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L'activité culinaire des étudiants étrangers

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par Frédérique Giraud
Ens-Lsh - Master 1 de Sociologie 2006
  

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5) Le goût pour l'innovation culinaire

a) Giovanni : le goût pour la cuisine fran çaise comme intérêt bien compris

Giovanni est partagé entre son goût de la nourriture italienne et l'envie de découvrir de nouvelles saveurs, mais ces deux attitudes sont en réalité commandées par la volonté de dépenser le moins possible pour l'alimentation.

Le goût pour la cuisine française qu'il défend doit être compris comme une rationalisation bien comprise de ses choix alimentaires. Les aliments typiques d'Italie sont chers en France par rapport à leur coût chez lui, de sorte que le choix de manger français permet de sortir de l'impasse causée par la volonté de manger italien de la même manière que chez lui et l'impossibilité financière de s'offrir les aliments authentiques. Mais dans les discussions, ce n'est pas cette volonté de contrôler les dépenses alimentaires qui est mise en avant. Au contraire, Giovanni manifeste son goût pour les saveurs des autres, rappelle à qui veut l'entendre qu'il a déjà séjourné en Allemagne et connaît déjà beaucoup de recettes allemandes. On ne doit pas sous-estimer la valorisation liée à cette attitude d'ouverture sur autrui. Giovanni la lie à son européanisme : pour lui l'Europe offre la chance de pouvoir circuler librement en Europe et de pouvoir séjourner dans les états limitrophes de l'Italie. C'est presque normal pour lui que de goûter à la nourriture française. C'est ainsi que l'on peut comprendre qu'il se moque d'Abdelbaki qui refuse de goûter d'autres plats que les plats tunisiens.

Giovanni veut manger « vrai », pendant l'entretien et tout au long de notre vie en colocation, il répète qu'il ne peut trouver en France des vrais produits italiens. En France nous n'avons que des succédanées c'est pourquoi il préfère encore manger français plutôt que de se contenter de produits italiens dérivés. A la fois les produits vendus ne sont pas les mêmes, ils ne sont pas distribués sous le même conditionnement. « Le gorgonzola, le grana c 'est pas la même pièce, j'ai l'habitude d'acheter une pièce de 1kg, je le fais moi-même à la maison. En Italie, y'a des sortes de crème qui ressemblent à la crème fraîche mais c 'est autre chose, c 'est moins du fromage, c 'est plus doux et c 'est fait pour les raviolis, pour les pâtes...en France vous avez que de la crème liquide, la crème fraîche après vous dites que vous faites des pâtes à la carbonara mais c 'est pas ça... »

Souvent il met en cause les Français qui croient manger italien, sans se rendre compte qu'ils mangent italien à la manière française. « les pâtes avec la crème fraîche qui ressemble mais c 'est pas vraiment pareil». On voit ici que la différence réside dans la nuance, une nuance qui peut être difficile à saisir pour un Français mais qui existe bel et bien.

Les pâtes ne doivent pas être trop cuites. Pour lui, les Français quand ils font des pâtes, « se contentent d 'acheter une sauce et c 'est bon, c 'est pas que tu vas préparer avant la sauce, après une heure deux heures pour faire la sauce et après le dernier quart d 'heure tu fais cuire les pâtes. » Il défend un art de bien faire les pâtes. Lors de la fête organisée par l'association

des étudiants étrangers de l'Ens, il a avec les autres italiens de la résidence préparé des pâtes et une sauce piquante à la tomate. Surtout la qualité des pâtes importe énormément, s'il ramène des pâtes d'Italie c'est pour ne pas avoir à acheter des Barilla ou d'autres marques, il mange des pâtes artisanales seule dignes d'intérêt pour lui.

A sa manière il est puriste, défend la qualité des produits italiens, les saveurs et les odeurs distinctes de celles que l'on trouve en France. Mais il ne prend pas la peine de chercher des magasins italiens, ce qui l'intéresse plus c'est la pluralité des influences alimentaires et la découverte de nouvelles denrées. Il manifeste un goût pour les découvertes alimentaires. Selon ses dires, il aime tout, il aime goûter « j 'aime bien goûter la cuisine française, les produits français, c 'est pas la peine d 'aller chercher toute la ville pour acheter des choses italiens. »

Il aime emprunter aux différentes cultures des recettes, il aime montrer qu'il a plus d'une corde alimentaire à son arc. « Comment aujourd'hui tu pourrais définir ta cuisine ? Elle est touj ours italienne ? Européenne, oui un peu en Allemagne, un peu français parce que je suis en France, italien parce que je suis italien et je suis aussi resté en Espagne comme j 'ai pris un peu l 'habitude de l 'Espagne, comme ça et quand même quand j 'étais en Erasmus il y avait beaucoup d 'étrangers de tout le monde et comme ça j 'ai appris beaucoup de recettes »

Au cours de ses études il a déjà passé deux ans à l'étranger, un an en Allemagne, quelques mois en Espagne et plus de six mois en France. Il maîtrise très bien les langues parlant couramment l'allemand et le français en plus de sa langue maternelle. Ses séjours à l'étranger et sa maîtrise des langues sont cohérents avec sa défense de l'Europe, de l'ouverture aux autres et à la découverte des sociétés203. Il pose beaucoup de questions sur les traditions, les manières de faire des autres pays (la Chine, la France, la Tunisie, le Brésil, la Russie...) et multiplie les rencontres amicales. Il fait partie à l'Ens de plusieurs groupes d'amis, de plusieurs réseaux entre lesquels il partage ses soirées : il est invité régulièrement par un groupe d'amis brésiliens, par un groupe de russes, il fréquente également beaucoup d'italiens et a deux très bons amis tunisiens. Cette pluralité d'influences dont il aime à se définir se retrouve au niveau de ses pratiques alimentaires : il aime innover, tester de nouvelle recettes et emprunter à divers registres. Son registre alimentaire fourmille d'influences diverses.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille