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Evolution des politiques environnementales françaises sur quarante ans

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par Valérie Lacroix
Université Libre de Bruxelles - Institut de Gestion de l'Environnement et d'Aménagement du Territoire - Master en Sciences et Gestion de l'Environnement 2008
  

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1.2. La phase de consolidation

Adopté en 1990, le PNE constate que la France cumule «quinze ans de retard» et propose une réorganisation institutionnelle majeure:

· en créant les DIREN, ou directions régionales de l'environnement;

· en créant de nouveaux établissements publics, tels l'IFEN, l'ADEME et l'INERIS;

· en augmentant de manière substantielle le budget du ME;

· en posant des objectifs sectoriels chiffrés;


· en intégrant l'environnement dans les activités économiques. (Chabason et Theys 1990)

1.3. La phase d'ouverture

Avec un programme politique pourtant peu centré sur les enjeux environnementaux, le Président Nicolas Sarkozy émet un signal fort en annonçant le Grenelle de l'Environnement et en convoquant les associations à l'Elisée au tout début son mandat, en mai 2007.

L'avant-projet de loi relatif a la mise en oeuvre du Grenelle est présenté par le ME le 30 avril 2008. Grenelle 1 est un texte d'orientation, qui décline en 47 articles les conclusions arrêtées fin octobre 2007. Dépassant les oppositions gauche-droite, il est adopté par le Parlement à une majorité écrasante (526 voix pour, 4 contre et 17 abstentions) en octobre 2008. Les modalités techniques d'application seront détaillées dans deux autres textes (Grenelle 2 et 3).

S'il est encore trop tôt pour juger de l'efficacité du processus, nous pouvons d'ores et déjà souligner que le Grenelle est novateur:

· en intégrant l'environnement au coeur de la décision publique, notamment au travers de deux principes forts : l'intégration des coûts pour le climat et la biodiversité, et l'inversion de la charge de la preuve pour l'aménagement du territoire6;

· en instaurant une procédure participative7 incluant cinq collèges: Etat, collectivités territoriales, patronat, syndicats et associations écologistes (notons qu'en 1970, le Programme des cent mesures pour l'environnement, quoique d'ampleur bien plus restreinte que le Grenelle, avait été élaboré en large concertation avec la société civile); à ce sujet, le PNUE insiste sur «la nécessité d'obtenir le concours de toutes les parties concernées» (2002: XXIX); cependant, certains acteurs-clé n'ont pas été conviés: les parlementaires et certains hauts fonctionnaires (Lascoumes 2007 : 56-57);

· en instaurant en avance un dispositif de suivi (évaluation ex-post) (Lascoumes 2007 : 52);

· en traitant les questions environnementales de façon systémique;

· et en avançant certaines mesures structurantes, par exemple la taxe carbone ou la trame verte et bleue (Bourg 2007 : 59-60).8

Précédant le processus du Grenelle, la création du MEEDDAT est en soi une nouveauté. Le mégaministère d'Etat crée un terrain propice à la coordination (position élevée dans la structure gouvernementale) et à l'intégration de l'environnement dans d'autres politiques (couplage avec plusieurs grandes administrations) (voir infra). Notons à ce sujet que le rapport GEO4 (PNUE 2007) préconise de déplacer l'environnement depuis la périphérie vers le centre du processus de prise de décision.

Ces trois phases ont été enclenchées par un engrenage de pressions externes fortes, que nous tenterons maintenant d'identifier.

6 «Premier principe : tous les grands projets publics, toutes les décisions publiques seront désormais arbitrées en intégrant leur coût pour le climat, leur coût en carbone. Toutes les décisions publiques seront arbitrées en intégrant leur coût pour la biodiversité. Très clairement, un projet dont le coût environnemental est trop lourd sera refusé.

Deuxième principe, nous allons renverser la charge de la preuve. Ce ne sera plus aux solutions écologiques de prouver leur intérêt. Ce sera aux projets non écologiques de prouver qu'il n'était pas possible de faire autrement. Les décisions dites non écologiques devront être motivées et justifiées comme ultime et dernier recours.» (Discours du Président de la République à l'issue des premières conclusions du Grenelle, 25 octobre 2007)

7 La référence aux Accords de Grenelle de mai 1968 souligne cette intention d'ouverture aux différents acteurs.

8 A son adoption en octobre 2008, la loi d'orientation Grenelle 1 comprend la mise en place d'une trame verte et bleue mais retarde par contre l'instauration de la taxe carbone, qui demeure à l'étude.

En étudiant les circonstances de l'émergence des grandes phases d'impulsion, nous avons perçu des similitudes au niveau des leviers d'action. Le tableau 1 représente une tentative de déboucher sur une trame commune aux trois temps et sert de fil conducteur à la lecture de ce chapitre.

Nous proposons la métaphore mathématique pour décrire la logique de construction de notre cadre d'analyse:

· L'équation du tableau se compose des phases d'impulsion relevées au point 1 et des contextes sociétaux liés à l'émergence de ces phases, subdivisés en niveaux d'influence.

· Les niveaux représentent les hypothèses de l'équation, basées sur une première recherche historique qui permet d'instaurer un lien avec les phases d'impulsion au travers d'au moins une composante dans le temps.

· Les cases à remplir représentent les inconnues, définies suite à une seconde recherche historique.

Certains niveaux d'influence recoupent différents contextes. Afin de structurer l'analyse, nous avons opté d'assembler les niveaux multidimensionnels en fonction des acteurs (militants versus gouvernement) et du mode de sensibilisation du public (media versus manifestation associative).

La vérification de l'adéquation d'un niveau d'influence dans les trois phases d'impulsion s'établit lorsque les trois composantes ou leur typologie commune s'égalisent. Ces niveaux sont signalés en vert dans le tableau. Ainsi, cette équation nous conduit à percevoir un noyau d'influence, constitué des hypothèses confirmées (contexte socio-économique, opinion publique, influence mondiale et discours d'orientation du gouvernement), entouré de niveaux périphériques (contexte des militants, médiatique) dont le pouvoir d'impulsion n'est pas systématique.

Notons que ce genre d'exercice multicritère a déjà été entrepris au niveau de l'évolution de la préoccupation environnementale en France. Daniel Boy dégage en effets deux pics de sensibilité au travers de l'analyse de divers indices du début des années 70 à la moitié des années 90 (mesures d'opinion, degré d'activisme environnemental, résultats électoraux des écologistes politiques) : «une naissance et un début de croissance au cours des années 1970, un freinage au début des années 1980 suivi d'une sorte de traversée du désert au milieu des années 1980, enfin un nouveau décollage à la fin des années 1980» (Boy 1999: 212, 217) (voir infra). Ces pics de sensibilité correspondent grosso modo aux temps des deux premières phases d'impulsion que nous avons délimitées.

Notre approche rétrospective a été principalement guidée par les ouvrages suivants:

· Lascoumes (dir.) (1999), Instituer l'environnement; Vingt-cinq ans d'administration de l'environnement,

· Bess (2003), The Light-Green Society: Ecology and Technological Modernity in France, 1960-2000.

Tableau 1

FACTEURS CONTEXTUELS LIÉS À L'ÉMERGENCE DE PHASES D'IMPULSION
DE LA POLITIQUE FRANÇAISE DE L'ENVIRONNEMENT

PHASES D'IMPULSION

CONTEXTES

Avant 1971
(Création du Ministère de
l'Environnement)

Avant 1990
(Plan National pour
l'Environnement)

Avant 2007
(Grenelle de
l'Environnement)

 

Chômage et tendance

bas
= bas

haut
= en baisse

haut
= en baisse

 

ralentissement
= stabilité

relance
= stabilité

ralentissement
= stabilité

 

Politiques:

Scores électoraux

-

forts

faibles

 

FFSPN
= regroupement

défense de la Vanoise
= succès

FFSPN FNE

= repositionnement

affaire du Rainbow Warrior
= flop

Alliance pour la planète
= regroupement

Pacte écologique de Hulot
= succès

 

Diffusion:

· Emetteurs

· Message

scientifiques
sonnette d'alarme

sciences sociales
alternative au système

personnalités, scientifiques
intégration au système

 

émergence
pétrolières et industrielles

amplification

+ accidents nucléaires

régression / industrielles

+ crises climatiques

 

Sensibilité environnementale

émergente

forte

forte

 

Influence

européenne et
internationale

forte

forte

forte

 

· Famille politique

· Discours général

droite

rupture
= différentiation

gauche

ouverture
= différentiation

droite

rupture et ouverture
= différentiation

 

Légende: = corrélations dans le temps

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote