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Agrobusiness, sécurité foncière et alimentaire au Sourou (Burkina Faso). Cas des périmètres agricoles de Niassan, Di, Débé et Gouran.


par Ouango Blaise ZONGO
Université Joseph Ki-Zerbo (Ouagadougou) - Maîtrise de géographie 2014
  

Disponible en mode multipage

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MINISTERE DES ENSEIGNEMENTS SECONDAIRE ET SUPERIEUR

UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU

UNITE DE FORMATION ET DE RECHERCHE EN SCIENCES HUMAINES DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE

Mémoire de Maitrise

THÈME:

AGRO-BUSINESS, SECURITE FONCIERE ET ALIMENTAIRE AU SOUROU :

CAS DES PERIMETRES AGRICOLES DE NIASSAN, DI, DEBE ET GOURAN

Présenté par : ZONGO Ouango Blaise Sous la direction de : Dr. Banza BAYA

Maître de Conférences

Année académique 2013- 2014

i

Table des matières i

DEDICACE iv

REMERCIEMENTS v

TABLES DES ILLUSTRATIONS vi

SIGLES ET ABREVIATIONS viii

Introduction générale 10

I. L'approche théorique et méthodologique de l'étude 4

1.1. Le cadre théorique et conceptuel 4

1.1.1. La problématique 4

1.1.2. La revue de littérature 6

1.1.3. Les objectifs de l'étude 9

1.1.4. Les hypothèses 9

1.1.5. La définition des concepts, les variables d'études et la grille conceptuelle 10

1.1.5.1. La définition des concepts 10

1.1.5.2. Les variables d'étude 14

1.1.5.3. La grille conceptuelle 14

1.2. Le cadre méthodologique 16

1.2.1. Le choix de la zone d'étude 16

1.2.2. La collecte des données 17

1.2.2.1. La recherche documentaire 17

1.2.2.2. Les enquêtes de terrain 18

1.2.3.3. Le traitement et l'analyse des données 20

1.2.3.4. Les difficultés du travail de terrain 20

PARTIE I: LA PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE 21

Introduction: 22

Chapitre 1: Les déterminants physiques de la pratique de l'agro-business au Sourou 23

1.1. Présentation du Sourou 23

1.2. Les caractéristisques climatiques 23

1.2.1. Les précipitations 24

1.2.2. Les températures et l'évapotranspiration 24

1.2. 3. Les vents 25

1.3. Les aspects biophysiques de la zone de pratique de l'agro-business 25

1.3.1. La géomorphologie 25

1.3.2. Le réseau hydrographique 25

1.3.3. Les types de sols 25

Chapitre 2: Les facteurs socio- démographiques 29

2.1. La structure par âge et par sexe de la population 29

2.2. Historique du peuplement et des mouvements migratoires 30

II

2.3. Le régime foncier traditionnel. 31

2.4. Les facteurs socio-économiques de la pratique de l'agro-business au Sourou : l'élévage 31

2.5. La localisation des périmètres exploités par les agro-businessmen 32

2.5.1. Les périmètres agricoles de la commune rurale de Di 32

2.5.2. Les périmètres agricoles de la commune rurale de Lanfiéra 34

PARTIE II : AGRO-BUSINESS, SECURITE FONCIERE ET ALIMENTAIRE A

NIASSAN, DI, DEBE ET GOURAN 36

Introduction 37

Chapitre 3: Etude comparative de la production agricole d'agro-business et les productions

locale et régionale 38

3.1. Les caractéristiques de l'agro-business 38

3.1.1. Les caractéristiques socio- démographiques de la pratique de l'agro-business 38

3.1.1.1. La répartition des agro-businessmen selon le sexe 38

3.1.1.2. La provenance géographique et culturelle des agro-businessmen 38

3.1.2. Le statut socio-professionnel des agro-businessmen du Sourou 39

3.1.2.1. Le statut social 39

3.1.2.2. Le statut professionnel des agro-businessmen du Sourou 39

3.2. Les conditions d'installation des agro-businessmen sur leur périmètre 42

3.3. La production agricole d'agro-business 43

3.3.1. Les modes d'exploitation des parcelles 43

3.3.1.1. L'exploitation familiale 43

3.3.1.2. Le mode d'exploitation des parcelles par métayage 43

3.3.1.3. Le mode de gestion des parcelles par délégation 44

3.3.2. Les superficies possédées par les agro-businessmen du Sourou 44

3.3.2.1. Les superficies mises en valeur en campagne humide et sèche par les agro-businessmen 46

3.3.2.2. Le matériel et le travail d'exploitation des parcelles 47

3.3.2.2.1. Le matériel de travail sur les parcelles 47

3.3.2.2.2. Les ouvriers agricoles 48

3.4. La production agricole du Sourou et de la région de la Boucle du Mouhoun 58

3.5. La production des périmètres irrigués du Sourou et des localités des départementsde Di et

Lanfiéra 58

3.6. Les problèmes liés à la production agricole d'agro-business 59

3.6.1. Les problèmes liés à la qualité des intrants 59

3.6.2. Les problèmes financiers 60

3.6.4. Les problèmes d'infrastructures 61

Chapitre 4:L'agro-business et les perspectives de sécurité foncière et alimentaire 63

4.1. Agro-business et perspectives de sécurité foncière 63

4.1.1. Les outils juridiques 63

4.1.1.1. La Réorganisation Agraire et Foncière et la sécurité foncière des acteurs de la

production agricole des périmètres de Niassan, Di, Débé et Gouran 63
4.1.1.2. La Loi N°034-2009/AN portant régime foncier rural et l'état de sécurité foncière des

acteurs de la production des périmètres agricoles de Niassan, Di, Débé et Gouran 65

III

4.1.1.3. La Loi Coopérative ou Loi N° 014/99/AN du 15/04/99 portant réglementation

des sociétés coopératives et groupements au Burkina Faso 67
4.1.1.4. Le cahier spécifique des charges du Sourou et de la haute vallée du Mouhoun et le protocole d'accord: état de la sécurité foncière des acteurs agricoles de Niassan, Di, Débé et

Gouran 68

4.1.2. La pratique de l'agro-business et les nouveaux rapports fonciers 70

4.1.2.1. Les rapports socio-fonciers entre population locale et agro-businessmen 70

4.1.2.2. Les rapports socio-fonciers entre les coopérateurs et les agro-businessmen 72

4.1.2.3. Les rapports fonciers entre agro-businessmen 75

4.2. L'Agro-business et les perspectives de sécurité alimentaire à Niassan, Di, Débé et Gouran 75

4.2.1. La disponibilité spatio-temporelle des produits agricoles d'agro-business 76

4.2.1.1. La disponibilité spatiale des produits agricoles d'agro-business 76

4.2.1.2. La disponibilité temporelle des produits agricoles d'agro-business 77

4.3. L'accessibilité aux produits agricoles d'agro-business 80

4.3.1. Les habitudes alimentaires de la population de notre zone d'étude 80

4.3.2. Les marchés d'écoulement de la production agricole d'agro-business 81

4.3. Agro-business-sécurité foncière-sécurité alimentaire : un lien de causalité ou un mariage

forcé? 83

4.3.1. Agro-business-sécurité foncière-sécurité alimentaire : un lien de causalité? 84

4.3.2. Agro-business - sécurité foncière - sécurité alimentaire : un mariage forcé? 84

Conclusion générale 88

Références bibliographiques 91

ANNEXE ....x

iv

DEDICACE

Nous dédions ce mémoire à :

A notre mère bien aimée, KANSOLE Eli Solange, qui est tout pour nous et nos frères ;

A monsieur KABORE Edmond pour son soutien multiforme et inestimable.

V

REMERCIEMENTS

Le présent mémoire est l'aboutissement d'un long cheminement, un défi et un espoir.

Sans le concours de bonnes volontés, il n'aurait pas vu le jour. Nous tenons à leur exprimer toute notre reconnaissance.

Nous remercions particulièrement :

- l'ensemble du corps professoral du Département de Géographie pour la notion de travail bien fait et la rigueur qu'ils nous ont inculquée à travers conseils, enseignements et orientations ;

- notre Directeur de mémoire le Dr. Banza BAYA pour ses encouragements, ses motivations et ses critiques toujours constructives qui nous ont aidé dans l'élaboration de ce mémoire ;

- les camarades militants de l'Union Générale des Etudiants Burkinabé (UGEB) pour leur esprit de sacrifice qui leur permet de défendre vaillamment les intérêts matériels et moraux des étudiants ;

- à l'Association Burkinabè d'Assistance et de Secours Populaire (ABASSEP) ;

- toute l'équipe de l'Autorité de Mise en Valeur de la Vallée du Sourou pour les conditions favorables qui ont facilité la collecte de nos données, la proximité avec certains qui ressemblait à une certaine complicité ;

- aux populations des Départements de Di et de Lanfiéra pour leur disponibilité et leur collaboration, plus particulièrement Monsieur le Maire de la Commune Rurale de Di qui ne fixait pas de rendez-vous pour nous recevoir ainsi que ses collaborateurs ;

- Messieurs KABORE Adama et SONDO Thomas, respectivement Directeurs des Ecoles Niassan B et Gouran, ainsi que BALBONE Abdoulaye à Tougan, leur famille qui nous ont hébergé et nous ont apporté tout le soutien nécessaire.

Nous adressons aussi, un merci particulier à Monsieur ZERA Dramane qui était soucieux de notre séjour dans la vallée du Sourou. Nos remerciements s'adressent aussi aux coopérateurs et aux agro-businessmen de la vallée du Sourou, les responsables des marchés de Di, Niassan et Gouran. Nous remercions tous nos promotionnaires pour l'amitié et la complicité partagées, particulièrement Monsieur WANGRE Innocent à la Direction Générale de l'Aménagement du Territoire.

A tous ceux, qui nous sont chers, nous leur adressons notre grande reconnaissance.

vi

TABLES DES ILLUSTRATIONS

Liste des tableaux

Tableau n°1.1: récapitulatif des concepts et variables d'analyse 15

Tableau n°2.1: Structure par sexe et par âge des localités de notre d'étude 29

Tableau n°2.2: Répartition du cheptel et de la volaille du Sourou de 2005-2009 32

Tableau n° 3.1: Répartition des agro-businessmen selon le lieu d'approvisionnement en engrais 56

Tableau n°3.2: Répartition de la redevance eau selon les opérateurs agro-business 57

Tableau n°4.1: Etat des lieux des coopératives et groupement du Sourou 67

Tableau n°4.2: Les endettés de la coopérative Heressera exposés à une expulsion du périmètre 73

Tableau n°4.3: Répartition des opérateurs agro-business selon leur production en maïs 77

Tableau n°4.4: Répartition de la quantité d'oignon produite par les agro-businessmen 78

Tableau n°4.5: dépenses alimentaires de la population locale enquêtée 81

Liste des graphiques

Graphique n°3.1: Répartition des agro-businessmen et des superficies exploitées suivant leur

statut professionnel 40

Graphique n°3.2: Répartition des agro-businessmen et des superficies exploitées suivant leur

niveau d'instruction 41

Graphique n°3.3: Proportion des agro-businessmen et les superficies en ha possédées sur leur site

officiel 45

Graphiques n°3.4: Proportion des agro-businessmen et les superficies en ha possédées parmi les

Coopératives 45

Graphique n°3.5: Répartition des agro-businessmen suivant leur production en monoculture/

polyculture dans l'année 46

Graphique n°3.6: Ouvriers agricoles contractuels embauchés et proportion d'agro-businessmen 48

Graphique n°3.7: Ouvriers agricoles permanents et proportion d'agro-businessmen 49

Graphique n°3.8 : Comparaison des proportions d'agro-businessmen suivant le nombre d'ouvriers

agricoles employés 50

Graphique n°3.9: Salaires versés en millers de FCFA par an aux ouvriers agricoles permanents et

proportion d'agro-businessmen 50

Graphique n°3.10: Répartition de la quantité de semence maïs utilisée suivant les agro-

businessmen 52

Graphique n°3.11: Répartition des dépenses en milliers de FCFA en semences maïs suivant les

agro-businessmen 52

Graphique n°3.12: Répartition de la quantité de la semence d'oignon utilisée suivant les agro-

businessmen 53

Graphique n°3.13: Répartition des dépenses en millions de FCFA en semence d'oignon suivant

les agro-businessmen 54

vii

Graphique n°3.14: Répartition de la quantité d'engrais utilisée en tonnes suivant les agro-

businessmen 55

Graphique 3.15: Répartion des dépenses d'engrais en millions de FCFA suivant les agro-

businessmen 56

Graphique n°4.1: Courbes récapitulatives des variations de la production de maïs et d'oignon 79

Graphique n°4.2: L'intérêt du secteur financier pour la terre 86

Liste des cartes

Carte n° 1.1: Situation géographique du Sourou 23

carte n°1.2: le réseau hydrographie du Sourou 26

Carte n°1.3: La répartition des sols au Sourou 28

Carte n°2.1: Présentation diachronique des périmètres agricoles de la commune rurale de Di 33

Carte n°2.2: Présentation diachronique des périmètres agricoles de la Commune rurale de Lanfiera 34

Liste des photos

Photo n°3.1: Polyculture (maïs + choux+ oignons) 47

Photo n°3.2: Une parcelle de maïs 47

Photo n°3.3: Entrepôt sommaire d'oignon 62

Photo n°3.3: Préparation de la semence d'oignon 62

Photo n°4.1: Une parcelle d'oignon d'un agro-businessman 78

VIII

SIGLES ET ABREVIATIONS

ADP : Assemblée des Députés du Peuple

AMVS : Autorité de Mise en Valeur du Sourou

AN : Assemblée Nationale

ARID : Association Régionale de l'Irrigation et du Drainage

AVV : Autorité de la Valée de Volta

BUC : Bibliothèque Centrale Universitaire

CANI : Coopérative Agricole de Niassan

CAPSO : Coopérative Agro-Pastorale de Sorokady

CILSS : Comité Inter-Etats de Lutte contre la Séchéresse dans le Sahel

CIRD : Centre d'Information sur la Recherche et le Développement

CNID-B : Centre National de l'Irrigation et du Drainage du Burkina

CNR : Conseil National de la Révolution

COPROMAG : Coopérative des Producteurs Maraîchers de Guiédougou

CRPA : Centre Régionaux de Production Agropastorale

CRTO : Coopérative Rizicole Toma-Ile

DAFFPA : Direction des Affaires Foncières, et de la Formation de la Professionnelle Agricole

DGPER : Direction Générale de la Promotion de l'Economie Rurale

DGPSA : Direction Générale des Prévisions et des Statistiques Agricoles

DRAHRH : Direction Régionale de l'Agriculture de l'Hydraulique et des Ressources Halieutiques

FAO : Food and Agriculture Organization

FARM : Fondation pour l'Agriculture et la Ruralité dans le Monde

FP : Front Populaire

GRAF : Groupe de Recherche Action sur le Foncier

ID3A : Initiatives pour le Développement de l'Agro-business et l'Agro - Industrie en Afrique

IIED : Institut International pour l'Environnement et le Développement

IIM : Institut International de Management de l'Irrigation

INSD : Institut Nationale des Statistiques et de la Démographie

MA : Ministère de l'Agriculture

MAHRH : Ministère de l'Agriculture de l'Hydraulique et des Ressources Halieutiques

MED : Ministère de l'Economie et du Développement

OFNACER : Office National des Céréales

ONBAH : Office National des Barrages et des Aménagements Hydrauliques

PAS : Programme d'Ajustement Structurel

PASA : Programme d'Ajustement Sectoriel Agricole

RAF : Réorganisation Agraire et Foncière

SOCADI : Société Coopérative Agricole de Di

ix

RESUME

Depuis quelques années, l'agro-business est devenu un modèle agricole en vogue, du moins dans les discours politiques. Ce modèle agricole a une histoire. Aboutissement de l'agriculture industrielle européenne du XIXè siècle, l'agro-business s'est exporté dans presque tous les continents. Ce type d'agriculture est au centre des débats politiques et scientifiques car ses implications sur les questions alimentaires et foncières sont multiples, complexes, et déterminent parfois l'avenir de certains pays (SNAT, 2008). Au Sourou et particulièrement sur les périmètres agricoles de Niassan Di, Débé et Gouran, ce modèle agricole en cours est non encore prédominant. Les exploitants familiaux ou petits paysans sont les plus nombreux et la superficie totale qui leur revient aussi. C'est aussi le cas de leur contribution à la production alimentaire de ces localités. Nonobstant, les agro-businessmen, même en nombre inférieur, ne sont pourtant pas les moins nantis. Certains avantages les mettent individuellement au-dessus des petits paysans. Il s'agit de la superficie minimale à exploiter (10 ha) contre 0,12 à 3 ha pour ces derniers. Des lois foncières facilitent aussi leur entreprise. Mais, dans la pratique, la production d'agro-business n'est pas disponible ni accessible. Aussi, il se pose encore le problème de durabilité et de variabilité alimentaire alors que l'agro-business était sensé solutionner. Une telle situation a retenu notre attention et mérite une analyse pour approfondir sa compréhension.

La présente étude a donc pour objectif de contribuer à analyser les relations entre les pratiques d'agro-business et les perspectives de sécurisation foncière et alimentaire au Sourou. La méthodologie utilisée a consisté à la détermination d'un échantillonnage en nous appuyant sur des données secondaire déjà disponibles à l'AMVS et les données primaires collectées par des enquêtes qualitative et quantitative. L'échantillon démographique a porté sur le 1 / 10 des 3000 producteurs agricoles des périmètres agricoles. La méthode directionnelle et du porte à porte a été utilisée pour les enquêtes. S'agissant des agro-businessmen, tous les 13 exploitants présents au Sourou ont été enquêtés. Il ressort de l'analyse des données collectées que la relation entre agro-business, sécurité foncière et alimentaire dans les localités de Niassan, Di, Débé et Gouran n'est pas un objectif atteint. L'agro-business a été éloigné de sa mission première confiée à elle par l'Etat en matière de sécurité alimentaire à cause de la réorientation des objectifs des périmètres aménagés et la destination de la production agricole d'agro-business. Cela freine la politique d'industrialisation et de transformation industrielle des produits agricoles d'agro-business à cause de la vente à l'état brut. Ainsi, n'est-il pas nécessaire de renforcer la capacité technique des coopératives et de la population locale pour la réalisation de cette mission, de promouvoir la souveraineté alimentaire ?

Mots clés : agro-business, sécurité foncière, sécurité alimentaire, Niassan, Di, Débé, Goura, Sourou, Burkina Faso.

1

Introduction générale

Depuis quelques années, l'agro-business est devenu un modèle agricole en vogue, du moins dans le discours politique. Ce modèle agricole a une histoire. Il a été favorisé par la mécanisation de l'agriculture et a été accéléré la révolution scientifique. On utilise désormais des semences sélectionnées et des engrais de bonne qualité pour accroître les rendements. Peu à peu se mettent en place des entreprises agricoles de plus en plus spécialisées. On aboutira à l'agro-industrie et aux monopoles qui contrôlent les marchés de semences commercialisées et des semences génétiquement modifiées et du commerce des céréales et banane (HORMAN, 2006). Cette agriculture est productiviste et demande peu de main d'oeuvre. Le surplus des exploitants sera absorbé par l'industrie et constitue le prolétariat urbain. L'agro-business s'est exporté dans presque tous les continents. Cette avance de l'Europe dans le domaine industriel et agricole par rapport aux pays africains est bien illustrée par OUEDRAOGO (2011):

«Visiblement le contexte européen de formation de ce type d'agriculture n'est pas celui des pays africains. Ils n'ont pas connu de révolution industrielle et ne sont pas, non plus dans une position dominante dans les rapports internationaux comme ce fut le cas pour l'Europe au XIXè siècle. En outre la mondialisation et la concurrence constituent une limite au processus d'industrialisation - révolution agricole pour des raisons de compétitivité. En effet, le retard d'industrialisation des pays africains semble être une limite à une révolution agricole endogène ; la minimisation des coûts de production impose d'importer nécessairement certains capitaux fixes, notamment les machines...» (p 25).

Il ressort que les pays africains n'ont pas pratiqué l'agro-business selon l'orthodoxie de ce modèle agricole. Cela fera que l'agro-business pratiqué en Afrique ne sera que l'ombre portée et projetée de celui pratiqué en Europe. Le déséquilibre des forces, la division internationale du travail, la colonisation, les programmes d'ajustement structurel (PAS) seront utilisés comme moyens de pression pour imposer ce modèle à l'Afrique. Les politiques agricoles volontaristes et productivistes pour l'autosuffisance alimentaire seront donc abandonnées pour la sécurité alimentaire. En Afrique l'agro-business va se distinguer de l'agriculture paysanne par de vastes superficies sur lesquelles il est pratiqué. Cette décision a été prise au Forum Mondial de l'Agro-industrie tenu au Nigéria en 2010 à travers l'Initiative de Développement de l'Agro-business et de l'Agro-industrie en Afrique (ID3A). L'achat de vastes terres par les entreprises d'agro-business (les unes plus puissantes que les autres au regard de leur pouvoir économique) s'en suivra. Elles viennent de l'Asie, du Moyen Orient et l'Europe. Ainsi, la Chine dispose de 10 000 ha de terre au Cameroun, 40 046 ha en Ouganda et 300 ha en Tanzanie. La Corée du Sud se taille

2

690 000 ha de terre au Soudan, 1 300 000 ha à Madagascar. L'Arabie Saoudite, grand pays producteur de pétrole a 10 117 ha de terre au Soudan, 100 000 ha au Sénégal, 1 500 ha en Algérie. Le Japon, quant à lui, exploite 1 600 ha des terres égyptiennes. Il y a aussi certains Etats africains qui pratiquent l'agro-business sur le continent. Il s'agit du Nigéria avec 40 000 ha de terres au Sénégal ; la Libye exploitait 100 000 ha de terre au Mali et 30 ha au Bénin (SOS FAIM, 2009). Malgré ces grandes superficies mises à la disposition de ces entreprises et firmes multinationales, la situation alimentaire de ces pays ne s'est guère améliorée car la plupart des entreprises étrangères ne produisent pas des cultures vivrières mais plutôt de la canne à sucre, du jatropha pour la fabrication de biocarburant. Les compagnies chinoises avec 100 000 ha au Mali à l'office du Niger et les compagnies pétrolières françaises Total sont des exemples en la matière.

Le Burkina Faso aussi, avec l'adoption des Programmes d'Ajustement Structurel (PAS), sera désormais sur la liste des pays où sera pratiqué l'agro- business. Surtout qu'il dispose d'environ 9 millions ha de terres cultivables dont seulement 160 000 ha irrigables soit 2% des terres cultivables. Les prêts contractés par le pays seront payés aux prix de cette concession. Il en est de même pour les 200 milliards de FCFA déjà contractés auprès de la Banque Mondiale et du Fond Monétaire International (Institutions de Brettons Wood) pour l'aménagement de 17 750 ha. Dans cette somme, 20,3 milliards de FCFA ont servi à l'aménagement de la vallée de la Volta. Le barrage de Bagré et ses aménagements annexes ont coûté 45 milliards de FCFA (KANAZOE, 1999). Le Burkina Faso est alors soumis aux injonctions de ces institutions. L'ouverture au privé du secteur agricole et la commercialisation des produits agricoles seront alors décidées par la Banque Mondiale et le Fond Monétaire International à travers le programme d'ajustement sectoriel agricole (PASA). BETHELEMONT, FAGGI et ZOUNGRANA (2003) précisent :

«L'actuelle orientation des politiques agricoles du Burkina Faso est donc tournée vers le marché. En effet, un des principaux motifs utilisés pour expliquer l'atonie du secteur agricole est l'absence d'un marché efficient capable de stimuler la production. Selon les objectifs ministériels, toute la production agricole sera dorénavant fondée sur les opportunités offertes par le marché donc la demande nationale et internationale. Accéder au marché devient dès lors une étape fondamentale dans le processus de modernisation du secteur agricole. Si dès les années 60 le paysannat a été fondamental dans toutes les initiatives agricoles et s'il a longtemps constitué l'instrument stratégique de l'emploi et de la gestion politique des sociétés rurales, les années 1990 définissent l'aptitude nouvelle par rapport au territoire rural, son économie et sa société entreprise agricole (agro-business), libre marché, privatisation sont devenus les piliers déclarés du système économique du Burkina Faso.» (p 69).

En adoptant le PASA, le Burkina Faso a opté de prioriser l'agriculture commerciale. Sa politique agricole va se calquer sur cette logique. Le plus grand choix sera donné aux privés et aux marchés. Les agro-businessmen, principaux acteurs de ce nouveau modèle agricole, sont ceux

3

sur qui l'Etat compte pour exploiter les vastes terres fertiles. Le Ministère l'Agriculture en 1999 précise:

«Des espaces fertiles s'étendent à perte de vue à Bagré. Malheureusement, ils restent sous exploités par les paysans qui y vivent. Ce serait un gâchis si cela devait durer il faudra tôt ou tard rembourser. Il faudra rentabiliser l'aménagement agricole de Bagré et des autres zones comme le Sourou, en faisant appel à des opérateurs privés » (M.A. 1999 : p8).

Ainsi, c'est aux agro-businessmen ou opérateurs privés que revient désormais la rentabilisation des aménagements agricoles. Si ce modèle agricole a commencé par les périmètres aménagés, il ne s'y est pas confiné. Les périmètres non aménagés du Ziro et du Houet sont aussi concernés avec respectivement 9 540 ha et 6 978 ha (GRAF, 2010).

Au Sourou, l'agro-business a d'abord été expérimenté en 1999 après son lancement à Bagré la même année. Les premiers agro-businessmen ont exploité entre 10 à 30 ha de 1999 à 2004. Mais, tous ont échoué avec des pertes financières allant de 4 800 000 FCFA à 54 000 000 FCFA (GRAF, 2008). Ce n'est véritablement qu'en 2005 que l'Autorité de Mise en Valeur du Sourou (AMVS) installera 17 agro-businessmen avec un cahier des charges et un protocole d'accord scellant le lien.

Un tel passage a sans doute un impact sur la sécurité alimentaire des populations des zones concernées. La terre étant le principal facteur de production, elle devient par conséquent le fond de la problématique de la production agricole locale.

Ce type d'agriculture est au centre des débats politiques et scientifiques car ses implications sur les questions alimentaires et foncières sont multiples, complexes, et déterminent parfois l'avenir de certains pays. Doit-il servir à produire pour vendre ou s'alimenter ? Pourquoi pas les deux à la fois ? De telles questions ne sont pertinentes que si elles s'insèrent dans un thème d'étude. Le notre en est un. Il est intitulé : « Agro-business, sécurité foncière et alimentaire au Sourou : cas des périmètres agricoles de Niassan, Di, Débé et Gouran». L'objectif visé à travers ce thème est de contribuer à analyser les relations entre les pratiques d'agro-business et les perspectives de sécurisation foncière et alimentaire au Sourou. Pour traiter ce thème, deux types de données nous ont été utiles: les revues documentaires et les enquêtes de terrain. Le présent mémoire comprend deux parties subdivisées en deux chapitres chacune. La première partie traite de la présentation de la zone d'étude. Dans la seconde partie, nous abordons la question de l'agro-business, la sécurité foncière et alimentaire puis une conclusion incluant des perspectives.

4

I. L'approche théorique et méthodologique de l'étude

Notre étude a été menée en prenant en compte deux approches: l'approche théorique et conceptuelle et la méthodologie de recherche utilisée. Elles se complètent mutuellement. Leur présentation détaillée permet de mieux comprendre leur importance dans cette étude.

1.1. Le cadre théorique et conceptuel

Il précède l'enquête de terrain. Il annonce notre problématique, la revue de littérature, les objectifs de notre étude, les hypothèses de travail et la définition des concepts.

1.1.1. La problématique

Avec une population rurale à plus de 80%, le Burkina Faso demeure un pays essentiellement agricole. Le potentiel agricole du Burkina Faso est jugé capable de nourrir une population estimée à 16 248 558 habitants en 2011(Estimation/ INSD, 2007). Parmi les 9 millions d'hectares de terres fertiles, les 500 000 hectares de terres irrigables seulement 32 258 hectares sont aménagés (AMVS, 2010.b.). Le potentiel hydrique est aussi important et est estimé à 41 milliards de mètres cubes d'eau dont moins du tiers est utilisé pour les besoins agricoles et autres prélèvements animaux (SNAT, 2008).

Malgré les ressources et potentialités hydro-agricoles disponibles, l'agriculture du pays peine à satisfaire les besoins alimentaires des populations. Les crises alimentaires, notamment celles engendrées par les sécheresses de 1970-1974 et de 1983-1984, témoignent de la fragilité et de l'inadaptation du système agricole : faible maîtrise d'eau, faible mécanisation, recours très limité aux nouvelles technologies agricoles (semences améliorées, fertilisation organique et chimique, irrigation, etc.). Ces problèmes se sont accentués avec l'adoption du libéralisme comme mode de gestion politique qui a intégré tous les secteurs d'activité dont l'agriculture dans le commerce international. Les Programmes d'Ajustement Structurel (PAS) dont son volet agricole PASA marque ce secteur de son sceau. Une des conséquences du désengagement de l'Etat du secteur agricole se traduira par la chûte des subventions jadis accordées au secteur agricole ; elles passeront de 32 à 13 %, de 1990 à 2006 Pourtant l'agriculture contribue à près de 40% au Produit Intérieur Brut (PIB) (DGPSA/MAHRH, 2008). A ce problème, s'ajoute la fluctuation des prix (dépréciation) des produits agricoles sur les marchés et par les crises économiques qui s'accompagnent parfois de déficits céréaliers. Entre 1990 et 1991, ce déficit était estimé à 127 000 tonnes ; 15 800 tonnes en 1997 et 1998 ; 442 000 tonnes entre 2000 et 2001 et 208587 tonnes entre 2007 à 2008 (DGPSA/MAHRH, 2008). Ces déficits conduiront aux importations de produits alimentaires. De 1990 à 2006, les importations avaient un taux compris entre 13,35 et 23,34%. Pour le riz, par exemple, les importations sont de 200 000 tonnes/an et coûteraient 20

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milliards de FCFA (SNAT, ibid.). Selon les projections en 2015, elles atteindraient 300 000 tonnes pour un montant de plus 70 milliards de FCFA (SORY, 2006).

La vallée du Sourou regorge aussi d'énormes potentialités agricoles et, de ce fait, est depuis la période coloniale une zone d'intérêt agronomique. L'administration coloniale y avait déjà identifié, en 1925, 30 000 hectares aménageables pour une production agricole considérable. Mais, ce n'est que 12,7% de cette superficie qui seront aménagés soit 3818 hectares par l'Autorité de Mise en Valeur de la vallée du Sourou (AMVS) contre une prévision d'aménagement de 27%, équivalant à 11 500 ha (AMVS, 2010). Actuellement, selon l'AMVS, le taux de détérioration de ces aménagements est estimé à 20%. Pourtant, le coût des aménagements se chiffre en milliards de francs CFA ; entre 1972 et 1984, l'hectare aménagé revenait à 4 millions de FCFA contre 7 à 9 millions en l'an 2000. Les aménagements du Sourou sont estimés à environ 30 milliards toujours selon le GRAF (2008). Ces réalisations ont été possibles grâce aux fonds de l'endettement extérieur (aide publique au développement, prêts, etc.). Aussi, le Sourou avait pour vocation d'être un centre de modernité agricole dans un environnement agricole national marqué par la prédominance de pratiques agricoles arriérées (usage répandu de la daba, par exemple). Mais comment atteindre ces objectifs assez ambitieux au regard du contexte national? Ce fut d'abord les coopératives comme formes d'organisation de l'exploitation agricole, sous la direction de l'Etat, qui sont mises en place pour la réalisation des objectifs agricoles. Mais, en dépit de certains efforts consentis, sur les sommes importantes d'argent et de moyens matériels déployés, le Sourou n'arrive toujours pas à remplir sa mission de grenier du Burkina Faso. Depuis l'avènement du néolibéralisme qui a consacré les PASA en 1990, d'autres acteurs sont considérés comme ceux détenant les clefs de la réussite agricole au Burkina Faso face à l'immobilisme qui caractériserait le secteur agricole : les agro- businessmen (OUEDRAOGO, 2011). Face à la crise des coopératives, ils sont ceux sur qui, la « nouvelle politique agricole » de l'Etat a placé l'avenir de l'agriculture burkinabé en matière de réalisation de la sécurité alimentaire et de compétitivité sur le marché « libre ».

Selon le Plan d'Action (2010 - 2015) élaboré en 2006 par l'AMVS pour le développement durable de la vallée du Sourou, 250 entrepreneurs agricoles devraient être installés en fin 2015 et vont exploiter 2 500 hectares soit 65,5% de la superficie actuelle. Il s'en suit donc que les enjeux de l'agriculture sont multiples et soulèvent de nombreux questionnements : Qu'est-ce que l'agro-business dans l'environnement agricole du Sourou ? Comment se manifeste-t-il ? Qui en sont les acteurs? A-t'il un impact sur la sécurité foncière? Est-il une perspective d'atteinte de la sécurité alimentaire?

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1.1.2. La revue de littérature

La revue de littérature a consisté en l'analyse des oeuvres ayant fait cas soit de l'agro-business, soit l'agro-business en relation avec la sécurité foncière et la sécurité alimentaire. Les différents auteurs qui se sont intéressés à ces thématiques ne s'accordent pourtant pas quant à leur impact sur le monde rural et l'efficacité de l'agro-business dans la lutte contre l'insécurité alimentaire.

La conférence conjointe organisée par l'ONUDI, la FAO, FIDA, la BAD, l'Union Africaine au Nigeria en 2010 et qui a donné naissance aux Initiatives de Développement de l'Agro-business et des Agro-industries en Afrique (ID3A), considère que l'agro-business est facteur d'investissements, de modernisation de l'agriculture. C'est un passage de l'agriculture familiale (rudimentaire) à l'agriculture mécanisée, moderne grâce à l'agro-industrie qui mettra sur le marché des produits agricoles compétitifs. Le problème de commercialisation et de transformation des produits agricoles que soulevait l'agriculture familiale ne se posera plus. Pour son développement, l'agro-business bénéficiera d'investissements colossaux. Cela est aussi une aubaine pour payer les dettes contractées pour réaliser les aménagements hydro-agricoles. Ainsi, pour SISSOKO (2009), l'agro-business est réservé à ceux qui ont de grands moyens financiers. Mais, ZONGO (2009) intègre les petits et moyens opérateurs agricoles (les salariés et les moyens commerçants) dans le groupe des agro-businessmen ; ils n'ont pas de gros revenus mais pratiquent l'agro-business sur de petites superficies (moins de 10 ha). Cependant, l'installation non coordonnée ni réglementée, l'évolution des modes d'accès à la terre due à la monétarisation et à la marchandisation de la terre auxquelles s'ajoute l'inexpérience et la non maîtrise des techniques de travail font que certains agro-businessmen abandonnent leurs périmètres ou s'installent sans respecter les textes et cela sans être inquiétés. A ces difficultés s'ajoutent celles évoquées par le Groupe de Recherche Action sur le Foncier (GRAF) en 2008, liées au fait que nombre d'agro-businessmen soient venus sur les périmètres par suivisme. Ils ne maîtrisent pas le métier d'agriculteurs et ne cernent pas non plus les difficultés relatives à la disponibilité et à la qualité de la main d'oeuvre.

La liaison de l'agriculture au marché libre est le principal slogan de l'agro-business. Les pays qui appliquent les PAS doivent se laisser guider par le principe du «Laisser-aller, laisser-faire» comme l'indique le groupe ONUDI, FAO, FIDA, BAD et UA (2010). Ce principe du « tout marché » ne fait pas consensus. Ainsi, pour SORY (2006), la concurrence déloyale des pays développés qui subventionnent la production et la vente de leurs produits agricoles a des effets négatifs sur la commercialisation des produits agricoles comme le riz. A ce désavantage s'ajoute la non consultation des pays pauvres dans la fixation des prix des produits agricoles et

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au renforcement des exigences de qualités que ne peuvent, dans les réalités actuelles, satisfaire ceux-ci. SCOTT et GRIFFON (1999) ont aussi conclu que les problèmes de commercialisation des produits agricoles sont dus à la fin de l'interventionnisme des Etats dans le secteur agricole et c'est la perspective de la sécurité alimentaire qui est compromise. Pour MENDRAS (1967):

« L'ouverture brutale au marché, la concurrence déloyale des agricultures subventionnées européennes et nord-américaines, la mécanisation à outrance, la fin de l'interventionnisme étatique, l'accentuation de la concentration foncière, et l'inégal accès au crédit ont entraîné la déstructuration des économies paysannes. Des Caraïbes au Cône Sud en passant par les Andes, le triomphe des idées néolibérales a eu des conséquences particulièrement fâcheuses sur la pérennité des systèmes familiaux d'exploitation. Tant et si bien que la production de biens alimentaires est aujourd'hui plus le fait de puissants entrepreneurs ou de multinationales, que d'hommes et de femmes ayant maintenu un lien ombilical avec la terre. La marginalisation croissante des paysans annonce l'ironique avènement d'une agriculture sans agriculteurs, ou la consécration paradoxale de pays sans paysan» (p

68).

Pour cet auteur, la pratique de l'agriculture marchande, le désengagement de l'Etat du secteur agricole, l'accaparement des terres par le privé, ont ruiné l'économie rurale. La production alimentaire est désormais aux mains des monopoles et l'exclusion de la petite paysannerie. Cette dernière, en Amérique, aux Caraïbe, a du faire face aux problèmes d'insécurité foncière et alimentaire. Ces problèmes s'étendent même sur les périmètres hydro-agricoles, irrigués. Mais n'a pas pu conjurer les problèmes alimentaires que rencontrent les pays pauvres. Au Sourou aussi, les coopératives et les populations locales sont confrontées aux mêmes problèmes avec l'agro-business. KOHOUN (2002) dans son étude démontre que :

« Au Sourou une étude effectuée par PARENT et al. Sur la situation des enfants en 1999, révèle une forte carence en micro-nutriments chez les enfants de Niassan-Koura. Par ailleurs la carence de vitamine A est très forte (6,5%) dépassant la prévalence nationale (1,5%). Ces résultats confirment aussi ceux du Centre National de Nutrition (CNN)» (p.75).

Ainsi, trois ans après son application au Sourou, l'agro-business n'avait pas encore atteint les objectifs à lui confiés par l'Etat. Pourtant dans presque tous les pays, les lois foncières sont révisées pour satisfaire les nouvelles exigences de l'agro-business. DIALLA (2002) analyse cette dynamique foncière à travers l'évolution des lois foncières qui ont abouti à l'agro-business représenté par le privé. Les relectures de la RAF en 1991, en 1996, et en 2010, s'inscrivent dans ce cadre. ZONGO (2010) a abouti aux mêmes conclusions à travers son étude portant sur les terres non aménagées du Ziro. Et les conséquences sont selon cet auteur :

«L'installation non coordonnée ni réglementée dans la province du Ziro, une évolution rapide d'accès à la terre, notamment par la monétarisation et marchandisation dans le contexte d'un système foncier fondé sur l'existence de la propriété privée. La gestion individuelle des opportunités foncières dans l'accès à la terre des agro-businessmen

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aura comme conséquence les déclenchements des compétitions intra-familiales de plus en plus récurrentes, la remise en cause des transactions foncières traditionnelles notamment par les retraits, la diminution des superficies» (p 156).

L'avènement de l'agro-business au Burkina Faso et les conséquences qui en découlent n'ont pas épargnés les coopératives des périmètres agricoles du Sourou. Pour PALE (2003), les coopératives paysannes ne sont pas viables à cause de l'agro-business qui attire ces membres abandonne celle-ci pour les comités de gestion et cela à tord ou à raison avec certaines conséquences : expulsion des paysans de leurs terres et changement de statut. Ils passent du statut d'exploitant familial à celui d'ouvrier agricole pour aboutir à celui de paysan sans terre. On assiste alors à leur paupérisation et leur exode rural vers les zones rurales et vers les centres urbains. Ainsi la sédentarisation visée par la mise en place des coopératives est remise en cause. RWABAHUNGU (2002) avait aussi abouti à cette conclusion : « la privatisation de la terre s'est avérée ne pas être une solution miracle pour la sécurisation foncière» (p 1). Cette insécurité foncière, conséquence de la privatisation des terres ne sera pas en faveur de la sécurité alimentaire.

BURBACH et FLYNN (1980) voient en l'agro-business la principale cause de la marginalisation du monde rural car au lieu d'être une solution aux crises alimentaires, elle en est la cause, surtout avec le démantèlement de l'agriculture et la production des denrées alimentaires sacrifiées sous le libéralisme. Face à cette évolution incertaine avec l'agro-business, FALL (2008) est plutôt pour le maintien d'un grand nombre de personnes dans l'agriculture tout en les incitant à produire plus. Il est aussi pour l'adoption de stratégies de financement de l'agriculture familiale et l'inter-sectoralité des politiques agricoles pour lutter contre l'insécurité alimentaire, la régulation des marchés et la promotion des échanges entre les régions en vue de constituer des stocks de sécurité pour les couches vulnérables, et profiter de la complémentarité des bassins de production, pour renforcer les marchés transfrontaliers, faciliter l'approvisionnement des zones déficitaires en denrées alimentaires au lieu de promouvoir l'agro-business. Aussi dans son étude il aboutit au résultats que malgré tout, certaines cultures pratiquées sous forme familiale ont permis néanmoins à certains pays africains d'être les premiers au plan mondial. Les pratiques culturales familiales ne sont donc pas sclérosées.

Contrairement, à FALL, la FAO, n'est pas pour le maintien de l'agriculture familiale seulement dans le système de production agricole car pour cette organisation, la recherche de solutions à la faim et à la pauvreté doit être multidimensionnelle. Aussi, toujours selon elle, la recherche de solution aux crises alimentaires nécessite aussi un melting-pot à travers un dialogue constructif sur l'agro-business avec les différents groupes d'acteurs. Sinon, le passage en force de l'agriculture familiale à l'agro-business suscitera des controverses et l'opposition des

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populations locales. Cette cohabitation de l'agriculture familiale et de l'agro-business comporte cependant quelques risques. Selon (LACOUR, 2006), en Amérique Centrale et au Sri Lanka par exemple, cette cohabitation a été en défaveur des petits producteurs. En effet, ne pouvant plus supporter la pression exercée par les agro-businessmen, les producteurs familiaux ont été acculés à «vendre leur seul bien qui leur reste: la terre ». Au Sourou aussi, l'analyse des rapports socio-fonciers et les jeux d'acteurs entre exploitants familiaux, coopérateurs en faveur des agro-businessmen se rapproche de cette réalité surtout qu'on a désormais des exploitants de fait et des exploitants sans terre.

Au delà de tout, l'agro-business est pour SISSOKO (2009), une solution à l'insécurité alimentaire.

Au regard de cette revue de littérature, nous pouvons dire que ces différentes études ont approfondi certains aspects de la sécurité foncière, de la sécurité alimentaire, et de l'agro-business et servent de tremplin pour les recherches actuelles et futures. Cependant, les différents auteurs ne sont pas unanimes sur l'analyse de la question et d'autres ne l'abordent pas clairement. Ce qui veut dire que ce sujet n'est pas traité dans tous ses aspects. La recherche sur ce thème n'est donc pas épuisée. C'est pourquoi notre étude s'insère avec pertinence dans ce champ d'investigation à travers des objectifs qui en prouvent l'actualité.

1.1.3. Les objectifs de l'étude

L'objectif global de l'étude est de contribuer à l'analyse des relations entre les pratiques agricoles d'agro-business et les perspectives de sécurisation foncière et alimentaire au Sourou. De cet objectif global découlent les objectifs spécifiques suivants ; il s'agit de :

- décrire les pratiques de l'agro-business dans un contexte local marqué par une prédominance de la petite paysannerie à Niasan, Di, Débé et Gouran au Sourou ;

- analyser les perspectives de sécurisation foncière des différents acteurs d'agro-business dans les localités de Niassan, Di, Débé et Gouran au Sourou ;

- analyser les perspectives d'une atteinte de la sécurité alimentaire au moyen de l'agro-business dans les localités de Niassan, Di, Débé et Gouran au Sourou.

1.1.4. Les hypothèses

Notre principale hypothèse soutient que les pratiques agricoles d'agrobusiness ne sont pas compatibles avec les perspectives de sécurisation foncière et alimentaire au Sourou. Les hypothèses spécifiques sont les suivantes :

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- la place de l'agro-business dans la production agricole des localités de Niassan, Di, Débé et Gouran au Sourou est faible comparativement à celle du reste de la petite paysannerie ;

- l'agro-business au Sourou n'est pas encore un modèle agricole offrant à ses différents acteurs des perspectives de sécurité foncière à Niassan, Di, Débé et Gouran ;

- dans les localités de Niassan, Di, Débé et Gouran, l'agro-business n'est pas la solution d'atteinte de la sécurité alimentaire au Sourou.

1.1.5. La définition des concepts, les variables d'études et la grille conceptuelle

Il s'agit des variables d'étude, de la grille conceptuelle, et de la définition des concepts utilisés.

1.1.5.1. La définition des concepts

Notre étude véhicule un certain nombre de concepts tels que : agrobusiness, agro-businessmen

sécurité foncière, insécurité foncière, sécurité alimentaire, insécurité alimentaire, ouvriers agricoles, cahier des charges. Ceux-ci sont définis ci-dessous pour faciliter la compréhension :

Agro-business

L'agro-business encore appelée agriculture capitaliste, agriculture industrielle, agriculture patronale, agriculture nouvelle, agriculture intégrée, ou la grande culture mécanisée est un terme d'origine européenne pour désigner l'ensemble des activités associées à la production, la transformation, la commercialisation des produits agricoles. Pour SISSOKO, (2009), l'agro-business est « l'ensemble des activités directement liées à l'agriculture de l'amont (semences, engrais, équipements, main d'oeuvre) à l'aval (produits finis, commercialisation » (p 7).

Selon le MAHRH (2008) cité par OUEDRAOGO (2011) :

« Le Burkina Faso assimile l'agro-business aux initiatives d'exploitation agricoles modernes. On entend par exploitation moderne une exploitation disposant d'un minimum d'investissement (infrastructure et équipement) et d'employés salariés où sont appliquées les techniques modernes de production permettant d'avoir des rendements au-dessus de la moyenne. La production est principalement destinée à la vente » (p32).

En d'autres termes, l'agrobusiness est l'ensemble des activités liées à la modernisation des services dans toutes les filières agricoles. Dans la conception courante au milieu agricole du Burkina Faso, l'agrobusiness, c'est faire du business dans l'agriculture.

Les agro-businessmen

L'agro-business a ses acteurs: les agro-businessmen. Il s'agit d'après le Forum de Bogandé cité par OUEDRAOGO (2011):

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« L'ensemble des producteurs provenant du monde des fonctionnaires, des salariés, des jeunes agriculteurs (trices) et des opérateurs économiques dont l'activité est de générer un surplus important de production agricole,

commercialisables. En d'autres termes, ceux qui investissent ou qui cherchent des opportunités d'investissements dans le secteur agricole pour aller au-delà de l'autosuffisance alimentaire» (p32).

En fait, c'est la bourgeoisie agricole : anciens coopérateurs, élus, salariés (cadre supérieurs de l'Etat ou ONG), commerçants, retraité. C'est à ceux-ci que va être progressivement confiée la difficile et complexe mission d'atteinte de la sécurité alimentaire. Mais, est ce que la recherche de plus value est-elle compatibles avec la sécurité alimentaire?

Sécurité foncière/ insécurité foncière:

La sécurité foncière : elle fait référence selon CISSE et DIAKITE(2007) au « degré de confiance qu'a un individu ou groupe d'individus de ne pas être privé arbitrairement de ces droits fonciers dont il a la jouissance et/ ou des avantages économiques » (p 3). Si les acteurs ruraux sont sécurisés dans la jouissance de leurs terres et bénéficient d'un environnement économique et social favorable pour produire, ils peuvent assurer la sécurité alimentaire, le développement durable et s'insérer avec succès dans le marché.

On peut donc déduire que l'insécurité foncière est une situation d'instabilité qui entrave une jouissance sereine des droits fonciers sur la terre. Elle est occasionnée par des conflits fonciers, la pression démographique, la pression foncière, la confiscation ou l'expulsion d'une personne ou groupe de personnes de leurs terres ou la venue de personnes aux objectifs parfois opposés et des pratiques foncières insécurisées. En ce qui concerne les acteurs d'agro-business, l'insécurité foncière sur les périmètres agricoles se manifeste à travers les outils juridiques et les modes d'exploitation. L'absence de titre foncier ; une RAF, une loi coopérative, un cahier des charges spécifiques et un protocole d'accord qui prévoient des sanctions pouvant aboutir à l'exclusion des parcelles sont des facteurs insécurisés. Pour minimiser cela les agro-businessmen développent des modes de pratique agricole qui insécurisent les autres acteurs par effets domino.

Sécurité alimentaire /insécurité alimentaire

En ce qui concerne la sécurité alimentaire, elle comporte cinq dimensions : la disponibilité (production intérieure, capacité d'importation, de stockage et d'aide alimentaire) ; l'accès (dépend du pouvoir d'achat et de l'infrastructure disponible) ; la stabilité (infrastructures mais aussi la stabilité climatique et politique) ; la salubrité et la qualité (hygiène, principalement accès à l'eau). Ainsi, la sécurité alimentaire se définit selon le MAHRH et DCE, (2008), comme « Les gens en tout temps ont un accès physique, social, économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive qui répond à leurs besoins et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active ». Cette

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définition est renforcée dans ce même ouvrage par celle des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) à travers ces termes : « la sécurité alimentaire est un droit qui se veut de portée universelle, nécessite une régulation et des interventions publiques ». En d'autres termes, la sécurité alimentaire n'est pas l'affaire d'une seule entreprise, de l'agro-business mais de l'Etat.

L'insécurité alimentaire quant à elle, est parfois qualifiée de structurelle ou de chronique pour traduire l'incapacité d'une personne ou d'un ménage d'accéder à une alimentation suffisante et saine en tout temps. La pauvreté et la faible pluviométrie en sont des facteurs aggravants. Elle peut aussi être conjoncturelle s'il y a des accidents climatiques, l'incidence des ravageurs (criquets pèlerins) et d'autres catastrophes naturelles. Son intensité varie en fonction du degré de vulnérabilité et de la capacité des populations à trouver des solutions alternatives. Il s'agit de la vulnérabilité alimentaire. Cela est illustré par OUEDRAOGO (2006) :

« La vulnérabilité réelle résulte des rythmes naturels comme des potentialités existantes telles qu'elles ont été mobilisées par les sociétés humaines pour diminuer les risques naturels. En d'autres termes, la vulnérabilité réelle varie en fonction de la capacité des communautés à affronter les crises par une combinaison améliorée des pratiques (culturales...), des technologies (savoir-faire, outillage...) et des investissements... Une famille vulnérable incapable de faire face aux imprévus « devra serrer la ceinture » pour satisfaire ses obligations... » (p 16).

L'insécurité alimentaire conjoncturelle est temporelle. A des périodes d'abondances succèdent des périodes de disettes. Quand se succèdent plusieurs années d'incapacité à entreprendre des changements techniques et organisationnels pour améliorer les revenus et la production agricole on aboutit à une insécurité alimentaire structurelle. L'indisponibilité chronique des denrées alimentaires, l'instabilité du panier de la ménagère, la pauvreté et l'absence d'hygiène alimentaire sont ses caractéristiques.

Les ouvriers agricoles ou employés agricoles

Ce sont les employés dans les exploitations agricoles modernes. Cette main d'oeuvre englobe les travailleurs salariés permanents et contractuels. Ceux-ci viennent dans l'exploitation moderne soit par contrainte (c'est le cas des exploitants familiaux sans terres et les expropriés de leurs terres) soit pour se faire de l'argent (contractuels). PEREIRA. (1982) est plus explicite:

« Pour autant que la connaissance historique, encore précaire, nous permet de le savoir, les ouvriers agricoles

descendent d'une population depuis longtemps prolétarisée, privée de toute relation à la terre ... Du point de

vue de leur insertion dans la formation économique et sociale dominante, les ouvriers agricoles se comportent comme des ouvriers de l'industrie, préoccupés par le salaire, l'emploi, l'horaire, les conditions de travail... » (p 54).

Ce statut ne garantit cependant pas la sécurité alimentaire car le salaire peut ne pas être suffisant pour prendre en charge toute sa famille et la dépendance n'est pas source de sécurité car la

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recherche de profits peut conduire à l'exploitation de l'ouvrier agricole ou à son licenciement. Le statut de paysan sans terres devenu ouvrier agricole est une situation de précarité foncière.

La Réorganisation Agraire et Foncière (RAF):

C'est l'outil de régulation foncière de base. Elle sert à définir les droits, les devoirs, à assurer la sécurité foncière des producteurs agricoles ou à la compromettre. Cette loi s'applique aussi bien aux acteurs agricoles des terres aménagées que ceux des terres non aménagées. Le Conseil National de la Révolution (CNR) est l'initiateur. L'Ordonnance N° 84-050/CNR/PRES du 04/08/84 portant reforme agraire et foncière au Burkina Faso donnait naissance à cette loi pour remplacer la Loi N°77/60/AN du 12 juillet 1960 portant réglementation des terres du domaine privé de la Haute Volta calquée sur la Réorganisation foncière en Afrique Occidentale Française. Cette loi a été relue en 1991(Zatu AN VIII-39 bis du 04 juin 1991 portant RAF-BF), en 1996 : Loi N°014/96/ADP du 23 mai 1996 et en 2012 (Loi N°034-2012/AN du 02 juillet 2012 portant Réorganisation Agraire et Foncière). Elle restructure l'espace agraire notamment les terres agricoles au moyen de l'aménagement, la définition des droits d'accès, d'exploitation et de contrôle de la terre.

La loi coopérative:

La Loi Coopérative ou Loi N° 014/99/AN du15/04/99 portant réglementation des sociétés coopératives et groupements au Burkina Faso est une loi pour réguler les activités des coopératives et des coopérateurs au regard de leurs revenus de plus en plus croissant. En distinguant les coopératives rizicoles des coopératives maraîchères, des groupements pré-coopératifs des coopératives et en laissant plus d'autonomie aux coopérateurs, cette loi a conduit progressivement à l'agro-business dont l'organisation en coopérative est la source.

Le cahier des charges et le protocole d'accord

C'est une prescription de la Réforme Agraire et Foncière (RAF). Il est élaboré par la commission interministérielle conformément à l'article 189 du décret d'application de la législation foncière au Burkina Faso disposant que l'occupation et l'exploitation des terres agricoles doivent se faire sur la base d'un cahier des charges type et tenant compte des conditions d'exploitation liées à chaque aménagement hydro agricole. Le cahier de charges est un document à caractère juridique définissant les responsabilités, les droits et devoirs sur les aménagements hydro agricoles ; les contraventions à payer par les exploitants agricoles en cas de violation des prescriptions. Le cahier de charge ne suffit pas à lui seul. Il est complété par un protocole d'accord. C'est aussi un document à caractère juridique qui indique les conditions

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d'applications du cahier des charges. Au Sourou l'application de l'agro-business est guidée par ces deux textes.

1.1.5.2. Les variables d'étude

Pour analyser les pratiques de l'agro-business dans un contexte local marqué par une prédominance de la petite paysannerie, nous avons retenu les variables suivantes: types de spéculations (cultures céréalières et/ou cultures de rente, marchés d'écoulement, catégories d'acteurs dont les cadres d'ONG, hommes politiques, salariés, commerçants, acteurs privés). Concernant les perspectives de sécurisation foncière des différents acteurs d'agro-business dans les localités de Di, Niassan, Débé et Gouran au Sourou, les variables suivantes ont été considérées : la RAF, la loi coopérative, le cahier des charges, le protocole d'accord et la Loi 034 portant régime foncier rural, les rapports socio-fonciers. Enfin, pour vérifier si l'agro-business est une perspective efficace d'atteinte à la sécurité alimentaire au Sourou, nous avons retenu les variables telles que les habitudes alimentaires et les pouvoirs d'achat des populations locales, les prix des produits agricoles issus de l'agro-business sur le marché local.

1.1.5.3. La grille conceptuelle

L'ensemble des concepts et variables d'analyse est récapitulé dans le tableau n°1.1 ci-dessous :

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Tableau n°1.1: récapitulatif des concepts et variables d'analyse

Objectifs spécifiques

Hypothèses

Variables de

collecte

Echelle d'analyse

Population cible

Analyser les

pratiques de

l'agro-business dans un contexte local marqué par une prédominance

de la petite
paysannerie

La place de

l'agro-business

dans la
production

agricole du
Sourou est faible, comparativement à celle du reste de la paysannerie

cultures

céréalières et/ou
cultures de rente, marchés d'écoulement, catégories

d'acteurs (ONG,
hommes politiques, salariés, commerçants, acteurs privés)

les localités de

Niassan, Di, Débé et Gouran

Acteurs non agricoles (Autorités

coutumières, Mairie,

AMVS), acteurs

d'agro-business exploitants familiaux,

coopérateurs, agro-
businessmen)

Analyser les

perspectives de

sécurisation

foncière des

différents acteurs

d'agro-business

L'agro-business accentue l'insécurité foncière dans les

localités de Di,
Niassan, Débé et Gouran

RAF, Loi

coopérative,

cahier des
charges, protocole d'accord et la Loi

034 portant

régime foncier

rural, rapports

socio-fonciers

les localités

Niassan, Di, Débé et Gouran

Acteurs non agricoles (Autorités

coutumières, Mairie,

AMVS), acteurs

d'agro-business exploitants familiaux,

coopérateurs, agro-
businessmen)

Analyser les

perspectives d'une

atteinte de la
sécurité

alimentaire au
moyen de l'agro- business.

Dans les localités

de Di, Niassan,
Débé et Gouran, l'agrobusiness

n'est pas la
solution d'atteinte

de la sécurité

alimentaire au
Sourou

habitudes alimentaires

pouvoir d'achat

des populations

locales, marché

d'écoulement

les localités

Niassan, Di, Débé et Gouran

Acteurs non agricoles (Autorités

coutumières, Mairie,

AMVS), acteurs

d'agro-business exploitants familiaux,

coopérateurs, agro-
businessmen)

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1.2. Le cadre méthodologique

Il prend en compte les choix de l'échantillonnage, de la cible ou du type d'échantillon et des sites d'étude et les difficultés rencontrées.

1.2.1. Le choix de la zone d'étude

Au Sourou, plusieurs périmètres ont été aménagés. Il s'agit des périmètres de Koumbara (commune rurale de Koumbara), de Sono (commune rurale de Sono), les périmètres de Di, Niassan et Débé (commune rurale de Di) et les périmètres de Guiédougou, Gouran (commune rurale de Lanfiera). Parmi ces périmètres, certains ne sont pas encore concernés par l'agro-business. Pour déterminer notre zone d'étude, nous avons par choix raisonné exclu tous les périmètres qui n'étaient pas concernés. Et comme l'agro-business est pratiqué sur les périmètres agricoles de Niassan et Débé Di et à Gouran dans la commune rurale de Lanfiera, ces périmètres ont été retenus pour notre étude. L'agro-business y est respectivement pratiqué sur 22, 5 ha, 50 ha et 203 ha.

Notre choix a aussi porté sur le Sourou c'est-à-dire ses périmètres agricoles (aménagés ou non) qui sont drainés par le cours d'eau qui porte le même nom et ses localités environnantes pour plusieurs raisons :

D'abord, cette zone était désignée pour être le «Grenier du Burkina« sous le Conseil National de la Révolution (CNR) de 1983 à 1987. Mais, cette mission n'est plus d'actualité à cause des problèmes liés aux aménagements hydro agricoles.

Ensuite, elle reste une zone à rebondissements. Tantôt l'Etat se désengage, puis laisse la place soit aux coopératives paysannes soit aux nouveaux acteurs ou opérateurs agrobusiness, et tantôt ils s'y retournent constituant une sorte de melting-pot. Cela a donc retenu notre attention.

Aussi, cette zone fait partie de la liste des grands aménagements hydro-agricoles où il existe un cahier des charges spécifiques sur le Sourou et un protocole d'accord qui orientent et accompagnent l'exploitation de sa vallée par l'agro-business.

En plus, l'agro-business y étant pratiqué sous forme d'agriculture intensive. Il est possible de connaître les superficies qui reviennent à chacun, d'estimer la quantité de leurs productions et d'établir des comparaisons avec celles des producteurs familiaux.

Enfin, avec la présence de tous les quatre acteurs de la production agricole (producteurs familiaux, coopérateurs, agro-businessmen et l'Etat), il est plus aisée de passée en revue d'analyser l'évolution des textes sur l'agriculture : de l'agriculture familiale à l'agro-business en passant par celle des coopératives.

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1.2.2. La collecte des données

Elle comprend la recherche documentaire, les enquêtes de terrain et le traitement des données.

1.2.2.1. La recherche documentaire

Elle a été déterminante dans le travail d'élaboration de notre mémoire. Il s'agit de documents d'ordre général et des ouvrages relatifs à l'agro-business, la sécurité foncière et la sécurité alimentaire : livres, thèses, mémoires, revues, articles, etc. Dans la phase théorique de notre recherche, nous avons utilisé une certaine démarche pour rassembler une documentation substantielle sur notre thème afin de les exploiter. Nous avons utilisé pour ce faire deux types de méthodes : la quête aléatoire et de la quête systématique.

La première méthode a consisté à consulter de façon tout azimut tous les documents à notre disposition et de relever leurs références bibliographiques. Comme chaque bibliographie se référait à une autre, un livre à un autre, un article à d'autres, nous avons découvert d'autres bibliographies. Dans notre recherche documentaire nous les avons pris en compte.

Mais, ne pouvant ni avoir accès à tous les documents ni épuiser toutes les sources de données, cette méthode a été complétée par la recherche systématique. Cette dernière a consisté à organiser à partir des bibliographies existantes et des répertoires accessibles, des fichiers et tous les outils de recherche documentaire y compris les outils informatiques. Pour les bases de données en ligne, nous avons utilisé les concepts liés à notre thème pour avoir les informations nécessaires sur le moteur de recherche Google.

Une grille de lecture comportant le nom de l'auteur, l'année de parution de son document, son champ d'investigation, a été élaborée.

Ainsi, les documents obtenus sont diversifiés non seulement par leur couverture géographique, la spécificité de la thématique traitée, les diverses opinions et prises de position. Ces documents peuvent être classés en quatre groupes : les documents relevant de la littérature grise (thèses et mémoires, communications), revues scientifiques (articles et ouvrages scientifiques), administrative (législations et rapports d'activités) et la littérature grands publics (journaux et périodiques). Toutes ces sources de données n'ont cependant pas la même importance. Nous avons donc plus exploité les trois premières et leur classement suit cet ordre.

Cette recherche s'est faite dans les centres de documentation et bibliothèques de la ville de Ouagadougou : Centre International de Recherche et de Développement (CIRD), de l'Institut Supérieur des Sciences de la Population de l'Université de Ouagadougou (ISSP/UO), du Comité Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel (CILSS), de la Direction Générale des

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Statistiques Agricoles (DGSA), Bibliothèque du Département de Géographie (BDG), Food and Argriculture Organization (FAO), Direction Générale de la Promotion de l'Economie Rurale (DGPER) et la Direction Générale de l'AMVS.

1.2.2.2. Les enquêtes de terrain

Il s'agit du questionnaire et du guide d'entretien que nous avons adressé aux agro-businessmen, aux coopérateurs, aux populations locales et les personnes ressources pouvant nous donner des informations sur notre thème.

Les outils de collecte de données : questionnaire et guide d'entretien

Pour la collecte des données, nous avons d'abord obtenu une autorisation officielle des autorités municipales de Di et de Lanfiéra. Des contacts ont été ensuite pris avec l'Autorité de mise en valeur de la Vallée du Sourou (AMVS), les responsables des coopératives et les autorités coutumières pour expliquer l'objet de notre présence dans la zone. Cela a facilité le déroulement de l'enquête. Les outils suivants ont été utilisés : la carte du Sourou, un questionnaire individuel, un guide d'entretien et un dictaphone pour l'enregistrement des entretiens. Pour notre travail de terrain, nous avons utilisé une carte du Sourou pour l'orientation et un questionnaire individuel pour l'enquête quantitative qui a été adressé aux exploitants agricoles, les ménages aux alentours des périmètres aménagés du Sourou et aux agro-businessmen. Auprès de la population locale, l'identification de l'enquêté, la connaissance des agro-businessmen, la sécurité foncière et alimentaire ont été les principales informations que nous avons recherchées. S'agissant des agro-businessmen, leur identification, leur profil, la localisation de leurs parcelles, les conditions de leur installation sur ces périmètres, leur matériel de travail, leur production et leur commercialisation, la sécurité foncière et alimentaire, les importations et exportations des intrants et produits agricoles et leurs attentes ont été les principaux axes du questionnaire. Quant au guide d'entretien utilisé pour l'enquête qualitative effectuée auprès de la DAPVA, la DAFFPA, la DATE, la promotion de la production en général et des cultures de rentes en particulier, la sécurité foncière et alimentaire, la typologie des agro-businessmen et les contraintes rencontrées dans leurs exploitations ont constitué ses principaux points. Concernant les responsables des coopératives (Heressira, CANT, 6S, CAPSO, SOPROMAG, SOCADT,), le comité de gestion et les responsables des marchés de Di, Niassan, Gouran les principales informations recherchées portaient sur la connaissance des coopératives, les productions et les contraintes, leur situation financière, la sécurité foncière et alimentaire, leur rapport avec les agro-businessmen.

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L'échantillonnage

Nous avons utilisé les échantillons démographique et spatial.

L'échantillon démographique

Il a porté sur 254 personnes enquêtées. Cette collecte de données s'est effectuée en deux étapes :

La première d`une durée d'un mois (15 août au 15 septembre 2011) a pris en compte les réalités agricoles des acteurs intervenant dans la production agricole d'agro-business pendant la campagne humide.

La seconde phase de notre enquête de terrain a eu lieu du 15 au 29 décembre 2011 pour mieux appréhender les relations socio-foncières et l'itinéraire cultural durant la campagne sèche d'agro-business.

Nos enquêtés sont composés par les agro-businessmen (autochtones et migrants), les coopérateurs des coopératives à proximité ou éloignées des parcelles des agro-businessmen et la population locale dont le chef de ménage. Les objectifs de notre étude nous ont guidés dans ce choix. Ainsi, c'est le 1/ 10 des effectifs des producteurs agricoles de la vallée du Sourou qui a été enquêté sur une population de 3000 personnes. Ce sont donc les acteurs directs ou indirects de la production agricole d'agro-business. Leur répartition est la suivante :

V' Tous les 13 agro-businessmen encore présents aux Sourou

V' 42 exploitants locaux ;

V' 14 opérateurs privés;

V' 179 Coopérateurs

Coopératives

COPROMAG

CANI

Heressera

CAPSO

CRTO

Badenya

SOCADI

CAD

Coopérateurs

492

63

335

47

45

315

128

405

1/10 des membres

49

6

33

5

4

31

12

39

L'échantillon spatial

La zone géographique choisie est la zone couverte par les périmètres aménagés de la vallée du Sourou concernés par l'agro-business (Niassan, Di, Débé et Gouran). Cette zone à été déterminée grâce aux services techniques de l'AMVS. Les activités coopératives et les localités environnantes dont la majorité des périmètres et des villages se trouvent sur la rive gauche du fleuve Sourou, dans le sens Nord- Sud comprenant les périmètres de Niassan, Guiédougou, Gouran et Di. Depuis 2005, l'agro-business est pratiqué sur 203 ha (Bloc C) du périmètre 610 ha, les 200 ha du « Projet Etudiant du Sourou » de Niassan et sur une partie du périmètre 910 ha.

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1.2.3.3. Le traitement et l'analyse des données

Les données collectées ont été traitées à l'aide avec les applications usuelles de Microsoft Office : Word et Excel 2007 et par catégorie. Les informations qui en ont résulté ont fait l'objet d'une analyse statistique descriptive et transversale et nous ont permis d'analyser les relations qui existent entre agro-business, sécurité foncière et sécurité alimentaire au Sourou. Pour l'enquête qualitative, la transcription manuelle des entretiens nous a aussi permis d'étayer notre analyse.

1.2.3.4. Les difficultés du travail de terrain

Le manque de certaines données sur la production agricole au niveau des agro-businessmen, de l'Autorité de Mise en Valeur de la Vallée du Sourou (AMVS) et au niveau des coopératives est l'une des insuffisances. Aussi, nous n'avons pas eu de données concernant les productions agricoles des populations locales au niveau de la Direction Régionale de l'Agriculture de l'Hydraulique et des Ressources Halieutiques et sur les villages de Niassan, Di, Débé, et Gouran de 2005 à 2010 . Chose qui nous a contraints à prendre les données agricoles des communes rurales de Di et Lanfiera comme base de notre analyse. Enfin, nous n'avons pas pu enquêter les ouvriers agricoles car les travaux étaient achevés et nous sommes contentés des données fournies par les agro-businessmen et la déclaration de leur bonne foi. Cela a limité certaines de nos analyses.

Malgré ces difficultés, nous avons pu mener l'étude dont les résultats sont présentés dans ce document.

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PARTIE I: LA PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE

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Introduction:

Les déterminants physiques et les caractéristiques humaines sont nécessaires pour la pratique de l'agro-business. Il s'agit du climat, des aspects bios- physiques la structure par âge et par sexe, l'historique de peuplement, le régime foncier traditionnel et les caractéristiques socio-

économiques. La terre capital foncier de l'agro-businessman, constituée par les éléments géologiques et géomorphologiques dépendra du climat pour s'humidifier. Elle est le premier facteur de production agricole d'agro-business Les caractéristiques humaines permettent aux agro-businessmen de disposer d'un capital humain composé d'ouvriers agricoles contractuels et

permanents.

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Chapitre 1: Les déterminants physiques de la pratique de l'agro-business au Sourou Pour la pratique et le développement de l'agro-business, certaines conditions son nécessaires. Il s'agit des déterminants physiques. Ils sont d'ordre naturel (le climat, la biophysique). Le Sourou notre zone d'étude bénéficie de ces conditions. Quels sont leurs apports, leurs influences sur l'agro-business, la sécurité foncière et alimentaire au Sourou? Dans ce chapitre nous tenterons de donner des réponses à travers analyses et illustrations.

1.1. Présentation du Sourou

Située au Nord-Ouest du Burkina Faso, la province du Sourou couvre une superficie de 9 487 km2 .Elle est comprise entre 02°30' et 03°30' de longitude Ouest ; 12°30'et13°30' de latitude Nord. Elle est limitée au Nord par la province du Yatenga et la République du Mali, au Sud par la province du Mouhoun et du Sanguié, à l'Est par les provinces du Yatenta, du Passoré et du Sanguié, à l'Ouest par la République du Mali et les provinces du Mouhoun et de la Kossi. Cette province a plusieurs communes rurales, au total. Nous nous intéressons à deux d'entre-elles : Di et Lanfiéra. Elles se situent respectivement à l'Ouest et au Sud - Ouest de la province du Sourou. Ces deux communes rurales ont l'avantage de regrouper le plus grands nombre de périmètres agricoles sur lesquels se pratique l'agro-business.

Carte n° 1.1: Situation géographique du Sourou

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1.2. Les caractéristiques climatiques

Le climat du Sourou est de type soudano- sahélien. Il comporte deux saisons: une saison sèche et une saison humide avec une évapotranspiration et des vents spécifiques. Dans notre zone d'étude (Niassan, Di, Débé, et Gouran), les types de cultures sont calqués sur le climat.

1.2.1. Les précipitations

Au Sourou, la pluviométrie est capricieuse.. En effet, les quantités d'eau mensuelles et annuelles varient dans le temps et dans l'espace. Les données pluviométriques recueillies à partir de la station de l'INERA de Di varient en dents de scie. Elles font ressortir 5 à 8 mois de pluies avec des quantités mensuelles variant de 0,2 mm à 266,9 mm et des moyennes annuelles comprises entre 525,2 mm et 881,6 mm de 2000 à 2011. La moyenne annuelle des précipitations de cette zone est supérieure à celle de la région du Nord avec une moyenne de 600 mm d'eau par an. Le nombre de mois secs varie aussi d'une année à l'autre entre 4 et 7 mois dans ce même intervalle de temps. Ces variations pluviométriques limitent la pratique de certaines cultures si elle n'est pas complétée par l'irrigation. Les aménagements hydro-agricoles répondent à ces exigences.

1.2.2. Les températures et l'évapotranspiration

En ce qui concerne les températures, elles varient en fonction des saisons (sèche et froide, sèche et chaude, humide). La saison sèche dure 6-8 mois. Pendant les mois secs et froids (novembre à février), la moyenne minimale des températures oscille entre 17°c et 22,8°c. Le mois de février est cependant le plus froid de tous. Ces mois froids sont favorables à la culture maraîchère. Mais, cette période brève diminue le rendement du riz si elle coïncide avec la montaison. Les températures de la période chaude sont surtout vécues pendant les mois de mars et de mai avec des maxima compris entre 35°c à 41°c. Plus la température augmente plus l'évaporation est accélérée. Des températures moyennes variant de 35°C à 41°C provoquent une évaporation de 2,195 mm. Les mois de mars et mai sont ceux de la forte évaporation avec des valeurs variant de 13 mm à 15 mm. Cela provoque aussi une augmentation de la cohésion et une prise en masse du sol (BUNASOLS. 1988). Elles provoquent aussi l'échaudage de la culture de riz qui dure 4 à 6 mois. Les températures moyennes mensuelles varient entre 26°c et 34°c.

Quant aux mois de juillet à novembre, c'est la période humide. La température moyenne est de 28,2°C. Elle est favorable à la culture du riz et du maïs pour la majorité des coopérateurs du Sourou et la population locale dans les périmètres aménagés et en paysannat d'une part et des agro-businessmen qu'il s'agisse du riz, du maïs, du mil, du sorgho qui sont les principales cultures. Ces températures ne sont pas favorables au séchage du riz à cause des pluies

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1.2. 3. Les vents

Ils ont des effets bénéfiques ou des impacts négatifs pour les cultures pratiquées. Pendant la saison des pluies, le vent qui souffle est la mousson. Il apporte les pluies. Il fait partie des vents de l'ouest et se déplace du Sud-Ouest vers le Nord-Est du pays. Pendant l'épiaison, ce vent peut dévaster des champs de maïs ou de mil s'il y a stress hydrique. Quant à l'harmattan, catégorie de vents secs et dominants pendant la saison sèche il souffle du Nord-Est vers le Sud-Ouest du Burkina Faso tout en balayant le Sourou.

1.3. Les aspects biophysiques de la zone de pratique de l'agro-business

Il s'agit de la géomorphologie, du réseau hydrographique, des types de sols et de la végétation. Ces facteurs apportent aussi des conditions favorables à la pratique de l'agro-business.

1.3.1. La géomorphologie

La vallée du Sourou est décrite comme un flanc Est d'un synclinal dont l'axe se trouverait approximativement sous le cours d'eau de l'actuel Niger. Le substratum géologique à niveau dolomitique détermine un modèle à cuvette d'effondrement fermée qui communique avec le lit mineur d'une profondeur comprise entre 75 à 125 cm. Les dépressions ont un diamètre compris entre 100 à 300 m. Ainsi, le relief de la vallée du Sourou est composé de plusieurs modelés de formes variées. Il s'agit des plaines peu accidentées avec une altitude moyenne de 250 m donnant la forme de fond de bateau fermé par l'enfouissement des fleuves Mouhoun et Sourou. Ce qui exige une irrigation par pompage puisque les eaux des canaux se situent à 3,5m par rapport à la surface des périmètres. De l'altitude 255-273 m, constituant la zone non inondable, le modelé est très plat. La pente générale redescend vers le fleuve Sourou et qui ne dépasse localement 0,5 %. Néanmoins, le Débé (marigot) situé dans la partie Nord-Est de la vallée du Sourou bouleverse légèrement ce modèle par la formation de quelques levées (BUNASOLS, 1988).

1.3.2. Le réseau hydrographique

Notre étude porte essentiellement sur les eaux de surface (marigot, fleuves). Elles sont localisées en grande partie dans les zones inondables dites zones basses et dans les zones peu inondables ou zone moyenne. Les principaux cours d'eau sont : Débé, Sourou, Mouhoun On y trouve aussi quelques retenues d'eau localisées dans les dépressions spontanées et surtout pendant les mois humides. Il s'agit des lacs.

Le Mouhoun, autrefois appelé Volta Noire prend sa source à 70 km au Sud-Ouest de Bobo Dioulasso à une altitude de 500 m. Ce grand cours d'eau a une orientation Nord-Est et de Est-Nord-Est sur une distance d'environ 1000 km. Le débit moyen mensuel observé en mars

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(minimum d'étiage) atteint 30,5 m3/seconde, contre un débit moyen de 919 m3 en septembre, principal mois de crue. Il alimente le Sourou pendant sa période de crue et est déterminant dans les aménagements hydro-agricoles dans la vallée du Sourou. Le remplissage du Mouhoun par le Sourou se fait par vidange dans le Sourou.

Le Sourou est un cours d'eau orienté du Nord-Est vers le Sud. Le Débé est son seul affluent. Avec la construction de la vanne de Léry, le Sourou joue alternativement le rôle de défluent (remplissage) en période de crue pendant laquelle il restitue au Mouhoun 110 millions de m3. Pendant l'hivernage notamment à partir du mois d'août, le Sourou est rempli avec les eaux du Mouhoun. On estime à 350 millions de m3 d'eau qu'il reçoit. Ce fleuve joue un rôle déterminant dans les activités rizicoles pour la majorité par les coopérateurs et des populations locales. Il en est de même pour le maïs, les cultures maraîchères pour les agro-businessmen. La carte n°1.1 donne la répartition des cours d'eau du Sourou et les affluents:

carte n°1.2: le réseau hydrographie du Sourou

1.3.3. Les types de sols

La séquence pédologique de la vallée du Sourou fait apparaître cinq ensembles de sols repartis sur deux grandes zones. Il s'agit des sols des zones inondables et des sols des zones exondées. Ces sols couvrent une superficie de 302 000 ha (GERSAR, 1987).

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Les sols exondés comprennent les sols associés aux sables éoliens occupant 38,75 % de la superficie totale soit 117000 ha. Ils se localisent au Nord-Ouest de la vallée du Sourou. Ces sols sont uniquement destinés à l'agriculture pluviale et au pastoralisme du fait de l'éloignement des ressources en eau. A cet ensemble, s'ajoutent les sols associés aux cuirasses ferrugineuses. Ils sont généralement occupés par les habitants et se localisent dans la zone haute ou non inondable. Ils couvrent 1,5% de la superficie totale soit4 500 ha. Les sols limono-sableux non inondables et non cuirassés constituent le dernier ensemble. Situé dans la zone exondée ils couvrent 26,82% de la superficie totale soit 81 000 ha. S'agissant des sols des zones inondables, il y a deux types : les sols associés aux alluvions à nodules calcaires, à caractères vertiques. Ils sont très fertiles mais des moyens mécaniques puissants sont nécessaires pour leur mise en valeur. Ils occupent 31% de la superficie totale soit 94 000 ha. Il y a aussi les sols des plaines alluviales. Ils ont une nature physico-chimique très variable. Leur utilisation requiert un assainissement et une bonne connaissance du régime hydrologique. La superficie couverte par ces sols est de 6 000 ha soit 2 % de la surface totale. Ainsi, au Sourou des sols qui favorisent la pratique de l'agriculture familiale sur 117 000 ha et 102 000 ha pour les cultures irriguées (des coopératives et d'agro-business) soit 33% de la superficie de la vallée du Sourou (GERSAR, 1987). Ils constituent un atout pour peu qu'il y ait des moyens techniques plus adaptés et des engrais de qualité. La carte n°2.3 donne la répartition des sols et leurs aptitudes:

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Carte n°1.3: La répartition des sols au Sourou

Les sols du Sourou n'ont pas la même aptitude agricole. S'ils sont continus à certains endroits, ailleurs ce sont des lambeaux. Ainsi, il y'aura une ruée vers les terres à moyenne aptitude pour les activités agricoles. Les périmètres agricoles occupent ces zones. Ils intéressent les coopérateurs et les agro-businessmen. Les petits paysans se contentent des sols à faibles aptitudes pour les cultures céréalières avec des moyennes parfois rudimentaires.

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Chapitre 2: Les facteurs socio- démographiques

La composition socio - démographique de notre zone d'étude fait ressortir divers groupes ethniques présents dans la zone d'étude. Cette composition est liée à l'un des objectifs de la vallée du Sourou qui est la sédentarisation de la population burkinabé. Par le mariage ethnique et interreligieux, les différents groupes sociaux ont fini par se familiariser mais autochtones comme migrants ont gardé leurs pratiques coutumières.

2.1. La structure par âge et par sexe de la population

Ces deux variables sont déterminantes dans la pratique de l'agro-business. Elles rendent compte de la disponibilité en main d'oeuvre potentielle pour les agro-businessmen et probablement des risques qui les attendent.

L'étude de ces variables a pour objet d'évaluer les moyens humains à la disposition des agro-businessmen pour servir d'ouvriers agricoles. Le nombre d'adulte au sein de cette population retiendra plus notre attention. Le tableau n°2.1 donne la composition :

Tableau n°2.1: Structure par sexe et par âge des localités de notre d'étude

 

Population résidente par sexe

Population résidente par âge

 

Nombre de ménages

Hommes

Femmes

Total

% femmes

0-14 ans

15-64 ans

65 ans et +

Age ND

Commune rurale de Di

4152

12 319

11 544

23 863

48,38

11 573

11 457

698

135

Villages

Débé

912

2 768

2 468

5 236

47, 14

2 463

2 644

85

44

Di

128

381

363

744

48,79

372

357

15

0

Niassan

865

2 386

2 126

4 512

47

2 221

2 206

66

19

Commune rurale de Lanfièra

3 229

9 548

9 269

18 817

49,26

8 819

8 819

9 175

86

Gouran

494

1 370

1 357

2 727

50

1 312

1 312

1 333

2

Source: INSD, (2009)

De ce tableau, il ressort que la proportion des hommes est supérieure à celle des femmes (respectivement 51,62% et 48,38% des effectifs). D'une commune rurale à l'autre ou d'un village à un autre, c'est le même constat. Cette disparité se rencontre aussi au niveau des âges. Cela serait lié au fait que l'aventure est surtout l'affaire des hommes que des femmes. La main d'oeuvre des agro-businessmen sera plus dominée par ceux-ci. D'autre part, la pauvreté pourrait expliquer le nombre élevé d'hommes par rapport aux femmes car se marier c'est prendre en charge les avantages ou les problèmes qui y sont liés. En effet, pour la région de la Boucle du Mouhoun comportant six provinces, dont le Sourou, l'incidence de la pauvreté est de

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60,4%. Cela représente 21,3% du taux national de pauvreté et 9,6% à sa profondeur (CSLP, 2004: p.18).

2.2. Historique du peuplement et des mouvements migratoires

Le peuplement des rives du Sourou s'est fait de façon progressive. Chronologiquement, on trouve les Pana. Ils auraient occupé d'abord la rive Ouest puis la rive Est. Ils sont aussi à l'origine des villages de Poro, de Bounawé. Entre le XVè et le XVIè siècle, ils seront rejoints par les Samo ou San venus du Mandé comme les Pana. Actuellement, l'aire de peuplement des Samo s'étend de la province du Sourou à la province du Nayala principalement.

Quant aux Marka ou Dafing, ils sont à l'origine de la création du village de Niassan et du Marché de Gouran. Leurs activités principales sont l'agriculture et le commerce.

Au XXè siècle, la vallée servira d'exécutoire aux fortes densités de la plaine centrale suite à la famine qui a servi de prétexte pour la suppression de la colonie de Haute Volta en 1932 et aux vallées infestées par l'onchocercose. Les Sana sont aussi présents dans le Sourou. Leur zone d'occupation est le village de Di où ils représentent 15 % de la population (CISSE, 1999).

Les Peul et Rimaïbé sont aussi dans la composition de la population du Sourou. L'élevage et l'agriculture sont leurs principales activités. Les Dogons, les moosé ont été aussi accueillis. Cette colonisation agricole des Moosé de Yatenga en pays San commencée depuis le début du XXè siècle s'accentuera en 1956 avec l'afflux massif de migrants (27 000 personnes dans le cercle de Tougan et 4 000 dans celui de Nouna). Pour accueillir les rapatriés de l'office du Niger en 1965, le premier périmètre irrigué de la vallée du Sourou a été créé avec le soutien de la Croix Rouge. Cette colonisation sera aussi nourrie par le rêve des migrants et l'ignorance sur les potentialités réelles du Sourou. Cela a été motivé par l'Etat et les entreprises qui faisaient de la vallée du Sourou, « la Côte d'ivoire d'à côté » (BETHELEMONT, FAGGI et ZOUNGRANA, 2003). La recherche de l'argent par les exploitants est aussi l'un des éléments de peuplement du Sourou principalement après l'aménagement des 50 ha et des 500 ha de Débé, les 203 ha des 610 ha aménagés à Gouran pour l'agro-business. La pression démographique est aussi évoquée. Enfin, la vision capitaliste de l'espace hydraulique par les différents gouvernements est aussi un élément de l'historique du peuplement de la vallée du Sourou. Elle a favorisé le secteur privé avec l'introduction d'autres catégories d'acteurs : les agro-businessmen.

Tous ces éléments imbriqués donnent un taux de migrants internes compris entre 1,6 et 2,2% en 1996. Les communes rurales de Di, et Lanfiéra, situées à la rive Est rassemble le plus de personnes. Au total dans ces deux départements entre 1986 - 1996, 15 000 personnes se sont ainsi établies. Débé a vu sa population se multiplier par douze et Niassan par 8. La population

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dans ces villages s'est accrue à un rythme moyen de 70 - 102 % de 1985 à 1996. Di qui a bénéficié des plus forts contingents a doublé sa démographie. La densité de la population de la province est passée de 41 habitants à 68 habitants au km2 entre 1985 à 1996. Aussi, sur les 5 768 km2 de superficie des 171 villages de la province non seulement la population a augmenté de 22 % mais aussi sa densité est passée de 18 à 38 habitants au km2. La rive orientale concentrait à elle seule 80 habitants au km2 de 1985 à 1996. Cette augmentation de la population est nettement supérieure à celle du Mouhoun qui est de 3,9%.

2.3. Le régime foncier traditionnel.

Dans ce régime la propriété de la terre est détenue par la collectivité. Mais, c'est le chef de terre qui distribue la terre aux membres du lignage, aux groupes ethniques et aux individus. Tous peuvent en principe avoir accès à la terre mais à cause de la pression foncière sur les terres, tous n'ont pas les mêmes droits sur la terre. Deux types de droits peuvent être distingués : le droit d'usage et le droit de possession.

Le droit de possession : il s'exerce sur les champs personnels, familiaux, de concession. Il est rigide pour la zone de jardin de case à cause des plus grandes pressions et des groupes usufruitiers et plus souple pour la zone de brousse ou la pression foncière est moins forte.

Quant au droit d'usage, il est de durée limitée car la terre peut être prêtée et reprise à tout moment. Il est appelé droit de culture. Mais, il peut être transformé en droit de possession imprescriptible. C'est grâce à ce droit que des terres sont attribuées aux immigrés.

Au Burkina Faso, avec l'adoption de la Réorganisation Agraire et Foncière (RAF) depuis 1984, ce régime a évolué au profit du régime foncier moderne et prend en compte l'ensemble des terres agricoles et pastorales du Burkina Faso. Il n'a pas aussi de droit foncier traditionnel sur les terres irriguées. Mais, même avec la RAF, sur les terres rurales, il y a parfois des conflits de légitimité avec les autorités coutumières car l'Etat n'arrive pas à affirmer son autorité sur ces terres.

2.4. Les facteurs socio-économiques de la pratique de l'agro-business au Sourou : l'élévage C'est une autre activité humaine pratiquée au Sourou. Cet élevage est de type extensif. Par le complexe agro-pastoral, l'élevage fournit aux producteurs des animaux de traction (boeufs, ânes, chevaux) de charrues, de herse aux exploitants familiaux comme aux agro-businessmen. Des parcs animaliers en général de boeufs existent à Di et à Gouran. Par sa proximité avec le Mali (13 km), l'aire pastorale devient extensive. Elle constitue une zone favorable à l'élevage car la végétation est encore abondante et sert de pâturage. Le tableau no2.2 ci-dessous donne la répartition du cheptel.

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Tableau n°2.2: Répartition du cheptel et de la volaille du Sourou de 2005-2009

Animaux

Bovins

Ovins

Caprins

Porcins

Asins

Camelins

Equins

Poules

Nombre

18374

13458

32040

3049

4538

63

24

103120

Source : DPRA/ Sourou + actualisation sur la base de projection, (2009).

Dans cette zone, l'élevage du gros bétail est prédominant suivi des ovins et des caprins. Cela pourrait s'expliquer par leur part active dans les travaux champêtres et comme moyen de transport. Les équins sont utilisés pour la traction des herses et constituent aussi le prestige pour les délégués de villages. La localisation de ces périmètres est importante :

2.5. La localisation des périmètres exploités par les agro-businessmen

L'agro-business au Sourou se distingue de l'agriculture familiale par la superficie exploitée. Cette superficie est définie par le cahier des charges du Sourou. L'Article 10 de ce document précise le nombre d'hectares à exploiter par exploitant agro-business et familial. La localisation des superficies à exploiter nous indiquera la place occupée par l'agro-business dans notre zone d'étude. Ils se situent dans les communes rurales de Di et Lanfiéra.

2.5.1. Les périmètres agricoles de la commune rurale de Di

Dans la commune rurale de Di, le périmètre 200 ha de Niassan ou Périmètre du Projet «Etudiant du Sourou» a été le premier périmètre qui, après l'entrée du Burkina Faso dans les Programmes d'Ajustement Structurel (PAS) à expérimenter l'agro-business à travers les étudiants diplômés. Mais, l'alibi de retour à la terre pour donner du travail aux étudiants sera désenchanté car considéré comme une sanction de l'intelligentsia burkinabé. L'entretien réalisé avec un des responsables de l'AMVS est évocateur:

«Dans un premier temps, le périmètre 200 ha a été utilisé par les étudiants et après ils sont partis un à un et finalement tous sont partis. Ils ont trouvé que cela ne les arrangeait pas. Les premiers à partir, c'est sûr qu'ils ont eu des opportunités. Les derniers à partir, c'est qu'ils ont eu des opportunités plus tard».

Si les Etudiants sont partis, d'autres agro-businessmen ont pris le relais avec un essai de production de pomme de terre au cours de la campagne 2005 - 2006. Cette culture a permis de relancer ce périmètre mais cette autre tentative sera aussi un échec à cause des difficultés liées au coût de production de cette spéculation. En définitive, on est passé de 67,3 ha (33,75 %) à 22,5 ha soit 11,25% des 200 ha pour l'agro-business. Le reste de cette superficie est exploitée par la coopérative Heressera.

Nous avons aussi le périmètre 420 ha dont 16,7% de cette superficie soit 70 ha ont servi pour la production de pomme de terre de 2005 à 2010 par l'entreprise Pro-agro C'était la plus grande

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entreprise d'agro-business à l'époque. De nos jours, cette entreprise a migré sur les périmètres irrigués de Bagré car au Sourou les terres étaient en location.

Enfin le périmètre 910 hectares de Débé est aussi exploité en partie en agro-business. C'était le Périmètre du «Projet 1 000 filles du Sourou» réalisé grâce au financement de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS). Ce périmètre est actuellement partagé entre les petits exploitants privés et

les agro-businessmen qui exploitent 11,1% des superficies soit 50 ha. La carte n° 2.4 localise ces périmètres.

Carte n°2.1: Présentation diachronique des périmètres agricoles de la commune rurale

de Di

On constate que la plupart des périmètres aménagés se localisent au Sud de la commune rurale de Di. Ces périmètres sont aussi situés le long des cours d'eau (Débé et Sourou). La facilité d'accès à l'eau serait le principal motif.

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2.5.2. Les périmètres agricoles de la commune rurale de Lanfiéra

Sur plusieurs périmètres que compte la commune rurale de Lanfiéra, un seul est concerné par

notre étude. C'est le périmètre 540 hectares de Gouran. Il se retrouve dans le complexe 610 ha Gouran-Di dont 540 ha sont à Gouran et 70 ha à Di. A Gouran, ce sont 203 ha qui sont exploités en agro-business sur le bloc soit 37,6% des 540 ha. La carte n°2.5 nous localise ces périmètres :

Carte n°2.2: Présentation diachronique des périmètres agricoles de la Commune rurale de

Lanfiera

Les périmètres irrigués de Gouran sont comme un prolongement de ceux de Di, localité située au Sud de celle-ci. Ils sont aussi situés le long du fleuve Sourou.

Aussi, ce sont les périmètres qui concentrent le plus d'agro-businessmen (10 des 13 agro-businessmen enquêtés). Leur comité porte même le nom de cette localité. Cette localisation de ces périmètres dans cette localité va leur donner des valeurs supérieures à celles des coopératives. Il y aura donc une discrimination spatiale et économique liées à ces périmètres.

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Conclusion partielle

Au regard de la disponibilité de certains facteurs physico-humains favorables, le Sourou a pu réunir en lui seul certaines contradictions, d'acteurs agricoles aux multiples besoins et objectifs. Cela a été voulu au départ par l'occupant colonial qui avait déjà aperçu une possibilité de développer l'agriculture. Le projet colonial sera récupéré ensuite par les autorités du pays grâce à une certaine territorialisation du Sourou, reconfiguré avec le changement de régimes. L'accès sera progressivement autorisé aux coopérateurs et actuellement aux agro-businessmen afin de rentabiliser les périmètres aménagés du Sourou. Cela va dégager des types d'agro-businessmen avec des attributions conformes aux clauses d'un cahier des charges et d'un protocole d'accord conçus grâce à la RAF et recommandés par les programmes d'ajustement structurel. Ainsi de gré ou de force l'agro-business sera adopté comme le modèle destiné à remplacer l'agriculture familiale que la Banque Mondiale et le Fond Monétaire considèrent comme peu novatrice, archaïque et sans avenir. Pour analyser l'impact de ce mode agricole sur la sécurité foncière et alimentaire, la partie deux de ce mémoire est divisée en deux chapitres. Le chapitre 3 traite de l'étude comparative de la production agricole d'agro-business et les productions locale et régionale. Quant au quatrième chapitre, il est consacré à l'analyse de l'agro-business et les perspectives de sécurisation foncière et alimentaire.

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PARTIE II : AGRO-BUSINESS, SECURITE FONCIERE ET ALIMENTAIRE A NIASSAN, DI, DEBE ET GOURAN

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Introduction

L'agro-business, la sécurité foncière et la sécurité alimentaire sont des concepts de plus en plus utilisés dans les politiques agricoles tant au niveau national qu'au niveau international. L'agro-business, agriculture productiviste, excédentaire est promu pour remplacer l'agriculture traditionnelle ou familiale dite fréquemment déficitaire.

Dans cette partie de notre mémoire, nous nous intéressons surtout aux localités de Di, Niassan, Débé et Gouran dont des périmètres aménagés répondent aux exigences de notre étude. Est-il le modèle agricole dominant au Sourou ? Peut-il être considéré comme une perspective de sécurisation des différents acteurs d'agro-business au Sourou? Au regard des données collectées lors de notre enquête de terrain, l'agro-business constitue-t-il une perspective efficace de sécurité alimentaire? Les besoins de consommation alimentaire des populations locales, leur niveau de revenu, la destination des produits alimentaires des agro-businessmen pourraient apporter une esquisse de réponse.

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Chapitre 3: Etude comparative de la production agricole d'agro-business et les productions locale et régionale

Ce chapitre prend en compte la diversité des acteurs appelés agro-businessmen. Des conditions favorisent leur installation et un type d'organisation est mis en place par ceux-ci. Faits non fortuits mais déterminants serviront à déterminer la capacité productive de chaque agro-businessman.

3.1. Les caractéristiques de l'agro-business

Il s'agit de la biographie des agro-businessmen. Elle prend en compte le statut social, démographique, professionnel, leur niveau d'éducation et leur organisation.

3.1.1. Les caractéristiques socio- démographiques de la pratique de l'agro-business L'agro-business pratiqué au Sourou a ses acteurs de profil différent. Cette diversité est manifeste sur le périmètre 203 ha au Bloc C de Gouran, sur les périmètres de Niassan, Débé, Di.

3.1.1.1. La répartition des agro-businessmen selon le sexe

Au Sourou, l'agro-business est tiqué praussi bien par les hommes que les femmes. En effet, sur les treize agro-businessmen enquêtés, 15,4% sont des femmes, exploitant au total 45 ha soit 22,2% des 203 ha qui leur sont destinés et les hommes représentant 84,6% de ceux-ci avec 158 ha à exploiter. Au regard des superficies exploitées par ces dernières, on constate que l'accès aux périmètres aménagés est pour elles un problème. La question du genre y est faiblement pris en compte.

3.1.1.2. La provenance géographique et culturelle des agro-businessmen

Les agro-businessmen du Sourou n'ont ni la même provenance ni la même origine ethnique ou religieuse. Selon la provenance géographique, on a deux catégories d'entrepreneurs agricoles : les autochtones (Dafing, Samos) qui représentent 46% des effectifs et le reste 54% sont des migrants (mossi, Bobos). Sur les 275,5 ha qui reviennent aux agro-businessmen au Sourou, 62,6% soit 172,5 ha appartiennent aux migrants et 37,4% des terres soit 103 ha sont exploités par les autochtones. Cela s'explique par les vagues migratoires que le Sourou a connues.

Quant à l'origine ethnique, les mossé (mossi) sont les plus nombreux parmi les agro-businessmen (53,8%). Ils exploitent 59,9% des 275,5 ha qui leur sont destinés soit 165 ha. Les autres ethnies (Bobos, Dafing, Samos) représentant respectivement chacun 15,4% des effectifs exploitent dans cet ordre 7,5 ha soit 2,7% de la superficie, 30 ha soit 10,9% et 47 ha ou 17 % des

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superficies destinées à l'agro-business. Cette différence en nombre d'exploitants s'explique aussi par la place que représente l'activité agricole pour chaque groupe ethnique. Les Dafing sont en majorité des éleveurs et des commerçants venus du Mandé alors que les Moosé voient au Sourou leur paradis agricole. BETHELEMONT, FAGGI et ZOUNGRANA, (2003) explique :

«Le paradis des migrants et le cauchemar des riverains.... Les migrants dans leur majorité ont perçu et traité l'espace comme une sorte de paradis, un havre aux richesses abondantes, en comparaison de la misère de leur terroir d'origine. Ce faisant, le Sourou a nourri le rêve des migrants, détournant une partie des flux traditionnels en direction des plantations ivoiriennes. C'est la Côte d'Ivoire d'à Côté » (p150).

En fait, les migrants ont été ceux qui ont le plus tiré profit des aménagements agricoles du Sourou. Leur situation économique s'est améliorée.

En ce qui concerne l'appartenance religieuse des agro-businessmen, 61,5% d'entre eux sont des chrétiens et 38,5% des musulmans. Ils exploitent respectivement 234,5 ha soit 85,1% des superficies et 41 ha représentant 14,9% des 275,5 ha. Ces chiffres contrastent avec les données démographiques. Bien que les musulmans soient les plus nombreux

3.1.2. Le statut socio-professionnel des agro-businessmen du Sourou Il détermine la classe sociale de l'agro-businessman.

3.1.2.1. Le statut social

L'agro-businessman est un des privilégiés dans notre zone d'étude. Non seulement, il a des

moyens de production dépassant ceux d'un exploitant agricole familial mais aussi un certain pouvoir financier et économique qui le hisse à un rang socialement confortable. La superficie exploitée (au moins 10 ha) lui confère une ascendance sur les exploitants familiaux et les coopérateurs exploitant entre 0,25 et 3 ha. Aussi, tous ont l'ambition d'augmenter leurs superficies, de quitter un certain rang social pour un autre par l'augmentation de leur capital économique. Ce pouvoir économique a même permis à 30,8% d'entre eux de quitter le statut de coopérateur pour occuper un tel rang .Dans ce statut est aussi inclus le statut matrimonial. Sur les enquêtés, 46,1% d'entre eux sont polygames. Cela implique une certaine capacité de prise en charge des dépenses et besoins de leurs épouses. En fait l'agro-business est source de pouvoir. Il facilite l'ascension sociale de l'agro-businessman Cette position sociale qu'il occupe fait de lui un bourgeois local et est confortée par l'agro-business qui incorpore l'agriculture dans le système libéral.

3.1.2.2. Le statut professionnel des agro-businessmen du Sourou

C'est la profession d'origine des agro-businessmen. Le graphique n°3.1 nous donne la représentation :

40

Graphique n°3.1: Répartition des agro-businessmen et des superficies exploitées suivant leur statut professionnel

35,7

40

35

30,8

30

25,4

23,1

25

15,4

15,4

20

10,9

15

9,8

10

5

0

Cadres

d'ONG

Cadres d'Etat Hommes Anciens

Agents de

l'Etat retraités

12,7

5,4

7,7

7,7

Statut professionnel

Pourcentage d'agro-

businessmen (%)

Pourcentage des

superficies exploitées

(%)

Source: ZONGO, (2011). Enquête de terrain

Il ressort du graphique n°3.1 que les agro-businessmen les plus nombreux sont ceux qui ont été des coopérateurs autonomes et les moins nombreux sont les cadres de l'Etat et des ONG. Ils représentent respectivement 30,8% 7,7% des effectifs totaux(13). Ayant été les premiers à s'installer sur les périmètres, ces coopérateurs sont devenus agro-businessmen en accumulant l'argent de leur production agricole. Ils exploitent 25,3% des 275,5 ha. Quant aux cadres des ONG et de l'Etat, ce sont les représentants des partenaires techniques et financiers qui ont financé l'aménagement des périmètres. Ils constituent 15,4% des effectifs et exploitent 20,7% des parcelles destinées à l'agro-business. Les autres acteurs de profession libérale (commerçants et maçons) et des agents de l'Etat rétraités représentant chacun 15,4% des effectifs totaux. Ils ont acquis leurs parcelles au Sourou grâce aussi à leur capital économique. Ils exploitent 6% des superficies. Cela est conforme à la configuration des acteurs de l'entreprenariat agricole que l'Etat s'est voulu. Il s'agit selon le M.A. (1999) de :

«L'ensemble des producteurs du monde des fonctionnaires, des salariés, des jeunes agriculteurs/ trices, et des opérateurs économiques dont l'activité est de générer un surplus important de production commercialisable. En d'autres termes, ceux qui investissent ou qui cherchent des opportunités dans le secteur agricole pour aller au-delà de l'autosuffisance alimentaire»

Ce statut professionnel donne aussi droit à un autre : celui d'attributaire qui concerne 76,9% des opérateurs d'agro-business. Ils exploitent 74,6% des superficies soit 205,5 ha. Les autres se disant propriétaires représentent 15,4% des effectifs, détiennent 25,4% des parcelles soit 70 ha.

41

Leur profession joue en leur faveur car ceux-ci occupent d'importants postes dans les hautes sphères de l'Etat. Ce qui influence la prise de décision les concernant. Les agro-businessmen non attributaires, non propriétaires font 7,7% des effectifs. Ils n'ont pas de parcelles pour le moment pour mésentente avec l'AMVS.

3.1.2.3. Le niveau d'instruction des agro-businessmen du Sourou

Il est important car les agro-businessmen doivent maîtriser les facteurs de production l'étude du marché pour élargir son champ d'opportunités et les législations les concernant. Le graphique n° 3.2 donne la répartition selon le niveau d'instruction:

Graphique n°3.2: Répartition des agro-businessmen et des superficies exploitées suivant leur niveau d'instruction

31

25,6

38,5 38,1

21,8

15,4

15,4

12,7

Sans niveau Primaire Secondaire Supérieur

Niveau d'intruction

Pourcentage d'agro-

businessmen (%)

Pourcentage des superficies

exploitées (%)

40

35

30

25

20

15

10

5

0

Source: ZONGO, (2011). Enquête de terrain

On constate à travers le graphique n°3.2, que les agro-businessmen ayant le niveau

universitaire sont les plus nombreux (38,5% des effectifs) et exploitent 38,10% des superficies soit 105 ha des 275,5 ha. Cela pourrait s'expliquer par la maîtrise des procédures administratives et des textes sur le foncier. Bien que les agro-businessmen de niveau supérieur soient nombreux, l'agro-business n'a toujours pas décollé au Sourou. Leur position leur a juste permis d'acquérir

la terre. Et comme le disait ZONGO (2009) pour le Ziro : «Ils sont venus sur les périmètres par suivisme. Ils ne maîtrisent pas le métier d'agriculteurs et ne cernent pas non plus les difficultés relatives à la disponibilité et à la qualité de la main d'oeuvre ». Le GRAF, (2007.a) analysant l'agro-business trois ans après son lancement aboutit à la conclusion suivante:

« Trois ans après son lancement, l'agro-business n'a pas encore atteint les objectifs escomptés : accroître la production et participer au développement des zones rurales. Les résultats sont alarmants : sur treize agro-

42

businessmen installés en 2005, un seul répond aux critères édictés par l'Etat. Onze ont basculé dans l'exploitation familiale et un a abandonné » (p.1).

Ce n'est pas le cas pour les autres. Ce sont les sans niveau, de niveau primaire et ceux de niveau secondaire qui représentent 15,4% chacun. Ils ne maîtrisent pas les rouages de l'administration et les contours juridiques des lois foncières. Ils exploitent respectivement 12,7% ; 21,8% et 25 ,6% de la superficie totale dont ils sont attributaires.

Le niveau d'instruction n'est pas la seule condition du succès de l'agro-business. Cette situation vécue au Sourou est comparable à celle du Ziro, car certains sont venus à l'agro-businessmen par opportunisme. Si l'agro-businessman est un agent technique ou un technicien supérieur d'agriculture de terrain, ce serait un atout. Une telle diversité socio-professionnelle influence aussi bien la capacité d'exploitation des terres que l'orientation de la production, l'organisation de l'agro-business et les résultats attendus.

3.1.3. L'organisation des acteurs d'agro-business

L'agro-business en cours au Burkina Faso et particulièrement sur les périmètres agricoles du Sourou est favorisé par l'évolution des régimes fonciers au Burkina Faso, les problèmes de gestion des périmètres aménagés et le besoin de financement. Ses acteurs, les agro-businessmen, vont pour répondre à ces attentes, s'organiser.

Au Sourou, les dix-sept agro-businessmen officiellement reconnus sont organisés dans une structure et exploitent leurs parcelles selon les clauses d'un cahier de charge et un protocole d'accord. Au début, ils n'appartenaient pas à une structure organisée. Le comité de gestion provisoire ou groupement des Opérateurs Economiques du Secteur C - Gouran (OESC/ Gouran) créé en 2005 tentera de les regrouper et évoluera avec ce statut jusqu'en 2007. En 2008, cette structure provisoire va devenir le Comité des Irrigants des Opérateurs Economiques et des Producteurs Agricoles du Secteur C (CIOEEPAS-C). Avec cette structure, la question de l'eau occupe une place centrale dans la production agricole. L'agro-business a donc évolué dans son organisation.

3.2. Les conditions d'installation des agro-businessmen sur leur périmètre

L'accès aux périmètres aménagés du Sourou pour la production agricole de type agro-business a été favorisé par le forum des nouveaux acteurs tenu à Bogandé le 08 avril 1999. Mais, les agro-businessmen doivent satisfaire certaines exigences financières et d'exploitation des périmètres agricoles. Le Décret N°97-598/PRES/PM/MEE/AGRI du 31/1/ 97 portant Cahier des charges pour la gestion des grands aménagements et celles de l'Arrêté N°98-032/MEE//MA/MEF/MATS du 08/10/98 portant Cahier des charges spécifiques de la vallée du

43

Sourou et de la vallée du haut Mouhoun doivent être respectés (DIALLA, 2002). La production agricole des agro-businessmen doit être destinée à la vente. Ceux-ci doivent aussi avoir certains facteurs de production.

3.3. La production agricole d'agro-business

Elle prend en compte le mode d'exploitation de la parcelle, le matériel et le travail d'exploitation.

3.3.1. Les modes d'exploitation des parcelles

Lors de notre enquête de terrain, nous avons constaté que les agro-businessmen utilisent un mode mixte pour la mise en valeur de leur parcelle. En effet, l'exploitation moderne est chaque fois associée aux modes suivants : le mode familial, le métayage la gestion par délégation de la parcelle.

3.3.1.1. L'exploitation familiale

Ce mode est utilisé par la quasi-totalité des agro-businessmen enquêtés au Sourou en plus du mode d'exploitation moderne. En effet, la main d'oeuvre familiale est utilisée à des intensités différentes par 92,23% d'entre eux. Le lien de parenté est ici déterminant pour la sécurité de leur parcelle et de leur production car ils n'aiment pas confier ces tâches à des inconnus. C'est à ce niveau qu'ils choisissent ceux qui vont gérer leurs dossiers administratifs surtout s'ils sont des illettrés.

3.3.1.2. Le mode d'exploitation des parcelles par métayage

Selon GEORGE et VERGER (2008): le mode d'exploitation des parcelles par métayage est «un mode de faire-valoir dans lequel le propriétaire et l'exploitant (métayer) se partagent les produits, en principe par moitié» (p 264). Il est utilisé par 92,3% des agro-businessmen à diverses intensités. Il les de contourner l'Article 3 du protocole d'accord sanctionnant la sous location. En effet, après la mise en valeur de la parcelle par le métayer avec les moyens de production reçus de l'agro-businessman (parcelle, engrais, redevance eau, ...). Le bénéfice est partagé en trois parts dont les 2/3 reviennent à l'agro-businessman (1/3 pour ses dépenses et 1/3 comme sa part du bénéfice). Lors de notre collecte de donnée 7,48%, de notre population cible reconnaissent la pratique de ce mode d'exploitation sur les parcelles du Bloc C de Gouran. Cette pratique est reconnue et notre entretien réalisé avec un responsable de l'AMVS est évocateur :

« En ce qui concerne le mode de gestion des parcelles par les agro-businessmen dans le protocole d'accord, ce point là (location) est exclu. Si tu demandes 10 ha ou 5 ha, c'est selon tes capacités. Donc il doit mettre tout en valeur. Maintenant si vous n'arrivez pas à mettre tout en valeur, ils peuvent s'entendre avec des gens pour travailler. Mais selon le protocole d'accord, il est interdit de sous-louer les parcelles qu'ils utilisent. Il y a des gens en fonction de la taille de leur parcelle, en tout cas, ils ont des arrangements avec les ouvriers agricoles. Ils peuvent

44

souvent donner une petite portion à la personne et en même temps, la personne s'occupe de l'exploitation. Je crois que ce sont des arrangements qui existent».

Les agro-businessmen peuvent entreprendre toute sorte d'arrangement pour vu que ce ne soit pas de la sous location. Dans la gestion par métayage, c'est l'agro-businessman qui gagne. Le métayer quant à lui est le grand perdant. Il ne vit pas. Il survit. Il a juste le peu pour conserver sa force de production.

3.3.1.3. Le mode de gestion des parcelles par délégation

C'est le recours des agro-businessmen qui ne résident au Sourou. Ils vont confier la gestion de leur parcelle à d'autres agro-businessmen ou responsables des ouvriers agricoles. Ils sont généralement des autochtones de la localité. C'est pourquoi 23,1% d'entre eux utilisent le mode d'exploitation par délégation en confiant à 15,4% des agro businessmen la gestion de leur parcelle. Cette pratique concerne 9,85% des 203 ha de Gouran consacrés à l'agrobusiness. Cette gestion par délégation ne veut pas dire attribution, que tous les pouvoirs sont au gestionnaire de la parcelle par délégation. En fait, comme sur le périmètre 203 ha destiné à l'agro-business, on ne peut avoir qu'une seule parcelle portant son nom. Celui-ci va juste appliquer le calendrier agricole du principal attributaire de la parcelle.

Ainsi, sur ces parcelles, les activités de production des agro-businessmen sont organisées grâce à la possession d'un certain nombre de facteurs de production: les équipements agricoles, les ouvriers agricoles, les semences, les intrants. Cette agriculture n'a pourtant pas encore réglé les problèmes liés à la sécurité alimentaire contrairement à la publicité qui est faite. La bourgeoisie agricole annoncée n'est pas encore une effectivité. L'agro-business au Sourou a aussi ses problèmes (ci-dessus cités). Ces problèmes confirment l'étude menée par le GRAF en 2007 qui aboutit à cette conclusion : « L'agro-business au Sourou est entre tâtonnement, réussites et échecs ». Cela pourrait donc expliquer que l'agro-business soit encore au stade embryonnaire. En tant que modèle agricole en développement dans le Sourou et au regard de ses implications socio- économiques, il est important d'appréhender les nouveaux rapports fonciers en cours dans la zone du fait essentiellement de la pratique d'agro-business.

3.3.2. Les superficies possédées par les agro-businessmen du Sourou

Il s'agit des superficies attribuées aux agro-businessmen grâce au cahier des charges et du protocole d'accord. Il y a aussi les superficies possédées sur les périmètres réservés aux coopératives. Les graphiques n°3.3 et n°3.4 nous donne les proportions.

Graphique n°3.3: Proportion des agro-businessmen et les superficies en ha possédées sur leur site officiel

Source: ZONGO, (2011). Enquête de terrain

Du graphique n°3.3, on constate que le plus grand nombre d'agro-businessmen (42%) exploitent moins de 20 ha de terre et seulement 25% d'entre eux peuvent exploiter 40 ha au moins. On peut donc dire que plus les superficies sont vastes, moins on a d'agro- businessmen. Ces derniers disposent de plus de moyens financiers que les autres. Ils ne vont pas non plus se confiner sur une seule parcelle. C'est ainsi que certains se retrouvent sur les parcelles attribuées aux coopératives soit pour se constituer une base arrière soit pour des visées expansionnistes. En fait, l'agro-business est source de pouvoir. Il facilite l'ascension sociale de l'agro-businessman et grâce à son pouvoir économique, s'accroît aussi son pouvoir d'expansion. Le graphique n°3.4 nous donne des détails sur les superficies possédées par les agro-businessmen parmi les coopératives :

Graphiques n°3.4: Proportion des agro-businessmen et les superficies en ha possédées parmi les Coopératives

Source: ZONGO, (2011). Enquête de terrain

45

46

Du graphique n°3.4, il ressort que les agro-businessmen ne possèdent pas les mêmes superficies. Les plus nombreux sont ceux qui possèdent au moins 20 ha. Ils représentent 4 fois (40%) les effectifs de ceux qui exploitent respectivement 5-10; 10-15 et 15-20 ha chacun (10%). Il y a une accumulation primitive de la terre marquant une nette différence entre les agro-businessmen surtout que certains d'entre eux ont encore des parcelles parmi les coopératives.

3.3.2.1. Les superficies mises en valeur en campagne humide et sèche par les agro-businessmen

Ce sont les superficies de production de maïs. Le graphique n°3.5 nous indique les proportions des agro-businessmen selon les superficies exploitées en maïs et en oignons :

Graphique n°3.5: Répartition des agro-businessmen suivant leur production en monoculture/polyculture dans l'année

Source : ZONGO, (2011). Enquête de terrain

Au regard de ce graphique, il ressort qu'il y a 58% des agro-businessmen qui pratiquent la monoculture de maïs (sur 100% de la superficie de la parcelle qui leur revient) et 42% la polyculture (moins de 100% de leur superficie) en campagne humide. Elle est surtout destinée à la production de cette spéculation. En saison sèche pour la production des oignons, le pourcentage des agro-businessmen s'inverse. Quant à la mise en valeur de leurs parcelles, 42% d'entre eux font la monoculture d'oignons et 58% de la polyculture. Les photos n°3. 1 et n°3.2 sont illustratives:

47

Photo n°3.1: Polyculture (maïs + choux+ oignons) Photo n° 3. 2: une parcelle de maïs

Source: ZONGO, (2011). Enquête de terrain

La chûte rapide des prix des oignons après la récolte, le manque d'entrepôts et les difficultés de conservation des oignons après la récolte sont quelques raisons. C'est une manière pour eux de minimiser les pertes dues aux fluctuations des prix et de rester en contact avec la population locale. Cette mise en valeur des parcelles nécessite certaines conditions de travail et une force une force humaine pour l'exploitation.

3.3.2.2. Le matériel et le travail d'exploitation des parcelles

Il existe un lien étroit entre le matériel et le travail d'exploitation des sols. Au Sourou, sans matériel de travail et de main d'oeuvre, l'exploitation des parcelles s'avère très difficile.

3.3.2.2.1. Le matériel de travail sur les parcelles

Sur les périmètres irrigués, la force animale occupe encore une place importante dans la production des agro-businessmen. On constate que 92,3% et 46,1% des agro-businessmen utilisent respectivement des boeufs et des ânes dans leurs productions agricoles. Le matériel lié à ces animaux varie aussi : les charrues bovines (38,5%), les charrues asines (30,8%), les herses bovines (30,8%), les charrettes non motorisées (61,5%), les tracteurs (23,1%) et les butteurs (7,7%) des agro-businessmen. Ils sont sous équipés. Au Forum des nouveaux acteurs de Bogandé de 1999 il est ressorti :

« Au cours des réunions organisées dans les différentes directions de l'agriculture, les nouveaux acteurs ont été amenés à se prononcer sur les principales difficultés qu'ils rencontrent et l'équipement agricole est une

préoccupation largement partagée dans les différentes régions. » (M.A.1999 : p3).

Cette situation fait donc que les agro-businessmen s'appuient plus sur les ouvriers agricoles pour être en règle avec le cahier des charges et protocole d'accord.

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3.3.2.2.2. Les ouvriers agricoles

Les ouvriers agricoles sont soit des contractuels soit des permanents. Leur nombre et leur importance dépendent du niveau d'équipement des agro-businessmen. Ils ne sont non plus traités

avec la même importance.

Les ouvriers agricoles contractuels: effectifs et salaire

Ils sont utilisés dans les activités temporaires de production par les agro-businessmen (le ramassage, les récoltes, le désherbage des oignons ou du maïs, la mise en place des sillons ou billonnage). Leur nombre varie d'un opérateur à un autre et est lié à son pouvoir financier. Le graphique n°3.6 est plus illustratif :

Graphique n°3.6: Ouvriers agricoles contractuels embauchés et proportion

d'agro-businessmen

Source: ZONGO, (2011). Enquête de terrain

On constate que le nombre d'ouvriers agricoles contractuels varie d'un agro-businessman à un autre (au moins 10 pour les uns et plus de 30 pour les autres). La classe modale est 10-20. C'est un maillon important de la chaîne de production agricole d'agro-business. Leur nombre par agro-businessman dépend du pouvoir financier de celui-ci.

En analysant les salaires versés par jour aux ouvriers agricoles contractuels, il ressort que 81,80% des agro-businessmen paient leurs ouvriers agricoles contractuels à moins de 1000FCFA par jour et peu (18,2%) au plus à 2000FCFA. Si ce nombre dépasse le seuil de 20 ouvriers agricoles les agro-businessmen deviennent peu nombreux. La sécurité financière des ouvriers agricoles dépend du bon vouloir de l'agro-businessman. Plus leur salaire journalier augmente moins on a d'agro-businessmen qui peuvent les embaucher et leur nombre diminue aussi. L'agro-business rime donc avec bas salaire et insécurité financière. En fait c'est un salaire qui est

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discuté sur le tas. Le salaire d'hier n'est pas le même que celui des autres jours et dépend des humeurs de l'agro-businessman. Le travail n'est pas aussi une garantie. Le même ouvrier peut ne plus avoir de contrat avec le même agro-businessman. La qualité est la cause.

Les ouvriers agricoles permanents:

Ils travaillent quotidiennement avec les agro-businessmen pour l'entretien des parcelles ou pour la surveillance des récoltes. Certains peuvent être nommés «chefs leur personnel» agricole. En leur absence, ils doivent assurer le bon déroulement de la campagne agricole. Certains se sont familiarisés aux entrepreneurs agricoles qui peuvent leur louer ou mettre en métayage 0,5 à 1 ha pour exploitation et les prendre en charge. Le graphique n° 3.7 nous donne la proportion de ces ouvriers selon les agro-businessmen :

Graphique n°3.7: Ouvriers agricoles permanents et proportion d'agro-businessmen

Source: ZONGO, (2011). Enquête de terrain

Au regard des graphiques n°3.7, 50% des agro-businessmen emploient entre 10-20 ouvriers agricoles permanent. C'est d'ailleurs l'intervalle de plus grande proportion puisque les autres emploient en deçà de ce nombre. C'est la valeur modale.

Si nous comparons ces effectifs avec ceux des ouvriers agricoles contractuels il y a une certaine variation du nombre par agro-businessman. Le graphique n°3.8 est illustrative.

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Graphique n°3.8 : Comparaison des proportions d'agro-businessmen suivant le nombre d'ouvriers agricoles employés

Source: ZONGO, (2011). Enquête de terrain

On constate que la proportion des agro-businessmen employant les ouvriers agricoles permanents sont en nombre supérieur jusqu'à 30 ouvriers agricoles. Au-delà l'inversion de la tendance est en faveur ceux ayant recours aux ouvriers agricoles contractuels. Le coût de la main d'oeuvre des deux types d'ouvriers est la principale cause. Le graphique n°3.9 est illustratif :

Graphique n°3.9: Salaires versés en millers de FCFA par an aux ouvriers agricoles

permanents et proportion d'agro-businessmen

Source: ZONGO, (2011). Enquête de terrain

Le graphique n°3.9 montre que la majorité des ouvriers agricoles permanents ont un salaire compris entre 100 000 et 200 000 FCFA (70% d'entre eux). Les autres qui ne dépassent pas 10% chacun ont des salaires respectifs de moins de 200 000 FCFA à 300 000 FCFA, 300 000 FCFA et plus. Cela donne un salaire journalier respectif pour une campagne humide de six

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mois, par ouvrier agricole permanent de : 555 FCFA/ jour ; 833 FCFA/ jour ; 1389FCFA/ jour; et 1667 FCFA/ jour. Pour la campagne sèche qui est repartie en deux campagnes de 3 mois, on aura 1111 FCFA/ jour ; 1667 FCFA/ jour ; 2778 FCFA/ jour et 3333 FCFA/ jour. Il y a une différence de traitement salarial en campagne humide et en campagne sèche. Les spéculations produites pendant ces deux campagnes ne sont pas rentables au même degré. Si on compare ce salaire journalier de ces ouvriers agricoles permanents avec celui des ouvriers agricoles contractuels qui est de moins de 1000 FCFA pour 81,80% d'entre eux et au plus 2000 FCFA pour le reste (18,20%), on peut dire que les ouvriers agricoles permanents sont plus payés que les ouvriers agricoles contractuels.

3.3.3. L'itinéraire cultural des agro-businessmen

C'est l'ensemble des étapes et démarches dans la production agricole d'agro-business. Il comprend la recherche des intrants, l'apport d'eau aux plants, la mise en valeur des terres en passant par le choix des types de spéculations selon la saison, la production et les problèmes liés à la production

3.3.3.1. La recherche des intrants agricoles

Les semences et les engrais utilisés, et les cultures pratiquées permettent de distinguer l'agro-businessman de l'exploitant agricole familial ou d'un coopérateur. Pour produire plus et dégager du surplus pour la commercialisation, il doit utiliser des intrants et des semences de bonne qualité.

Les semences utilisées par les agro-businessmen : quantités et dépenses

Elles sont de diverses origines. Cela conditionne leurs prix. Concernant les semences de maïs, elles sont améliorées. L'Institut de l'Environnement et Recherches Agricoles (INERA) de Di est le principal fournisseur des agro-businessmen (45%). Cette semence améliorée de maïs a un rendement de 5 t / ha en campagne humide et 4 t / ha en campagne sèche (AMVS, 2011). La quantité utilisée varie d'un agro-businessman à un autre. Le graphique n°3.10 nous donne les proportions.

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Graphique n°3.10: Répartition de la quantité de semence maïs utilisée suivant les agro- businessmen

Source: ZONGO, (2011). Enquête de terrain

Le graphique n°3.10 fait ressortir trois catégories d'utilisateurs de semence maïs. Les premiers, 66,7% des agro-businessmen n'utilisent que moins de 400 kg de semence. Les seconds utlisent entre 400 à 800 kg de semence maïs. Il concerne 25% des agro-businessmen. Et le dernier groupe, le moins nombreux, soit 8,30%, peuvent acquérir entre 800 à 1000 kg de maïs comme semence. Il y a une décroissance rapide du nombre d'agro-businessmen. On peut donc dire qu'ils n'utilisent pas et ne peuvent pas utiliser la même de semence maïs. Le coût des semences représenté par le graphique n°3.11 nous donne les explications :

Graphique n°3.11: Répartition des dépenses en milliers de FCFA en semences maïs suivant les agro-businessmen

Source: ZONGO, (2011). Enquête de terrain

Le graphique n°3.11, montre qu'en dessous du million les dépenses en semence de maïs des agro- businessmen se concentrent entre 500 000 et 1000 000 de FCFA. Si ce seuil est dépassé, on

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a une décroissance des effectifs (58% on chûte à 17% des effectifs). Le coût des semences de maïs, l'augmentation des superficies et le pouvoir financier des agro-businessmen sont les principales raisons. Les dépenses et les quantités utilisées sont liées aux raisons ci-dessus évoquées et à leurs provenances. Ils importent 40 à 120 kg. En fait, sur les marchés extérieurs, les semences d'oignon ne se vendent pas en kilogramme mais par boîte de 100 grammes. Il faut donc assez de boîtes pour semer toute la parcelle. On note que 25 % d'entre eux s'approvisionnent uniquement sur le marché national (Ouagadougou, Kaya, Gouran, Banfora). La quantité de semence achetée est de 220 kg. Certains d'entre eux (25% des effectifs) s'approvisionnent uniquement sur le marché international (France, Niger Côte d'Ivoire et Ghana) faisant au total 200 kg. Les autres s'approvisionnent au niveau local. Ils ont acheté environ 432 kg de semence. Ce sont les plus nombreux. Le graphique n°3.12 donne l'évolution des quantités et des dépenses en semences oignons en fonction des agro-businessmen :

Graphique n°3.12: Répartition de la quantité de la semence d'oignon utilisée suivant les agro-businessmen

Source: ZONGO, (2011). Enquête de terrain

Au regard du graphique n° 3.12, il ressort que la proportion des agro-businessmen qui peut acheter entre 80- 100 kg de semence d'oignon sont 2,5 fois (45,4%) supérieure au reste (18,2%) soit respectivement 40-60 kg ; 60-100 kg et entre 100 -120 kg. Il ressort aussi que la quantité de semence d'oignon et le nombre d'agro-businessmen qui les utilisent évolue de façon crescendo et decrescendo. L'étendue de la parcelle et le coût des semences expliquent cette situation. Et le

graphique n° 3.13, représente ces coûts et les proportions d'agro-businessmen :

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Graphique n°3.13: Répartition des dépenses en millions de FCFA en semence d'oignon suivant les agro-businessmen

Source: ZONGO, (2011). Enquête de terrain

Le graphique n°3.13 révèle que le nombre des agro-businessmen diminue avec l'augmentation des dépenses en semence oignon (42% à 25%). Aussi, à cause de leur provenance, le coût des semences (importées surtout) augmente. Il en est aussi des dépenses des agro-businessmen. En effet, pendant que le kilogramme de semence acheté avec l'AMVS coûte 50 000 FCFA ; 100 g de semence importée coûte 25000 FCFA donc un kilogramme à 250 000 FCFA. Ce coût élevé de semence peut contraindre l'agro-businessman à ne plus respecter les conditions de bonne productivité. Le coût des dépenses en semences est donc un élément de discrimination qui différencie le plus des agro-businessmen

Les engrais utilisés par les agro-businessmen: quantités et dépenses

Ils sont de nature et d'origine diverses. Pour respecter le calendrier cultural et être en règle vis à vis de l'AMVS les agro-businessmen doivent en disposer en quantité suffisante surtout que le protocole d'accord en son article 3 portant engagement de l'exploitant l'exige car ce sont les facteurs d'intensification et d'augmentation de rendements. Il s'agit des engrais minéraux (urée, NPK) et la fumure organique. Le graphique n°3 .13 donne la répartition des quantités d'engrais utilisée par les agro-businessmen :

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Graphique n°3.14: Répartition de la quantité d'engrais utilisée en tonnes suivant les agro-businessmen

Source: ZONGO, 2011 : Enquête de terrain

Au regard du graphique n°3.14, trois catégories d'agro-businessmen transparaissent. Les petits utilisateurs d'engrais (moins de 25%), la catégorie moyenne (58,30%) et les plus grands utilisateurs d'engrais. L'étendue de la superficie des parcelles, le coût des intrants et le pouvoir d'achat des agro-businessmen permettent un tel découpage. En raison de l'intensification agricole qui a cours au Sourou (27,5 tonnes d'oignon! ha et 4 tonnes de maïs pour l'ha) et au moins 8sacs de 50 kg! ha. Il y a une quantité donnée d'engrais à utilisée par hectare pour atteindre la productivité escomptée. Le coût des intrants est déterminant dans cette situation. Le graphique n°3.14 illustre cette analyse. La plupart d'entre eux se limite entre 20-40 tonnes d'engrais. Au délà on observe une décroissance rapide (58,30% à 16,70%). Ainsi, plus le coût des engrais est élevé moins on a d'agro-businessmen. Cela les amène certains à recourir à d'autres sources de ravitaillement pour compenser la quantité d'engrais manquante malgré les risques liés à leur qualité. Le graphique n°3.15 représente les dépenses effectuées par les agro-business pour l'achat des engrais.

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Graphique 3.15: Répartion des dépenses d'engrais en millions de FCFA suivant les agro-businessmen

Source: ZONGO, 2011 : Enquête de terrain

Ce graphique n°3.15 fait aussi ressortir trois catégories d'agro-businessmen : ceux qui dépensent le moins en engrais (25% d'entre eux de moins de 5 millions à moins de 10 millions de fcfa). Ils sont suivis par ceux qui dépensent entre 10-15 millions de FCFA. Ils sont les plus nombreux 41,7% des agro-businessmen. La plus grande dépense en engrais ne revient qu'à seulement 8,30% d'entre eux. Ces dépenses en engrais sont donc des facteurs de discrimination entre les agro-businessmen. La provenance de ces engrais et le pouvoir économique sont des éléments explicatifs. Le tableau n°3.1 donne la part de chaque marché dans l'approvisionnement en engrais :

Tableau n° 3.1: Répartition des agro-businessmen selon le lieu d'approvisionnement en engrais

Provenance des engrais

Marché local

Autres marchés nationaux

Total

Pourcentage d'agro-businessmen(%)

34,6

65,4

100

Source: ZONGO, (2011). Enquête de terrain

Les informations recueillies montrent que les autres marchés nationaux sont les principaux lieux de ravitaillement des agro-businessmen. Ils concernent 65,4% d'entre eux. Cela s'expliquerait par le fait que le marché local ne peut pas satisfaire les besoins en engrais de certains d'entre eux. Ils doivent en effet partager ces marchés avec les 3000 coopérateurs. Seulement 34,6% s'y approvisionnent et la majorité d'entre eux (65, 4%) achète leurs engrais sur les marchés des autres villes comme Ouagadougou, Bobo Dioulasso, Koudougou. Les engrais interviennent dans l'intensification agricole. C'est une obligation pour eux de ne pas manquer d'engrais. C'est une des exigences du protocole d'accord qu'ils ont signé avec l'AMVS.

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3.3.3.2. Le paiement de la redevance eau

Sur les périmètres irrigués du Sourou, l'eau joue un rôle capital dans les activités de production agricole des agro-businessmen. Les périmètres irrigués et particulièrement ceux exploités par les

agro-businessmen dépendent. En effet, sans l'eau aucune activité agricole n'est possible sans paiement de la redevance eau. Cet entretien que nous avons réalisé lors de notre enquête de terrain avec un des responsables de l'AMVS au sujet de la redevance eau est évocateur : «Au niveau des opérateurs privés, eux, il n'y a pas de demi-mesure. Ce sont les affaires. C'est simple. On peut couper l'eau en pleine campagne puisqu'il n'y a pas d'autres moyens de pression ». L'eau a donc une valeur marchande. Pour l'agro-business qui se pratique en trois campagnes par an, la redevance eau doit

être payée avant le début de chaque campagne. Les agro-businessmen, paient 142 285 FCFA / ha en campagne sèche et 80 000 FCFA / ha en campagne humide pour la redevance eau. L'eau reçue sur leur parcelle a un débit de 600 l/s (AMVS, 2011). Le tableau n°3.2 donne la répartition de cette redevance selon les agro- businessmen :

Tableau n°3.2: Répartition de la redevance eau selon les opérateurs agro-business

Redevance eau en millions de FCFA

] 0 - 5]

] 5 - 10]

] 10 et +

Total

Pourcentage d'agro-businessmen (%)

46, 1

38,5

15,4

100

Source: ZONGO, (2011). Enquête de terrain

Il ressort du tableau n°3.2 que cette redevance varie d'un agro-businessman à un autre. Plus elle augmente moins ils sont nombreux. L'étendue de la superficie exploitée qui est liée à un certain pouvoir économique est un facteur explicatif. En effet, cette redevance s'évalue à coût de millions (5 millions au moins et 20 millions au plus) pour chacun d'entre eux. Cette redevance eau, sanctions en cas de non paiement sont précisés à l'article 5 du protocole d'accord de 2006 :

« L'AMVS pourra au titre de clauses résolutoires à toute campagne retirer la parcelle d'exploitation dans les cas ci-après: Non respect des clauses de l'article 3, en cas de non respect de cahier de charges et du règlement intérieur de la structure organisationnelle mise en place... » (p 5).

La sanction infligée en cas de non paiement de la redevance eau est le retrait de la parcelle. Cela permet d'avoir un taux élevé de recouvrement de la redevance eau. A l'office du Niger, on retrouvait 97,8% pendant la campagne agricole 2000- 2001(AW et DEIMER, 2005), cités par COTULA (2006) ; au Sourou, il était de 92,3%. Il n'existerait pas de différence si les 7,7% des agro-businessmen avaient acquis les 1000 ha demandés.

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3.4. La production agricole du Sourou et de la région de la Boucle du Mouhoun

Le Sourou encore appelé « grenier du Burkina » sous le Conseil National de la Révolution (CNR) va, après la chute de ce régime garder ce nom et reste un sujet à débat. On y pratique l'agriculture de type paysannat essentiellement destinée à l'autoconsommation de la population locale (mil, maïs, sorgho). Elle est encore l'oeuvre de ceux qui n'ont pas encore de parcelles sur les périmètres aménagés ou ceux qui veulent diversifier leurs sources de production. Environ 33,28% de la population cible enquêtée affirment être dans ce cas et cela pour échapper aux contraintes des périmètres irrigués.

Dans la région de la Boucle du Mouhoun, le Sourou n'occupe pas la première place dans la production en tout temps même s'il maintient son monopole sur la production de riz. Sa production est passée de 450 t en 1986 à 7 000 tonnes en 1994 pour atteindre 50 000 tonnes en 2004 soit 20% et 12% de la consommation nationale du Burkina Faso. Pendant la campagne agricole 2005 à 2006, le Sourou a produit 29,1% du riz au niveau local et 4 957 tonnes au niveau de la région. De 2006 à 2007, 7 616 tonnes soit 61,9% de la production de la région de la Boucle du Mouhoun estimée à 12 292 tonnes. A la fin de la campagne agricole 2008 à 2009, on a estimé à 26,78% la production du Sourou soit 4 993 tonnes. La région elle n'a produit que 18 640 tonnes (DGPSA/ MAHRH, 2008). Concernant la production des autres cultures (mil, sorgho, maïs, fonio) à la campagne agricole 2008 à 2009, le Sourou a occupé la 5è place parmi les six provinces de la région de la Boucle du Mouhoun, soit 62 538 tonnes juste avant le Nayala. Pendant cette même année, il a occupé la sixième place en terme de taux de couverture des besoins de la population en tonnes avec 127% soit 55 903 tonnes de céréales. Quant à la première province elle couvrait à 310% ce même taux, avec une production céréalière de 174 122 tonnes. Ce faible taux du Sourou s'explique par le développement des cultures de rente.

3.5. La production des périmètres irrigués du Sourou et des localités des départements

de Di et Lanfiéra

Dans ces deux départements se trouvent les périmètres agricoles. A Di, les membres du groupement 6S travaillent sur des terres non encore irriguées. La Coopérative Rizicole Toma Ile (CRTO) s'occupe du Bloc D du périmètre 610 ha et la Société des Coopératives Agricoles de Di (SOCADI) exploite 420 ha avec les difficultés que celle-ci connaît. Les périmètres de Niassan, Débé, et Gouran sont aussi concernés par notre étude. La pratique de certaines cultures sur ces périmètres est parfois conditionnée et est l'oeuvre des coopératives et des agro-businessmen. Certains coopérateurs pratiquent d'abord la culture de riz selon les textes de leur coopérative (CANI, CRTO, CAPSO...) afin de bénéficier des subventions (engrais, semences...). Dans ces coopératives, c'est seulement en campagne sèche que les coopérateurs sont autorisés à produire

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après le riz des divers (oignons, chou, tomates, aubergine, courgettes, pastèques...) selon leurs préférences et pour leurs propres besoins. La consommation de ces produits agricoles est conditionnée par le règlement de la redevance eau à la coopérative.

Généralement, la production agricole des périmètres aménagés et irrigués du Sourou est excédentaire puisque les périmètres sont mis en valeur en campagne humide et campagne sèche. Ce qui permet de compenser le déficit théorique des autres localités de la zone. En effet, sur la production totale du département de Di, la quantité de maïs produite au cours de la campagne humide 2011 est estimée à 12 000 tonnes et les périmètres du Sourou aménagés par l'Autorité de Mise en Valeur de la vallée du Sourou a produit 6 069 tonnes soit 50,6% de la production totale du département de Di. Dans la commune rurale de Lanfiéra, la production des périmètres aménagés et irrigués correspond à 87,6% de la production totale de maïs qui est de 6 930 tonnes. Pour le riz irrigué, avec une production totale estimée à 2640 tonnes au niveau du département de Di, la vallée du Sourou se retrouve avec 117,2% de la production soit 3 093 tonnes. Pour les autres localités du département de Lanfiéra la production agricole d'agro-business fait au total 453 tonnes soit 15% alors qu'il était prévu 2 960 tonnes. Elle est généralement vendue pour que les coopératives puissent rentrer dans leurs fonds investis au cours de la campagne agricole. Les problèmes liés à la production pourraient expliquer cela.

3.6. Les problèmes liés à la production agricole d'agro-business

Ils sont liés à la qualité des intrants, à leurs coûts élevés, à la formation des acteurs agricoles d'agro-business. Ces différents problèmes permettront aussi de caractériser l'agrobusiness pratiqué au Sourou.

3.6.1. Les problèmes liés à la qualité des intrants

Il s'agit de la mauvaise qualité des engrais et des semences. Ces problèmes concernent respectivement 7,7% et 23,1% des agro-businessmen. La provenance des intrants et leur coût sont les principales causes. En effet, les agro-businessmen se ravitaillent le plus souvent sur les marchés de Bobo- Dioulasso, Ouagadougou et sur les marchés des pays voisins (Mali, Niger, Côte d'Ivoire, Ghana) et en France. La qualité de ces intrants est difficilement vérifiable car il n'y a pas non seulement de service qualité mais aussi ils sont laissés à eux-mêmes. Chaque agro-businessman gère cette question à sa manière. Pourtant, ils ne sont pas à l'abri des sanctions à l'article 5 du protocole d'accord en cas d'utilisation d'intrants de mauvaise qualité. On retient ceci : « En cas d'utilisation avérée d'intrants prohibés ; l'AMVS, pourra à titre des clauses résolutoires à toute campagne agricole retirer la parcelle d'exploitation » (p. 5). Pour ce qui est du coût comme facteur influençant la qualité des intrants, il est lié à la provenance. Les prix ne sont pas harmonisés sur les différents marchés. Pendant que le kilogramme d'oignon coûte 50 000 FCFA avec l'AMVS,

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à l'extérieur, la boîte de 100 g vaut 25 000 FCFA. La semence de maïs généralement provenant de l'INERA a un prix variant de 1 000 à 2 000 FCFA/ kg. Les engrais (urée et NPK) coûtent entre 12 500 à 15 000 FCFA. Au regard de ces prix les agro-businessmen peuvent être amenés à utiliser des engrais de mauvaise qualité.

3.6.2. Les problèmes financiers

Les coûts élevés des intrants, de la redevance eau, de la location des tracteurs sont les principales causes. Les agro- businessmen concernés dans cet ordre sont de 53,8% ; 7,7% et 23,1% des effectifs totaux. Pour ce qui est des intrants, le protocole d'accord stipule en son article 3 :«l'exploitant s'engage à disposer des intrants nécessaires avant le démarrage de chaque campagne... ». Or leur coût est élevé. Il leur faut dépenser entre 5 à 15 millions de FCFA en dépenses engrais pour une quantité comprise entre 20 à 50 tonnes. Dans ce cas, la satisfaction des besoins des sols et des plantes sera difficile. Quant à la redevance eau, elle est chère selon 7,7% des agro-businessmen. Ce problème concerne surtout ceux qui exploitent de grandes superficies. En effet, cette redevance est de 80 000 FCFA / ha en campagne humide et 142 285 FCFA / ha en campagne sèche. Pour des superficies variant de 10 à 100 ha, les dépenses vont varier dans cet ordre. Pourtant, cette redevance ne se paie pas par tranche mais en totalité peu importe les résultats de la campagne agricole. Selon les clauses résolutoires du protocole d'accord notamment à son l'article 3, il ressort : « l'exploitant doit s'engager à payer la totalité des redevances avant le démarrage de chaque campagne » (p.3). Alors si cet article n'est pas respecté, les agro- businessmen s'exposent à des problèmes d'eau. Un des responsable de l'AMVS est plus clair : « Au niveau des opérateurs privés, eux, il n'y a pas de demi-mesure. Ce sont les affaires. C'est simple. On peut couper l'eau en pleine campagne puisqu'il n'y a pas d'autres moyens de pression. ».

Les problèmes financiers son consécutifs aux fluctuations des prix des produits agricoles, au manque de crédits et provoquent la désertion des ouvriers agricoles des parcelles On a ainsi dans cet ordre 30,8% et 15,4% des agro-businessmen qui sont concernés. La différence de pouvoir économique entre les opérateurs agro-business et les bas salaires journaliers pour les ouvriers agricoles expliquent surtout s'il y a manque de banques de crédits agricoles. Dans notre zone d'étude, il n'y a qu'une seule caisse populaire qui doit satisfaire les besoins d'environ 3 000 exploitants agricoles des périmètres aménagés du Sourou et les autres catégories socioprofessionnelles. Le bas salaire des ouvriers agricoles s'explique aussi par ce fait. Ne pouvant pas compter sur une telle somme pour leurs dépenses, les ouvriers agricoles contractuels, déjà coopérateurs vont donc compter sur leurs propres productions pour survivre. Dans cette «situation de chacun pour soi» les ouvriers agricoles iront là où il ya leurs intérêts surtout que la chûte des prix des produits agricoles est rapide (40 000 à 8 000 FCFA/ 120 kg d'oignon en 2010.

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Par exemple du 15 au 30 décembre 2011, les prix des oignons ont connu aussi une baisse. Pendant que le sac de 120 kg d'oignon s'achetait à 60 000 FCFA à Bobo-Dioulasso, au Sourou, c'était à 40 000FCFA. Il est descendu à 25 000 FCFA pour les derniers à récolter c'est une perte de 15000FCFA soit 37,5% par rapport au prix. Cette fluctuation des prix met 76,6% des agro-businessmen dans une incertitude financière s'ils veulent écouler leur production sur les marchés locaux.

3.6.3. Le problème de formation des acteurs de la production agricole d'agro-business

Ils sont liés au statut professionnel des agro-businessmen et au manque d'équipement. En effet, certains d'entre eux sont des amateurs en agriculture (commerçants, cadres de l'Etat, salariés d'ONG). Les ouvriers agricoles ne sont pas aussi qualifiés et la maîtrise des techniques agricoles n'est pas un fait admis. Deux conséquences découlent de ces problèmes. La première se traduit par la mauvaise application des engrais. Elle concerne 15,4% des agro-businessmen qui sont sous équipés. Le travail est plus manuel. Or ce travail ne saurait être constant et précis au regard du manque d'une autre unité de mesure pour l'engrais et les semences que la main. La fatigue et le bas salaire sont quelques causes. Le travail sera bâclé. Quant à la défectuosité des équipements ; la seconde conséquence, elle est aussi liée au manque de formation. Les maintenanciers ne sont pas qualifiés. Les pannes des stations de pompage d'eau sont donc récurrentes. Elles concernent 61,5% des agro-businessmen qui ne paient d'ailleurs que 34% des charges à ce niveau. Ce problème pourrait compromettre les résultats de leurs campagnes agricoles et les exposer aux contraintes de l'article 5 du MAHRH/ AMVS, (2006) qui souligne : « En cas de mauvais résultats pour non respect des consignes de la production, l'AMVS pourra au titre des clauses résolutoires à toute campagne agricole retirer la parcelle d'exploitation » (p. 6). C'est l'une des conséquences d'une mauvaise planification de chaque campagne agricole. Les agro-businessmen concernés représentent 7,7% des effectifs totaux. Ils ont des problèmes de gestion de leurs bénéfices après la vente de leurs produits agricoles.

3.6.4. Les problèmes d'infrastructures

Il s'agit du manque de comptoirs de stockage et de vente. En fait, l'installation des agro-businessmen au Sourou n'a pas été suivie par la réalisation d'infrastructures adéquates. La plupart d'entre eux vendent leurs oignons à bord champ. Pour ceux qui ont un comptoir (7,7%), celui-ci est en fait sommaire, de faible capacité et ne permet pas de bien conserver les oignons. Les photos n°3.3 et n°3.4 sont illustratives :

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Photo n°3.3: Entrepôt sommaire d'oignon Photo n°3.4: Préparation de

semence oignon

Source: ZONGO, (2011). Enquête de terrain Source: ZONGO, (2011). Enquête de terrain

Ces photos montrent que certains agro-businessmen sont en avance sur d'autres et constituent même des transitaires pour ceux-ci. Cela peut à la longue créer un monopole dans le système de stockage : vente.

Les superficies mises en valeur, les modes d'exploitation de leurs parcelles, les problèmes liés à la production donnent quelques raisons qui font que l'agro-business au Sourou se pratique dans un contexte de prédominance de la petite paysannerie. Ainsi, non seulement la production du Sourou est inférieure à celle de la région de la boucle du Mouhoun mais aussi, celle des périmètres agricoles où est pratiqué l'agro-business l'est aussi par rapport à celle des départements dans lesquels ils se trouvent. Les agro-businessmen qui représentent 0,007% de la population totale du Sourou (231 591 habitants) et 0,6% des organisations paysannes (3000 exploitants environ) des localités du Sourou ne peuvent pas encore nourrir la population du Sourou et faire de la région le grenier du Burkina Faso. L'agro-business au Burkina Faso n'est que l'homothétie de celui de l'Europe et des Etats Unis. Si les activités agricoles hautement mécanisées qui occupent 20% au Danemark ; 8,8% de a population en France ; 8,5% aux Etats Unis ; 3,9% en Allemagne peuvent nourrir leurs populations et dégager des excédents pour aider les pays en développement, le Burkina Faso où elles occupent plus de 80% de la population (LE CACHEUX, 2011) n'arrive pas encore à nourrir toute sa population. Une proportion infime d'agro-businessmen ne peut pas aussi nourrir la population pour le moment.

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Chapitre 4:L'agro-business et les perspectives de sécurité foncière et alimentaire

Il sera question dans ce chapitre 4 d'analyser les réalités foncières des acteurs présents dans les périmètres aménagés en vue de les mettre en perspective avec la politique nationale de sécurisation foncière à travers le protocole d'accord et les lois foncières nationales pour les mettre en relation avec la sécurité alimentaire suite à l'avènement de l'agro-business dans les localités de Niassan, Di, Débé et Gouran.

4.1. Agro-business et perspectives de sécurité foncière

La sécurité foncière est la condition première pour une production agricole. Au Burkina Faso, des outils juridiques d'importance différente régissent les activités du monde agricole. La Réorganisation Agraire et Foncière (RAF), la loi coopérative, la loi n°034 et des décrets ministériels résultant de ces lois sont les principaux. Ces textes juridiques ont chacun un impact sur la sécurité foncière de chaque acteur agricole et cela en fonction de leur étendue. L'analyse de ces outils juridiques contribuera à évaluer son ampleur.

4.1.1. Les outils juridiques

Les périmètres agricoles de la vallée du Sourou ne sont pas accessibles à tous les producteurs agricoles. Avec une population de 231 591 habitants (DGPSA/MAHRH, 2008) que compte le Sourou, on n'a que 3000 exploitants agricoles soit 1,3% des effectifs et repartis dans treize coopératives, un groupement et un comité d'irrigant. Ceux qui y ont accès doivent remplir certaines conditions et établir des relations avec l'Autorité de Mise en Valeur de la Vallée du Sourou (AMVS). Cette structure veille au respect des outils de régulation foncière sur les périmètres aménagés de la vallée du Sourou. Ces outils de valeur juridique déterminent les droits, les devoirs et la sécurité foncière de chaque exploitant agricole. Il s'agit de la Reforme Agraire et Foncière (RAF), la Loi 034 portant régime foncier rural, la Loi coopérative, le cahier de charge de la vallée du Sourou, le protocole d'accord.

4.1.1.1. La Réorganisation Agraire et Foncière et la sécurité foncière des acteurs de la production agricole des périmètres de Niassan, Di, Débé et Gouran

Au Burkina Faso, la RAF est l'outil de régulation foncière de base. Elle est la première à définir les droits, les devoirs, à assurer la sécurité foncière des producteurs agricoles ou à la compromettre. Cette loi qui s'applique aussi bien aux acteurs agricoles des terres aménagées que ceux des terres non aménagées. C'est sous le Conseil National de la Révolution (CNR) qu'est intervenue pour la première fois l'Ordonnance N° 84-050/CNR/PRES du 04/08/84 portant reforme agraire et foncière au Burkina Faso. Cette RAF remplace la Loi N°77/60/AN du 12

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juillet 1960 portant réglementation des terres du domaine privé de la Haute Volta qui était calquée sur la Réorganisation foncière en Afrique Occidentale Française. Comme dans les versions relues, en 1991( Zatu AN VIII-39 bis du 4 juin 1991 portant RAF-BF), en 1996 : Loi N°014/96/ADP du 23 mai 1996 et en 2012 (Loi N°034-2012/AN du 02 juillet 2012 portant Réorganisation Agraire et Foncière), les terres appartiennent toujours à l'Etat. Ces relectures de la RAF la chûte du CNR vont consister à assouplir le monopole de l'Etat et redéfinir les structures de gestion foncière une des exigences des Programmes d'Ajustement Structurel (PAS). Ainsi, même s'il y a un assouplissement des lois sur l'accès aux périmètres aménagés notamment ceux de la vallée du Sourou, le privé n'étant plus exclu, les exploitants agricoles restent des attributaires ou des loueurs. La sécurité foncière des différents acteurs agricoles (exploitants familiaux, coopérateurs, agro businessmen) dépend toujours de l'Etat qui fixe, fait et défait les droits et les devoirs de chaque acteur de la production agricole des localités concernées. Pour la population locale, la RAF a aboli le droit d'exploitation illimitée de la terre. Elle n'a pas aussi permis l'installation de toute la population vivant de l'agriculture sur les périmètres agricoles de Niassan, Di, Débé et Gouran. Elle est laissée à elle-même face aux aléas climatiques, manque d'engrais et problèmes d'équipement agricole. Elle est obligée de rester confinée dans les champs pauvres et inextensibles à l'infini.

Quant aux coopérateurs, ce sont ceux qui ont été les premiers à avoir le droit d'occupation des périmètres agricoles. Ils sont eux aussi régis par la RAF car la loi coopérative est son émanation. Mais le droit d'exploitation qu'ils ont acquis n'est pas définitif car le coopérateur peut être exclu des parcelles s'il y a remise en cause de leurs devoirs envers sa coopérative et l'AMVS. Il s'agit de la redevance eau, les dettes pour les intrants. En clair les coopérateurs ne sont pas propriétaires des parcelles. Cet extrait de DIALLA, (2002) est explicite :

«En effet, l'Article 191 du Décret d'application de la RAF dispose que l'occupation et l'exploitation des terres hydro-agricoles par les personnes physiques ou morales sont subordonnées à la délivrance d'un titre de jouissance par l'autorité compétente. Il ne s'agit pas de titre de propriété, et les articles 193 et 195 fixent les conditions si contraignantes que l'exploitant a plus la chance de se voir expulser que d'être propriétaire» (p10).

Avec la RAF, les terres hydro-agricoles appartiennent à l'Etat qui peut attribuer des droits d'exploitation. Elle n'assure donc pas la sécurité foncière des coopérateurs sur les périmètres irrigués de Niassan, Di, Débé et Gouran. Les coopérateurs qui exploitent ces terres hydro-agricoles ne sont donc pas propriétaires. Et comme ils sont en majorité sont des migrants, ils n'ont pas de lien social avec la terre qui les accueille et même entre eux. Ils n'ont pas accès de ce fait aux champs pluviaux. Ils sont uniquement confinés aux périmètres irrigués. Ils sont isolés. Ce qui limite leurs initiatives. En cas de problème, ils sont obligés d'abandonner leurs

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exploitations au profit d'autres ou se jeter dans les bras des agro-businessmen et devenir des ouvriers agricoles.

Enfin en ce qui concerne les agro-businessmen, la RAF relue en 1991, 1996 et 2010 est en leur faveur. En fait sa dernière version est plus claire. C'est selon la RAF, (2012) pour un « principe d'équipé, de bonne gouvernance, d'innovation » (pp. 2-3). Cette loi offre aux agro-businessmen des conditions favorables. Au niveau des périmètres hydro agricoles, les articles 130 et 131 de la RAF de 2012 définissent les règles. A l'article 130 de la RAF, (2012), on retient : « Les zones rurales aménagées ou non aménagées de l'Etat sont occupées ou exploitées sous forme associative, familiale, individuelle ou par des personnes morales de droits privé ou de droit public» (p.36). Cette précision vient de l'article 131 de cette même loi :

« L'occupation ou l'exploitation des terres rurales aménagées fait l'objet de cahiers des charges élaborés par la

commission interministérielle présidée par le ministre chargé du secteur concerné et adopté par décret pris en Conseil de ministres...» (p37).

C'est uniquement sur les terres non aménagées du Domaine Foncier National (DFN), la RAF reconnaît un patrimoine foncier des particuliers en ces articles 194, 195 et 196. Sur les périmètres hydro-agricoles de Niassan, Di, Débé et Gouran, la population locale et les coopérateurs et les agro-businessmen n'ont que des droits d'occupation et des exploitations des périmètres. Ces derniers sont considérés comme les partenaires financiers privilégiés de rentabilisation de ces périmètres. Ils doivent aider l'Etat à supporter les charges d'aménagement. Cela les met au dessus des autres producteurs agricoles du Sourou. Ainsi, la RAF va introduire une notion de classe sur les périmètres : la bourgeoisie agricole. C'est la plus riche et la mieux équipée. Cet ensemble de fait peut conduire à un accaparement de terres car par manque de moyens économiques, les exploitants familiaux et les coopérateurs vont perdre leur statut et devenir des ouvriers agricoles sans terres.

Est-ce que des leçons ont été véritablement tirées des insuffisances des autres lois ? Dans quels sens et pour qui ? En fait, une révision d'une loi appelle une autre. Et, ces révisions, nous éloigne davantage des objectifs visés par les lois agricoles.

4.1.1.2. La Loi N°034-2009/AN portant régime foncier rural et l'état de sécurité foncière des acteurs de la production des périmètres agricoles de Niassan, Di, Débé et Gouran

Pour ce qui est de la population locale, qui d'ordinaire travaille en paysannat, cette loi organise l'exploitation des terres rurales. En son article 4 il ressort :

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« La terre rurale constitue un patrimoine de la nation. A ce titre, l'Etat, en tant que garant de l'intérêt général assure la gestion rationnelle et durable des terres rurales... ; organise la reconnaissance juridique effective des droits locaux légitimes des populations rurales, assure la garantie des droits de propriété et de jouissance régulière établie sur les terres rurales ; veille de manière générale à la protection des intérêts nationaux et à la préservation du patrimoine foncier national en milieu rural » (p. II).

Même avec l'adoption de cette loi, la terre appartient toujours à l'Etat Mais, au niveau des terres rurales non aménagées, les exploitants familiaux ont des droits locaux légitimes, ce n'est pas le même cas sur les périmètres agricoles de Niassan, Di, Débé et Gouran. Ils doivent adhérer à une coopérative et s'adresser à l'AMVS pour être attributaire d'une parcelle. Quant aux 3000 coopérateurs de la vallée du Sourou, avec la Loi N°034 portant régime foncier rural, ils occupent et exploitent entre 0,6 et 1,5 ha si les textes relatifs aux petits et grands aménagements sont respectés. Leurs superficies peuvent atteindre 3 ha s ils développent des stratégies pour contourner les textes en vigueur en adhérant à plusieurs coopératives à la fois. Enfin, la Loi N°034-2009/AN portant régime foncier rural fait aussi cas de l'agro-business. Dans son article 71 de la LOI N°034-2009/AN, il ressort :

«Outre les baux emphytéotiques, les personnes physiques ou morales de droits privés désirant réaliser des investissements productifs à but lucratifs en milieu rural, peuvent accéder aux terres agricoles et pastorales aménagées par l'Etat ou par les collectivités territoriales par voie de cession » (p. XI).

Tous ceux qui recherchent des opportunités et qui veulent faire des affaires (du business) dans l'agriculture, sont autorisés pourvu que certaines conditions soient respectées. Leurs droits et leurs devoirs sont consignés dans cette loi. Le paiement des taxes, la mise en valeur effective des parcelles attribuées et la production pour la commercialisation sont exigées par cette loi.

Cette Loi 034 en donnant la propriété de la terre à l'Etat a aboli le droit d'exploitation illimité de la terre surtout celle des périmètres aménagés et n'assure pas aussi de ce fait la sécurité foncière des populations locales. Aussi, la Loi 034 étant une consignation de la RAF, elle n'est pas un outil approprié de traitement des problèmes fonciers ruraux. Ayant été adoptée, deux ans avant la troisième relecture de la RAF en 2010, elle pourrait être en déphasage avec celle-ci. Enfin, les catégories de personnes auxquelles elle s'adresse, son appropriation est plus en faveur des acteurs les plus informés (leur responsabilité professionnelle et leur niveau d'instruction étant leurs atouts). Il s'agit des autorités décentralisées et certains agents de l'Etat en service dans les communes rurales qui ont été associés aux ateliers de formation et d'élaboration de cette loi, et qui maîtrisent mieux ses enjeux. Les acteurs les moins informés peuvent être un frein à l'application de cette loi. Leur vague compréhension de cette loi pourrait être la cause. Ils sont représentés par les autorités coutumières, les conseillers villageois de développement (CVD), les

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Conseillers municipaux, les agents techniques de l'Etat et les organisations paysannes. Quant au dernier groupe composé par la population locale (autochtones, migrants, coopérateurs et certains agro-businessmen), il peut être victime de l'application de cette loi foncière. Ainsi, selon OUEDRAOGO, (2011) :

« Le décalage de compréhension sur la Loi 034 entre les structures déconcentrées et décentralisées et la mise en place inachevée des services décentralisés en matière foncière contribuent à rendre davantage ambiguë les rôles respectifs des structures administratives (décentralisées et déconcentrées) dans le mécanisme de sa mise en oeuvre » (p 137).

4.1.1.3. La Loi Coopérative ou Loi N° 014/99/AN du 15/04/99 portant réglementation des sociétés coopératives et groupements au Burkina Faso

Elle établit un cadre juridique des statuts des sociétés coopératives. Cette loi a favorisé la mise en place de treize coopératives au Sourou dont neuf pratiquent la riziculture en majorité. Elle n°4.1 nous renseigne sur ces coopératives :

Tableau n°4.1: Etat des lieux des coopératives et groupement du Sourou

Localités

 

Coopératives rizicoles

Coopératives
maraîchère

Coopératives à
production variée

Niassan

CAPIN (50 ha)

Heressera (70ha)

CAPSO (70ha)

Badenya (134 ha)

-

-

Toma-île

 

CRTO (134 ha)

-

-

Guiédougou

Fasokadi (134 ha)

Sababougnouma
(206 ha)

COPROMAG (300 ha)

-

Débé

 

CAD (420 ha)

SOCOMAD (450 ha)

GPCD (450 ha)

Di

 

-

-

SOCADI (420 ha)

Source: ZONGO, (2011). Enquête de terrain

Au regard du tableau n°4.1, il ressort que les localités ne produisent pas les mêmes spéculations. Ces localités semblent être spécialisées. Cela a été possible grâce à la loi coopérative. Et certains agro-businessmen sont des anciens coopérateurs venant pour la plupart des coopératives maraîchères. L'esprit de cette loi qui pourtant était d'avoir un regroupement démocratique sans distinction de religion, d'ethnie et sur la base de la solidarité a laissé place à des jeux d'acteurs qui influencent la sécurité foncière des acteurs de la production agricole. Ainsi, au regard de la notoriété que peuvent acquérir les coopératives ou groupements, ils peuvent faire l'objet d'une récupération de la part des personnes les plus influentes du village. Ce qui peut les désorienter de leurs objectifs, les mettre en déphasage avec les réalités locales et compromettre leur bon fonctionnement. En effet selon DIALLA (2002) les coopératives

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« ...sont pour la plupart des transpositions directes des formes coopératives qui existent dans les métropoles et comme tel, elles sont sans relations sérieuses avec le milieu social et économique burkinabé dans lesquelles elles sont transférées »

Enfin, il n'y a pas une maîtrise de ces lois par les différents acteurs bien qu'il y a eu des évolutions consécutives aux changements de régimes. Ils peuvent donc être facilement en contradiction avec cette loi et peuvent et s'exposer à l'insécurité foncière. Au niveau des devoirs des coopérateurs sur les périmètres agricoles de Niassan, Di, Débé et Gouran, ils se résument au paiement de la redevance eau (50 000 FCFA/ ha en campagne humide et 100 000FCFA/ ha en campagne sèche), de l'entretien des ouvrages hydrauliques (stations de pompage d'eau, canaux d'irrigation, périmètre d'exploitation) et la bonne moralité. Certains coopérateurs étant endettés, ils sont exposés à une expulsion des périmètres.

4.1.1.4. Le cahier spécifique des charges du Sourou et de la haute vallée du Mouhoun et le protocole d'accord: état de la sécurité foncière des acteurs agricoles de Niassan, Di, Débé et Gouran

Ces deux textes se complètent. Ils déterminent la présence ou l'exclusion des acteurs de la production agricole. Leur sécurité en est tributaire.

Le cahier spécifique des charges est une prescription de la Réforme Agraire et Foncière (RAF) de 1996 en son article 189 de décret d'application de la législation foncière. Un Décret et un arrêté ont été pris pour son élaboration, son adoption et son application. Il s'agit du décret No97-598/PRES/PM/MEE/AGRI du 31/12/ 1997 portant cahiers des charges pour la gestion des grands aménagements qu'il sera élaboré. Il est suivi par l'arrêté conjoint No98-032/MEE/ MA/ MEF/ MATS du 06/10/98 portant cahier spécifique de la vallée du Sourou et de la Haute Vallée du Mouhoun. Ce cahier indique la possibilité d'introduire des exploitants autres que les coopérateurs ou les paysans sur les périmètres irrigués. Il est une réponse donnée pour l'émergence de nouveaux acteurs dans le monde agricole. Il devrait permettre le développement de l'agro-business et de l'agro-industrie dans la vallée du Sourou. Le cahier indique spécifiquement les relations économiques, financières, techniques et sociales qui doivent exister entre les agro-businessmen et l'AMVS d'une part et de l'autre, la relation avec la parcelle et l'eau d'irrigation tout en incluant les exploitants familiaux. Il y a aussi les conditions d'attribution et d'exploitation des parcelles aux coopérateurs qui tiennent compte d'un temps d'essai ou d'attribution provisoire. Elles tiennent compte du statut social du coopérateur et certaines dispositions morales. En effet, il doit être de nationalité burkinabé, marié et disposer d'au moins quatre actifs. Il doit aussi être de bonne moralité, résider sur le site, s'engager dans les structures communautaires, exploiter personnellement la parcelle dont il est attributaire et non

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propriétaire. Il doit respecter les dispositions du cahier des charges. Un autre document complète le cahier des charges : le protocole d'accord.

Le protocole d'accord définit le partenariat qui doit exister entre l'agro-businessman et les conditions d'exploitation des périmètres aménagés (Article 1). Il détermine les modes de fonctionnement et de travail. Ce document s'articule autour des engagements de l'AMVS (Article 2) et des exploitants agro-business (Articles 3 à 4), les sanctions (Articles 5), le règlement des litiges, la durée et l'entrée en vigueur du protocole d'accord (Articles 6 et 7). Ce protocole est la matérialisation du cahier des charges spécifiques de la vallée du Sourou et du Haut Mouhoun sont quelques aspects. Avec le protocole d'accord, on connaît la superficie mise en valeur par l'opérateur d'agro-business, les cultures pratiquées et la destination de sa production.

Ces textes ne sont cependant pas une garantie de sécurité foncière. Les conditions d'attribution, d'exploitation des terres aménagées contraignantes, les sanctions prévues, le manque de droit de propriété, le cahier spécifique des charges du Sourou et du Haut Mouhoun. Cette situation de précarité foncière, justifie en partie les stratégies de survivance telle la gestion des périmètres par location sur le bloc C. C'est un des types des spéculations foncières. Ce mode d'exploitation des parcelles du Bloc C est pourtant interdit par le protocole d'accord signé avec l'AMVS. L'Article 5 du AMVS/MAHRH (2006) portant clauses résolutoires est explicite en certains de ces points : « L'AMVS pourra au titre de clauses résolutoires à toute campagne retirer la parcelle d'exploitation dans les cas ci- après : - Non respect des clauses de l'Article 3 ; en cas de sous- location avérée des parcelles à tiers... » (p 5).

Enfin le statut d'attributaire octroyé aux agro-businessmen, laisse cependant une marge de manoeuvre aux autorités administratives (AMVS) pour veiller au respect des obligations consignées dans le cahier des charges spécifiques et du protocole d'accord du Sourou et du Haut Mouhoun. A cause des sanctions un agro-businessman peut perdre sa parcelle au profit d'un autre. Ces propos d'un des agro- businessmen enquêtés sont illustratifs « Je suis attributaire et non propriétaire. A tout moment l'AMVS peut révoquer son accord » (Mme B. S.). Ce qui établit un climat d'insécurité. Par ce fait, 76,9% des agro businessmen enquêtés ne voient pas dans le protocole d'accord une garantie de sécurité foncière puisque l'état de leur sécurité foncière dépend du bon vouloir de l'Etat. Ces propos d'un autre agro- businessman sont tout aussi évocateurs :

« La sécurité foncière des agro-businessmen dépend de l'Etat. Si, aujourd'hui, on te donne un lopin de terre dans les villes, qui garantit la sécurité foncière ? C'est l'Etat. Sinon au niveau local, les autorités coutumières et la population locale ne peuvent pas garantir votre sécurité. Elles peuvent vous donner des terres mais si vous faîtes des merveilles, vous savez, c'est l'Etre humain. S'il n'y a pas de papiers qui vous garantissent la sécurité, on peut

vous retirer le champ à n'importe quel moment. Il n'y a pas de demi-mesure » (M.O.B).

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L'encadré n°4.1, ci-dessous évoque les péripéties d'un agro-businessman pour accéder aux terres aménagées dans le Sourou du fait des considérations politiques en cours.

Encadré n°4.1: L'application de l'agro-business dans son sens original

En agro-business, on a non seulement une importation des techniques mais aussi une importation des capitaux pour pouvoir réussir cette agriculture raisonnée. On s'appuie sur les partenaires techniques et financiers privés. Donc quand on parle de haute technologie, ce sont les privés, les grandes firmes. Quand ces firmes veulent investir leur argent dans leurs affaires, elles ne veulent pas aller avec le gouvernement, avec les politiciens parce que personne n'est plus fort qu'un politicien. Au Burkina, notre gouvernement n'a pas encore compris le secteur privé à tel point même qu'au niveau de l'agro-business dont on parle, ils veulent que les agro-businessmen leur amènent les fonds pour qu'ils aménagent les terres. Et s'il n'aménage pas ? Est-ce que c'est à l'AMVS qu'ils ont donné un crédit ? C'est moi leur partenaire à qui ils affectent l'argent mais moi je ne peux pas prendre mon argent pour donner à des politiciens. Comme j'ai refusé de leur donner mon argent jusqu'à présent je n'ai pas pu acquérir le terrain. Je n'ai même pas exploité même 1 ha des 250 ha demandés. J'ai demandé 250 ha pour un premier temps et en 5 ans on va exploiter 1000 ha avec nos propres moyens. ZONGO (2011). Entretien avec M.C.T.

Selon cet acteur, cette manière de pratiquer l'agro-business au Sourou n'est pas la bonne. En agro-business, l'exploitant est propriétaire. C'est le statut le plus sécurisant favorisant la liberté d'entreprise. Avec ce statut, il peut produire ce qu'il veut, mener toutes sortes d'activités sur son terrain (élevage, chasse, tourisme...).

4.1.2. La pratique de l'agro-business et les nouveaux rapports fonciers

Les agro-businessmen, qu'ils proviennent des coopérateurs locaux ou non, entretiennent des rapports socio-fonciers multiples avec la population locale et les coopérateurs. Ces rapports ont des manifestations de complémentarité et/ou d'opposition.

4.1.2.1. Les rapports socio-fonciers entre population locale et agro-businessmen

La population locale contribue à la sécurité foncière des agro-businessmen. Ils ont tous des relations avec les chefs coutumiers et les informent de leurs activités. Les formations sur le foncier. Facilitent cela. La population locale est aussi une pourvoyeuse d'ouvriers agricoles (contractuels et permanents). Ces ouvriers agricoles compensent le problème d'équipement agricole des agro-businessmen et leur permettent d'être en règle vis-à-vis du calendrier cultural et de la mise en valeur de toutes les parcelles qui leur sont octroyées. Ainsi, pour certains, au regard de leur proximité avec la population locale et les autorités coutumières, les négociations

71

pour avoir accès à la terre doivent se faire avec celles -ci et non avec l'AMVS car elles assurent le mieux la sécurité foncière.. Ils représentent 15,4% du total des agro-businessmen.

L'encadré n°4.2 nous donne la compréhension de cet agro-businessman sur la sécurité foncière:

Encadré n°4.2: Implication de tous les acteurs locaux pour une sécurité foncière

«La sécurité foncière, on ne peut la garantir qu'en se mettant en accord avec la population : les propriétaires terriens, les villageois, les propriétaires des champs. Il faut qu'ils soient tous impliqués dans cette entreprise agro-business. C'est ce qui peut amener la sécurité foncière. Il faut que l'Etat se désengage carrément de la sécurité foncière et qu'il libéralise cette affaire d'agro-business. Il faut quand même contrôler les agro-businessmen, les suivre pour que les terres soient bien gérées mais qu'il laisse le reste du débat entre la population et l'opérateur économique, qu'ils s'accordent sur les terres à exploiter parce que ces terres là appartiennent à ces populations qui vivent de ces terres là. Mais tant que la masse, tant que toute la population avec laquelle tu vis t'est hostile, elle ne te veut pas, mais elle va te chasser, elle va tout saboter. Tu ne peux rien. Ils ont toutes les manières pour saboter ton travail. Quand tu n'es pas bien accueilli dans une population tu ne peux pas y rester ». Cela va être difficile pour avoir une sécurité. ZONGO. (2011). Entretien avec M.C.T.

Selon cet agro-businessman, c'est plutôt le droit coutumier sur les terres qui prime et qui est gage de sécurité foncière. Cependant, ce contrat peut être remis en cause par cette même population au regard des ambitions expansionnistes des agro-businessmen. L'emprunteur peut voir sa superficie exploitée réduite pour les besoins familiaux de la population locale ou même retirée à cause des enjeux fonciers. En outre c'est à la faveur du droit moderne que l'introduction des opérateurs privés (agro-businessmen) a été possible. Le droit coutumier ne reconnaît que la propriété collective de la terre sauf en cas de pression foncière. La majorité des agro-businessmen (84,61%) est plus pour le contrôle des terres par l'Etat à travers un contrat bail d'au moins 25 ans pour garantir leur sécurité foncière au lieu d'être attributaire. Pour ceux qui arrivent à travailler hors périmètre (paysannat) le contrat verbal n'est pas une source de sécurité foncière pour eux. Cela est confirmé par cet entretien réalisé avec cet agro-businessman à l'encadré n°4.3:

Encadré n°4.3: «On n'est pas en sécurité en paysannat ou hors périmètre »

«L'Etat doit prendre des mesures pour garantir nos parcelles parce que plus nous avons des garanties au niveau du foncier, plus nous sommes conscients de produire le maximum. Si vous allez sur les périmètres, si vous voyez l'agro-business et si on part au paysannat ce n'est pas la même chose. C'est un petit protocole qui garantit la liberté, c'est une petite garantie. Les paysans n'ont pas cela pour nous. Si on travaille en paysannat. On peut amener la fumure pour améliorer notre champ puisque on sait qu'en mettant de la fumure, on peut augmenter ta production. Si la production est bonne, ils peuvent nous retirer la parcelle. Si je dis qu'on peut nous retirer la parcelle parce que c'est sur des terrains locaux. Au niveau des autorités coutumières, si tu pars négocier, on peut te dire de donner un poulet, un coq. On part te montrer un ou deux ou trois hectares. Tu commences à bien produire. C'est là même le danger car tu n'es même pas en sécurité. Il faut savoir que l'année qui suit, on va venir te dire : « Ah ! Il y a mon parent qui est venu de la Côte d'Ivoire, on va te prendre ce morceau là ». Est-ce que tu vas refuser ? S'il te dit que moi en tant que propriétaire terrien, j'ai mon frère, sur 3 ha on va prendre 1 ha, tu as gagné puisque tu n'as pas payé. Ils peuvent même retirer tout. C'est le propriétaire terrien. Tu n'as pas la force» ZONGO. (2011). Entretien avec M.B.O.

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L'étude déjà menée par le GRAF Infos n°25, (2007.b.) qui a abouti à cette conclusion :

« En agriculture pluviale, le pourcentage de satisfaction des populations en rapport de superficie, la qualité des terres, la gestion des conflits et aux accords de prêt est en dessous de 50% preuve du sentiment d'insécurité dans laquelle, les agriculteurs travaillent. Pour ce qui est de l'agriculture sur les périmètres aménagés, 38,6% des

enquêtés sont satisfaits de la qualité des aménagements. Seulement 26% sont satisfaits de l'attribution » (p7).

4.1.2.2. Les rapports socio-fonciers entre les coopérateurs et les agro-businessmen

La nature des rapports sociaux est fonction des résultats des campagnes agricoles des coopérateurs. Trois cas de figures sont possibles s'ils sont dans une coopérative rizicole.

D'abord, si la campagne humide du coopérateur peut être excédentaire. La coopérative peut rentrer dans les dépenses consenties au compte du coopérateur (dépenses intrants) alors les spéculations de la campagne sèche sont un additif à ses bénéfices. Dans ces conditions, la sécurité foncière du coopérateur n'est pas menacée puisqu'il peut l'assurer lui-même. Ensuite, la

récolte peut juste suffire pour couvrir les dépenses faites par la coopérative au cours d'une campagne humide. A ce niveau ce sont les cultures de la campagne sèche qui serviront à la survie du coopérateur car il n'a pas pu dégager d'excédent de riz. Le coopérateur doit chercher des moyens ailleurs pour assurer sa redevance eau même s'il bénéficiera à la prochaine

campagne humide des subventions en intrants. Et comme en campagne sèche les coopératives

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permettent à leurs membres de produire d'autres spéculations en plus du riz, alors les relations avec les opérateurs agro-business deviennent nécessaires grâce à l'oignon. Dans le dernier cas, si la production de riz est déficitaire c'est-à-dire n'est pas suffisante pour couvrir les dépenses faites au compte de la production agricole de ce coopérateur, la récolte est néanmoins récupérée. Le coopérateur est redevable à la coopérative. Pour épurer sa dette, il a un délai de deux à trois campagnes agricoles. Il ne bénéficie plus de fait d'aucune subvention pour sa production de riz (pas de semences ni d'engrais). Après ce délai, s'il n'arrive toujours pas à payer sa dette envers la coopérative, alors il est exclu du périmètre agricole Le tableau n°4.2 montre l'état de sécurité des coopérateurs et ceux qui pourraient être les potentiels ouvriers agricoles des agro-businessmen.

Tableau n°4.2: Les endettés de la coopérative Heressera exposés à une expulsion du périmètre

Dettes en milliers de FCFA

] 0-5]

] 5-10]

] 10-15]

] 15-20]

] 20-25]

] 25 et +

Total

Nombre

3

4

9

0

28

3

47

Pourcentage(%) des coopérateurs

6,4

8,5

19,1

0,0

59,6

6,4

100

Source: ZONGO et AMVS, 2011

Au regard du tableau n°2 tous les membres de cette coopérative sont endettés et plus de la moitié d'entre eux doivent au plus 25 000FCFA à cette coopérative. Tous sont déficitaires. Si les textes de cette coopérative doivent s'appliquer avec une certaine rigueur tous les membres ne bénéficieront pas de semences ni d'engrais. Pour ne pas tomber en faillite la coopérative s'endette et repartit le paiement entre ses membres. Ils auront donc à payer et leur dette envers la coopérative et la somme empruntée à la coopérative qui est comprise entre 2500 et 75 000 FCFA. Au niveau de la Coopérative Agro-pastorale Sorokadi (CAPSO), ce sont aussi 20% des 45 membres qui sont endettés. Cette dette va de 6 755 à 493 952 FCFA.

Ce niveau d'endettement montre que les risques d'insécurité foncière augmenteront chez les coopérateurs les plus endettés. Ils pourraient donc s'affilier à des agro-businessmen pour éponger leurs dettes. Ils vont se faire employer comme des ouvriers agricoles contractuels et comme leur salaire journalier varie entre 500 à 2000 FCFA et que le travail n'est pas permanent, ces coopérateurs peuvent devenir des producteurs sans terre. Cette relation entre les agro-businessmen et les coopérateurs peut aussi être une menace voire même une désorganisation de ces organisations paysannes (OP). L'encadré n°4.4 est évocateur:

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Encadré n°4.4: « L'avènement de l'agro-business au Sourou est la source de nos problèmes »

« Ces agro-businessmen qu'on trouve sur le site de la vallée, ce sont les purs produits de Guiédougou ; c'est-à-dire qu'ils ont fait leurs premiers pas à Guiédougou. Avec l'agro-business, il faut dire que l'homme est ce qu'il est. Surtout quand un nouveau système est né, il faut s'attendre à ses conséquences aussi. Nous, nous pouvons dire que nous subissons déjà les conséquences de l'implantation de ces agro-businessmen. C'est surtout la désorganisation de toutes les coopératives. Quand un coopérateur avec qui vous étiez trouve des partenaires agro-businessmen, du jour au lendemain il s'enrichit. Cela amène des idées. Les lois, les statuts, tout ce qui est lié à la coopérative est presque bafoué. Les agro-businessmen s'immixent partout. On monte des coups à tous les niveaux, dans toutes les coopératives. Cela fait que notre coopérative est semée de bonnes et de mauvaises graines. Si certains sont là, c'est pour maintenir la terre avec la nouvelle politique du foncier rural parce que ça peut être utile d'un jour à l'autre ». ZONGO. (2011). Entretien réalisé avec M. Z.B.

L'agro-business a donc provoqué de profonds changements dans les coopératives. PALE (2003) avait déjà abouti à une telle situation quand il affirmait : « L'agro-business bien que n'étant pas à la portée de tous semble susciter l'intérêt de beaucoup d'entre eux qui désertent les coopératives pour rejoindre les comités de gestion. » (p175). Actuellement la situation n'a pas évolué positivement. Les relations que les agro-businessmen entretiennent avec elles sont la cause de leur désorganisation et de la réorientation de leurs statuts, de leurs lois, de leurs objectifs ou de leur mort ! Le fait d'établir des relations avec les autres acteurs de la production agricole dans le Sourou installe beaucoup de producteurs en insécurité foncière. Or s'il y a une insécurité foncière sur les périmètres aménagés du Sourou, cela pourrait conduire ses exploitants vers les terres non aménagées. Ce qui pourrait être source de conflits entre les autochtones et les nouveaux exploitants (agro-businessmen). On peut dire que malgré le fait que, globalement, les acteurs agricoles vivent des réalités d'insécurité foncière, les dispositions juridiques en matière foncière, dans la tendance actuelle, sont plus favorables aux agro-businessmen. BETHELEMONT, FAGGI et ZOUNGRANA (2003) à travers leur entretien réalisé avec un des directeurs techniques l'AMVS le 19 Juillet 2002 corrobore cette analyse :

« L'Etat ne peut plus permettre de distribuer la terre à tout le monde pour que chaque paysan puisse nourrir sa famille. Le Burina Faso est un pays pauvre et il faut qu'on arrive à sortir de cette pauvreté. Tout d'abord il faut que l'Etat arrête d'investir à perte sans pouvoir obtenir le bénéfice de ses investissements. De nouveaux entrepreneurs agricoles devraient prendre en charge le développement de la vallée et pratiquer une agriculture de type moderne. Pour cela, il faut avant tout une nouvelle approche des marchés, l'intensification de la production des cultures de qualité qui permette d'avoir une marque garantie sur les produits agricoles. Si la nouvelle

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génération d'exploitants de la vallée arrive à réaliser ce type d'agriculture les produits du Sourou pourront devenir concurrentiels sur les marchés internationaux et dans la vallée, on pourra produire pour exporter » (p71).

Ainsi, les terres ne serviront plus à produire pour se nourrir mais pour produire des cultures de rente pour faire sortir le Burkina Faso de la pauvreté. La sécurité alimentaire est devenu un problème de second plan et la sécurité foncière aussi. Car celui qui ne s'inscrit pas dans cette logique pourrait être exclu des périmètres agricoles.. Cela fait que 69,2% des agro-businessmen se sentent en insécurité foncière.

4.1.2.3. Les rapports fonciers entre agro-businessmen

Ils sont établis entre les agro-businessmen migrants et autochtones. Ils traduisent par la gestion par délégation des parcelles des premiers par les seconds. Cela s'explique par le fait que les agro-businessmen migrants n'ont pas l'agriculture comme seule activité et d'autres y sont par amateurisme et opportunisme. Ils sont une diversité (agents et cadres de l'Etat, commerçants). La maîtrise des activités agricoles par ces opérateurs agro-business autochtones est aussi une autre raison. En cas de problème c'est lui qui répond en son nom. Ce mode d'exploitation met en relation l'AMVS avec un agro-businessman n'étant pas le principal attributaire. Ce qui permet difficilement de faire la différence entre sous location ou sous-traitance foncière au niveau des périmètres exploités par ces derniers. Un tel problème est parfois résolu par une dépossession de cet agro-businessman de sa parcelle installant celui-ci dans une insécurité foncière. Cela peut détériorer le climat de confiance qui existait entre les agro-businessmen.

Donc, on peut dire que les risques d'insécurité foncière conditionnent aussi la production agricole, le choix des cultures, leur destination et la sécurité alimentaire DELVILLE. (2002) confirme cela quand il fait un lien entre la sécurité foncière et la productivité. Il ressort :

« Une sécurité foncière suffisante, à savoir le fait que les droits sur la terre et les ressources naturelles ne soient pas contestés sans raison, constitue effectivement une condition pour que les producteurs puissent mener à bien leurs activités - agricoles, pastorales ou autres -, diriger convenablement leurs efforts et bénéficier des fruits de ces derniers. La sécurité foncière est ainsi une condition de développement économique et un déterminant des stratégies

des agriculteurs...» (p 26).

4.2. L'Agro-business et les perspectives de sécurité alimentaire à Niassan, Di, Débé et Gouran

La plupart des États africains voient de nos jours en l'agro-business la solution aux pénuries et aux crises alimentaires les plus aigues. Les textes juridiques récents, émanation des programmes d'ajustement structurel du début des années 1990, ont progressivement intégré de nouveaux acteurs pour la promotion de l'agro-business. Essentiellement tourné vers le marché, ce modèle agricole est-il en mesure de résoudre l'épineuse question de l'alimentation des populations dans

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ce contexte de flambée des prix des produits céréaliers de grande consommation ? Les analyses précédentes ont permis de dégager les rapports agro-fonciers en oeuvre dans les périmètres aménagés du fait de l'agro-business. Dans ce qui va suivre, nous tenterons d'analyser l'influence de la production agricole d'agro-business sur les réalités alimentaires des populations locales à la phase actuelle de son application à travers leur disponibilité spatiale, temporelle et leur accessibilité sur les marchés de Niassan, Di Débé et Gouran.

4.2.1. La disponibilité spatio-temporelle des produits agricoles d'agro-business

Il est question de la production d'agro-business en saison sèche et humide sur leurs différents

sites.

4.2.1.1. La disponibilité spatiale des produits agricoles d'agro-business

Dans la vallée du Sourou les périmètres concernés par l'agro-business sont situés dans les communes rurales de Di et Lanfiéra. Il s'agit des périmètres agricoles de Niassan, Di, Débé et Gouran. La production agricole d'agro-business varie d'une localité à une autre.

Dans la commune rurale de Di à Niassan, sur le périmètre 200 ha de l'ex-projet «Etudiant », 11,25% de cette superficie reviennent à l'agro-business. Sur le périmètre 910 ha de Débé, ce sont 11,1% de la superficie qui sont exploités en agro-business. Ainsi au niveau du Département de Di, pour une production totale de 12 000 tonnes de maïs (2011), l'agro-business totalise 2,66% (320 tonnes), dans la production totale de maïs de ce département. Cela s'explique par la présence dans cette localité que de deux agro-businessmen qui exploitent au total 72,2 ha mais toute la superficie n'est pas mise en maïs en campagne humide. Dans le département de Lanfiéra où sont aménagés 203 ha pour l'agro-business, avec une production totale en maïs estimée à 4 405 tonnes (DRAHRH, 2011), 20,77% de la quantité de maïs a été produite par les agro-businessmen soit 915 tonnes pour une superficie de 183 ha.

Concernant les oignons pour une productivité de 26 t! ha, les agro-businessmen ont produit 6 487 tonnes en 2010 soit 24,2% de la production totale en oignon de la vallée du Sourou pour une superficie de 249,5 ha. A la seconde campagne sèche, la tomate est la première spéculation produite par les agro businessmen. Avec un rendement de 27,5 t! ha la quantité totale de tomate produite par ceux-ci peut être évaluée à 2 846,25 tonnes pour une superficie totale de 103,5 ha (AMVS, Enquête de terrain, 2011). Quant à la pomme de terre, en 2010, les agro-businessmen auraient produit 432 tonnes. Ce qui représente 28,3% de la production du Sourou estimée à 1 525 tonnes (AMVS, 2011).

Au regard des superficies mises en valeur et de leur localisation il y a une inégale répartition spatiale des produits agricoles d'agro-business. Cela va donc conduire à une inégale disponibilité

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géographique des produits alimentaires à Di et à Lanfiéra. Les produits agricoles d'agro-business ne sont pas disponibles en tout lieu au Sourou.

4.2.1.2. La disponibilité temporelle des produits agricoles d'agro-business

Elle est liée aux campagnes agricoles d'agro-business qui sont calquées sur la division climatique des saisons (saison sèche et saison humide). Au Sourou où les activités agricoles d'agro-business se déroulent sur trois campagnes (deux campagnes sèches et une campagne humide) à chaque «temps» correspond une spéculation donnée.

Concernant la campagne humide qui débute le 1eravril et prend fin le 30 septembre, les agro-businessmen font surtout le maïs (58% d'entre eux mettent en maïs 100% de leur superficie et 42% font de la polyculture dont le maïs en majorité) au cours de cette campagne. Le maïs de variété améliorée a un rendement de 5 à 6 tonnes à l'hectare. Ils produisent aussi du maïs en campagne sèche surtout pendant la deuxième campagne sèche au niveau du Bloc C (203 ha).

Le tableau n°4.3 nous donne les proportions.

Tableau n°4.3: Répartition des opérateurs agro-business selon leur production en maïs

Production (tonnes)

] 0 - 100]

] 100

- 200]

Total

Pourcentage d'agro businessmen(%)

73

27

 

100

Source: ZONGO, (2011). Enquête de terrain

On constate que les agro-businessmen n'ont pas la même capacité productive. Il ressort que 27% des agro-businessmen peuvent avoir 200 tonnes de maïs à leur campagne humide soit le double de la production du plus grand nombre d'entre eux (73%). Ce sont les plus grands producteurs. En 2010, leur production totale de maïs a été de 1 404,5 tonnes sur une superficie de 249,5 ha. Cette production représente 14,86% de la production en maïs du Sourou qui était de 9 454 tonnes. A la campagne humide 2011, les agro-businessmen ont produit 1 147,57 tonnes de maïs soit 18,92% et 6 065 tonnes pour la vallée du Sourou. On constate une baisse de la production de maïs par les agro-businessmen et du Sourou sur les deux campagnes agricoles. Cette baisse est liée à celle des autres acteurs qui ont été victime de l'installation tardive des pluies alors que les agro-businessmen en sont moins. Ces derniers ont accès à l'eau d'irrigation. La permanence de l'eau dans leurs parcelles est leur atout ; ils sont donc moins exposés aux aléas pluviométriques.

En campagne sèche, les agro-businessmen du Sourou ne pratiquent pas que de la monoculture. La principale culture reste l'oignon pour la première campagne et à la seconde campagne sèche,

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ils produisent des tomates et de la pomme de terre. Pendant ces campagnes, le Sourou devient le pôle de convergence et une plaque incontournable pour les acheteurs maliens, ghanéens, nigériens et ivoiriens. Cela explique la place occupée par ces cultures dans les activités agricoles de la population de cette localité. Ce sont des parcelles d'oignon qui s'étalent à perte de vue. De ces lots, les agro-businessmen sont les plus grands bénéficiaires en témoignent les superficies mises en valeur pour ces spéculations et les relations qui leur permettent d'acheter les oignons des coopératives. La photo n° 3.3 nous montre une parcelle d'oignon d'un agro-businessman

Photo n°4.1: Une parcelle d'oignon d'un agro-businessman

Source: ZONGO, (2011). Enquête de terrain

Cette parcelle à perte de vue jouera un rôle important dans les chiffres d'affaire des agro-businessmen au de la récolte-vente. C'est la spéculation qui leur rapporte plus d'argent si elle est bien vendue. Le tableau n°3.4 nous donne la quantité de tomates produite pendant la seconde campagne sèche.

Tableau n°4.4: Répartition de la quantité d'oignon produite par les agro-businessmen

Oignon en tonnes (t)

] 0- 500]

] 500-

1000]

Total

Pourcentage d'agro-businessmen (%)

42,3

57,7

 

100

Source: ZONGO, (2011). Enquête de terrain

Au regard du tableau n°3.4 on peut retenir que contrairement à la production de maïs on a plus d'agro-businessmen (57,65%) pouvant produire plus de la moitié des quantités d'oignon (500 à 1000 tonnes) et le reste (42,35%) ne produisent pas plus de 500 tonnes. A cet effet, que la capacité productive des agro businessmen en oignon est liée à la superficie dont ils disposent. Pour une productivité de 26 t/ ha, ceux-ci produisent 6 487 tonnes d'oignons sur une superficie

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de 249,5 ha en 2010 soit 24, 2% de la production totale en oignon de la vallée du Sourou. La valeur économique de cette spéculation est une des explications. En effet, les oignons coûtent plus cher que le maïs s'il est bien acheté. Les agro-businessmen intensifient la production de cette spéculation pendant la première campagne sèche. Aussi, certains d'entre eux supportent le coût de production des oignons de certains coopérateurs, ce qui va augmenter leur stock puisque ces coopérateurs sont obligés de leur vendre l'oignon. A la seconde campagne sèche, la tomate est la première spéculation produite par les agro-businessmen. Avec un rendement de 27,5 t/ ha, la quantité totale de tomate produite par ceux-ci peut être évaluée à 2 846,25 tonnes pour une superficie totale de 103,5 ha (AMVS/ Enquête de terrain, 2011). Quant à la pomme de terre, en 2010, les agro-businessmen auraient produit 432 tonnes. Ce qui représente 28,3% de la production du Sourou estimée à 1 525 tonnes (AMVS, 2011). Au niveau du département de Di, pour une production totale de 12 000 tonnes de maïs en 2011, les agro-businessmen totalisent 2,66% soit 320 tonnes de maïs. C'est celle des deux agro- businessmen qui exploitent au total 72,2 ha en mais. Ils sont présents dans les localités de Niassan et Débé.. Mais, ils y font aussi de la polyculture. Dans le département de Lanfiéra où sont aménagés 203 ha pour l'agrobusiness, on a une production totale en maïs estimée à 4 405 tonnes (DRAHRH, 2011) et 20,77% de la quantité de maïs ont été produits par les agro-businessmen soit 915 tonnes pour une superficie de 183 ha. Le graphique n°4.1 nous donne la production en maïs et d'oignon d'agrobusiness de 2007 à 2011 :

Graphique n°4.1: Courbes récapitulatives des variations de la production de maïs

et d'oignon

Source : AMVS/DAFFPA, (2011)

On constate que la courbe de la production de maïs selon les agro-businessmen varie en dents de scie : à une année de grande productivité, succède une année de faible productivité. L'année

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2009 a été celle d'une baisse remarquable. La forte pluviométrie serait la principale cause car quand l'eau est en abondance le maïs jaunit et produit moins. Cette baisse de la productivité entraîne des pénuries sur le marché local. Cela expose la population à l'insécurité alimentaire et pose un problème d'accessibilité car les prix ont tendance à augmenter.

Quant à la courbe de la production d'oignon, on note deux phases dans les campagnes agricoles d'agro-businessmen : de 2007 - 20010, c`est une période de croissance continue de la production d'oignon. Mais, l'année 2011 est celle d'une baisse de la production d'oignon. En effet, la baisse du prix de vente est la principale cause. Ce prix a chuté de 60 000 fcfa à 25 000 et les derniers à vendre leurs oignons n'ont eu que 15 000 fcfa les 120 kg. L'année qui a suivi n'a donc pas encouragé la production d'oignon. Mais, ceux qui ont pris un risque l'année suivante ont vu les prix remonter. Cela va se ressentir sur le prix d'achat car dans la loi du marché quand la demande dépasse l'offre les enchères montent.

Cette production d'oignon reste néanmoins nettement supérieure à celle du maïs si on compare les deux courbes de production. La courbe de la quantité d'oignon produite est au dessus de celle du maïs. La valeur économique de cette première spéculation est la principale raison. C'est une spéculation à grande valeur économique. En effet, pendant que le prix d'un sac de maïs de 100 kg coûte entre 20 000 et 30 000 FCFA, celui de l'oignon vaut 60 000 FCFA. Quant à la banane est produite sur 20 ha avec un rendement de 19 t / ha soit une production totale de 1 180 tonnes en 2010. Elle est produite au cours des trois campagnes agricoles.

4.3. L'accessibilité aux produits agricoles d'agro-business

Elle est surtout économique. Le pouvoir d'achat qui conditionne les habitudes alimentaires est déterminant.

4.3.1. Les habitudes alimentaires de la population de notre zone d'étude

Dans la vallée du Sourou les produits agricoles sont le maïs, le riz et les cultures maraîchères. Hors des périmètres, la population locale produit du mil et du sorgho et du maïs pluvial. Ces produits servent à la préparation du tô et de la bière locale. Au cours de notre enquête de terrain, on a constaté que 69,3% de notre population cible consomment le tô en grande partie. En effet, 47,2% consomment régulièrement du tô (3 fois par jour) ; 22,1% 2 fois par jour. Il y a aussi la catégorie de privilégiés qui ont une alimentation mixte (riz, tô,). Ainsi, la population de notre zone d'étude connait un régime alimentaire peu varié, ce qui l'expose à des risques de malnutrition bien que les cultures maraîchères soient produites dans la vallée. Le tableau n°4.3 donne leurs dépenses alimentaires :

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Tableau n°4.5: dépenses alimentaires de la population locale enquêtée

Dépenses en FCFA/ jour

<1000

<1000 <2000

2000 et +

Total

Pourcentagede la population cible (%)

49,2

29,1

21,7

100

Source: ZONGO, (2011). Enquête de terrain

Il ressort de ce tableau que seulement 21,7% de la population enquêtée dépensent plus de 2000 FCFA pour l'achat de leurs aliments (céréales essentiellement) et cela à cause de la taille de la famille estimée à 6,2 enfants / couple dans le Sourou (Estimation/INSD, 2007). Les autres, soit 78,3%, dépensent, moins de 2000 FCFA pour leur alimentation. Le niveau de pauvreté et son incidence sur la population de la région (60,4%) qui participe le plus à rendre inaccessibles les produits alimentaires d'agro-business. Aussi, d'après les indicateurs en 2003 concernant la nutrition, on a 50% des enfants qui accusent un retard de croissance et 45,7% en ce qui concerne l'insuffisance pondérale (INSD/ EICVM, 2003). Cette insécurité alimentaire est imputable à la réorientation des objectifs des périmètres aménagés du Sourou. BETHELEMONT, FAGGI et ZOUNGRANA., (2003) avaient déjà abouti à la même conclusion :

« Dans la réalité, les produits agricoles irrigués, toutes cultures confondues sont prioritairement destinées au marché. En effet, le seul moyen pour les coopératives de couvrir les charges de production (salaire de fonctionnaires, redevance eau, intrants, semences), c'est de contrôler la commercialisation. Tout sociétaire doit donc livrer au magasin un quota de récolte avant de disposer du reliquat, éventuel pour nourrir sa famille. Aussi, la disponibilité potentielle est-elle loin de traduire l'impact réel de l'irrigation sur la demande alimentaire » (p 186).

Ainsi, on peut dire que les produits alimentaires des coopératives et des agro- businessmen ne sont pas disponibles en tout temps et en tout lieu puisqu'ils sont spéculatifs. Ce qui participe à l'insécurité alimentaire dans notre zone d'étude. Même avec l'agro-business qui a été présenté comme plus dynamique et productiviste que les autres modèles de production agricole, telle-que la voie coopérative, il se pose un problème d'accessibilité aux produits agricoles, destinés aux marchés extérieurs qu'au Sourou.

4.3.2. Les marchés d'écoulement de la production agricole d'agro-business

La principale destination des produits agricole d'agro-business, c'est le marché. Il faut rechercher des débouchés pour les produits agricoles. Il faut vendre aux clients qui sont en mesure d'acheter les produits agricoles et sur des marchés précis pour faire des bénéfices. Les marchés locaux, nationaux et sous régionaux sont les lieux d'écoulement des produits agricoles d'agro-business.

D'abord pour ce qui est des marchés locaux, ils ne servent qu'à 23,1% des agro-businessmen pour l'écoulement de leur maïs. Ces marchés ne les intéressent pourtant pas quand il s'agit de la

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vente d'oignon. En fait ces marchés sont exigus pour cette spéculation. L'offre dépasse la demande. Et pour éviter la chûte des prix les agro-businessmen délaissent les marchés locaux quand il s'agit des oignons.

Ensuite en ce qui concerne les marchés nationaux, l'écoulement des produits maraîchers (oignon, tomate), le nombre d'agro-businessmen est le quart de ceux qui s'intéressent à ces mêmes marchés soit respectivement 15,4 et 61,5%. Pour l'oignon et la tomate, les marchés nationaux qui intéressent les agro businessmen sont surtout Ouagadougou, Bobo Dioulasso et Koudougou. Le niveau économique et les habitudes alimentaires dans ces villes sont les facteurs favorisant leur approvisionnement. Quant au maïs, il s'écoule en plus de ces marchés sur ceux de Yako et Nouna.

S'agissant des marchés sous régionaux, pendant qu'ils présentent peu d'intérêt aux agro-businessmen (7,7%) pour l'écoulement de leur maïs, au niveau des oignons et des tomates c'est le contraire. Ils sont 76,9%, 30,8% à s'orienter vers ces marchés. Pour le maïs, le Mali est le principal pays qui intéresse les agro-businessmen à cause de sa proximité avec le Sourou. Quant aux produits maraîchers en plus du Mali, ils sont écoulés sur les marchés du Ghana, du Togo, de la Côte d'Ivoire et du Niger. On peut donc dire que les agro-businessmen comptent plus sur les marchés extérieurs pour l'écoulement de leurs produits agricoles. Ils y gagnent certainement plus de bénéfices. BETHELEMONT, FAGGI et ZOUNGRANA, (2003) sont explicites:

« Les cultures maraîchères lorsqu'elles sont destinées à la consommation intérieure (chou, tomate, oignon etc.) connaissent des difficultés d'écoulement en raison d'un marché vite saturé ; les prix s'alignent sur les variations des flux de légumes déversés sur les marchés urbains. Faute de moyens adéquats de régulation du marché (conditionnement, et transformation), les produits perdent leur valeur marchande s'ils ne sont pas jetés au prétexte d'avarie. Les prix offerts aux producteurs, dans les marchés organisés (collecte, transformation et distribution par les sociétés dans les marchés libres) en plus d'être instables se situent bien souvent en dessous du coût de production » (p. 190).

Le problème d'accessibilité aux produits agricoles d'agro-business tout comme ceux des coopératives est la dérèglementation des prix et le manque de marchés locaux adéquats pour absorber leurs productions ; ceux-ci s'orientent vers le marchés extérieurs .Mais, le marché libre non plus n'est pas un moyen de sécurité alimentaire car on vend au plus offrant. Cela corrobore les conclusions auxquelles ont abouti de BURBACH et FLYNN (1980), qui voient en l'agro-business la principale cause de la marginalisation du monde rural : « Au lieu d'être une solution aux crises alimentaires, elle est la cause, surtout avec le démantèlement de l'agriculture et la production des denrées alimentaires sacrifiées sous le libéralisme » (p.269). L'agro-business avait été présenté comme un modèle agricole promoteur car moderne, scientifique, productiviste, orienté vers le marché. Il

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devrait être en mesure d'assurer la sécurité alimentaire. Entre ce discours et les résultats de notre collecte de données le contraste est perceptible. Les produits agricoles des agro-businessmen sont parfois vendus à bord champ. Il faut vendre le plutôt possible pour échapper aux fluctuations des marchés et aux pertes de la production car il n'y a pas entrepôts, de magasins, d'usine de transformation. Il est aussi la cause de l'amplification des incohérences entre la politique d'agro-business et la sécurité alimentaire. Pendant qu'il y a démantèlement des structures de stock de sécurité céréalière et des structures d'aménagement hydro agricole suivi d'un endettement à coût de milliards, il ne saurait avoir de sécurité alimentaire avec l'agro-business.

Les agricultures familiales sont de plus en plus présentées comme incapables d'assurer la sécurité alimentaire. Pourtant elle a nourri la population pendant des millénaires. Plusieurs attributs négatifs lui sont collés: arriérées, stagnantes, de subsistance. De tout ceci, la question suivante est posée: Que faut-il faire? Faut-il continuer d'exporter la sécurité alimentaire des populations locales et importer l'insécurité alimentaire des autres venus acheter les produits agricoles des agro-businessmen? Ces questions trouvent leurs réponses dans cet essai d'analyse : relation entre agro-business - sécurité foncière et alimentaire : lien de causalité ou mariage forcé ?

4.3. Agro-business-sécurité foncière-sécurité alimentaire : un lien de causalité ou un

mariage forcé?

Dans le contexte de l'économie libérale tout est un bien marchand. La terre et la production agricole peuvent être utilisées pour faire du business. Or dans «la loi du tout marchand» un bien n'est jamais définitivement acquis car il peut être objet d'une autre spéculation, son état peut aussi changer. Ainsi le propriétaire d'aujourd'hui pourrait ne pas être celui de demain car tout est une question de pouvoir financier. Dans ce mouvement de cession, d'acquisition et de redistribution, la sécurité foncière est affectée et la sécurité alimentaire aussi. Peut-on donc faire du business avec la terre et la production agricole et assurer en même temps la sécurité foncière et la sécurité alimentaire de tous les acteurs de la production d'agro-business ?

Ce questionnement est une tentative d'analyse de façon verticale des concepts qui tout au long de notre document ont été utilisés. C'est aussi une démarcation avec les préjugés.

84

4.3.1. Agro-business-sécurité foncière-sécurité alimentaire : un lien de causalité ?

La sécurité foncière suppose une stabilité, une constance dans la jouissance des droits fonciers. Peu importe les changements qui interviendront, ils ne doivent pas la remettre en cause. Ici, elle a un caractère définitif. On n'est pas propriétaire par circonstance. On est propriétaire tout le temps. Et même le décès du premier propriétaire ne change pas fondamentalement cette donne car c'est la famille du défunt qui est héritière. Pour le Burkina, à travers la Reforme Agraire et Foncière, l'Etat est le propriétaire de la terre. Il peut faire et défaire les acteurs qui sont dans la plupart des cas attributaire, locataires, métayers. Les périmètres aménagés et les périmètres agricoles ne dérogent pas à cette règle surtout que l'Etat compte rentabiliser ce capital. Alors la priorité est au plus offrant. Comment pourrait-on assurer sa propre sécurité alimentaire et celle des autres dans un tel contexte ? Pour assurer sa sécurité alimentaire et celle des autres, il faut que chacun soit propriétaire et produise avec ses propres moyens. Il n'a pas à supporter les coûts des aménagements sinon la destination de sa production peut être facilement réorientée. Ainsi, n'étant pas inquiet qu'il ne sera pas du jour au lendemain dépossédé de sa terre, il ne va plus produire uniquement pour vendre. Pour le cas des agro-businessmen, la situation est toute autre. Etant attributaires et donc pas propriétaires, le maintien sur les périmètres aménagés et agricoles est conditionné, la sécurité alimentaire aussi. Liée au marché international, la sécurité alimentaire «s'achète». Elle peut aussi être confisquée par un autre agro-businessman ou même par l'Etat car c'est le seul vrai acteur capable de l'assurer. Pour que la relation entre agro-business- sécurité foncière -alimentaire, soit un lien de causalité, il faut que l'Etat soit l'agro-business pour assurer la sécurité foncière et la sécurité alimentaire. Sinon, ce sera un mariage forcé, ou le divorce n'est qu'une question de temps où l'insécurité foncière et l'insécurité sont à l'ordre du jour du divorce.

4.3.2. Agro-business - sécurité foncière - sécurité alimentaire : un mariage forcé ?

Pour les pays africains et particulièrement le Burkina Faso, l'agro-business est une pratique de mode. Vu comme tel et les Programmes d'Ajustement Structurel aidant, l'agrobusiness sera adopté de force par les pays africains car seule voie pour payer les dettes contractées auprès des institutions de Brettons Wood (Banque Mondiale et Fond Monétaire international), surtout que l'agriculture familiale est qualifiée d'incompétitive. Le choix n'est pas laissé à ces pays pour voir de si cette pratique est plus appropriée pour l'Afrique et le Burkina Faso surtout. Ne paraît-il de fait comme un mariage forcé ? Le retard industriel et l'incohérence dans la politique d'agrobusiness seraient la cause.

En effet, l'agro-business va de pair avec le développement industriel. Ce secteur reste pourtant embryonnaire car ne représente que 18,5% du PIB du Burkina Faso en 1997, n'emploie que 11% de la population active et ne contribue qu'à 1% aux recettes d'exportation (Atlas du Burkina,

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(2006 : pp198-199). Elle n'est pas capable de mettre à la disposition des producteurs agricoles des semences et des engrais de qualité et moins chers. En ce qui concerne l'importation et l'achat des semences d'oignons, ils concernent 69,3% des agro-businessmen. La recherche développement sur les semences améliorées d'oignon n'a pas suivi l'implantation de l'agro-business, le libéralisme économique oblige. Cela les rend inaccessibles. S'agissant des engrais, c'est l'autre facteur de production. Pour ce qui est de la mécanisation de l'agriculture, les agro-businessmen qui ont un équipement performant répondant aux critères d'agro-business sont quasi-inexistant. La force animale et la force humaine étant encore plus utilisées respectivement 15,4% à 38,4 % et 38,4 à 92 ,30% alors que l'usage de tracteurs et butteurs varie de 7,7% à 23,1%. La mécanisation agricole n'a pas non plus suivi l'avènement de l'agrobusiness. Les conditions d'application de l'agro-business au Sourou sont précaires. Cela constitue à la fois un obstacle à la sécurité foncière et à la sécurité alimentaire. Ces problèmes se sont accentués avec la liquidation de l'Office National des Céréales (OFNACER) en 1994. La Société Nationale de Collecte de Riz (SONACOR) en l'Office National des Barrages et des Aménagements Hydrauliques (ONBAH) ont été successivement liquidés entre 1996 et 2001. Les deux premières structures permettaient d'avoir des stocks de sécurité et la dernière avait pour rôle de maîtriser les coûts des aménagements et de les orienter vers les besoins nationaux. Sans résoudre ces problèmes, avant l'avènement de l'agro-business, il a été imposé comme solution alors que les conditions favorables n'ont pas suivi son implantation. En effet, l'agro-business a été appliqué en amont sans entrepôt de conditionnement. Cela fait que si la production n'a pas de preneur après les récoltes, elle perd de la valeur marchande et elle est vite avariée. Aussi, il n'y a non plus des usines de transformation de ces produits agricoles pour leur ajouter de la plus value. Ces produits sont vendus à l'état brut et à bord champ dans des conditions précaires. En aval, il n'y a aucune structure de contrôle des prix et de commercialisation de ces produits. Après avoir supporté les dépenses liées à la production, l'agro-businessman doit subir la dépréciation des cours régionaux et mondiaux de la vente des produits agricoles. La libéralisation de l'économie avec ses répercutions dans tous les secteurs est la cause. Au niveau agricole, le PASA a désorganisé le monde rural.

Enfin, l'agro-business au Sourou, est entré dans le marché mondial en situation de faiblesse. Avec la division internationale du travail, (pays producteurs/exportateurs et pays industrialisés/ transformateurs) des produits agricoles qui fixent les prix au niveau international, tout laisse à penser que non seulement l'agro-business appliqué au Burkina Faso et particulièrement au Sourou a pris un mauvais départ en sautant les étapes. Il y a de fait une incohérence dans la politique d'agrobusiness au Burkina Faso et la sécurisation alimentaire. Dans notre zone d'étude

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cela s'est manifesté à travers les problèmes de production d'agro-business. Ce sont le manque d'eau, le coût de la redevance eau, le manque de terre, l'appauvrissement des parcelles, la mauvaise organisation, le problème d'accès aux crédits et aux équipements, la mauvaise qualité des semis, la fonte des semis, la mauvaise qualité des engrais et la mauvaise application des engrais, leur coût élevé. Tous ces problèmes sont liés à l'orientation des objectifs des périmètres aménagés puisqu'on produit plus pour payer la dette que pour assurer la sécurité alimentaire. Si, à ces problèmes s'ajoute le désengagement de l'Etat du secteur agricole, la sécurité alimentaire est devenue une affaire privée. Mais, l'objectif n'est pas encore atteint et même devenu hypothétique. La ville devient alors leur lieu de refuge ou d'expression au regard des publicités et des conceptions.

Les politiques agricoles, toutes confondues, n'ont pas encore permis d'atteindre les objectifs confiés à elles par l'Etat ; surtout avec le démantèlement des offices de céréales, les sociétés de collecte de riz et autres, le dérèglement du système agricole. Il y a donc eu un mariage forcé entre agro-business - sécurité foncière et alimentaire. Beaucoup de personnes investissent dans la terre parce que c'est le capital qui a de l'avenir. Le graphique n°4.4 tiré d'une étude réalisée par GRAIN et publiée en 2011 est illustrative :

Graphique n°4.2: L'intérêt du secteur financier pour la terre

Source: GRAIN.(2011)

Ce graphique montre que la terre est le capital le plus productif devant l'or, l'immobilier et la bourse. Il n'est donc pas étonnant qu'elle constitue l'un des plus grand enjeu de notre siècle.

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Conclusion partielle

Au regard de tout ce qui a été analysé dans les chapitres 3 et 4, l'agro-business au Sourou n'a pas encore connu le décollage tant promis. Ses problèmes sont nombreux bien qu'il jouisse de certaines faveurs que les autres producteurs de la chaîne agricole n'ont pas : superficies larges, nouveaux acteurs sur qui l'Etat compte pour rentabiliser les périmètres, acteur de la bourgeoisie locale. Ce dernier aspect a permis à l'agro-businessman d'établir des relations socio - foncières avec la population locale, les coopérateurs qui le considèrent comme un modèle d'exploitant agricole qui a réussi et qui attire certains vers lui. Mais, vite désenchantés car tout comme eux, l'agro- businessman n'est pas à l'abri de l'insécurité foncière. Pour atténuer ces risques, il la mutualise avec des modes d'exploitation mixtes de ces parcelles et maintient des parcelles au sein des coopératives, finance la production de certaines spéculations. Alors, l'insécurité foncière va conduire à l'insécurité alimentaire car la disposition spatio - temporel des produits agricoles d'agro-business au Sourou n'est pas encore effective. Les principales raisons de l'inaccessibilité aux produits agricoles d'agro-business comme ceux des coopérateurs sont le marché et la pauvreté de la population locale. La pratique des cultures maraîchères n'a pas été accompagnée par le développement des marchés locaux. La richesse qu'elles devaient assurer n'est pas encore effective au regard du niveau de pauvreté de la région et sa profondeur. En effet, la région est l'une des plus pauvres du Burkina Faso pourtant réputée être celle des cultures de rente. Cette insécurité alimentaire aura pour conséquences sanitaires, l'insuffisance pondérale, les maladies de sous alimentation. Il y a donc un faux mariage entre agrobusiness - sécurité foncière - sécurité alimentaire. Face à tous les problèmes de production des agro businessmen il y a lieu de concilier autosuffisance alimentaire, souveraineté et la sécurité alimentaire.

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Conclusion générale

Le présent mémoire a permis de présenter l'agro-business au Sourou, d'analyser ses implications dans la sécurité foncière et la sécurité alimentaire. La méthodologie utilisée pour aboutir aux résultats comprend deux parties : la recherche documentaire qui été utile pour l'élaboration du cadre théorique et conceptuel et les enquêtes de terrain pour collecter les données relatives à notre thème. Il ressort de l'analyse de ces données que l'angle d'appropriation du concept de l'agro-business par l'Etat n'a pas encore favorisé le décollage de ce modèle agricole auquel il a été confié plusieurs missions sensées être des alternatives aux multiples problèmes agricoles. Les hypothèses secondaires s'inscrivent aussi dans ces résultats. Ainsi, les résultats sont les suivants:

En comparant la production agricole du Sourou, des parcelles agricoles, et surtout celle des agro-businessmen, il est ressorti qu'il y a une différence de production entre acteur agricole. Chaque agro-businessman produit plus qu'un exploitant familial ou un coopérateur grâce à la superficie qui lui est attribuée qui varie de 10 ha et au plus 50 ha alors que les coopérateurs ont entre 0,6 à 3 ha au maximum. Mais, l'agro-business pratiqué au Sourou reste un agro-business de nom. Sur les 3818 ha aménagés dans la vallée du Sourou seulement 275,5 ha soit 7,21% sont exploités en agro-business. Le reste pour les coopératives (la petite paysannerie). Aussi, si la production individuelle des agro-businessmen dépasse celle des autres acteurs, individuellement pris, de la production agricole au Sourou, elle reste minime par rapport à la production totale des autres acteurs : coopérateurs et population locale. L'agro-business a contribué en 2011 à 14,86% de la production de maïs de la vallée du Sourou, 24,2% de la production d'oignon, 28,2% de la production de pomme de terre. Notre première hypothèse selon laquelle : la place de l'agro-business dans la production agricole des localités de Niassan, Di, Débé et Gouran au Sourou est faible comparativement à celle du reste de la petite paysannerie est vérifiée.

Malgré les lois qui favorisent plus les agro-businessmen, 69,2% d'entre eux affirment qu'ils sont en insécurité sur leurs parcelles. A cause de cette insécurité foncière les opérateurs agro-business entretiennent des relations socio-foncières avec les autres acteurs de la production agricole. Comme il n'y a pas un équilibre des forces, cela insécurise aussi les producteurs dont 58,66% d'entre eux refusent toute collaboration avec les agro-businessmen car cette relation n'est pas une garantie de sécurité foncière et 92,3% des agro-businessmen utilisent le métayage comme mode d'exploitation de leurs parcelles or, cette méthode n'a aucune garantie de sécurité foncière. Aussi, 92,3% des opérateurs agro-business emploient des ouvriers agricoles. Ces derniers n'ont pas aussi une garantie de sécurité foncière puisqu'ils ne sont pas attributaires. Notre deuxième hypothèse qui stipulait que l'agro-business n'est pas encore un modèle agricole offrant à ses

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différents acteurs des perspectives de sécurité foncière à Niassan, Di, Débé et Gouran est aussi confirmée.

Les produits alimentaires d'agro-business ne sont pas disponibles en tout temps et en tout lieu dans ces localités. Ils ne sont pas aussi accessibles aux populations locales au regard de leur niveau de revenu et des habitudes alimentaires de la population locale. Ces produits alimentaires d'agrobusiness ne satisfont pas leurs besoins. Ils sont plus destinés aux marchés extérieurs. C'est seulement 23,1% des agro-businessmen qui vendent leur maïs sur les marchés locaux ; 61,5% d'entre eux approvisionnent plus les autres centres urbains du pays ou des pays voisins. Concernant la production d'oignon, c'est seulement 15,4% des opérateurs agro-business qui s'intéressent au marché national et 76,9% vendent leur oignon aux grossistes de la sous-région. Ces résultats permettent de confirmer notre troisième hypothèse qui était : dans les localités de Niassan, Di, Débé et Gouran, l'agro-business n'est pas une solution d'atteinte de la sécurité alimentaire.

Cette solution pourrait passer par la prise en compte des attentes des différents acteurs :

Au niveau de la population locale, il s'agit pour la sécurité foncière et alimentaire de tous les acteurs ; qu'il ait une cohésion et que chacun bénéficie des retombées des périmètres agricoles (exploitants ou non). En effet, ces aménagements ont été réalisés sur des terres qui au départ étaient exploitées par les populations locales. En ce qui concerne les autorités administratives, elles sont celles qui peuvent assurer la sécurité foncière et alimentaire de tous. Comme la terre appartient à l'Etat, le droit de propriété, la sécurité favoriserait une production suffisante pour nourrir la population. Aussi, si une politique claire de l'agro-business est définie avec ses moyens et la production rachetée par l'Etat pour assurer la sécurité alimentaire ; cela permettrait de retenir la production et la maintenir au Burkina Faso. L'AMVS peut donner un contenu juste à l'agro-business en approfondissant sa connaissance, ces tenants et ses aboutissants, ses avantages et inconvénients, ses forces et faiblesses. Quant aux agro-businessmen, il est nécessaire de concilier la recherche de profits et la sécurité alimentaire par une production massive en saison sèche destinée prioritairement à la sécurité alimentaire et d'être animés d'esprit de patriotisme.

L'essai d'analyse relationnelle entre agro-business, sécurité foncière et alimentaire sur les périmètres agricoles de Niassan, de Di, de Débé et de Gouran a permis de mettre en lumière (du moins une lumière à la hauteur de nos moyens actuels) des liens dont les évidences trop souvent proclamées sont pourtant à l'épreuve des réalités de terrain. Le hiatus entre les intentions attribuées aux «innovations» agricoles (agro-business notamment) et les réalités des pratiques en

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cours dans le Sourou peuvent inspirer des cas de recherche dans d'autres localités du pays. Si on arrivait à répondre à certaines questions cela pourrait permettre peut-être un décollage de l'agro-business : la``tropicalisation» de l'agro-business est-elle en faveur de son décollage ? N'est-il pas nécessaire de mécaniser l'agriculture familiale pour assurer la sécurité et la souveraineté alimentaire ? Le déploiement de l'agriculture moderne dans le monde rural ne conduit-il pas à l'impasse ?

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87. LE CACHEUX, J. (2011). «Agriculture mondiale et Européenne: défis du XXI è siècle, http:// www.ofce.sciences-po.fr/pdf/revue/8-120.pdf

88. KOULIBALY, M. et MAYIMA-MBEMBA, JC. (2010). «FRANCAFRIQUE: le pacte néocolonial ou la vraie cause des guerres en Afrique», http: // www. Le post.fr/article/2012/01/26820_du -post-au-huffington.html; consulté le 23 janvier 2012.

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98

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Articles de Presse

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99. TAO, A. (2000). La filière riz: le gouvernement a-il démissionné? Le Pays (n°2101 du21 Mars 2000): pp 4 et 13.

Communications scientifiques

100. RWABAHUNGU, M. (2002). Législation, sécurisation et conflit fonciers en Afrique. Présentée à l'occasion du forum mondial de la société civile à Genève (Suisse), 5p.

101. SISSOKO, K. (2009). L'agro-business, est-ce une solution à la crise alimentaire ? Présentée à la conférence de l'UFR/ SEG, Université de Ouagadougou (Burkina Faso), 10p.

Textes législatifs sur le Foncier au Burkina Faso

102. ADP. (1996). LOI N°014/96/ADP du 23 Mai 1996. Portant Réorganisation Agraire et Foncière au Burkina Faso, J.O. N°32 BF du 08 août 1996, pp 1663- 1680.

103.

99

AN. (2012). LOI N°034-2012/AN du 02 Juillet 2012. Portant Réorganisation Agraire et Foncière au Burkina Faso, 86p.

104. AN. (2009). LOI N°034-2009/AN. Portant régime foncier rural au Burkina Faso, 31p.

105. AN. (2009). LOI N°024-2008/AN. Portant modification de la loi N°014/96/ADP du 23 Mai 1996 portant Réorganisation Agraire et Foncière au Burkina Faso, JO N°025 du 19 Juin 2008, 5p.

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108. CM. (1997). DECRET N°97-54/PRES/MEF du 06 février 1997. Portant conditions et modalités d'application de la loi sur la Réorganisation Agraire et Foncière au Burkina Faso, 38 p.

109. CM. (1997). DECRET N°97-598/PRES/PM/MEF/AGRI du 31/12/97. Portant cahier des charges pour la gestion des grands aménagements, J.O. N°10, BF du 5 mars 1998, pp1663-1680.

110. CNR. (1984). ORDONNANCE N°84-050/CNR/PRES du 04/08/84. Portant Reforme Agraire et Foncière au Burkina Faso, J.O.N°33 du 16/08/1984, pp 806-809.

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1

ANNEXES

xi

QUESTIONNAIRE ADRESSE AUX AGRO-BUSINESSMEN Nom et Prénom (s) de l'enquêteur:

Numéro du questionnaire \__\___\__\

I. IDENTIFICATION DE L'ENQUETE 1-Nom et Prénom (s) de l'enquêté:

2-Sexe : Masculin Féminin
3-Age:

4-Ethnie 4-1- Bobo 4-2- Dioula 4-3- Fulfulde/ Peul 4-4- Gourmantché

4-5- Gourounsi 4- 6- Lobi 4-7- Mossi 4-8- Senoufo 4-9- Touareg/ Bella

4-10- Bissa 4-11- Dafing

4- 12-Dagara 4-13- Samo 4-14- Autre du Burkina 4-15- Autres nationalités
5-Origine de l'enquêter:

5-1- Lieu de naissance
5-2- Durée de résidence

5-2-1- Mois 5-2-2- Année(s)
6- Statut matrimonial:

6 -1-Célibataire 6 -2-Marié 6-3-Divorcé 6-4-Veuf/veuve
7-Religion

7-1- Chrétienne 7-2- Religion traditionnelle 7-3- Musulmane 7-4- Autre

Préciser .
8 - Statut sur le périmètre irrigué

8-1-Propriétaire 8-2-Locataire 8-3-Occupe sans payer 8-4-Par bail

9. Niveau d'instruction :

9-1-Sans instruction 9-2-Niveau primaire 9-3-1er Cycle 9-4-2nd Cycle 9-5-Supérieur

II- PROFIL DE L'AGRO-BUSINESSMAN

10. Sans profil 11- Agent technique d'agriculture 12-. Technicien supérieur d'agriculture

13-. Technicien supérieur de pédologie 1 4-. Agronome 15. Salarié 16. Commerçant

17. Homme religieux (Préciser)

18. Homme politique 19.O.N.G 20. Autres Préciser

III- LOCALISATION DU PERIMETRE AMENAGE

21-Secteur

23-Quartier

24. Village

XII

IV.CONDITIONS D'INSTALLATION SUR LE PERIMETRE AMENAGE

25- Quelles sont les conditions d'installation sur le périmètre aménagé?

25-1-Par des intermédiaires 25-2-Autorités coutumières 25-3-Coopératives paysannes
25-4-Autorités administratives / étatiques

25-5-Les rentiers du foncier 25-6-Autres

Préciser

V- LE MATERIEL DE TRAVAIL

26- Avec quel matériel travaillez-vous?

26.1. La houe 26.2. La charrue 26.3. Le tracteur 26.4. La moissonneuse

26.5. La batteuse

VI- LA PRODUCTION

27. Quelles activités pratiquez-vous sur votre périmètre?

27.1. Riz 27.2.Mais 27.3. Blé 27.4. Pomme de terre 27-.5. Bananes

27-6. Haricot vert 27-7.Cultures maraîchères 27-.8.Arboriculture 27-.10. Ferme

27-11- Autres Préciser
Pourquoi pratiquez-vous cette activité?

28-. Le travail d'exploitation: qui sont les exploitants qui travaillent sur votre périmètre?

28.2. Contractuels Nombre

28.3. Paysans sans terre Nombre

28.4. Ouvriers agricoles Nombre

28.5. Agents d'agriculture Nombre

28.6. Techniciens supérieurs d'agriculture Nombre

28.7. Ingénieurs/ Agronomes Nombre

29. Quels sont les problèmes liés à la production que vous rencontrez?

29.1. Coût élevé des intrants

29.2. Non respect du délai d'approvisionnement

29.3. Mauvaise qualité des intrants

29.4. Insuffisances liées aux équipements

29.5. Pauvreté du sol

29.6. Difficultés d'accès aux crédits

29.7. Difficultés d'accès à l'eau: Prix au m3 Quantité insuffisante

29-8-Autres Préciser

XIII

30. Depuis quand avez-vous ces problèmes? 30.1. Depuis l'existence des périmètres 30.2. Le départ de la SONACOR

30-3- Avec l'avènement des nouveaux acteurs

30.4. Autres Préciser .

VII. LA COMMERCIALISATION DES PRODUITS AGRICOLES

31. Quels sont vos clients cibles?

31.1. Paysans 31.2. Fonctionnaires/salariés 31.3. Commerçants:

Grossiste(s) Détaillant(s)

31.4. Riches 31.5. Autres

Pourquoi?

32. Marché local / National: 32.1. Marché local: 32-1-1- Oui 32-1-2-Non

Pourquoi?

32.2. Marché National: 32-2-1 Oui 32-2-2- Non

Pourquoi ?

33. Marché international: 3.3.1. Entreprises 33.2. Particuliers 33.3. Commandes

33.4. O.N.G 33.5. Autres Préciser

34. Faites-vous une faveur spéciale aux pauvres?

34.1.1- Oui Quel(s) produit(s)
34-1-2- Non

VIII. QUESTIONS LIEES À LA SECURITE FONCIERE/ LA SECURITE ALIMENTAIRE

35. Etes-vous en sécurité sur votre périmètre?

35.1. Oui 35-2-1 Non

Si non pourquoi?
35-2-2- Cela a- t-il joué négativement sur votre productivité?

Oui si oui: nombre d'ha perdus nombre de tonnes
Non

36. Combien d'ha avez-vous emblavé?

3.1. [5-10[ 36.2. [10-25[ 36.3. [25-50[ 36.4. [50 et +

37. Avez-vous mis toute votre parcelle en culture ?

37.1. Oui 37.2. Non

Pourquoi ?

xiv

38- Quelle est votre contribution à la sécurité alimentaire?

IX. LES IMPORTATIONS/ LES EXPORTATIONS 39. Importez -vous vos semences?

39.1. Oui Préciser les types de semences

39 -2 Comment vous vous approvisionnez?

Au comptant Nature (une partie de la production) Crédit

39.3. Non Pourquoi?

40 Exportez-vous vos semences?

40.1. Oui Préciser les types de semences

40- 2- Comment vous approvisionner?

Au comptant Nature (une partie de la production) Crédit

40.3. Non Quels sont les autres types d'intrants que vous utilisez?

40. Quels sont vos projets pour accroître votre productivité?
X- LES ATTENTES

41. Quelles sont vos attentes dan le domaine:

41.1. De la sécurité foncière?

- Au niveau de la population locale

Les autorités coutumières

Les autorités administratives/étatiques

- Les autres nouveaux acteurs?

41.2. De la sécurité alimentaire?

Au niveau de la population locale

Les autorités coutumières

- Les autorités administratives/étatiques

Les autres nouveaux acteurs?

QUESTIONS ADRESSEES A LA POPULATION LOCALE

Nom et Prénom (s) de l'enquêteur: Numéro du questionnaire \__\___\__\

I. Identification de l'enquêté:

1. Nom et prénom (s):

2. Sexe: Masculin Féminin

3. Age : \__\___\__\

4. Ethnie:

5. Statut matrimonial et estimation de la taille du ménage

5.1. Célibataire Avez-vous eu des enfants si oui combien

5.2. Marié: Sans enfants ou avec enfants combien

5.3. Divorcé Avez-vous eu des enfants? Nombre.
5.4. Veuf/ veuve Avez-vous eu des enfants? Nombre

6. Religion

6.1. Chrétienne 6.2. Religion traditionnelle 6.3. Musulmane

6.2. Autre Préciser

7- Connaissance des agro-businessmen 7-1- Connaissez-vous les agro-businessmen?

Oui Autochtones Colons

xv

Non

7-2 Quels types de cultures pratiquent-ils?

Cultures vivrières : Mil Sorgho Riz Haricot Cultures de rente

Pomme de terre Haricot vert Blé Banane Légumes et oléagineux

Fruits Elevage

8-Vivez-vous en harmonie avec les agro-businessmen?

8-1-Oui Expliquez-nous un peu ..

8-2-Non Pourquoi?
9- Questions relatives à la sécurité foncière

xvi

9 -1- Avez-vous accès aux périmètres aménagés comme les agro-businessmen?

Oui Qui avez-vous contactez avant d'occuper votre site?

La municipalité Les intermédiaires L'AMVS Les rentiers du foncier

Don Autres Préciser

Non (Occupation anarchique) Pouvez-vous nous dire pourquoi?
9-2- Avez-vous vendu une partie/ tout votre champ à un agro-businessman?

-Si oui en Nombre d'hectares Pouvez-vous nous dire pourquoi vous avez décidé de

vendre votre champ?

Si non Pouvez-vous nous dire pourquoi vous ne voulez pas vendre votre champ aux agro-

businessmen?

10 - Questions liées à la sécurité alimentaire 10- 1- Que consommez-vous habituellement?

Riz Tô Autres Préciser

10-2-Pendant combien de temps vous prenez ces repas? Par jour Par semaine Par mois

10-3- Combien de repas prenez-vous par jour avant la venue de l'agro-business?

1 repas / jour 2 repas/ jour 3 repas / jour

10 - 4- Avec l'avènement de l'agro-business, combien de repas prenez par jour?

1 repas / jour 2 repas/ jour 3 repas / jour

10- 5- De quoi est composé votre repas? Haricot vert Pomme de terre Légumes (salade,

choux, oignons) Banane Pourquoi?

10 -6- Quelles sont vos dépenses alimentaires?

Dépenses

Journalières

Hebdomadaires

Mensuelles

Annuelles

xvii

GUIDE D'ENTRETIEN

I- Directeur A Production et de la Professionnalisation Agricole

1. Les activités menées dans le cadre de la promotion de la production agricole en général et les cultures de rente et de l'agro-business.

2. Evolution des subventions de l'Etat aux cultures de rente au Burkina Faso.

3. Rôle de l'Etat dans la production des cultures de rente avant et après son désengagement.

4. Les principales contraintes rencontrées dans cette production et les causes explicatives.

5. Les raisons du démantèlement de la SONACOR

6. Quelles suggestions et recommandations faites vous pour lever ces contraintes qui entravent actuellement la production des cultures de rente?

7. Pensez-vous que les nouveaux acteurs ou agro-businessman sont capables à eux seuls d'assurer la sécurité alimentaire?

8. Existe-t-il une sécurité foncière sur les périmètres aménagés?

9. Quelle est la typologie des agro-businessmen?

10. Quelles sont les difficultés rencontrées dans le cadre de l'implantation de l'agro-business?

11. Lien entre agro-business - sécurité foncière et sécurité alimentaire.

12. Y a-t-il des conflits fonciers à cause de l'agro-business.

13. L'agro-business a-t-il de l'avenir?

II- Directeur de mise en valeur de la vallée du Sourou

1. Quelle est la superficie totale des périmètres aménagés du Sourou?

2. Quelle est la superficie qui revient aux nouveaux acteurs?

3. Quelle est la superficie qui revient aux coopératives paysannes?

4. Quelle est la superficie qui revient aux exploitants familiaux?

5. Quel est le niveau d'occupation du périmètre par ha/personne?

6. Les actions menées dans le sens de la promotion des cultures de rentes de la vallée du Sourou transformation, commercialisation.

7. Les actions menées dans la promotion de l'agro-business.

8. Les relations de collaboration entre les agro-businessmen les coopératives paysannes et la population locale.

9. Les principales contraintes rencontrées dans la production des cultures de rente et des cultures vivrières de la vallée du Sourou et causes explicatives.

10. Suggestions et recommandations pour lever ces contraintes.

11. Origine de l'agro-business, son organisation et son fonctionnement.

12.

xviii

L'agro-business remplacera-t-elle un jour les agricultures familiales au Sourou?

13. Quelles sont les actions menées pour une prise totale et définitive de la vallée du Sourou par les agro-businessmen?

14. La sécurité foncière et la sécurité alimentaire sont-elles possibles avec l'agro-business à Sourou ?

15. Peut-on parler de saturation foncière sur la vallée du Sourou?

16. Que deviendront les exploitants familiaux et les coopératives paysannes?

17. Entre l'agro-business et les agricultures familiales, quel est votre choix ? Pourquoi?

18. Relation entre agro-businessmen, et les autorités coutumières III - Les responsables des coopératives / Coopérateurs

1. Quel est le nom de votre coopérative?

2. La coopérative a combien de membre?

3. Quelle est la superficie totale que vous disposez?

4. Combien avez- vous déjà mises en valeur? Que comptez- vous faire du reste ?

5. Quel est le rôle de votre coopérative?

6. Quelle est la situation financière de votre coopérative?

7. Périodes d'autonomie de la coopérative en intrants

8. Sources d'approvisionnement de la coopérative en intrants

9. Les contraintes liées à la production des cultures choisies.

10. Transformation de votre culture après la liquidation de SONACOR et avec l'avènement de l'agro-industrie.

11. Circuit de distribution de votre culture avant et après la liquidation de la SONACOR et avec l'avènement de l'agro-business.

12. Suggestions et recommandation pour palier les insuffisances de la production des cultures de rentes et vivrières dans la vallée du Sourou.

13. Vos inquiétudes et vos attentes avec l'implantation de l'agro-business au Sourou.

14. Départ des membres de votre coopérative pour les comités agro-business et combien?

15. Que faites-vous pour maintenir vos membres et les empêcher de devenir ouvrier agricole?

16. Reviennent-ils après dans la coopérative après l'avoir abandonnée pour les comités agro-business?

17.Etes-vous en sécurité sur votre périmètre suite à l'évènement de l'agro-business dans la vallée du Sourou?

18. Les coopératives paysannes sont-elles capables d'assurer la sécurité alimentaire ou en collaboration avec les nouveaux acteurs et l'Etat?






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