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Filles-mères et conflits familiaux dans les ménages de Kinshasa. Une enquête menée dans la Commune de Bumbu

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par Chandrelle Mafuele Filakembo
Université de Kinshasa (RDCONGO) - Diplome de licence en sociologie 2006
  

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1. Concept de conflit

D'après le dictionnaire Le Nouveau Petit Robert, « le conflit est une rencontre d'éléments, de sentiments contraires, qui s'opposent ; un antagonisme, une discorde, une lutte, une opposition ou un tiraillement ».19(*)

La littérature distingue plusieurs types de conflits dont les conflits d'intérêts, de passions, de générations (entre parents et enfants, adultes et jeunes).

Selon Alain TOURAINE, un conflit est une relation antagonique entre deux ou plusieurs unités dont l'une ou l'autre a tendance à dominer le champ social de l'une des parties.20(*)

Pour J. FREUD, le conflit est un affrontement ou un heurt intentionnel entre deux êtres ou deux groupes de même espèce qui manifestent l'un à l'égard de l'autre une intention hostile en général, à propos d'un droit et qui pour maintenir, affirmer ou rétablir ses droits essaie de briser la résistance de l'autre, éventuellement par le recours à la violence qui peut, le cas échéant, tendre à l'anéantissement physique de l'autre.21(*) Pour SHOMBA, le conflit est une situation dans laquelle deux ou plusieurs êtres ou groupes humains cherchent activement à se contrecarrer les objectifs et à s'empêcher la satisfaction des intérêts jusqu'au point de se faire mal ou de détruire l'autre.22(*)

En définitive, le conflit social apparaît comme un affrontement entre plusieurs groupes sociaux antagonistes, l'objet de tout conflit étant de modifier le rapport de forces existant entre les parties.

2. La théorie des conflits

La théorie des conflits a acquis une fonction empirique. Dès que le conflit a été établi comme une réalité dans la société, on a eu recours à une tradition intellectuelle pour pouvoir l'interpréter.

Durkheim a donné une image harmonieuse de l'organisation sociale. Ce qu'il privilégie, c'est la stabilité qu'entraîne la solidarité. La source des conflits vient de la nature des liens sociaux. Le conflit est le résultat d'un manque : l'anomie. K. Marx, R. Dahrendorf et A. Touraine insistent sur le rôle du conflit en tant que moteur du changement social. Le point de départ de cette analyse est bien sûr l'analyse marxiste. On peut alors se demander si l'analyse marxiste du conflit est toujours d'actualité.

Il est établi aujourd'hui que les conflits sont normaux au sens sociologique, c'est-à-dire qu'ils sont inhérents à la vie en société : ils sont des éléments structurels des sociétés modernes. Tout d'abord, en interne, le conflit génère l'existence d'une identité commune au groupe contestataire; ensuite, le mouvement social s'appuie souvent sur un principe de totalité, s'inspirant d'une pensée générique (par exemple, l'intérêt national, la justice sociale, etc.). Ceci  a pour résultat de constituer l'essence du groupe, et de le transformer une fois les buts initiaux atteints.23(*)

 L'image d'une société essentiellement harmonieuse et paisible dont les parties composantes s'adapteraient parfaitement les unes aux autres a été violement brisée par des bouleversements divers et des conflits multiples vécus à travers les sociétés, comme les affrontements raciaux, professionnels ou d'intérêts.

Les travaux d'Adam FERGUSON ont montré notamment que « bien que l'homme soit né dans la société, certaines de ses importantes institutions sont formées par la force. Le conflit dans les sociétés humaines est très bénéfique et très nécessaire pour le progrès ; sans rivalités entre les nations, ni pratique de guerre, la société civile n'aurait jamais aucun objectif ni forme».24(*)

Nous ne pouvons pas comprendre les autres si nous n'avons pas encore lutté nous-mêmes. Les formes les plus diverses des luttes et des conflits apparaissent surtout dans des compétitions économiques et politiques, dans les guerres et les relations internationales. La prospérité économique est basée sur la lutte politique et militaire. Ferguson lui-même doute que la paix soit l'objectif d'une société.

Il ressort ainsi que l'interprétation sociologique des conflits confère à ces derniers une fonction positive dans la société, malgré les effets négatifs qu'ils comportent parfois. L'évolution normale d'une société peut être vue comme un mouvement constant de ce qui est appelé conflit, ajustement, stabilité ou équilibre et fin de conflit.

Le conflit peut être aménagé mais pas éliminé ; cet aménagement du concept est appelé intégration, ajustement, stabilité ou équilibre ». La société en général est bicéphale. Ce que Ralf Dahrendorf appelle « janus-headed » : elle a deux natures : coexistence et changement, intégration et conflits, fonction et dysfonction, consensus et contrainte, etc. 

Le conflit familial

Il s'agit ici de comprendre les conditions, les facteurs les agents et les fonctions de conflit au sein de la famille.

Le terme facteur renvoie à un détonateur du changement social ; un facteur est un effet, un élément d'une situation donnée qui du seul fait de sa présence ou par le rôle qu'il joue, occasionne le changement.25(*) Les causes du changement apparaissent ainsi les causes qui créent le changement social.

Les conditions désignent des éléments de la situation qui favorisent ou défavorisent, activent ou ralentissent, encouragent ou retardent l'influence d'un ou de plusieurs facteurs de changement. Enfin, les agents sont des individus, des groupes, des associations qui introduisent le changement, le favorisent ou s'y opposent26(*).

L'étude des fonctions des conflits présente ceux-ci comme inhérents à toute vie sociale. Les conflits constituent aussi une variable de la vie en société et ils prennent des formes variées et se distinguent par la nature de leurs enjeux.

Lewis A. COSER a démontré le rôle dynamique des conflits au sein des organisations et en a souligné l'utilité. Il estime que les conflits surgissent à la suite de certaines défaillances de l'organisation, en l'occurrence, l'indifférence ou l'incapacité de celle-ci à résoudre certains problèmes considérés comme fondamentaux par un ou plusieurs de ses membres.

En ce qui concerne les fonctions des conflits, COSER en énumère huit qui ont particulièrement retenu son attention, à savoir que :

1° les conflits sociaux renforcent la conscience du groupe et marque la séparation,

2° les conflits préservent la cohésion du groupe et la signification des institutions qui servent de soupape de sûreté,

3° les conflits conduisent à la stabilité des systèmes sociaux,

4° les conflits poussent les gens à la prudence,

5° les conflits externes renforcent les pouvoirs attribués aux chefs,

6° les conflits idéologiques sont difficiles à maîtriser la valorisation,

7° les conflits créent un investissement émotionnel,

8°les conflits assurent l'intégration mobilisée du groupe face aux dangers extérieurs.

La valorisation des conflits constitue une aberration dans la mesure où ceux-ci constituent d'abord un élément déstabilisateur et destructeur du système social, quelles que soient leur forme, intensité, durée et ampleur.

Pour ce qui est de notre étude, nous disons que les conflits qui apparaissent dans une famille sont souvent fonction de la qualité des relations qui se tissent entre les jeunes filles et leurs tuteurs, qu'ils soient parents ou autres personnes adultes. Le plus souvent cependant, c'est entre filles et marâtres ou entre filles et tantes (c-à-d l'épouse de l'oncle) que les plus de problèmes surgissent. Ces relations sont comprises pour les uns en termes de violence ou d'injustice, pour les autres elles sont vécues comme une forme de privation qu'elles n'acceptent pas. A cause de cela, la maison familiale devient pour beaucoup de ces filles un lieu de souffrances insupportables.

* 19 Dictionnaire Le Nouveau Petit Robert, nouvelle édition, 2000, Paris, p.510.

* 20 A. TOURAINE, « Les conflits sociaux », in Encyclopédie Universalis, Paris, 1988, p.301.

* 21 J. FREUD, Sociologie des conflits, PUF, Paris, 1933, p.65.

* 22 SHOMBA KINYAMBA, Cours inédit de Dynamique sociale et culturelle, 2ème Licence sociologie, Université de Kinshasa, 2006.

* 23 Banque des ressources Interactives en Economie et Sciences Sociales (BRISES), Conflits sociaux, www.Google.cd

* 24 A. FERGUSON, cité par PAYANZO N., Cours inédit de Systématique des théories sociologiques, G2 sociologie, université de Kinshasa, 2005.

* 25 (G. ROCHER, Sociologie. Tome 2 : le changement social, Ed.du Seuil, Paris, 1968, p.

* 26 G. Rocher, Op. cit. p.

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