autres. Les feuilles de moringa sont la partie la plus consommée, bien que toute la plante (les racines, écorce, fleurs graines et les fruits) soit consommable. Au Bénin voisin le moringa est vendu sous forme de poudre, de tisane ou les feuilles séchées.

Le moringa est riche en vitamines, minéraux et acides aminés. Il contient de la vitamine A, C, E ainsi que du calcium, du potassium et des protéines. Hubert Fakeye (2008) précise bien d'après certaines études que le Moringa oleifera est une plante très riche en micronutriments et contient 7 fois plus de vitamines C que les oranges, 4 fois plus de vitamines A que les carottes, 4 fois plus de calcium que le lait, 3 fois plus de potassium que les bananes et enfin 2 fois plus de protéines que le yaourt.

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A n'guigmi comme dans plusieurs localités du Niger, l'eau ayant servi à la cuisson du moringa est également consommée pour le traitement de diverses maladies.

Sur le site le moringa peut être mis en association de cultures avec d'autres plantes ou seul. Dans plusieurs champs il est associé au manioc, au gombo, maïs et bien d'autres ; il est rare de voir des parcelles ou seule la culture de moringa est pratiquée. Avant la culture de moringa n'était pas bien pratiquée sur le périmètre et servait le plus souvent à l'auto consommation ; mais aujourd'hui on constate une nette amélioration pour la mise en vente de ses feuilles séchées et vendues le souvent sur place. Les feuilles peuvent être vendues tout au long de l'année, fraîches ou cuites selon la volonté de l'acheteur. Sur le site de Kimé Gana, le moringa est produit en petite quantité ; la production est généralement journalière et rapporte des revenus non négligeables qui servent à subvenir aux besoins immédiats des ménages. Ce sont les petits et moyens producteurs qui se soucient des recettes de plante, avec une vente de 5 à 10 mesures (Tia) par jour à raison de 150 Naira l'unité sur le site. Les feuilles de moringa sèches équivalent à 500 grammes l'unité de mesure.

Dans ce milieu semi-aride, la plante du moringa oleifera sert de brise-vent aux jeunes plants repiqués dans les planches en assurant convenablement leur développement.

A B

Photo 13: Pieds du moringa autour d'une parcelle A. Moringa séché B. (Achahabou H. février, 2018)

o La carotte (Daucus carota subsp.sativus)

C'est une plante bisannuelle de la famille des apiécées, largement cultivée pour sa racine pivotante charnue, comestible, de couleur généralement orangée, consommée comme légume, sa récolte intensive à lieu juste à la fin de la saison froide allant du mois de février à avril. Comme certains légumes la carotte est cultivée le long de l'année car elle est prisée dans l'alimentation journalière dans les centres urbains.

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3.7 Perspective de développement des cultures

Plusieurs éléments laissent croire que certaines spéculations notamment la pomme de terre et la tomate qui sont produites sur le site de Kimé Gana ont un avenir prometteur et doivent être développées aux profits de tous les acteurs intervenant dans ce domaine.

La pomme de terre et la tomate entrent de plus en plus dans les habitudes alimentaires des populations, mais également la demande intérieure est forte de nos jours.

Pour une meilleure perspective de développement des cultures maraichères de pomme de terre et de la tomate sur le site de Kimé Gana, les mesures suivantes doivent être renforcer ; à savoir :

- Une mobilisation importante des producteurs pour l'activité maraichère.

- Les possibilités de partenariat pour l'extension des cultures de ces spéculations sont réelles et fortes avec des zones potentiellement exploitables.

- Une implication de la recherche agronomique avec les centres de recherche comme l'INRAN et l'Université de Diffa pour atténuer les contraintes identifiées.

- Dans son cadre d'intervention sur le développement du bassin du lac Tchad, le PRESIBALT prévoit d'aménager 23 à 25 hectares pour accroitre la production maraichère sur le site.

- Pour assurer la bonne marche de ces deux filières, la coopérative des producteurs de Kimé Gana a besoin d'appuis considérables en intrants et matériels agricoles.

- Organisation des filières pour la conservation et l'exportation des produits vers d'autres horizons à travers des foires.

- L'amélioration de toutes les infrastructures et services nécessaires à la commercialisation.

- L'amélioration de l'efficacité de l'administration vis-à-vis du secteur privé.

3.8 Les modes d'assolement

Pour préserver l'aptitude agronomique du sol, en vue d'une bonne productivité, les maraichers adoptent des techniques culturales, telles que la rotation des cultures et l'utilisation de fertilisants chimiques et organiques. Pour tirer profit de leur milieu, les paysans expérimentent et adoptent de nouvelles cultures, de nouvelles techniques de production, de nouvelles formes d'organisation et de commercialisation de la production (RECA, 2017).

Un système de culture que l'on appelle aussi un système agricole ou système de production regroupe l'ensemble des facteurs de production disponibles pour l'activité de culture, et des modalités techniques selon lesquelles ils sont mis en oeuvres (Hugues, 1980).

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Sur le site de Kimé Gana, il existe les associations de cultures et les monocultures. L'association de cultures est une technique qui consiste à regrouper deux ou plusieurs spéculations ayant des calendriers culturaux presque similaires pour permettre une meilleure croissance des plans, d'où un bon rendement. Les associations les plus fréquentes sont : moringa-niébé, niébé-gombo, moringa-gombo, moringa-piment, maïs-niébé, ail-courge, patate douce-gombo.

On observe bien des changements dans les pratiques culturales sur le site, car les spéculations qui étaient les plus cultivées sont la pomme de terre, le blé avec des rendements importants. Aujourd'hui beaucoup de producteurs se tournent vers d'autres spéculations comme la tomate et l'oignon qui procurent des revenus très importants à toute la chaine de production et de commercialisation.

Le manioc et le moringa sont bien utilisés dans l'association de culture sur le site, ils jouent le rôle de brise-vent en protégeant les jeunes plants repiqués. Parmi toutes ces associations le moringa et le niébé sont plus utilisés, d'où leur importance notoire tant sur les revenus et la consommation ménagère.

Les cultures associées sont observées un peu partout sur le site à cause de la petitesse des parcelles. Les monocultures sont observées pour la production des légumes ; il s'agit des spéculations suivantes : Le blé, l'oignon, la tomate, l'ail, le chou...

En résumé sur le site de Kimé Gana les rotations de cultures dominent les monocultures et cela s'explique à cause de l'étroitesse des exploitations au sein du périmètre mis en valeur avec 0,75 ; 0,25 et 0,12 Ha respectivement pour chacune des exploitations : grande, moyenne et petite. Ces superficies par producteurs ne sont pas totalement exploitées à cause du faible débit d'eau drainée vers les parcelles éloignées ; ce qui conduit à planter en amont les plantes servant de ceinture de protection comme le manioc, le moringa et l'oseille qui sont susceptibles de résister à un manque d'eau temporaire.

En plus de la meilleure utilisation de la surface disponible, en faisant cette association des cultures à cycle long et court, les maraîchers gagnent rapidement de l'argent de celles de cycle court en attendant la récolte de celles de cycle long.

3.9 La rotation de cultures

Les enquêtes montrent que les maraîchers pratiquent la rotation des cultures. C'est une succession des cultures sur une même planche. Elle concerne plusieurs spéculations à savoir : la tomate, l'ail, la salade, le poivron, la pomme de terre, le blé, la carotte. Cette succession

culturale permet la bonne gestion de la fertilité, des rendements et de la prévention de certaines maladies et attaques des ravageurs.

3.10 La gestion foncière et ses modes d'accès à Kimé Gana 3.10.1 Les modes d'accès

L'héritage, le prêt, le don et le gage sont les différents modes d'accès des terres au sein du périmètre de Kimé Gana. Le mode concernant la location n'a pas été relevé lors de l'enquête. L'héritage est le patrimoine laissé par une personne décédée et transmis par succession.

Comme son nom l'indique l'héritage représente 72% et concerne une catégorie bien définie de producteurs maraichers, notamment les Kanouri dont les familles représentent les principaux occupants du périmètre et les zones excentriques. Le présent mode d'acquisition est le plus fréquent à cause du critère autochtone des exploitants et sont majoritaire.

Le prêt (20%) est un mode d'acquisition des parcelles qui concerne les exploitants non détenteurs qui mettent en valeur des terres empruntées auprès des propriétaires avec l'approbation du comité de la coopérative des producteurs. Ce mode d'accès est pratiqué par les étrangers qui ne sont pas originaires de la zone et qui possèdent des lopins de terres.

Le don est l'action de donner une terre de culture sans contrepartie, il est intemporel Le don, est une action qui accorde gratuitement un lopin de terre cultivable à un proche parent, ou toute autre personne ayant des liens étroits avec le donateur. Sur le site cette action représente 5% des producteurs et s'effectue principalement entre les Kanouri et les Toubou qui sont majoritaires.

Le gage est une pratique qui consiste à offrir une portion de son champ à une autre personne afin de garantir le payement d'une dette contractée. Il concerne les petits et moyens producteurs.

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Tableau 6:Mode d'accès aux parcelles sur le site

Mode d'acquisition

Nombre

Pourcentage (%)

Don

3

5

Héritage

43

72

Achat

0

0

Location

0

0

Gage

2

3

Prêt

12

20

Total

60

100

3.10.2 L'accès au foncier maraîcher à Kimé Gana

Etant dédié aux femmes depuis 1982 par le défunt Chef de Canton de N'guigmi, l'honorable Mai Moussa MAIMANGA, le site maraicher de Kimé Gana dispose d'une coopérative maraichère. Cette dernière est dirigée par une femme : Hadjia Mairam Ouma MAIMANGA qui est la Présidente, et est une grande productrice car elle intervient sur ce site bien avant sa réalisation en 1984. La gestion foncière du site, le pouvoir de décision et d'information sont assurés par la dite Présidente de la coopérative à la suite d'un conseil regroupant tous les différents responsables au sein de la coopérative.

En ce qui concerne la gestion des bassins d'alimentation, le système d'arrosage rotatif ou le « tour à tour » est le mieux privilégié à cause du manque d'eau et les canaux qui sont défectueux. Donc les champs proches des bassins d'alimentation profitent plus dans la journée et les champs distants attendent à la tombée du soleil et tard dans la nuit pour être suffisamment arrosés. Avec le climat d'insécurité qui prévaut dans la zone, seuls quelques braves jeunes passent la nuit sur le site pour s'occuper de l'arrosage et de veiller aussi sur les cultures à cause des maraudeurs plus précisément lors des récoltes.

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Conclusion partielle

La partie nigérienne du lac Tchad, comme toute la région du bassin est confrontée au problème sécuritaire lié à la secte terroriste Boko Haram. Cette dernière est responsable de plusieurs atrocités commises sur la rive du lac, poussant ainsi les états à prendre des mesures draconiennes. Toutes les activités socio-économiques et agricoles se retrouvent en panne. Cette étude nous a permis de comprendre, les différentes activités maraichères qui sont pratiquées sur le site de Kimé Gana.

La composante ethnique des exploitants du périmètre est mosaïque et regroupe entre autre: les Kanouri, les Toubou, les Haoussa, les Peuls et les Touaregs.

Les exploitants du site sont majoritairement analphabètes, mais ont subi un enseignement non formel. Les femmes exploitantes sont nettement majoritaires par rapport aux hommes. Elles participent vaillamment à toutes les activités culturales.

La gestion foncière est conférée à la coopérative des producteurs maraichers dont le responsable principal est la Présidente de la dite coopérative.

La majeure partie des semences proviennent des marchés frontaliers du Nigeria et les différentes spéculations produites sont vendues sur le marché de la ville de N'guigmi et dans les villages environnants.

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3.11 LES TECHNIQUES CULTURALES ET LE FACTEUR FONCIER

DES CULTURES MARAICHERES A KIME GANA

Dans cette partie nous parlerons de la production maraichère du site de Kimé Gana, les récoltes et les différents circuits de commercialisation. L'utilisation des fertilisants accroit la production maraichère ; nous allons identifier les engrais chimiques autorisés par l'état nigérien et leur provenance. Le conflit actuel a reconfiguré tous les circuits économiques du bassin du lac Tchad en général et celui de la commune de N'guigmi en particulier. Toutes les activités sont en panne.

Le maraichage est activité qui permet de tirer profits et participe pleinement à la réduction de la vulnérabilité de la population.

3.11.1 Les techniques de production des cultures maraichères 3.11.1.1 Les outils de production

Les outils de production maraichère sont : La houe, les râteaux, la machette, la pelle, la marmite, le seau, l'arrosoir local et moderne, la brouette, la corde, les puits maraichers, les puits traditionnels, le forage, les pulvérisateurs.

Dans certain endroit du site, on trouve des puits creusés manuellement, servant de retenue pour les parcelles éloignées.

Tableau 7:Effectifs des maraîchers utilisant les équipements agricoles

Producteurs

Equipements agricoles

Pulvérisateurs

Motopompes

Forage

Puits

Matériels rudimentaires

Grands

46%

0

100%

100%

100%

Moyens

35%

0

100%

100%

100%

Petits

19%

0

100%

100%

100%

Total

100%

0

100%

100%

100%

3.11.1.2 La récolte

Dans le périmètre de Kimé Gana la récolte et la semi des produits s'effectuent à des périodes bien distinctes. En ce qui concerne le gombo le niébé et le maïs, les semis ont lieu lors du début de la saison des pluies avec les premières averses. Leur récolte s'observe pendant les mois de septembre et octobre. Quant aux autres spéculations(le chou, la tomate, la salade, la carotte, l'oignon, l'ail, la patate douce...) leurs repiquages s'effectuent pendant la saison

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froide, allant de mi-novembre jusqu'à la fin du mois de décembre. Ainsi la récolte de certains produits s'ensuit dans le mois de février et peut s'étendre jusqu'en Avril, à savoir : la salade, le chou, l'oignon, l'ail, la tomate, la carotte, et les plantes rampantes (courge, concombre, patate douce...).

Cette tâche requiert un travail physique important d'où alors l'appel à la main d'oeuvre salariale ; surtout avec la présence des jeunes désoeuvrés qui ont quitté leurs villages dans le bassin du lac Tchad à cause de l'instabilité sécuritaire. Mais c'est surtout la main d'oeuvre la main d'oeuvre familiale et l'entraide qui sont les plus sollicitées. Sur le périmètre aménagé de Kimé Gana les femmes ne se distinguent pas des hommes lors des différents travaux de semis ou de récoltes, car elles représentent plus de 55% d'exploitants. De même les enfants sont associés lors des récoltes et s'occupent des activités moins pénibles. Pour des travaux d'arrangement de canaux d'irrigation, la protection des champs contre les maraudeurs et certains ennemis des cultures (oiseaux granivores et les animaux) certains jeunes passent la nuit sur le site.

Notons que la récolte des feuilles du Moringa oleifera s'observe le long de l'année.

Le suivant graphique montre le mode de payement des contrats de travail sur le périmètre aménagé. Ainsi les exploitants procèdent au payement de contrat par le moyen d'une partie de la récolte, dans ce cas 42,85 % des producteurs utilisent une partie de leur récolte pour payer la main d'oeuvre. Ces travailleurs à leur tour vendent leur part aux marchands de la ville pour subvenir aux besoins de la famille. D'autres préfèrent négocier moyennant l'octroi de l'argent et une partie de la récolte, ils représentent 55,55% des producteurs maraichers. La frange partie (1,58%) paye avec du cash, ce moyen est le moins observé sur le site, parce que la main d'oeuvre salariale diffèrent en fonction des périodes. Les modes (récolte, argent et récolte) sont plus observés et permettent d'avoir du cash et une partie est utilisée dans l'alimentation et l'autre destinée à la vente.

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Figure 11: Mode de payement de la main d'oeuvre

Ainsi 57 % des exploitants prétendent ne pas utiliser de main d'oeuvre pour les différents travaux champêtres. Cela s'explique par l'entraide familiale qu'on observe sur le périmètre de Kimé Gana malgré la présence des jeunes désoeuvrés ayant fui les villages riverains du lac. Le manque des moyens financiers est l'un des facteurs qui poussent certains producteurs à travailler la terre par la force de leurs bras. Sur le site, des lopins de terres sont laissés sans culture faute de matériels, d'intrants agricoles et les problèmes liés au manque d'eau et à l'irrigation. De la préparation des parcelles à la récolte des différentes spéculations et afin de permettre une bonne production, les exploitants emploient une main d'oeuvre composée en général de jeunes et des déplacés provenant des villages riverains du lac Tchad. Les exploitants qui utilisent la main d'oeuvre représentent 43% des producteurs ; ces derniers ont des revenus nettement supérieurs à leurs pairs. Le mode de paiement de cette main d'oeuvre diffère (Figure 11).

Sans main d'oeuvre

57%

Main
d'oeuvre

43%

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Figure 12: Pourcentage des exploitants utilisant une main d'oeuvre salariale

3.11.1.3 La production

La quantification de la production sur notre site d'étude est difficile, on s'en tient aux estimations fournies par les chefs d'exploitants. Certains producteurs enregistrent 2 à 3 campagnes par an. Donc il est très difficile de déterminer avec précision la quantité des spéculations ainsi vendues et autoconsommées. Certains producteurs dont les plus vulnérables vendent tout où une partie de leur récolte au moment où les prix sont dérisoires.

Les unités de mesure les plus utilisées par les paysans pour quantifier la production sont : le bidon de 25 litres (fréquemment de couleur jaune) qui est coupé à son extrémité ou sur l'un des flancs et la mesure communément appelée la tia, considérée comme l'équivalent de 2,5 Kg de céréale. Les cultures de maïs et du niébé, sur ce site se font sur des petites surfaces bien aménagées vu l'étroitesse du périmètre ; d'où un faible rendement sur la production. Les spéculations produites à Kimé Gana sont destinées à la vente et à l'autoconsommation. Ainsi les cultures de maïs et du niébé constituent l'alimentation de base de la population, bien qu'une part soit mise sur le marché.

Sur le site, les magasins de stockage et les moyens efficaces de conservation des produits récoltés sont très limités. Les problèmes de conservation obligent les producteurs à sécher chez eux les récoltes au fur et à mesure. Cela évitera le maraudage et l'attaque des oiseaux granivores. Le problème majeur est celui de la quantification de la production sur ce site, on s'en tient à l'estimation des producteurs. Il est difficile d'évaluer avec précision la quantité des produits autoconsommés et celle vendue sur le site. Ainsi lors d'un entretien avec un producteur, il affirme que : « je rentre chez moi avant le crépuscule à cause des menaces de Varan malan (BH), donc le plus souvent je vends mes produits de la récolte ici sur le site de

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culture car des voleurs viennent la nuit pour récolter les fruits qui sont murs sur différents endroits de mes parcelles malgré l'état d'urgence instauré. Et aussi notre coopérative ne dispose pas de grand entrepôt pour stocker la production et à cela s'ajoute le problème récurrent de transport vu la distance et le coût».

En plus de la production maraichère sur le périmètre de Kimé Gana, on note une production fruitière non négligeable. Cette dernière procure des revenus saisonniers aux producteurs. Les differentes especes fruitières qu'on rencontre sur ce site sont : le papayer (Carica papaya), le citronnier (Citrus limon), le dattier (Phoenix dactylefera)....

Ce pendant la production de ces plantes fruitières se fait à des périodes distinctes, et la période de collecte des données de terrain pour la réalisation de cette étude n'a pas coïncidé avec la période des récoltes de ces espèces sur le périmètre irrigué.

3.11.2 Commercialisation des produits maraichers de Kimé Gana

Dans cette partie nous allons dans un premier temps parler de la commercialisation et secondairement du circuit et les différents acteurs de commercialisation.

3.11.2.1 Commercialisation

Les producteurs du site de Kimé Gana produisent pour assurer l'autoconsommation et la vente. Ils écoulent les produits pour faire face à des charges sociales et familiales vu le climat d'instabilité et de vulnérabilité dans cette zone. Le système de commercialisation des produits ici des cultures (irriguées et de décrues) est perturbé à cause des menaces du groupe terroriste Boko Haram dans le bassin du lac Tchad. Beaucoup d'acteurs dans ce domaine de commercialisation des produits étaient obligés de se tourner vers d'autres activités pour subvenir aux charges familiales.

Faute des moyens efficaces et de techniques de conservations des produits alimentaires, la majeur partie des exploitants dont de nombreux vulnérables sont le plus souvent obligés de vendre tout ou une partie de la production au fur et à mesure de la disponibilité des produits récoltés. Ainsi les grands producteurs et les quelques rares moyens producteurs conservent certaines productions jusqu'à l'inflation de leur prix sur les marchés, ou bien jusqu'à leur rareté les différents marchés nationaux ou de la sous-région. Au moment où les marchés sont saturés et les prix dérisoires certains producteurs se trouvent dans l'obligation de vendre une partie de la production juste après les récoltes afin de pouvoir régler les dettes contractées auprès de plusieurs acteurs intervenant dans le secteur qui sont entre autre les commerçants de diverses produits agricoles, les prestataires pour la main d'oeuvre, les transporteurs...

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Aujourd'hui dans le secteur de la commercialisation on remarque une réduction notoire d'acteurs à cause de la crise actuelle qui a conduit à la fermeture de certains marchés importants comme celui de Doro Léléwa et aussi à l'interdiction de l'activité de pêche qui représente les poumons économiques de la cuvette nord.

On rencontre des acheteurs qui sont de la commune de N'guigmi qui effectuent le déplacement sur le site. Ce sont notamment les revendeurs en général qui viennent acheter pour les revendre en détail sur le marché de N'guigmi, chez les boutiquiers et aussi sur les marchés des villages environnants. De même certains des légumiers du site acheminent leurs propres récoltes sur les différents marchés.

L'handicap majeur au développement de cette activité tient au manque de conditionnement et de transformation des produits. Les produits pourrissent suite à une mévente faute de technique adéquate de conservation (Awal, 2011).

3.11.2.2 Circuit et acteurs de la commercialisation

3.11.2.2.1 Le circuit court de commercialisation des produits maraîchers

La figure 13 présente les circuits courts de commercialisation des produits maraîchers à Kimé Gana. Les transactions ont lieu directement entre le producteur et le consommateur. Ce qui permet aux producteurs d'engranger plus de revenus par rapport au circuit long.

Producteurs

Consommateurs

Figure 13 : Circuit court de commerce de produits maraichers à Kimé Gana

Ces transactions sont le plus souvent assurées par les hommes (70%), du fait de la division du travail et aussi les hommes passent naturellement plus de temps dans les champs par rapport aux femmes. La majorité des femmes propriétaires de terre responsabilisent totalement les parcelles à leurs enfants ou leurs proches, du suivi des travaux en pépinières jusqu'à la commercialisation. Par contre d'autres femmes exploitantes (30%) généralement les petits et moyens producteurs acheminent leur propre production sur le marché.

Ce mode met directement en contact producteurs et consommateurs au marché, car il permet aux producteurs de réaliser une marge intéressante de bénéfices que de passer par les intermédiaires comme dans les circuits longs.

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3.11.2.2.2 Le circuit actuel de commercialisation des produits maraîchers

Suite à la perturbation occasionnée par la crise dans le bassin du lac Tchad, le secteur de La commercialisation de la production était fortement tombé en panne. Ainsi le souci majeur des paysans dans le contexte actuel est de satisfaire les besoins immédiats. La commercialisation se fait sans aucune planification et de façon incontrôlée par les exploitants car les plus souvent les produits sont vendus à compte-goutte comme nous l'avions remarqué lors de nos excursions sur le site. L'écoulement des produits s'effectue suivant un circuit local, à cause du faible rendement de la production sur ce site

Figure 14 : Circuit actuel de commercialisation des produits maraichers

Le circuit commercial des produits est canalisé sur les marchés locaux environnants et principalement dans le chef-lieu de la commune. Les intermédiaires que sont les revendeurs, effectuent le déplacement sur le site pour la collecte des produits auprès des producteurs maraichers. Les revendeurs ravitaillent les marchés de N'guigmi, de Kabléwa et ceux des villages. De fois ces mêmes producteurs acheminent leurs productions sur les marchés pour la vente. Ainsi en fonction des périodes les produits sont transportés jusqu'à la ville de Diffa.

3.11.2.2.3 Circuit d'avant crise de commercialisation des produits maraichers

Avant les attaques du groupe terroriste Boko Haram, les activités économiques dans la cuvette nord du lac s'effectuaient avec harmonie. Le circuit commercial était plus élargi et s'étendait

des frontières tchadiennes en passant par le marché de Doro Léléwa, Bilabrime et jusqu'aux marchés frontaliers du Nigeria. Les produits maraichers de Kimé Gana et les autres périmètres inondaient les marchés de Diffa en passant par les marchés de Kabléwa et environs.

Producteurs

Revendeurs

Commerçants

Détaillants

Consommateurs Marchés

frontaliers

Marchés locaux

Tchad Nigeria

Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 57

Figure 15 : Circuit d'avant crise de commercialisation des produits maraichers

3.12 Les revenus et leur utilisation

L'utilisation des revenus issus de la vente des produits maraichers varie en fonction des priorités et des besoins familiaux de chaque exploitant. Depuis l'avènement de l'insécurité qui a engendré une perturbation dans les activités quotidiennes, satisfaire les besoins familiaux constitue l'une des premières inquiétudes des chefs de ménages.

Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 58

Tableau 8:Revenus monétaires et types de producteurs

Revenus

Nombre

d'exploitants

Pourcentage %

Types de producteurs

< 50 000 FCFA

17

28.33

Petits producteurs

50 000 à 100 000 FCFA

16

26.67

100 000 à 200 000 FCFA

11

18.33

Producteurs moyens

200 000 à 300 000 FCFA

12

20.00

300 000 FCFA à Plus

4

6.67

Grands Producteurs

60 100

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Les modes d'utilisation des revenus monétaires diffèrent en fonction des exploitants du site de Kimé Gana. Les préoccupations sont entre autres : les achats de vivres, les besoins familiaux, les cérémonies, l'achat du bétail plus précisément les petits ruminants pour l'embouche, l'acquisition des matériels et intrants agricoles.

Les revenus de la production varient en fonction de types de producteurs. Ainsi 55% les petits exploitants ont un revenu dont le plafond est de 100 000 FCFA et consacrent essentiellement leurs revenus aux achats de vivres et à certains besoins primordiaux de la famille. Quant aux producteurs moyens ils représentent 38.33 % et le sommet de leur gain occasionné est de 300 000 FCFA. Seulement 6.67 % des producteurs arrivent à s'en sortir avec un revenu pouvant aller au-delà de 300 000 FCFA, ils sont les plus aisés.

26.67

20.00

18.33

28.33

6.67

< 50.000 50.000 à 100 000 à 200 200 000 à 300 300 000 à Plus

100000 000 000

Figure 16 : Fréquence des différents revenus des producteurs

Les revenus ainsi tirés par les producteurs sur le site de Kimé Gana sont minimes à cause de la dégradation provoquée de certaines structures comme les canalisations et la destruction du couvert végétal suite au feu de brousse. Cette installation anarchique et momentanée a accentué l'arrêt de l'activité maraichère d'où la chute conséquente de la production sur le site en particulier et la dans la cuvette nord en général.

Tableau 9:

Tableau 9:Quelques espèces produites et leurs prix en fonction des périodes: décembre 2017 et janvier 2018 (1000FCFA=600 Naira, période janvier 2018)

Speculations

Unité de mesure (Kg)

Prix à la récolte
(
FCFA)

Prix du sac de:

Oignon

Tia (2,5 kg)

500 FCFA

60 Kg 12 300 FCFA

Ail

Tia (2kg)

2500 FCFA

50 kg 62 300 FCFA

Pomme de terre

Tia (3kg)

700 FCFA

60 kg 13 000 FCFA

Moringa (séché)

Tia (0,5kg)

500 FCFA

20 kg 20 000 FCFA

Gombo

Tia (2kg)

600 FCFA

//

Tomate

Tia (2,5 kg)

1200 FCFA

Panier de 25 kg 11 200
FCFA

Chou

Sac de 65 kg

1 150 FCFA

//

Sur le site, les unités de mesure qui permettent de quantifier la production sont généralement la mesure ou Tia et le bidon d'huile de 25 kg. En plus les sacs de 50 et 60 kg sont utilisés. Les prix des spéculations varient en fonction de la période des récoltes. Par exemple sur le site, la mesure de la pomme de terre tourne autour de 400 N soit 700 FCFA à la récolte et lorsque le produit se raréfie son prix peut atteindre 1500 N soit 2 300 FCFA et le sac de 50 kg à 17 000 N soit 28 500 FCFA. Pour la tomate un bidon a une contenance de 3 Tia soit 7,5 kg du poids net se vend à 2000 Naira soit 3000 FCFA. La Tia se vend à 1 200 FCFA lors de la période des récoltes soit un prix approximatif de 480 FCFA /Kg. Lorsque le produit devient rare sur le marché, notamment en avril et mars, le même bidon peut atteindre un prix plafond de 3500 Naira soit 5 800 FCFA.

3.13 Les modes de conditionnement et de transport des produits maraichers

Il s'agit du matériel que les exploitants utilisent pour emballer les produits agricoles et les moyens utilisés pour le déplacement de ces produits d'un point à un autre. Comment se fait le conditionnement des produits maraîchers à Kimé Gana.

Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 60

Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 61

3.13.1 Les modes de conditionnement

Les produits maraîchers sont transportés lorsqu'ils sont emballés. Plusieurs emballages sont utilisés pour conditionner les produits : les sacs de diverses natures sont utilisés, les caisses et les cartons, les récipients tels que les bassines et les plastiques sont aussi utilisés.

3.13.2 Les modes de transport

Les modes de transport varient selon les moyens et les distances qui séparent Kimé Gana des

marchés. Plusieurs modes de transport sont utilisés :

- le transport par portage des produits maraîchers à pieds

- le transport des produits maraîchers à dos d'âne

- le transport à moto avant son interdiction ;

- le transport à véhicule vers la ville de N'guigmi et les autres localités.

3.14 Impacts de l'occupation momentanée des déplacés du lac à Kimé Gana

3.14.1 Le choix du site

Le Niger a été l'objet d'attaques dans les villes de Bosso, de Diffa et de Karamga et plusieurs autres villages de la région qui ont été le théâtre de violences inouïes, de meurtres, de viol de femmes, d'enlèvement d'hommes, de femmes et d'enfants de tous âges.

Ces attaques perpétrées par la nébuleuse Boko Haram dans la partie nigérienne du bassin du lac Tchad a conduit les autorités nigériennes à prendre des mesures drastiques. En mai 2015 lors de l'évacuation des iles du lac Tchad, deux sites sont choisis pour accueillir les populations déplacés à savoir Yébi et Kimé Gana. Ce dernier était situé au nord du lac et proche de N'guimi, où l'on pratique des cultures maraichères. Les autorités communales en concertation avec le gouvernorat de Diffa, avaient décrété que ces deux sites resteraient ouverts de manière temporaire, le temps d'organiser le processus de relocalisation vers d'autres sites. Le site a été réoccupé progressivement à la date du 15 Mai 2016 et un appui de la mairie de N'guigmi a appuyé les exploitants par la réhabilitation du forage artésien et la réparation de certains chenaux à hauteur de 650 000 fcfa. En outre des semences ont été distribuées par la Direction départementale de l'agriculture aux exploitants dans le cadre de la reprise des travaux sur le périmètre. La coopérative des producteurs a collecté auprès des exploitants une somme forfaitaire de 1000N (1 500 FCFA) pour ses différents travaux annexes. Dans ses fonds propres la coopérative a conçu un abreuvoir des animaux à raison de

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400 000 N ( 666 660 FCFA) et a clôturé le bassin d'eau dont les travaux s'élèvent à 80 000 N (135 000 FCFA). Après le recasement de la population sur d'autres sites plusieurs organismes ont assisté la vaillante population. C'est le cas d'évoquer l'organisation non gouvernementale (ONG) KarKara qui avait distribuée des jeunes plants d'arbres fruitiers et a fourni aussi des tuyaux de canalisation.

3.14.2 Les dégâts occasionnés

Le séjour sur le site de Kimé Gana a occasionné d'importants dégâts dont entre autres : L'occupation anarchique des espaces, la coupe sauvage et abusive du bois, la destruction des parcelles de culture, la destruction des canalisations d'irrigation.

A leur arrivée sur le périmètre, la population déplacée s'est installée de façon anarchique en occupant les espaces destinés à la culture maraîchère; ce qui a eu pour conséquence directe la destruction des parcelles en exploitation. A cela on note aussi les feux de brousse et la coupe abusive du bois à l'intérieur comme à l'extérieur du périmètre ce qui a pour impact la destruction des ligneux et l'appauvrissement des sols.

100%

90%

80%

70%

60%

50%

40%

30%

20%

10%

0%

Découpage sauvage

Destruction
des parcelles

Occupation anarchique

Autres Impacts

Frequence

Figure 17: Fréquence des différents revenus des producteurs

A certains endroits la clôture les grillages sont emportés, ce qui favorise l'accès aux animaux d'où le soulèvement d'un autre conflit entre les exploitants et les éleveurs.

Le système d'irrigation des eaux peu performant s'est retrouvé d'avantage endommagé. Tous ces aspects ainsi évoqués, la panique et la crainte des « yaran malan ou yaran djedji (désignation des éléments de Boko Haram en Hausa) » ont conduits les différents acteurs intervenant sur le périmètre à quitter et s'étaient retrouvés sans travail.

Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 63

A l'instar des déplacés, les exploitants se tournent vers d'autres activités pour pouvoir subvenir aux besoins de la famille. Les femmes (75%) qui constituent la majorité d'exploitants se tournent vers les activités d'embouche ovine et le petit commerce ; quant aux hommes, ils se lancent dans la maçonnerie, les petits commerces, la fabrication et la vente du bois suite à l'exploitation du Prosopis juliflora, qui est une espèce envahissante dans la commune. Cette activité pratiquée en général par les peuls, est aujourd'hui est l'oeuvre de tout le monde. Lors de notre enquête sur le terrain nous avions rencontré des jeunes Boudouma qui s'attèlent travaux rémunérateurs comme la vente du charbon de bois, la maçonnerie, les

petits commerces .

Avant ce conflit notons qu'il est rare de voir les Boudouma s'atteler à ces genre d'activités qu'ils trouvent marginales.

Le séjour de la population déplacée sur le site n'avait point affecté les pratiques culturales sur le site de Kimé Gana.

3.15 Les contraintes de la pratique des cultures maraichage

Dans cette partie nous allons d'abord aborder les différentes contraintes qui minent le développement des cultures et les perspectives d'aménagement

3.15.1 Les risques liés aux produits chimiques

Les producteurs sont amenés à utiliser de nombreux produits chimiques dans le but d'accroitre la productivité. Sur les marchés locaux, on y rencontre majoritaire des produits en provenance du Nigeria et beaucoup ne sont pas autorisés. L'utilisation des produits chimiques n'est jamais anodine, et il convient de les manipuler en observant les précautions élémentaires liées aux caractéristiques de ces produits. Les produits chimiques peuvent se présenter sous plusieurs formes. Le mode de contamination par la peau qui est le principal de contamination vis-à-vis des pesticides est ignoré, ce qui amène une sous-utilisation des équipements de protection cutanée et des règles d'hygiène. Lors de notre enquête Sur le site de Kimé Gana, nous avons constaté l'utilisation des produits phytosanitaires issus du Nigeria et ceux fabriqués localement.

Le développement des pratiques culturales conduit à une augmentation de l'utilisation des pesticides d'où des impacts probables négatifs sur la santé humaine et animale

3.15.2 La pollution de l'environnement

Certains produits chimiques sont susceptibles peuvent avoir des conséquences néfastes sur l'environnement :

Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 64

- Par la contamination : Transfert d'un polluant d'un milieu vers un autre (Pollution des sols, puis de la nappe souterraine.

- Par bioaccumulation : accumulation des polluants dans les organismes vivants.

- En l'absence d'une véritable lutte contre les ennemis des cultures, l'augmentation de la production maraichère entraine une utilisation accrue des pesticides chimiques dont les impacts sur l'environnement sont négatifs.

3.15.3 Les contraintes foncières

Théoriquement tout individu peut avoir facilement accès à la terre de culture sur le site de Kimé Gana, la gestion du foncier du site est sous l'égide du chef coutumier. Donc il n'est pas évident d'être un propriétaire permanent d'un lopin que ton est originaire du terroir, mais plutôt un détenteur temporaire.

L'aménagement du périmètre irrigué de Kimé Gana peut entrainer la perte des terres des pâturages et cela peut-être à l'origine des conflits entre éleveurs et maraichers.

3.15.4 Les contraintes financières

Le manque des moyens financiers des producteurs est un frein aux pratiques du maraichage. L'absence des structures d'appuis (banques et les micros finances) qui octroient des crédits bancaires conséquents pour redynamiser le secteur et pousser les limites de la production.

3.15.5 Les contraintes de commercialisation

Depuis 2015 avec les attaques perpétrées sur certaines iles comme celles de Karamga et les villages riverains du lac Tchad, en général toutes les activités économiques de la région du lac s'étaient retrouvées en panne. Ainsi tout le circuit de commercialisation des produits halieutiques et agricoles s'est effondré avec la fermeture de certains marchés frontaliers importants tant au Niger qu'au Nigeria voisin. L'interdiction de certains moyens de transport la réduction des heures de circulation routière et la fermeture de certaines routes ont entrainé une profonde perturbation de la commercialisation des produits agricoles et halieutiques.

3.15.6 L'analphabétisme des producteurs

La majorité des exploitants du site de Kimé Gana sont analphabètes mais ont subi l'éducation traditionnelle dans le cadre de l'école coranique. L'analphabétisme est un handicap pour le développement de la culture maraichère.

3.15.7 Contraintes abiotiques

Le sud de la commune de N'guigmi est caractérisé par des sols argileux hydromorphes, qui sont soumis aux aléas climatiques et aux pratiques inappropriées de la gestion de la fertilité

Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 65

des sols. Les contraintes auxquelles font face la culture maraichère sur le périmètre irrigué

sont :

La dégradation constante des sols à l'érosion éolienne ;

La menace d'ensablement du site maraicher par le vent ;

La baisse constante de la fertilité des sols ;

Les pratiques inappropriées de la gestion de la fertilité des sols :

Résidus de cultures généralement brulés ou exportés hors des parcelles

Peu de restitution des résidus des cultures sous forme d'amendements

Baisse de la pratique de la jachère

La non maitrise de l'eau pour l'irrigation des cultures

3.15.8 Les contraintes institutionnelles

La direction départementale de l'agriculture est un acteur majeur qui intervient dans le cadre du développement agricole dans le département de N'guigmi. Sur le site a lieu une distribution dérisoire des intrants et matériels agricoles par l'état ses partenaires. Depuis le début de cette crise plusieurs ONG et projets interviennent superficiellement sur le périmètre de Kimé Gana. D'autres directions étatiques sont quasiment inopérantes sur le domaine agricole, notamment sur le maraichage, c'est le cas de la direction départementale du génie rural.

3.15.9 L'absence des systèmes d'approvisionnement et d'inaccessibilité des producteurs

On note un handicap dans le cadre d'approvisionnement des matériels et intrants agricoles dans la commune de N'guigmi. Les moyens et petits producteurs n'ont pas facilement accès aux intrants et matériels agricoles qui sont sous la tutelle de la direction départementale ; et les produits qui inondent les marchés locaux sont des produits nigérians non autorisés sur le territoire. L'inaccessibilité des producteurs surtout les moins nantis est assimilable aux manques des moyens financiers, donc le recours aux produits non autorisés mais bons marchés est obligatoire.

3.15.10 Les contraintes législatives

Les prétendus propriétaires des terres du site, doivent être en possession des documents régissant le titre foncier de leurs propriétés. Le code rural précise dans le titre I du régime de la terre et en son article 10, il stipule que : « La propriété selon le droit écrit résulte de l'acquisition à titre privé d'une propriété foncière rurale par l'un des actes ci-après :

- l'immatriculation au livre foncier ;

Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 66

- l'acte authentique ;

- l'attestation d'enregistrement au dossier ;

- l'acte sous seing privé ».

3.15.11 Les contraintes biotiques

Il s'agit essentiellement des parasites de cultures causant ainsi d'importants dommages, voire la destruction des cultures. Les producteurs se plaignent du jaunissement de certains légumes comme les variétés de piments, le chou pommé, la tomate.... (Photo 14).

Les cultures maraichères sont sujettes aux attaques des insectes qui sont responsables de la faible production, les plus fréquents sont les pucerons, les sauterelles...

Sur certaines parcelles et par endroit les insectes perforent les feuilles des plants et les fruits ralentissant ainsi leur croissance. La plus grande contrainte biotique à la production de manioc au Niger est sans contexte la mosaïque africaine du manioc, maladie qui sévit dans toutes les régions productrices de notre pays (Reca, 2017).

Sur le site les producteurs se plaignent des dégâts causés par les nématodes parasites des cultures maraichères qui détruisent les plants de tomates à la racine.

A cela s'ajoute des contraintes parasitaires provoquées par l'attaque des sauterelles et autres ennemies de cultures sur les jeunes pousses.

Photo 14: Un plan de chou pommé attaqué par des insectes (Cliché : Achahabou février 2018)

3.15.12 Les contraintes économiques

L'insuffisance des moyens financiers constituent un handicap pour le développement de la culture maraichère vu le climat d'instabilité sécuritaire qui caractérise la région du bassin du

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lac Tchad en général sur le périmètre maraicher de Kimé Gana particulier. Toutes sortes d'activités qu'entreprenaient les populations vivant dans la cuvette nord se trouvent en panne, d'où la cherté et la rareté des produits. Ainsi les petits producteurs peinent à trouver les moyens nécessaires pour acquérir des matériels et intrants agricoles malgré l'appui insuffisant de l'état à travers la CAIMA (Centrale d'approvisionnement en intrants et matériels agricoles) et ses partenaires. Les projets et ONG apportent leurs appuis en formant une faible portion des producteurs sur les pratiques culturales ; ce qui traduit une faiblesse de la coopérative des producteurs au niveau du site. Les organisations paysannes ne sont pas bien développées au niveau de la commune, elles doivent créer une synergie avec les producteurs des autres sites maraichers et pouvoir tirer des profits des meilleurs prix aux différents acteurs intervenant dans la filière. Le manque de route reliant le site au chef-lieu de la commune est une entrave capitale au développement du site, car rare sont ceux qui acheminent leur récolte dans les véhicules de transport ; la plupart des producteurs transportent leurs biens soient à dos d'animaux ou dans une charrette à boeufs.

Aussi l'analphabétisme des exploitants est une contrainte majeure au développement socio-économique de la filière.

Le manque de technique de conservation et de transformation des produits est à la base de la perte d'une quantité importante de récoltes en réduisant ainsi les potentialités de commercialisation. Donc des actions et efforts doivent être entrepris pour améliorer les techniques de conservation, de transformation, afin d'acheminer les produits vers d'autres contrées lointaines pour la commercialisation.

Pour augmenter la production au niveau du site, la coopérative et ses partenaires doivent multiplier les forages et les systèmes de distribution des eaux, afin de mettre en valeur la partie non aménagée d'une superficie de 24 hectares.

3.15.13 Les contraintes matérielles et techniques

Les contraintes techniques sont liées aux différentes techniques culturales qui sont notamment, la faible utilisation des engrais et produits phytosanitaires, l'inadaptation des variétés et la mauvaise qualité des semences, l'archaïsme des systèmes et techniques de cultures. Le problème d'accès aux intrants et matériels en qualité et en quantité constitue un frein au développement de la pratique des cultures maraichères. Les producteurs ne disposent pas d'organisation structurée tant pour l'approvisionnement en intrants et matériels que pour la commercialisation de leur production. Le manque des moyens de transport et le mauvais état de la route poussent certains producteurs à vendre individuellement et instantanément leur

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production sur le site. Ainsi lors de nos entretiens, il est noté que l'un des obstacles majeurs au développement et à l'intensification des cultures irriguées est le manque crucial de financement qui n'autorise pas de investissements conséquents dans ce domaine. A Kimé Gana le second facteur qui freine la filière maraichère est l'insuffisance des techniques d'approvisionnement de l'eau et des canaux d'irrigation.

La crise actuelle qui sévit dans le bassin du lac Tchad a conduit à la fermeture de plusieurs marchés tant au nord du Nigeria que dans certaines localités dans la région de Diffa, au Niger, d'où l'absence de débouchés. Les structures paysannes en relation avec les partenaires doivent revoir les circuits de commercialisation afin de chercher des débouchés lointains possibles.

3.15.14 Les contraintes d'irrigation et le manque d'eau sur le site

Les contraintes liées à la production agricoles sont multiples et concernent notamment les aspects économiques surtout le manque des moyens financiers et des financements à la base. Sur le plan technique seul un nombre limité de producteurs bénéficie de formation de d'information sur les techniques de gestion et production agricole et la plupart ne maîtrisent pas correctement les techniques d'irrigation.

A cela s'ajoute un manque d'eau sur le site, qui est relatif à la profondeur de la nappe, car beaucoup d'exploitants attendent au crépuscule ou souvent tard dans la nuit pour procéder à l'arrosage.

L'exploitation des aquifères à divers usages à plusieurs conséquences sur la qualité, la gestion rationnelle des ressources en eau souterraine.

L'utilisation des eaux souterraines pour la consommation humaine dans le cadre de l'agriculture, de l'industrie et autres activités productives, diminue considérablement la productivité des aquifères captifs (DRHA, 2017). La figure 18 montre une augmentation de la nappe de Kadzel de l'an 2000 à 2002, alors qu'une diminution significative est observée pendant cette dernière décennie.

L'exploitation des aquifères à plusieurs conséquences sur la qualité, la gestion rationnelle des ressources en eau souterraine.

Ainsi lors de nos différents passages sur le site d'étude, on a constaté que le seul forage artésien ne couvre pas tout le besoin en alimentation d'eau du site, malgré les 4 bassins d'eau parfois fonctionnels. Ce déficit d'eau s'explique aussi par l'interdiction notoire d'utilisation des motopompes surtout en ce temps de conflit dans la région, car le groupe terroriste Boko

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Haram et leurs complices profitent auprès des populations pour se ravitailler en carburant et autres moyens de nuisance.

01-07-2000 01-07-2001 01-07-2002 01-07-2003 01-07-2004 01-07-2005 01-07-2006 01-07-2007 01-07-2008 01-07-2009 01-07-2010 01-07-2011 01-07-2012 01-07-2013 01-07-2014

NIVEAU D'EAU PAR RAPPORT A UN REPERE

29.30

29.20

29.10

29.00

28.90

Piézometre de Likitré: nappe du Kadzel

28.80

28.70

28.60

28.50

29.40

Figure 18: Niveau d'eau en mètre en fonction du temps

3.16 Discussion

La production maraîchère fait partie des activités agricoles exercée dans la commune de N'guigmi, plus précisément sur le périmètre de Kimé Gana qui autrefois était un village riverain du lac Tchad. La pratique de cette activité répond à des logiques de développement surtout dans le contexte actuel d'insécurité et de changement climatique. Elle permet de lutter contre le chômage et la réduction des vulnérabilités des populations autochtones que celles fuyant le conflit dans le bassin du lac Tchad. Le maraichage assure l'approvisionnement de la commune et ses environs en légumes et autres produits maraichers. Les consommateurs ont directement accès aux produits sur le site ou les marchés.

Plusieurs acteurs ou groupes d'acteurs interviennent dans la filière dont les principaux les exploitants, la mairie, la chefferie traditionnelle, l'Etat, les projets et ONG.

Il ressort des divers entretiens que les modalités de l'accès à la terre sont multiples; on dénombre 5 modes dont entre autre: l'héritage, le prêt, le don, l'achat, et le gage.

Le taux d'accès pour l'héritage représente 72%, contre 20% pour le prêt; mais ce dernier s'effectue avec ou sans l'approbation des membres de l'organisation paysanne qu'est la

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coopérative de Kimé Gana. Ces données peuvent être mises en corrélation avec les résultats obtenus par Abdourahamani (2011), dans le polder de Boultoungour dans la partie nigérienne du bassin du lac Tchad où il précise que le prêt représente 86,84% et à lieu au près des chefs des villages contre 13,15% pour l'héritage.

Par contre Awal (2011), mentionne lors d'une étude dans le département de Madarounfa, qu'à Gabi 18,2% ont acquis leurs terres irriguées par l'achat, alors qu'à Maradi commune il est de 35,7%, à Safo, 20% et 33,3% à Madarounfa.

Les superficies des exploitations sont classées comme suit: Grande exploitation, exploitation moyenne et petite exploitation avec des superficies respectives de 0,75 Ha, 0,25 Ha et 012 Ha, alors qu'à Boultoungour, la taille moyenne de ces parcelles du polder est de 0,7 ha (Abdourahamani, 2011). Ces résultats traduisent la petitesse du périmètre qui est mis en valeur avec une superficie de 11 Ha.

Pour les différents travaux maraichers à savoir la préparation des sols, le sarclage, la récolte, bon nombre d'exploitants sollicitent la main d'oeuvre, car c'est une ressource facile à cause des déplacements massifs des populations fuyant le conflit dans le bassin du Tchad. Ainsi beaucoup de jeunes se retrouvent sans travail préalable.

Le mode de payement de cette main d'oeuvre salariale est de trois sortes à savoir : moyennant une partie de la récolte, par argent cash ou les deux modes (argent et une partie de la récolte), avec des proportions respectives 41,66%, 31,66% et 26,66%. La rémunération moyenne est de 1000 Naira/homme et cela en fonction du type de travail et de la durée.

Depuis l'avènement de cette insécurité qui a occasionnée l'évacuation des villages riverains du lac et leur relocalisation à Kimé Gana qui n'était pas sans conséquence sur le rendement et la production maraichère. Kiari Fougou (2014), souligne que l'irrigation est pratiquée sur les sites maraichers dont le plus important est celui de Kimé Gana avec un rendement assez bon. Certains engrais chimiques et produits phytosanitaires sont interdits de commercialisation depuis 2015, ce qui a pour conséquence un faible rendement et à cela s'ajoute l'utilisation des outils archaïques et l'analphabétisme qui caractérise les exploitants (seulement 18,33% sont instruits).

Le Nigeria qui fournit l'essentiel des produits phytosanitaires et les engrais à travers les marchés frontaliers .Certains utilisent des produits inefficaces qui sont accessibles à moindre coût, mais dont l'utilisation peut entrainer des effets néfastes chez l'homme.

La chambre régionale de l'agriculture de Maradi (2016), confirme la nocivité de certains produits issus du Nigéria voisin en ces terme : « un produit commercial avec comme matière active le DDVP ou Dichlorvos (famille des organophosphorés), produit interdit en Europe

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pour toute utilisation, interdit au Maroc pour le maraîchage, non autorisé dans tous les pays d'Afrique de l'Ouest sauf au Nigeria ».

Les structures étatiques ne garantissent pas les quantités suffisantes à temps opportun et les produits sont souvent inaccessibles aux petits et moyens producteurs.

Bien avant la crise de Boko Haram, une grande partie de la production maraichère est écoulée sur certains marchés de la région et plus loin jusqu'au marchés frontaliers du Nigeria et rarement vers le Tchad.

Actuellement, la production maraichère issue du périmètre irrigué de Kimé Gana est commercialisée sur le marché de N'guigmi et dans certains marchés hebdomadaires des villages environnants. En période d'importante production de la tomate, du chou, du piment, de la pomme de terre et de l'oignon ; les marchés de Kabléwa, Kindjandi et Diffa servent de débouchés pour l'écoulement des produits.

Les producteurs tirent bénéfices de cette activité malgré le maraudage nocturne constate sur le site, vu l'instauration de l'état d'urgence dans lequel végète la région.

Les revenus de producteurs proviennent essentiellement de la culture maraichère. Néanmoins les petits et moyens producteurs exercent d'autres activités génératrices de revenus leur permettant de subvenir à certains besoins immédiats de leur famille. Les activités secondaires exercées sont : la fabrication et la vente du charbon de bois, les petits commerces, l'embouche caprine, la maçonnerie, les petits travaux ménagers.

Le revenu moyen du petit producteur (55%) a un plafond de 100 000 FCFA consacré aux achats des vivres et du matériel agricole. Les producteurs moyens représentent 38.33 % et le sommet de leur gain occasionné est de 300 000 FCFA. Les plus aisés sont les grands producteurs (6,67%) qui s'en sortent avec un revenu plafond de 900 000 FCFA. Ces résultats comparés à ceux obtenus par Abdourahamani (2011) lors d'une étude sur le polder de Boultoungour, montrent une corrélation sur les revenus occasionnés. Cette étude souline que le revenu moyen est de 95 600 FCFA pour les petits producteurs, 351 000 FCFA pour les moyens producteurs et 905 800 FCFA pour les grands producteurs.

Une étude récente réalisée sur le lac Fitri au Tchad, montre les gains financiers occasionnés par les producteurs.

A Ouahigouya, dans le nord du Burkina Faso le maraîchage rapporte en moyenne 75 000 FCFA/an à chaque producteur dans le cadre d'adaptation et perception aux impacts des changements climatiques (Bognini, 2011).

Selon une étude réalisée par Napo (2103), les coûts de production dans la Vallée du Sourou au Burkina Faso en 2008 est 721 000 FCFA / ha.

Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 72

A dire des acteurs la culture de la tomate sur une superficie de 0,5 ha à Maafé (Tchad), peut rapporter jusqu'à environ 400 000 FCFA. Une étude de trois cultures dominantes à savoir la patate douce, la tomate et le gombo sur une période de six mois (octobre-mai) et sur une superficie d'environ 0,5 ha d'un groupement, montre que les exploitants peuvent gagner jusqu'à environ 720 000 FCFA (Kiari Fougou et al, 2018).

Les acteurs intervenant dans la production et la commercialisation des produits maraichers sont : les producteurs, les ouvriers, les commerçants, les collecteurs/revendeurs. Les revenus issus de la production maraichère contribuent significativement à la réduction de la vulnérabilité des populations meurtries par la crise de Boko Haram. La pratique de cette activité permet de réduire considérablement le chômage des jeunes et l'exode rural.

3.17 Valorisation des cultures maraichères et Perspectives d'aménagement du site de Kimé Gana

3.17.1 Valorisation de la culture maraichère

L'organisation de la culture maraichère s'avère un préalable à toute action visant une meilleure valorisation des produits maraichers. Elle passe par une étroite collaboration entre les différents acteurs intervenant dans ce domaine. La culture maraichère répond particulièrement au besoin de diversification et même de valoriser les efforts d'intensification des moyens de production. Elle permet aux producteurs de tirer des importants revenus et apporte des éléments minéraux et vitamines qui font défaut dans le régime alimentaire. Cette activité procure de l'emploi surtout aux jeunes désoeuvrés, qui sont tentés par l'exode rural au péril de leur vie.

Le gouvernement actuel a marqué son intérêt pour le développement de diverses activités agricoles avec la création d'un organe dénommé : 3N(Les Nigériens Nourrissent Nigériens). Ce dernier intervient dans plusieurs domaines agricoles et assiste les coopératives des producteurs. Il doit véritablement appuyer la plate-forme paysanne pour une meilleure réorganisation des coopératives afin de mieux écouler les productions au grand bonheur de toute une chaine d'acteurs, en tirant le plus grand profit possible de la culture maraichère. Au demeurant, tous les acteurs de la filière devraient être intensément mobilisés pour un meilleur développement durable des productions maraichères dans le pays en général et sur le site de Kime Gana en particulier.

Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 73

3.17.2 Perspectives d'aménagement du site de Kimé Gana

Au niveau du périmètre irrigué de Kimé Gana, des projets et ONG interviennent dans le secteur maraicher en vue d'améliorer la production. Cependant l'état en collaboration avec les partenaires travaillent sans relâches avec les producteurs pour le développement de la culture maraichère. Les différents organismes qui ont intervenus sur le site pour sa réhabilitation suite à son occupation momentanée par la population déplacée de certains villages qui ceinturent la partie nigérienne du lac Tchad sont entre autres :

? La mairie de N'guigmi qui réhabilité le forage artésien après le recasement des déplacés vers d'autres campements à hauteur de 650 000FCFA,

? Projet Care : Cet organisme a fourni des semences aux producteurs en février 2018,

? CICR : En novembre 2017 le CICR a octroyé aux producteurs des semences et matériels agricoles (brouettes, tuyaux, pelles, puisettes...),

? ONG VND NOUR : Cette structure locale a réhabilité le forage artésien et les canalisations défectueuses à hauteur de 650 000 FCFA en juillet 2017,

? Croix rouge nigérienne : qui a assuré la formation des producteurs sur la fabrication locale des insecticides, et le secourisme en cas d'accident de travail sur le site.

Ainsi le souci de permettre une meilleure production maraichère sur le site, le Programme de réhabilitation et de renforcement de la résilience des systèmes socio écologiques du bassin du Lac Tchad (PRESIBALT) a prévu d'aménager 23 à 25 hectares pour accroitre la production. Au terme de l'étude, les résultats obtenus nous permettent de formuler les voies prospectives pour une meilleure mise en valeur de la production des cultures maraichères sur le périmètre de Kimé Gana:

1 Réaliser le projet de transfert d'eau depuis l'Oubangui au lac Tchad pour réduire la
sècheresse que vit le lac Tchad en général et la partie nigérienne en particulier ;

2 Etendre et diversifier les cultures irriguées sur le site non mis en valeur ;

3 Assurer la disponibilité des semences et sélectionner les variétés adaptées aux types de

sols ;

4 Réduire les pertes en eau par une meilleure maitrise des besoins en eau de la culture irriguée ;

5 Mettre en place des systèmes d'adduction d'eau à l'aide de l'énergie solaire pour une meilleure irrigation sur le site ;

6 Freiner la dégradation accélérée de la végétation au tour du périmètre en plantant des arbres sur des grands espaces ;

Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 74

7 Construire une route de N'guigmi au site de Kimé Gana pour faciliter le transport ;

8 La réhabilitation de la route principale pour accéder rapidement aux autres régions du pays et aux frontières afin d'écouler les produits sur les marchés hebdomadaires de grande, moyenne et petite importance.

9 Assurer des formations et encadrements des exploitants aux techniques modernes de production, conservation et commercialisation des produits maraichers;

10 Faciliter l'accès à tous les exploitants aux matériels et intrants agricoles;

11 Favoriser la production du compost à partir des résidus organiques et de la matière minérale.

12 Sensibiliser d'avantage la population sur le phénomène de la destruction des arbres pour un développement durable et une meilleure gestion de l'environnement.

13 La mise en place d'un système d'enregistrement fiable des exportations et des importations, au niveau des frontières, afin de pouvoir suivre l'évolution des flux.

14 La mise en place ou l'amélioration du système d'information sur les marchés, avec une collecte sur les quantités et les prix, assurée par une entité de la fonction publique.

Conclusion partielle

Ce chapitre traite des différents outils et les techniques de production des cultures maraichères sur le site. Ainsi de la préparation des terrains à la récolte des spéculations, les moyens et petits producteurs utilisent majoritairement la force de leur bras, tandis que les grands producteurs emploient la main d'oeuvre.

A ce jour la commercialisation des produits maraichers se fait suivant un circuit court qui permet aux producteurs de tirer directement des profits et un circuit long qui intègre plusieurs acteurs à différents niveaux.

Les revenus de la production varient en fonction de producteurs et les prix des spéculations changent aussi en fonction des périodes.

Les moyens de transport qui sont les plus utilisés sont principalement les véhicules et le mode de transport traditionnel (à pieds et à dos d'ânes).

Le séjour des populations déplacées sur le site maraicher de Kimé Gana a engendré des dégâts importants tant sur l'environnement que sur les installations des équipements du périmètre. Le site de Kimé Gana fait face à plusieurs contraintes, auxquelles il faut y remédier.

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CONCLUSION GENERALE

L'étude des systèmes d'exploitation du maraichage de Kimé Gana, note une implication des

femmes dans toutes les activités agricoles. Les cultures maraichères contribuent
véritablement à la réduction des vulnérabilités des populations et à l'amélioration de leur régime alimentaire. Les revenus occasionnés permettent de subvenir à certains besoins des ménages. Ces différents travaux maraichers permettent la réduction de chômage et l'exode rural des jeunes vers d'autres contrées, surtout en cette période d'instabilité sécuritaire dans toute la région du bassin du lac Tchad.

La cuvette nord est un milieu qui offre des conditions favorables pour le développement de la culture maraichère. Cette activité constitue une source indispensable de revenus pour tous les acteurs qui interviennent directement ou indirectement dans la filière.

La crise actuelle dans le bassin du lac Tchad a conduit à la déstabilisation de toutes les activités socio-économiques et a provoqué un déplacement massif des populations vers d'autres horizons. L'installation momentanée de la population des villages riverains du lac Tchad sur le périmètre de Kimé Gana a occasionné des impacts notoires sur plusieurs composantes environnementales et sociales.

La coopérative maraichère de Kimé Gana par l'intermédiaire de sa Présidente, assure la gestion et le droit d'accès à la terre. Les autorités coutumières et l'état n'interviennent qu'en cas de conflit. Cette étude révèle un accès facile à la terre de culture. Les modes d'accès sont : l'héritage/propriété, le don, le gage, le prêt, l'achat.

Les systèmes de cultures sont alimentés par un forage artésien pouvant débiter 35m3/h ; les canaux d'irrigation sont délabrés et ne couvrent pas la totalité du site mis en valeur.

Les systèmes d'exploitation sont caractérisés par des associations de cultures et des monocultures. Le système d'exploitation de culture de Kimé Gana dépend essentiellement du forage artésien et du système irrigation.

Sur le périmètre mis en valeur les femmes constituent la grande majorité d'exploitants et ne se distinguent pas des hommes lors des travaux. Les spéculations les plus cultivées sont : le la

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pomme de terre, la tomate, l'oignon, le piment, le chou, la carotte, le gombo, la salade, le manioc, la courge, le blé, l'ail...etc.

Les sols de la cuvette nord sont généralement fertiles; ce qui permet une diversification des cultures et un bon rendement de la production.

L'état et ses partenaires au développement apportent des aides considérables aux maraichers en organisant des campagnes de formation et d'information sur les techniques modernes de gestion de la filière maraichère. Ces cultures contribuent fortement à la réduction du taux de chômage, à la sécurité alimentaire et à l'amélioration des conditions de vie des populations meurtries par la crise de Boko Haram.

Les revenus de la production permettent aux exploitants de satisfaire les besoins familiaux, l'achat des vivres, l'achat des petits ruminants pour l'embouche, l'acquisition du matériel et intrants agricoles. D'autres acteurs (collecteurs, revendeurs, détaillants, ouvriers, transporteurs) tirent aussi profits de cette activité.

La filière maraichère fait la fierté de toute une gamme d'acteurs et contribue à la réduction de la vulnérabilité des populations, au chômage et à la migration des jeunes à la recherche d'un avenir incertain.

Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page a

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géographie, Université Abdou Moumouni de Niamey.
http://www.memoireonline.com/10/12/6162 consulté le 01 Décembre 2018.

ANNEXES

I Questionnaire adressé aux exploitants du site pour les données qualitatives Identification de l'enquêté

Région de .

Département de

Commune rurale de .

1 Nom et Prénom de l'enquêté,

2 Age . Date de l'enquête .

3 Nom du site fondateur du site

4 Niveau d'instruction de l'enquêté

Ecole coranique Non instruit

Primaire

Secondaire

Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page d

Supérieur

5 Nationalité de l'enquêté

Nigérienne

Nigériane

Autre

Tchadienne

6 Nombre de personnes à charge

1 à 3 Personnes

6 à 9 Personnes

3 à 6 Personnes

10 Personnes et Plus

7 Ethnie de l'enquêté

Kanouri

 

Hausa

 

Boudouma

 

Peulh

 

Toubou

 

Autres

 

Le régime foncier du Site

8 Quand est-ce que ce site a été fondé ?

9 Qui sont les premiers habitants du site ?

10 Y a-t-il d'autres groupes qui sont venus après ?

Si oui lesquels ? si non pourquoi ?

11 Quelles étaient les activités principales des occupants ?

Agriculture /- ----/ Elevage/ / Pêche/ /

12 Y a-t-il un responsable de terre dans votre site ?

Si oui qui est-il ? .

Si non pourquoi ? ...

13 Comment parvient-on à ce poste ?

14 Est-ce que tout le monde peut accéder à la terre ? Si non qui peut accéder à la terre ?

15 Pourquoi cette distinction

16 Modes d'acquisition de la parcelle sur le site

Achat

 

Location

 

Don

 

Gage

 

Héritage

 

Prêt

 

17 Qui accordent le droit d'exploitation ?

Les autorités communales (maire)

Les autorités coutumières

Coopératives villageoises

ONG et Projets

Autres

18 Existe-t-il des associations, ONG ou projets qui interviennent dans la gestion des terres sur le site ?

Si oui lesquels .

Si non pourquoi

19 Avez- vous une fois été exproprié de votre parcelle ?

Si oui lesquels .

Si non pourquoi

20 Y a-t-il des secteurs qui sont régulièrement inondés ?

Si oui lesquels .

Comment y accéder

21 Quelle est la durée de prêt 1 à 2 ans /----/3 à 4 ans/---/5à 9 ans/----/ +10 ans/----/

Typologie des exploitations

22 Taille des exploitations

Petite exploitation

Moyenne exploitation

Grande exploitation

23 Nombre d'exploitations : une/----/ deux /----/trois /----/ quatre /----/ plus de quatre/----/

24 vous prêtez Avez-vous d'autres exploitations que à d'autres exploitants ? Combien : une/----/ deux /----/trois /----/ quatre /----/ plus de quatre/----/

25 La culture de décrue est-elle votre activité principale/ / activité secondaire/ /

Si non quelle est l'activité(s) principale (s)

activité(s) secondaire(s)

Pratiques culturales

25 Quelles sont les semences utilisées : locales/----/ importées/----/

26 Quelles sont les différentes spéculations produites avant et actuellement ?

Mais

Tabac

Manioc

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Niébé

 

Sorgho

 

Melon

 

Poivron

 

Courge

 

Oignon

 

Pastèque

 

Gombo

 

Patate Douce

 

Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page f

Autres (A

préciser)

Financier

27 Les revenus issus de la production vous suffisent t'ils à subvenir à vos besoins ?

1 .Oui 2. Non

28 Sinon comment arrivez à vous en sortir ?

29 Quelle est la production par : 1. Mois ? 2. Par campagne ?

30 Combien de campagnes faites-vous par an ?

31 Quelles sont vos autres sources de revenus ?

32 Avez-vous des difficultés à écouler vous produits ? 1. Oui 2.Non

33 Si oui, qu'est ce qui l'explique ?

34 Tirez-vous des bénéfices de votre activité agricole ? 1. Oui 2. Non

35 Les prix auxquelles vous vendez vos produits vous conviennent ils ? 1. Oui 2. Non

36 Si non pourquoi ?

II Questionnaire adressé aux exploitants du site pour les données quantitatives Humain

1 Quelle est la main d'oeuvre dont vous disposez ? 1. Familiale 2.Contrat 3. Entraide

2 Autres, précisez :
Infrastructures

3 Quels sont les équipements dont vous disposez ? 1. Motopompes 2. Mobylettes

4 Charrettes 4. Autres :

5 Quelles sont les infrastructures de base dont vous disposez ? 1. Centre de santé

2 Marché 3.Ecole 4. Forages 5. Electricité 6. Banque 7. Autres

6 Préciser :

7 Disposez-vous suffisamment de magasins pour stocker vos produits agricoles ? 1. Oui 2.Non

8 Si non comment faites-vous pour stocker vos produits ?

9 Maîtrisez-vous toutes les spéculations que vous pratiquez ? 1. Oui 2. Non

10 Si non, lesquelles ne maîtrisez-vous pas ?

11 Disposez-vous d'une banque céréalière ? 1. Oui 2. Non

12 Avez-vous accès aux intrants agricoles ? 1. Oui 2- Non

13 Si non pourquoi ?
Social

14 Quelles sont les difficultés rencontrées ?

15 Avez-vous déjà été victime d'une inondation ? 1. Oui 2.Non

16 Si Oui quels sont les dégâts que vous avez subit ? 1. Perte de récolte 2.Perte d'habitat 3. Autres

:

17 Pour faire face aux effets néfastes du changement climatique recevez-vous de l'aide auprès :

1. De l'Etat

2. Des ONG

3. Des projets

4. Autres :

5. Non pas du tout

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18 Nature de l'aide du Gouvernement :

1. Argent

2. Vivres gratuits

3. Subventions de vivres

4. Distributions d'engrais

5. Subventions d'engrais

6. Autres

19 Nature de l'aide des ONG :

1. Argent

2. Vivres gratuits

3. Subventions de vivres

4. Distributions d'engrais

5. Subventions d'engrais

6. Autres :

20 Nature de l'aide des projets :

1. Argent

2. Vivres gratuits

3. Subventions de vivres

4. Distributions d'engrais

5. Subventions d'engrais

6. Autres :

21 Y'a-t-il des jeunes déscolarisés dans votre famille ? 1. Oui 2. Non

22 Si oui combien ?

23 S'intéressent t-ils aux activités agricoles ? 1. Oui 2. Non

24 Sur quels marchés écoulez-vous vos produits ?

1. Marché local

2. Marché urbain

3. Marché extérieur

25 Les prix auxquelles vous vendez vos produits vous conviennent ils ? 1. Oui 2. Non

26 Si non pourquoi ?

27 L'avènement de Boko Haram a-t-il des effets sur votre activité ? 1. Oui 2.Non

28 La production au niveau du site a-t-elle diminué ou augmenté ?1.Oui 2.Non

29 Selon vous quel est l'impact de l'occupation d'une partie du site par les déplacés ?

1. Découpage des arbres

2. Destruction des parcelles de culture

3. Occupation anarchique

4. Autres à préciser

30 Avez-vous été exproprié de vos parcelles suite à cette occupation ? Oui ou Non

31 Quels sont les problèmes récurrents auxquels vous êtes confrontés ?

1. Accès à la terre

2. Transport

3. Ecoulement

4. Accès aux matériels et intrants agricoles

5. Menaces de tout genre

6. Autres à Préciser

Commercialisation et Circuit commercial

32 .Identifications des spéculations commerciale

33 Y a-t-il des problèmes de conservation ?

Si oui lesquels

34 Quelles sont les solutions apportées

35 Qui achètent vos produits ?

36 Où vendez- vous ?

Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page h

37 Comment vendez-vous ?

38 Quels moyens utilisez-vous pour le transport des marchandises ?

Véhicules/----/ charrettes /----/ à pied /----/

34 Quelles sont les difficultés liées à la commercialisation de vos produits ? Mévente /---/aucune/--

Guide d'entretien adressé aux autorités administratives, coutumières et les grands exploitants

1 historique du village

2 historiques du site

3 existe-t-il des dispositions réglementaires en vigueur dans la gestion du site ?

4 quel est le mode d'acquisition des parcelles dans le site ?

5 comment se fait la préparation de l'exploitation ?

6 quels sont les changements intervenus dans le site ? Pourquoi ?

7 comment est la disposition des cultures dans le site ?

8 pourquoi cette disposition ?

9 quels sont les problèmes que vous rencontrez ?

10 quels sont les conflits les plus récurrents ?

11 quelles sont les sources de ces conflits ?

12 qui règlent ces conflits ?

13 les productions au niveau du site augmentent ou diminuent à la fin de chaque saison ?

14 quelles sont les actions entreprises pour protéger ces sols et améliorer leur qualité ?

15 quelles sont les attaques parasitaires dans ce site ?

16 utilisez-vous des intrants dans vos exploitations ?

17 lesquels et leur provenances ?

18 transformez-vous les produits avant de les conserver ?

19 existe-t-il des structures d'encadrement et que font-elles ?

20 décrivez avec plus de précision le circuit de commercialisation de produits de votre site au client le plus lointain possible.

21 existe-t-il des espèces animales ou végétales qui ont disparus ?

22 discussions sur l'apport social et économique du site

23 quelle est la part de ces cultures de décrue dans la commune ?

24 quels sont les atouts de ce site ?

25 quels sont les contraintes majeures que vous avez relevées ?

26 que pensez-vous de l'avenir de ce site ?

Constat visuel

1 établir une coupe (transect) de culture du site

2 les différentes cultures et leurs emplacements dans le site

3 les dispositions des cultures au sein des parcelles

4 relevez les principales cultures du point de vue superficies des planches

5 les clôtures des parcelles partielles ou totales

6 les types de points d'eau utilisés

7 indiquez les associations de cultures observées et leur organisation

8 déterminez les contraintes et les atouts

9 dégagez les tendances observées






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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon