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Adaptation des agriculteurs aux effets de la variabilité pluviométrique dans le département de Mayo-Dallah (Tchad)


par Eloge REPUNODJI
Université de Dschang  - Master recherche, option climatologie  2022
  

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CONCLUSION

Ce chapitre a présenté les effets de la variabilité pluviométriques sur les stades de croissance et les rendements d'arachide et de maïs. Ce sont surtout les inondations, les sécheresses, les séquences sèches, les hausses de températures qui perturbent les stades critiques de la croissance. Les impacts indirects sont liés à l'apparition de ravageurs et de maladies. Tout ceci conduit à une baisse des rendements, comme l'indique l'analyse de corrélation.

La corrélation de Pearson entre les températures maximales et minimales avec les rendements d'arachide a montré une relation positive modérée et une relation très significative pour la culture du maïs. Les résultats ce travail sont conformes à ceux obtenus par plusieurs auteurs, Ogouwalé (2006) pour qui, les excès et les insuffisances des hauteurs des pluies sont très préjudiciables aux cultures. Pour Afouda et al, (2014), la rareté des pluies prolongées, les poches de sècheresses, les excès d'eau font baisser le rendement des cultures. Dans la même logique, pour Allé (2013), la perturbation qu'enregistre les systèmes culturaux s'explique par l'irrégularité pluviométrique, la mauvaise répartition spatio-temporelle des précipitations, la variabilité intra et inter-saisonnières des pluies, l'occurrence des phénomènes extrêmes (inondations, sécheresses et vagues de chaleur) et les séquences sèches limite les productions agricoles.

Toutefois, la quantité de pluie tombée ne détermine pas à elle seule la production agricole. D'autres facteurs expliquent les variations de rendements. C'est ce que montrent les résultats du test de régression dont le prédicateur représente 13% des variations de la production du maïs et 2% pour la culture d'arachide. Ces résultats confirment les travaux de Sossa (2001), Noufé (2010) et Septime (2008). La variabilité pluviométrique demeure le facteur déterminant pour cette agriculture essentiellement pluviale. La chute des rendements affecte les moyens de subsistance des agriculteurs et leurs exigent des adaptations conséquentes présentées dans le chapitre suivant.

CHAPITRE 5 : LES STRATEGIES PAYSANNES D'ADAPTATION

DEVELOPPEES DANS LE MAYO DALLAH.

Le Département de Mayo-Dallah connait la variabilité des pluies marquée par des retards des pluies, des inondations et des séquences sèches qui affectent à leurs tours les activités agricoles. Ces mutations bouleversent les calendriers agricoles et imposent des modes de vie différentes. Face à la persistance de la crise climatique, les paysans ne sont pas restés muets. Ils tentent en fonction des moyens dont ils disposent ou, au minimum, de « résister » grâce à leur savoir et leur savoir-faire afin de continuer à tirer profit de leur milieu. Et en mettant pour cela en jeu plusieurs mécanismes ou des solutions de court terme, souvent peu durable. Nous voulons à travers ce chapitre, présenter les stratégies mobilités par les agriculteurs pour faire à la variabilité pluviométrique, analyser les stratégies mises sur pied sur le plan national et local par les différents acteurs. Il sera question également de présenter les limites de ces adaptations.

I. LES STRATEGIES D'ADAPTATIONS PAYSANNES AUX CULTURES VIVRIERES

1. Stratégies d'adaptations au retard de pluie et aux séquences sèches

La variabilité pluviométrique à travers le retard de pluie et les séquences sèches gênent le développement et la croissance des différentes cultures vivrières.

Abandon des champs

3%

Drainage/Arrosage

1%

Pourriture des graines/ré-semis

96%

.

95

Figure 34: stratégies d'adaptations au retard de pluie.

Source : Enquête de terrain, 2022

96

L'analyse de cette figure montre que face au retard des pluies, 96% des paysans procèdent à des ré-semis, 3% abandonnent leurs champs à défaut de moyen et 1% au drainage ou l'arrosage qui consiste à l'ajout des quelques gouttes d'eau aux graines semées.

Quant aux séquences pendant les phases de germination et de la croissance, il faut noter 97,2% des paysans enquêtes ne disposent que des matériels rudimentaires et en plus des contraintes hydrologiques qu'imposent la zone, ces derniers ne disposent pas des moyens techniques pour irriguer les champs. Les cultures comme le sorgho et le mil sont souvent repiqués à cause de leurs tolérances à la sécheresse par contre, le maïs et l'arachide périssent et sont donc ré-semées ou abandonnées.

2. Stratégies d'adaptations aux inondations

Les phénomènes d'inondations perturbent fortement la croissance des cultures et obligeant ainsi les agriculteurs aux adaptations conséquentes. La figure ci-dessous nous montre les différents comportements des agriculteurs pour surmonter les cas des inondations dans le Département de Mayo-Dallah.

16%

2%

5%

50%

27%

Abandon des champs Drainage Buttage Repiquage Drainage et buttage

Figure 35: Les techniques d'adaptations à l'inondation des champs

Source : Enquête de terrain, 2022

L'analyse de cette nous montre que face aux inondations, 50% des agriculteurs pratiquent le drainage, 26,8% abandonnent leurs champs au profit de la culture du riz en fonction des zones ou soient abandonnent juste, 16,1% font le drainage et le buttage, 5,4% font simplement le buttage et en fin 1,8% pratiquent le repiquage.

97

3. Stratégies de lutte contre les maladies cryptogamiques et ennemies de cultures

La variabilité des pluies et des températures enregistrée dans le Département de Mayo Dallah favorise également la prolifération des nombreuses maladies fongiques et l'envahissement des ennemies des cultures, qui occasionnent des pertes de rendements considérables ainsi qu'une diminution de la qualité des récoltes. Ainsi, pour limiter les pertes des rendements, les paysans font recours à plusieurs stratégies basés sur les connaissances et parfois ils font recours également aux méthodes modernes.

? Les Stratégies de lutte contre les maladies fongiques sont avant tout élaborées à partir des connaissances et expériences de quelques agricultures du Département à savoir : L'utilisation du natron : selon eux pour efficacement contre les maladies fongiques, il faut répandre 5kg de natron sur une »corde de champs», c'est-à-dire 1/2 hectare de parcelle de champs.

? La deuxième stratégie repose sur la fabrication de l'insecticide artisanale, qui se fait à base des feuilles du Neem (Azadirachta indica) ; du piment et du tabac. Dont la préparation se fait comme suite : mettre les feuilles dans un récipient et ajouter de l'eau et faire bouillir pendant 30 à 45 minutes. Apres cuisson, il faut une conservation de 3 jours ensuite viendra filtrage avant d'asperger ou répandre sur les cultures. Dans certains localités, les feuilles de Neem sont justes bouillis et après cuisson, filtré et asperger sur les cultures.

Selon schmutterer (1990) et Kavallieratos et al. (2007), le Neem est toxique pour plus de 500 espèces d'insectes mais aussi contre les maladies des cultures (oïdium, pourriture de la racine, virus etc....), les nématodes et les bactéries (Gevaert et al, 2012). Ainsi, le Neem constitue un insecticide naturel très puissant qui permet de protéger les cultures et les greniers.

? La lutte contre les ravageurs et l'envahissement des mauvais constitue aussi une préoccupation majeure des agriculteurs du Département de Mayo Dallah qui ont élaboré également quelques stratégies.

La lutte contre le striga et les mauvaises herbes est avant tout manuelle (sarclage). Ensuite, les paysans font usage du natron et des cendres qu'ils répandent dans les champs pour empêcher l'envahissement de leurs champs par les adventices et autres ravageurs.

Notons que ces techniques de lutte traditionnelle des maladies cryptogamiques élaborées par les agriculteurs ne sont pas vulgarisées sur toute la zone. Elles sont les propres des certains villages. A côté de ces techniques, les agriculteurs font usages également aux pesticides tels que

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les DDT, connu sous le nom vulgaire de « Landrine », le Sulfate de Zinc et le « Rundung » qui est un herbicide non homologué, etc...

Selon le rapport mensuel du Service de la Statistique Agricole du Département publié en Décembre 2020, la situation phytosanitaire des cultures en générale et celles des produits en particuliers évolue en dent de scie dans la localité. Les pesticides non nuisibles et homologué par le Gouvernement Tchadien sont très indispensables dans la localité et les producteurs font usage des produits en provenance des pays voisins avec tous les risques sanitaires. Les insecticides sont utilisés du gré par les paysans sans toutefois penser aux risques potentiels au travers la chaine de valeur. C'est ce qui est déplorable dans le milieu mais aucune action n'est envisagée pour pouvoir aider ces derniers à minimiser les risques liés à cette utilisation. Les insectes ne cessent de détruire les produits issus des récoltes et les producteurs sont obligés d'appliquer n'importe quels insecticides afin d'éliminer les ennemis puis conserver leurs produits.

4. Les autres stratégies d'adaptations paysannes

4.1- Organisation des prières et des sacrifices

Face au retard et à l'arrêt brusque des pluies, les réactions des paysans varient en fonction de leurs croyances. Selon les résultats de l'enquête, en cas d'arrêt brusque des pluies 27% ont affirmé qu'à chaque fois que cette situation arrive, ils se tournent vers Dieu tout puissant à travers des prières non seulement individuelles, mais aussi, collectives dans les mosquées et églises. 34% font des sacrifices qui consistent à collecter les mil par ménage pour ensuite préparer pour offrir aux divinités du village. Cette offrande est accompagnée par des cris et des battements des mains et des objets par les enfants du village. Ensuite 22% procèdent au réémis et au repiquage et 13% font appel aux faiseurs des pluies chargé de faire des rites pour attirer la pluie en fin 4% procèdent à l'arrosage surtout pour la culture du sorgho. La figure 37 ci-dessous présente les réactions des agriculteurs.

Contribution des faisseurs de pluie

13%

Arrosage

4%

Ré-semis et repiquage

22%

Priére dans les
églises et mosquées

27%

Offrandes/sacrifices
aux divinités de la
pluie
34%

99

Figure 36: comportement des agricultures face au retard des pluies

Source : Enquête de terrain, 2022

4.1 - Intensification de l'utilisation des intrants

Selon les résultats des enquêtes, 85,9% des agriculteurs utilisent les intrants. Selon eux, les chances de tirer une production acceptable ou de tirer profil des champs de maïs, sorgho, arachide et mil sans l'usage des engrais agricoles sont minimes voire difficiles. Ainsi, la part des engrais chimiques est 52%, celle des engrais chimiques et organiques est de 43% et celle des engrais organiques est seulement de 5%.

La variabilité des précipitations constitue un supplément aux problèmes de la fertilité des sols qui se pose dans cette localité. Pour les agriculteurs, pour que le maïs, le sorgho, l'arachide et le mil puissent achever leur cycle végétatif avant l'arrêt brusque des pluies, il faut leur ajouter des intrants. Ces derniers sont soit achetées dans les marches locaux avec tous les risques possibles et parfois vendu régulièrement aux producteurs par le secteur ANADER pour leur permettre d'augmenter les rendements. La figure ci-dessous présente les pourcentages d'utilisation des engrais par les agriculteurs dans le Mayo Dallah.

Engrais chimique et organique

43%

Engrais Organique

5%

Engrais Chimique

52%

Figure 37: Usage des intrants

Source : Enquête de terrain, 2022

100

4.2 - Cultures des variétés à cycle court

Pour contrecarrer les péjorations pluviométriques (raccourcissement de la saison des pluies) de ces dernières années, les agriculteurs du Département de Mayo Dallah expriment de plus en plus un intérêt pour les variétés précoces comme une bonne réponse. Ces semences sont soient produites et sélectionnées par les agriculteurs, eux-mêmes, soient achetées dans les centres de productions semencières tels que : ILOD et CECADEC. Mais les risques sont énormes à cause du manque de tests de germination et de leurs exigences en termes de fertilité du sol et en eau. Selon le rapport mensuel de la DSA (2020), cette situation augure les paysans à ressemer les cultures. Parmi ces variétés, le maïs, le sorgho et l'arachide sont les plus sollicités. Par contre le mil est utilisé en grande partie en variété à cycle longue à cause de ta tolérance à la sècheresse.

4.3 - Pratique du maraichage

Bien qu'elle soit moins développée dans la localité du fait du manque des moyens financiers et techniques adéquates. Les activités maraichères sont développées dans certains villages (Erdé, Doutlap, Rawaika, Zabi...) avec les appuis des partenaires au développement que sont : FAO et les ONG intervenant dans la Province. Ce sont des appuis en matériels agricoles pour les cultures de contre saison et le renforcement des capacités des bénéficiaires. Plusieurs espaces maraichères ont été aménagés pour la mise en place des cultures dont les principales sont : les légumes, les tomates, l'ognon, les carottes.... (Planche 11)

1

2

3

101

Planche 11: Pratique du
maraichage

Cette planche montre le maraîchage dans le Mayo Dallah plus précisément dans le de Doutlap pour compléter la production agricole pluviale déficitaire. L'image 1 présente une branche du cours d'eau Mayo Dallah qu'on s'en sert pour arroger les cultures, l'image 2 présente un jardin de gombo vert et en fin l'image 3, montre un agriculteur entrain de déterrer les oignons

Crédit photographique : Eloge, 2022

102

4.4 - Changement progressive du calendrier agricole

Elle est la première réponse spontanée pour faire correspondre le cycle des cultures avec la configuration actuelle des saisons. En général, la date de semis est déterminée par le début des pluies. Nombreux (74,4%) sont les agriculteurs qui affirment que la tendance est au retard dans le démarrage des pluies. Ainsi, les perturbations entrainent le retard des travaux champêtres notamment le labour, le semis et le sarclage. La date de semis a connu un décalage comparativement à la situation ancienne. En effet, 65,2% des agriculteurs enquêtés affirment faire le semis entre mi-juin et début juillet et 82,5% affirment le faire jadis entre mai et début juin. Les poches des sècheresses répétées, les arrêts précoces des pluies et la fréquente mauvaise répartition des pluies ont rendu difficile le respect du calendrier.

Tableau 21: Calendrier agricole dans le Mayo Dallah

Déc.

Nov.

Oct.

Août

Juil.

Juin

Mai

Avril

Mars

Fév.

Sept.

Activités

Défrichement

Jan.

Labour

Semis

 
 
 

Sarclage

 
 
 

Recolte

 

Ancien Calendrier

Nouveau Calendrier

Defrichement

Labour

Semis

Sarclage

Recolte

Source : Enquête de terrain, 2022

4.5 - Stratégie d'association des cultures

En réponse à la dégradation de la fertilité des sols et surtout de l'attaque du striga, mais aussi pour parer aux péjorations pluviométriques, les agriculteurs du Mayo Dallah associent d'avantages les cultures dans le but de réduire leur dépendance économique et alimentaire. Ces association sont faites dans le but de réduire les risques mais aussi d'améliorer la fertilité des sols par la fixation de l'ajout atmosphériques, car le niébé et l'arachide associés sont des légumineuses.

Dans le Mayo Dallah, 70,4% des agriculteurs contre 29,7% associent les cultures. Les associations les plus fréquentes sont : sorgho-arachide, arachide-pénicillaire, maïs-haricot ou

103

l'arachide est semé en premier lieu etc....Par ailleurs, 93% contre 7% des agriculteurs diversifient les cultures dans le but de réduire leur dépendance économique et alimentaire.

4.6 - Diversification des activités génératrices des revenues

La mise en oeuvre d'activités complémentaires génératrices de revenus agricoles ou extra agricoles, est un mécanisme mis en place par les petits agriculteurs pour subvenir aux besoins de leurs familles. Dans notre zone d'étude 63,2% des agriculteurs ont déclarés exercer une activité secondaire à cause de l'instabilité notoire des revenus, qui leur permet de gérer les petites charges familiales. Diverses activités sont menées comme le développement du petit élevage ou de cultures de maraichères, le tressage des secco, le tissage des nattes en saison sèche, la transformation des produits, et la fabrication des briques. Il faut préciser également que le revenu de ces activités secondaires reste toujours faible et ne permet toujours pas de combler la baisse de revenus.

4.7 - Solidarité dans les travaux champêtres et entraide

Ces stratégies sont employées pendant les périodes des soudures et pendant les périodes ou commencent les activités agricoles.

Pendant les périodes des activités agricoles, des associations des jeunes appelées « Groupe des jeunes » et certaines associations villageoises s'organisent à tour de rôle pour s'aider dans les travaux champêtres et aussi aider les personnes les plus vulnérables du village. Par ailleurs, pendant les périodes de soudures et familles ou les ressources alimentaires deviennent rares, les personnes se trouvant dans l'insécurité reçoivent l'entraide dans le cercle restreint de leur famille ou auprès des voisinages. Notons également que le manque des mécanismes de soutien au niveau des structures de l'Etat pouvant leur permettre d'accéder facilement à la nourriture constitue un manque à gagner dans cette localité.

II. LES LIMITES ET CONTRAINTES LIEES AUX STRATEGIES D'ADAPTATIONS PAYSANNES

Face aux effets induits par la variabilité pluviométrique, Les agricultures du Mayo Dallah avec les petits moyens dont ils disposent, s'adaptent comme ils peuvent car, avant tout, il est d'abord question de l'agriculture don de leur survie. Ainsi, ils ont initié plusieurs mesures afin de réduire leur vulnérabilité. Malgré, les appuis des organismes étatiques et privés, la situation semble être toujours inquiétante car les revenus des ménages demeurent toujours très instables. Cette persistance de la vulnérabilité est due à un certains nombres de contraintes :

104

- Le manque d'une franche collaboration entre les agricultures, les associations villageoises et les structures d'intervention dans la concrétisation des actions d'adaptation aux changements climatiques ;

- Le manque d'un bon système d'échange de savoir et de savoir -faire entre agriculteurs,

- La pauvreté ; c'est sans doute la principale contrainte qui limite les agriculteurs dans leurs efforts d'adaptation. Les agriculteurs enquêtés affirment être manqués des moyens techniques et financiers pour l'achat des matériels, des semences améliorées, des produits phytosanitaires, les intrants homologués etc...

- La dépendance en majeure partie des travaux par des matériels rudimentaires, comme par exemple la houe, témoigne du non mécanisation effective de l'agriculture dans le Mayo Dallah. l'usage d'engrais chimique non homologué entraine à long terme la baisse de la fertilité des sols. L'adoption des nouvelles variétés culturales exige non seulement une technique appropriée mais aussi, la dépendance des paysans vis-à-vis du personnel des services agricoles (ITRAD, ANADER) et les récoltes sont difficiles à conserver.

- Le manque d'encadrement des paysans dû à la défaillance des structures d'encadrement (ANADER) l'encadrement des paysans dont les actions sur le terrain est malheureusement insuffisant et limitées. Certains paysans ignorent parfois l'existence d'une structure d'encadrement agricole dans leur localité. Le personnel, notamment les agents de vulgarisation agricoles ne disposent généralement pas assez des moyens de locomotion adéquate et du personnel pour faire les descentes sur le terrain et aller au contact des paysans et font face également à un manque du personnel.

- La récurrence des conflits fonciers et agriculteurs/éleveurs

III. STRATEGIES NATIONALES D'ADAPTATIONS DES ACTEURS

L'agriculture au Tchad emploie près de 80% de la main d'oeuvre et est pratiquée dans les exploitations familiales. Elle fournit près de 70% des produits vivrières qui constituent la base de l'alimentation de la population. Ainsi, bien avant les contraintes pluviométriques elle faisait partie des préoccupations des pouvoirs publiques et leurs partenaires à travers la profusion des documents, des programmes, projets et stratégies orientés vers le secteur agricole et rural. Ces documents sont destinés à renforcer les capacités des populations rurales. Notons également que ses préoccupations sont de plus en plus renforcées ces dernières décennies à cause de la nouvelle donne climatique qui impacte négativement les productions agricoles.

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1. Les stratégies nationales d'adaptation élaborées par l'Etat

En tant que partie à la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC signé le 12 juin 1992 et ratifiée le 30 avril 1993) et du Protocole de Kyoto (10 avril 2009), le Tchad a élaboré de nombreux documents de politiques et de stratégies dans le domaine des changements climatiques. Nous présentons dans les paragraphes suivants un bref aperçu des documents des politiques agricoles et d'orientations stratégiques en matière du développement rural qui sont mis en place ces vingt dernières années.

Office National de la Sécurité Alimentaire (2001)

Crée le 11 février 2001 et placé sous la tutelle du Ministère de l'Agriculture, l'ONASA est le véritable instrument de sécurité alimentaire. Il a pour mandat de réguler l'offre des céréales pour éviter les pratiques spéculatives des commerçants. Ses missions sont : la constitution, la conservation et la gestion des stocks des produits vivriers pour les ripostes en cas de crises alimentaires ; l'appui à la protection des cultures par le financement des produits et matériels phytosanitaires. Malheureusement, sa forte dépendance du volume d'achat des financements extérieurs, les faibles capacités de stockages et l'impraticabilité des routes et pistes pour l'acheminement des produits vers les lieux de consommations constituent les obstacles majeurs pour sa mission de régulation du marché des céréales. Ainsi, les situations de faim qui sévissent dans les zones ruraux échappent au contrôle de l'Etat qui, n'intervient qu'en cas d'insécurité alimentaire sévère.

Le Programme National de Sécurité Alimentaire : PNSA (2006-2015)

Il est l'une des traductions concrètes de la Stratégie Nationale de Réduction de la Pauvreté au Tchad (SNRP) initié en 2000 et adopté en 2003. Il a pour objectif de vaincre la faim et l'insécurité alimentaire à l'horizon 2015 par l'augmentation durable de la productivité et du niveau de production. Il a élaboré quatre programmes à savoir :

- La valorisation des ressources naturelles de base ; - L'intensification des systèmes de productions ; - La diversification des systèmes de productions ; - La transformation et la commercialisation.

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Le Schéma Directeur Agricole 2006-2016

Il s'inscrit également dans le prolongement de la mise en oeuvre de la stratégie Nationale de Réduction de la Pauvreté au Tchad (SNPR). Il s'articule autour de quelques options : la relance des produits vivriers, la production industrielle et le développement des produits des rentes.

Les Mesures d'Atténuations Appropriées au Niveau National (NAMA)

Il est soumis en Août 2010 par le Tchad et dont le deuxième et le quatrième axe portent sur :

- L'utilisation des terres, changement d'affectation des terres et foresterie (UTCATF) : réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation et renforcement des politiques et reboisement ;

- L'agriculture : promotion des engrais organiques et valorisation des semences fourragères.

Stratégie Nationale de Lutte contre les Changements Climatiques au Tchad (CNLCC 2017)

Elle vise à doter le Tchad des moyens à s'adapter aux changements climatiques et de participer à l'effort global d'atténuation du réchauffement climatiques en mettant en oeuvre des politiques et programmes cohérents reposant sur une économie diversifiée avec une valorisation durable des ressources naturelles et une transition écologique.

Le Schéma Directeur Agricole 2015-2017

Adopté par le gouvernement tchadien en 2015, envisage un processus de modération du secteur agricole, basé sur des méthodes faisant davantage appel à l'énergie mécanique, l'utilisation et la gestion d'un parc de matériel pour le défrichage, la maitrise de l'eau, la variation des cultures, le stockage et la transformation primaire des produits agricoles.

Plan Quinquennal de Développement de l'Agriculture (2013-2018) Les axes prioritaires d'interventions sont entre autres.

- Maitrise et de la gestion de l'eau

- Intensification et la diversification des productions agricoles

- Renforcement du dispositif de prévention et de gestion des crises alimentaires

- L'appui à la promotion des filières agricoles porteuses

- Le renforcement des capacités des services d'appui techniques et des organisations des

producteurs.

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Plan National d'Investissement du Secteur Rural du Tchad (PNSR 2014-2020)

Il a pour objectif global de faire du secteur rural une source importante de croissance économique, assurant la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations dans un contexte de développement durable.

Le Plan National de Développement (PND)

Il a été approuvé en avril 2013. La protection de l'environnement et l'adaptation aux changements climatiques (axe n° 7) est un de ses huit objectifs prioritaires. Cet objectif intègre une meilleure gestion des ressources naturelles et des catastrophes liées au réchauffement climatique, la lutte contre la désertification et la promotion des énergies renouvelables.

Le Plan d'Actions National pour l'Adaptation (PANA-Tchad)

Le PANA quant à lui, a été soumis en février 2010. Il présente dix projets portant notamment sur la maitrise de l'eau, l'intensification et la diversification des cultures, l'éducation au changement climatique ou encore la bonne gestion des sols. Ses actions concernent les trois zones climatiques du pays (zones soudanienne, sahélienne et saharienne).

Agence Nationale d'Appui au Développement Rural (ANADER)

Créée en Décembre 2016, elle contribue à l'amélioration des conditions de vie du monde rural et sa mission consiste à :

- Favoriser le professionnalisme des producteurs agricoles, des éleveurs et sylvicultures ; - Assurer la promotion des coopératives et des associations de producteurs ;

- Réaliser des études de projets agricoles et répondre efficacement à la demande des clients - Exécuter tout programme ou projet de développement confié à elle par l'Etat ;

- Conseiller les pouvoirs publics sur les questions liées à la promotion du monde rural : formation, crédit recherche/développement, aménagements ruraux, sécurité foncière. Les autres programmes étatiques

CPND : Contribution prévues déterminées au niveau Nationales : qui a pour objectif de permettre d'encadrer et de clarifier la progression des Etats dans la lutte contre les changements climatiques pour la période de 2020-2030.

ITRAD : Institut Tchadien de Recherche Agronomique : qui propose une gamme élargies des variétés et le DSP (Direction des Semences et Plants) qui est chargé de la vérification et de la certification des semences.

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2. Les Stratégies des Organisation Non Gouvernementales

- Le projet d'amélioration de l'information, éducation et communication des populations rurales et péri-urbaines à l'adaptation aux changements climatiques (ONG, UCN, Belgique). Il vise à améliorer le niveau d'information des populations à l'adaptation aux changements climatiques pour une meilleure prise de décision.

- Projet d'amélioration de la Résilience des Systèmes Agricoles du Tchad (PARSAT), avec le co-financement FIDA, FEM, ASAP et du Gouvernement Tchadien. Ce projet vise à contribuer à l'amélioration durable de la sécurité alimentaire des ménages ruraux.

IV. LES STRATEGIES D'ADAPTATION DES ACTEURS DANS LE DEPARTEMENT DE MAYO DALLAH

- Projet d'Appui Régional à l'Initiative pour l'Irrigation (Pariis-Tchad) : qui envisage appuyer les producteurs dans le domaine de maraichage, 10 sites de maraichages étaient identifiés dans le Département du Mayo Dallah et de Gagal parmi lesquels 3 sites sont retenus pour le projet. Il s'agit du site de Guewari, site de Rawaika et le site de Zabi. Mais l'élaboration de ces sous projets pour les financements ne sont pas encore lancés.

- La Direction Générale de la Production Agricole et de la Formation (DGPAF) qui intervient dans les domaines :

? Des statistiques agricoles, de la prévention des crises alimentaires, dont les principaux instruments sont le SISA/SAP, le CASAGC et ses démembrements (les CRA, CDA et CLA), à travers la Direction de la Production et de la Statistique Agricoles (DPSA),

? De la protection des cultures et du conditionnement, par la Direction de la Protection des Végétaux et du Conditionnement (DPVC).

- La Direction Générale du Génie Rural et de l'Hydraulique Agricole (DGGRHA), qui à travers la Direction de l'Hydraulique Agricole et des Aménagements Fonciers (DHAAF) et la Direction des Equipements Ruraux (DER) assure la conception, l'élaboration, le suivi et le contrôle des aménagements hydro-agricoles et des équipements ruraux ;

- Les activées avec GIZ : ce programme appuie les producteurs dans les domaines techniques tels que ITK des cultures, les maraichages et appui matériels comme les décortiqueuses arachide, les moulins etc....

- Le Programme Intégré de Développement et d'Adaptation aux Changements Climatiques dans le Bassin du Niger (PIDACC/BN) : ce dernier est en train de mener des sensibilisations

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en milieu rural afin que les producteurs s'organisent en groupement pour bénéficier de financement de la Banque Africaine de Développement.

- L'Office National de la Sécurité Alimentaire (ONASA) : il lance la vente subventionnée des stocks des céréales afin de renforcer les ménages pauvres à travers la période de soudure.

- Le PRODALKA : Programme de Développement Rural Décentralisé du Mayo Dallah, Lac Léré, Kabia (Tchad), qui est un programme de la coopération Tchado-Allemande crée en 2003 et qui a pris fin en 2016. Il a oeuvré pour l'amélioration des conditions de vie de la population rurale et pour réduire la pauvreté en milieu rural.

- ILOD : instance locale d'Orientation et de Décision

- CECADEC : Centre Chrétien d'Appui au Développement

- OCRA : Organisation pour l'Appui aux communautés Rurales.

V. CONTRAINTES LIEES AUX STRATEGIES D'ADAPTATION

ETATIQUE

Malgré les actions et les moyens déployés par les pouvoirs publics pour renforcer les activités agricoles, le monde rural face à la nouvelle donne climatique demeure de plus en plus vulnérable. Cette dernière témoigne ainsi les limites des efforts consentis par les pouvoirs publics. L'analyse de ces différents documents stratégiques, destinés renforcer le monde rural présente malgré la variété des termes usités (schéma directeur, programme, projet, plan etc....) des analogies frappantes dans leurs objectifs visés et les axes d'interventions (Reoungal, 2018). Les contraintes liées aux stratégies d'adaptation étatique se présentent comme suit :

- La mise en place des nouveaux programmes agricoles se fait sans une véritable évaluation des résultats du programme achevé précédemment. C'est ce qu'ont déclaré les auteurs du plan quinquennale 2013 : « la mise en oeuvre de toutes ces actions n'a pas toujours fait l'objet d'une évaluation exhaustive pour en mesurer l'impact ».

- Il n'existe pas des filières organisées pour l'approvisionnement en intrant c'est ainsi que les intrants non homologués pullulent les marchés locaux avec toutes les conséquences environnementaux possibles. C'est aussi le cas de l'utilisation des variétés performances caractérisées par une insuffisance notoire. Par ailleurs, l'infertilité des sols demeurent toujours une énigme pour le monde rural.

- Malgré les efforts consentis par les pouvoirs publics, l'agriculture au Tchad demeurent en grande partie manuelle et la mécanisation des opérations culturales s'arrête seulement

110

au laboure et le transport repose sur l'utilisation des charrettes. La SIMITRAC créée en Décembre 2010, qui a pour mission de doter tout le Tchad, ses agriculteurs, en tracteurs et accessoires agricoles en vue de la mécanisation de l'agriculteur après quelques années de fonctionnement s'est soldé par un échec.

- Les systèmes de crédits aux petites exploitations agricoles demeurent toujours embryonnaires alors que la demande est croissante.

- Enfin, selon le rapport PNSA (2006-2016), les niveaux de rendements des cultures vivrières au Tchad sont de manières générales inférieures à ceux obtenus dans d'autres pays ayant le même niveau de développement agricoles comparables.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote