WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Agrobusiness, sécurité foncière et alimentaire au Sourou (Burkina Faso). Cas des périmètres agricoles de Niassan, Di, Débé et Gouran.


par Ouango Blaise ZONGO
Université Joseph Ki-Zerbo (Ouagadougou) - Maîtrise de géographie 2014
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

4.3.2. Les marchés d'écoulement de la production agricole d'agro-business

La principale destination des produits agricole d'agro-business, c'est le marché. Il faut rechercher des débouchés pour les produits agricoles. Il faut vendre aux clients qui sont en mesure d'acheter les produits agricoles et sur des marchés précis pour faire des bénéfices. Les marchés locaux, nationaux et sous régionaux sont les lieux d'écoulement des produits agricoles d'agro-business.

D'abord pour ce qui est des marchés locaux, ils ne servent qu'à 23,1% des agro-businessmen pour l'écoulement de leur maïs. Ces marchés ne les intéressent pourtant pas quand il s'agit de la

82

vente d'oignon. En fait ces marchés sont exigus pour cette spéculation. L'offre dépasse la demande. Et pour éviter la chûte des prix les agro-businessmen délaissent les marchés locaux quand il s'agit des oignons.

Ensuite en ce qui concerne les marchés nationaux, l'écoulement des produits maraîchers (oignon, tomate), le nombre d'agro-businessmen est le quart de ceux qui s'intéressent à ces mêmes marchés soit respectivement 15,4 et 61,5%. Pour l'oignon et la tomate, les marchés nationaux qui intéressent les agro businessmen sont surtout Ouagadougou, Bobo Dioulasso et Koudougou. Le niveau économique et les habitudes alimentaires dans ces villes sont les facteurs favorisant leur approvisionnement. Quant au maïs, il s'écoule en plus de ces marchés sur ceux de Yako et Nouna.

S'agissant des marchés sous régionaux, pendant qu'ils présentent peu d'intérêt aux agro-businessmen (7,7%) pour l'écoulement de leur maïs, au niveau des oignons et des tomates c'est le contraire. Ils sont 76,9%, 30,8% à s'orienter vers ces marchés. Pour le maïs, le Mali est le principal pays qui intéresse les agro-businessmen à cause de sa proximité avec le Sourou. Quant aux produits maraîchers en plus du Mali, ils sont écoulés sur les marchés du Ghana, du Togo, de la Côte d'Ivoire et du Niger. On peut donc dire que les agro-businessmen comptent plus sur les marchés extérieurs pour l'écoulement de leurs produits agricoles. Ils y gagnent certainement plus de bénéfices. BETHELEMONT, FAGGI et ZOUNGRANA, (2003) sont explicites:

« Les cultures maraîchères lorsqu'elles sont destinées à la consommation intérieure (chou, tomate, oignon etc.) connaissent des difficultés d'écoulement en raison d'un marché vite saturé ; les prix s'alignent sur les variations des flux de légumes déversés sur les marchés urbains. Faute de moyens adéquats de régulation du marché (conditionnement, et transformation), les produits perdent leur valeur marchande s'ils ne sont pas jetés au prétexte d'avarie. Les prix offerts aux producteurs, dans les marchés organisés (collecte, transformation et distribution par les sociétés dans les marchés libres) en plus d'être instables se situent bien souvent en dessous du coût de production » (p. 190).

Le problème d'accessibilité aux produits agricoles d'agro-business tout comme ceux des coopératives est la dérèglementation des prix et le manque de marchés locaux adéquats pour absorber leurs productions ; ceux-ci s'orientent vers le marchés extérieurs .Mais, le marché libre non plus n'est pas un moyen de sécurité alimentaire car on vend au plus offrant. Cela corrobore les conclusions auxquelles ont abouti de BURBACH et FLYNN (1980), qui voient en l'agro-business la principale cause de la marginalisation du monde rural : « Au lieu d'être une solution aux crises alimentaires, elle est la cause, surtout avec le démantèlement de l'agriculture et la production des denrées alimentaires sacrifiées sous le libéralisme » (p.269). L'agro-business avait été présenté comme un modèle agricole promoteur car moderne, scientifique, productiviste, orienté vers le marché. Il

83

devrait être en mesure d'assurer la sécurité alimentaire. Entre ce discours et les résultats de notre collecte de données le contraste est perceptible. Les produits agricoles des agro-businessmen sont parfois vendus à bord champ. Il faut vendre le plutôt possible pour échapper aux fluctuations des marchés et aux pertes de la production car il n'y a pas entrepôts, de magasins, d'usine de transformation. Il est aussi la cause de l'amplification des incohérences entre la politique d'agro-business et la sécurité alimentaire. Pendant qu'il y a démantèlement des structures de stock de sécurité céréalière et des structures d'aménagement hydro agricole suivi d'un endettement à coût de milliards, il ne saurait avoir de sécurité alimentaire avec l'agro-business.

Les agricultures familiales sont de plus en plus présentées comme incapables d'assurer la sécurité alimentaire. Pourtant elle a nourri la population pendant des millénaires. Plusieurs attributs négatifs lui sont collés: arriérées, stagnantes, de subsistance. De tout ceci, la question suivante est posée: Que faut-il faire? Faut-il continuer d'exporter la sécurité alimentaire des populations locales et importer l'insécurité alimentaire des autres venus acheter les produits agricoles des agro-businessmen? Ces questions trouvent leurs réponses dans cet essai d'analyse : relation entre agro-business - sécurité foncière et alimentaire : lien de causalité ou mariage forcé ?

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams