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Solto na cidade - uruguaiana

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par Florence Emberger
ENSAPB - Master 1 2009
  

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Situation géographique du camelódromo

A l'échelle de la ville, le camelódromo se situe en plein coeur du centre de Rio, dans le quartier nommé Centro, où il y occupe une super cie de 3 000 m2. Pour les raisons qui ont été évoquées plus tôt, le Centro est devenu le grand centre d'a~ aires où les activités principales présentes sont le travail de bureau et le commerce qui rythment le quartier.

Les limites principales du camelódromo sont dessinées par la Rue Presidente Vargas, et la rue Uruguaiana. Deux rues excessivement fréquentées, la première en raison du tra~ c important (composée de 4 fois 4 voies), déversant chaque jour une quantité impressionnante de travailleurs venant de tous les coins de Rio et des villes voisines, et la seconde par son double rôle de rue commerçante et de liaison directe jusqu'au métro Carioca.

Les rues autour de la rue Uruguaiana sont elles aussi commerçantes, comme l'indique la carte ci-contre, qui fait état des répartitions fonctionnelles de l'actuel Centro.

A l'arrière du camelódromo on rencontre un complexe appelé SAARA43 , composé de la rue Alfandega et ses rues voisines, qui ont toutes la même fonction exclusivement commerciale. Depuis la rue Uruguaiana pour l'atteindre, les clients doivent obligatoirement traverser les rues soit Alfandega, soit Buenos Aires, soit Senhor dos Passos, qui en continuant forment le SAARA. Créant ainsi là encore un fort passage quotidien au sein même du camelódromo. Pour information, la population des travailleurs du SAARA est essentiellement immigrante (à la base il s'agissait de la communauté juive et arabe, mais par la suite sont arrivés Coréens et Chinois qui actuellement sont majoritaires dans le SAARA. Cependant, il est très rare de les rencontrer. Généralement ils sont propriétaires des boutiques mais ce sont des brésiliens qui y travaillent44). Nous le verrons plus tard, ceci fut à l'origine de problèmes pour le Camelódromo.

Il est important de souligner les convoitises et craintes que génèrent le droit d'utilisation d'un terrain ,qui plus est d'une telle super cie, en plein Centro. À la fois d'une valeur marchande très élevée, due à la fonction du Centro car il brasse une grande masse humaine, ce que recherche n'importe quel commerçant, formel ou non. Et d'un autre coté, le vide qu'il génère périodiquement implique une crainte généralisée du Centro en soirée et le dimanche. En e et le samedi les boutiques sont ouvertes mais ferment tôt (vers 18h), et le dimanche, le Centro ressemble à une ville fantôme. Ainsi, les locaux d'entrepôts créés pour la marchandise des camelots furent dévalisés à répétition, si bien que ces derniers furent obligés de s'organiser en conséquence.

Encore un détail important pour comprendre ce qui fut générateur du développement du Mercado popular da Uruguaiana, fut que dès sa fondation ce dernier était composé d'environ 1500 emplacements, ce qui était largement supérieur à tout ce qui avait été plani~ é lors des expériences antérieures de camelódromo. L'objectif étant de se débarrasser d'un maximum de camelots en une fois.

43 Nom donné au quartier qui vient en réalité de l'association de commerçants qui y a été fondée, et baptisée Sociedade de Amigos das Adjacências da Rua da Alfândega (Société d'amis des alentours de la rue Alfandega)

44 Cette analyse brève de la population du SAARA a été faite par Roberto Anderson, mais elle n'a été vérifi ée dans aucun écrit.

Evolution du camelódromo - Qui sont ses architectes?

Actuellement, le camelódromo da Uruguaiana, connait un succès chaque jour croissant. En décembre 2007, un article de journal45 mettait en évidence qu'au-delà d'attirer toutes les classes sociales confondues, de plus en plus de touristes passent par le Camelódromo qui devient ainsi un pôle touristique. Cependant, lorsque l'on écoute le discours des camelots, ce succès était loin d'être gagné et une bonne localisation à elle seule ne su sait pas, loin de là. D'après même certains, l'objectif de la Prefeitura était essentiellement de calmer les camelots un moment, mais en aucun cas de faire fonctionner le lieu de vente, ceci dans l'objectif de le voir disparaître à terme.

« Au départ les clients avaient peur, et à cause de ça beaucoup de gents (camelots) ont abandonné les box, mais aussi les box n'étaient pas comme ça. C'étaient des petits stands, durant la journée, on devait pendre des trucs, des petites cordes pour montrer tous les objets, un peu comme une petite cabane de gardien, tu vois, avec des genres de ~ ls pour suspendre. Et alors la nuit, on devait tout replier , mettre à un endroit et tout était fermé avec un cadenas. »

(Evaldo - ex-agent de sécurité du camelódromo- Entretien réalisé en octobre 2008)

A cause de l'aspect précaire qui n'inspirait pas con ance, d'après le camelot cité ci-dessus, les clients ont mis deux ans à pénétrer petit à petit au sein du Camelódromo. Auparavant, seuls les vendeurs situés dans la périphérie, c'est à dire bordant les rues, pouvaient vendre. Camelots et Prefeitura ont tous deux saisi rapidement que pour attirer du monde, des améliorations étaient nécessaires. La Préfeitura a cherché à donner au lieu un caractère de marché, et mis au point une norme d'aspect des petits stands des camelots, comme le montre la photo prise en 1996. Ce fut la seule aide municipale que connut le camelódromo, et c'est probablement pour cette raison que les camelots dénoncent un manque d'investissement de la Prefeitura pour ce lieu, voir même de sabotage. En e et, de nombreuses réformes eurent lieu, et toutes furent faites par les camelots eux même.

Il est di cile de déterminer exactement dans quel ordre se sont déroulés les évènements, d'autant que tout à été fait petit à petit, mais par logique on imagine que la première amélioration fut celle du sol. Il s'agit d'une grande dalle d'une quarantaine de centimètres, qui marque un seuil, et qui fut carrelée. A cette même occasion les camelots abattirent des murets, anciennes limites du parking, qui conditionnaient les entrées, empêchant ainsi des accès directs pour les clients

Par la suite, les stands de la Prefeitura furent abandonnés, échangés par des box de métal et une structure métallique également pour venir recevoir une couverture. Ces deux éléments, sont en continuelle mutation. En ce qui concerne la couverture, étant donné le budget limité, elle fut faite petit à petit. Détail amusant, ces périodes de travaux sont même devenues un marqueur temporel dans le

45 Soler Alessandro (17 décembre 2007) « camelódromo da Uruguaiana vende até cachimbos para fumar crack », Globo, primeiro caderno, p.22

Solto na Cidade - Uruguaiana

Transformations du Camelodromo, en 1995, 1996, et 2008

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vocabulaire des camelots; « ça c'était à l'époque de la deuxième couverture... » . En 2008 on considère qu'il y a déjà eu quatre couvertures. La première était précaire, en bâches plastiques, la seconde en amiante, puis la troisième en fer, jugé plus résistante. Les camelots se rendirent compte à leurs dépends que le fer, conducteur de chaleur produisait un e et de serre infernal, et installèrent une quatrième couverture, d'amiante à nouveau.

« On n'avait pas d'argent. Si on appelait une entreprise, qu'est ce qui allait se passer? L'entreprise allait nous faire payer très cher, de l'argent qu'on n'avait pas. Du cou on a mis la main à la pâte nous même On a commencé à le faire. Le sol on a commencé à le faire aussi. Et ça a été comme ça. Maintenant ça fait 14 ans et on continue! »

(Felipe - Coordinateur à l'UNIO - Entretien réalisé en septembre 2008)

Alors que les camelots avaient très peu de notions de construction pour la majorité, on peut voir clairement qu'ils ont acquis au ~ l du temps une expérience de construction et de gestion de l'espace. Même si tous les travaux se chevauchaient dans le temps, en règle générale, en ce qui concerne la couverture, ils entreprirent les travaux en suivant l'ordre des quardas; la A, puis la B, etc. Je dis en règle générale car certains évènements comme des incendies ont amené certaines quadras à être retraitées avant d'autres dont c'était le tour. Ainsi on observe très nettement par exemple que les camelots ont compris au fur et à mesure que l'espace était plus agréable; plus lumineux et mieux ventilé, lorsque que la couverture était plus haute. Celle de la quadra A, réalisée la première est réellement située à un niveau bas, à environ 3 m du sol. De plus lors de sa réalisation, les camelots ont mis en oeuvre un faux plafond pour des raisons esthétiques, mais ce dernier obscurcit l'ensemble. Cet aménagement ne se retrouve dans aucune quadra. La quadra B a déjà une couverture plus haute, mais l'e~ et attendu n'avait pas encore été atteint (d'après Filipe, coordinateur à l'UNIO). En e et, il n'est pas toujours évident d'appréhender parfaitement ce que l'on s'apprête à créer. Cela dit, la dernière quadra ayant béné~ cié de travaux, à savoir la quadra C, pour des raisons d'incendie, semble avoir atteint un certain niveau de confort. La couverture atteint en son maximum environ 8m et les camelots ont innové avec des plaques de plastiques translucides amenant de la lumière jusqu'au centre de la quadra. La couverture de la quadra D a été commencée mais à l'heure actuelle n'est pas encore achevée. Cela pose d'ailleurs de sérieux problèmes lors des pluies abondantes aux quelles la ville de Rio est confrontée lors des changements de saisons.

Lassés de devoir démonter et remonter chaque jour leurs stands, ainsi que de ramener la marchandise chez eux, les camelots on ~ ni par pérenniser leur espace de vente, en réalisant des box. Ils sont généralement faits de métal, ou pour le moins leur système de fermeture, par un rideau de fer qui se cadenasse au sol. Les aménagements extérieurs varient suivant le goût et l'activité du camelot. Nous reviendrons plus précisément dessus au cours de la seconde partie. L'important est de noter que dans ce cas encore, la construction a été faite uniquement par les camelots.

Au niveau de l'organisation en plan, il y a eu peu de transformations. Lorsque que l'on compare le dessin fait par Augusto Ivã et l'actuel implantation des box, on constate que le tracé a été peu changé, juste densi~ é en certaines zones, mais l'organisation des couloirs « en peigne » a été respectée partout mis à part dans la quadra B. On constate l'apparition de nouveaux box qui, en règle générale, viennent s'adosser contre des parois laissées vides, comme des murs pignons (quadra A), des sorties de métro ou les locaux d'entrepots prévus par la Prefeitura (quadras C et D). On comprend aisément que certains espaces n'avaient pas été envisagés par la Prefeitura lors de la ré exion sur le plan, et qu'une fois sur place les camelots l'ont réadapté.

N

Figure 12:

Supperposition du plan projeté par Augusto Ivã (en gris), et du plan actuel du Camelodromo.

Par contre, un phénomène en matière d'organisation est à noter. Alors que la répartition des camelots avait été faite à peu de choses près totalement au hasard, ce n'est plus du tout le cas aujourd'hui.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo