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La contribution de la coopération décentralisée au processus du développement local au Tchad: le cas du jumelage entre les villes de Moundou (Tchad) et de Poitiers (France)


par Christian ALLANDIGUIM REOUMBAYE
Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) - Master 2013
  

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V.DELIMITATION DU SUJET

La particularité des faits sociaux étant de se donner à observer différemment selon que l'on se trouve à un endroit déterminé, il convient par conséquent de fixer les délimitations de la présente production scientifique.

1. Délimitation temporelle

Notre travail se situe dans la fourchette de temps allant de 1993 à 2013. En effet, le 15 janvier 1993 marque la tenue de la conférence nationale souveraine au Tchad. Cette conférence marque le point de départ d'une nouvelle constitution au Tchad. A la sortie de la conférence, le caractère décentralisé et laïc de l'Etat tchadien est réaffirmé et proclamé7. En suite, 1993

7Constitution de la République du Tchad, consultée le 26 octobre 2014 à 12h24mins. La Conférence Nationale Souveraine, tenue à N'Djaména du 15 Janvier au 7 Avril 1993 et ayant réuni les partis politiques, les associations de la société civile, les corps de l'État, les autorités traditionnelles et religieuses, les représentants du monde rural et les personnalités ressources, a proclamé solennellement le caractère républicain et démocratique du Tchad.

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est l'année où il a été crée l'AAMP à Moundou, chargée d'animer le jumelage Moundou-Poitiers.

Par ailleurs, 2013 est le premier anniversaire du conseil communal démocratiquement élu, car par le passé le maire et le conseil communal sont nommés selon leur appartenance au parti au pouvoir. Les élections communales se sont tenues pour la première fois dans l'histoire du Tchad en 2012.

2. Délimitation spatiale

Notre espace d'étude est la ville de Moundou, située au sud du Tchad, entre les latitudes, 8°30' et 8°40' Nord et les longitudes, 16° et 16°10' Est. S'étendant sur plus de 7 km2 du sud au nord, Moundou qui compte 24 quartiers répartis en quatre arrondissements, est, en même temps, la ville économique du Tchad et le chef-lieu du département de Lac Wey ainsi que de la région du Logone occidental.

VI. REVUE DE LA LITTERATURE

Pour Olivier LAURENCE, Guy BEDARD, et Julie FERRON, la revue de la littérature consiste à « identifier les acteurs, les ouvrages et les articles scientifiques qui ont façonné la connaissance dans la discipline donnée sur un sujet précis »8 le but est de montrer en quoi, la littérature sur un sujet soulève des questionnements.

L'élaboration d'une revue de la littérature permet de faire l'état de la question traitée .Il s'agit d'un tour d'horizon relatif au domaine de l'étude envisagée, de sorte que l'on puisse situer celle -ci la question de coopération décentralisée, compte tenu de son importance ne pouvait laisser indifférent le monde de chercheurs. Certes, beaucoup ce sont prononcés sur la question mais très peu ont donné des mesures concrètes permettant une coopération décentralisée profitable aux bénéficiaires locaux.

Iris BOINVILLIERS voit en la coopération décentralisée « la participation d'acteurs variés des pouvoirs publics comme de la société civile à la discussion des priorités et la mise en oeuvre d'actions de développement, sur la base d'initiative émanant de ces acteurs»9.

Dans la même logique, Mohammed ZAOUI souligne que « le développement d'un espace déterminé ne peut se faire d'une manière intégrée sans un environnement propice et sans

8 Olivier LAURENCE, Guy BADARD, Julie FERRON, l'élaboration d'une problématique de recherche, Paris, l'Harmattan, 2005, p. 24.

9 Iris BOINVILLIERS, Coopération décentralisée, Acteurs, Pratiques, Procédures, Paris, GRET, 1996, p. 7.

8

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l'effort de chacun »10. C'est dire que certaines conditions doivent être nécessairement remplies et la participation citoyenne doit être déterminante. L'implication de la société civile peut aider à optimiser les résultats ; car, quelle que soit la finesse des programmes menés par les collectivités, ils ne peuvent accéder à toutes les poches de la pauvreté, celles-ci ne pouvant être atteintes que par la souplesse et par la proximité des associations.

Selon Alain LE SAUX, « La coopération décentralisée est une aventure politique [...], car elle procède de décisions prises par des élus de deux collectivités désireux de travailler ensemble, de partager des projets et des ambitions, d'oeuvrer conjointement à l'amélioration de la vie quotidienne des populations»11. De cette façon, le choix d'un partenaire se fait sur la base d'un diagnostic croisé des deux partenaires et d'un accord entre les deux collectivités, de principes fondamentaux (valeurs partagées, même vision de la coopération décentralisée, etc.) La coopération décentralisée est basée sur une démarche participative. Cette conception est partagée par Jean Cassius Sossou BIADJA, Pour lui, « la coopération décentralisée consiste à la menée conjointe d'actions entre une ou plusieurs autorités locales de deux États dans un intérêt commun. Elle vise comme objectifs, la consolidation de ces collectivités locales, et le renforcement de ces capacités à répondre aux aspirations de leurs populations, dans le respect des traditions et spécificités de la société bénéficiaire de l'appui. »12.

JAGLIN Sylvy soutient quant à elle que: «dans les expertises internationales, la gestion urbaine n'est encore souvent qu'un "prêt-à-penser" et une bannière idéologique de politiques opérationnelles en quête de réconciliation avec les réalités sociales urbaines des pays en développement. Elle ne parvient ni à un modèle crédible d'administration des cités, à la fois légitime et efficace, ni à une prise en compte pertinente de la vitalité des sociétés africaines, rebelles aux carcans normatifs à l'intégration urbaine standardisée, à la promotion de citadins contribuables, répertoriés et fiscalisés.»13 L'intérêt qu'elle donne à son étude sur la gestion urbaine à Ouagadougou porte moins sur l'analyse des échecs répétés de projets, que sur celles des dispositions qui assurent, en dépit des carences de l'encadrement officiel, comme la crise aiguë des finances publiques, le fonctionnement des cités. Elle reconnait avec

10Mohammed ZAOUI, Orientation et fondation pour optimiser la coopération décentralisée, Oujda 24, no 98, mars 2014, p. 8.

11Alain LE SAUX, coopération décentralisée et professionnels du développement urbain, http//:www.cités-unies-france.org, consulté le 23/11/2014

12 Jean Cassius Sossou BIADJA, « la législation coopérative au Benin: Etat des lieux et propositions de reforme », mémoire de Maitrise, université nationale du Benin, 1998.

13Sylvy JAGLIN, Gestion partagée à Ouagadougou, pouvoirs et périphéries, Paris, Karthala, 1995, p. 57.

nombre d'auteurs qu'à travers la décentralisation, les collectivités locales sont partiellement investies d'une nouvelle responsabilité car étant animatrices du développement, elles sont en effet supposées orchestrer des dynamismes catalyseurs jusqu'alors occultés par des bureaucraties technocratiques et centralisées.

Pour Jean Pierre ELONG14 souligne, que les villes et la manière dont elles croissent en dehors de tout contrôle, sont un aveu d'échec des politiques de développement et d'aménagement du territoire énoncées. Dans cette logique, l'auteur soutient que la communauté internationale n'est plus en mesure de proposer des solutions globales comme cela se faisait dans les années 1970 pour canaliser la maîtrise de l'urbanisation. Laisser les villes africaines évoluer en pilotage automatique comme c'est globalement le cas actuellement dans la plupart des pays serait selon lui, courir le risque d'avoir une Afrique ingouvernable à terme. Les politiques de décentralisation se présentent dès lors comme le pilote dans cet avion. Leur nécessité est encore plus évidente quand on sait que la population urbaine se double chaque 18 an et qu'en 2020, les villes africaines devraient accueillir une population semblable à celle qui s'est installée en ville depuis les 50 dernières années. Or, près de 60% des citadins vit dans des quartiers urbains peu aménagés et sous équipés. Jean Michel SEVERINO15 affirme que d'ici 2030, le monde comptera cinq milliards d'urbains, soit 60% de la population totale. La majeure partie de cette croissance urbaine se manifestera dans les pays en développement à cause de la « désertification du milieu rural». En l'espace d'une génération, le nombre d'habitants des villes augmentera de plus d'un milliard en Asie et de 400 millions en Afrique. Son inquiétude porte particulièrement sur les cités urbaines débordées par l'exode rural où, selon lui, « les gourbis l'emportent de plus en plus ; véritables bidonvilles voire "bidon villages" sans voirie existante ou possible, celles-ci demeurent ingérables sinon dans la dépendance étroite de "l'ingérence humanitaire" selon le modèle de nos Etats eux mêmes adonnés au sérum conditionnel des bailleurs extérieurs. » L'auteur dénonce ici la fuite de responsabilité de l'Etat qui semble jeter en pâture les communes nouvellement créées en proie à une démographie galopante, à une technologie exponentielle et à un monde globalisant et en perpétuelle mutation vers des cités démiurgiques.

14 Quelle gouvernance pour les villes d'Afrique ? in Bulletin Ville en développement, N° 67-68, Juin-Juillet, 2005, p 6-7

15 Décentralisation et développement urbain, in Ville et développement, n°77, 2007

VII.

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LA PROBLEMATIQUE

La problématique est la recherche ou l'identification de ce qui pose problème .En d'autres termes, c'est la recherche d'une difficulté théorique ou pratique dont la solution n'est pas encore trouvée. Selon BEAUD. M, elle est « l'ensemble construit autour d'une question principale, des hypothèses de recherche et des lignes d'analyse qui permettent de traiter le sujet »16 De fait, la problématique de développement cause un énorme souci, la coopération décentralisée semble être un instrument supplémentaire pour apporter un début d'amélioration des conditions de vie des populations de certaines zones oubliées de la ville de Moundou. Moundou étant la deuxième ville du Tchad après N'djamena, en termes de démographie, demande plus d'effort dans le sens d'amélioration des besoins de base. Cela étant :

Quel est l'apport réel du jumelage Moundou-Poitiers au processus de développement de la ville de Moundou ?

Pour répondre à cette préoccupation, il est indispensable d'étudier en profondeur les actions du jumelage Moundou-Poitiers dans l'accompagnement du processus de développement de la ville de Moundou. De cette question principale se greffent trois (03) questions secondaires:

? Quel est le cadre institutionnel et réglementaire de la coopération décentralisée entre les villes de Moundou et Poitiers ?

? Quelle est l'incidence de ce jumelage dans les conditions de vie de la population de Moundou ?

? Quelles sont les limites de cette coopération décentralisée ?

VIII. LES HYPOTHESES

Selon GRAWITZ Madeleine, une hypothèse est « une proposition de réponse à la question posée qui tend à formuler une relation entre les faits significatifs »17 Il s'agit en fait d'une réponse provisoire à l'interrogation soulevée par la problématique et que l'on doit soit confirmer, soit infirmer. De la sorte, l'hypothèse constitue à la fois un potentiel résultat, et le point de départ de toute vérification. Ainsi dans l'hypothèse principale : nous pouvons affirmer que la contribution du jumelage au processus de développement de la commune de Moundou serait marquée par la mise en place d'instrument, de stratégies et mécanismes

16 Michel BEAUD, L'Art de la thèse, Paris, La Découverte, 1985, p. 31.

17 Madeleine GRAWITZ, op .cit, p. 382.

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susceptibles de rendre plus efficace les actions entreprise dans le cadre du jumelage. Cette contribution se matérialiserait par l'appui au projet d'adduction potable, à la formation du personnel soignant de centres hospitalier et centres de santé, aux activités culturelles. De cette hypothèse principale découle trois hypothèses secondaires :

? Hypothèse 1 : Plusieurs textes nationaux et internationaux légitiment le jumelage entre les villes de Moundou et Poitiers.

? Hypothèse 2 : Par une approche participative d'échange et de renforcement de capacités, le jumelage contribue significativement à l'amélioration des conditions de vie de la population.

? Hypothese 3 : l'incohérence des approches mises en oeuvre par les intervenants (communes de Moundou, Poitiers, l'Etat tchadien et ONG internationales et nationales) explique le faible rendement des actions de développement dans la commune de Moundou.

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