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Inégalité et polarisation au Cameroun pendant et apres les programmes d'ajustement structurel

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par Charlie Yves NGOUDJI TAMEKO
Université de Yaoundé II - Diplôme d'Etudes Approfondies (DEA) 2008
  

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    FACULTE DES SCIENCES
    ECONOMIQUES ET
    DE GESTION

    BP. 1365 YAOUNDE-CAMEROUN
    Tel. 22 21 34 41 / Fax. 22 23 79 12

    Mémoire présenté et soutenu publiquement en vue de l'obtention du Diplôme
    d'Etudes Approfondies ( DEA) en Sciences Economiques

    INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN
    PENDANT ET APRES LES PROGRAMMES
    D'AJUSTEMENT STRUCTUREL

    UNITE DE FORMATION DOCTORALE: ECONOMIE MATHEMATIQUE ET ECONOMETRIE (Deuxième promotion)

    UNIVERSITE DE YAOUNDE II

    THE UNIVERSITY OF YA O UNDE II

    Option: Economie Mathématique et Econométrie

    Francis MENJO BAYE (Ph. D)

    Chargé de cours à l'Université de Yaoundé II

    NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves
    Maître ès Sciences Economiques
    Option: Economie Internationale

    Année académique 2006 - 2007

    Sous la direction de:

    Par:

    FACULTY OF ECONOMICS
    AND
    MANAGEMENT

    P. O. Box. 1365 YAOUNDE-CAMEROON

    Tel. 22 21 34 41 / Fax. 22 23 79 12

    AVERTISSEMENT

    « L'Université de Yaoundé II n'entend donner aucune approbation aux opinions contenues dans ce mémoire. Celles-ci doivent être considérées comme étant propres à l'auteur. »

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 2 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    DEDICACE

    A
    Ma mère NGOUETSO Rosalie,
    Ma grand-mère NGOUEGNI Régine,
    Et à la mémoire de mon père TAMEKO Elias Fouédong.

    REMERCIEMENTS

    La présente étude ne pouvait être réalisée sans le concours précieux de certaines personnalités à qui je voudrai adresser mes remerciements les plus sincères.

    Je commence par témoigner toute ma gratitude à l'éternel Dieu tout puissant qui, par sa grâce m'a permis de réaliser tout mon cursus.

    Je remercie profondément le docteur Francis MENJO BAYE, mon directeur, qui a suivi et encadré ce travail avec beaucoup d'assurance et de précision. Qu'il trouve ici l'expression de ma gratitude et de ma sincère reconnaissance.

    Je concède un merci grandiose au docteur Paul NINGAYE pour ses conseils multiples et la mise à ma disposition de sa documentation.

    J'adresse également mes remerciements à tous les enseignants de la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de l'Université de Yaoundé II, sans qui ce travail n'aurait jamais été pensé.

    Je remercie aussi tous mes camarades de la deuxième promotion de DEA en Economie Mathématique et Econométrie pour l'entraide qui a existé entre nous durant toute la formation.

    Je témoigne ma reconnaissance aux familles Fouédong et Talonchélé pour leur soutien sans limite à l'élaboration de ce travail. Particulièrement, ma reconnaissance est adressée à MM TIABOU TAMEKO Séverin, TCHIMEKEM Donatien, TSAKOU JP, DZEUTIO Laurent, TIYONG Christophe, TCHOFFO Alphonse, KAZOU Salomon, et leurs épouses, à Mmes DOUANLA née NGOUEKEM Rachel, NOTEPIEHE née NOGNING Françoise, NZOMO née TAMEKO Séverine et leurs époux, à TSAGMO Emmanuel, MEZINDJOU Elie, DJUFFO Marie, NZAPA Alex, NOGUEU Awriole, TIABOU Scoldfield, TAMEKO Chasnelle, NKENFACK Charlie, DJOUMENE Arthur, TALLA Stéphanie, NGOUEMETA Karelle, TCHINDA Orline, TIOBOU Junior, DOUANLA Charly, etc.

    Ma reconnaissance est adressée aussi à tous mes amis, particulièrement LEKEUFACK Calvain, MBENDA Ferdinand, NTUNGWANAYO Diomède, KINFACK Emilie, KUETE Eric, MANFO Simplice, TCHOFFO Hyacinthe, HYEFOUAIS Achille, FOTIO Cyrille, TSASIER Serges, TIEKAM Eric, TCHOUPOU Bertrand, DJOMO Serge, DZOYEM Germain, TAKEM JC, MAGNITOUO Yvonne, MEKONTSO Alexandre, NKEUFACK Célestin, DJOUDA Elvis, FOUOMENE Emmanuel, SONKOUE Ernestine, TIOBOU Ghislain et tous mes voisins de la Mini Cité de l'Unité.

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 4 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    TABLE DES MATIERES

    AVERTISSEMENT 2

    DEDICACE 3

    REMERCIEMENTS 4

    TABLE DES MATIERES 5

    RESUME 8

    ABSTRACT 9

    LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS 10

    LISTE DES TABLEAUX 12

    LISTE DES FIGURES 13

    Chapitre I : 14

    INTRODUCTION GENERALE 14

    I.1. Contexte et problématique 14

    I.2. Questions de recherche 16

    I.3. Objectifs de l'étude 16

    I.4. Hypothèses de recherche 16

    I.5. Importance de l'étude 17

    I.6. Méthodologie 18

    I.7. Définition des termes clés 19

    I.8. Portée et limite de l'étude 20

    I.9. Organisation du travail. 21

    Chapitre II : 22

    REFORMES MACROECONOMIQUES, INEGALITE ET POLARISATION AU
    CAMEROUN 22

    II.1. Introduction 22

    II.2. Les réformes macroéconomiques et leurs conséquences au Cameroun 22

    II.2.1. L'économie camerounaise pendant les Plans Quinquennaux de Développement

    ..23

    II.2.2. Le Cameroun face à la crise (1985-1993) : la nécessité des PAS 27

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 5 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    II.2.3. La reprise économique : de la dévaluation du FCFA à l'atteinte du point

    d'achèvement de l'initiative PPTE 32

    II.3. Inégalité et polarisation au Cameroun 36

    II.3.1. Disparités dans la distribution des revenus et l'inégalité au Cameroun 36

    II.3.2. La disparition de la classe intermédiaire et la polarisation au Cameroun 37

    II.4. Conclusion 38

    Chapitre III : 39

    CADRE CONCEPTUEL ET REVUE DE LA LITTERATURE 39

    III.1. Introduction 39

    III.2. Cadre conceptuel 40

    III.2.1. Concept et mesures de l'inégalité 40

    III.2.2. Concept et mesures de polarisation 43

    III.2.3. Lien entre inégalité et polarisation 45

    III.3. Revue de la littérature 47

    III.3.1. Revue théorique 47

    III.3.2. Revue empirique 51

    III.4. Conclusion 57

    Chapitre IV : 58

    METHODOLOGIE ET DONNEES D'ANALYSE 58

    IV. 1. Introduction 58

    IV.2. Mesures d'inégalité et de la polarisation et leur décomposition 58

    IV.2.1. Mesures de l'inégalité 58

    IV.2.2. Mesures de la polarisation 64

    IV.3. Données et logiciel d'analyse 69

    IV.3.1. Données d'analyse 69

    IV.3.2. Logiciel d'analyse 71

    IV.4. Conclusion 72

    Chapitre V : 73

    RESULTATS EMPIRIQUES 73

    V. 1. Introduction 73

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 6 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    V.2. Evolution de l'inégalité et de la polarisation au Cameroun entre 1996 et 2001 73

    V.3. Variation de l'inégalité et de la polarisation au Cameroun entre 1996 et 2001 76

    V.3.1. Evolution des dépenses totales selon les milieux de résidence au Cameroun 76

    V. 3.1.1. Inégalité selon les milieux de résidence au Cameroun entre 1996 et 2001 78

    V.3.1.2. Polarisation selon les milieux de résidence au Cameroun sur la période 1996-

    2001 . 81

    V.3.2. Inégalité et polarisation selon les régions au Cameroun en 1996 et 2001 85

    V.3.2.1. Variation de l'inégalité selon les régions de résidence au Cameroun entre 1996

    et 2001 ..86

    V.3.2.2. Polarisation selon les régions de résidence au Cameroun sur la période 1996-

    2001 ..92

    V.4. Conclusion 96

    Chapitre VI : 98

    CONCLUSION GENERALE 98

    VI. 1. Résumé des résultats 98

    VI.2. Recommandations de politiques économiques 100

    VI.3. Perspectives de recherche future 102

    BIBLIOGRAPHIE 103

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 7 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    RESUME

    Dans le souci d'analyser l'évolution de la répartition des revenus au Cameroun durant 1996 et 2001 afin de comprendre celle-ci dans le contexte des changements macroéconomiques survenus au cours de cette période, cette étude a essayé d'évaluer d'abord le trend de l'inégalité spatiale en utilisant le coefficient de Gini et la classe des mesures d'entropie généralisée. Ensuite, elle a analysé empiriquement l'évolution de la polarisation au Cameroun pendant et après les Programmes d'Ajustement Structurel (PAS) aux moyens de l'indice Duclos-Estéban-Ray ( ) et de l'indice Foster-Wolfson (W ). Enfin, elle a essayé

    DER

    de comparer ces deux évolutions dans le but de faire ressortir les différences et similitudes entre ces deux phénomènes au Cameroun. Pour cela elle a utilisée les données des deux Enquêtes Camerounaises Auprès des Ménages de 1996 et de 2001.

    Les résultats font état d'une augmentation de l'inégalité et attribue celle-ci aux milieux ruraux, exception faite de la région Rurale Savane qui comme les grandes métropoles Douala et Yaoundé ont connue une amélioration de leurs niveaux d'inégalité. Les deux mesures de polarisation donnent des résultats opposés au niveau national, la mesure FosterWolfson indiquant une hausse pendant que les mesures font état d'une baisse. De

    DER

    manière générale, inégalité et polarisation évoluent de façon similaire dans les milieux et régions mais diffèrent ou se ressemblent selon les mesures utilisées au niveau national.

    Cette étude recommande que toute mesure de politique visant à réduire l'inégalité au Cameroun soit focalisée sur la composante intra-groupe. Plus d'équité dans la redistribution améliorerait la croissance et réduirait la pauvreté. Les mesures à prendre doivent pouvoir réduire la pauvreté et atténuer l'inégalité et la polarisation de façon simultanée. Celles qui abordent de manière consistante ces trois concepts peuvent bien être conçues dans le cadre des transferts ciblés (développement des infrastructures routières, facilité d'accès aux médicaments et lutte contre la corruption par exemple) qui soient neutre aux groupes, mais touchent les segments les plus vulnérables de chacun des groupes.

    Mots clés : Inégalité, Polarisation, Programmes d'Ajustement Structurel

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 8 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    ABSTRACT

    In order to assess the trend in income distribution in Cameroon during 1996 and 2001 periods and to understand it in the context of macroeconomics changes that occur during this period, this study attempts firstly to appreciate the trend in spatial inequality using the Gini index and the Generalised class of entropy index. Secondly, it empirically analyses the trend in polarization in Cameroon during and after Structural Adjustment Programmes (SAP's) via the Duclos-Esteban-Ray index ( ) and Foster-Wolfson index (W ). And finally, it tries to

    DER

    compare these two variations with a view to bring out divergences and similarities between these twins phenomena in Cameroon. To do it, this study used the 1996 and 2001 Cameroon household consumption surveys.

    The results show an increase in inequality and attribute this to rural areas, with the exception of Rural Savannah region which, as the urban areas and the largest cities Douala and Yaounde experienced an improvement in their inequality levels. The two measures of polarization give conflicting results at the national level, the Foster-Wolfson index showing an increase while indexes indicate a decrease. In general, inequality and polarization

    DER

    move together in areas and regions but conflict at the national level.

    This study recommends that any policy to reduce inequality in Cameroon must focus more on within-group components. More fairness in income redistribution would improve growth and reduce poverty and mitigate inequality and polarization in a simultaneous fashion. Those addressing these three aspects in a consistent manner can best be designed within the ambit of carefully targeted transfers (road construction, drugs access facilities and fight against corruption for instance) that are group neutral, yet reaching the vulnerable segments of each group.

    Key words: Inequality, Polarization, Structural Adjustment Programmes

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 9 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

    A : Indice d'Atkinson

    CV : Coefficient de variation

    DER : Classe des mesures Duclos-Esteban-Ray

    ER : Mesure Esteban-Ray

    EGR : Mesure Esteban-Gradin-Ray

    G : Coefficient de Gini

    GE : Classe des mesures d'Entropie Généralisée

    $US : Dollar des Etats-Unis d'Amérique

    AFD : Agence Française de Développement

    ASS : Afrique Sub-Saharienne

    BAD : Banque Africaine de Développement

    BM : Banque Mondiale

    CEPAL : Commission Economique pour l'Amérique Latine de l'ONU

    CNUCED : Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement

    DAD : Logiciel d'Analyse Distributive

    DSCN : Direction de la Statistique et de la Comptabilité Nationale

    DSRP : Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté

    EBC : Enquête Budget Consommation

    ECAM II : Enquête Camerounaise Auprès des Ménages de 2001

    ECAM I : Enquête Camerounaise Auprès des Ménages de 1996

    FASR : Facilité d'Ajustement Structurel Renforcée

    FCFA : Franc de la Coopération Financière en Afrique Centrale

    FF : Franc Français

    FMI : Fonds Monétaire International

    FRPC : Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et la Croissance

    GUCE : Guichet Unique des opérations du Commerce Extérieur

    INS : Institut National de la Statistique

    ONU : Organisation des Nations Unies

    PAS : Programmes d'Ajustement Structurel

    PIB : Produit Intérieur Brut

    PNB : Produit National Brut

    PNUD : Programmes des Nations Unies pour le Développement

    PPTE : Pays Pauvres Très Endettés

    RDA : Recommended Dietary Allowances

    TCA : Taxe sur le Chiffre d'Affaire

    TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée

    USA : Etats Unis d'Amérique

    W : Mesure Foster-Wolfson

    ZK : Indice Zhang et Kanbur

    LISTE DES TABLEAUX

    Tableau 1 : Evolution de quelques agrégats macroéconomiques au Cameroun avant les PAS

    (en million de $US) 24
    Tableau 2 : Evolution de quelques agrégats macroéconomiques au Cameroun pendant les

    PAS (en million de $US) 28
    Tableau 3 : Evolution de quelques agrégats macroéconomiques au Cameroun après les PAS

    (en million de $US) 33

    Tableau 4 : Inégalité des revenus : Indice de Gini et dépense moyenne par quintile 37

    Tableau 5 : Polarisation dans la distribution des niveaux de vie au Cameroun 38

    Tableau 6 : Récapitulatif de quelques travaux empiriques sur l'inégalité et la polarisation 56

    Tableau 7 : Inégalité et polarisation au Cameroun en 1996 et 2001 74

    Tableau 8 : Evolution de la dépense moyenne par équivalent-adulte selon les milieux de

    résidence au Cameroun entre 1996-2001 77
    Tableau 9 : Evolution de l'inégalité selon les milieux de résidence au Cameroun en 1996 et

    2001 79
    Tableau 10 : Evolution de la polarisation au Cameroun selon les milieux de résidence en

    1996 et 2001 82
    Tableau 11 : Evolution des dépenses totales par équivalent adulte des ménages au Cameroun

    selon les régions de résidence 86
    Tableau 12 : Décomposition de l'inégalité selon les régions de résidence au Cameroun (1996

    et 2001) 88
    Tableau 13 : Evolution de la polarisation selon la région de résidence du chef de ménage au

    Cameroun (1996 et 2001) 93

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 12 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    LISTE DES FIGURES

    Figure 1 : Evolution graphique de quelques agrégats macroéconomiques au Cameroun entre

    1965 et 1983 25
    Figure 2 : Evolution graphique de quelques agrégats macroéconomiques au Cameroun entre

    1984 et 1994 28
    Figure 3 : Evolution graphique de quelques agrégats macroéconomiques au Cameroun entre

    1995 et 2003 33
    Figure 4 : Evolution de la dépense moyenne par équivalent-adulte selon les milieux de

    résidence au Cameroun entre 1996-2001 77
    Figure 5 : Evolution de la dépense moyenne par équivalent adulte selon les régions de

    résidence au Cameroun entre 1996-2001 86

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 13 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    Chapitre I :
    INTRODUCTION GENERALE

    I.1. Contexte et problématique

    Malgré la mise en oeuvre des plans quinquennaux en début des années 60, l'économie camerounaise a connu au milieu des années 80 une récession qui l'a conduite à adopter à partir de 1988 les Programmes d'Ajustement Structurel (PAS)1.

    En effet, l'économie du Cameroun s'est bien portée jusqu'à la seconde moitié des années 80, lorsque les cours mondiaux de ses exportations2 ont chuté. Vers la fin de ces années 1980, la longue et profonde crise sociopolitique3 et économique combinée aux effets de la baisse des cours mondiaux des matières premières et la baisse du cours du dollar ont entraîné une aggravation de cette situation. La surévaluation du franc CFA4 par rapport au Dollar américain ($US), devise dans laquelle est libellée la plupart des exportations camerounaises, et les déficiences structurelles du pays ont été en grande partie responsables de la crise économique.

    Suivant la précarité de la situation économique et les chutes de revenus émanant de la crise, le gouvernement, sous les auspices des institutions de Bretton Woods - Banque Mondiale (BM) et Fonds Monétaire International (FMI) - a abandonné les programmes de long termes en cours depuis 1961 (plans quinquennaux) pour adopter les programmes de moyen termes appelés Programmes d'Ajustement Structurel dans le but de restaurer l'équilibre macroéconomique et d'améliorer la croissance et l'efficience de l'économie. Une série de mesures de réduction des dépenses a ainsi été engagée, les entreprises publiques ne dégageant pas de profit ont été liquidées et celles ayant un profit marginal ont été privatisées.

    1 Ces programmes avaient pour but d'aider les pays en crise à atteindre une stabilisation macroéconomique et une transformation structurelle de l'économie équilibrées et durables. Elles ont été adoptées au Cameroun en 1988.

    2 Il s'agit des biens que le Cameroun exporte ; en l'occurrence les produits agricoles (café, cacao, banane, etc.) et les matières premières (pétrole, etc.).

    3 Il s'agit de l'instabilité politique et les événements qualifiés de « villes mortes » qui ont précédé les élections présidentielles de 1992 au Cameroun.

    4 Pour la Zone CEMAC, FCFA signifie franc de la Coopération Financière en Afrique centrale tandis que pour l'UEMOA, FCFA signifie franc de la Communauté Financière Africaine.

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 14 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    Les dépenses publiques en matière d'éducation et de santé ont été compressées. L'année 1993 a vécu une double baisse des salaires dans le service public,5 ceci ayant pour objet d'amener une baisse d'ensemble dans les coûts de production, ce qui devrait relancer l'économie (Baye et Fambon, 2001).

    Cependant, cinq ans après, l'économie camerounaise est restée stagnante. C'est pourquoi le Cameroun et les autres membres de la Zone Franc ont dévalué le FCFA (Franc de la Coopération Financière en Afrique Centrale) de 50% par rapport au FF (Franc Français) le 12 janvier 1994. Etant la pièce centrale de l'ajustement, la dévaluation avait pour but de freiner la consommation des biens importés et de réaffecter les ressources des biens non commercialisés vers les biens commercialisés, notamment les exportations agricoles.

    En outre, ces politiques et reformes ne sont pas demeurées sans incidences sur la situation économique et sociale du Cameroun, notamment la montée des inégalités et de la polarisation des revenus de la population. Les effets de la hausse des prix résultant de la dévaluation, la confusion dans le sous-secteur produit due à sa libéralisation et les maigres salaires ont contraint et forcé plusieurs camerounais à adopter des comportements de débrouillardise. Parmi ces comportements, on relève par exemple le travail au noir (secteur informel), les changements des tendances régionales d'activité, les changements dans l'occupation des structures, la baisse de la productivité et l'adoption des « innovations comportementales » comme la corruption et autres vices de la société. Ces adaptations ont défini des tendances spécifiques de distribution de revenu, marquées par les inégalités entre leurs niveaux et la concentration entre les mains d'un petit nombre de personnes de la quasi- totalité des revenus distribués.

    La crise a donc eu pour conséquence majeure la recrudescence de la pauvreté dont la lutte passe par une amélioration de la croissance et une réduction des disparités. En fait, l'analyse économique traditionnelle a longtemps considéré qu'une politique de développement devait se concentrer sur la croissance économique afin d'entraîner une élévation générale du niveau de vie susceptible de réduire la pauvreté. L'analyse récente tend à mettre en avant le rôle que peut jouer une politique de redistribution et de réduction des inégalités dans la croissance économique et donc la réduction de la pauvreté (Valier, 2000 et

    5 Une en janvier et l'autre en novembre (ces baisses s'élevant à une moyenne de 60%).

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 15 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    Bourguignon, 2000). Nous allons dans cette étude analyser et comparer les évolutions de la polarisation et de l'inégalité au Cameroun afin de mieux décrypter les différences et similitudes qui existent entre elles ; notre souci étant de proposer un moyen de lutte contre la pauvreté par l'approche de réduction de l'inégalité et de la polarisation.

    I.2. Questions de recherche

    La question principale analysée ici est de savoir comment ont évolué l'inégalité et la polarisation pendant les différentes périodes de réformes économiques au Cameroun ?

    Plus spécifiquement, il s'agit de déterminer :

    - Quelle a été l'évolution des inégalités au Cameroun pendant et après les PAS?

    - Comment a évolué la polarisation au Cameroun dans les périodes 1996 et 2001 ?

    - S'il existe une différence significative entre les trends de la polarisation et de

    l'inégalité au Cameroun pendant ces deux périodes ?

    I.3. Objectifs de l'étude

    L'objectif principal de cette étude est d'analyser et de comparer les évolutions de la polarisation et de l'inégalité au Cameroun pendant et après les PAS afin de proposer un moyen de lutte contre la pauvreté qui tienne compte de ces phénomènes.

    Trois objectifs spécifiques sont poursuivis :

    - Evaluer le trend de l'inégalité spatiale en utilisant le coefficient de Gini et la classe des mesures d'entropie généralisée.

    - Analyser empiriquement l'évolution de la polarisation au Cameroun de 1996 à 2001

    aux moyens de l'indice Duclos-Estéban-Ray et de l'indice Foster-Wolfson.

    - Comparer ces deux évolutions dans le but de faire ressortir les différences et

    similitudes entre elles au Cameroun.

    I.4. Hypothèses de recherche

    Pour aborder la problématique de notre étude avec tact, nous formulons l'hypothèse générale suivante qui va avec la pensée de Duclos, Esteban et Ray (2004) : la polarisation est un concept largement différent de l'inégalité.

    Plus spécifiquement, nous avons les hypothèses ci-dessous :

    H1 : L'inégalité a augmenté au Cameroun pendant et après les PAS.

    H2 : La polarisation a évolué de manière croissante entre 1996 et 2001 au Cameroun.

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 16 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    H3 : L'inégalité et la polarisation ont suivi des évolutions différentes pendant et après les PAS au Cameroun.

    I.5. Importance de l'étude

    + Importance théorique :

    Depuis plusieurs années, un grand intérêt s'est porté sur l'impact des reformes économiques sur la pauvreté et particulièrement sur la distribution du bien-être dans les sociétés africaines. L'échec des PAS introduit au Cameroun depuis 1988 suscite des débats quant à l'effet qu'a eu les reformes des institutions de Bretton Woods sur les politiques de redistribution au Cameroun. Notre étude évalue les trends de l'inégalité et de la polarisation des dépenses des ménages au Cameroun sur la période des reformes économiques et celles d'après. Elle contribue à la littérature existante de trois manières :

    - D'abord, l'analyse des effets de ces mesures d'ajustement sur la redistribution n'a pas été effectuée de manière intensive et rigoureuse jusqu'ici. A notre connaissance, très peu d'études6 sur le Cameroun analysent l'évolution de la polarisation et de l'inégalité de revenu, utilisant simultanément les deux bases de données de 1996 et 2001.

    - Ensuite, notre étude se concentre sur la dynamique spatio-temporelle de l'inégalité et de la polarisation au Cameroun dans le but d'aider à comprendre leurs évolutions à différentes étapes de la situation économique du pays.

    - Enfin, cette étude introduit le concept de polarisation dans la distribution de revenu, chose encore inexplorée dans le dialogue du bien-être au Cameroun.

    + Importance empirique :

    Les études empiriques menées ici sont d'une importance considérable pour les décideurs politiques dans la mesure où elles permettent d'identifier simultanément la structure de la polarisation et de l'inégalité des revenus et la nature des changements de celles-ci au cours du temps. Munies des ces informations, les autorités gouvernementales peuvent prendre des mesures spécifiques en vue d'améliorer la distribution des revenus entre les différentes couches de la population. De plus, se baser uniquement sur le trend de l'incidence de la pauvreté comme on l'a toujours fait jusqu'ici, peut ne pas nous permettre d'avoir une vue globale sur la situation de la pauvreté au Cameroun. L'inégalité (évolution des disparités dans

    6 Comme étude de ces phénomènes sur le Cameroun on peut citer Baye, 2008.

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 17 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    la distribution des revenus) et la polarisation nous donnent des résultats significatifs pour une bonne appréhension de la pauvreté.

    I.6. Méthodologie

    Nous utilisons dans cette étude une approche qui décompose l'inégalité par groupe. Une décision sur l'unité d'analyse s'impose de même que les mesures d'inégalité et de polarisation qui reflètent la distribution totale des revenus ou dépenses. Ainsi, une analyse de l'inégalité et de la polarisation entre les dépenses par équivalent-adulte est choisie comme indiquées par les données des enquêtes de 1996 et 2001. Nombres de mesures ont été proposées dans la littérature pour caractériser la polarisation (Esteban et Ray, 1994 ; Wolfson, 1994 ; Tsui et Wang, 1998 ; Zhang et Kanbur, 2001) et l'inégalité dans la distribution des revenus (Kakwani, 1980 ; Glewwe, 1986 ; Fields, 1980 ; Theil, 1979 ; Sen, 1973 ; Shorrocks, 1984 et Litchfield, 1999).

    Nous allons procéder par une décomposition statique par sous-groupe, l'inégalité totale étant exprimée comme une moyenne pondérée de la même mesure pour différents groupes constitués (composante intra-groupe) plus la mesure d'inégalité de l'échantillon dans sa totalité, chaque membre ayant la dépense moyenne de son groupe particulier (composante inter-groupe). Certaines mesures d'inégalité comme la classe des indices d'entropie généralisée sont facilement décomposable en composantes intra et inter groupes : Itotale=Iintra+Iinter (Litchfield, 1999 ; Cowell, 1995 et Ahuja et al, 1997). La popularité de l'indice de Gini7 garantit son inclusion dans chaque étude de l'inégalité. Les variantes de la classe des indices d'entropie généralisée sont la déviation logarithmique moyenne, l'indice de Theil et la variance du logarithme qui n'est autre que la moitié du carré du coefficient de variation. Ainsi, une baisse de l'inégalité dans l'un des sous-groupes conduira à une baisse de l'inégalité totale.

    Les mesures de polarisation doivent être caractérisées par leur sensibilité locale à l'interaction entre l'aliénation (hétérogénéité inter-groupe) et l'identification (homogénéité intra-groupe). L'analyse de la polarisation se fera à l'aide de la classe des mesures DuclosEstéban-Ray et de l'indice Foster-Wolfson. Ces mesures sont sensibles à la concentration des

    7 L'indice de Gini est décomposable par groupe seulement si les partitions ne chevauchent pas dans le vecteur de revenus / dépenses. Il est cependant décomposable par sources de revenus.

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 18 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    individus autour de leurs revenus respectifs. C'est ce que Duclos, Esteban et Ray (2004) ont appelé identification.

    L'analyse dans cette étude est basée sur les données de l'Enquête Camerounaise auprès des Ménages de 1996 (ECAM I) réalisée par la Direction de la Statistique et de la Comptabilité Nationale (DSCN) du Cameroun et de l'Enquête Camerounaise auprès des Ménages de 2001 (ECAM II) réalisée par l'Institut National de la Statistique (INS) du Cameroun. Les résultats empiriques seront obtenus à partir du logiciel d'analyse de distribution appelé DAD.

    I.7. Définition des termes clés

    Pour faciliter la compréhension de notre travail, il est judicieux de définir quelques termes clés.

    + L'inégalité.

    L'inégalité est un phénomène de distribution qui capture les disparités qui existent entre les niveaux dans une distribution de bien-être. L'inégalité des revenus peut être définie comme la différence entre le revenu des riches et des pauvres au sein d'un même pays. Celle- ci est généralement mesurée à l'aide de l'indice de Gini, chiffre situé entre 0 et 1, la valeur la plus faible indiquant une plus grande égalité (Loungani, 2003)8. Un indice d'inégalité mesure ainsi essentiellement l'étendue totale de la distribution des niveaux de vie. Il met l'accent sur la déviation par rapport à la moyenne globale et ignore le regroupement autour des moyennes locales.

    + La polarisation

    La polarisation est un phénomène de distribution qui capture l'étendue par laquelle la population devient regroupée, de sorte qu'à l'intérieur de chaque groupe, les membres sont semblables mais entre les groupes les membres sont très différents (Fedorov, 2002). Les mesures de polarisation cherchent donc une évidence de regroupement en bas et au sommet de la distribution de bien-être. La polarisation diffère de l'inégalité en ce sens que la dernière n'impose aucune condition de regroupement à l'intérieur de la distribution. Les mesures de la

    8 D'autres mesures d'inégalité consistent en l'indice d'Atkinson, la classe des indices d'entropie généralisée, etc., pour les mesures numériques et la courbe de Lorenz comme mesure graphique.

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 19 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    polarisation capturent le regroupement autour des moyennes locales, aspect ignoré par les mesures d'inégalité.

    + Les PAS

    L'ajustement structurel est défini comme une « série de mesures tendant à restaurer l'équilibre des agrégats macroéconomiques de manière à relancer et à soutenir le processus de croissance et de développement ». Les Programmes d'Ajustement Structurel visaient avant tout à rétablir la balance extérieure courante et un niveau de dépenses viables, de façon à réduire les baisses de production à court terme et à préserver la capacité de l'économie à poursuivre sa croissance (Pagni, 1988). Ces programmes sont des plans de développement de moyen termes institués par le FMI et la BM aux pays qui sont entrés dans la récession du milieu des années 80 afin de les aider à faire face à celle-ci.

    I.8. Portée et limite de l'étude

    + Portée de l'étude

    Les débats récents sur les possibles différences entre inégalité et polarisation suscitent l'intérêt de comparer les résultats des mesures de ces deux concepts qui ont été proposées dans la littérature. Cette étude essaye de faire ces comparaisons en utilisant les données de deux enquêtes ménages distincts. Elle prend en compte les enquêtes ECAM I de 1996 et ECAM II de 2001. En s'étendant sur ces différentes enquêtes, cette étude intègre deux phases différentes de l'évolution économique du Cameroun marquée par la crise des années 80 et la reprise qui s'en est suivie.

    + Limite de l'étude

    Considérant le fait qu'il existe d'autres sources de données comme celles de la Banque Mondiale qui auraient pu être utilisées pour augmenter la praticabilité et l'appréhension de cette étude, le choix de ces deux enquêtes auprès des ménages camerounais peut procurer des résultats peu robustes.

    Cependant, l'enquête étant une photographie à une période particulière, les données d'enquêtes en un temps donné et à une période donnée ne peuvent guère être assez différentes. Les données utilisées ici peuvent donc être considérées comme satisfaisantes.

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 20 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    I.9. Organisation du travail.

    Après une mise au point au chapitre introductif, la suite de notre étude s'articule autour de cinq chapitres. Le deuxième chapitre présente les réformes macroéconomiques, l'inégalité et la polarisation au Cameroun. Le troisième chapitre présente le cadre conceptuel et la revue de la littérature relative à l'inégalité et de la polarisation. Le chapitre quatrième nous situera sur la méthodologie de l'étude qui nous permettra dans le chapitre cinq de procéder à l'analyse empirique de la décomposition de l'inégalité et de la polarisation des dépenses totales et leur évaluation en utilisant le coefficient de Gini, la mesure d'entropie généralisée, la mesure Duclos-Estéban-Ray et la mesure Foster-Wolfson. En dernier ressort, une conclusion nous résumera les principaux résultats de l'étude et nous permettra de faire quelques recommandations de politiques de lutte contre les inégalités, la polarisation et la pauvreté.

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 21 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    Chapitre II :
    REFORMES MACROECONOMIQUES, INEGALITE ET
    POLARISATION AU CAMEROUN

    II.1. Introduction

    Au milieu des années 1980, le Cameroun est entré dans une phase de turbulences. Dix ans plus tard, il n'en était toujours pas sorti. La longueur et la durée de la crise qu'a connu ce pays amène à s'interroger sur l'origine et les déterminants d'une telle remise en question du régime de croissance antérieur que tous reconnaissent comme exemplaire et que l'on a même pu qualifier de « miracle camerounais »(Aerts et al, 2000).

    II.2. Les réformes macroéconomiques et leurs conséquences au Cameroun

    Au regard des indicateurs de performances économiques comme ceux qui cherchent à cerner la cohésion des politiques économiques, le Cameroun a perdu son statut de modèle régional pour figurer parmi les « mauvais élèves » stigmatisés par les rapports des institutions multilatérales (Banque Mondiale, 1994). Depuis l'indépendance, trois régimes de croissance ont pu être identifiés. Ces trois régimes couvrent aussi trois périodes de réformes différentes. Le premier correspond à la période 1960-1984 marquée par l'implémentation des plans quinquennaux de développement. Elle est caractérisée par une croissance modérée et équilibrée au début, suivi d'une forte croissance due à la découverte et à l'exploitation de pétrole. Le second régime fondé sur la crise s'ouvre en 1985 / 86 avec la chute des cours des principaux produits de rente, la baisse du dollar et l'épuisement progressif des ressources pétrolières. C'est au lors de ce régime que le Cameroun sous les auspices de la BM et du FMI a adopté et a mis sur pied les PAS. Et le troisième régime sanctionné par la reprise d'une économie fondée sur la demande qui prend cours après la dévaluation du FCFA par rapport à sa monnaie de référence, le FF. Ce régime est sanctionné vers sa fin par l'atteinte du point d'achèvement de l'Initiative de réduction de la dette des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE).

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 22 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    II.2.1. L'économie camerounaise pendant les Plans Quinquennaux de

    Développement

    Tout juste après les indépendances, les Etats africains ont adoptés et réalisés différents plans de développement en vue de renforcer les acquis issus de la colonisation. Au Cameroun, de 1961 à 1986, cinq plans de développement ont été mis en oeuvre, le sixième ayant été interrompu par le retournement brutal de la situation économique du pays.

    Le premier et le second plan (1961-1970) étaient destinés à consolider l'indépendance nouvellement acquise. Une multitude d'institution ont été crées pour gérer le secteur agricole à l'instar du « Marketing Board » dans la région anglophone et le Fonds de stabilisation dans la région francophone. On observera ici une forte intervention étatique dans les secteurs agricoles et infrastructurels.

    Durant les troisième et quatrième plans (197 1-1980), on a noté un accroissement de l'intérêt de l'Etat pour le secteur agricole. Cette période a été surtout marquée par une augmentation dans la procuration et la distribution des inputs agricoles (engrais, insecticides, etc.), la création des organes de centralisation des décisions, la division des programmes d'extension agricole en deux systèmes parallèles (un piloté par le ministère de l'agriculture et l'autre par les institutions de développement régional intégrées) et l'augmentation de la taxation indirecte des paysans à travers les retraits effectués par le Fonds de stabilisation et le « Marketing Board »(Baye et Fambon, 2001).

    Le cinquième plan (198 1-1985) a été marqué par une augmentation considérable des revenus de pétrole (40% des exportations totales). Les revenus du pétrole étaient utilisés pour améliorer les infrastructures, substituer le secteur agricole qui souffrait de la chute des prix mondiaux et améliorer la production et l'exportation du cacao et du café, ceci en réduisant les taxes à l'exportation et en mettant sur pied un mécanisme de stabilisation.

    Le sixième plan de développement qui devrait englober une période allant de 1986 à 1991, a été endommagé par la chute des prix des exportations des biens, la baisse du cours du dollar américain qui est la principale monnaie de dénomination des exportations camerounaises et les faibles politiques macroéconomiques mises en place par le gouvernement. En 1988, la sévérité de la crise va amener les dirigeants camerounais à

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 23 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    abandonner ce plan pour adopter les plans de développement de moyens termes des institutions de Bretton Woods appelés Programmes d'Ajustement Structurel (PAS).

    Le Cameroun, au contraire de nombreux pays d'Afrique Subsaharienne (ASS), a longtemps été considéré comme un modèle de prospérité économique. Dans les années 1960, tout juste après l'indépendance, bien que très dépendant de la production des produits primaires, le dynamisme du Cameroun repose sur un tissu économique assez diversifié et une main d'oeuvre relativement bien adaptée à ses besoins. Cette phase de développement est caractérisée par une croissance modérée mais équilibrée, exempte de distorsions des prix relatifs et des déficits externes ou internes insoutenables.

    De 1965 à 1977, la croissance atteint un rythme moyen annuel d'environ 4%, permettant une lente amélioration du Produit Intérieur Brut (PIB) par tête. De 1968 à 1976, la croissance des quatre grands secteurs (agriculture, industrie extractive, manufacturière et secteur tertiaire) est relativement harmonieuse. La structure par secteurs reste stable. En volume, l'agriculture compte pour 30% du PIB, l'ensemble de l'industrie 20% (répartis à égalité entre l'industrie manufacturière et le secteur minier) et le tertiaire 50%. Cette évolution relativement uniforme est manifeste tant en volume qu'en valeur, l'indice de prix relatif agriculture / industrie restant constant durant toute la période (Aerts et al, 2000 ; Tableau 1 et Figure 1).

    Tableau 1 : Evolution de quelques agrégats macroéconomiques au Cameroun avant les PAS
    (en million de $US)

    Période

    PIB

    Exportations

    Importations

    Consommation

    Investissement
    (%PIB)

    Epargne
    (%PIB)

    1965

    814

    193

    198

    716

    13

    12

    1966

    853

    179

    201

    761

    13

    11

    1967

    934

    193

    211

    824

    14

    12

    1968

    1 053

    233

    259

    939

    13

    11

    1969

    1 152

    269

    263

    1 023

    11

    11

    1970

    1 160

    304

    286

    956

    16

    18

    1971

    1 234

    284

    335

    1 080

    17

    13

    1972

    1 431

    292

    373

    1 251

    18

    13

    1973

    1 759

    364

    422

    1 467

    20

    17

    1974

    2 256

    574

    514

    1 811

    17

    20

    1975

    2 753

    624

    703

    2 282

    20

    17

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 24 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    1976

    3 077

    697

    842

    2 681

    18

    13

    1977

    3 366

    844

    936

    2 500

    28

    26

    1978

    4 410

    1 043

    1 240

    3 229

    31

    27

    1979

    5 811

    1 225

    1 641

    4 570

    29

    21

    1980

    6 741

    1 880

    1 829

    5 275

    21

    22

    1981

    7 636

    1 670

    2 170

    6 138

    27

    21

    1982

    7 323

    2 432

    2 117

    5 158

    25

    30

    1983

    7 382

    2 244

    2 163

    5 377

    26

    27

    Source : Compilé par l'auteur à partir des données de la Banque Mondiale 2005

    Figure 1 : Evolution graphique de quelques agrégats macroéconomiques au Cameroun entre
    1965 et 1983

    40

    30

    20

    10

    0

    8000

    6000

    10000

    4000

    2000

    0

    2500

    2000

    1500

    1000

    500

    0

    PIB au prix du marché entre 1965-1983
    (million de $US courant)

    Importations totales entre 1965-1983 (million
    de $US courant)

    Investissement intérieur brut entre 1965-
    1983 (%GDP)

    8000

    6000

    4000

    2000

    0

    3000

    2500

    2000

    1500

    1000

    500

    0

    Exportations totales entre 1965-1983 (million
    de $US courant)

    Consommation totale entre 1965-1983
    (million de $US courant)

    35

    30

    25

    20

    15

    10

    5

    0

    Epargne intérieure brute entre 1963- 1983
    (%GDP)

    Source : Construit par l'auteur à partir des données du Tableau 1

    La découverte, puis l'exploitation de pétrole inaugurent un second régime de croissance de l'économie camerounaise, caractérisé par une forte croissance qui dure jusqu'en 1985. En effet, une hausse significative de la production de pétrole, débutant dans la fin des

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 25 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    années 1970, a doublé la croissance du PIB, atteignant 15% en 1980 et environ 8% dans la moitié des années 1980. Tout au long de cette phase de décollage, le PIB réel par tête a augmenté à près de 1100 $US, plaçant le Cameroun dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire selon la classification de la Banque Mondiale. Le rythme élevé de la croissance se traduit par une amélioration sensible des niveaux de vie, comme en témoigne indirectement l'élévation de la consommation privée par tête.

    La croissance du PIB s'accélère très fortement (elle triple) sous l'effet d'un bond en avant spectaculaire du PIB minier lié à la découverte et à l'exploitation des gisements pétroliers. La contribution de cette branche à la croissance totale passe ainsi de 5 à 30% de la première à la seconde période. La richesse ainsi dégagée provoque un fort effet d'entraînement sur les autres secteurs, via les revenus distribués par le secteur public : le rythme de croissance triple dans l'agriculture et l'industrie manufacturière, tandis qu'il double dans les services. La croissance moyenne de ces trois secteurs se situe autour de 10%. En fait, les bonnes performances de l'agriculture proviennent entièrement du secteur vivrier, qui progresse de 13,5% par an. Les volumes produits par l'agriculture de rente, qui était jusque-là la principale source de richesse du pays restent à la traîne, sans toutefois régresser (+2,9%).

    De 1982 à 1985, la croissance globale baisse de régime tout en restant soutenue (+8% par an). Même si le rythme d'extraction pétrolière faiblit, cette décélération est imputable à la faible dynamique des industries manufacturières (+2,5%) et, surtout à la quasi-stagnation du secteur agricole (+1,2%). Dans l'agriculture, le secteur vivrier s'effondre avec une croissance proche de zéro, sans pour autant que les exportations prennent le relais. Ces derniers continuent leur lente progression (+2,4% par an). Seuls les services poursuivent leur expansion (+13% par an). D'aucuns pouvaient voir en cette poussée du secteur des services un début de « Syndrome Hollandais », du moment où la manne pétrolière commence à s'atténuer. Mais les symptômes d'une telle « maladie » restent embryonnaires dans la mesure où l'appréciation du taux de change effectif réel du Cameroun reste limitée.

    Il faut aussi noter des changements dans la dynamique de croissance. Les moteurs de la croissance de l'économie camerounaise se modifient radicalement : tirée par la consommation au début, la croissance est soutenue par les exportations à la fin de cette période après une phase intermédiaire d'investissement intense. Ainsi, les modifications des aspects sectoriels de la croissance se manifestent tout d'abord par une forte poussée de

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 26 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    l'absorption, sous l'effet de l'investissement, puis par une importante contribution du solde extérieure à la croissance qui devient à peu près égale à celle de l'absorption. L'envolé de l'investissement est due à la mise en place des forages pétroliers. Son volume triple pendant que la croissance de la consommation augmente également (+50% en volume sur la même période). Le réinvestissement des ressources pétrolières9 joint à l'évolution favorable des termes de l'échange du pétrole qui ne compense que progressivement la dégradation de ceux des produits primaires non énergétiques, font que le Cameroun connaisse au début des années 1980 une prospérité forte et rapide au contraire de la plupart de ses pays voisins qui sont en phase d'ajustement (Tableau 1 et Figure 1).

    Cependant, cette prospérité s'interrompt brutalement au milieu de la décennie 80 à cause de la chute des cours mondiaux des principaux produits d'exportation du Cameroun.

    II.2.2. Le Cameroun face à la crise (1985-1993) : la nécessité des PAS

    C'est dans la période d'expansion pétrolière de la production et de la consommation que se développent les facteurs de vulnérabilité structurelle de l'économie camerounaise. La progression proportionnelle des dépenses publiques induite par cette hausse des revenus pétroliers s'est traduite par une dépendance forte de l'économie à l'égard du secteur pétrolier. Cette dépendance est plus visible en raison de la croissance moins que proportionnelle des exportations du secteur non pétrolier10 du fait notamment de la tendance à la baisse des exportations agricoles traditionnelles (Tableau 2 et Figure 2). Ce phénomène connu sous le nom de « Syndrome Hollandais », bien que Aerts et al (2000) aient précisé que ses symptômes étaient encore embryonnaires au Cameroun, est venu se greffer à l'accumulation des mauvaises performances des entreprises publiques dont les subventions leur étant octroyées exerçaient une ponction grandissante sur les finances publiques (FMI, 1988)11.

    9 De 1980 à 1985, le poids des dépenses de l'Etat, mesuré en part du PIB, passe de 14% à 22% tandis que les recettes augmentent de 15% à 20%, après avoir atteint un maximum de 24% en 1983 et 1984 où l'on enregistre un excédent budgétaire.

    10 3% en moyenne durant la période.

    11On estime à 150 milliards de F.CFA le montant des subventions versées aux entreprises publiques en 1984/85 (FMI, 1988).

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 27 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    Tableau 2 : Evolution de quelques agrégats macroéconomiques au Cameroun pendant les
    PAS (en million de $US)

    Période

    PIB

    Exportations

    Importations

    Consommation

    Investissement
    (%PIB)

    Epargne
    (%PIB)

    1984

    7 802

    2 612

    2 418

    5 571

    26

    29

    1985

    8 148

    2 725

    2 573

    5 975

    25

    27

    1986

    10 621

    2 473

    2 414

    7 858

    26

    26

    1987

    12 303

    2 054

    2 538

    9 720

    25

    21

    1988

    12 493

    2 003

    1 994

    9 873

    21

    21

    1989

    11 140

    2 307

    1 980

    8 905

    17

    20

    1990

    11 152

    2 251

    1 931

    8 845

    18

    21

    1991

    12 434

    2 487

    1 820

    9 695

    17

    22

    1992

    11 396

    2 342

    2 087

    9 512

    14

    17

    1993

    11 891

    2 032

    1 904

    9 798

    17

    18

    1994

    7 866

    1 737

    1 534

    6 456

    15

    18

    Source : Compilé par l'auteur à partir des données de la Banque Mondiale 2005

    Figure 2 : Evolution graphique de quelques agrégats macroéconomiques au Cameroun entre
    1984 et 1994

    15000

    10000

    5000

    0

    3000

    2500

    2000

    1500

    1000

    500

    0

    PIB au prix du marché entre 1984-1994
    (million de $US courant)

    1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994

    Importations totales entre 1984-1994
    (million de $US courant)

    1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994

    30

    25

    20

    15

    10

    5

    0

    1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994

    Investissement intérieur brut entre 1984-
    1994 (%GDP)

    40

    30

    20

    10

    0

    3000

    2500

    2000

    1500

    1000

    500

    0

    12000

    10000

    8000

    6000

    4000

    2000

    0

    1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994

    Consommation totale entre 1984-1994
    (million de $US courant)

    Exportations totales entre 1984-1994 (million
    de $US courant)

    1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994

    Epargne intérieure brute entre 1984-1994
    (%GDP)

    1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994

    Source : Construit par l'auteur à partir des données du Tableau 2

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 28 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    Pires encore, à partir de l'exercice fiscal 1985 / 86, le Cameroun se trouve confronté à une évolution extérieure extrêmement défavorable à la suite de la baisse persistante et concomitante du dollar12 et des cours de ses principaux produits d'exportation que sont le pétrole13, le cacao, le café et le coton. A cela s'ajoute une gestion macroéconomique laxiste. Malgré un rythme de croissance soutenu et une apparente santé financière, le Cameroun entre brutalement en crise pour n'en sortir que 10 ans plus tard à la faveur du réajustement monétaire intervenu en janvier 1994.

    L'économie Camerounaise est frappée en deux ans seulement par une baisse de 40% de ses termes de l'échange globaux, après cinq années de stabilité14. La croissance du PIB baisse drastiquement en 1987, passant de 8% en termes réels en 1986 à 2,6% en 1987. Ce recul inhabituel traduit une dépression économique générée par le fléchissement total de 38% entre 1986 / 87 et 1987 / 88, avec cependant une baisse beaucoup plus prononcée pour l'investissement public (52% contre 26% pour l'investissement privé). Après un excédent record de 424 milliards de francs CFA en 1984 / 85, la balance s'équilibre en 1985 / 86 (+28 milliards de francs CFA) et enregistre un déficit de 174 milliards de francs CFA un an plus tard. Le pays ne rétablit son équilibre extérieur qu'en 1988 / 89 et cet excédent n'est définitivement acquis qu'à partir de 1990 / 91, au prix d'un ajustement « par le bas », signe plutôt d'une récession que d'une véritable amélioration de la situation économique du pays.

    De 1986 / 87 à 1989 / 90, les prix à l'exportation en franc CFA des sources essentielles de revenus agricoles perdent près de la moitié de leur valeur (40% pour le cacao, entre 65 et 70% pour le café robusta et arabica). A l'opposé, plusieurs secteurs agricoles, dont la situation plutôt mauvaise dans la première moitié des années 1980 a provoqué des mesures de restructuration, résistent mieux à la crise. Il s'agit du coton dont la part dans les exportations d'agriculture de rente passe de 3,5% en 1983 / 84 à 8,6% en 1986 / 87 pour atteindre 21% en 1992 / 93. Cependant, la valeur de ces exportations demeure limitée, 26 milliards de francs CFA, soit le niveau le plus bas des exportations de cacao et de café. La

    12 La dépréciation du dollar par rapport au FCFA est de l'ordre de -18% durant les deux années 1985 / 86 et l'année suivante.

    13 En monnaie nationale, le prix à l'exportation des produits pétroliers perdent 42% en 1985 / 86 et à nouveau 39% l'année suivante. En dollar, la diminution du cours international du baril du pétrole atteint -29% en 1985 / 86 et -26% l'année suivante. Cette dégradation apparaît comme la conjonction de deux phénomènes concomitants : la baisse des prix exprimés en dollars sur le marché mondial et la dépréciation du taux de change nominal du dollar par rapport au franc CFA.

    14 Cette baisse atteint même 50% pour les biens considérés seuls à l'exclusion des services.

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 29 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    banane quant à elle, bénéficie de circonstances particulièrement favorables, en particulier le libre accès au marché européen dans la limite de 200 000 tonnes, soit une quantité trois fois supérieure au volume d'exportation enregistrée en 1984 / 85 (60 000 tonnes). La bonne tenue de ses cours sur le marché européen, jointe à l'accroissement rapide des volumes exportés à partir de 1988 / 89, fait passer la valeur de ces exportations de 6 à 26 milliards de francs CFA de 1984 / 85 à 1991 / 93 (Tableau 2 et Figure 2).

    A partir de l'exercice 1987 / 88, le gouvernement met en oeuvre des sévères restrictions budgétaires. Malgré ces mesures, le retard accumulé et le recours à un refinancement extérieur se traduisent par un déficit chronique et une expansion très rapide de la dette. Les principaux rouages de l'économie camerounaise sont donc déréglés par ces chocs externes, entraînant un déséquilibre durable des finances publiques et une récession brutale dans la plupart des secteurs productifs que l'ajustement structurel ne corrigera pas. Des efforts de reformes sont entrepris au Cameroun dès 1987 et avec l'appui des organisations internationales à partir de 1988, pour résoudre les désordres macroéconomiques constatés. Il s'agit de la reforme de la fonction publique, la libéralisation du régime commercial, la liquidation et la privatisation des entreprises publiques, la restructuration du secteur bancaire, etc. Tout ceci regroupé sous l'appellation Programmes d'Ajustement Structurel (PAS).

    Les PAS constituent un ensemble de dispositions dont certaines agissent sur la conjoncture et d'autres sur les structures et qui résultent d'une négociation entre un pays endetté et le FMI pour recourir à des financements de cet organisme (Azam, 1995 ; Ali, 2003). Ces crédits sont dénommés entre autres prêts d'ajustement structurel ou prêts d'ajustement sectoriel. Les PAS ont été adoptés au Cameroun en 1988, suite aux désirs du FMI, de la BM et du gouvernement de relancer l'économie en plein dans la récession. Les étapes du suivi des PAS sont appelées conditionnalités. Les institutions de Bretton Woods imposent au pays sous ajustement :

    - La réduction des dépenses publiques à travers la mise en place des politiques d'austérité ;

    - L'augmentation des recettes publiques par la privatisation des entreprises d'Etat : le but est soit d'élaguer les entreprises qui pèsent sur le budget de l'Etat par leurs déficits chroniques, soit de réaliser l'actif pour diminuer l'endettement pour les entreprises rentables ;

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 30 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    - L'amélioration de la gouvernance : elle passe par le combat contre la corruption et la non-discrimination de l'investissement à travers l'augmentation des droits des investisseurs étrangers ;

    - La mise en place des politiques de croissance en adoptant des réformes visant à supprimer les entraves au développement économique.

    Les PAS ont un objectif double : la restauration de l'équilibre budgétaire, préalable à l'aménagement de la dette et le retour à la viabilité extérieure du pays. Au Cameroun, les réformes mises en place dans le cadre des PAS consistaient en :

    - La réforme fiscalo-douanière qui avait pour but d'accroître les recettes fiscales par l'accroissement des taux. En fait, depuis 1994, le budget a bénéficié des réformes structurelles importantes telles la TCA (Taxe sur le Chiffre d'Affaires), introduite par la réforme fiscale et douanière de juin 1993 et remplacée par la TVA (Taxe sur la Valeur Ajoutée) en 1999. cela a permis à la fois une augmentation et une plus grande transparence des rentrées fiscales non pétrolières.

    - La réorganisation de la fonction publique et la réduction des effectifs.

    - La libéralisation économique ;

    - L'investissement dans l'éducation et la santé ;

    - L'investissement dans les infrastructures.

    Malgré ce diagnostic, ces reformes ont été lentes (à l'exception de la libéralisation des échanges) et insuffisantes pour stopper la détérioration économique. C'est ainsi que la persistance des difficultés aggrava le solde de la balance courante en 1990 et l'effort de fiscalisation initié conduisit à un amenuisement des recettes budgétaires qui baissèrent de 50 milliards de FCFA en valeur absolue entre 1989 et 1990. Au total, le PIB se contracta de plus du quart entre 1984 et 1993 et le revenu réel par tête de plus de la moitié tandis que le taux d'investissement brut chutait de près de 27% à moins de 11%. Compte tenu des résultats mitigés obtenus sur le front de l'ajustement réel, le recours au réaménagement du dispositif monétaire de la zone Franc s'avérait indispensable pour le rétablissement de la croissance.

    Les besoins de financement public et extérieur ont été tout juste stabilisés en francs courants à des niveaux très élevés ; la dette extérieure représente plus de deux ans d'exportation, la dette publique plus de trois ans de recettes fiscales. L'une et l'autre continuent de s'accroître rapidement malgré les annulations par le Club de Paris et les remises

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 31 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    dues à l'atteinte du point d'achèvement de l'initiative pour les Pays Pauvres Très Endettés (PPTE). La production stagne, l'emploi régresse alors que les demandes non satisfaites s'accroissent à tous les niveaux de qualification.

    II.2.3. La reprise économique : de la dévaluation du FCFA à l'atteinte du point

    d'achèvement de l'initiative PPTE

    L'ajustement du taux de change de janvier 1994 a été l'un des facteurs clés du renversement de la situation économique du Cameroun. Le secteur des biens échangeables a répondu favorablement au changement des prix relatifs comme l'a démontré l'expansion des exportations, lesquelles sont passées de 1737 millions de $US en 1994 à 2048 millions en 1996 (Tableau 3 et Figure 3). Parallèlement, le manque de vitalité de la demande intérieur résultant de la chute marquée du revenu disponible a contribué à fléchir les importations. Le taux de croissance en termes réels est redevenu positif au cours du deuxième trimestre de 1994, même si l'inflation mesurée par l'indice des prix à la consommation à Yaoundé s'est élevée à 48%.

    Les finances publiques ne sont pas restées en marge et l'on y a noté une hausse des recettes budgétaires, lesquelles sont passées à 648 milliards de FCFA en 1995 et à plus de 1100 milliards en 1996, soit près du double du niveau d'avant dévaluation. Dans l'ensemble, l'impact de cette dévaluation sur les agrégats a été significatif. Ainsi, dès le premier semestre de l'exercice 1994 / 95, on notait (Fambon et al, 2005) :

    - Une amélioration des activités agricoles liée à la forte demande étrangère à des prix intéressants et aussi aux effets de la libéralisation qui permettent aux producteurs de bénéficier directement des retombés de l'embellie des cours mondiaux ;

    - La progression des exportations aussi bien des produits d'origine agricole que des produits industriels à forte utilisation des matières premières locales ;

    - L'expansion du transport ferroviaire et portuaire ;

    - L'amélioration des recettes fiscales ;

    - Le payement de la dette publique intérieure ;

    - La reprise des investissements.

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 32 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    Tableau 3 : Evolution de quelques agrégats macroéconomiques au Cameroun après les PAS
    (en million de $US)

    Période

    PIB

    Exportations

    Importations

    Consommation

    Investissement
    (%PIB)

    Epargne
    (%PIB)

    1995

    7 963

    2 045

    1 645

    6 399

    15

    20

    1996

    9 108

    2 048

    1 867

    7 528

    15

    17

    1997

    9 115

    2 306

    2 041

    7 375

    16

    19

    1998

    8 686

    2 306

    2 176

    7 032

    18

    19

    1999

    9 187

    2 241

    2 268

    7 496

    19

    18

    2000

    8 879

    2 729

    2 383

    7 073

    16

    20

    2001

    8 591

    2 736

    2 506

    6 836

    18

    20

    2002

    9 855

    2 704

    2 852

    8 197

    18

    17

    2003

    12 491

    3 189

    3 173

    10 354

    17

    17

    Source : Compilé par l'auteur à partir des données de la BM 2005

    Figure 3 : Evolution graphique de quelques agrégats macroéconomiques au Cameroun entre
    1995 et 2003

    20

    15

    10

    5

    0

    15000

    10000

    5000

    0

    3500

    3000

    2500

    2000

    1500

    1000

    500

    0

    1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003

    PIB au prix du marché entre 1995-2003
    (million de $US courant)

    1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003

    Importations totales entre 1995-2003 (million
    de $US courant)

    Investissement intérieur brut entre 1995-
    2003 (%GDP)

    1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003

    21

    20

    19

    18

    17

    16

    15

    3500

    3000

    2500

    2000

    1500

    1000

    500

    0

    12000

    10000

    8000

    6000

    4000

    2000

    0

    1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003

    Exportations totales entre 1995-2003 (million
    de $US courant)

    1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003

    Consommation totale entre 1995-2003
    (million de $US courant)

    Epargne intérieure brute (%GDP)

    1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003

    Source : Construit par l'auteur à partir des données du Tableau 3

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 33 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    Avec la dévaluation de janvier 1994, le Cameroun a enregistré un regain de croissance avec des taux avoisinant 4 à 5% or la croissance démographique n'a été que de l'ordre de 2,7% sur la période, ce qui implique un accroissement du PIB par habitant compris entre 1,5% et 2,7%. Depuis 1996, le Cameroun connaît des résultats satisfaisants avec un taux de croissance supérieur à 4% et une inflation modérée (inférieure à 3%). Ce taux va atteindre 5% en 2002 / 03, ceci dû à l'accroissement des exportations dont la moyenne est de 5,7% en volume et 8,7% en valeur. Le pays présente en outre des statistiques éducatives et médicales meilleures que celles des autres pays d'ASS.

    La forte hausse du cours du baril en 2000 a renforcé le poids du pétrole dans l'économie camerounaise en doublant quasiment la contribution de celui-ci au PIB courant. Elle est passée de 5,6% en 1998 / 99 à presque 11,5% en 2000 / 01. Cette hausse des prix marque néanmoins un repli net du secteur en volume (-4,7%). Au sein du secteur secondaire, le bâtiment et travaux publics et le secteur manufacturier ont connu une croissance appréciable en 2000 liée à la reprise de l'investissement public et à la remise à niveau de la consommation (Banque Africaine de Développement, BAD, 2004). C'est cependant le secteur tertiaire qui semble avoir apporté la contribution la plus conséquente à la croissance du PIB en 2000 / 01 avec une statistique de 4,5% sur les 5,4% enregistrés au total. Avec la crise économique, le secteur informel a pris une importance croissante au Cameroun.

    A partir de 2000 / 01, la croissance non pétrolière est soutenue essentiellement par la demande interne. Les améliorations de salaires dans la fonction publique (suite à l'épurement progressif des arriérés et aux hausses de 1997 et 2000) ont parallèlement permis une certaine relance de la consommation. L'investissement a amorcé son redressement passant de 16,5% en 1993 à 18,3% en 2001 / 02 pour retomber à 17,3% en 2002 / 03. Cette reprise est cependant réduite en raison de la stagnation des revenus agricoles et d'un chômage urbain important.

    Depuis juillet 1997, année de la signature d'une FASR, Facilité d'Ajustement Structurel Renforcée triennal (juillet 1997 / juin 2000), avec le Fonds Monétaire International, FMI, le pays a accompli de réels efforts d'ajustement. Une nouvelle FRPC, Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et la Croissance, signée avec le FMI en décembre 2000 pour 3 ans (octobre 2000 / septembre 2003) ainsi que le troisième crédit d'ajustement structurel de la

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 34 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    Banque Mondiale permettent de poursuivre le soutien à la croissance et aux réformes structurelles, orientées désormais vers la lutte contre la pauvreté. Les réformes structurelles sont destinées, dans un souci d'efficacité, à libéraliser certains secteurs, notamment via un programme de privatisations, et à stimuler l'initiative privée. Les privatisations de la Socapalm, de Camsuco, d'Hévécam, de Camrail et de la Sonel (Electricité) ont ainsi déjà été menées à terme. La libéralisation du secteur des télécommunications a conduit à l'attribution de deux licences de téléphonie mobile. Reste à présent à accélérer le processus de privatisation d'entreprises stratégiques: Snec (eau), Camtel (téléphonie fixe), CDC (agroindustrie) et CAMAIR (transport aérien).

    Ainsi, après dix années de récession ininterrompue (1985-1995), l'économie

    camerounaise croît depuis 1996 au rythme moyen de 4,5% l'an. Ce retournement de tendance,

    ajouté à un net redressement des finances publiques est intervenu dans un contexte marqué

    par les principaux faits suivants (Agence Française de Développement, AFD, 2002) :

    - Remise d'un Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) provisoire en août 2000 et franchissement du point de décision pour l'initiative Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) renforcée le 11 octobre 2000. Le DSRP définitif a été remis en novembre 2002 et le point d'achèvement a été atteint en avril 2006,

    - Signature d'un accord de rééchelonnement du Club de Paris le 23 janvier 2001,

    - Accord du Club de Londres en mai 2002 pour le rachat de la dette commerciale avec décote.

    Lancée au Sommet du G7 à Lyon en septembre 1996, l`initiative de réduction de la dette en faveur des Pays Pauvres Très Endettés, a pour but de venir en aide à ces pays afin qu`ils retrouvent certaines marges de manoeuvre budgétaire pour mener à bien des programmes de lutte contre la pauvreté. C'est ainsi que les 37 milliards dont a bénéficié le Cameroun par l'atteinte du point d'achèvement vont être dirigés sur l'amélioration des infrastructures afin de rehausser l'économie du pays.

    La réhabilitation des infrastructures, dont l'entretien avait été laissé à l'abandon durant la décennie de la crise, constitue aussi un enjeu majeur pour l'économie camerounaise via l'abaissement du coût des transports. Avec le soutien de plusieurs bailleurs de fonds et la mise en place d'un fonds routier destiné à assurer les coûts récurrents, le réseau routier s'étend et sa gestion s'organise. Les populations ont d'ailleurs souligné l'importance de l'amélioration des

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 35 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    infrastructures dans la lutte contre la pauvreté. Les dépenses qui sont entrain d'être engagées dans ce secteur dans le cadre de l'initiative PPTE contribuent notamment au désenclavement des zones rurales et à la réhabilitation des voiries de Yaoundé et Douala. La libéralisation de certaines activités du port de Douala et la mise en place du Guichet Unique des opérations du Commerce Extérieur (GUCE) devraient en outre favoriser l'abaissement des coûts de transport et de transit internationaux.

    La reprise d'une santé économique doit être suivie d'une justice distributive qui contribue à l'efficacité économique. Il est donc nécessaire de savoir comment a évolué la répartition des revenus au Cameroun durant ces périodes.

    II.3. Inégalité et polarisation au Cameroun

    La longue et profonde crise socio-économique du milieu des années 80 a eu pour conséquence majeure la montée des disparités dans la redistribution dans l'ensemble des pays d'ASS.

    II.3.1. Disparités dans la distribution des revenus et l'inégalité au Cameroun

    Le Cameroun n'a pas été épargné par la recrudescence des disparités dans la distribution des revenus, caractéristique d'inégalités. Les valeurs des indices de Gini de 0,42 et de Theil = 0,297 (pour alpha = 0) montrent clairement que l'inégalité est réelle même si comparativement aux autres pays à l'instar de la Côte d'Ivoire15, le Cameroun est plus égalitaire.

    En effet, pour l'ensemble du pays, les dépenses totales réelles par équivalent-adulte des ménages ont diminué d'environ 40% entre 1984-1996 suivant ainsi la même tendance que la croissance négative du PIB observée pour la même période. La répartition régionale suit la même tendance. La profonde crise a appauvri davantage le Cameroun. Le pourcentage de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté16 a augmenté de 40% en 1984 à 53,3% en 1996 avant de retomber à 40,2% en 2001 du fait de la reprise économique de l'après dévaluation. Cette lente réduction du niveau de pauvreté n'a pas été suivie par une réduction des inégalités. Le coefficient de Gini montre que malgré le ralentissement de la pauvreté, les

    15 La valeur de l'indice de Gini pour la Côte d'Ivoire est de 0,44 calculé sur la base de l'enquête ivoirienne LSMS (Glewwe, 1986, 1991).

    16 Les seuils de pauvreté ont varié de 68 800FCFA en 1984 à 185 490FCFA en 1996 et 232 547FCFA en 2001. Ces seuils ont été estimés à partir de la consommation des ménages à différentes périodes concernées.

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 36 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    inégalités sont demeurées constantes et ont dans certains cas augmenté (Tableau 4). Par exemple, en 1996, les 20% plus riches de la population ont consommé sept fois plus que les 20% les plus pauvres. En 2001, le ratio était de huit pour un.

    Tableau 4 : Inégalité des revenus : Indice de Gini et dépense moyenne par quintile

    Indice de Gini

    1996

    2001

    Urbain

    Rural

    Total

    Urbain

    Rural

    Total

    0.449

    0.345

    0.406

    0.406

    0.369

    0.408

    Dépense moyenne par quintile (CFA francs)

    Pauvres (plus bas 20%)

    77,824

    80,398

    79,724

    94,166

    83,956

    85,495

    Riches (plus haut 20%)

    663,805

    491,856

    585,168

    758,960

    600,618

    693,882

    Total

    332,421

    200,805

    243,240

    408,115

    233,734

    294,403

    Source : INS (2002), Rapport sur la pauvreté au Cameroun entre 1996 et 2001

    L'observation spatiale du Cameroun montre une importance relative des inégalités en milieu urbain comparativement à l'inégalité en milieu rural et à l'inégalité totale (Tableau 4). Yaoundé et Douala sont des régions avec de fortes inégalités. La situation inégalitaire s'est améliorée en milieu urbain mais s'est détériorée davantage en milieu rural en termes de fluctuation. Cependant, l'inégalité est restée prépondérante en milieu urbain. Ceci s'explique en partie par l'exode rural qui suscite une ruée vers les villes des populations pauvres et sans qualification qui viennent s'agrouper dans des quartiers périphériques avec une misère galopante.

    II.3.2. La disparition de la classe intermédiaire et la polarisation au Cameroun

    La disparition de la classe intermédiaire, surtout dans les grandes villes (Yaoundé et Douala) où l'on observe une poussée des bidonvilles à côté des quartiers résidentiels, est devenue un phénomène réel au Cameroun.

    La situation distributive du Cameroun montre une concentration de la quasi-totalité des revenus entre les mains des 20% plus riches de la population. La situation des dépenses vient confirmer cette concentration et l'on remarque aisément que les plus riches consomment sept fois plus que les plus pauvres (1996) et huit fois plus en 2001. Cette concentration des revenus et dépenses sanctionnent une disparition presque réelle de la tranche de population à revenus moyens. La polarisation place beaucoup d'emphase sur la concentration. Plusieurs

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    phénomènes, comme la disparition de la classe intermédiaire et la concentration aux extrémités de la distribution, peuvent être décrits comme la polarisation (Zhang et Kanbur, 2001).

    Au Cameroun, la concentration aux deux extrémités de la distribution est devenue réelle, et, la disparition de la classe intermédiaire un fait. La montée des comportements malsains tels la corruption et autres vices de la société camerounaise a favorisé la disparition de la classe des populations à revenus moyens, ce qui insinue une recrudescence du phénomène de la polarisation. La polarisation est plus importante en milieux urbain et semiurbain que dans le pays entier (Tableau 5). Celle-ci a pris de l'ampleur en milieu rural et a fortement baissé en milieu semi-urbain.

    Tableau 5 : Polarisation dans la distribution des niveaux de vie au Cameroun

    Mesure

    Périodes

    Indice de Wolfson

    1996

    2001

    Urbain

    Semi-Urbain

    Rural

    Total

    Urbain

    Semi-Urbain

    Rural

    Total

    0.392

    0,398

    0,248

    0,360

    0.326

    0,293

    0,280

    0,335

    Source : Baye, M. F. (2008)

    Contrairement à la situation inégalitaire qui s'est détériorée au Cameroun, la polarisation a baissé et cette baisse est attribuable aux milieux urbain et semi-urbain. Ces deux phénomènes diffèrent de part leur évolution au niveau du pays tout entier mais sont similaires de part leur baisse et leur augmentation simultanées respectivement en milieu urbain et rural.

    II.4. Conclusion

    En somme, la pauvreté qui sévit au Cameroun depuis la crise des années 80 a été capitale pour la poussée des inégalités entre les populations. La double baisse des salaires a entraîné un développement des innovations comportementales comme la corruption qui a eu un impact énorme dans la concentration des revenus. Ces comportements malsains contribuent à creuser l'écart entre pauvres et riches et une concentration de la quasi-totalité des revenus entre les mains des plus riches qui continuent de s'enrichir au détriment des plus pauvres, ce qui amplifie la polarisation au Cameroun.

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    Chapitre III :

    CADRE CONCEPTUEL ET REVUE DE LA LITTERATURE

    III.1. Introduction

    Les inégalités dans le monde ont augmenté considérablement ces dernières années. La pauvreté devient de plus en plus insoutenable, affirme Valier (2000), expliquant un regain d'intérêt face à ce phénomène qui alimente nombres de débats. La question des inégalités tient en fait une place centrale dans les débats sur la mondialisation. En effet, les bouleversements économiques et sociaux entraînés par la mondialisation ne semblent légitimes que dans la mesure où ils stimuleraient les processus de développement et permettraient des processus de rattrapage notamment au bénéfice des pays les plus pauvres. Ainsi, la réduction de la pauvreté est un objectif majeur ; cependant, l'influence d'un processus de croissance sur la résorption de la pauvreté dépend non seulement de l'accroissement des revenus moyens mais aussi de la forme de la distribution des revenus ; autrement dit de l'ampleur des inégalités.

    La lutte contre la pauvreté passe donc par une réduction des inégalités car le niveau de pauvreté extrême dans lequel est plongé certaines régions du globe terrestre, en occurrence l'ASS, contraste avec le degré de richesse mondiale qui s'avère être au plus haut niveau. Pire encore, on assiste à une quasi-bipolarisation du monde. Les pays industrialisés, dont la richesse ne fait qu'augmenter, sont côtoyés au quotidien par les pays que l'on dit « en développement » où la pauvreté évolue de manière galopante. Cette situation se retrouve aussi bien à l'intérieur des pays industrialisés qu'à l'intérieur de ceux en développement où riches et pauvres jonchent ruelles et avenues faisant naître aux côtés de faubourgs, des bidonvilles où misères et pauvretés extrêmes font partie du quotidien. Il est donc judicieux de s'intéresser à la manière par laquelle les inégalités et la polarisation ont évolué depuis le XIXème siècle et déterminer ensuite comment ces deux réalités se comportent mutuellement ?

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    De nombreuses études théoriques17 et empiriques18 ont été menées dans le but d'apporter une réponse à ces questions. Elles nous aiderons à proposer un essai de réponse aux différentes préoccupations posées en allant d'une analyse conceptuelle (1) à une revue de la littérature tant théorique qu'empirique (2).

    III.2. Cadre conceptuel

    III.2.1. Concept et mesures de l'inégalité

    On conceptualise l'inégalité comme la dispersion de la distribution des attributs des indicateurs de bien-être de la population, comme le revenu et la dépense. L'inégalité est inversement liée aux écarts de préservation moyenne égalitaires ; c'est-à-dire que dans une distribution donnée, si l'on effectue un ensemble de transferts de revenu d'une personne quelconque à une autre avec un revenu inférieur, cela conduit à une distribution moins inégale. Ceci ne requiert pas forcement que le donneur soit riche (à droite de la distribution) et que le bénéficiaire soit pauvre (à gauche de la distribution) mais simplement que l'un soit plus riche que l'autre.

    Nonobstant le fait qu'il existe plusieurs manières de mesurer l'inégalité, de nombreuses mesures apparemment sensibles se comportent de façons perverses. Par exemple, la variance, qui peut être l'une des plus simples mesures de l'inégalité, n'est pas indépendante de l'échelle des revenus : en doublant simplement tous les revenus, l'on quadruplerait cet estimateur de l'inégalité. Pour remédier à cette situation, plusieurs mesures ont été proposées pour caractériser l'inégalité dans la distribution de revenu (Kakwani, 1980 ; Glewwe, 1986 ; Fields, 1980 ; Theil, 1979 ; Sen, 1973 ; Shorrocks, 1984 et Lietchfield, 1999). D'après ces auteurs, un indicateur approprié d'inégalité doit généralement satisfaire aux cinq propriétés suivantes :

    17 On peut citer les théories économiques classiques à savoir celles de Smith (1776), de Ricardo (1817), de Malthus (1798) et de Mill (1873), qui considèrent dans une certaine mesure que les inégalités sont nécessaires pour l'enrichissement économique. Les théories socialistes de Proudhon (1840), de Marx (1862) et de Mises (1938) qui décrivent la manière dont les richesses sont reparties chez les capitalistes et considèrent ce mode de répartition comme étant à l'origine de la misère dans le monde. Les théories de Keynes (1936) qui viendront réconcilier les deux écoles de pensées précédentes en proposant l'interventionnisme étatique pour palier aux imperfections des mécanismes du marché...etc.

    18 Bourguignon et Morrison (1992), Montaud (2002), Fambon et Baye (2002), Lachaud (2005).

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    a) L'indépendance par rapport à la moyenne : cette condition est satisfaite lorsque la multiplication de tous les revenus par une constante positive laisse invariante la mesure de l'inégalité.

    b) L'indépendance par rapport à la taille de la population : cette condition est réalisée si la baisse ou l'augmentation de la population d'une même proportion à travers toutes les classes de revenus n'affecte pas la mesure de l'inégalité.

    c) La sensibilité aux transferts de Pigou-Dalton : cette condition est respectée lorsqu'un transfert de revenu d'une personne moins pauvre à une personne plus pauvre entraîne une baisse dans la mesure de l'inégalité sans changer le rang relatif de ces personnes.

    d) La symétrie : La propriété de symétrie suppose que la mesure de l'inégalité doit être indépendante de n'importe quelle caractéristique des individus autre que leur revenu ou dépense.

    e) La décomposition : cette propriété signifie que l'inégalité totale peut s'exprimer comme la somme de deux composantes ; la composante intra-groupe et la composante inter-groupe. Les groupes s'identifient à des catégories de ménage, définies sur la base de critères de différentiation qui peuvent être géographiques (régions ou zones écologiques), socio-économiques (niveau d'instruction, âge, sexe du chef de ménage, taille du ménage). La décomposition peut aussi prendre la forme de décomposition par sources de revenus ou à travers les parts de revenus des ménages.

    a. Le coefficient de Gini (G)

    Le coefficient de Gini est basé sur la courbe de Lorenz ; cette courbe de fréquence cumulative qui compare la distribution d'une variable spécifique (exemple, le revenu) à celle de la distribution uniforme qui représente l'égalité.

    Pour construire la courbe de Lorenz, on représente les pourcentages cumulés des individus ou ménages sur l'axe horizontal et les pourcentages cumulés des dépenses ou revenus sur l'axe vertical. Le coefficient de Gini est défini par le ratio de l'aire de la zone entre la diagonale d'égalité parfaite et la courbe de Lorenz sur la somme de celle-ci et l'aire de la zone à l'extérieur de la courbe de Lorenz.

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 41 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    b. Les mesures d'entropie généralisée (GE) Il peut être démontré que toute mesure qui satisfait tous les axiomes auxquels

    I (y)

    doivent satisfaire toute mesure appropriée d'inégalité est un membre de la classe des mesures d'entropie généralisée d'inégalité (Cowell, 1980, 1995, 2006).

    (GE )

    Les mesures d'entropie généralisée avec les paramètres 0 et 1 deviennent par la règle de l'hôpital, les deux mesures de Theil d'inégalité (Theil, 1967, 1979) ; la déviation logarithmique moyenne et l'indice de Theil respectivement.

    c. Les mesures d'inégalité d'Atkinson (A)

    Une autre classe de mesures d'inégalité a été proposée par Atkinson. Cette classe dispose aussi d'un paramètre de pondération å (qui mesure l'aversion à l'inégalité) et certaines de ses propriétés théoriques sont similaires à ceux de l'indice de Gini.

    d. Le ratio de dispersion inter-décile

    La mesure simple et plus largement utilisée est le ratio inter-décile de dispersion qui présente le ratio de la consommation moyenne de revenu des 10% les plus riches de la population sur le revenu moyen des 10% les plus pauvres. Ce ratio peut aussi être calculé pour d'autres centiles. Le ratio inter-décile est directement interprétable comme il exprime le revenu des 10% les plus riches comme un multiple de celui des 10% les plus pauvres. Cependant, il ignore les informations concernant les revenus du milieu de la distribution et n'utilise pas aussi les informations concernant la distribution à l'intérieur des déciles considérés.

    En outre, il faut noter que les mesures d'inégalité n'ont pas de signification précise en termes de concentration. En particulier, ils n'ont aucun lien direct avec le rapport masse sur effectif alors que ce rapport pour un groupe donné est une mesure indiscutable de son état de concentration : plus ce rapport augmente, plus la masse se concentre sur ce groupe.

    Pour appréhender l'évolution de l'inégalité dans cette étude, on fera recours à la classe des mesures d'entropie généralisée (GE) et le coefficient de Gini (G).

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 42 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    III.2.2. Concept et mesures de polarisation

    La polarisation est un phénomène de distribution qui capture l'étendue par laquelle la population devient groupée de sorte qu'à l'intérieur de chaque groupe les membres sont similaires, mais entre les groupes les membres sont très différents (Fedorov 2002). Une distribution est polarisée lorsque les revenus sont concentrés dans les deux quintiles extrêmes, celui des plus riches et celui des plus pauvres. Il y a donc disparition de la classe intermédiaire c'est-à-dire ceux disposant des revenus moyens. La polarisation concentre donc la distribution de revenu sur plusieurs modes polaires et implique la disparition de la classe médiane.

    En outre, la polarisation n'est pas un phénomène lié seulement au revenu. Aux Etats Unis (USA) par exemple, le regroupement des niveaux de revenus des noirs et blancs est tout aussi explicatif de la disparition de la classe du milieu. Il en va de même pour le regroupement géographique (cas de la Chine, du Ghana, etc.) et régional. La possibilité qu'une société soit divisée en différents groupes avec une homogénéité intra-groupe mais une hétérogénéité entre les groupes souligne la nécessité de mesurer la polarisation.

    Des phénomènes comme « la disparition de la classe intermédiaire » ou « le regroupement autour des extrêmes » n'apparaissent pas être capturés de manière aisée par les mesures standard d'inégalité. C'est pour caractériser ces phénomènes qu'Esteban et Ray (1994), Wolfson (1994), Tsui et Wang (1998) et Zhang et Kanbur (2001) ont proposé des indices alternatifs de la polarisation dans la distribution de revenu en bas et au sommet de la distribution.

    a. La mesure d'Esteban et Ray (1994)

    Plusieurs mesures proposées pour capter le phénomène de polarisation sont positives. La mesure d'Esteban et Ray a une essence normative en elle, pour ses prétentions de

    (ER)

    capter quelques implications comportementales à travers la dérivation axiomatique. Les mesures d'Esteban et Ray sont basées sur deux axiomes (identification et aliénation) dont les principes essentiels sont :

    - La polarisation augmente lorsque l'hétérogénéité entre les groupes augmente. La polarisation augmente lorsqu'une classe extrême s'éloigne de la classe centrale, si et seulement si l'autre classe ne se déplace dans le même sens.

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 43 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    - Lorsque la classe centrale gagne du poids, la polarisation baisse.

    - La polarisation maximale est obtenue lorsque la distribution est partitionnée en deux groupes homogènes, chacun comportant la moitié de la population et situé aux extrémités de la distribution.

    b. Extension d'Esteban, Gradin et Ray (1999)

    Cette extension traite les problèmes suivants de la mesure ER :

    - Sensibilité à la formation des groupes, qui dépend presque toujours de la disponibilité des données.

    - Manque d'identification croisée entre groupes.

    - Le paramètre d'aversion est neutralisé lorsqu'on normalise la taille de chaque groupe c'est-à-dire lorsqu'on utilise les déciles comme groupes.

    La nouvelle mesure est la mesure ER corrigée par le terme d'erreur basé sur le regroupement. Le terme d'erreur est la différence entre l'inégalité dans la société et l'inégalité hypothétique qui aurait été, si l'on suppose que tous les individus dans chaque groupe ont un même revenu égal au revenu moyen du groupe. Le terme d'erreur peut être interprété comme un manque d'identification intérieur. L'indice Esteban-Gradin-Ray ( ) a les mêmes

    EGR

    avantages que l'indiceER mais il ne peut être utilisé que lorsque la fonction de densité de la distribution de revenu est calculée auparavant.

    c. Mesure de Foster et Wolfson (W)

    Foster et Wolfson (1992) et Wolfson (1994) ont proposé un indice de polarisation lorsqu'ils discutaient des différences conceptuelles entre polarisation et inégalité. Esteban, Gradin et Ray (1999) note que la mesure de Foster et Wolfson est la transformation de l'indice lorsque les groupes adjacents sont de même taille. La polarisation maximale

    EGR

    serait ainsi atteinte lorsque la moitié de la population possède un revenu nul et l'autre moitié possède deux fois la moyenne.

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 44 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    d. Mesure de Tsui et Wang (1998)

    Tsui et Wang (1998) ont généralisé la nouvelle classe des indices basés sur la mesure de Wolfson. Ils utilisent les deux axiomes d'ordre partiel : l'augmentation de la polarisation et l'augmentation de l'étendue de la polarisation.

    e. L'indice de Zhang et Kanbur (ZK)

    Zhang et Kanbur (1999) ont suggéré un nouveau moyen d'appréhender la polarisation et l'ont appliqué dans l'évolution des disparités régionales en Chine, principalement les milieux intérieurs et côtiers. L'une des motivations de Zhang et Kanbur était le fait que les indices de polarisation les plus populaires ont évolué de près avec les indicateurs d'inégalité. Ils ont considéré une façon différente de penser à la polarisation argumentant que ce nouveau moyen de mesure est venu palier aux manquements des autres.

    L'indice de Zhang et Kanbur est basée sur la décomposition des mesures

    (ZK )

    d'inégalité et est donnée par le ratio de la composante inter - groupe de la classe GE sur sa composante intra - groupe.

    f. La mesure de Duclos-Esteban-Ray (DER)

    Duclos, Esteban et Ray (2004) ont développé la théorie de la mesure de la polarisation où les distributions sont décrites par les fonctions de densité. Elle est une extension naturelle de la mesure ER dans le cas des densités continues.

    La classe des mesures Duclos-Esteban-Ray ( ) et l'indice Foster-Wolfson (W )

    DER

    sont les des deux mesures de la polarisation qui seront utilisées dans cette étude.

    III.2.3. Lien entre inégalité et polarisation

    Dans les années récentes, il y a eu un regain d'intérêt face au phénomène de la polarisation. Les débats sur les possibles différences entre inégalité et polarisation ont attiré l'attraction des chercheurs depuis les années 1990 (Esteban et Ray, 1994 ; Wolfson, 1994 ; Wolfson, 1997 ; Zhang et Kanbur, 2001 ; Rodriguez et Salas, 2003 ; Duclos et al, 2004). Ces deux concepts ont été affirmés capter des caractéristiques différentes de la distribution. Par

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    exemple, les phénomènes comme « la disparition de la classe intermédiaire » ou « la concentration autour des extrêmes » apparaissent ne pas être captés par les mesures standard d'inégalité. Les indices d'inégalité mesurent essentiellement l'étendue totale de la distribution des niveaux de vie. Les indices de polarisation quant à elles cherchent une évidence de regroupement en bas et au sommet de la distribution de bien-être.

    Une importante motivation de soulignant l'inégalité est l'axiome Pigou-Dalton qui stipule que tout transfert du riche au pauvre, toute chose égale par ailleurs, baisse toujours l'inégalité. La polarisation met plus d'emphase sur le « regroupement » ou la « disparition de la classe intermédiaire » qui sont des phénomènes qui ne respectent pas forcement l'axiome Pigou-Dalton. Par exemple, une redistribution du bien-être de la classe intermédiaire aux individus situés à l'extrémité basse de la distribution peut certes réduire l'inégalité mais rendre la société plus polarisée.

    Ravallion et Chen (1997) ont essayé de faire ressortir cette différence en comparant pour un ensemble de pays croisés, l'indice de Gini à l'indice de Wolfson, et ont abouti a la conclusion selon laquelle « il y a étonnamment une correspondance très rapprochée entre ces deux mesures pour ces données ». La polarisation n'est autre chose qu'une manifestation d'inégalité où il y a presque disparition de la classe intermédiaire. Wolfson (1994) stipulera que la distribution la plus bipolarisée est très éloignée du milieu, de sorte qu'il y a peu d'individus ou de familles avec un niveau de revenu médian. En addition, cet écart est associé à une tendance bimodale ; un entassement des niveaux de revenus médians soit au niveau des revenus faibles, soit au niveau des revenus élevés.

    Duclos, Esteban et Ray (2004) pensent que la polarisation est un concept largement différent de l'inégalité et que ces deux concepts peuvent en principe être liés par différents aspects de changements sociaux, économiques et politiques. D'après ces derniers, la polarisation est expliquée par l'aliénation que des individus ou groupes peuvent ressentir chacun des autres, mais cette aliénation est alimentée par des notions d'identité intra-groupe (Duclos et al, 2004 ; Esteban et Ray, 1991, 1994). Ces auteurs définissent « un antagonisme effectif de la société » basé sur l'addition de deux fonctions comportementales : l'identification et l'aliénation. La polarisation est une fonction croissante de l'homogénéité intra-groupe (identification) et de l'hétérogénéité entre les groupes (aliénation). En fait, les axiomes des deux effets impliquent que les transferts progressifs qui traversent la médiane de

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    la distribution augmentent la polarisation alors que cette dernière baisse si ces transferts prennent place dans chaque moitié de la distribution divisée par la médiane.

    L'inégalité à la différence de la polarisation est expliquée par une aliénation interpersonnelle, mais capture un aspect de la polarisation, ce qui explique un rapprochement entre ces deux notions. En effet, si deux groupes sont de plus en plus séparés par une distance économique croissante, l'inégalité et la polarisation vont vraisemblablement croître ensemble. Cependant, une égalité locale des différences de revenus à deux niveaux différents de la distribution de revenu peut baisser l'inégalité mais accroître la polarisation.

    De nombreuses études empiriques viennent réaffirmer ces différences et similitudes entre les concepts de polarisation et d'inégalité tout en laissant entrevoir une recrudescence de ces fléaux tant au niveau des pays développés, qu'en développement.

    III.3. Revue de la littérature

    III.3.1. Revue théorique

    III.3.1.1. Théories sur les inégalités

    « Les riches s'enrichissent, les pauvres s'appauvrissent » telle est l'expression qu'utilise Loungani (2003) pour qualifier la situation désastreuse et en perpétuelle croissance des inégalités mondiales. Si l'on se réfère à l'analyse de Bourguignon et Morrison (2002), le phénomène d'inégalité est aussi vieux que le monde. Celui-ci a pris de l'ampleur avec la révolution industrielle du XVIIIème Siècle. En effet, cette révolution a contribué à diviser la population en deux classes : une classe ouvrière à très faible revenu et une classe capitaliste détentrice des propriétés et à très haut revenu. Le débat à cette époque tournait autour des méthodes de partage du revenu de la production, principale cause de l'enrichissement de la classe bourgeoise et de l'appauvrissement de la classe prolétaire.

    Sen (2000) a rappelé l'obligation pour la communauté mondiale de s'appesantir sur le problème d'inégalité pour une meilleure intégration des plus pauvres dans le village planétaire. Il s'agit pour lui d'analyser les causes profondes des inégalités et d'établir le lien entre l'inégalité, la répartition, la croissance et la pauvreté dans le but de faire prévaloir dans le cadre des politiques économiques un peu plus d'équité et de justice sociale au nom de

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    « l'idéal égalitaire » prôné par les théories démocratiques. Les progrès considérables réalisés ces dernières années nous ont permis de mieux comprendre les relations théoriques pouvant exister entre l'inégalité et la croissance. Il y a environ vingt-cinq ans, le courant dominant affirmait l'existence d'une relation inverse, due à un mécanisme kaldorien19 simple, entre le degré d'équité de la distribution des revenus, ou une redistribution progressive des revenus et le taux de croissance de l'économie. Ces dernières années, plusieurs auteurs sont arrivés à la conclusion selon laquelle, en raison de l'inefficacité inhérente aux économies réelles, une relation positive existerait entre le degré d'équité de la distribution des actifs productifs et des revenus dans une économie et son taux de croissance.

    En effet, la pensée classique soucieuse d'accroître la richesse mondiale préconisait un mode de répartition des fruits de la révolution par essence inégalitaire. Pour les tenants de cette école, les ouvriers ne doivent avoir droit qu'au salaire de subsistance et la grande partie de la richesse créée est destinée aux capitalistes qui vont réinvestir pour accroître la richesse de la nation. Ce mode de répartition est à l'origine des inégalités criardes et une bipolarisation du monde entre prolétaires et bourgeois. Malthus (1978) dans son Essai sur le principe de population s'appesantira sur les méfaits de la redistribution tout en affirmant qu'aider les pauvres c'est encourager la misère. Smith (1776) et Ricardo (1817) à travers leurs théories respectivement des avantages absolus et des avantages comparatifs justifieront un comblement de l'écart au niveau de la répartition ou des distributions initiales par le commerce ou l'échange.

    C'est Mill (1873) qui, dans ses Principes d'économie politique proposera un mode de répartition qui s'éloigne un peu de ceux de ses prédécesseurs. Pour lui, les profits naissent non seulement pas du jeu des échanges et de l'accroissement du capital, mais aussi de la puissance productive du travail. Il préconise ainsi le partage de la valeur ajoutée entre salariés et capitalistes à travers un interventionnisme étatique vue que le marché est incapable d'assurer ce partage. Il s'oppose avec énergie à toute idée d'égalitarisme, mais tolère une justice sociale

    19 Pour l'école de pensé classique, la croissance économique est basée préalablement sur le degré d'accumulation du capital où un niveau élevé du profit constitue aussi bien une source d'épargne qu'une incitation à l'investissement (Kaldor, 1957). Toute politique de réduction des inégalités à travers une redistribution des revenus des riches entraînerait une baisse du taux de l'épargne et, de ce fait, celle du taux de croissance de l'économie.

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 48 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    dans un capitalisme tempéré et préfère la liberté à l'égalité. Les théoriciens néoclassiques expliquent l'inégalité de revenus par l'inégalité de salaires qui est due aux différences de productivité car la rémunération se fait à la productivité marginale.

    Les idées de Mill bien qu'annonçant la thèse socialiste quant à la redistribution ne font guère de lui un précurseur de la pensée socialiste. L'un des pionniers de la pensée moderne socialiste est l'économiste français Proudhon. Ce dernier, en 1840, s'oppose farouchement à l'exploitation ouvrière par le système de propriété. Pour lui, « la propriété c'est le vol » et c'est l'appropriation de la force collective par les capitalistes qui est à l'origine des inégalités de revenus. La plus grande critique de l'économie politique et de l'orthodoxie économique présentée par la branche classique est l'oeuvre de Marx (1862). Pour ce dernier, c'est le mode de répartition capitaliste qui est responsable des inégalités. Marx prédit la chute du capitalisme par l'instabilité de son évolution (baisse tendancielle du taux de profit). Le capitalisme sera donc renversé par un soulèvement des prolétaires et une instauration de leur dictature qui mettra fin à la misère du monde. Le problème du socialisme est en fait celui de la répartition et son but en économie est de parvenir aux lois qui régissent une répartition égalitaire et harmonieuse dans une société.

    La crise de 1929 viendra atténuer l'opposition entre classiques et socialistes. De même, les idées de Keynes (1936) apporteront un tempérament aux controverses classiques - socialistes. Keynes considère en effet la vision classique du marché comme mode de régulation de l'activité économique mais recommande l'intervention de l'Etat pour rétablir les grands déséquilibres causés par les imperfections des mécanismes du marché. Cette théorie de l'interventionnisme de l'Etat dans la redistribution des revenus a aussi été défendu par les économistes de l'école du choix qui ont affirmé la nécessité de donner des moyens à l'Etat pour mettre sur pied un système de redistribution qui permette à la fois de ne pas trop perturber les mécanismes du marché et les incitations qu'il offre aux individus tout en préservant les vertus d'égalité.

    Banerjee et Newman (1993), Galor et Zeira (1993), Aghion et Bolton (1997) mettront en évidence la relation négative entre la croissance et l'inégalité à travers la théorie de l'imperfection du marché du capital. D'après cette théorie, dans un pays caractérisé par une grande inégalité, seul un petit nombre d'individus ont la possibilité d'entreprendre des projets rentables (puisque l'accès à un projet dépend de la richesse initiale). Redistribuer les richesses

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 49 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    d'un individu riche à un individu ayant un capital d'un montant juste inférieur au seuil est susceptible d'accroître le pourcentage total des individus qui investissent ce qui accélère indéniablement la croissance.

    III.3.1.2. Théories sur la polarisation

    De manière heuristique, la polarisation requiert que les membres de la société soient classés en de groupes différents. Chaque groupe est caractérisé par la ressemblance des attributs de ses membres. Ces attributs diffèrent entre les groupes. Pendant que l'inégalité régionale s'intéresse à la distribution totale d'un indicateur régional particulier, la polarisation régionale assigne ces régions à une catégorie spécifique basée sur nombres de caractéristiques communes et mesure alors les différences entre ces catégories (Fedorov, 2002). Cet auteur veut ainsi montrer la nécessité de prendre des mesures qui, en plus des inégalités vont lutter efficacement contre la polarisation dont les conséquences sont plus aiguës sur la croissance et la pauvreté.

    En effet, la polarisation est source d'instabilité et de violence politique dans la société. Il est plus difficile à l'Etat de maintenir la stabilité et la démocratie lorsque les majeures sources de gains économiques sont distribuées de manière inégale et surtout lorsque la société est polarisée. Il est possible que la réduction de l'inégalité conduise à moins de violence. Cependant, cette prédiction peut ne pas tenir si la baisse de l'inégalité est accompagnée d'une augmentation de la polarisation. Par conséquent, la polarisation est une source potentielle de nouvelles informations sur la distribution de richesse dans la société et son impact sur d'autres issues politiques et économiques telles l'instabilité, la croissance et le développement.

    Alesina et Parotti (1993), par l'approche politico-économique20 montreront qu'il y a une corrélation positive entre l'inégalité, la polarisation et le degré d'instabilité politique et aussi entre ces derniers et le niveau d'investissement. Ainsi, pour eux, la polarisation engendre l'instabilité politique, qui à son tour déprime le niveau d'investissement et donc retarde la croissance.

    20 Le modèle « d'économie politique » représentant la relation négative, résultant d'un processus de décision public, entre le taux de croissance de l'économie et le degré d'inégalité de la distribution du capital humain et/ou physique, et par conséquent celui de la distribution des revenus est représentatif de la première vague de travaux récents sur la relation entre la croissance, l'inégalité et la polarisation. Il a été initié par Bertola (1993), Alesina et Rodrick (1994) et Persson et Tabellini (1994).

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 50 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    Persson et Tabellini (1994) ont, à leur tour, montré en utilisant le modèle politicoéconomique de croissance et intégrant les données statistiques de 56 pays pour la période 1960-1985, qu'il existait une relation négative entre l'inégalité, la polarisation et la croissance. En effet, la polarisation suscite des pressions de la couche la plus défavorisée de la société ce qui amène les autorités gouvernementales à adopter des politiques économiques populistes qui ne tiennent pas compte des droits de propriété et qui ne permettent pas une totale appropriation privée des bénéfices de l'investissement.

    Cependant, l'approche politico-économique a été remise en question parce qu'il existe des pays où la distribution des revenus est inéquitable et polarisée mais pas d'instabilité politique. Les partisans de cette approche répondent à cette critique par le fait qu'il existe deux sortes de polarisation : la polarisation légitime c'est-à-dire celle qui est socialement acceptable et donc le degré varie selon les sociétés et la polarisation illégitime qui est souvent marquée par l'existence d'une pauvreté très rependue et qui est source d'instabilité. C'est cette dernière qui nuit à la croissance.

    III.3.2. Revue empirique

    III.3.2.1. Evolution des inégalités dans le monde

    Les études empiriques relatives aux inégalités sont nombreuses. Elles nous permettent de réaliser à quel point les inégalités ont augmenté dans le monde et combien la pauvreté est devenue insoutenable.

    Selon le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD)21, à la fin des années quatre-vingt, la quasi-totalité des 60% les plus pauvres de la population mondiale, qui ne perçoivent que 5,6% du revenu mondial, vit dans les pays du Tiers-monde. Les 20% les plus pauvres ne se partagent que 1,4% du revenu mondial, alors que les 20% les plus riches, quasi-intégralement composés d'une population vivant dans les pays développés se partagent 82,7% de ce revenu. On assiste donc à de très fortes inégalités qui se sont accentuées depuis 30 ans : les 20% les plus riches de la population mondiale avaient en 1960 un revenu 30 fois supérieur à celui des 20% les plus pauvres, en 1995, ce rapport était de 8222. En 1997, les 225

    21Programme des Nations Unies pour le Développement (1992), Rapport mondial sur le développement humain, Economica, p. 97 et suivante.

    22PNUD, (1998), Rapport mondial sur le développement humain, Economica, p.32

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 51 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    plus grosses fortunes du monde représentent l'équivalent du revenu annuel des 47% d'individus les plus pauvres de la population mondiale (2,5 milliards de personnes).23

    On note à travers les travaux de Valier (2000), une forte augmentation de la pauvreté et de l'inégalité en Amérique Latine durant la décennie quatre-vingt. Ceci est due à la crise économique des années 80 qui a eut un triple effet : accroissement du nombre de pauvres faisant suite à la baisse des années 70, approfondissement de leur pauvreté, en particulier celle des couches déjà plus pauvres - la brèche de pauvreté se creuse - et l'accentuation des inégalités entre riches et pauvres et entre pauvres eux-mêmes.24 Une étude de la Commission Economique pour l'Amérique Latine (CEPAL) de l'Organisation des Nations Unies (ONU) montre que durant les phases de récession des années 80, sur quinze cas observés en Amérique latine, les revenus des 40% les plus pauvres diminuent quinze fois tandis que ceux des 10% les plus riches augmentent dans huit cas.25 Pour l'ensemble de l'Amérique latine, durant la décennie quatre-vingt, les 10% les plus riches de la population voient leur part dans le revenu augmenté de plus de 10% tandis que celle des 10% les plus pauvres diminue de 15%.26

    En Asie, dans les années 80, la croissance est encore forte. Par ailleurs, l'inégalité dans la répartition des revenus est beaucoup moins ample en Afrique qu'en Amérique latine.27 Dans une étude réalisée à partir de données de la seconde moitié des années 80, la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED) a classé les pays selon le degré d'inégalité dans la répartition des revenus. On voit donc que dans le groupe des pays le plus inégalitaire, où les 20% les plus riches reçoivent plus de 60% du revenu, et les 40% les plus pauvres, 10%, il y a quatorze pays tous africains ou latino- américain à l'exception de la Thaïlande, le Brésil arrivant en tête des inégalités. Au contraire, on constate que la plupart des pays d'Asie, Hong Kong, Singapour, Corée du Sud, Taïwan,

    23Ibid., p.33. Le chiffre est significatif même si l'on tient compte que dans un cas, il s'agit d'un stock, et l'autre de flux. Ces 225 fortunes se répartissent ainsi : 143 dans les pays de l'OCDE, 43 en Asie, 22 en Amérique latine et Caraïbes, 11 dans les pays arabes, 4 en Europe de l'Est et dans la CEI, 2 en ASS.

    24Les coefficients de Gini passent en Argentine de 0,365 en 1980 à 0,423 en 1990, au Brésil de 0,5944 en 1979 à 0,6331 en 1989.

    25 Les mêmes politiques qui aggravèrent la pauvreté, fournirent à ceux qui disposaient de revenus élevés des possibilités de s'enrichir, en souscrivant à des titres publics indexés au cours du Dollar.

    26 Banque Interaméricaine de développement, Rapport 1998, pp.14-15.

    27 Les coefficients de Gini, en 1988, sont de 0,32 en Asie de l'Est, 0,31 en Asie du Sud, 0,44 en Afrique, 0,49 en Amérique latine.

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 52 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    Indonésie, figurent dans les deux groupes les moins inégalitaires, où les 20% les plus riches reçoivent 40 à 50% du revenu, et les 40% les plus pauvres, 20%.

    Les études de Giddens (2000) révèlent une augmentation des inégalités aux Etats-Unis entre 1960 et 1996. Pour cet auteur, cette recrudescence des inégalités est due aux changements technologiques, à l'accroissement démographique, aux changements du modèle de travail au sein des familles et à l'esprit des revenus financiers. Moins de 30% de l'augmentation des inégalités aux USA entre 1969 et 1992 sont liés aux inégalités entre les travailleurs.

    En France, Fitoussi et Rosanvallon (1996) ont noté la présence des inégalités dans de nombreux domaines tels que l'emploi, la santé et le logement. Il faut noter en ce qui concerne les pays développés que la nette amélioration du niveau de bien-être cache une certaine persistance de l'inégalité. Ainsi, les inégalités existent dès la naissance, persistent tout au long de la hiérarchie professionnelle et se prolongent pendant les années de retraite.

    Les inégalités dans les pays en développement et en particulier celles de l'ASS sont plus prononcées que dans les pays développés. Nombres d'études ont été axées sur les inégalités et la polarisation dans cette région. Nous pouvons citer entre autre celles de Lachaud (2005) au Burkina Faso qui note une réduction de l'inégalité de niveau de vie des ménages et des autres membres du groupe et l'amélioration du taux d'emploi par ménages.

    Les études de Montaud (2002), qui analysent l'évolution des inégalités dans quatre pays de l'ASS, aboutissent aux résultats selon lesquels les composantes démographiques et les revenus primaires contribuent largement à renforcer les inégalités de vie urbaines alors que les revenus de transfert semblent jouer un rôle marginal.

    Baye (2008) dans son étude, trouve que l'inégalité nutritionnelle et l'inégalité de revenu évoluent de manière contradictoire au Cameroun. Pour cet auteur, l'inégalité de nutrition a augmenté de 27 points de pourcentage pendant que l'inégalité de revenu a baissé de 2,7 points de pourcentage. Il trouve aussi que selon les deux dimensions (revenu et santé) considérées, les évolutions d'inégalité sont plus une inquiétude rurale qu'urbaine au Cameroun quoiqu'en termes de niveaux, l'inverse soit vrai dans la dimension revenu.

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 53 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    Baye et Fambon (2002) nous permettent dans leur étude sur la décomposition de l'inégalité dans la distribution du niveau de bien-être de constater de grandes inégalités dans la distribution des revenus associés aux faibles ratios de pauvreté au Cameroun.

    Ainsi, l'inégalité, que l'on se place du côté des pays développés, en transition ou en développement, à eu une évolution similaire qui va de manière croissante. Cette évolution croissante est aussi marquée par une disparition progressive de la classe des revenus intermédiaires et une division bimodale des revenus, caractéristique de la polarisation.

    III.3.2.2. Evolution de la polarisation dans le monde

    Plusieurs études empiriques ont été faites pour mettre en exergue l'évolution de la polarisation au fil du temps. Ainsi, certaines études dédiées à l'inégalité dans les pays de Nafta,28 ont alimenté les discussions non nécessairement sur l'inégalité mais sur l'évolution de la polarisation. D'après elles les changements dans la distribution des gains aux USA dans les années 80 et 90, sont caractérisés par une croissance des parts de revenus des ménages recevant les salaires les plus hauts et les plus bas. Ceci reflète donc l'acception populaire de disparition de la classe intermédiaire discutée ces dernières années, et qui est caractéristique du phénomène de polarisation.

    Plus récemment, les observations similaires ont été faites sur la distribution de revenus dans les pays en transition. Il a été démontré que la distribution des revenus en Russie est devenue bimodale, avec un nombre assez important de la population groupé autour du niveau de revenu faible, une disparition de la classe médiane, et une augmentation de la classe des riches ; « les nouveaux Russes ».

    La polarisation n'a pas été qu'un phénomène propre aux économies développées. Ainsi, Li (1996) dans son étude a montré que la chine est devenue une société polarisée en deux dimensions : rural-urbain et interne-côtier. En effet, les écarts internes-côtiers et ruraux- urbains sont devenus inquiétants en chine.29 Modéré au début des reformes dans les années 1970, ils ont cru considérablement dans les années 1980 et 1990.

    28 North American Free Trade Agreement, anglicisme de ALENA (Accord de Libre-Echange Nord-Americain).

    29 Lyons, 1991 ; Tsui, 1991, 1996 ; Chen et Fleisher, 1996 ; Jian et al, 1996 ; Jalan et Ravallion, 1998 et Zhang et Kanbur, 1999).

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 54 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    Alby (2006) dans son étude sur l'inégalité et la polarisation de l'économie formelle de la Côte d'Ivoire arrivera à la conclusion selon laquelle la polarisation a augmenté sur le marché de travail formel ivoirien et que la catégorie de travailleurs apparaît comme le déterminant principal du niveau de polarisation observé. Dans le même ordre d'idées, Awoyemi et al (2006) ont examiné l'évolution et l'origine de la polarisation, de la bipolarisation et de l'inégalité dans la distribution régionale du revenu par tête et comment ces derniers contribuent à la pauvreté au Nigeria. Leur étude montre une relation positive entre l'inégalité, la polarisation et la découverte des puits de pétrole au Nigeria. Au Ghana, par contre, Vanderpuye-Orgle (2002) montre que la polarisation est un phénomène spatial. Les résultats de son étude établissent que la population ghanéenne est regroupée et la polarisation y est croissante.

    Baye (2008) note qu'en termes de niveaux, la polarisation est plus un problème urbain et semi urbain que rural au Cameroun. Cependant, l'évolution de ce phénomène montre une augmentation de la polarisation en milieu rural. Cet auteur vérifie que l'inégalité et la polarisation sont plus corrélées que distinct au Cameroun. La montée des comportements malsains tels la corruption et autres vices de la société camerounaise a favorisé la disparition de la classe des populations à revenus moyens, ce qui insinue une recrudescence du phénomène de la polarisation.

    En outre, que ce soit dans les pays développés, en transition ou en développement, la polarisation est un phénomène réel qui prend de plus en plus de l'ampleur. Elle est souvent source de conflit et de rébellion (Garcia-Montalvo et Reynal-Querol, 2002) et son comportement de même que celui de l'inégalité vis à vis de la croissance détermine son aptitude à être combattu.

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 55 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    Tableau 6 : Récapitulatif de quelques travaux empiriques sur l'inégalité et la polarisation

    Auteurs

    Année

    Travaux

    Période

    Pays

    Mesures

    Taux

    Varia-
    tion

    CNUCED

    1988

    Inégalité

    Années 80

    Asie de l'Est

    Gini

    0,32

     

    Asie du Sud

    Gini

    0,31

     

    Afrique

    Gini

    0,44

     

    Amérique
    latine

    Gini

    0,49

     

    Canagarajah et
    al.

    1997

    Mesure de
    l'inégalité

    1985-1992

    Nigeria

    Gini

    44,9%

    +6,8%

    Valier

    2000

    Inégalité

    1980-1990

    Argentine

    Gini

    0,423

    +0,158

    Brésil

    Gini

    0,633

    +0,038

    Hourriez et
    Roux

    2000

    Inégalité

    1970-1997

    France

    Gini

    0,25

    -0,07

    Theil

    0,11

    -0,06

    A(-0,25)

    0,12

    -0,08

    A(0,25)

    0,08

    -0,04

    INS

    2002

    Inégalité

    1996-2001

    Cameroun

    Gini

    0,408

    +0,002

    Baye et Fambon

    2002

    Inégalité

    1984-1996

    Cameroun

    Gini

    0,406

    -0,016

    Entropie

    0,269

    -0,029

    Baye et Fambon

    2002

    Inégalité
    dans la
    distribution
    des niveaux
    de vie

    1996

    Cameroun

    GE(1)

    0,3170

     

    GE(0)

    0,2694

     

    G(2)

    0,4060

     

    Vanderpuye-
    Orgle

    2002

    Inégalité,
    polarisation

    1987-1998

    Ghana

    Gini

    0,418

    +0,036

    GE(0)

    0,300

    +0,064

    Andalon et
    Lopez-Calva

    2002

    Inégalité et
    polarisation

    Années 90

    Mexique

    Gini

    0,441

    +0,072

    Theil

    0,3 89

    +0,048

    GE(0)

    0,341

    +0,086

    ZK

    0,019

    +0,00

    W

    0,4 13

    +0,028

    Lachaud

    2005

    Inégalité

    Années 80

    Burkina
    Faso

    Gini

    0,472

    +0,045

    Alby

    2006

    Inégalité et
    polarisation

    1999-2002

    Côte
    d'Ivoire

    Gini

    0,539

    -0,009

    CV

    1,307

    -0,108

    Theil

    0,530

    -0,038

    Wolfson

    0,635

    +0,006

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 56 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    Dayioglu et
    Baslevent

    2006

    Inégalité et
    polarisation

    1990-2000

    Turquie

    Gini

    0,556

    0,016

    CV

    21,36

    +3,93

    A(1)

    0,399

    +0,021

    Araar et
    Awoyemi

    2006

    Inégalité

    Années 90

    Nigeria

    Gini

    0,46

     

    Baye

    2008

    Pauvreté,
    Inégalité et
    Polarisation

    1996-2001

    Cameroun

    Gini-Revenu

    0,429

    -0,027

    Gini-Santé

    0,404

    +0,270

    GE(1)-

    Revenu

    0,364

    -0,035

    GE(1) - Santé

    0,428

    +0,417

    Wolfson

    0,360

    -0,025

    DER(1)

    0,214

    -0,018

    Source : Compilé par l'auteur

    III.4. Conclusion

    En somme, la place qu'occupe le problème d'inégalité et de polarisation dans l'élaboration des politiques de lutte contre la pauvreté amène les chercheurs en économie, de même que la classe politique à s'interroger sur la manière la plus efficace de résorber ces derniers pour une efficience des politiques de redistribution adoptées. L'inégalité et la polarisation ont donc pris de l'ampleur sur la scénette internationale, le fossé entre riches et pauvres s'est profondément creusé au fil du temps. Les nouvelles théories qui mettent en exergue la relation négative entre l'inégalité, la polarisation et la croissance contrairement à l'ancienne conception font de l'inégalité et la polarisation des problèmes cruciaux de l'économie qu'il faille résoudre pour une meilleure équité dans le développement. La croissance des pays en développement, dont le Cameroun, est liée à une réduction des inégalités et de la polarisation.

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 57 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    Chapitre IV :
    METHODOLOGIE ET DONNEES D'ANALYSE

    IV.1. Introduction

    De façon générale, pour comparer l'inégalité et la polarisation au cours du temps, l'on doit non seulement disposer des séries d'enquêtes consécutives auprès des ménages, mais également adopter une méthode qui rende les mesures comparables et qui reflète le coût différencié de la vie des régions, secteurs et dates. Le cadre d'analyse de l'inégalité et de la polarisation requiert une décision sur deux problèmes importants : l'unité d'analyse et le choix de différentes mesures qui reflètent l'entière distribution des revenus ou dépenses. Les données d'enquête ECAM I et ECAM II nous amènent à considérer la distribution des dépenses par équivalent-adulte comme mesure de bien-être. Nous allons donc mesurer l'inégalité et la polarisation entre les dépenses par catégorie de ménages.

    IV.2. Mesures d'inégalité et de la polarisation et leur décomposition IV.2.1. Mesures de l'inégalité

    Comme nous l'avons souligné dans le chapitre précédent, plusieurs mesures on été proposées dans la littérature pour caractériser l'inégalité dans la distribution des revenus / dépenses. Nombres de ces mesures satisfont aux quatre premiers axiomes définis pour toute mesure appropriée d'inégalité à savoir l'indépendance à la moyenne, l'indépendance à la taille de la population, la sensibilité au principe de transfert Pigou-Dalton et la symétrie. Le cinquième axiome (la décomposition) n'est pas toujours satisfait par certaines mesures. La classe des indices d'entropie généralisée satisfait à cet axiome de part ses propriétés d'invariance à l'échelle et d'invariance à la reproduction (Shorrocks, 1980, 1984). Cowell (1995) montre que toute mesure qui satisfait tous les axiomes décrits plus haut, est un

    I (y)

    membre de la classe des mesures d'entropie généralisée d'inégalité .

    (GE )

    La popularité de l'indice de Gini garantit son inclusion dans chaque étude d'inégalité. Cet indice, bien que très populaire ne peut être décomposable que lorsque les revenus des différents sous-groupes formés ne chevauchent pas. En d'autres termes, l'indice de Gini n'est

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 58 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    décomposable que lorsque les revenus d'un sous-groupe inférieurs sont tous inférieurs à ceux de l'autre sous-groupe.

    a. Le coefficient de S-Gini

    La mesure simple d'inégalité la plus largement utilisée est le coefficient de Gini. Celui-ci est basé sur la courbe de Lorenz ; cette courbe de fréquence cumulative qui compare la distribution d'une variable spécifique (exemple : le revenu, la dépense, etc.) à celle de la distribution uniforme qui représente l'égalité.

    Pour construire la courbe de Lorenz, on représente les pourcentages cumulés des individus ou ménages (partant des pauvres aux riches) sur l'axe horizontal et les pourcentages cumulés des dépenses ou revenus sur l'axe vertical.

    Le coefficient S-Gini est donné par la formule :

    1

    G x ñ p L x p k p ñ dp

    ( ) ( ) ( ; )

    = ? [ - ](1)

    0

    - Lx (p) est la courbe de Lorenz pour une distribution des dépenses (ou de revenu) x.

    Elle indique le pourcentage des dépenses totales d'une société qui sont détenues par les p %

    individus les plus pauvres. Sa définition formelle est la suivante pour des valeurs de percentiles p variant de 0 à 1 :

    L x

    ( )
    p

    x 0

    1

    u

    - 1

    ( )
    p

    F x

    y

    .dF x

    ( )
    y

    (2)

    ?

    Fx 1 p

    - est la fonction inverse de répartition des dépenses, la fonction de répartition

    ( )

    des dépenses étant notée par p = F x (y) ;

    - ux est la moyenne des dépenses ;

    - k(p; ñ) est une fonction qui génère à différents percentiles p, des poids éthiques applicables aux distances entre les courbes de Lorenz et la ligne de 45°. Sa forme fonctionnelle30 est donnée par :

    ( 2 )

    k p ñ ñ ñ ñ

    ( ; ) ( 1)(1 ) -

    = - - ñ (3)

    30 Cette forme fonctionnelle a été proposée par Yitzhaki (1983, 1994) et Donaldson et Weymark (1980).

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 59 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    qui ne dépend que de la valeur du seul paramètre ñ31.

    Plus la valeur de ñ est élevée, plus les poids éthiques se déplacent vers les percentiles p les plus faibles. Pour des valeurs de ñ tendant vers l'infini, on ne mesure la distribution des dépenses qu'à partir du sort réservé aux plus pauvres. Plus Lx (p) s'éloigne de p, plus Gx (p ) augmente.

    Si ñ = 2, on obtient le coefficient de Gini standard32 qui est l'un des indicateurs

    d'inégalité le plus utilisé et se calcule facilement à partir de la courbe de Lorenz. Par
    définition et en terme de graphique, ce coefficient est définie par le rapport A (A + B),

    A étant l'aire de la zone entre la diagonale d'égalité parfaite et la courbe de Lorenz et B l'aire de la zone à l'extérieur de la courbe de Lorenz. Certains auteurs proposent que l'on se contente d'une valeur approchée de ce coefficient en évaluant l'aire de la région délimitée par la courbe de Lorenz et la diagonale d'égalité parfaite qu'on multiplie par deux33.

    Une formule générale de calcul du coefficient de Gini pour une distribution de dépense entre n individus est donnée par l'expression suivante (Morrisson, 1996) :

    1(4)

    u

    G

    2 n 2

    ?? yi-

    yj

    u est la dépense moyenne de la population totale et et sont les dépenses

    yi yj

    des individus i et j. Le calcul du numérateur est plus aisé si l'on organise les informations
    en une matrice carrée d'ordre (H*H) dont l'élément mesure la valeur absolue de la

    ( i , j )

    différence entre la dépense de la ligne et celle de la colonne

    ij.

    Lambert (1993) a proposé une formule équivalente à la précédente dans le cas où n est suffisamment grand. Lorsque les unités de dépense sont classées par ordre croissant du niveau de dépense, cette formule est donnée par :

    31 Pour une généralisation à deux paramètres de cette forme, voir Duclos (1997).

    32 Si ce qui signifie que la répartition est complètement inégalitaire. Il est impossible d'avoir car si

    G = 1 G = 1

    tel est le cas, cela suppose qu'un des segments constituants la courbe de Lorenz aurait une pente non définie, ce qui est impossible, les pentes étant différentes de 0. Si G = 0 ce qui signifie que la répartition est égalitaire (il n'y a donc pas d'aspect de concentration).

    33 Les proportions cumulées varient de zéro à un et l'aire en dessous de la diagonale est égale à 1 2 ; d'où G = 2A =1- 2B

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 60 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    1 2( 2 1 3 2 1 )

    y y y Hy

    H + H + H + +

    - - K (5)

    H u

    G = + -

    1H 2

    H est le nombre d'individus.

    Lerman et Yitzhaki (1989) ont démontré que le coefficient de Gini peut être calculé à partir de la covariance entre le niveau de revenu et leurs rangs. On a :

    G cov ( F ( p ), p

    2 - 1

    =

    u

    ) (6)

    Une propriété intéressante du coefficient de Gini standard est qu'il est égal à la moitié de la moyenne normalisée de la distance moyenne entre tous les niveaux de vie. Ainsi, si le coefficient de Gini obtenu est de , l'interprétation est que la distance moyenne entre les

    0,3

    niveaux de vie de cette distribution est de l'ordre de de la moyenne.

    60%

    Le coefficient de Gini n'est pas décomposable ou additif en sous-groupes c'est-à-dire que le Gini total n'est pas égal à la somme des Gini des sous-groupes.

    b. La classe des indices d'entropie généralisée

    La classe des mesures d'entropie généralisée est donnée par la formule générale suivante :

    1 ? n

    1 ? y ? ?

    á

    ? ? ? - 1 ? (7)

    á = ?=

    i

    GE ( )

    - ? n i ?

    á ( á 1)

    ? ? y

    1 ? ?

    Où est le nombre d'unité dans l'échantillon, nyi est la dépense par équivalent adulte

    1

    y = ?= yi

    n i 1

    dans le ménage , et

    i i = 1,2, K , n

    n

    est la moyenne arithmétique des dépenses.

    Les valeurs des mesures GE varient entre 0 et 8, avec zéro représentant des niveaux de dépenses égales c'est-à-dire que toutes les dépenses sont identiques et les valeurs élevées de GE représentant des hauts niveaux d'inégalité. Le paramètre á dans la classe GE représente le poids donné aux distances entre dépenses à différentes parties de la distribution,

    et peut prendre toute valeur réelle. Pour des faibles valeurs de

    á, est plus sensible aux

    GE

    variations dans le voisinage de l'extrémité gauche de la distribution et pour des valeurs élevé de á, est plus sensible aux changements qui affectent le côté riche (extrémité droite).
    GE

    Les valeurs communément utilisées de á sont 0, 1 et 2. Ainsi, la valeur á = 0 accorde plus

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 61 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    de poids aux distances entre les dépenses du voisinage de l'extrémité gauche de la distribution (faibles dépenses), á = 1 applique des poids égaux à travers la distribution, tandis que la valeur á =2 donne proportionnellement plus de poids aux écarts à l'extrémité droite de la distribution où les dépenses sont élevées.

    Les différentes variantes des mesures d'entropie généralisée sont :

    - Pour á = 0, on a la déviation logarithmique moyenne. Elle est ainsi appelée parce qu'elle donne l'écart type de log(y). On a :

    n

    (8)

    (9)

    1 n ? y ?

    ?= ?

    i 1 ? y ?

    GE (0)

    log ? i

    - Pour á = 1, on a l'indice de Theil qui est donnée par :

    n

    1 y ? y ?

    i

    T GE

    = = ?= y

    (1) i log ? ?

    n y

    i 1 ? ?

    - La mesure GE avec le paramètre á = 2 devient la moitié du carré du coefficient de variation (CV). On a :

    GE = i = (10)

    (2) CV

    var( )

    2 y 2 2

    y 1 ( )2

    CV

    et

    ?
    ??

    2

    n

    1 1

    ? ?=

    y n

    ?? i 1

    1

    2

    ( )

    y i y

    -

    (11)

    Cette mesure d'inégalité est décomposable exactement en groupes, ce qui est très utile dans notre étude. En effet, les mesures d'inégalité décomposables en groupes ont l'avantage d'être utilisées pour diviser une inégalité globale en inégalité au sein des différents groupes et les inégalités entre ces groupes afin d'identifier l'effet potentiel sur l'inégalité globale des stratégies visant à réduire les disparités entre ces groupes.

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 62 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    c. Décomposition statique34 de l'inégalité des dépenses

    La décomposition par sous-groupes requiert que l'inégalité totale soit liée de manière consistante aux sous-groupes dans la partition (Bourguignon, 1979)35. La mesure d'inégalité pour toute la population doit être exprimable comme une moyenne pondérée de la même mesure pour les différents groupes (composante intra-groupe), plus la mesure d'inégalité pour toute la population où chaque membre reçoit le revenu moyen de son groupe (composante inter-groupe).

    La décomposition de l'inégalité des dépenses par sources36 de revenu est inappropriée dans cette étude puisque les données relatives aux dépenses dans nos deux bases de données sont insuffisantes pour étudier le niveau de vie.

    Pour cette étude, nous allons mettre l'accent sur la déviation logarithmique de Theil GE(0), la mesure de Theil et la variance du logarithme des dépenses .

    GE(1) GE(2)

    Lorsque l'inégalité totale est décomposée en sous-groupes de population, la

    ( Itotale )

    classe d'entropie généralisée peut s'exprimer comme la somme de l'inégalité inter-groupe (Iinter) et de l'inégalité intra-groupe .

    ( I int ra )

    k

    L'inégalité intra-groupe peut être définie par : , avec

    I ra w j GE j

    int (á)

    = ?

    j=1

    w j v j f j

    á - á

    1

    =

    , où est la portion de population correspondant au groupe , et

    fj j j = 1,2, K , k

    vj

    est la part de dépenses de chaque partition .

    j

    L'inégalité inter-groupe est définie par l'expression suivante:

    34 Nous n'utiliserons pas dans ici la décomposition dynamique qui décompose l'inégalité totale en trois composantes : l'effet d'allocation (qui est obtenu en faisant varier le nombre de ménages dans différentes partitions), l'effet revenu (qui vient des changements dans les revenus relatifs entre les partitions) et finalement l'effet d'inégalité pure (qui est obtenu en faisant varier l'inégalité à l'intérieur des partitions). L'arithmétique est ici compliquée pour certaines mesures, donc cette décomposition est de manière usuelle appliquée uniquement à GE(0) (Mookerjee et Shorrocks, 1982).

    35 D'autres formes de décomposition ont été proposées par des auteurs tels Chameni, 2006, Shorrocks, 1982, etc.

    36 La décomposition par source ne divise pas la population en plusieurs groupes. Elle divise plutôt le revenu de tout le monde en plusieurs sources. Dans ce cas, l'inégalité totale pourrait être divisée en somme pondérée d'inégalités par sources de revenu, en tenant compte explicitement ou implicitement de la covariance entre les sources de revenu.

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 63 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    Iint er

    ?

    ?

    ? ?

    (12)

    á

    ? k

    1 ? y ?

    ? f j ? -

    á á y

    j ?
    - ? ? ?= 1

    ( 1) j 1 ? ?

    yj est la moyenne de la dépense de chaque partition j.

    Cowell et Jenkins (1995) ont montré que les composantes inter et intra groupes de l'inégalité sont liées à l'inégalité totale par la relation simple suivante :

    Itotale = Iintra + Iinter (13)

    Par conséquent, ils ont suggéré une mesure synthétique , du montant de l'inégalité

    Rb

    expliqué par les différences entre groupes avec une caractéristique particulière ou un

    ensemble de caractéristiques. s'exprime par la formule suivante :

    Rb

    Rint

    b I

    = I

    totale

    er

    (14)

    Ainsi, nous pouvons conclure que si de l'inégalité totale est expliquée par les
    x%

    inégalités inter-groupes, alors (100 - x)% est expliquée par les inégalités intra-groupes (Cowell et Jenkins, 1995 ; et Ahuja et al, 1997). En augmentant le nombre de partitions, nous pouvons mettre en évidence les effets d'un grand nombre de facteurs.

    IV.2.2. Mesures de la polarisation

    a. La mesure de Foster-Wolfson

    Foster et Wolfson (1992) et Wolfson (1994) ont proposé un indice de polarisation (W ) lorsqu'ils discutaient des différences conceptuelles entre polarisation et inégalité.

    W

    )

    2(2 T Gini

    -

    m tan

    (16)

    T=0,5-L(0,5)

    L(0,5) est la part de revenu de la moitié inférieure de la population (la population est divisée en deux groupes séparés par la valeur médiane) et est le ratio de la médiane sur la

    m tan

    moyenne.

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 64 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    Wolfson (1994) normalise l'indice arbitrairement de sorte qu'il prend des valeurs entre

    0 et 1.

    Estéban, Gradin et Ray (1999) note que la mesure de Foster et Wolfson est la transformation de l'indice EGR si les groupes adjacents sont de même taille.

    Une façon alternative d'exprimer W d'après Zhang et Kanbur (1999) est :

    W

    2(u*-u

    L)

     
     

    m (17)

    u * est le revenu moyen corrigé (u* = u(1 - Gini)). est le revenu moyen de la

    u L

    première moitié de la population et m est la médiane de la population.

    La polarisation maximale serait ainsi atteinte lorsque la moitié de la population possède un revenu nul et l'autre moitié possède deux fois la moyenne.

    b. La mesure de Duclos-Estéban-Ray (DER)

    Duclos, Estéban et Ray (2004) ont développé la théorie de la mesure de la polarisation où les distributions sont décrites par les fonctions de densité.

    Ces auteurs partent des lacunes que présente la mesure Estéban-Ray (ER). La mesure

    ER est basée sur un ensemble fini et discret des groupes de revenu situé dans un espace ambiant continu des valeurs de revenu possibles. Ceci génère deux problèmes majeurs : l'un conceptuel et l'autre pratique. Au niveau conceptuel, la mesure ER présente une discontinuité désagréable due au fait qu'elle est basée sur une population distribuée sur un nombre de points discrets et distincts. La difficulté pratique est que la population est supposée avoir déjà été concentrée dans des groupes appropriés. Cette caractérisation rend la mesure moins utile pour plusieurs problèmes intéressants.

    La mesure DER est une extension naturelle de la mesure ER dans le cas des distributions continues. Elle résout par conséquent les deux problèmes posés par la mesure ER et est donnée par :

    P f T f x x y f x f y dxdy

    ( ) ( ), ( ) . ( )

    = ?? ( - )(18)

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 65 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    Avec f(.) la fonction de densité de la distribution, x et y sont les niveaux de dépenses de deux individus tels que l'individu situé à x ressente une aliénation monotonique à la distance x - y vis-à-vis de l'autre localisé ày.

    Un individu localisé à un niveau de dépense x éprouve un sens d'identification qui dépend de f(x) la densité de x.

    T(i, a) est une fonction non négative qui représente l'antagonisme de x envers y (sous f), avec i=f(x) et a= x-y.

    T est croissant en son deuxième argument et T(i,0) = T(0, a) = 0.

    La polarisation telle que mesurée par l'indice n'est rien d'autre que la somme

    DER

    proportionnelle de tous les antagonismes effectifs. En effet, en contraste avec l'inégalité, les indices de polarisation doivent être caractérisés par leur sensibilité locale à l'interaction entre l'aliénation et l'identification qui forme ce que Duclos, Esteban et Ray appellent « antagonisme » (Araar, 2008).

    Cependant, la mesure à ce stade n'est ni très utile, ni opérationnelle bien qu'elle

    DER

    prenne en compte la structure identification-aliénation. Tout dépend en fait de la forme fonctionnelle de T. Celle-ci dépend des quatre axiomes suivants :

    AXIOME 1) Si la distribution est composée d'une seule densité de base, alors la compression de cette dernière ne peut augmenter la polarisation.

    Soit f une densité de base avec la moyenne u et soit ë? [0;1], la ë-compression de

    ë 1 x 1

    ? - -

    [ ëu ] ?

    f est une transformation de la forme f f (19)

    = ë

    ?? ??

    ë

    Cet axiome présente cependant une ambiguïté parce que la compression à ce niveau crée la réduction de l'aliénation interpersonnelle mais augmente l'identification pour la mesure positive des agents localisés au centre de la distribution. L'ancien impact positif sur la polarisation peut donc être contré par le nouvel impact négatif.

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 66 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    AXIOME 2) Si une distribution symétrique est composée de trois densités de base avec la même racine et des supports mutuellement disjoints, alors une compression symétrique des densités situées aux extrémités ne peut réduire la polarisation.

    Cet axiome argumente qu'une compression « locale » (opposée à la compression « globale » de la distribution totale de l'axiome 1) ne doit pas baisser la polarisation. A ce stade, il y a un écart explicit par rapport à la mesure de l'inégalité.

    AXIOME 3) Si une distribution symétrique est composée de quatre densités de base avec la même racine et des supports mutuellement disjoints, alors un élargissement vers l'extérieur des deux densités du milieu (en gardant toujours tous les supports disjoints) augmentera la polarisation.

    AXIOME 4) Si P(F) = P(G) et ?p f 0, alors , avec et

    P ( pF ) = P ( pG ) pFpG

    les multiples identiques des populations de et G respectivement.

    F

    Cet axiome n'est rien d'autre que le simple principe d'invariance à la population. Il stipule que lorsqu'une situation exhibe une grande polarisation que l'autre, il doit continuer de l'être si la population dans les deux situations augmente ou baisse d'un même montant, en maintenant les distributions relatives inchangées.

    La mesure P, telle que décrite plus haut satisfait les axiomes 1 à si et seulement si

    4

    elle est proportionnelle à :

    P(f) = ??f(x)1 + á f(y)y-xdydx (20)

    á

    Avec á ? [0.25, 1]. Les auteurs montrent que pour satisfaire les axiomes précédents, le degré du paramètre de sensibilité à la polarisation doit être compris entre 0,25 et 1. plus ce paramètre est grand, plus large est l'écart entre l'indice DER et le coefficient standard de Gini et vice versa. Il est vérifié que la mesure DER est égale au coefficient de Gini lorsque le paramètre á est fixé à 0.

    En normalisant tous les revenus par leur moyenne, devient homogène de degré

    Pá ( f )

    zéro.

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 67 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    c. Estimation et inférence statistique

    En associant les questions d'inférence statistique à l'estimation de la mesure DER, on obtient :

    P f f y a y dF y

    ( ) ( ) á ( ) ( )

    = ?(21)

    á

    y

    y

    Avec a y y F y xdF x

    ( ) u 2 ( ) 1 2 ( )

    = + - -

    ( ) ? (22)

    -8

    Supposons alors que nous voulons estimer en utilisant un échantillon aléatoire

    Pá (F)

    de observations de dépenses indépendamment et identiquement distribuées ,

    n yi i = 1,2,K , n

    tirées de la distribution et classées de sorte que

    F(y)y1 = y2 = K = yn . Un estimateur

    naturel de P á (F) est :

    n

    P F n f y á a y

    á ?

    ( à ) à ( ) à ( )

    = (23)

    - 1

    i i

    i = 1

    aà(yi ) est donnée par :

    i 1

    a y u y n i n y y

    à ( ) à 1 (2 1) 1 1 2

    ( ) ? ?

    = + - - - ? ? +

    -

    - - ? (24)

    i i j i

    ?j = 1 ?

    à

    uà est la moyenne de l'échantillon et est estimé de manière non

    ( yi ) á

    f

    paramétrique en utilisant les procédures d'estimation à noyau37. Ces procédures utilisent une
    fonction à noyau symétrique définie telle que et (Le noyau

    K(u ) ?8 -8 K ( u ) du = 1 K ( u ) = 0

    à

    Gaussien est utilisé dans l'illustration). L'estimateur est alors défini par :

    f ( y )

    à

    f y

    ( )

    n

    = - -

    n K h y y i

    1 ( )

    ?=

    i 1 (25)

    Avec Kh (z)h 1 K ( z h )

    = , étant le paramètre de grandeur. Une technique usuelle

    - h

    pour sélectionner un h optimal consiste à minimiser l'erreur carrée moyenne de l'estimateur étant donné la taille de l'échantillon n. Une formule de routine qui peut être utilisée dans ce contexte est :

    h ? n (26)

    * 4,7 0 , 5 óá 0 , 1

    -

    Facilement calculée, cette formule donne bien avec la distribution normale dès lors qu'elle ne peut s'éloigner de plus de 5% du qui minimise vraiment l'erreur carrée

    h *

    37 La littérature sur l'estimation de la densité à noyau est large - voir par exemple Silverman (1986), Härdle (1990) et Pagan et Ullah (1999).

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 68 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    moyenne. Pour un compression plus grande (plus de 6%), la formule approximative la plus robuste de est donnée par :

    h *

    (3,76 1 4,7 )

    + ó

    h ? n IQ

    * 0 , 5 ln

    - (27)

    (1 1,09 . 1 0 )

    - +

    4 ( 7268 15323 )

    á

    + ó ln

    IQ est l'interquartile et óln la variance des logarithmes des dépenses. Le produit ( ( à ) ( ))

    n 0 , 5 P á F - P á F suit une distribution asymptotiquement normale

    N (0; Vá ) avec

    V f y a y y f x dF x x y f x dF x

    = + + ? + ?8 -

    var) ( (1 ) ( ) ( ) ( ) ( ) 2 ( ) ( ) ( )

    ? á á á ?

    á á

    ?? ?? (28)

    f y y

    IV.3. Données et logiciel d'analyse

    IV.3.1. Données d'analyse

    L'analyse de la distribution des dépenses, ici, est basée sur les données des enquêtes ECAM I la Direction de la Statistique et de la Comptabilité Nationale (DSCN) du Cameroun (DSCN, 1997a, 1997b, 2002) et d'ECAM II réalisée par l'Institut National de la Statistique (INS, 2002).

