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Les déterminants de l’efficacité de la politique monétaire en république démocratique du Congo .


par Jean bosco KAOMBA MUTUNDA
Université de Lubumbashi - Diplôme d'études approfondies en sciences économiques 2015
  

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II.6. LES LECONS DE LA POLITIQUES MONETAIRE CONGOLAISE

Comparant les différents programmes de stabilisation initiés au Congo, Mukoko Samba29 note que l'économie politique de l'ajustement est demeurée inchangée : les efforts sont constamment tournés vers le rééquilibrage macroéconomique à l'aide des instruments monétaires et de change. Il relève en outre qu'en cette matière «le Congo détient un impressionnant record d'échecs. Combien de temps durera la stabilité relative retrouvée depuis juin-juillet 2002 ?». Remarque très pertinente et question inévitable concernant précisément l'avenir du PEG, ce programme d'ajustement qu'exécute le gouvernement depuis le 1eravril 2002. Conçu pour se terminer normalement le 31 er juillet 2005, le PEG a vu l'année dernière sa date de clôture être prorogée jusqu'au 31 mars 2013, le Conseil d'administration du FMI ayant espéré que le gouvernement congolais pourrait en améliorer la performance jugée trop mitigée.30 Aujourd'hui, tout laisse entrevoir l'échec du PEG et sa suspension formelle par le FMI. Un crédit stand-by' de 27 millions de dollars américains était disponible auprès du FMI. Il ne fut jamais utilisé à la suite de la remontée des cours du cuivre, principale source de financement de l'économie congolaise à l'époque.

Dans cette perspective, il convient de rappeler deux caractéristiques importantes de l'économie congolaise déjà évoquées:

1) La permanence de l'inflation et

2) L'existence simultanée de la récession et d'une inflation qui s'aggrave durant les années précédent la mise en route des programmes d'ajustement. Cette dernière configuration a prévalu en 1975-1979 et en 1989-2001, comme indiqué dans le tableau N°7 plus haut. Il est évident, au regard de la combinaison des paramètres précités, que l'économie congolaise était soumise en permanence à des chocs positifs de demande qui sont à l'origine des tensions sur les marchés des produits et des changes ; et périodiquement, à des chocs négatifs d'offre qui ont entamé l'outil de production et dégradé le climat de l'investissement. L'instabilité macroéconomique elle-même et l'incertitude de la politique du gouvernement y ont particulièrement contribué.

29MUKOKO, S., «Politique économique en RDC : leçons des trois dernières décennies», in Notes de Conjoncture, nouvelle série, vol. 1, n°1, octobre 2003.

30Lire à ce sujet TSHIUNZA, M. et LUWANSANGU, P., «Le FMI entre le `flexibilisme' des critères quantitatifs et la primauté des critères structurels », in Notes de Conjoncture, nouvelle série, vol. 1, n°2, août 2005, pp.15-23.

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S'agissant des mesures de redressement, il est bien établi que les finances publiques, la monnaie et le taux de change constituent le ventre mou' de l'économie congolaise. Dès lors, il n'est pas étonnant que des mesures de réduction de la demande (par des politiques budgétaire et monétaire restrictives) et de réorientation de la demande globale (par des modifications du taux de change) aient constitué le socle invariable des programmes de stabilisation et des programmes d'ajustement structurel.

II.7.2. ÉVOLUTION RÉCENTE DE LA POLITIQUE MONÉTAIRE DE 2013-2018

La politique monétaire, en 2013 a été conduite dans un contexte marqué par la divergence de l'environnement économique aux niveaux international et national. Sur le plan international, il a été observé une décélération de la croissance économique suite à la poursuite des politiques d'austérité dans la plupart d'économies des pays avancés alors que sur le plan national, l'environnement a été marqué par une variation déduisant la maîtrise de l'inflation d'une part et une forte hausse inflationniste en mai 2017 ainsi qu'une variation accélérée et décélérée de la croissance économique durant la même période (2013-2018). Dans ce contexte, la politique monétaire a été assouplie. En 2013, l'objectif final de la politique monétaire a été atteint. En effet, le taux d'inflation s'est établit à 1,07% contre une cible de 4,0%.

Pour ce qui est des objectifs intermédiaire et opératoire, ils ont globalement subi des dépassements par rapport à leurs niveaux programmes. En effets, la base monétaire au sens strict s'est accrue de 17,0% contre un accroissement programmé de 15,3%. Quant à la masse monétaire hors provisions et dépôts en devises, elle a progressé de 21,3% contre une hausse programmée de 18,3%.

Au cours de l'année 2014, l'action de l'Autorité monétaire s'est de nouveau inscrite dans le sens de l'assouplissement de sa politique monétaire. En effet, le coefficient de la réserve obligatoire sur les dépôts a terme en monnaie nationale a été revu à la baisse et une injection de la liquidité a été opéré via l'encours du Bon BCC. Par ailleurs, le taux directeur a été maintenu à un niveau très bas. Toutes l'objectif final de la politique monétaire s'est situé en deçà de sa cible.

En effet, le taux d'inflation s'est établi à 1,03% contre un objectif de 3,7%. En outre, la base monétaire au sens strict et la masse monétaire hors provisions et dépôt en devises ont enregistré des croissances respectives de 11,3% et 9,8% contre de niveaux programmés de 13,9% et 20,1%. Cette situation s'explique principalement par un faible accroissement des facteurs autonomes de la liquidité, en particulier les avoirs intérieurs nets.

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Au cours de l'année 2015, les objectifs de la politique monétaire on été atteints avec les mêmes instruments les taux directeur, le coefficient de réserve et les bons BCC. Elle est restée prudentielle avec une tendance d'assouplissement de ces instruments traditionnels.(31)

S'agissant de l'orientation de la politique monétaire en 2016, l'Institut d'Émission a poursuivi une politique monétaire proactive en vue d'atténuer la volatilité sur le marché des biens et services. Dans cette perspective, la politique monétaire a été orientée dans le sens du durcissement. En effet, entre janvier et décembre 2016, plusieurs décisions ont été prises par la Banque Centrale du Congo notamment le relèvement du taux directeur qui est passé de 2% à 7% et l'ajustement à la hausse des coefficients de la réserve obligatoire en devises qui sont passés de 10% à 13% pour les dépôts en devises à vue et de 9% à 12% pour ceux à terme après une première hausse intervenue au mois de février dernier.

Pour ce qui est de la régulation de la liquidité, elle a été réalisée via les adjudications des Bons de la Banques Centrale. Néanmoins, le niveau d'encours des Bons BCC est resté faible à 8,5 milliards de CDF par rapport au niveau réalisé à fin décembre 2015 de 47,0 milliards de CDF.

Compte tenu de la persistance des tensions sur les différents marchés, le comité de Politique Monétaire a décidé ce qui suit :

1. Le relèvement du taux directeur de 7% à 14% ;

2. L'intervention sur le marché des changes par la vente des devises ;

3. La poursuite de la régulation de la liquidité via le Bon BCC ;

4. Le maintien des coefficients de la réserve obligatoires à leurs niveaux actuels, à savoir 13% et 12% pour les dépôts en devises à vue et à terme ainsi que 2% et 0% pour les dépôts en monnaie nationale à vue et à terme

Les chiffres des années 2016 et 2017 témoignent de l'importance même des défis à relever par l'autorité monétaire au cours de cette année. En effet, la RDC a enregistré, en fin 2016 et en 2017, son plus bas niveau des réserves internationales de change après la crise financière de

31 POLITIQUES MONETAIRES EN RDC

Depuis 2015, la Banque Centrale du Congo a mené sa politique monétaire dans un environnement économique difficile caractérisé par un ralentissement de la croissance aussi bien sur le plan national qu'international. A cet effet, l'Autorité Monétaire a maintenu la mise en oeuvre d'une politique monétaire accommodante. En effet, le coefficient de la réserve obligatoire sur les dépôts à vue en monnaie nationale a été revu à la baisse ; en plus, l'instrument Bon BCC est resté dynamique et son action a été orientée vers l'injection de la liquidité. Le taux directeur, pour sa part, a été maintenu inchangé. Par ailleurs, il convient de révéler que l'objectif final de la politique monétaire a été réalisé.

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2008. Cela représente environ 860 millions de dollars américains ou l'équivalent de 3,7 semaines d'importations des biens et services. En septembre 2017, le niveau était de 661 millions de dollars, soit l'équivalent de près de trois semaines d'importations de biens et services. Grâce à l'intervention de l'Etat, il y a eu une amélioration.

Par ailleurs, il faut signaler une forte inflation enregistrée au cours des années fin 2016, 2017 et 2018. La RDC a terminé l'année 2017 avec un taux de 55% contre un objectif dépassé de 7%. Au regard de l'environnement économique très difficile, cette inflation aurait pu s'avérer beaucoup plus catastrophique, érodant ainsi le pouvoir d'achat de la population. Au cours des années 2017 et début 2018, la monnaie nationale a enregistré une dépréciation de 31% (taux interbancaire) et 28% (taux parallèle moyen). Cette pression inflationniste est le résultat d'abord de la dépréciation du franc congolais face aux devises pour l'importation des biens et services. Pour autant, l'offre des devises continue à baisser.(32)

Cette progression serait consécutive à l'amélioration attendue des avoirs extérieurs nets et à l'augmentation des créances sur le secteur privé. Les avoirs extérieurs passeraient sur la période prévisionnelle de 2015 à 2018, de 1.742,6 milliards en 2015 à 3.109,7 milliards de CDF en 2018(33).

Cette hausse de 78,5% s'expliquerait par une augmentation attendue des avoirs de l'institut d'émission et des banques commerciales. S'agissant des créances sur le secteur privé, elles pourraient se situer à 2.634,3 milliards de CDF en 2018, soit une croissance de 20,4% par rapport à 2015, soulignant une amélioration du concours bancaire à l'économie.

Pour ce qui est de l'évolution des principales composantes de la masse monétaire sur la même période, une hausse serait anticipée de 18,8% en moyenne du stock monétaire tirée par une forte augmentation de la circulation fiduciaire et de 7,7% en moyenne de la quasi-monnaie impulsée par l'accroissement modéré des dépôts en devises. Par ailleurs, le multiplicateur monétaire devrait au cours de la période précitée reste relativement stable et le taux de dollarisation connaitrait une évolution baissière.

32 La politique monétaire : pas de changement de dispositif monétaire de la BCC - BCC 2016-2017. L'autorité monétaire table sur un taux directeur à 20% des coefficients de la réserve obligatoire sur les dépôts en devises à vue et à terme respectivement à 13% et 12%, sans oublier ceux pour les dépôts en monnaie nationale à vue et à terme à 2% et 0%.

33 TSHIUNZA MBIYE : l'évolution de la masse monétaire à la fin de l'année 2018, serait de 6.072,4 milliards de CDF (article/Kinshasa 21-12-2018). La masse monétaire en circulation serait a la fin de l'année 2018 de 6.072,4 milliards de CDF contre un niveau programmé de 4.483,9 milliards de CDF en 2015, indique le ministère du plan dans sa publication intitulée « Guide de cadrage macroéconomique ».

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En effet, il pourrait s'établir autour de 3,6 en moyenne annuel et le taux de dollarisation passerait de 81% en 2015 à 76% à la fin de 2018(34).

L'analyse de l'évolution du taux de change de janvier 2015 à août 2018 dégage trois tendances :

- Une période de stabilité du taux de change s'étendant de janvier 2015 à février 2016 où sa dépréciation a été de 0,93%.

- La période qui s'ensuit du caractérisée par une surchauffe sans précédent sur le marché de change depuis mars 2016. En l'espace de dix-sept mois, soit de mars 2016 à juillet 2017, le CDF a connu un taux de dépréciation de 76,4%. Le dollar américain qui s'échangeait contre 934 CDF en début mars 2016, s'est échangé contre 1 648 CDF à fin décembre 2018.

- Face à ce dérapage, le gouvernement et la BCC ont pris, depuis le début du mois d'août 2017 des mesures urgentes de stabilisation et raffermissement du CDF. Ces mesures ont abouti à une légère appréciation du CDF par rapport à l'USD de 5,5% de fin juillet à fin août 2017. Elles ont aussi permis de contenir de taux de change autour d'une valeur moyenne de 1 542 CDF pour 1 USD pendant tout le mois d'août.

a) Période de stabilité

Durant cette période, le taux de change interbancaire s'est situé autour de 927 CDF pour une unité de dollar américain en moyenne.

Le niveau des réserves de change était aussi acceptable. Il était de 1 753 millions USD équivalent à 7,23 semaines d'importations des biens et services au début de l'année 2015.

Quant au taux d'inflation, il était de 0,815% en 2015 pendant que le taux de croissance du PIB était de 6,9%. Ce fut déjà le début des signes annonciateurs de la fin de la période faste attendu que la croissance économique réalisée un an plus tôt était de 9,5% (2014).

34 TSHIUNZA MBIYE : l'évolution de la masse monétaire à la fin de l'année 2018, serait de 6.072,4 milliards de CDF (article/Kinshasa 21-12-2018). La masse monétaire en circulation serait a la fin de l'année 2018 de 6.072,4 milliards de CDF contre un niveau programmé de 4.483,9 milliards de CDF en 2015, indique le ministère du plan dans sa publication intitulée « Guide de cadrage macroéconomique ».

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b) Période de surchauffe

Le cycle glorieux de stabilité du taux de change a été rompu vers la fin du troisième trimestre de l'année 2015.

La monnaie nationale s'est dépréciée graduellement jusqu'à perdre 78% de sa valeur à partir 31 juillet 2017 jusqu'en décembre 2018 (1 648 CDF/USD) comparativement à sa valeur au 30 janvier 2015 (925 CDF/USD). Cette perte de valeur du CDF s'est accompagnée d'un faible niveau de l'activité économique, d'une inflation à la hausse et du désinvestissement dans des secteurs d'activités (industries brassicoles, cimenteries).

Les réserves de change ont connu une baisse drastique. Elles se sont évaluées à 722,50 millions USD équivalent à 3,17 semaines d'importation des biens et services à la fin du mois de juillet 2017.

Les taux de croissance économique et d'inflation se sont situés respectivement à 2,4% et 23,6% en 2016.

Des causes majeurs qui ont été à la base de la rupture de la stabilité du taux de change et d'autres indicateurs macroéconomiques (PIB, inflation, investissement), il y a notamment :

- La baisse des recettes d'exportation due à la chute des cours des matières premières à l'international ;

- La structure non diversifiée de l'économie nationale ;

- La dépendance de l'économie envers les importations des produits de première nécessité ;

- L'implémentation des politiques publiques inefficaces ;

- La prise des décisions inadaptées ;

- Le climat des affaires non propice pour les investissements ;

- La non-prise en compte des préoccupations et des recommandations des opérateurs du secteur privé ;

- La situation politique peu rassurante.

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