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Les représentations dans la géographie : une approche à valoriser dans les pays du Sud (l'exemple des hautes terres d'afrique de l'Ouest et d'Afrique Centrale

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par David Leyle
Université Bordeaux 3 - DEA de géographie 2001
  

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1. LES MONTAGNES EN AFRIQUE DE L'OUEST ET EN AFRIQUE CENTRALE, RÉALITE OU CONSTRUCTION SOCIALE ?

Pour Gumuchian, H., le fait d'aborder les montagnes sous leur forme subjective -à savoir les images individuelles et collectives qu'elle produit- n'en revient pas à nier leur réalité biophysique ou humaine. En ce qui concerne le statut spécifique de la réalité sociale montagnarde, on peut néanmoins s'interroger sur sa validité tant on constate qu'aujourd'hui sa qualification humaine et sociale est biaisée par nos représentations (voir note 15). « Du coup, l'interrogation portée sur la spécificité montagnarde ne se limite plus à l'étude des paramètres objectifs qui la différencie de son environnement. Elle s'étend aussi aux constructions culturelles, souvent à fonction spécifiante dont elle à été l'objet. » (Debarbieux, B., 1989)

1.1 L'objet d'étude montagnard et ses humanités dans la géographie : des déformations scientifiques.

L'intérêt pour les espaces montagnards émerge au XVIIIème siècle à travers le regard des artistes et des romanciers (voir annexe 4): attractive et mystérieuse, la montagne par sa dimension métaphysique et imaginaire captive celui qui s'y intéresse. Probablement liée à cet engouement, la problématique de la montagne apparaît à la même époque dans les sciences naturelles. Les reliefs montagnards deviennent un terrain d'étude privilégié pour la diversité des écosystèmes qu'ils offrent aux scientifiques européens. Ces milieux sont ainsi perçus à l'époque comme une véritable « mosaïque de formes naturelles » : « c'est dans la montagne que l'on doit principalement étudier l'histoire du monde » (Deluc, J.A., 17781). Dans la même période, l'utilisation des gradients altitudinaux permet aux scientifiques d'effectuer des expérimentations (climatologie, botanique, géologie) qu'ils n'auraient pu réaliser en dehors des milieux montagnards, faute de moyens techniques suffisants.

Les images péjoratives des sociétés vivant dans ces milieux se construisent dans le milieu scientifique dans le même temps2 : on croit alors qu'elles ont de faibles capacités de transformation et d'aménagement de leur environnement ; en tout cas bien moindres que les plaines environnantes. La nature y est moins maculée de l'empreinte de l'homme, plus virginale ; elle est donc perçue comme étant « un musée de la nature, une mémoire de la terre, un conservatoire des formes originelles » (Debarbieux, B, 1989). Ces différentes perceptions et

1 Deluc, J.A., lettres physiques et morale sur les monta gne , La Haye, 1778 p. 127.

2 Pour les populations vivants sur les piémonts montagnards, ces images existent depuis bien longtemps déjà.

1 Dupaigne, A., les montagnes, Tours, 1873, p.35

représentations des réalités géographiques montagnardes sont devenues les fondements de la spécificité des ces milieux.

Fortement influencé par le déterminisme environnemental et sa démarche de causalité directe, le discours sur les humanités montagnardes évoque des images : < il suffit de prononcer le mot de < montagnard » pour éveiller l'idée d'un homme robuste, actif, persévérant, brave, généralement honnête et de bon sens, aimant la liberté, enfin, sincèrement religieux » (Dupaigne, A., 18731). Mais cette vision des montagnards a également son antithèse : < Pour les gens de la plaine et des villes, les habitants des régions de montagne ont souvent la réputation d'être traditionnels, conservateurs, passifs ou même rétrogrades. » (Messerli, B. et Ives, J.D., 1999), voire même celle de sauvages, d'hommes sous-civilisés ; cette vision du montagnard reste prégnante dans les hauts reliefs tropicaux, où l'on oppose la plus grande modernité des plaines et des côtes, considérées comme des espaces centraux, à la tradition des périphéries montagnardes enclavées, isolées.

Les particularismes des sociétés vivant dans les milieux montagnards sont nés des représentations de < ceux d'en bas » : valorisant au XVIIIème siècle, dévalorisant au XIXème siècle. Il est probable que ces discours péjoratifs ont contribué, et contribuent aujourd'hui encore, à développer les identités montagnardes des populations qui y vivent ; d'autant plus que les espaces montagnards deviennent à notre époque des enjeux socio-économiques importants. Les opérations d'aménagement et les projets qui s'intéressent de nos jours aux milieux montagnards ne sont-ils pas la reconnaissance de leurs spécificités ? Ou traduisent-ils les représentations de ceux qui les conçoivent, envers ceux qui en sont (ou qui voudraient en être) les destinataires ?

Les évolutions contemporaines des discours scientifiques sur les montagnes n'ont que peu altéré cette spécificité d'objet, sa réalité biophysique ne pouvant être remise en cause, mais ils intègrent progressivement les images propres que véhiculent ces milieux : < la montagne telle qu'on la perçoit est un outil de l'esprit, un mythe [...] ; à ce titre elle entre donc, dès les origines, comme un élément essentiel de la structuration sociale de l'espace » (Bozonnet, J.P.).

Ainsi, le géographe, l'ethnologue ou encore le développeur, observateurs des montagnes, de leurs phénomènes et des sociétés, doivent avoir à l'esprit que leur volonté d'objectivité, si toutefois elle existe, subit l'influence de leurs propres images, de leurs propres représentations. En fonction de leur culture, de leurs parcours humains et scientifiques, de leurs points de vues, les manières de voir et d'apprécier la réalité montagnarde sont inévitablement influencées par leurs systèmes de représentations (voir note 16). Nous avons affaire ici à un filtre majeur dans l'approche et la compréhension des représentations en milieu tropical montagnard.

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