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Etude du projet de reboisement de palétuviers rhizophora en basse-casamance (sénégal) par l'ONG océanium.

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par Nicolas FAUGERE
ISTOM - Ingénieur en Agro-Développement International 2009
  

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I.3.2. Livraison « sur-mesure »

Où chercher les propagules?

La collecte s'effectue dans les zones qui ont beaucoup de Rhizophora. Le repiquage s'effectue dans des zones où il y a suffisamment de Rhizophora vivantes pour penser que les nouvelles plantules vont survivre, mais où il n'y a pas assez de reproducteurs pour une régénération naturelle non assistée. La partie occidentale de la Casamance est la partie qui présente le plus vaste réseau de « bolons » et le grand développement de la mangrove (BADIANE, 1987). C'est sur cette zone que le projet intervient. La carte ci-après localise la mangrove en Basse-Casamance.

Carte 3 : Localisation de la mangrove le long des deux premiers tronçons (aval vers amont) du fleuve Casamance en
1997
(ISME, 1997). Légende : La zone en gris foncé est la zone recouverte par la mangrove.

Le fleuve Casamance peut être découpé en cinq zones écologiques principales (SAMBA, 1987) dont les bornes sont situées approximativement aux kilomètres 50, 85, 175 et 220 de l'embouchure. Cet auteur admet que chacune de ces cinq zones écologiques fonctionne d'une manière particulière et répondant d'une façon différente aux variations climatiques.

FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par l'ONG Océanium de
Dakar. Mémoire de fin d'étude d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.

Le mode opératoire

Le schéma suivant illustre le trajet qu'empreinte une propagule (graine de Rhizophora) depuis sa collecte jusqu'à son repiquage.

Schéma 7 : Illustration du parcours d'une propagule depuis sa collecte jusqu'à son repiquage (FAUGERE, 2009).

(1) La collecte se fait à marée haute depuis une embarcation pour atteindre la cime des palétuviers sans risquer de s'écorcher sur les huîtres des racines échasses. Il faut éviter de ramasser les propagules à terre ou de les mettre en contact avec le sol, car elles risquent d'être attaquées par des insectes ou des crabes. Il ne faut pas récolter les propagules avec des points noirs parce que c'est le signe d'une infestation par Poecilips fallax (SAN VALENTIN, 1980) et elles pourraient infester les autres. On estime qu'il faut en moyenne 30 minutes pour collecter 2 sacs à marée haute. Au moment de la collecte il faut garder le péricarpe (marron) qui sert à protéger la propagule des chocs durant le transport. Les propagules sont mises dans des sacs de riz. Chaque sac de riz est rempli d'environ 1.000 propagules pour faciliter le comptage et le transport.

(2) Il faut maintenir les sacs de propagules à l'abri de la lumière (sous un arbre par exemple) pour empêcher la poursuite de la germination, et les humidifier pour éviter qu'elles sèchent. Il est possible de les garder ainsi 1 à 4 mois en les conservant à température ambiante, tout en gardant un taux de survie de 60 à 90 % à la germination (Banque Mondiale et al., 2003). Les propagules sont collectées localement pour assurer une adaptation et une survie des jeunes plants, pour minimiser les déplacements, et pour collecter uniquement les propagules matures.

(3) Les sacs sont transportés en camions jusqu'au lieu de repiquage. La photographie de l'annexe 11 illustre le chargement à Diakène Wolof. Le camion utilisé est un camion tout- terrain qui peut contenir jusqu'à 400 sacs. Les sites de repiquage sont définis par les villageois, en suivant les indications du guide technique de repiquage fourni par OCEANIUM (des extraits du guide technique sont en annexe 4). Les zones de mangrove Rhizophora, tels

FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par l'ONG Océanium de
Dakar. Mémoire de fin d'étude d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.

que définies dans ce guide, sont à la fois des zones inondées chaque jour par les marées même au plus fort de la saison sèche (c'est-à-dire les berges et les zones les plus proches des bolons et des vasières). Il faut éviter les endroits où les vagues ou les courants sont forts. Il faut choisir en priorité les zones où il reste des rhizophora en bonne santé. Il faut un sol de « potopoto »22 et éviter le sable. Le repiquage s'effectue en zone intertidale. L'étude de la propagation des marées sur une échelle limnimétrique révèle que l'onde de la marée remonte dans le fleuve Casamance jusqu'à plus de 200 km de son embouchure (BRUNET-MORET, 1970)23. Le graphique suivant illustre que l'amplitude maximale de la marée à Ziguinchor est de l'ordre de 1 mètre et que les marées sont en décalage suivant la proximité de l'embouchure.

Schéma 8 : Évolution de l'amplitude des marées diurnes et semi-diurnes en Basse-Casamance (BRUNET-MORET, 1970).

La photographie satellite suivante est issue du logiciel Google EarthTM et a été prise le 20 avril 2004. Elle permet d'illustrer l'étendue de la zone intertidale au niveau de Ziguinchor.

Carte 4 : Illustration de l'étendue de la zone intertidale sur la rive nord du fleuve Casamance au niveau de

Ziguinchor (FAUGERE, 2009, modifié de Google EarthTM, 2004).

22 Terme empreinté à (CORMIER-SALEM, 1991) pour désigner la vase molle autour des mangroves.

23 Ingénieur hydrologue de l'ORSTOM

FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par l'ONG Océanium de
Dakar. Mémoire de fin d'étude d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.

On note que la zone intertidale, comprise entre le niveau des hautes mers et le niveau des basses mers s'étend sur environ 4 km à partir de la rive nord du fleuve Casamance, au niveau de Ziguinchor. Cette zone est traversée par un axe routier qui débute par le pont Émile Badiane au sud et qui termine à Tobor au nord.

Dans cette zone intertidale et le long de l'axe routier, Océanium a permis de reboiser 65.000 propagules le 30 Septembre 2006 (13 hectares avec un taux de reprise après un an de 85%, d'après OCEANIUM 2008), 120.000 propagules en 2007 (sur 24 hectares) et 147.000 propagules en 2008 (sur 29,4 hectares). C'est donc au total 69,9 hectares qui ont été reboisés dans cette zone en 3 ans.

(4) Au moment de repiquer les propagules, il faut retirer le péricarpe et placer le bout de l'hypocotyle verticalement dans la boue. Une équipe de personnes retire le péricarpe des propagules et les met dans des seaux en plastique. Pendant ce temps une seconde équipe plante l'hypocotyle dans la vase. Il est plus facile de planter à marée basse car on s'enfonce moins dans le « poto-poto », on prend donc moins de temps à planter, et on évite de marcher sur les propagules plantées qui dépassent d'une vingtaine de centimètre du sol et qui sont rapidement sous l'eau. Les photographies de l'affiche de communication durant le reboisement, en annexe 9, permet de se rendre compte de la situation. Au moment de planter il faut veiller à respecter un espacement entre les propagules plantées. L'espacement choisi par OCEANIUM est de 2 m entre les lignes et 1m entre les plants, soit 5.000 propagules/ha.

Le calendrier des repiquages et celui des collectes doivent être gérés ensemble. Les propagules ne doivent pas être collectées sans qu'un site soit prêt à être reboisé, et on ne peut pas prévoir de reboiser un site sans être sûr d'avoir les quantités suffisantes en propagules mâtures et collectées.

Les sacs de propagules sont parfois laissés aux villageois pour qu'ils reboisent sans que l'équipe d'Océanium ait besoin d'être là. Nous ne pouvons pas assister à tous les repiquages (il y en a parfois plus d'un par village). Nous faisons aléatoirement des visites de contrôle pour les repiquages auxquels nous n'avons pas assisté. Il arrive que les préconisations du guide technique de repiquage (en annexe 4) ne soient pas respectées. Le plus souvent ce sont les espacements qui ne sont pas respectés. Nous avons considéré que cette non-conformité n'empêche pas les propagules de prendre racine et qu'à l'état naturel la distance est aléatoire. Nous avons considérer que les 5 millions de propagules ont bien été repiquées car nous avons distribué 6.302 sacs, soit 26% en plus que ce qui a été prévu. Nous pouvons ainsi couvrir une marge d'erreur de 260 propagules par sac. Il nous semble raisonnable de considérer qu'au total au moins les 3/4 des sacs ont été replantés correctement. Nous avons donc bien planté 10 fois plus de propagules en 2008 qu'en 200724.

(5) A la fin de chaque journée le chauffeur remplit une feuille de « suivi de parcours » faisant état des endroits où il a chargé et déchargé les sacs de propagule. Une fois rentré à la base, le chauffeur me remet cette fiche. Les données de la fiche sont immédiatement rentrées dans un tableur Excel permettant d'indiquer le trajet de chaque propagule : « tel village a collecté tant de propagules ce jour là, elles ont été distribuées à ce village ce jour-ci » ou « tel village a reçu tant de propagules ce jour là, ces propagules ont été récoltées tel jour par tel village ». Ce suivi a permis d'indiquer au jour le jour à chacun des villages le nombre de propagules collectées/replantées ainsi que leur provenance/destination (cf annexe 2, page 86). Les

24 En 2007, 500.000 propagules ont été plantées (OCEANIUM, 2008). Nous avons donc bien planté 10 fois plus de propagules en 2008 qu'en 2007. Le premier objectif spécifique est satisfait.

FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par l'ONG Océanium de
Dakar. Mémoire de fin d'étude d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.

données sont affichées à la base25, à Bignona, de manière à ce que les visiteurs (journalistes, villageois ou voisinage) et les équipes de terrain puissent avoir très rapidement un bilan de la situation. A la fin de la campagne de reboisement, le chiffre total de propagules plantées par village est reporté dans un fichier « Google EarthTM». Avec un suivi par image satellite depuis Google EarthTM il est alors possible d'estimer le taux de survie, sachant qu'on estime que 1 hectare représente 5.000 propagules plantées.

Une fois que les équipes sont en place il faut s'assurer qu'elles sont approvisionnées en sacs de propagules au moment où elles sont disponibles pour reboiser. Le repiquage de Rhizophora doit se faire peu de temps après la cueillette des propagules, pour éviter qu'elles meurent. Les propagules sont mûres aux alentours de juillet. Le repiquage doit donc se faire en saison des pluies (entre juillet et octobre). Cette période coïncide avec beaucoup d'activités villageoises. C'est en effet la période de travail du riz.

etat de la saison des pluies

début

 
 

milieu-fin

période habituelle du calendrier

de fin juin à début juillet

de début juillet à mi Aout

de début juillet à mi Aout

entre le 15 Aout et le 15 Octobre

travail

aménagement des pépinières:

préparation du sol:

restauration des

repiquage: extraire les plantes du sol sans blesser les racines, detacher le sable, transport jusqu'au rizières dans des paniers, placer les plantules dans des trous sur la diguette et les aligner

enrichissement du sol par des apports d'engrais organisques (extraits de la fosse domestique)*, semi à la volée, recouvrement du semi par une fine couche de terre prélevée dans les sillons, surveiller la semi contre les oiseaux granivores, eventuellement proteger les surfaces ensemencées (par des feuilles de palmier)

digues et des

elimination des plantes les plus robustes au "coupe- coupe", laboure au kayendo**

diguettes: sarclage à la hachette et à la main des plantes semi- ligneuses de grande taille***

main d'oeuvre

les femmes

hommes, jeunes hommes

jeunes

femmes

Tableau 2 : Calendrier des travaux de riziculture (VANDEN BERGHEN et al., 1999 modifié par FAUGERE, 2009) *parfois le sommet d'une termitière est décapé et la terre argileuse est répandue sur la rizière pour améliorer la texture du sol **le kayendo est une pelle à long manche

***elles sont ensuite séchées et brûlées, les cendres sont étalées sur le sol des rizières.

On note que le travail du riz se fait en fonction de la pluviométrie et demande beaucoup de travail.

La période de reboisement coïncide aussi avec beaucoup d'activités culturelles et religieuses (mariages, décès, fête de circoncision, jeun). Nous avons été confrontés à des imprévus, notamment des décès qui mobilisent des villages entiers.

Carte 5 : Illustration de la diversité des religions en Basse-Casamance (LE FUR, 1988).

25 La base est une petite maison de Bignona. Tous les frais liés à la base (location sur 6 mois, équipement, entretien) équivalent à 1% du budget (275.000FCFA, soit 420 €).

FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par l'ONG Océanium de
Dakar. Mémoire de fin d'étude d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.

On note que plusieurs religions coexistent en Casamance, avec une prépondérance pour l'ISLAM. Bien que cette carte date de 1988 on note encore aujourd'hui un patchwork des religions en Basse-Casamance. Il n'est pas rare que le reboisement se fasse en présence de l'imam. On retrouve dans le reboisement certains principes évoqués par des versets du Coran sur la gestion durable des ressources naturelles de leur territoire (anonyme, 2007). 277 versets coraniques et 27 hadiths concernent la sauvegarde de l'environnement (AHOUANSOU SOVI, 1998)26. Le reboisement a été réalisé sur la même période que le ramadan (du 2 septembre au 2 octobre). Étant donné que le ramadan est suivi par la plupart des personnes qui reboisent, il a fallu adapter les horaires de reboisement pour éviter de faire des travaux physiques quand le soleil est au zénith.

D'autre part, la coordinatrice du projet, Élise Kabo, est issu d'une famille très respectée, notamment parce que sa mère, Baynouk27, était gardienne des bois sacrés. A ce titre elle est conviée à de nombreuses cérémonies religieuses. Son absence n'a pas empêché les activités mais les a parfois rendues plus compliquées.

De plus, la plupart des villageois qui viennent reboiser sont des jeunes. Les jeunes organisent pendant l'été des tournois sportifs, de lutte et de football. Nous avons pris en compte le calendrier sportif pour planifier les interventions. Les véhicules sont mis à rude épreuve et les pluies ne facilitent pas l'accès aux villages enclavés. Les imprévus les plus pénalisants sont les « embourbages » à répétition pouvant immobiliser le camion durant plusieurs jours. Nous avons dû faire face à de nombreux autres imprévus, parmi lesquels des pannes mécaniques à répétition, quelques contrôles militaires prolongés, un contentieux sérieux avec un camion que nous avions loué et des vols de sacs de propagules (sacs vides et sacs pleins).

Pour s'assurer que toutes les zones de reboisement soient prêtent au bon moment, j 'ai mis en place une procédure de suivi des disponibilités. Il a fallu joindre par téléphone tous les responsables de zones pour convenir avec eux des impératifs et des dates auxquels ils ne seraient pas disponibles. Il a été demandé aux responsables de zone de contacter tous les villages disponibles dans leur secteur pour établir des listes. Un appui financier de 1.000 FCFA en crédit de téléphone leur a été envoyé par texto et un appel régulier a été effectué. Le total des frais de coordination est de 1 million de FCFA (4% du budget total du reboisement, au 15 novembre 2008). La chaine des résultats obtenus par le mode opératoire présenté ci- dessus est la suivante.

Résultat

Apport d'OCEANIUM

Produit

Effet

organisation d'une équipe de planteur ou de collecteur par village

guide technique; fonds pour la coordination entre les villages d'une même zone; sacs pour les propagules;

responsable de zone formé

encadrement assuré

Fonctionnement d'une logistique pour l'approvisionnement et la plantation

coordination par téléphone; location d'un second camion

suivi des disponibilités

grande réactivité

récuperati on de 5 millions de propagules et faire participer les 130 villages

planning adapté; vérification aléatoire des sacs (sur la qualité et la quantité)

suivi au jour le jour

interventions précises et personnalisées

Tableau 3 : Chaine des effets pour les résultats de l'objectif spécifique « planter 10 fois plus qu'en 2007 »

(FAUGERE, 2009, modifié de PNUD, 2002).

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle