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Ménages Gécamines, précarité et économie populaire

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par Didier Kilondo Nguya
Université Catholique de Louvain - Diplôme d'Etudes Approfondies 2004
  

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4.3.3. Strategies d'acteurs populaires

Nous venons de faire mention des pratiques d'économie populaire exercées par les ménages Gécamines dans ce contexte de la crise. Ces activités d'économie populaire vont de la survie a une reconstruction des liens sociaux a travers les réseaux. Les acteurs individuels et collectifs de ces pratiques sont les travailleurs de la Gécamines, leurs épouses, les petits paysans, les artisans et les commercants, les hommes, les femmes et les jeunes qui vivent dans les cités ouvrières de la Gécamines et dans l'espace des villes minières. Ces acteurs populaires s'inscrivent dans des stratégies innovantes tant dans les initiatives individuelles que dans des organisations d'économie populaire de type associatif et aussi de type coopératif.

Les familles ont mis en vente certains des leurs objets de valeur pour se constituer un capital et se lancer dans les activités économiques informelles. Tantôt c'est le chef de famille qui octroie une part de son salaire aux membres de la famille pour la fructifier dans la débrouillardise. Tantôt, les femmes recourent a des stratégies associatives et d'épargne pour fructifier leur capital. Par la stratégie associative, ce sont les associations d'entraide mutuelle oü les membres se cotisent

168 Isabel YEPEZ et al., op. cit., p. 487.

169 L.A. TILLY et J.W. SCOTT, Lesfemmes, le travail et lafamille, Coll. Histoire, Rivages, Paris, 1987, pp. 11-19.

hebdomadairement et l'association vient en aide a tout membre nécessiteux dans les conditions fixées par les textes qui le régissent. C'est une forme d'association qui réunit souvent ceux qui pratiquent le commerce. Les stratégies d'épargne prennent la forme de ristourne (tontines) oü les membres s'engagent a céder alternativement un montant fixe que l'on attribue a un membre a tour de rôle, selon une période déterminée a l'avance. En plus de ces organisations, il s'observe aussi des associations qui s'organisent, sous des formes institutionnelles des O.N.G. ou sous forme d'une autre organisation a objectif de développement communautaire.

Il se dégage deux visions des réalités qui se partagent l'espace fonctionnel des pratiques d'économie populaire. D'un côté, nous avons les acteurs plus directement engagés dans l'économie de marché et le capitalisme et orientés vers la mondialisation : de nouvelles couches de cadres et de gestionnaires. De l'autre, de nouveaux acteurs populaires appuyés par des intervenants travaillant dans des ONG, évoluant a l'intérieur de nouvelles instances de développement local et dans des organisations (main-d'>uvre, groupes de femmes, groupes de jeunes, associations de petits entrepreneurs, etc.)

Les pratiques populaires dans les cités ouvrières reposent, comme nous l'avons signalé plus haut, sur les dispositifs des réseaux, c'est-à-dire sur l'économie de subsistance communautaire que nous pouvons appeler le "rez-de-chaussée" de la société dans l'entendement de Braudel. Ce niveau contribue a son tour a soutenir les réseaux économiques et sociaux traditionnels en les transformant en circuits de petite production marchande, rendant ainsi possible un processus d'accumulation. Cela signifie en d'autres termes que le marché intérieur de survie a commencé a s'insérer dans une économie de marché, a l'intérieur de laquelle les proto-industries et les micro-entreprises, dont une partie relève des organisations de type mutualiste et coopératif, se consolident. L'analogie de cette structuration des pratiques populaires avec l'édifice braudélien a plusieurs étages illustre les relations entre les étages de la vie économique et sociale. A la lumière de l'analyse de Braudel, il est démontré que les acteurs du marché, sur une période longue de l'économie, se sont d'abord constitués a travers le système d'échanges d'une économie de subsistance. C'est en regard a cette réflexion que nous avons structuré les stratégies des acteurs populaires comme schématisées dans le tableau n° 15.

Tableau n° 15: STRATEGIES DES MENAGES GECAMINES

 

ARTICULATIO

DES TACHESFAMILIALES

STRATEGIES D 'ACTEURS

Capitalisme

participation des
membres de la famille a
l'entreprise familial

Production dans les
ateliers, les usines, les
industries
Surplus de production

Economie d'échange

participation des
membres de la famille
au salariat

Echange de la force de
travail contre rémunération
de subsistance

Civilisation matérielle

division du travail en
fonction des besoins du
ménage

Auto-production pour la subsistance ou l'échange

Il revient de retenir que les pratiques populaires des ménages Gécamines ne peuvent pas être envisagées comme une simple économie de la << débrouille >> individualiste. Ce sont des pratiques qui assurent au contraire des services a la communauté et qui ont servi d'amortisseur de la crise pendant les temps durs de l'histoire de la Gécamines. Cette économie dans les cités ouvrières s'est révélée doublement populaire, d'une part parce qu'elle est familiale, de l'autre parce qu'elle entretient avec la société et sa culture des relations étroites.

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