    Les données relatives aux dépenses nominales provenant de ces enquêtes sur les régions sont converties en termes réels en les corrigeant dans le temps et l'espace et par rapport à une région et à une période donnée. La réalisation de cet exercice nécessite non seulement que les différentes bases de données soient comparables du point de vue de la méthode de sondage, mais qu'on ait également la possibilité de neutraliser rigoureusement l'effet de l'inflation par l'utilisation d'indices des prix régionaux et temporels dans le but de tenir compte de la variation du niveau de vie d'une région à une autre et d'une période à une autre.

    a. ECAM I

    L'Enquête Camerounaise auprès des Ménages de 1996 (ECAM I) est la deuxième enquête de grande envergure réalisée par la DSCN du Cameroun après l'EBC de 1983 / 84. Elle a duré trois mois, couvrait les dix provinces du pays et concernait un échantillon de 1 731 ménages urbains et ruraux. Elle visait trois principaux objectifs à savoir mesurer les effets de la crise et de mesures d'ajustement sur le niveau et les conditions de vie des ménages ; établir

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 69 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    les interrelations entre les dimensions des niveaux de vie ; et analyser les tendances et les évolutions par rapport aux autres sources de données.

    Il s'agissait d'une enquête stratifiée à deux degrés à Yaoundé et à Douala et à trois degrés dans les autres villes du pays avec la distinction urbaine-rurale.

    b. ECAM II

    L'Enquête Camerounaise auprès des Ménages (ECAM II) est la troisième enquête d'envergure toujours réalisée au Cameroun par l'INS en 2001. Cette enquête a été initiée pour corriger les erreurs faites à la précédente. Elle concernait 11 553 ménages desquels 10 992 ont été réellement visités. Les objectifs principaux de ECAM II étaient :

    - De proposer une méthodologie adéquate pour calculer les niveaux de vie des ménages et déterminer une ligne de pauvreté qui serait accepté par la majeure partie des partenaires de développement et qui servira de référence pour des analyses futures ;

    - D'analyser la pauvreté monétaire, la pauvreté en termes de niveau de vie de la plupart des ménages et la pauvreté potentielle et essayer d'établir la corrélation entre elles ;

    - L'extension des analyses passées à l'échelle régionale et nationale en isolant les deux grandes villes (Douala et Yaoundé) et en distinguant les milieux de résidence (urbain et rural) ;

    - Et enfin la production d'une base de données adéquates pour les différentes statistiques, notamment la consommation des ménages dans les comptes nationaux et la mise à jour des calculs utilisés pour déterminer les indices de prix.

    L'enquête ECAM II a été réalisée dans dix provinces. La ligne de pauvreté de référence ainsi que le niveau de vie de référence ont été construites, de même que la consommation annuelle finale des ménages.

    c. Comparaison des différentes bases de données

    La comparaison de l'inégalité et de la polarisation entre 1996 et 2001 doit partir de la comparaison entre ECAM I et ECAM II38 . Une première étape doit consister à structurer de la même façon les deux bases de données.

    38 La comparaison entre ces deux bases de données a été réalisée par l'Institut National de la Statistique avec l'assistance d'une mission de la Banque Mondiale du 17 juin au 1er juillet 2002.

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 70 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    Les dépenses entre les différentes périodes doivent être ramenées à la même base. Les données de 2001 ont été retraitées de manière à considérer la même période de collecte qu'en 1996, soit sept jours dans chaque milieu (urbain et rural). Un facteur multiplicatif d'oubli39 a été utilisé pour corriger les déclarations des ménages ruraux.

    Concernant les dépenses de non consommation entre ces deux enquêtes, les dépenses similaires collectées sur la même période de référence et basées sur la taille d'échantillon ont été regroupées et calibrées par un indicateur de niveau de vie de la population. Les dépenses ayant un niveau élevé de disparité entre ces périodes d'enquête n'ont pas été pris en compte par cet indicateur. Rendues comparables, les dépenses ont été corrigées des fluctuations temporelles et spatiales des prix. L'année 2001 a été considérée comme année de référence de part sa crédibilité. Pour égaliser les dépenses de 96 à celles de 2001, l'indice des prix temporel a été construit en considérant le mois d'octobre 2001 comme mois de référence (INS, 2002).

    Sur le plan spatial, la ville de Yaoundé a été retenue comme région de référence pour les deux enquêtes. Pour déflater les dépenses, l'indice spatial de 2001 a été utilisé pour les deux opérations, sous l'hypothèse que le coût de la vie relatif entre les différentes régions ne s'est pas beaucoup modifié. L'indice de Paasche a été utilisé pour déflater les dépenses utilisées pour la comparaison au niveau des régions, parce qu'il tient compte des pondérations de chaque régions (INS, 2002).

    Pour tenir compte de la taille des ménages, l'échelle d'équivalence RDA (Recommended Dietary Allowances)40 qui pondère le niveau de consommation de l'individu avec l'âge et le sexe a été préférée aux autres échelles.

    IV.3.2. Logiciel d'analyse

    Les résultats empiriques, ici, seront obtenus en utilisant le logiciel d'analyse de distribution DAD version 4.5, développé par les chercheurs du CREFA de l'Université Laval (Duclos et al., 2000 ; Duclos et Araar, 2004). DAD est un logiciel qui facilite les analyses et les comparaisons de bien-être, d'inégalité, de la pauvreté et de l'équité entre les distributions

    39 Selon Chris Scott, après trois jours, il faut corriger les dépenses par un facteur d'oubli de 2,9% par jour (INS, 2002).

    40 Pour plus de précisions, voir ECAM II : Document de méthodologies ; Tome 4, INS, 2002.

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 71 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    de niveaux de vie. Ses caractéristiques incluent l'estimation d'un large nombre d'indices et de courbes qui sont importants pour des comparaisons des distributions de même que la provision des erreurs types asymptotiques qui permettent l'inférence statistique. Ses caractéristiques incluent aussi les statistiques descriptives de base et fournissent des simples estimations non paramétriques des fonctions de densité et de régression.

    IV.4. Conclusion

    En somme, notre étude utilise un indicateur de bien-être qui intègre toutes les catégories de dépense des ménages. Ceci étant, la dépense par équivalent-adulte est un estimateur fiable du revenu des ménages. Parmi les mesures utilisées pour l'inégalité, nous accordons plus de poids à la classe d'entropie de part sa complète décomposabilité. Plus de poids sont accordés à la classe des mesures Duclos-Esteban-Ray qui prend en compte la structure identification-aliénation chère à la polarisation. Elle se distingue des autres mesures par son approche axiomatique et son obéissance à l'ensemble des propriétés désirables des mesures de polarisation. Il s'agit du fait qu'elle soit définie sur une fonction continue de revenu, elle ne requiert pas que les groupes soient identifiés par un revenu fixe, elle est normalisée par la taille de la population et peut être normalisée par l'échelle de revenu. Ceci facilite les comparaisons entre les distributions pour tout phénomène de distribution comme la pauvreté, l'inégalité et la polarisation. Le logiciel DAD 4.5 nous donne les résultats empiriques nécessaires pour notre analyse

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 72 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    Chapitre V :
    RESULTATS EMPIRIQUES

    V.1. Introduction Dans ce chapitre, nous utiliserons successivement l'indice S-Gini G(ñ) et la classe

    des indices d'entropie généralisée GE(á) pour mesurer la variation de l'inégalité des

    dépenses totales par équivalent adulte entre 1996 et 2001 au Cameroun. Pour mesurer la variation de la polarisation des mêmes dépenses, nous utilisons l'indice Foster-Wolfson (W) et la mesure Duclos-Esteban-Ray DER(á). Les calculs sont obtenus par le logiciel

    d'analyse de distribution appelé DAD. Ces calculs sont faits en tenant suivant le milieu de résidence du chef de ménage d'une part et d'autre part de sa région de résidence. Suivant le milieu de résidence du chef de ménage, l'échantillon est séparé en milieux urbain et rural. Selon la région de résidence du chef de ménage, l'échantillon est divisé en six strates : Yaoundé, Douala, les Autres villes, la région Rurale Forêt, la région Rurale Hauts Plateaux et la région Rurale Savane.

    V.2. Evolution de l'inégalité et de la polarisation au Cameroun entre 1996

    et 2001

    Nous traitons dans cette section l'évolution de l'inégalité et de la polarisation sur la période 1996-2001 en utilisant des mesures basées sur les dépenses41.

    Le Tableau 7 présente les dépenses totales réelles par équivalent adultes des ménages, les mesures d'inégalité et de la polarisation pour les périodes 1996 et 2001.

    Pour l'ensemble du pays, les dépenses totales42 réelles par équivalent adultes des ménages ont augmenté d'environ 15% suivant ainsi la reprise de la croissance du PIB du pays amorcée après la dévaluation de 1994. La répartition régionale suit la même tendance.

    41 Une alternative serait de mesurer l'inégalité et la polarisation des revenus ou autres actifs qui sont plus efficients que la consommation (donnée par la dépense). Cependant, le revenu comme ces autres actifs sont difficiles à être quantifiés et leurs données ne sont pas disponibles dans ECAM I et ECAM II. En plus, la consommation dans certains cas peut être une mesure plus appropriée du niveau de bien être d'un individu.

    42 Celles-ci sont calculées en fonction de la moyenne des dépenses mensuelles des ménages urbains et ruraux.

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 73 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    Tableau 7 : Inégalité et polarisation au Cameroun en 1996 et 2001

    Concepts

    Mesures

    1996

    2001

    Variation
    (en%)

    Différence

    Dépense moyenne par
    équivalent adulte

     

    310,494

    356,315

    +14,76

     

    Inégalité

    Coefficient de Gini ñ = 2

    0,4062
    (0,0169)

    0,4078
    (0,0078)

    +0,39

    0,0016
    (0,0186)
    [0,0860]

    Déviation logarithmique de
    Theil GE(0)

    0,2722
    (0,0227)

    0,2906
    (0,0141)

    +6,76

    0,0184
    (0,0830)
    [0,2217]

    Indice de Theil GE(1)

    0,3174
    (0,03 00)

    0,3163
    (0,0154)

    -0,35

    -0,0011
    (0,0337)
    [-0,0326]

    Variance du logarithme des
    dépenses GE(2)

    0,5442
    (0,0786)

    0,5556
    (0,0527)

    +2,09

    0,0114
    (0,0947)
    [0,1204]

    Polarisation

    Indice Foster-Wolfson

    0,3325
    (0,0219)

    0,3466
    (0,0081)

    +4,24

    0,0141
    (0,0233)
    [0,6052]

    Indice Duclos-Esteban-Ray

    DER (0,5)

    0,2462
    (0,0116)

    0,2422
    (0,0031)

    -1,67

    -0,0041
    (0,0 120)
    [-0,3417]

    DER (1)

    0,1976
    (0,0158)

    0,1874
    (0,0036)

    -5,16

    -0,0102
    (0,0162)
    [-0,6296]

    Notes : -Les valeurs entre parenthèses sont les écarts-types et les valeurs entre crochets sont les z-statistiques. -Pour un test bilatéral 2001-1996, les valeurs critiques pour la z-statistique sont : 1,645 à 10%, 1,96 à 5% et 2,576 à 1%.

    -Les différences marquées de *, ** et *** sont respectivement significatives à 10%, 5% et 1%.

    Source : Les calculs sont effectués par l'auteur sur la base des enquêtes ECAM I et ECAM II, réalisées respectivement par la DSCN et l'INS.

    L'inégalité tout comme la polarisation sont des phénomènes réels au Cameroun. Le coefficient standard de Gini (ñ = 2) pour le pays est estimé à 0,4062 en 1996 et à 0,4078 en

    2001. L'indice de Foster-Wolfson estimé à 0,3325 en 1996 et à 0,3466 en 2001 rassure de la présence du phénomène de polarisation dans la distribution des dépenses au Cameroun (Tableau 7). Plus les valeurs de ces mesures tendent vers zéro, moins inégale ou moins polarisée est la distribution des dépenses, alors que lorsque ces valeurs tendent vers un, plus inégale et plus polarisée est la distribution des revenus.

    La valeur du coefficient standard de Gini de 0,4062 en 1996 implique que la distance entre les niveaux de vie au Cameroun est de l'ordre de 82% de la moyenne du niveau de vie standard du pays. En 2001, cette valeur s'élève à 0,4078 témoignant ainsi une légère augmentation de l'inégalité dans l'ensemble. Cependant, l'inégalité n'est pas un phénomène très poussé au Cameroun comparativement aux autres pays en développement. Les valeurs du

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 74 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    coefficient de Gini de 0,4062 en 1996 et de 0,4078 en 2001 et des indices de Theil de 0,3174 en 1996 et de 0,3163 en 2001 montrent que le Cameroun possède une distribution assez égalitaire lorsqu'il est comparé aux autres pays de l'ASS tels que la Côte d'Ivoire et le Ghana dont les coefficients de Gini respectifs sont estimés à 0,530 en 2002 et 0,454 en 1998 (Alby, 2006 ; Vanderpuye-Orgle, 2002).

    Par ailleurs, en dehors de l'indice de Theil (á = 1), toutes les autres mesures d'inégalité considérées montrent que l'inégalité des dépenses totales par équivalent adulte a augmenté au Cameroun sur la période 1996-2001. Le coefficient de Gini montre une augmentation moins importante (+0,39%) que celle fournies par les mesures d'inégalité de la classe d'entropie. La déviation logarithmique de Theil fournit le pourcentage le plus

    GE(0)

    élevé d'augmentation en valeur absolue (+6,76%) suivie de la variance du logarithme GE(2) qui procure une augmentation de +2,09%. Ceci indique que l'augmentation de l'inégalité est obtenue soit lorsque l'on accorde plus de poids aux dépenses situées en bas de la distribution, soit lorsque l'on accorde plus d'importance aux dépenses situées en haut de la distribution. Cependant, les variations dans ce dernier cas sont moindres.

    En ce qui concerne la polarisation, les indices de Foster-Wolfson et de DuclosEsteban-Ray nous montrent que c'est un phénomène présent au Cameroun. Les valeurs de ces indices toutes plus proche de 0 que de 1 prouvent que le phénomène est encore dérisoire au Cameroun (W = 0,3325en 1996 et W = 0,3466 en 2001, en 1996 et

    DER (0,5) = 0, 2462

    DER (0,5) = 0,2422 en 2001, DER(1) = 0,1976 en 1996 et en 2001).

    DER (1) = 0, 1874

    Comparativement aux autres pays de l'ASS et de l'Amérique latine tels que la Côte d'Ivoire et le Mexique dont les valeurs de l'indice Foster-Wolfson sont respectivement 0,635 et 0,413, le Cameroun est moins polarisée en terme de dépenses.

    La mesure Foster-Wolfson fait état d'une augmentation de la polarisation au Cameroun de 1996 à 2001 (+4,24%). La polarisation évoluant ainsi dans le même sens que l'inégalité. Les mesures Duclos-Esteban-Ray pour á = 0,5 et á = 1 quant à elles nous indiquent plutôt une baisse de la polarisation durant cette période (-1,67% et -5,16% respectivement). Ces résultats nous montrent une différence dans les sens de variation de l'inégalité et de la polarisation. En valeur, le coefficient de Gini et tous les indices d'entropie sont supérieurs à l'indice Duclos-Esteban-Ray quelle que soit la valeur du paramètre á et

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 75 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    l'année considérée. Ceci témoigne de l'ampleur de l'inégalité face à la polarisation au Cameroun. Duclos et al. (2004) montrent que la corrélation entre l'ordre de classement des entités baisse clairement lorsque la distance entre les paramètres d'aversions a augmente43. Pour eux, la polarisation et l'inégalité sont naturellement corrélés, mais sont aussi empiriquement distincts. Plus encore, l'étendue avec laquelle les comparaisons de la polarisation ressemblent à celles de l'inégalité dépend du paramètrea, qui capture essentiellement l'ampleur de l'effet d'identification.

    Au regard de l'indice Foster-Wolfson, du coefficient de Gini et de la classe d'entropie pour a = 0 et 2, on assimilerait la polarisation à l'inégalité de part leur évolution. En fait ces

    deux phénomènes augmentent simultanément si l'on considère le coefficient de Gini (de
    0,2722 en 1996 à 0,2906 en 2001), les mesures d'entropie lorsque plus de poids sont accordés
    aux extrémités de la distribution ( varie de 0,2722 en 1996 à 0,2906, varie de

    GE(0) GE(2)

    0,5442 en 1996 à 0,5556 en 2001) et la mesure de Foster-Wolfson (Wvarie de 0,3325 en 1996 à 0,3466 en 2001).

    V.3. Variation de l'inégalité et de la polarisation au Cameroun entre 1996

    et 2001

    V.3.1. Evolution des dépenses totales selon les milieux de résidence au Cameroun

    Le milieu de résidence du chef de ménage peut constituer un déterminant important d'inégalité et de la polarisation des dépenses par équivalent adulte. Les populations sont divisées suivant leurs différents milieux de résidence : les populations urbaines et les populations rurales. Les données des enquêtes ECAM I et ECAM II nous amènent à constater une large concentration des revenus entre les mains de la population urbaine (Tableau 8 et Figure 4)

    En 1996, la population urbaine qui ne représentait que 34,89% de la population totale détenait plus de 128% de la moyenne des revenus du pays estimés ici par la dépense moyenne par équivalent adulte. La population rurale plus nombreuse (65,11%) n'avait droit qu'à 81,84% de la moyenne des dépenses. Le ratio urbain / rural des dépenses égale à 1,777 témoigne d'un grand écart des revenus entre les populations urbaines et rurales. Ce ratio se

    43 En fait, le coefficient standard de Gini (p = 2) peut être assimilé à la valeur ; cependant, les

    DER (0)

    arguments de cette mesure ne peuvent exister pour a p 0,25 (Duclos et al, 2004).

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 76 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    trouve modéré en 2001 (1,566 en 2001 contre 1,777 en 1996) mais cache une recrudescence de la part des dépenses des populations urbaines qui détiennent 128,17% de la moyenne des dépenses contre seulement 78,65% destinées aux populations rurales qui constituent 65,2 1% de la population totale (Tableau 8 et Figure 4).

    Tableau 8 : Evolution de la dépense moyenne par équivalent-adulte selon les milieux de
    résidence au Cameroun entre 1996-2001

    Milieux

    Moyenne des dépenses (en
    millier de FCFA)

    Part de dépense (en %
    de la moyenne du pays)

    Proportion de population en
    %

    1996

    2001

    1996

    2001

    1996

    2001

    Urbain

    397 953

    497 896

    128,17

    139,73

    34,89

    34,79

    Rural

    254 123

    280 233

    81,84

    78,65

    65,11

    65,21

    Cameroun

    310 494

    356 315

     
     

    100

    100

    Ratio
    (Urbain/Rural)

    1,777

    1,566

     
     
     
     

    Source : Calculé par l'auteur à partir des données d'ECAM I et II

    Figure 4 : Evolution de la dépense moyenne par équivalent-adulte selon les milieux de
    résidence au Cameroun entre 1996-2001

    400 000

    600 000

    500 000

    300 000

    200 000

    100 000

    0

    Urbain Rural Cameroun

    2001

    1996

    Source : Construit par l'auteur à partir du Tableau 8

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 77 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    V.3.1.1. Inégalité selon les milieux de résidence au Cameroun entre 1996 et

    2001

    Les données du Tableau 9 montrent, au regard du coefficient de Gini, que l'inégalité des dépenses totales qui valait 40,62% en 1996 a augmenté légèrement par la suite pour se situer à 40,78% en 2001. Les estimateurs de ce coefficient montrent en général que l'inégalité est plus élevée en milieu urbain (0,4490 en 1996 et 0,4060 en 2001) qu'en milieu rural (0,3459 en 1996 et 0,3690 en 2001).

    En 1996, les valeurs du coefficient de Gini indiquent que l'inégalité est plus élevée en milieu urbain (44,90%) que dans le pays tout entier (40,62%). En 2001, elle est restée sensiblement la même en milieu urbain et le pays dans l'ensemble. En milieu rural par contre, l'inégalité a toujours été faible comparativement à tout le pays. L'on remarque aussi aisément que l'inégalité a fortement baissé en milieu urbain entre 1996 et 2001 (-9,6%) mais a augmenté en milieu rural (+6,7%). Celle-ci s'est accrue dans le pays pris dans l'ensemble quoique cette augmentation reste faible (+0,4%).

    Le Tableau 9 nous fournit aussi une décomposition de la classe des indices d'entropie en composantes intra et inter groupes en utilisant les valeurs 0, 1 et 2 pour le paramètre d'aversioná. D'après cette classe, l'inégalité totale est passée de 0,2722 en 1996 à 0,2906 en 2001, soit une augmentation de 6,8% si l'on accorde plus de poids aux dépenses situées au bas de la distribution(á = 0). La composante inter-groupe ici qui captait 9,73% de l'inégalité

    des dépenses totales en 1996 a augmenté d'environ trois points de pourcentage en 2001. La composante intra-groupe a connu une décroissance d'environ trois points de pourcentage (de 90,27% en 1996 à 87,32% en 2001).

    Si les mêmes poids sont accordés aux dépenses le long de la distribution(á = 1), la classe nous fait état plutôt d'une diminution dans l'inégalité totale (-0,3%). La

    GE

    composante inter milieux captait environ 8,6% de l'inégalité des dépenses totales par équivalent adulte en 1996 et a augmenté de plus de trois points de pourcentage en 2001. La composante intra-milieu a connu une baisse passant de 0,914 en 1996 à 0,8796 en 2001, soit une diminution marginale de plus de deux points de pourcentage sur la période de l'étude.

    Tableau 9 : Evolution de l'inégalité selon les milieux de résidence au Cameroun en 1996 et 2001

    Milieux

    Proportion de
    population

     

    Gini (p = 2)

    GE(0)

    GE(1)

    GE(2)

    1996

    2001

    1996

    2001

    A(%)

    1996

    2001

    A(%)

    1996

    2001

    A(%)

    1996

    2001

    A(%)

    Urbain

    0,3489

    (0,0428)

    0,3479

    (0,0235)

    Contribution
    absolue

    GE (a) j

     
     
     

    0,1181
    (0,0166)

    0,0968
    (0,0078)

    -18,0

    0,1740
    (0,0272)

    0,1547
    (0,0136)

    -11,1

    0,3787
    (0,0825)

    0,3838
    (0,0521)

    +1,3

    Contribution
    relative

     
     
     

    0,4339
    (0,0489)

    0,3332
    (0,0259)

    -23,2

    0,5483
    (0,0564)

    0,4890
    (0,0274)

    -10,8

    0,6959
    (0,0547)

    0,6908
    (0,0318)

    -0,7

    Urbain

    0,4490
    (0,0203)

    0,4060
    (0,0096)

    -9,6

    0,3384
    (0,0308)

    0,2783
    (0,0132)

    -17,8

    0,3763
    (0,0397)

    0,3207
    (0,0206)

    -14,8

    0,6178
    (0,0932)

    0,5741
    (0,0653)

    -7,1

    Rural

    0,6511

    (0,0428)

    0,6521

    (0,0235)

    Contribution
    absolue

    GE (a) j

     
     
     

    0,1276
    (0,0212)

    0,1569
    (0,0117)

    +23,0

    0,1161
    (0,0246)

    0,1236
    (0,0078)

    +6,5

    0,1371
    (0,0386)

    0,1320
    (0,0108)

    -3,7

    Contribution
    relative

     
     
     

    0,4688
    (0,0685)

    0,5400
    (0,0287)

    +15,2

    0,3657
    (0,0804)

    0,3906
    (0,0301)

    +6,8

    0,2519
    (0,0396)

    0,2376
    (0,0127)

    -5,7

    Rural

    0,3459
    (0,0274)

    0,3690
    (0,0086)

    +6,7

    0,1960
    (0,0310)

    0,2407
    (0,0161)

    +22,8

    0,2160
    (0,0367)

    0,2387
    (0,0115)

    +10,5

    0,3090
    (0,0641)

    0,3212
    (0,0203)

    +3,9

    Inégalité
    inter
    groupe

     
     

    GE (a) j

     
     
     

    0,0265
    (0,0011)

    0,0369
    (0,0008)

    +39,2

    0,0273
    (0,0008)

    0,0381

    (0,0005)

    +39,6

    0,0284
    (0,0004)

    0,0398
    (0,0001)

    +40,1

    Contribution
    relative

     
     
     

    0,0973

    0,1268

     

    0,0860

    0,1204

     

    0,0522

    0,0716

     

    Inégalité
    intra
    groupe

     
     

    GE (a) j

     
     
     

    0,2457
    (0,0504)

    0,2538
    (0,0240)

    +3,3

    0,2901
    (0,0299)

    0,2782
    (0,0153)

    -4,1

    0,5158
    (0,0786)

    0,5158
    (0,0527)

    +0,0

    Contribution
    relative

     
     
     

    0,9027

    0,8732

     

    0,9 140

    0,8796

     

    0,9478

    0,9284

     

    Cameroun

    1
    (0)

    1
    (0)

    GE (a) j

    0,4062
    (0,0169)

    0,4078
    (0,0078)

    +0,4

    0,2722
    (0,0227)

    0,2906
    (0,0141)

    +6,8

    0,3174
    (0,0300)

    0,3 163
    (0,0154)

    -0,3

    0,5442
    (0,0786)

    0,5556
    (0,0527)

    +2,1

    Note : Les valeurs entre parenthèses sont les écarts-types et A(%) représentent des variations en pourcentage.

    Source : Les calculs sont effectués par l'auteur sur la base des enquêtes ECAM I et ECAM II, réalisées respectivement par la DSCN et l'INS.

    Lorsque l'on accorde maintenant plus de poids en haut de la distribution (á = 2), la classe nous montre que l'inégalité dans l'ensemble s'est accrue d'un pourcentage de

    GE

    2,1% ( est passée de 0,5442 en 1996 à 0,5556 en 2001). L'inégalité inter groupe qui

    GE(2)

    représentait 5,22% en 1996 a augmenté en 2001 pour atteindre 7,16%. L'inégalité intra groupe a baissé de près de deux points de pourcentage durant la période.

    En 1996, le milieu urbain ne représentant que 35% de la population totale détenait plus de 128% de la moyenne des dépenses totales et contribuait de 43, 55 à 70 points de pourcentage à l'inégalité intra milieu conformément aux trois valeurs du paramètreá.

    En 2001, ce milieu dont la population est restée sensiblement la même détenait près de 140% de la moyenne des dépenses totales et a contribué de 33, 49 à 69 points de pourcentage à l'inégalité intra groupe (pour des valeurs de á = 0, 1 et 2). Les estimateurs de la classe GE

    ici, nous indiquent que l'inégalité a fortement baissé dans le milieu urbain et ceci de manière grandiose si l'on accorde plus de poids au bas de la distribution.

    Le milieu rural quant à lui, plus fourni en termes de population (plus de 65%) ne détenait qu'environ 82% de la moyenne des dépenses. Cette part s'est détériorée en 2001 passant ainsi à 79% alors que la population est restée sensiblement la même. La contribution du milieu rural à la composante intra zonale décroît en 1996 selon que l'on accorde plus de poids au bas ou en haut de la distribution. Elle sera ainsi de 46,88% pour á = 0, elle devient 36,57% pour á = 1 et 25,19% pour á = 2. Cette tendance à la baisse reste vérifiée en 2001 où pour á = 0, la contribution est de 54% ; elle passe à 39,06% lorsque á = 1 et si á = 2, elle baisse à 23,76%

    Les composantes de l'inégalité entre ces deux différents milieux restent très faibles en 1996 (9,73% pour á = 0, 8,60% pour á = 1 et 5,22% pour á = 2). Celles-ci augmentent légèrement en 2001 (12,68% pour á = 0, 12,81% pour á = 1 et 7,16% pour á = 2) mais restent cependant très faibles. Ceci montre que toute mesure de politique économique visant à égaliser les revenus ou les dépenses entre ces deux régions sera insignifiante dans la modification de l'inégalité totale. Les composantes intra-milieux quoique ayant baissé entre 1996-2001 (quel que soit la valeur attribuée à á) restent fortes (supérieures à 87%). Ceci

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 80 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    révèle l'efficience de toute mesure de réduction de l'inégalité totale dont l'objectif serait orienté vers la réduction de l'inégalité à l'intérieur des différents milieux

    V.3.1.2. Polarisation selon les milieux de résidence au Cameroun sur la

    période 1996-2001

    Dans les sections précédentes, nous avons traité de l'évolution de l'inégalité sur la période 1996-2001. Maintenant, nous nous tournons vers le phénomène de polarisation durant la même période. Pour cette fin, nous utilisons les mesures Foster-Wolfson et DuclosEsteban-Ray basées sur la dépense des ménages, et centrons notre analyse sur le Cameroun comme un tout en addition aux milieux ruraux et urbains (Tableau 10).

    Les résultats des mesures de la polarisation entre les milieux urbains et ruraux récapitulés dans ce tableau font état d'une importance relative de ce phénomène dans les deux différents milieux au Cameroun. La polarisation est plus développée en milieu urbain qu'en milieu rural. Les valeurs des différentes mesures utilisées le prouvent. En 1996, la valeur de la mesure Foster-Wolfson qui n'est que de 0,28 10 en milieu rural est de 0,4132 en milieu urbain. La polarisation est plus poussée en milieu urbain que dans le pays entier (0,3325). En 2001 ces grandeurs sont sensiblement les mêmes, la polarisation ayant baissé en milieu urbain alors qu'elle augmente dans le pays tout entier et dans la zone rurale. On note tout de même une faiblesse relative de la polarisation en milieu rural par rapport au pays entier. Les mesures Duclos-Esteban-Ray nous montrent aussi une portée importance de la polarisation en milieu urbain par rapport non seulement au milieu rural mais aussi au pays tout entier. Cette affluence n'est pas aussi large que lorsque l'on mesure la polarisation par l'indice FosterWolfson. Les écarts ne varient en général que de l'ordre d'un à deux points de pourcentage. La faiblesse de la polarisation reste observée en milieu rurale quel que soit la valeur attribuée

    à á dans la mesure

    DER.

    L'examen minutieux du Tableau 10 indique une différence dans l'évolution de la polarisation au Cameroun selon que l'on utilise comme mesure l'indice Foster-Wolfson où les mesures Duclos-Esteban-Ray.

    Tableau 10 : Evolution de la polarisation au Cameroun selon les milieux de résidence en 1996 et 2001

    Milieux

    Proportion de
    population

    Indice Foster-Wolfson

    Mesures Duclos-Esteban-Ray

    DER (0,5)

    DER (1)

    1996

    2001

    1996

    2001

    Asig

    A(%)

    1996

    2001

    Asig

    A(%)

    1996

    2001

    Asig

    A(%)

    Urbain

    0,3489

    (0,0428)

    0,3479

    (0,023 5)

    0,4132
    (0,0278)

    0,3360
    (0,0083)

    -0,0773***
    (0,0290)
    [-2,6665]

    -18,68

    0,2639
    (0,0055)

    0,2452
    (0,0032)

    -0,0187***
    (0,0064)
    [-2,9219]

    -7,09

    0,2053
    (0,0068)

    0,1963
    (0,0039)

    -0,0091
    (0,0078)
    [-1,1667]

    -4,38

    Rural

    0,6511

    (0,0428)

    0,6521

    (0,0235)

    0,2810
    (0,0270)

    0,3225
    (0,0102)

    0,0415
    (0,0289)
    [1,4360]

    +14,77

    0,2231
    (0,0434)

    0,2265
    (0,0039)

    0,0034
    (0,0435)
    [0,0782]

    +1,52

    0,1793
    (0,0427)

    0,1723
    (0,0036)

    -0,0070
    (0,0429)
    [-0,1632]

    -3,90

    Cameroun

    1
    (0)

    1
    (0)

    0,3325
    (0,0219)

    0,3466
    (0,0081)

    0,0141
    (0,0233)
    [0,6052]

    +4,24

    0,2462
    (0,0116)

    0,2422
    (0,0031)

    -0,0041
    (0,0120)
    [-0,3417]

    -1,62

    0,1976
    (0,0158)

    0,1874
    (0,0036)

    -0,0102
    (0,0162)
    [-0,6296]

    -5,16

    Notes : -Les valeurs entre parenthèses sont les écarts-types, les valeurs entre crochets sont les z-statistiques, Asig représente les différences et A(%) représente de

    variations en pourcentage.

    -Pour un test bilatéral 2001-1996, les valeurs critiques pour la z-statistique sont : 1,645 à 10%, 1,96 à 5% et 2,576 à 1%. -Les différences marquées de *, ** et ** * sont respectivement significatives à 10%, 5% et 1%.

    Source : Les calculs sont effectués par l'auteur sur la base des enquêtes ECAM I et ECAM II, réalisées respectivement par la DSCN et l'INS.

    Ainsi, d'après la mesure Foster-Wolfson, la polarisation s'est accrue au Cameroun entre 1996 et 2001, passant de 33,25% à 34,66%, soit une augmentation de +4,24% du niveau de polarisation de 1996. Son évolution est donc similaire à celle de l'inégalité durant la même période lorsque cette dernière est mesurée par le coefficient de Gini et la classe des mesures d'entropie pour les valeurs de paramètre á = 0 et 2. Cependant, considérant la mesure DER

    respectivement pour á = 0,5 et 1, la polarisation a relativement baissé au Cameroun
    ( ) varie de 0,2462 en 1996 à 0,2422 en 2001 et régresse de 19,76% à

    DER (0,5 DER (1)

    18,74% pendant la même période). Cette baisse est donc beaucoup plus forte (-5,16%) lorsque la population a une aversion forte à la polarisation (á = 1).

    La différence dans l'évolution de la polarisation étant données les mesures se ressent aussi dans le milieu rural. La valeur de l'indice Foster-Wolfson indique une forte augmentation de la polarisation en milieu rural (+14,77%). L'augmentation reste faible pour la mesure DER lorsque á = 0,5, la mesure variant ainsi de 22,3 1% en 1996 à 22,65% en

    2001. On note plutôt une baisse dans la polarisation lorsque le paramètre d'aversion augmente c'est-à-dire lorsque á = 1 ; ceci contrairement à l'évolution de l'inégalité qui augmente dans ce milieu quel que soit la mesure considérée.

    En milieu urbain par contre, la polarisation baisse durant la période quel que soit la mesure considérée. Cette baisse est d'autant importante que la mesure Foster-Wolfson baisse de 41,32% en 1996 à 33,60% en 2001, soit une diminution de plus de douze points de pourcentage. Considérant les mesures DER, la baisse est plus forte pour á = 0,5 (-7,09%) et

    modérée pour á = 1 (-4,3 8%). Dans ce milieu, l'inégalité et la polarisation évoluent dans le même sens. Ceci peut dans une certaine mesure s'expliquer par le développement du secteur informel en milieu urbain qui fait naître des ménages à revenus intermédiaires atténuant l'antagonisme qui existait entre les quintiles à faibles et ceux à hauts revenus.

    Au regard de ces résultats, on peut penser que la polarisation est un phénomène d'urbanisation. Ceci peut s'expliquer par la forte concentration des dépenses entre les mains des populations urbaines (128,17% en 1996 et 139,73% en 2001). La polarisation reste tout de même un phénomène qui n'est pas très important au Cameroun. Les valeurs des indices Foster-Wolfson et Duclos-Esteban-Ray sont faibles et proches de zéro (la plus grande valeur

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 83 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    étant de 41,32%). Les valeurs des mesures DER sont les plus faibles comparativement aux valeurs de la mesure W.

    En outre, on peut aisément remarquer que l'inégalité et la polarisation ne sont pas liées à l'accroissement du niveau de vie. En effet pendant que la part de revenus des ménages des milieux urbains s'accroît, l'intensité de l'inégalité baisse dans ce milieux durant les périodes 1996-2001. Cette intensité augmente dans les milieux ruraux alors que la part de revenus des ménages s'est améliorée. Ces deux phénomènes se comportent ici soit de façon similaire, soit de façon différente. Leur comportement dépend des mesures utilisées.

    Considérant la mesure de Foster-Wolfson pour la polarisation, on se rend compte que l'inégalité et la polarisation évoluent dans le même sens durant les périodes 1996-2001. Les deux baissent simultanément en milieu urbain mais à des degrés différents. Ils augmentent aussi simultanément en milieu rural et dans le pays entier lorsque l'on accorde plus de poids aux dépenses situés aux extrémités de la distribution. Les amplitudes ne sont pas identiques. Dans tous les cas, l'amplitude est plus grande dans l'évolution de la polarisation que de l'inégalité. La similitude entre l'indice Foster-Wolfson et le coefficient est toute naturelle et peut s'expliquer par le fait que le premier est fonction du second.

    Les évolutions de ces deux phénomènes diffèrent lorsque l'on change la mesure de la polarisation. En utilisant les mesures de Duclos, Esteban et Ray, on assiste à une baisse d'ensemble de la polarisation au Cameroun. Par contre, on assiste plutôt à une augmentation de l'inégalité lorsque plus de poids sont accordés aux dépenses en bas (á = 0) et en haut

    (á = 2) de la distribution. La seule similitude apparaît lorsque les mêmes poids sont accordés

    à tous les revenus le long de la distribution. En milieu urbain, la polarisation tout comme l'inégalité ont diminué plus qu'au niveau national. En milieu rural, on assiste à une hausse de la polarisation lorsque l'aversion à celle-ci est faible et une forte baisse de celle-ci lorsque le paramètre d'aversion augmente. L'inégalité quant à elle augmente quel que soit l'aversion de la population à cette dernière. La différence entre inégalité et polarisation est donc attribuable aux différentes mesures utilisées.

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 84 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    V.3.2. Inégalité et polarisation selon les régions au Cameroun en 1996 et 2001

    Tout comme le milieu, la région de résidence peut constituer un déterminant important de l'inégalité et de la polarisation des dépenses par équivalent adulte des ménages. Le Tableau 11 et la Figure 5 nous donnent une répartition des dépenses entre les populations des six différentes régions prises en compte par l'indicateur des dépenses élaboré par l'INS en 2002. Il s'agit de Yaoundé, Douala, les Autres villes (d'au moins cinquante mille habitants selon les estimations de 1995), la région cacao dite «Rurale Forêt» (localités rurales des provinces du Centre, du Sud, et de l'Est), la région café dite «Rural Hauts plateaux» (localités rurales des provinces de l'Ouest, du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et du Littoral) et la région coton - élevage dite «Rurale savane» (localités rurales des provinces septentrionales : Extrême Nord, Nord et Adamaoua).

    Dans le Tableau 11 et sur la Figure 5, l'on remarque qu' en 1996, la population de Yaoundé qui ne représentait que 7% de la population totale détenait presque 129% de la moyenne des dépenses du pays. Cette part évolue et passe à plus de 168% de la moyenne alors que la proportion de population dans cette ville ne s'est accrue que de moins de deux points de pourcentage.

    La population de Douala estimée à presque 10% de la population totale en 1996 détenait environ 155% de la moyenne des dépenses du pays. Cette part a régressée en 2001 passant ainsi à presque 147% quoique la population soit restée sensiblement stable. Les populations des Autres villes détenaient aussi une part de dépenses supérieures à la moyenne (118,6%) et représentaient environ 13% de la population totale. La population dans ces villes s'est légèrement accrue en 2001 de même que leur part de dépense qui est passée à 124,7%. Les régions rurales quant à elles, représentant en 1996 plus de 70% de la population ne détenaient que 63% de la moyenne des dépenses totales pour la région Rurale Forêt, 85% pour la région Rurale Hauts Plateaux et 93% pour la région Rurale Savane. La part de population de ces régions a baissé en 2001 en raison de l'exode rural des jeunes de même que les différentes parts de revenu des régions Rurale Hauts Plateaux et Rurale Savane qui ont fortement baissé. La part des dépenses de la région Rurale Forêt a plutôt légèrement augmenté.

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 85 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    Tableau 11 : Evolution des dépenses totales par équivalent adulte des ménages au Cameroun
    selon les régions de résidence

    Régions

    Moyenne des dépenses (en
    millier de FCFA)

    Part de dépense (en % de la
    moyenne du pays)

    Proportion de
    population en %

    1996

    2001

    1996

    2001

    1996

    2001

    Yaoundé

    400 396

    565 112

    128,95

    158,60

    7,10

    8,72

    Douala

    480 552

    522 947

    154,77

    146,77

    9,76

    9,70

    Autres villes

    368 144

    444 292

    118,57

    124,69

    12,85

    16,37

    Rurale Forêt

    196 350

    276 335

    63,24

    77,55

    18,16

    14,47

    Rurale Hauts Plateaux

    262 890

    279 146

    84,67

    78,34

    27,91

    26,25

    Rurale Savane

    290 217

    283 902

    93,47

    79,68

    24,22

    24,50

    Cameroun

    310 494

    356 315

     
     

    100

    100

    Source : Calculé par l'auteur à partir des données d'ECAM I et II

    Figure 5 : Evolution de la dépense moyenne par équivalent adulte selon les régions de
    résidence au Cameroun entre 1996-2001

    400 000

    200 000

    600 000

    500 000

    300 000

    100 000

    0

    Yaoundé Douala Autres

    villes

    Rurale
    Forêt

    Rurale
    Hauts
    Plateaux

    Rurale
    Savane

    Cameroun

    2001

    1996

    Source : Construit par l'auteur à partir du tableau précédent

    V.3.2.1. Variation de l'inégalité selon les régions de résidence au Cameroun

    entre 1996 et 2001

    Le Tableau 12 fait état de la décomposition de l'inégalité des dépenses selon les régions mesurée par la classe d'entropie. Il donne également les contributions inter et intra

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 86 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    groupes à l'inégalité totale pour les valeurs de paramètre a = 0, 1 et 2. Ce tableau fait aussi état de l'évolution de l'inégalité des dépenses à travers le coefficient de Gini.

    L'examen de ce tableau montre que les valeurs des indices d'entropie augmentent naturellement avec l'accroissement du paramètre d'aversion a, traduisant ainsi plus d'inégalité. Par ailleurs, Yaoundé et Douala sont des régions avec les plus fortes inégalités. Les coefficients de Gini et les valeurs de la classe GE y sont les plus élevés. Cette situation peut être expliquée par le fait que les ménages les plus fortunés du pays sont concentrés dans la capitale politique aux côtés des ménages les plus pauvres inondant les bidonvilles. L'inégalité a fortement baissé dans chacune de ces régions entre 1996 et 2001. La valeur du coefficient de Gini qui était de l'ordre de 48,69% en 1996 à Yaoundé a diminué de plus de 5 points de pourcentage en 2001. Celle-ci est passée à Douala de 48,45% à 41%, soit une diminution de plus de 7,5 points de pourcentage. Les valeurs d'entropie sont passées de 39,58%, 46,34% et 85,36% à 31,68%, 37,85% et 72,21% pour la ville de Yaoundé respectivement pour a = 0, 1 et 2. Pour ces mêmes valeurs de paramètre à Douala, les valeurs

    de la classe GE sont passées de 40,26%, 41,39% et 58,48% à respectivement 28,14%, 32,90% et 58,51% durant la période.

    L'inégalité au niveau national est plus élevée que dans les strates Autres villes, Forêt, Hauts Plateaux et Savane. Le coefficient de Gini et les trois a -valeurs indiquent que c'est dans la région Rurale Forêt que l'inégalité des dépenses par équivalent adulte est la plus faible. Celle-ci a baissé dans les Autres villes et la région Rurale Savane mais a plutôt augmenté dans les régions Rurale Forêt, Hauts Plateaux et le pays entier durant la période 1996-2001. Les diminutions de l'inégalité dans les strates Autres villes et Rurale Savane n'ont pas été consistantes (-4,77% et -6,66% respectivement d'après le coefficient de Gini). Les augmentations d'inégalité ont été plus fortes en régions Rurale Forêt et Rurale Hauts Plateaux que dans le pays entier (+31,33% en Forêt, +15,12% dans les Hauts Plateaux et seulement +0,39% au Cameroun selon le coefficient de Gini).

    Tableau 12 : Décomposition de l'inégalité selon les régions de résidence au Cameroun (1996 et 2001)

    Régions

    Proportion de
    population

     

    Gini (p = 2)

    GE(0)

    GE(1)

    GE(2)

    1996

    2001

    1996

    2001

    A(%)

    1996

    2001

    A(%)

    1996

    2001

    A(%)

    1996

    2001

    A(%)

    Yaoundé

    0,0710

    (0,0096)

    0,0872

    (0,0056)

    GE(a)j

     
     
     

    0,0281
    (0,0070)

    0,0276
    (0,0032)

    -1,78

    0,0422
    (0,01 58)

    0,0524
    (0,0084)

    +24,17

    0,0998
    (0,0579)

    0,1586
    (0,0387)

    +58,92

    Contribution
    relative

     
     
     

    0,1033
    (0,0236)

    0,0951
    (0,0104)

    -7,94

    0,1331

    (0,0454)

    0,1656
    (0,0227)

    +24,42

    0,1833
    (0,0513)

    0,2854
    (0,0320)

    +55,70

    Yaoundé

    0,4869
    (0,0478)

    0,4327
    (0,0203)

    -11,13

    0,3958
    (0,0797)

    0,3168
    (0,0297)

    -19,96

    0,4634
    (0,1147)

    0,3785
    (0,0434)

    -18,32

    0,8536
    (0,3098)

    0,7221
    (0,1281)

    -15,41

    Douala

    0,0976

    (0,0141)

    0,0970

    (0,0062)

    GE(a)j

     
     
     

    0,0393
    (0,0079)

    0,0273
    (0,0029)

    -30,53

    0,0662
    (0,0167)

    0,0477
    (0,0077)

    -27,95

    0,1535
    (0,0524)

    0,1275
    (0,0352)

    -16,94

    Contribution
    relative

     
     
     

    0,1444
    (0,0255)

    0,0939
    (0,0097)

    -34,97

    0,2087
    (0,0438)

    0,1507
    (0,0213)

    -27,79

    0,2820
    (0,0448)

    0,2294
    (0,0301)

    -18,65

    Douala

    0,4845
    (0,0302)

    0,4100
    (0,0196)

    -15,38

    0,4026
    (0,0549)

    0,2814
    (0,0270)

    -30,10

    0,4139
    (0,0569)

    0,3280
    (0,0410)

    -20,75

    0,5848
    (0,0946)

    0,5851
    (0,1233)

    +0,05

    Autres
    villes

    0,1285

    (0,0193)

    0,1637

    (0,0166)

    GE(a) j

     
     
     

    0,0341
    (0,0050)

    0,0394
    (0,0046)

    +15,54

    0,0479
    (0,0088)

    0,0511
    (0,0065)

    +6,68

    0,1036
    (0,0308)

    0,0930
    (0,0161)

    -10,23

    Contribution
    relative

     
     
     

    0,1254
    (0,0196)

    0,1355
    (0,0164)

    +8,05

    0,1509
    (0,0295)

    0,1617
    (0,0207)

    +7,16

    0,1904
    (0,0286)

    0,1673
    (0,0154)

    -12,13

    Autres villes

    0,3966
    (0,0218)

    0,3777
    (0,0090)

    -4,77

    0,2656
    (0,0287)

    0,2406
    (0,0113)

    -9,41

    0,2961

    (0,0380)

    0,2576
    (0,0155)

    -13,00

    0,5088
    (0,1104)

    0,3860
    (0,0420)

    -24,14

    Rurale
    Forêt

    0,1816

    (0,0224)

    0,1447

    (0,0216)

    GE(a) j

     
     
     

    0,0241
    (0,0025)

    0,0386
    (0,0098)

    +60,17

    0,0169
    (0,0021)

    0,0273
    (0,0048)

    +61,54

    0,0138
    (0,0025)

    0,0283
    (0,0058)

    +105,1

    Contribution
    relative

     
     
     

    0,0884
    (0,0109)

    0,1328
    (0,0307)

    +50,23

    0,0534
    (0,0088)

    0,0863
    (0,0151)

    +61,61

    0,0254
    (0,0027)

    0,0510
    (0,0057)

    +100,7

    Rural Forêt

    0,2869
    (0,0168)

    0,3768
    (0,0179)

    +31,33

    0,1325
    (0,0152)

    0,2668
    (0,0499)

    +101,3

    0,1405
    (0,0168)

    0,2532
    (0,0264)

    +80,21

    0,1726
    (0,0247)

    0,3523
    (0,0530)

    +104,1

    Rurale
    Hauts
    Plateaux

    0,2791

    (0,0397)

    0,2625

    (0,0277)

    GE(a) j

     
     
     

    0,0547
    (0,0092)

    0,0733
    (0,0090)

    +34,00

    0,0478
    (0,009 1)

    0,0580
    (0,0066)

    +21,34

    0,0525
    (0,0131)

    0,0632
    (0,0084)

    +20,38

    Contribution
    relative

     
     
     

    0,2009
    (0,0339)

    0,2521
    (0,0290)

    +25,49

    0,1505
    (0,0328)

    0,1833
    (0,0217)

    +21,79

    0,0965
    (0,0136)

    0,1137
    (0,0086)

    +17,82

    Rural Hauts
    Plateaux

    0,3460
    (0,0259)

    0,3983
    (0,0150)

    +15,12

    0,1959
    (0,0316)

    0,2792
    (0,0241)

    +42,52

    0,2161

    (0,0338)

    0,2785
    (0,0210)

    +28,88

    0,3001
    (0,0603)

    0,3829
    (0,0365)

    +27,59

    Rurale
    Savane

    0,2422

    (0,0310)

    0,2450

    (0,0281)

    GE(a)J

     
     
     

    0,0512
    (0,0116)

    0,0446
    (0,0056)

    -12,89

    0,0548
    (0,0175)

    0,0379
    (0,0049)

    -30,84

    0,0776
    (0,0335)

    0,0402
    (0,0057)

    -48,20

    Contribution
    relative

     
     
     

    0,1881
    (0,0383)

    0,1535
    (0,0214)

    -18,39

    0,1728
    (0,0547)

    0,1199
    (0,0175)

    -30,61

    0,1425
    (0,0331)

    0,0724
    (0,0061)

    -49,19

    Savane

    0,3539
    (0,0385)

    0,3304
    (0,0107)

    -6,64

    0,2114
    (0,0452)

    0,1821
    (0,0117)

    -13,86

    0,2233
    (0,0462)

    0,1881
    (0,0121)

    -15,76

    0,3116
    (0,0656)

    0,2420
    (0,0197)

    -22,34

    Inégalité
    inter
    groupe

     
     

    GE (a) J

     
     
     

    0,0407
    (0,0023)

    0,0398
    (0,0009)

    -2,21

    0,0415
    (0,0023)

    0,0419
    (0,0008)

    +0,96

    0,0435
    (0,0025)

    0,0449
    (0,0008)

    +3,22

    Contribution
    relative

     
     
     

    0,1495

    0,1371

     

    0,1306

    0,1325

     

    0,0799

    0,0808

     

    Inégalité
    intra
    groupe

     
     

    GE (a) J

     
     
     

    0,2315
    (0,0480)

    0,2508
    (0,0234)

    +8,34

    0,2759
    (0,0295)

    0,2744
    (0,0153)

    -0,54

    0,5008
    (0,0782)

    0,5107
    (0,0527)

    +1,98

    Contribution
    relative

     
     
     

    0,8505

    0,8629

     

    0,8694

    0,8675

     

    0,9201

    0,9192

     

    Cameroun

    1
    (0)

    1
    (0)

    GE (a) J

    0,4062
    (0,0169)

    0,4078
    (0,0078)

    +0,39

    0,2722
    (0,0227)

    0,2906
    (0,0141)

    +6,76

    0,3174
    (0,0300)

    0,3163
    (0,0154)

    -0,35

    0,5442
    (0,0786)

    0,5556
    (0,0527)

    +2,09

    Notes : Les valeurs entre parenthèses sont les écarts-types, A(%)représente des variations en pourcentage et les GE(a) J représentent les contributions absolues à l'inégalité. Source : Les calculs sont effectués par l'auteur sur la base des enquêtes ECAM I et ECAM II, réalisées respectivement par la DSCN et l'INS

    La tendance observée pour le coefficient de Gini est aussi saisie par la classe qui

    GE

    montre notamment que l'inégalité a diminué dans les grandes villes Yaoundé et Douala, les Autres villes, la région Rurale Savane, et a augmenté dans le reste de régions de même qu'au niveau national. Suivant la décomposition de cette classe d'indice, Yaoundé qui ne comptait que 7,10% de la population totale en 1996, capturait environ 129% de la moyenne des dépenses totales et contribuait environ 10, 13 et 18 points de pourcentage à l'inégalité intrarégion conformément aux valeurs respectives du paramètre d'aversion (a = 0, 1 et 2

    respectivement). Quoique la part des dépenses de cette région ait augmenté (158,6%), la
    contribution de celle-ci à l'inégalité intra-région en 2001 n'a baissé que pour les dépenses
    situées en bas de la distribution (a = 0) mais a augmenté de 3 à 10 points de pourcentage

    selon que l'on accorde les mêmes poids aux dépenses le long de la distribution (a =1) ou que l'on accorde plus de poids aux dépenses situées en haut de la distribution (a = 2).

    De manière similaire, Douala qui ne représente que 9% de la population a vue ses dépenses baisser de 154,77% à 146,77% et sa contribution à l'inégalité intra-région qui était respectivement de 14,44%, 21% et 28% a chuté de près de 5 points de pourcentage quel que soit la valeur du paramètre a. Il en est de même pour les Autres villes où malgré l'augmentation de la part de population de plus de 3% et un accroissement de la part des dépenses de plus de 6%, ces villes réunies ne contribuant que 12, 15 et 19 points de pourcentage à l'inégalité intra-groupe en 1996 (respectivement pour les trois valeurs 0, 1 et 2 de a) ont connu une augmentation de presque 1% lorsque a = 0 et 1 mais a connu une baisse

    de plus de 2% lorsque a s'est accru durant 2001.

    Parmi les régions rurales, uniquement la région Rurale Savane a connue une baisse de sa contribution à l'inégalité intra-région. Constituée de plus de 24% de la population, la région Rurale Savane qui capturait moins de 93% de la moyenne des dépenses en 1996 a vue cette part diminuer d'environ 14 points de pourcentage en 2001. Sa contribution à l'inégalité totale a chuté de 3, 6 et 7 points de pourcentage pendant et après les PAS respectivement pour les trois valeurs de a considérées. Les régions Rurale Forêt et Rurale Hauts Plateaux, au contraire ont vu leur part dans l'inégalité intra-groupe progresser. La région Rurale Forêt où la part des dépenses a augmenté de plus de 15% s'est vue doter d'un poids plus important dans l'explication de l'inégalité intra-région. Ses parts ont varié ainsi de 9, 5 et 3 points de

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 90 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    pourcentage pour les valeurs respectives de 0, 1 et 2 de a à 13, 9 et 5 points de pourcentage, soit une augmentation moyenne de 3%. La région Rurale Hauts Plateaux quant à elle, déjà très importante au départ dans l'explication de cette même composante intra-régionale a vu ce poids s'accroître d'environ 2 à 5%. Sa contribution à l'inégalité totale est passée ainsi de 20, 15 et 10% à respectivement 25, 18 et 11% selon quea = 0,1 ou 2.

    Suivant les valeurs respectives de a, l'inégalité entre les différentes régions se situe respectivement entre 15, 13 et 8% de l'inégalité totale en 1996. Ceci implique que les mesures de politique économique ayant pour but de réduire l'inégalité entre ces régions vont certes, être importantes dans la réduction de l'inégalité totale mais seront moins effectives. Cependant, l'inégalité intra-groupe représentait cette année environ 85, 87 et 92% de l'inégalité totale suivant les valeurs respectives du paramètre d'aversion a. Ainsi, toute stratégie de réduction de l'inégalité intra-région sera plus efficace dans l'éradication de l'inégalité totale. Les variations en 2001 n'ont pas été les mêmes suivant les a -valeurs. La décomposition de l'inégalité totale révèle que la contribution intra-régionale explique incontestablement l'augmentation de l'inégalité entre 1996 et 2001 avec des contributions variant de 85,05% à 86,29% pour a = 0 et de 9 1,92% à 92,01% pour a = 2. Cette tendance change de sens lorsque le paramètre d'aversion à l'inégalité prend la valeur 1. La contribution intra-régionale expliquant plutôt une tendance à la baisse de l'inégalité avec des contributions variant de 86,94% à 86,75% pour a = 1.

    C'est donc plutôt les composantes inter-régionales qui, de part leur hausse respectives, expliquent la hausse de l'inégalité lorsque a = 0 et 1. Il faut cependant noter que lorsque l'on

    attribue les mêmes poids aux dépenses le long de la distribution c'est-à-direa = 1, la contribution intra-régionale tendant à baisser l'inégalité totale l'emporte sur la contribution inter-groupe, ce qui se résume par une baisse de l'inégalité totale.

    Une observation importante qui peut être déduite de ces résultats, et qui semble être vérifier sur toute l'analyse est que plus la dépense moyenne est élevée dans une région, plus celle-ci est inégale et vice versa. L'implication de ceci est qu'au Cameroun, la pauvreté est inversement liée à l'inégalité.

    Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 91 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

    V.3.2.2. Polarisation selon les régions de résidence au Cameroun sur la

    période 1996-2001

    Les résultats des mesures de polarisation selon les régions de résidence récapitulés dans le Tableau 13 indiquent que la polarisation est un phénomène présent au Cameroun et dont la variation pendant et après les PAS n'est pas uniforme si l'on considère différentes mesures de celle-ci.

    Ainsi, d'après l'indice Foster-Wolfson, en 1996, les grandes métropoles (Douala et Yaoundé) et les Autres villes constituaient les régions les plus polarisées du pays avec un niveau de polarisation supérieur à celui du pays tout entier. Douala qui détenait moins de 10% de la population et dont la part des dépenses était la plus élevée (154,77% de la moyenne) se situait au sommet avec un niveau de polarisation de 49,3 7% suivie de Yaoundé (7% de population et 129% de la moyenne des dépenses) avec 45,67%. Les régions rurales étaient celles les moins polarisées avec chacune un taux de polarisation inférieur d'au minimum 1 point de pourcentage à celui du pays. La région Rurale Forêt était la zone la moins polarisée de toute (24,83%) suivie par la région Rurale Hauts Plateaux (27,63%). Ce niveau relativement faible de polarisation peut s'expliquer par le fait que les populations de ces régions, généralement tournées vers les secteurs agricole et informel, ont des revenus sensiblement similaires.

    La tendance a sensiblement changé en 2001. La polarisation a baissé dans les grandes métropoles, les Autres villes et la région Rurale Savane. Cette réduction plus intense à Douala et à Yaoundé a ramené le degré de polarisation de ces villes presque au niveau de celui des autres régions où l'on a plutôt vécu une augmentation des index de polarisation. On est ainsi quitté de 49,37% à 33,14% à Douala et de 45,67% à 35,69% à Yaoundé.

    La baisse de la polarisation a été moindre dans les Autres villes et dans la région Rurale Savane (-4,84% et -3,57% respectivement). La région Rurale Savane est ainsi devenue en 2001, la région la moins polarisée du pays du fait de l'augmentation de la polarisation dans les autres régions rurales.

    Tableau 13 : Evolution de la polarisation selon la région de résidence du chef de ménage au Cameroun (1996 et 2001)

    Régions

    Proportion de
    population

    Indice Foster-Wolfson

    Mesures Duclos-Esteban-Ray

    DER (0,5)

    DER (1)

    1996

    2001

    1996

    2001

    Asig

    A(%)

    1996

    2001

    Asig

    A(%)

    1996

    2001

    Asig

    A(%)

    Yaoundé

    0,0710
    (0,0096)

    0,0872
    (0,0056)

    0,4567
    (0,0624)

    0,3569
    (0,0183)

    -0,0997
    (0,0651)
    [-1,5315]

    -21,85

    0,2879
    (0,0093)

    0,2616
    (0,0081)

    -0,0263**
    (0,0124)
    [-2,1210]

    -9,14

    0,2287
    (0,0 125)

    0,2126
    (0,0097)

    -0,0161
    (0,0159)
    [-1,0126]

    -7,04

    Douala

    0,0976
    (0,0141)

    0,0970
    (0,0062)

    0,4937
    (0,0529)

    0,33 14
    (0,0148)

    -0,1623***
    (0,0549)
    [-2,9563]

    -32,87

    0,2880
    (0,0084)

    0,2511
    (0,009 1)

    -0,0369***
    (0,0124)
    [-2,9758]

    -12,81

    0,2207
    (0,0096)

    0,2051
    (0,0121)

    -0,0156
    (0,0154)
    [-1,0130]

    -7,07

    Autres
    villes

    0,1285
    (0,0193)

    0,1637
    (0,0166)

    0,3429
    (0,0345)

    0,3263
    (0,0120)

    -0,0167
    (0,0365)
    [-0,4575]

    -4,84

    0,2436
    (0,0 100)

    0,2346
    (0,0028)

    -0,0090
    (0,0103)
    [-0,873 8]

    -3,69

    0,1870
    (0,0104)

    0,1832
    (0,0031)

    -0,0038
    (0,0 109)
    [-0,3486]

    -2,03

    Rural
    Forêt

    0,1816
    (0,0224)

    0,1447
    (0,0216)

    0,2483
    (0,0138)

    0,3288
    (0,0196)

    0,0805***
    (0,0240)
    [3,3542]

    +32,42

    0,2038
    (0,0250)

    0,2311
    (0,0048)

    0,0273
    (0,0254)
    [1,0748]

    +13,40

    0,1715
    (0,0186)

    0,1766
    (0,0069)

    0,0050
    (0,0 199)
    [0,2513]

    +2,97

    Rural
    Hauts
    plateaux

    0,279 1
    (0,0397)

    0,2625
    (0,0277)

    0,2764
    (0,0314)

    0,3564
    (0,0217)

    0,0800**
    (0,0382)
    [2,0942]

    +28,94

    0,2258
    (0,0547)

    0,2407
    (0,0089)

    0,0149
    (0,0554)
    [0,2690]

    +6,60

    0,1833
    (0,0462)

    0,1805
    (0,0068)

    -0,0028
    (0,0467)
    [-0,0600]

    -1,53

    Rurale
    Savane

    0,2422
    (0,0310)

    0,2450
    (0,0281)

    0,2973
    (0,0558)

    0,2867
    (0,0136)

    -0,0106
    (0,0574)
    [-0,1847]

    -3,57

    0,2277
    (0,0561)

    0,2165
    (0,0064)

    -0,0113
    (0,0565)
    [-0,2040]

    -4,92

    0,1754
    (0,0426)

    0,1720
    (0,0050)

    -0,0034
    (0,0429)
    [-0,0793]

    -1,94

    Cameroun

    1
    (0)

    1
    (0)

    0,3325
    (0,0219)

    0,3466
    (0,0081)

    0,0141
    (0,0233)
    [0,6052]

    +4,24

    0,2462
    (0,0116)

    0,2422
    (0,0031)

    -0,0041
    (0,0120)
    [-0,3417]

    -1,62

    0,1976
    (0,0158)

    0,1874
    (0,0036)

    -0,0102
    (0,0162)
    [-0,6296]

    -5,16

    Notes : -Les valeurs entre parenthèses sont les écarts-types, les valeurs entre crochets sont les z-statistiques, Asig représente les différences et A(%) représente de

    variations en pourcentage.

    -Pour un test bilatéral 2001-1996, les valeurs critiques pour la z-statistique sont : 1,645 à 10%, 1,96 à 5% et 2,576 à 1%. -Les différences marquées de *, ** et *** sont respectivement significatives à 10%, 5% et 1%.

    Source : Les calculs sont effectués par l'auteur sur la base des enquêtes ECAM I et ECAM II, réalisées respectivement par la DSCN et l'INS.

    En fait, la région Rurale Forêt a battu le record en termes d'augmentation de la polarisation passant de 24,83% en 1996 à 32,88% en 2001 et se hissant de ce fait devant les Autres villes lorsqu'on classe par ordre décroissant les régions en termes de degré de polarisation. La hausse de la polarisation dans la région Rurale Hauts Plateaux (de 27,64 à 35,64%) l'a propulsé en 2001 au deuxième rang des régions les plus polarisées du pays juste après Yaoundé qui a pris le dessus sur Douala.

    Au regard des mesures Foster-Wolfson et de Gini, il est facile de noter que l'inégalité et la polarisation se sont comportées de façon similaire à savoir une diminution dans les grandes métropoles, les Autres villes et la région Rurale Savane mais plutôt une augmentation dans les autres régions rurales. Cependant, les taux d'accroissement de ces deux phénomènes ne sont pas les mêmes. Ils sont plus intenses pour les mesures de la polarisation que pour les celles de l'inégalité. Cette similitude entre l'évolution de la polarisation et de l'inégalité reste observée en grande partie lorsque ces dernières sont mesurées respectivement par l'indice Foster-Wolfson et la classe d'entropie.

    Considérant les mesures Duclos-Esteban-Ray, on se rend compte que la polarisation reste un phénomène important dans les régions de résidence au Cameroun. Comme pour l'indice Foster-Wolfson, la mesure DER (pour á = 0,5) classe la polarisation sensiblement

    dans le même ordre que celui fait par la mesure précédente. Ce classement diffère légèrement lorsque le paramètre d'aversion á s'accroît.

    Pour á = 0,5, l'indice DER classe Douala et Yaoundé au sommet des zones les plus

    polarisées avec un taux de 28,8% en 1996 suivie des Autres villes (24,36%). Les deux grandes métropoles Douala et Yaoundé étaient plus polarisées que le pays pris dans l'ensemble. En 2001, la polarisation a baissé dans les régions urbaines, ceci de manière plus intense à Douala (-12,8 1%). Yaoundé est devenue de là, la région la plus polarisée suivie de Douala. Tout comme avec l'indice Foster-Wolfson, la région Rurale Forêt est devenue la région la moins polarisée en 1996 avec un taux de 20,38%. En 2001, la polarisation a augmenté dans les régions Rurale Forêt et Rurale Hauts Plateaux et a baissé en région Rurale Savane, faisant de cette dernière, la nouvelle région la moins polarisée.

    Lorsque le paramètre á s'accroît, l'ordre de classement de la polarisation diffère un peu du précédent mais cette différence reste légère. La différence fondamentale se situe au niveau de la région Rurale Hauts Plateaux où l'on enregistre une baisse de la polarisation entre 1996-2001, contrairement à l'indice et à l'indice Foster-Wolfson. Les

    DER (0,5)

    mesures DER avec les valeurs de paramètre á = 0,5 et 1 révèlent une baisse de la polarisation dans le pays entier contrairement à la mesure Foster-Wolfson.

    Considérant donc la mesure , la polarisation peut être appréhendée comme un

    DER

    phénomène distinct de l'inégalité de part leurs évolutions différentes au niveau du pays. En effet, pendant que la mesure indique une baisse de la polarisation, le coefficient de Gini
    DER

    et la classe GE nous font plutôt état d'une hausse de l'inégalité au niveau du pays entier, ceci lorsque l'on accorde plus de poids aux dépenses des extrémités de la distribution.

    Dans les régions de résidence, l'inégalité et la polarisation ont une évolution similaire si l'on considère que ces deux phénomènes sont mesurées respectivement par le coefficient de Gini et la mesure DER pour á = 0,5. Pendant que ces deux phénomènes diminuaient dans les régions Douala, Yaoundé, les Autres villes et la région Rurale Savane durant les PAS, on enregistrait plutôt une hausse de ceux-ci dans les régions Rurale Hauts Plateaux et Rurale Forêt. Lorsque la polarisation est mesurée par l'indice DER avec le paramètre á = 1, inégalité et polarisation suivent toujours les mêmes sens d'évolution dans les régions de résidence à l'exception de la région Rurale Hauts Plateaux où l'inégalité augmente tandis que la polarisation baisse. Cette différence est aussi observée au niveau national où inégalité et polarisation évoluent en opposition de phase. La baisse de la polarisation proportionnellement plus intense est sanctionnée par une légère hausse de l'inégalité.

    En mettant en commun les mesures DER pour la polarisation et la classe des mesures d'entropie d'inégalité, on se rend compte que l'inégalité et la polarisation restent presque similaires en termes d'évolutions régionales. Les différences très peu signifiantes se situent au niveau de la région de Douala où il y a contraste entre hausse d'inégalité mesurée par l'indice GE(2) et la baisse de la polarisation. Il en est de même pour la région Rurale Hauts Plateaux dans laquelle la forte augmentation de l'inégalité d'après la classe est suivie d'une

    GE

    augmentation de la polarisation lorsque le paramètre d'aversion est faible mais celle-ci
    changeant de tendance lorsque le paramètre s'accroît. Par contre, inégalité et polarisation

    baissent simultanément lorsque l'indice est utilisé pour mesurer l'inégalité. L'intensité

    GE(1)

    de la baisse est en faveur de la polarisation qui connaît une forte diminution quel que soit la valeur du paramètre á (-1,62% lorsque á = 0,5 et -5,16% lorsqueá = 1).

    La décomposition de l'inégalité et de la polarisation selon les milieux urbains-ruraux ne donne pas des résultats différents de ceux donné par cette décomposition selon les six régions ou zones agroécologiques (Yaoundé, Douala, Autres villes, région Rurale Forêt, région Rurale Hauts Plateaux et région Rurale Savane). On a enregistré une baisse de l'inégalité et de la polarisation en milieu urbain. Ce résultat a été retrouvé dans les strates Yaoundé, Douala et Autres villes qui sont en fait les constituants du milieu urbain. Le milieu rural ainsi que les régions Rurale Forêt et Rurale Hauts Plateaux ont toutes connu une augmentation de leurs niveaux d'inégalité et de polarisation entre 1996 et 2001. Ce n'est qu'en région Rurale Savane où les résultats ont été quelque peu différents. L'on y a enregistré plutôt une baisse de l'inégalité et de la polarisation.

    V.4. Conclusion

    L'inégalité est un phénomène plus intense au Cameroun que la polarisation de part leur niveau relatif. Il en est de même lors de leur répartition au niveau des milieux et régions de résidence. On constate aisément que ces deux phénomènes qui semblaient en 1996 être liés à l'urbanisation ne le sont pas en réalité. En 2001, polarisation et inégalité sont d'autant élevées dans les grandes villes que dans certaines régions rurales comme les Hauts Plateaux et la région Forêt. Elles peuvent être liées au niveau de richesse car l'on remarque que celles-ci ont pris de l'ampleur dans les régions où les parts de dépenses ont augmenté et ont baissé dans le cas contraire. En outre, la distinction entre les deux phénomènes de part leurs évolutions, est liée aux différentes mesures utilisées pour les appréhender.

    Ainsi, il est facile de remarquer que la mesure Foster-Wolfson utilisée pour la polarisation se rapproche plus du coefficient de Gini d'inégalité puisqu'ils font état d'une évolution similaire des deux phénomènes. Les mesures qui donnent une évolution de la polarisation différente de celle de l'inégalité sont les mesures Duclos-Esteban-Ray .

    (DER )

    Cette mesure est basée sur le double principe d'identification-aliénation. Duclos et al (2004)
    stipulent en effet que la polarisation est liée à l'aliénation que les individus ou groupes
    ressentent réciproquement l'un de l'autre mais cette aliénation est alimentée par les notions

    d'identité intra-groupe. L'inégalité, de part son aliénation interpersonnelle ne capture qu'un aspect de la polarisation. Ces deux phénomènes ne varient dans le même sens que lorsque la distance économique qui sépare les groupes de dépenses de la distribution considérée est grande.

    Chapitre VI :
    CONCLUSION GENERALE

    Cette étude a essayé d'analyser de manière compréhensive les évolutions de l'inégalité et de la polarisation en utilisant les enquêtes auprès des ménages camerounais pendant et après les PAS. Elle a, à cet effet, axé sa problématique sur la comparaison des évolutions de la polarisation et de l'inégalité au Cameroun afin de mieux décrypter les différences et similitudes qui existent entre elles, notre soucis étant de proposer un moyen de lutte contre la pauvreté par une approche de réduction de l'inégalité et de la polarisation. La méthodologie utilisée a été celle qui décompose l'inégalité dans les milieux et régions de résidence et qui permette de déterminer comment s'est comportée la polarisation durant ces périodes, comparativement à l'inégalité. Ceci a été fait aux moyens du coefficient de Gini, de la classe des mesures d'entropie généralisée pour l'inégalité, de l'indice de Foster-Wolfson et de la classe des mesures Duclos-Esteban-Ray pour la polarisation. Les résultats empiriques ont été obtenus de DAD 4.5 en utilisant les données d'ECAM I et d'ECAM II avec comme indicateur la dépense par équivalent-adulte.

    VI.1. Résumé des résultats

    De manière générale, les résultats présentés par les mesures d'inégalité et de polarisation utilisées ici sont complexes. Ils sont condensés dans les questions suivantes : Est- ce que le retour de croissance induit par la dévaluation du 12 janvier 1994 a produit une réduction considérable de l'inégalité et de la polarisation au Cameroun ? La polarisation et l'inégalité ont-elles eu une évolution similaire ou dissemblable durant la période sous revue ? Dans l'effort de fournir des réponses à ces questions, cette étude a examiné les changements dans les estimations des indices d'inégalité et de polarisation. Elle a essayé de comparer ces évolutions pour dégager les différences et similitudes qui existent entre elles.

    Le coefficient de Gini nous a fait état d'une augmentation de l'inégalité au Cameroun entre 1996 et 2001 et dans les milieux et régions rurales excepté la région Rurale Savane et d'une baisse de celle-ci en milieux urbains. La classe d'entropie généralisée vient confirmer ce résultat tout en rappelant que l'augmentation de l'inégalité n'est effective au Cameroun que

    lorsque l'on accorde plus de poids aux revenus situés aux extrémités de la distribution. La décomposition de cette classe d'indices par milieux et régions de résidence du chef de ménage indique que l'inégalité, que ce soit pendant ou après les PAS, est plus prononcée dans les milieux urbains que dans les milieux ruraux. Elle est plus forte à Yaoundé la capitale politique, suivi de Douala la capitale économique, ces deux villes étant les plus grandes au Cameroun. Le plus faible degré d'inégalité est observé dans la région Rurale Forêt. Cet ordre est resté le même malgré la baisse d'inégalité dans les deux grandes métropoles entre 1996- 2001.

    Les résultats les plus complexes restent ceux donnés par les mesures de polarisation. Les deux mesures utilisées ici divergent de part leurs différents résultats. Ainsi, pendant que l'indice Foster-Wolfson nous fait état d'une augmentation de la polarisation au Cameroun, les mesures Duclos-Esteban-Ray nous indiquent plutôt une baisse de celle-ci. Ce n'est qu'en milieu urbain où les résultats des deux mesures convergent et nous font état d'une baisse de la polarisation dans ce milieu entre 1996 et 2001. Les villes de Douala et Yaoundé connaissent les plus fortes diminutions.

    Les différences entre les évolutions de l'inégalité et de la polarisation sont liées aux mesures utilisées. Ainsi, inégalité et polarisation sont similaires en termes d'évolution dans les différentes strates considérées, mais évoluent de façon différente au niveau national lorsque la polarisation est mesurée par les mesures DER. En effet, la mesure Foster-Wolfson nous fait état de la baisse de la polarisation en milieu urbain (principalement dans les villes) et en région Rurale Savane et d'une hausse de celle-ci en régions Rurale Forêt et Rurale Hauts Plateaux durant la période 1996-2001 tout comme l'inégalité qu'elle soit mesurée par le coefficient de Gini ou par la classe d'entropie.

    Les mesures Duclo-Esteban-Ray quant à elles nous font état aussi bien d'une baisse de la polarisation dans les villes et en région Rurale Savane et une hausse en régions Rurale Forêt et Rurale Hauts Plateaux comme pour l'inégalité, mais plutôt une baisse de celle-ci niveau national contrairement à l'inégalité qui y a été croissante. Conformément à ceci, le choix des mesures qui luttent contre ces deux phénomènes au sein du pays doit tenir compte de ces évolutions divergentes au cours du temps. Les décideurs doivent choisir des politiques de réduction d'inégalité qui stimulent en même temps la baisse de la polarisation.

    En outre, une observation importante est qu'en termes de niveau, inégalité et polarisation sont plus des problèmes urbains que ruraux. Yaoundé vient en première position des zones les plus polarisées suivie de Douala avec des niveaux de polarisation supérieurs à celui du pays en général. La région Rurale Forêt qui était la moins polarisée et la moins inégale en 1996 va perdre ce statut en 2001 en ce qui concerne la polarisation au profit de la région Rurale Savane.

    L'observation que les milieux et régions qui regorgent des hauts revenus par tête sont plus inégales et plus polarisés en termes de dépenses tend à faire accepter la conventionnelle considération que la croissance économique dans ces principaux milieux et régions est associée à une forte inégalité et une forte polarisation. Il peut être déduit de ces résultats que plus la dépense moyenne est élevée dans une région, plus celle-ci est inégale et polarisée et vice versa. Ceci est dû au fait que la grande majorité des bénéficiaires de gros revenus de propriété et de commerce lucratif et la plupart des personnes les plus vigoureuses, qui gagnent relativement de gros revenus, résident aux côtés des personnes les plus pauvres. La réduction des phénomènes d'inégalité et de polarisation entre 1996 et 2001 dans ces milieux est attribuable à l'absorption grandissante du travail migrant du fait de la reprise de croissance de la seconde moitié des années 90 qui a amélioré légèrement les revenus des personnes présentes en villes et a assuré pour certains une stabilité de leurs emplois.

    VI.2. Recommandations de politiques économiques

    Après l'atteinte du point d'achèvement de l'initiative Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) d'avril 2006, annonciatrice d'un renforcement de la reprise de croissance amorcée au Cameroun aux lendemains de la dévaluation, il aurait été judicieux pour les preneurs de décision de résoudre le problème de pauvreté par des mesures devant améliorer les conditions de redistribution des fruits de la croissance. Bourguignon (2000) nous rappelle cette nécessité en faisant valoir qu'en dépit des considérations anciennes stipulant que l'amélioration générale du niveau de vie est engendrée par la croissance uniquement, celle-ci peut être favorisée par une politique de redistribution et de réduction des inégalités et de la polarisation.

    La question qui se pose ici est celle de savoir comment redistribuer de manière efficiente le fruit de la croissance ? Dans les pays en voie de développement, les recettes fiscales résultent en majorité d'impôts et de droits indirects qui ne prêtent guère à une

    redistribution des revenus. Cela a conduit les économistes de développement à mettre l'accent sur des systèmes de redistribution relativement simples reposant plus sur l'effet des dépenses publiques égalitaires (éducation, nutrition et santé) que sur la progressivité de l'impôt (car un impôt sur le revenu est souvent trop coûteux et se prête trop à l'évasion fiscale). Il est donc possible et souhaitable de redistribuer directement aux plus pauvres par une politique de développement des infrastructures et de transferts en nature. Ceci consiste en :

    - La promotion de la formation à l'auto-emploi dans le but de rendre utile toutes les couches de populations,

    - La construction des routes dans des zones rurales où l'on n'arrive pas à évacuer les

    produits champêtres, ce qui relèverait les niveaux de vie des populations rurales,

    - Rendre l'accès aux médicaments faciles aux couches défavorisées en les

    subventionnant, ce qui améliorerait la redistribution des revenus de la croissance,

    - L'abduction d'eau potable dans les régions rurales aiderait à améliorer l'état de santé

    des populations de ces régions,

    - L'électrification rurale améliorerait les conditions de vie des populations rurales et relèverait de ce fait leurs différents niveaux de revenus,

    - La lutte contre la corruption et les détournements de derniers publics, ce qui peut engendrer des effets sur les revenus des corrompus et des plus riches et contribuer ainsi à résorber l'écart entre les différents niveaux de revenus

    - L'exonération des produits alimentaires de toute taxe : Ahmad et Stern (1987) ont montré par simulation pour l'Inde que le passage d'un système de TVA à taux uniformes à un système dans lequel tous les produits alimentaires seraient exonérés augmenterait de plus de 3,5 % le revenu des plus pauvres.

    Cependant, ces mesures de politique doivent tenir compte des différentes évolutions d'inégalité et de polarisation. Les décideurs doivent choisir des politiques de réduction d'inégalité qui stimulent en même temps la baisse de la polarisation. Concernant les inégalités, il apparaît que toute mesure de politique visant à réduire l'inégalité au Cameroun doit se focaliser sur l'inégalité intra-groupe et se concentrer principalement sur les grandes métropoles Douala et Yaoundé. L'observation que les niveaux de vie élevés sont associés aux fortes inégalités et vice versa, jumelée au résultat que l'inégalité intra-groupe est extrêmement plus forte que l'inégalité inter-groupe signifie que les preneurs de décisions doivent faire face à un dilemme de politique. Ceci appelle à plus d'efforts concertés dans le choix des mesures qui puissent réduire la pauvreté et atténuer l'inégalité et la polarisation de façon simultanée.

    Les mesures qui abordent de manière consistante ces trois concepts peuvent bien être conçues, comme nous l'avons spécifier plus haut, dans le cadre des transferts de nature ciblés qui soient neutre aux groupes, mais touchent les segments les plus vulnérables de chacun des groupes.

    VI.3. Perspectives de recherche future

    L'un des problèmes de cette étude est qu'elle s'est limitée à comparer les évolutions de l'inégalité et de la polarisation uniquement pendant et après les Programmes d'Ajustement Structurel au Cameroun. Nous pourrons envisager faire cette comparaison entre deux, trois, ou un panel de pays afin de mieux cerner les contours des phénomènes d'inégalité et de polarisation qui sont devenus déterminant dans l'efficience du développement de nos économies. Nous pourrons aussi pour d'éventuelles études futures développer et tester empiriquement un indice composite qui englobe l'inégalité, la polarisation et la pauvreté.

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