WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Etude du projet de reboisement de palétuviers rhizophora en basse-casamance (sénégal) par l'ONG océanium.

( Télécharger le fichier original )
par Nicolas FAUGERE
ISTOM - Ingénieur en Agro-Développement International 2009
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

II.2. Océanium ne s'est pas rendu compte des menaces pour la durabilité de son projet

Nous avons vu que le projet ne satisfait pas son objectif car ses résultats ne suffisent et ne sont pas durable. Dans une seconde partie nous mettons en évidence que certains risques non maîtrisés auraient pu l'être avant et pendant la mise en oeuvre du projet.

II.2.1. La collecte dépend du village de Diakène

Parmi les 18 villages de collecte, Diakène Wolof a collecté 70% de la collecte totale. Le projet n'a pas non plus réussi à mobiliser de manière homogène chacun des villages. De plus, le projet dépend beaucoup de la participation de Diakène Wolof, sans qui le projet aurait planté seulement 1.890.600 propagules. Si Diakène Wolof ne participe pas à la réédition du projet en 2009, le projet devra trouver beaucoup d'autres villages partenaires pour combler à son absence de collecte. Océanium aurait pu palier à cette dépendance en prospectant des villages de collecte dans les iles de l'embouchure, notamment celles du petit Kassa.

II.2.2. Rien ne montre que la participation des 110 villages est volontaire

Le projet s'est conclu sur la participation de 130 villages au reboisement. Or 18 villages ont collectés et 110 villages ont effectué un repiquage. Les 18 villages de collecte sont comptabilisés dans les villages de repiquage (car ils ont participé au repiquage des 6.302.000 propagules). Ce sont donc 110 villages qui ont participé au reboisement.

Il est indéniable que les villageois des 110 villages ont fait preuve d'une grande mobilisation (en moyenne 100 personnes par repiquage) et ont participé aux reboisements dans la bonne humeur. Olivier HERVIAUX, envoyé spécial pour le journal Le Monde, présent au moment du reboisement, rapporte : « Tout le village est rassemblé pour danser et chanter le début de l'opération de reboisement de la mangrove ».

Cette forte mobilisation n'est pourtant pas la garantie d'un volontariat. Il ne faut pas confondre spontanéité et volontariat. Les motivations pour participer au projet ne sont pas toujours le volontariat véhiculé par la sensibilisation. Lorsqu'on a posé la question, devant la caméra, « pourquoi êtes vous venu au reboisement » ils ont répondu :

« Mes amies m'ont expliqué que les blancs sont venus pour récupérer la mangrove » Mignone COLY, 17 ans, collégienne de Bafican, département d'Oussouye

« Pour aider ceux qui ont fait le programme, et parce que ça fait plaisir à nos parents » Francis COLY, 20 ans, Darsalam, département de Ziguinchor

« C'est important surtout pour nos parents. Quand ils nous ont vus ils étaient très contents » Jacques Sagna, collégien de Bafican, département d'Oussouye

Lorsqu'on a posé la question, devant la caméra, « pourquoi êtes vous venu à la collecte » à Emanuel Diatta, il nous a répondu :

« Parce que le maitre, qui est là, nous l'a demandé »

Emanuel Diatta, 18 ans, collégien de Diakène, département d'Oussouye

FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par l'ONG Océanium de
Dakar. Mémoire de fin d'étude d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.

La sensibilisation de proximité n'est donc pas bien comprise, malgré la forte communication autour du projet. La sensibilisation au quotidien devait être assurée par les responsables de zones, qui sont les agents de terrain locaux d'OCEANIUM. Cependant, les responsables de zones n'ont pas suffisamment transmis aux villageois les enjeux et la méthode décrite dans le guide de reboisement. Dans certains sacs de propagules, on a retrouvé du sable et des propagules de 1 an déracinées. De plus, les responsables de zone ne maitrisent pas tous les enjeux du projet. L'entre-aide n'est jamais citée comme motivation à leur participation. Quand Arnaud WUST pose la question « pourquoi c'est important de participer au projet ? » à Eladj SONKO, responsable de la zone de Elinkine, celui-ci répond seulement « Pour que nos enfants voient la mangrove ».

Il n'y a pas non plus de prise de conscience de l'entre-aide au niveau des villageois. Beaucoup de villageois qui collectent pensent qu'Océanium emmène les sacs de propagule sur Dakar. L'entre-aide n'est jamais citée comme raison à la participation. Lorsque le 20 septembre 2008, en fin de campagne de reboisement, Arnaud WUST (un journaliste qui a suivi le projet) questionne Emanuel DIATTA, collégien de 18 ans à Diakène (le village qui a collecté 70% des propagules du projet) sur l'intérêt de l'entre-aide, voici ce qu'il répond:

A.WUST : « est ce que tu te rends compte que ta participation a permis à plein d'autres gens à une dizaine de kilomètres de replanter ? Est-ce que tu te rends compte qu'il y a une sorte de solidarité qui s'est installée ?»

E.DIATTA: « ça permet aussi aux blancs de venir visiter les îles. Les blancs aiment circuler ici pour regarder le fleuve »

A.WUST : « Mais pourquoi c'est important de s'aider, d'aider les autres villages de la Casamance »

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus