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L'alternance politique au Sénégal : 1980-2000

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par Adrien THOUVENEL-AVENAS
Université Sorbonne Paris IV - Master 2 2007
  

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Introduction

Après vingt ans de pouvoir, Abdou Diouf est battu le 19 mars 2000 par son adversaire de touj ours, Abdoulaye Wade. Dès le lendemain matin, le Président sénégalais appelle au téléphone l'heureux vainqueur, le félicite, reconnaissant ainsi sa défaite. Dans le monde entier, on salue la dignité dioufiste et l'exemplarité sénégalaise. Quelques semaines à peine après le coup d'Etat militaire en Côte-d'Ivoire, cette alternance politique réconcilie l'Afrique avec la vie démocratique. Le Sénégal justifie alors son titre de "vitrine démocratique de l'Afrique".

Cette expression tire son origine de la présidence de Léopold Sédar Senghor. Bien que le pays connaisse durant plus d'une décennie un régime de parti unique (1962-1974), le "verrouillage pacifiste" du système et le retour rapide au multipartisme, à une époque où la majorité des pays africains sont des Etats autocratiques et autoritaires, favorisent la propagation de l'idée que le Sénégal est un pays avant-gardiste, "une oasis de démocratie".

Cette impression positive est toutefois à nuancer. Le Sénégal ressemble à bien des égards à ses voisins africains. Il connaît la corruption, les bourrages d'urnes, les monopoles étatiques, un parti gouvernemental omniprésent et omnipotent, une justice partisane etc.

Le pays mélange donc les genres, tiraillé entre deux modèles politiques. Un modèle français, dont les fondements sont l'Etat jacobin, le pluralisme politique, la liberté de la presse et la laïcité. Et un "modèle africain", hérité de la période coloniale, qui fait la part belle au clientélisme, à la corruption et aux relations étroites entre gouvernants et chefs religieux locaux.

Le Sénégal est de ce fait un pays politiquement complexe, d'une surface de 196.722 km² . Il comprend environ 5,5 millions d'âmes au début des 1980 mais connaît au cours des vingt ans d'étude une forte progression de sa population. Situé à la pointe de l'Afrique occidentale, il a pour voisin la Mauritanie, le Mali, la Guinée et la Guinée-Bissau, sans oublier l'enclave gambienne. La capitale du Sénégal est Dakar, mais il y a d'autres villes importantes. On peut citer Thiès, Kaolack, l'ancienne capitale Saint-Louis ou encore la capitale mouride, Touba. Le territoire est quant à lui divisé entre 1983 et 2000 en dix régions : Dakar - Diourbel - Fatick - Kaolack - Kolda - Louga - Saint Louis - Tambacounda - Thiès et Ziguinchor. La langue officielle est le français, selon une volonté de Senghor, mais la langue la plus parlée est le wolof (qui est aussi l'ethnie majoritaire), à hauteur de 60-65 %, contre à peine 10% pour le français.

Le pays est à plus de 90 % musulman, principalement des sunnites de rite malékite. On compte diverses confréries - associations laïques dirigées par des religieux - ayant une grande importance dans la vie quotidienne des Sénégalais. Les deux principales sont les confréries Mouride (région de Diourbel) et Tidjane (région de Kaolack et Thiès), dirigées par des Khalifes généraux, descendants directs des fondateurs des confréries.

Si les Tidjanes sont deux fois plus nombreux que les Mourides, ces derniers jouent un rôle économique très important. En effet, la valorisation du travail et de l'effort, ainsi que l'insertion des membres mourides dans les tissus économiques sénégalais, est l'une des bases du mouridisme. Que ce soit dans l'agriculture ou le commerce, les Mourides sont omniprésents et incontournables. Le Khalife général des Mourides est donc une personne relativement courtisée par le palais présidentiel.

Il y a néanmoins dans ce pays fortement islamisé une minorité chrétienne, principalement catholique, qui représente 5 % de sa population. Léopold Sédar Senghor, catholique pratiquant, a fait appliquer dans la Constitution de 1960 une laïcité "à la française" dans le but d'éviter tout

affrontement à caractère religieux, chose récurrente en Afrique. La filiation entre l'Etat et les religieux est tout de même ostensible, la solidité du régime senghorien reposant en partie sur un "contrat social" avec les confréries musulmanes. Outre le fait d'avoir une influence spirituelle, les marabouts sont indispensables au pouvoir car ils quadrillent le pays. Ils détiennent une bonne partie des leviers de production de la principale culture du pays, l'arachide. Faisant la richesse du Sénégal entre 1960 et 1980, cette monoculture est mise à mal par les sécheresses successives de la fin des années 1970 et l'effondrement de son cours international. L'affaiblissement de l'arachide et l'incapacité des dirigeants sénégalais à trouver une culture de substitution rentable explique en partie les graves difficultés économiques que connaît le pays à partir de 1979.

Incapable de faire face à cette récession, Léopold Sédar Senghor passe la main volontairement à son dauphin putatif Abdou Diouf à la fin de l'année 1980. En décidant de ne pas s'accrocher éternellement au pouvoir, le "Père de la nation" transgresse les habitudes africaines et contribue à la bonne réputation de la République sénégalaise. Si cette passation de pouvoir est louée par l'opinion internationale, elle est très vivement critiquée par l'opposition sénégalaise, qui exige la démission immédiate de Diouf et la tenue de nouvelles élections. Ainsi, dès sa prise de fonction, Abdou Diouf est aux yeux d'une partie de la population un usurpateur, un homme "qui a triché".

La rupture entre le peuple et le Président n'est cependant pas effective durant les premières années de l'ère dioufiste. Le pouvoir promeut le multipartisme total, maintient "les acquis sociaux senghoriens" et tient un discours consensuel. Entre 1981 et 1985, Diouf est un chef d'Etat moderne, qui comble les attentes de son peuple. Si Abdoulaye Wade représente dès cette période une alternative, son action politique est étouffée par le discours novateur dioufiste.

Les choses changent après 1985 et l'adoption des nouvelles politiques économiques. A partir de cette période, Diouf n'est plus l'homme du changement, mais l'homme de la paupérisation. De plus, le chef de l'Etat refuse d'aller plus loin en matière de démocratie en ne reformant pas le code électoral. Il ne peut donc plus s'approprier la cause démocratique, qui lui est reprise par Abdoulaye Wade, via son cri de ralliement, le sopi ("changement" en wolof).

Dès 1988, Diouf est dans une position relativement inconfortable. Les régions qui ont le plus souffert durant son quinquennat, Dakar et la Casamance, lui tournent déjà le dos. Les violences urbaines qui suivent l'annonce de la réélection dioufiste attestent le désamour naissant entre le Président et son peuple.

Après avoir cru au cours de son "état de grâce" pouvoir se passer d'une filiation avec Léopold Sédar Senghor, Diouf se résout après 1988 à ramener sur le devant de la scène l'héritage senghorien. Il redevient un second, un homme dans l'ombre du "Père de la nation". Ce retrait relatif lui permet d'opérer un rapprochement significatif avec Abdoulaye Wade. En s'associant avec son principal concurrent, Diouf brise l'élan de l'opposition et assoit son pouvoir. Les gouvernements à majorité présidentielle élargie, qui deviennent récurrents après 1991, ont pour but à la fois de garantir "la paix civile" mais aussi d'empêcher une quelconque alternance politique. En effet, en participant à différents gouvernements socialistes, Wade brouille son image auprès de l'opposition et du peuple. Dans son essai sur le multipartisme sénégalais, Antoine Tine résume la situation par ces mots :

"les Sénégalais sont des spectateurs apathiques et complètement désabusés, qui se contentent de regarder Abdoulaye Wade qui surfe avec Habib Thiam (et Abdou Diouf), Habib Thiam (et Abdou Diouf) qui surfe avec l'autre"

Durant presque une décennie, on ne sait pas où situer le PDS : dans le camp dioufiste ou dans le

camp de l'opposition "pure et dure" ? L'attitude wadiste correspond-t-elle à une improvisation totale ou à un plan de conquête du pouvoir ?

Abdou Diouf fragilise ainsi Wade et repousse à plus tard l'espoir d'une alternance politique. Tout au long des années 1990, le chef de l'Etat cultive le paradoxe de vouloir se maintenir au pouvoir tout en oeuvrant en faveur de l'ouverture du régime. Il se démarque par conséquent de l'héritage "démocratique" senghorien pour façonner sa propre oeuvre politique. Il encourage l'ouverture des médias d'Etat, favorise la pluralisation de la vie politique nationale et locale, autorise les radios privés et permet la création d' un organisme indépendant de contrôle des élections. Le Président de la République du Sénégal, par l'intermédiaire de ses actions, affiche sa volonté d'être à présent le Président de tous les Sénégalais et non plus du parti gouvernemental. Après 1993, il prend ses distances avec le PS, qu'il délègue à son homme de confiance, Ousmane Tanor Dieng.

Grâce à cette ouverture, l'opposition obtient une place de plus en plus conséquente dans les assemblées, les médias et le gouvernement. Elle devient une vraie force de contestation reconnue, capable de s'organiser pour contester l'hégémonie socialiste. L'alternance politique devient alors véritablement possible puisque les opposants ont des moyens légaux pour se faire entendre et "s'opposer". Abdoulaye Wade saisit l'opportunité et entre après 1996 dans un véritable rapport de force, tout d'abord avec le PS, puis peu à peu avec Abdou Diouf lui-même. En reprenant la tête du front anti-dioufiste, il arrive à se constituer un comité de soutien suffisamment solide, capable d'annihiler "la machine électorale socialiste".

Abdou Diouf est ainsi dépossédé de son oeuvre. Au lieu d'être présenté comme le "Père de la démocratie sénégalaise", il est dépeint comme un monarque autocratique et autoritaire, prêt à tout pour conserver les rênes du pouvoir. De plus, alors que le Sénégal n'a jamais été aussi démocratique, l'opinion internationale s'est presque totalement désintéressée de la vie politique du pays. A la fin des années 1990, le Sénégal a tout simplement "perdu de sa superbe ", supplanté par d'autres régimes africains - en Zambie ou au Bénin - qui ont déjà connu une alternance politique démocratique.

En dépit d'énormes efforts de démocratisation, le Sénégal n'est pas reconnu à l'orée des élections présidentielles de 2000 comme étant une démocratie achevée. Le régime sénégalais est "semidémocratique ", selon les termes de Christian Coulomb. Nonobstant la pluralité politique, le code électoral "presque parfait", l'Observation National des Elections, l'absence de bourrages d'urnes, la présence d'isoloirs de vote et d'observateurs internationaux, la non-intervention de l'armée dans les scrutins etc. Qu'est-ce qu'une démocratie sans alternance politique ? Pas grand chose, semblent répondre les contemporains.

Dans leur esprit, l'alternance doit marquer la réussite des réformes démocratiques entamées depuis 1974 et briser une hégémonie socialiste qui accapare une très grande partie des ressources de l'Etat depuis le début des années 1950.

Pour le peuple, elle a également un sens particulier. Dans toute démocratie, nouvelle ou ancienne, l'alternance politique constitue un mythe, une douce illusion, voire un mirage. Elle suscite l'enthousiasme, l'espoir de voir naître un monde meilleur et prospère. Ces sentiments sont décuplés dans un pays qui n'a jamais connu l'alternance. Après 50 ans de pouvoir socialiste, la population a besoin d'innovations, d'un changement de discours, d'attitude et de fonctionnement, en rupture avec le précédent régime. En outre, les Sénégalais désirent en votant pour l'alternative se "réapproprier" l'Etat, confisqué depuis bien longtemps par une seule formation politique, incapable depuis deux décennies de résoudre la crise économique et sociale que traverse le pays. Devant ce constat d'échec, l'alternance politique devient non plus un souhait populaire, mais une

nécessité démocratique.

L'alternance du 19 mars 2000 est un événement historique indéniable, l'aboutissement d'un long processus de démocratisation au Sénégal. Comme va tenter de le démontrer ce mémoire, on croit que divers facteurs - politiques, économiques, sociaux et extérieurs - ont permis la victoire wadiste. Voici ci-dessous les plus notables :

- la dévaluation du franc CFA de 1994, qui offre la possibilité à l'économie sénégalaise de repartir sans pour autant stopper la paupérisation accélérée de la population, ce qui dresse une grande partie de l'électorat sénégalais contre le PS

- l'incapacité socialiste à adapter ses réseaux clientélistes à une population de plus en plus jeune et urbaine, acquise à la cause wadiste

- la création par le chef de l'Etat d'organismes de contrôle indépendants, tels que l'ONEL, qui assurent la transparence du scrutin de 2000

- l'implosion du camp socialiste, causée en grande partie par l'entêtement d'Abdou Diouf à maintenir Ousmane Tanor Dieng à la tête du PS, qui permet à l'opposition d'élargir le front antidioufiste en "récupérant" les dissidents Niasse et Kâ

- la mise en place autour de Wade et Niasse d'une véritable union de l'opposition, capable de faire chuter le régime socialiste

- la crainte d'une post-campagne violente, similaire à celle de 1988, et d'une intervention militaire calquée sur le modèle ivoirien, en cas d'une victoire dioufiste

- le profond désir de changement de la population, lassée d'une hégémonie socialiste vieille de plus de 50 ans

- l'attitude légaliste d'Abdou Diouf, reconnaissant sa défaite aussitôt les premiers résultats connus

Comment est-on passé en l'espace de vingt ans d'un régime fermé et hégémonique à une passation de pouvoir consensuelle entre Abdou Diouf et Abdoulaye Wade ? Quelles ont-été les grandes étapes de la démocratisation sénégalaise sous Abdou Diouf ? Comment juger la relation Diouf-Wade au cours de la période ? Quelle part de "responsabilité" à l'implosion du PS dans l'alternance politique de 2000 ? Peut-on croire enfin que celle-ci débouche sur le sopi tant espéré par les Sénégalais ? Voici quelques questionnements soulevés par le thème de ce mémoire : l'alternance politique au Sénégal.

Pour l'étudier, on a choisi un cadre chronologique restreint : 1980-2000. Pourquoi ne pas avoir débuter l'étude en 1974, avec comme point de départ la fin du "parti unifié" au Sénégal ? On explique cette décision par une volonté de privilégier l'analyse d'un ensemble homogène. Le changement de Président qui s'opère à la fin de l'année 1980 constitue une telle rupture, politique et idéologique, que ne pas commencer par cet événement nuerait à la démonstration d'ensemble. On insiste donc sur la présidence d'Abdou Diouf, qui favorise dans ses premiers mois de gouvernance le pluralisme politique intégral. En effet, même si Léopold Sédar Senghor laisse entrevoir une ouverture démocratique dès 1974, la notion d'alternance politique renvoie à l'idée de formations partisanes autonomes et plurielles, capables de faire vivre l'espace démocratique en proposant des programmes alternatifs.

Or, jusqu'en 1981, l'opposition est restreinte par une loi limitant son nombre. Elle est en conséquence plus ou moins subordonnée au Parti Socialiste, puisque les deux/trois partis d'opposition doivent leur légalité aux choix du Président en place. Même si la quantité de partis

n'est pas le baromètre du niveau de démocratie d'un pays, il parait spécieux de prétendre que l'alternance politique puisse être possible dans le régime tripartite puis quadripartite de Senghor. Le départ de ce dernier et la loi promulguée en avril 1981, garantissant le pluralisme politique, assurent dans les textes une possible alternance politique. Il est ainsi logique de commencer l'étude au moment où débute :

- Pour le Parti Socialiste et Abdou Diouf, une période d'adaptation face au multipartisme.

- Pour l'opposition, une tentative d'organisation face à la "machine électorale PS".

Si la première décennie d'Abdou Diouf à la tête de l'Etat sénégalais ressemble à s'y méprendre à la présidence de son prédécesseur quant à la gestion des échéances électorales (bourrages d'urnes, monopolisation des médias d'Etat, code électoral favorisant clairement le parti majoritaire etc.), la place de l'opposition s'accroît dans le débat politique. Il n'y a plus, comme au temps de Senghor, de voix unique et centralisée. Ensuite, après 1991, on note la volonté dioufiste d'adapter le pays et le PS aux exigences d'une démocratie "moderne". L'année 2000 s'impose donc d'elle-même pour clore le sujet, puisqu'elle voit l'aboutissement des progrès démocratiques avec la victoire dans le calme d'Abdoulaye Wade aux élections présidentielles.

L'objectif de ce mémoire est donc de mettre en relief les conditions de démocratisation du régime dioufiste. Au moment de l'alternance, de trop nombreux travaux ont eu la volonté d'assombrir les vingt années de pouvoir d'Abdou Diouf. Ils ont réduit la portée "de l'oeuvre démocratique dioufiste" et ne l'ont pas suffisamment intégré dans les éléments qui ont contribué aux événements du 19 mars 2000. Sans vouloir adopter une attitude complaisante à l'égard du second Président de la République sénégalaise et mettre de coté d'autres facteurs explicatifs, l'auteur de ce mémoire désire réhabiliter le travail d'ouverture réalisé par Abdou Diouf.

En insistant sur les mesures entreprises dès 1981, cette étude veut démontrer qu'il y a avant 2000 des élections disputées, grandement couvertes par les médias privés et d'Etat, qui ont des enjeux. Il s'agit en quelque sorte de "démystifier" l'alternance politique sénégalaise. Sans renier l'importance de l'événement, il ne constitue pas, contrairement à ce qui a été écrit dans de nombreux ouvrages, véritablement une "surprise", car dès les législatives de 1998, le PS l'emporte d'une courte tête : il entrevoit la possibilité d'une prochaine défaite. L'alternance de 2000 n'est donc pas une révolution dans la vie politique sénégalaise, un fait inattendu et surprenant, mais simplement l'aboutissement d'un processus de démocratisation entamé 20 ans auparavant.

Ainsi, en élaborant un travail articulé autour d'une organisation chronologique, on désire montrer que les événements politiques, sociaux et économiques qui ont jalonné l'histoire du Sénégal ont permis à ce pays d'acquérir une véritable culture démocratique bien avant le 19 mars 2000.

Pour étudier les vingt années de présidence dioufiste, on a utilisé essentiellement des sources imprimées, étant donné que la période étudiée se situe encore dans l'histoire du temps présent. On a cependant dans un premier temps consulté des ouvrages consacrés à la vie politique africaine et sénégalaise. Ils ont été trouvés facilement à la Bibliothèque Nationale Française François Mitterrand. On souligne ici la quantité et la qualité des ouvrages fournis dans l'espace dit "haut de jardin". On y a trouvé des ouvrages essentiels traitant de la vie politique sénégalaise.

Pour ce qui est des sources, principalement des journaux sénégalais, africains ou français, on s'est rendu à la Bibliothèque de Documentation Internationale Contemporaine (BDIC), établie à Nanterre. La rapidité pour trouver tout type d'information est à relever, ainsi que l'immense base

de données dont dispose ce centre d'archives, qui se considère comme "l'établissement pilote pour l'histoire et l'historiographie du monde contemporain ".

Grâce à l'apport de ces deux bibliothèques, on a pu consulter les principaux livres traitant du Sénégal. On retient l'apport d'un ouvrage tel que "Le Sénégal sous Abdou Diouf" de MomarCoumba Diop et Mamadou Diouf, sorti en 1990. Il propose de faire un bilan des dix premières années de l'ère dioufiste. Il met en évidence le sentiment de frustration que connaissent les Sénégalais au cours de la période, qui atteint son paroxysme en février 1988. Ce livre est important car il analyse une époque décisive dans le processus d'ouverture démocratique mené par Diouf. Le tome deux de "La vie politique sénégalaise" de François Zuccarelli est aussi indispensable puisqu'il aborde les aspects majeurs de la vie politique du pays entre 1960 et 1988. Les propos de l'auteur sont néanmoins à prendre avec la plus grande vigilance, puisque Zuccarelli a été pendant de nombreuses années un des proches collaborateurs de Léopold Sédar Senghor.

Toutefois, ces deux livres, écrits juste après la crise de 1988, n'ont pas eu forcement le recul nécessaire pour livrer une parfaite analyse de la situation, contrairement à un autre ouvrage de Momar-Coumba Diop et Mamadou Diouf, rédigé cette fois-ci en collaboration avec l'irlandais Donal Cruise O'Brien : "La construction de l'Etat au Sénégal", paru en 2002. Publiant diverses études plus ou moins récentes - certaines ayant été réalisées pour la revue Politique africaine - cet ouvrage dresse non plus un bilan à mi-parcours, mais un bilan global de la présidence dioufiste. La plus marquante de ces études est certainement celle de Momar-Coumba Diop, Mamadou Diouf et Aminata Diaw, "le baobab a été déraciné ". Elle analyse la campagne présidentielle de 2000, qui sonne le glas de l'ère dioufiste et socialiste.

D'autres livres méritent également d'être évoqués, même si pour certains d'entre eux, le temps a fait son effet. "The passive revolution" de Robert Fatton, daté de 1986, n'a plus la même aura que lors de sa publication. En effet, l'auteur juge dans son ouvrage que le Sénégal de 1985 est un pays stable, démocratique, qui n'a plus rien de semblable avec le Sénégal du début des années 70. Malheureusement pour l'américain, les événements de 1988 sont venus contredire sa théorie. Ils ont montré que le pays était loin de la "passive revolution" décrite et qu'il était touj ours régi par un PS omnipotent et impopulaire.

Mar Fall, dans "le Sénégal d'Abdou Diouf, le temps des incertitudes", s'attaque au Président Diouf. Publié en 1985, le sociologue fait un premier bilan du successeur de Senghor. Il lui reproche notamment de ne pas avoir su, ou pu, se dégager des manigances socialistes. L'auteur prône, dès 1985, la formation d'un gouvernement d'union nationale.

Enfin, on peut citer certaines études publiées dans Politique africaine. Les nombreuses contributions d'auteurs tels que Donal Cruise O'Brien, "Les élections sénégalaises du 27 février 1983 (1983)" ; Christian Coulon, "La démocratie sénégalaise: bilan d'une expérience (1992)" ou encore Momar-Coumba Diop, Mamadou Diouf et Aminata Diaw, "Le baobab a été déraciné. L'alternance au Sénégal (2000) " sont tout simplement incontournables.

L'ensemble de ces ouvrages, qui abordent pour la plupart la première partie de la présidence dioufiste (1980-1991), fournissent des renseignements précieux pour maîtriser une décennie riche en évènements et en bouleversements. Concernant la période 199 1-2000, la bibliographie se réduit considérablement. On s'est donc appuyé presque exclusivement sur les sources, sans avoir aucune autre "aide extérieure"

Comme dit précédemment, ces sources ont été consultées au centre d'archives de Nanterre. Elles sont la base même du travail historique. Le sujet de ce mémoire étant situé dans l'histoire du temps présent, on a employé principalement des sources imprimées : des hebdomadaires ou mensuels sénégalais, africains ou français. La principale difficulté a été de dégager les bonnes des mauvaises informations, étant donné que des milliers d'articles ont été épluchés, soit sur place, en consultant les archives disponibles à la BDIC ; soit sur Internet, via les moteurs de recherche des archives en ligne.

La principale source imprimée consultée pour les périodiques français a été celle du Monde. Le Monde, journal de référence pour une grande partie de l'opinion publique en France, est réputé pour son très grand sérieux. Le journal, crée en 1944 après la libération de Paris, constitue depuis un carrefour des opinions où se retrouvent intellectuels, responsables politiques et lecteurs. Le choix de ce quotidien a aussi été motivé en raison des liens privilégiés qui unissent Le Monde et le Sénégal. En effet, c'est l'article de Pierre Biarnès du 21 octobre 1980, "Le chasseur qui guette ne tousse pas", qui annonce à la France, mais aussi aux Sénégalais, le prochain départ de Léopold Sédar Senghor. Si les rapports qu'entretiennent Senghor et les correspondants du Monde ne sont peut-être pas aussi étroits par la suite avec Abdou Diouf, Le Monde continue de 1980 à 2000 à s'intéresser de très près à la vie politique sénégalaise.

De plus, la consultation des archives de ce journal a été d'une grande simplicité. Une bonne partie des anciens articles du Monde sont disponibles en ligne via le moteur de recherche du site internet. On retrouve également l'intégralité de la collection du journal à la BDIC, en accès libre. Tous les articles traitant des deux décennies dioufistes sont de ce fait aisément consultables.

On a obtenu par conséquent une vision claire et juste de la vie politique au Sénégal, grâce aux évènements marquants qui y sont relatés. Toutefois, pour plus de précisions, il a été nécessaire de consulter directement des périodiques africains et sénégalais, mieux renseignés sur les faits abordés.

Les journaux sénégalais sont le plus souvent les relais de courants de pensée pro ou anti gouvernementaux, les rédactions étant la plupart du temps affiliées très clairement à un parti politique. Le principal problème a été d'avoir accès aux archives de ces différents journaux, car la plupart d'entre eux n'ont pas eu un écho suffisant pour avoir un réel intérêt aux yeux des archivistes. Seule la consultation du journal gouvernemental le Soleil a pu être réellement effective.

Longtemps le Paris-Dakar, publié entre 1933 et 1961, est le quotidien phare au Sénégal. Après l'indépendance, il est renommé pour devenir le Dakar-matin, tout en gardant la même aura. Mais en 1970, Léopold Sédar Senghor émet le souhait de voir naître un journal sénégalais fait par des Sénégalais. Ainsi naît le Soleil, dont le nom est choisit par le Président en personne. On devine aisément les liens très étroits qui existe depuis entre la rédaction du journal et le Parti Socialiste. On sait en outre qu'en 1980, l'Etat détient encore 54 % de son capital : Le soleil est donc considéré comme un média d'Etat.

Tiré à hauteur de 20 000 - 25 000 exemplaires par jour, Le soleil est le quotidien numéro un dans le pays au début des années 1980. Il s'adresse aux personnes très alphabétisées. Les termes employés sont volontairement techniques, écrit dans un français parfait, la rigueur littéraire de ce journal facilitant l'utilisation de ses articles. Le soleil est incontournable lorsque l'on souhaite faire un travail sur le Sénégal. C'est pourquoi la BDIC dispose d'un stock d'archives de ce quotidien relativement complet.

Une lecture approfondie du Soleil a permis de mesurer l'évolution du PS et de la démocratie

sénégalaise entre 1980 et 2000, le journal étant le miroir d'une société sénégalaise vue et/ou voulue par le pouvoir. Si en 1980, le journal gouvernemental est exclusivement au service de la propagande socialiste, on remarque déjà sa volonté d'ouverture lors des élections locales ou nationales, en suivant très rigoureusement les campagnes de l'opposition. Parallèlement aux initiatives présidentielles, on note que Le soleil adopte une ligne éditoriale moins partisane suite au premier gouvernement d'union nationale de 1991. Le quotidien "ouvre ses portes" à l'opposition et fait de nombreuses interviews avec des opposants tels que Abdoulaye Wade, Landing Savané ou Abdoulaye Bathily, chose impensable dans les années 1980. Peu à peu, l'actualité de l'opposition est mieux suivie et traitée avec plus d'objectivité. Toutefois, la ligne éditoriale du Soleil reste résolument pro-socialiste, ceci jusqu'à l'alternance de mars 2000.

Les autres partis politiques sénégalais ont leur propre journal afin de pouvoir exposer leur programme et critiquer ouvertement les socialistes. Le PDS a Le démocrate qui devient après 1988 Sopi. Il connaît un très grand succès. A un degré moindre, Taraw, le journal du RND ou Jaay Doole bi d'And Jef ont une certaine influence dans le pays.

La presse dite "indépendante" joue quant à elle un rôle de plus en plus conséquent dans la vie politique sénégalaise après 1980. Des journaux comme Sud Quotidien, Wal Fadjri ou le Cafard Libéré s'imposent sur la scène sénégalaise et jouissent d'une grande popularité auprès de la population. Ils n'hésitent pas à relayer des "affaires" et à défier aussi bien l'opposition que le pouvoir, s'attirant parfois les foudres de la justice. Leur poids s'accroît au milieu des années 1990, lorsque Sud et Wal Fadjri s'installent sur la bande FM en créant leur propre radio privée. Les médias indépendants contribuent ainsi à la démocratisation du Sénégal et constituent des sources d'informations précieuses.

Comme dit précédemment, la consultation de la presse indépendante ou d'opposition a été plus que limitée, en l'absence d'archives à la BDIC. Ces manques représentent l'une des principales faiblesses de ce mémoire. Néanmoins, cette lacune a été compensée par une lecture approfondie de l'hebdomadaire panafricain Jeune Afrique, dont le siège est en région parisienne. Journal politique et économique de référence sur le continent africain, ses reportages et ses entretiens sont lus avec attention par les dirigeants sénégalais. Ils ont parfois des répercussions très importantes sur la vie politique du pays (on pense au limogeage de Djibo Kä en 1995 et à la dissidence de Niasse en 1999). Contrairement aux médias d'Etat, Jeune Afrique donne régulièrement la parole aux opposants sénégalais dès 1980. De ce fait, on peut suivre l'évolution de la pensée politique de l'opposition tout au long de la période dioufiste.

On désire souligner la grande qualité des articles produits par Jeune Afrique entre 1980 et 1995. On regrette que cette qualité se soit nettement détériorée après cette période, suite notamment au départ d'un des rédacteurs en chef délégués, le journaliste Sennen Andriamirado. Jeune Afrique perd alors son caractère de journal d'investigation pour devenir progressivement un simple hebdomadaire d'information. Sa lecture reste cependant très utile pour comprendre les dernières années du régime socialiste.

D'autres bi-hebdomadaires ont été consultés, en l'occurrence Lettre du continent et Le Nouvel Afrique-Asie. Malheureusement, on déplore le manque de sérieux de certains articles, trop subjectifs ou tout simplement trop... médiocres. Ces journaux oscillent ainsi entre le bon et le relativement mauvais, et servent simplement à compléter certaines informations récoltées soit dans un quotidien, soit dans Jeune Afrique.

Les écrits d'anciens acteurs de la vie politique sénégalaise sont également considérés comme des sources. On a retiré des mémoires publiées par Habib Thiam, Assane Seck ou Jacques Foccard des données précieuses qui ont aidé à mieux comprendre les vingt années de pouvoir dioufiste. Elles ont permis de recouper des informations capitales, notamment au sujet du départ précipité de Léopold Sédar Senghor en 1980.

Toutefois, ces sources ont leurs limites : Habib Thiam, ami fidèle d'Abdou Diouf, n'a pas le recul nécessaire pour livrer un témoignage objectif sur la présidence dioufiste ; le témoignage d'Assane Seck, vieux compagnon du "Père de la nation", n'est utile pour ce mémoire que lorsqu'il s'étend sur le départ de Senghor et la "radiation des barons" en 1984 ; enfin, les mémoires de Jacques Foccard livrent quelques anecdotes intéressantes mais aucune n'est véritablement essentielle.

Abdou Diouf n'a quant à lui pas voulu pour l'instant écrire ses mémoires politiques. Homme d'une grande timidité, n'aimant que très modérément s'adresser à la presse, l'ancien chef d'Etat s'est rarement exprimé depuis le 19 mars 2000 au sujet de ses deux décennies à la tête du Sénégal.

Néanmoins, Abdou Diouf a accordé en octobre 2005 un entretien autobiographique en cinq parties à la chaîne de radio française RFI. Il est revenu dans l'émission "Livre d'or" de Philippe Sainteny sur son enfance, ses premiers pas en politique, la difficulté qu'il a eue à s'imposer comme le successeur de Léopold Sédar Senghor, sa relation avec Abdoulaye Wade etc.

Cet entretien radiophonique constitue une source de tout premier plan , car le Président Diouf, considéré comme "l'un des hommes les plus secrets d'Afrique", livre d'importantes informations sur sa jeunesse et sa conception du pouvoir, chose qu'il n'avait jamais fait auparavant. Ayant eu accès à cette source à la BDIC, on a pu mieux comprendre et apprécier l'homme central de la période étudiée par ce mémoire.

Pour analyser l'alternance politique au Sénégal, on a divisé ce travail en six temps. Hormis le premier chapitre, la délimitation des parties s'est effectuée selon les différentes législatures qui jalonnent la présidence dioufiste.

Le premier chapitre est en dehors du cadre chronologique défini dans l'intitulé du mémoire. Il présente un laps de temps assez long, qui va de 1789, date "imaginaire" régulièrement citée par les politiques sénégalais pour situer le début de la vie politique au Sénégal, à 1980, année où Senghor délègue peu à peu la totalité de ses pouvoirs à son successeur Abdou Diouf.

Cette grande introduction insiste sur les spécificités politiques sénégalaises, constatées dès l'époque coloniale. Ce premier chapitre relate aussi la genèse de l'omnipotence socialiste, l'ouverture du régime après 1974, la fin du règne de Senghor et la mise en place de sa succession. Le Président-poète choisit Abdou Diouf, son Premier ministre depuis 1970, pour reprendre la tête de l'exécutif. Léopold Sédar Senghor quitte ainsi le pouvoir de son plein gré le 31 décembre 1980.

De 1981 à 1983, Abdou Diouf connaît un véritable "état de grâce". Jeune et dynamique, le nouveau Président démocratise le régime, autorise une pluralité politique totale, utilise des thèmes novateurs. Il est considéré comme "l'homme du changement". L'opposition, désarçonnée par le personnage, n'arrive pas à s'organiser pour les élections de 1983. L'alternance politique est ainsi inenvisageable, d'autant plus les fraudes électorales sont à cette époque généralisée. Seul Abdoulaye Wade obtient un score honorable à la présidentielle, contrairement aux "anciens" Mamadou Dia et Majhemout Diop. Abdou Diouf triomphe. Il a à présent une légitimité venue des urnes. Il n'est plus l'homme de Senghor.

Entre 1983 et 1988, le pouvoir mène une nouvelle politique économique et sociale pour endiguer

la crise qui touche le Sénégal depuis le début des années 1980. La cote de popularité du chef de l'Etat décline fortement, l'électorat commence à se tourner vers Abdoulaye Wade : c'est "le temps des incertitudes". Après avoir supprimé le poste de Premier ministre, Diouf est en première ligne et essuie rapidement les critiques de l'opposition. Le fondateur du PDS devient pour une partie de la population une alternance crédible au pouvoir socialiste. Le climat des élections de 1988 est tendu, voir violent. La jeunesse des agglomérations urbaines réclame le sopi, et surchauffée par les déclarations wadistes, n'hésite pas à jeter des pierres sur différents cortèges présidentiels. Après la réélection dioufiste, entachée d'importantes fraudes électorales, le peuple mécontent descend dans la rue. Dakar s'embrase. Le Sénégal, "oasis de démocratie", se discrédite aux yeux du monde entier.

Cet épisode pousse le Président à reprendre le chemin des réformes démocratiques, quelque peu délaissé lors de son précédent quinquennat. Peu à peu, "Diouf reprend la main" entre 1988 et 1993. Il limoge son homme de confiance Jean Collin, se rapproche d'Abdoulaye Wade en l'intégrant au gouvernement en 1991, ouvre les médias, délaisse la gouvernance du PS, réforme le code électoral etc. Avec ces mesures, qui marquent une nouvelle étape dans la démocratisation du pays, il favorise l'éclatement de l'opposition, le PDS étant dorénavant associé aux initiatives gouvernementales. En réduisant le pouvoir de contestation des opposants, le chef de l'Etat éloigne le spectre d'une alternance politique en 1993. Diouf remporte donc assez facilement les élections présidentielles, mais Wade est pour la première fois majoritaire dans la région dakaroise. Toutefois, la formation libérale est affaiblie à la suite de l'assassinat du vice-président du Conseil constitutionnel, Babacar Sèye. Abdoulaye Wade, accusé d'avoir commandité le meurtre, est mis en détention. Le pays replonge dans une longue crise politique.

En plus de cette affaire, la législature 1993/1998 est marquée par la dévaluation de 50 % du Franc CFA en janvier 1994. Le mécontentement de la rue est à son paroxysme, Wade est une nouvelle fois arrêtée à la suite d'une émeute dans la capitale, l'inflation grimpe en une année de 30 % : Abdou Diouf est à la tête d'un "Sénégal dévalué". La situation s'apaise en 1995, quand Abdou Diouf et Abdoulaye Wade renouent le dialogue. Ceci aboutit à l'entrée de ministres PDS dans un nouveau gouvernement à majorité présidentielle élargie. Néanmoins, le chef de l'Etat doit faire face à l'implosion de son parti, les cadres socialistes n'acceptant pas à la tête du PS l'homme de confiance du Président : Ousmane Tanor Dieng. L'affaiblissement de la formation gouvernementale profite à l'opposition, qui regroupée derrière Wade, demande la mise en place de garde-fous pour assurer la transparence des législatives de 1998. Cette requête est acceptée finalement par Diouf. Il crée l'ONEL, organisation indépendante chargée de veiller au bon déroulement des élections. Aidée par la société civile et les médias indépendants, l'ONEL enraye "la machine à fraude socialiste". Le PS l'emporte avec simplement 50,19 % des suffrages. La possibilité d'une alternance politique en 2000 devient bel et bien envisageable.

La dernière partie de ce mémoire est consacré à "la chute d'Abdou Diouf". Le Président de la République se heurte entre 1998 et 2000 à un front anti-dioufiste très bien organisé, composé des membres historiques de l'opposition et renforcé par l'arrivée des dissidents socialistes Djibo Kâ et Moustapha Niasse. Nonobstant les nombreux efforts d'Ousmane Tanor Dieng, le candidat socialiste n'arrive pas à tisser un réseau d'électeurs suffisamment solide pour s'assurer la victoire au premier tour. Au second tour, le candidat socialiste est emporté par la vague sopiste et perd face à Abdoulaye Wade le 19 mars 2000. Sans attendre la proclamation des résultats officiels, Abdou Diouf félicite le Président élu. L'alternance politique est devenue une réalité, "le baobab a été déraciné".

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille