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Sécurité et liberté chez Thomas Hobbes


par Jacob Koara
Université Joseph Ki Zerbo  - Master 2022
  

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CONCLUSIONGÉNÉRALE

L'État cherche quotidiennement à opérer un aménagement harmonieux entre les impératifs sécuritaires et les libertés individuelles et collectives. Cette conciliation n'est pas toujours évidente et facile à opérer. Notre préoccupation essentielle a été de démontrer, dans ce Mémoire, en quoi le hobbisme politique pouvait contribuer à solutionner ce dilemme auquel se trouve confronté l'État. La philosophie politique hobbesienne pourrait permettre la conciliation entre politique sécuritaire et respect des droits civiques. Pour vérifier cette hypothèse, la réflexion s'est articulée autour de trois grandes parties.

La première partie s'est intéressée à la nouvelle grille d'intelligibilité introduite par l'auteur du Léviathandans le champ épistémologique de la philosophie politique. À cet effet, dans le premier chapitre, nous avons examiné le caractère scientifique du hobbisme politique. Les griefs de ce dernier contre la philosophie politique classique, ainsi que la scolastique, ont d'abord été relevés avant de passer à sa systématisation de la science politique. L'essentiel du reproche que Thomas Hobbes fait aux Anciens est que leur philosophie politique repose plus sur des chimères que sur la réalité. Quant à la scolastique, elle s'est fourvoyée, en logeant dans la divinité la légitimité du pouvoir politique alors que celle-ci se situe au niveau des hommes. Nous avons établi, ensuite, un rapport entre le hobbisme politique et la pensée du philosophe florentin Nicolas Machiavel. Si tous deux s'en sont pris aux classiques, il n'en demeure pas moins que leurs approches de la politique diffèrent en bien des points. Contrairement au philosophe de Malmesbury, le secrétaire florentin n'a pas senti la nécessité de s'attarder sur la question de l'organisation sociale. Thomas Hobbes, après avoir montré les lacunes de ses devanciers, a fait de la philosophie politique une science soucieuse de la rigueur, de la clarté. Il lui a donné un caractère démonstratif. Pour arriver à ce résultat, il a dû introduire de nouveaux concepts dans ce champ disciplinaire, car ceux existants ne lui permettaient pas de rendre compte de façon efficiente de ce qu'il voulait exprimer. Ces nouvelles notions systématisées par lui sont, entre autres, le concept d'état de nature et le contrat social.

C'est à l'analyse de ces concepts novateurs que nous avons consacré le deuxième chapitre. L'idée d'état de nature a contribué à saisir l'idée que Thomas Hobbes se fait de l'homme ; et aussi le type de contrat social à même de lui assurer une existence paisible. Cette existence paisible passe par la pacification des rapports que l'homme entretient avec son prochain au quotidien. D'ailleurs, c'est à cette tâche que le philosophe anglais voue l'activité politique. Pour atteindre cet objectif, l'État doit pouvoir asseoir la sécurité et faire prospérer les libertés individuelles et collectives.

C'est cette équation difficile à laquelle doit faire face l'État hobbesien, et tout État en général, que nous avons tenté de résoudre dans la deuxième partie de notre travail. Pour être beaucoup plus explicite, nous avons montré le lien dialectique qui existe entre la sécurité et la liberté dans la philosophie politique hobbesienne. Le chapitre trois a alors consisté en l'analyse des concepts de sécurité et de liberté, à partir de l'idée qu'il s'en fait. Le contenu que l'auteur du Léviathan donne à ces concepts va au-delà de la conception commune. D'une part, la sécurité n'est pas, comme le pense le sens commun, le simple fait d'éviter tout ce qui pourrait nuire à l'intégrité physique et morale de notre personne, mais elle est synonyme de paix et englobe tout ce qui pourrait concourir à rendre l'existence humaine agréable. D'autre part, la liberté hobbesienne n'est pas synonyme de libertinage. Elle trouve sa manifestation dans ce qu'autorise la loi civile. Tout ceci concourt à faire de l'approche hobbesienne de ses deux notions une conception assez particulière et révolutionnaire.

Après ce travail d'analyse conceptuelle, nous avons montré, au quatrième chapitre, la signification de la sécurité et la liberté pour l'État hobbesien. Pour Thomas Hobbes, l'assise de la sécurité est la première finalité que devrait s'assigner l'État. Cependant celle-ci, en elle-même, ne constitue pas une fin en soi, c'est un moyen terme. Cette étape passée, l'État assurera aux citoyens la jouissance d'un certain nombre d'éléments de droits. Il en est ainsi, car, pour Hobbes, si les individus sacrifient la liberté illimitée qu'ils possédaient à l'état de nature pour intégrer la société civile, ce n'est pas pour vivre sous le joug de l'esclavage, de l'oppression d'un quelconque tyran ou despote. En revanche, c'est pour mieux jouir de leur liberté, une liberté plus raisonnable, celle qu'encadrent les lois de la république. C'est à l'abri de celles-ci que chacun pourra véritablement travailler à sa propre réalisation.

Si Thomas Hobbes a adressé un certain nombre de critiques à ses devanciers, disons que lui-même n'en a pas été épargné. Nous avons alors décidé de consacrer la troisième et dernière partie de cette étude à l'analyse de ses critiques. À cet effet, nous ne sommes pas voulus exhaustifs, mais sélectifs. Ces critiques ont été abordées sous l'angle de l'application du hobbisme politique dans la quête de sécurité publique et des libertés civiques. Au chapitre cinq, nous nous sommes intéressé à ce qui dans le hobbisme politique en ferait une pensée liberticide notamment sa conception du pouvoir politique comme devant être absolu ou encore son appel à l'instauration d'un État qui aurait compétence à régir toutes les sphères de la vie des citoyens. Bref, c'est à une véritable exhortation à un étatisme exacerbé. Après cette critique, somme toute négative du hobbisme politique, nous avons tout de même voulu rendre justice au philosophe de Malmesbury. Nous l'avons fait en montrant que s'il y a effectivement étatisme et absoluité du pouvoir chez ce dernier, sa pensée n'en est pas pour autant liberticide. Ce à quoi a été consacré entièrement notre sixième et dernier chapitre. Nous y avons d'abord relevé les amalgames et autres confusions qui sont faits sur le concept d'absolutisme hobbesien et nous avons clos avec l'analyse des garde-fous juridiques formulés par Thomas Hobbes pour préserver la dignité humaine.

En guise de conclusion, nous estimons, et ce à juste raison d'ailleurs, que même si la philosophie politique hobbesienne prête le flanc à certaines critiques, il n'en demeure pas moins que si des analyses sérieuses, exemptes de tous ces travestissements dont elle est généralement l'objet, étaient faites, c'est une pensée dont la mise en application pourrait concourir à la consolidation des droits humains tant en matière de politique sécuritaire que dans d'autres domaines. Cependant, l'époque contemporaine n'étant pas l'époque qui a vu naître l'hobbisme politique, il convient de l'adapter aux réalités actuelles. Les conditions d'adaptation et d'application pourraient constituer l'objet d'un sujet d'étude.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand