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L'alternance politique au Sénégal : 1980-2000

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par Adrien THOUVENEL-AVENAS
Université Sorbonne Paris IV - Master 2 2007
  

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3. Les élections régionales, municipales et rurales de 1996 :

3.1. Les objectifs de la décentralisation :

Prévues en 1995, les élections municipales sont repoussées à l'année suivante pour être coupler au scrutin régional. Avec ce regroupement, l'Etat économise 2 milliards FCFA. Si la LD/MPT approuve le report, le PDS s'insurge et va jusqu'à déposer une motion de censure 60, la formation libérale dénonçant le fait que le report ait été officialisé... 90 jours avant la date initialement choisie pour les élections municipales 61 . L'attitude socialiste montre qu'en dépit du gouvernement d'union nationale, le PS reste, comme l'a annoncé Diouf dans son allocution du 31 décembre 1994, "le maître du jeu ".

Jugée comme un coup de force par le PDS et le PIT, cette initiative est pourtant légitime. En effet, le projet de décentralisation, annoncé depuis 1992, n'a toujours pas été discuté à l'Assemblée nationale en 1995, en raison des multiples contretemps de 1993 et 1994. Si la décision de reporter ces élections est unilatérale, l'élaboration de la loi sur la décentralisation est... collégiale : elle est votée à l'unanimité le 5 février 1996, après que les députés aient déposé sur les 534 articles de la loi... 309 amendements 62 . A l'instar du code électoral de 1992, la décentralisation n'est donc pas un coup de force socialiste mais une oeuvre collective bâtie par l'ensemble de la classe politique sénégalaise.

La décentralisation, fortement encouragée par les bailleurs de fonds, doit permettre à l'Etat de se décharger de nombreuses compétences et ne garder que les pouvoirs "régaliens". Ainsi, l'Etat transmet aux collectivités ses prérogatives dans de nombreux secteurs : l'environnement ; les ressources nationales ; la santé et la population ; la jeunesse et les sports ; la culture et l'éducation ; la planification et l'aménagement du territoire ; l'urbanisme et l'habitat etc. Pour faire face à ces nouvelles dépenses, le gouvernement promet aux régions une dotation annuelle alimentée par la TVA, généralisée depuis les réformes économiques votées suite à la dévaluation. Les régions deviennent ainsi des personnalités juridiques, dotées d'une large autonomie financière. Cet aspect de la décentralisation, sur lequel insiste largement la propagande gouvernementale, vise principalement à séduire l'indocile Casamance. En effet, comme le reconnaîtra plus tard Abdou Diouf, la décentralisation est entreprise principalement pour calmer les aspirations indépendantistes du MFDC.

Outre l'intérêt pour l'Etat de se décharger de financements coûteux, la décentralisation offre aussi la possibilité de redonner du crédit aux politiques en amenant "la démocratie au village"63. L'esprit de la décentralisation veut en effet qu'avec les nouvelles responsabilités qui leur sont confiées, les élus locaux soient plus proches du peuple et plus à l'écoute de ses besoins quotidiens : ils doivent devenir les relais entre le "Sénégal d'en bas" et les hauts responsables dakarois. Le pouvoir espère ainsi enrayer le désintéressement de la population à l'égard de la vie politique, qui se manifeste à chaque élection par un très fort taux d'abstention.

60 Jugeant la prorogation des mandats des conseils municipaux et ruraux anticonstitutionnelle, 17 des 27 députés PDS signent un recours devant le Conseil constitutionnel. Celui-ci est rejeté. "Recours PDS devant le Conseil constitutionnel : Abdoulaye Faye "la loi nous le permet"", Le Soleil, 30 août 1995.

61 "Municipales : le gouvernement propose le report", Le Soleil, 17 août 1995 et "Les municipales repoussées à 1996", Le Soleil, 24 août 1995.

62 "La régionalisation est votée", Le Soleil, 23 janvier 1996.

63 Elimane Fall, "La démocra tie au village", Jeune Afrique, n° 1834, 5 mars 1996.

Via une grande part de proportionnelle, la décentralisation doit également mettre fin au monocolorisme PS au sein des communautés urbaines et rurales afin d'associer les partis d'opposition, qu'ils soient à l'Assemblée nationale ou non, pleinement à la vie politique locale.

Dans l'esprit d'Abdou Diouf, la décentralisation constitue une étape supplémentaire dans la démocratisation du Sénégal. Ces élections régionales et municipales représentent aussi d'énormes enjeux politiques et économiques. De ce fait, contrairement à 1984 et 1990, l'opposition ne peut être absente de ce rendez-vous. C'est pourquoi la quasi-totalité des partis se présentent. Ousmane Tanor Dieng a donc l'occasion de s'opposer pour la première fois directement au candidat PDS à la mairie de Dakar, Abdoulaye Wade.

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