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Les français face au changement climatique : paradoxe entre sensibilité avouée et pratiques

( Télécharger le fichier original )
par Chloé Zambeaux
Institut Universitaire d'Etude du Développement - Master en Etudes du Developpement 2006
  

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CONCLUSION

8 Synthèse de l'analyse et pistes de réponse à la question : comment favoriser les pratiques de lutte contre l'effet de serre chez les français.

Cette conclusion fera l'objet tout d'abord d'un rappel des principaux résultats de notre travail d'analyse, mais elle sera aussi l'occasion de donner des éléments de réflexion sur les perspectives à explorer pour augmenter les pratiques individuelles en faveur de la lutte contre le changement climatique.

8.1 Quelles conclusions tirer de notre analyse ?

Rappelons tout d'abord les deux principales questions sur lesquelles portait ce travail de recherche :

Question de
départ

Comment peut-on expliquer cette passivité des français face au problème du changement climatique ?

 
 

Question de
recherche

Comment peut-on expliquer l'écart entre la sensibilité et les pratiques des français face au changement climatique ?

L'analyse développée nous a permit d'apporter des éléments de réponse à ces deux questions. Nous avons ainsi tout constaté que si les Français se disent sensibles au problème du changement climatique cette sensibilité ne se reflète pas dans les pratiques. Nous avons vu que cet écart entre sensibilité et pratiques peut s'expliquer d'une part, par le fait que malgré la médiatisation croissante de la thématique du changement climatique, il existe un problème important de connaissance de ce phénomène dans l'opinion publique. D'autre part, nous avons mis en évidence l'existence d'autres facteurs, internes ou externes aux individus, qui constituent des contraintes, des obstacles au changement de comportement en faveur de la lutte contre le changement climatique. Le tableau suivant représente de manière synthétique l'ensemble de ces facteurs que nous avons pu mettre en évidence tout au long de ce travail de recherche. Nous avons repris la classification développée dans le dernier chapitre qui met en évidence pour chaque facteur identifié à quel niveau il se situe (nature du phénomène, contextes et individu) et donné quelques illustrations de la manière dont ils influent les comportements. La lecture de ce tableau met en évidence le fait que tous ces facteurs

conduisent à une inertie des comportements ainsi que, bien souvent, à des situations de dissonance cognitive.

Les résultats de ce travail nous ont conduits à nous poser la question suivante : quels sont les moyens dont disposent les pouvoirs publics, mais aussi les autres acteurs de la société française (associations, médias, entreprises), pour favoriser les pratiques de lutte contre le changement climatique ? Nous avons donc décidé d'évoquer en deuxième partie de cette conclusion les perspectives d'action qui peuvent être développé dans ce sens.

Contexte moral

Connaissance

Individualisme

Contexte physique

Un phénomène
incertain, invisible

Contexte normatif

Syndrome de la
goutte d'eau

Un phénomène
différé dans le
temps et dans
l'espace

Complexité du
phénomène

Nouveauté du
phénomène

Confort des
habitudes

Absence de repères pour l'action

Absence de législation pénalisant les comportements qui participent au changement climatique

Absence de sanctions morale

Absence de solidarité entre les générations

actuelles, vis-à-vis des générations futurs et des autres formes de vie sur Terre

Manque de prise au sérieux du problème

Possibilité de tomber dans les extrêmes du catastrophisme ou du négationnisme

Incapacité à prendre en compte le long terme dans des systèmes qui privilégient l'immédiateté

Contradiction dans le système législatif

Les contradictions à l'intérieur des systèmes de valeur empêche l'émergence de comportements alternatifs

Dans certains cas, absence d'un contexte physique (infrastructures) favorisant des changements de comportement (en particulier dans les zones rurales)

Le manque de connaissance sur le problème (nature du problème, causes, conséquences) constitue une barrière pour une réelle prise de conscience des enjeux du problème

Impossibilité de créer une gestion collective du problème: les coûts sont individuels et les bénéfices collectifs

Incapacité à imaginer des comportements alternatif. Le changement à un coût. Facilitée procuré par les habitudes.

Difficulté à intégrer des connaissances complexes Difficulté à médiatiser la complexité

Difficulté à appréhender l'incertain et l'invisible Le phénomène peut être sujet à controverse

La globalité du phénomène

La question de la responsabilité est diluée

Dépendance vis-à-vis des technologies polluantes

Dévalorisation de la capacité des actions individuelles

8.2 Comment favoriser les pratiques de lutte contre le changement climatique

Il n'existe pas, à notre connaissance, de solution miracle qui inciterait les Français à s'engager dans la lutte contre l'effet de serre. Pourtant, selon nous, les pouvoirs publics peuvent largement contribuer à créer une nouvelle orientation des comportements individuels. Nous pensons qu'il existe trois axes complémentaires d'action pour les pouvoirs publics. Il s'agit d'informer et sensibiliser l'opinion, de créer un contexte favorable pour le développement d'actions individuelles en faveur de la lutte contre l'effet de serre, et de réussir à provoquer l'engagement des citoyens grâce à des techniques de « manipulation ».

8.2.1 Informer, sensibiliser et communiquer

Nous avons vu que les français ont des représentations du changement climatique souvent bien loin de la réalité du phénomène. Informer et sensibiliser la population reste donc un grand défi pour provoquer une réelle prise de conscience autour des enjeux du problème. Cependant la communication autour du phénomène ne doit pas se faire de n'importe quelle manière. Des nouvelles formes de communication doivent être trouvées, afin d'intégrer la complexité, élément indispensable pour saisir les interactions autour du problème du changement climatique. Des études complémentaires sur les perceptions du changement climatique par le grand public doivent être réalisées. En effet, une communication efficace sur le changement climatique doit partir des représentations initiales qu'en on les français. Seule une bonne compréhension de leur système de compréhension permettra de lutter contre les idées fausse, ou de combler les lacunes au niveau des connaissances. Il est aussi très important de véhiculer des messages « positifs ». En effet, un excès de catastrophisme dans l'information risque d'avoir des effets contraires à ceux attendus, il risque de paralyser toute initiative de changement de comportement (la partie étant perdue d'avance). Les campagnes de sensibilisation doivent mettre l'accent sur la responsabilisation (non la moralisation) des citoyens, en montrant que chacun d'entre nous à sa part de responsabilité dans le problème du changement climatique et peut donc faire quelque chose à son échelle. Cependant, ce travail de responsabilisation ne doit pas se transformer en discours moralisateur. Enfin, les campagnes de sensibilisation peuvent constituer une scène pour la valorisation de nouvelles valeurs, ou nouveaux modes de vie, allant dans le sens de la lutte contre le changement climatique (les techniques utilisée en publicité peuvent ici être reprises). Il est en effet

nécessaire de créer une nouvelle citoyenneté qui tienne compte du caractère global des relations que nous entretenons avec l'ensemble de la vie actuelle et futur.

8.2.2 Créer des conditions favorables aux changements de

comportement

Nous l'avons vu, un travail de sensibilisation et d'information peut conduire à l'émergence de

nouveaux types de comportements, mais encore faut-il que ceux-ci puissent se développer dans un cadre favorable. Un second axe d'action des pouvoirs publics est donc, d'anticiper les résistances aux changements de comportements. En effet, il est important de ne pas minimiser ces résistances, mais au contraire de mieux les connaître afin de pouvoir composer avec celles-ci, et de les combattre. Pour cela les pouvoirs publics peuvent jouer sur les contextes. Créer des contextes normatifs, moraux et physiques favorables à la lutte contre le changement climatique apparaît donc indispensable.

8.2.3 Provoquer l'engagement des citoyens

Comment faire en sorte que les gens changent de pratiques ? Comment permettre et stimuler

des changements de comportements nécessaires à la diminution des émissions de gaz à effet de serre ?

Si nous pensons que les campagnes de sensibilisation permettent une prise de conscience qui se traduit ensuite dans les comportements, il faut garder à l'esprit que, bien souvent, la prise de conscience suit le comportement plutôt que de le précéder. La théorie de l'engagement de Kiesler, qui a été reprise et enrichie par R. V. Joule et J. L. Beauvois nous donne des pistes à explorer si l'on souhaite orienter les individus dans la lutte contre le changement climatique. Selon ces auteurs persuader, convaincre et responsabiliser ne sont par les meilleurs moyens pour amener les gens à faire quelque chose. Dans le cas qui nous intéresse, les campagnes de sensibilisation ne sont pas dépourvu d'utilité mais le fait que les français soient convaincus de l'urgence d'agir ne suffira pas à modifier leurs comportements (on peut être convaincu de la nécessité de faire des économies d'énergie, et se comporter comme si on ne l'était pas en laissant, par exemple, la lumière allumée). Il s'agit alors de trouver des techniques de manipulation des comportements afin de créer, chez les individus, des motivations intrinsèques, de leur donner l'impression d'être « automotivé ». La technique développée dans la théorie de l'engagement repose sur le lien qui unit traditionnellement les idées et les actes. Il ne s'agit plus cette fois de peser sur les idées pour modifier les comportements, mais de peser sur les comportements pour modifier les idées. Dans La soumission librement consentie Joule et Beauvois démontrent de quelle manière il est possible de conduire les gens à faire de

leur plein gré ce que l'on attend d'eux. Pour cela, ils s'appuient sur un nouvel outils : la communication engageante. Plusieurs expériences1 reposant sur cette technique de « manipulation » ont montré des résultats très intéressants. Ceci nous laisse à penser qu'il existe de réelles possibilités, en utilisant ce type d'outils, pour engager les Français dans la voie de la lutte contre le changement climatique

L'ensemble des acteurs de la société française (politiques, entreprises, médias et associations) ont donc le pouvoir de faire évoluer les comportements des citoyens face au changement climatique. Leurs devoirs est d'actualiser, dés maintenant, cet ensemble de possibilités car on le sait « le futur sera l'actualisation des potentialités qu'ici dans le présent nous réaliserons. » (Joël Van Cauter, 2003, p.12).

1 Nous pouvons citer l'exemple de la campagne de sensibilisation des ménages à la protection de l'environnement et à la maîtrise de l'énergie menée dans la commune de Beausset en 2002.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand