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Les femmes migrantes et le VIH/SIDA a Poitiers

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par Jeanne Finda MILLIMONO
Universite de Poitiers - Master  2001
  

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5. Les femmes migrantes face au VIH un «cumul de vulnérabilités»14

Dans les années 80-90, l?épidémie était essentiellement masculine15. Aujourd?hui, les femmes payent un lourd tribut à l?infection à VIH/SIDA ; notamment, parmi elles, les migrantes d?Afrique subsaharienne en France métropolitaine. La part de plus en plus importante des femmes parmi les nouvelles contaminations et les cas de SIDA déclarés n?a cessé d?augmenter à tel point que certains parlent depuis quelques années d?un phénomène de féminisation de l?épidémie.

Parmi les étrangers vivant en France, les femmes représentent plus de la moitié des nouvelles contaminations. Parmi les femmes étrangères, la situation épidémiologique des femmes d?origine d?Afrique subsaharienne est particulièrement préoccupante dans la mesure où elles représentent plus de 2/3 des nouvelles découvertes de séropositivités chez les femmes et que leur taux d?incidence est deux fois supérieur à celui déjà particulièrement élevé des hommes de leur communauté16.

Cette féminisation de l?épidémie, particulièrement marquée dans la population originaire d?Afrique subsaharienne s?explique par plusieurs facteurs. Physiquement plus exposées17, les femmes sont souvent économiquement et socialement dans l?impossibilité d?exiger la protection de leurs rapports sexuels.

Par peur de la séparation, de l?insécurité financière ou de la solitude, certaines femmes pour garder leur partenaire sont prêtes à accepter des relations à risques non protégées. Les recherches consacrées aux femmes migrantes dévoilent une situation de plus grande précarité économique, sociale voire affective qui les expose plus fortement à la transmission du VIH d?autant plus qu?elles évoluent dans des réseaux de socialisation où la prévalence de

14 Expression reprise à Geneviève Paicheler Directrice de recherche, CNRS

15 http://paca.lecrips.net/spip.php?article163

16 16 http://paca.lecrips.net/spip.php?article163

17 Toutes les femmes ne sont pas exposées au risque de contamination par le VIH de la même façon, les aspects biologiques et le mode de vie sont différents pour chacune d?entre elles.

l?infection est particulièrement élevée. La domination masculine très marquée et les relations inégalitaires dans lesquelles certaines femmes sont engagées pèsent lourdement sur leur aptitude à adopter des comportements préventifs.

En France, pour les femmes migrantes, certains facteurs de vulnérabilité auxquels elles pouvaient être confrontées dans leur pays d?origine persistent après leur migration qu?il s?agisse de la fréquence du multi partenariat masculin, de la dépendance économique, ou certaines pratiques comme l?excision...

Dans toutes les lectures que j?ai pu faire, dès qu?il s?agit de femmes migrantes, on fait tout de suite référence aux femmes d?Afrique subsaharienne. Ceci peut s?expliquer par le fait que leur pays d?origine constitue un lieu où l?infection au VIH augmente et par le fait qu?il y a encore une grande stigmatisation de personnes vivant avec le VIH pour qui l?accès au traitement devient de plus en plus difficile financièrement. Le SIDA est encore vu comme une maladie honteuse qui ne se guérit pas, et la personne qui la contracte n?a eu que ce qu?elle mérite. Ainsi, elle se retrouve abandonnée et exclue de sa propre famille, ce qui ne fait qu?empirer sa situation, et devient de plus en plus vulnérable face au VIH, avec pour conséquence l?augmentation du taux de mortalité de ces personnes.

Dans le contexte actuel de crise économique mondiale, avec un chômage en hausse, ces femmes peuvent se retrouver en situation de précarité du fait d'une position de négociation qui tend à s'affaiblir et qui les pousse à accepter des conditions médiocres pour obtenir ou garder un emploi.

Celles qui ont du mal à trouver du travail, et donc ont une difficulté à s?insérer économiquement, optent le plus souvent pour le commerce sexuel. Elles sont alors plus souvent confrontées à des risques particuliers d'infection par le VIH. Dans certaines situations, il peut être difficile de négocier avec les clients qui refusent de mettre un préservatif. Dans de tels cas, des travailleuses sexuelles pourraient être portées à prendre le risque d'avoir une relation sexuelle non protégée, en sachant que, si elles refusent, le client trouvera simplement une autre travailleuse qui acceptera de le faire (à moins d'une entente collective à cet effet, comme le programme « condom à 100% » de la Thaïlande). Là où le travail sexuel est criminalisé, les travailleuses sexuelles sont plus vulnérables aux abus, car elles sont réticentes à accéder aux programmes et services qui pourraient les protéger contre la

violence (et leur fournir de l'éducation, des traitements et des soins). En outre, dans les endroits où la menace d'arrestation policière est omniprésente, les travailleuses sexuelles pourraient être moins enclines à transporter des préservatifs sur elles ou à prendre le temps de négocier le sécurisexe.18

A Poitiers, les prostituées situées au Pont Achard sont essentiellement des migrantes anglophones, la majeure partie d?entre elles sont Nigérianes. Le Collectif « l?Abri19 » a mis en place plusieurs actions auprès de ces femmes ; les bénévoles organisent entre autre des maraudes20 dans des bus afin de faire de la prévention avec elles. Selon les dires d?une bénévole, ces femmes semblent être informées de tous les risques qu?elles pourraient rencontrer. Mais, comme je l?ai dit, par peur de rentrer chez elles sans un sou, elles sont amenées à avoir des rapports sexuels sans protection. Ainsi, on comprend combien de fois la précarité économique de ces femmes peut jouer sur leur mode de vie, et donc leur rapport face à toutes formes de maladies sexuellement transmissible.

Nathalie Bajos responsable scientifique de l?unité de recherche de l?INSERM 822, explique que si les femmes sont plus touchées, ce n?est pas parce que ce sont des femmes au sens biologique du terme, mais parce que leur sexualité s?exerce dans un contexte marqué par de nombreuses inégalités. La sphère politique, celle de l?éducation, du travail et de la vie domestique sont traversées par des inégalités entre femme et homme. Ce sont ces inégalités qui sont à l?origine des vulnérabilités des femmes face à l?infection, en particulier dans les comportements de la prévention21.

Donc, selon elle, pour comprendre la vulnérabilité des femmes il faut prendre en compte le rapport de genre22 et ne pas se limiter seulement aux explications autour des femmes.

18 Article VIH/sida et genre disponible en ligne sur http://www.icad-

cisd.com/content/fr/component/content/article/111-hivaids-and-gender-issues?showall=1

19 Avec pour objectif celui de promouvoir la santé et l?accès aux droits auprès des personnes se prostituant, et apporter une aide à la réinsertion si la personne le demande.

20 Programme de prévention auprès des femmes migrantes. Il se fait entre 21 heures et 2heures du matin selon les saisons dans un bus dans lequel les bénévoles proposent aux travailleuses de sexe une discussion autour d?un café.

21ANRS(2008). Les femmes et le Sida en France enjeux sociaux et de santé publique. n? spécial de Médecine/sciences. Paris

22 Voir la partie sur la représentation sociale du VIH/sida

En résumé, les femmes ont une plus grande vulnérabilité due à des facteurs physiologiques, biologiques, mais également à des pressions sociales, culturelles et économiques qui ne leur permettront pas d?assurer leur prévention.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand