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Solto na cidade - uruguaiana

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par Florence Emberger
ENSAPB - Master 1 2009
  

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Introduction

Le commerce informel, ou de rue, est un phénomène que connaissent tous les pays à plus ou moins grande échelle. Le Brésil ne fait pas exception, et encore moins Rio de Janeiro, ancienne capitale du pays. En circulant dans les rues de Rio, on est frappé par la quantité de petits vendeurs ambulants qui les arpentent. Du produit du quotidien comme des piles, des rallonges électriques, des torchons, des enveloppes, des cotons tiges, aux produits les plus insolites comme la machine à coudre portable ou la raquette qui électrocute les moustiques, on passe par les vendeurs de nourritures tels les brochettes, gâteaux, hot dog, croque-monsieur, jus de canne, hamburgers... La liste est longue. D'autres travailleurs de rue, d'une quantité non négligeable à mentionner également sont les « hommes sandwich », qui vivent en circulant dans les rues, vêtus de pancartes publicitaires. Suivant de nombreux paramètres, les deux principaux étant les accords passés avec la police et le rythme du quartier (horaires de passages etc.), la nature et les horaires de ces camelots varient. Ce type de commerce est strictement interdit par la ville, quali~ é de « marginal »,mais compte tenu de la quantité de gens vivant de ces emplois, des accords o cieux sont passés a n de les laisser travailler, et suivant le lieux ces accords sont plus ou moins souples. Généralement après 18 heures les camelots sont tranquilles. Avant cette heure, il n'est pas rare de les voir partir en courant avec leurs petits présentoirs, à l'arrivée de la police.

Étant donné la quantité d'emplois générés par le commerce informel, des tentatives ont été faites pour les intégrer à la ville formelle. C'est ainsi que furent imaginés des espaces, baptisés camelódromos où les camelots seraient habilités à exercer leur activité en toute légalité. Au travers de ce mémoire nous allons à la rencontre de l'un de ces centre; le Camelódromo de la rue Uruguaiana situé en plein centre ville et qui est actuellement le plus développé de Rio.

A Rio de Janeiro, tout le monde connait le Camelódromo de la rue Uruguaina, réputé pour ses prix attractifs et la diversité de marchandise. On y trouve de tout, Cds, DVD, matériel de pêche, vêtements, outils, matériel électronique, la liste est longue. Il est important de faire la di érence entre ce type de marché et ceux auxquels nous sommes habitués en France, qui se produisent périodiquement. Ces marchés périodiques (généralement hebdomadaires) existent également au Brésil, et sont appelés Feira. De nombreuses tentatives de Camelódromo ont été réalisées dans Rio est sa périphérie et aujourd'hui celui situé dans la rue Uruguaiana (et qui en porte le nom) est l'un des plus abouti. Malgré cela il génère une grande polémique au sein de la ville. Alors que toute une partie de la population l'a entièrement adopté, une autre dénonce le tra~ c de contrebande qu'il tolère et cache. Chaque descente de la police au sein du Camelódromo, est généralement accompagnée de la prise massive de marchandise illégale.

La première fois que l'on m'a indiqué le Camelódromo da Uruguaiana, j'ai eu le droit à de nombreuses mises en garde, quant à la sécurité du lieu. C'est pour cela que les premières visites se sont faites avec un regard mé~ ant, souhaitant abréger le danger auquel je confrontais ma vie de Gringa3. C'est en y prenant petit à petit mes repères que je me suis rendu compte de du caractère `infondé des avertissements dont on m'avait fait part. Prendre ses repères est d'ailleurs un bien grand mot, car au bout de plusieurs mois je m'y perdais encore allègrement. Cela dit je prenais le temps de me promener, observer, et rester chaque fois un peu plus interrogative face à ce lieu.

Le centre ville de Rio de Janeiro présente de nombreuses caractéristiques d'un centre ville auquel ma culture occidentale m'avait habituée. Rues pavées, trottoirs, immeubles hauts, bâtiments anciens... Et même si l'ensemble m'étonnait parfois, le tout restait à mes yeux cohérent et le dépaysement n'était pas trop brutal. Mais le fait de tomber dans un espace tel que le Camelódromo était réellement surprenant. Cet ensemble n'avait rien à voir avec ce centre. Comment était-ce arrivé là? Ce lieu paraît à la fois informel, et en même temps présente les marques d'un ensemble souhaitant s'inscrire dans la ville. Je me suis naïvement demandé, dans un premier temps, si les autorités étaient conscientes de son existence, tant le décalage avec le reste du centre était important.

Alors que je m'accoutumais au Camelódromo, mes questions le concernant étaient croissantes. Il devenait évident que ce lieu faisait o ciellement partie de la ville, mais cette dernière ne semblait pas s'en occuper étant donné l'allure qu'il avait. De plus, de nombreuses rumeurs quand à la provenance des marchandises et à propos d'une main-mise sur le Camelódromo par la ma a chinoise laissaient deviner que l'investissement de la Prefeitura4 quant à sa gestion devait être di cile si ce n'est absent. Ainsi je commençais mes recherches dans les bureaux de la Prefeitura pour me rendre compte que personne ne savait rien, ne pouvait rien pour moi à part me donner un plan cadastral et un vieil extrait du journal o ciel municipal5. On m'a malgré tout conseillé quelques contacts qui se sont avérés très utiles par la suite.

Les premières questions qui ont initialement guidé mon raisonnement furent : Comment est apparu le Camelódromo da Uruguaiana? Qui gère un tel espace? Qui y vient? Qui sont ses vendeurs? Quelle est leur di érence avec les petits commerçants ambulants qui peuplent les rues de Rio? Comment se sont ils organisés dans cet espace? Y a-t-il des clés pour s'y repérer? Comment s'intègre-t-il à la ville? De quelle manière participe-t-il à sa transformation Ainsi, dans un premier temps, au travers de mes recherches,

3 Appelation initialement inventée par les mexicains qui désignaient les Nord Américains. Un Gringo est au Brésil toute personne qui n'est pas originaire du pays, ou parfois seulement d'Amérique Latine.

4 Équivalent de la mairie, nous reviendrons sur ce terme dans la première partie.

5 Diario Ofi cial do Municipio do Rio de Janeiro - N° 223 du 3 février 2000. Il s'agit de la Resolução SMG n°398. Après avoir établie une liste de vendeurs répartis sur plusieurs points de la ville la Prefeitura accepte l'usage des vides occasionnés par les travaux du métro pour le commerce de rue.

essentiellement de terrain, mon objectif fut de comprendre quel était le processus de formation et de gestion d'un marché autogéré, tel que celui d'Uruguaiana, ainsi que de dé nir les conséquences de son existence à l'échelle de la ville.

Ce travail est avant tout le fruit de nombreuses rencontres et discutions avec les vendeurs du Camelódromo, les clients, les acteurs principaux qui font fonctionner le lieu et ceux qui en sont à son origine. A ce sujet de nombreuses informations ont été très di ciles à obtenir. Le marché contenant des marchandises illégales, l'association de Camelots (appelée UNIO) ainsi que certains camelots ne se sont pas montrés très coopératifs. Pour obtenir certains éléments il a parfois fallu entrer dans ce jeu de l'illégalité. Le plan réel du Camelódromo par exemple est o ciellement inexistant, le seul consultable est celui dessiné par les architectes de la Prefeitura lors de sa création. Cela dit a n de s'organiser, les camelots ont à leur tour réalisé un plan rudimentaire qui restitue l'organisation réelle du Camelódromo. Ce dernier m'a été strictement refusé, et s'il est aujourd'hui présent dans ce mémoire c'est qu'il a été tout simplement volé, par une aide interne. Cela dit, même si certains ont été parfois soupçonneux et craintifs, la majorité a accepté de coopérer, bien évidemment dans la limite de leurs disponibilités, étant donné que je les dérangeais sur leur lieu de travail. De plus, le fait de s'appuyer sur des témoignages ne me permet parfois pas de conclure sur les a rmations avancées, les versions recueillies n'étant jamais objectives, je ne prendrai aucun parti et me contenterai de répéter et confronter les versions données.

Ainsi après avoir cherché les réponses aux questions énoncées précédemment nous aborderons en second lieu quelques notions concernant le caractère auto géré du Camelódromo, et ce que cela implique pour le centre de Rio. Qu'il s'agisse de l'esthétique chaotique qui m'a personnellement fascinée, ou encore de la liberté apparente qui semble laisser place à une spontanéité et une capacité de transformation, qu'est ce que cela représente? Quelles en sont les limites? Cela a n de savoir si l'on peut considérer Le Mercado Popular da Uruguaina comme un organe vital de la ville ou on contraire un de ces fardeaux qui nuisent à son développement.

Ce mémoire veut s'inscrire dans la continuité des ré exions sur l'autogestion et voir comment cette dernière s'insère dans la ville gérée par un système à l'échelle nettement plus importante. Alors que les prises d'initiatives semblent de plus en plus complexes au sein de notre système globalisé, nous chercherons à poser un regard sur un lieu totalement autogéré, dans le but de mieux comprendre ses mécanismes, mettre au clair ses forces et ses faiblesses. Sans vouloir faire une apologie de l'informel, ce qui serait faire l'impasse sur un trop grand nombre de paramètres mon envie fut de constater comment formel et informel cohabitent, et si cette cohabitation est uniquement le résultat d'une hypocrisie entendue, ou si au contraire elle pourrait un jour avoir sa place, donnant naissance à une série de compromis qui nous permettrait de projeter la ville de manière di érente.

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Comment est

apparu le

Camelódromo

da Uruguaiana?

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore