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L'électrification rurale par l'énergie solaire. Etude de cas au Bénin.

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par Julie Bobée
Université Libre de Bruxelles - Master en Sciences de la Population et du Développement 2010
  

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3.3.2. Les problèmes économiques

D'un point de vue financier, de nombreux obstacles entravent la généralisation des installations : le prix du système est élevé alors que les capacités de financements sont limités et que peu de revenus sont escomptés. En effet, les installations ne permettent pas de développer en soi le système productif et le marché du photovoltaïque est peu étendu. La littérature sur le sujet envisage donc généralement de décider en fonction du service rendu et non des coûts car par ce service on veut répondre aux besoins de base de la population.

136 Benallou & Rodot op. cit., 45

Seulement, l'aspect financier va jouer un rôle déterminant en termes de durabilité du système. Par exemple, si les moyens financiers ne sont pas suffisants pour avoir recours aux techniciens le système aura de fortes chances de péricliter car leur rôle est primordial pour la maintenance de l'installation et pour son bon fonctionnement. Des ressources économiques doivent donc être mobilisées tout au long de la vie de l'installation voire même au delà si l'on souhaite faire installer un nouveau système.

On constate donc en premier lieu que le coût d'achat du système est élevé. En effet, le kit proposé par l'ABERME et par Nature Tropicale le moins cher et d'une puissance de 85 Wc revient à l'achat à 650 000 FCFA avec les subventions (1 350 000 FCFA sur le marché). Cela signifie mobiliser pour un ménage rural deux tiers de ses dépenses totales annuelles (les dépenses totales annuelles par ménage - de 5,4 personnes - dans les zones rurales du Bénin étant de 967 829 FCFA en 2007137). Cette proportion est pour autant sûrement plus importante car dans un pays en développement les moyennes sont à prendre avec précaution étant donné l'existence de fortes inégalités, elles ne permettent donc que de renseigner sur les difficultés financières que rencontrent les ménages ruraux pour acquérir un kit photovoltaïque. D'autant plus que les capacités financières des ménages ruraux ne sont pas les mêmes d'un endroit à l'autre. Par exemple, les dépenses moyennes les plus faibles par ménage se trouvent dans le département du Zou où pour un ménage (de 4,5 personnes) elles n'atteignent que de 685 324 FCFA138, soit pour ainsi dire le prix du kit subventionné. Certes l'ABERME propose de payer par mensualité sur trois ans au maximum afin de répartir les coûts mais même au bout de trois années l'utilisateur continuera à avoir des dépenses importantes étant donné que les batteries ont une durée de vie limitée. Tous les quatre ans environ il sera nécessaire de changer de batterie dont le prix s'élève à plus de 100 000 FCFA. Par ailleurs, en matière de réfrigération solaire, le prix d'un réfrigérateur est très élevé et se situe autour des 650 000 FCFA. De même, les systèmes plus modestes constituent un coût élevé. Ainsi acheter une lampe portable revient à payer lors de son achat la totalité du coût du système : l'utilisateur paye en une seule fois la totalité de l'électricité qu'il va consommer sur plusieurs années.

La technologie solaire est donc loin d'être gratuite comme on l'imagine. Notamment car si
l'énergie solaire est disponible gratuitement, un système de conversion est nécessaire afin de
transformer cette énergie en électricité, ce qui entraîne des coûts importants à l'investissement

137 Institut National de la Statistique et de l'Analyse Économique, op.cit., 3

138 Ibid.

(matériel et main d'oeuvre) et pour sa maintenance. Sans compter que les modules peuvent être volés ou brisés en cas de vandalisme car étant en verre ils sont fragiles.

Par ailleurs, une formation de l'utilisateur est nécessaire pour une exploitation et une maintenance correcte du système ainsi que la présence de techniciens à proximité. Des compétences sont donc nécessaires à la fois pour assurer les formations mais également pour assurer la maintenance or ces compétences se trouvent généralement dans les grandes villes. De même, la présence de moyens financiers est également primordiale pour financer les formations, pour changer et réparer les installations ainsi que pour assurer un revenu aux techniciens.

Se pose donc la question des sources de financements : un soutien public semble donc nécessaire étant donné que les coûts du solaires sont importants. Seulement comme les moyens financiers de l'État béninois ainsi que des populations sont limités, on fait appel à des ressources extérieures. D'autant plus si l'on envisage de mettre en place un mini-réseau photovoltaïque car au coût élevé des équipements s'ajoutent le coût du réseau à installer, son entretien et ses réparations.

Les ressources extérieures proviennent généralement de la coopération internationale139, elles sont donc affectées de façons ponctuelles et dépendent des priorités des bailleurs de fonds. De plus, une fois le programme de coopération terminé (généralement sur trois ou cinq ans), si aucune autre alternative au financement n'est trouvée les installations courent le risque d'être abandonnées. En effet, une petite panne pouvant entraîner l'arrêt du système, s'il n'y a aucun moyen financier pour faire venir un technicien ou pour payer la réparation, la panne ne pourra être résolue et le système sera inutilisable. Par ailleurs, une aide extérieure est généralement accompagnée de conditions clairement définies ou sous-entendues, elle n'est donc jamais neutre.

La question des devises n'est pas à négliger étant donné que les différents composants du système ne sont pas produits au Bénin et qu'en général 70% des composants sont importés140, ce qui implique l'acquisition de devises pour pouvoir les importer du marché international. Or, l'apport des devises provient essentiellement de la production agraire et notamment de la

139 Il peut y avoir également des fonds extérieurs provenant de mouvements religieux. Par exemple, dans un des villages non électrifiés de la commune de Dangbo, la mosquée est équipées d'un kit solaire grâce à des fonds provenant de cheik du Pakistan.

140 Wamukonya 2007, 6-14

monoproduction du coton. Faudrait-il donc augmenter les cultures pour l'exportation au risque de délaisser les cultures vivrières, ces dernières jouant un rôle important pour les ménages aux faibles revenus monétaires? Doit-on favoriser le photovoltaïque dans le cas où il permettrait de générer des revenus et des devises?

Le problème des devises et des sources de financements sont de premier abord des problèmes économiques mais s'étendent à la sphère politique car ils dépendent des stratégies et des choix que les différentes instances politiques sont amenées à faire et à arbitrer.

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