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Collectionneurs et Paquebots - Constitution et préservation d'un héritage patrimonial et culturel

( Télécharger le fichier original )
par Cécile Bricault
Université Lille 3 - Master 2 Pro Administration patrimoniale 2009
  

Disponible en mode multipage

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MÉMOIRE D'INSERTION PROFESSIONNELLE

VOLUME I

Collectionneurs & Paquebots

Constitution et préservation d'un héritage

patrimonial et culturel

 

Bricault Cécile

Master Pro 2, Administration patrimoniale : Gestion de sites du Patrimoine

Sous la direction de

Mme Anne-Marie Legaré, Maitre de conférences

Mr Jean-Paul Deremble, Maitre de conférences

UFR Sciences Historiques, Artistiques et Politiques

Université Charles de Gaulle / Lille 3

2008-2009

 

Ce mémoire by Cécile Bricault est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Paternité-Pas d'Utilisation Commerciale-Pas de Modification 2.0 France.

Avant - propos

« Collectionner n'est pas une ridicule manie ; c'est un besoin de notre tempérament, presque une loi de la nature, comme celle qui pousse l'abeille à faire son miel, le ver à soie à tisser son cocon et la fourmi à réunir en été les provisions de l'hiver.

On collectionne tout : objets d'art et objets vulgaires, porcelaines et timbres-poste, armures et pipes, tapisseries des Gobelins, et chaussures anciennes, palettes de peintres, et autographes de maîtres. Il y a même des amateurs de belles pensées humaines ».

Tiré de EVDEL Paul (1837-1911), Collections et collectionneurs1(*).

« J'étais un bateau gigantesque
Capable de croiser mille ans
J'étais un géant j'étais presque
Presqu'aussi fort que l'océan...
[...]
Quand je pense à la vieille anglaise
Qu'on appelait le "Queen Mary"
Je ne voudrais pas finir comme elle
Sur un quai de Californie...
[...]
Que le plus grand navire de guerre
Ait le courage de me couler
Le cul tourné à Saint-Nazaire
Pays breton où je suis né... »

SARDOU Michel, Le France. 1975.


Remerciements

En préambule à ce mémoire, je souhaite adresser ici tous mes remerciements aux personnes qui m'ont apporté leur aide et qui ont ainsi contribué à l'élaboration de ce mémoire.

Tout d'abord Monsieur Jean-Paul Deremble, directeur de ce mémoire, Maitre de conférences à Lille 3, et responsable de la formation Master 2 Gestion de sites du Patrimoine, pour ses conseils qui m'ont aidée à développer ma réflexion, et le temps qu'il a bien voulu me consacrer.

Je remercie également Madame Anne-Marie Legaré, Professeur à Lille 3, pour l'attention qu'elle a apporté à la lecture de ce mémoire.

J'aimerais aussi témoigner ma reconnaissance à Monsieur Patrick Le Nouëne, Conservateur en Chef des Musées d'Angers, pour m'avoir acceptée comme stagiaire au sein du Service Conservation, stage qui a eut une incidence sur mon choix de sujet.

J'exprime ma gratitude à Monsieur Daniel Sicard, Conservateur d'Escal'Atlantique, pour ses conseils, à Monsieur Aymeric Perroy, Responsable scientifique des collections de French Lines, pour son soutien et son intérêt, ainsi qu'à Madame Audrey Alais qui a assuré le suivi des envois de questionnaires auprès des collectionneurs adhérents de l'association French Lines.

Je remercie également tous les collectionneurs privés, qui ont bien voulu répondre à mon enquête avec honnêteté, sincérité, et je l'espère, avec plaisir, et qui m'ont encouragée et permis ainsi de partager leur passion de ce monde du paquebot : Madame L.X, Messieurs C.X, P. X, M. X, B. X, J. X, F. X, E. X, J.X, F. X, ainsi que ceux qui ont souhaité garder l'anonymat.

Enfin, j'adresse mes plus sincères remerciements à Madame Graziella Bricault, et à Madame Françoise O'Connor, pour l'aide qu'elles m'ont apportée dans la rédaction et la traduction en anglais et allemand de mon questionnaire d'enquête, ainsi qu'à tous mes proches et amis, notamment Valérie Bricault, Brandon Girard, Marie Métivier, Véronique Matignon, Audrey Tampère, qui m'ont toujours soutenue et encouragée au cours de la réalisation et de la correction de ce mémoire.

Introduction

« Il faut encourager, chez les enfants, l'amour et la passion de la collection » expliquait Pierre Bergé, un des grands collectionneurs de France, passionné d'objets datant de la Renaissance, interrogé par Stéphane Bern lors d'une émission Secrets d'Histoire sur le thème de Catherine de Médicis2(*).

« L'histoire appartient à tous et à personne, ce qui lui donne vocation à l'universel. La mémoire s'enracine dans le concret, dans l'espace, le geste, et l'objet. L'histoire ne s'attache qu'aux continuités temporelles, aux évolutions et aux rapports des choses. La mémoire est un absolu et l'histoire ne connaît que le relatif »3(*). La collection relève du primordial car elle opère une fusion entre mémoire et histoire, entre objets, oralité et faits intangibles.

La collection relève de la mémoire, de quelque chose de subjectif, induit par les souvenirs, la sensibilité du collectionneur, ses goûts et ses envies, son interprétation du passé. Elle impose aussi la sauvegarde la plus sérieuse du patrimoine, en ce sens que les objets collectionnés sont mis à l'abri d'éventuelles disparitions, restaurés, choyés, étudiés parfois. A contrario du musée, sorte de collectionneur public4(*), astreint parfois à la seule objectivité historique5(*), le collectionneur privé suit son instinct, ses goûts et ses passions. Ainsi Krzysztof Pomian souligne qu'« un lien fort commence à unir le collectionneur à sa collection, qui devient, pour lui, une partie et un prolongement de lui-même, et, pour les autres, son autoportrait composé d'objets qu'il a choisis et exposés, l'expression tant de son statut et de sa richesse que de son intériorité : de son savoir, de sa sensibilité, de ses aspirations, ses intérêts et ses goûts »6(*). L'étude des collectionneurs et de leurs collections s'avère donc un sujet passionnant, car elle permet de sonder l'âme humaine. La collection est révélatrice des passions de l'homme et de son comportement vis-à-vis de son patrimoine culturel, ou de ce qu'il considère comme tel. On assiste à une anamorphose entre le collectionneur et les objets qu'il favorise, une véritable transcendance et une sacralité mutuelle.

De par la constitution d'un patrimoine personnel, d'un héritage patiemment collecté, la collection fonde l'identité d'une personne, et lui permet de s'intégrer de diverses manières à la société qui l'entoure.

Le collectionneur privé est une personne très particulière en ce qu'elle est un pont entre les oeuvres fréquemment délaissées par les contemporains, et la mémoire, partant les musées. Les collections sont toutes diverses et doivent autant à la valeur des objets aimés qu'à l'intérêt des collectionneurs. Les champs de la mémoire et du patrimoine s'élargissent au fur et à mesure de l'écoulement du temps et de notre désir grandissant de sauvegarder notre passé. De nouveaux sujets se positionnent alors au sein du monde des collections et attirent à eux un grand nombre d'amateurs7(*).

Ainsi est apparu un type original de collectionneur, un spécialiste d'une époque précise de l'histoire maritime et internationale, et partant d'une collection d'objets contemporains, amateur de l'univers extraordinaire qu'est le monde du paquebot...

Cette étude se propose d'étudier le monde des collectionneurs privés à travers ces collectionneurs du monde du paquebot, d'objets de paquebot...

PREMIÈRE PARTIE

LE MONDE DU PAQUEBOT

&

SES AMATEURS

1 Le monde du paquebot & ses amateurs

« Tout n'est que luxe, calme et volupté »8(*) me répondit un collectionneur, lorsque je lui demandais ce que représentait pour lui le paquebot9(*). Cette citation de Baudelaire, réécrite, traduit bien a postériori le souvenir ébloui que gardent les amoureux du paquebot10(*)...

Les paquebots classiques qui ont forgé la légende du paquebot sont tous aujourd'hui disparus. Mais cette perte n'empêche pas un véritable engouement de se faire jour parmi les amateurs. Le boum des croisières, la découverte du Titanic, les nombreux films sur la fin dramatique du Lusitania11(*), ont attiré une foule, avide de drames et qui a vu son comportement qualifié de « paquebot-mania ». Mais il existe des amateurs, au sens culturel du terme, des « collectionneurs du paquebot ». Qui sont-ils ? que recherchent-ils à travers les objets-restes des disparus ?

Ces dernières années, de nombreuses ventes aux enchères12(*) ont attiré un public de plus en plus nombreux, tandis que les objets de paquebots s'échangeaient, se vendaient en brocantes, chez les antiquaires ou bien sur les sites d'enchères virtuelles. A travers un objet, patiemment cherché et acquis au prix parfois de longues négociations, l'amateur tente de faire revivre le paquebot, un paquebot. Une affiche rappellera ses lointains voyages ; un sucrier de l'argenterie Christofle, le service du thé ou du café et la vie à bord. L'amateur sent, en touchant-caressant une carafe ou une tasse, d'autres mains que les siennes se servir de cet objet. Il se transpose dans un autre temps, en un autre lieu. Il transcende son passé en s'imaginant lui franchir la passerelle, et vivre au milieu de ces objets.

Chaque paquebot a un esprit différent d'un autre, une aura intrinsèque, accordée par son histoire personnelle, son usage, ses passagers... Chacun des objets-témoins et survivants évoque les individus, l'âme de son paquebot... Création d'un monde, le paquebot le transcende. Il devient le microcosme d'un univers auquel il ressemble mais duquel il diffère. Plusieurs dimensions cohabitent en lui. Pan du patrimoine européen, le paquebot écrit et participe à l'Histoire. Le paquebot symbolise ainsi plusieurs époques, styles de vie, et la plongée dans un monde imaginaire. A l'heure actuelle, le paquebot a évolué en accord avec la société. La démocratisation culturelle et la culture du loisir ont transformé les liners en navires de croisière13(*). Mais le rêve a quelque peu déserté ces nouveaux paquebots.

Les collectionneurs créent un lien avec le passé. En se spécialisant sur les paquebots d'un ancien temps, ils s'introduisent au coeur de l'histoire et par leur volonté mémorielle, nous permettent de partager cet héritage. Ils sacrifient leur bien-être et leur vie à ces navires d'un âge d'or de la Marine. Cette notion du sacrifice, développée par Krzysztof Pomian14(*), est tout à fait appropriée aux collections d'objets de paquebots, puisqu'il s'agit d'« objets naturels ou artificiels que l'on sort de la sphère des activités utilitaires pour les soumettre à une protection spéciale et les exposer au regard dans des lieux clos destinés à cet effet »15(*). Le collectionneur du paquebot est la résultante et l'avenir de ce passé social et technique européen comme international que représente le paquebot. De ce fait, il nous est apparu intéressant d'axer notre étude sur lui.

Cette étude s'est réalisée grâce à l'élaboration d'un questionnaire d'enquête16(*). Etabli avec attention, ce questionnaire ne devait surtout pas heurter les sensibilités des collectionneurs interrogés. Nombreuses sont donc les questions, parfois détournées, ouvertes ou fermées, ce qui incluait à la fois un facteur de confiance, et un risque d'essoufflement. Néanmoins plusieurs questions se recoupent, afin d'aider les collectionneurs à s'ouvrir, et à accepter de réfléchir sur eux-mêmes et leur collection. J'ai d'abord envoyé cette enquête à mes propres contacts. Grâce à ceux-ci et à l'association French Lines, j'ai pu élargir le cercle des collectionneurs interrogés. L'enquête a ainsi pu toucher quarante personnes17(*), dont sept étrangers - anglais américains, canadiens, italiens, suisses, allemands18(*). Malheureusement aucun de ceux-ci n'a répondu ou du moins répondu favorablement... Cette contrainte ne m'a donc pas donné la possibilité d'établir des comparaisons entre les différents pays. Néanmoins ce questionnaire a été reçu positivement par onze collectionneurs français, qui se sont pris au jeu et m'ont renvoyé leurs réponses. Afin de garantir leur anonymat, chaque questionnaire a reçu un code d'identification, en relation avec la date de sa réception19(*).

Le dépouillement des questionnaires a été assez difficile. En effet, les profils des collectionneurs apparaissaient très différents les uns des autres. Cependant à leur lecture, la comparaison entre toutes leurs réponses me permit de m'interroger sur les causes de ce phénomène et la valeur de cette collection exceptionnelle.

En quoi la collection d'objets de paquebots est-elle révélatrice du monde des collectionneurs privés ?

Que représente exactement le monde du paquebot dans l'esprit de ses amateurs, ces voyageurs ? Comment et pourquoi devient-on passionné de ce monde, un collectionneur au sens plein du terme ? Que revêt aux yeux d'un collectionneur la présence des ces objets de paquebots ? Comment dès lors qu'ils souhaitent collectionner, ces curieux constituent-ils leurs collections, les mettent-ils en valeur ?

1.1 Paquebot et objets

Le sujet même de cette collection, sujet de la curiosité et de la convoitise insatiable de l'amateur - collectionneur, se trouve être à la fois le paquebot - un contenant - et ses objets - le contenu. Le tout forme un ensemble complexe, tissé de mystères et de légendes. Il entremêle l'immatériel au matériel, participe de l'histoire, du patrimoine et de la mémoire.

Lors de sa conférence donnée à la faculté de Lille 3, sur la « valorisation patrimoniale des grands paquebots », Aymeric Perroy a ainsi insisté, à travers l'exemple de l'association French Lines, sur les nombreux aspects que revêtaient, aux yeux de nos contemporains, le paquebot, son mythe et ses souvenirs20(*).

L'association French Lines apparait en effet comme une symbiose intéressante entre le collectionneur public et le collectionneur privé21(*). Association Loi 1901, donc reconnue par l'Etat d'utilité publique, French Lines possède un immense patrimoine avec des réserves d'environ 3000 m2 d'objets extrêmement variés, ayant appartenu aux divers paquebots et aux diverses compagnies françaises. Cependant, à l'encontre d'autres associations dont les collections s'avèrent entrer dans le domaine public et participent de l'inaliénabilité qui leur est accordée, ou même des nombreux musées de la Marine, une partie des collections de French Lines reste aliénable. En effet, les objets conservés sont issus de la fabrication sérielle industrielle. Ainsi a été accordée à French Lines l'autorisation de vendre les objets dont certains exemplaires se trouvent déjà dans les collections inaliénables. Par exemple, sur 100 affiches, cinq seront gardées et encadrées, les 95 restantes vendues et feront ainsi le bonheur de collectionneurs privés. Cela permet ainsi d'entretenir les collections, par l'inventaire des objets présents et par des achats.

Le patrimoine conservé par French Lines, et également par les collectionneurs privés, est un patrimoine remarquable de par sa diversité, la variété de ses formes et types de collections. En effet, le paquebot - contenant et contenu - est intimement lié à l'évolution industrielle des années 1840 à nos jours22(*). Objet intrinsèquement historique et artistique, il est le fidèle reflet du progrès technique23(*). Révélateurs et présentateurs, les objets du paquebot se révèlent donc initiateurs de progrès, participateurs des avancées en tous domaines... Ambassadeur d'un pays, d'une compagnie, le paquebot était - est toujours par ailleurs - à la fois le premier maillon d'une chaîne et la ligne d'arrivée24(*).

Chaque série d'objets produite pour un paquebot particulier est reproduite en nombreux exemplaires. Il était de notoriété publique que bon nombre de pièces d'orfèvrerie sont passées par-dessus bord - soit lors d'un naufrage, soit parfois dans d'autres circonstances. Un collectionneur privé explique en effet avoir ouï dire de sa mère - qui voyageait toujours en première classe - qu'elle avait un jour vu le steward venu lui apporter un plateau en cabine ouvrir le hublot et jeter l'ensemble dans les flots afin de s'éviter de le rapporter en cuisine ! Cette anecdote - avérée - faisait dire en souriant aux témoins de la scène que s'il était possible de descendre sous les mers et de localiser tous les objets qui y reposaient, on pourrait facilement retrouver le sillage des navires français ! Ces objets ressurgissent lors d'un héritage dispersé en salle des ventes. Ils exercent encore leur attraction sur le public. Souvent argenterie, mais aussi porcelaine, cristallerie, affiches, serviettes, nappes, aquarelles, cendriers en forme des cheminées du Normandie ou fanions, drapeaux, menus, tous ces objets sont des traces. Recueillis par des collectionneurs, car « évoquer les traces, c'est se référer à ce qui subsiste d'un passé. Ces survivances, ces vestiges, ces ruines, peuvent témoigner d'un climat, d'un événement, d'une filiation, d'une activité humaine, d'une culture. Ces traces ont toujours intéressé les hommes dans la mesure où elles matérialisent ce qui a disparu, lui donnent une image, permettent de se le représenter, de l'étudier, de se souvenir, de commémorer, de montrer une évolution en remontant le temps. »25(*).

Pour les collectionneurs rencontrés, plusieurs raisons dévoilent leur engouement des objets du paquebot. Celles-ci s'interpénètrent souvent et évoquent ainsi les diverses dimensions teintées de matériel et d'immatériel du paquebot.

1.1.1 Culture de paquebot

Les objets sauvegardés par l'association French Lines ou dans des collections privées sont un reflet d'une culture du paquebot, appropriée par l'acquéreur, le voyageur, l'armateur et l'amateur.

Il existe en effet une « culture » du paquebot, des règles, des us et coutumes26(*)... En effet, le paquebot symbolise un art de vivre, le savoir-vivre, et même la grande tradition culinaire française27(*), pour les paquebots français par exemple. Le paquebot cristallise en lui nombre de visions du monde. Il en offre une nouvelle, la sienne. Le paquebot est ainsi un monde à part, où se heurtent diverses cultures, tels les marins, les officiers, les différentes catégories ou classes sociales, sans oublier les fameuses première, deuxième et troisième classes, immortalisées par les services de table, le mobilier, les cartes postales, les films d'archives et aujourd'hui par le cinéma...

Toute culture suppose des objets, qui la symbolisent et la représentent. Ainsi le paquebot, lui-même objet, désigne tous les objets qu'il contient en tant que lieu. Un lieu transgresseur, où se côtoient cultures et individus qui ne se seraient jamais croisés ailleurs, mais également un lieu fermé, sécurisé, sorte de microcosme social, enfermé dans une coquille de métal face à l'immensité océane. Un lieu ambigu, dont la culture se veut également le reflet. Un cadre magique qui cache des rêves, ou des désillusions, des drames, des morts, ou encore des surprises, médailles et récompenses. Ainsi par le phénomène inverse, un seul objet rappelle aux yeux du collectionneur sa provenance « paquebot ».

Lorsqu'à partir du lot X annoncé par le commissaire priseur, l'esprit du collectionneur évoque une image, vient non seulement celle d'un liner28(*), de l'apparence extérieure du navire, représentée par une maquette ou par nombre d'aquarelles ou de peintures. L'image s'accompagne aussi d'un parfum d'exotisme rappelé par les nombreuses destinations du navire. Elle imagine le tintement des verres, lors d'un repas de première classe, les lumières tamisées qui se reflètent sur des décors somptueux, le luxe des services, les cabines, les rires et les menus des grandes classes. Ainsi le pensait le « marketing publicitaire » de l'époque, lors de l'impression des affiches annonçant les dernières destinations mystérieuses, qui mêlent Japonaises, palais hindous et jeunes Africains, à l'instar de la publicité pour Banania. L'image que forme notre mémoire, nos souvenirs, nos envies constitue un tout, nous présente un lieu à part, presque hors du monde réel.

Le paquebot est un enjeu culturel car il est porteur d'une histoire, et même de plusieurs. Sa propre histoire en premier lieu comprend l'ébauche de ses plans, sa construction dans les chantiers navals, comme ceux de Saint-Nazaire en France, ou de Southampton au Royaume-Uni, sa décoration intérieure, fruit de tous les corps de métiers, travaillant pour la gloire du pays -ou de la compagnie - commanditaire et propriétaire du navire29(*). Son baptême, enfin, occasion d'une grandiose cérémonie qui précipite son lancement et la première fois qu'il franchira les eaux du port, le nom qui lui est donné, sous-entendant déjà tout un mythe, des légendes... Enfin il porte en lui les souvenirs des hommes, qui ont oeuvré pour lui, de ceux qui vivent par lui, et des voyageurs qui vivent sur et en lui quelques temps. Dès l'origine, le paquebot est donc porteur de nombre de mémoires, qu'il transcende en lui. Chaque paquebot est différent dès sa conception. De par le nom qui lui est donné, il acquiert une identité propre et par là une aura personnelle et différente30(*). Ainsi chacun est ambassadeur d'une culture sensiblement égale, mais néanmoins divergente. Cultures et mondes entièrement différents qui se côtoient, mais jamais ne se mêlent. Cultures plurielles et culture singulière31(*).

Symbole donc d'une culture matérielle et d'une culture immatérielle, le paquebot reflète la définition de la culture donnée par Nietzche : « l'unité du style artistique dans toutes les manifestations vitales d'un peuple »32(*). S'il existe un style paquebot, il existe un style par paquebot. La culture présuppose une communion entre la vie et l'art. Le paquebot est le lieu par excellence de cette fusion : l'art au service de la vie à bord, des créations extraordinaires dans un espace défini, qui révèlent une vision du monde, des constructions mentales et des personnalités. Certains collectionneurs se fascinent ainsi pour les décorations et le mobilier de ces paquebots de légende. Un lit, un bureau, une table, un meuble sont néanmoins des objets rares et demandent une mise financière importante ; les chaises des salles à manger ou les fauteuils des salons paraissent plus disponibles... Le paquebot façonne les artistes et les hommes qui le créent, mais aussi les hommes qui y vivent. Le paquebot est à la fois un lieu et un milieu de mémoire.

Lieu de culture, le paquebot devient aussi lieu de patrimoine. Il est lui-même intrinsèquement un patrimoine, puisque le patrimoine est « l'ensemble de tous les biens naturels ou créés par l'homme sans limite de temps ou de lieu »33(*). Alors le paquebot ainsi que tout ce qui a été créé pour lui, et par lui, appartient à un ensemble complexe culturel, mais également patrimonial. Cette dimension est d'autant plus forte que peu d'anciens paquebots ont survécu au désintérêt général de la société d'après guerre, au démantèlement des compagnies et à leur usure matérielle, et que ne restent donc que les objets créés dans un usage décoratif, domestique, commercial ou publicitaire. Ils ont perdu leur lieu d'origine et leur valeur d'usage premier. Ils changent de destination et deviennent des symboles d'un passé perdu et glorifié34(*), objets de deuil, objets de mémoire et « milieu[x] de mémoire »35(*).

1.1.2 Mythe : voyage, mer, éternité

Le paquebot présente un univers fictif. Il ressemble à une ville flottante, hors de la terre ferme, hors de tout repère, et conséquemment hors du monde réel. « Ce qui est fascinant, écrit un collectionneur, c'est en fait de vivre ainsi que l'a si bien décrit Jules Verne dans « une ville flottante » - comme si une communauté - éphémère - se trouvait réunie pour une aventure de quelques jours, ou de plusieurs semaines en mer, avec parfois des surprises de toutes sortes. Mais en mer, l'on ne ressent pas les choses comme à terre : une fois les amarres déhalées, un navire a sa propre vie, détaché de son lien avec la terre »36(*).

Une carte postale représente un navire à quai, des voyageurs montent sur la passerelle. En brocante, le collectionneur s'arrête, regarde, la prend dans ses mains et contemple.

Entrer dans un paquebot, franchir la passerelle, marcher sur les premières lattes du pont d'embarquement, et voilà le seuil d'une autre dimension, d'un autre lieu hors temps/espace, comme un curseur dans la course du temps immobile et mouvant. « Passer un pont, traverser un fleuve, franchir une frontière, c'est quitter l'espace intime et familier où l'on est à sa place pour pénétrer dans un horizon différent, un espace étranger, inconnu, où l'on risque, confronté à ce qui est autre, de se découvrir sans lieu propre, sans identité »37(*). Le pont d'embarquement du paquebot offre un passage entre deux mondes et partant deux identités. Le voyageur-collectionneur abandonne sa propre identité, ou du moins, car le terme est sans doute un peu fort, la relègue dans un coin de son esprit. Il se laisse envahir par la nouvelle identité de passager de tel paquebot, sentiment procuré par le franchissement du seuil. Sentiment d'appartenance à un tout, qui ne va certes pas durer, mais qui lui apporte une socialité sécuritaire nécessaire et une sociabilité différente. Le voyageur-passager devient explorateur d'un nouveau monde, découvreur de nouveaux horizons. Il pénètre dans l'univers du paquebot. Partant il entre dans son propre mythe. Il est, à l'instar des grands explorateurs Ulysse, Marco Polo..., un nouvel aventurier, à la conquête d'un ailleurs, et à la conquête de lui-même. Il est acteur de sa propre histoire, il écrit son histoire. Découvrir, s'ouvrir à de nouvelles cultures et à de nouveaux mondes, les intégrer en soi dans cette nouvelle identité qui se construit peu à peu au cours du voyage... Un collectionneur m'avouait d'ailleurs admirer ces aventuriers aux rêves utopiques d'un monde meilleur, ces émigrants, qui quittaient leurs patries d'origine, afin de rebâtir une autre vie sur un autre territoire38(*). Qui mieux que ces familles, ces gens, représentent ce passage à sens unique, ce franchissement dont ils ne reviendront pas, décision irrévocable d'arrachement et de mort, dans un nouveau commencement ?

L'imaginaire se mêle à l'irréel ressenti du voyage. Le paquebot est seul, perdu au sein d'une surface bleutée, fusion des éléments : la mer et le ciel s'unissent autour de lui. Le paquebot symbolise un voyage à plusieurs sens. Il s'agit d'abord de voyages d'agrément, d'affaires souvent, de transferts des fonctionnaires et des militaires dans les colonies lointaines, et donc transfert d'identité territoriale. Mais également des voyages dont on revient changé, puisque le voyageur ne peut s'empêcher de se comparer à l'immensité de ce qui l'entoure. Sécurisé par la présence du paquebot, par son apparente - mais si fragile parfois - protection39(*), le voyageur-collectionneur peut laisser sa pensée dériver sans entrave d'aucune sorte40(*). Son imaginaire, ses rêves lui apparaissent teintés de réalité. Il vient chercher sur le paquebot autre chose, un ailleurs. Le paquebot appartient alors à cet univers oral, mémoriel, des mythes fondateurs des voyages. Le temps ne suit pas le même cours que dans la vie « sur terre ». En mer, il est coutume de dire, « les jours se suivent et ne se ressemblent pas », car la mer est partout semblable et toujours différente. Le voyageur se situe ici encore à une frontière, la lisière entre temps et espace. Néanmoins, il est quelque part, intrinsèquement, à la recherche du temps... A la poursuite du temps, dans un vain effort pour l'arrêter, car il ne peut s'empêcher d'envisager le futur et d'anticiper avec angoisse la fin du voyage et la possible transformation qui s'opère en lui. Une poursuite ambiguë, qui mêle présent, passé et futur en un seul lieu.

Le but recherché est toujours désiré, connu, lointain, mais souvent atteint. Il révèle les mutations opérées sur le voyageur. Dans cette quête inconsciente de lui-même, de son identité, de sa place dans le temps, le voyageur bénéficie de repères grâce aux divers objets qui parsèment son voyage et qui l'accompagnent sur le paquebot. Publicités, affiches, films d'inauguration l'ont aidé à pré-visualiser son voyage : ainsi ceux des inaugurations du Cambodge, du Laos et de l'Ile-de-France, présentés dans l'exposition Histoires de paquebot, Du chantier de Dunkerque aux mers lointaines, au Musée Portuaire de Dunkerque41(*). Il demeure aujourd'hui chez les collectionneurs nombre de ces publicités, foulards, petits drapeaux, brochures, affiches toujours encadrées scrupuleusement voire même restaurées. Le plaisir de la découverte est ici anticipé, contrôlé presque, car connu. L'exotisme des décors, des escales, des objets, ne représente plus un univers complètement étranger. Les créations artistiques les plus originales ressemblent néanmoins aux objets quotidiens dont il use chez lui. Le dépaysement induit par le voyage n'est pas total.

Lieu de mémoire mouvant, « mer de la mémoire vivante »42(*), l'objet est empreint de la mémoire du paquebot, des mémoires du monde, des mémoires et des souvenirs des passagers-voyageurs... Et des collectionneurs, nouveaux passagers, nouveaux voyageurs...

1.1.3 Mémoire de paquebot

L'objet est la mémoire du paquebot. Il participe au sauvetage mémorial de ces paquebots détruits les uns après les autres, par l'usure ou l'indifférence de nos contemporains. La disparition des anciens paquebots conduit à la perte de lieux de mémoire. Ils ne prétendent même pas être ces « coquilles sur le rivage quand se retire la mer de la mémoire vivante »43(*), puisque certains, comme l'ex-France, ex-Norway, sont démantelés dans des pays étrangers. Même si d'autres deviennent des restaurants, hôtels ou casinos de luxe, tel le Queen Mary44(*) - musée restaurant, ils ont perdu leur usage premier, leur valeur intrinsèque...45(*) Les collectionneurs sont ici unanimes : un paquebot est fait pour naviguer, et non pour être « attaché » à un quai46(*). Quelques uns préfèrent néanmoins une seconde vie, qui sauve le paquebot et ses objets, à la destruction volontaire du bâtiment47(*) : puisque les objets restent sur le navire. Perte - temporaire - pour les collectionneurs... Ainsi s'expliquent la colère et le dépit de certains collectionneurs, ayant appris l'incendie volontaire, par les troupes irakiennes, du Mariott-Hôtel, bateau ancré à Koweit et transformé en hôtel de luxe.

Ne demeure alors que le milieu de mémoire... Objets, anciens matelots, officiers, voyageurs, tous transmettent leurs mémoires. Une mémoire orale, parfois écrite, teintée donc de matériel et d'immatériel. Mémoire de quoi ? de qui ? D'une époque, d'un style de vie, d'anecdotes liées à un voyage, un personnage ou un objet...

La mémoire se satisfait du patrimoine matériel. Les objets-survivants de cette période faste des paquebots sont les derniers supports d'un patrimoine immatériel en voie de disparition : art de vivre, savoir-faire, métiers, traditions, histoires, souvenirs... Les collectionneurs sont ainsi souvent d'anciens voyageurs ou d'anciens marins, qui gardent par devers eux encore des traces, des supports, néanmoins souvenirs lointains et empreints de subjectivité et de leur sensibilité... Mais de milieu de mémoire, l'objet-survivant devient alors un lieu de mémoire, puisqu' « un lieu de mémoire dans tous les sens du terme, va de l'objet le plus matériel et concret, et éventuellement géographiquement situé, à l'objet le plus abstrait et intellectuellement construit »48(*). Or les objets-survivants des paquebots font l'objet de constructions mentales de la part des musées, des collectionneurs. L'élaboration d'une histoire mémorielle permet de replonger dans la mémoire d'un passé, amène la réappropriation du patrimoine du paquebot et de sa mémoire. Les objets deviennent commémoratifs, en ce sens qu'ils rappellent incessamment des événements, des personnages, des lieux49(*).

Ainsi Escal'Atlantic fonctionne de par les collections présentées, collectées, et parfois issues de dons de collectionneurs. L'écomusée de Saint-Nazaire50(*), très apprécié des collectionneurs, a recréé un « centre d'interprétation » du paquebot. Les visiteurs pénètrent dans un univers rêvé et utopique, que n'offrent plus forcément les nouveaux paquebots. Cette restauration du passé fait la part entre patrimoine et mémoire. Elle recrée une mémoire artificielle. De plus la plupart des visiteurs ne sont jamais montés à bord d'un paquebot. Ils trouvent là un avant-goût de leurs envies inconscientes de fuite devant la réalité, désirs d'aventures, et d'un peu de merveilleux... Transmission d'un héritage, traduction d'un passé, remémoration de scènes, peintures de genre... Trahison ? Paul Ricoeur l'exprime ainsi : « lorsqu'il existe trace, ce n'est plus de la mémoire vraie, il y a médiation et histoire comme rapport entre le présent et le passé dont on ne connaît que des traces, résultat d'une reconstruction, d'un tri opéré dans ces traces laissées par l'activité humaine »51(*).

De même le dernier paquebot construit par Disney Line Cruise se veut être l'héritier fidèle de la ligne des plus grands liners. A son bord les personnages de Disney, que l'on retrouve également à Disneyland, participent de cette apparence de conte de fée, réalité vécue le temps d'un voyage. L'imaginaire des enfants et des adultes se réjouit de cette plongée réelle dans un monde merveilleux. Il s'agit là d'une nouvelle façon de magnifier la mémoire du paquebot et son patrimoine. Bien évidemment, ce dernier paquebot n'échappe pas à la grandiloquence américaine, cependant il signifie une nouvelle étape pour l'univers du paquebot. Celui-ci est entré dans le monde de la légende et du conte de fée, à l'instar d'un château fantastique. Il devient là une nouvelle sorte de lieu de mémoire, un lieu encore une fois hors du temps et de l'espace.

Ainsi les compagnies Costa Croisières52(*) et TMR53(*) ont décidé de collaborer afin de redonner vie à la légende des Croisières Paquet54(*). Elles souhaitent ressusciter à travers un navire choisi avec le plus grand soin, l'Allegra, qui prendra la suite du Mermoz55(*), « l'Ame nostalgique des croisières, une certaine alchimie intemporelle du bien-être »56(*). Ici aussi la « mémoire vivante » 57(*)se rappelle encore à nous, à travers une retraduction et une transformation consciente du passé, pour un futur attendu.

Le collectionneur voit dans l'acte d'acquérir ces objets sa contribution pour la sauvegarde d'un patrimoine, et parfois même héritage familial. Pour lui il s'agit d'un devoir sacré, d'un « devoir de mémoire ». Alors celui-ci « fait de chacun l'historien de soi »58(*). Le collectionneur devient l'historien de ses propres souvenirs et de sa propre mémoire. La collection « relie la question de la trace à celle du deuil et de l'héritage, mais aussi à la pensée, à l'intelligibilité de ce qui fut hier »59(*).

1.2 Le collectionneur du paquebot

« Il y a deux sortes de collectionneurs, celui qui cache ses trésors et celui qui les montre, on est placard ou bien vitrine ; je suis vitrine » Sacha Guitry.60(*)

Le collectionneur du paquebot est toujours sur la passerelle qui relie le navire au quai. Il est un pont entre passé et présent : un curseur placé à un endroit précis du temps. Il voit la recherche du passé comme une construction pour l'avenir. « Pour être soi, il faut se projeter vers ce qui est étranger, se prolonger dans et par lui. Demeurer enclos dans son identité c'est se perdre et cesser d'être. On se connaît, on se construit par le contact, l'échange, le commerce avec l'autre. Entre les rives du même et de l'autre, l'homme est un pont »61(*). Un pont entre l'objet et les autres, un pont qui permet à la mémoire de créer une brèche dans le temps continu de l'Histoire.

Le collectionneur crée le mythe fondateur de la collection. Il apparait toujours héros de sa propre histoire. En outre cette collection possède un cachet particulier, car beaucoup d'objets sont contemporains des acquéreurs, excepté les objets concernant les navires du milieu XIXe au début XXe. Les collections s'enracinent ainsi dans une histoire familiale, un vécu mémoriel. « La mémoire n'est jamais achevée comme le passé, ce donné « qui ne laisse plus de place au possible » »62(*).

Chaque collectionneur est le gardien d'un passé, de son passé maritime. Un héritage qu'il conserve précieusement et parfois jalousement, clé de son identité, et qu'il souhaite transmettre ensuite. La volonté de recueillir cette histoire et de l'inscrire dans une durée amène le collectionneur à effectuer une intervention dans le cours de l'Histoire. Il échappe à l'objectivité, et tisse un lien subjectif autour des objets qu'il soustrait à la marche historique du temps.

Une typologie est assez difficile à mettre en oeuvre. En effet, les collectionneurs affichent tous différents profils. Il n'est donc pas envisageable de proposer un profil type du collectionneur du paquebot, ce qui, par ailleurs, ôterait l'originalité de ces façons différentes d'appréhender la collection de paquebots. Néanmoins les réponses apportées au questionnaire permettent de cibler les identités variées du collectionneur du paquebot à travers divers axes : comment devient-il collectionneur ? comment se dévoile-t-il ? comment se considère-t-il ? quels sont ses comportements ?

1.2.1 Devenir collectionneur

Le collectionneur « rêve non seulement qu'il s'en va dans un monde lointain et révolu, mais aussi dans un monde meilleur »63(*). Il existe différentes manières de devenir un collectionneur du paquebot. Ces contextes favorables à l'éclosion d'une telle passion sont bien évidemment uniques pour chacun, personnels à chaque histoire. Néanmoins, ils peuvent se regrouper et s'interpénétrer.

La collection débute par le souvenir64(*) ou par un souvenir65(*). Celui-ci suppose toujours un héritage transmis, qui va se révéler entièrement à un esprit... En ce qui concerne le monde du paquebot, les souvenirs sont divers, et varient à l'infini les raisons qui poussent un homme à devenir collectionneur de cet univers.

1.2.1.1 Souvenirs d'enfance

Dans un ordre chronologique, la première des raisons remonte à l'enfance : lorsque l'enfant commence à appréhender le monde par lui-même, qu'il atteint une phase d'éblouissement, de perception et parfois de compréhension. Phase qu'en tant qu'adultes, nous avons parfois du mal à retrouver.

Parmi les dix collectionneurs, trois ont commencé leurs collections vers l'âge de 10 à 13 ans. L'un parce qu'enfant, il a voyagé sur les lignes françaises qui menaient les Français vers les colonies Outre-Mer66(*). Il collectait alors tous les renseignements, conservait tous les papiers relatifs aux paquebots empruntés. Le contexte décrit ici révèle dans ce premier besoin de collectionner, un trauma qui peut prendre ses causes dans ces nombreux voyages et dans le besoin inconscient de stabilité souhaité par l'enfant. A travers sa collecte de papiers, il garde des repères et se crée ses propres repères.

Les deux suivants débutent de manière similaire après avoir reçu un cadeau de leur père ou d'un ami. Le premier a ainsi entre les mains une silhouette en métal du paquebot Normandie67(*), et le lendemain ses yeux ne voient sur la brocante que les objets venant de ce paquebot68(*). Nouvel objet de curiosité, le paquebot entre dans la vie du jeune garçon et n'en sortira plus. Ce premier objet est d'une importance cruciale dans la construction identitaire de ce collectionneur, puisqu'en cas de vente de sa collection, il sera l'un des seuls objets dont son possesseur ne pourra se séparer.

Le deuxième reçoit un lot important de cartes postales sur les paquebots69(*), et se lance dans des lectures concernant le Titanic. Premier héritage et première transmission dans la possession.

Première prise de conscience d'un ailleurs, sous la forme d'objet en 3D, de papiers qui laisse à l'imaginaire le soin de suppléer au réel, ou la forme d'un vécu que l'on se remémore.

1.2.1.2 Souvenirs professionnels

Le travail est également une des raisons de l'affection vouée aux paquebots. Le service dans la marine est la raison invoquée par six collectionneurs. Certains ont même eu leur père et grand-père officiers de la marine70(*). Deux sont retraités de la marine marchande71(*), le père d'un autre travaillait sur le France, l'Ile-de-France ou le Liberté...72(*) Trois ont fait leur « service militaire dans cette arme »73(*).

Un des collectionneurs explique son engouement par le fait qu'il a travaillé comme officier de marine sur la passerelle de commandement. Ainsi sa collection se constitue d'objets nautiques, d'objets de navigation, et ne se réserve pas aux seuls paquebots. « Imaginez, écrit-il, un grand compas de marine sur son fût d'acajou :combien d'heures de veille a-t-il vu passer avec un homme de barre maintenant le cap à suivre : ces objets ont une âme, et sans eux, l'homme en mer serait perdu »74(*). Les mots de ce collectionneur dévoilent une grande sensibilité à l'égard de ces objets ainsi qu'un immense respect pour eux, qui, s'ils savaient parler, nous apprendraient énormément de la vie à bord. Ces objets particuliers, si nécessaires à la survie d'un navire en haute mer, tiennent le destin du paquebot et de ses voyageurs.

Héritage personnel et patiemment constitué de l'histoire du collectionneur mêlée à l'aura intrinsèque et l'usage des objets.

1.2.1.3 Souvenirs de voyage

Le voyage sur un paquebot est également une des motivations les plus fortes. Le souvenir d'un voyage allume ce désir. Souvent d'ailleurs le collectionneur tente ensuite de retrouver les objets du ou des paquebots sur lesquels il a voyagé. Il recrée à partir d'eux un univers qu'il espère ressembler à celui dans lequel il a vécu.

Ainsi l'un a voyagé sur les lignes coloniales, lignes d'Asie et d'Afrique75(*), un autre sur le Normandie et collectionne uniquement sur ce paquebot depuis ce moment76(*). Enfin un dernier indique qu'il a voyagé douze fois sur le France 196277(*) et exprime une vive et sincère affection pour ce paquebot78(*). Il souhaite retrouver dans sa collection les moments extraordinaires qu'il a partagés avec France. D'ailleurs il nomme le paquebot sans article précédent le nom, ce qui donne au navire une dimension hors-norme. Il parle de lui, comme si France était non un paquebot, mais une véritable personne, dotée d'un corps et d'un esprit.

1.2.1.4 Amour de la Marine

Tous ces collectionneurs se rejoignent dans un « amour  [commun] de la Marine »79(*). Influencés par leurs histoires familiales - un certain nombre de collectionneurs avouent être de famille de marins80(*) - un passé professionnel maritime, ils deviennent « passionné[s] par la marine »81(*). Tous paraissent, en quelque sorte, « initiés ».

Pourquoi cet « amour » ? Le thème de la Marine exploite cette part de rêve, et d'aventure. La mer représente l'infini des possibles, une aventure toujours variée. La Marine évoque des tranches du passé du collectionneur, la beauté des réalisations techniques pour ceux qui sont passionnés de la ligne82(*), de la décoration extérieure comme intérieure... Voyages, découvertes et rencontres multiples, cultures différentes...

Mais la Marine englobe davantage que les paquebots. Pourquoi alors ne s'intéresser spécifiquement qu'aux paquebots et pas à la marine à voile ? Une attirance, un instinct, le rêve sans doute et l'imaginaire de la vie luxueuse des premières classes... ?

La mémoire familiale les a guidés dans cette direction. Elle les amène à concrétiser leur histoire par une collection qu'ils transforment en héritage.

1.2.1.5 Révélation d'un manque

Tous révèlent un manque. Un besoin d'évasion, d'imaginaire, qu'ils comblent dans la contemplation de leurs pièces, dans la gestion contrôlée et le classement de leurs papiers. La collection est une « quête »83(*), une recherche qui les amène à se dépasser eux-mêmes afin de demeurer le gardien de ces objets.

La collection leur amène une complétude, un repos, un ressourcement dont ils ne peuvent se priver que si leur passion s'éteint. Ainsi un des collectionneurs, devant un manque plus important, dont la recherche lui apparait davantage primordiale, se résout-il à vendre sa collection84(*). « Collectionner, explique Werner Muensterberger, s'avère par conséquent être aussi bien un moyen de calmer un besoin fondamental, déclenché par des traumatismes anciens, qu'une soupape permettant d'évacuer des sentiments de danger et de perte. Mais outre un procédé efficace pour soulager ces pressions, c'est aussi une activité ressentie comme une source de plaisir et d'assouvissement »85(*). Cependant le manque n'est jamais complètement comblé tant que dure la passion et la collection. Il existe même certains collectionneurs, qui se réveillent un jour leur passion assouvie et vendent tout. Ils recommencent souvent une toute nouvelle collection avec autant d'ardeur et de passion qu'ils exprimaient pour l'ancienne. Ainsi le manque réapparait toujours. Le collectionneur est toujours en quête d'un ailleurs, qui lui permet de se confronter à ses visions du monde et à s'en créer de nouvelles.

1.2.2 Dévoiler le collectionneur

A travers cette enquête, le collectionneur se dévoile et révèle de lui-même. Par le choix de ses mots, de ses expressions, par sa plume lorsqu'il se laisse aller au jeu des questions ouvertes, ou bien qu'il les refuse. Envoyés par mail, de nombreux questionnaires m'ont été retournés par courrier, les réponses écrites à la main. En outre, lors de rencontres, ils ne peuvent se cacher ou déguiser le son de leurs voix. Au-delà des mots tapuscrits, manuscrits, au-delà de la forme des lettres, et des voix, c'est l'émotion et la passion qui transparaissent.

1.2.2.1 Originalité

La collection est souvent le reflet de son propriétaire. Tempérament et caractère sont à l'origine de cet acte de collectionner et y trouvent matière à se compléter. Ainsi la majorité des questionnaires révèlent que le collectionneur se reconnait dans sa collection86(*). Les réponses toutes positives - excepté une, sans explication - expriment l'amour de la possession, l'amour du beau, de l'histoire, celui d'un navire, le côté aventurier, le côté « calme et réfléchi », ou encore la citation de Baudelaire « Là, tout est luxe, calme et volupté »87(*). Personnalité réelle, ou personnalité rêvée ? La collection devient, selon l'expression de Krzysztof Pomian, une partie de son identité, un prolongement extérieur de son moi inconscient.

Il existe cependant un aspect particulier de sa personnalité qui caractérise tout collectionneur, à tout moment de sa collection : l' « originalité »88(*). Le collectionneur ne se satisfait pas tout à fait de ce qui l'entoure.

En ce sens la collection est une réaction au besoin inconscient d'originalité dans sa vie. Le collectionneur ressent la nécessité d'être différent du monde et des gens qui l'entourent. L'originalité appartient à sa construction identitaire.

Cependant cette originalité est revendiquée, elle le place au dessus des autres, mais niée en même temps, car le collectionneur ne veut absolument pas se faire remarquer. On assiste là au dilemme de l'ambivalente intrinsèque au collectionneur. Comment être soi-même, mais être comme les autres ?

1.2.2.2 Culte du secret

Alors pour se prémunir contre une trop grande exposition, le collectionneur garde le silence sur lui et sur ses objets. Un silence qui peut être nuancé, mais n'en est pas moins éloquent. Lors de l'envoi des questionnaires d'enquêtes, j'ai bien évidemment proposé de garder l'anonymat des collectionneurs selon leur volonté. Les réponses sont assez curieuses. La plupart ne refusent pas d'être cités en remerciements, cependant ils ne veulent pas que leur nom apparaisse en regard des réponses fournies dans le questionnaire. Ils se perdent dans leur besoin de valorisation et de reconnaissance face à l'angoisse de l'autrui.

La première réponse que je reçus par mail fut assez édifiante de ce point de vue. Un collectionneur, de nationalité suisse, furieux que je connaisse son adresse et par extension sa passion, argua du fait que je lui avais envoyé le questionnaire en langue française, et que sa maitrise de cette langue n'était pas suffisante pour y répondre. Je lui proposai alors une traduction en anglais et en allemand. Après deux jours d'attente, acculé, il fut forcé d'avouer qu'il ne voulait pas répondre à mon enquête et partager sa passion. Ce refus est aussi intéressant que le courage des autres collectionneurs qui y ont participé.

En effet ce piège du secret les entraîne dans une peur du regard et du jugement des autres, une peur de voir étalée au grand jour la valeur connue des objets qu'ils possèdent. Se décèle alors un côté de thésaurisateur, qui ne supporte pas de composer avec autrui du bien-fondé de sa collection. En en parlant, il emprisonne sa collection dans des mots qui n'expriment pas forcément l'intensité de ses sentiments. En la donnant à voir, il a l'impression d'une violence, comme le viol d'une sépulture longtemps cachée à la convoitise des autres. Le collectionneur se retrouve dans la même position que ces Arabes au début du siècle que les voyageurs occidentaux voulaient portraiturer, et qui se récriaient, croyant que leur âme s'envolerait avec la photo. La vision d'un autre crée un vol de la conscience du collectionneur.

A contrario l'anonymat m'assure également une certaine sincérité des réponses. En outre, le fait de connaître déjà certains collectionneurs indiquait assez que j'étais « initiée » au monde du paquebot, digne de confiance et donc apte à une compréhension plus juste de leur passion.

1.2.2.3 Passion

Sa passion deviendra le « trait saillant de sa conduite, l'idée prédominante qu'il exprime, empêchant d'analyser et d'observer tout le reste »89(*). Ainsi la passion développée chez l'enfant qui tient une maquette du Normandie pour la première fois, l'empêche de voir d'autres objets sur la brocante que ceux en rapport avec le paquebot. Certains collectionneurs parlent de leur collection comme d'une passion, ainsi ce collectionneur qui m'écrivit que l'enquête cernait bien leur « passe-temps et passion ».

« Une passion dévorante », une main qui tremble, des lettres refaites, réécrites afin de paraitre plus lisibles, parce que la main s'est laissée emporter et ne contrôle plus le stylo90(*). Trois mots qui touchent énormément lorsqu'on les voit écrits, parce que le collectionneur se met à nu. Avec une sincérité presque douloureuse. D'autant que ce collectionneur est étonnant. Il refuse la plupart des questions ouvertes, et se laisse guider par les réponses qui sont proposées. Mal-être ? devant l'enquête ? devant sa collection ? face à lui-même ? Il refuse d'appartenir à la « paquebot-mania »... Sa passion apparait vécue comme une angoisse, comme un complément existentiel.

Tous les collectionneurs se disent « passionné[s] »91(*), mais un plus grand « contrôle » émane de leurs réponses. Une interprétation est possible concernant ces deux profils différents. En effet, celui-là ne collectionne que depuis huit ans, tandis que pour les neuf autres, la durée de collection oscille entre 15 ans à plus de 30 ans. La passion, toujours présente, s'est « calmée » pour laisser place à une vision beaucoup plus sereine et moins « étouffante » de la collection.

1.2.2.4 Angoisse

L'angoisse des collectionneurs se ressent ainsi dans la perte de contrôle de leur écriture ou de mots qu'ils réécrivent plusieurs fois, en se trompant dans les lettres... Angoisse du regard de l'autre, angoisse dans le rapport à l'autre, angoisse du jugement de l'autre. Les questionnaires sont aussi perçus comme une provocation, pour fuir leurs angoisses, pour obliger l'autre à accepter ces interlocuteurs tels qu'ils sont, c'est-à-dire collectionneurs dans l'âme92(*).

Dans une lettre que m'a adressée un des collectionneurs, avec le questionnaire, je reçus deux très belles cartes postales récentes des paquebots Queen Elisabeth II et Queen Mary II avec ce mot « Ci-joint deux cartes postales pour que vous puissiez commencer votre collection... Attention au virus ! ». Outre la démarche très agréable, appréciée93(*), touchante, car le don symbolise toujours le partage, l'ouverture, et outre le fait que cela m'a également rappelé une ancienne collection de cartes postales que j'avais entamée en fonction des lieux que je visitais, et qui peut-être ravivera cette passion, un terme me parait révélateur : l'emploi de « virus ». Sans doute, le collectionneur l'a-t-il utilisé avec humour. Néanmoins son utilisation ne me semble pas anodine, et traduit bien l'importance vitale de la collection pour son possesseur. Il s'agit d'une maladie qui s'attrape, d'une « affection », au deuxième sens du terme « altération de la santé, maladie »94(*), qui nous ramène au premier « attachement, tendresse »95(*). Une maladie angoissante, mais dont le collectionneur ne souhaite pas véritablement guérir... Un rappel de la « maladie d'amour ? » chantée par Michel Sardou96(*) ? Comment vivre sans sa collection ?

« Quels que soient les particularismes propres à chaque collectionneur, le type d'objets qu'il a choisis et la manière dont il collectionne, il demeure un fait essentiel : les objets qu'il possède sont tous une garantie suprême, souvent inconsciente, contre le désespoir et la solitude. Ils jouent le rôle de protection, au service de l'affirmation de soi. Ce sont des remèdes magiques pour chasser le doute existentiel et, par-dessus tout, des témoins de crédibilité »97(*). Les propos du psychanalyste Werner Muensterberger, adaptables à tous collectionneurs, se voient ici transcendés par la dimension marine de la collection de paquebot. Objets magiques, objets de mémoire(s) qui jouent le même rôle que des reliques, premiers objets bénéficiant d'une attention sacrée particulière de la part des hommes98(*). Reliques, non parce qu'ils étaient les éléments d'un corps humain, ils sont les éléments d'un corps de métal qui contient plusieurs dimensions humaines. Reliques parce que témoins de disparus, d'individus qui ont existé. Le collectionneur s'approprie ces mémoires, se glisse parmi ces gens, trouve une place et un but sans sa vie. L'angoisse est atténuée.

Un doute existentiel qui traduit une angoisse métaphysique. Mais cette angoisse se teinte aussi d'originalité, car l'angoisse pour le complément de la collection supplante l'angoisse de la fin de vie. Ainsi peu d'entre eux ont véritablement pensé à l'avenir de leur collection99(*). Le questionnaire a d'ailleurs permis à quelques uns d'y porter attention.

1.2.2.5 Besoin d'évasion

Le stress, la fatigue et la monotonie d'un travail astreignant, qui demande énormément d'attention et de concentration, voilà les principaux facteurs du « besoin d'évasion »100(*) que souhaite tout un chacun.

La chance du collectionneur du paquebot est qu'il n'a pas besoin forcément d'attendre de partir sur les routes en vacances, pour voyager à bord de tel navire, sur telle ligne, regarder tel film qui présente telle escale... Il voyage dans sa tête à partir d'un objet. Il se crée un univers mental, son propre monde onirique.

Quelques collectionneurs voyagent sur les paquebots de croisière actuels101(*). Cherchent-ils à retrouver ce qu'ils ont connu naguère, ou ce qu'ils ont imaginé de la vie à bord, quelques éclats des luxes d'antan ? Voyages effectifs, réels, transcendés par leur imaginaire et leur vision des choses. Les collectionneurs concernés sont fascinés par l'aspect mobile du navire, le fait de faire le tour du monde ou de quelques pays, les différentes escales, l'immersion et l'ouverture aux cultures étrangères. Le « voyage » est un « échappatoire ». « Voir la mer »102(*) et découvrir des terres lointaines les comblent.

Mais les voyages actuels ne leur donnent pas entièrement satisfaction. Inconsciemment, il leur manque toujours quelque chose. Et les collectionneurs recommencent l'année d'après une autre croisière, changent de navire, les découvrent, les « testent »... essayent de les apprécier à leur juste valeur...

1.2.3 Comment se considère le collectionneur ?

Les enquêtes laissent transparaître une certaine lucidité des collectionneurs. Beaucoup savent prendre du recul, face à leur collection-passion. Bien sûr les réponses dévoilent le besoin de revalorisation que connaît tout collectionneur, le besoin aussi d'être accepté tel qu'il est et tel qu'il se perçoit.

1.2.3.1 Exhaustivité/éclectisme

Le problème le plus épineux qui occupe chaque collectionneur est celui de la teneur de sa collection. Doit-elle ne se consacrer qu'à un sujet limité et précis, mais le fouiller le plus profondément possible ? Ou bien, s'intéresser un peu à tout est-il le meilleur moyen d'avoir une vision globale du monde du paquebot ou d'une compagnie ?

Le nombre d'objets ne permet que très rarement l'exhaustivité sur un sujet. « L'exhaustivité est impossible dans ce domaine »103(*). En effet il est proprement impossible pour un collectionneur de collecter tous les objets d'une série ou tous les objets concernant un paquebot ou son thème de prédilection. Il s'approche néanmoins de cet idéal par une recherche toujours approfondie de son sujet. L'éclectisme est ainsi ce qui traduit le mieux la curiosité104(*) et le désir de possession qui poussent sans arrêt le collectionneur dans sa quête.

Cependant, et c'est là le chemin suivi par nombre de collectionneurs, même s'il se veut éclectique par lucidité, le collectionneur tente toujours d'aller plus avant et d'être exhaustif, le plus possible. Tout posséder est en effet une raison secrète qui préside à toute collection. En réalité, savoir si un collectionneur d'objets de paquebot est éclectique ou exhaustif se révèle être presque une fausse question. Il est éclectique par nécessité et exhaustif par passion.

1.2.3.2 Un conservateur

Les collectionneurs interrogés se considèrent tous comme des « conservateur[s] éclairé[s] d'un patrimoine spécifique voué à la disparition » 105(*). En effet le conservateur est ordinairement considéré comme un gardien du patrimoine, qu'il soit spécialiste des monuments historiques, des musées, ou de l'inventaire général. Le patrimoine est en effet « l'ensemble des biens, immobiliers ou mobiliers, relevant de la propriété publique ou privée, qui présentent un intérêt historique, artistique, archéologique, esthétique, scientifique ou technique »106(*). Or chaque collectionneur a une idée très précise de la valeur patrimoniale de sa collection. Il s'agit de « garder un témoignage de ce temps-là »107(*). Les objets sont considérés comme des « témoins du passé et [de la] mémoire maritime »108(*).

Il est vrai que les réponses peuvent être nuancées. Il est certain qu'aucun n'aurait répondu « pilleur d'épaves », et aucun ne l'a fait. Quoique certains se permettent de qualifier ainsi d'autres collectionneurs qu'ils méprisent. Ou bien leurs vives émotions concernant la dernière vente aux enchères de l'ex-France-Norway-Lady Blue, pourraient sous-entendre parfois qu'elle participait d'un « pillage d'épaves ». Néanmoins peu se considéreront comme des antiquaires spécialisés, puisque le principe même de l'antiquaire est de connaitre la valeur marchande d'une oeuvre d'art ou d'une oeuvre ancienne, afin d'en tirer bénéfice. Or parmi les collectionneurs de paquebots, peu revendent des objets. Et uniquement quand ils ont trouvé un autre exemplaire qui correspond mieux à leurs attentes, ou quand leur collection est finie. Mais la « revente » n'est jamais le but premier du collectionneur du paquebot.

Ils paraissent avoir la même démarche qu'un conservateur du patrimoine dans un musée : « rassembler et faire connaître » parait être leur commune devise109(*). Cependant cet idéal est en contradiction avec leur nature de collectionneur privé. En effet ils rassemblent certes, mais ne font pas connaitre par des expositions110(*), des rassemblements ou des publications, le patrimoine qu'ils conservent. Ils autorisent exclusivement des personnes de confiance à contempler, à visiter leur collection. Le grand public n'y aura jamais accès, excepté en cas de vente aux enchères, ou lors de prêts - assez rares - pour des expositions. Conservateurs, oui, mais au sens strict du terme.

Nonobstant ils sont bien des conservateurs d'un patrimoine tout à fait particulier, qui sans eux, risquerait de ne plus être connu.

1.2.3.3 Un chercheur

De conservateur, ils deviennent également archivistes et documentalistes. Ils accordent beaucoup d'importance à la conservation des objets, au point de ne jamais regarder des objets fragiles, emballés une fois et jamais ressortis à la lumière du jour111(*). Ils connaissent très exactement l'état de leur collection, et n'ont pas forcément besoin d'un inventaire papier pour se remémorer les caractéristiques de chaque objet112(*).

Cette grande capacité mémorielle leur permet de se plonger dans des recherches fascinantes, dès lors qu'ils acquièrent un objet. Ils recherchent son origine, donc son lieu de fabrication, son créateur parfois, son lieu de réception. Ils veulent tout connaître de la vie de l'objet, et partant du passé du paquebot, de la compagnie, etc.

Le collectionneur se considère comme un chercheur. D'ailleurs la « recherche » est un des comportements qui revient le plus souvent, si l'on se base sur les réponses du questionnaire113(*). Six collectionneurs sur neuf le placent en deuxième position dans leur liste personnelle114(*). Un le sous-entend, puisqu'il préfère parler de la « connaissance du passé » des objets115(*). Un autre encore intègre la « recherche » parmi plusieurs autres des comportements proposés116(*). Enfin le dernier indique « non » à côté de cette proposition117(*).

Leur motivation ? « Le fait d'être "expert" dans un domaine »118(*), répond un des collectionneurs. Expert... chercheur... Ils compilent un nombre incalculable de données et sont capables de parler des heures sur un objet. Ils effectuent parfois d'importantes recherches, dans leur quête des origines d'un objet, de l'historique de telle compagnie, tel navire, tel artisan parfois... Leurs recherches s'apparentent aux recherches scientifiques, techniques, historiques et même artistiques. Leur quête de la pièce rare les amène à s'instruire et lire. Des ouvrages écrits en langue étrangère ne leur posent aucun souci, leur passion faisant office d'interprète.

Il est cependant dommage que les collectionneurs du paquebot écrivent peu, et n'osent pas révéler leur intérêt et leur curiosité. Ils ne divulguent pas leurs recherches, qu'ils considèrent comme personnelles. Ils se coupent là encore du grand public. Ce faisant ils affirment encore une fois leur originalité et leur solitude.

1.2.3.4 « Paquebot-mania »...

Aujourd'hui il n'existe pas de terme spécifique pour désigner les collectionneurs de paquebots. On évoque cet engouement sous le vocable - aux connotations quelque peu négatives - de « paquebot-mania »119(*).

Les réponses à la question 33 « Diriez-vous que vous appartenez au mouvement de la « paquebot-mania ? » sont assez partagées. Sur neuf collectionneurs, cinq ont répondu « oui », dont un nuancé par l'expression « sans aucun doute »120(*). Parmi les quatre non, se trouvent les deux collectionneurs qui ne s'intéressent qu'au France et qu'au Normandie121(*), et un qui exprime sa réticence devant ce vocable, même s'il n'existe malheureusement pas actuellement d'autre terme.

Cette combinaison des mots « paquebots » et « mania », est dangereuse, car elle suppose que la collection est une « manie ». Or le mot mania signifie folie en latin et en grec. Ce qui, si nous nous rapportons à la définition du Larousse, voudrait dire que les collectionneurs font preuve d'une « habitude, un goût bizarre qui provoque la moquerie ou l'irritation », et au deuxième sens, « d'un goût excessif pour quelque chose, d'une obsession, d'une idée fixe »122(*). Suit la définition de la « manie » dans le vocabulaire psychiatrique123(*). Or il ne semble pas que tous ceux qui s'intéressent aux paquebots, ou qui vont jusqu'à former des collections de ces objets, soient « paquebots-maniaques » et atteints de folie... Ou alors ce serait penser que tous les collectionneurs, et non seulement les seuls collectionneurs du paquebot, soient l'objet de manies et agissent en « maniaques »...

Au contraire, les réponses de la question 39124(*) expriment pour cinq d'entre elles « un passe-temps agréable »125(*) ; deux d'entre elles évoquent « plutôt une passion »126(*) ou un passe temps voire « une grande passion »127(*). Une réponse est détournée : il s'agit de la « matérialisation nostalgique de moments exceptionnels »128(*). Enfin deux collectionneurs expriment sans détour que leur collection est « une passion dévorante »129(*), ou le fut jusqu'à un certain moment130(*). Même s'ils se considèrent tous comme passionnés131(*), nombreux sont ceux qui ne consacrent à leur collection que quelques heures par semaine132(*). En outre, dans tous les cas, leur collection n'a pas le monopole des « meilleurs moments de leur vie »133(*), bien qu'elle joue un grand rôle de détente, de relaxation et d'évasion.

Pour ces raisons, parler de « paquebot-mania » pourrait s'avérer dangereux. Ce terme implique un côté très négatif, et fait du collectionneur du paquebot, la risée de ses pairs et infériorise cette collection par rapport aux autres.

1.2.3.5 Ou « Paquebot-philie » ?

En lieu et place de ce terme de « paquebot-mania », je parlerais davantage de « paquebot-philie ». J'ai toujours considéré les collectionneurs du paquebot que je connais et côtois, comme des amis du paquebot134(*). Ces amoureux du paquebot, je les nommais des « paquebot-philes »...

En effet le mot öéëåéí signifie en grec « aimer » et öéëïò, « ami ». La langue grecque a cette chance, contrairement à la nôtre, de proposer divers mots en fonction des divers sens du verbe « aimer ». öéëåéí a ainsi la signification très précise135(*) d'aimer au sens d' « apprécier », de chercher. Il s'agit d'un amour intellectuel, d'une affection de l'esprit. Au même titre qu'un « philosophe » est un amant de la sagesse.

L'affection évidente que portent les collectionneurs à ces navires et à ce qu'ils suggèrent, évoquent davantage le comportement d'un amoureux que d'un « maniaque » au sens strict. Les collectionneurs choisissent leurs objets avec attention, et presque avec scrupule, éprouvent des « coups de coeur »136(*), s'intéressent à son histoire, ses pérégrinations. Ils ne se précipitent pas sur tous les objets qui évoquent le paquebot, comme une maquette récente en plastique pour les enfants qui représentent le Titanic ou un autre. Ce dernier comportement s'apparente à la « paquebot-mania ».

Le collectionneur de paquebot vit sa collection d'une façon intellectuelle. Il s'agit d'une occupation spirituelle137(*), de l'otium véritable préconisé par Sénèque138(*). L'otium est, dans l'idéal de vie romaine, la caractéristique de l'homme libre, consacré à un rôle social ou politique dans la cité. L'otium est l'occasion de s'occuper d'activité humaines, comme la vie publique, les sciences et les arts. Aujourd'hui, notre mot « loisir », encore mal choisi, englobe néanmoins cette notion sous l'expression « loisirs culturels »139(*). L'otium se pratique sur le temps libre, permet à l'esprit de se tenir en éveil... Un temps qui importait davantage que le negotium140(*) - le travail, qui s'accordait avec lui. Aujourd'hui le negotium, nouvelle vertu de l'homme libre depuis le XVIIIe141(*), a tendance à vouloir allonger sa durée temporelle et laisse de moins en moins de place pour l'otium, ou ce que Paul Valéry nomme aussi le « loisir intérieur »142(*). La collection permet de remédier à cet état de fait.

Cette occupation amène le collectionneur à réfléchir, à penser, à reconsidérer le monde, à travers le destin de ces navires, de leurs passagers, la fabuleuse destinée des objets, qui ressurgissent parfois des profondeurs d'un grenier ou lors d'une vente. « Méditer sur la sociologie du paquebot »143(*) est donc le propre d'une activité intellectuelle induite par la collection d'objets et son sujet, le paquebot.

1.2.4 Comportements de collectionneur

Le collectionneur se comporte souvent d'une manière ambiguë. Il est tiraillé entre deux forces contraires. L'une le place à l'écart des autres, et au-dessus des autres, le renferme à l'intérieur de lui-même, le nomme gardien d'un secret. La deuxième le conjure d'aller vers l'extérieur, de s'ouvrir, de se mêler aux autres, de partager sa passion et son intérêt. Quelque part le secret est trop lourd à celer. Werner Muensterberger indique que « le besoin de recevoir la garantie et l'approbation des experts est le reflet de deux forces qui habitent le collectionneur : le désir de s'affirmer par la possession et le sentiment d'être coupable d'orgueil et de pulsions narcissiques »144(*). L'enquête menée nous permet d'aborder certains des comportements intrinsèques au collectionneur du paquebot.

1.2.4.1 Solitude

La solitude est le lot des collectionneurs d'objets de paquebot, comme de tous les autres amateurs. Le gardien du trésor est toujours seul.

En effet, par manque de confiance en l'autre, et également un manque inconscient de confiance en soi145(*), les collectionneurs échangent peu, se rencontrent peu. Les contacts sont cependant la cause nécessaire d'un bon achat, d'une bonne vente. Ils en sont aussi la conséquence inéluctable. Parfois les contacts sont bons et vont jusqu'à l'amitié146(*). Cependant, inconsciemment encore chacun se méfie de la pensée et du jugement de l'autre. Chacun reste seul et veille jalousement sur ses objets. Cette méfiance engendrée par ce besoin de solitude explique le peu de prêts d'objets pour des expositions. Les quelques associations, qui existent, permettent de les mettre en relations. Mais elles n'empêchent en rien la solitude inhérente à la collection, lorsque le collectionneur se retrouve face à ses objets.

Néanmoins la solitude se délite lorsque la durée des collections est importante. Elle permet une plus grande prise de recul et une lucidité, due au fait que la solitude imposée par la collection amène le collectionneur à réfléchir aux questions dites existentielles qui taraudent l'esprit de tout être humain.

De plus la réaction de la famille est d'une importance cruciale. La famille rompt sa solitude. Le collectionneur craint sa réaction147(*). En règle générale, celle-ci joue le rôle d'un « garde-fou »148(*). Elle accorde de l'espace pour la collection, ce qui lui assure la reconnaissance du collectionneur, qui tente dès lors de grignoter l'espace afin d'en posséder davantage. Elle s'intéresse souvent, les enfants posent des questions, tous aident en brocante à chiner. Certaines familles partagent ou comprennent la passion du père. Il est d'ailleurs intéressant de remarquer la proportion de collectionneurs de sexe masculin qui ont répondu - favorablement ou non - à l'enquête : 12/13. Cependant la famille refuse de considérer la collection comme plus importante qu'elle. Ce qui amène le collectionneur à un conflit intrafamilial intérieur, et ajoute à son angoisse. Mais l'amène également à ne pas se perdre dans cette passion. A lui permettre « d'analyser et d'observer tout le reste »149(*).

En effet l'attitude du collectionneur s'apparente à un comportement antisocial. « Leur comportement et la nature de leur passion sont souvent caractérisés par l'alternance de phase d'euphorie, d'allégresse et de phase de tension, de détresse, de doute, de culpabilité. Cette passion est capable d'emmener certains vers la dévastation de leur vie entière : profession, famille, obligations et responsabilités sociales... »150(*). Ces aspects, très humains par ailleurs, sont exacerbés par cette retraite volontaire. Elle les oblige à un continuel va-et-vient entre leur vie « réelle » et leur vie « rêvée », et accentue encore leur solitude.

1.2.4.2 Désir de possession

Le désir de possession est un « symptôme » très fort qui caractérise toute collection. Les collectionneurs du paquebot n'y échappent pas. « Posséder les objets qui ont vécu »151(*) est le leitmotiv de bien des amateurs.

« Retrouver les objets de la marine »152(*) est un besoin fondamental, et induit la nécessaire attirance pour la recherche. Ce désir de possession les rend chercheurs scientifiques, mais également infatigables chercheurs de trésor. Cette attitude les incite au secret, car le secret est le plus fidèle gardien des trésors. Plus un collectionneur contemple d'objets dans sa caverne personnelle d'Ali-Baba, plus il devient taciturne sur sa collection. Paradoxalement le mystère dont il s'entoure, augmente d'autant son besoin de posséder. Le « fait impératif et compensatoire d'avoir et de garder un objet »153(*) est toujours une réponse subconsciente à un manque inconscient...

Même si la collection est jugée satisfaisante, elle n'est jamais terminée. En effet, il existe toujours une pièce qui manque, un objet à chercher. La quête de la pièce rare s'apparente à une quête du Graal : « trouver l'objet manquant et rare »154(*). Cette insatisfaction permanente conduit le collectionneur à amasser nombre d'objets. Et même s'il les sélectionne, les choisit avec soin, il lui est très difficile de résister à un « coup de coeur »155(*).

Il transforme alors son lieu de vie en un lieu qui est dévolu à ses objets. Cette possessivité extrême adressée aux objets leur accorde une importance capitale. « L'accumulation des reliques est typique de ce que signifie tout le processus de la collection »156(*). En effet, la relique est un objet que l'on retire de sa sphère usuelle, pour la placer sur un piédestal, à la vénération des fidèles. Elle est un symbole religieux, civique, ou même patrimonial. Pensons à nos monuments aux morts. Ainsi les objets collectés par l'amateur occupent une place transcendée et deviennent sacrés.

1.2.4.3 Curiosité

« Qu'est-ce qui pousse un amateur à rechercher, acheter et collectionner des objets « curieux » ? La curiosité ? Peut-être, mais une curiosité qui ne ressemble plus à celle de l'enfant ou du chercheur scientifique. Citons encore une fois Paul Valéry : « La curiosité est comme la pression d'existence du possible ». Cette formule admirable nous donne la véritable clef de la passion du collectionneur, cette forme supérieure de l'instinct de conservation. L'objet en devenant inutile a regagné au centuple sur le mode possible ce qu'il a perdu dans le domaine réel »157(*).

La curiosité est ainsi le déclencheur de la passion du collectionneur. Et il faut bien avouer, que dans le cadre d'une collection du paquebot, la curiosité est toujours éveillée.

D'après le psychanalyste Donald Winnicott, la curiosité est le phénomène conduisant l'enfant - au départ, mais cette observation se rapporte aussi à notre cas - à « déplacer le plaisir de la présence de l'autre vers un objet transitionnel, puis sublime cette présence à travers la connaissance ou la culture »158(*). Le transfert de l'intérêt sur un objet permet un investissement ensuite au niveau intellectuel et culturel. En outre « l'extension de la transitionnalité aux phénomènes culturels présente la culture sous l'aspect d'une sauvegarde contre l'angoisse de perdre l'objet »159(*). La curiosité est intrinsèquement liée au désir de possession. Elle en est sa cause première.

Ouverture de l'esprit au monde qui l'entoure, la curiosité permet au collectionneur de déclencher sa quête. En effet, le collectionneur du monde du paquebot se déplace et voyage presque autant que l'objet de son affection. Il court de ventes aux enchères en brocantes, s'arrête chez les antiquaires. Il est présent aussi aux vide-greniers, car de nombreux objets, dont la valeur n'était pas connue, sont disséminés ainsi lors d'un héritage non désiré. Enfin la curiosité le pousse à visiter des expositions concernant même des paquebots qu'il ne collectionne pas : ainsi l'exposition sur le Titanic à la Villette a-t-elle attiré des collectionneurs qui ne s'intéressent pas particulièrement à ce navire160(*).

De même ils visitent les nombreux musées de la Marine. Les collectionneurs interrogés sont tous français, et ne vont pas facilement visiter les musées étrangers. Le musée de Paris est le plus cité. Viennent ensuite les musées de Toulon, Nice, Brest, Marseille et Dunkerque. Malheureusement les musées français ne remportent pas les suffrages, car ils ne sont pas consacrés exclusivement aux paquebots - ce qui est normal, puisqu'il s'agit de musées de la « marine ». Cependant peu d'objets sont présentés, en comparaison des réserves existantes, et de surcroît mal présentés161(*). Quelques musées étrangers sont cependant indiqués avec la mention « ont plu » : Hambourg, Bremerhaven, Rotterdam, Gênes, Monaco...162(*) Mais aucun d'eux ne remporte autant d'approbation que l'écomusée de Saint-Nazaire où Escal'Atlantique est entièrement dédié au paquebot163(*). La curiosité les pousse à revenir plusieurs années de suite, afin d'observer les changements, et de visiter les nouvelles expositions.

1.2.4.4 Respect de l'objet

Ce respect des objets qu'ils déplorent ne pas trouver au sein des musées, les collectionneurs du paquebot en font leur devise personnelle.

En effet les objets, sortis de leur contexte premier, entament une longue transformation. Soumis à une perte de sa valeur d'usage, au sens patrimonial du terme164(*), l'objet se réifie, se condamne à une chosification certaine. Il perd toutes ses significations premières, d'objet d'usage - au sens propre du terme cette fois - et d'objet d'un quotidien transcendé.

Cependant le collectionneur traque, par delà l'apparence de l'objet, la « vie des objets touchés, réparés, "rescapés" ». "Si les objets parlaient" »165(*), que nous apprendraient-ils ? Il entraine un phénomène d'intention dans sa quête, et est à la fois sensible à ce que l'objet lui dévoile de lui-même, à l'aura de cet objet-survivant et témoin, et à la place de cet objet en particulier au sein d'un ensemble qu'il a lui-même constitué. « L'aura isole l'objet [...] de son environnement, mais elle crée par là même les conditions d'une résonance avec d'autres singularités pareillement isolées »166(*). Le collectionneur accorde alors une autre importance à l'objet que celle qui lui était intrinsèquement dévolue. Nouveau démiurge, il lui permet d'entamer une nouvelle vie, brillante et glorieuse - car il est preuve d'un passé mythique, mais également celée au reste du monde, car il ne se confronte plus qu'au regard du collectionneur.

Ce respect est sujet à de nombreux paradoxes. Au final il ne respecte et ne considère pas l'objet en tant que tel. Il transforme l'aura de l'objet, par son intention et son attention. Une autre contradiction avérée chez le collectionneur du paquebot est son attitude face aux objets. En règle générale, le collectionneur dépose ses reliques dans des endroits sécurisés, où elles ne craignent ni les attaques humaines ni celles du temps. Ainsi les objets fragiles ne sont jamais exposés, jamais montrés. Le collectionneur lui-même se soustrait à leur vision et leur contemplation, par pure vénération et tentative de les élever à une dimension immortelle et intemporelle. Cependant, le collectionneur du paquebot a cette chance de posséder des objets dont il peut faire usage. Cet usage-là est encore différent des précédents. Il incarne en effet, un retour dans le passé, une sauvegarde des rituels du paquebot, à l'instar de ce collectionneur contemporain qui affectionnait la Renaissance et qui ne s'habillait qu'en habits du XVIe167(*)... Par exemple, de nombreux collectionneurs se servent des services à vaisselle en porcelaine, des couverts en argenterie, ou bien des verres en cristal, ou encore des services à café, à thé, lors de dîners ou de rencontres entre amis. Certains usent des fauteuils et sièges dans leurs salons, salle-à-manger ou bureau168(*). Les transats169(*) en état peuvent également être occupés l'été dans le jardin ou dans une véranda. Ou bien encore le linge de cabine, de table... peut agrémenter l'accueil des invités170(*). Cette distinction entre se servir des objets et ne pas s'en servir est importante, car elle révèle les dissensions entre les collectionneurs. Certains refuseront de se servir de leurs objets, car le caractère sacré qu'ils leur confèrent, les rend trop précieux à leurs yeux171(*). A contrario, ceux qui les utilisent, se persuadent consciemment de leur rendre un grand hommage, en permettant aux objets de trouver une nouvelle valeur d'usage - au sens patrimonial, une nouvelle vie.

Devenir collectionneur du paquebot demande donc un ancrage profond dans un monde sur le point de disparaitre, mais qui survit de diverses manières. Le collectionneur en est une des survivances les plus inattendues, car il mène une guerre contre l'Histoire, qui avance toujours, en faisant de la Mémoire et du Patrimoine ses devises.

1.3 Collections d'objets de paquebots

« Les objets [...] sont, en dehors de la pratique que nous en avons, à un moment donné, autre chose de profondément relatif au sujet, non seulement un corps matériel qui résiste, mais une enceinte mentale où je règne, une chose dont je suis le sens, une propriété, une passion.» Jean Baudrillard172(*).

La passion meut les aspirations et les désirs du collectionneur. Il acquiert nombre d'objets selon des critères précis, individuels, inconscients même. La collection d'objets est le prolongement matériel des aspirations du subconscient du collectionneur. Elle le représente, car il se met en scène à travers elle.

Les thématiques sont très variées et sont souvent en accord avec d'autres collections entamées par les collectionneurs dans le même domaine d'objets : vaisselle, transports, médailles/monnaies...

«  Ce ne sont pas les objets que l'on désire, c'est l'objet qui vient vers vous »173(*). Renversement subtil des valeurs, puisque le collectionneur n'a plus à chercher, l'objet se présente de lui-même. La collection représente une synthèse de différents instants de l'Histoire. La mémoire de chaque collectionneur crée un temps continu selon une logique et une cohérence propre. « C'est à cet instant qu'on reconnait précisément le collectionneur. Il se fiche de la mode. Il transcende le temps »174(*). L'objet se déniche, se déclare, se révèle lui-même au sein d'un ensemble qui ne lui est pas familier dès l'abord.

Ainsi à travers sa préoccupation des objets, le collectionneur du paquebot s'intéresse à la constitution et la préservation d'un ensemble défiant la marche temporelle.

1.3.1 Quels objets collectionner ?

Le collectionneur d'objets de paquebot est un collectionneur comme un autre, plus qu'un autre peut-être, car il peut tout collectionner. Tout est sujet à être collectionné.

Parmi les objets recherchés par les collectionneurs du paquebot, se distinguent plusieurs thématiques. L'enquête permet de mieux délimiter les champs d'investigation de ces collectionneurs du paquebot175(*).

1.3.1.1 Quels paquebots ?

Les paquebots en eux-mêmes paraissent bien évidemment être ce que nous pourrions nommer la matière première de ces collections. Cependant les directions suivies par les collectionneurs divergent toutes, selon leurs convictions et leurs intérêts.

En effet, si la plupart des collectionneurs interrogés sont français, cinq seulement ne collectionnent que des paquebots français, sachant que deux collectionnent un paquebot particulier176(*). Les cinq autres collectionneurs s'intéressent, outre à la France, à l'Italie, la Grande-Bretagne, l'Europe ou à tous les pays177(*). Cinq collectionneurs s'intéressent aux navires du milieu ou fin XIXe, jusqu'au milieu du XXème à peu près178(*). Deux débutent leur collection à l'année 1935 jusqu'aux dernières années du XXème179(*). Un commence en 1900 et s'arrête au France 1962180(*). Peu collectionnent sur les navires de croisières actuels.

Les compagnies maritimes suivent conséquemment ces choix. Pour autant, les collectionneurs ciblent également ce thème. La CGT, Compagnie Générale Transatlantique181(*), est bien évidemment la plus citée, et la plus appréciée des collectionneurs français, grâce aux paquebots Normandie, France, etc. Viennent ensuite les Messageries Maritimes182(*), compagnie citée par quatre collectionneurs. Seuls deux collectionneurs citent d'autres compagnies françaises183(*), « Société Générale de Transports Maritimes, Fraissinet et Cyprien Fabre, Paquet, Compagnie de Navigation Mixte »... ou encore « Chargeurs Réunis[...], la Sud Atlantique »... en raison de leurs thématiques plus ouvertes.

Bien évidemment les compagnies étrangères sont notifiées, comme la compagnie anglaise Cunard184(*), pour les amateurs de paquebots tels les Queen Mary I et II, ou les Queen Elizabeth I et II... ; ou bien la Norddeutscher Lloyd185(*), Hamburg America Line186(*), Italia di Navigazione187(*), la Deutsche Ost Afrika188(*), et bien d'autres...189(*)

Quant aux paquebots eux-mêmes, certains les citent, d'autres indiquent des années préférentielles, d'autres encore estiment que la liste des compagnies indiquent suffisamment les navires qui les passionnent190(*). Au final, la plupart des collectionneurs se retrouvent sur une période, fin XIXe-début XXe aux deux guerres mondiales.

1.3.1.2 Quels types d'objets ?

Plusieurs types d'objets intéressent les collectionneurs191(*). La question de l'enquête était très détaillée, presque trop, ce qui n'a pas incité les collectionneurs à affiner leurs réponses. Cependant certains ne collectionnent pas tout, et ont marqué leur préférences par des croix, des « oui », des rajouts...

La première série d'objets collectionnés concernent les documents écrits. « Embarqué sur un porte-conteneurs sur lequel se trouvaient encore des menus des paquebots des Messageries Maritimes illustrés par Albert Brenet192(*) et également des certificats de passage de l'Equateur, j'ai commencé à les collectionner »193(*). En effet, ce sont les moins encombrants, les plus aisés à ranger et presque à conserver. Menus, affiches, CPA, albums humoristiques, éventails, calendriers, diplômes de passage de la ligne, les collectionneurs s'intéressent à tout ce qui se rapporte à leur thématique de départ, excepté deux collectionneurs dont un qui ne collecte pas les CPA194(*).

Les documents audiovisuels - photos, films, diapos - sont moins importants en terme de nombre que les documents écrits. Cependant ils sont un témoignage rare, précieux et de ce fait très recherché195(*). Outre les nombreux tournages cinématographiques sur des paquebots comme France, Queen Mary..., les voyages et surtout ceux d'inauguration étaient filmés196(*). Certaines vidéos sont même visibles sur internet, sur Youtube, Yahoo Video et d'autres197(*).

Les objets du quotidien sont également des objets fort importants dans une collection portant sur le monde du paquebot. Ils concernent tous les aspects de la vie à bord et des arts de la table : vêtements, linge de cabine, de table, vaisselle, argenterie, orfèvrerie, cristallerie, porcelaine, cendriers...198(*) De même le mobilier intéresse nombre de collectionneurs : fauteuils, chaises, bureaux...199(*)

Quant aux maquettes, de taille variable suivant les échelles, elles demandent de ce fait plus ou moins d'espace. Les petites maquettes sont à 95% en plomb à l'échelle 1/1,250e. Les grandes sont en bois, en métal, parfois en plastique, mais aussi en kit à monter soi-même200(*). Plusieurs magasins de modélisme vendent ainsi des maquettes de paquebots. Ils se trouvent principalement en Allemagne, Pays-Bas ou aux Etats-Unis.

Cependant certains collectionneurs refusent également catégoriquement de s'intéresser à certains types d'objets, souvent pour des questions de goûts : cendriers, timbres, les « souvenirs » fabriqués par la mania autour de certains paquebots, les paquebots maudits, les cargos, les ferries...

1.3.1.3 Evolution de la collection

La collection ne reste jamais figée. Elle est considérée comme « vivante » par tous les collectionneurs interrogés. Les thématiques, les spécialités évoluent.

Celles-ci sont très variées. Il peut s'agir de types d'objets, maquettes201(*), argenterie202(*), ou objets nautiques203(*)... ou bien de thématiques géographiques204(*) - lignes d'Asie / d'Amérique / d'Afrique, de thématiques nationales205(*) - par compagnies, annuelles206(*), ou encore maritimes207(*).

L'évolution s'effectue de deux façons différentes. En règle générale, les collectionneurs finissent par cibler davantage leurs thématiques. La collection s'intériorise pendant qu'ils se spécialisent sur un thème particulier.

Néanmoins la collection peut se tourner également vers l'extérieur. Un collectionneur explique qu'il collectionnait « au départ les compagnies, d'abord françaises qui entretenaient des lignes maritimes avec les anciennes colonies ; puis ma collection s'est développée sur les coloniales allemandes, compagnies hollandaises, portugaises ; enfin élargissement sur les autres compagnies françaises qui naviguaient entre l'Europe et l'Amérique »208(*). Un tel élargissement de sa thématique d'origine n'est pas fréquent chez les collectionneurs. Il révèle la notion d'universalité défendue dans la singularité d'une collection209(*).

1.3.2 La gestion des objets

« Le goût de la collection est un espèce de jeu passionnel »210(*). Comme tel, il a ses règles de fonctionnement, ses usages... Aspect fondamental d'une collection, la gestion des objets demande des moyens temporels et matériels, que le collectionneur sacrifie avec joie dans cette quête des objets.

1.3.2.1 Se procurer les objets

Se procurer les objets demande une attention quotidienne. Cette recherche dépend bien évidemment du budget alloué. Peu de collectionneurs ont un budget défini pour leur collection. En règle générale, ce budget est considéré comme celui des loisirs et est fonction de nombreux critères propres à chaque collectionneur.

Les moyens sont multiples211(*) : achats, ventes, reventes, héritages, cadeaux, échanges... Tous ne sont pas évidemment mis en oeuvre. Huit collectionneurs pratiquent des achats réguliers212(*). Beaucoup ne revendent pas leurs objets. S'ils le font, c'est en fonction de contexte particulier : un objet en meilleur état, ou un changement de thématiques dans la collection.

Les méthodes dépendent de l'envie que procure l'objet, de sa valeur intrinsèque et de celle définie par le marchand ou l'intermédiaire, et bien évidemment des moyens financiers. Les différentes manières d'acheter sont les suivantes : achat immédiat, marchandage, enchères. Les collectionneurs usent de toutes sans discrimination, jouant entre la valeur réelle, la valeur affective et la valeur donnée par le vendeur.

Tout est ainsi mis en oeuvre dans la recherche de la pièce rare, espoir que cultive chaque collectionneur et qui fait que la collection n'est jamais terminée.

1.3.2.2 Lieux de vente

Les lieux de vente où les collectionneurs peuvent se procurer des objets, sont assez diversifiés. Ils s'y déplacent en général en personne.

Les brocantes, et les vide-greniers ont eu leur heure de gloire. Certains collectionneurs ont ainsi parcouru des kilomètres sur toute la France, pour chiner sur telle brocante...213(*) Malheureusement, les anciens officiers de la Marine Marchande dont les héritages étaient dispersés ainsi, ont à l'heure actuelle souvent disparu. Ces lieux ne recèlent désormais que peu de trésors, sauf exception évidemment.

Les collectionneurs cherchent également chez les antiquaires. Ceux-ci récupèrent en effet souvent des héritages, et partant parfois ceux des officiers de Marine ou des voyageurs. La valeur des objets est ici reconnue, voire même selon l'intérêt qu'elle peut procurer, augmentée... Les antiquaires craignent en effet que certains acheteurs ne soient pas réellement collectionneurs et revendent les objets acquis.

En outre, l'on assiste en ces lieux à une certaine entraide entre collectionneurs214(*). En effet si plusieurs vont ensemble sur une brocante, se séparent pour couvrir tous les stands, s'ils remarquent un objet qui peut intéresser leur ami, ils le contactent et en fonction le réservent pour lui, ou l'achètent et le lui revendent au même prix. Certains vont même jusqu'à offrir certains objets à d'autres collectionneurs.

Quant aux ventes aux enchères, les collectionneurs préfèrent s'y déplacer en personne. Elles exercent un attrait puissant, ne serait-ce que pour apercevoir les autres collectionneurs qui y participent. Elles permettent de prendre contact avec les experts en charge de la vente des objets, et de connaître leur valeur estimée objective et la valeur subjective accordée par l'acheteur. Les plus beaux objets partent ainsi.

La présence du collectionneur sur le lieu de vente peut être également virtuelle. En effet les enchères peuvent avoir lieu par téléphone ou par internet215(*), ce qui augmente le nombre d'acheteurs potentiels, mais frustrent également les acheteurs présents. En outre de nombreux sites internet de ventes aux enchères proposent des objets qui intéressent les collections de paquebots, tels Ebay216(*), ou Delcampe.net217(*)...

Ces sites internet connaissent une très grande affluence, pour ceux des collectionneurs qui bénéficient des moyens de connexion. Ils permettent également à une certaine forme de relations amicales et intellectuelles de voir le jour.

Cependant un des risques de ces sites est que le collectionneur ne voit que des photos de l'objet avant l'achat, qu'il soit immédiat ou soumis à une enchère. Ce qui provoque inévitablement des risques d'impostures ou de mauvaise information, au sujet de l'état véritable de l'objet. Afin de pallier à ce problème, les objets sont généralement photographiés de divers angles, et de la façon la plus précise et détaillée possible.

1.3.2.3 Inventaires

L'inventaire occupe une place à part chez les collectionneurs. D'après l'enquête, seuls trois collectionneurs sur dix effectuent un inventaire de leur collection218(*). Les autres réponses ne sont constituées que d'un « non », qui ne laisse guère de place à l'imagination.

Cependant chaque collectionneur envisage une manière différente de récoler les objets qu'il possède. Le plus simple est encore de faire un inventaire sur papier, ou sur informatique, ce qui oblige au maniement de logiciels de gestion, comme Excel, ou Access. D'autres logiciels permettent également de pouvoir en face de chaque fiche ajouter des photos numériques des objets. Malheureusement cette partie de l'inventaire demande énormément de temps et d'espace. Les photos sont donc laissées souvent de côté. Cependant tous les objets ne figurent pas forcément dans l'inventaire par manque de temps. Celui-ci est toujours actualisé.

La plupart des collectionneurs préfèrent effectuer l'inventaire dans leur tête. Leur mémoire est exponentielle en ce qui concerne les objets qu'ils possèdent. L'inventaire garde ainsi une part de mystère, et le visiteur est dépendant du collectionneur, puisqu'aucune donnée n'est disponible autrement. Cependant cette technique s'expose à des risques extérieurs comme vols, inondations ou incendies... En ce cas, aucune preuve ne peut malheureusement être fournie aux assurances, et ces objets sont entièrement disparus ou abîmés.

1.3.2.4 Classement

A contrario de l'inventaire, le classement est une démarche précise auquel ne déroge pratiquement aucun collectionneur. En revanche les critères de classement sont assez variés.

Quelques uns sont « bohèmes »219(*) ou n'ont pas de classement particulier220(*). D'autres ont une organisation précise. Ils classent les documents papiers par exemple par compagnies, navires et dates de lancement221(*). D'autres classent les objets par thèmes, arts de la table / vie à bord / distraction...222(*)

En général, les objets, dont la vaisselle et l'argenterie, sont rangés dans des vitrines, spécialisées ou non, des armoires, ou emballés dans des malles, des cartons. Les documents sont placés sous feuilles plastiques dans des classeurs, ou entrés dans des albums photos comme les CPA. Les affiches sont quelques fois plastifiées, souvent encadrées et placées comme décoration murale. Le rangement des maquettes dépend bien évidemment de leur taille. Les grandes sont parfois protégées par des encadrements en verre, tandis que les petites au 1/1250e peuvent être mises en scène en des dioramas... Les collectionneurs n'hésitent pas à nettoyer eux-mêmes leurs objets, ou dans le cas de réparations plus techniques, à contacter des restaurateurs qualifiés et spécialisés.

Paradoxalement ces classements ne dépendent pas vraiment de la durée passée à « contempler » 223(*) sa collection224(*). Néanmoins plus le collectionneur passe de temps au milieu de ses objets, plus sa gestion sera optimale et son agencement proportionné au besoin de contemplation récurrent chez nombre de collectionneurs.

1.3.3 La mise en valeur de ses objets

Les collectionneurs ont diverses manières de mettre en valeur les objets qu'ils conservent en dehors du temps. Jean Baudrillard rappelle ce qu'est un objet. « Tout objet a ainsi deux fonctions : l'une qui est d'être pratiqué, l'autre qui est d'être possédé. Ces deux fonctions sont en raison inverse l'une de l'autre. A la limite, l'objet strictement pratique prend un statut social : c'est la machine. A l'inverse, l'objet pur, dénué de fonction, ou abstrait de son usage, prend un statut strictement subjectif : il devient objet de collection »225(*). Or les collectionneurs d'objets de paquebots jouent sur ces deux fonctions à travers leurs diverses propositions de valorisation et de monstration de ces objets.

1.3.3.1 Le « Musée »

Nombreux sont les collectionneurs qui présentent leurs objets de collections dans une pièce, voir plusieurs, auxquelles ils vouent une attention particulière. Six collectionneurs indiquent avoir au moins une pièce réservée226(*). La dénomination de cette pièce varie en fonction des collectionneurs : de « bureau », elle devient « pièce marine » pour atteindre un statut particulier lorsqu'elle est désignée sous le vocable « musée »227(*).

En fonction des types d'objets et de leur nombre, les collectionneurs se partagent entre plusieurs conceptions de ce « musée ».

La première mise en valeur est la présentation en vitrines des objets parmi les plus précieux aux yeux de son possesseur. Cette vitrinisation concerne principalement les médailles, la cristallerie, la porcelaine, l'argenterie et parfois les maquettes. Elle est également une manière de conserver des objets. Sept collectionneurs utilisent ainsi des vitrines228(*). D'autres usent d'étagères, de meubles de rangements, ou de bibliothèques229(*).

La muséographie est adaptée aux lieux d'habitation. Le collectionneur utilise les dessus des meubles pour poser ses maquettes. Les affiches et certains documents sont encadrés et placés au mur. Les vitrines sont placées dans la pièce réservée, mais aussi en dehors, dans les couloirs, le salon...

Au sein de cette antre particulière et sacrée, certains opèrent une recontextualisation des objets en forme de dioramas. Ainsi un collectionneur expose ses maquettes au 1/1,250e dans un meuble de présentation qu'il a conçu et fait fabriqué sur mesure230(*). Il y reconstitue en grande partie le port de Hambourg. Ce « port » présente des maquettes de navires de toutes sortes : paquebots, cargos, porte conteneurs, pétroliers... Mais le décor est également constitué de quais, de maisons miniatures de Hambourg ou d'autres monuments célèbres qui sont répliqués en miniatures. Il s'agit presque d'une collection d'objets tournant autour de la collection principale.

Ce musée est aussi l'occasion pour le collectionneur de se faire guide, et d'inviter au voyage ceux de ses amis ou de sa famille qu'il désire initier. Il prend ici pleinement conscience de son rôle d'intermédiaire entre les objets et les visiteurs. Le « musée » est un lieu hors du temps et de l'espace, confié à la garde de l'amateur et à ses soins pour la transmission d'un héritage.

1.3.3.2 « Musée imaginaire »

Cependant certains collectionneurs ne sacrifient pas au rituel de l'espace vital de l'objet231(*). Ils se contentent, si l'on peut dire, de les connaitre, au sens intellectuel du terme, à savoir qu'ils possèdent l'intégralité de leur collection dans leur tête. Ils ne voient donc pas la nécessité de l'exposer. Les objets sont ainsi précieusement emballés, et pratiquement jamais déballés. Ainsi deux collectionneurs précisent qu'ils n'ont pas de pièces réservées à cet usage232(*).

Ils se créent en revanche une sorte de « musée imaginaire », selon l'expression d'André Malraux233(*). Simplement il s'agit d'une représentation différente. Pour Malraux, l'esprit cultivé peut se permettre de choisir des oeuvres, a priori disparates et sans rapport entre elles, de les décontextualiser et de les placer ensemble dans une sorte de sanctuaire spirituel et intellectuel dédié à la culture et à l'art. Ici, le collectionneur connait précisément tous les objets qu'il possède. Même ceux qui font usage d'un inventaire papier, savent vous dire exactement si cet ouvrage figure dans leur bibliothèque, si telle carafe, telle tasse, ou telle carte postale est présente parmi leurs objets. Ils savent précisément toute l'histoire de l'objet, ou du moins, tout ce qu'ils ont pu découvrir à son sujet. Contrairement à Malraux, chaque objet est contextualisé de façon conceptuelle certes, mais il est perçu comme une partie d'un tout, en même temps que pour lui-même.

1.3.3.3 Musée virtuel

Il existe également une autre manière de valoriser des collections personnelles. Ce que nous pourrions appeler un musée virtuel. Certains collectionneurs proposent en effet sur des sites internet ou des blogs, des reproductions ou scans d'objets de leurs collections. Ne serait-ce que l'association French Lines, qui donne sur son site internet la possibilité au visiteur virtuel de contempler des objets non exposés par manque de locaux234(*). D'autres collectionneurs privés exposent également leurs possessions sur des blogs personnels235(*). Ainsi ils mettent en place un système de monstration particulier, qui n'impose ni contraintes de lieux, ni de sécurité.

La forme de ces musées est quelque peu originale, puisqu'elle ne nécessite pas d'effort de recontextualisation en 3D particuliers. En effet, les images sont présentées seules sans cadre par exemple et avec une simple légende. L'intérêt principal de cette valorisation étant l'approche d'un très large public et l'ambition d'apporter à sa connaissance.

1.3.3.4 Musée « usuel »

Jean Baudrillard exprime l'idée que l'objet, une fois affranchi de son rôle usuel, se trouve sujet à une affection étrangère qui le renvoie à un autre lui-même, revêtu d'une signification abstraite presque spirituelle236(*). Or le collectionneur d'objets de paquebot se joue de cette définition de l'objet de collection, puisqu'il se place au croisement de deux idées : se servir ou ne pas se servir de ces objets237(*).

Certains objets sont en effet plus faciles d'utilisation que d'autres. Les menus imprimés ne peuvent pas être réutilisés par exemple. En revanche un menu vierge peut servir de décor pour un repas et même être usité plusieurs fois. Certains collectionneurs usent ainsi du mobilier qu'ils acquièrent, chaises, fauteuils... installés en permanence dans le salon ou la salle à manger, ou qui servent même de chaises de bureaux dans la pièce réservée à la collection238(*). Le linge de table, nappes, serviettes, ou de cabines, peignoirs... offrent un confort inégalé lors de réceptions familiales ou amicales239(*). Enfin la vaisselle, porcelaine, argenterie et cristallerie, sous réserve d'avoir réussi à trouver des services entiers, retrouvent une nouvelle vie sur de nouvelles tables.

Certains collectionneurs n'hésitent donc pas à se servir de leurs objets. Il s'agit là d'une troisième fonction de l'objet, puisque celui revient à sa fonction initiale, chargé cependant d'un affect véritable. Son aura240(*), sa valeur ont changé, puisqu'il est ici usité comme objet de collection. Ici les objets atteignent un degré de monstration particulier, qu'il serait impossible de proposer dans un musée par exemple.

1.3.3.5 Exposition organisée, participée

Certains collectionneurs prêtent ainsi leurs objets, mais cela leur demande une importante mise en confiance pour des questions de sécurité. L'exposition du Musée Portuaire de Dunkerque en collaboration avec French Lines a bénéficié par exemple de nombreux prêts privés.

Trois collectionneurs ont participé ou organisé des expositions241(*). Un autre indique même la mention « en projet ». Cette volonté de partage se dévoile bien à travers l'exemple suivant.

Un des collectionneurs interrogés avait organisé une exposition, avec un autre collègue, afin de faire découvrir à des scolaires le monde de la Marine. Ils ont ainsi, basé leur enseignement annuel d'une classe de seconde autour de la littérature, de la poésie, ou des calculs autour des étoiles, de l'utilisation du compas etc. Ces thématiques ont ainsi permis de monter une exposition intitulée « La Mer et ses voyages » en collaboration avec Daniel Sicard, de l'Ecomusée de Saint-Nazaire, et le Musée des Arts décoratifs de Boulogne242(*). La découverte de ce monde maritime s'est poursuivie par une visite commentée des Chantiers navals de Saint-Nazaire.

Ce même collectionneur avait également participé à une autre exposition pour une école primaire, et avait accueilli la classe chez lui pour la visite de son musée personnel : il avait montré ainsi aux enfants, maquettes à l'appui, toutes les différences entre les différents types de navires.

1.3.4 Penser à l'avenir de la collection

L'avenir de sa collection est un sujet auquel le collectionneur ne pense pas, ou préfère occulter dans un coin de son esprit, dans un sursaut de désir d'immortalité. Parmi les collectionneurs interrogés, peu d'entre eux ont pour le moment envisagé ce futur angoissant243(*). Leurs déclarations sont évidemment placées sous le sceau de la confidentialité. Cependant l'enquête a permis, au moins pour quelques autres, d'y porter attention.

1.3.4.1 Dispersion de collections

Malheureusement ces non-dispositions amènent à la dissolution des collections, ce qui, me faisait remarquer un collectionneur, est tout à fait bénéfique aux amateurs des générations suivantes244(*), et constitue un « cycle de vie »245(*) ou un « feu d'artifice sacrificiel »246(*).

L'expression est particulièrement intéressante, car elle explore la notion de sacrifice en l'inversant. En effet, le sacrifice est souvent perçu comme étant effectué par le collectionneur247(*) au bénéfice des objets, considérés comme des déités. Ici il s'agit au contraire d'un sacrifice différent, qui ressemble fort au sacrifice des objets quotidiens du défunt, dans l'Antiquité. Néanmoins, au lieu d'être enterrés avec lui, ces objets gagnent un sursis, connaissent une nouvelle fois la célébrité, et partant, permettent au nom du collectionneur disparu248(*) de bénéficier d'une part d'éternité. Ils gardent en eux la présence de ce premier collectionneur, il appartient à leur histoire d'objets de collection.

Les collectionneurs supportent difficilement le rappel de la fragilité du destin de leur collection. Ils ont peur de la dispersion, mais savent qu'elle fera le « bonheur d'un [d'autres] collectionneur[s] »249(*). Eux même ont collectionné ainsi. Il s'agit d'un cycle, d'un éternel recommencement.

Les collectionneurs estiment qu'ils sont les plus à même de respecter les objets qu'ils découvrent, qu'ils choisissent... Ils ne peuvent simplement pas donner leur collection à un autre, car ils n'ont aucune garantie que celle-ci restera intègre. La dispersion d'une collection « personnelle » les déchire, car ils se méfient des lieux de conservations publics, tels les musées ou les associations, et sont extrêmement partagés en ce qui concerne la dissolution de leur collection. Beaucoup tentent de reléguer le problème, car il leur apporte une angoisse supplémentaire.

Nonobstant quelques collectionneurs ont réfléchi au problème que constitue l'avenir de leur collection250(*). Ils souhaitent ainsi contrôler encore une fois ce destin par deux moyens : la vente et le legs.

1.3.4.2 Le Legs

Plusieurs sortes de legs sont envisagés par les collectionneurs, même parmi ceux qui n'ont pas encore pris de dispositions.

Le premier concerne les héritiers présomptifs du collectionneur. Certains souhaitent, comme beaucoup d'autres collectionneurs, que l'héritage qu'ils ont ainsi accumulé durant tant d'années et qui a acquis une valeur certaine, reste intègre au sein de leur famille, voire même que leur quête soit poursuivie par leurs descendants, ou à tout le moins sauvegardée pendant quelques générations251(*). Les héritiers sont les premiers intermédiaires du collectionneur. Malheureusement celui-ci est suffisamment lucide, pour se douter que peut-être, sa collection n'intéressera pas les membres de sa famille. Il lui faut prévoir d'autres options.

Le legs à une association est regardé avec réticence par les collectionneurs, surtout ceux du monde du paquebot. Tout d'abord parce qu'il n'existe que peu d'associations concernant les paquebots, susceptibles de conserver leurs legs. En outre, l'association comporte toujours un futur incertain, car elle n'est pas exempte du risque de dissolution, ce qui implique un partage ou la vente des biens lui appartenant. Ainsi toutes les collections du Musée Maritime Chantereyne de Cherbourg ont-elles été mises en vente en novembre 2008252(*). Ce qui a motivé l'association French Lines à faire préserver une partie de ses collections d'objets de paquebots sous le domaine public et de l'inaliénabilité. Cependant cette dernière n'est pas considérée comme un partenaire légataire intéressant, car il parait à peu près certain qu'elle possède déjà dans ses collections l'équivalent de ce que possèdent les collectionneurs. Même si le cas échéant, quelques objets peuvent l'intéresser, la collection ne saurait être intégrée dans son intégralité à ses possessions.

Léguer à un musée ? Cela peut se révéler intéressant en fonction des termes du contrat de legs. Cependant tous les musées ne peuvent agir comme l'Internationales Maritimes Museum Hamburg253(*), qui recueillit, grâce à une fondation254(*), l'intégralité de l'incroyable collection privée de Peter Tamm. Un étage - le Deck 9 - est ainsi consacré exclusivement à la présentation des 36 000 maquettes de navires à l'échelle 1/1,250. Encore en vie, ce collectionneur vient visiter ce musée quotidiennement, et continue d'enrichir sa collection.

Si certains collectionneurs envisagent de léguer quelques pièces à un musée, peu pensent léguer la totalité de leur collection, malgré l'aspect positif de la pérennité et de l'inaliénabilité offertes255(*). Certains souhaitent en effet que leur collection, une fois léguée, soit exposée pratiquement dans son intégralité, dans une salle spéciale, ou éventuellement parmi d'autres objets. Or les contraintes actuelles concernant les legs au musée, ainsi que les espaces dévolus aux expositions, ne permettent pas forcément de mettre en oeuvre ces souhaits. Cependant le fait que le musée puisse apporter à la connaissance du public est un élément majeur à prendre en compte et qui poursuit la quête des collectionneurs, dans leurs désirs de sauvegarder un patrimoine et de - si possible - le partager.

1.3.4.3 La vente

La vente d'une collection est l'avenir le plus fréquent pour une collection. Elle effraie mais subjugue les collectionneurs. Sentiment ambiguë, mais qui reflète leur souhait paradoxal : la trahison de voir dévoiler leur intimité, si l'on peut dire, et l'espoir de reconnaissance qui ne manquera pas devant l'exposition d'un tel ensemble, estimé à sa valeur par des pairs.

La vente aux enchères est un des moyens les plus sûrs pour un collectionneur de connaitre le destin final de ces objets. Seulement si elle est effectuée de son vivant. En effet, le collectionneur, de par la fréquentation assidue des salles d'enchères, connait assez bien le petit monde des experts du paquebots. Il connait lui-même la valeur - intrinsèque comme marchande - de ses objets, et peut donc surveiller de près cette dispersion voulue et contrôlée. En somme, un dernier acte de possession, de regard, avant la disparition d'objets anciennement convoités.

Evidemment si le collectionneur ne prend pas de dispositions particulières, et que les héritiers ne s'intéressent pas à cette collection, celle-ci risque énormément. La grande période des brocantes, vide-greniers, et même antiquaires lors d'un héritage, l'a démontré. Peu de vendeurs - hors les antiquaires, bien entendu - connaissaient parfois la valeur réelle des objets dont ils ne voulaient plus. La collection ainsi dispersée fait bien évidemment le bonheur des autres collectionneurs. Cependant, elle n'est pas reconnue à sa juste valeur, ainsi que la lutte incessante de son ancien propriétaire dans l'édification de cet ensemble.

Les collections d'objets de paquebots sont à la fois toutes semblables et toutes dissemblables. Chacun est seul maître à bord de sa collection et pourtant toutes permettent la naissance d'un immense lieu dédié au paquebot. La quête à laquelle il se sacrifie le dépasse, car elle le transforme, à l'instar des autres collectionneurs, en porteur de Mémoire(s).

Conclusion

La collection d'objets de paquebot est la clef d'un univers mémoriel et patrimonial. Elle exige beaucoup du collectionneur, en termes de moyens temporels, matériels et immatériels, en échange d'une place privilégiée au sein d'un univers revisité. Elle lui offre l'appréhension et la compréhension d'objets les plus variés. Objets qui s'accompagnent d'une aura très particulière, très différente, d'une mémoire contextuelle, individuelle, mais également multiple... « Seules les traces font rêver » exprimait René Char256(*). Les objets sont investis d'une charge émotionnelle puissante, d'une charge historique, comme témoins objectifs du passé disparu.

Une collection de ces objets est comme une succession de « traces », de mémoires. Reprenons avec Krzysztof Pomian les propos de Daniel Cordier : la collection est « un éblouissement qui `participe de la révélation' »257(*).

Le collectionneur d'objets de paquebot se crée une filiation originale : il devient l'héritier du monde du paquebot, un héritage partagé par tous ceux qui, comme lui, sauvegardent les objets de ce passé exceptionnel. Il devient aussi l'héritier, le gardien de la mémoire de ces 72 millions d'Européens, qui ont vogué ainsi à la recherche d'une nouvelle vie, d'une vie meilleure, ou de ceux, fonctionnaires, ingénieurs, qui se rendaient à l'étranger pour leur travail... Gardien des mémoires d'une société toute entière et d'époques historiques diverses et variées, le collectionneur paquebot-phile mérite donc une place particulière au sein des collectionneurs privés. Dépositaire de ces « traces » matérielles, immatérielles, il lui revient de les rechercher, les collecter, les conserver, les révéler enfin, à un moment choisi par lui ou lorsque lui-même ne sera plus que « traces » dans l'esprit des vivants.

Le collectionneur permet ainsi la résurgence dans le temps présent de souvenirs du passé. Mécène du Patrimoine, il ne peut que saluer ceux qui oeuvrent à la sauvegarde des paquebots et de leurs vestiges, et que stipendier ceux qui profitent d'un paquebot reconnu à d'autres fins que la glorification de la Mémoire. Ainsi la vente du France-Norway, qui a déchainé bien des passions, prend ici une autre dimension. Ce symbole public et même national, qui eût pu être un monument commémoratif d'un passé particulier, et un lieu de mémoire, s'est retrouvé délaissé par ceux-là même qui en avaient assuré la commande. Un témoignage affirme avec tristesse et désappointement que la récente vente aux enchères fut une « très bonne opération de communication de la part des organisateurs qui ont su exploiter la crédulité et la vanité de nombreux acheteurs258(*). Les motivations de l'acheteur de l'épave sont le révélateur du manque de repères artistiques et historiques de notre époque. L'étrave du Norway va finir comme une épave au milieu d'un rond-point situé dans une résidence de vacances (quelle faute de goût), alors que sa juste place aurait été à l'Ecomusée de Saint-Nazaire, son berceau, et le don à ce musée aurait été un geste de générosité pertinent. Le temps faisant son oeuvre, la vanité va se transformer en pépites de rouilles »259(*). Attitude typique de la paquebot-mania, qui dessert les véritables amateurs de ce monde. Nouvelle « institutionnalisation d'un culte du souvenir »260(*), mais bien éloignée d'une quelconque glorification commémorative. Faut-il s'étonner ensuite, de la méfiance ressentie, dans les enquêtes, par les collectionneurs du paquebot, à l'égard des autorités culturelles ?

En parlant des collectionneurs d'art contemporains, Krzysztof Pomian indique que « si le collectionneur reste[...] une figure irremplaçable, c'est dans la mesure où ses choix personnels [...] savent révéler, cachés dans les brumes du présent, les contours de l'avenir »261(*). Le collectionneur du paquebot est ainsi le seul lien qui relie encore le paquebot au temps présent et à l'avenir. Il se crée un univers psychique et physique, où il est à la fois acteur et sujet de sa propre collection. Il agit dans le présent, dépend du passé, construit le futur.

En cela le collectionneur du paquebot se révèle l'égal de ces collectionneurs d'art contemporain, à une époque où les musées n'acquéraient pas ces oeuvres et ne les présentaient pas. Ainsi espérons-le, la présence de ces collectionneurs et de leurs collections incitera peut-être à la création de musées ou de lieux de mémoire, spécialement dévolus à la présentation de ces objets au public.

« Il ne suffit pas de partager un patrimoine commun, encore faut-il vivre dans le même monde »262(*). Ainsi le collectionneur du paquebot espère-t-il arriver à davantage de compréhension et à éviter le rejet, parmi ses proches. Cette volonté de transmission, paradoxale à son statut de gardien de trésors, les incite à s'intéresser au phénomène de la collection. Il parvient ainsi à susciter la création de familles de collectionneurs, ultime héritage...

DEUXIÈME PARTIE

PROJET PROFESSIONNEL

AGENCE CURIOSIT

2 Concept de l'agence CuriosiT

« Collectionner représente l'acte magique par lequel l'homme trouve à sublimer la cause de son désir pour répondre à l'énigme de son être dans la promesse du futur... » Jean-Michel Ribettes263(*).

La collection est donc le complément nécessaire à l'être humain dans sa recherche intrinsèque de lui-même, dans son besoin de compréhension et d'appréhension du monde qui l'entoure.

« Tout est culturel »264(*) affirmait Jack Lang. Sans mettre en doute cet aphorisme, il revient de remarquer l'extraordinaire croissance des collections particulières, ou plus exactement du sentiment de collection qui fleurit dans notre société. « Tout est culturel », et somme-nous tentés de continuer, tout est patrimoine ; tout est objet de collection. Il ne nous appartient pas de juger ici la qualité des diverses « collections » qui participent au succès des sociétés de ventes par correspondance. Cependant ces résultats témoignent d'un engouement qui touche, semble-t-il, tous les publics, tous les thèmes et tous les objets. La collection est ce qui permet d'« assumer le patrimoine, sous toutes ses formes, comme un élément générateur de citoyenneté, notamment par les jeunes générations qui doivent être préparées à prendre le relais de sa conservation et de sa mise en valeur. [...] Le patrimoine doit être facteur d'insertion, pas d'exclusion ; de compréhension, pas de rejet »265(*).

Le patrimoine se satisfait des traces matérielles tant que celles-ci suggèrent l'immatériel. La collection pour la collection n'existe pas. La collection est toujours sujette à des règles invisibles, offerte à des divinités tutélaires, propres à chaque individu266(*). « La passion de l'objet amène à le considérer comme une chose créée par Dieu : un collectionneur d'oeufs en porcelaine trouve que Dieu n'a jamais créé de forme aussi belle ni plus singulière et qu'il l'a imaginée pour la seule joie des collectionneurs... »267(*). Ainsi l'objet, créé pour le bonheur du collectionneur, pare celui-ci d'un nouveau statut, car en possédant l'objet, des objets, et en créant autour d'eux tout un univers, il devient démiurge. Comme tel, il lui revient de protéger sa création, mais aussi de la partager, afin que d'autres suivent ses « traces » et prennent sa relève.

Cette dernière partie propose ainsi un projet de création d'une agence268(*), concernant les collectionneurs privés, dont la fin est de promouvoir les différentes conceptions de la construction identitaire et de l'appréhension d'une culture individuelle existant paradoxalement au sein d'un ensemble patrimonial.

2.1 L'agence CuriosiT

L'idée de ce projet m'est venue en écoutant l'interview de Pierre Bergé, dont je cite une nouvelle fois les propos : « Il faut encourager, chez les enfants, l'amour et la passion de la collection »269(*).

En effet, la constitution d'une collection chez les jeunes enfants leur permet de construire leur identité propre, de se reposer sur des bases solides en ce qui concerne leur intégration dans la société. La collection est, selon les réflexions de Jean Baudrillard, un des mécaniques inhérents à la transformation de l'enfant en adulte : « c'est chez l'enfant le mode le plus rudimentaire de maîtrise du monde extérieur : rangement, classement, manipulation. La phase active de collectionnement semble se situer entre sept et douze ans, dans la période de latence entre la prépuberté et la puberté » 270(*). Ainsi les jeunes enfants seraient les premiers bénéficiaires de cette agence pour les collectionneurs.

Seulement, ils ne peuvent apprendre sans modèles. Cela demande une double pédagogie verticale et horizontale, de par la présentation d'exemples : des enfants qui collectionnent les voitures, ou les ours en peluches, mis en parallèle avec des adultes qui collectionnent le même objet, s'inscrivent dans une continuité et une filiation originale. En ce sens il apparait indispensable de travailler avec des collectionneurs adultes, de deux catégories différentes : ceux qui ont constitué leur collection enfant, ce qui permet à l'enfant d'appréhender un ensemble d'objets et l'intérêt presque mythique de nouvelles cavernes d'Ali Baba ; ceux ensuite qui débutent une collection à l'âge adulte, et amène l'enfant à se passionner dans ces courses aux trésors.

Le nom choisi vient de l'adjectif latin Curiosus, a, um, qui signifie selon le dictionnaire Gaffiot « qui a du soin, soigneux : in omni historia curiosus, (Cicéron) qui apporte ses soins à toute espèce de recherche historique », et au troisième sens, « avide de savoir, curieux »271(*). Curiosi représente donc les collectionneurs privés, ces hommes curieux de tout, sacrifiant tout leur bien être dans une recherche vitale pour eux. En outre le « T » majuscule permet d'associer l'idée homonyme de curiosité, élément addictif à l'origine de l'acte de collectionner. Cet ensemble à l'avantage de mélanger les polices des lettres, à la manière du système d'écriture actuel, usité dans les sms par exemple. Cela pourrait ainsi attirer l'attention d'un public jeune et l'intéresser au principe de la collection. La curiosité est le principe même de la collection, elle est également le moteur de bien des agissements des adultes comme des jeunes. En outre CuriosiT sera un rappel des cabinets de curiosité, lointains ancêtres des lieux de collection.

Cette idée est novatrice dans le sens où cette agence se positionne dans un champ culturel et patrimonial précis : le monde des collectionneurs privés. Elle se propose d'agir dans plusieurs directions en fonction de trois critères principaux : la gestion, l'exposition et l'avenir d'une collection. La politique de l'agence sera d'agir en faveur de la constitution et de la préservation d'héritages patrimoniaux et culturels. Elle aura à coeur de favoriser également les échanges intergénérationnels dans le partage, la connaissance et la jouissance intellectuelle d'un héritage à transmettre.

2.2 Trois pôles

Chacune des missions de l'agence nécessite un environnement précis. Les trois pôles suivants me sont apparus essentiels. Ils s'interpénètrent les uns les autres Leur mise en place peut être évolutive, conséquemment au contexte d'apparition et d'intégration et à la portée de l'agence.

2.2.1 Le cabinet-conseil

Le premier s'avère être un cabinet-conseil pour les collectionneurs. Plusieurs champs thématiques sont possibles. Il peut s'agir au départ d'un simple site internet, qui évoluerait ensuite vers une structure localisée. Ceci afin de toucher davantage de public concerné par cette agence, ainsi que les partenaires indispensables.

Son intention première est d'aider les collectionneurs, particulièrement à leurs débuts. La mise en réseau est donc une étape importante. En effet, il est indispensable pour un collectionneur, de sentir qu'il n'est pas le seul à s'intéresser à tel objet en particulier. Ainsi l'agence aiderait le collectionneur à s'insérer dans un réseau comprenant d'autres collectionneurs, des associations, des musées - cela dépend du type d'objets collectionnés ou de la thématique historique choisie. Enfin le réseau favoriserait les contacts avec des restaurateurs indépendants par exemple, des experts, des conseillers...

La deuxième mission de ce cabinet consiste à conseiller le collectionneur dans sa gestion en elle-même de sa collection. Ainsi la mise en place de « catalogues », d'inventaires photos et textes, aiderait le collectionneur à avoir une idée précise de sa collection, avec une mention de confidentialité et d'anonymat dans cette prestation pour des questions évidentes de sécurité. De plus ces inventaires et la possibilité de faire expertiser ses objets, favoriseraient les démarches d'assurances nécessaires.

Troisième mission : aider les collectionneurs à mettre en scène leur collection chez eux et à aménager ainsi l'espace, en fonction de leur habitat, de leur contexte familial etc. L'exposition est un facteur important de développement d'une collection, qu'elle soit privée ou publique. La mise en valeur peut comporter l'installation de quelques vitrines à la mise en place d'une pièce spécialisée.

Enfin la dernière mission et non des moindres consiste en la publication des recherches et des études des collectionneurs sur leurs collections. Il est en effet dommageable que les collectionneurs ne fassent pas davantage bénéficier de leurs connaissances sur des types d'objets ou des périodes historiques précises, les différents publics qui s'y intéressent. L'agence les encouragerait alors à éditer leurs recherches et leurs analyses.

2.2.2 L'espace événementiel

Le deuxième pôle serait plus spécifiquement un espace événementiel. Cet espace demande des locaux susceptibles d'accueillir des expositions, des séminaires et des réserves, afin de pouvoir déballer et emballer selon les normes les objets présentés.

La première mission de cet espace événementiel comprend l'organisation et la mise en place d'expositions temporaires publiques à thématiques variées régionales, urbaines ou nationales, voire même internationales. Tous les sujets sont représentables, à partir du moment où ils sont sujets d'une collection privée. De même tous les objets présentés ne doivent provenir que de collections privées. Il s'agirait d'expositions thématiques, ou sur l'ensemble d'une collection. Ainsi l'agence peut s'intéresser aux collections d'entreprises, et se voir confier la mission d'organiser des expositions temporaires. Représentations des collectionneurs, ces expositions permettraient au grand public d'approcher des connaissances et des objets souvent inaccessibles de par leur contexte même d'objets de collection.

Deuxième mission, conséquente à la première, permettre les rencontres entres les collectionneurs, par la création de « salons » ou de rencontres non virtuelles. Ces salons existent déjà pour certains types de collection, mais tels le Salon du Jouet ancien de Wambrechies272(*), ils se rapprochent davantage d'un lieu d'échange d'objets par l'achat, que d'un lieu d'échange de connaissances ou de débats.

Troisième mission, des cycles de conférences sur les grands collectionneurs, les différentes collections, au niveau historique ou artistique ou même du marché de l'art et des antiquaires, agrémentés de films sur le sujet. Ces conférences pourraient amener à la mise en place de colloques, et de publications autour des expositions proposées, à l'égard aussi bien des professionnels, scientifiques, que des publics différents qui constitue, ou pourrait constituer le monde des collectionneurs.

2.2.3 Le centre des collectionneurs

Enfin le troisième pôle proposerait aux collectionneurs, dont les collections n'intéressent pas encore les musées, de les conserver et de les pérenniser. Il serait intéressant de pouvoir accorder à ces collections le statut de l'inaliénabilité des possessions du domaine public, afin de garantir la crédibilité de ce centre, en cas de disparition de l'agence.

La politique d'acquisition sera au coeur de la première mission de ce centre. Soumis aux volontés des collectionneurs, et en fonction des locaux et de l'espace, aux directives qu'ils donneront quant à l'exposition de leur collection, ce centre verra donc se constituer une collection, composée des diverses collections privées, à charge de les exposer et de les faire visiter, de transmettre la (ou les) mémoire(s) des collectionneurs.

La gestion de la collection est indispensable au bon fonctionnement du centre. Il est évidemment nécessaire de bénéficier de réserves, et d'inventorier précisément tous les objets acquis. L'inventaire, sur papier et sur informatique, se baserait sur celui utilisé dans les musées. Il serait également judicieux de collecter, avec l'accord des collectionneurs, quelques informations sur l'historique de leur collection, et d'établir une fiche de chaque collectionneur-donateur. Des partenariats avec des restaurateurs et des experts permettraient d'assurer au mieux la vie des objets.

La présentation de la collection permanente des objets est un enjeu important. Il s'agit de l'aboutissement de la quête du collectionneur : acquérir pour sauvegarder et pour partager. Les collections ne pourront bien évidemment être exposées intégralement, selon les souhaits des collectionneurs, excepté en cas de recherche sur une collection particulière. Il serait ainsi intéressant de présenter les collections à la fois par collectionneurs et par thématiques, périodes historiques etc. Cela nécessite la mise en place d'un mouvement entre les objets exposés, afin que ces changements permettent à l'intégralité des collections d'être vues, tout en entretenant l'attractivité du centre.

2.3 Statut et stratégies

L'agence CuriosiT se positionne au sein des opportunités offertes à l'ingénierie culturelle. La viabilité du concept passe par l'orientation des stratégies concernant, ainsi que par la communication mise en place autour du projet.

2.3.1 Statut

Le statut choisi est celui d'une entreprise privée. Ceci en faveur de l'indépendance culturelle dont elle peut davantage faire preuve par rapport à un établissement créé par la volonté publique. En effet, si l'entreprise est financée majoritairement par des fonds publics273(*), il est normal que la puissance publique ait un droit de regard sur ses thématiques et ses stratégies274(*).

Bien que proposant nombre de prestations intellectuelles, mais également nombre d'activités commerciales, l'agence aura donc un statut juridique commercial et aura les statuts d'une société à responsabilité limitée, d'une SARL275(*).

L'organisation de cette agence demande énormément de souplesse au niveau de chacun de ses pôles, dont les activités pourront parfois s'interpénétrer. Ainsi il est souhaitable de mettre en place un système de direction à la fois horizontal et vertical : que chaque pôle ait un organe de direction et qu'ensuite une direction générale supervise l'ensemble. Le personnel sera recruté parmi des professionnels du patrimoine, formé en recherche, informatique, gestion de l'inventaire, scénographie...

Les locaux dépendront de l'évolution du projet. La mise en oeuvre qui commencerait par l'installation du premier pôle, le cabinet consulting, pourrait se satisfaire pour ses débuts d'un site internet. Une présence humaine et non virtuelle sera peu à peu ajoutée. L'agence se placerait dans une ville à grand rayonnement culturel, par exemple Paris, Berlin, Londres, puis New York... A long terme, il peut être envisageable de mailler les territoires d'agences de proximité, qui proposeraient une spécialisation dans un domaine de collection.

2.3.2 Viabilité et démarches

En vue de la viabilité du projet, il convient de considérer plusieurs démarches, dans le cadre de la mise en oeuvre du concept de l'agence CuriosiT.

2.3.2.1 La notion d'intérêt général

En théorie il faudrait que l'agence CuriosiT soit reconnue comme un organisme d'intérêt général, afin de pouvoir prétendre à plusieurs aides concernant le secteur culturel, tels que le mécénat... Cependant en tant qu'entreprise de droit privé, elle ne correspond pas aux critères mentionnés au 1a de l'article 238 bis du CGI, à savoir une activité non lucrative, une gestion désintéressée, la notion d'utilité sociale, et ne pas fonctionner au profit d'un cercle restreint de personnes276(*).

Néanmoins, l'agence CuriosiT correspond à un critère particulier. Elle se situe comme un organisme privé à caractère culturel, « c'est-à-dire dont l'activité est consacrée, à titre prépondérant, à la création, à la diffusion ou à la protection des oeuvres de l'art ou de l'esprit, [...] ou au développement de la vie culturelle »277(*). D'une certaine manière elle correspond ainsi au critère d'utilité publique. Ainsi elle appartient aux « sociétés ou organismes publics ou privés, agréés à cet effet par le ministre chargé du budget en vertu de l'article 4 de l'ordonnance n° 58-882 du 25 septembre 1958 relative à la fiscalité en matière de recherche scientifique et technique »278(*) et peut en théorie, donc, recevoir des dons soumis aux réductions d'impôt selon l'article 238Bis.

Néanmoins il est aussi envisageable de donner le statut de fondation d'entreprise au troisième pôle de la société, le Centre des collectionneurs. Dans ce cas, les démarches de mécénat sont légales, ainsi que l'adéquation aux critères d'intérêt général.

2.3.2.2 Partenariat public et privé

2.3.2.2.1 Aide départementale, régionale et nationale

En tout état de cause, la première démarche concerne l'implantation de l'agence. Pour cela, il est nécessaire d'obtenir une aide de la part des cadres administratifs départementaux, régionaux, voire nationaux.

Expliquer aux élus locaux les bénéfices de l'implantation de l'agence sur leur territoire, revient à solliciter le caractère d' « intérêt public » de CuriosiT, ainsi que la renommée possible du site, en terme d'image et de rayonnement culturel. D'un point de vue plus concret, il faut évoquer également les gains pour la collectivité territoriale en taxe professionnelle279(*), ainsi que les dividendes reçus en cas d'investissement280(*). En outre, l'implantation de l'agence sera génératrice d'emplois locaux, ce qui est d'une grande importance pour les élus.

L'agence pourra aussi demander la participation d'un ABF, surtout si l'implantation se réalise dans une zone protégée281(*). Même si leur avis concernant les permis de construire en zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager, a été supprimé par l'Assemblée en juin 2009, il s'agit pour l'agence CuriosiT de se confronter au monde architectural dans le patrimoine et de nouer ainsi des relations qui s'avéreront certainement utiles, lors de la mise en oeuvre des divers pôles de la société.

2.3.2.2.2 Participation internationale

Une inclusion est possible dans un pôle d'excellence universitaire, comme l'Université d'Avignon et des Pays de Vaucluse et l'UQAM à Québec, qui ont créé un diplôme commun en muséologie/médiation/patrimoine282(*). De même le Laboratoire Culture et Communication, rattaché à Avignon, et qui entretient des relations privilégiées au Portugal et en Tunisie, ce qui permettrait de disposer d'un réseau européen et international. 283(*). D'autres universités, technopoles ou centre de recherches, peuvent être aussi abordés, en ce qui concerne les recherches en cours, les cycles de conférences proposés...

L'agence sera bien entendu en relation avec les autres secteurs du monde éducatif et culturel, comme les établissements scolaires ou centres de loisirs, qui sont une cible privilégiée.

L'implantation de l'agence se fera en fonction du positionnement souhaité en Europe, et international. Ainsi un positionnement dans l'est de la France assure une visibilité européenne. La proximité de l'agence avec la ville de Strasbourg, par exemple, est intéressante, pour plusieurs raisons: présence du Parlement Européen ; proximité avec l'Allemagne et par là avec les pays de l'Est européen... ; existence d'aéroports internationaux, gares SNCF... ; et existence d'un pôle culturel et même multiculturel, avec la création de plusieurs centres comme le Musée associatif d'Art contemporain Fernet Branca284(*), près de Mulhouse, la Fondation Beleyer, à Riehen, créée par les collectionneurs Hildy et Ernst Beleyer 285(*), le Musée Tinguely286(*), créé à partir des oeuvres de la carrière de Jean Tinguely, le Schaulager à Müchenstein, grâce à la collection d'Emanuel Hoffmann-Stiftung287(*), ou encore simplement l'instauration du Pass Musées entre la France, l'Allemagne et la Suisse288(*)...

En outre, le modèle de l'agence CuriosiT est exportable. L'implantation principale reste en France, mais des agences subordonnées se créeraient dans le cadre d'un maillage européen et international. Ainsi l'agence pourrait avoir recours à des fonds européens.

2.3.2.3 Stratégies économiques

2.3.2.3.1 Internet et médias

Un référencement internet est indispensable289(*). Le site serait même le soutien premier et la première ouverture vers le public, car un site internet permet également une navigation et une mise en relation facilitée. L'agence devra alors acheter un nom de domaine, c'est-à-dire créer une adresse au nom de la société, par exemple http://www.Agence-CuriosiT.com 290(*). Ou encore l'agence pourra louer un serveur pour la création d'un forum. La mise de fonds est intéressante, car elle rend possible la création du projet pour un minimum de 100€ par an, en fonction des serveurs. L'implantation virtuelle requiert les services d'un webmaster. Le réseau internet permettra de visualiser la bannière du site sur de nombreux autres sites, et agrandir ainsi la visibilité et le rayonnement de l'agence CuriosiT, ainsi que ses publics.

Le secteur des médias doit également être pris en compte, dans une stratégie de communication. La publicité de l'agence portera ainsi sur la télévision et les chaines câblées, avec des chaînes comme Histoire etc ; des sites culturels, en rapport avec des collectionneurs, tels les lieux gérés par l'agence Culturespaces291(*) : la Villa Ephrussi de Rothschild, le Musée Jacquemart-André, ou la Villa Kérylos sont ainsi des lieux dédiés aux collectionneurs privés et à la présentation de leurs collections. Du point de vue de la presse, il serait intéressant de créer des partenariats avec des revues spécialisées sur le sujet des collectionneurs, comme le magasine Collectionneur-Chineur292(*).

2.3.2.3.2 « Mécénat » probable et parrainage

Il s'agit ici tout d'abord de l'extension des collections et des collectionneurs. En effet, les collectionneurs privés sont les plus à même d'apporter un concours et un soutien au projet. Ne serait-ce que par des donations, ou leur participation aux diverses oeuvres de l'agence.

Le mécénat est une des manières d'assurer le bon fonctionnement de l'agence CuriosiT, du point de vue culturel et financier, en particulier si l'agence peut recourir à la notion d' « intérêt général » ou d' « utilité publique ». Le mécénat revêt plusieurs formes, il peut être financier, technologique, ou apporter un soutien en compétences ou en nature293(*). Il ne demande aucune contrepartie au receveur du don.

Cependant, si l'agence ne peut recourir aux deux notions précédentes, elle peut bien évidemment solliciter le parrainage ou des partenariats entre entreprises. Dans ce cas, l'entreprise parrainée aide à promouvoir l'image de marque de l'entreprise qui parraine.

L'agence pourra alors proposer des partenariats de compétence ou de nature, des accords avec des travailleurs indépendants dans le secteur de l'art et de la culture, comme des restaurateurs, des experts, ou d'autres secteurs du monde de l'art susceptibles d'intéresser le monde du collectionneur, comme les agences de muséographies, scénographies.

En revanche, l'agence CuriosiT peut elle-même mécèner des associations ou organismes à droit public ou privé dans le secteur culturel.

2.3.2.3.3 Echanges patrimoniaux

Le prêt inter-musée est une donnée importante des échanges patrimoniaux. L'agence pourrait ainsi travailler avec les musées, en fonction de chaque thématique expositionnelle et des cycles de conférences... A contrario, l'agence pourrait prêter des oeuvres de ses collections à un musée, s'il s'avère que ce dernier en ait besoin pour une recherche ou une exposition temporaire.

De même dans le cadre d'un maillage national, l'agence regrouperait les collections selon des thématiques, en fonction bien évidemment de l'offre culturelle proposée dans chaque région où l'agence est présente294(*). Cela permettrait des échanges prometteurs en vue de la recherche au sujet de l'historicité, de l'esthétique de tel sujet de collection, ou de ses motivations.

En outre, il peut s'avérer intéressant d'établir des rapprochements interculturels, par des manifestations et des expositions présentant des collections internationales ou des thématiques multiculturelles.

2.3.2.3.4 Participations populaires

Afin d'amener les différents publics à engager les services de l'agence CuriosiT, celle-ci propose des prestations tarifaires variables. En effet, chacun des pôles de la société présente des services différents, et adressés à des publics différents. Pour le Cabinet-conseil, les tarifs seront souvent déclinés en forfaits, avec certainement des réductions, en fonction par exemple de la situation financière et juridique du collectionneur. Cependant le Centre des collectionneurs bénéficiera d'une politique tarifaire particulière, afin de permettre à une plus grande diversité des publics d'y accéder. Il ne faut pas négliger pour autant la nécessité qu'a l'agence de tenir son indépendance et son fonctionnement de ces profits.

L'invitation de collections privées à des fins de monstration appartient aux offres de l'agence. Elle peut ainsi s'approcher de plusieurs associations de collectionneurs qui n'ont pas forcément de locaux et d'espace, pour exposer leurs collections. Ces associations sont nombreuses, et certains proposent déjà des salons ou des rencontres. L'agence assure ainsi une présence marketing grâce à des stands lors des salons etc.

Enfin il reste important que l'agence soit habilitée à recevoir des dons monétaires ou des legs, sous condition que ceux-ci aient un rapport avec des collections privées.

2.4 Conclusion

L'agence CuriosiT se tourne ainsi résolument vers le public actuel, très porté vers le monde virtuel, mais afin de lui permettre de dépasser ce monde, en revenant vers la réalité et en partageant la contemplation et la proximité d'objets de collection, aimés et choyés.

« La consommation patrimoniale peut devenir `consumation' et le surdéveloppement économique s'accompagner de sous-développement culturel »295(*). Bien que forte, cette assertion n'en est pas moins terrible en ce qu'elle suggère le désintérêt des publics pour leur patrimoine et leur passé. La collection peut ainsi être un moyen efficace de contrer cette réalité menaçante.

« Le collectionneur est un créateur essayant de bâtir un tout cohérent et par là capable de faire oeuvre originale »296(*). La collection est une nouvelle façon de concevoir le Patrimoine à travers la construction de son propre patrimoine, sa propre culture intrinsèque. C'est une nouvelle façon de permettre à la Mémoire de sauver l'Histoire.

« Collectionner, c'est être capable de vivre de son passé »297(*). Cela demande de savoir assumer son passé, ce qui n'est possible que par l'appropriation et l'appréhension personnelle d'un patrimoine commun.

L'agence CuriosiT souhaite ainsi permettre à chacun cette renaissance culturelle grâce à la collection. Ainsi elle permet aux jeunes d'accéder à un patrimoine méconnu et de perpétuer la transmission d'héritages patrimoniaux, entamés par leurs aînés. Elle parvient ainsi à la diffusion d'une société de collectionneurs.

Conclusion

S'intéresser au monde des collectionneurs privés est se rapprocher finalement de la vision de chaque homme de sa place au sein de l'univers et de son propre espace.

Une collection est comme un tableau sans cadre298(*) : on pénètre directement dans un monde différent, dans la pensée même de l'amateur et dans sa conception cosmogonique. En suivant Alberti, une collection est une fenêtre donnant sur le monde299(*). La collection comme le tableau est pour nous « une fenêtre ouverte par laquelle on puisse regarder l'Histoire ». Elle permet la métamorphose de l'être humain en révélateur de la Mémoire dans l'Histoire.

« On ne doit collectionner que ce qu'on aime, car on s'entoure d'oeuvres d'art et on vit avec elles à cause du plaisir qu'elles procurent. Plaisir très variable selon les individus, et, chez chacun, selon les âges de la vie : tantôt plus sensuel, tantôt plus intellectuel ; tantôt venu de la conformité de l'oeuvre à une tradition, tantôt de ce qu'elle transgresse les normes consacrées ; dû tantôt à l'évocation par l'oeuvre d'autres oeuvres, tantôt au contraire, à ce qu'elle comporte de sans précédent et d'unique ; résultant tantôt de sa vertu tranquillisatrice, tantôt de sa capacité d'inquiéter »300(*). Révéler le monde des collectionneurs revient à dévoiler l'esprit. La collection est une émanation des interrogations humaines au sujet de l'existant. Le collectionneur est sa propre offrande sur l'autel de l'invisible... patrimoine immatériel.

Replacer le phénomène humain qu'est la collection depuis la nuit des temps, au centre même de la culture d'une civilisation et de la base des sociétés.

L'éphémère devient durable... selon l'expression de Francis Haskell301(*).

Rêve

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Annexes

Annexe 1 Questionnaire d'enquête 91

Annexe 2 Le Mermoz (image non disponible) 97

Annexe 3 Le Paquebot des sables (image non disponible) 98

Annexe 4 TMR & Costa: l'Allegra (image non disponible) 100

Annexe 5 Exposition La Mer et ses voyages(image non disponible) 102

Annexe 6 Article de Liliane Mickelson sur la vente aux enchères du France-Norway (image non disponible) 103

Annexe 1 Questionnaire d'enquête

Clauses

Ce questionnaire ne sera pas divulgué et restera anonyme et personnel.

Néanmoins, je vous demande des renseignements personnels afin de travailler sur des parallèles entre les différents pays. Au cas où j'aurais besoin de vous citer, je m'engage à n'indiquer que l'initiale de votre nom, ou prénom, au choix.

Je vous demande de m'autoriser à utiliser les informations fournies dans les réponses à cette enquête, dans le cadre uniquement de mon étude et de la rédaction de mon mémoire.

Puis-je vous citer ou citer vos propos ? oui/non

Puis-je citer votre nom dans les remerciements d'usage ? oui/non

Préférez-vous garder l'anonymat ? oui/non

En remerciement de votre temps passé à répondre à ce questionnaire, je vous enverrai un exemplaire de mon mémoire par e-mail en format pdf, lorsque celui-ci sera terminé et validé (septembre 2009).

S'il vous plait, détaillez les réponses. Le format word permet de prendre l'espace nécessaire pour écrire votre réponse, alors n'hésitez pas.

Merci d'avance.

Questionnaire sur les collectionneurs de paquebot

Q1

Nom et nationalité

Q2

Age

Q3

Profession

Q4

Situation familiale

Q5

Adresse email

Q6

Etes vous collectionneur ? depuis combien de temps ?

Q7

Si non, pourquoi vous intéressez-vous aux objets de paquebots ?

Q8

Etes-vous le seul collectionneur de votre foyer ? si non que collectionnent vos proches ?

Q9

Comment réagit votre famille face à votre collection ?

Q10

Vous aide-t-elle à l'entretenir ? à la préserver ?

Première partie : l'objet de la collection

Q11

Faites vous une autre collection parallèle ? Si oui, laquelle ?

Q12

Pourquoi collectionnez - vous les objets de paquebots ?

Q13

Quelles sont vos motivations ?

Q14

Que représentent ces objets pour vous ?

Q15

Que vous apporte votre collection dans votre imaginaire ? dans votre vie ?

Q16

Comment en êtes-vous arrivé à collectionner ces objets ? (souvenir, nostalgie, intérêt, hasard, cadeau...)

Q17

Etes vous marin ou de famille de marins ?

Q18

Avez-vous déjà voyagé sur des paquebots ? sur ceux que vous collectionnez 

Q19

Voyagez-vous maintenant sur les paquebots contemporains ?

Q20

Qu'est-ce qui vous intéresse et fascine le plus dans un paquebot ?

Q21

Quels objets collectionnez vous ?

· Docs écrits : menus, affiches, CPA/albums, éventails, calendriers

· Audiovisuels : photos, films, diapos

· Objets du quotidien : vêtements, linge de cabine, de table, vaisselle, argenterie, orfèvrerie, cristallerie, porcelaine, cendrier...

· Maquettes...

Q22

Avez-vous une (des) spécialité(s) ?

Q23

Une (des) thématique(s) ?

Q24

Y a-t-il des objets que vous ne voulez absolument pas collectionner ?

Q25

Quels types de paquebots collectionnez-vous ?

Q26

De quels siècles ? de quelles années ?

Q27

De quels pays ?

Q28

De quelles lignes ?

Q29

De quelles compagnies ?

Q30

Quels paquebots plus particulièrement ?

Q31

Collectionnez-vous sur une (ou des ) compagnie(s) ou sur quelques paquebots particuliers ?

Q32

Quand vous voyagez sur un bateau, prenez-vous des photos, des films ?

Q33

Diriez-vous que vous appartenez au mouvement de la « paquebot-mania » ?

Q34

Etes vous sensible aux phénomènes de mode : Titanic, France...

Q35

Achetez-vous des souvenirs (porte-clefs, tee-shirts...) ?

Q36

Comment réagissez-vous face à un documentaire « inédit » présenté à la TV ?

· Vous ne le regardez pas car vous pensez qu'il ne vous apportera rien

· Vous le regardez mais vous le critiquez sévèrement

· Vous le regardez et vous l'enregistrez car il présente un intérêt pour votre collection

Q37

Comment vous qualifiez vous en tant que collectionneur ?

· Amateur

· Dilettante

· Averti

· Passionné

Q38

Quel comportement avez-vous en tant que collectionneur ?

· Consommateur

· Désir de possession

· Pragmatisme

· Opportunisme

· Recherche

Q39

Votre collection est-elle le fruit d'un engouement passager, un passe-temps agréable ou une passion dévorante ?

Q40

Est-ce que vous diriez que votre collection reflète votre personnalité ? pourquoi ?

Q41

Pensez-vous l'arrêter un jour ? pourquoi ?

Deuxième partie : méthodes du collectionneur

Q42

Comment vous procurez vous ces objets ? (eBay, brocantes, vide-grenier, héritage, échanges, cadeaux, ventes aux enchères, antiquaires...)

Q43

Assistez-vous aux ventes en enchères en personne ou par téléphone interposé ?

Q44

Avez-vous déjà participé à une avant-première à Sotheby's , ou ailleurs ?

Q45

Quelles sont vos méthodes ? achat immédiat, concurrence, enchère, marchandages...

Q46

Vous êtes-vous déjà accroché avec un autre collectionneur pour l'acquisition d'un objet ?

Q47

Verbalement ? Physiquement ?

Q48

Lui en gardez-vous rancune ?

Q49

Quand vous achetez un objet, quels critères de choix avez-vous ? prix, valeur sentimentale, rareté, beauté, forme, couleur...

Q50

Comment choisissez-vous les objets que vous désirez ?

Q51

Faites vous des achats réguliers ?

Q52

Achetez-vous pour garder, échanger, (re)vendre ?

Q53

Revendez-vous certains de vos objets ? si oui, pourquoi, en fonction de quels critères ?

Q54

Quelles relations nouez-vous avec les autres acheteurs ou les vendeurs ?

Q55

Votre conception de la collection est-elle définitive ou vos choix peuvent-ils évoluer ?

Q56

Dans ce cas, que faites-vous de vos objets acquis précédemment ?

Q57

Préférez-vous un objet unique ou bien achetez vous des oeuvres fabriquées en série ?

Q58

Préférez-vous acquérir des objets authentiques (même en mauvais état), ou bien achetez vous des copies (plus présentables...) ?

Q59

Cherchez-vous la pièce rare ?

Q60

Cherchez-vous l'exhaustivité sur un sujet ou êtes-vous éclectique ?

Q61

Vous priverez-vous de certaines pièces pour en acquérir une autre ? si oui précisez, dans quelles conditions ?

Q62

Avez-vous déjà regretté d'avoir acheté un objet et dans quelles circonstances ?

Q63

Avez-vous regretté de ne pas pouvoir acquérir un objet et dans quelles circonstances ?

Q64

Si vous vous (re)trouviez par hasard, chez un ami, un concurrent, un objet que vous auriez aimé acquérir :

· Vous l'admirez et vous félicitez le propriétaire

· Vous expliquez au propriétaire que cet objet serait mieux dans votre collection et vous lui faites une offre d'achat ou d'échange

· Vous ne dites rien, mais vous êtes malheureux

· Vous êtes jaloux

Q65

Vous trouvez un objet qui peut « intéresser » un de vos amis collectionneurs

· Vous l'appelez pour qu'il vienne l'acheter en personne

· Vous le lui achetez et le lui offrez gratuitement

· Vous l'achetez et le lui revendez au même prix

· Vous l'achetez et le lui revendez plus cher

· Vous ne lui achetez pas, mais lui en parlez plus tard

Q66

Que vous inspire le démantèlement du France, ex-Norway et la vente qui a suivi ?

Q67

Etiez-vous présent à cette vente aux enchères ?

Q68

Avez-vous acheté à cette vente ?

Q69

Que pensez-vous de la transformation d'un bateau en hôtel / casino / restaurant de luxe ?

Q70

Pensez-vous que la seconde vie d'un bateau enlève ou accroit la valeur d'une collection qui lui est consacrée ?

Troisième partie : la collection

Q71

Quelle est pour vous la plus belle pièce de votre collection ? dites pourquoi ?

Q72

Faites-vous un inventaire précis et détaillé de votre collection ? comment ?

Q73

Quels sont vos critères d'organisation et de gestion de votre collection ?

Q74

Quelle durée moyenne (en heures) estimez-vous le temps passé dans une semaine à la gestion de votre collection ?

Q75

Y travaillez-vous tous les jours ?

Q76

Diriez-vous (au soir de votre vie) que le temps passé à gérer votre collection a représenté les meilleurs moments de votre existence ?

Q77

Votre collection vous a-t-elle amené à effectuer des recherches, des voyages, des lectures qui vous ont enrichi ?

Q78

La crise économique actuelle a-t-elle une influence sur la gestion de votre collection ? sur votre stratégie d'achat ? de vente ? précisez.

Q79

Faites une estimation du nombre d'objets que vous avez ?

Q80

Citez cinq paquebots de votre collection par ordre de préférence ?

Q81

Citez cinq paquebots de votre collection par ordre de grandeur en fonction du nombre d'objets acquis de ou sur ce paquebot ?

Q82

Citez cinq paquebots sur lesquels vous aimeriez collectionner ?

Q83

Citez cinq autres paquebots (hors collection) ?

Q84

Sur quels paquebots refusez-vous de collectionner ?

Q85

Votre collection a-t-elle pour vous une valeur marchande ? une valeur sentimentale ? mémoriale ? ou patrimoniale ?

Q86

Comment mettez-vous en valeur votre collection ?

Q87

Occupe-t-elle un espace important chez vous ?

Q88

Avez-vous une (ou des) pièce(s) réservée(s) pour votre collection ?

Q89

Comment qualifiez-vous ou appelez-vous cette (ou ces) pièce(s) ?

Q90

Quels accessoires et/ou meubles utilisez-vous pour mettre en valeur vos objets ?

Q91

Exposez-vous des objets dans d'autres pièces que votre pièce réservée ?

Q92

Les exposez-vous à la vue de vos invités ?

Q93

Si vous avez une pièce réservée, la faites-vous visiter à vos amis ? vos connaissances ?

Q94

Comment exposez-vous dans cette pièce ?

Q95

Exposez-vous par thématique ?

Q96

Exposez-vous tous vos objets, ou bien préférez-vous changer les objets présentés et selon quelles fréquences et quels critères ?

Q97

Diriez-vous que votre collection est vivante ?

Q98

Votre collection symbolise-t-elle un art de vivre ? ou bien est-ce juste (ou plus) qu'un passe-temps ? une occasion de s'évader en vacances ou par l'imaginaire ?

Q99

Préférez-vous les paquebots mythiques, les paquebots disparus, les paquebots anciens, les paquebots contemporains ?

Q100

Quelles différences voyez-vous en eux ?

Q101

Vous servez-vous de certains de vos objets de collection ? lesquels ? pourquoi ? dans quelles occasions ?

Q102

Organisez-vous des repas en vous servant de la vaisselle, argenterie, cristallerie acquises ?

Q103

Mettez-vous en scène vos objets dans des décors rappelant l'intérieur d'un paquebot, ou selon vos souvenirs ?

Q104

Avez-vous organisé des repas ou des soirées sur le thème des paquebots ?

Q105

Vous rencontrez-vous avec d'autres collectionneurs amis pour discuter, échanger... ?

Q106

Faites-vous parti d'une association ? laquelle ?

Q107

Avez-vous organisé ou participé à des expositions ?

Q108

Avez-vous déjà prêté certains de vos objets ?

Q109

Offrez-vous des cadeaux à vos amis, ou à votre famille en choisissant certains objets possédés ou que vous achetez ?

Q110

Avez-vous un budget réservé à votre collection ? le dépassez-vous ?

Q111

Lisez-vous des revues/romans/ouvrages ou regardez-vous des films qui traitent des paquebots ?

Q112

Avez-vous écrit ou publié sur le thème des paquebots et des objets que vous collectionnez ?

Q113

Votre collection est-elle terminée ?

Q114

Etes-vous satisfait de l'état actuel de votre collection ? précisez.

Q115

Connaissez-vous et aimez-vous visiter les musées présentant des collections de paquebots ? 

Q116

Lesquels vous ont plu/déplu ? pourquoi ?

Q117

Vous semble-t-il judicieux de rassembler et de présenter ainsi des collections ?

Q118

Que pensez-vous de la dispersion des objets lors d'une vente aux enchères ?

Q119

Pensez-vous qu'il est préférable qu'un particulier possède une collection privée et la fasse vivre ?

Q120

Ou qu'un musée possède une collection entière accessible à tous publics ?

Q121

Collectionner, pour vous, c'est rassembler et cacher, ou rassembler et faire connaître ?

Diriez-vous que le collectionneur est

· Un pilleur (d'épaves)

· Un antiquaire spécialisé

· Un conservateur éclairé d'un patrimoine spécifique et voué à la disparition

Q122

Avez-vous pensé à l'avenir de votre collection ?

Q123

Pensez-vous que vos héritiers conserveront votre collection ? ou qu'ils la vendront ?

Q124

Comment voulez-vous pérenniser votre collection ?

Q125

Aimeriez-vous léguer, donner, votre collection à un musée ? dites pourquoi ?

Q126

Aimeriez-vous léguer, donner votre collection à une association ? dites pourquoi ?

Q127

Aimeriez-vous léguer, donner, vendre à un autre particulier collectionneur ? dites pourquoi ?

Q128

Aimeriez-vous que votre collection soit dispersée à votre mort ? Par une vente aux enchères entre vos amis ou des inconnus ?

Table des matières

Avant - propos 2

Remerciements 4

Introduction 5

1 Le monde du paquebot & ses amateurs 8

1.1 Paquebot et objets 11

1.1.1 Culture de paquebot 14

1.1.2 Mythe : voyage, mer, éternité 17

1.1.3 Mémoire de paquebot 20

1.2 Le collectionneur du paquebot 23

1.2.1 Devenir collectionneur 25

1.2.2 Dévoiler le collectionneur 30

1.2.3 Comment se considère le collectionneur ? 36

1.2.4 Comportements de collectionneur 43

1.3 Collections d'objets de paquebots 49

1.3.1 Quels objets collectionner ? 50

1.3.2 La gestion des objets 54

1.3.3 La mise en valeur de ses objets 58

1.3.4 Penser à l'avenir de la collection 63

Conclusion 67

2 Concept de l'agence CuriosiT 71

2.1 L'agence CuriosiT 73

2.2 Trois pôles 75

2.2.1 Le cabinet-conseil 75

2.2.2 L'espace événementiel 76

2.2.3 Le centre des collectionneurs 77

2.3 Statut et stratégies 78

2.3.1 Statut 78

2.3.2 Viabilité et démarches 79

2.4 Conclusion 85

Conclusion 86

Bibliographie 87

Annexes 90

Table des matières 97

* 1 EVDEL Paul, Collections et collectionneurs, sur le site de Gallica.

* 2 Emission du 31 juillet 2008, diffusée sur la chaîne France 3.

* 3 NORA Pierre, Les lieux de mémoire. Introduction La fin de l'Histoire-Mémoire. P.25.

* 4 Qui se doit donc de respecter les objets, de les étudier et les restaurer, en vue de leur présentation au public et de leur transmission aux générations futures. Loi des Musées 2002. Code du Patrimoine 2004.

* 5 Démentie néanmoins par la subjectivité de l'art et des goûts.

* 6 POMIAN Krzysztof, Des saintes reliques à l'art moderne, Venise-Chicago, XIIIe-XXe. Avant-propos, p.11, Gallimard, 2003.

* 7 Le terme « amateur » sera dans cette étude utilisé en synonyme de « collectionneur ». En effet selon Jean BAUDRILLARD, la « distinction [...] n'est pas décisive. La jouissance chez l'un comme chez l'autre vient de ce que la possession joue d'une part sur la singularité absolue de chaque élément, qui en fait l'équivalent d'un être, et au fond du sujet lui-même - d'autre part sur la possibilité de la série, donc de la substitution indéfinie et du jeu. Quintessence qualitative, manipulation quantitative ». Le système des objets. P 124.

Or les collectionneurs que j'ai rencontrés et dont je fais moi-même parti, regardent les objets comme à la fois un tout et une partie d'un tout - d'une série.

* 8 BAUDELAIRE Charles, Invitation au voyage. La citation exacte est « Là, tout n'est qu'ordre et beauté,/ Luxe, calme et volupté. ». (1821-1867).

* 9 Interview de MEC5, lors de la remise du questionnaire.

* 10Selon la définition du dictionnaire PETIT ROBERT, le paquebot est d'abord « un navire de dimension moyenne, transportant passagers et courrier », et ensuite, un « grand navire de commerce principalement affecté au transport des passagers. Paquebot-mixte, transportant aussi des marchandises. Paquebot transatlantique, le paquebot `France' ». Le paquebot est donc dès l'origine, un moyen de transport, agréable, qui sera supplanté par l'aviation commerciale dans les années 1960.

Historiquement, le succès de ce transport de masse date de l'adaptation de la machine à vapeur sur les navires. Les premiers paquebots à vapeur datent donc des années 1840. Le paquebot devient ensuite synonyme en France, d'un navire de grande taille, et sert alors à désigner les navires des lignes transatlantiques jusqu'à la seconde Guerre Mondiale. La marine marchande a ainsi créé des lignes postales, lignes qui acheminaient nouvelles et fonctionnaires, ou visiteurs, dans des contrées étrangères et lointaines. Transporteurs de courrier, de passagers luxueux, d'émigrants en quête d'un meilleur, de troupes militaires également lors des guerres, les paquebots, créations occidentales, ont touché le monde entier, et ont ainsi permis de tisser des liens internationaux, et d'accroître les dialogues et les échanges interculturels.

* 11 Pour ne citer que les tragédies les plus célèbres.

* 12 Des ventes célèbres eurent lieu à la salle des ventes de Drouot à Paris, avec le thème de « Mémoires de paquebots », comme celles du 28 mars 2000, du 17 décembre 2000. La dernière en date fut la vente sur l'ex France 1962 en février 2009.

* 13 « Les paquebots ont connu une véritable révolution. Ils sont en effet passés d'un statut de moyen de transport à celui d'un lieu de destination en à peine quarante ans. Avec la disparition des lignes maritimes traditionnelles et l'explosion du marché de la croisière, les voyageurs ont laissé place aux vacanciers ». Paquebot: symbole des mutations urbaines ? vendredi 24 octobre 2003 avec: Didier BOURDIN, Chantiers de l'Atlantique, Cédric RIVOIRE-PERROCHAT, Royal Caribbean International, et Jean-Philippe ZOPPINI, architecte de l'Ile AZ.

Site www.transit-city.com/ateliers/precedentes/paquebot

* 14 POMIAN Krzysztof, Des saintes reliques à l'art moderne. Introduction.

* 15 POMIAN Krzysztof, Des saintes reliques à l'art moderne. P8.

* 16 Annexe 1. Questionnaire.

* 17 Parmi elles, trois de ces contacts étaient Gérard Boucher, expert, Aymeric Perroy, responsable scientifique de French Lines, et Daniel Sicard, conservateur de l'Ecomusée de Saint-Nazaire.

* 18 Le questionnaire a été ainsi traduit en anglais et en allemand.

* 19 Ce code est composé de chiffres et de lettres. Le « M » est pour « monsieur », car je pensais ne mettre au départ que les initiales des noms. Cependant, cela ne garantissait pas assez l'anonymat des personnes qui me l'avaient demandé. Par égalité, j'ai étendu cette valeur à tous les questionnaires. La lettre suivante symbolise ainsi la date d'arrivée du questionnaire rempli. Les deux valeurs suivantes correspondent à « Collectionneur » et un chiffre qui me permet de le mieux situer (qu'une lettre) au sein du groupe de collectionneurs interrogés.

* 20 Aymeric PERROY, responsable scientifique des collections de l'association French Lines, dont le siège se situe au Havre, conférence du 22 janvier 2009, Lille 3.

* 21 Association French Lines. En 1976 a lieu la fusion entre les Messageries Maritimes et la CGT. La disparition des derniers paquebots entrainent la volonté de l'Etat de restructurer l'ensemble des compagnies. En 1995 la CGM se privatise. Le PDG sensibilise l'Etat au sujet du patrimoine collecté, reflet de 150 ans de travail. Cela demande la mise en place d'une conservation obligatoire et gérée par une seule entité et non plus par une entreprise. La mise en place d'une association Loi 1901 permet ainsi d'assurer l'indépendance du patrimoine conservé. De plus les collections entrent sous le régime de l'inaliénabilité des oeuvres tombées dans le domaine public.

6 km2 d'archives linéaires comprennent plans des navires, rapports de voyage, agences, projets d'artistes, les AG, CA, comptabilité, administration, photographies et distinctions... fond iconographique important, car les compagnies ont fait appel aux artistes contemporains en vue de la publicité des navires, tableaux, affiches et aquarelles, argenterie, vaisselles et services, décorations en fonction des classes, maquettes, tissus des pavillons ou costumes...

French Lines est également propriétaire des noms des paquebots et des compagnies et par là même de leurs marques. L'association fonctionne grâce à un budget annuel de 400000 €, les cotisations des membres, les ventes des objets aliénables ainsi que les licences des marques. Elle compte deux équipes de travail, une basée au Havre, l'autre à Marseille, et a conclu un partenariat avec le CMT de Roubaix (archives du Monde du Travail),qui prévoit la sauvegarde des archives en cas de dissolution de l'association.

Enfin un site internet permet d'améliorer la valorisation des fonds, puisque French Lines ne dispose pas de locaux pour l'exposition de ses collections. Le site propose les bases de données sur les navires, des listes nominatives ainsi que des forums de discussions et une exposition virtuelle. Le centre de documentation est ouvert au public, et permet les recherches sur place comme les demandes à distance.

Enfin l'association organise plusieurs expositions parfois itinérantes, et prête ainsi nombre de ces objets à la découverte du public. Ces expositions peuvent faire l'objet de partenariat avec les musées, comme l'exposition Histoires de paquebots. Du chantier de Dunkerque aux mers lointaines, organisée en partenariat avec l'Association des Anciens des Chantiers de France et l'Association French Lines, au Musée Portuaire de Dunkerque. www.museeportuaire.com/IMG/pdf/dossier%20de%20presse.pdf

* 22 Le paquebot apparait comme un témoin de son époque, d'une société, et ambassadeur d'un pays, en est également le reflet de ses industries et de ses talents. Il s'agit d'un objet-témoin précieux pour l'histoire des Arts décoratifs, pour celle des techniques, de la photographie, ou encore l'histoire des mentalités, l'histoire des grandes compagnies, de la Marine Marchande, l'histoire sociale contemporaine des paquebots, de l'émigration, de l'histoire européenne et mondiale même...

* 23 Electricité, réfrigération, eau chaude courante... autant d'inventions utilisées sur les paquebots avant leur diffusion dans la vie courante. Même le système social d'entraide aux marins préfigure ce qui deviendra le système des retraites de la sécurité sociale après 1945...

* 24 Chaine qui comprenait décideurs, constructeurs, décorateurs, publicitaires... Sans oublier les voyageurs de toutes catégories sociales et métiers confondus.

* 25 BOURSIER Jean-Yves, La mémoire comme trace des possibles. P1. Socio-Anthropologie. N°12-2002, Traces. http://socio-anthropologie.revues.org/document145.html

* 26 Selon la définition anthropologique de ce terme, TYLOS, La culture primitive, « la culture est un ensemble complexe, incluant les savoirs, les croyances, l'art, les moeurs, le droit, les coutumes, ainsi que toutes les dispositions ou usages acquis par l'homme vivant en société ».1871.

* 27 Des grands chefs étaient engagés pour la restauration.

* 28 Désignation anglaise pour paquebot.

* 29 Ainsi « Normandie représente l'archétype de la décoration intérieure des années 1930. Les plus grands noms de l'art avaient participé à sa décoration : Pierre Patout et Henri Pacon dessinèrent la salle à manger des premières classes, volume immense recouvert d'or et de luminaire de Lalique; Emile Gaudissard réalisa les cartons des tapisseries pour les chauffeuses basses du salon des 1ere Classe. Cette disposition d'un espace aussi grand au centre du paquebot avait été obtenue en dédoublant les conduits de fumée qui se réunissaient juste sous les cheminées. Jean Dupas dessina les panneaux de laques du fumoir et bien d'autres décorateurs participèrent à ce manifeste flottant, tant vanté par Le Corbusier, tel Maurice Daurat qui contribua en fabricant huit vases monumentaux en étain et palissandre. Jean de Brunhoff avait entièrement décoré la salle à manger des enfants sur le thème de sa création, l'éléphant Babar. Les sculptures des couloirs étaient l'oeuvre de Georges Saupique. Jean Dunand a participé à la décoration du fumoir et d'une partie du salon des premières classes.

Beaucoup des décorations de Normandie faisaient référence, directement ou non, à la province qui lui avait donné son nom. Les dessins et photos d'époque montrent de vastes salles communes décorées avec beaucoup d'élégance. La salle à manger des premières était particulièrement remarquable, non seulement par ses dimensions (93 x 14 x 8,5 m, 700 couverts), mais aussi par la richesse de sa décoration (Raymond Quibel). Afin de pallier l'absence de lumière naturelle, les décorateurs avaient installé douze « piliers lumineux » de cristal Lalique que complétaient trente-huit colonnes lumineuses murales et deux immenses chandeliers, eux aussi en cristal.

Normandie était équipé de piscines couvertes et découvertes (le second navire ainsi équipé après le paquebot italien Rex), d'une chapelle, et d'un cinéma transformable en théâtre.

De nombreux éléments de l'orfèvrerie comme les soupières avec des boules dans les poignées sont présentées à l'écomusée de Saint-Nazaire. » Source : WIKIPEDIA, article « Normandie ».

Des CP, des affiches, des albums photos témoignent de cet art de vivre somptueux.

* 30 BARBIER-GUYOT Alexandra, L'aura et/ou la valeur d'usage. Mémoire de Master 1 professionnel Administration patrimoniale Lille 3, 2008.

* 31 RICOEUR Paul, « Cultures, du deuil à la tradition » Article in Le Monde, 23 mai 2004.

* 32 NIETZSCHE, cité par Roland BARTHES, Culture et tragédies, 1942.

* 33 DESVALLÉES A., « Emergence et cheminements du mot patrimoine », Musées et collections publiques de France, 1995, 3, n°2008, p.6-29. Cité par Claude BADET, Benoit COUTANCIER, Roland MAY, Musées et Patrimoine, CNFPT, 1997, p.11.

* 34 Cf. BARBIER-GUYOT Alexandra, L'aura et/ou la valeur d'usage. Mémoire de Master 1 professionnel Administration patrimoniale Lille 3, 2008.

* 35 NORA Pierre. Les lieux de mémoire. Gallimard, 1997.

* 36 Questionnaire MBC5. Réponse de la Q20.

* 37 VERNANT Jean-Pierre, « Franchir un pont », texte commandé pour le cinquantième anniversaire du Conseil de l'Europe, inscrit sur une borne du Pont de l'Europe entre Strasbourg et Kehl.

* 38 Questionnaire MJC10.

* 39 Rappelons-nous les nombreux naufrages et ceux célèbres du Lusitania ou de l'insubmersible Titanic, du Georges Philippar des Messageries Maritimes en Mer Rouge, où trouva la mort le célèbre journaliste Albert Londres...

* 40 Souvent d'ailleurs les collectionneurs d'objets de paquebot tentent de retrouver ces impressions en effectuant des croisières sur les paquebots actuels.

* 41 Exposition organisée en partenariat avec l'Association des Anciens des Chantiers de France et l'Association French Lines, www.museeportuaire.com/IMG/pdf/dossier%20de%20presse.pdf.

* 42 NORA Pierre, Les lieux de mémoire. Introduction La fin de l'histoire-mémoire. Gallimard, 1997.

* 43 NORA Pierre, Les lieux de mémoire. Introduction La fin de l'Histoire-Mémoire.

* 44 Et bientôt le Rotterdam dans le port du même nom, dans sa livrée d'origine.

* 45 BARBIER-GUYOT Alexandra, L'aura et/ou la valeur d'usage. Mémoire de Master 1 professionnel Administration patrimoniale Lille 3, 2008.

* 46 Questionnaire MBC5, Q70.

* 47 Annexe 1. Questionnaire, Q66 à Q70.

* 48 NORA Pierre, Les lieux de mémoire. Gallimard, 1997.

* 49 RIEGL Aloïs, « Le culte moderne des monuments ». N°9-2001, Commémorer, Site Revues.org, catégorie Socio-Anthropologie. http://socio-anthropologie.revues.org/document5.html

* 50 Ecomusée de Saint-Nazaire, dirigé par Daniel SICARD, conservateur.

* 51 RICOEUR Paul, Temps et récit, Paris, Seuil, tome III, Le temps raconté, 1985.

* 52 http://www.fr.worldofcosta.com/la_storia.aspx

http://www.costacroisieres.fr/B2C/F/Default.htm

* 53 http://www.tmr-international.com/

* 54 Costa est dépositaire de la marque Paquet.

* 55 Annexe 3. Le Mermoz, ex Jean Mermoz, de la Compagnie Fraissinet, desservait la C.O.A. jusqu'à Libreville.

* 56 Jean-Maurice Ravon, directeur de TMR. Brochure envoyée aux croisiéristes au sujet de la croisière inaugurale de la nouvelle Compagnie Paquet. Voir en Annexe 5.

* 57 NORA Pierre, Les lieux de mémoire. Introduction, La fin de l'Histoire-Mémoire.

* 58 NORA Pierre, Les lieux de mémoire. Introduction, La fin de l'Histoire-Mémoire, p.32. Gallimard. 1997.

* 59 BOURSIER Jean-Yves, La mémoire comme trace des possibles. Socio-Anthropologie. N°12-2002, Traces. http://socio-anthropologie.revues.org/document145.html

* 60 Sacha GUITRY, cité dans RHEIMS Maurice, Les Collectionneurs.

* 61 RICOEUR Paul, « Cultures, du deuil à la tradition » Article in Le Monde, 23 mai 2004.

* 62 BOURSIER Jean-Yves, La mémoire comme trace des possibles. N°12-2002, Traces. Site revues.org, catégorie Socio-Anthropologie. Il cite Marc BLOCH, Apologie pour l'histoire, Paris, Armand Colin, 1974, (1ère ed. 1941), p. 107.

* 63 PRAZ Mario, La maison de la vie. Trad. M. Bacelli Galli, p.40. 1993. Cité par RHEIMS Maurice, Les collectionneurs.

* 64 Au sens du souvenir créé par l'esprit et notre mémoire.

* 65 Au sens d'objet-souvenir.

* 66 Questionnaire MEC5, Q6 et Q12.

* 67 Questionnaire MJC10, Q6 et Q13.

* 68 « Le Normandie était un paquebot transatlantique de la Compagnie générale Transatlantique, construit par les Chantiers de Penhoët à Saint-Nazaire. Considéré par beaucoup comme le plus beau paquebot jamais construit, c'était aussi le plus grand à sa sortie du chantier en 1932. Après seulement quatre ans de service, il est réquisitionné par la marine américaine afin d'être converti en transport de troupes avec une capacité de plus de 10.000 soldats. Durant des travaux dans le port de New-York un incendie se déclare en 1942 et le paquebot chavire sous le poids de l'eau déversée par les pompiers. Renflouée, l'épave est ferraillée en 1946. Normandie laisse le souvenir d'un âge d'or des transatlantiques luxueux, dont le Queen Mary II est aujourd'hui l'héritier». Source : Wikipédia. Article « Normandie ».

* 69 Questionnaire MAC1, Q6 et Q13.

* 70 Questionnaire MGC7, Q17.

* 71 Lettre MDC4. Questionnaire MBC5.

* 72 Questionnaire MFC6. Q17.

* 73 Questionnaire MAC1, Q17.

* 74 Questionnaire MBC2, Q13.

* 75 Questionnaire MEC5.

* 76 Questionnaire MIC9, Q6.

* 77 Il existe plusieurs paquebots France. Le plus célèbre est sans contexte le France 1962, devenu Norway après rachat d'une compagnie norvégienne. Laquelle après 21 années de service le vendit en Inde pour être démantelé. La pétition contre la destruction du paquebot fut sans effet. Une dernière vente les 8 et 9 février 2009 clôture sa vie, mais non l'affection des collectionneurs.

Il existe cependant un France 1912, très côté également.

* 78 Questionnaire MCC3, Q6 et Q12.

* 79 Questionnaire MHC8. Q12.

* 80 Questionnaire MFC6, Q12. Questionnaire MHC2, Q17.

* 81 Questionnaire MGC7. Q16.

* 82 Questionnaire MIC9. Q20.

* 83 Questionnaire MAC1, Q14.

* 84 Questionnaire MJC10.

* 85 MUENSTERBERGER Werner, Le collectionneur : anatomie d'une passion. P. 64. Seuil, 1996.

* 86 Questionnaire en Annexe 1. Q40. Est-ce que vous diriez que votre collection reflète votre personnalité ? pourquoi ?.

* 87 Cf. Note 1

* 88 Questionnaire MFC6. Q15.

* 89 RHEIMS Maurice, Les Collectionneurs. P. 69.

* 90 Annexe 1. Questionnaire Q39. Questionnaire MHC2.

* 91 Annexe 1. Questionnaire Q37. Comment vous qualifiez-vous en tant que collectionneur ? amateur ? dilettante ? averti ? passionné ?

* 92 Cela rappelle aussi le problème de la paquebot-mania. Voir supra.

* 93 J'en remercie encore ce collectionneur.

* 94 PETIT LAROUSSE, Article « Affection », sens médical. P42.

* 95 PETIT LAROUSSE, Article « Affection », premier sens.

* 96 Michel Sardou a également dédié une chanson au paquebot France.

* 97 MUENSTERBERGER Werner, Le collectionneur : anatomie d'une passion. P.65.

* 98 POMIAN Krzysztof, Des saintes reliques à l'art moderne, Venise-Chicago, XIIIe-XXe. Avant-propos, Gallimard, 2003.

* 99 Annexe 1. Questionnaire Q123. Avez-vous pensé à l'avenir de votre collection ?

* 100 Questionnaire MGC3. Q15.

* 101 Une proportion de 4/9 collectionneurs voyagent fréquemment sur les paquebots contemporains. Un autre l'a fait une fois. Questionnaires MFC1, MAC4, MBC5, MEC8, MJC9. Q19.

* 102 Questionnaire MJC9. Q15.

* 103 Questionnaire MAC4. Question Q60.

* 104 Au sens du « gout du « curieux » de l'amateur. » PETIT ROBERT. Article « curiosité ».

* 105 Annexe 1. Questionnaire Q122. Diriez-vous que le collectionneur est : un pilleur (d'épaves) ? Un antiquaire spécialisé ? Un conservateur éclairé d'un patrimoine spécifique et voué à la disparition ?

* 106 Code du Patrimoine. Article L1. 2004.

* 107 Questionnaire MEC8. Q13.

* 108 Questionnaire MGC3. Q14.

* 109 Annexe 1. Questionnaire Q121. Collectionner, pour vous, c'est rassembler et cacher, ou rassembler et faire connaître ?

* 110 Excepté quelques rares collectionneurs, qui prêtent parfois des objets pour des expositions, ou en organisent. Mais pour des questions de sécurité, il ne sera jamais exposé une collection complète, hors vente posthume par enchères.

* 111 Questionnaire MEC5.

* 112 Voir supra 1.3.3 La gestion des objets.

* 113 Questionnaire Q38. Quel comportement avez-vous en tant que collectionneur ? Consommateur/Désir de possession/Pragmatisme/Opportunisme/Recherche ?

* 114 Questionnaires MHC8 ; MAC1 ; MBC2 ; MIC9 ; MEC5 et MJC10.

* 115 Questionnaire MFC6. Q38.

* 116 Questionnaire MGC7. Q38.

* 117 Questionnaire MCC3. Q38.

* 118 Questionnaire MAC1. Q13.

* 119 L'expression « paquebot-mania » a été trop utilisée lors des films à succès comme le Titanic de James Cameron, ou lors des péripéties de France. A mon sens, il reflète davantage une foule en délire, fanatisée, que la constitution affective certes mais patiente et rigoureuse d'une collection.

* 120 Questionnaires MGC7, MAC1, MBC2, MEC5 et MJC10.

* 121 Questionnaires MCC3 et MIC9.

* 122 PETIT LAROUSSE, article « manie », p.610. 1991. Ainsi peut-on reprendre la définition de la curiosité par LA BRUYÈRE, dans Les Caractères...

* 123 PETIT LAROUSSE, article « manie », « Etat de surexcitation psychique caractérisé par l'exaltation ludique de l'humeur, l'accélération désordonnée de la pensée et les débordements instinctuels ». p.610. 1991.

* 124 Annexe 1. Questionnaire Q39 : Votre collection est-elle le fruit d'un engouement passager, un passe-temps agréable ou une passion dévorante ?

* 125 Néanmoins il est possible que ces réponses soient à nuancer, dû à l'incertitude du jugement d'autrui. Nous partirons cependant du postulat qu'elles expriment avec sincérité la vision qu'a le collectionneur de cette occupation.

Questionnaires MFC6, MGC7, MBC2, MIC9, MEC5. Q39.

* 126 Questionnaire MAC1. Q39.

* 127 Questionnaire MIC9. Q39.

* 128 Questionnaire MCC3. Q39.

* 129 Questionnaire MHC8.

* 130 Questionnaire MJC10.

* 131 Annexe 1. Questionnaire Q37. Comment vous qualifiez-vous en tant que collectionneur ? amateur ? dilettante ? averti ? passionné ?

* 132 Annexe 1. Questionnaire Q74 et Q75. Quelle durée moyenne (en heures) estimez-vous le temps passé dans une semaine à la gestion de votre collection ?

Y travaillez-vous tous les jours ?

* 133 Annexe 1. Questionnaire Q76. Diriez-vous (au soir de votre vie) que le temps passé à gérer votre collection a représenté les meilleurs moments de votre existence ?

* 134 « Amis du Paquebot » est le nom de deux associations « paquebot-philes » : Les Amis du Paquebot, et l'Association Méditerranéenne des Amis du Paquebot.

* 135 Selon l'utilisation de Platon et d'Aristote.

* 136 Questionnaire...

* 137 Au sens d'une occupation de l'esprit, et non au sens religieux. Quoique ce dernier sens pourrait également être valable.

* 138 SÉNÈQUE,

* 139 En revanche, les loisirs organisés se rapporteraient davantage à la notion de negotium, en tant qu'activités calquées sur le travail. Cf. note 100.

* 140 Le negotium se caractérise par les besoins nécessaires à la satisfaction des besoins vitaux, et pour rendre possible l'otium.

* 141 Encyclopédie de l'Agora, article « Loisir ». Quand l'homme n'est plus digne du loisir. « L'Encyclopédie de Diderot a beaucoup contribué à faire du travail et de l'esprit d'entreprise des valeurs modernes. Pourtant, sans le loisir de ses principaux collaborateurs, L'Encyclopédie n'aurait jamais vu le jour ». [...] Bien qu'il « soit ce à quoi « l'homme est condamné par son besoin », le travail est désormais « ce à quoi il doit en même temps sa santé, sa subsistance, sa sérénité, son bon sens et sa vertu peut-être ».

* 142 VALERY Paul, Conferencia. « J'ai signalé il y a quelque quarante ans, comme un phénomène critique dans l'histoire du monde, la disparition de la terre libre, c'est-à-dire l'occupation achevée des territoires par des nations organisées, la suppression des biens qui ne sont à personne. Mais parallèlement à ce phénomène politique, on constate la disparition du temps libre. L'espace libre et le temps libre ne sont plus que des souvenirs. Le temps libre dont il s'agit n'est pas le loisir, tel qu'on l'entend d'ordinaire. Le loisir apparent existe encore, et même ce loisir apparent se défend et s'organise au moyen de mesures légales et de perfectionnements mécaniques contre la conquête des heures par l'activité. Les journées de travail sont mesurées et ses heures comptées par la loi.

Mais je dis que le loisir intérieur, qui est tout autre chose que le loisir chronométrique, se perd. Nous perdons cette paix essentielle des profondeurs de l'être, cette absence sans prix, pendant laquelle les éléments les plus délicats de la vie se rafraîchissent et se réconfortent, pendant laquelle l'être, en quelque sorte se lave du passé et du futur, de la conscience présente, des obligations suspendues, des attentes embusquées... Point de souci, point de lendemain, point de pression intérieure ; mais une sorte de repos dans l'absence, une vacance bienfaisante, qui rend l'esprit à sa liberté propre. Il ne s'occupe alors que de soi-même. Il est délié de ses devoirs envers la connaissance pratique et déchargé du soin des choses prochaines, il peut produire des formations pures comme des cristaux ». Novembre 1935.

* 143 Questionnaire MEC5. Q20.

* 144 MUENSTENBERGER Werner, Le collectionneur : Anatomie d'une passion. P.72.

* 145 Rappelons-nous que la collection est l'expression matérielle d'un manque inconscient.

* 146 Questionnaire. Q54.

* 147 Nous parlons ici de la première cellule familiale : époux, enfants. Cela ne concerne pas les collectionneurs célibataires, proportion de 2/10.

* 148 Questionnaire MAC1. Q9 et 10.

* 149 RHEIMS Maurice, Les Collectionneurs. P. 69.

* 150 VANDEVILLE Gwénaëlle et LADWEIN Richard, Le Collectionneur : un Acheteur et Consommateur frustré, passionné, maniaque, insatisfait Le cas d'un collectionneur de Spiderman.

http://ladwein.free.fr/cas%20collectionneur/cas%20cca.htm

* 151 Questionnaire MHC8. Q15.

* 152 Questionnaire MHC8. Q13.

* 153 MUENSTERBERGER Werner, Le collectionneur : anatomie d'une passion. P. 64.

* 154 Questionnaire MHC8. Q13.

* 155 Questionnaire MCC3. Q45.

* 156 MUENSTENBERGER Werner, Le collectionneur : Anatomie d'une passion. P.75.

* 157 RHEIMS Maurice, Les collectionneurs. P. 10.

* 158 WINNICOTT Donald, « Objets transitionnels et phénomènes transitionnels » in De la pédiatrie à la psychanalyse, pp. 109-125, Payot, 1969. Cité dans l'article « Objet transitionnel » Source :Wikipedia.

* 159 Idem.

* 160 Questionnaire MCC3. Q34.

* 161 Questionnaire MAC1 et MFC6. Q 115-116.

* 162 Questionnaire MEC5. Q 115-116.

* 163 Voir infra. 1.1.3. Mémoire de paquebot.

* 164 BARBIER-GUYOT Alexandra, L'aura et/ou la valeur d'usage. Mémoire de Master 1 professionnel Administration patrimoniale Lille 3, 2008.

* 165 Questionnaire MBC2. Q15.

* 166 Vincent BONTEMS, philosophe post-doctorant au LARSIM, CEA. Cité par BARBIER-GUYOT Alexandra, L'aura et/ou la valeur d'usage. P 6.

* 167 RHEIMS Maurice, Les collectionneurs.

* 168 Questionnaire MIC7. MEC8.

* 169 Chaises longues qui se trouvaient sur les ponts extérieurs des navires face à la mer.

* 170 Questionnaire MCC6.

* 171 Questionnaire MJC9.

* 172 BAUDRILLARD Jean, Le système des objets. P120.

* 173 Questionnaire MCC3.

* 174 ETHIER-BLAIS Jean, Les pays étrangers. http://www.dicocitations.com/citation.php?mot=collection

* 175 Questionnaire Q21-31.

* 176 Questionnaires MFC6 ; MHC8 ; MCC3 ; MIC9 ; MJC10.

* 177 Questionnaires MGC7 ; MAC1 ; MBC2 ; MEC5 ; MKC11.

* 178 Questionnaires MHC8 ; MAC1 ; MJC10 ; MEC5 ; MKC11.

* 179 Questionnaires MBC2 ; MGC7.

* 180 Questionnaire MFC6.

* 181 Questionnaires MFC6 ; MHC8 ; MGC7 ; MAC1 ; MBC2 ; MIC9 ; MEC5 ; MJC10. http://www.frenchlines.com/histoire/histoire_cgt_dates_fr.php ; http://fr.wikipedia.org/wiki/Compagnie_g%C3%A9n%C3%A9rale_transatlantique

* 182 Questionnaires MHC8 ; MBC2 ; MEC5 ; MKC11. http://www.es-conseil.fr/pramona/p1mm.htm

* 183 Questionnaires MBC2 ; MEC5.

* 184 Questionnaire MGC7. http://fr.wikipedia.org/wiki/Cunard_Line; http://www.cunard-france.com/ http://www.nxtbook.fr/newpress/cieintdecroisieres/cunard/voyages_avril_2010_avril_2011/index.php#/1/OnePage

* 185 Questionnaires MKC11 ; MEC5.

http://de.wikipedia.org/wiki/Norddeutscher_Lloyd; http://www.norwayheritage.com/p_shiplist.asp?co=ndlaa

* 186 Questionnaires MKC11 ; MEC5. http://www.theshipslist.com/ships/lines/hamburg.html; http://en.wikipedia.org/wiki/Hamburg_America_Line

* 187 Questionnaire MKC11. http://www.liguria.cgil.it/categorie/filt/settori/italiadinavigazione.htm; http://it.wikipedia.org/wiki/Italia_-_Societ%C3%A0_di_Navigazione

* 188 Questionnaire MEC5. http://www.timetableimages.com/maritime/images/dal.htm

* 189 Les compagnies anglaises ne sont indiquées que chez un seul collectionneur interrogé : British India, P&O (Peninsular and Oriental Steam Navigation Co)...

* 190 Général Mangin, Mermoz, Foch, Césarée, Ancerville, France 1912, 1962, Renaissance, Conte di Savoia, Rex, Bremen, Normandie, Paul Lecat, Champollion etc.

* 191 Questionnaire Q21.

* 192 Albert Brenet (1903-2005) est un peintre français. Originaire de la région du Havre, il dessine déjà enfant les bateaux du port. Il part suivre l'école des Beaux-Arts de Paris en 1920, mais c'est son embarquement pour 7 mois sur l'un des trois derniers voiliers de commerce du Havre, le Bonchamp avec lequel il part aux Antilles qui est déterminant pour sa carrière de peintre. Il continue ainsi à sillonner les mers du monde sur différents navires réalisant croquis, peintures à l'huile, gouaches des navires, des ports mais aussi de la vie des équipages. Auteur d'une oeuvre prolifique, il est également connu pour ses affiches pour les compagnies transatlantiques. Il couvre ainsi le lancement et la traversée inaugurale des paquebots Normandie en 1935 et du France en 1961.

Albert Brenet est nommé Peintre de la Marine en 1936. Il est le premier à avoir été peintre de la Marine, peintre de l'Air (1936) et peintre de l'Armée (de Terre) (1959). Avec Marin-Marie qu'il rencontre en 1931 et Roger Chapelet, il est l'un des trois grands peintres de marine français du XXe siècle.

* 193 Questionnaire MKC11.

* 194 Questionnaire MCC3 ; MJC10.

* 195 Questionnaires MKC11 ; MAC1 ; MBC2 ; MEC5 ; MIC9 ; MCC3 ; MFC6.

* 196 Cf. Exposition au Musée Portuaire de Dunkerque.

* 197 Quelques exemples (adresses actuellement valables) : Lorsque le France était le plus beau paquebot au monde: http://fr.video.yahoo.com/watch/40770/1513866.

Lancement du France : http://www.youtube.com/watch?v=HZaGOu1L-Qs

Le Normandie : http://www.youtube.com/watch?v=AyxQQndVwuU

Le RMS Aquitania : http://www.youtube.com/watch?v=-xMZ5ioAsnA

Le RMS Queen Mary : http://www.youtube.com/watch?v=J5W3CDrjoxA

* 198 Questionnaires MFC6 ; MHC8 ; MGC7 ; MAC1 ; MBC2 ; MCC3 ; MEC5 ; MJC10 ; MKC11.

* 199 Questionnaires MEC5 ; MFC6 ; MIC9...

* 200 Pour les « fans » du Titanic, à la grande époque de la Titanicomania, les éditions Hachette proposaient une maquette en bois du paquebot à construire.

* 201 Questionnaire MGC7.

* 202 Questionnaires MFC6 ; MCC3.

* 203 Questionnaire MBC2.

* 204 Questionnaires MEC5 ; MAC1 ;

* 205 Questionnaires MAC1 ; MEC5.

* 206 Questionnaire MJC10.

* 207 Questionnaires MBC2 ; MKC11.

* 208 Questionnaire MEC5. Q22.

* 209 Cf. RICoeUR Paul, La Traduction. La collection est une des multiples réinterprétations du passé possibles.

* 210 RHEIMS Maurice, La vie étrange des objets, cité dans BAUDRILLARD Jean, Le système des objets. 2007. P122.

* 211 Questionnaire. Q42.

* 212 Questionnaires MFC6 ; MGC7 ; MAC1 ; MBC2 ; MCC3 ; MIC9 ; MEC5 ; MJC10.

* 213 Les brocantes sont répertoriées sur l'agenda annuel des brocantes.

* 214 Questionnaire. Q65.

* 215 Une proportion de seuls 2/11 collectionneurs interrogés effectuent également certaines enchères par téléphone.

* 216 http://annonces.ebay.fr/

* 217 http://delcampe.net/

* 218 Questionnaire. Q72.

* 219 Questionnaire MBC2.

* 220 Questionnaire MKC11 ; MJC10.

* 221 Questionnaire MAC1.

* 222 Questionnaire MEC5.

* 223 Questionnaire MBC2.

* 224 Questionnaire. Q74.

* 225 BAUDRILLARD Jean, Le système des objets. P121.

* 226 Questionnaires MHC8 ; MAC1 ; MEC5 ; MIC9 ; MBC2 ; MJC10. Q87-88-89.

* 227 Questionnaires MEC5 ; MJC10 ; .

* 228 Questionnaires MFC6 ; MHC8 ; MAC1 ; MIC9 ; MEC5 ; MJC10 ; MKC11.

* 229 Questionnaires MBC2 ; MEC5 ; MGC7.

* 230 Questionnaire MEC5.

* 231 Questionnaires MFC6.

* 232 Questionnaires MFC6 ; MGC7.

* 233 MALRAUX André, Le Musée Imaginaire. Folio essais, 2006.

* 234 http://www.frenchlines.com/collections_fr.php

* 235 http://andries.unblog.fr/tag/collection-paquebots-transatlantique/

* 236 BAUDRILLARD Jean, Le système des objets. P121.

* 237 Cf. Infra. 1.2.4.4 Respect de l'objet.

* 238 Questionnaires MEC5 ; MFC6.

* 239 Questionnaires MCC3 ; M

* 240 BARBIER-GUYOT Alexandra, L'aura et/ou la valeur d'usage.

* 241 Questionnaires MHC8 ; MEC5 ; MBC2 ; MAC1.

* 242 Article du 7 juin 1996, in Courrier de l'Ouest. Annexe 6.

* 243 Une proportion de 3/10.

* 244 Questionnaires MFC6 ; MHC8 ; MGC7 ;

* 245 Questionnaire MJC10.

* 246 Questionnaire MAC1.

* 247 Selon les théories de Kristof POMIAN.

* 248 Ou à celui du navire disparu.

* 249 Questionnaire MHC8.

* 250 Une proportion de 5/10 des collectionneurs interrogés.

* 251 Questionnaires MBC2 ; MGC7.

* 252 Questionnaire MGC7. http://www.alliance-encheres.com/fr/vente.php?idvente=229&PHPSESSID=171a660e29e0b1a794021ad2e01bac84

* 253 Fondé par la Peter Tamm Fondation, installé depuis 2004 au Kaispeicher B, bâtiment prêté par la ville d'Hambourg. http://www.internationales-maritimes-museum.de/

* 254 Une fondation demande une déclaration de volonté du fondateur et la reconnaissance d'utilité publique (décret au Journal Officiel en France). Elle exige une mise de fond importante, puisque le capital doit être suffisant pour assurer le financement de son fonctionnement.

* 255 Cinq collectionneurs envisagent sérieusement ou réfléchissent au fait de léguer à un musée, dont trois pensent préserver ainsi quelques pièces.

* 256 BOURSIER Jean-Yves, La mémoire comme trace des possibles. N°12-2002, Traces. Site Revues.org, catégorie Socio-Anthropologie.

* 257 POMIAN Krzysztof, Des saintes reliques à l'art moderne. P312.

* 258 Paquebot-mania.

* 259 Questionnaire MKC11.

* 260 BOURSIER Jean-Yves, Le monument, la commémoration et l'écriture de l'Histoire. N°9-2001, Commémorer. Site Web Revues.org, catégorie Socio-Anthropologie.

* 261 POMIAN Krzysztof, Des saintes reliques à l'art moderne. P312

* 262 PLENEL Edwy, Secrets de jeunesse. http://www.evene.fr/citations/mot.php?mot=Patrimoine

* 263 Ribettes Jean-Michel, psychanalyste, critique d'art, commissaire d'expositions et conservateur. In Passions privées, collections particulières d'art moderne et contemporain en France, catalogue d'exposition au Musée d'Art moderne de la Ville de Paris, paris musées, décembre 1995-mars 1996.

* 264 Jack Lang, ministre de la Culture.

* 265 DUFOUR Michel, secrétaire d'Etat au Patrimoine et a la décentralisation culturelle. Discours d'ouverture de la 5ème rencontre nationale en région sur le thème «Associations et patrimoine » 21 avril 2001

http://www.culture.gouv.fr/culture/actualites/conferen/duffour-2001/associations-patrimoine.htm

* 266 POMIAN Krzysztof, Des saintes reliques à l'art moderne. Introduction.

* 267 RHEIMS Maurice, La vie étrange des objets, cité par BAUDRILLARD Jean, Le système des objets, p 123.

* 268 Le projet est soumis aux droits d'auteur, en tant que prestation intellectuelle, selon l'Article L. 111-1 du Code de la propriété intellectuelle : « L'auteur d'une oeuvre de l'esprit jouit sur cette oeuvre, du seul fait de sa création, d'un droit de propriété incorporelle exclusif et opposable à tous. »

* 269 Pierre BERGÉ, interviewé par Stéphane BERN lors d'une émission Secrets d'Histoire sur le thème de Catherine de Médicis. Emission du 31 juillet 2008, diffusée sur la chaîne France 3.

* 270 BAUDRILLARD Jean, Le système des objets, p123.

* 271 GAFFIOT, article « Curiosus, a, um ». P457. 1934.

* 272 Département du Nord.

* 273 BLOT Jacques. Rapport pour la création d'une agence culturelle. 2005. P 5. http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/IMG/pdf/rapport_blot.pdf

* 274 Le droit privé permet également une plus grande souplesse que le droit public au niveau de la comptabilité et du personnel.

* 275 La société à responsabilité limitée (S.A.R.L) et S.A.R.L de presse (diffusion d'infos sur Internet ou édition papier). C'est la forme la plus utilisée pour les sociétés. Les associés ne sont pas responsables sur leurs biens personnels, juste à hauteur de leurs apports. Elle est toujours commerciale (voir E.U.R.L). Les frais de constitution sont inférieurs à 250 euros. Les associés minoritaires ou égalitaires (50 % des parts sociales ou moins) peuvent avoir le statut de salarié. Si aucun salaire n'est versé, il n'y a aucune charge sociale à payer. Il n'est pas obligatoire de rémunérer le ou les gérants. Les associés majoritaires (51 % des parts sociales et plus) ont le statut social et fiscal des entrepreneurs individuels. Ils doivent payer des charges sociales, même si aucun salaire n'est versé.

1°- la S.A.R.L à capital fixe. Pour monter une S.A.R.L dans sa forme traditionnelle, à capital fixe, le capital minimum est de 1 euro. Si ce capital est plus important, on peut ne libérer que 20 %, le reste étant apporté dans les 5 années suivantes.

2°- la S.A.R.L à capital variable. idem à la S.A.R.L à capital fixe. Cependant, la S.A.R.L à capital variable est plus souple : on peut faire varier le capital social (par augmentation ou par l'arrivée et départ de nouveaux associés) entre le capital minimum souscrit qui ne peut être inférieur à 1 euro et un autre montant qui sera appelé "capital maximum". Par exemple, 20.000 euros. En cas de variation du capital, il n'y a pas de modifications à apporter aux statuts (augmentation ou réduction), donc, pas de déclaration à produire au greffe du tribunal, et par conséquent, aucun droit à payer (dans une S.A.R.L à capital fixe, il y a lieu de payer une taxe de 230 euros pour chaque modification). La responsabilité des associés n'est fixée qu'à hauteur du capital social (exemple : 1 euro) et non pas sur le montant du capital maximum qui n'engage à rien.

3°- la S.A.R.L (ou E.U.R.L) de presse. La société de presse peut prendre la forme d'une S.A.R.L ou d'une S.A. Le capital minimum est de 1 euro. Des avantages fiscaux (comme l'exonération de la taxe professionnelle) sont prévus pour les sociétés de presse. Une S.A.R.L de presse (ou E.U.R.L) se crée et se gère comme une S.A.R.L classique (elle peut d'ailleurs être à capital variable également. Si votre activité vise le secteur de l'édition (sous toutes ses formes) ou la presse, mais aussi l'information diffusée par internet (ou minitel !), à la condition de respecter quelques règles, ce statut est le bon choix. Ses associés ne sont pas responsables sur leurs biens personnels, et peuvent être salariés s'ils sont égalitaires ou minoritaires. Les sociétés de presse sont exonérées de la taxe professionnelle. Info utile : la police ne peut pas faire librement de perquisition au siège de l'entreprise de presse. Elle doit obligatoirement être accompagnée d'un magistrat.

Fiscal. Pour ce qui concerne l'imposition sur les bénéfices, les entreprises soumises à l'impôt sur les sociétés (I.S) sont imposées à 33,33 % . Exemple : après avoir payé toutes les factures, salaires et TVA, il reste un bénéfice distribuable de 100 euros. L'impôt sur les sociétés sera de 33,33 euros. Le reste, soit 66,67 euros sera distribué aux associés en proportion de leurs parts. Toutefois, il peut arriver que les associés décident de ne pas prendre ces bénéfices (en fin d'exercice), et de les laisser à la disposition de la société. Dans ce cas, (au 1er Juin 2005) l'imposition sur les bénéfices ne sera que de 15 % (soit plus de 50 % en moins que l'imposition « normale »). http://www.documentationjuridique.com/choisirstatut.htm

* 276 http://www.admical.org/default.asp?contentid=166#Utilite_soc

* 277 EVRARD Yves, Le management des entreprises artistiques et culturelles. P202.

* 278 http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006069577&idArticle=LEGIARTI000006309076&dateTexte=&categorieLien=cid

* 279 Il s'agit d'une taxe payée par les entreprises lors de l'implantation sur un territoire.

* 280 Si une collectivité territoriale investit dans l'agence, elle récupère un pourcentage sur les profits réalisés.

* 281 Suppression de l'avis des ABF le 11 juin 2009, par l'Assemblée. La suppression avait été refusée dans le premier texte par le Conseil Constitutionnel, comme n'ayant pas de rapport avec le Plan de relance. Le 19 mai, cette motion a été réintroduite en commission avant la deuxième lecture du Grenelle II par les députés et acceptée.

* 282 http://www.univ-avignon.fr/fr/international/doctorat-international.html

* 283 Relations avec le CETAC de l'université de Porto (Portugal) et le Laboratoire des ressources patrimoniales de Tunisie de l'université de Manouba.

* 284 http://www.museefernetbranca.fr/index.html#I000000ce

* 285 http://www.beyeler.com/fondation/f/html_02stiftung/sti_fr_main01ges.htm

* 286 http://www.tinguely.ch/fr/museum/index.html

* 287 http://www.schaulager.ch/de/index.php?pfad=schaulager/entstehung

* 288 http://www.museumspass.com/

* 289 http://www.mes-collections.com/

* 290 Il est apparu que le nom de domaine http://www.curiosit.com était déjà utilisé pour la visibilité virtuelle de l'herbier de Gaston Bonnier. D'où la proposition http://www.Agence-CuriosiT.com, adresse qui n'existe pas et donc ne fonctionne pas.

* 291 http://www.culturespaces.com/

* 292 http://www.collectionneur-chineur.fr/

* 293 http://www.mecenat.culture.gouv.fr/

* 294 A savoir les musées, les associations etc...

* 295 MORAND-DEVILLER Jacqueline, In Le patrimoine architectural et l'ingénierie culturelle.

* 296 MELOT Michel, Revue de l'Art, n° 21. http://www.dicocitations.com/citation.php?mot=collection

* 297 CAMUS Albert, Le mythe de Sisyphe. 1942

* 298 Malraux André, Le musée imaginaire. P213.

* 299 ALBERTI, De Pictura. 1435.

* 300 POMIAN Krzysztof, Des saintes reliques à l'art moderne. P312.

* 301 HASKELL Francis, Le musée éphémère.






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