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Rapport de stage à l'agence Lianne Jarrett Associates (Brighton)

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par Thomas Perrin
Université Paris VII - Denis Diderot - Maà®trise de Conception et mise en oeuvre de projets culturels 1999
  

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RODIN IN LEWES

UN PROJET CULTUREL

UNE CAMPAGNE DE PRESSE

PRESENTATION

L'objet central de l'exposition Rodin in Lewes est Le Baiser (The Kiss), une des sculptures les plus célèbres d'Auguste Rodin, dont une version en marbre fut commandée par Edward Perry Warren, habitant de Lewes (East-Sussex), au début du siècle.

Cette statue est prêtée par la Tate Gallery de Londres pour une durée de cinq mois, et constitue le point central d'une exposition de sculptures de Rodin à deux personnages. Les oeuvres exposées autour du Baiser ont été prêtées par le Musée Rodin et le Victoria & Albert Museum, et ont été sélectionnées pour illustrer à quel point Rodin maîtrisait la sculpture du corps humain, en particulier dans la représentation de couples, et ce en utilisant différents matériaux - marbre, bronze, terracotta, plâtre.

L'exposition se situe dans la mairie de Lewes qui a été récemment remise à neuf, dans la salle même ou Le Baiser fut présentée pour la premiere fois aux habitants de Lewes, en 1914.

Ce projet fut inspiré par la redécouverte de l'histoire hors du commun de cette version du Baiser, qui se retrouva dans la ville tranquille et traditionnellement conservatrice de Lewes pendant presque trente ans, de 1904 à 1933.

John May, écrivain et journaliste résidant à Lewes et admirateur passionné de Rodin passa plusieurs années à faire des recherches sur l'histoire du Baiser, et à essayer d'organiser un projet culturel autour de la statue. Ces efforts aboutirent à la mise en oeuvre du projet Rodin 2000, dont l'exposition Rodin in Lewes est l'événement central.

Le commissaire de l'exposition est Ann Eliott, reconnue en Grande-Bretagne comme faisant autorité en matière de sculpture du XXème siècle.

L'exposition a lieu du 5 Juin au 30 octobre, du lundi au vendredi de 9h30 à 17h30, 15h00 pour les écoles et les groupes scolaires. Les samedis et dimanches, l'exposition est ouverte de 11h00 à 18h00.

Les tarifs sont les suivants:

3 livres tarif normal (30 francs), 2,5 livres tarif réduit (25 francs), 2 livres enfants de 5 à 16 ans (20 francs), gratuit pour les enfants en dessous de 5 ans.

LE BAISER : DE PARIS A LONDRES, EN PASSANT PAR LEWES

Le Baiser représente les amants Paolo et Francesca de L'Enfer de Dante, la principale source d'inspiration de Rodin pour la réalisation de son oeuvre monumentale inachevée, Les Portes de L'Enfer. Le couple apparaît dans les toutes premières esquisses de cette oeuvre, dans un bas-relief au centre du battant gauche de la porte. En 1886 Rodin réalisa une statue des amants, et en 1887 l'Etat français lui commanda une version du groupe en marbre et de taille supérieure à la taille humaine. Rodin se plaignit de la difficulté à agrandir une oeuvre conçue sur une plus petite échelle. Ce n'est qu'en 1898 qu'il exposa au Salon de la Société Nationale la statue dans sa forme finale, aux côtés d'une de ses oeuvres les plus controversées, la statue géante de Balzac.

C'est à ce Salon que le peintre William Rothenstein vit la statue et pensa que sa «sexualité païenne» plairait à son ami E.P Warren.

Riche américain originaire de Boston, E.P Warren s'était récemment installé avec son partenaire John Marshall à Lewes, dans une superbe bâtisse de style Géorgien. Ils étaient tous deux de fervents collectionneurs d'art, en particulier d'art antique, et enrichirent de pièces majeures les collections d'art antique du Boston Fine Arts Museum, du New York Metropolitan Museum et du Leipzig Museum. Parmi les oeuvres antiques qu'ils avaient acquises se trouvaient un buste de Chios, considérée comme une des sculptures grecques antiques les plus harmonieuses que l'on possède, un buste d'Aphrodite, une buste en bronze de l'impératrice romaine Livia, et un torse d'Hermès.

Le tandem Warren/Marshall était à l'origine d'une «confrérie» d'esthètes amoureux des arts, dont le cercle d'amis était rapidement élargi et comprenait les peintres William Rothenstein, John Fothergill et Roger Fry. Fothergill et Rothenstein avaient convaincu Warren de financer la Carfax Gallery de Londres, ou étaient exposées des oeuvres d'artistes contemporains - Walter Sickert, Augustus John, William Orpen, Auguste Rodin.

Rothenstein parla donc du Baiser à Warren qui rendit visite à Rodin à l'automne 1900, et lui commanda une nouvelle version de la statue pour un prix de £ 1000.

Les détails du contrat ont été retrouvés. La statue devrait être exécutée dans le marbre le plus fin possible, et le sexe de l'homme devrait être distinctement représenté (dans d'autres versions il était soit omis soit indistinct), et le tout devrait être livre dans les 18 mois. Pendant que Rodin travaillait sur Le Baiser dans son studio de Montparnasse, Marshall lui rendit plusieurs fois visite, lui commanda d'autres sculptures - dont un buste du politicien et aventurier Henri Rochefort, et une copie du premier chef-d'oeuvre de Rodin, L'Homme au Nez Cassé - ; et le persuada de venir à Lewes en 1903 en signe d'amitié. A cette époque Rodin était le plus célèbre artiste alors en vie.

La version du Baiser commandée par Marshall arriva à Lewes en 1904. Deux autres version similaires en marbre furent exécutées, toujours selon l'original commandé par l'état français. La première, réalisée à la même époque que la commande de Marshall, se trouve au Carlsberg Glypotek de Copenhague, et fut commandée en 1902 par Carol Jacobsen, le fondateur de ce musée. La seconde version se trouve au Rodin Museum de Chicago et fut sculptée par H.Greber en 1929, après la mort de Rodin. En effet Rodin avait de nombreux assistants autour de lui, qui la plupart du temps sculptaient les oeuvres d'après le modèle original créé par Rodin, ce qui faisait du studio Rodin un lieu de production intensive. Durant les 20 dernières années de la vie du sculpteur, 329 exemplaires du Baiser en bronze, en quatre taille différentes, furent mis sur le marché.

Bien que les différentes versions en marbre du Baiser aient été sculptées par des assistants, selon la pratique de l'époque, on soutient que Rodin lui-même acheva la version vendue à E.P Warren.

En 1914 Warren prêta la statue à la mairie de Lewes pour qu'elle soit exposée publiquement. Peu après son installation, les fervents puritains locaux lancèrent une campagne pour que l'on recouvre la statue d'un voile qui la déroberait aux yeux du public. Leur argument était que, en ces temps de guerre, la vue d'une statue à l'érotisme si exacerbé était déconseillée aux jeunes soldats en garnison dans la mairie.

En 1917 on retourna la statue chez Warren, et la elle fut entreposée dans une écurie où elle resta jusqu'à la mort de Warren en 1929. La statue fut alors mise aux enchères, mais ne réussit pas à atteindre son prix de réserve, la cote de Rodin ayant quelque peu chutée. Elle fut donc replacée dans l'écurie.

Quelques années plus tard, la statue fut offerte par H. Asa Thomas, l'exécuteur testamentaire de Warren, à n'importe quel musée qui paierait le coût du transport et l'assurance. L'offre fut acceptée par la Cheltenham Art Gallery en 1933, et la statue y resta pendant six ans, avant être prêtée à la Tate Gallery de Londres peu avant la seconde guerre mondiale.

En 1952 John Rothenstein, directeur de la Tate Gallery et fils de William, qui était à l'origine du marché entre Rodin et Warren, lança un appel public pour l'acquisition de la statue pour la nation. Même à cette époque, la statue était encore considérée par certains comme choquante, subversive.

A présent Le Baiser est retourné à Lewes, son premier lieu de résidence, et ce pour une durée de cinq mois, entourée de 13 autres oeuvres de Rodin sur le thème des personnages entrelacés. Lewes ne rejette plus la statue et au contraire se flatte de l'accueillir. La salle d'honneur de la mairie (Town Hall), de style Victorien, a été spécialement rénovée pour servir de lieu d'exposition.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry