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Etude du projet de reboisement de palétuviers rhizophora en basse-casamance (sénégal) par l'ONG océanium.

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par Nicolas FAUGERE
ISTOM - Ingénieur en Agro-Développement International 2009
  

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ISTOM

École d'Ingénieur en Agro-Développement International

32, boulevard du Port F.-95094 - Cergy-Pontoise Cedex
Tél : 01.30.75.62.60 télécopie : 01.30.75.62.61 istom@istom.net

MEMOIRE DE FIN D'ETUDE

Étude du projet de reboisement de

palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal)

par l'ONG Océanium.

Figure 1 : « Trop de sel, gâche la marmite » (CLERC, 2008)
Commentaire au verso de cette couverture

SOUTENU EN Juillet 2009

FAUGERE Nicolas

Promotion 95

Stage effectué à Dakar, Sénégal

Du 7/07/2008 au 7/01/2009

Au sein de : l'association « Océanium de Dakar »

Maître de stage : GOEPP Jean

École d'Ingénieur en Agro-Développement International

32, boulevard du Port F.-95094 - Cergy-Pontoise Cedex
Tél : 01.30.75.62.60 télécopie : 01.30.75.62.61 istom@istom.net

MEMOIRE DE FIN D'ETUDE

Étude du projet de reboisement de

palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal)

par l'ONG Océanium.

Figure 1 : « Trop de sel, gâche la marmite » (CLERC, 2008)
Commentaire au verso de cette couverture

SOUTENU EN Juillet 2009

FAUGERE Nicolas

Promotion 95

Stage effectué à Dakar, Sénégal

Du 7/07/2008 au 7/01/2009

Au sein de : l'association « Océanium de Dakar »

Maître de stage : GOEPP Jean

Explication du titre du dessin de la page de couverture

« Trop de sel gâche la marmite » est la traduction du proverbe wolof «Xorom bu bëri day yaxx cinn »1 qui signifie qu'à trop faire on finit par mal faire. Appliqué au sujet du mémoire, ce proverbe illustre la problématique de notre mémoire pour indiquer qu'à vouloir faire trop de résultats on risque de gâcher l'objectif.

Explication du dessin de la page de couverture

Le dessin est signé CANTES. Le commentaire est donné par (CLERC, 2008). Il s'agit du principe de la grenouille chauffée. « Imaginez une marmite remplie d'eau froide dans laquelle nage tranquillement une grenouille. Le feu est allumé sous la marmite, l'eau chauffe doucement. Elle est bientôt tiède. La grenouille trouve cela plutôt agréable et continue à nager. La température continue à grimper. L'eau est maintenant chaude. C'est un peu plus que n'apprécie la grenouille, ça la fatigue un peu, mais elle ne s'affole pas pour autant. L'eau est cette fois vraiment chaude. La grenouille commence à trouver cela désagréable, mais elle s'est affaiblie, alors elle supporte et ne fait rien. La température continue à monter jusqu'au moment où la grenouille va tout simplement finir par cuire et mourir. Si la même grenouille avait été plongée directement dans l'eau à 50°, elle aurait immédiatement donné le coup de patte adéquat qui l'aurait éjectée aussitôt de la marmite. Cette expérience montre que, lorsqu'un changement s'effectue d'une manière suffisamment lente, il échappe à la conscience et ne suscite la plupart du temps aucune réaction, aucune opposition, aucune révolte.»

Appliquée au mémoire, cette histoire rappelle l'importance du suivi et de l'évaluation à mi-parcours.

Comment citer ce mémoire

FAUGERE.N. 2009. Etude du projet de reboisement de palétuviers Rhizophora en Basse- Casamance (Sénégal) par l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). Cergy (FRA) : ISTOM, 80p.

N'IMPRIMEZ QU'EN CAS DE REELLE NECESSITE

La reproduction, même à des fins non-commerciales, est interdite sans permission écrite préalable du détenteur des droits d'auteur (art. L. 122-4, L. 122-5 et L.335-2 du code de la propriété intellectuelle).

1 Prononcer : [Rorom bou béri daï yaro tchiné]

« Il ne s'agit ni de moyens ni de connaissance. Il s'agit d'engagement, de foi, de détermination. Il s'agit de croire que le résultat ne dépend que de vous »

EL ALI Haïdar (2008)2, au sujet du reboisement de mangrove en Basse-Casamance.

Extrait du discours énoncé par Haïdar EL ALI, président de l'ONG « Océanium de
Dakar », le 21 décembre 2008 à Ziguinchor,
lors d'un congrès réunissant plus de 700 personnes
.

RESUME

La mangrove disparait en Casamance. La mangrove joue pourtant un rôle essentiel pour la sécurité alimentaire de la région de Casamance. L'ONG sénégalaise de protection de l'environnement « OCEANIUM DE DAKAR » met en place en 2008 une grande campagne de reboisement de 5 millions de palétuviers pour 130 villages du Sénégal. Beaucoup de moyens sont mis en oeuvre pour cette campagne : une mobilisation forte de la part des bénéficiaires, un soutien des bailleurs, une couverture médiatique large et une ONG active. Tous unissent leurs efforts pour un objectif commun : « faire revivre la mangrove ». Au bout du compte les résultats du projet sont au delà des espérances. En 43 jours, 6.302.000 propagules de palétuviers sont plantées sur 1.200 hectares grâce à la participation de 11.000 villageois. 32.500 personnes ont été sensibilisées et supportés par la couverture médiatique internationale. Un mécénat est obtenu pour reboiser 6.000 hectares l'année suivante.

C'est par l'analyse de résultats obtenus que l'auteur discute de l'objectif global du projet de « faire revivre la mangrove ». L'étude commente le traitement préférentiel donné à l'obtention du résultat vis-à-vis d'un objectif plurifactoriel. L'étude s'appuie notamment sur les enjeux du suivi-évaluation.

Mots clés : Casamance, mangrove, reboisement, palétuvier, Sénégal, participation, résultat, projet, objectif.

SUMMARY

Mangrove disappears in Casamance. Mangrove plays a vital role in food security for the region of Casamance. The Senegalese NGO for environmental protection "OCEANIUM DAKAR" developed in 2008 a major campaign to reforest 5 million mangroves for 130 villages in Senegal. Many means have been implemented for this campaign: a strong commitment on the part of recipients, donor support, wide media coverage and an active NGO. All combining their efforts towards the shared objective of reviving the mangrove. Ultimately the results for the project have been beyond expectations. In 43 days 6,3 02,000 mangrove propagules were planted on 1,200 hectares, 11,000 villagers have participated in the campaign, 32,500 people have been sensitized, the media coverage has been international and sponsorship has been obtained to reforest 6,000 hectares the following year.

It is through the analysis of results obtained that the author discusses the overall objective of the project "to revive the mangrove». The study explains the preferential treatment given to obtaining result towards a multi-purpose goal. The study draws on the issues of monitoring and evaluation.

Keywords: Casamance, mangrove, reforestation, mangrove, Senegal, participation, result, project, goal, objective.

RESUMEN

Los manglares están desapareciendo en Casamancia. Manglares desempeñan un papel vital en la seguridad alimentaria en la región Casamancia. La ONG de Senegal para la protección del medio ambiente "OCEANIUM DAKAR" pone en marcha en 2008 una importante campaña para reforestar 5 millones manglares para 130 pueblos de Senegal. Muchos medios se aplican en esta campaña: un fuerte compromiso por parte de los beneficiarios, el apoyo de los donantes, una amplia cobertura de los medios y una ONG activa. Todos juntos con un objetivo común: revivir el manglar. Al fin y al cabo, los resultados del proyecto están más allá que las expectativas. En 43 días se plantaron 6.302.000 propágulos de manglar en alrededor 1.200 hectáreas, 11.000 habitantes participaron en la campaña, 32.500 personas fueron sensibilizadas, los medios de comunicación son internacionales y un patrocinio de cobertura se obtiene para reforestar 6.000 hectáreas para el año siguiente.

Es a través del análisis de los resultados obtenidos que el autor trata del objetivo general del proyecto «para revivir los manglares». El estudio explica el trato preferencial dado a la obtención del resultados frente a un objetivo multifactorial. El estudio se apoya en las cuestiones de supervisión y evaluación.

Palabras claves: Casamancia, manglares, reforestación, manglar, Senegal, participación, resultado, proyecto, objetivo.

TABLE DES MATIERES

RESUME 5

LISTE DES ILLUSTRATIONS 7

9

TABLE DES TERMES ETRANGERS & LEXIQUE DES ABREVIATIONS 10

REMERCIEMENTS 11

INTRODUCTION 12

AVANT-PROPOS 13

CHAPITRE I : Le projet de reboisement de 5 millions de Rhizophora en Basse-

Casamance 14

CHAPITRE II : Analyse du projet 38

CHAPITRE III : Les améliorations possibles au projet 47

CONCLUSION 72

LISTE DES REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES & DES COMMUNICATIONS

PERSONNELLES 73

INDEX DES NOMS SCIENTIFIQUES 79

TABLE DES ANNEXES 81

LISTE DES ILLUSTRATIONS

FIGURES

Figure 1 : « Trop de sel, gâche la marmite » (CLERC, 2008) 1

Figure 2 : Plan de mes vifs et sincères remerciements à tous ceux dont la participation à ce mémoire a été essentielle. 11

Figure 3 : Localisation de la zone d'étude sur le fond de carte (CORMIER-SALEM, 1994a, modifié par FAUGERE, 2009). 1: Ziguinchor - 2: Cap Skirring - 3 : Kolda - 4 : Fafacourou - 5 : Vélingara - 6: Dakar. 13

Figure 4 : Répartition du tonnage de pêche et des espèces dominantes le long du fleuve Casamance, (BARAN (1995) et COMIER-SALEM (1986), modifié par FAUGERE, 2008). 21

CARTES

Carte 1 : Localisation en Basse-Casamance des villages de collecte et des villages de reboisement de Rhizophora (FAUGERE, 2008 modifié depuis Google EarthTM). Légende : C : villages de Collecte - Villages de repiquage (en blanc). On note que les 130 villages se situent le long du fleuve Casamance ou de ses affluents. 15

Carte 2: Localisation en Basse-Casamance des villages de collecte et des villages de reboisement de Rhizophora (FAUGERE, 2008 modifié depuis Google EarthTM). Légende : A,B : zone de mangrove - F : rizières profondes - G : rizières moyennes - H : rizières hautes - E : Foret de plateau 18

Carte 3 : Localisation de la mangrove le long des deux premiers tronçons (aval vers amont) du fleuve Casamance en 1997 (ISME, 1997). Légende : La zone en gris foncé est la zone recouverte par la mangrove.27

Carte 4 : Illustration de l'étendue de la zone intertidale sur la rive nord du fleuve Casamance au niveau de Ziguinchor (FAUGERE, 2009, modifié de Google EarthTM, 2004). 29

Carte 5 : Illustration de la diversité des religions en Basse-Casamance (LE FUR,

1988). 31

Carte 6 : Exploitation des mollusques en Casamance en 1985 et circuit de marchés des huîtres (CORMIER-SALEM, 1989b). 56

Carte 7 : Extension des terroirs de pêche de Tionk-Essyl (CORMIER-SALEM, 1994c). 60

Carte 8 : Répartition des pêcheurs de Casamance selon leur origine d'après CORMIER-SALEM, 1989a. 66

SCHEMAS

Schéma 1 : Différentiations morphologiques entre les deux genres de mangrove les plus commun en Basse-Casamance: Avicenia et Rhizophora (ISME, 2009). On différentie à vue d'oeil les Rhizophora des Avicenia par le port de leur racine, l'apparence de la tige, la forme de fleur et du fruit.16

Schéma 2 : Causes et conséquences, selon Océanium, de la diminution de la surface en Rhizophora (FAUGERE 2009). 17

Schéma 3 : Transect perpendiculaire à un bolon qui localise les zones de mangrove (VANDEN BERGHEN et al., 1999). Légende: A : Mangrove à « palétuviers rouge », Rhizophora mangle - B : mangrove à Avicenia sp. « palétuviers blancs » - C : Fourré

marquant la lisière des terres salées - D : Forêt dense marécageuse de pente - E: Foret
dense de plateau. 19

Schéma 4 : Transects perpendiculaires au lit du bolon des phases successives de la mise en culture d'une rizière profonde (VANDEN BERGHEN, et al. 1999). 19

Schéma 5 : Représentation schématique de la zone de frayère de la mangrove (KATHIRESAN, et al., 2001 modifié par FAUGERE, 2009).22

Schéma 6 : Chaine trophique simplifiée pour les poissons autour de la mangrove (ROBERTSON et al., 1992, modifié par FAUGERE, 2009).23

Schéma 7 : Illustration du parcours d'une propagule depuis sa collecte jusqu'à son repiquage (FAUGERE, 2009).28

Schéma 8 : Évolution de l'amplitude des marées diurnes et semi-diurnes en Basse- Casamance (BRUNET-MORET, 1970). 29

Schéma 9 : Correction des causes et des conséquences annoncées dans le projet par Océanium (FAUGERE, 2009). Légende : traits discontinus= relations discutées. 38

Schéma 10 : Impact d'un barrage anti-sel d'Affiniam sur la mangrove (BLESGRAAF, et al., 2006).42

Schéma 11 : Parcours de distribution utilisé en 2007 (FAUGERE, 2009). 50

Schéma 12 : Parcours de distribution utilisé en 2008 (FAUGERE, 2009). 50

Schéma 13 : Parcours de distribution suggéré pour 2009 (FAUGERE, 2009). 51

Schéma 14 : Organisation coutumière d'accès à l'espace d'exploitation (REY, 2007). Légende : la zone exondée est l'espace de coteau et la zone tampon. 53

Schéma 15 : La mangrove se situe à l'interface entre les terroirs et les parcours en Basse-Casamance (CORMIER-SALEM, 1995).59

Schéma 16 : Anémographes de fréquence et de directions des vents au sol entre 1971 et 1982 à Ziguinchor (DIOP, 1990).64

Schéma 17 : Proposition d'un plan stratégique pour l'année 2009 (FAUGERE, 2009).

72

TABLEAUX

Tableau 1 : Participation financière des bailleurs du projet, d'après OCEANIUM, 2008. On remarque que le projet se réalise essentiellement sur des fonds privés européens et américains. 16

Tableau 2 : Calendrier des travaux de riziculture (VANDEN BERGHEN et al., 1999 modifié par FAUGERE, 2009) 31

Tableau 3 : Chaine des effets pour les résultats de l'objectif spécifique « planter 10 fois plus qu'en 2007 » (FAUGERE, 2009, modifié de PNUD, 2002). 32

Tableau 4 : Chaine des effets pour les résultats de l'objectif spécifique « mobiliser 10 fois plus de villageois qu'en 2007» (FAUGERE, 2009 d'après PNUD, 2002). 34

Tableau 5 : Probabilité et gravité des hypothèses critiques non prises en compte pour l'atteinte de l'objectif global (FAUGERE, 2009).52

Tableau 6 : Points de débarquements, lieux de pêche et principales espèces pêchées dans la région de Ziguinchor (Service Régional des Pêches de Ziguinchor, 2003-2004 dans (IDEE Casamance, 2008).62

Tableau 7 : Indicateurs nécessaires pour le suivi du reboisement (FAUGERE, 2009).
68

Tableau 8 : Forces et faiblesses du projet de reboisement en 2008 (FAUGERE, 2009).

69

Tableau 9: Bilan des 103 références bibliographiques, FAUGERE, 2009. 73

TABLE DES TERMES ETRANGERS & LEXIQUE DES ABREVIATIONS
TERMES ETRANGERS

Bolon : Terme d'origine Mandingue désignant un bras de mer bordé de palétuviers (OCEANIUM, 2008). La photographie de l'annexe 10 illustre un bolon.

Niankatang : plat principal des Diola. Il se compose de riz blanc agrémenté d'une sauce à l'huile de palme et de petits poissons.

LEXIQUE DES ABREVIATIONS & SIGLES

SIGLES :

€ : Euro, monnaie utilisée par certains bailleurs d'Océanium 1 € = 655,96 FCFA (le 15 novembre 2008)

1 € = 1,5155 USD (le 29 mai 2008)

% : pour-cent

C

Cf. : se conférer à

Com.Pers. : Communication Personnelle

CIRAD : Centre français de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement.

CRODT : Centre de Recherche Océanographique de DakarThiaroye, programme de coopération entre l'ISRA et l'IRD.

cm: centimètre

CNRS : Centre National français de Recherche Scientifique, organisme public de recherche.

CSE: Centre de Suivi Ecologique, agence de l'Etat Sénégalais de suivi de l'environnement du Sénégal

E

Etc. : et cætera

Et al. : et collaborateurs

F

FAO : Food and Agriculture Organization, Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture.

FCFA : Franc de la Communauté Francophone d'Afrique, monnaie utilisée par Océanium

1.000 FCFA = 1,52 € (le 15 novembre 2008)

FED : le Fonds Européen de Développement est un instrument de la communauté européenne pour le développement international

FEDES : Fédération Démocratique des Ecologistes du Sénégal, parti politique pour lequel Haïdar EL ALI est Secrétaire Général au moment du projet.

FUSAGx: Faculté Universitaire des Sciences Agronomiques de Gembloux.

G

GRDR : Groupe de recherches et de réalisations pour le développement rural. Le GRDR est une ONG internationale qui mène de nombreux projets d'aménagement des digues anti-sel en Basse-Casamance.

GRET : Groupe de Recherche et d'Échange Technologique, association professionnelle de solidarité et de coopération internationale

H

ha : hectare (1 ha = 10.000 m2)

I

IIED: International Institute for Environment and Development, Institut International pour l'Environnement et le Développement. IRD : Institut français de Recherche scientifique pour le Développement en Coopération

ISME : International Society for Microbial Ecology, (Association Internationale pour l'étude de l'écologie microbienne), association basée à Wageningen au Pays-Bas. ISRA: Institut Sénégalais de Recherche Agronomique

K

km : kilomètre

M

m2 : mètre carré

m : mètre

MAE : Ministère des Affaires Etrangères français

N

N.B. : Nota Bene, précision

O

ONG : Organisation Non-Gouvernementale

ORANA : Organisme de Recherche sur l'Alimentation et la Nutrition Africaine, il a mené une étude sur la consommation en poisson en Basse-Casamance.

ORSTOM : ex-IRD

P

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement PRODDEL : programme du ministère de l'environnement du Sénégal d'appui à la décentralisation et au développement local

R

RAMSAR : Convention internationale sur les zones humides, signée à Ramsar, en Iran, en 1971.

RENZOH : Réseau National des Zones Humides, programme de l'UICN

S

SITI : Système d'Information Taxonomique Intégré, système d'information biologique par taxon développé par le gouvernement du Canada le 18 mars 2008.

U

UICN : Union Mondiale pour la Conservation de la Nature, ONG internationale de protection de l'environnement, partenaire de l'ONG Océanium.

UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l'Éducation, la Science et la Culture.

USAID: agence des États-Unis pour le développement international

USD : Dollars Américains, monnaie utilisée par certains bailleurs d'Océanium (VPI et la Banque Mondiale)

1 USD = 0,706 € (le 29 mai 2008)

REMERCIEMENTS

Figure 2 : Plan de mes vifs et sincères remerciements à tous ceux dont la participation à ce mémoire a été essentielle.

Je tiens également à remercier les 130 villages du projet pour leur aide et participation. Enfin, un grand merci à tous les relectrices et relecteurs.

FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par l'ONG Océanium de
Dakar. Mémoire de fin d'étude d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.

INTRODUCTION

L'ONG OCEANIUM n'a pas de système de suivi-évaluation de ses résultats. Nous tentons de montrer pourquoi le suivi-évaluation est important particulièrement pour OCEANIUM qui obtient des résultats notables et très médiatisés. Pour cela, nous étudions son projet de reboisement participatif de 5 millions de palétuviers Rhizophora en Basse- Casamance. L'objectif du projet étant de réhabiliter l'écosystème de mangrove de Basse- Casamance, la problématique choisie est de se demander si « l'obtention des résultats suffit à dire que le projet a atteint son objectif »

Dans un premier chapitre nous étudions le projet de reboisement au travers de ses acteurs, de ses enjeux et de sa méthode. Nous présentons aussi les résultats obtenus à la fin de la campagne de reboisement. Les résultats sont estimés en comparaison à une situation « sans projet ».

Dans un second chapitre nous analysons la satisfaction de l'objectif du projet (la réhabilitation de l'écosystème) par les résultats obtenus (le reboisement participatif de 5 millions de Rhizophora). Nous menons notre analyse par une étude des effets puis par une étude des impacts du projet. Nous discutons de l'impact social et économique des résultats obtenus pour les villageois qui participent au projet.

Dans un troisième chapitre, nous discutons des performances techniques et sociales du projet et nous proposons les améliorations que le suivi-évaluation peut y apporter. Nous mettons en évidence les points forts et les points faibles du projet, puis nous présentons ses opportunités et ses menaces. Enfin, nous proposons un plan d'aménagement technique, humain et financier comme base nécessaire pour la mise en place d'un suivi-évaluation des résultats.

FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par l'ONG Océanium de
Dakar. Mémoire de fin d'étude d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.

AVANT-PROPOS

Le fleuve Casamance prend sa source dans les environs de Fafacourou (DIOUF, 1987), situé à une cinquantaine de kilomètres au nord est de Kolda et se jette dans l'Atlantique à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest de Ziguinchor (Basse-Casamance). On note que les mangroves ouest-africaines se situent sur le littoral. Jusqu'au milieu du XXème siècle, la mangrove est un milieu pas ou peu connu, le plus souvent très mal perçu par les observateurs extérieurs et partiellement étudié. La bibliographie sur la mangrove réalisée par Rollet en 1981 donne une idée du nombre de références selon les grandes périodes entre 1600 et 1975 : avant 1600, seulement 14 références sont répertoriées, après 1951 la production scientifique explose littéralement avec 3 197 références.

Figure 3 : Localisation de la zone d'étude sur le fond de carte (CORMIER-SALEM, 1994a, modifié par FAUGERE, 2009). 1: Ziguinchor - 2: Cap Skirring - 3 : Kolda - 4 : Fafacourou - 5 : Vélingara - 6: Dakar.

Le projet s'effectue en Basse-Casamance (Sénégal), autour de Ziguinchor.

L'Institut Sénégalais de Recherche Agronomique (ISRA) définit la mangrove de la manière suivante : « La mangrove est un écosystème à l'interface des continents et de la mer, de l'eau douce et de l'eau salée. Elle porte une végétation spécifique des zones d'estuaire composée de palétuviers. Par extension le terme englobe tout l'environnement de la végétation (sol, eau, flore et faune) » (IDEE Casamance, 2003).

FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par l'ONG Océanium de
Dakar. Mémoire de fin d'étude d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.

CHAPITRE I : Le projet de reboisement de 5 millions de Rhizophora en Basse-
Casamance

Nous présentons le projet de reboisement en débutant par ses acteurs. Nous présentons ensuite les causes et les conséquences pour l'ONG OCEANIUM de la disparition des mangroves de Basse-Casamance. Ensuite nous détaillons la méthode utilisée pour le reboisement. Enfin, nous présentons les résultats obtenus par le projet.

I.1. Les acteurs du reboisement de mangrove

Le projet fait intervenir 3 catégories d'acteurs : l'ONG, les villageois et les bailleurs.

I.1.1 L'ONG « Océanium de Dakar »

L'ONG Océanium est à la fois un Centre de plongée, un centre d'hébergement et de restauration et une association de protection de l'environnement. Le président de l'association de protection de l'environnement est Haïdar EL ALI. D'après ses statuts (datés du 17 septembre 1985), l'association a pour objet de favoriser et de développer par tous les moyens appropriés la connaissance du monde subaquatique. L'association a son siège à Dakar (Sénégal). L'organisation du bureau de l'ONG n'est pas en conformité avec les statuts de l'association3 puisqu'il n'y a pas de comité directeur. Au sein de l'ONG, le projet est mené par le président (Haïdar El ALI), le chef de programme (Jean GOEPP), la responsable administrative et financière (Nadine TILLEUL) et la coordinatrice du projet (Élise KABO). Il est important de mentionner que Haïdar EL ALI est aussi le secrétaire général du FEDES. Le FEDES (Fédération Démocratique des Écologistes du Sénégal) est un parti politique d'opposition et la participation de Haïdar aux activités du parti joue un rôle important dans la méthodologie du projet (cf. page 26 : partie I. : La méthode du reboisement).

Haïdar est un homme populaire au Sénégal. Il est reconnu pour être « un homme d'action », souvent associé à un « homme de terrain » (HERVIAUX, 2009). Il a été nommé Chevalier de l'Ordre National du Lion en 1995, il est détenteur de la médaille d'honneur de la Gendarmerie Nationale et a obtenu le diplôme d'Honneur des Parcs Nationaux du Sénégal en 2006. Haïdar est aussi conseiller municipal et Président de la Commission de l'Environnement à la Mairie de Dakar depuis 2003 (OCEANIUM, 2007). Il est reconnu à l'international. Il a été nommé « Ange gardien de la mer » par la revue internationale Jonas en 2001 et le Ministre français de l'Environnement, Madame Dominique Voynet, l'a nommé Chevalier de l'Ordre National du Mérite en 1998. Haïdar bénéficie aussi d'une légitimité écologique par les médias sénégalais et français. Il a été classé parmi les cents écologistes les plus actifs de la planète par le journal Le Monde, le 11 Juillet 2007. Il a aussi été élu « homme de l'année 2002 » par les journalistes de la Radio Télévision Sénégalaise (RTS). Aussi et surtout, Haïdar passe régulièrement à la télévision sénégalaise pour faire part de son engagement pour l'écologie du Sénégal. Les populations de Basse-Casamance lui sont reconnaissantes pour son intervention lors du naufrage du Joola4. La popularité de Haïdar en Basse-Casamance s'est ressentie dans la participation volontaire des villageois (cf. page 26, partie I.: Participation volontaire de 130 villages). Océanium a su attirer les médias et en profiter pour communiquer

3 Article 3.13 : « Le bureau comprend un Président, deux Vice-présidents, un Secrétaire Générale, Secrétaire Générale Adjoint, un Trésorier, un Trésorier Adjoint, désignés en comité directeur selon les modalités prévues à l'article 3.12. ». Article 3.12 : « Le comité directeur élit chaque année en son sein un bureau chargé d'expédier les affaires courantes ». Article 3.5 : « L'Association est administrée par un comité directeur de 15 membres. »

4 Le Joola est le ferry qui assurait la liaison maritime entre Ziguinchor et Dakar depuis décembre 1990. 1.953 personnes, la plupart casaçaises, sont mortes noyés lors de son naufrage le 26 septembre 2002. Haïdar a été le premier a arrivé sur le lieu du naufrage pour porter secours.

FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par l'ONG Océanium de
Dakar. Mémoire de fin d'étude d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.

sur ses activités5. Les journaux ne relaient pas seulement les projets d'Océanium. Ils participent à la notoriété de Haïdar. Sa notoriété s'est avérée bien utile dans la réalisation du projet. Elle nous a permis de gagner facilement la confiance des villageois et nous a facilité le passage des nombreux barrages militaires à l'entrée de chaque ville.

Océanium a mené en 2006 et 2007 des actions tests de reboisement en Casamance. En 2006, l'Océanium s'est lancée dans une première opération et 65.000 plants de Rhizophora ont été plantés en partenariat avec les populations résidentes à Tobor village. Tobor est situé sur la route de Ziguinchor à Bignona (cf. Carte 1, page 15). De très bons résultats sont obtenus : 85 % de reprise après un an (OCEANIUM, 2008). En 2007, près de 500.000 palétuviers ont été plantés dans une dizaine de villages. « Nous avons décidé de multiplier par 10 notre objectif 2008 avec le projet 5.000.000 de propagules en Casamance » (OCEANIUM, 2008). Il faut préciser que les actions de reboisement de mangrove s'effectuent durant la saison des pluies, entre le début du mois de juillet et le début du mois d'octobre.

I.1.2 Les villageois

« Pour s'assurer de la durabilité et comme gage de bien-fondé de son action, Océanium fait appel à 130 villages » (OCEANIUM, 2008). Les 130 villages sont localisés sur la carte ci-après.

Carte 1 : Localisation en Basse-Casamance des villages de collecte et des villages de reboisement de Rhizophora (FAUGERE, 2008 modifié depuis Google EarthTM). Légende : C : villages de Collecte - Villages de repiquage (en blanc). On note que les 130 villages se situent le long du fleuve Casamance ou de ses affluents.

On remarque que les zones de collecte de propagules sont proches de l'estuaire alors que l'essentiel des villages de repiquage se situe à hauteur du Soungrougrou (affluent principal du fleuve Casamance). Le reboisement comprend le repiquage et la collecte des graines de

5 Le press book de l'Océanium montre de nombreux articles dans des revues de renommée internationale («National Géographic » Aout et février 2008, « Géo » Janvier 2009, « Terre sauvage » Avril 2006), dans des journaux à grand tirage (« le Monde » du 7/012009 et du 11/07/2007, « Ca m'intéresse » d'avril 2009), « le journal du dimanche » (12/08/2007), « Télérama » (fin juillet 2007). Par ailleurs Océanium participe à de nombreuses émissions de radio (dont RFI "c'est pas du vent" du 16/02/2009 et "le journal" du 23/09/2008), et de TV (« TV5 Monde » "Destination Réussite" le 25/052009, « Thalassa » "30 mn" le 19/01/2007, « France 2 » "journal de 20h" le 26/09/2008).

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Dakar. Mémoire de fin d'étude d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.

Rhizophora. Nous désignons par « repiquage » l'action de planter les graines de Rhizophora en germination, et « collecte » l'action de cueillir les graines sur les plants adultes de R hizopho ra.

Les 130 villages sont regroupés par proximité géographique en 7 zones de collecte et 14 zones de repiquage. La liste des villages est le détail de leurs performances sont en annexe 2, page 86. Pour chaque zone, Océanium a nommé des « responsables de zone ». Océanium a décidée de s'appuyer sur des responsables de zone pour délégué son intervention car les responsables sont en étroite relation avec les 130 villages (OCEANIUM, 2008). Les responsables sont le relais entre l'ONG et les villageois et ils sont particulièrement chargés de sensibiliser les villages au reboisement de Rhizophora.

I.1.3 Les bailleurs

La liste des bailleurs et leur participation financière pour le projet de reboisement de 2008 sont indiquées dans le tableau suivant. Ces partenaires ont étés sollicités avec le documentation de présentation du projet, dont nous référons au long de notre étude. La plupart des partenaires du projet de reboisement sont aussi des partenaires pour les autres projets d'Océanium (Création d'Aire Marine Protégée et actions de sensibilisations et de nettoyage à Dakar).

BAILLEUR Yves Rocher

PARTICIPATION 70.000 €

Village Project International (VPI)6

36.000€

UICN

15.000€

Fondation Liens

5.000€

Banque Mondiale

3.362€

dons de particuliers

3.049 €

Fondation Phillipson

1 .3 00€

TOTAL

133.711€

Soutien privé européens et américain

83,8%

Soutien international

14%

Soutien privé sénégalais

2,2%

Tableau 1 : Participation financière des bailleurs du projet, d'après OCEANIUM, 2008. On remarque que le projet se réalise essentiellement sur des fonds privés européens et américains.

I.2. Causes et conséquences de la disparition de la mangrove de Basse- Casamance

Avicenia et Rhizophora sont les deux genres les plus communs en Basse-Casamance (OCEANIUM, 2008). Le schéma ci-après illustre quelques repères pour les différencier.

Schéma 1 : Différentiations morphologiques entre les deux genres de mangrove les plus commun en Basse-Casamance : Avicenia et Rhizophora (ISME, 2009). On différentie à vue d'oeil les Rhizophora des Avicenia par le port de leur racine, l'apparence de la tige, la forme de fleur et du fruit.

6 Village Projects International (VPI) est un programme américain d'un organisme à but non lucratif appelée « la collaboration internationale pour l'enseignement des sciences et de l'environnement » (ICSEE). L'ICSEE se consacre à l'organisation, l'encouragement et le soutien des projets de développement communautaire durable, de protection de l'environnement, de conservation et d'amélioration de l'accès à l'éducation.

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N.B. : L'auteur du schéma, l'ISME7, désigne la propagule de Rhizophora comme un fruit, alors que ARSENAULT et BELL la désigne comme une graine.

On reconnaît facilement les palétuviers du genre Rhizopho ra car leurs racines s'allongent depuis la partie inférieure du tronc aérien, d'abord horizontalement puis s'infléchissent vers la vase, dans laquelle elles pénètrent. On appel « propagule » l'organe de dissémination (ou de « propagation ») et de reproduction du Rhizophora. Une des spécificités du genre Rhizophora réside dans la viviparité8 de ses semences. L'inflorescence et son développement se font sur l'arbre mère, alors que le fruit et la graine sont encore attachés à la plante (BELL, 1993). La jeune plantule se détache une fois à maturité, c'est-à-dire une fois complétée la « pré-germination » (ARSENAULT et al., 1995). La germination provoque une élongation de l'hypocotyle que nous repiquons ensuite dans la vase. Le repiquage se fait avec l'extrémité effilée inférieure de la plantule vers le bas, car c'est là que se situe la radicule (racine séminale) (BELL, 1993).

Le reboisement est uniquement réalisé avec des palétuviers du genre Rhizophora. Ce choix a été fait du fait de la viviparité de Rhizophora qui facile le transport et à le repiquage. Le reboisement d'Avicenia nécessite une mise en pépinière qui requière plus de temps et de moyens que le repiquage de Rhizophora (FAO, 2005). On distingue 3 espèces de Rhizopho ra en Basse-Casamance : Rhizophora mangle, Rhizophora racemosa et Rhizophora harrisonii9 (IDEE Casamance et al., 2003). Aucune attention n'a été portée à l'espèce de Rhizophora choisie. Nous détaillons dans le chapitre III partie , page 52, les risques liés à cette non-prise en compte.

Au cours de notre présentation, nous présentons l'importance de la reforestation au travers des causes et des conséquences de la diminution des surfaces de Rhizophora. Nous voyons que la diminution des surfaces de Rhizophora en Basse-Casamance participe à deux cycles vicieux : celui de l'abandon des anciennes rizières villageoises et celui de la diminution de la ressource halieutique à long terme. Le projet se base sur des affirmations que le schéma suivant reprend.

Schéma 2 : Causes et conséquences, selon Océanium, de la diminution de la surface en Rhizophora (FAUGERE 2009).

7 ISME : International Society for Microbial Ecology, (Association Internationale pour l'étude de l'écologie microbienne), association basée à Wageningen au Pays-Bas.

8 On parle de viviparie quand l'hypocotyle embryonnaire s'allonge avant la chute du fruit et des graines (BELL, 1993).

9 Son nom vernaculaire est « petit palétuvier »

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Nous ne détaillons pas la participation de la reforestation à lutte contre le réchauffement du climat, car le dossier de présentation du projet (OCEANIUM, 2008) ne l'aborde pas. La sensibilisation n'aborde pas cet atout du reboisement. En effet, le stockage du carbone permet de lutter contre le réchauffement du climat. Par une recherche bibliographique, nous avons calculé que le projet permet de stocker 12,826 tonnes de CO2/ha/an. Le projet de reboisement de 1.000 hectares permet donc de stocker 12.826 tonnes de CO2/an. Le détail du calcul se trouve en annexe 1, page 85.

I.2.1. La création de nouvelles rizières défriche la mangrove à Rhizophora

L'histoire de la Casamance est marquée par le primat de la riziculture sur l'ensemble des systèmes productifs. On estime l'introduction de la riziculture vers 1500-800 av. J. -C. (MONTOROI, 1998)10. Ceci est une réalité encore perceptible aujourd'hui. En 1996 on dénombre 22.000 hectares de rizières exploités dans région de Ziguinchor (MONTOROI, 1996). Sur la photographie satellite suivante, on remarque que les rizières sont a proximité des villages. On distingue aussi 3 rangs de rizières inondables: profondes, moyennes et hautes11.

Carte 2: Localisation en Basse-Casamance des villages de collecte et des villages de reboisement de Rhizophora (FAUGERE, 2008 modifié depuis Google EarthTM). Légende : A,B : zone de mangrove - F : rizières profondes - G : rizières moyennes - H : rizières hautes - E : Foret de plateau

La photographie de l'annexe 14 est prise au niveau du sol, le long du transect, depuis F vers A et B.

10 « Le riz Oryza glaberrima (le riz africain), est encore utilisé chez les Diolas dans les rites pour préserver le lien avec les ancêtres » (ADRAO, 2005).

11 Dans les rizières hautes et moyennes, les rendements effectifs en pluvial se situent en moyenne à 1 t/ha (MONTOROI, 1996). Néanmoins ce rendement est obtenu avec très peu d'intrants (engrais, pesticides et équipements) et est plus rentable que dans le bassin de l'Anambé (UNEP, 2005) qui se situe sous la même courbe isohyète 1.000 mm en cumule pluviométrique sur l'année 2005 (CSE, 2005). « Les rizières hautes et moyennes sont situées à l'aval des terres bien drainés et en amont du niveau atteint par les eaux salées lors des plus fortes marées. Le sol de cette zone intermédiaire en pente douce, presque insensible, portait probablement, à l'état naturel, une forêt marécageuse ou humide, exclusivement alimentée par de l'eau de douce provenant des pluies et des suintements » (VANDEN BERGHEN et al. 1999).

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Les casiers rizicoles du village sont à proximité des bras du fleuve, car la riziculture nécessite beaucoup d'eau. Les bras du fleuve sont les bolon(s)12, et sont caractéristiques de la ria13 du fleuve Casamance (OLIVRY, 1987). Le transect suivant illustre que ces bolons sont colonisés par la mangrove à Rhizophora.

Schéma 3 : Transect perpendiculaire à un bolon qui localise les zones de mangrove (VANDEN BERGHEN et al., 1999). Légende : A : Mangrove à « palétuviers rouge », Rhizophora mangle - B : mangrove à Avicenia sp.14 « palétuviers blancs » - C : Fourré marquant la lisière des terres salées - D : Forêt dense marécageuse de pente - E : Foret dense de plateau.

La défriche de la mangrove à Rhizophora est nécessaire pour l'installation d'une nouvelle rizière. La photographie de l'annexe 13 illustre le recul de la mangrove suite à la création de la rizière à Tobor. La défriche se fait en plusieurs étapes illustrée par le schéma ci après. La défriche requière la coupe franche de tous les Rhizophora.

Schéma 4 : Transects perpendiculaires au lit du bolon des phases successives de la mise en culture d'une rizière

profonde (VANDEN BERGHEN, et al. 1999).

« Légende : A : Zonation de la végétation naturelle, avant le début des travaux. De gauche à droite : la plaine alluviale portant une mangrove à « palétuviers rouges » et, un peu plus haut, à « palétuviers blancs » ; le fourré de lisière de la mangrove ; une forêt marécageuse sur la pente douce aboutissant à une basse terrasse.

12 Terme d'origine Mandingue désignant un bras de mer bordé de palétuviers (OCEANIUM, 2008)

13 Embouchure fluviale envahie par la mer (BRUNET-MORET, 1970).

14 Pour l'auteur, « B » sont des « palétuviers blancs ». Or les palétuviers blancs sont Laguncularia racemosa (SITI, 2008) et sont des arbustes ou petits arbres branchus à la base, comme l'illustre le dessin suivant : Schéma de Laguncularia racemosa par (BERTRAND, 1991). IL semble y avoir une confusion sur la variété citée par BERHEN (palétuviers noirs et non pas blancs).

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L'eau salée, sur le schéma, est à son niveau le plus bas : lors d'une forte marée, elle recouvrira l'ensemble de la mangrove jusqu'au fourré de lisière.- B : Deux digues parallèles entre elles ont été édifiées : elles sont percées de drains. Les terres endiguées ont été défrichées. L'eau salée sur le schéma, est à son niveau le plus élevé ; les drains de la digue externe ayant été bouchés, elle ne peut plus inonder les terres qui seront dessalées et mises en culture. - C : Durant la saison des pluies, les terres mises à l'abri d'une inondation par de l'eau salée sont inondées par de l'eau douce. Sur le schéma, l'au salée est à son niveau le plus bas. L'eau retenue derrière la digue est devenue saumâtre parce qu'une fraction du sel contenu dans le sol s 'y est dissoute. En ouvrant les drains, cette eau se déversera dans le bolon. - D : La parcelle la plus proche du bolon n'a pas été labourée ; elle est utilisée comme zone-tampon. La parcelle proche de la terrasse a été travaillée : des plantules de riz ont été plantées sur des banquettes. De l'eau douce est retenue derrière la digue interne ; elle peut être maintenue à un niveau optimal pour la culture du riz par l'ouverture ou la fermeture des drains de la digue interne » (VANDEN BERGHEN et al., 1999).

I.2.2. La disparition des Rhizophora laisse le sel entrer dans les rizières

L'hydrologie superficielle de la Basse-Casamance est dominée par la mer15 et en raison d'un relief très plat16 et d'une pluviométrie déficitaire, la zone a des problèmes très aigus de salinisation des rizières (POSNER, 1988). Sur toute la Casamance, il s'agit de lutter pour la récupération de 2.400 ha de rizières salées, et de protéger 15.000 ha contre la montée des eaux salées (DIEDHIOU, 1999).

Pour OCEANIUM, « La mangrove constitue un barrage naturel contre le sel qui menace les rizières » (OCEANIUM, 2008).

BOUDOURESQUE17 nous renseigne que chez Rhizophora, l'absorption du sel (chlorure de sodium, NaCl) est bloquée au niveau des racines, grâce à l'absorption sélective des ions potassium. Le barrage se fait donc au niveau des racines. LEBRUSQ (1987) nous informe que dans les vasières à mangrove des mouvements de nappes d'eau salée profondes allant du bolon vers le plateau se réalisent. Par ailleurs MARIUS (1985) nous informe que la rhizosphère des mangroves à Rhizophora est de 1 mètre de profondeur. La nappe d'eau salée passe donc sous la mangrove. La mangrove ne constitue donc pas un barrage contre le sel.

Je n'ai trouvé aucune publication, scientifique ou autre, vérifiant l'hypothèse selon laquelle la mangrove constitue un barrage naturel contre le sel. Nous tentons d'apporter, dans la partie II., page 39, un avis sur le rôle de la mangrove dans la lutte contre la salinisation des rizières.

I.2.3. Les villageois coupent la mangrove à Rhizophora

En tant que matériau technologique, le palétuvier joue un rôle important dans le fonctionnement des populations de Casamance. « Le bois de nombreuses espèces de palétuviers étant considéré comme durable et résistant aux termites, on en fait des pieux et des poteaux largement utilisés pour la construction de maisons rurales et de fondations urbaines » (GAUDIN, 2006). Le Rhizophora tient une place d'autant plus importante qu'il sert à construire les habitations des casaçais. « La construction d'une case requiert 5 à 6 perches d'une circonférence moyenne de 22 cm. Un pieu d'environ 25 à 30 cm de circonférence est placé au centre de la case. Ce poteau aide les chevrons à supporter la case. Le toit est composé de 30 lattes d'une circonférence moyenne de 10 cm » (VANDEN

15 La Basse-Casamance est un milieu paralique (milieu lagunaire côtier soumis à l'influence marine) (OLIVRY, 1987).

16 Les crêtes d'interfluves (ligne de partage des eaux de pluie) ne dépassent pas 30 à 40 mètres d'altitude (OLIVRY, 1987).

17 Charles François BOUDOURESQUE est océanologue et professeur en « structure et fonctionnement des écosystèmes benthiques marins » à l'Université de Marseille.

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BERGHEN, 1999). Le Rhizophora est aussi utilisé comme bois de chauffe car il est reconnu pour ses propriétés calorifiques. « Rhizophora est particulièrement populaire car son bois est lourd, brûle en donnant une chaleur uniforme et peu de fumée » (GAUDIN, 2006). Le bois de Rhizophora donne aussi d'excellents piquets : les dalles des ponceaux menant aux bras de mer sont supportées par des piquets en bois de palétuvier (VANDEN BERGHEN et al., 1999).

Rhizophora est donc appréciés comme bois d'oeuvre et bois de chauffe. A l'occasion de son utilisation, les casaçais coupent la mangrove. La disparition du Rhizophora constitue aujourd'hui un manque pour les populations qui l'utilisent.

I.2.4. Sans Rhizophora, plus de poisson

OCEANIUM fait le constat que « sans mangrove, plus de poisson ». Nous détaillons le raisonnement d'OCEANIUM en deux parties. Tout d'abord nous expliquons pourquoi OCEANIUM dit que « sans Rhizophora, plus d'habitat pour les poissons », ensuite nous expliquons pourquoi OCEANIUM affirme que « sans habitat, plus de poissons ».

Sans Rhizophora , plus d'habitat pour les poissons.

Le schéma suivant illustre la localisation et le tonnage des espèces les plus pêchées en Casamance.

Figure 4 : Répartition du tonnage de pêche et des espèces dominantes le long du fleuve Casamance, (BARAN

(1995) et COMIER-SALEM (1986), modifié par FAUGERE, 2008).

Légende : Cette figure met en parallèle l'abondance de la mangrove (en gris clair) avec la quantité et les espèces de poisson pêché le long du fleuve. Le fond de carte utilisé a été établi par le CSE pour le programme RENZOH (Réseau National des Zones Humides) de l 'UICN (Union Mondiale pour la Conservation de la

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Nature). La répartition des quantités pêchées est issue de l'étude de COMIER-SALEM (1986) et les noms des espèces dominantes sont issus de l'étude de (BARAN, 1995).

On note que la mangrove est plus présente en aval18 du fleuve qu'en amont. Ce constat est repris par l'étude du Conseil Régional de Ziguinchor (Conseil régional de Ziguinchor, 2003) selon lequel en 1980, 80% des mangroves de Casamance se situent dans la région de Ziguinchor (qui forme l'aval du fleuve). On note que les sardinelles jaunes (Ethmalosa fimbriata) et les mulets (Liza falcipinnis) sont présents dans la zone où la mangrove est la plus abondante (IDEE Casamance, 2008). Les photographies ci-après représentent Ethmalosa fimbriata et Liza falcipinnis.

photographie 1 : Ethmalosa fimbriata et Liza falcipinnis d'après TITO DE MORAIS et al., (2007).

Ethmalosa fimbriata et Liza falcipinnis sont des poissons de taille moyenne qu'on pêche dans les mangroves de Basse-Casamance. Du fait de leur taille ils se refugient à marée haute entre les racines échasses19 des Rhizophora, et à marée basse dans les interstices formés sous la masse de terre retenue par les racines de la mangrove, comme l'illustre le schéma suivant.

Schéma 5 : Représentation schématique de la zone de frayère de la mangrove (KATHIRESAN, et al., 2001 modifié

par FAUGERE, 2009).

18 Par la suite nous nommons la zone aval par la région naturelle qu'elle couvre : la Basse-Casamance. Cette zone correspond aussi à la région administrative de la région de Ziguinchor (qui recouvre 3 départements : Ziguinchor, Bignona au nord, Oussouye à l'Ouest).

19L es racines des Rhizophora sont qualifiées de « échasses » pour l'allure qu'elles leurs donnent. Les palétuviers Bruguiera et Heritiera ont des « racines en arceaux », tandis que les palétuviers Sonneratia, Carapa, Avicenia ont des « racines-asperges » (pneumatophores) (HUBERMAN, 1972).

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Di

Diagramme 1 : Évolution de la valeur à la débarque, en million de FCFA, par espèce de 2001 à 2003 (IDEE Casamance, 2008).

spè

300

200

100

0

Année 2001;
173

Année 2002;

223 Année 2003;

169

On note que les recettes des captures d'ethmaloses sont globalement les mêmes de 2001 à 2003, autour de 200 millions de FCFA, alors que le tonnage à la débarque a doublé. Dès lors on peut supposer que les ethmaloses se vendent moins bien parce qu'elles sont plus petites. En effet, COMIER-SALEM nous renseigne que le prix au détail en 1992 de la carpe Sarotherodon melanotheron (tilapia des estuaires) évolue du simple au double à mesure qu'on augmente de taille (petite carpe à 82 FCFA/kg, moyenne à 160 FCFA/kg et grande à 391 FCFA/kg). Nous n'avons malheureusement pas les prix pour les ethmaloses mais Sarotherodon melanotheron et Ethmalosa fimbriata sont de la même catégorie (en prix et en taille). Les poissons les plus petits sont pêchés parce qu'ils ne peuvent plus se réfugier entre les racines échasses de la mangrove. Les plus petits poissons sont aussi les plus jeunes (BARAN, 1995). Les filets prennent donc des poissons de plus en plus petits, ce qui compromet le renouvellement de la ressource (OCEANIUM, 2008).

I.2.5. L'augmentation de la salinité du fleuve tue la mangrove

OCEANIUM fait le constat que « la salinité du fleuve a augmenté ces dernières décennies» et que « l'accumulation du sel tue la mangrove ». OCEANIUM en conclut que l'augmentation de la salinité du fleuve tue la mangrove. Nous détaillons le raisonnement d'OCEANIUM.

La salinité du fleuve a augmenté ces dernières décennies

La salinité d'un lieu dépend de la pénétration des marées, c'est-à-dire de leur amplitude et de la topographie locale (BLESGRAAF et al., 2006). En Basse-Casamance les eaux marines pénètrent profondément dans le fleuve (OLIVRY, 1987). Dans la partie occidentale du fleuve (de l'embouchure à Goudomp) la topographie est quasi plane (un dénivelé d'environ 80 m sur 250 km de long) (BLESGRAAF et al., 2006).

En considérant ces facteurs, le graphique suivant illustre que la concentration en sel de l'eau du fleuve a augmenté ces dernières décennies.

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Graphique 2: Augmentation interannuelle de la concentration en sel en fin de saison sèche en 1971 et 1984 le long du fleuve Casamance (OLIVRY, 1987).

On note que de 1971 à 1984 la salinité du fleuve a augmentée d'environ 25g/L au kilomètre 90, et 1 20g/L en amont. « Cette progressive salinisation, dans le temps et de l'aval vers l'amont, est due à une compensation des pertes par évaporation par un excédent des volumes du flot (venu de l'aval) par rapport aux volumes du jusant (ces volumes sont induits par l'onde de marée)» (OLIVRY, 1987).

L'accumulation de sel tue la mangrove.

Suite au balancement des marées du fleuve, le sel s'est accumulé dans les nappes d'eau souterraines des sols de mangrove (MARIUS, 1985). Le déficit hydrique de ces dernières années, lié à la sécheresse (LEBRUSQ, et al., 1987) ou à l'arrêt du balancement des marées (cf. partie III.3.1, page 52), a fait remonter le sel par capillarité (Com.Pers. SOW, 2008). Le sel s'accumule et a un effet négatif sur la végétation de mangrove (PAGES, et al., 1987), bien que Rhizophora soit euryhalin, c'est-à-dire qu'il supporte de grandes variations de salinité (ROBERTSON et al., 1992). Nous n'avons pas trouvé de publications sur les conséquences de l'augmentation de la concentration en sel de l'eau sur la biologie du Rhizophora. Nous avons pourtant posé ces questions aux scientifiques inscrits au forum de partage dédié à la recherche sur les mangroves, créé par l'Université de Perth en Australie20. On nous a recommandé de se référer aux travaux de BIBER Patrick sur les Rhizophora mangle, sans nous proposer de document.

En complément, nous recommandons une étude approfondie de l'impact des sols salés de Basse-Casamance sur la biologie du Rhizophora de Basse-Casamance. Cette étude doit prendre en compte que chaque espèce de mangrove a son propre optimum de salinité. Une concentration supérieure à cet optimum induit une respiration proportionnellement supérieure, et une concentration inférieure à cet optimum induit une maximisation de la photosynthèse (THOM, 1984).

20 L'adresse du forum est : http://lists.murdoch.edu.au/mailman/listinfo/mangrove . Ce forum est très actif (une requête en moyenne par semaine) et regroupe des centaines de chercheurs, essentiellement d'Océanie et d'Asie.

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I.3. La méthode du reboisement

I.3.1. Participation volontaire de 130 villages

La sensibilisation pour la campagne 2008 s'appuie sur les résultats des campagnes précédentes. « De nombreux villages autour de Tobor (reboisé en 2006 et en 2007) ont été sensibilisés par les résultats encourageants obtenus et nous ont sollicités spontanément » (OCEANIUM, 2008). De plus, « les actions de 2006 et de 2007 sont accompagnées d'un lobbying médiatique qui a amorcé une dynamique » (OCEANIUM, 2008). En décembre 2007 une « réunion de suivi » a été organisée pour le reboisement effectué en 2006. Elle a permis de mettre en place le reboisement de 2008 avec les 10 villages qui ont participé à la campagne de 2007.

Du 27 février au 2 mars 2008 une mission de sensibilisation permet d'établir des « responsables de zone » pour chacune des zones de repiquage et de collecte. En 13 jours cette mission a effectué 12 cinéma-débats autour d'un film qui aborde les problématiques environnementales au Sénégal et d'un quizz sur les activités d'OCEANIUM. Elle a aussi effectué 9 réunions de briefing et de formation au guide technique du repiquage21, 2 visites de sites de repiquage (à Diannah et à Digobel) et 8 annonces sonores en véhicule dans les villages (le responsable de zone appelle les villageois à la mobilisation). A l'issue de ces 13 jours de mission, 3.100 personnes ont été sensibilisées.

Le 15 décembre 2006 et le 15 avril 2008 deux réunions de coordination ont eu lieu. Durant ces réunions les villageois et les responsables sont appelés à participer de manière volontaire. Les villageois qui repiquent sont toutefois indemnisés pour leur mobilisation. L'indemnité n'est seulement qu'une « motivation » en vue des prochains reboisements et doit permettre de financer le repas le jour du repiquage. L'indemnité va de 1.064 FCFA/sac pour la zone 9 à 226 FCFA/sac pour la zone 13 (en date du 12 octobre 2008). Le plus souvent ce sont les jeunes qui effectuent le repiquage. Dans ce cas il a été décidé de confier l'argent au responsable de l'association des jeunes plutôt qu'au responsable de zone parce qu'il est arrivé qu'un responsable de zone ne redistribue pas l'argent aux villageois (Com.Pers, Anonyme, 2008). Les jeunes décident parfois de garder cette somme pour le foyer des jeunes. Cependant, il n'a pas été possible de voir les réalisations faites avec les indemnisations des projets de reboisement de 2006 et 2007.

Océanium doit obtenir l'accord du village pour reboiser sur ses terres et pour reboiser avec les habitants de son village. Océanium délègue cette responsabilité aux responsables de zone. Il est arrivé qu'un jeune responsable de zone n'arrive pas à obtenir l'adhésion des anciens. Il nous a alors demandé de nous entretenir avec le chef du village pour obtenir son accord. Il n'a pas été rare d'utiliser la couverture médiatique comme argument pour convaincre le chef de l'importance du reboisement dans son village. Nous avons souvent vu les anciens assister au repiquage. Cela est d'ailleurs rappelé dans l'affiche du projet, en annexe 6.

Les partisans écologiques du FEDES (Fédération Démocratique des Écologistes du Sénégal), notamment « la jeunesse écologiste », apportent leur soutien pour l'encadrement des journées de repiquage, dans des activités de sensibilisation locale et régionale ainsi que dans la communication régionale et nationale.

21 Des extraits du guide technique sont en annexe 4.

FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par l'ONG Océanium de
Dakar. Mémoire de fin d'étude d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.

Bien souvent les responsables sont des jeunes ou des commerçants. Les responsables prennent leur rôle très à coeur. Ils rencontrent cependant une difficulté à fédérer les villages alentours, mais ils n'hésitent pas à solliciter les techniciens de la communauté rurale pour faire le relais. Les responsables ne reçoivent pas de per diem et ils n'hésitent pas solliciter des fonds pour leurs déplacements entre les villages.

I.3.2. Livraison « sur-mesure »

Où chercher les propagules?

La collecte s'effectue dans les zones qui ont beaucoup de Rhizophora. Le repiquage s'effectue dans des zones où il y a suffisamment de Rhizophora vivantes pour penser que les nouvelles plantules vont survivre, mais où il n'y a pas assez de reproducteurs pour une régénération naturelle non assistée. La partie occidentale de la Casamance est la partie qui présente le plus vaste réseau de « bolons » et le grand développement de la mangrove (BADIANE, 1987). C'est sur cette zone que le projet intervient. La carte ci-après localise la mangrove en Basse-Casamance.

Carte 3 : Localisation de la mangrove le long des deux premiers tronçons (aval vers amont) du fleuve Casamance en
1997
(ISME, 1997). Légende : La zone en gris foncé est la zone recouverte par la mangrove.

Le fleuve Casamance peut être découpé en cinq zones écologiques principales (SAMBA, 1987) dont les bornes sont situées approximativement aux kilomètres 50, 85, 175 et 220 de l'embouchure. Cet auteur admet que chacune de ces cinq zones écologiques fonctionne d'une manière particulière et répondant d'une façon différente aux variations climatiques.

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Dakar. Mémoire de fin d'étude d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.

Le mode opératoire

Le schéma suivant illustre le trajet qu'empreinte une propagule (graine de Rhizophora) depuis sa collecte jusqu'à son repiquage.

Schéma 7 : Illustration du parcours d'une propagule depuis sa collecte jusqu'à son repiquage (FAUGERE, 2009).

(1) La collecte se fait à marée haute depuis une embarcation pour atteindre la cime des palétuviers sans risquer de s'écorcher sur les huîtres des racines échasses. Il faut éviter de ramasser les propagules à terre ou de les mettre en contact avec le sol, car elles risquent d'être attaquées par des insectes ou des crabes. Il ne faut pas récolter les propagules avec des points noirs parce que c'est le signe d'une infestation par Poecilips fallax (SAN VALENTIN, 1980) et elles pourraient infester les autres. On estime qu'il faut en moyenne 30 minutes pour collecter 2 sacs à marée haute. Au moment de la collecte il faut garder le péricarpe (marron) qui sert à protéger la propagule des chocs durant le transport. Les propagules sont mises dans des sacs de riz. Chaque sac de riz est rempli d'environ 1.000 propagules pour faciliter le comptage et le transport.

(2) Il faut maintenir les sacs de propagules à l'abri de la lumière (sous un arbre par exemple) pour empêcher la poursuite de la germination, et les humidifier pour éviter qu'elles sèchent. Il est possible de les garder ainsi 1 à 4 mois en les conservant à température ambiante, tout en gardant un taux de survie de 60 à 90 % à la germination (Banque Mondiale et al., 2003). Les propagules sont collectées localement pour assurer une adaptation et une survie des jeunes plants, pour minimiser les déplacements, et pour collecter uniquement les propagules matures.

(3) Les sacs sont transportés en camions jusqu'au lieu de repiquage. La photographie de l'annexe 11 illustre le chargement à Diakène Wolof. Le camion utilisé est un camion tout- terrain qui peut contenir jusqu'à 400 sacs. Les sites de repiquage sont définis par les villageois, en suivant les indications du guide technique de repiquage fourni par OCEANIUM (des extraits du guide technique sont en annexe 4). Les zones de mangrove Rhizophora, tels

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que définies dans ce guide, sont à la fois des zones inondées chaque jour par les marées même au plus fort de la saison sèche (c'est-à-dire les berges et les zones les plus proches des bolons et des vasières). Il faut éviter les endroits où les vagues ou les courants sont forts. Il faut choisir en priorité les zones où il reste des rhizophora en bonne santé. Il faut un sol de « potopoto »22 et éviter le sable. Le repiquage s'effectue en zone intertidale. L'étude de la propagation des marées sur une échelle limnimétrique révèle que l'onde de la marée remonte dans le fleuve Casamance jusqu'à plus de 200 km de son embouchure (BRUNET-MORET, 1970)23. Le graphique suivant illustre que l'amplitude maximale de la marée à Ziguinchor est de l'ordre de 1 mètre et que les marées sont en décalage suivant la proximité de l'embouchure.

Schéma 8 : Évolution de l'amplitude des marées diurnes et semi-diurnes en Basse-Casamance (BRUNET-MORET, 1970).

La photographie satellite suivante est issue du logiciel Google EarthTM et a été prise le 20 avril 2004. Elle permet d'illustrer l'étendue de la zone intertidale au niveau de Ziguinchor.

Carte 4 : Illustration de l'étendue de la zone intertidale sur la rive nord du fleuve Casamance au niveau de

Ziguinchor (FAUGERE, 2009, modifié de Google EarthTM, 2004).

22 Terme empreinté à (CORMIER-SALEM, 1991) pour désigner la vase molle autour des mangroves.

23 Ingénieur hydrologue de l'ORSTOM

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On note que la zone intertidale, comprise entre le niveau des hautes mers et le niveau des basses mers s'étend sur environ 4 km à partir de la rive nord du fleuve Casamance, au niveau de Ziguinchor. Cette zone est traversée par un axe routier qui débute par le pont Émile Badiane au sud et qui termine à Tobor au nord.

Dans cette zone intertidale et le long de l'axe routier, Océanium a permis de reboiser 65.000 propagules le 30 Septembre 2006 (13 hectares avec un taux de reprise après un an de 85%, d'après OCEANIUM 2008), 120.000 propagules en 2007 (sur 24 hectares) et 147.000 propagules en 2008 (sur 29,4 hectares). C'est donc au total 69,9 hectares qui ont été reboisés dans cette zone en 3 ans.

(4) Au moment de repiquer les propagules, il faut retirer le péricarpe et placer le bout de l'hypocotyle verticalement dans la boue. Une équipe de personnes retire le péricarpe des propagules et les met dans des seaux en plastique. Pendant ce temps une seconde équipe plante l'hypocotyle dans la vase. Il est plus facile de planter à marée basse car on s'enfonce moins dans le « poto-poto », on prend donc moins de temps à planter, et on évite de marcher sur les propagules plantées qui dépassent d'une vingtaine de centimètre du sol et qui sont rapidement sous l'eau. Les photographies de l'affiche de communication durant le reboisement, en annexe 9, permet de se rendre compte de la situation. Au moment de planter il faut veiller à respecter un espacement entre les propagules plantées. L'espacement choisi par OCEANIUM est de 2 m entre les lignes et 1m entre les plants, soit 5.000 propagules/ha.

Le calendrier des repiquages et celui des collectes doivent être gérés ensemble. Les propagules ne doivent pas être collectées sans qu'un site soit prêt à être reboisé, et on ne peut pas prévoir de reboiser un site sans être sûr d'avoir les quantités suffisantes en propagules mâtures et collectées.

Les sacs de propagules sont parfois laissés aux villageois pour qu'ils reboisent sans que l'équipe d'Océanium ait besoin d'être là. Nous ne pouvons pas assister à tous les repiquages (il y en a parfois plus d'un par village). Nous faisons aléatoirement des visites de contrôle pour les repiquages auxquels nous n'avons pas assisté. Il arrive que les préconisations du guide technique de repiquage (en annexe 4) ne soient pas respectées. Le plus souvent ce sont les espacements qui ne sont pas respectés. Nous avons considéré que cette non-conformité n'empêche pas les propagules de prendre racine et qu'à l'état naturel la distance est aléatoire. Nous avons considérer que les 5 millions de propagules ont bien été repiquées car nous avons distribué 6.302 sacs, soit 26% en plus que ce qui a été prévu. Nous pouvons ainsi couvrir une marge d'erreur de 260 propagules par sac. Il nous semble raisonnable de considérer qu'au total au moins les 3/4 des sacs ont été replantés correctement. Nous avons donc bien planté 10 fois plus de propagules en 2008 qu'en 200724.

(5) A la fin de chaque journée le chauffeur remplit une feuille de « suivi de parcours » faisant état des endroits où il a chargé et déchargé les sacs de propagule. Une fois rentré à la base, le chauffeur me remet cette fiche. Les données de la fiche sont immédiatement rentrées dans un tableur Excel permettant d'indiquer le trajet de chaque propagule : « tel village a collecté tant de propagules ce jour là, elles ont été distribuées à ce village ce jour-ci » ou « tel village a reçu tant de propagules ce jour là, ces propagules ont été récoltées tel jour par tel village ». Ce suivi a permis d'indiquer au jour le jour à chacun des villages le nombre de propagules collectées/replantées ainsi que leur provenance/destination (cf annexe 2, page 86). Les

24 En 2007, 500.000 propagules ont été plantées (OCEANIUM, 2008). Nous avons donc bien planté 10 fois plus de propagules en 2008 qu'en 2007. Le premier objectif spécifique est satisfait.

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données sont affichées à la base25, à Bignona, de manière à ce que les visiteurs (journalistes, villageois ou voisinage) et les équipes de terrain puissent avoir très rapidement un bilan de la situation. A la fin de la campagne de reboisement, le chiffre total de propagules plantées par village est reporté dans un fichier « Google EarthTM». Avec un suivi par image satellite depuis Google EarthTM il est alors possible d'estimer le taux de survie, sachant qu'on estime que 1 hectare représente 5.000 propagules plantées.

Une fois que les équipes sont en place il faut s'assurer qu'elles sont approvisionnées en sacs de propagules au moment où elles sont disponibles pour reboiser. Le repiquage de Rhizophora doit se faire peu de temps après la cueillette des propagules, pour éviter qu'elles meurent. Les propagules sont mûres aux alentours de juillet. Le repiquage doit donc se faire en saison des pluies (entre juillet et octobre). Cette période coïncide avec beaucoup d'activités villageoises. C'est en effet la période de travail du riz.

etat de la saison des pluies

début

 
 

milieu-fin

période habituelle du calendrier

de fin juin à début juillet

de début juillet à mi Aout

de début juillet à mi Aout

entre le 15 Aout et le 15 Octobre

travail

aménagement des pépinières:

préparation du sol:

restauration des

repiquage: extraire les plantes du sol sans blesser les racines, detacher le sable, transport jusqu'au rizières dans des paniers, placer les plantules dans des trous sur la diguette et les aligner

enrichissement du sol par des apports d'engrais organisques (extraits de la fosse domestique)*, semi à la volée, recouvrement du semi par une fine couche de terre prélevée dans les sillons, surveiller la semi contre les oiseaux granivores, eventuellement proteger les surfaces ensemencées (par des feuilles de palmier)

digues et des

elimination des plantes les plus robustes au "coupe- coupe", laboure au kayendo**

diguettes: sarclage à la hachette et à la main des plantes semi- ligneuses de grande taille***

main d'oeuvre

les femmes

hommes, jeunes hommes

jeunes

femmes

Tableau 2 : Calendrier des travaux de riziculture (VANDEN BERGHEN et al., 1999 modifié par FAUGERE, 2009) *parfois le sommet d'une termitière est décapé et la terre argileuse est répandue sur la rizière pour améliorer la texture du sol **le kayendo est une pelle à long manche

***elles sont ensuite séchées et brûlées, les cendres sont étalées sur le sol des rizières.

On note que le travail du riz se fait en fonction de la pluviométrie et demande beaucoup de travail.

La période de reboisement coïncide aussi avec beaucoup d'activités culturelles et religieuses (mariages, décès, fête de circoncision, jeun). Nous avons été confrontés à des imprévus, notamment des décès qui mobilisent des villages entiers.

Carte 5 : Illustration de la diversité des religions en Basse-Casamance (LE FUR, 1988).

25 La base est une petite maison de Bignona. Tous les frais liés à la base (location sur 6 mois, équipement, entretien) équivalent à 1% du budget (275.000FCFA, soit 420 €).

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On note que plusieurs religions coexistent en Casamance, avec une prépondérance pour l'ISLAM. Bien que cette carte date de 1988 on note encore aujourd'hui un patchwork des religions en Basse-Casamance. Il n'est pas rare que le reboisement se fasse en présence de l'imam. On retrouve dans le reboisement certains principes évoqués par des versets du Coran sur la gestion durable des ressources naturelles de leur territoire (anonyme, 2007). 277 versets coraniques et 27 hadiths concernent la sauvegarde de l'environnement (AHOUANSOU SOVI, 1998)26. Le reboisement a été réalisé sur la même période que le ramadan (du 2 septembre au 2 octobre). Étant donné que le ramadan est suivi par la plupart des personnes qui reboisent, il a fallu adapter les horaires de reboisement pour éviter de faire des travaux physiques quand le soleil est au zénith.

D'autre part, la coordinatrice du projet, Élise Kabo, est issu d'une famille très respectée, notamment parce que sa mère, Baynouk27, était gardienne des bois sacrés. A ce titre elle est conviée à de nombreuses cérémonies religieuses. Son absence n'a pas empêché les activités mais les a parfois rendues plus compliquées.

De plus, la plupart des villageois qui viennent reboiser sont des jeunes. Les jeunes organisent pendant l'été des tournois sportifs, de lutte et de football. Nous avons pris en compte le calendrier sportif pour planifier les interventions. Les véhicules sont mis à rude épreuve et les pluies ne facilitent pas l'accès aux villages enclavés. Les imprévus les plus pénalisants sont les « embourbages » à répétition pouvant immobiliser le camion durant plusieurs jours. Nous avons dû faire face à de nombreux autres imprévus, parmi lesquels des pannes mécaniques à répétition, quelques contrôles militaires prolongés, un contentieux sérieux avec un camion que nous avions loué et des vols de sacs de propagules (sacs vides et sacs pleins).

Pour s'assurer que toutes les zones de reboisement soient prêtent au bon moment, j 'ai mis en place une procédure de suivi des disponibilités. Il a fallu joindre par téléphone tous les responsables de zones pour convenir avec eux des impératifs et des dates auxquels ils ne seraient pas disponibles. Il a été demandé aux responsables de zone de contacter tous les villages disponibles dans leur secteur pour établir des listes. Un appui financier de 1.000 FCFA en crédit de téléphone leur a été envoyé par texto et un appel régulier a été effectué. Le total des frais de coordination est de 1 million de FCFA (4% du budget total du reboisement, au 15 novembre 2008). La chaine des résultats obtenus par le mode opératoire présenté ci- dessus est la suivante.

Résultat

Apport d'OCEANIUM

Produit

Effet

organisation d'une équipe de planteur ou de collecteur par village

guide technique; fonds pour la coordination entre les villages d'une même zone; sacs pour les propagules;

responsable de zone formé

encadrement assuré

Fonctionnement d'une logistique pour l'approvisionnement et la plantation

coordination par téléphone; location d'un second camion

suivi des disponibilités

grande réactivité

récuperati on de 5 millions de propagules et faire participer les 130 villages

planning adapté; vérification aléatoire des sacs (sur la qualité et la quantité)

suivi au jour le jour

interventions précises et personnalisées

Tableau 3 : Chaine des effets pour les résultats de l'objectif spécifique « planter 10 fois plus qu'en 2007 »

(FAUGERE, 2009, modifié de PNUD, 2002).

I.4. Les résultats obtenus

26 AHOUANSOU SOVI est consultant en Gestion des Ressources Naturelles

27 Les Baynouk sont les peuples primo-arrivants en Basse-Casamance.

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I.4.1. Plus de 5 millions de propagules sont plantées

La campagne de reboisement s'est étalée du 17 août (date de la première collecte à Samatite) à mi-octobre (date du dernier repiquage). Durant cette période il y a eu 45 jours de reboisement. 110 villages ont effectué un repiquage, et 18 ont effectué une collecte. 6.302 sacs de 1.000 propagules environ ont été utilisés, soit 6.302.000 propagules plantées. L'objectif de 5 millions de propagules a donc été dépassé. A cette occasion, Océanium a publié une affiche (en annexe 8) qui reprend les chiffres clés du reboisement.

La première collecte a commencée le 17 août 2008, dès que les premières propagules ont été matures dans le sud ouest de la Basse-Casamance, et les dernières ont été aux alentour du 10 octobre. Mis à part le village de Diakène Wolof, la moyenne est de 100 sacs collectés par village. On note une grande différence de disponibilité en propagules entre les villages au même moment. Plusieurs facteurs expliquent cela : la surface disponible de mangrove, l'accessibilité aux mangroves et la disponibilité des villageois.

Les sacs de propagules collectés sont achetés 1.000 FCFA par sac plein. Nous nous sommes assurés que chaque sac contenait 1.000 propagules mûres et en pleine santé, en faisant des comptages aléatoires. Les villages se sont organisés d'eux même pour la répartition des gains. Dans le village de Diakène Wolof, qui totalise 72% des collectes, chaque famille note le nombre de sacs qu'elle collecte pour récupérer ses gains. Le suivi « au jour le jour » mis en place permet de payer « au comptant » les villages qui collectent. Malheureusement il n'a pas été possible de les payer au jour le jour car la trésorerie ne le permettait pas. En effet, les bailleurs n'ont versé les fonds qu'en fin de campagne.

Plusieurs zones de repiquage ont pu être approvisionnées en propagules en même temps. Cela a été possible car elles sont proches les unes des autres et nous avons loué un second camion.

I.4.2. Forte mobilisation

Les villageois se sont mobilisés au cours des journées de travaux communautaires. En moyenne, 100 personnes par village sont venues reboiser. Nous n'avons pas pu assister à tous les repiquages, mais les chiffres annoncés par les villageois semblent correspondre avec l'effort nécessaire à fournir pour reboiser la quantité de sacs confiée, dans le temps imparti28. Si la participation n'avait pas été volontaire les ressources financières nécessaires auraient étés trop élevés pour le projet. Nous étudierons plus spécifiquement dans la suite du document la notion de volontariat.

Les villageois ont proposé de veiller chacun à la protection des parcelles. En effet, la mise en défend physiquement (contre le parcours du bétail ou le jet des filets de pêche) est impossible étant donné l'étendue de la campagne et le peu de moyens. A Marsassoum les gendarmes ont proposé de verbaliser les pêcheurs qui jetteraient les filets sur les parcelles situées au niveau du bac.

La chaine des résultats obtenu pour l'objectif spécifique du reboisement ; « mobiliser 10 fois plus de villageois qu'en 2007 », a été la suivante.

28 Nous avons remarqué qu'à marée haute un adulte reboise 1 hectare en 1 heure.

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Résultat

Apport d'OCEAN I UM

Produit

Effet

Participation

volontaire de 130 villages

sensibilisation; prime de collecte; indemnisation de reboisement; implication dans la vie politique

motivation, reconnaissance

participation massive

Obtention de l'accord du village pour

reboiser sur ses terres

réunion avec le chef du village, couverture médiatique

adhésion des anciens

légitimation de l'intervention

surveillance et protection des zones reboisées assurées

guet par les gendarmes, engagement individuel

verbalisation, dénonciation

appropriation du projet

Tableau 4 : Chaine des effets pour les résultats de l'objectif spécifique « mobiliser 10 fois plus de villageois qu'en

2007 » (FAUGERE, 2009 d'après PNUD, 2002).

De grandes ONGs internationales et des ONGs de la sous-région de protection de l'environnement ont félicité le projet pour sa contribution au développement rural en lui décernant le premier prix du « prix PRCM29 pour la Conservation ». Plus de cent organisations ont participé à ce prix. Un des six critères pour décerner le prix est « l'implication des acteurs locaux dans la mise en oeuvre de l'initiative » (PRCM, 2009). Le projet de reboisement a aussi séduit de nouveaux mécènes, parmi lesquels la fondation Danone qui finance le projet de reboisement de 2009.

I.4.3. Rentabilité économique importante

Nous avons calculé un TRIE30 de 72% sur 10 ans (cf. annexe 3, page 88) du projet de reboisement tel qu'il a été mis en place.

Pour le calcul du TRIE, nous supposons l'évolution des Valeurs Économiques Totales (VET) sur un taux de survie de 75% des Rhizophora plantées en 2008 (soit 1.000 hectares effectifs à 5.000 pieds/ha) et une évolution constante des prix. L'évolution choisie est arbitraire. Les valeurs sont estimés vis-à-vis d'une situation « sans-projet ». Les objectifs atteints en dixième année sont définis comme suit :

-1/4 des rizières à récupérer sont exploitées à une rentabilité de 1 T/ha, à 1.000 FCFA la tonne de riz (cf. DIEDHIOU, 1999 : « il s'agit de lutter pour la récupération de 2.400 ha de rizières salées »).

-1/4 d'augmentation de la pêche intérieure de 2003 (cf. ENCADRE 1 ci-après, page 35), à 5.000 FCFA la tonne.

-Une légère augmentation des prélèvements en huîtres sauvage.

Le TRIE est élevé grâce à beaucoup de capitaux propres (issues de dons pour la plupart) sans annuités et sans charge.

ENCADRE 1 :

29 Le PRCM (Programme Régional de Conservation de la Zone Côtière et Marine en Afrique de l'ouest) est une initiative conjointe du CSRP (Commission Sous-Régional des Pêches), du WWF (Fonds Mondial pour la vie sauvage), de Wetlands International (ONG international de protection des zones humides), de l'UICN (Union Mondiale pour la Conservation de la Nature), de la FIBA (Fondation International du Banc d'Arguin).

30 Le TRIE est calculé en recherchant le taux d'actualisation pour lequel le total des investissements actualisés est égal au
total des valeurs ajoutées actualisées en calculant investissements et valeurs ajoutées comme la différence entre situations
« sans projet » et « avec projet ». Exprimé symboliquement, le TRIE correspond à la résolution de l'équation :

avec VAB= Valeur Ajoutée Brute (annuelle), I= Investissement, TA=Taux d'actualisation.

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Le tableau suivant précise la part importante du fleuve dans la pêche en Casamance.

10 215

10 309

9 433

7 647

4 349 5 196

Année 2001 Année 2002 Année 2003

9 433 309 10

sous total poisson pêche maritime (en Tonne métrique)

Sous total poisson pêche intérieure (en Tonne métrique)

isson

Diagramme 2 : Évolution de 2001 à 2003 de la proportion des captures du fleuve dans le total des

captures des poissons de Casamance (IDEE Casamance, 2008).

On note que la proportion de poissons pêchés dans le fleuve sur les 3 années est comprise entre 30 et 45 %.

Les possibilités de la pêcherie fluviale de Casamance sont estimées à une productivité de 100 Kg/ha/an (IDEE Casamance, 2008). « Selon la FAO, 14% de la pêche continentale sont débarqués en Casamance, soit quelque 7 650 tonnes. Suivant la superficie retenue pour le milieu exploité, 400 ou 622 km2 (sur 1.400 km2 de superficie de plan d 'eau31), voire une valeur plus élevée, on trouve des productions inférieures ou égales à 100 kg/ha/an, jusqu`à 200 kg/ha/an au maximum. Si l'on rapproche ces chiffres des productions par ha/an relevées par KAPETSKY en 1984 pour 106 milieux saumâtres peu profonds, ces valeurs sont relativement élevées puisque des productions supérieures à 100 kg/ha/an ne sont observées que dans 35 % des cas. Ce point de repère de 100-200 kg/ha/an indique une exploitation déjà intensive dans cette zone, mais pas nécessairement saturée » (IDEE Casamance, 2007) d'après (CORMIER-SALEM, 1994b).

20 000

15 000 us t

10 000

5 000
érieu

0

I.4.4. Outils innovants

Instrumentalisation du politique

Tous les villageois et les responsables de zone sont fiers de travailler aux cotés de Haïdar car c'est un homme très respecté en Casamance et qui est très populaire au Sénégal (cf. page 14, partie ).

Le projet s'appuie fortement sur le parti politique de Haïdar (le FEDES, Fédération Démocratique des Écologistes du Sénégal) pour mobiliser les villageois. La quasi-totalité des 21 responsables de zone32 se revendiquent du parti politique écologiste FEDES à la tête duquel se trouve Haïdar EL ALI. La coordinatrice (Élise KABO) est membre du FEDES et les responsables sous-régionaux des autres projets d'Océanium (à savoir Fatou DOUCOURE, Malick DJIBA et Julien BADJI) sont aussi délégués régionaux pour le FEDES. L'amalgame entre « responsable de zone pour l'ONG » et « responsable de zone pour le parti » est souvent fait. Certains responsables n'hésitent pas à dire qu'ils font le reboisement au nom du parti des écologistes.

La forte mobilisation a aussi été facilitée par la venue des nombreux journalistes français et sénégalais (2 photographes, 2 caméramen, plusieurs reporters).

L'affiche du projet est imprimée en grand sur le flanc du camion (voir photographie de l'annexe 7). Le camion utilisé navigue beaucoup et il est parmi les seuls camions tout-terrain de la région. Il est donc facilement reconnaissable.

31« tout calcul de morphométrie est rendu assez illusoire, en aval par les innombrables bolons, en amont par les zones inondées fréquentes » (PAGES, 1986a)

32 7 zones de collecte et 14 zones de reboisement, parfois un responsable de zone de collecte est aussi responsable de zone de reboisement.

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Dakar. Mémoire de fin d'étude d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.

Méthodes de sensibilisation

La sensibilisation se fait par une unité mobile qui organise des cinéma-débats. Le cinéma- débat à l'avantage d'être une mobilisation immédiate et massive des villageois. L'image est utilisée comme une preuve de la réalité, et c'est cela qui fait la force de son utilisation. Les spectateurs sont souvent acteurs (ils s'identifient aux autres villageois) et manifestent un grand intérêt. Les 12 courts métrages d'Océanium, traduits en plusieurs langues et dialectes, sont projetés durant le cinéma-débat.

La sensibilisation s'est aussi effectuée durant les missions de préparations (cf. page 26, partie I.).

Durant la campagne de reboisement, Océanium a su profiter d'une diversité d'outils pour communiquer sur son reboisement de 2008, et ainsi sensibiliser son public. Le budget de communication est de 3.500.000 FCFA environ (14% du budget total du reboisement).

1.600 tee-shirts et 5.000 affiches reprenant le slogan « plante ton arbre » ont été imprimés et diffusés dans les villages de reboisement (affiche en annexe 6).

Le slogan a été repris sur les bouteilles d'eau minérale Kirène (la plus rependue au Sénégal).

Un reportage sur RFI Afrique (Radio France Internationale) est passé plusieurs fois sur les ondes durant le reboisement33.

Un reportage de 3 minutes est passé le 24 septembre au journal télévisé de 20h sur France 2 (chaîne nationale française d'assez grande audience au Sénégal). Un reportage est passé sur la chaîne du groupe Walf TV, de très grande audience nationale.

Trois directs ont été réalisés avec NAUSICAA34, deux depuis Dakar et un depuis la Casamance.

Des journalistes ont accompagné la mission de reboisement, pour le compte des journaux suivants: « Le Monde », « National Géographic », « La Croix », « Express », « la Tribune » et « Le Figaro ». Une représentante du « Lonely Planete » a suivi une partie du reboisement. Des agences de presses ont communiqué sur les activités de reboisement d'Oceanium durant le reboisement: AFP (Agence France Presse), APS (Agence de Presse Senegalaise), APA (Agence de Presse Africaine) et l'IRIN news (agence de presse humanitaire des Nations Unies). Des magazines spécialisés ont diffusé l'importance du reboisement d'Océanium durant le reboisement : VIE (Vert, Info, Environnement, magazine spécialisé dans l'environnement) et ACACIA (lettre des amis de l'agriculture durable en Afrique). D'autres magazines ont publié aussi autour du reboisement d'OCEANIUM durant le reboisement : les magazines dakarois 221 et Waaw, le magazine d'Air Sénégal: Teranga.

En plus des sites internet des médias cités précédemment, d'autres sites relaient les activités d'Océanium:

- www.ausenegal.com,

- www.senegalaisement.com,

- www.france24.com,

- www.tv5.org,

- www.afriklive.com,

- www.orange.fr,

- www.longitude181.com,

33 Plusieurs interviews et plusieurs annonces ont été réalisés sur des radios communautaires régionales (AWANA de Bignona, KABISSEUH de Oussouye, la radio communautaire de Goudomp) et nationales (Walf FM, Sud FM, RFM, radio nostalgie).

34 NAUSICAA est le centre national français de la mer

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Dakar. Mémoire de fin d'étude d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.

- www.capskiring.com, - www.ecolopop.info.

Océanium a obtenu des résultats tangibles et mesurables, grâce à ses outils innovants et adaptés, et grâce à son savoir-faire. Les médias et certains organismes d'intervention sur l'environnement ont fait largement écho de l'obtention de ces résultats et les mettent en avant comme un gage de réussite du projet. Dans le chapitre II, nous évaluons si un projet a atteint son objectif. Pour cela on doit considérer les résultats obtenus non plus en valeur absolue (le nombre de propagules plantées, le nombre de villages ayant participé au reboisement) mais en valeur relative intégrant les facteurs de risques pouvant compromettre leur durabilité et éventuellement à terme leur existence même.

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CHAPITRE II : Analyse du projet

Dans le chapitre II nous analysons le projet. Dans une première partie, cette analyse rend compte de la non-satisfaction des résultats obtenus vis-à-vis de l'objectif fixé, et de la non- durabilité des résultats obtenus. Dans une seconde partie, nous mettons en évidence que certains risques non maîtrisés auraient pu l'être avant et pendant la mise en oeuvre du projet.

II.1. Analyse des effets du projet en Basse-Casamance

Nous détaillons pourquoi le projet n'est pas « suffisant » (au-delà d'être « nécessaires») pour l'objectif fixé. Pour cela, nous analysons les effets du projet. Nous nous rendons alors compte que certains effets annoncés ne sont pas avérés, et que d'autres effets avérés ne sont pas annoncés.

Nous proposons de corriger le Schéma 2 : Causes et conséquences, selon Océanium, de la diminution de la surface en Rhizophora (FAUGERE 2009), de la manière suivante.

Schéma 9 : Correction des causes et des conséquences annoncées dans le projet par Océanium (FAUGERE, 2009). Légende : traits discontinus= relations discutées.

Nous abordons successivement les relations marquées en pointillé dans ce schéma.

N.B. n°1: Nous n'évoquons pas les conséquences des digues anti-sel sur la diminution de la
surface de Rhizophora, car, au moment d'écrire ce mémoire, nous n'avons pas réussi à définir

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leurs conséquences sur les surfaces de mangrove en Basse-Casamance. Pour le GRDR35, rencontré à Ziguinchor en Septembre 2008, les digues anti-sel n'affectent pas la diminution de la surface en Rhizophora en Basse-Casamance. Pour Monsieur SOW, responsable de l'Initiative Mangrove en Afrique de l'Ouest pour l'UICN, que nous avons rencontré en octobre 2008, les digues anti-sel participent au même titre que les grands projets d'aménagements rizicoles. Faute de consensus, nous recommandons une étude approfondie des conséquences des nouvelles digues anti-sel sur la diminution de la surface en Rhizophora en Basse-Casamance.

N.B. n°2 : Nous n'évoquons pas les conséquences de l'aménagement de bassins piscicoles et de crevetticulture car, ces dernières décennies, il ne s'en est pas créé de nouveau à grande échelle en Basse-Casamance (CSE, 2008).

N.B n°3 : Nous ne traitons pas de l'acidification36 des rizières résultant de la coupe franche de palétuviers Rhizophora, car nous ne connaissons pas les contraintes que cela implique sur le repiquage des propagules.

II.1.1. La disparition de Rhizophora diminue la désalinisation des rizières

On retrouve plus de Rhizophora dans la zone où la salinité est la plus faible (BLESGRAAF et al. 2006)37. Cependant, on ne peut pas en conclure que Rhizophora diminue la salinité. Je n'ai trouvé aucune publication relevant l'hypothèse selon laquelle la mangrove constitue un barrage naturel contre le sel. Cette hypothèse reste donc à être vérifiée.

Nous proposons une autre hypothèse : la mangrove permet de lutter contre la salinisation des rizières « en faisant un bouchon, avec les débris solides issus du couvert forestier » (BLASCO, 1991) , entre les racines échasses des Rhizophora. D'une telle manière, la mangrove participe à la désalinisation des rizières en limitant les entrées d'eau salée sur les rizières et en conservant plus d'eau douce de pluie qui ruisselle sur les rizières de mangroves et participe à leur lessivage et leur désalinisation. En 1988, seulement 6% de la pluie s'écoulent et participent au lessivage des rizières de mangrove (POSNER, 1988).

II.1.2. Une augmentation non raisonnée de la pression de pêche diminue la

ressource halieutique disponible à long terme

Selon Océanium, la ressource halieutique s'épuise à mesure que la mangrove disparaît. La mangrove est le lieu de reproduction, de fraye et de nourrissage de certains poissons (cf. page 21, partie I.2.4). C'est pour cette raison qu'il faut réhabiliter la mangrove

Je ne conteste pas cette hypothèse, je suggère qu'on la croise avec l'hypothèse suivante : la diminution de la ressource halieutique est aussi due à l'augmentation de l'effort de pêche et au non-respect des périodes de repos biologique. Il est important de prendre en compte cette hypothèse notamment au moment du bilan du projet. On ne peut pas conclure que 100% du retour de la ressource halieutique est possible grâce au repiquage seul.

35 GRDR : Groupe de recherches et de réalisations pour le développement rural. Le GRDR est une ONG internationale qui mène de nombreux projets d'aménagement des digues anti-sel en Basse-Casamance.

36 On observe une rapide acidification des rizières peu après la coupe des palétuviers (LE BRUSQ, 1986). « Dès le début de l'aération le pH baisse rapidement, plus ou moins suivant l'origine des sols » (VIEILLEFON, 1977). « L'acidification ne semble freinée que lorsque la teneur en eau du sol s'abaisse au-dessous de 35 à 40 % par rapport au poids de sol sec » (VIEILLEFON, 1977). C'est la végétation de Rhizophora qui est à l'origine de l'acidification : « La végétation de mangrove à Rhizophora est à l'origine d'une concentration en sulfures dans les sols »(MARIUS, 1985), « leur présence entraine, après une exondation prolongée, une acidification brutale, forte (pH 7 à <3 en quelques jours) et irréversible » (MOUGENOT, et al., 1990).

37 C'est-à-dire que trop de sel détériore la mangrove, d'où l'expression choisie en couverture : « trop de sel gâche la marmite ».

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II.1.3. L'augmentation de la salinité du fleuve peut diminuer la ressource

halieutique disponible à long terme

La ressource en poisson est affectée par l'augmentation de la salinité dans le fleuve, indépendamment de la disparition de la mangrove. « L'acclimatation à la salinité et à ses variations implique les mécanismes d'osmorégulation. Ces processus vont engendrer des dépenses énergétiques fonction de l'intensité et de la durée de la perturbation. Ces perturbations auront des répercussions directes sur les caractéristiques biologiques des individus et des populations (croissance et reproduction) » (LAE, et al., 1992). La reproduction peut être ralentie. Dans ce cas la ressource halieutique disponible diminue quand l'effort de pêche augmente.

II.1.4. L'abandon des rizières a conduit à leur salinisation

Certaines rizières ont été abandonnées. « En quelques années, des paysans-pêcheurs diola, sont devenus des pêcheurs maritimes à plein temps » (CORMIER-SALEM, 1994c). Nous ne contestons pas que la dégradation de l'environnement a contribué à amplifier et accé1érer les processus de salinisation des rizières. Nous suggérons simplement que l'abandon des rizières a contribué à la salinisation des 2.400 hectares de rizières salées de Casamance (DIEDHIOU, 1999).

Pour protéger les 15.000 hectares (DIEDHIOU, 1999) contre la salinisation des rizières, nous proposons d'agir aussi sur le contexte économique. Les mauvaises récoltes des années de sécheresses ont poussé les casaçais à se tourner de plus en plus vers la pêche38 et à abandonner peu à peu la riziculture39 (CORMIER-SALEM, 1986). Un défaut d'entretien des rizières peut être la cause de leur salinisation : « les systèmes d'aménagement des mangroves permettant la riziculture n'ont pu résister à la crise faute de main-d'oeuvre suffisante et ont été progressivement abandonnés par les populations » (BOSC, et al. 1998)

II.1.5. Les grands projets rizicoles ont détruit la mangrove à Rhizophora

L'enjeu économique est de taille puisque les importations de riz représentent un tiers du déficit total de la balance commerciale en 1995 (LINARES, 1989). La zone éco-géographique de Casamance totalise 61% de l'ensemble des terres destinées à la riziculture, mais elle ne contribue qu'à hauteur de 29 % de la production nationale (LINARES, 1989). Les projets d'aménagement rizicole de 1963 aux années 1990 ont procédé à l'abattage systématique des palétuviers sur plusieurs centaines, voire des milliers d'hectares de mangrove pour l'établissement de nouvelles rizières (DIEDHIOU, 1999).

En 1963 le Sénégal fait appel à l'assistance technique étrangère, notamment au projet danois International Land Consultant (ILACO) pour mettre en oeuvre sa « politique de rattrapage » dont les volets sectoriels s'appuyaient sur les potentialités agronomiques de chaque région du pays. Ce projet entreprit des actions de grande portée sur les vallées de Nyassia, de Kamobeul et de Guidel, des aménagements de moindre importance dans les vallées de Baïla, de Bignona, de Tobor et, un peu plus timidement, sur les bolon du Soungrougrou, sur la rive nord du fleuve (DIEDHIOU, 1999). Le projet menait des essais d'application du modèle hollandais de poldérisation des sols.

38 « Source de revenus monétaires importants, la pêche est de plus en plus « prioritaire » pour certains jeunes qui, corrélativement, négligent les travaux des champs » (CORMIER-SALEM, 1986).

39 On remarque que la pêche continue même en hivernage dans un rayon de 5 à 10 km autour des villages (CORMIER- SALEM, 1986)

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Par la suite, deux missions chinoises se sont succédé. La première de 1963 à 1972 a réalisé des casiers de démonstration de culture de riz d'eau douce. La deuxième, de 1973 à 1979, initia les premières constructions hydro-agricoles notamment les petits barrages anti-sel de Diagnon, Mangacounda et celui de retenue de Tamp. Le PIDAC (Projet Intermédiaire puis Intégré de développement Agricole de la basse Casamance en 1974 a permis la construction de 29 digues anti-sel et par conséquent la récupération de 300 hectares de terres rizicoles salées et la protection de 8.000 hectares. Il a été successivement financé par le FED, le PNUD et l'USAID.

Les années 1980 ont vu la naissance de grands barrages notamment celui de Guidel mis en service en 1983 et celui d'Affiniam mis en service en 1988. Seulement, les constructions de ces ouvrages n'ont pas été suivies d'un aménagement en amont suffisant qui aurait permis une réelle valorisation des terres (DIEDHIOU, 1999).

Au début des années 1990, devant l'échec de ces aménagements, et face aux restrictions budgétaires, la tendance a été de multiplier les petits aménagements réalisables partout où une source et une dénivellation suffisante sont constatées sur des petits bassins secondaires et tertiaires menacés par la salinité (DIEDHIOU, 1999). En plus d'avoir montré que « les micro- barrages ont un taux de rentabilité beaucoup plus élevé que les grands barrages comme Guidel40 » (DIEDHIOU, 1999), la politique de relance de l'agriculture proclamée par l'Etat du Sénégal a cherché à s'appuyer sur l'agriculture vivrière et les micro-entreprises rurales pour lutter plus efficacement contre le déficit vivrier et le déséquilibre de la balance commerciale du pays (DIEDHIOU, 1999). De nombreux petits barrages dotés d'ouvrages évacuateurs ont été réalisés dans différentes vallées de la Casamance avec le projet de Développement Rural de la Basse Casamance (DERBAC), le Projet pour la Gestion de l'Eau dans la zone Sud (PROGES), le projet Kamobeul Bolon41 et, le Projet de Développement de la Vallée de Baïla42. Divers programmes ont contribué à la fin des années 90 à la promotion de l'utilisation de variétés de semences améliorées comme le projet WINROCK-ISRA et le PROGES (Projet de gestion de l'eau dans la zone sud).

BLESGRAAF (2006) confirme et illustre dans le schéma ci-après, que la construction des grands barrages de Basse-Casamance (Guidel, Affiniam) conduit à une sédimentation en aval du barrage et diminue la surface de mangrove en amont et en aval du barrage.

40 Ce sont les études comparatives menées par HARZA sur quatre barrages en Casamance (un grand et trois petits) qui ont permis de tirer une telle conclusion. En effet, ces études ont montré que le grand barrage de Guidel avait un taux de rentabilité de 9% en saison pluvieuse et de -3% en saison sèche. Comparativement, les petits barrages de Birkama avaient un taux de rentabilité respectif de 47% et 22%, les petits barrages du Soungroungrou 19,8% et 0,9% et, enfin, le petit barrage de Simbandi Balante 40% et 22%.

41 Cofinancé par le Sénégal et la république populaire de Corée avec comme réalisation la mise en valeur de 6138 hectares de terres douces rizicultivables, la réalisation de 77km de digues anti-sel ceinture, de 157 km de pistes de production et de 173 km de canaux de drainage

42 Financé par la BOAD (banque ouest africaine de développement) et le Sénégal, qui a permis d'aménager 300ha de terres contre une prévision dans l'étude de faisabilité de 31.000 hectares de terres.

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Schéma 10 : Impact d'un barrage anti-sel d'Affiniam sur la mangrove (BLESGRAAF, et al., 2006).

On note qu'entre 5 ans et 30 ans après la construction du barrage la surface de mangrove morte s'agrandit. La construction du barrage d'Affiniam a donc participé à la diminution de la surface de Rhizopho ra.

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II.1.6. Les routes ont détruit la mangrove à Rhizophora

Le projet ne prend pas en compte la modification de l'écoulement, alors qu'elle peut être fatale à la survie des Rhizophora repiquées.

Les routes ont modifié le régime des marées et de l'inondation quotidienne de la Basse- Casamance en déviant les lits mineurs et en asséchant des bas-fonds. En faisant obstacle à l'écoulement de l'eau les routes favorisent et accélèrent la sédimentation. Lorsque la charge sédimentaire est forte, il s'en suit un relèvement rapide du substrat. La vitesse de relèvement du substrat varie d'un point à un autre, en fonction des propriétés géomorphologiques et hydrodynamiques locales. Il arrive un moment où le relèvement du substrat par sédimentation asphyxie43 les arbres. Les mangroves « s 'autodétruisent » en piégeant dans leurs racines aériennes des sédiments qui ne sont plus évacués à la suite de l'apparition d'un obstacle à l'écoulement de l'eau44. Les modifications sur le couvert végétal se voient à l'oeil nu. Il y a de nombreux « cimetières de mangrove » en Basse-Casamance. La photographie de l'annexe 12 illustre le cimetière de mangrove de Bafican.

Des précautions doivent être prises pour minimiser l'impact écologique des routes qui traversent la mangrove (comme par exemple l'axe Ziguinchor-Tobor, cf. Carte 4, page 29). Il faut minimiser l'interférence avec le flux d'eau en construisant les routes parallèlement au flot de surface (bolon et marées) (SAENGER, HEGERL, & DAVIE, 1983) ou en aménageant des passages d'eau.

En rétablissant l'écoulement naturel on participe aussi à la régénération naturelle des Rhizopho ra. La régénération observée en Basse-Casamance est dans un état sanitaire excellent45 (DOYEN, 1985).

II.1.7. L'augmentation du niveau de la mer diminue la surface de Rhizophora de

l'embouchure

Les projections font état d'une élévation de 50 cm à 1 m en moyenne à l'horizon 2100. La résolution VIII de la convention Ramsar recommande, dans la protection et l'utilisation durable des mangroves, de « prendre des mesures contre l'effet de l'élévation du niveau de la mer qui pourrait entrainer la perte d'habitats et de processus génétiques », et de « tenir compte de l'éventuelle migration des mangroves vers l'intérieur en réaction à l'élévation du niveau des mers »(GAUDIN, 2006).

Dans l'estuaire de Gambie, à quelques dizaines de kilomètres seulement de l'estuaire de la Casamance, la mangrove à Rhizophora progresse vers l'amont (RUË, 2002). Une étude de la dynamique des mangroves dans l'estuaire de Casamance permettra d'affiner l'impact de l'élévation du niveau de la mer sur la diminution de la mangrove à Rhizophora en Basse- Casamance.

Le projet ne prend pas en compte les effets ...ne prennent pas en compte tous les facteurs qui agissent sur ses parce qu'il n'a pas d'activité pour gérer les risques. Nous avons vu que le projet ne satisfait pas son objectif car ses résultats ne suffisent et ne sont pas durable.

43 Le manque d'oxygène a plusieurs causes, à marée basse, lorsque la mer s'est retirée : la taille très fine des particules d'argile, la persistance d'eau interstitielle, l'utilisation de l'oxygène par les micro-organismes de biodégradation et bien entendu, l'épaisseur accrue de la couche sédimentaire.

44 De plus, la matière organique produite durant toute la saison sèche demeure pratiquement intacte au sol, en raison de l'élévation de la salinité et de l'arrêt presque complet de l'activité microbienne de décomposition. Les arbres perdent de leur vigueur et progressivement dépérissent.

45 La densité et la vigueur des plants en sont les critères.

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II.2. Océanium ne s'est pas rendu compte des menaces pour la durabilité de son projet

Nous avons vu que le projet ne satisfait pas son objectif car ses résultats ne suffisent et ne sont pas durable. Dans une seconde partie nous mettons en évidence que certains risques non maîtrisés auraient pu l'être avant et pendant la mise en oeuvre du projet.

II.2.1. La collecte dépend du village de Diakène

Parmi les 18 villages de collecte, Diakène Wolof a collecté 70% de la collecte totale. Le projet n'a pas non plus réussi à mobiliser de manière homogène chacun des villages. De plus, le projet dépend beaucoup de la participation de Diakène Wolof, sans qui le projet aurait planté seulement 1.890.600 propagules. Si Diakène Wolof ne participe pas à la réédition du projet en 2009, le projet devra trouver beaucoup d'autres villages partenaires pour combler à son absence de collecte. Océanium aurait pu palier à cette dépendance en prospectant des villages de collecte dans les iles de l'embouchure, notamment celles du petit Kassa.

II.2.2. Rien ne montre que la participation des 110 villages est volontaire

Le projet s'est conclu sur la participation de 130 villages au reboisement. Or 18 villages ont collectés et 110 villages ont effectué un repiquage. Les 18 villages de collecte sont comptabilisés dans les villages de repiquage (car ils ont participé au repiquage des 6.302.000 propagules). Ce sont donc 110 villages qui ont participé au reboisement.

Il est indéniable que les villageois des 110 villages ont fait preuve d'une grande mobilisation (en moyenne 100 personnes par repiquage) et ont participé aux reboisements dans la bonne humeur. Olivier HERVIAUX, envoyé spécial pour le journal Le Monde, présent au moment du reboisement, rapporte : « Tout le village est rassemblé pour danser et chanter le début de l'opération de reboisement de la mangrove ».

Cette forte mobilisation n'est pourtant pas la garantie d'un volontariat. Il ne faut pas confondre spontanéité et volontariat. Les motivations pour participer au projet ne sont pas toujours le volontariat véhiculé par la sensibilisation. Lorsqu'on a posé la question, devant la caméra, « pourquoi êtes vous venu au reboisement » ils ont répondu :

« Mes amies m'ont expliqué que les blancs sont venus pour récupérer la mangrove » Mignone COLY, 17 ans, collégienne de Bafican, département d'Oussouye

« Pour aider ceux qui ont fait le programme, et parce que ça fait plaisir à nos parents » Francis COLY, 20 ans, Darsalam, département de Ziguinchor

« C'est important surtout pour nos parents. Quand ils nous ont vus ils étaient très contents » Jacques Sagna, collégien de Bafican, département d'Oussouye

Lorsqu'on a posé la question, devant la caméra, « pourquoi êtes vous venu à la collecte » à Emanuel Diatta, il nous a répondu :

« Parce que le maitre, qui est là, nous l'a demandé »

Emanuel Diatta, 18 ans, collégien de Diakène, département d'Oussouye

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La sensibilisation de proximité n'est donc pas bien comprise, malgré la forte communication autour du projet. La sensibilisation au quotidien devait être assurée par les responsables de zones, qui sont les agents de terrain locaux d'OCEANIUM. Cependant, les responsables de zones n'ont pas suffisamment transmis aux villageois les enjeux et la méthode décrite dans le guide de reboisement. Dans certains sacs de propagules, on a retrouvé du sable et des propagules de 1 an déracinées. De plus, les responsables de zone ne maitrisent pas tous les enjeux du projet. L'entre-aide n'est jamais citée comme motivation à leur participation. Quand Arnaud WUST pose la question « pourquoi c'est important de participer au projet ? » à Eladj SONKO, responsable de la zone de Elinkine, celui-ci répond seulement « Pour que nos enfants voient la mangrove ».

Il n'y a pas non plus de prise de conscience de l'entre-aide au niveau des villageois. Beaucoup de villageois qui collectent pensent qu'Océanium emmène les sacs de propagule sur Dakar. L'entre-aide n'est jamais citée comme raison à la participation. Lorsque le 20 septembre 2008, en fin de campagne de reboisement, Arnaud WUST (un journaliste qui a suivi le projet) questionne Emanuel DIATTA, collégien de 18 ans à Diakène (le village qui a collecté 70% des propagules du projet) sur l'intérêt de l'entre-aide, voici ce qu'il répond:

A.WUST : « est ce que tu te rends compte que ta participation a permis à plein d'autres gens à une dizaine de kilomètres de replanter ? Est-ce que tu te rends compte qu'il y a une sorte de solidarité qui s'est installée ?»

E.DIATTA: « ça permet aussi aux blancs de venir visiter les îles. Les blancs aiment circuler ici pour regarder le fleuve »

A.WUST : « Mais pourquoi c'est important de s'aider, d'aider les autres villages de la Casamance »

E.DIATTA, après un long silence : « ça aide beaucoup de gens, les pêcheurs et les autres »

Par ailleurs, les villages sont indemnisés46 pour le repiquage. Cette indemnité permet de financer le repas du jour du repiquage et de « motiver » les villageois en vue des prochains reboisements. Le montant de l'indemnité varie de 1.064 FCFA/sac (pour la zone 9) à 226 FCFA/sac (pour la zone 13) (en date du 12 octobre 2008). Aucune raison n'est donnée par OCEANIUM pour justifier une telle différence dans un rapport de (1 à 5. On peut supposer que certains villages nécessitent un plus grand « dédommagement » que d'autres. Mais un fort dédommagement n'est-il pas perçu par certains villageois comme « un appât au gain » ?

Il est nécessaire de mettre en place des indicateurs pour vérifier l'impact de la sensibilisation au reboisement. Parmi les indicateurs à mettre en place, les plus importants sont que « au moins 80% des personnes qui ont assisté à un cinéma-débat soient capables de citer 3 bénéfices liés au reboisement », que « au bout de 5 ans les bénéficiaires ont des pratiques plus durables » et que « dans 5 ans, 80% des femmes ne coupent plus les racines des palétuviers à la collecte des huitres ».

La sensibilisation, en plus de traiter de l'importance de la mangrove pour les villageois, doit aussi traiter de l'importance de leur « participation » au projet. Aucun film projeté avant le reboisement ni aucune question du Quizz de sensibilisation n'aborde spécifiquement ce sujet. Au moment du chargement dans le camion et du déchargement des sacs, Océanium aurait insisté sur la provenance et la destination des sacs, et invité les chefs des villages de collecte à visiter les sites de reboisement, et inversement.

46 Les indemnisations représentent 2.440.000 FCFA, soit 10% du budget total du reboisement (au 15 Novembre 2008).

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II.2.3. Le projet n'est pas participatif

Océanium est reconnue comme expert dans l'opérationnel de projets participatifs. Pour être participatif, les villageois doivent prendre part à la planification, à la préparation et à l'enregistrement des données (LAVIGNE DELVILLE et al., 2000). La formation à la gestion autonome doit prendre 70% du temps des activités, contre 30% pour la collecte des données (GROSSO, 1996). La tendance actuelle est largement inversée (30% du temps sur la formation, 70% sur la collecte des données). Il en résulte que les responsables de zone ne sont pas assez formés pour maîtriser les outils du projet.

Pour inverser la tendance il faut dégager du temps aux formateurs pour former les responsables de zones, au-delà des réunions de sensibilisation effectuées par OCEANIUM. Ce temps peut être dégagé en embauchant plus de personnel, puisque les ressources financières le permettent47. Nous recommandons la mise en place, dans le projet, d'indicateurs d'autonomisation financière, organisationnelle et technique. Nous recommandons aussi de mettre en place des indicateurs objectivement vérifiables du degré de prise de conscience par les villageois de l'objectif global. Un des indicateurs à mettre en place durant le reboisement doit être « le nombre de sac rempli correctement ».

On peut envisager une gestion autonome du reboisement les années suivantes avec les moyens logistiques des communautés rurales (tracteurs et véhicules du Président de la Communauté Rurale). Océanium montre une volonté d'aller dans le sens du renforcement des capacités villageoises. Les propos de son président, Haïdar EL ALI, en témoignent : « Il y a beaucoup de choses à faire de manière participative: en parlant avec les gens on dégage des solutions applicables par eux et reproductibles par d'autres » (EL ALI, 2008)48.

Pour Haïdar, les communautés ont une perception directe des problèmes, des irrégularités, des risques possibles concernant les actions réalisées dans leur environnement, et sont ainsi les plus éclairées pour guider l'action de développement.

Avant et surtout pendant sa mise en oeuvre, le projet n'a pas maîtrisés certains risques alors qu'ils étaient maîtrisables. Pour corriger ce manquement, durant sa mise en oeuvre et avant sa réalisation, le projet doit mettre en place une évaluation de ses reboisements précédents et un suivi pour les reboisements à venir. Le chapitre III détail les points qui doivent être suivi et les moyens qui doivent être déployés pour le suivi du reboisement de l'année 2009.

47 Le projet a reçu 133.711€ (cf. page Erreur : source de la référence non trouvée) et en a dépensé environ 38.200€ (au 15 Novembre 2008, 1 mois après la fin de la campagne de reboisement 2008) dont 12% pour le personnel (1,5 millions de FCFA pour les frais de fonctionnement et 1,3 millions de FCFA pour les salaires). Océanium reçoit, pour le financement du reboisement de 2009, un financement de 750.000€ par Danone (pour l'année 2009) et 100.000€ de l'association « Planète Mer » (pour 3 ans).

48 Sur le site http://oceanium.blogspot.com/search/label/Casamance, à la fin de la 2ème minute du film « Plante ton arbre en vidéo ! »

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CHAPITRE III : Les améliorations possibles au projet

Les deux premières améliorations visent à palier les menaces évoquées précédemment ; à savoir s'assurer que le projet est participatif et volontaire, et faire en sorte qu'il satisfait son objectif. La troisième recommandation est de porter une attention au droit d'usage des parcelles reboisés car sa négligence est un facteur de risque en plus pour la durabilité des plantations. La recommandation suivante est qu'Océanium doit consulter les scientifiques et leur faire partager ses résultats. Enfin, nous proposons une ébauche pour le guide de suivi du reboisement. Pour finir, nous dressons l'analyse des faiblesses, des points forts, des menaces et des opportunités de l'ONG et nous lui proposons un plan stratégique lui permettant d'intégrer le suivi dans son fonctionnement.

III.1. S'assurer d'une participation volontaire III.1.1. Pérenniser l'intervention

Pérenniser par une « logique programme »

Nous suggérons à Océanium d'intégrer une logique « programme » au lieu de faire 4 projets successifs de reboisement (2006-2007-2008 et bientôt 2009). Une conséquence à l'absence de la logique « programme » est qu'il n'y a pas de suivi des résultats des années précédentes. La mise en place d'un programme de reboisement permet de prendre en compte les risques à long terme du reboisement. Nous définissons ces risques par la suite, dans la partie , à la page 51.

L'intégration d'une logique programme permettrait à OCEANIUM d'être éligible à plus de financements publics (les bailleurs publics ne financent que 2,5% du projet, cf. page 16).

Pérenniser par un suivi toute l'année

Aucune fiche de suivi n'a été élaborée pour faire remonter les informations des responsables de zones aux dirigeants d'Océanium (manière « bottom-up »), ce qui fait que le temps de remontée de l'information est long et la réactivité aussi. « Ce problème est récurent au sein de l'association et handicape la bonne mise en oeuvre des projets » (TILLEUL, 2008)49. Ceci est notable en interne : peu de réunions de concertation d'équipe et les réunions sont souvent informelles. Ceci est également notable en externe : la fréquence des réunions et reporting avec les bénéficiaires est insuffisante. Il faut quelquefois que les partenaires sollicitent Océanium à plusieurs reprises avant d'avoir un retour. Ce manque de disponibilité a des répercutions négatives pour l'image de l'association. Les villageois reprochent à Océanium ce manque de suivi et de réactivité. Les résultats d'Océanium reposent sur la participation des bénéficiaires et si les réproches continuent ils risquent d'abandonner le projet. Océanium sait pourtant être réactif une fois sur le terrain (pour faire face à des problèmes techniques). Ce paradoxe est du à un trop grand nombre de « foyers » allumés en même temps alors que le personnel permanent est très restreint : 1 président (aussi président du FEDES), 1 chef de programme (qui doit être présent sur tous les terrains d'intervention à la fois), 1 assistante (assistante de projet, comptable et secrétaire de l'ONG). L'organisation du

49 Nadine TILLEUL travail pour l'ONG Océanium, assistante de Jean GOEPP, chef de programme de l'Océanium.

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travail, en plus de ne pas être défini clairement (aucune fiche de poste), s'organise dans l'urgence et laisse peu de temps au suivi-évaluation. De temps en temps, les nerfs lâchent ce qui ne détend pas l'ambiance et explique un fort turn-over du personnel embauché. Le personnel permanent est complété tout au long de l'année par un stagiaire de 6 mois à qui on confie des responsabilités de chef de mission. Du fait de ce roulement biannuel, les villageois ont l'impression que le personnel permanent (les 3 piliers) se « détachent » de leurs préoccupations. Nous recommandons aux membres du bureau de se rapprocher physiquement de leurs partenaires avant qu'ils ne démissionnent. Océanium est en perpétuelle phase d'identification, toujours à la recherche de nouveaux projets, sans avoir finalisé les projets actuels. « Le projet, comme tous les projets de l 'Océanium, faute de temps, n 'a pas fait l'objet d'une conception méthodique50(TILLEUL, 2008)49. C'est là l'un des inconvénients de l'activisme dont Haïdar est la locomotive. L'activisme désigne un engagement privilégiant l'action directe. L'activisme de Haïdar ne laisse pas de temps au suivi-évaluation et à l'appréciation des risques des projets (défini au Tableau 5 : Probabilité et gravité des hypothèses critiques non prises en compte pour l'atteinte de l'objectif global (FAUGERE, 2009), page 52).

III.1.2. Reconnaitre tous les villages participants sur un même pied d'égalité

Les villageois qui repiquent sont indemnisés pour leur mobilisation. L'indemnité va de 1.064 FCFA/sac pour la zone 9 à 226 FCFA/sac pour la zone 13 (en date du 12/10/2008). La différence d'indemnisation peut porter préjudice au projet pour les années suivantes, si certains villages se sentent lésés.

III.1.3. Ne pas exclure l'administration décentralisée

Le plus souvent, c'est uniquement avec les responsables de zone (souvent des commerçants ou des agriculteurs) que nous nous sommes entretenus pour obtenir l'accord de reboiser sur les terres du village. La présence des anciens au moment du reboisement nous conforte dans l'acceptation du projet par les villageois. En effet, les anciens sont les représentants de l'autorité coutumière du village. Il est bénéfique pour le projet de prendre en compte le droit coutumier, d'autant plus que les zones de reboisement sont des zones de propriété collective51 (THOMAS, 1959). Cependant le projet ne prend pas en compte le droit régalien selon lequel les terres sont la propriété de l'État qui délègue ses pouvoirs aux Communautés Rurales. D'après la loi 96.07 du 22 mars 1996 portant transfert des compétences (PRODDEL, 1996), l'article 29 stipule que les opérations de reboisement sont de la compétence des communes. C'est donc la Communauté Rurale du village où on reboise, par l'intermédiaire du conseil rural et de son Président, qui gère les attributions des terres, et donc les droits de plantation. Le conseil rural est élu pour 5 ans, pour deux tiers au suffrage universel direct et, pour un tiers, par l'assemblée générale de la ou des coopératives fonctionnant dans la communauté rurale. Il siège au village chef lieu de la communauté rurale. Le conseil rural règle, par ses délibérations, les affaires de la communauté rurale, notamment les modalités d'exercice de tout droit d'usage pouvant s'exercer à l'intérieur du terroir. Le président du conseil rural est élu par ses membres, à la majorité absolue et au scrutin public. Le président du conseil rural est chargé de l'administration de la collectivité rurale. Il représente le sous préfet dans la communauté rurale. Il affecte les terres du domaine

50 D'où l'expression que nous avons choisie en couverture : « trop de sel gâche la marmite ».

51 La propriété collective regroupe de droit éminent et le droit d'usage collectif (REY, 2007). Le droit éminent est le droit qu'a un groupe sur tout un espace, par un accord de surnature. Il est détenu par les primo-arrivant qui ont un contrat moral avec les génies ou les ancêtres (REY, 2007).

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national. Il prononce, le cas échéant, la désaffectation de ces terres, contrôle l'exercice de tout droit d'usage et autorise l'installation d'habitations ou de campements.

Haïdar est militant de l'opposition au gouvernement actuel du Sénégal. Ses propos dans les médias accusent le gouvernement et ses représentants d'être incompétents en gestion de l'environnement.

« Comment est ce qu'on peut parler d'écologie à des gouvernants qui sont corrompus, qui ne se préoccupent que de vendre nos ressources au détriment de leur population. Je vis dans un pays qui fait partie des pays les plus pauvres du monde, le deuxième pays au monde le plus aidé. Et dans mon pays les dirigeants font partis des hommes les plus riches du monde. Comment vous pouvez comprendre cela et nous parler d'écologie dans ce pays le Sénégal ? Ce n'est pas possible. »

Haïdar El Ali, mai 2008,

Extrait de sa déclaration au congrès mondial « Global Greens 52» de Sao Paulo

« On ne peut pas atteindre de résultat concret sans faire de politique, sans entrer à l'Assemblée nationale pour décider des lois. Aujourd'hui, ceux qui décident sont incompétents et ne se rendent pas compte de la dégradation du milieu naturel. On ne peut plus attendre de voir le changement promis lors de l'élection d'Abdoulaye Wade. On veut aider à le provoquer. »

Haïdar El Ali, 2002,

Propos recueillis par Fanny Pigeaud pour la RTS (Radio-Télévision Sénégalaise)

Le pays est en crise politique (discrédit de 1'État auprès de la majorité de la population), économique et sociale. La crise sociale est exacerbée en Casamance par le sentiment de marginalisation par rapport aux populations du nord du Sénégal, proches de Dakar. Le reboisement est instrumentalisé, souvent à l'insu du projet, pour l'expression des revendications indépendantistes, dans le débat sur l'appropriation des ressources communes renouvelables (CHAVEAU, et al., 2000). Les partisans de ce débat se complaisent dans les propos de Haïdar, et on les retrouve en Casamance.

« Dommage, en Casamance la chèvre de désertification porte le képis et des galons. Dans 5 ans ce sera le désert en Casamance si jamais on n'arrête pas de délivrer les permis de complaisance et si jamais on n'arrache pas aussi les tronçonneuses. Si aujourd'hui on crie, on parle de l'émigration clandestine c'est parce qu'ils ont fini de saper toutes les ressources halieutiques. Il n'y a pas une bonne gestion de l'environnement, des ressources naturelles. » Groupe casamançais « Abdou Elinkine », musique pour Haïdar. Un concert de ce groupe a été organisé à Bignona en septembre 2008 en l'honneur de reboisement d'Océanium.

Bien que la notoriété de Haïdar ait servi au projet et qu'elle puisse constituer une innovation dans le mode opératoire, d'autres questions méritent d'être posées. Le fait que le président de l'ONG soit un activiste de l'opposition est il un facteur d'exclusion de l'ONG, face à des partenaires institutionnels tels que l'Agence des Eaux et Forêts de Bignona par exemple ? Est-il involontairement un facteur d'exclusion de certains bénéficiaires « pro- gouvernementaux » ? Nous recommandons de séparer les activités politiques des activités de l'ONG, conformément à l'Article 1.5 des statuts de l'association (datés du 17 septembre 1985): « L'Association ne poursuit aucun but lucratif, elle s'interdit toute discussion ou

52 Le congrès mondial « Global Green » est un congrès qui réuni les militants et les mouvements politique écologistes.

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manifestation présentant un caractère racial, politique ou confessionnel ». Nous recommandons notamment de séparer la gestion des comptes et de la trésorerie.

III.2. Améliorer la logistique d'approvisionnement

Le mode de distribution utilisé en 2007 est différent de celui utilisé en 2008. Les schémas ci-après illustrent les deux modes utilisés.

Schéma 11 : Parcours de distribution utilisé en 2007 (FAUGERE, 2009).

Le mode de distribution utilisé pour le reboisement de 2008 est schématisé ainsi :

Schéma 12 : Parcours de distribution utilisé en 2008 (FAUGERE, 2009).

On note que le mode de distribution utilisé en 2008 permet de limiter la manipulation des sacs en effectuant 1 chargement et 1 déchargement par sac. Cependant le mode de distribué utilisé en 2007 permet de réduire la dépendance entre le planning de collecte et le planning de reboisement.

Aucune raison particulière n'a été clairement exprimée dans le changement de stratégie de distribution entre 2007 et 2008. Il aurait été intéressant de faire un examen à mi-parcours de la campagne 2008 pour étudier les possibilités d'amélioration de la logistique. Il aurait été intéressant de comparer les frais de carburant entre l'année 2007 et l'année 200853. A

53 En 2008 les frais de carburant représentent 2.800.000 FCFA, soit 12% du budget total, pour environ 4.000 litres (à 700FCFA le litre) et une consommation moyenne de 15L/100km (1 pick-up et 2 camion).

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plusieurs reprises, nous nous sommes retrouvés avec les deux véhicules immobilisés dans une même zone. La panne la plus contraignante a été une immobilisation des 2 camions durant 2 jours dans la boue. A plusieurs reprises, nous avons été contrains d'immobiliser les véhicules à la base alors que le camion était chargés de 400 sacs pleins de propagule. Il serait intéressant pour la campagne 2009 qu'Océanium compare l'efficacité de la stratégie employée en 2007 avec celle de 2008, en vue d'améliorer l'efficience (par rapport au coût du transport et au taux de survie des propagules). Pour l'année 2009 l'objectif est de reboiser 6 fois plus de mangrove qu'en 2008, sur la même période (en 3 mois). Nous pensons qu'il faut envisager un mode de distribution qui se rapproche du mode de distribution utilisé en 2007 et de profiter de la disponibilité des véhicules des Présidents de Communautés Rurales (PCR), comme l'illustre le schéma suivant.

Schéma 13 : Parcours de distribution suggéré pour 2009 (FAUGERE, 2009).
PCR : symbole des véhicules 4X4 pick-up des Présidents des Communautés Rurales.

Ce parcours permettrait de faire plusieurs reboisements simultanément dans plusieurs zones, et ainsi de gagner du temps. En 2008 nous avons déchargé les sacs de propagules la veille de la journée de reboisement. Si beaucoup de villageois étaient présents aux journées de reboisements, très peu l'était au moment du déchargement des sacs. Je recommande donc au projet de prévoir deux personnes dans l'équipe pour décharger les sacs et pour veiller à ce qu'ils ne soient pas endommagés durant le transport.

Le mode de distribution proposé pour 2009 fait appel aux véhicules des 24 Présidents de Communauté Rurale54. La mise à disposition de leurs véhicules et de leurs chauffeurs permettrait de faciliter la distribution des sacs de propagules et d'en distribuer plus en moins de temps.

III.3. Satisfaire l'objectif global

54 Il y 5 communautés rurales dans le département de Ziguinchor, les 5 du département d'Oussouye et les 14 du département de Bignona.

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La logique utilisé par Océanium est qu'il « suffit d'agir » (10 fois plus) pour réhabiliter la mangrove. On retrouve l'idée que l'action prime sur tout le reste dans le discours de conclusion de la campagne de reboisement énoncé par Haïdar EL ALI le 21 décembre 2008 (cf. page 4). On retrouve souvent dans ses discours l'idée selon laquelle «plus on a de résultats et plus on a de victoire »55. C'est en cela que Haïdar est un activiste.

Aussi, il ne manque pas de faire remarquer que les études n'apprennent rien au regard de ce que l'action enseigne (cf. citation page 4). Cependant Haïdar a éliminé des informations pertinentes pour la durabilité du projet. Le schéma suivant permet de situer ces données par rapport au projet. Nous proposons comment le projet doit intégrer ces informations à l'action.

III.3.1. Le besoin d'une étude préalable du risque

Aucune hypothèse critique n'est envisagée dans le plan d'action du projet. Parmi les hypothèses de faillite du projet les plus évidentes on trouve le risque de coupe et l'excès de sel après le reboisement. Le graphique suivant place ces risques sur une échelle de probabilité et de gravité.

PROBABILITE/FREQUENCE

Certaine

Surement Possible

Peu possible Rare

Zone « acceptable »

Zone « non acceptable »

Coupe Excès de sel

Mineur Medium Sérieux Majeur Catastrophique GRAVITE

Tableau 5 : Probabilité et gravité des hypothèses critiques non prises en compte pour l'atteinte de l'objectif

global (FAUGERE, 2009).

On note que la coupe a une probabilité « possible » et une gravité « sérieuse » pour le projet. L'excès de sel a une probabilité « possible » et une gravité « catastrophique ». Nous détaillons les niveaux de risque et de gravité choisis pour chacune des hypothèses de risque, en commençant par le risque de coupe.

La coupe des Rhizophora après le reboisement

La coupe des Rhizophora a une conséquence « sérieuse ». Il y a un risque « sérieux » pour que les populations qui ne sont pas sensibilisées au moment de reboiser refassent des coupes sèches de mangrove une fois la mangrove suffisamment grande. La sensibilisation peut s'appuyer sur les règles coutumières d'accès à l'espace d'exploitation. Le schéma suivant illustre qu'il existe une gestion cohérente des ressources sur tout le territoire villageois, permise par l'emprise des autorités coutumières (REY, 2007).

55 En référence à la phrase de Suzanne Martel (journaliste québécoise) :« Une victoire est une victoire. C'est le résultat qui compte ».

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Schéma 14 : Organisation coutumière d'accès à l'espace d'exploitation (REY, 2007). Légende : la zone exondée est

l'espace de coteau et la zone tampon.

On note que les formations denses de palétuvier en bord de chenal sont interdites de coupe par les règles coutumières. Les formations claires de palétuviers sont contrôlées par les règles coutumières.

Cependant les règles coutumières ne sont respectées que par ceux qui la reconnaissent. La probabilité de risque reste donc « possible ».

Un excès de sel après le reboisement

Contrairement aux idées reçues, les problèmes de sel ne viennent pas de la mer mais du sol (plus salé que la mer) (SOW56, 2008, Com.Pers.). La salinité des sols est augmentée avec l'évaporation intense qui se manifeste pendant la longue saison sèche et chaude (8 mois) (MOUGENOT et al., 1990). Le déficit et la mauvaise répartition des pluies ont rétréci les lits des cours d'eau (CSE, 2008). Il en résulte au niveau des vasières un rétrécissement de la mangrove à Rhizophora sur les bras principaux et sa disparition presque totale sur les bras secondaires (LOYER et al., 1987).

Il est impossible de prévoir avec certitude la pluviométrie pour les années à venir. La probabilité d'un excès de sel est donc encore « possible ». Si le risque se réalise les conséquences sont « majeures » pour le projet. Cette hypothèse doit être prise en compte dans le projet. Il est possible de réduire la gravité du risque en créant de nouveaux lits de cours d'eau. Pour cela on peut creuser des canaux d'irrigation à partir des les bolons. D'une telle manière on augmente la surface de mangrove en bordure d'eau.

56 Responsable de l'Initiative Mangrove en Afrique de l'Ouest pour l'UICN

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Les conséquences d'un reboisement mono-genre, sans distinction de l'espèce et sur 1.000 ha ne sont pas questionnées

Aucune étude d'impact préalable au reboisement mono-genre de 5 millions de Rhizopho ra n'a été envisagée. Rhizophora et Avicenia ont pourtant les mêmes niches écologiques : mêmes prédateurs, mêmes habitants, mêmes consommations (LAWRENCE, 1984). Le reboisement a augmenté la densité de Rhizophora dans une zone où Avicenia et Rhizophora coexistent (IDEE Casamance, 2008).

Aucune attention n'a été portée à l'espèce plantée. Pourtant, il existe trois espèces de Rhizophora en Basse-Casamance : Rhizophora mangle, Rhizophora racemosa et Rhizopho ra harrisonii (IDEE Casamance et al., 2003). Les villageois savent reconnaître les espèces les unes des autres. Il est possible que certaines espèces soient en compétition et que la dynamique du peuplement reboisé en soit affecté (THOM, 1984). L'espèce la plus résistante et la plus prolifique dominera et éliminera l'autre. Les résultats du reboisement en seront donc affectés. D'autre part, une étude du brassage génétique intra-spécifique et inter-specifique doit être menée afin de s'assurer du maintien de la diversité génétique.

Aucune raison n'a été donnée par Océanium pour justifier 1.000 hectares à reboiser (ni plus, ni moins), si ce n'est de « vouloir multiplier par 10 la quantité plantée en 2008 ». Nous ne savons pas s'il existe un peuplement optimal pour une régénération naturelle sur un site de reboisement.

III.3.2. Compléter le projet en créant de nouvelles activités

Le projet actuellement ne prend pas en compte la circulation de l'eau de mer et ne propose pas de plan d'exploitation de la mangrove. Ces deux points sont pourtant essentiels pour la réhabilitation des 1.000 hectares de Rhizophora plantés en 2008.

Prévoir une valorisation économique du bois

Les populations habitent en zone de mangrove et en périphérie, de manière à être proche de cette ressource. La population actuelle de la Basse-Casamance représente un fort potentiel de défriche (GAMMAGE, 1997). On dénombre 577.552 habitants en 2001 dans la région de Ziguinchor57 (CSE et al., 2001). La distance de prospection de bois est estimée actuellement à une dizaine de kilomètres (BENGA, 2000). Les villageois sont organisés en groupements, conseils et associations. Les groupes existants peuvent servir de base à la création de groupements d'intérêts économique (GIE) qui se verront confier la gestion et la maîtrise des écosystèmes de mangrove et en seront les principaux gestionnaires, utilisateurs et bénéficiaires. Pour les zones habitées où on retrouve les terroirs villageois et les périmètres d'exploitation saisonnière en mangrove on met en place des GIE villageois (GIEV). Au niveau des aires inhabitées ou peu habitées des grands massifs boisés de la mangrove, les activités sont menées par les GIE fédérés (GIEF) (ARSENAULT, 1994). Le plan d'aménagement est accompagné de crédits à l'exploitation (pour l'achat des instruments de coupe) et des concessions sont délivrées.

Le rôle d'Océanium dans le plan d'aménagement va de la conception à la signature du procès verbal établissant le bureau (président - vice président - trésorier - secrétaire). Océanium doit initier l'élan collectif au sein des villages de mettre en place le plan de gestion, de définir les capacités d'emprunts en micro-crédits. Les chefs de villages ont la présidence

57 Il y a 49.817 habitants dans le département d'Oussouye, 224.617 dans celui de Bignona et 283.118 dans celui de Ziguinchor.

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d'honneur des GIEV. C'est le vice-président qui veille au respect du plan de gestion, à la conduite de l'aménagement sylvicole et il dirige les coupes et renseigne régulièrement ses partenaires. Le projet s'accompagne de formations techniques pour une utilisation efficiente du bois de mangrove. « Les paysans de Casamance connaissent une méthode pour accroitre la résistance du bois de mangrove, déjà dur et dense. Elle consiste à couper les branches et à les laisser plongées dans l'eau pendant 6 mois environ. A l'issue de cette période d'immersion, le bois retiré de l'eau et débité peut durer, selon les dires, plus de 20 ans » (VANDEN BERGHEN, 1999). Le projet doit s'accompagner d'un projet d'exploitation de mollusques, en veillant à ce que les femmes qui les récoltent ne coupent pas les racines échasses. La carte de la page 56 illustre que ce sont les femmes qui exploitent les mollusques de Basse-Casamance et qu'il existe un circuit de commercialisation des huîtres Crassostrea Gasar (appelé « huître de palétuvier »de Basse-Casamance).

On note que l'exploitation des huîtres se concentre surtout sur la rive droite, près du bolon d'Affiniam (IDEE Casamance, 2007). L'exploitation des mollusques est une entreprise féminine en Basse-Casamance. Ils se vendent essentiellement sur deux marchés: Bignona et Ziguinchor. Le rayon de prospection des femmes pour les huitres est de 64 km (en pirogue) et l'enfoncement de 9 km à pied (GHYSELS, 2004).

En choisissant d'intégrer un plan d'aménagement le projet doit modifier sa méthode de reboisement. Dans le cas de sylviculture, un reboisement en ligne avec un écartement régulier est recommandé pour optimiser l'expansion des arbres (UNESCO, 1986). Le projet doit donc veiller au bon respect des distances, y compris quand les reboisements se font en l'absence d'un responsable technique. Les outils employés sont le nettoiement, l'éclaircie et la coupe définitive avec réserve de semenciers et régénération naturelle assistée et artificielle selon la méthode de la coupe d'abri. Le nettoiement consiste à éliminer, sans rompre l'état de massif, les non-valeurs, les sujets mal conformés, morts, malades L'objectif est essentiellement sanitaire. Il pourrait être effectué entre 10 et 20 ans. L'âge d'exploitabilité des arbres est estimé de 50 à 160 ans(DOYEN, 1985). La durée de l'exploitabilité en Casamance est de l'ordre de 60 ans (DOYEN, 1985). Il est recommandé de faire un nettoiement à 10-20 ans de 5.000 à 3.000 pied/ha, puis un autre à 20-30 ans de 3.000 à 1.500 pied/ha, et un dernier à 40- 60 ans de 1500 à 100 pied /ha. On estime la productivité à l'état vert de 3,6m3/ha/an (DOYEN, 1985). En Malaisie, la taille normale des arbres Rhizophora abattus est de 15 à 18

m de hauteur et 45 à 75 cm de tour (HUBERMAN, 1972). Le système fondé sur une circonférence minimale d'abattage est insuffisant dans les peuplements équiennes58 arrivés à maturité, ne comptant que quelques jeunes arbres, et conserver des semenciers59 est souvent considéré comme un gaspillage et comme de peu d'utilité pour la régénération naturelle(DOYEN, 1985). Rhizophora n'atteint pas régulièrement les dimensions adéquates pour qu'il soit possible d'utiliser son bois dans la filière du sciage traditionnel malgré les qualités mécaniques dont il fait preuve. Toutefois, les billes de dimensions suffisantes pourraient trouver un usage dans le domaine de la charpente, mais dans ce cas, sa nervosité élevée impose un débit peu de temps après l'abattage pour éviter les fentes de dessiccation si préjudiciables au rendement du sciage (DOYEN, 1985). Nous recommandons que la sylviculture soit une activité complémentaire à d'autres revenus, sans être l'activité principale, de sorte à diminuer la pression sur la ressource en donnant un revenu aux populations sans inciter au prélèvement brutal.

58 De même âge.

59 Le diamètre inférieur de fructification (diamètre à hauteur de poitrine) est de 15 cm.

Carte 6 : Exploitation des mollusques en Casamance en 1985 et circuit de marchés des huîtres (CORMIER-SALEM, 1989b).

Concernant l'acquisition de la propriété légale des reboisements de mangrove, « Dans les forêts relevant des compétences des collectivités locales, l'exploitation de ces produits est théoriquement assujettie à une autorisation préalable du maire (commune) ou du président du conseil rural (communauté rurale), puis le permis d'exploitation est délivré par le service des Eaux et Forest qui doit se référer aux prescriptions des plans d'aménagement approuvés » (IDEE Casamance, et al., 2003). Le code forestier (Ministère de l'environnement du Sénégal, 1998) stipule dans son Article 1.2 : « Toutefois si des formations forestières ont été régulièrement implantées sur le domaine sous forme de plantations individuelles en plein, d'alignement ou d'abris, elles sont la propriété des personnes privées physiques ou morales, qui les ont réalisées, à l'exclusion de toute forme d'appropriation du terrain du domaine national ». « Il serait donc envisageable que des groupements villageois ou même des familles possèdent leur propres reboisements, encore faut il que ces reboisements aient été « régulièrement plantés » (IDEE Casamance, et al., 2003).

Envisager la mise en défens ne semble pas appropriée puisque les casaçais ont besoin d'utiliser la mangrove. Une solution possible pourrait être de classer les forêts de mangrove en forêt communautaire. Cependant cela ne serait pas encore une garantie contre la coupe. Nous proposons alors d'encourager une coupe raisonnée, plutôt que de l'interdire. Les communautés villageoises ont pour préoccupation la reproduction du système (REY, 2007). La durabilité est donc leur préoccupation. Le degré « possible » de risque se justifie à la fois par la préoccupation de la durabilité (baisse du risque) et par le non respect de cette préoccupations par d'autres (hausse du risque). La mise en place d'un plan d'exploitation durable des plantations de mangrove doit s'appuyer sur l'importance de l'exploitation raisonnée comme sécurisation des revenus de la riziculture. On peut aussi encourager le retour à des moyens de valorisation ancestrale de la mangrove. « Le bois de palétuvier est utilisé préférentiellement pour la fabrication de la chaux locale à base de coquilles d'huitres. L'opération consiste à amasser du bois de feu de palétuvier sur le tas de coquilles à fondre» (VANDEN BERHEN, et al., 1999). Le bois de palétuvier est aussi utilisé pour les besoins domestiques : environ 0,5kg/j ours (BENGA, 2000) soit environ 1 80kg/habitant. On estime donc qu'il faut une dizaine de pieds de Rhizophora60pour satisfaire les besoins domestiques d'un habitant. On estime que 95% des palétuviers utilisés sont des Rhizophora (BENGA, 2000). Le stère (environ 30 kg) de bois de Rhizophora se vend environ 100 FCFA (GHYSELS, 2004). L'annexe 16 montre la taille du stère de bois de Rhizophora.

Permettre à l'eau d'atteindre la mangrove

Il s'agit de lutter contre, d'une part, le manque d'approvisionnement en eau et, d'autre part, contre la salinisation. «Le paramètre « salinité », en chaque point d'un delta, est déterminé par le flux d'eau douce (lui-même dépendant de la pluviométrie dans le bassin versant) et par l'évaporation » (BLASCO, 1991). La salinité d'un lieu dépend aussi de la pénétration des marées, c'est-à-dire de leur amplitude et de la topographie locale.

Les pluies sont revenues, mais le réseau hydrique est tellement modifié que la régénération ne reprend pas (SOW, 200856, Com.Pers.). On pourrait alors creuser des canaux d'irrigation pour permettre à l'eau de mer d'atteindre les plantations de Rhizophora. Ces canaux doivent tenir compte des courants du fleuve dans sa partie maritime61. Les courants qui s'observent dans la partie maritime d'un fleuve sont les résultats des courants variables

60 Calculs effectués sur la base des chiffres de (MARIUS, 1985).

qui accompagnent l'onde de marée et du courant dû au débit fluvial (BRUNET-MORET, 1970). La salinité du flot (courant vers l'amont) est différente de celle du jusant (courant vers l'aval). Une étude approfondie du balancement du flot et du jusant permettrait d'envisager des aménagements pour lutter contre le processus de salinisation.

III.4. Le projet doit tenir compte des problèmes fonciers

On retrouve souvent les explications du conflit actuel en Casamance dans l'« accroissement de population » (BROWN et al., 1977). « Un texte de 1862 (Archives Nationales du Sénégal 13 G366) montre comment les villageois ont fait appel aux autorités coloniales pour faire respecter la coutume, les gens de Mlomp se plaignant des habitants de Pointe Saint Georges qui "ont pris du poisson dans leurs pêcheries" » (CHAVEAU et al., 2000). A l'origine des conflits armés, il y aurait donc un conflit sur la délimitation des zones de pêches. En 1987 la pêche était dominée par 3 ethnies de migrants (Guet-Ndariens, Niominka et Lébou) (SAMBA, 1987). « Tant qu'il y avait dans l'océan plus de poissons que l'on ne pouvait espérer pêcher, les conflits d'intérêt portant sur les pêcheries étaient rares » (BROWN, et al. 1977)62. Nous pensons que cette vision est trop simpliste pour expliquer les origines du conflit en Casamance. Le conflit a plusieurs catalyseurs. Parmi ces catalyseurs on peut citer la délimitation non concertée de l'augmentation des surfaces pour la riziculture. « On remarque que les conflits sont souvent à l'occasion de la délimitation des terres rizicultivables de la mangrove, comme en témoignent les tensions entre communautés villageoises d'Affiniam et de Diatok à propos de l'appropriation des 30.000 ha de rizières de mangrove à la construction du barrage d'Affiniam63 » (CHAVEAU, et al., 2000).

L'augmentation des surfaces de riz n'a pas résulté d'un compromis entre la législation officielle et la juridiction coutumière, pouvant mener à des conflits entre allochtones et autochtones64. « La réaffirmation et la création, voire l'extension, des droits d'usages territoriaux se heurtent à la fois à la législation officielle, qui ne reconnaît pas les juridictions coutumières locales, et aux stratégies spatiales des communautés allochtones » (CHAVEAU, et al., 2000).

Le schéma suivant illustre la place que tient la mangrove dans la zone de parcours et dans la zone de terroir villageois.

61 On appelle partie maritime d'un fleuve celle qui s'étend de l'embouchure jusqu'au point où les plus fortes marées, pendant les Périodes d'étiage du débit fluvial, cessent de se faire sentir (BRUNET-MORET, 1970). La partie maritime du fleuve Casamance s'étend de son embouchure à Diana-Malari sur le fleuve lui-même soit sur 217 km et sur son affluent principal le Soungrougrou jusqu'à Diaroumé (à 86 km du confluent et 184 km de l'embouchure) (BRUNET-MORET, 1970).

62 Pages 98 à 104.

63 Le barrage d'Affiniam est réalisé entre 1985 et 1987 avec la coopération chinoise

64 Ces conflits participent aux revendications indépendantistes.

Schéma 15 : La mangrove se situe à l'interface entre les terroirs et les parcours en Basse-Casamance (CORMIER- SALEM, 1995).

Le terme de terroir aquatique est utilisé en priorité pour désigner les plans d'eaux susceptibles d'être enclos telles les eaux intérieures et lagunaires, les zones de mangrove et les récifs coralliens. Le terme de parcours de pêche désigne davantage les espaces halieutiques maritimes, dont les limites sont mobiles, les frontières plus ou moins perméables, les ressources instables (CORMIER-SALEM, 1995).

On note que la mangrove se situe entre le terroir des paysans-pêcheurs et le parcours des marins-pêcheurs.

La mangrove comme terroir aquatique

Les modalités d'appropriation et d'accès au terroir aquatique sont variables selon les acteurs, les formes d'exploitation et la saison. Certaines zones sont mises en défens une partie de l'année ou même plusieurs années consécutives. Les bas-fonds inondables sont les zones du terroir les plus proches du village. Elles sont appropriées individuellement par les chefs de ménage (CHAVEAU et al., 2000). Les bassins piscicoles gagnés sur des zones de mangrove incomplètement défrichées sont, en fonction de leur taille et de leur site, appropriés collectivement par le lignage ou le clan. Les bolons, qui donnent accès au village, et leurs rives colonisées par la mangrove sont gérés collectivement par la communauté villageoise qui en a l'usufruit (CHAVEAU et al., 2000). Seuls les hauts-fonds, exploités de façon plus ou moins permanente au moyen de barrages-palissades, considérés à ce titre comme une parcelle d'eau, au statut équivalent à celui d'une rizière, sont appropriés par le pêcheur ou son lignage. Au total, les eaux intérieures, qui font partie du terroir villageois, sont déterminées par la législation coutumière (CHAVEAU et al., 2000). En revanche, la mer, perçue comme un milieu dangereux, peu exploitée par les paysans-pêcheurs locaux -les Diola- jusqu'à une date récente, n'est soumise à aucun droit d'usage territorial traditionnel bien établi (CHAVEAU et al., 2000). A la gestion des espaces aquatiques comme des terroirs par les populations diola de Casamance, s'oppose la gestion des espaces maritimes comme des parcours par les pêcheurs migrants originaires des autres régions du Sénégal. Si, en principe, le littoral et la mer sont considérés comme des espaces ouverts et accessibles à tous, dans les faits, tous les pêcheurs

ne sont pas égaux, du fait même de leur compétence et de leurs moyens techniques mais aussi de leur appartenance à une communauté qui s'identifie à un territoire de pêche et en contrôle les droits d'usage. Les meilleurs fonds de pêche tendent à être transmis au sein de la communauté, considérés comme une chasse gardée, dont sont exclues les autres communautés (CHAVEAU, et al., 2000).

Dans ce contexte, il est essentiel de définir le mode de protection des parcelles. En effet, « les espaces aquatiques non aménagés du terroir villageois ne sont pas appropriés mais tous les membres de la communauté villageoise peuvent en exploiter les ressources » (CORMIER- SALEM, 199 1b). Ainsi, rien n'empêche les pêcheurs de jeter leurs filets sur les espaces où les propagules viennent d'être plantées. Un règlement moral est plus susceptible de garantir la protection qu'un règlement légal (CORMIER-SALEM, 1991b). N'étant pas avertis, les pêcheurs peuvent jetter leurs filets sur les propagules sans le savoir car celles-ci sont recouvertes par la marée. Il faudrait alors baliser, mettre une pancarte ou tout autre indice indiquant la présence d'un « champ de propagules de palétuviers ».

Il est d'autant plus important de définir le mode de protection que les terroirs de pêches s'étendent. La carte suivante illustre le déplacement de l'aire de pêche des villages entre 1940 et aujourd'hui.

Carte 7 : Extension des terroirs65 de pêche de Tionk-Essyl (CORMIER-SALEM, 1994c).

L'estuaire, encore largement sous-développé au début du XXème siècle est dans les années 1980 un lieu où la compétition pour la ressource met en rapport des technologies variées, des communautés diverses et des populations de plus en plus nombreuses (158.370 habitants à Ziguinchor en 2007) (DIAW, 1986).

III.5. Se concerter pour partager les acquis et bénéficier de ceux des autres

65 En Casamance, on a pu à juste titre parler de terroirs aquatiques ou amphibies pour désigner les espaces bornés, contro 1és et gérés par une communauté villageoise, structurés par un système d'usages multiples des ressources aquatiques (agricoles, piscicoles, halieutiques, sylvicoles, pastorales). Ces terroirs sont nettement circonscrits ; leurs limites ne sont pas matérialisées par des bornes mais n'en sont pas moins réelles, reconnues par tous et transmises dans la mémoire collective. Chaque terroir comprend, d'après CHAVEAU, et al., 2000:

-les chenaux de marée, appelés localement bolon, qui donnent accès au village,

-les îles couvertes de mangrove et de tannes (étendues sursalées stériles) enserrées par ces bolon,

-ainsi que des lieux de pêche et de campements.

Au vue du nombre de facteurs non pris en compte dans le projet et de leur importance (cf. page 38, partie ) nous recommandons à Océanium de consulter les publications sur la Casamance (en commençant par ceux présents dans la bibliographie de ce mémoire) et de rencontrer les scientifiques avant l'action. « L'attention portée aux enquêtes sociaux économiques prévues et états de référence des projets n 'a jamais été prioritaire. Les quelques enquêtes lancées ont été sous traitées, principalement confiées à des étudiants en cours de formation dans des travaux de recherche type mémoire (TILLEUL, 2008)49 ».

La contribution d'Océanium est importante pour les scientifiques. Les scientifiques ont notamment du mal à définir la surface de mangrove actuelle et son évolution.

Les estimations chiffrées de la superficie actuelle de mangrove dans toute la Casamance varient suivant les sources. A titre d'exemple le Centre de Suivi Écologique du Sénégal estime 75.272 hectares en 2001 (estimation faite en 2002) alors que le Centre de Suivi Géologique des États-Unis d'Amérique (USGS) estime 132.000 hectares en 2001 (projection de 1998). Par contre, il existe un consensus entre l'USGS et le CSE sur l'évolution de la superficie de mangrove en valeur relative (1%) mais non sur la valeur absolue. L'USGS estime l'évolution de 137.200 ha en 1975 à 132.000 ha en 2000, c'est-à-dire une perte de 5.200 ha en 15 ans (TAPPAN, 1998), alors que le CSE estime de 75.681 ha en 1972 à 75.272 ha en 2002 (CSE, 2008), c'est-à-dire une perte de 409 ha en 30 ans. Le bureau d'étude BUURSINK estime la vitesse de dégradation de la mangrove en 2004 à 1.500 ha/an66, là où l'USGS l'estime à 208 ha/an et le CSE à 13,6 ha/an. Pour Océanium, la mangrove ne couvre plus que 80.000 hectares aujourd'hui et en une vingtaine d'année la surface des mangroves de Casamance s'est réduite de près de moitié (OCEANIUM, 2008). L'argumentaire utilisé par Océanium se base sur ses observations. Océanium peut apporter des échantillonnages de terrain au désaccord scientifique. En retour Océanium peut profiter des expériences internationales du réseau scientifique sur des sujets qu'elle ne métrise pas bien, comme par exemple l'effet de la salinité sur Rhizopho ra67.

III.6. Proposition d'un guide de suivi du reboisement

Sur le même principe que le guide de reboisement, un guide de suivi doit être élaboré, avec des propositions de solutions pour la gestion des risques. Nous recommandons de définir le guide de suivi avec les villageois (de quelle manière l'information doit être collectée, auprès de qui, par qui, avec quel outil, en utilisant quel indicateur, à quel moment, etc.). Il faut penser le suivi de manière à ce qu'il serve aux villageois et qu'il ne soit pas perçu comme uniquement un contrôle à l'utilisation des ressources financières. La planification du suivi doit être établie avec les populations (programmation des visites de terrain, programmation des réunions de reporting). Les animateurs villageois doivent être associés à la conception des outils et des fiches de suivi pour qu'ils se les approprient. Océanium doit accompagner les animateurs villageois dans la création de comités de suivi ainsi que d'une structure de gestion communautaire des ressources nécessaires au suivi.

III.6.1. Où doit se faire la sensibilisation?

66 Cette étude a été réalisée pour le PRAESC (Programme de la Banque Mondiale pour la Relance des Activités Économiques et Sociales en Casamance).

67 En Floride et dans les Everglades Rhizophora mangle s'est établi durablement dans un marais d'eau douce (RUË, 2002).

La sensibilisation pour une utilisation durable des ressources halieutiques de Basse- Casamance doit se faire aux points de débarquement. Le tableau suivant dresse les points de débarquement par département de la région de Ziguinchor. Il indique aussi les zones de pêches et les principales espèces pêchées.

Points de débarquement

Lieux dits de pêche

Principales espèces pêchées

Département de Ziguinchor

Ziguinchor commune (Boudody, Tessito, Port,

Katante), Niaguis, Fanda, Aniack, Baghagha, Adéane

Fleuve Casamance et ses affluents.

Ethmaloses, Barracuda Otolithe,

Crevette, Sole

Département de Bignona

Badiana Albadar, Diouloulou, Couba, Mantate, Boco, Sankoye ,Kabiline, Saloulou, Boune, Kassel

Affluents du fleuve

Casamance,

Ethmaloses, Mulet, Capitaine,

Barracuda, Otolithe, Tilapie,

Machoiron, sole, Huîtres, Arches

Tendouck, Boutégol, Mangagoulack, Elana, Bodé, Thionck-Essyl, Mlomp, Thiobon, Karthiack, Bessire

Fleuve Casamance et ses affluents

Département d'Oussouye

Boudiédiéte, Katakalousse, Elinkine, Carabane,

Diogué, Eloubalire, Jivent

Fleuve Casamance et ses affluents

Capitaine, Sole, Machoiron,

Otolithe, Huîtres, Crevette

Tableau 6 : Points de débarquements, lieux de pêche et principales espèces pêchées dans la région de Ziguinchor (Service Régional des Pêches de Ziguinchor, 2003-2004 dans (IDEE Casamance, 2008).

La sensibilisation ne doit pas seulement concerner les pêcheurs. Elle doit aussi concerner les femmes. Ce sont elles qui font les tâches de transformation et de commercialisation des produits halieutiques. Elles doivent aussi être ciblées car elles pêchent des juvéniles au moyen de paniers-cloches ou d'haveneaux à mailles très fines. « Les femmes pêchent les alevins et les petits poissons au moyen de nasses dans les casiers de protection des rizières ou dans les bassins piscicoles; ces prises sont destinées à la consommation ou, conservées dans du sel et du citron, vendues à Oussouye et à Ziguinchor68 » (CORMIER-SALEM, 199 1a).

III.6.2. Comment doit se faire la sensibilisation

Une sensibilisation particulière doit être adressée aux pêcheurs migrants pour le respect des règles coutumières d'exploitation de la mangrove (définies précédemment, cf. partie page 52). L'objectif est de réduire la probabilité du risque de coupe, c'est-à-dire de prévenir le risque de coupe.

La sensibilisation à la gestion durable des ressources halieutiques doit aborder son rôle essentiel dans la nutrition des casamançais. La plus grande partie des débarquements en

68 On peut distinguer les circuits courts et circuits longs de commercialisation du poisson frais. Les circuits courts s'inscrivent essentiellement dans l'espace économique régional casamançais, voir sous-régional : approvisionnement des hôtels et des petits marchés (Oussouye, Bignona). Les circuits longs sont le fait d'agents plus spécialisés qui disposent de moyens techniques plus élaborés (véhicules, pirogues glacières). Ils approvisionnent les marchés de Ziguinchor et de Moyenne et Haute Casamance (Kolda, Vélingara) ainsi que les marchés d'autres régions (Kaolack, Dakar) où ils écoulent des produits de haute valeur commerciale (brochets, capitaines) (La gestion de l'espace aquatique en Casamance, 1986). Les acteurs de la commercialisation en frais sont les mareyeurs, les « bana-bana » et les détaillants (présents sur les marchés). Les mareyeurs sont des commerçants spécialisés qui disposent le plus souvent de leur propre véhicule et opèrent sur les circuits longs. Les « bana-bana » sont des semi-grossistes qui travaillent pour les mareyeurs sur les points de débarquements. Ils collectent le poisson auprès des piroguiers.

Casamance est destinée à la satisfaction des besoins alimentaires locaux (CHABOUD, 1987). Le plat principal des Diola est le niankatang et se compose de riz blanc agrémenté d'une sauce à l'huile de palme et de petits poissons. Une enquête réalisée par l'ORANA69 en 1979 indique une consommation moyenne quotidienne par tête de 66 g de poisson dont 62 g de poisson frais. Les produits d'origine halieutique représentent 15% du total des protéines consommées et 67% des protéines d'origine animale. On observe, cependant, une importante variabilité de la consommation selon la situation géographique. La consommation s'élève à 132 g en zone maritime pour chuter à 31 g dans les zones éloignées des points de débarquement (CHABOUD, 1987). Les utilisateurs des techniques de pêche qui ciblent les alevins doivent être sensibilisés au problème de renouvellement de la ressource.

Il est cependant important de différencier la sensibilisation suivant les techniques de pêche et les espèces pêchées. L'outil de pêche le plus utilisé en Casamance est le filet maillant : le filet maillant dérivant70 est utilisé par 54% des organisations de pêcheurs, le filet maillant dormant par 16 % et le filet mailant encerclant par 6% (IDEE Casamance, 2008). Les espèces pêchées dépendent de la technique utilisée. Les espèces principalement ciblées par le filet maillant sont les ethmaloses et les mulets. Le filet maillant est la technique de pêche la plus destructrice car c'est celle qui rapporte le plus avec le moins de moyens71 (IDEE Casamance, 2008). La pêche continentale ne doit pas être exclue. Deux types d'aménagement sont utilisés en Basse-Casamance: les barrages-palissades et les bassins piscicoles72 (CORMIER-SALEM, 1986).

La sensibilisation doit aborder l'ensemble des intérêts qu'ont les villageois à reboiser. Pour cela, nous dressons la participation de la mangrove à Rhizophora aux valeurs économiques.

La mangrove est une valeur commerciale

Du point de vue commercial pour la Basse-Casamance, Rhizophora sert surtout à la culture des huîtres. On estime la quantité variable d'huîtres prélevées dans la mangrove entre 1.000 tonnes et 15.000 tonnes/an ou encore entre 2 et 30 millions de douzaines d'huîtres en coques (CORMIER-SALEM, 1989b). Rhizophora mangle est aussi une plante mellifère (FAO, 2005).

La quantité de crevettes pêchées dans les mangroves a beaucoup diminué en Basse- Casamance, au point que l'usine de transformation de Ziguinchor a fermé. Cependant l'amélioration des conditions environnementales, notamment des mangroves, permet le retour des crevettes (LE RESTE, 1987).

L'ensemble de la chaine d'utilisation des productions de l'écosystème de mangrove en Casamance est repris dans l'annexe 5, page 90. Le projet peut envisager de valoriser ses utilisations, ou d'inciter les villageois au reboisement en présentant les productions de la mangrove comme une source de sécurisation des revenus.

La mangrove est une protection

69 Organisme de Recherche sur l'Alimentation et la Nutrition Africaine, créé en 1953

70 Deux types de filets maillants dérivants sont utilisés en Casamance : celui de surface et celui de fond.

71 La pêche au filet dormant ne nécessite pas beaucoup de carburant, car les lieux de pêche sont situés près de la côte.

72 Les bassins piscicoles sont des aménagements hydrauliques situés en aval des rizières et sont utilisés pour une pêche extensive.

La mangrove offre de protection pour les villages à sa proximité (SAENGER, 1983). Elle protège les habitations contre les embruns et les vents. Le schéma ci-après illustre qu'ils sont très présents en Basse-Casamance.

Schéma 16 : Anémographes de fréquence et de directions des vents au sol entre 1971 et 1982 à Ziguinchor (DIOP, 1990).

Légende : Les chiffres au centre du cercle indiquent les vitesses maximum et minimum enregistrées en m/s. La longueur des segments calculée à partir du cercle est proportionnelle à la fréquence.

Les mangroves servent surtout à protéger les maisons contre l'action dévastatrice des tempêtes. Les mangroves permettent aussi de protéger les terres contre la déflation éolienne et la formation des dunes argileuses (BARBIREO et al., 1998). Les mangroves participent aussi à la diminution de l'intensité du flot et du jusant (BRUNET-MORET, 1970). Elles protègent aussi contre le risque d'inondation lors des grandes marées. La mangrove joue aussi un rôle dans la protection contre les tsunamis. « Après le passage d'un tsunami, on remarque qu'il y a plus d'habitations sur pied à l'arrière de la végétation de mangrove que dans la zone non abritée » (LATIEF et al., 2006).

La mortalité des mangroves serait l'une des causes de l'érosion côtière, peut-être même une des cause principales. « Dans de nombreux pays intertropicaux, on utilise les palétuviers pour fixer durablement les sédiments et gagner ainsi de nouvelles terres sur la mer. Le Bangladesh fait figure de pionnier, avec un gain de plus de 100.000 hectares au cours des années 1980. [...] Ces remarques nous conduisent à formuler l'hypothèse suivante : l'érosion se déclenche et s'intensifie sur les littoraux lorsque la mangrove meurt » (BLASCO, 1991). Après la coupe de mangrove, le couvert végétal n'est plus là pour fixer les sédiments qui s'en vont vers l'embouchure. Ce phénomène est accentué avec les pluies violentes et de plus en plus concentrées (beaucoup de millimètres d'eau tombent en peu de temps, les sols saturent vite et l'eau ruisselle). Les graphiques de la page suivante illustrent la répartition quotidienne des pluies et le bilan de l'eau au cours d'une année à Ziguinchor.

Graphique 3 : Répartition quotidienne des pluies et le bilan de l'eau au cours de l'année 1961 à Ziguinchor (DIOP, 1990).

On note que les pluies tombent violemment (la moitié des pluies tombées en 1961 fait plus de 50 mm) quelques jours de l'année (43 jours). Il en résulte une grande part d'eau disponible pour l'écoulement.

L'accentuation de ce phénomène, par la déforestation accrue de ces dernières décennies, favorise l'accumulation des sédiments à l'embouchure. Ceci pourrait avoir pour effet à long terme de boucher l'écoulement et d'empêcher le balancement des marées. Ce processus de sédimentation peut transformer la ria13 de l'estuaire de Casamance en un funnel73 (BLESGRAAF, 2006). Il pourrait alors y avoir une disparition de la mangrove à certains endroits de la Basse-Casamance (VIEILLEFON, 1977). Malheureusement, l'évolution de la sédimentologie du littoral de Casamance est la formation côtière la moins bien suivie du Sénégal, compte tenu de la situation d'insécurité qui y règne depuis plusieurs années (PELISSIER, 1989). Une étude mériterait d'être menée notamment pour raisonner l'aménagement des plages des hôtels de Karabane (une île de l'embouchure du fleuve) de manière à éviter l'accumulation des sédiments (CSE, 2005).

La mangrove est un écosystème riche

Les productions secondaires de la mangrove en Casamance sont le zooplancton, la microfaune benthique et les macrobenthos. La diversité spécifique en zooplancton diminue de l'aval vers l'amont. La composition spécifique permet de distinguer une zone « maritime », une zone d'estuaire, et une portion « anti-estuarienne » (PAGES, 1986a) correspondant grossièrement au découpage précédemment présenté. Il semble qu'on puisse distinguer les variations suivantes en zooplancton (PAGES, 1 986b) : une diminution générale nette des effectifs en décembre, une chute d'abondance plus prononcée en aval en début d'hivernage, un maximum peu prononcé pendant l'hivernage. Concernant la microfaune benthique, les thanatocoenoses semblent la règle (PAGES, 1 986b). La diversité spécifique est maximale (35 espèces) dans l'extrême aval, caractérisée par une abondance d'ostracodes et de nombreux foraminifères à test calcaire (PAGES, 1986b). On signale en zone « estuarienne » une prolifération d'espèces macrobenthiques classiquement estuariennes (dont Modiolus elegans et scoloples chevalieri). L'abondance des mollusques augmente en début d'hivernage dans cette zone et les densités et les diversités diminuent en fin d'hivernage (entre aout et décembre) (PAGES, 1 986a). La partie aérienne des arbres : branches, feuilles, fleurs et fruits est colonisée par des animaux terrestres (insectes, oiseaux et autres vertébrés). En ce qui concerne les insectes on sait que certains sont entièrement terrestres, ce sont les « visiteurs » comme les abeilles, les fourmis, les insectes du tanne herbacé et les xylophages des palétuviers, assez peu étudiés (DOYEN, 1985). D'autres ont des formes larvaires qui dépendent du sol de la mangrove (moucherons de genre Ceratopogonidae appelés localement « mout-mout », et de nombreux moustiques). L'espèce de termite présente semble être Microcerotermes fuscotibialis Sjöstedt (DOYEN, 1985).

III.6.3. La sensibilisation doit connaitre l'historique de la pêche en Casamance

La Casamance est dans la situation paradoxale où la pêche se développe alors qu'en zone fluviale les espèces deviennent moins diversifiées et les poissons moins nombreux et plus petits (CHAVEAU, et al., 2000). Les centres de pêche sont devenus permanents depuis le début des années 80. « Ce développement semble dû à la fois à une volonté politique de l'époque d'étendre la pêche vers la mer, et à un intérêt personnel évident des pêcheurs migrants de se sédentariser74 » (SAMBA, 1987). La carte suivante localise les centres de pêche le long du fleuve Casamance.

Carte 8 : Répartition des pêcheurs de Casamance selon leur origine d'après CORMIER-SALEM, 1989a.

74 Le revenu brut moyen mensuel des pêcheurs migrants de Casamance serait, à l'époque, environ le double de celui du pêcheur resté à Saint-Louis, pour une même technique de pêche : au filet dormant (SAMBA, 1987).

On remarque que l'extrême hétérogénéité ethnique du tissu social casamançais constitue une des données essentielles de la structuration sociologique du secteur de la pêche en Casamance (CORMIER-SALEM, 1992). L'arrivée successive de vague de peuplement a augmenté la pression de pêche, notamment en apportant de nouvelles techniques de pêche (DIAW, 1986). L'évolution des conditions historiques du développement de la pêche en Casamance a été la suivante :

Des années 1930 à 1950 les pêcheurs somono arrivent dans les villages de Moyenne et de Basse Casamance, où ils forment des unités familiales distinctes de celles déjà présentes (DIAW, 1986). Ils introduisent la version malienne du filet dérivant, le filet maillant félé-félé (DIAW, 1986). Les années 50 voient l'arrivée des pêcheurs tukulër75 puis waalo-waalo originaires de la vallée du Fleuve Sénégal (DIAW, 1986). On observe conjointement le développement actif mais bref d'une économie du poisson fumé, tournée vers la Guinée, basée entre Fanda (à l'Est de Ziguinchor) et Niafor (dans le Balantakunda). Ils jouent aussi un rôle décisif dans la diffusion d'un nouveau modèle de félé-félé et de la senne de plage en estuaire ainsi que dans l'expansion fantastique de la pêche crevettière faisant suite à l'implantation d'usines de traitement de ce produit. Cette période marque également le développement d'une pêche maritime saisonnière animée par les pêcheurs get-ndariens et lébu (DIAW, 1986). L'industrie du poisson fumé va susciter des activités intenses de pêche et d'échange, jusqu'à la fermeture de la frontière sénégalo-guinéenne en 1958 (DIAW, 1986). Elle encourage le développement de l'immigration de pêche, mais aussi l'insertion de nouvelles catégories sociales (transformateurs Susu et commerçants Pël, Malinke et Julo ou Jaxanke) dans une économie estuarienne en expansion (DIAW, 1986). Entre 1971 et 1973, l'usage du fil de nylon est introduit et la pêche à la senne devient techniquement possible tout le long de l'année et une nette tendance à la sédentarisation des waalo-waalo se développe. Ziguinchor, qui passe d'une petit bourg Baynouk de 800 habitants au début du XXème siècle à 32.000 habitants en 1960 et 700.000 habitant en 1975, est le centre de gravité de la pêche crevettière et de la pêche tout court (DIAW, 1986). L'économie crevettière est alors un facteur puissant de déstructuration de l'environnement et de restructuration de la pêche. Elle attire un nombre croissant de pêcheurs de poissons et accentue les conflits entre pêcheurs (DIAW, 1986). Entre 1974 et 1985, par un effet d'entraînement du désenclavement de CapSkiring (pour des activités touristiques76), un nombre croissant de pêcheurs du Nord migrent vers le littoral casamançais : des Lébou de la Presqu'île du Cap-Vert, des Sérèr de la Petite Côte, des Waalo- Waalo du Gandiole et du quartier de Guet-Ndar à Saint-Louis sur la Grande Côte et des Niominka du Saloum (CHAVEAU et al., 2000). Ces pêcheurs trouvent dans les complexes hôteliers un débouché à leurs captures de poissons (soles) et crustacés (langoustes) et fuyent, par ailleurs, la situation de plus en plus difficile de leurs régions d'origine. C'est ainsi plus de douze concessions de familles de pêcheurs, (soit environ 600 personnes originaires des autres régions littorales sénégalaises), et enfin, un campement de migrants saisonniers guinéens qui s'installent (CHAVEAU et al., 2000). L'hivernage catastrophique de 1983, la chute brutale de la production et la fermeture temporaire des usines l'année suivante (puis la fermeture permanente quelques années plus tard), entrainent la dislocation de familles entières qui vont « tenter leur chance » ailleurs, notamment en Gambie, en Guinée-Bissau, à Dakar, et aussi en France, au Gabon et en Cote d'Ivoire (DIAW, 1986).

75 Les premiers migrants tukulër viennent d'abord en Casamance pour s'y procurer des pirogues faites d'espèces abondantes en Casamance comme le caïcedrat. Le premier type de pêche pratiqué par les Subalbes (caste des pêcheurs tukulër) en Casamance est la pêche au harpon utilisé pour chasser le crocodile (pour sa peau) et le lamantin (pour sa chair).

76 Un aéroport est construit dès 1971, qui relie de nos jours quotidiennement le Cap-Skiring à l'aéroport international de Dakar. Le village de vacances du Club Méditerranée est ouvert en 1974, jouxtant le campement de pêcheurs migrants. La "Route du Sud", bitumée et donc praticable toute l'année, est achevée en 1981 et permet d'atteindre Cap-Skiring en moins d'une heure depuis Ziguinchor, capitale régionale. En une dizaine d'années, la plage, autrefois inoccupée, devient le lieu d'occupation de plus de 10 hôtels et campements touristiques d'une capacité totale de 1190 lits (CHAVEAU, et al., 2000).

III.6.4. Les indicateurs à suivre

Nous recommandons d'utiliser des indicateurs de suivi opérationnel en complément aux indicateurs de suivi économique (bilan financier, calculs d'amortissements) déjà en place. Nous avons proposés au cours de notre présentation les indicateurs suivants.

Indicateur

La moitié des rizières salinisés (c.à.d. 1.200 ha) sont récupérés et exploités à une rentabilité de 1 T/ha, en 10 ans

Source de

vérification

Image satellite, suivi de production

Auteur à consulter

Lamine DIEDHIOU, 1999

15.000 ha rizières protégées de la salinisation, en 10 ans

Image satellite

 

Augmentation de la pêche intérieure à

hauteur de la moitié de la pêche intérieure de 2003 (c.à.d. 3.800 tonnes de poissons pêchées en plus) dans les zones de Rhizophora du projet, en 10 ans

Suivi des pêcheries

IDEE Casamance et le service des pêches de Ziguinchor

2 millions de douzaines d'huitres récoltées en plus dans les zones de mangrove du projet, en 10 ans

Suivi des ventes

CORMIER- SALEM,1994a

99% des sacs collectés sont collectés sans erreur

Échantillonnage

 

80% des bénéficiaires peuvent citer l'entre- aide comme motivation à leur participation

Fiche d'évaluation

des cessions de
formation

 

80% des juvéniles pêchés sont relâchés par les pêcheurs

Visite de pêche

 

Les pêcheurs respectent la période de repos biologique des poissons

Enquête aux zones de débarquement

 

Les canaux d'irrigation creusés couvrent 20% de la surface replantée

Image aérienne

ISME

Les canaux d'irrigations sont entretenus tous les 2 ans

Visite de terrain

ISME

75% de taux de survie chaque année

Transects annuel,

échantillonnage

CIRAD, Nadine

TILLEUL

70% du temps à la gestion autonome des villageois (planification, préparation, enregistrement des données), 30% pour la collecte des données.

Calendrier de travail

 

Tableau 7 : Indicateurs nécessaires pour le suivi du reboisement (FAUGERE, 2009).

III.7. Analyse SWOT de l'ONG et de son intervention

Nous proposons l'analyse SWOT suivante, pour l'ONG et son intervention. Cette analyse reprend quelques points déjà cités qui concernent le projet de reboisement de l'ONG.

FORCES FAIBLESSES

-sait communiquer (supports

adaptés, développement d'outils) -sait agir

-comprend et connait la réalité des populations cibles

-sait lever des fonds (diversité des partenaires) et connait les bailleurs de fonds

-partenariat avec les médias -communication sociale

-absence de capitalisation vis-à-vis des précédents reboisements

-ne gère pas durablement (absence de logique programme, absence d'étude d'impact, absence de plan de gestion, absence de suivi-évaluation)

-ne responsabilise pas (formations à gérer le reboisement, incitation à l'échange)

- absence de plan de gestion

-visibilité financière à moyen terme

-absence de logique programme, donc ne peut pas requérir des financements pluriannuels

-absence de suivi-évaluation

-manque de compétence dans la réponse à un appel d'offre

-n'arrive pas à respecter les chronogrammes (dead line) -manque de ressource humaine dans les bureaux (d'où difficulté à respecter les échéances de reporting) -toujours en phase de prospection

-communique tellement qu'on a l'impression qu'elle a toutes les ressources techniques, humaines et financières nécessaires.

-exclusion de l'administration décentralisée

OPPORTUNITES

MENACES

 
 

-vulgariser le partage des

informations et des expériences -réaménagement du balancement des marées

-financements structurels (en plus des financements opérationnels)

-Risque de coupe

-Problèmes fonciers

-Non irrigation des plantules

-Augmentation du niveau de la mer -Sécheresse

-Augmentation de la pression de pêche

Tableau 8 : Forces et faiblesses du projet de reboisement en 2008 (FAUGERE, 2009).

III.8. Proposition d'un plan stratégique pour 2009

L'analyse SWOT nous sert à établir le plan stratégique à mettre en oeuvre en 2009. Le plan stratégique proposé est schématisé ci-après. Ce plan stratégique peut servir à une demande de financement structurel.

Nous remarquons que l'effort concerne surtout Haïdar. Haïdar est très respecté au sein de l'ONG. Il est le leader idéologique de l'ONG et le « père » de ses employés. Il habite d'ailleurs au bureau de l'ONG avec ses enfants et le personnel du centre de plongée. Peu de personnes osent le contredire. Il prend souvent les décisions par lui-même malgré l'article 3.3 des statuts de l'association : « Les décisions sont prises à la majorité simple des membres présents ou représentés à l'Assemblée. La présence ou la représentation du quart de ses membres est nécessaire. ».

Schéma 17 : Proposition d'un plan stratégique pour l'année 2009 (FAUGERE, 2009).
Légende : +++ : délais urgent - ++ : délais pressant - + : délais court

CONCLUSION

Pour évaluer si un projet a atteint son objectif, il est commun de se baser sur les résultats tangibles et mesurables obtenus. Océanium a obtenu de nombreux résultats grâce à ses outils innovants et adaptés, et grâce à son savoir-faire. Les médias et certains organismes d'intervention sur l'environnement ont fait largement écho de l'obtention de ces résultats et les mettent en avant comme un gage de réussite du projet.

Pour évaluer si un projet a atteint son objectif on doit considérer les résultats obtenus non pas en valeur absolue (le nombre de propagules plantées, le nombre de villages ayant participé au reboisement) mais en valeur relative intégrant les facteurs de risques pouvant compromettre leur durabilité et éventuellement à terme leur existence même (cf. « trop de sel gâche la marmite » : à vouloir trop planter sans maîtrise des facteurs environnementaux et socio-économiques environnants, on peut aboutir à un résultat nul : survie de propagules pendant 1 an ou deux puis disparition) .

Dans le cadre du projet de reboisement mené par Océanium, il subsiste de nombreux risques non maîtrisés qui peuvent compromettre la durabilité des résultats. Premièrement, le risque de coupe des Rhizophora doit être géré par un plan d'exploitation des valeurs commerciales de la mangrove. Ensuite, le risque de salinisation des vasières de Rhizophora doit être pris en compte par l'aménagement du ruissellement et du balancement des marées. Enfin, le risque de reboisement avec un seul genre de palétuvier doit être étudié dans le cadre du maintien de la biodiversité.

Par ailleurs, la participation des villageois a plus reposé sur une incitation ponctuelle (en partie rémunérée) à une journée d'action collective festive que sur une véritable connaissance des enjeux à moyen terme de la préservation de leur environnement et des ressources qu'ils en tirent. Une sensibilisation plus approfondie doit être menée dans la zone d'intervention pour une véritable prise en main du projet et une gestion concertée des risques par les villages concernés par la disparition de la mangrove.

Ce n'est donc pas parce qu'on obtient les résultats attendus que l'objectif est forcément atteint. Le suivi-évaluation permet de piloter les résultats pour leur durabilité. Nous recommandons donc à OCEANIUM de mettre en place un suivi-évaluation sur la base du plan stratégique proposé pour 2009.

LISTE DES REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES & DES COMMUNICATIONS PERSONNELLES REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

TYPE DE DOCUMENT Articles de périodique

SUPPORT Support papier

Quantité 9

Ouvrage

Support papier

52

Support électronique

21

Chapitre d'ouvrage

Support papier

6

Acte de congrès

Support électronique

1

Mémoire ou thèse

Support papier

1

Support électronique

1

Carte et Atlas

Support électronique

2

Site web

Support électronique

9

Vidéo

Support électronique

1

Tableau 9: Bilan des 103 références bibliographiques, FAUGERE, 2009.

A

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COMMUNICATIONS PERSONNELLES

Anonyme, (18 juillet 2008), Bignona.

COLY, M. (4 septembre 2008) 17 ans, collégienne de 17 ans à Bafican, département d'Oussouye COLY, F. (4 septembre 2008) 20 ans, Darsalam, département de Ziguinchor

DIATTA, E. (4 septembre 2008), collégien de 18 ans à Diakène, département d'Oussouye

SAGNA, J. (4 septembre 2008), collégien de Bafican, département d'Oussouye

SONKO,E (25 septembre 2008). Responsable de la zone d'Elinkine pour le projet de reboisement

SOW, M. (27octobre 27 2008). Responsable de l'Initiative Mangrove en Afrique de l'Ouest pour l'UICN. Dakar.

INDEX DES NOMS SCIENTIFIQUES Avicenia sp., Acanthaceae (palétuvier noir), 14, 15, 20, 22, 65

Bruguiera sp., Rhizophoraceae, 22

Carapa sp., Meliaceae, 22

Crassostrea gasar, (huître de palétuvier), 66

Ethmalosa fimbriata (sardinelle jaune), 22, 24

Heritiera sp., Sterculiaceae 22

huître de palétuvier (Crassostrea gasar), 66

Laguncularia racemosa, Combretaceae (palétuvier blanc), 18 Liza falcipinnis, Mugilidae 22

Microcerotermes fuscotibialis Sjöstedt, 52 Modiolus elegans, Teredinidae 51

Oryza glaberrima, Poaceae (riz africain), 20

palétuvier noirs (Avicenia), 18

palétuvier rouge (Rhizophora mangle), 18, 19 palétuvier blanc (Laguncularia racemosa), 19 petit palétuvier, 15

Poecilips fallax, 29

Rhizophora harrisonii, Rhizophoraceae, (petit palétuvier), 15, 65 Rhizophora mangle, Rhizophoraceae, (palétuvier rouge), 15, 18, 54, 65, 72 Rhizophora racemosa, , Rhizophoraceae, 15, 65

riz africain (Oryza glaberrima), 20

sardinelle jaune (Ethmalosa fimbriata), 22

Sarotherodon melanotheron, Cichlidae, (tilapia des estuaires), 24 scoloples chevalieri, Orbiniidae, 51

Sonneratia, Sonneratiaceae, 22

tilapia des estuaires (Sarotherodon melanotheron), 24

TABLE DES ANNEXES

Annexe 1 Détail du calcul de la quantité de carbone stockée par le projet de reboisement de 5 millions de palétuvier Rhizophora en Basse- Casamance, d'après la méthodologie du BioCarbone Fund (2008), modifié par FAUGERE, 2009.82

Annexe 2 Détail du calcul de la quantité de carbone stockée par le projet de reboisement de 5 millions de palétuvier Rhizophora en Basse- Casamance, d'après la méthodologie du BioCarbone Fund (2008), modifié par FAUGERE, 2009.85

Annexe 3: Tableau du détail par zone et par village des performances des 130 villages de reboisement et des 18 villages de collecte et de la date de leurs activités (FAUGERE, 2008).86

Annexe 4: Détail du calcul de rentabilité économique sur 10 ans du projet de reboisement de 1.000 hectares de Rhizophora en 2008 en Basse-Casamance, vis-à-vis d'une situation «sans-projet» (FAUGERE, 2009) 88

Annexe 5 Extrait du guide technique pour le repiquage des propagules de Rhizophora (OCEANIUM, 2008) 89

Annexe 6: Chaine d'utilisation des productions de la l'écosystème de mangrove en Casamance (BADIANE, 1986). 90

Annexe 7 Affiche du projet de reboisement de 5 millions de Rhizophora en Basse-Casamance par Océanium (Reg'(c), 2008). 91

Annexe 8 Photographie du flanc du camion (HELLIO et VAN INGEN, 2008).92

Annexe 9 Affiche de conclusion du projet de reboisement (Reg'(c), 2008) 92

Annexe 10 Affiche de communication durant le reboisement (Reg'(c), 2008) 93

Annexe 11 Photographie aérienne d'un bolon (HELLIO et VAN INGEN, 2008) 94

Annexe 12 Photographie du chargement des sacs de 1.000 propagules au village de Diakène Wolof (HELLIO et VAN INGEN, 2008).95 Annexe 13 Photographie de la zone de repiquage de Bafican (FAUGERE, 2008).96

Annexe 14 Photographie aérienne du recul de la mangrove à Tobor (VPI, 2007) 97

Annexe 15 Photographie le long du transect, depuis les rizières vers les mangroves (FAUGERE, 2008). 99

Annexe 16 Photographie de pêcheurs posant leur filet dans la mangrove (FAUGERE, 2008).101

Annexe 17 Photographie d'un cycliste sur l'axe routier Tobor-Ziguinchor, en direction de Ziguinchor, transportant une stère de bois de palétuvier (FAUGERE, 2008).102

Annexe 1 Détail du calcul de la quantité de carbone stockée par le projet de reboisement de 5 millions de palétuvier Rhizophora en Basse- Casamance, d'après la méthodologie du BioCarbone Fund (2008), modifié par FAUGERE, 2009.

Recommandation: Raphael MERCIER a effectué une estimation, pour l'UICN de Dakar, plus précise du stockage du Carbone dans les sédiments au Sine Saloum. Nous n'avons pas accès à aux résultats qu'il a obtenu.

Annexe 2 Détail du calcul de la quantité de carbone stockée par le projet de reboisement de 5 millions de palétuvier Rhizophora en Basse- Casamance, d'après la méthodologie du BioCarbone Fund (2008), modifié par FAUGERE, 2009.

Recommandation: Raphael MERCIER a effectué une estimation, pour l'UICN de Dakar, plus précise du stockage du Carbone dans les sédiments au Sine Saloum. Nous n'avons pas accès à aux résultats qu'il a obtenu.

ANNEXE 2

Annexe 3: Tableau du détail par zone et par village des performances des 130 villages de reboisement et des 18 villages de collecte et de la date de leurs activités (FAUGERE, 2008).

Ce tableau permet de savoir pour chaque propagule où et quand elle a été collectée et reboisée. Il permet aussi de suivre au jour le jour les performances de chaque village. Il peut aussi permettre de calculer la distance totale parcourue par les véhicules de livraison.

Annexe 4: Détail du calcul de rentabilité économique sur 10 ans du projet de reboisement de 1.000 hectares de Rhizophora en 2008 en Basse-Casamance, vis-à-vis d'une situation «sans-projet» (FAUGERE, 2009)

Annexe 5 Extrait du guide technique pour le repiquage des propagules de Rhizophora (OCEANIUM, 2008)

Annexe 6: Chaine d'utilisation des productions de la l'écosystème de mangrove en Casamance (BADIANE, 1986).

Annexe 7 Affiche du projet de reboisement de 5 millions de Rhizophora en Basse-Casamance par Océanium (Reg'(c), 2008).

Annexe 8 Photographie du flanc du camion (HELLIO et VAN INGEN, 2008).

Sur le flanc du camion on distingue l'affiche de sensibilisation de la campagne de reboisement de 5 millions de palétuviers en 2008 par Océanium.

Annexe 10 Affiche de communication durant le reboisement (Reg'(c), 2008)

Annexe 11 Photographie aérienne d'un bolon (HELLIO et VAN INGEN, 2008)

On distingue les circonvolutions du chenal qui se fraie dans le couvert végétal dense de mangrove.

Annexe 12 Photographie du chargement des sacs de 1.000 propagules au village de Diakène Wolof (HELLIO et VAN INGEN, 2008).

Annexe 13 Photographie de la zone de repiquage de Bafican (FAUGERE, 2008).

Au premier plan on distingue les propagules plantées dans la vase, à marée basse. Au second plan on distingue les pieds de palétuviers morts.

Annexe 14 Photographie aérienne du recul de la mangrove à Tobor (VPI, 2007)

On distingue en bas une ancienne rizière devenue une tanne. En haut on distingue le fleuve Casamance. Au milieu on distingue un cordon de mangrove, le long de la berge du fleuve.

Annexe 15 Photographie le long du transect, depuis les rizières vers les mangroves (FAUGERE, 2008).

Au premier plan on remarque les rizières hautes. Au second plan on distingue les rizières moyennes, au troisième plan les rizières profondes et en arrière plan on distingue le rideau de mangrove.

Annexe 16 Photographie de pêcheurs posant leur filet dans la mangrove (FAUGERE, 2008).

Annexe 17 Photographie d'un cycliste sur l'axe routier Tobor-Ziguinchor, en direction de Ziguinchor, transportant une stère de bois de palétuvier (FAUGERE, 2008).

RESUME

La mangrove disparait en Casamance. La mangrove joue pourtant un rôle essentiel pour la sécurité alimentaire de la région de Casamance. L'ONG sénégalaise de protection de l'environnement « OCEANIUM DE DAKAR » met en place en 2008 une grande campagne de reboisement de 5 millions de palétuviers pour 130 villages du Sénégal. Beaucoup de moyens sont mis en oeuvre pour cette campagne : une mobilisation forte de la part des bénéficiaires, un soutien des bailleurs, une couverture médiatique large et une ONG active. Tous unissent leurs efforts pour un objectif commun : « faire revivre la mangrove ». Au bout du compte les résultats du projet sont au delà des espérances. En 43 jours, 6.302.000 propagules de palétuviers sont plantées sur 1.200 hectares grâce à la participation de 11.000 villageois. 32.500 personnes ont été sensibilisées et supportés par la couverture médiatique internationale. Un mécénat est obtenu pour reboiser 6.000 hectares l'année suivante.

C'est par l'analyse de résultats obtenus que l'auteur discute de l'objectif global du projet de « faire revivre la mangrove ». L'étude commente le traitement préférentiel donné à l'obtention du résultat vis- à-vis d'un objectif plurifactoriel. L'étude s'appuie notamment sur les enjeux du suivi-évaluation.

Mots clés : Casamance, mangrove, reboisement, palétuvier, Sénégal, participation, résultat, projet, objectif.

SUMMARY

Mangrove disappears in Casamance. Mangrove plays a vital role in food security for the region of Casamance. The Senegalese NGO for environmental protection "OCEANIUM DAKAR" developed in 2008 a major campaign to reforest 5 million mangroves for 130 villages in Senegal. Many means have been implemented for this campaign: a strong commitment on the part of recipients, donor support, wide media coverage and an active NGO. All combining their efforts towards the shared objective of reviving the mangrove. Ultimately the results for the project have been beyond expectations. In 43 days 6,302,000 mangrove propagules were planted on 1,200 hectares, 11,000 villagers have participated in the campaign, 32,500 people have been sensitized, the media coverage has been international and sponsorship has been obtained to reforest 6,000 hectares the following year.

It is through the analysis of results obtained that the author discusses the overall objective of the project "to revive the mangrove». The study explains the preferential treatment given to obtaining result towards a multi-purpose goal. The study draws on the issues of monitoring and evaluation.

Keywords: Casamance, mangrove, reforestation, mangrove, Senegal, participation, result, project, goal, objective.

RESUMEN

Los manglares están desapareciendo en Casamancia. Manglares desempeñan un papel vital en la seguridad alimentaria en la región Casamancia. La ONG de Senegal para la protección del medio ambiente "OCEANIUM DAKAR" pone en marcha en 2008 una importante campaña para reforestar 5 millones manglares para 130 pueblos de Senegal. Muchos medios se aplican en esta campaña: un fuerte compromiso por parte de los beneficiarios, el apoyo de los donantes, una amplia cobertura de los medios y una ONG activa. Todos juntos con un objetivo común: revivir el manglar. Al fin y al cabo, los resultados del proyecto están más allá que las expectativas. En 43 días se plantaron 6.302.000 propágulos de manglar en alrededor 1.200 hectáreas, 11.000 habitantes participaron en la campaña, 32.500 personas fueron sensibilizadas, los medios de comunicación son internacionales y un patrocinio de cobertura se obtiene para reforestar 6.000 hectáreas para el año siguiente.

Es a través del análisis de los resultados obtenidos que el autor trata del objetivo general del proyecto «para revivir los manglares». El estudio explica el trato preferencial dado a la obtención del resultados frente a un objetivo multifactorial. El estudio se apoya en las cuestiones de supervisión y evaluación.

Palabras claves: Casamancia, manglares, reforestación, manglar, Senegal, participación, resultado, proyecto, objetivo.






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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon