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Agrobusiness, sécurité foncière et alimentaire au Sourou (Burkina Faso). Cas des périmètres agricoles de Niassan, Di, Débé et Gouran.


par Ouango Blaise ZONGO
Université Joseph Ki-Zerbo (Ouagadougou) - Maîtrise de géographie 2014
  

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Conclusion partielle

Au regard de tout ce qui a été analysé dans les chapitres 3 et 4, l'agro-business au Sourou n'a pas encore connu le décollage tant promis. Ses problèmes sont nombreux bien qu'il jouisse de certaines faveurs que les autres producteurs de la chaîne agricole n'ont pas : superficies larges, nouveaux acteurs sur qui l'Etat compte pour rentabiliser les périmètres, acteur de la bourgeoisie locale. Ce dernier aspect a permis à l'agro-businessman d'établir des relations socio - foncières avec la population locale, les coopérateurs qui le considèrent comme un modèle d'exploitant agricole qui a réussi et qui attire certains vers lui. Mais, vite désenchantés car tout comme eux, l'agro- businessman n'est pas à l'abri de l'insécurité foncière. Pour atténuer ces risques, il la mutualise avec des modes d'exploitation mixtes de ces parcelles et maintient des parcelles au sein des coopératives, finance la production de certaines spéculations. Alors, l'insécurité foncière va conduire à l'insécurité alimentaire car la disposition spatio - temporel des produits agricoles d'agro-business au Sourou n'est pas encore effective. Les principales raisons de l'inaccessibilité aux produits agricoles d'agro-business comme ceux des coopérateurs sont le marché et la pauvreté de la population locale. La pratique des cultures maraîchères n'a pas été accompagnée par le développement des marchés locaux. La richesse qu'elles devaient assurer n'est pas encore effective au regard du niveau de pauvreté de la région et sa profondeur. En effet, la région est l'une des plus pauvres du Burkina Faso pourtant réputée être celle des cultures de rente. Cette insécurité alimentaire aura pour conséquences sanitaires, l'insuffisance pondérale, les maladies de sous alimentation. Il y a donc un faux mariage entre agrobusiness - sécurité foncière - sécurité alimentaire. Face à tous les problèmes de production des agro businessmen il y a lieu de concilier autosuffisance alimentaire, souveraineté et la sécurité alimentaire.

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Conclusion générale

Le présent mémoire a permis de présenter l'agro-business au Sourou, d'analyser ses implications dans la sécurité foncière et la sécurité alimentaire. La méthodologie utilisée pour aboutir aux résultats comprend deux parties : la recherche documentaire qui été utile pour l'élaboration du cadre théorique et conceptuel et les enquêtes de terrain pour collecter les données relatives à notre thème. Il ressort de l'analyse de ces données que l'angle d'appropriation du concept de l'agro-business par l'Etat n'a pas encore favorisé le décollage de ce modèle agricole auquel il a été confié plusieurs missions sensées être des alternatives aux multiples problèmes agricoles. Les hypothèses secondaires s'inscrivent aussi dans ces résultats. Ainsi, les résultats sont les suivants:

En comparant la production agricole du Sourou, des parcelles agricoles, et surtout celle des agro-businessmen, il est ressorti qu'il y a une différence de production entre acteur agricole. Chaque agro-businessman produit plus qu'un exploitant familial ou un coopérateur grâce à la superficie qui lui est attribuée qui varie de 10 ha et au plus 50 ha alors que les coopérateurs ont entre 0,6 à 3 ha au maximum. Mais, l'agro-business pratiqué au Sourou reste un agro-business de nom. Sur les 3818 ha aménagés dans la vallée du Sourou seulement 275,5 ha soit 7,21% sont exploités en agro-business. Le reste pour les coopératives (la petite paysannerie). Aussi, si la production individuelle des agro-businessmen dépasse celle des autres acteurs, individuellement pris, de la production agricole au Sourou, elle reste minime par rapport à la production totale des autres acteurs : coopérateurs et population locale. L'agro-business a contribué en 2011 à 14,86% de la production de maïs de la vallée du Sourou, 24,2% de la production d'oignon, 28,2% de la production de pomme de terre. Notre première hypothèse selon laquelle : la place de l'agro-business dans la production agricole des localités de Niassan, Di, Débé et Gouran au Sourou est faible comparativement à celle du reste de la petite paysannerie est vérifiée.

Malgré les lois qui favorisent plus les agro-businessmen, 69,2% d'entre eux affirment qu'ils sont en insécurité sur leurs parcelles. A cause de cette insécurité foncière les opérateurs agro-business entretiennent des relations socio-foncières avec les autres acteurs de la production agricole. Comme il n'y a pas un équilibre des forces, cela insécurise aussi les producteurs dont 58,66% d'entre eux refusent toute collaboration avec les agro-businessmen car cette relation n'est pas une garantie de sécurité foncière et 92,3% des agro-businessmen utilisent le métayage comme mode d'exploitation de leurs parcelles or, cette méthode n'a aucune garantie de sécurité foncière. Aussi, 92,3% des opérateurs agro-business emploient des ouvriers agricoles. Ces derniers n'ont pas aussi une garantie de sécurité foncière puisqu'ils ne sont pas attributaires. Notre deuxième hypothèse qui stipulait que l'agro-business n'est pas encore un modèle agricole offrant à ses

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différents acteurs des perspectives de sécurité foncière à Niassan, Di, Débé et Gouran est aussi confirmée.

Les produits alimentaires d'agro-business ne sont pas disponibles en tout temps et en tout lieu dans ces localités. Ils ne sont pas aussi accessibles aux populations locales au regard de leur niveau de revenu et des habitudes alimentaires de la population locale. Ces produits alimentaires d'agrobusiness ne satisfont pas leurs besoins. Ils sont plus destinés aux marchés extérieurs. C'est seulement 23,1% des agro-businessmen qui vendent leur maïs sur les marchés locaux ; 61,5% d'entre eux approvisionnent plus les autres centres urbains du pays ou des pays voisins. Concernant la production d'oignon, c'est seulement 15,4% des opérateurs agro-business qui s'intéressent au marché national et 76,9% vendent leur oignon aux grossistes de la sous-région. Ces résultats permettent de confirmer notre troisième hypothèse qui était : dans les localités de Niassan, Di, Débé et Gouran, l'agro-business n'est pas une solution d'atteinte de la sécurité alimentaire.

Cette solution pourrait passer par la prise en compte des attentes des différents acteurs :

Au niveau de la population locale, il s'agit pour la sécurité foncière et alimentaire de tous les acteurs ; qu'il ait une cohésion et que chacun bénéficie des retombées des périmètres agricoles (exploitants ou non). En effet, ces aménagements ont été réalisés sur des terres qui au départ étaient exploitées par les populations locales. En ce qui concerne les autorités administratives, elles sont celles qui peuvent assurer la sécurité foncière et alimentaire de tous. Comme la terre appartient à l'Etat, le droit de propriété, la sécurité favoriserait une production suffisante pour nourrir la population. Aussi, si une politique claire de l'agro-business est définie avec ses moyens et la production rachetée par l'Etat pour assurer la sécurité alimentaire ; cela permettrait de retenir la production et la maintenir au Burkina Faso. L'AMVS peut donner un contenu juste à l'agro-business en approfondissant sa connaissance, ces tenants et ses aboutissants, ses avantages et inconvénients, ses forces et faiblesses. Quant aux agro-businessmen, il est nécessaire de concilier la recherche de profits et la sécurité alimentaire par une production massive en saison sèche destinée prioritairement à la sécurité alimentaire et d'être animés d'esprit de patriotisme.

L'essai d'analyse relationnelle entre agro-business, sécurité foncière et alimentaire sur les périmètres agricoles de Niassan, de Di, de Débé et de Gouran a permis de mettre en lumière (du moins une lumière à la hauteur de nos moyens actuels) des liens dont les évidences trop souvent proclamées sont pourtant à l'épreuve des réalités de terrain. Le hiatus entre les intentions attribuées aux «innovations» agricoles (agro-business notamment) et les réalités des pratiques en

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cours dans le Sourou peuvent inspirer des cas de recherche dans d'autres localités du pays. Si on arrivait à répondre à certaines questions cela pourrait permettre peut-être un décollage de l'agro-business : la``tropicalisation» de l'agro-business est-elle en faveur de son décollage ? N'est-il pas nécessaire de mécaniser l'agriculture familiale pour assurer la sécurité et la souveraineté alimentaire ? Le déploiement de l'agriculture moderne dans le monde rural ne conduit-il pas à l'impasse ?

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry