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Crise de la société et mouvements sociaux: étude des mouvements estudiantins à l'Université de Lomé

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par Komi Mawunam VIAGBO
Université de Lomé - Maîtrise en sociologie politique 2007
  

Disponible en mode multipage

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DEDICACE

A feu VIAGBO Koffi Kouman Milédji,

Mon cher papa, qui aurait tant souhaité assister à cette soutenance,

fruit de ses nombreux sacrifices,

Je dédie ce travail.

REMERCIEMENTS

Les apports de toutes sortes (conseils, critiques objectives, informations, soutiens moral, matériel et technique) ont été déterminants dans la réalisation de cette recherche. Je m'en voudrais donc de ne pas témoigner ma gratitude à toutes ces personnes qui m'ont soutenu.

Elles sont nombreuses et ce serait un risque que de vouloir les citer toutes sans en omettre certains. Néanmoins, je me permets d'en mentionner quelques unes.

D'entrée, je voudrais remercier Monsieur DANIOUE Tamasse Roger, maître-assistant de sociologie politique, qui, malgré ses diverses occupations, a dirigé ce mémoire avec attention et rigueur.

Ensuite, l'expression de ma reconnaissance s'adresse aux membres du jury pour avoir accepté d'évaluer ce travail.

A Mme KPAKPO Pépévi et M. AGBOVI Vincent, tous deux enseignants au département de sociologie, qui m'ont donné des conseils utiles, je dis merci.

Je ne saurai passer sous silence tout le sacrifice consenti par mon grand frère VIAGBO Yaovi Frédéric, pour financer mes études universitaires.

Je remercie également Mlle ADJAKPLE Marie, Mme DALMEIDA Véronique, épouse VIAGBO, M. et Mme VIAGBO Max, M. VIAGBO Yao Pascal, VIAGBO Aféfa Florence, VIAGBO Dénise, VIAGBO Rufin, Mana, Sényo, Aményo, Akpédjé, Kossito pour leur soutien.

Je remercie par ailleurs KOUDAYA Roland, HOUSSOU Georges, DJADOU Samuel, DJODJI Marcel, KOLA Augustin, ZIKPI Cael, Essé AMAIZO pour les appuis de toutes sortes.

Mes sincères remerciements vont également à ATCHIKITI Jean et TEKO Eric pour leurs encouragements.

Je remercie enfin Mlle ATRAMAH Isabelle pour ses conseils et assistances de toutes sortes.

Je termine cette marque de reconnaissance en réaffirmant à vous tous que votre apport, quel qu'il soit, fut pour moi un réel réconfort moral. Soyez rassurés, l'oeuvre qui est là est aussi la vôtre.

SOMMAIRE

DEDICACE 2

REMERCIEMENTS 3

LISTE DES ACRONYMES 5

INTRODUCTION 7

PREMIERE PARTIE : CADRES THEORIQUE, PHYSIQUE, CONCEPTUEL
ET METHODOLOGIQUE
10

CHAPITRE 1er : CADRES THEORIQUE ET CONCEPTUEL DE L'ETUDE 11

CHAPITRE 2ème : METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE 31

CHAPITRE 3ème : CHAMP D'ETUDE 38

DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES - INTERPRETATION DES RESULTATS 56

CHAPITRE 4ème : PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES 57

CHAPITRE 5ème : INTERPRETATION DES RESULTATS 87

CONCLUSION - RECOMMANDATIONS 93

BIBLIOGRAPHIE 96

ANNEXES 102

LISTE DES ACRONYMES

AETB : Association des Etudiants Togolais de l'Université du Bénin.

AMENTO : Amicale des Etudiants du Nord Togo.

ATLP : Association Togolaise pour la Liberté de la Presse.

ATLT : Association Togolaise de Lutte contre la Torture.

BU : Bibliothèque Universitaire.

CAFMICRO : Centre Inter Africain de Formation à la Maintenance Micro informatique.

CES : Centre d'Enseignement Supérieur.

CEUB : Conseil des Etudiants de l'Université du Bénin.

CEUL : Conseil des Etudiants de l'Université de Lomé.

CIC : Centre d'Informatique et de Calcul.

CNTT : Confédération Nationale des Travailleurs du Togo.

COUL : Centre des OEuvres Universitaires de Lomé.

CUT : Comité de l'Unité Togolaise.

DA : Direction des Archives.

DAAS : Direction des Affaires Académiques et de la Scolarité.

DGDU : Direction de la Gestion du Domaine Universitaire.

DIRECOOP : Direction de l'Information, des Relations Extérieures et de la Coopération.

DPP : Direction de la Planification et de la Prospective.

DPSRMT : Direction des Prestations de Services et des Relations avec le Monde du Travail.

DR : Direction de la Recherche.

DRH : Direction des Ressources Humaines.

DTG : Deutsche Togo Gesellschaft.

EAM : Ecole des Auxiliaires Médicaux.

ENSI : Ecole Nationale Supérieure d'Ingénieurs.

ESA : Ecole Supérieure d'Agronomie.

ESSD : Ecole Supérieure de Secrétariat de Direction.

ESTBA : Ecole Supérieure des Techniques Biologiques et Alimentaires.

FAR : Front des Associations pour le Renouveau.

FASEG : Faculté des Sciences Economiques et de Gestion.

FAT : Forces Armées Togolaises.

FDD : Faculté De Droit.

FDS : Faculté Des Sciences.

FESTO : Fédération des Etudiants et Scolaires du Togo.

FLESH : Faculté des Lettres Et Sciences Humaines.

FMMP : Faculté Mixte de Médecine et de Pharmacie.

FOR : Front de l'Opposition Réuni.

HACAME : Haut Conseil des Associations et Mouvements Estudiantins.

HCR : Haut Conseil de la République.

INSE : Institut National des Sciences de l'Education.

IUT de Gestion : Institut Universitaire de Technologie de Gestion.

JORT : Journal Officiel de la République Togolaise.

JRPT : Jeunesse du Rassemblement du Peuple Togolais.

LTDH : Ligue Togolaise des Droits de l'Homme.

MEET : Mouvement pour l'Epanouissement de l'Etudiant Togolais.

MONESTO : Mouvement National des Etudiants et Stagiaires du Togo.

ONU : Organisation des Nations Unies.

PTP : Parti Togolais du Progrès.

PUT : Parti de l'Unité Togolaise.

RPT : Rassemblement du Peuple Togolais.

SNETSS : Syndicat National de l'Enseignement Technique, Secondaire et Supérieur.

SPSS : Statistical Package for Social Sciences.

UB : Université du Bénin.

UL : Université de Lomé.

UNET : Union Nationale des Etudiants du Togo.

UNTT : Union Nationale des Travailleurs du Togo.

INTRODUCTION

Toute la recette d'une révolution chez les jeunes est énoncée en ces termes par Alfred SAUVY (1970 : 99) : « les rassembler dans les locaux communs aussi nombreux et entassés que possible, leur assurer des conditions de vie insuffisante, les orienter culturellement vers l'abstrait, de façon qu'ils ne puissent accéder facilement à la vie active et en aient lourdement l'impression, négliger ou bannir les efforts physiques et le travail manuel, leur donner une conscience suffisante de leur état sans pour autant leur faire connaître les rouages de la société, (...), attendre un mouvement d'impatience et envoyer la police pour le calmer ». Cette recette est observée sur toute l'Afrique des années d'avant 1990, au point où les jeunes n'ont pas hésité à provoquer à partir de 1990, la révolution dans les différents pays du continent.

Au Bénin, les étudiants et les syndicats de la fonction publique notamment les enseignants, se sont affirmés comme fer de lance de l'opposition avec le Parti communiste du Dahomey. Au Sénégal, les jeunes urbains ont circonscrit un espace aisément repérable de la contestation du régime d'Abdou DIOUF. Au Mali, les multiples manifestations et les violences qui s'en suivent sont menées par des jeunes chômeurs diplômés, des étudiants, mais aussi par toute une couche de la jeunesse urbaine, qui, en rupture avec l'ordre familial traditionnel, est entrée dans le commerce informel et la débrouillardise pour survivre. En côte d'Ivoire, si les étudiants et les enseignants ont été les principaux groupes faisant nombre lors des manifestations au début des années 1990, ce sont les syndicats de transporteurs (notamment les chauffeurs de taxis et de poids lourds) qui ont lancé la contestation collective du régime de feu Président Félix Houphouët-Boigny.

Les mouvements violents d'insurrection de 1991 à Lomé qui ont accéléré le changement politique en poussant le régime togolais à accepter la réunion d'une conférence nationale, « peuvent être compris comme une révolte des citadins contre un pouvoir considéré comme étranger » (Gervais-Lambony, 1994).

Que retenir de ces différentes agitations sociales qui secouent l'Afrique des années 1990 ? Qu'est ce qui peut à nouveau justifier leur persistance malgré les mesures prises par les différents gouvernements pour les éviter ?

La réponse à ces deux interrogations majeures constitue la préoccupation principale de ce mémoire qui s'appuie sur un cas pratique : les mouvements estudiantins de l'Université de Lomé.

Interrogé en 1991 sur ce qui l'a conduit à l'étude des mouvements sociaux, Alain TOURAINE répondait : « ... J'ai passé beaucoup de temps dans une usine et puis j'ai réfléchi à partir de ce que je voyais et cela m'a amené à l'idée générale de mouvement social. » (Entretien avec Stefan JAFFRIN, 1991).

Qu'est ce qui peut alors justifier l'étude des mouvements étudiants de l'université de Lomé comme sujet de mémoire de maîtrise ?

Il faut rappeler que les vraies contestations ouvertes au Togo ont commencé en 1990 et le commun des mortels, non habitué à ce fait, ne peut se passer de se poser des questions sur ces agitations sociales. Ces interrogations deviennent beaucoup plus préoccupantes du moment où l'on étudie des théories en sociologie.

Comme l'a si bien relevé Alain TOURAINE, pour un étudiant en sociologie à l'Université de Lomé qui a passé beaucoup de temps dans un campus toujours « agité », la réflexion s'impose et, l'étude s'en suit.

Une autre raison qui peut justifier le choix de ce sujet, c'est son actualité et son universalité. En effet, que ce soit aux USA, en Europe, en Asie ou encore en Afrique, la répression se révèle être le moyen le plus utilisé pour tenir en échec les mouvements sociaux qui occupent quotidiennement la une des médias. Les exemples de mouvements abondent : alter mondialistes, écologistes, corporatifs, étudiants...

Il importe dès lors d'étudier l'efficacité des différentes formes de répression.

Pour réussir cette étude, le plan suivant a été adopté :

- une première partie avec trois chapitres est consacrée aux cadres théorique, physique, conceptuel et méthodologique de la recherche;

- une deuxième et dernière partie présente, analyse et interprète les données.

PREMIERE PARTIE :

CADRES THEORIQUE, PHYSIQUE, CONCEPTUEL ET METHODOLOGIQUE

CHAPITRE 1er : CADRES THEORIQUE ET CONCEPTUEL DE L'ETUDE

Cadre théorique

I.1 Analyse de la situation et problématique

En août 1963, 200000 Américains entamaient une marche pacifique en faveur des droits civiques des Noirs. En octobre 1988, les infirmiers enclenchaient un mouvement ponctué de manifestations organisées aux quatre coins de la France. Les manifestations prennent fin au cours de l'année 1993 avec la constitution d'un comité d'infirmiers. A en croire le compte rendu de Evelyne OUDART de la communication de François BONNIER au stage MAFPEN de Lyon en 1997, sur « les conflits sociaux », ces deux mouvements d'ampleur et de durée inégales et porteurs de revendications spécifiques suscitent la même interrogation chez le sociologue à savoir : « selon quelle logique des individus en viennent-ils à se réunir, puis à s'unir pour la défense d'un projet revendicatif commun ? » (Voir bibliographie : source électronique, n° 58)

Cette question fondamentale nous renvoie aux travaux de McAdam, J. McCATHY et M.N. ZALD (1996) sur les conditions de l'émergence et du développement des mouvements sociaux. Il en ressort que trois grands facteurs permettent de rendre compte de l'émergence et du développement de ces mouvements : les structures de mobilisation, les opportunités politiques et les processus de cadrage.

D'autres théoriciens ont précédé McAdam, McCathy et ZALD dans l'explication des mouvements sociaux. Au milieu des années 1960, les théories de l'individu rationnel et de la mobilisation des ressources soutiennent que la participation à des mouvements sociaux répond à des motivations rationnelles tournées vers la réalisation d'un intérêt personnel. L'accent est mis ici sur l'organisation des mouvements plutôt que sur la participation individuelle.

A partir des années 1970, les théories des nouveaux mouvements sociaux insistent sur les transformations structurelles des sociétés capitalistes et le développement de nouveaux clivages sociaux. Ce fut le cas avec Alain TOURAINE (1966).

Alors que la théorie de la mobilisation des ressources, notamment le modèle de rationalité partagée postule que tous les agents ont la même perception de leur situation, une évaluation similaire des coûts et des avantages de l'action, les théoriciens des nouveaux mouvements sociaux se focalisent sur les origines structurelles des tensions en laissant de côté la question des modes de perception de ces tensions par les agents.

Dans l'optique des recherches plus récentes, l'individu en vient à agir collectivement en fonction de perceptions différenciées de la réalité sociale et sous la contrainte de positions structurelles qui conduisent à des expériences spécifiques.

Cela conduit à des notions comme l'activisme individuel et la rationalité de l'acteur. Ainsi par exemple, une situation objective de dépossession comme le chômage ne suffit pas à mobiliser ceux qui le vivent, il faudrait en effet, que ceux-ci perçoivent la perte de travail en termes politiques et non plus comme une fatalité économique (la crise) et le résultat d'une inadaptation personnelle.

Les règles sociales deviennent ainsi enjeux de conflits. Deux catégories d'analyses y sont appliquées : celles qui font des conditions de domination, les fondements de tout conflit et celles qui mettent en avant les relations de pouvoir et d'influence sur les règles sociales.

Dans les formes de participation politique, les mouvements sociaux font partie de ce que l'on appelle les formes protestataires ou non conventionnelles de la participation politique. Ces mouvements mobilisent généralement des groupes de citoyens plus ou moins nombreux au nom de la défense d'intérêts communs. Ces actions directes qui mettent face à face citoyens et détenteurs du pouvoir sans passer par la médiation des élites ou les canaux habituels de la démocratie représentative sont des actions autonomes et expressives qui échappent à la contrainte d'un cadre juridique et institutionnel.

Pour Alain TOURAINE (1993), le mouvement social est constitué de trois éléments : «la défense de l'identité et des intérêts propres, la lutte contre un adversaire, et la vision commune que partagent le mouvement et son adversaire. En termes néo-hégéliens, on pourrait donc dire qu'un mouvement social est caractérisé par son identité, son opposition, et sa totalité. Un mouvement social par conséquent, c'est une action collective voulue et organisée à travers laquelle un acteur de classe conscient de son identité et de ses intérêts propres lutte avec un adversaire identifié et ciblé pour la direction sociale de l'historicité, dans une situation historique bien concrète. » (Jean-Guy VAILLANCOURT, 1991)

De nos jours, les mouvements sociaux dominent les grands titres de l'actualité internationale. Que ce soit aux U.S.A., en Europe, en Asie ou en Afrique, la voie royale pour réagir contre les violations des droits, les situations d'abus, les conditions difficiles de vie est la manifestation protestataire qui peut revêtir plusieurs caractères. Ces mouvements expriment non seulement la possibilité mais aussi la nécessité d'un changement de l'ordre existant. C'est pourquoi malgré les répressions dans plusieurs cas, ces manifestations ont toujours cours sur tous les continents et dans presque tous les pays.

Elles ont été spécifiquement déterminantes dans le processus de décolonisation des peuples africains et plus encore aujourd'hui, dans leur processus de démocratisation. En effet, face à des irrégularités politiques et sociales, face à la violation des libertés individuelles et collectives, face à l'absence ou mieux l'inefficacité des structures légales de recours, les manifestations protestataires constituent une voie efficace pour ouvrir un conflit avec le violateur, et parvenir progressivement à un compromis.

Mais au même moment que la question des mouvements sociaux se pose, celle de leur maîtrise interpelle les décideurs.

Au Togo, il y a eu des mouvements de résistance à l'occupation et à la domination étrangères. Ces mouvements, bien que réprimés, ont survécu et ont été finalement décisifs dans l'avènement de l'indépendance du pays le 27 avril 1960. Trois ans après l'indépendance, le 13 janvier 1963, le pays connut un coup d'état qui finit par mettre, quatre ans plus tard, en janvier 1967, un régime militaire aux commandes de l'Etat. Un parti-Etat vit le jour le 30 août 1969 à travers cet appel de son fondateur à Kpalimé : «  Le salut du Togo est dans l'union de tous ses fils au sein d'un seul et véritable creuset national où viendront se fondre les forces vives de ce pays à quelque parti qu'elles aient appartenu » (http : // asdvt.free.fr/togohist.htm)

Dès lors que tous les fils de la Nation viennent s'unir au sein « d'un seul et véritable creuset national », l'on assiste à l'anéantissement de toute manifestation contestataire ouverte contre le pouvoir. En dehors de la contestation occulte, les seules manifestations ouvertes étaient des soutiens au pouvoir.

C'est en réalité dans ce contexte que fut créée, par décret numéro 70-156/PR du 14 septembre 1970, l'Université du Bénin, aujourd'hui Université de Lomé. Aussi, le Mouvement National des Etudiants et Stagiaires du Togo (MONESTO), était-il censé être le creuset des étudiants togolais. Mais à côté, on notait la présence de l'Amicale des Etudiants du Nord Togo (AMENTO), l'Association des Etudiants Togolais de l'Université du Bénin (AETB) puis des regroupements d'élèves et étudiants par préfecture.

Tous ces mouvements et regroupements estudiantins s'étaient assignés comme objectifs la promotion du bien-être des étudiants, la défense de leurs intérêts...

Mais ils travaillaient en réalité à la promotion des idéaux du véritable creuset des étudiants : le MONESTO.

Face à ce tableau, toute contestation ouverte contre le pouvoir public s'avère impossible. Cependant, les conditions de vie et de travail des étudiants togolais de l'Université de Lomé ne cessent de se détériorer.

En effet, créée en 1970, la plupart des structures originelles de l'Université de Lomé sont gardées malgré une démographie sans cesse galopante. Avec la réforme de l'éducation en 1975, on assiste à une multiplication des écoles primaires et secondaires. Cette mesure entraîne du coup l'augmentation de l'effectif des bacheliers les années suivantes. Alors que l'effectif des étudiants était de 845 en 1970, il est de 15249 en 2004-2005

Cette croissance démographique à l'Université de Lomé n'a cependant pas entraîné un important renouvellement des structures. Les ouvrages de la grande bibliothèque universitaire ne se renouvellent pas. Le transport universitaire est inefficace et entraîne des retards au cours. La plupart des étudiants viennent de l'intérieur du pays, mais peu sont logés par l'université. Sur les 15249 étudiants inscrits en 2004-2005, l'université ne peut loger que 1131 avec ses six cités sises sur le campus. La restauration universitaire ne comble pas les attentes des étudiants. Les allocations de bourses et d'aides accusent des retards de payement.

Ces conditions de vie ont été un motif valable pour les étudiants togolais pour prendre dans les années 1990, le devant de toute la population, dans l'exigence de plus de liberté et de droit à la suite du sommet franco-africain de la Baule (juin 1990) au cours duquel, le président français d'alors, François MITTERAND exigeait plus de liberté pour les peuples africains. Il est fondamental de remarquer que les étudiants togolais réclamaient non seulement l'amélioration des conditions de vie et de travail mais aussi la liberté d'association, la démocratisation... Ce fut le cas des différents mouvements étudiants de 1991 et notamment ceux de mars.

La reconnaissance de la contribution étudiante à la lutte pour plus de liberté au Togo est remarquable par la présence de tous les mouvements estudiantins aux assises de la Conférence Nationale Souveraine en 1991.

Il est donc important de préciser que l'université de Lomé a connu des mouvements purement politiques et des mouvements purement sociaux. Ainsi, les manifestations des années 1990 ont été plus politiques que sociales et celles des années d'après sont plus sociales que politiques. C'est dire alors que les revendications étudiantes pour plus de liberté au Togo ne sont que le début de revendications étudiantes qui, avec le temps et les contextes, vont se doter d'autres objectifs : ceux relatifs à l'amélioration des conditions de vie et de travail des étudiants.

Aussi, l'université de Lomé demeure-t-elle le théâtre de multiples manifestations. Nous pouvons citer les mouvements étudiants des années universitaires 1998-1999, 1999-2000, 2000-2001, et, le plus récent, celui d'avril 2004. Cependant, force est de constater que, au fur et à mesure que s'organisent ces mouvements de lutte (marches, sit-in, grèves ...) pour de meilleures conditions de vie, se met en place, au niveau de l'appareil étatique, une machine répressive de plus en plus améliorée pour paralyser ces mouvements. La répression va de l'intervention policière, à la suppression de bourses et aides, la majoration des frais d'inscription et des oeuvres universitaires, l'exclusion des meneurs, etc.

Par exemple, les mouvements étudiants de l'année universitaires 2000-2001 à travers lesquels les étudiants réclamaient les arriérés de bourses et d'aides, l'amélioration des moyens de transport universitaire sont soldés par une détérioration des conditions de vie existantes. Les bourses sont systématiquement suspendues, les frais d'inscription sont passés de 4500 F à 50000 F ; la restauration universitaire est passée de 90 F à 500 F et le transport de 10 F à 150 F.

Un autre moyen d'anéantissement des mouvements étudiants est leur instrumentalisation par les autorités administratives et le gouvernement. C'est ainsi qu'il est fréquent d'écouter après un mouvement étudiant que « les étudiants sont manipulés par l'opposition ».

Au regard des mesures qui précèdent, notamment la multiplication des frais d'inscription et des oeuvres universitaires, l'instrumentalisation des mouvements, tout porte à croire que, les étudiants togolais ne seraient plus tentés par l'action protestataire. Tel n'a pas été le cas lorsqu'on considère les différents mouvements qui se sont développés les années suivantes et ont pris une ampleur inattendue en avril 2004.

Ainsi, on est amené à se demander si la répression permet aux commanditaires d'obtenir les résultats escomptés. Autrement dit, la répression permet-elle de maîtriser les manifestations ? Quel effet produit-elle sur les manifestants ? Enlève-t-elle la velléité contestataire chez les populations ou la renforce-t-elle au contraire ? Les mouvements émanent-ils d'une crise générale de la société ?

Si pour le cas des manifestations étudiantes de l'Université de Lomé, malgré les mesures répressives, ces mouvements ont toujours cours, doit-on en déduire une inefficacité de la répression comme méthode de gestion des mouvements ? Comment expliquer la persistance de ces mouvements malgré les conséquences qu'ils subissent ? Doit-on penser à un « effet pervers » dans l'action répressive des manifestations étudiantes par les autorités ?

Ces différentes questions sont issues de la question fondamentale de cette recherche à savoir : « Selon quelle logique les étudiants de l'Université de Lomé organisent-ils des mouvements contestataires malgré les mesures répressives qui accompagnent leurs mouvements ? »

De cette question, les hypothèses suivantes sont formulées.

I.2 Hypothèses de la recherche

1- La persistance des mouvements s'explique par leur politisation dans bien de cas ;

2- La détérioration des conditions de vie des étudiants explique la recrudescence des mouvements sociaux à l'UL ;

3- les mouvements étant l'expression d'une crise générale de la société, toute action répressive ne fait que les renforcer ;

4- La répression prépare les manifestants à envisager des situations plus complexes que celles réprimées ;

5- La fréquence de la répression habitue les manifestants qui intègrent à la manifestation les mesures répressives. En d'autres termes, une manifestation étudiante non réprimée est conçue comme un échec de la manifestation. C'est la répression qui donne l'ampleur à la manifestation.

I.3 Les objectifs de la recherche

I.3.1 Objectif général

L'objectif général de cette recherche est d'étudier les contextes de l'émergence des mouvements sociaux au Togo, particulièrement ceux à l'Université de Lomé.

Cet objectif peut être atteint grâce à des objectifs spécifiques suivants :

I.3.2 Objectifs spécifiques :

Il s'agit de :

- décrire la situation de crise au Togo et en milieu universitaire ;

- déterminer les causes de la persistance des mouvements étudiants malgré les mesures répressives qui les accompagnent ;

- identifier les raisons de l'inefficacité des mesures répressives

- identifier les motivations des étudiants à participer aux mouvements qui persistent.

- évaluer les conditions de vie des étudiants

I.4 Revue de la littérature

La présente étude a été bien appréhendée grâce aux recherches de certains auteurs dont les apports seront synthétisés dans cette partie. Dans un premier temps, les recherches sur la crise de l'éducation seront considérées. Dans un deuxième temps, les théories sur les mouvements sociaux seront ressorties. Suivront enfin les recherches sur les mouvements sociaux africains et la protestation occulte.

I.4.1 Les recherches sur la crise de l'éducation

TEDGA (1988 :44) fait remarquer que « la crise de l'enseignement supérieur en Afrique est (...) la conséquence directe de la dégradation des économies locales ». Il relève par ailleurs que « très souvent, les grèves ont lieu sur certains campus à cause d'une absence de dialogue entre les autorités universitaires ou politiques et étudiants » (TEDGA, 1988 : 64).

Pour ce qui est des motifs des grèves, l'auteur souligne que généralement en Afrique, les étudiants ne font pas grève parce que les cours dispensés ne les préparent pas à la vie, parce que le professeur ne respecte pas son programme d'enseignement ou encore parce qu'il y a problème de places dans les bibliothèques, les salles de travaux dirigés ou de travaux pratiques ou dans les amphithéâtres. Ils ne font pas grève non plus pour les fuites d'épreuves dans les facultés dévalorisant ainsi le niveau des diplômes sur le marché du travail. Les étudiants africains font grève souvent pour casser le rythme des professeurs qui tiennent à finir leurs programmes d'enseignement, parce qu'ils trouvent les examens trop difficiles, parce que la nourriture du « resto » ne leur plaisait pas assez... Ils font grève encore pour obtenir une bourse ou à cause des retards de paiement de la bourse.

Ce qui rend intéressant les analyses de TEDGA, c'est que la plupart de ses conclusions sont d'une actualité étonnante. Bien que datant des années 1980, les observations sont les mêmes notamment à l'Université de Lomé en 2005.

Par rapport aux mouvements étudiants de l' UL, l'on peut y voir la dégradation de l'économie nationale togolaise mais aussi l'absence d'un dialogue franc entre autorités universitaires et étudiants.

Si aujourd'hui, les problèmes de places dans les amphithéâtres commencent par figurer dans les revendications estudiantines, il n'existe presque pas de mouvements pour protester contre les fuites d'épreuves ou encore parce que les formations ne préparaient pas à la vie active. A cet égard, sur les mouvements étudiants répertoriés depuis 1990, seule la grève des étudiants de la filière psychologie appliquée de l'Institut National des Sciences de l'Education (INSE) en février 2005 a un fondement purement pédagogique à savoir la réclamation d'enseignants en vue d'une formation complète, l'ouverture de la cinquième année...

Dans la recherche des explications à la crise scolaire au Sénégal, DIALLO-COTRUNG (1992) souligne que la crise scolaire ne serait pas seulement l'expression du désarroi de la jeunesse, mais témoignerait d'une crise sociale et politique profonde : les jeunes dont le poids démographique s'enfle démesurément, se trouveraient en mesure de créer un rapport de forces et ne seraient plus réellement contrôlés par aucune autorité, ni celle de type ancien (parents, marabouts...), ni celle de type nouveau (professeurs, administration scolaire, Etat, partis politiques...).

I.4.2 Les recherches théoriques sur les mouvements sociaux

La sociologie des conflits est redevable à Karl MARX et ENGELS. Une synthèse de leur oeuvre faite par Guy ROCHER (1968 : 105) révèle que les luttes de classes et les révolutions résultent de l'opposition nécessaire entre propriétaire des moyens de production et les masses laborieuses.

Cependant, depuis MARX et ENGELS, la définition des classes sociales, le rôle des conflits, des luttes de classes et des révolutions ont fait l'objet de beaucoup d'analyses et de discussions. De plus, il serait difficile de situer la société africaine, objet de la présente étude, dans la société industrielle étudiée par MARX.

MARX a eu le mérite de mettre en lumière la permanence des conflits dans toute société. Et à DAHRENDORF (1959) de remarquer que « le conflit accompagne toujours la vie ; tout ce qui vit connaît sans arrêt des états de conflit. La société, réalité animée par des êtres vivants n'échappe pas à cette règle : le conflit est inhérent à sa nature et à son fonctionnement. Marx demeure le principal sociologue à avoir pris toute la mesure de cette réalité » (Guy ROCHER, 1968 :106).

MARX a aussi compris que les conflits sociaux étant nécessairement des conflits d'intérêt opposent nécessairement deux groupes et deux seulement. Cette remarque est valable pour les mouvements étudiants de l'UL. Les deux groupes en conflit sont les étudiants et les autorités de l'enseignement supérieur.

Loin de s'arrêter sur ces deux aspects, MARX a parfaitement compris que le conflit est le principal moteur de l'histoire d'autant qu'il amène forcément des changements, à plus ou moins brève échéance. C'est dans et par l'opposition entre des groupes d'intérêts divergents que les structures sociales se transforment.

L'oeuvre de MARX est incontestablement un repère dans l'étude des conflits sociaux, mais MARX s'est autorisé quelques abus que DAHRENDORF (1959) a eu le mérite de corriger.

En premier lieu, MARX a ramené tous les conflits sociaux, du moins les conflits sociaux historiquement importants, à des conflits de classes. Or, la lutte de classes n'est qu'un des conflits d'intérêt qui divisent la société. Tous les autres conflits qui agitent la société ne se ramènent pas nécessairement à la lutte des classes comme l'a supposé MARX. L'état de la société capitaliste du XIXe siècle pouvait paraître lui donner raison. Il n'est plus possible aujourd'hui de perpétrer la même erreur.

La sociologie des conflits ayant fait des progrès depuis MARX, considérons d'autres auteurs dont les apports constituent des avancées importantes dans l'étude des mouvements sociaux.

Contrairement à MARX, DARENDORF (1959) a démontré que la lutte des classes peut connaître d'autres issues que la révolution. Ce qu'on observe bien plus couramment, c'est une classe dominante qui emprunte les idées nouvelles et opère des transformations, assez pour désamorcer les facteurs potentiels de révolution.

Sous un autre registre, l'auteur montre que si, dans la société capitaliste du XIXe siècle la propriété et le contrôle des moyens de production paraissent indissolublement liés, l'évolution ultérieure du capitalisme a cependant montré qu'ils pouvaient se dissocier. Plutôt que la propriété des moyens de production, c'est le contrôle de ces moyens qui est le facteur essentiel et dominant du conflit de classes.

Cette constatation impose de trouver aux conflits sociaux une autre origine que la seule propriété des moyens de production. L'auteur la situe dans la structure de l'organisation sociale, dans son mode de fonctionnement. Et, à ce propos, la principale source structurale des conflits sociaux n'est pas l'inégale distribution de la propriété des moyens de production ; c'est plutôt l'inégale distribution de l'autorité entre les personnes et les groupes. Ceux qui détiennent des postes d'autorité ont en commun certains intérêts que ne peuvent partager ceux qui sont soumis à l'autorité ; inversement, ceux qui sont dans une position de sujétion partagent certains intérêts du fait même de leur situation commune. Les intérêts divergents de ceux qui commandent et de ceux qui obéissent sont des intérêts contraires : le conflit est donc toujours une opposition d'intérêts.

Il faut cependant distinguer entre deux types d'ensemble de personnes en opposition. Par exemple, les personnes occupant différents postes d'autorité dans une même association ne forment pas nécessairement un groupe, au sens sociologique du terme. Elles peuvent avoir en commun certains intérêts liés à leur situation commune, sans qu'il en résulte la formation d'un groupe. DAHRENDORF désigne cet ensemble par « quasi-groupe ». Les quasi-groupes sont en réalité des catégories sociales plutôt que des groupes : par exemple, les consommateurs, les commerçants, les étudiants...

Par contre le groupe d'intérêt est un ensemble de personnes qui possède une certaine organisation, un programme explicite d'action, des buts assez précis : c'est le cas par exemple d'un syndicat, d'un parti politique, d'un mouvement social. C'est le groupe d'intérêt et non le quasi-groupe qui est le véritable agent actif dans les conflits d'intérêts. Le groupe d'intérêt sert en effet à cristalliser les raisons des conflits, à les expliciter et à polariser l'action des personnes et des sous-groupes.

Cette classification permet dans le cadre de ce mémoire d'identifier, au-delà du quasi-groupe des étudiants, le groupe d'intérêt regroupant ceux qui se retrouvent effectivement dans les actions menées par les groupes du genre CEUB, MEET... et sous un autre registre, HACAME, FESTO ...

DAHRENDORF a montré aussi que, pour qu'il y ait conflit, il faut que les intérêts latents (intérêts qui guident la conduite des acteurs sans être cependant pas reconnus par ceux-ci d'une manière consciente) deviennent des intérêts manifestes (puissants facteurs de conflits autour desquels se constituent les groupes d'intérêts actifs : partis politiques, syndicats, mouvements sociaux, capables de préciser des objectifs, d'élaborer une politique d'action, de pratiquer une stratégie).

DAHRENDORF a plus que quiconque contribué à construire une sociologie des conflits sur des fondations théoriques sérieuses. Il a su s'inspirer de l'oeuvre de MARX et s'en détacher sur des points importants. Cependant, sa contribution appelle certaines réserves. On peut reprocher ainsi à l'auteur d'avoir réduit tous les conflits sociaux à des conflits d'autorité.

De MARX à DAHRENDORF, retenons que les conflits et contradictions sont un facteur de changement social. Les conflits naissent directement de l'action sociale ; ils font partie de l'action sociale. Ils sont engendrés par le fonctionnement normal de tout système social. Le conflit est une des voies nécessaires par laquelle passe la société pour s'adapter sans cesse à des situations nouvelles et pour survivre dans le cours de sa propre évolution.

Ces tentatives d'explication des conflits ont tracé des voies pour l'étude des mouvements sociaux. Dans ce sens, les théoriciens de l'Ecole de Francfort comme ADORNO, MARCUSE, HABERMAS...sont incontournables. Cependant, pour des raisons pratiques, l'oeuvre d'Alain TOURAINE sera analysée par la suite.

Alain TOURAINE (1965 et 1966) a le mérite d'avoir étudié en profondeur les mouvements sociaux et de proposer un schéma théorique destiné à l'analyse de leur action en même temps que de leur structure. Selon TOURAINE, pour exister en tant qu'organisation revendicatrice, tout mouvement social doit réunir certains principes d'existence qui se résument en trois :

Ø Le principe d'identité

Un mouvement social doit d'abord se donner une identité en disant qui il représente, au nom de qui il parle, quels intérêts il protège ou défend. Il s'agit ici de la définition du groupe revendicateur, d'une manière qui soit socialement identifiable et significative. Par exemple, un mouvement social peut s'identifier en se disant le porte parole d'un groupe particulier : la classe ouvrière, les femmes, les paysans, les étudiants...

Il peut aussi se dire porte parole des intérêts d'une société globale (exemple de mouvement nationaliste) ou encore il peut s'identifier à un groupe quasi global (exemple d'un mouvement de consommateurs).

Il revient selon TOURAINE, pour comprendre la nature et l'action d'un mouvement social de se demander : qui le mouvement dit-il ou veut-il représenter ? Au nom de quels groupes parle-t-il ou prétend-il parler ? De quels intérêts est-il le défenseur ou le promoteur ?

Ces questions de TOURAINE sont utiles dans l'étude des mouvements étudiants de l'UL car ils peuvent permettre de cerner tous les contours du sujet.

Ø Le principe d'opposition

Un mouvement social existe parce que certaines idées ne sont pas reconnues ou parce que des intérêts particuliers sont brimés. Il lutte donc toujours contre une résistance, un blocage ou une force d'inertie. Il cherche à briser une apathie, une opposition ou une indifférence. Il a nécessairement des adversaires. Le principe d'opposition est le deuxième principe d'existence des mouvements sociaux d'après l'auteur de « Sociologie de l'action ». Sans opposition, un mouvement social n'existe plus en tant que mouvement social.

Ø Le principe de totalité

Même quand il représente ou défend les intérêts d'un groupe particulier, un mouvement social dit le faire au nom de valeurs et réalités universelles qui sont reconnues ou devraient l'être par tous les hommes et par la collectivité toute entière. Ainsi les raisons qu'invoquent un mouvement social pour motiver son action peuvent être : l'intérêt national, le bien commun, la liberté humaine, le bien-être collectif, les droits de l'homme, la santé de tous... C'est ce que TOURAINE appelle le principe de totalité. Un mouvement social ne peut revendiquer sans que ce soit au nom de quelque vérité de base, reconnue par tous les membres de la collectivité. Ce principe est important pour expliquer la nature et l'orientation d'un mouvement social.

TOURAINE a en outre élaboré une méthode d'analyse de l'action historique qu'il appelle l'analyse actionnaliste. Celle-ci a pour but d'expliquer comment se créent les valeurs, par quelle logique et par quel cheminement elles apparaissent, s'expriment et entraînent l'action des collectivités. Ce qui est intéressant car cela rejoint la préoccupation de réfléchir sur les logiques d'apparition des mouvements étudiants de l'Université de Lomé.

TOURAINE trouve dans la multiplication des mouvements sociaux une caractéristique des sociétés modernes. La multiplication des mouvements sociaux est corrélative aussi à la multiplication des élites selon l'auteur. Les mouvements servent à expliquer certaines réalités sociales, que ce soit pour les défendre, les critiquer ou pour proposer de les changer. Ils constituent un puissant médium de participation. Ils servent à développer et à entretenir une conscience collective éclairée et combative dans une société ou dans un secteur particulier de la société.

Pour tout dire, TOURAINE a beaucoup exploré le champ d'étude des mouvements sociaux qui se sont imposés comme une forme de participation à la vie publique.

Ce qu'on peut cependant reprocher à TOURAINE, c'est de trouver dans ce qu'il appelle « nouveaux mouvements sociaux » (antinucléaires, écologistes, féministes, etc....), les mouvements dont la conflictualité ne porterait plus sur l'exploitation, mais concernerait les orientations culturelles de la société.

C'est en cela que Pierre COURS-SALIES (2003), propose une approche historico analytique des mobilisations collectives qui combine une réévaluation critique de la sociologie tourainienne et une relecture du mouvement ouvrier dans ses premiers pas, largement mythifiés. Les prises de position de TOURAINE lors des grèves de l'automne 1995, n'y voyant qu'une coalition d'intérêts corporatistes faisant l'impasse sur la « nécessaire modernisation » de la société française, sont intelligibles dans la continuité de sa théorisation sociologique des mouvements sociaux.

La définition restrictive du mouvement ouvrier par TOURAINE fait problème. COURS-SALIES, dans son analyse du syndicalisme « cégéliste » d'avant 1914 rappelle que le fondement du mouvement ouvrier n'est pas étroitement socio-économique mais indissociable d'un projet d'émancipation susceptible d'unifier tous les « prolétaires », qu'ils soient travailleurs manuels, intellectuels, industriels ou agricoles.

I.4.3 Les études sur les mouvements sociaux africains

Des différentes études consacrées aux mouvements sociaux africains, deux sont retenues.

En premier lieu, Achille MBEMBE (1985), après s'être intéressé aux contextes d'émergence des mouvements étudiants africains, s'est aussi préoccupé des formes de répression utilisées.

Pour ce qui est des contextes d'émergence, il a retenu : les conditions d'internat, la qualité de la nourriture, l'insuffisance des bourses, les conditions d'étude, la solidarité avec un ou plusieurs camarades victimes de ce qui peut paraître comme une injustice. Ces revendications sont portées soit par des associations et dans le cas contraire, un organe dirigeant tente de prendre la direction du mouvement. Ces revendications nées autour de questions scolaires, peuvent rapidement s'étendre à d'autres domaines de la vie sociale.

Pour ce qui est des formes de répression utilisées contre les étudiants, il retient la dissolution des organisations, l'arrestation des dirigeants et leaders, les exclusions de l'université, les descentes de l'armée sur le campus, les suppressions de bourses...

Cette étude, bien que datant des années 1980 est d'une actualité étonnante dans la plupart des pays africains et au Togo en particulier. Ce que l'auteur n'a pas abordé et qui constituera l'apport de ce sujet de mémoire, c'est d'expliquer la persistance de ces mouvements malgré les formes de répression qu'ils subissent.

En deuxième lieu, LAFARGUE (1996) a, dans une recherche, mis en évidence pour tenter de mieux la combler, la double lacune d'une sociologie africaniste qui a relativement négligé les conduites collectives protestataires et d'une sociologie de la protestation qui ne s'est pas encore durablement attardée sur les processus de démocratisation. Elle s'est encore moins intéressée au terrain africain selon l'auteur qui a, pour sa part, envisagé les protestations collectives comme un élément d'interprétation de processus qui emprunte autant aux modes de régulations politiques, institutionnels, élitaires, qu'aux modes organisationnels ou informels de prise de parole contre le pouvoir par les gouvernés.

I.4.4 La contestation occulte

Dans les pays où la liberté d'expression n'existe pas, la contestation occulte reste le meilleur moyen de contestation de la majorité de la population. TOULABOR (1986) l'a si bien démontré dans le cas du Togo des années 1970 et 1980. En effet, cette contestation peut, selon l'auteur, prendre la forme des prénoms dits authentiques qui ne sont rien d'autres qu'une protestation à l'encontre du pouvoir. Ces prénoms aboutissent en général à l'évocation du système répressif, à la dénonciation des mensonges du pouvoir, à la dérision politique.

Cette forme de contestation est encore présente à l'Université de Lomé. Elle existe non sous la forme des prénoms authentiques mais à travers des graffiti. Voici quelques exemples collectés sur les bancs de l'Agora FLESH 1 :

« Pourquoi Dieu laisse Gnass vivre si longtemps alors que les hommes qui luttent pour la paix, l'évangile meurent ? »

« Satan a tant aimé le Togo qu'il a envoyé son fils unique Gnass pour que les Togolais souffrent jusqu'au 05/02/05. Amen !!! »

« Car Gnass a tant aimé la souffrance des Togolais qu'il a légué le Togo à son fils adoré FAURE afin que quiconque le votera souffre davantage. »

« Gnassingbe I est parti,Gnassingbe II prend le trône ». Réplique : « Et alors où est le problème. Si tu ne cesses de parler de GNASS et de son fils sur cette table, tu regretteras pour ta vie. Un malheureux comme ça. » 2e réplique : « Imbécile. Toi aussi tu es manipulé. Repent toi vite ».

« Nos ?Z? FAURE. Nous sommes tous jeunes. Ne sois pas comme ton père. Ok ! » Réplique : « tu as raison mon frère. Son père est un voleur qui a rendu riche NATCHABA le salaud celui là qui se croyait le plus intelligent. Oh NATCHABA j'ai pitié de toi. »

« Uniwax, l'élégance de mère en fille. Togo, le pouvoir de père en fils. Tels étant les slogans, votons alors Faure G. Vous n'aurez pas des aides mais des bourses chaque mois + primes. Merci... » Réplique : « Si ton père était vraiment ton père, tu ne vas pas écrire de pareils trucs. Enfant de pute. Tu es un con pour écrire pareil truc. Il me semble que tu n'as pas de père. Les aides seront plutôt multipliées par zéro. »

Après ces différentes recherches déjà effectuées sur les mouvements sociaux, il est utile de clarifier certains termes et concepts fondamentaux.

II Clarification des termes

Ø PROTESTATION, ACTION, MOBILISATION : les définitions ne manquent pas d'autant que sont employés indifféremment les termes de « protestation », « action » ou « mobilisation ». Entendus « au sens de toute action concertée de un ou plusieurs groupes cherchant à faire triompher des fins partagées » (PAGNUCCO R., 1995 : 145-183), tous qualifieraient un processus permettant à un « groupe social de passer d'un état passif (...) à la participation active à la vie publique » (C. TILLY, 1978 : 69). Pourtant, ces termes désignent des phénomènes très variés, qui relèvent à la limite de modes d'analyses différents quels que soient les caractères qu'ils ont en commun, comme les « vastes mouvements de politisation affectant un groupe social ; (...) (les) manifestations de masse isolées au inscrites dans une succession d'agitations et de troubles ; (la) consolidation d'engagements individuels s'agrégeant en un mouvement organisé et institutionnalisé » (LAGROYE, 1991 : 309). L'objectif n'étant pas de rentrer dans une discussion sémantique, les trois termes sont semblables.

Ø LUTTE REVENDICATIVE : « Une lutte revendicative n'est pas en elle-même un mouvement social ; elle peut être défense corporative, utilisation de la conjoncture sur le marché du travail, pression politique même » (TOURAINE, 1992 : 279). De fait, pour que cette lutte évolue vers la formation d'un véritable mouvement social, elle doit s'exprimer en fonction des valeurs de la société qui l'environne. En outre, un mouvement social n'est pas un facteur direct de changement, il ne vise pas à détruire la forme et l'esprit de la société dans laquelle il s'exerce. Il oriente, il induit par l'action collective de ses agents, des modifications internes. ( LAFARGUE : 21)

Ø MOUVEMENT SOCIAL : Des différentes définitions qui existent, celle de Guy ROCHER (1968 : 146-17) est opératoire dans le cadre de cette étude. Le mouvement social est selon l'auteur « une organisation nettement structurée et identifiable, ayant pour but explicite de grouper des membres en vue de la défense ou de la promotion de certains objets précis, généralement à connotation sociale. Ce qui caractérise principalement un mouvement social, c'est qu'il est essentiellement revendicateur : il cherche à faire connaître et à faire triompher des idées, des intérêts, des valeurs, etc. Un mouvement social n'est donc ni un cercle d'étude platonique, ni un ermitage ; il est forcément actif sur la place publique. Il cherche à se gagner des adhérents, à retenir l'attention du public ou d'un certain public et des élites dirigeantes »

Ø MOBILISATION POLITIQUE : on peut retenir avec François CHAZEL que la mobilisation politique désigne « la création de nouveaux engagements et de nouvelles identifications - ou quelquefois la réactivation de loyautés et d'identifications oubliées - ainsi que le rassemblement, sur cette base, d'acteurs ou de groupes d'acteurs dans le cadre d'un mouvement social chargé, au besoin par la confrontation directe et éventuellement violente avec les autorités en place, de promouvoir et parfois de restaurer des fins collectives ». La mobilisation politique suppose ainsi la réunion de trois éléments constitutifs : l'activation des engagements et des identifications, la formation d'un mouvement social, la définition de fins collectives. Autant d'éléments qui peuvent recouvrir les domaines les plus divers de l'action politique : aussi pourra-t-on faire état de « mobilisation citoyenne », de « mobilisation révolutionnaire », de « mobilisation électorale », de « mobilisation partisane » ou de « mobilisation syndicale ».

La mobilisation politique se distingue de la mobilisation sociale qui se rapporte, quant à elle, au changement social. Elle désigne le processus de déliquescence des allégeances traditionnelles et des transformations qui en dérivent : Karl DEUTSCH, notamment suggère qu'en s'émancipant de son groupe communautaire d'appartenance, l'individu tend à s'intégrer à un public mobilisé dont la constitution renouvelle profondément la configuration des sociétés et des systèmes politiques qui en sont affectés. En ce sens, la mobilisation est autant un processus de changement qu'un état qui se mesure à l'aide d'indicateurs (urbanisation, alphabétisation, essor des médias, développement d'un marché, essor des communications etc.) (Guy HERMET, Bertrand BADIE, Pierre BIRN BAUM, Philippe BRAUD, 1994 : 172)

CHAPITRE 2ème : METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE

I- Techniques de collecte de données

L'étude des mouvements étudiants de l'Université de Lomé a été conduite grâce aux techniques suivantes de collectes de données.

I.1 Recherche documentaire

L'enquête documentaire dans le cadre du sujet a nécessité la consultation d'ouvrages dans les domaines de l'éducation et des mouvements sociaux. Elle a consisté en la consultation d'études, articles, rapports et conférences sur le sujet. Ces données ont été consultées sur internet, à la bibliothèque nationale, au Centre Culturel français de Lomé, à la bibliothèque Centrale de l'Université de Lomé, à la bibliothèque de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines, à la bibliothèque de l'Institut National des Sciences de l'Education, à la Commission Nationale des Droits de l'Homme (CNDH), au Centre Régional des Nations Unies pour la Paix et le Désarmement en Afrique (UNREC), au Centre de documentation de la Banque Mondiale (surtout la recherche électronique).

Les données recueillies dans ces différents centres de documentation ont permis l'obtention d'informations très utiles sur le sujet d'étude et la précision de l'orientation à donner à l'étude en tenant compte de ce qui a été déjà fait.

La recherche documentaire a permis l'élaboration de la problématique, l'identification des variables et des indicateurs, puis la formulation des hypothèses et des objectifs. Cet aspect est très important car il a dispensé l'étude d'une pré-enquête.

C'est enfin grâce à l'analyse documentaire qu'une revue de littérature a pu être faite.

S'il est vrai que l'analyse documentaire a fourni beaucoup d'informations sur le sujet, il a été toutefois nécessaire d'utiliser d'autres techniques de collecte de données pour mieux cerner le sujet dans l'orientation spécifique qui lui a été donnée.

I.2 Enquête quantitative

I.2.1 L'univers d'enquête

L'étude a porté sur les étudiants de l'Université de Lomé. L'effectif des inscrits en 2004-2005 est de 15249 étudiants répartis dans la quinzaine d'établissements qui assurent leur formation. Même si cet univers présente une homogénéité apparente, il faut souligner qu'il renferme des étudiants de diverses nationalités (Togolais, Nigériens, Camerounais, béninois, Tchadiens...), de différents établissements et de différents niveaux. Il fut donc important de dégager un groupe cible prioritaire.

I.2.2 Le groupe cible prioritaire

Très peu de mouvements ayant des objectifs purement pédagogiques, la plupart réclame l'amélioration des conditions d'existence (aides, bourses, logement, déplacement, restauration...). Les étudiants togolais étant les seuls à bénéficier de la majorité de ces services, ils constituent ipso facto le groupe cible prioritaire.

En dehors du critère de nationalité, les étudiants en deuxième cycle et plus (3e, 4e année et plus) ont été particulièrement concernés par l'enquête parce qu'ayant eu plus d'expérience des mouvements étudiants.

Tous les établissements de l'Université de Lomé sont concernés. Néanmoins, la Faculté des Lettres et Sciences Humaines, la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion et la Faculté de Droit ont été particulièrement ciblées parce qu'elles sont les plus actives dans les manifestations contestataires à l'Université de Lomé.

I.2.3 L'échantillonnage

Une parfaite connaissance de la population d'enquête a conduit à l'échantillonnage à choix raisonné. Le raisonnement a reposé essentiellement sur le degré d'engagement dans les mouvements sociaux.

En effet, certains établissements sont plus dynamiques que d'autres dans les manifestations contestataires étudiantes. Les établissements les plus dynamiques sont la FLESH, la FASEG, la FDD et dans une moindre mesure, la FDS. Par contre, la FMMP, l'ESA, l'INSE, l'EAM, l'ESTBA, le CIC-CAFMICRO, l'IUT de Gestion, l'ESSD, l'ENSI sont moins dynamiques.

Dans le respect du critère de représentativité de l'étude, des moyens disponibles, de la prévalence du problème traité et du nombre de variables déterminé, trois établissements furent tirés au sort parmi les plus dynamiques et trois établissements témoins furent tirés parmi les moins dynamiques. Au total, 150 étudiants furent interrogés dans les 6 établissements tirés. La répartition suivante qui tient compte de l'importance numérique des établissements et du degré d'engagement des étudiants a été faite.

ETABLISSEMENT

SEXE

TOTAL

Masculin

Féminin

FLESH

49

10

59

FASEG

32

8

40

FDD

11

10

21

FMMP

9

5

14

ENSI

11

0

11

ESSD

3

2

5

Total

115

35

150

I.2.4 Choix et justification des variables

I.2.4.1 Les variables indépendantes

Ø LE SEXE : le sexe est important car la participation diffère selon qu'on est étudiant ou étudiante. Il se révèle en effet que les étudiants sont plus engagés que les étudiantes.

Ø LA FILIERE D'ETUDE : la prise en compte de la filière d'étude comme variable se justifie par le fait que les formations reçues peuvent aussi influencer les comportements. En dehors de la formation reçue, l'effectif des filières peut aussi influencer. Ceci est d'autant vrai que les étudiants de certains établissements sont reconnus comme les « plus agités ».

Ø L'AGE : l'âge des étudiants détermine leurs comportements vis-à-vis des manifestations.

Ø LES CONDITIONS DE VIE : cette variable est importante car la majorité des mouvements repose sur l'amélioration des conditions de vie.

Ø L'APPARTENANCE POLITIQUE : selon que les étudiants sont proches ou non du parti au pouvoir, le degré d'engagement dans les mouvements étudiants diffère.

Ø LE MILIEU D'ORIGINE : Le milieu d'origine de l'étudiant est un facteur susceptible d'influencer ses comportements.

Ø LA RELIGION : les discours fréquemment tenus par les responsables religieux déterminent les comportements de leurs fidèles.

I.2.4.2 La variable dépendante 

Il s'agit de la variable à expliquer. Dans le cadre de cette étude, une seule variable dépendante a été retenue : il s'agit de la persistance des mouvements étudiants malgré les mesures répressives qui les accompagnent.

Trois indicateurs permettent de mesurer cette variable :

I.2.5 Les indicateurs :

- La fréquence des mouvements sur le campus universitaire de Lomé : en effet, de 1990 à ce jour, il n'y a pas eu d'année universitaire sans mouvement étudiant.

- L'existence des structures mobilisatrices : la présence chaque année sur le campus d'une structure capable de mobiliser les étudiants en vue de revendications ponctuelles est révélatrice de la persistance des mouvements étudiants.

- L'intensification des actions à travers le temps : l'ampleur croissante des manifestations étudiantes à travers le temps exprime la survie des mouvements étudiants aux mesures répressives.

I.2.6 Elaboration du questionnaire

Un questionnaire a été élaboré avec la prise en compte des différentes variables. Composé de six sections, il renferme des questions fermées. Un exemplaire du questionnaire est annexé au document.

I.2.6.1 Le test du questionnaire

Dans le souci de vérifier l'efficacité du questionnaire, un test de 24 heures a été effectué. Il a porté sur 10 étudiants de la FLESH et de la FMMP. Grâce à ce test, des questions ont été reformulées, certaines ont été supprimées, et d'autres ont été introduites. Les questions ont été aussi bien ordonnées grâce à ce test.

I.2.6.2 L'administration du questionnaire

Le questionnaire a été administré en deux phases. La première phase s'est déroulée du 21 au 22 novembre 2005. Dans cette première phase, les étudiants de la FDD, de l'ESSD et de la FMMP furent interrogés. La deuxième phase eut lieu du 28 au 29 novembre 2005 et permit d'interroger les étudiants de la FLESH, de la FASEG et de l'ENSI. L'administration a été directe puisque tous les enquêtés sont des étudiants capables de comprendre les questions posées. Les périodes retenues pour l'enquête dans les différents établissements se justifient par le fait qu'ils y ont repris effectivement les cours. L'enquête a eu lieu avec une équipe composée essentiellement de camarades d'amphis et d'amis étudiants. L'administration étant directe, les enquêteurs n'ont pas eu besoin d'une formation spéciale.

I.3 Enquête qualitative

I.3.1 Les entrevues

Des séries d'entretien portant essentiellement sur les objectifs, perceptions, motivations et attitudes en matière de mouvements ont été réalisées. Les leaders de mouvements étudiants constituent la base de sondage. Trente personnes ont été interrogées. Certaines données ont été enregistrées, d'autres ont fait l'objet d'une prise de notes.

I.3.2 L'observation

Elle a été quelques fois participante. L'observation des réactions durant les manifestations, les discours qui y sont tenus ont permis une meilleure approche de ces mouvements.

Méthodes de traitement des données

I.4 Le traitement des données quantitatives

Le questionnaire étant bien structuré et pré codé, il a été traité grâce au logiciel SPSS.

I.5 Le traitement des données qualitatives

Les informations recueillies dans le cadre de l'analyse qualitative n'ont pas été collectées de façon systématique comme ce fut le cas avec l'enquête quantitative. Elles ont fait l'objet d'un regroupement thématique qui a permis de dégager des conclusions.

Les difficultés rencontrées

Cette recherche a été confrontée a des difficultés de deux ordres : théorique et pratique.

I.6 Les difficultés d'ordre théorique

L'une des difficultés majeures de cette recherche est la non disponibilité de théories authentiques sur les mouvements sociaux africains d'où la référence aux théories sur les mouvements occidentaux. LAFARGUE (1996 : 20) le soulignait dans l'introduction à son oeuvre : « L'analyse de la protestation collective en Afrique reste un objet relativement négligé des sciences sociales. Le fait qu'il n'y ait eu que peu d'actions collectives au cours de la période postcoloniale impliquerait que les comportements qui en résultent ne méritent pas une attention soutenue, ce caractère très ponctuel n'étant pas de nature à altérer véritablement les enjeux politiques. Certes, si l'on se livre à une comparaison brute avec les expériences européennes ou américaines, le nombre d'actions collectives protestataires en Afrique ne peut qu'apparaître ridicule. Cela ne semble pas cependant une bonne raison pour en délaisser l'analyse. »

I.7 Les difficultés d'ordre pratique

La grande difficulté d'ordre pratique est liée à l'enquête sur le terrain.

En effet, certains enquêtés, compte tenu de la situation socio politique du pays, éprouvent des craintes à donner des informations dans le cadre de la collecte des données. Ce fut le cas par exemple de cette étudiante en quatrième année de gestion qui a accepté remplir le questionnaire structuré mais s'est arrêtée au beau milieu en disant craindre les éventuelles retombées des réponses sur sa personne.

Un autre étudiant en deuxième année de droit mettait en garde ses camarades en ces termes : « Faîtes très attention en remplissant ce questionnaire. Etes-vous sûr qu'un étudiant va prendre son argent pour multiplier tout ça sans qu'il y ait les mains d'un politicien ? »

CHAPITRE 3ème : CHAMP D'ETUDE

I- Présentation de l'université de Lomé

I.1 Historique

L'Université de Lomé fut créée le 14 septembre 1970. Elle s'appelait à l'époque Université du Bénin et comptait 845 étudiants. Elle est devenue par décret présidentiel N° 2001-094/PR du 09 mars 2001, Université de Lomé.

A son ouverture, elle comptait cinq Ecoles (Lettres, Droit, Techniques Economiques et de Gestion, Sciences et Médecine) qui sont devenues des facultés en 1988.

L'Université de Lomé compte actuellement cinq facultés (Lettres et Sciences Humaines, Médecine et Pharmacie, Droit, Sciences Economiques et de Gestion, Sciences), cinq Ecoles (Ecole des Assistants Médicaux, Ecole Supérieure d'Agronomie, Ecole Nationale Supérieure d'Ingénieurs, Ecole Supérieure de Secrétariat de Direction, Ecole Supérieure des Techniques Biologiques et Alimentaires), trois Instituts (Institut National des Sciences de l'Education, Institut Universitaire de Technologie de Gestion, Institut des Sciences de l'Information, de la Communication et des Arts) ainsi que deux centres (le Centre Informatique et de Calcul, le Centre de Formation à Distance).

Jusqu'en 1997, elle a été dirigée par un Recteur, Président du Conseil de l'Université, secondé par un Vice-Recteur. Mais depuis la loi N° 97-14 du 10 septembre 1997, modifiée par la loi N° 2000-002 du 11 janvier portant statut des universités du Togo, elle est dirigée par un Président assisté par deux Vice-Président.

En application à cette loi, un Président et un Vice-président ont été nommés, respectivement par décret N°200-249PR du 10 octobre 2003.

A ce jour, l'UL est le principal établissement d'enseignement supérieur et de recherche au Togo. Avec 845 étudiants en 1970, elle compte en 2004-2005, 15249 étudiants. Cet effectif aurait été plus important n'eut été la création de l'Université de Kara, officiellement ouverte en janvier 2004.

I.2 Situation géographique

Avec une superficie de 300 hectares, l'UL est limitée au nord par la rue passant devant le bâtiment de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS), au sud par le quartier Tokoin Doumasséssé, à l'est par le Boulevard Eyadema et à l'ouest par la voie ferrée Lomé-Blitta.

I.3 Les services centraux

I.3.1 Direction des Affaires Académiques et de la Scolarité (DAAS)

Elle est chargée des inscriptions aux cours et aux examens, de la gestion des étudiants, des affaires académiques concernant les étudiants et les enseignants. Elle comporte cinq divisions :

- la Division de l'Information et de l'Orientation ;

- la Division de la Scolarité ;

- la Division des Etudes du 3ème cycle ;

- la Division de l'Accréditation et des Equivalences de Diplômes ;

- la Division des Affaires Académiques.

I.3.2 Direction de la Recherche (DR/UL)

Elle a pour mission de coordonner toutes les activités de recherche au sein de l'université. Elle est également chargée de l'organisation des Journées Scientifiques de l'université qui, périodiquement, font le point de la recherche dans tous les domaines d'activités des enseignants chercheurs.

Elle coordonne également les activités de la Commission Scientifique et Pédagogique. En outre, elle enregistre et codifie les centres et laboratoire de recherche et suit leurs activités tout en respectant leur autonomie.

Elle est structurée en trois divisions :

- la Division des Sciences Fondamentales et Appliquées ;

- la Division des Lettres et Sciences humaines ;

- la Division des publications à laquelle sont rattachées les Presses de l'UL.

I.3.3 La Bibliothèque Universitaire (BU)

Elle gère une bibliothèque centrale et des bibliothèques spécialisées dans les facultés, écoles, instituts et départements.

I.3.4 La Direction des Archives (DA)

Elle assure la collecte et la gestion des archives de l'université, ainsi que l'inspection des archives des établissements et services de l'université.

I.3.5 La Direction de l'Information, des Relations Extérieures et de la Coopération (DIRECOOP)

Elle a pour mission de concevoir, proposer et appliquer les politiques et stratégies de l'université en matière de coopération internationale, participer à la planification, à la négociation et à l'évaluation des programmes et activités relatives à la coopération internationale, en collaboration avec les facultés, écoles et instituts de l'université.

Elle vise aussi à recueillir et à diffuser l'information sur les activités de l'université, à assurer la promotion des expertises de l'université auprès des agences et des établissements susceptibles de les mettre à contribution, et représenter l'université auprès d'organismes à vocation internationale.

Elle comprend :

- une Division de l'Information qui publie campus-actualité

- une Division des Relations Extérieures.

I.3.6 La Direction de la Planification et de la Prospective (DPP)

Elle est chargée de la politique de développement de l'Université de Lomé (Programmation des infrastructures, relations avec les services publics et privés en vue d'une meilleure adéquation formation/emploi).

Elle comporte trois divisions :

- la Division des Etudes ;

- la Division de la programmation des infrastructures ;

- la Division de la coordination architecturale et des réalisations.

I.3.7 La Direction des Ressources Humaines (DRH)

Cette direction est responsable de la prise en charge du personnel, depuis le recrutement jusqu'à la retraite (description des profils des postes, qualité des ressources humaines, formation, promotion, définition et gestion des plans de carrière).

I.3.8 La Direction de la Gestion du Domaine Universitaire (DGDU)

Elle est chargée de la maintenance des infrastructures (bâtiments, voies de communication, électricité, eau, téléphone). Elle est responsable du parc automobile, du garage, de la gestion des espaces verts et de la propreté du domaine universitaire. Les ouvriers spécialisés et les chauffeurs lui sont rattachés.

I.3.9 La Direction des prestations de Services et des Relations avec le Monde du Travail (DPSRMT)

Elle coordonne les activités de prestations de services. A ce titre, elle est chargée de mettre en place les infrastructures nécessaires pour leur réalisation, d'établir le répertoire des expertises disponibles, de rechercher et de diffuser des contrats de prestations de services et de consultation.

I.3.10 Le Centre des OEuvres Universitaires de Lomé (COUL)

Il offre aux étudiants les services d'accompagnement et d'appui aux activités scolaires : le logement, la restauration, le transport, le service médical, le service social, les activités culturelles et les activités sportives.

I.3.11 L'Office du Baccalauréat

Il est chargé de l'organisation de tous les examens qui déterminent la collation du grade de bachelier de l'Enseignement du Troisième Degré. Il délivre en outre tous les diplômes officiels dans toute les séries et options qu'il gère.

Historique des mouvements contestataires au Togo

L'historique des mouvements contestataires au Togo se doit de s'intéresser d'abord à des événements clés de la période coloniale, ensuite à quelques événements de la période post indépendance et enfin, à la période d'après le 05 octobre 1990.

I.4 La période coloniale

I.4.1 La période allemande

L'histoire du Togo place le pays sous protectorat allemand après le traité signé entre le Chef MLAPA III de Togoville et Gustav NACHTIGAL le 05 juillet 1885.

En 1899, l'occupant allemand entreprit au Togo de grands travaux à base de travaux forcés. Les populations locales se révoltèrent. Les résistances étaient plus fortes autour de Kpalimé et encore plus organisées dans les contrées Komkomba, Bassar, Kabyè et Gourma au nord du pays. Les révoltes s'intensifiaient au fuir et à mesure que les Allemands s'enfonçaient à l'intérieur des territoires du Togo conquis. Il y eut ainsi jusqu'en 1900, des soulèvements, répressions, négociations qui ont fait assez de martyrs.

I.4.2 La période française

A la fin de la première guerre mondiale, l'Allemagne perdit le Togo qui fut partagé entre Anglais et Français. La partie française, actuel Togo, a connu la promotion par la France des regroupements d'autochtones favorables à leur présence. Ainsi fut institué en 1922, un conseil de notables. La contre action ne tarda point et prit la forme des « duawo » qui signifie en ewe « les peuples » en 1931.

En effet, la population avait vu la perte d'efficacité des notables et accordait désormais davantage sa confiance à un groupe d'hommes plus jeunes, moins riches, et surtout, moins compromis avec le pouvoir. A la suite de la grande crise économique de 1929, l'administration coloniale du Togo, voyant l'effondrement des recettes douanières dont elle vivait, n'avait d'autres solutions que l'augmentation de la fiscalité directe (impôt des habitants) alors que les revenus des populations ne cessent de diminuer. Les « duawo » mirent la population au courant des nouvelles taxations et entreprirent des actions pour obtenir l'annulation de ces mesures.

L'administration coloniale fit jeter en prison le 24 janvier 1933 deux leaders : Kobine GHARTEY et Michel JOHNSON. Les femmes du marché de Lomé, sans aucune préméditation, organisèrent spontanément une marche de protestation qui aboutit à la libération des deux « duawo » le même jour. Les taxations étant restées intactes après la libération des prévenus, les manifestations reprirent le lendemain et aboutirent au retrait des taxes.

Les troupes arrivées de Côte d'Ivoire organisèrent, à la suite de ces manifestations, une répression sévère qui, déboucha sur des arrestations, condamnations à des peines de prison, l'exil ou même des tueries (quartier Hanoukopé).

A la même période à peu près, les adeptes du retour éventuel des Allemands se manifestèrent en association « TOGOBUND » et furent soutenus par la DTG (Deutche Togo Gesellschaft), une société commerciale togolo-allemande. Pour contre attaquer, l'administration française a soutenu la création du Cercle des Amis de la France en 1936 qui deviendra en 1941 le Comité de l'Unité Togolais (CUT) devant regrouper notables du sud et du nord. Le vice président était alors Sylvanus OLYMPIO.

Le 21 juin 1957, avec la visite d'une délégation de l'ONU au Togo, les indépendantistes togolais manifestèrent leur désapprobation des méthodes de l'occupant français et ils furent sévèrement réprimés.

I.5 Historique des mouvements sociaux de l'indépendance à 1990

Le 27 avril 1960 fut proclamée l'indépendance du Togo. Le Comité de l'Unité Togolaise (CUT) avait le pouvoir. Toutefois, l'arrivée du CUT au pouvoir correspond à une période de tension sociale que la seule euphorie de la victoire ne justifie pas. Des heurts et des échauffourées violents, parfois sanglants, opposant les partisans du CUT et du PTP sont constamment rapportés dans la presse. Par exemple, à Lomé le 12 mai 1958, à l'occasion du procès intenté par deux candidats battus du CUT et leurs adversaires élus du PTP, on compte plusieurs blessés. Le 16 juin de la même année, à 15 km de Lomé, un incident opposant les deux formations fait un mort et une soixantaine de blessés. (Le monde, 18 juin 1958). Tout au long de cette période qui va de 1960 à 1963, fréquents sont les incendies de maisons, les brimades, les cas de violence caractérisée, les chasses aux sorcières entraînant mort d'hommes.

En 1961, le CUT devenu Parti de l'Unité Togolaise (PUT) fait de S. OLYMPIO, le président à vie du Togo au cours de son congrès annuel (TOULABOR, op.cit. : 22).

Le 13 janvier 1962, le gouvernement dissout toutes les associations constituées au Togo, les responsables étant accusés de fomenter un coup d'Etat. Le Togo connaît de fait un régime à parti unique. C'est dans ce contexte qu'intervint le 13 janvier 1963, un coup d'Etat militaire qui met fin à la Première République.

Ce coup d'Etat a conduit à la constitution d'un régime civil reposant sur le bicéphalisme. Ce nouveau régime n'allait que de crises en crises.

En effet, le 21 novembre 1966, à la suite d'une grave crise entre le Président GRUNITZKY et son vice MEATCHI, le PUT, en association avec le camp de MEATCHI dont une partie de la hiérarchie militaire, convia la population dans les rues. Les manifestants réclamaient le départ de GRUNITZKY, de nouvelles élections mais aussi la traduction en justice des auteurs du coup d'Etat du 13 janvier 1963. Sur ce dernier point, le mouvement fut sévèrement réprimé.

Un nouveau coup d'Etat orchestré le 13 janvier 1967 mit, aux commandes de l'Etat, un régime militaire dirigé d'abord par le Colonel Kléber DADJO, puis par Etienne Eyadéma.

Le 13 mai 1968, la confédération syndicale, Union Nationale des Travailleurs du Togo (UNTT) lançait un mouvement de grève qui était le tout premier auquel le nouveau régime du général Eyadéma était confronté. En effet, à la suite de l'arrestation et de l'expulsion du nouveau président de l'UNTT issu du sixième congrès statutaire du 10 au 12 mai 1968, les dirigeants syndicalistes lancèrent une grève générale à partir du 13 mai. Cette grève fut totalement suivie par les enseignants des établissements officiels et les employés de banque. Ce n'est qu'après la libération et le rétablissement dans ses fonctions du syndicaliste arrêté que la grève prit fin le 25 mai 1968.

Malgré les tentatives de contrôle de l'action syndicale par l'Etat dans les années suivantes, la base de l'UNTT n'a cessé de rester remuante. Aussi recense-t-on au long de l'année 1972, de nombreux mouvements de grève dans les sociétés d'Etat comme les chemins de fer du Togo, le port autonome de Lomé, la féculerie de Ganavé, la CTMB.

Tout ceci conduisit le 04 décembre 1972, à la dissolution de tous les syndicats existant dans le pays. En janvier 1973 fut créée la centrale syndicale unique : la Confédération Nationale des Travailleurs du Togo (CNTT).

Cependant, le problème de la contestation ouvrière ne fut pas pour autant résolu. Des grèves organisées en dehors des structures officielles sont recensées. En témoignent la grève des dockers de Lomé en 1978 pour protester contre les salaires et les conditions difficiles de travail, celle des chauffeurs de taxi en mai 1980 contre la baisse de leur pouvoir d'achat consécutive à un fort relèvement du prix de l'essence et au blocage des tarifs de la prise en charge décidés par les autorités publiques. La protestation la plus spectaculaire dans ce contexte fut le hold-up organisé en 1975 par les ouvriers de la CTMB à la suite de la nationalisation de la société avec comme conséquences, la diminution du salaire plafond des ouvriers de 17000 FCFA à 12000 FCFA, la remise en cause de tous les acquis sociaux et salariaux, le retard dans les payements.

Ces revendications ouvrières allaient de pair avec celles du monde universitaire.

Le 15 novembre 1968, les étudiants de la section littéraire du Centre d'Enseignement Supérieur (CES), embryon de la future Université de Lomé se mettaient en grève pour protester contre le non paiement des bourses d'études et des primes d'équipement. Ils obtiennent satisfaction quatre mois plus tard. Le 13 mai 1969, les étudiants du CES de Lomé cessèrent les cours en guise de solidarité avec leurs camarades du CES de Porto-Novo en grève depuis le 09 mai pour protester contre une décision du gouvernement dahoméen de construire la cité universitaire dans l'enceinte du Lycée Béhanzin.

En avril 1975, habilement abritée derrière le slogan du parti unique « RPT, haut lieu de dialogue », l'Association des Etudiants de l'Université de Lomé, dans une lettre ouverte, mettait le chef de l'Etat devant ses responsabilités au sujet de l'implantation à l'université de cellules de la JRPT à laquelle elle était farouchement opposée.

En avril 1977, des tracts soulignant la nature « pro impérialiste », « anti-populaire » et « régionaliste » du régime du général Eyadéma circulent à Lomé. Le Président est traité de « valet de l'impérialisme international notamment français », et les tracts s'interrogent sur sa « capacité » à gouverner vraiment le pays dans « l'intérêt général ». Le pouvoir réagit vivement en procédant à d'innombrables perquisitions et arrestations. Ainsi, le 18 avril 1977, une trentaine de personnes soupçonnées sont arrêtées dont 12 professeurs du Syndicat National de l'Enseignement Technique Secondaire et Supérieur (SNETSS) et 4 étudiants voltaïques.

Il faut dire que jusqu'en 1977, le SNETSS a réussi à garder son autonomie par rapport à la CNTT que le chef de l'Etat a voulu imposer à l'ensemble des travailleurs.

Il est enfin indispensable de souligner que de 1960 à 1990, une forme de protestation occulte est remarquable chez les Togolais. C'est le cas des prénoms qui dénoncent les différents actes du régime. Cet aspect a été déjà abordé dans la revue de la littérature.

I.6 La contestation de 1990 à 2004

L'année 1990 inaugure l'ère des vraies contestations ouvertes que le régime du général Eyadéma, installé depuis 1967 devrait affronter.

Au début de l'année 1990, le Mouvement National des Etudiants et Stagiaires du Togo (MONESTO), intensifie des protestations après une décision du gouvernement visant à suspendre le versement de toute bourse nationale à ceux qui manifestent contre le régime. Des manifestants furent arrêtés. A la suite d'une réunion le 02 avril 1990, l'étudiant Nayonne disparut. Avocats et professeurs fondèrent la Ligue Togolaise des Droits de l'Homme le 20 juillet 1990. Cette Ligue accuse l'Etat de procéder à des arrestations et à des actes de torture à l'encontre des activistes de la démocratie...

D'autres nouveaux regroupements dont l'Association Togolaise de lutte contre la Torture (ATLT) de Jean Yaovi DEGLI et l'Association Togolaise pour la Liberté de la Presse (ATLP) virent le jour.

Le 05 octobre 1990, eut lieu le procès de deux étudiants DOGLO Agbelenko et LOGO Dossouvi, condamnés à cinq ans d'emprisonnement pour fabrication et distribution de tracts mensongers. Des jeunes, rassemblés devant le Palais de Justice, manifestèrent contre le verdict et exigèrent la fin de la dictature du Président Eyadéma en scandant l'hymne « Terre de nos aïeux » interdite à l'époque. La manifestation s'est transformée en émeutes entraînant morts et blessés. Ce jour fut baptisé « le vendredi noir », allusion faite aux fumées des pneus brûlés par les manifestants.

Le 12 mars 1991, les étudiants du campus universitaire de Lomé manifestèrent pour réclamer la reconnaissance des associations d'étudiants, la dissolution et l'interdiction des amicales étudiants à caractère tribal, l'interdiction formelle du port d'armes et instruments de violence sur le campus, le respect de l'autonomie universitaire vis-à-vis du pouvoir politique, l'attribution des bourses d'études universitaires non sur la base de considérations régionales mais sur les critères de conditions socio-économiques, de mérite et d'âge...

Ce mouvement de grève fut sévèrement réprimé et des étudiants furent arrêtés. Le 15 mars 1991, les femmes descendirent dans les rues de Lomé pour protester contre les mauvais traitements dont furent victimes leurs enfants. Le 16 mars, le Front des Associations pour le Renouveau (FAR), dirigé par Me AGBOYIBO, organisa un mouvement de soutien aux étudiants malgré l'interdiction du gouvernement. Des morts et blessés furent recensés après le face à face manifestants et forces de l'ordre. « La Nouvelle Marche » du lundi 18 mars 1991 dressa un bilan de deux morts et des dégâts matériels.

Tout ceci contraint le Président de la République à rencontrer les responsables du FAR dans la journée du 18 mars 1991. On assiste à la mise en place d'une commission mixte paritaire qui doit trouver des solutions aux questions qui sont l'objet des manifestations.

Le 04 avril 1991, les élèves de l'enseignement catholique manifestent à Lomé pour soutenir leurs enseignants dans leurs revendications salariales. Le 05 avril, deux des jeunes manifestants essayant de faire descendre la statue en bronze du chef de l'Etat, érigé devant la maison du RPT furent abattus par des militaires.

Vu les agitations du monde universitaire et scolaire, le 08 avril 1991, l'Université du Bénin et tous les établissements publics et privés d'enseignement et de formation professionnelle furent fermés sur toute l'étendue du territoire national. Ils ne seront ouverts que le 06 mai 1991.

Pour leur part, les chauffeurs de taxi entament le 08 avril, une grève pour protester contre la hausse des prix du carburant. Le lendemain, un arrêté interministériel ramena les prix de vente de carburant à leur niveau antérieur.

Le 09 avril, fut décrété un couvre-feu sur toute l'étendue du territoire national de 19 heures à 6 heures du matin.

Le 10 avril 1991, les manifestations atteignent Aného et Vogan. Ce même jour, le Conseil des ministres élargi au comité central du RPT se réunit. Un projet de loi autorise la création et l'organisation des partis politiques.

Le 11 avril 1991, le Chef de l'Etat, dans son message à la Nation lance le processus de création des partis : « Togolaise, Togolais, le processus devant nous conduire au multipartisme est désormais arrêté. Comme convenu, l'Assemblée Nationale examinera et votera les projets de loi portant amnistie générale et charte des partis afin que nous puissions les promulguer le 12 avril 1991. Ainsi, à compter du 12 avril, les partis politiques pourront se constituer et exercer leurs activités » (Extrait du discours à la Nation, « La Nouvelle Marche » du 12 avril 1991 : 3).

Ce 11 avril, 28 corps dont deux femmes enceintes et une, portant un enfant au dos, furent découverts dans la lagune de Bè à Lomé. Face à l'indignation totale, le pouvoir vote le 12 avril 1991, une amnistie générale, à la base de laquelle, certains Togolais jusque là « persona non grata » au Togo avaient désormais le droit d'y revenir.

Le 16 avril 1991, le Président de la République décrète un deuil national de 24 heures en mémoire de toutes les victimes, notamment celles dont les corps ont été retrouvés dans la lagune de Lomé. Auparavant, le 15 avril, la Ligue Togolaise des Droits de l'Homme lance un mot d'ordre de grève de 48 heures, bien suivi par les conducteurs de taxi. Cette grève paralysa les activités à Lomé.

Tous ces faits ont été déterminants dans le processus de libéralisation politique au Togo. Ainsi le 16 mai 1991, lors d'une rencontre entre le Front de l'Opposition Réuni et le Président de la République, la question d'une Conférence Nationale fut soulevée. Le 25 mai, un comité préparatoire fut mis sur place. Ce comité prépara cette conférence qui débuta après plusieurs reports le 08 juillet 1991.

Le 10 juillet 1991, troisième jour après l'ouverture de la conférence, l'opposant Andoch BONIN, rentré d'exil de France fut arrêté. Les manifestations de rue réclament sa libération. La conférence a exigé et obtenu cette libération avant la suite des travaux. Un gouvernement de transition fut mis en place à la fin de la conférence nationale souveraine.

Du 23 au 24 octobre 1992, les membres du H.C.R, institution de la transition, furent pris en otage par des militaires.

Le 16 novembre 1992, une grève générale illimitée fut lancée pour exiger le respect de la transition. Le 25 janvier 1993, lors d'une visite de médiation des ministres allemands et français de la coopération, les Loméens organisèrent au jardin Fréau, une manifestation populaire en faveur de la démocratie. Un militaire fut tué dans le quartier Bè. Une expédition punitive des Forces Armées Togolaises (FAT) qui fit plusieurs morts et blessés dura du 25 au 31 janvier 1993.

Ces mouvements qui viennent d'être décrits ne sont que des exemples parmi tant d'autres mouvements connus par le Togo de 1990 à ce jour. C'est ainsi que de 1990 à 2005, il est difficile à l'Université de Lomé, d'affronter une année universitaire sans mouvement étudiant.

Les mouvements étudiants de l'année universitaire 2000-2001 ont mobilisé des étudiants autour de boycotts de cours, grèves... A travers ces manifestations, les étudiants réclamaient arriérés de bourses et aides scolaires. Dans son souci de résolution de la crise, le chef d'Etat d'alors, le Président GNASSINGBE Eyadéma se rendit avec des membres du gouvernement à l'Université de Lomé pour appeler les étudiants à la reprise des cours. Ces derniers ne suivirent pas cet appel. Une année blanche fut décrétée dans la plupart des grandes facultés. Les frais d'inscription et des oeuvres universitaires furent majorés. Les bourses furent supprimées, les tranches d'aides furent réduites (de 120000 F à 60000 F).

L'année universitaire 2003-2004 a aussi connu des séries de mouvements étudiants qui ont pris une ampleur inattendue le 30 avril 2004. En effet, ce 30 avril, les étudiants réclamant l'amélioration des conditions de vie à travers des manifestations sur le campus, ont réagi énergiquement à l'intervention policière qui vise la gestion de leurs mouvements. L'affrontement forces de l'ordre - étudiants a duré et a connu l'intervention des gendarmes et des unités d'élite de la garde présidentielle communément appelées « bérets verts ». Plusieurs blessés furent recensés parmi étudiants et forces de l'ordre. Des étudiants furent jugés et condamnés à 18 mois de prison ferme.

Ces deux séries de mouvements étudiants ne sont que des exemples types de mouvements étudiants et sociaux connus par le Togo.

Sans trop rentrer dans les détails, il est important, pour finir avec l'historique des manifestations protestataires au Togo, de mentionner qu'après le décès du président Eyadéma, et la prise de pouvoir par son fils Faure installé par l'armée au mépris des dispositions de la constitution, des séries de manifestions protestataires ont émaillé la scène politique togolaise.

Les différentes manifestations protestataires sont souvent organisées par des partis politiques, associations ou organisations de la société civile. Il urge donc de s'intéresser à la législation en matière d'association au Togo.

III. La législation en matière d'association au Togo

Les associations au Togo sont régies par la loi du 1er juillet 1901. En effet, l'article 1er du décret N° 46-432 du 13 mars 1946 stipule : « Les titres I et II de la loi du 1er juillet 1901 relative au contrat d'association, modifiée par les décrets-loi des 23 octobre 1935 et 12 avril 1939 sont déclarés applicables à l'Afrique Equatoriale Française, à Madagascar et Dépendances, aux établissements français de l'Inde et de l'Océanie, à la Guyane, à la Côte française des Somalis, à la Nouvelle-Calédonie et dépendances, au Togo et au Cameroun » (J.O.T. du 16 avril 1946 : 328)

Comment en est - on arrivé à cette loi française qui est devenu une référence internationale en matière d'association ?

L'avènement de la liberté d'association acquise le 1er juillet 1901 a été favorisé par un certain nombre d'évolutions dont les origines remontent à la fin du Second Empire.

Le 1er juin 1971, fut votée la loi Le Chapelier qui aboutit à la prohibition de toute coalition. Une tolérance de plus en plus grande fut observée à l'égard des regroupements organisés de personnes. La loi du 25 mai 1864 abolit le délit de coalition et permet aux ouvriers de faire grève et de se concerter pacifiquement.

Un pas important sera franchi avec la loi du 2 juillet 1867 qui légalise les sociétés ouvrières de coopération. Ces sociétés géraient des commerces de produits de première nécessité et investissaient les bénéfices réalisés dans les activités d'assistance aux plus nécessiteux. La loi du 6 juin 1868 autorise les réunions publiques sous condition de déclaration préalable. Par ailleurs, les pouvoirs publics, sous le Second Empire, encouragent fortement la création de sociétés de secours mutuels.

Sous la troisième République, fut votée la loi du 21 mars 1884 qui légalise les syndicats, en leur offrant un cadre très libéral.

En 1899, Waldeck-Rousseau prend la tête du gouvernement et compte parmi ses objectifs prioritaires, la mise en place de la liberté d'association. Ceci s'est concrétisé avec la promulgation le 1er juillet 1901 du texte relatif à la liberté d'association. L'association y est défini en ces termes : « L'association est la convention par laquelle plusieurs personnes mettent en commun, d'une façon permanente, leurs connaissances ou leur activité dans un but autre que de partager des bénéfices. » (Article 1er de la loi du 1er juillet 1901 sur les associations).

Cette loi institue un régime très libéral, en rupture complète avec une tradition séculaire de méfiance à l'égard de toute coalition hors du contrôle des pouvoirs publics.

Ainsi, les citoyens se voient reconnaître l'entière liberté de s'associer. Selon l'article 2 : « Les associations de personnes pourront se former librement sans autorisation ni déclaration préalable ». Aucune formalité n'est requise. Ce n'est que si les membres de l'association désirent qu'elle acquiert la personnalité juridique (pour pouvoir, par exemple, agir en justice) qu'ils doivent la déclarer en préfecture. Mais même dans ce cadre, le libéralisme est de mise, puisque le préfet ne peut refuser de délivrer un récépissé. Ce n'est qu'ultérieurement qu'il pourra agir, s'il juge par exemple que l'association s'est fixée un but illégal.

Il importe de préciser à propos de cette disposition au Togo, que c'est au ministère de l'administration territoriale et de la décentralisation que sont déclarées les associations.

Le but de l'association est laissé au libre choix de ses membres fondateurs : « Toute association fondée sur une cause en vue d'un objet illicite, contraire aux lois, aux bonnes moeurs, ou qui aurait pour but de porter atteinte à l'intégrité du territoire national et à la forme républicaine du gouvernement, est nulle et de nul effet. » (Article 3).

Le dernier élément qui confirme le caractère libéral du régime des associations avec la loi de 1901 est la très grande latitude laissée aux membres pour la rédaction des statuts de l'association. Ceci s'inscrit dans une parfaite logique juridique puisque la loi du 1er juillet définit l'association comme un contrat. Or en droit français, le contrat est la « chose des parties », ces dernières étant libres, sous réserve de ne pas mettre en cause les bonnes moeurs ou l'ordre public, du contenu de leur convention. De même, la loi n'impose aucune forme, aucun contenu précis aux statuts de l'association. Il appartient dès lors aux membres de l'association eux-mêmes de déterminer la forme, les organes, les règles de fonctionnement de leur création.

Cependant, les associations reconnues d'utilité publique, qui obtiennent certains avantages en matière de financement, se voient imposer des règles qui sont définies par décrets en Conseil d'Etat.

C'est dans ce sens que l'ex premier ministre Joseph Kokou KOFFIGOH, par décret N° 92-130/PMRT du 27 mai 1992, fixe les conditions de coopération entre Organisations Non Gouvernementales (ONG) et le Gouvernement togolais.

Au regard de tout ce qui précède, retenons que la législation en matière d'association au Togo, est pratiquement la même que celle en vigueur en France.

Toutefois, si la loi régissant les associations au Togo parait simple, les tracasseries administratives viennent compliquer l'obtention de l'agrément ministériel qui offre des avantages aux associations. Entre autres mesures, l'enquête de moralité sur les membres de la structure dirigeante des associations par la Direction des Renseignements Généraux qui prend souvent du temps, ne facilite pas les démarches en vue de la reconnaissance officielle des associations. En plus de cela, les associations dans lesquelles l'on perçoit des activités allant à l'encontre du pouvoir en place, se voient refuser l'agrément. C'est le cas de la Ligue Togolaise des Droits de l'Homme qui n'a pas encore obtenu son agrément depuis sa création en 1990. C'est aussi le cas des associations et mouvements estudiantins qui ont des difficultés à être reconnus par les autorités politiques et universitaires. Comme exemple, la lettre de non reconnaissance du Mouvement pour l'Epanouissement de l'Etudiant Togolais (MEET), adressée par le Président de l'UL au président du MEET (voir annexe). Par contre, des associations proches du pouvoir en place obtiennent en un temps record leur agrément. C'est le cas par exemple du Haut Conseil des Associations et Mouvements Estudiantins (HACAME).

DEUXIEME PARTIE :

PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES - INTERPRETATION DES RESULTATS

CHAPITRE 4ème : PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES

Dans cette phase de présentation et d'analyse des données, tous les tableaux et graphiques ont comme source, l'enquête réalisée dans le cadre de ce mémoire en novembre 2005 à l'UL.

I- Caractéristiques des enquêtés

I.1 Répartition des enquêtés selon le sexe

Tableau 1 : Répartition des enquêtés selon le sexe.

SEXE

EFFECTIF

FREQUENCE (%)

Masculin

115

76,7

Féminin

35

23,3

TOTAL

150

100

Ce tableau présente la répartition par sexe des enquêtés. La lecture du tableau révèle que sur les 150 étudiants de l'échantillon, 115 (76,7 %) sont de sexe masculin, et 35 (23,3 %) sont de sexe féminin. Les garçons sont majoritaires et cela se comprend aisément si l'on sait qu'ils dépassent largement les filles en effectif à l'Université de Lomé.

I.2 Répartition des enquêtés selon l'âge.

Graphique 1 : Répartition des enquêtés selon l'âge

Le graphique ci-dessus présente la répartition des enquêtés selon l'âge. En effet, l'âge des enquêtés varie de 19 à 34 ans. Les enquêtés de 19 ans représentent 3 % de l'échantillon soit 4 étudiants sur les 150. Ceux de 20 ans représentent 7 % (10/150), les 21 ans : 9 % (14/150), les 22 ans : 13 % (20/150), les 23 ans : 15 % (22/150) et les 24 ans 15 % soit 22 étudiants sur les 150 de l'échantillon. Il est à noter que les étudiants de 23 ans et de 24 ans ont la même proportion dans l'échantillon. Les étudiants de 25 ans sont 18 % (29/150) et constituent l'âge le plus représenté dans l'échantillon.

Tout comme les 21 ans, les étudiants de 26 ans représentent 9 % de l'échantillon, ceux de 27 ans 6 % (9/150) et ceux de 28 ans 2 % (3/150).

Les étudiants de 30, 31 et 34 ans représentent chacun 1 % de l'échantillon.

Il faut noter que même si l'âge des enquêtés va de 19 à 34 ans, les âgés de 29 ans, 32 et 33 ans ne figurent pas dans l'échantillon.

Un regroupement des âges permet de constater que très peu d'étudiants moins âgés figurent dans l'échantillon. Ainsi donc, les 19-20 ans ne représentent que 10 %. Cela se comprend du moment où l'échantillonnage a privilégié les étudiants qui ont plus d'expérience des mouvements, donc ceux qui sont en deuxième année au moins et plus.

I.3 Répartition des enquêtés selon la religion

Graphique 2 : Répartition des enquêtés selon la religion

Ce graphique retrace clairement l'évolution de l'effectif des enquêtés selon leur appartenance religieuse. Les catholiques représentent 63,3 % (95/150) de la population enquêtée et sont les plus nombreux. Ils sont suivis par les protestants (24,7 % : 37/150) et les musulmans (9,3 % : 14/150). Viennent enfin les adeptes des sectes (2 % : 3/150) et de la religion traditionnelle (0,7 % soit 1/150).

I.4 Répartition des enquêtés selon la durée d'inscription à l'Université de Lomé.

Graphique 3 : Répartition des enquêtés selon la durée d'inscription à l'UL

La durée d'inscription au campus étant retenue comme élément pouvant déterminer le degré d'engagement dans les mouvements étudiants, très peu d'étudiants ayant fait seulement une année à l'Université de Lomé ont été interrogés. Ils constituent 3,3 % soit 5 enquêtés sur les 150. Par contre, les étudiants ayant fait deux ans représentent 20 % (30/150) ; les plus nombreux, ceux ayant fait trois ans, constituent 32,7 % (49/150). Enfin, ceux qui ont fait quatre, cinq et six ans représentent respectivement 28 % (42/150), 9,3 % (14/150) et 6,7 % (10/150).

I.5 Répartition des enquêtés selon l'ethnie d'origine

Tableau 2 : Répartition des enquêtés selon l'ethnie.

ETHNIE

EFFECTIF

FREQUENCE (%)

Ewé

58

38,6

Kotokoli

9

6

Kabyè

14

9,3

Mina

15

10

Ana

4

2,7

Akposso

4

2,7

Lamba

3

2

Naouda

11

7,3

Moba

10

6,7

Tchokossi

1

0,7

Bassar

6

4

Akebou

6

4

Tchamba

4

2,7

Agnanga

5

3,3

TOTAL

150

100

Sur les 150 étudiants interrogés, les Ewé représentent 38,6 %, les Kotokoli : 6 %, les Kabyè 9,3 %, les Mina : 10 %, les Ana, les Akposso et les Tchamba représentent chacun : 2,7 %, les Lamba : 2 %, les Tchokossi : 0,7 %, les Naouda : 7,3 %, les Moba : 6,7 %, les Bassar et les Akébou représentent chacun 4 %, les Agnanga : 3,3 %.

Retenons que les Ewé sont les plus représentés suivis par les Mina, les Kabyè, les Naouda, les Moba, les Kotokoli, les Bassar et les Akébou, les Agnanga, les Akposso et les Tchamba, tandis que les Lamba et les Tchokossi constituent les ethnies les moins représentées.

I.6 Répartition des enquêtés selon la profession de leur père ou tuteur.

Tableau 3 : Répartition des enquêtés selon la profession du père ou tuteur.

PROFESSION DU PERE OU TUTEUR

EFFECTIF

FREQUENCE (%)

Cadre supérieur de l'administration publique

8

5,3

Cadre moyen de l'administration

20

13,3

Employé de bureau

3

2

Cadre du secteur privé

10

6,7

Employé de secteur privé

9

6

Commerçant

7

4,7

Artisan

8

5,3

Paysan / éleveur

20

13,3

Retraité

42

28

Sans emploi / chômeur

6

4

Décédé

14

9,3

Tailleur

3

2

TOTAL

150

100

Le tableau montre que les étudiants dont les pères ou tuteurs sont retraités sont les plus nombreux soit 28 %. Ils sont suivis par les enfants de cadres moyens de l'administration et de paysans ou éleveurs (13,3 % chacun), les orphelins de père (9,3 %), les étudiants dont les pères sont : cadres du secteur privé (6,7 %), employés du secteur privé (6 %), cadres supérieurs de l'administration publique et artisans (5,3 % chacun), commerçant (4,7 %), sans emplois ou chômeurs (4 %), employés de bureau, tailleurs (2% chacun).

Il ressort en définitif de ce tableau que la proportion des emplois précaires est très élevée chez les parents d'étudiants. Ainsi, ces derniers sont à plus de 2/3 paysans, éleveurs, retraités, sans emplois, chômeurs et décédés. Cela rejailli donc du coup les conditions de vie des étudiants.

I.7 Répartition des enquêtés selon la profession de la mère ou tutrice

Tableau 4 : Répartition des enquêtés selon la profession de leur mère ou tutrice.

PROFESSION DE LA MERE OU TUTRICE

EFFECTIF

FREQUENCE (%)

Cadre supérieur de l'administration publique

2

1,3

Cadre moyen de l'administration

15

10

Employée de bureau

5

3,3

Cadre du secteur privé

2

1,3

Employée du secteur privé

2

1,3

Commerçante

23

15,3

Artisane

2

1,3

Paysanne / Eleveuse

8

5,3

Ménagère

76

50,7

Retraitée

7

4,7

Sans emploi / Chômeur

2

1,3

Décédée

3

2,1

Couturière

3

2,1

TOTAL

150

100

L'analyse de ce tableau montre que les étudiants dont les mères ou tutrices sont ménagères sont plus nombreux (50,7 %). Ils sont suivis par ceux dont les mères sont commerçantes (15,3 %), cadres moyens de l'administration (10 %), paysan/éleveur (5,3 %), retraité (4,7 %), employé de bureau (3,3 %), décédé et couturière (2,1 % chacun), cadre supérieur de l'administration publique, cadre du secteur privé, employé du secteur privé, artisan, sans emploi (1,3 % chacun).

Les tableaux 3 et 4 montrent que les conditions sociales des parents de la majorité (133/150) des étudiants de l'université de Lomé ne leur permettent pas de prendre en charge la totalité des frais d'études universitaires de leurs enfants. Très peu d'étudiants ont des parents à condition sociale équilibrée.

La prise en charge des étudiants

I.8 Principale source de revenus des étudiants

En vue de connaître les principales sources de revenus des étudiants, une question leur fut adressée dans ce sens. Les différentes sources de revenus ont des proportions suivantes.

Tableau 5 : Répartition des étudiants selon leur principale source de revenus

PRINCIPALE SOURCE DE REVENUS

EFFECTIF

FREQUENCE (%)

Parents

89

58

Amis

7

5

Université (aide scolaire)

11

7

Tuteur

10

7

Petits métiers (répétiteur, gardien, aide maçon)

22

14

Parents, amis

1

1

Parents, Université

3

2

Parents, petits métiers

1

1

Université, petits métiers

1

1

Parents, université, petits métiers

4

3

Université, tuteur, petits métiers

1

1

TOTAL

150

100

De ce tableau, 58 % des étudiants ont comme principale source de revenus les parents. Or nous venons de le voir, la majorité des parents des étudiants (133/150) n'ont pas une situation sociale stable ; 14 % des étudiants tirent leurs revenus des petits métiers (aide maçon, gardien, répétition...) ; 7 % ont pour principale source de revenus l'aide scolaire accordée par l'université, 7 % les tuteurs, 5 % les amis.

Pour certains étudiants, il est difficile d'identifier une source principale de revenus. Ainsi, 3 % tirent leurs revenus à la fois des parents, de l'aide scolaire et des petits métiers, 2 % les tirent des parents et de l'aide scolaire, tandis que parents - amis, parents - petits métiers, aide scolaire - petits métiers, aides scolaires - tuteurs - petits métiers constituent chacun les sources de revenus principales à 1 % d'étudiants.

I.9 Montant mensuel par étudiant, satisfaction des besoins dans le mois, lieu de résidence, conditions de logement

Les tableaux 6, 7, 8, 9, 10 et 11 présentent les réponses des étudiants aux questions suivantes :

Tableau 6 : Répartition des étudiants selon les dépenses dans le mois.

De combien en moyenne avez-vous besoin pour vos dépenses dans le mois ?

MONTANT

EFFECTIF

FREQUENCE (%)

Moins de 10000 F

13

8,7

10000 F

21

14

20000 F

48

32

Plus de 20000 F

68

45,3

TOTAL

150

100

De ce tableau, on retient que 45,3 % d'étudiants soit 68 étudiants sur 150 ont besoin en moyenne de plus de 20000 F pour leurs dépenses dans le mois, 32 % (48/150) ont besoin de 20000 F, 14 % (21/150) : 10000 F et seulement 8,7 % (13/150) ont besoin de moins de 10000 F.

Tableau 7 : Répartition des étudiants selon qu'ils arrivent ou non à faire face à leurs dépenses

mensuelles.

Arrivez-vous à faire face à vos dépenses dans le mois ?

REPONSES

EFFECTIF

FREQUENCE (%)

Tout à fait

9

6

Quelques fois

78

52

Pas du tout

63

42

TOTAL

150

100

A la question de savoir si les étudiants arrivent à faire face à leurs dépenses dans le mois, 52 % soit 78/150 ont répondu « quelques fois », 42 % (63/150) « pas du tout » et 6 % d'étudiants soit 9/150 arrivent à faire parfaitement face à leurs dépenses dans le mois. L'on peut y déduire la précarité des conditions de vie des étudiants.

Tableau 8 : Répartition des étudiants selon qu'ils disposent ou non d'un logement personnel.

Avez-vous un logement personnel ?

REPONSES

EFFECTIF

FREQUENCE (%)

Oui

45

30

Non

105

70

TOTAL

150

100

Pour ce qui est du logement, 70 % des étudiants de l'UL n'ont pas de logement personnel. Les 30 % restants ont des logements personnels.

Tableau 9 : Répartition des étudiants selon le lieu de résidence.

Où résidez-vous ?

LIEU DE RESIDENCE

EFFECTIF

FREQUENCE (%)

Avec les parents

76

50,7

Chez un tuteur

30

20

En location

44

29,3

TOTAL

150

100

Concernant le lieu de résidence, 50,7% des étudiants vivent avec des parents, 29,3% sont en location et 20% logent chez un tuteur.

Tableau 10 : Répartition des étudiants selon la personne qui paie leurs loyers.

Qui paie le loyer ?

REPONSES

EFFECTIF

FREQUENCE GENERALE (%)

FREQUENCE DES REPONSES (%)

Parents

54

36

52,9

Amis

7

4,7

6,9

Tuteurs

24

16

23,5

Vous-même

17

11,3

16,7

Total des réponses

102

68

100

Sans réponses

48

32

 

TOTAL GENERAL

150

100

 

A la question qui paie le loyer, 48 étudiants sur les 150 soit 32 % n'ont pas répondu. Cela suppose qu'ils logent dans des maisons familiales. Par contre les 102 étudiants restant soit 68% vivent soit en location avec des parents, tuteurs, amis ou seul. Des 102 étudiants donc, les loyers de 52,9 % sont payés par des parents, 23,5 % par des tuteurs, 16,7 % par les étudiants eux-mêmes et 6,9 % par des amis.

Tableau 11 : Répartition des étudiants selon le nombre de personnes vivant dans leurs chambres

Combien de personnes vivent dans votre chambre ?

NOMBRE DE PERSONNES PAR CHAMBRE

EFFECTIF

FREQUENCE GENERALE (%)

FREQUENCE DES REPONSES (%)

Une personne

51

34

35,9

Deux personnes

55

36,7

38,7

Trois personnes

20

13,3

14,1

Plus de trois personnes

16

10,7

11,3

Total des réponses

142

94,7

100

Sans réponses

8

5,3

 

TOTAL GENERAL

150

100

 

Sur les 150 étudiants interrogés, 8 (5,3 %) n'ont pas donné le nombre de personnes vivant dans leur chambre. 142 (94,7 %) ont répondu à la question et sur les 142, 35,9 % vivent seuls dans leur chambre ; 38,7 % vivent à deux ; 14,1 % sont trois dans leur chambre et 11,3 % sont plus de trois.

I.10 Moyen de déplacement, frais de déplacement, restauration

Des questions furent posées sur les moyens de déplacement et les conditions de restauration des étudiants. Les tableaux suivants présentent les résultats.

Tableau 12 : Répartition des étudiants selon qu'ils disposent ou non d'un moyen de déplacement.

Avez-vous un moyen de déplacement ?

REPONSES

EFFECTIF

FREQUENCE (%)

Oui

56

37,3

Non

94

62,7

TOTAL

150

100

De l'échantillon d'enquête, 94 étudiants sur les 150 (62,7 %) n'ont pas de moyen de déplacement. Le reste (37,3 %) a un moyen de déplacement.

Tableau 13 : Répartition des étudiants selon le moyen par lequel ils viennent au cours

Par quel moyen arrivez-vous au cours ?

MOYEN

EFFECTIF

FREQUENCE (%)

Pied

46

30,7

Vélo

27

18

Moto

22

14,7

Taxi ou taxi moto

53

35,3

Bus universitaire

2

1,3

TOTAL

150

100

Les étudiants de l'échantillon prennent à 35,3 % des taxis ou taxi motos pour venir au cours ; 30,7 % arrivent à pied ; 18 % à vélo ; 14,7 % à moto personnelle ; et 1,3 % prennent le bus universitaire.

Il est à noter que très peu d'étudiants prennent le bus universitaire. Cela peut s'expliquer par le fait que les bus ne desservent pas tous les quartiers. En plus de cela, les heures de pointe des bus ne correspondent pas forcément aux programme des étudiants qui trouvent d'ailleurs les taxi motos plus pratiques.

Tableau 14 : Répartition des étudiants selon le montant dépensé par jour pour le transport aller- retour.

Combien dépensez-vous par jour pour le transport aller-retour université ?

MONTANT DEPENSE

EFFECTIF

FREQUENCE (%)

Moins de 300 F

22

14,7

300 F

12

8

400 F

13

8,7

500 F

30

20

Plus de 500 F

44

29,3

O F

29

19,3

TOTAL

150

100

De ce tableau, il ressort que 29,3 % des enquêtés dépensent plus de 500 F par jour pour le transport aller-retour université, 20 % dépensent 500 F, 19,3 % ne dépensent rien et sont constitués sûrement des étudiants qui habitent le voisinage immédiat du campus ou encore de ceux qui vivent dans les cités, 14,7 % dépensent moins de 300 F, 8,7 % : 400 F et 8 % dépensent exactement 300 F.

Tableau 15 : Répartition des étudiants selon le nombre de repas par jour

Combien de fois mangez-vous par jour ?

NOMBRE DE REPAS

EFFECTIF

FREQUENCE (%)

Une fois

12

8

Deux fois

58

38,7

Trois fois

71

47,3

Plus de trois fois

8

5,3

Deux fois ou trois fois

1

0,7

TOTAL

150

100

La question fut aussi adressée sur le nombre de repas journalier par étudiant ; 47,3 % des enquêtés mangent 3 fois par jour, 38,7 % 2 fois par jour, 8 % une fois par jour, 5,3 % plus de trois fois par jour et 0,7 % mangent soit deux fois ou trois fois par jour.

Tableau 16 : Répartition des étudiants selon le montant dépensé par jour pour la nourriture.

Combien dépensez-vous par jour pour la nourriture ?

MONTANT

EFFECTIF

FREQUENCE (%)

Moins de 500 F

67

44,7

500 F

47

31,3

Plus de 500 F

36

24

TOTAL

150

100

Concernant les frais dépensés par jour pour la nourriture, 44,7 % d'étudiants dépensent moins de 500 F par jour, 31,3 % dépensent 500 F par jour et 24 % dépensent plus de 500 F par jour. Il faut noter qu'il s'agit des frais dépensés par jour pour la restauration à l'université. La restauration à la maison n'est pas incorporée. Sachant que les étudiants font le petit déjeuner et le déjeuner au campus, il ressort de ce tableau que 75 % dépensent au plus 500 F pour 2 repas. De là, il est aisé de comprendre que le prix de 500 F fixé pour le déjeuner au restaurant universitaire est trop cher pour les étudiants.

Connaissance et motivation à participer aux mouvements

Cette section a cherché à évaluer les connaissances en matière de mouvements chez les étudiants. Elle a voulu aussi expliquer les motivations des étudiants à participer aux mouvements. Les résultats de l'enquête sont les suivants :

I.11 Connaissance des moyens de contestation des étudiants.

La question suivante fut adressée aux 150 étudiants de l'échantillon : « Connaissez vous les moyens de contestation des étudiants ? ». Le graphique suivant présente les réponses obtenues.

Graphique 4 : Répartition des étudiants selon qu'ils connaissent ou pas les moyens de contestation.

Il est constaté que 92 % de l'échantillon disent connaître les moyens de contestation des étudiants et, seulement 8 % avouent le contraire.

Le tableau suivant présente la répartition des étudiants selon les moyens de contestation qu'ils connaissent.

Tableau 17 : Répartition des étudiants selon les moyens de contestation connus.

MOYEN DE CONTESTATION

EFFECTIF

FREQUENCE (%)

Marche

11

7,3

Sit in

15

10

Grève

18

12

Négociation

3

2

Marche, sit in

11

7,3

Marche, grève

33

22

Marche, négociation

1

0,7

Sit in, grève

15

10

Marche, sit in, grève

43

28,7

TOTAL

150

100

Ce tableau semble paradoxal puisque bien que 8 % des enquêtés disent ne pas connaître de moyens de contestation des étudiants, tous ont cité des moyens de contestation. Cela suppose qu'en réalité, tous les étudiants de l'échantillon connaissent des moyens de contestation des étudiants. Ainsi, 28,7 % disent connaître « marche, sit in et grève » ; 22 % : « marche et grève » ; 12 % : « grève » ; 10 % « sit in » ; 10 % : « sit in et grève » ; 7,3 % : « marche » ; 7,3 % : « marche, sit in » ; 2 % : « négociation » ; 0,7 % : « marche, négociation ».

Pour ce qui est des objectifs de ces moyens de contestation selon les étudiants, le tableau 18 présente les avis des étudiants sur la question.

Tableau 18 : Répartition des étudiants selon les objectifs qu'ils trouvent aux mouvements.

OBJECTIFS DES MOUVEMENTS

EFFECTIF

FREQUENCE (%)

Amélioration des conditions de vie

35

23,3

Renversement du pouvoir

1

0,7

Amélioration des conditions de travail

6

4

Amélioration des conditions de vie, renversement du pouvoir

5

3,3

Amélioration des conditions de vie et de travail

100

66,7

Améliorations des conditions de vie et de travail puis renversement du pouvoir.

3

2

TOTAL

150

100

Les avis des étudiants sur les objectifs des mouvements sont partagés. Ainsi, 66,7 % pensent que les mouvements visent l'amélioration des conditions de vie et de travail, 23,3 % pensent qu'ils visent uniquement l'amélioration des conditions de vie, 4 % : uniquement l'amélioration des conditions de travail, 3,3 % : amélioration des conditions de vie et renversement du pouvoir, 2 % : amélioration des conditions de vie, de travail et renversement du pouvoir, 0,7 % : renversement du pouvoir.

I.12 Moyens d'information, engagement dans les organisations culturelles et les partis politiques.

L'information et l'engagement dans les organisations culturelles et politiques étant pris en compte comme variables pouvant agir sur les comportements en matière de mouvements sociaux les questions furent posées dans ce sens aux étudiants. Les tableaux 19, 20 et 21 présentent les résultats.

Tableau 19 : Répartition des étudiants selon les moyens d'information dont ils disposent

De quel moyen d'information disposez-vous ?

MOYEN D'INFORMATION

EFFECTIF

FREQUENCE (%)

Télévision

15

10

Radio

44

29,3

Internet

4

2,7

Télévision, radio

33

22

Radio, presse écrite

6

4

Radio, internet

9

6

TV, radio, presse écrite

5

3,3

TV, radio, internet

17

11,3

Radio, presse écrite, internet

4

2,7

TV, radio, presse écrite, internet

13

8,7

TOTAL

150

100

La répartition des étudiants selon les moyens d'informations disposés se présente comme suit : 29,3 % disposent uniquement d'une radio, 22 % une radio et un poste téléviseur ; en plus de la radio et de la télévision, 11,3 % ont accès à l'internet, 10 % ont uniquement accès à la télévision, 8,7 % : télévision, radio, presse écrite, internet, 6 % radio et internet, 4 % : radio, presse écrite, 3,3 % : télévision, radio, presse écrite, 2,7 % : radio, presse écrite, internet, 2,7 % : internet uniquement.

Tableau 20 : Répartition des étudiants selon qu'ils appartiennent ou non à une organisation culturelle

Appartenez-vous à une organisation culturelle ?

REPONSES

EFFECTIF

FREQUENCE (%)

Oui

19

12,7

Non

131

87,3

TOTAL

150

100

Des 150 enquêtés, seulement 12,7 % (19/150) appartiennent à des organisations culturelles et les 131 restants soit 87,3 % n'appartiennent pas à des organisations culturelles.

Tableau 21 : Répartition des étudiants selon l'organisation politique à laquelle ils sont proches.

De quel groupe d'organisation politique vous sentez-vous plus proche au Togo ?

PARTI OU GROUPE DE PARTI

EFFECTIF

FREQUENCE (%)

Opposition radicale

43

28,7

Opposition modérée

48

32

Parti au pouvoir

24

16

Sans réponses

35

23,3

TOTAL

150

100

A cette question, Bien que la situation politique du pays soit tendue, il est appréciable de remarquer que seulement 35 étudiants sur les 150 (23,3 %) n'ont pas donné de réponse sur le parti auquel ils se sentent proches. Soit ces étudiants n'ont pas d'affiliation politique ou ils ne veulent pas s'y prononcer ; 32 % se disent proche de l'opposition dite modérée, 28,7 % de l'opposition dite radicale et 16 % du parti au pouvoir.

Perceptions et attitudes face aux mouvements étudiants

Il fut demandé aux étudiants s'ils ont participé au moins une fois à un mouvement. Ils avaient aussi à apprécier ce mouvement. Il leur est enfin demandé s'ils étaient prêts à encourager les mouvements étudiants et comment ?

Les graphiques et tableaux suivants présentent les résultats des dépouillements.

Graphique 5 : Répartition des étudiants selon qu'ils ont participé ou pas aux mouvements.

Ce graphique présente les réponses des étudiants à la question de savoir s'ils ont participé au moins une fois à une manifestation contestataire. On peut retenir que 111 étudiants sur les 150 soit 74 % ont participé au moins une fois à un mouvement étudiant ; 39 étudiants soit 26 % disent n'avoir jamais participé.

Le tableau suivant présente les appréciations des étudiants par rapport à ces mouvements.

Tableau 22 : Répartition des étudiants selon leurs perceptions des mouvements.

Que pensez-vous de ce mouvement ?

APPRECIATIONS

EFFECTIF

FREQUENCE GENERALE (%)

FREQUENCE DES REPONSES (%)

Pacifique

89

59,3

69,5

Violent

22

14,7

17,2

Trop violent

9

6

7

Pacifique, violent

6

4

4,7

Pacifique trop violent

2

1,3

1,6

Total des réponses

128

85,3

100

Sans réponses

22

14,7

 

TOTAL GENERAL

150

100

 

Notons que des 39 enquêtés qui disent ne pas avoir participé à au moins un mouvement étudiant, 17 seulement ont donné leur appréciation sur les mouvements étudiants. Ajoutés au 111 qui ont participé à au moins un mouvement étudiant, on obtient un total de 128 appréciations sur les mouvements. Ainsi, 69,5 % des 128 étudiants pensent que les mouvements sont pacifiques, 17,2 % pensent qu'ils sont violent, 7 % : trop violent, 4,7 % : parfois pacifique, parfois violent, 1,6 % : parfois pacifique, parfois trop violent.

La question qui se pose à nouveau est de savoir si les étudiants sont prêts à encourager les manifestations estudiantines et comment.

Les tableaux 23 et 24 présentent les résultats.

Tableau 23 : Répartition des étudiants selon qu'ils sont prêts ou non à encourager les mouvements

Seriez vous prêts à encourager les manifestations estudiantines ?

REPONSES

EFFECTIF

FREQUENCE GENERALE (%)

FREQUENCE DES REPONSES (%)

Oui

127

84,7

89,4

Non

15

10

10,6

Total des réponses

142

94,7

100

Sans réponses

8

5,3

 

TOTAL GENERAL

150

100

 

Au tableau 23, 5,3 % de l'échantillon n'ont pas donné de réponses à la question posée. Ceci peut s'expliquer par la méfiance. Ainsi, le nombre de réponses est réduit à 142. Des 142, 89,4 % sont prêts à encourager les manifestations et 10,6 % ne le sont pas.

Le tableau 24 présente comment ils sont prêts à soutenir ces manifestations.

Tableau 24 : Répartition des étudiants selon la manière dont ils sont prêts à soutenir les mouvements.

FORME DE PARTICIPATION

EFFECTIF

FREQUENCE GENERALE (%)

FREQUENCE DES REPONSES (%)

En y prenant par

49

32,7

34,5

Moralement

49

32,7

34,5

Financièrement

3

2

2,1

En y prenant part, moralement

22

14,7

15,5

En y prenant part, financièrement

3

2

2,1

Moralement, financièrement

5

3,3

3,5

En y prenant part, moralement, financièrement.

11

7,3

7,8

Total des réponses

142

94,7

100

Sans réponses

8

5,3

 

TOTAL GENERAL

150

100

 

Ce qui est intéressant à relever dans ce tableau, c'est que même les 15 étudiants qui disent ne pas être prêts à encourager les mouvements étudiants ont tous choisis comment encourager ces mouvements. C'est dire qu'en réalité, ils sont prêts à les soutenir. Les 8 étudiants qui n'ont pas répondu à la question précédente ne se sont pas non plus prononcés sur la manière d'encourager les mouvements étudiants. Ainsi donc, des 142 réponses, 34,5 % veulent les encourager en y prenant part, 34,5 % moralement, 15,5 % moralement et en y prenant part, 7,8 % en y prenant part, moralement et financièrement, 3,5 % moralement et financièrement, 2,1 % financièrement, 2,1 % en y prenant part et financièrement.

I.13 Perception et attitude vis à vis de la répression

A ce niveau, les étudiants furent dans un premier temps amenés à citer les différentes mesures de gestion des mouvements étudiants par les autorités qu'ils ont déjà connu. Dans un deuxième temps, ils devraient donner la mesure qui leur semblait plus efficace avant de se prononcer sur la répression des mouvements et dire si elle est utile.

Les tableaux 25, 26, 27 et 28 présentent les résultats.

Tableau 25 : Répartition des étudiants selon les mesures de gestion des mouvements connues.

MESURES

EFFECTIF

FREQUENCE (%)

Emprisonnement des meneurs

3

2

Intervention policière

10

6,7

Exclusion des manifestants

1

0,7

Interdiction de mouvements

2

1,3

Satisfaction des revendications

3

2

Toutes les mesures précitées

131

87,3

TOTAL

150

100

Les 150 étudiants de l'échantillon ont été conviés à se prononcer sur les mesures de gestion des mouvements par les autorités. La majorité, soit 87,3 %, a cité l'emprisonnement des meneurs, l'intervention policière, l'exclusion des manifestants, l'interdiction de mouvements, et la satisfaction des revendications ; 6,7 % connaissent uniquement l'intervention policière, 2 % : la satisfaction des résultats, 2 % : l'emprisonnement des meneurs, 1,3 % : l'interdiction de mouvements, et 0,7 % : l'exclusion des manifestants. Ce qui est frappant, c'est qu'en dehors de la satisfaction des revendications, toutes les mesures citées par les étudiants sont répressives.

Tableau 26 : Répartition des étudiants selon la mesure qui leur semble efficace dans la gestion des mouvements.

Quelle(s) mesure(s) vous semble(nt) plus efficace(s) pour gérer ces mouvements ?

MESURE EFFICACE

EFFECTIF

FREQUENCE GENERALE (%)

FREQUENCE DES REPONSES (%)

Intervention policière

1

0,8

0,7

Satisfaction des revendications

128

85,3

87

Dialogue franc

5

3,3

3,4

Intervention policière, satisfaction des revendications

6

4

4,1

Arrestation des meneurs, interdiction de mouvements

2

1,3

1,4

Interdiction de mouvements, satisfaction des revendications

2

1,3

1,4

Satisfaction des revendications, Dialogue franc

3

2

2

Total des réponses

147

98

100

Sans réponses

3

2

 

TOTAL GENERAL

150

100

 

Trois étudiants sur les 150 n'ont pas pu détecter une mesure efficace de gestion des mouvements ; 147 ont opté pour des mesures. Parmi eux, 87 % optent pour la satisfaction des revendications comme mesure efficace de gestion des mouvements ; 4,1 % choisissent l'intervention policière et la satisfaction des revendications, 3,4 % : dialogue franc, 2 % : satisfaction des revendications et dialogue franc, 1,4 % : arrestation des meneurs et interdiction de mouvements, 1,4 % : interdiction de mouvements, satisfaction des revendications ; 0,7 % optent pour l'intervention policière. Cette dernière proportion retient particulièrement l'attention si l'on sait que c'est malgré tout, la mesure la plus utilisée.

Tableau 27 : Répartition des étudiants selon leurs avis sur la répression des manifestations.

LA REPRESSION EST :

EFFECTIF

FREQUENCE (%)

Nécessaire

9

6

Parfois nécessaire

42

28

Pas du tout nécessaire

99

66

TOTAL

150

100

Les étudiants pensent à 66 % que la répression n'est pas du tout nécessaire, 28 % pensent qu'elle est parfois nécessaire et 6 % la trouve nécessaire.

Tableau 28 : Répartition des étudiants selon le cas où il faut réprimer.

Dans quel cas faut-il réprimer un mouvement étudiant ?

 

EFFECTIF

FREQUENCE (%)

Aucun cas

20

13,3

Tous les cas

5

3,3

Lorsqu'il y a dégradation des biens

123

82

Lorsqu'il y a atteinte aux personnes

2

1,4

TOTAL

150

100

Dans le tableau 27, 66 % des enquêtés ont soutenu que la répression n'est pas du tout nécessaire. Par contre, dans ce tableau, seulement 13,3 % pensent qu'il ne faut réprimer en aucun cas, alors que 82 % des enquêtés pensent que la répression est nécessaire lorsqu'il y a dégradation des biens. Cela amène à dire que les étudiants sont à 82 % conscients de la nécessité des mesures répressives dans les cas de débordement même si, de façon subjective, ils ont affirmé à 66 % que la répression n'était en aucun cas nécessaire. 3,3 % pensent que la répression est nécessaire pour tous les mouvements et 1,4 % la pense utile lorsque les mouvements portent atteinte à l'intégrité physique des personnes.

I.14 Relation, communication étudiants - autorités

En matière de communication entre étudiants et autorités de l'enseignement supérieur et universitaires, des efforts restent à faire. C'est le cas par exemple des bourses et aides qui sont perçues du côté des étudiants comme des droits, alors qu'elles sont considérées par les autorités comme des faveurs.

Sous un autre registre, le fait qu'il n'y ait pas de transparence dans la gestion de la chose publique fait que les citoyens en général et les étudiants en particulier ont une vision des ressources du pays autre que ce que le gouvernement présente officiellement. De là, les appréciations par rapport aux relations étudiants et autorités divergent. Les tableaux 29, 30, 31et 32 présentent les avis des étudiants par rapport aux différentes situations qui viennent d'être décrites.

Tableau 29 : Répartition des étudiants selon ce qu'ils pensent des bourses et aides scolaires.

Certains pensent que les bourses et aides scolaires sont des droits. Diriez vous ?

REPONSES

EFFECTIF

FREQUENCE (%)

C'est vrai

132

88

Peut-être vrai

14

9,3

Pas vrai

4

2,7

TOTAL

150

100

A cette question, 88 % des étudiants enquêtés pensent qu'il est vrai que les bourses et aides scolaires sont des droits, 9,3 % pensent que c'est peut-être vrai et 2,7 % seulement pensent que ce n'est pas vrai.

Tableau 30 : Répartition des étudiants selon ce qu'ils pensent des moyens dont disposent le Togo par rapport à leurs besoins.

LE TOGO A DES MOYENS POUR COUVRIR :

EFFECTIF

FREQUENCE (%)

Totalement les besoins des étudiants

99

66

Moyennement

48

32

Pas du tout

3

2

TOTAL

150

100

Les étudiants qui pensent que le Togo a des moyens pour couvrir totalement les besoins des étudiants sont majoritaires et représentent 66 % ; 32 % pensent qu'il peut les couvrir moyennement et pour 2 %, le Togo n'a pas du tout de moyens pour couvrir les besoins des étudiants.

Tableau 31 : Répartition des étudiants selon ce qu'ils pensent des relations entre étudiants et autorités.

NATURE DES RELATIONS

EFFECTIF

FREQUENCE (%)

Relation de concertation

14

9,3

Relation de conflictualité

25

16,7

Méprise des étudiants par les autorités

97

64,7

Relation de conflictualité, méprise des étudiants par les autorités

14

9,3

TOTAL

150

100

Dans l'échantillon, 64,7 % des étudiants affirment qu'il y a une méprise des étudiants par les autorités, 16,7 % voient des relations de conflictualité entre étudiants et autorités, 9,3 % voient en plus d'une relation de conflictualité, une méprise des étudiants par les autorités universitaires. Les autres étudiants soit 9,3 % pensent qu'il y a une relation de concertation entre étudiants et autorités.

Tableau 32 : Répartition des étudiants selon leurs perceptions sur la disponibilité des autorités à dialoguer.

Pensez vous qu'il y a une réelle volonté des autorités à dialoguer avec les étudiants ?

REPONSES

EFFECTIF

FREQUENCE (%)

Tout à fait

4

2,7

Quelques fois

61

40,7

Pas du tout

85

56,6

TOTAL

150

100

Les étudiants qui conçoivent qu'il n'y a pas du tout une volonté des autorités à dialoguer avec eux représentent 56,6 % de l'échantillon; 40,7 % pensent qu'il y a quelques fois cette volonté et 2,7 % pensent que cette volonté existe tout à fait.

CHAPITRE 5ème : INTERPRE

TATION DES RESULTATS

L'objectif général poursuivi par cette recherche, c'est l'étude des contextes de l'émergence des mouvements sociaux. La recherche a voulu décrire la situation de crise au Togo et en milieu universitaire, déterminer les causes de la persistance des mouvements étudiants à l'Université de Lomé malgré les mesures répressives qui les accompagnent, identifier les raisons de l'inefficacité de ces mesures, déterminer les motivations des étudiants à participer aux mouvements et évaluer les conditions de vie des étudiants. Après la collecte et l'analyse des données recueillies sur le terrain, les observations suivantes s'imposent.

I- L'émergence et la persistance des mouvements sont liées a la situation de crise vécue par les étudiants

I.1 Crise économique

La lecture du tableau 3 montrait que le plus grand nombre d'étudiants a son père ou tuteur retraité (28 %), paysan (13,3 %) ou encore décédé (9,3%). Pour ce qui est des mères ou tutrices, la majorité (50,7 %) est ménagère (tableau 4). Or, plus loin, le tableau 5 présente 58 % d'étudiants ayant comme principale source de revenu les parents. La situation économique de la majorité des parents ne pouvant permettre une bonne prise en charge de leurs enfants étudiants, ces derniers ne peuvent rien faire d'autres que de s'organiser pour faire des mouvements de revendication d'amélioration des conditions de vie d'autant plus que 88 % pensent que des bourses et aides sont des droits (Tableau 29) et que 66 % pensent que l'Etat togolais a des moyens pour couvrir totalement leurs besoins (Tableau 30).

Dans ces conditions, l'émergence et la persistance des mouvements étudiants peuvent être expliquées comme une réaction à la situation économique difficile qu'ils vivent. TEDGA (1988 : 44) a d'ailleurs abouti à cette même conclusion.

I.2 Crise de communication entre étudiants et autorités de l'éducation

Pour 85,3 % d'étudiants, (Tableau 26), la satisfaction des revendications est la mesure la plus efficace pour gérer les mouvements. Or, le constat est que la répression est la mesure la plus utilisée. C'est dire que l'avis des étudiants n'est pas pris en compte dans les mesures prises par rapport à eux. Cela ne peut que renforcer les velléités contestataires. C'est à juste titre d'ailleurs que 64,7 % des étudiants pensent qu'il y a une méprise des étudiants par les autorités et que 16,7 % voient la conflictualité dans les relations entre étudiants et autorités (Tableau 31). Ailleurs, 56,7 % (Tableau 32) pensent qu'il n'y a pas du tout de réelle volonté des autorités à dialoguer avec eux.

Sous un autre angle, les revendications sont différemment perçues selon qu'on est étudiants ou autorités. Ainsi, alors que 88% d'étudiants (Tableau 29) pensent que les bourses et aides sont des droits, les autorités ne les conçoivent pas ainsi. De l'avis d'un étudiant de quatrième année de droit public, « les bourses sont des droits du moment où certains critères comme l'âge et la moyenne y donnent directement accès. Par contre, l'aide peut être considérée comme une faveur. » En plus de cela, les discours politiques soulignent souvent l'incapacité de l'Etat à couvrir l'essentiel des besoins des citoyens. Ceci ne convainc pas pour autant les étudiants qui pensent à 66 % que l'Etat togolais a des moyens pour couvrir totalement leurs besoins (Tableau 30).

Il est alors clair que les crises sur le campus de Lomé sont la conséquence d'une « absence de dialogue entre les autorités universitaires ou politiques et étudiants » (TEDGA, op.cit. : 64)

Une autre cause des crises, c'est la gestion non transparente du bien de la Cité puisqu'il n'y a pratiquement pas de bilan public et transparent de la gestion de ces biens. Cela ne peut que générer des malentendus et donc, entraîner des manifestations de protestation.

La répression des mouvements sociaux et effet boomerang

L'objectif avoué ou non des mesures répressives des mouvements sociaux, c'est de décourager les manifestants dans leurs ardeurs. Cet objectif sera difficilement atteint dans le cadre des mouvements étudiants de l'université de Lomé puisque dans bien de cas, ces mouvements sont l'expression d'une situation sociale difficile.

L'interprétation des données observées précédemment le démontre assez. En effet, près de 87,3 % des étudiants connaissent toutes les mesures de répression des mouvements et tous les étudiants pratiquement connaissent au moins une ou deux mesures répressives (Tableau 25). Cela aurait pu suffire pour les décourager à s'engager dans les manifestations étudiantes mais tel n'est pas le cas ; 84,7 % se disent prêts à les encourager (Tableau 23) et 94,7 % sont prêts à y prendre part d'une façon ou d'une autre (Tableau 24).

Des entretiens organisés avec les étudiants, il ressort que les mesures répressives, loin de décourager les manifestations, leur donne au contraire plus d'ampleur. De l'avis d'un étudiant, « les manifestations ne sont pas intéressantes si la police n'intervient pas ». C'est grâce par exemple aux mesures répressives que les mouvements étudiants occupent la une de l'actualité nationale comme internationale. Un mouvement non réprimé passe pratiquement inaperçu. La répression se retrouve être en définitive, un instrument au service des mouvements.

Les motivations à participer aux mouvements

Ce dont souffrent souvent les mouvements étudiants africains en général et togolais en particulier, c'est leur politisation par les régimes en place. Les étudiants sont souvent taxés d'être « manipulés par l'opposition ». Face à ce schéma, on croirait assez facilement que les étudiants proches des régimes au pouvoir ne seraient pas du tout favorables aux mouvements. Les données recueillies dans le cadre de cette recherche démontrent le contraire et prouvent que c'est une situation commune partagée par les étudiants, qui les réunit dans les mouvements. Même si le politique peut utiliser ces agitations à son compte, elles ne seraient pas possible si les étudiants n'y trouvent un intérêt quelconque pour leur propre épanouissement. Les affirmations qui précèdent s'appuient sur le croisement des données relatives à l'appartenance politique et à l'engagement dans les mouvements. Le graphique suivant présente les résultats :

Graphique 6 : Représentation du croisement de l'appartenance politique et de la disponibilité à encourager les mouvements

Il faut noter que certains étudiants ne s'étant pas prononcés sur leur appartenance politique, 110 réponses ont pu être croisées. Des 110 étudiants dont les réponses ont pu être croisées à ces deux questions, 40 sont proches de l'opposition radicale, 47 de l'opposition modérée et 23 du parti au pouvoir. Des 40 de l'opposition radicale, 36 sont prêts à encourager les manifestations étudiantes et 4 ne le sont pas. Des 47 de l'opposition modérée, 42 sont prêts à encourager les mouvements et 5 ne le sont pas. Enfin, des 23 du parti au pouvoir, 21 sont prêts à encourager les mouvements et 2 ne le sont pas.

Dans tous les cas d'appartenance politique, la grande majorité est prête à soutenir les mouvements étudiants. C'est donc une situation sociale vécue, transcendant les barrières politiques, qui motive les étudiants à braver l'autorité publique à travers des formes de participation non conventionnelle. Eviter ces organisations invite à se pencher effectivement sur les problèmes soulevés par les étudiants plutôt que de leur envoyer la police ou prendre des sanctions à leur encontre comme à l'accoutumé.

En plus de l'appartenance politique, les mouvements étudiants de l'université de Lomé transcendent les barrières ethniques et religieuses. Ils sont plus liés aux conditions de vie et de travail qui sont les mêmes pour tous les étudiants. Le croisement des données relatives à la religion et à la disponibilité à encourager les mouvements, puis à l'ethnie et à la disponibilité à encourager les mouvements sont assez révélateurs de ce qui vient d'être affirmé. Voici à titre d'exemple, la représentation du croisement des données relatives à la religion et à l'attitude vis-à-vis des mouvements. Les deux questions croisées sont les suivantes : Quelle est votre religion ? Seriez-vous prêt à encourager les manifestations estudiantines ?

Graphique 7 : Représentation des données croisées de l'appartenance religieuse et de la disponibilité à encourager les mouvements.

Il est important de préciser à ce niveau que 142 réponses ont pu être croisées sur les 150. Ceci s'explique par le fait que 8 étudiants n'ont pas répondu à l'une des deux questions croisées. Des 142 donc, 90 sont chrétiens catholiques, 34 sont chrétiens protestants, 14 sont musulmans, 1 pratique la religion traditionnelle et 3 sont dans les sectes du genre eckankar, rose croix. Dans tous les cas d'appartenance religieuse, c'est seulement une faible proportion qui affirme ne pas être prête à encourager les manifestations estudiantines : 8 sur les 90 catholiques, 4 sur les 30 protestants, 3 sur les 11 musulmans et les 4 personnes restantes de la religion traditionnelle et des sectes sont prêtes à soutenir les manifestations.

La même remarque se ferait si l'on croisait les données relatives à l'origine ethnique et à la disponibilité à encourager les manifestations estudiantines.

CONCLUSION - RECOMMANDATIONS

La question générale à laquelle cette étude a voulu répondre était la suivante : « Selon quelle logique les étudiants de l'Université de Lomé manifestent-ils malgré les mesures répressives de plus en plus élaborées qui accompagnent leurs mouvements ? ». De cette question, deux autres résument l'essentiel de celles qui y sont rattachées : la répression permet-elle de gérer effectivement les manifestations ? Qu'est-ce qui peut justifier la persistance des manifestations malgré les mesures répressives ?

Les résultats de ce mémoire permettent d'affirmer que les étudiants de l'Université de Lomé manifestent malgré les mesures répressives auxquelles ils sont exposés parce qu'ils vivent une situation de crise. Cette situation est manifeste à travers leurs conditions d'existence difficiles (tableau 5 et tableau 7.)

En effet, la plupart des étudiants de l'UL dépendent de leurs parents. Or, les données démontrent que la situation sociale de la majorité des parents ne leur permet pas de couvrir les besoins de leurs enfants étudiants (tableau 3 et 4). Ceci met les étudiants dans une situation socio-économique très délicate dont la seule solution envisagée est la bourse ou l'aide scolaire accordée par la Direction des Bourses et Stages.

La situation de crise vécue par les étudiants s'exprime aussi par l'impression qu'ils ont de ne pas être considérés par les décideurs ou encore par la perception différenciée qu'ils ont des bourses, aides scolaires et potentialités du pays d'avec les dirigeants (tableau 29, tableau 30 et tableau 31).

Il est apparu clairement dans l'analyse et l'interprétation des données de l'étude que, des étudiants aux autorités, s'il existe une nette opposition entre les points de vue sur des sujets importants comme les bourses et aides scolaires puis les possibilités de l'Etat, cela est redevable à un problème de communication. Dans ces conditions, la répression, méthode de gestion des mouvements souvent adoptée par les autorités, suscite un sentiment d'injustice et incite les manifestants à s'y opposer énergiquement. Ailleurs, la répression constitue un instrument au service des mouvements du moment où elle leur donne l'ampleur escomptée par les organisateurs de manifestations.

Les mouvements sociaux à l'Université de Lomé doivent être compris comme la conséquence d'une situation sociale commune partagée par l'ensemble des étudiants sans frontières politique, ethnique ou religieuse.

L'attribution de ces mouvements aux partis politiques d'opposition n'est pas toujours à l'avantage du pouvoir public du moment où cela renforce les velléités contestataires.

Toutes ces conclusions confirment les différentes hypothèses formulées au départ à savoir que :

- la persistance des mouvements peut s'expliquer par leur politisation dans bien de cas ;

- la détérioration des conditions de vie des étudiants explique la recrudescence des mouvements sociaux à l'UL ;

- les mouvements étant l'expression d'une crise générale de la société, toute action répressive ne fait que les renforcer ;

- la répression prépare les manifestants à envisager des situations plus complexes que celles réprimées ;

- la fréquence de la répression habitue les manifestants qui intègrent à la manifestation les mesures répressives. En d'autres termes, une manifestation étudiante non réprimée est conçue comme un échec de la manifestation. C'est la répression qui donne l'ampleur à la manifestation.

Trouver des solutions à la fracture sociale qui occasionne des manifestations, c'est s'attaquer aux maux qui minent la jeunesse estudiantine.

Pour y parvenir, une vraie volonté, des décisions, des mesures concrètes sont absolument nécessaires.

Il importe alors de donner la parole aux étudiants pour qu'ils proposent des solutions. Il ne suffit pas de leur donner la parole, mais il importe aussi de leur faire confiance, de les écouter effectivement. Dans cette perspective, il y a nécessité d'un dialogue social franc et permanent qui permettra aux autorités de présenter l'état réel de la caisse de la Nation et aux étudiants de soumettre leurs problèmes.

C'est donc en somme l'essentiel de ce qui ressort de cette étude qui, il faut le reconnaître, ne peut prétendre embrasser tous les contours de l'épineux problème que constituent les mouvements sociaux en général, et estudiantins en particulier. Il serait intéressant de l'approfondir au 3ème cycle ou que d'autres recherches l'abordent dans ses divers aspects.

BIBLIOGRAPHIE

I- DIDACTICIELS

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2- DANIOUE, T. R. (2002). Dossiers méthodologiques, Université de Lomé, FLESH

3- KEKEH, K. R. (2001). Cahier des activités pédagogiques du cours analyse quantitative en recherche sociale, Université de Lomé, FLESH

II- OUVRAGES METHODOLOGIQUES

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VI- AUTRES PUBLICATIONS

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51- CAROLE et CHRISTELLE (2000). « Changement social et conflits », http://www.ac-bordeaux.fr/Etablissement/SudMedoc/Ses/1999/chg_cfl.htm

52- GEORGE, S. (2001). « Contre - attaque des anti-mondialisation », http : www.eurozine.com/article/2001-11-06-george-fr.html

53- 21- JAFFRIN, S. (1991). « Entretien avec Alain Touraine », http: //www.acrimed.org/article804.html

54- OUDART, E. (1997). « Les conflits sociaux », http://www2.ac-lyon.fr/enseigne/ses/stages/bolliet

56- VAILLANCOURT, J-C. (1991). « Mouvement ouvrier et nouveaux mouvements sociaux : l'approche d'Alain TOURAINE », http :www.uqac.uquebec.ca/zone30/classique_des_sciences_sociales/contemporains/vaillancourt_jean_guy/mouvement_ouvrier/mouvement_ouvrier.html

ANNEXES

TABLE DES MATIERES

DEDICACE 2

REMERCIEMENTS 3

LISTE DES ACRONYMES 5

INTRODUCTION 7

PREMIERE PARTIE : CADRES THEORIQUE, PHYSIQUE, CONCEPTUEL
ET METHODOLOGIQUE
10

CHAPITRE 1er : CADRES THEORIQUE ET CONCEPTUEL DE L'ETUDE 11

I- Cadre théorique 11

I.1 Analyse de la situation et problématique 11

I.2 Hypothèses de la recherche 17

I.3 Les objectifs de la recherche 18

I.4 Revue de la littérature 18

II Clarification des termes 28

CHAPITRE 2ème : METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE 31

I- Techniques de collecte de données 31

I.1 Recherche documentaire 31

I.2 Enquête quantitative 32

I.3 Enquête qualitative 36

II- Méthodes de traitement des données 36

II.1 Le traitement des données quantitatives 36

II.2 Le traitement des données qualitatives 36

III- Les difficultés rencontrées 36

III.1 Les difficultés d'ordre théorique 37

III.2 Les difficultés d'ordre pratique 37

CHAPITRE 3ème : CHAMP D'ETUDE 38

I- Présentation de l'université de Lomé 38

I.1 Historique 38

I.2 Situation géographique 39

I.3 Les services centraux 39

II- Historique des mouvements contestataires au Togo 42

II.1 La période coloniale 42

II.2 Historique des mouvements sociaux de l'indépendance à 1990 44

II.3 La contestation de 1990 à 2004 47

III. La législation en matière d'association au Togo 52

DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES - INTERPRETATION DES RESULTATS 56

CHAPITRE 4ème : PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES 57

I- Caractéristiques des enquêtés 57

I.1 Répartition des enquêtés selon le sexe 57

I.2 Répartition des enquêtés selon l'âge. 58

I.3 Répartition des enquêtés selon la religion 59

I.4 Répartition des enquêtés selon la durée d'inscription à l'Université de Lomé. 60

I.5 Répartition des enquêtés selon l'ethnie d'origine 61

I.6 Répartition des enquêtés selon la profession de leur père ou tuteur. 62

I.7 Répartition des enquêtés selon la profession de la mère ou tutrice 63

II- La prise en charge des étudiants 64

II.1 Principale source de revenus des étudiants 64

II.2 Montant mensuel par étudiant, satisfaction des besoins dans le mois, lieu de résidence, conditions de logement 65

II.3 Moyen de déplacement, frais de déplacement, restauration 69

III- Connaissance et motivation à participer aux mouvements 72

III.1 Connaissance des moyens de contestation des étudiants. 73

III.2 Moyens d'information, engagement dans les organisations culturelles et les
partis politiques.
75

IV- Perceptions et attitudes face aux mouvements étudiants 77

IV.1 Perception et attitude vis à vis de la répression 80

IV.2 Relation, communication étudiants - autorités 84

CHAPITRE 5ème : INTERPRETATION DES RESULTATS 87

I- L'émergence et la persistance des mouvements sont liées a la situation de crise
vécue par les étudiants
87

I.1 Crise économique 87

I.2 Crise de communication entre étudiants et autorités de l'éducation 88

II- La répression des mouvements sociaux et effet boomerang 89

III- Les motivations à participer aux mouvements 89

CONCLUSION - RECOMMANDATIONS 93

BIBLIOGRAPHIE 96

ANNEXES 102






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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery