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La valorisation du patrimoine culinaire à  roubaix


par Eloïse Thébaud
Université Lille 2 - Master Relations Interculturelles et Coopération Internationale 2020
  

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Annexe 1 : Copie d'écran de la barre de recherche « Roubaix, ville ... »

62

Annexe 2 : Recensement des épiceries, supermarchés et restaurants roubaisiens, Document non publié, 2020. Réalisé par Elodie REQUILLART et Eloïse THEBAUD.

63

Annexe 3 : Organigramme de la Ville de Roubaix mis à jour en septembre 2020

64

Annexe 4 : La population immigrée à Roubaix, 2016

http://www.linternaute.com/ville/roubaix/ville-59512/demographie

65

Annexe 5 : Répartition des immigrés à Roubaix

http://www.linternaute.com/ville/roubaix/ville-59512/demographie

X

Hommes

Femmes

Ensemble

- de 15 ans

779

707

1486

15 à 24 ans

995

1095

2090

25 à 54 ans

5324

5562

10886

Plus de 54 ans

3464

3299

6763

Ensemble

10562

10663

21225

Statistiques issues du graphique :

10562/21225*100 = 49.7% d'hommes parmi les immigrés 10663/21225*100 = 50,3% de femmes parmi les immigrés Annexe 6 : Les stratégies d'acculturation de Sam et Berry

66

Annexe 7 : Programme de l'exposition Bleu de Travail au Non-Lieu, à Roubaix

67

Annexe 8 : Entretien avec Beatriz de Sousa Figueiredo

Béatriz est une amie que je connais depuis 3 ans maintenant. Je connaissais un peu son

histoire familiale, ce qui m'a donné envie de l'interroger pour mieux comprendre ses ressentis

sur la question de la migration, de la transmission des savoirs. Beatriz est Portugaise, elle y

est née et n'a pas l'identité française sur ses papiers. Pour autant, elle a grandi en France,

considère être française car elle vit dans ce pays depuis 24 ans et en a appris la culture et le

mode de vie. Ce qui va suivre est donc la transcription donc notre conversation autour de son

histoire.

E : J'ai écrit des questions, à la fois sur qui tu es pour situer les données « pratiques »

quelques questions sur tes parents puis, globalement, sur vos habitudes, les trucs de bouffe

etc... Ok ?

B : Ok!

E : Je te connais donc c'est différent mais on va les poser quand même. Alors pour

commencer redonne moi ton nom complet... Du coup, j'écris ton nom en portugais ?!

B : Ouais ! Maria Beatriz De Sousa Figueiredo.

E : Age, bon je vais mettre ta date de naissance

B : 15 septembre 1995

E: Alors, activité ou profession, du coup vu que tu viens d'avoir la thèse t'es en contrat

doctoral c'est bien ça ?

B : Ouais, contrat doctoral.

E : Ton lieu de naissance et de résidence ?

B : Viseu

E : Tu es née à Viseu ?? Donc Portugal, et tu vis à Lille depuis ...

B : Depuis janvier 2019.

E : Donc tu es née à l'étranger, et du coup tu es arrivée en quelle année en France ?

B : 1996

E : Et tu es arrivée direct dans le sud ouest, à Viella ?

B : Oui, Viella, dans le Gers.

E : Et tes parents, ils sont nés où ?

B : Alors, mon père il est né à Viseu. Il s'appelle Julio, il est né le 02 février 1949

E : Et pour ta mère ?

B : Maria Eunice, née à Rio de Janeiro le 5 novembre 1964

E : Et donc ils sont arrivés quand en France tes parents ?

B : En 1996, on est arrivés tous ensemble.

E : Et ta mère a fait une double migration, elle est arrivée quand au Portugal ?

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B : Elle est partie du Brésil pour venir au Portugal en 1994, pour rejoindre mon père.

E : Et ils font quoi comme activité tes parents ?

B : Mon père il est toujours ouvrier agricole, ma mère maintenant elle est handicapée donc

sans profession mais avant elle était ouvrière agricole, elle a aussi été assistante familiale

pendant un temps...

E : On va parler maintenant de comment ça fonctionnait chez vous. Par exemple, qu'est-ce

que tu mangeais au petit déjeuner quand tu étais petite ?

B : Franchement au petit déjeuner on mangeait des gâteaux avec ma soeur, des croissants et

des chocolatines. On mangeait plutôt Français. Ben après en fait c'était français en France et

portugais au Portugal.

E : Est-ce que toi tu pouvais voir une distinction entre la nourriture que tu allais manger à la

maison et ce que tu mangeais à l'extérieur ?

B : Oui oui oui, clairement.

E : Et tu dirais que certains repas étaient typiques ou non ?

B : Ben disons que le petit déjeuner donc on le prenait français, après le déjeuner et dîner

quand on était à la maison oui c'était cuisine portugaise, par contre le goûter à la française.

E : Pourquoi tu dis que c'était plus portugais ? Les ingrédients ? Des plats qui n'existent pas

chez nous ?

B : ah bah clairement c'était de la morue et des patates (rigole).

E : D'accord ( en rigolant)... Pour toi c'était préparé façon portugais ou c'était juste des

ingrédients de là-bas ?

B : Non non ma mère préparait à la portugais, avec l'huile, les sauces...

E : Et est-ce que dans la cuisine vous aviez ramené du Portugal des ustensiles spécifiques ?

B : Des plats en terre cuite, on les ramenait tous du Portugal.

E : Et donc après quand tu sortais à l'extérieur tu consommais de la cuisine française ? Et

quand vous alliez au restau ?

B : On n'allait pas au restau, en France on allait jamais au restau.

E : Par contre au Portugal oui ?

B : Ouais, pour manger de la bonne cuisine portugaise.

E : Et sur tes goûts, est-ce que tu as un plat préféré ou est-ce que tu aimes des choses vraiment

différentes dans les deux cuisines ?

B : Je distingue les deux, en France je peux raffoler du Bourguignon et au Portugal c'est

cozida portugesa.

E : Y'a vraiment des trucs que tu trouves pas en France ?

B : Bah je trouve toujours dans les magasins portugais mais ouai sinon c'est galère.

E : Bon en l'occurrence on est allées à Nosso l'autre jour, mais y'a d'autres magasins spécialisés dans la région lilloise ? T'arrives à trouver ton bonheur ?

B : Y'a Carlier aussi qui a des produits portugais. Mais Nosso c'est plus vraiment supermarché tout portugais alors que Carlier c'est la petite épicerie, y'a aussi des trucs espagnols, italiens... E : Et tu y vas régulièrement dans ces magasins ?

B : Ouais, ça dépend... En fait c'est plus quand le Portugal me manque, mais vraiment. E : Au quotidien, tu consommes portugais ?

B : Non c'est justement par phase, mais au final ça reste anecdotique. Là je viens de rentrer du Portugal donc je vais pas y aller avant un moment...

E : Ok, et quand on te parle de cuisine française ou portugaise, tu l'associes à deux choses différentes ou bien toi dans ta vie tu mélanges tu manges les deux...

B : Pour moi le contexte fait tout. Après ça se ressemble puisque les ingrédients sont quasiment les mêmes. Mais le contexte change tout. Quand c'est portugais, c'est plus convivial, tu vas faire en grande quantité, etc...

E : Sur la convivialité, est-ce quand dans la vie à Lille tu es en relation avec des gens portugais ou brésiliens avec qui tu vas pouvoir partager ça ? Je pense au groupe de brésiliens que tu as connu au labo, est-ce que la nourriture a une place importante dans votre groupe ? B : Ah bah clairement ! Le premier truc qui a fait qu'on est devenus potes, c'est la langue. Ils parlent brésilien, je parle portugais, c'était cool. Mais oui tu vois je suis allée à son pot de départ l'autre fois, ben y'avait que de la bouffe brésilienne !

E : Donc tu dirais que dès qu'il y a une occasion de se retrouver, la cuisine est présente ? B : Mais c'est aussi tu vois finalement c'est peut être bête à dire mais je vais pas du tout faire de cuisine portugaise quand je suis que entourée de français. Alors que j'ai les compétences, juste je le fais pas. Et tu vois quand j'étais encore à la coloc de Fives je cuisinais pas du tout portugais, et puis sur la fin comme ça me manquait j'ai commencé à ramener des produits et à faire des plats de là-bas et tout.

E : Et comment tu l'expliques?

B : Je pense que spontanément, tu te brides, tu fais des trucs qui ressemblent aux autres. Enfin peut être plus dans le sens ou perso les idées de trucs à préparer me viennent aussi de ce que je vois autour de moi donc forcément quand je vis avec 5 français qui font que de la cuisine française, ben je vais moins être inspirée à cuisiner portugais. Et pareil tu vois c'est ça pour tout genre par exemple toi t'es végétarienne, et ben les phases où on mange ensemble tout le temps après à la maison je vais avoir plus tendance à cuisiner végé.

E : Les influences des autres jouent beaucoup du coup ?

B : Oui, et d'ailleurs quand je traîne beaucoup avec des portugais en France je cuisine tout

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portugais.

E : Et je pense à un truc, typiquement quand t'es allée faire ton stage à Porto y'a deux ans, t'étais au Portugal tout ça, tu mangeais quoi ?

B : Je mangeais tout portugais, j'ai jamais fait un seul plat français. Le seul truc qui me manquait c'était les gnocchis mais c'est même pas français (rigole).

E : Et tu cherchais pas à consommer des viennoiseries ou quoi ?

B : Non, mais ça me manquait. Mais comme je savais que c'était temporaire, je ne cherchais pas particulièrement à compenser.

E : Est-ce que tu considères que le Portugal a sa propre gastronomie ou ça c'est vraiment réservé à la France ?

B : Nan pour le Portugal je parle de cuisine, le côté convivial fait que ça n'est pas très élaboré mais très bon. Ici en France on fait plus mijoter, c'est plus sophistiqué quoi.

E : Et depuis que tu vis seule, est-ce que toi personnellement tu vas aller au restau pour consommer des plats portugais ?

B : Oui mais à Lille y'en a pas... Mais quand on se retrouve avec ma soeur bah tu vois la dernière fois on a mangé brésilien quoi, et quand je vais là-bas ( en région parisienne), on va bouffer portugais.

E : Ok... Pour en revenir à toi qui cuisine, comment est-ce que tu as appris ? Tu considères que tu sais préparer mais qui t'as appris ?

B : Euh... Bah déjà je pense que je suis encore débutante sur la cuisine portugaise, mais c'est vraiment par mes parents à la maison que j'ai appris. Là par exemple justement en y allant au Portugal je me suis dit pourquoi je fais pas plus de portugais, j'ai envie d'apprendre vraiment. E : Et pour le faire, tu comptes t'y prendre comment ? Grâce à ta famille ?

B : Non je pensais... Enfin si en vrai des fois je demande à ma mère pour faire les acras de morue etc je lui demande conseils. Mais sinon oui pour faire des trucs portugais je vais choper des livres de cuisine.

E : Et ton père, il ne cuisine pas du tout ?

B : Oh, non.

E : Mais attend je viens de penser que chez toi il y a donc une double migration de ta mère puisqu'elle est brésilienne, mais tu dis qu'elle fait de la cuisine portugaise?

B : Portugaise oui.

E : Parce que en « bonne épouse » on lui a appris à cuisiner portugais pour son mari tu crois ? B : Oh c'est vrai que j'avais jamais pensé à ça...Mais oui sûrement. C'est ouf hein ! (rigole). Après de temps à autre elle peut cuisiner brésilien quand même.

E : Après, elle a vécu un certain temps au Portugal non ? Je veux dire ça peut être cohérent si

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elle a vécu là bas qu'elle ait adopté cette cuisine.

B : Bah que quelques années hein, trois ans en vrai c'est pas beaucoup. Il faudrait que je lui

demande...

E : Est-ce que toi ça t'intéresserait si des événements culturels autour de la cuisine portugaise

existaient ? Ca te plairait d'y aller ?

B : Moi je pense ça me plairait vraiment, ça me permettrait d'apprendre des choses sur le

Portugal parce que ben...comme j'y ai pas vécu y'a pleins de choses que je connais pas.

E : Tu penses que tu cuisinerais plus portugais et que tu partagerais plus ça s' il y a avait plus

d'événements autour de cette cuisine? Si c'était plus valorisé par des ateliers, des expos etc...

B : Je pense que oui. Parce que ça serait ancré que la cuisine portugais existe et donc ça

donnerait de l'inspiration. C'est comme cette année quand on mangeait beaucoup de sushis, on

s'est intéressées à la cuisine asiatique bah j'ai plus tendance à en faire chez moi. Donc au-delà

de mon lien avec le Portugal je pense que oui dans tous les cas ça jouerait.

E : Chez toi, est-ce que il y a des plats d'origine brésilienne ou portugaise que ta mère fait

avec des ingrédients français ?

B : Non je pense pas, même les épices et condiments en fait comme le Portugal est proche

genre géographiquement ben on fait des stocks. Du coup ils ont tout ce qu'il faut. Après ça je

pense aussi qu'ils le font parce que comme ils vivent à Viella c'est tout petit y'a pas de

magasins où ils peuvent acheter portugais.

En vrai regarde même moi là je me suis fait un stock de vin portugais, j'en ramène à ma soeur,

on ramène toujours les produits qu'on veut pour l'année.

E : Monique (soeur de Beatriz) et toi, vous avez la même relation à la cuisine portugaise ?

B : Pas du tout.

E : Tu saurais me dire pourquoi ?

B : On n'est pas attachées au pays de la même façon. Elle, elle va très peu faire de morue. Ça

lui ferait même pas tant plaisir d'aller manger dans un resto portugais. Par contre brésilien ça

lui fera plus plaisir.

E : Juste pour repréciser, ta soeur Monique est née au Brésil ?

B : Oui, elle y a vécu 10 ans (rigole).

E : Elle est née en 1985 ?

B : Oui, elle est née à Rio le 15 mars 1985.

E : Et elle n'a pas de même nom non plus c'est ça ?

B : Non, elle elle s'appelle Monique Marques de Sousa.

E : Et donc elle a un plus fort attachement au Brésil ?

B : Oui, elle aura plus tendance à faire des trucs brésiliens.

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E : Et maintenant qu'elle a un enfant ( Yaël, née en décembre 2018), est-ce qu'avec Yaël il y a un désir de transmission ?

B : Alors oui elle lui parle en portugais, après pour la cuisine Yaël est un peu jeune elle a un an et demi, donc pour l'instant c'est pas le cas mais il y a une intention oui.

E : Toi, tu penses quoi de cette transmission ?

B : Pour moi clairement ça fait partie de l'identité. De mon côté je l'associe au style de vie donc indissociable. Et puis la cuisine ça nous fait penser à notre enfance. On a des forts souvenirs autour de ça.

E : Mais du coup tu dis que Monique est plus attachée à la cuisine brésilienne donc tous ces souvenirs sont liés au Brésil, mais pour autant elle en consomme peu.

B : Mais c'est biaisé parce que Monique elle est avec Vincent (son mari).

E : Et Vincent il est « franco-français » ?

B : Ben oui, vraiment toute sa famille est française. Du coup euh... Je pense tu vois je serais avec quelqu'un qui est d'origine étrangère, genre ta volonté de faire de la cuisine portugaise elle est....voilà

E : Je ne sais pas ce que tu veux dire, quand tu étais avec Norbert ( une ancienne relation, il est d'origine camerounaise) tu cuisinais plus portugais ?

B : Bah c'est que je sais que lui aussi il faisait des trucs de son pays.

E : Et du coup pour toi comme Monique est avec Vincent qui est français et qui cuisine français, elle ne va pas partager ça. Mais c'est marrant parce que justement vu que Vincent mange seulement français, on pourrait penser qu'il y aurait un certain plaisir à diversifier la cuisine à la maison, non ?

B : Bah pour moi c'est pas la question de diversifier, c'est juste que tu partages et l'autre il partage aussi alors que là tu as pas ce partage réciproque.

E : Ok je comprends c'est intéressant ça.

B : Je pense que le lieu change beaucoup. Tu vois pendant le confinement où j'étais à la coloc avec Adèle, c'est elle qui m'a demandé de préparer brésilien car elle s'est rendue compte que je faisais jamais rien de portugais ou quoi. Mais parce que j'ai pas la même envie quoi, alors que pourtant quand je le fais ça me fait plaisir.

E : Et donc dans tes relations passées c'est quelque chose de systématique ?

B : Oui, assez !

E : Après bon j'ai fini avec les questions là dans l'immédiat y'a rien d'autre qui me vient à l'esprit, mais l'autre jour je lisais que l'UNESCO classait le patrimoine immatériel etc... Et du coup je me disais est-ce que tu penses que la cuisine portugaise pourrait être classée ? Est-ce que ça aurait un intérêt ? Evidemment c'est subjectif hein...

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B : Moi je pense que les traditions culinaires sont extrêmement importantes, que tout le

monde bouffe pas des burger...

E : Oui mais si on réfléchit, regarde la dernière fois qu'on a mangé burger ensemble on a pris

des burgers aux produits français donc c'est une hybridation...

B : Oui, mais du coup ça ne fait pas partie des traditions culinaires françaises ni de la

gastronomie. On a juste revisité un plat étranger.

E : Oui, t'as raison ! Bon ben merci Béa d'avoir répondu à mes questions en tout cas c'est cool

!

B : Bah j'suis contente, mais après fais gaffe tu vas en savoir trop sur moi (rigole).

Le lendemain de notre entretien à la relecture, je trouve qu'il manque des éléments. En plus,

je reçois un appel de Beatriz qui me dit qu'après avoir rediscuté avec sa soeur, elle a repensé

à de nouvelles choses. Nous décidons donc rapidement de compléter notre première

conversation.

E : Pour être sûre, avec tes parents tu parles en quelle langue ?

B : Euh alors eux me parlent en portugais, mais moi je leur réponds en français.

E : Et avec ta soeur ?

B : Avec elle je parle en français.

E : Et même quand vous êtes au Portugal ?

B : Oui, même là-bas. Après là tu vois j'y suis restée un mois et demi cet été, clairement au

bout de trois semaines je leur réponds en portugais.

E : Ok ça marche. Et donc pour en revenir à la cuisine, du coup ta mère t'explique les recettes

en portugais ?

B : Oui c'est ça.

E : Mais toi dans ta tête, tu les assimiles en quelle langue ?

B : En français ! Je pense en français même quand je cuisine portugais.

E : Est-ce que tu étais volontaire pour apprendre à cuisiner ?

B : Ma mère faisait toujours à manger, elle nous apprenait pas spécialement, mais maintenant

j'ai plus personne qui va le faire pour moi donc j'ai envie d'apprendre (rigole).

E : Mais ça veut dire que quand tu étais adolescente, t'étais jamais sollicitée pour faire les

tâches de pelage, découpage etc... ?

B : Ah si si bien sûr, mais jamais une recette entière, non.

E : Et tu le prenais comment ?

B : Alors là clairement ça me faisait chier, parce que j'étais ado et que je voyais pas l'intérêt,

comme pour le jardin. Alors que maintenant j'adore.

E : Et concernant le Brésil, du coup t'as appris aucune recette ?

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B : Bah si tu vois la feijoada que je prépare pour ce soir c'est brésilien. C'est ma mère qui nous a appris mais ma soeur l'a francisée.

E : Elle a fait quoi ?

B : Elle met pas les mêmes pièces de viande. Ma mère elle met du pied de porc, des oreilles de porc, ça me dégoûte ! Monique elle met de la saucisse de Morteau, des pièces qu'on trouve meilleures quoi.

E : Et je repensais à l'école, est-ce que pour toi ça a été un lieu d'apprentissage ?

B : Ouai, carrément. Bah par exemple au Brésil on mange l'avocat sucré. Du coup la première fois où je suis arrivée à la cantine et j'ai vu de l'avocat avec de la sauce j'étais là genre « vraiment, vous avez pas compris que c'est un fruit ? » (rigole). Du coup oui j'ai beaucoup appris à l'école. Par exemple ma mère elle a très rarement fait du bourguignon, et la blanquette alors là jamais. Du coup c'est des plats que j'ai mangé à l'école quoi.

E : Ok je comprends. Une dernière question, est-ce que dans la transmission des plats, est-ce que le fait que tu sois une fille tu dirais que ça a changé quelque chose (s'occuper du mari ?)

B : Oui, si il y a cette idée même sur le ménage etc... mais comme on a grandi en France ça a vraiment fait la différence, même par exemple au Portugal nos cousines ne boivent jamais de vin alors que nous oui... Du coup nous on est plus indépendantes et on s'en fiche un peu plus. Nos parents ils ont beaucoup évolué sur ça, ma soeur elle n'avait pas le droit de boire etc car c'est une fille alors que moi mon père m'a appris, je le conseille sur des vins etc... Aujourd'hui moi j'ai envie d'apprendre la cuisine juste parce que voilà j'adore partager la culture, c'est vraiment agréable.

E : Ok super ben écoute merci d'avoir partagé tout ça avec moi et puis bah écoute je te tiens au courant de l'avancée de mon mémoire, et je t'envoie l'entretien transcrit quand c'est prêt !

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Annexe 9 : Entretien avec Laurène Boulaud

Laurène est une jeune femme que j'ai rencontrée dans le cadre professionnel. Son histoire m'a intéressée car elle est différente de celle des personnes que j'avais pu interroger jusque là. Nous avons donc pris le temps de discuter, pour que je puisse retracer son parcours personnel et familial en lien avec la cuisine. Voici la retranscription de nos échanges :

E : Au début, ce sont des questions sur toi, ton âge etc pour que je puisse resituer et après on

passer à des questions plus personnelles sur toi comment tu cuisines, ta relation à ta famille

etc.

L : D'accord super

E : Alors pour commencer est-ce que tu peux me redonner ton nom complet parce que c'est

vrai que je ne le connais pas.

L : Oui donc c'est Laurène Boulaud, aud à la fin !

E : Et tu as quel âge ?

L : 22, je suis de 1998

E : Et tu es née où ?

L : A Pau, dans le 64 ! Pyrénées Atlantiques.

E : Ok, et donc en ce moment tu fais quoi comme activité ?

L : Je fais mon service civique, mais avant j'ai fait des études. J'ai commencé par quelques

mois de prépa éco et puis une année de LEA, et après au final deux ans de Sciences Politiques

mais j'ai arrêté en cours de route, ça ne me plaisait plus.

E : D'accord je comprends. Et dans ta famille tes parents ils sont nés en France ?

L : Oui, ma mère est née à Courcelles-lès-Lens et mon père il est né, je suis incertaine

(rigole), mais je dirais Montluçon.

E : Donc on est d'accord dans ton cas c'est tes grands parents qui sont arrivés en France.

L : Oui c'est ça c'est mes grands parents qui sont venus s'installer en France. J'ai pas l'année

exacte mais c'était pendant la guerre, je sais qu'ils sont arrivés entre 1958 et 1962. Ils avaient

déjà eu des enfants en Algérie et ils sont arrivés en France et ils ont continué à avoir des

enfants. Donc oui du côté de mon père la famille vient de France et du côté de ma mère ils

sont Algériens mais elle, elle a grandi en France.

E : Et ils font quoi comme activité tes parents ?

L : Mon père il est retraité depuis cette année, il était électricien toute sa carrière. Ma mère

travaille à Total, pendant des années elle était au service achat et maintenant elle est au

service documentaire. Elle s'est réorientée car elle a fait un burn out mais elle est restée là

bas.

E : Pour terminer sur les questions familiales, est-ce que tu as des frères et soeurs ?

L : Oui j'ai un grand frère et une grande soeur. Mon frère il a deux ans de plus que moi donc il a 24 ans et ma soeur elle va avoir 29.

E : Et ils vivent en France ?

L : Ma soeur elle vit dans un bled au sud de Bordeaux qui s'appelle Cudos, 900 habitants, personne connaît (rigole). Mon frère, lui, est toujours étudiant à Toulouse, il devrait finir cette année normalement.

E : Il étudie quoi ?

L : Il étudie l'ingénierie électrique.

E : Et ta soeur ?

L : Euh ma soeur est ingénieure agronome mais elle travaille dans l'associatif elle bosse pour des éleveurs de zébus au Bénin et des producteurs de café à Haïti. Parce qu'elle avait fait une spécialisation pays du sud et bah elle a passé pas mal de temps en Afrique pour travailler sur les systèmes agraires donc ça l'intéressait pas mal.

E : Ok trop intéressant ! Alors maintenant la cuisine, alors j'ai vu que t'adorais les cacahuètes, les curly (rigole)...

L : Ouai globalement c'est mon alimentation (rigole) !

E : Et du coup plus sérieusement, avant que tu habites toute seule (donc quand tu étais petite), est-ce que chez tes parents tu avais des habitudes de cuisine française et des habitudes de cuisine algérienne, ou non?

L : Euh alors moi oui je prends le petit-déjeuner à la française on va dire. Après chez moi je mangeais plus français parce que c'était plus mon père qui cuisinait et il est Creusois donc logique. De temps en temps ma mère prenait plaisir à cuisiner elle-aussi, et c'est à ces occasions qu'elle faisait des plats de chez elle. Elle a appris plein de plats français dans sa vie mais elle aime bien cuisiner algérien.

E : Et toi tu notais une différence entre quand tu mangeais chez toi et quand tu mangeais à l'école ou pas du tout ?

L : Non pas spécialement, comme mon daron est français vraiment j'ai grandi en goûtant la cuisine française.

E : Ma question suivante consistait à demander si tu ressentais une différence par rapport aux autres, un stigmate mais du coup, est-ce que ça s'applique à toi ?

L : Non non vraiment l'école n'a pas été un lieu d'apprentissage ou de découverte pour moi et j'ai jamais été moquée ou autre pour m'intéresser à la cuisine algérienne ou la manger avec ma mère.

E : Donc tu dis que tu mangeais plus français, est-ce que tu as un sentiment d'attachement à la

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cuisine algérienne ou non ? Ou de la fierté ? De la nostalgie ?

L : J'y suis très attachée, c'est une partie de mon identité que j'ai pas eu l'occasion de beaucoup explorer. Comme ma mère est née en France et qu'elle s'est éloignée de sa famille en partant de chez elle loin de sa famille, elle a un peu détaché cette partie de son identité. Sans que ça soit intentionnel quoi mais juste ça c'est fait. Mais du coup les quelques fois ou ma mère écoute des musiques algériennes ou arabe ou alors qu'elle fait la cuisine je me dis « ah c'est mon patrimoine aussi » et du coup forcément je m'y intéresse et j'apprends ses recettes avec plus de fierté que j'apprends les recettes françaises.

E : Ok je note. Et maintenant que tu habites toute seule, tu continues à manger plus de cuisine française ou pas ?

L : Plus française oui, toutes les recettes algériennes que j'ai apprises de ma mère c'est des trucs qui demandent plus de préparation, plus d'ingrédients que j'ai pas forcément, c'est long... Les jours où je les fais je suis trop contente mais là avec mes deux plaques chauffantes et mon four minuscule je peux pas vraiment les faire...

E : Et est-ce que y'a quand même des produits algériens que tu consommes hors des plats cuisinés ?

L : Nan, mais j'aimerai vraiment aimer les pâtisseries orientales mais vraiment tout ce sucre je peux pas.

E : Y'a l'Aziza au coin de la rue en plus (rigole). L'aziza est une boulangerie-pâtisserie orientale du quartier Moulins, à Lille.

L : Ca m'écoeure trop je suis pas très sucré de base. Mais c'est pour ça que les arabes ils ont tous du diabète aussi (rigole), quand tu manges tout ce sucre c'est logique... Mais comme les confitures d'ailleurs. Là c'est pas tant une question d'habitude de cuisine que de goûts tu vois. E : et est-ce que tu trouves que sur Lille tu trouves facilement ce dont t'as besoin ? Par rapport à Pau c'est comment ?

L:Oui alors là c'est l'avantage si j'ai besoin d'un truc je vais à Wazemmes. Quand je suis arrivée sur Lille dès que j'ai su que y'avait un quartier avec pleins d'arabes je me suis dit à bah voilà si j'ai besoin je sais où aller. Y'a pleins d'épiciers qui sont arabes aussi donc c'est top. Mais après à Pau il y avait aussi un quartier comme ça, jme rappelle quand ma mère avait besoin elle allait faire les courses à lous des bois, à lousdeb on disait (rigole). Elle allait m'acheter mon henné et de la menthe fraîche pour faire ses thés.

E : Et tu fais toujours du henné ?

L : Ca fait des mois que je veux en faire mais bon je me suis pas trop motivée. C'est un truc que je fais avec ma mère en général, sa mère lui faisait et elle elle m'a appris et ouai j'aime bien faire ça à la maison donc ici je le fais pas trop.

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E : Et pour revenir à la cuisine, est-ce que tu vas au restaurant pour manger des plats algériens ou maghrébins ?

L : Je vais jamais au restaurant de manière générale. Si je vais au resto ça va être pour aller manger pizzas ou des plats italiens, j'aime trop ça. Rien à voir mais j'adore haha.

E : Et sur tes relations sociales, est-ce que y'a certains potes en particulier avec qui tu vas plus te faire des repas algériens ou quoi ?

L : Pour l'instant non parce que j'ai eu énormément de potes arabes dans ma vie, la ville d'où je venais y'avait pas beaucoup d'arabes. Mais là cette année justement je voulais proposer à Nawell qui travaille au service civique avec moi. Parce que du coup elle je suis sûre elle sait cuisiner. Elle a vécu avec sa famille et tout ...

E : Elle vient d'où Nawell ?

L : D'Algérie, elle a ses deux parents qui sont algériens, elle parle arabe et tout donc elle se considère arabe elle connaît bien la culture. Mais eux jvoulais lui proposer de venir faire des bricks, tiens du coup oui si ça c'est typique algérien et j'adore j'en mange souvent. Il faut juste une poêle à frire et c'est tout. Mais juste ça demande du temps si tu veux bien préparer les garnitures. Genre c'est le truc je me vois trop le faire avec une copine, on passe l'aprem à préparer et puis déguster le truc et tout... Trop bon. Mais sinon nan c'est vrai que c'est pas un truc que j'ai partagé avec d'autres gens que ma mère.

E : Et tu disais que Nawell était « vraiment » algérienne, toi tu connais l'Algérie ? Tu y as habité ?

L : Nan mais moi j'y suis jamais allé en Algérie ! Mais tu sais que même ma mère elle y est jamais allée. Mais on s'est dit vraiment un jour faut qu'on se fasse un voyage là-bas.

E : Et est-ce que tu as habité ailleurs qu'en France dans ta vie ou au cours de tes études ? L : Non jamais, j'ai bougé dans plusieurs villes de France mais pas à l'étranger.

E : Ok, ça marche. Sur un côté plus personnel, est-ce que quand tu a été dans des relations romantiques ça t'as poussé à cuisiner des turcs algériens et que la personne t'as elle aussi fait part de ses recettes familiales etc.

L : La seule relation que j'ai eu avec quelqu'un d'étranger j'étais très jeune (17 ans) et on a été majoritairement à distance donc franchement c'est pas représentatif... Je savais même pas vraiment cuisiner à l'époque.

E : Et si tu étais dans une relation avec une personne arabe ou étrangère, est-ce que ça t'inciterait plus à préparer des plats algériens ?

L : Bah carrément ! Tfaçon si je suis avec quelqu'un ça serait une occasion pour moi d'approfondir parce que même si je cuisine pas beaucoup j'adore faire à manger quand je suis avec des gens etc.

E : Et tu me disais qu'il y a quand même quelques recettes qui t'ont été transmises, comment ça s'est passé?

L : Avec ma mère quand elle prépare je l'ai vue faire, je l'ai aidée, y'a pas grand-chose hein. Couscous, tajine (poulet citron confit ou agneau pruneau). J'aimerai bien d'ailleurs me motiver à faire un tajine un de ces jours.

E : Ton frère et ta soeur, tu dirais qu'ils ont la même relation que toi à cet héritage algérien ou pas du tout ?

L : Alors ma soeur... Elle a appris à la maison mais plus de mon père de manière générale, elle lui voue un peu une admiration donc ouai elle a pas trop appris de ma mère. Et quand j'y pense toutes les fois où je suis allée chez elle j'ai pas vu une seule fois des trucs algériens... Même avec son mec et son fils je pense pas qu'elle fasse trop ça... Et mon frère déjà lui il cuisine pas beaucoup, et lui c'est un gros français (rigole), il est bronzé mais c'est mon père bis il a pas trop pris de ma mère.

E : y'a des plats algériens que t'aurais genre « françisé » ?

L : Non alors là y'a rien qui me vient en tête... Alors si nan y'a un truc mais c'est une hérésie (rigole). C'est que moi je suis pas musulmane donc ça peut m'arriver de mettre des lardons dans le couscous je sais ça se fait pas mais bon (rigole). Nan en vrai je pense je vais plus « arabiser » des plats français. Parce que je mets les épices des plats algériens donc tous les trucs français basiques que je cuisine.

E : Ok ça marche... Et ... Est-ce que tu as déjà entendu parler de la gastronomie algérienne dans un musée, est-ce que tu as déjà pu t'intéresser à ça ?

L : Non jamais...

E : Et s'il y avait un événement autour de la cuisine algérienne ou maghrébine, est-ce que tu serais intéressée pour y aller ?

L : ah bah de ouf, nan vraiment moi ça m'intéresse. Après je voudrais trouver une compatriote avec qui y aller (rigole).

E : Et tu aimerais bien y voir quoi ? Apprendre des choses? Pratiquer ?

L : J'essaie de visualiser ce qui m'est direct venu en tête quand tu as dit ça... Je revois la foire expo à laquelle j'étais quand j'étais petite, avec des gens qui vendent de la bouffe, des gens qui font plein de cuisine, des ateliers pour apprendre... Moi tout de suite j'ai pensé aux odeurs, ça sentirait super bon !

E : Ok super bah merci pour tes réponses parce que ça apporte encore une autre perspective sur cette question par rapport aux autres personnes à qui j'ai pu parler de ça...

L : J'espère que ça va t'aider !

E : Oui carrément de toute façon c'est toujours intéressant de voir votre rapport en tant

79

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qu'enfant avec des parents étrangers ou grand parents étrangers. Et puis ça met en relief les fonctionnement systématiques c'est bien !

L : C'est vrai que ma mère elle nous a quand même tous donné des prénoms français, franchement elle nous aura pas transmis grand-chose de patrimoine, dans sa volonté d'intégration. Nous c'est Anne-Laure, Etienne et Laurène, très français. Même la langue on la parle pas du tout quoi. J'ai rencontré ma grand-mère quand j'avais 17 ans, j'étais en face genre « bonjour mamie » jme suis dit putain elle doit être déçue d'avoir des petits enfants français. Surtout que vu que ma mère est née en France vraiment on est les français de la famille quoi.

Nous avons continué quelques minutes à discuter des problématiques de transmission au sein des familles mixtes.

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Annexe 10: Entretien avec Yingjie Weng

Nom / Prénom : Yingjie WENG

Âge: 25

Activité ou profession : non

Lieu de naissance et de résidence :

- Si naissance à l'étranger, date d'arrivée sur le territoire français :

Lieu de naissance : Chine

Lieu de résidence : France

Réponses non publiée sur les autres questions portant sur la famille

Frères et soeurs ? /

Concernant la cuisine :

Quelles sont vos habitudes du petit déjeuner ?

Le matin, je prends une viennoiserie ou des biscuits en accompagnement avec un jus de

fruits/ une boisson chaude.

Y'a-t-il un plat (petit déjeuner, déjeuner, dîner ou goûter) qui soit d'un pays ou de

l'autre (ex : déjeuner français au travail mais dîner du pays de départ) ?

Matin : Ça reste très variable. Le repas du matin, comme évoqué dans la dernière question, est

plutôt français. Ce n'est pas une habitude développée en France car j'aime toujours les choses

sucrées, donc depuis toute petite, ma famille prépare souvent des tartines, des viennoiseries

(chinoises), du lait pour moi le matin. Eux, ils en mangent de temps en temps mais ils

préfèrent un petit-déjeuner chinois (plutôt salé).

Midi et soir : Les repas du midi et du soir restent très variables. Ça peut être français, chinois,

italien ou même allemand ! J'ai toujours envie d'essayer de nouvelles recettes d'un pays à

l'autre.

Deux choses qui distinguent le repas français et le repas chinois/ de la plupart de pays

asiatiques :

l Plats à partager. On prépare plusieurs plats, on les met au milieu de la table. Chacun a un bol de riz et on partage les plats ensemble.

l Déroulement du repas : D'ailleurs, on n'a pas le processus du plat d'entrée, plat principal, fromage, dessert... Presque tous les plats sont présentés d'un coup, le dessert n'est pas une habitude dans le repas en famille mais il arrive qu'on le prend au restaurant.

Y'a-t-il une séparation entre la nourriture au sein du foyer et à l'extérieur ? (type à la maison exclusivement cuisine d'origine et hors cuisine française) ?

Non

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Avez-vous déjà été stigmatisé.e, moqué.e, par rapport à vos origines en rapport avec la

cuisine ?

1/ Oui, mais pas de méchanceté. Au début de mon séjour en France, j'ai fait cuire les salades

devant mes voisins (j'habitais dans une résidence de CROUS à l'époque, donc il n'y a qu'une

cuisine commune). Chez nous, on a l'habitude de cuire tous les ingrédients pour une raison

d'hygiène : la chaleur peut tuer les microbes et les bactéries.

Quel est votre plat préféré ?

2/ Les crêpes et la raclette ! Bien sûr qu'il existe des plats qui sont préparés de manière plus

délicate mais on ne peut pas en manger très souvent. Les crêpes et la raclette sont faciles à

préparer. De plus, ils génèrent une ambiance bien conviviale.

Et un plat de ma ville nationale : nouilles faites à la Changshanaise

Quel sentiment cela vous évoque quand on parle de ces deux gastronomie (fierté,

nostalgie, ignorance, tristesse, envie de partage...)?

Gastronomie française : envie d'apprendre, découvrir, essayer et partager avec les autres.

Quand je ne suis pas en France, elle me manque aussi. (Je la considère comme la meilleure

gastronomie dans le monde occidental :)

Gastronomie chinoise : nostalgie. Quand je me sens une baisse de moral, je me fais justement

des nouilles changshanaise (à voir la photo ci-dessous), ce qui me rappelle ma famille et ma

ville. C'est très réconfortant.

Pouvez-vous associer un mot et une idée pour chacune des cuisines ?

Gastronomie française : esthétique / Gastronomie chinoise : diversifiée

Dans votre vie quotidienne, à quelle fréquence estimez-vous consommer chacune des

gastronomies ?

Française : 60% (ex. salade) / Chinoise : 40% (raviolis grillés)

Consommez-vous des produits, au quotidien, issus de votre pays ? Oui

Y'a-t-il, dans la région Lilloise, des magasins spécialisés avec des produits propres à la

cuisine de votre pays d'origine ?

Paris Store et parfois chez certains commerçants au marché de Roubaix.

Allez-vous au restaurant pour déguster cette cuisine ?

Oui, mais il faut un restaurant qui sait bien le faire !

Etes vous en relation avec des personnes ayant les mêmes origines avec lesquelles vous

partagez des moments de convivialité autour de la cuisine de votre pays d'origine ?

Oui. Et souvent avec les Français qui s'intéressent à cette cuisine.

Est-ce que vous considérez manger façon cuisine française ou plutôt cuisine de votre

pays d'origine ?

Plutôt française.

Avez-vous déjà vécu dans un pays étranger (autre que le pays d'accueil) ?

Si ça compte, j'ai vécu deux semaines à Berlin pour apprendre l'allemand.

Si oui quelles étaient vos habitudes ?

Manger localement.

Vie personnelle :

Est-ce que vous entretenez actuellement une relation amoureuse avec une personne ?

Réponse non publiée

Si oui, quelle est sa nationalité ?

Réponse non publiée

Est-ce vous estimez que sa nationalité influence votre alimentation ?

Oui.

Si vous avez une expérience similaire vécue dans le passé, sentez vous libre de raconter

votre ressenti :

réponse non publiée

Apprentissage et transmission :

Connaissez-vous des recettes que réalisaient vos parents dans votre pays de départ ?

Oui

Etes vous capable de les refaire ?

Oui

Si oui, qui vous a appris à les faire ?

Mes parents et mes amis chinois.

Quel a été le rôle de l'école/du travail dans l'apprentissage et la découverte de la cuisine

du pays d'accueil ?

L'école pourrait donner un carnet d'adresse des restaurants locaux ou bien nous mettre en

relation avec les familles françaises qui souhaitent faire découvrir la gastronomie aux

étrangers. J'avais participé à International Students Week, organisé par l'Université, qui m'a

permis d'aller chez une famille française un dimanche pour déguster les très bons plats

français.

Aujourd'hui en tant que personne adulte, avez-vous des pratiques « hybrides » qui

empruntent des habitudes à chacune des cuisines évoquées ?

Carrément oui. Les ingrédients, la façon de préparation et présentation (un plat mixte avec la

carbonade, spaghetti et des choux sautés, à voir la photo ci-dessous) le déroulement du repas,

la durée, les couverts sont souvent mélangés, et aussi les invités.

Avez-vous déjà entendu parler de la gastronomie de votre pays d'origine dans une

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institution (musée, exposition, spectacle) ?

Oui. Un exemple bien frais, la Région Hauts-de-France organisera le 20 novembre une

conférence en ligne sur la gastronomie chinoise.

Ça devrait exister dans les musées mais je ne suis pas au courant.

Qu'en penseriez-vous si un événement culturel était dédié aux pratiques culinaires de

votre pays ?

Ce serait super !

Qu'est-ce que vous aimeriez y voir ?

Une diversité de plats, histoire de certaines spécialités...

Merci beaucoup pour ta participation !

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld