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Evaluation de la pression anthropique et son impact sur la faune dans les zone d'intérêt cynégétique au tour du parc national de la Bénoué, nord Cameroun

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par Edouard TAGUEGUIM
université de Liège Belgique - Master Complémentaire  2010
  

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V. RESULTATS

5.1. Résultats d'enquêtes

Un total de 35 ménages a participé aux enquêtes. Les réponses ainsi que les résultats sont présentés sous forme de texte et de tableaux. Parmi les questions posées, celle portée sur la chasse a obtenu un taux de réponse faible. Mais dans l'ensemble, les ménages ont répondu avec beaucoup de soins au questionnaire.

5.1.1. La pression agricole

a) Techniques de labour

Dans la zone, plusieurs techniques sont utilisées (tableau 1) :

- le semis sans labour : traitement des parcelles aux herbicides (gramosome, gliphoxate ...) avant de les cultiver ;

- le labour manuel : grattage superficiel du sol à l'aide de la houe traditionnelle (cette technique est la plus utilisée dans les villages) ;

- le labour attelé : retournement de la terre à une profondeur de 10 à 15 cm à l'aide d'une paire de boeuf attelant une charrue ;

- le labour mécanique : retournement de la terre à une profondeur supérieure à 15 cm à l'aide d'un tracteur

Suivant les réponses des ménages interrogés, la culture manuelle est la plus pratiquée dans la zone avec 97,14% suivi de labour attelé (20%) et de labour mécanique, peu pratiqué avec 8,57%.

b) Systèmes de culture

Le système de culture avec jachère est le plus utilisé dans la zone. Plus de 70% des cultivateurs le pratiquent pour améliorer la fertilité du sol. Les engrais sont aussi utilisés sur des parcelles qui ne sont pas laissées en jachère, plus de 60% le font et généralement dans les parcelles qui portent la culture du coton. Les arbres sont dans la plupart des cas coupés dans les parcelles de culture. Cependant 5,71% des ménages laissent quelques arbres dans les parcelles soit pour l'ombrage, soit pour la fertilisation grasse aux feuilles mortes.

Tableau I: Quelques caractéristiques culturales dans la zone

 

Caractéristiques

Nombre de

répondant/ 35

Proportion de personne

pratiquant le système (%)

Technique de

labour

Sans labour

3

8.57

Labour manuel

34

97.14

Labour attelé

7

20

Labour mécanique

3

8.57

Système de

culture

Culture continue

10

28.57

Système jachère

25

71.42

Utilisation d'engrais

21

60

Système agro forestier

2

5.71

Durée de jachère

0 - 4 ans

21

60

4 - 8 ans

8

22.85

> 8 ans

6

17.14

5.1.2. La pression pastorale

Près de 32% des ménages ne pratiquent pas l'élevage tandis que 34% pratiquent l'élevage des ovins et des caprins (figure 2). C'est un petit élevage de subsistance pratiqué pour l'autoconsommation et les dons. Les ménages qui possèdent les bovins représentent 6% et ils précisent que les bovins sont utilisés pour la culture attelée. Chaque ménage possède un enclos pour garder ses animaux pendant la période de culture et les laisse en divagation après les récoltes. La taille maximale de troupeau par ménage est faible (environ 12 têtes). Les répondants ont signalé la présence des glossines (mouches tsé tsé) qui ne les permet pas d'agrandir la taille de leur troupeau. Près de 28% des répondants précisent qu'ils préfèrent le petit élevage de la volaille pour substituer à leur besoin en protéine. Les populations signalent l'installation temporaire des éleveurs Mbororos (transhumants) dans la zone en saison sèche à la recherche du bon pâturage.

aucun
32%

vache
6%

26%

ovin

poule

28%

caprin
8%

Figure 3: Représentativité des différents types d'élevage pratiqués dans la zone

Les mêmes enquêtes nous ont permis de dresser une liste des espèces végétales consommées par le bétail. Ces résultats sont consignés dans le tableau 2. Pour chaque espèce citée, les répondants précisaient les différentes parties utilisées par le bétail, qui de préférence sont les feuilles et les fruits.

Tableau II: Espèces végétales consommées par le bétail

Espèces

Nom local : Dii (Dourou)

Partie du végétal utilisée

Feuille

fruit

Acacia seyal

 

x

x

Acacia sieberiana

 

x

x

Afzelia africana

Bambam

x

 

Annona senegalensis

Soup

x

x

Anogeissus leiocarpus

Ta'ap

x

 

Bombax costatum

Bal

x

 

Detarium microcarpum

Guedok

 

x

Entada africana

Bazième

x

 

Piliostigma thonningii

Ba'al

x

x

Prosopis africana

Siansian

x

x

Pterocarpus luscens

Hahal

x

 

Stereospermum kunthianum

Gop

x

 

Tamarindus indica Terminalia sp.

Pa'at

x
x

 

Ximenia americana

Bock

x

x

5.1.3. La pression de coupe de bois

a) Les zones de ravitaillement

Trois domaines sont généralement explorés pour la recherche du bois :

· les champs de culture : ils sont visités par les personnes âgées n'ayant plus assez de force pour aller plus loin chercher du bois de feu de bonne qualité ;

· les nouveaux défrichements agricoles (bois de feu et de service) ;

· les brousses (le bois de feu et de service).

Une majorité de la population (60%) se ravitaille dans la brousse, tandis qu'une petite proportion en majorité constituée des personnes âgées (14,2%) se ravitaille dans les champs de culture aux alentours des cases. On compte plus de 25% des personnes qui se ravitaillent dans les nouveaux défrichements (Tableau III).

b) Distance des zones de ravitaillement

Suivant les résultats d'enquêtes, 37% de la population va à plus de 2000 m du village pour rechercher le bois, surtout le bois de bonne qualité (Tableau III). Cette proportion élevée justifie la disparition progressive du couvert végétal du village vers la zone de brousse. Autour des villages, on note cependant quelques arbres abandonnés, ou de faible valeur calorifique, qui sont exploités par les personnes ne pouvant pas faire de longues distances pour rechercher le bois de bonne qualité.

c) Période de coupe de bois

Trois périodes de coupe de bois ont été signalées par les répondants. Presque la moitié (48,57%) se ravitaille pendant la période de repos agricole, 37,14% au moment des défrichements tandis que 14,28% font de l'exploitation du bois leur activité quotidienne (Tableau III). Ainsi, les besoins en bois se manifestent en toute période dans la zone entrainant l'exploitation anarchique et par conséquent la disparition du couvert végétal

Tableau III: Principales caractéristiques de l'exploitation du bois dans le terroir

 

Caractéristiques

Nombre de répondant /35

Proportion (%)

Points de

ravitaillement en

bois

Champ de culture

5

14.2

Nouveau défrichement

9

25.7

Brousse

21

60.0

Distance des zones de ravitaillement

0 - 500

4

11.4

500 - 1000

11

31.4

1000 - 2000

7

20.0

>2000

13

37.1

Période de coupe de bois

Lors de défrichement

13

37.1

Repos agricole

17

48.5

Activité permanente

5

14.2

d) Les ressources exploitées et leur utilisation + Le bois de feu

Le bois est la principale source d'énergie utilisée dans la zone. D'après les enquêtes, les espèces les plus appréciés comme bois de feu sont Anogeissus leiocarpus (88.56%), Acacia polyacantha (57.14%) et Pterocarpus luscens (42.85%) parce qu'elles sèchent très vite, conservent la flamme, prennent feu rapidement et ne font pas trop de fumée. D'autres espèces sont aussi utilisées (tableau IV).

Tableau IV: les espèces utilisées comme bois de feu

Espèces

Nom local : Dii (Dourou)

% utilisation

Anogeissus leiocarpus

Ta'ap

88.5

Acacia polyacantha

Sat

57.1

Pterocarpus luscens

Hahal

42.8

Stereospermum kunthianum

Gop

22.8

Afzelia africana

Bambam

22.8

Isoberlinia doka

Ko't

20.0

Hymenocardia acida

Targnane

17.1

Pterocarpus erinaceus

Seme

17.1

Combretum micranthum

Magfili

14.2

Prosopis africana

Siansian

14.2

Monotes kerstingii

Nome

11.4

Généralement, le bois est utilisé pour faire cuire les repas. La consommation est en moyenne d'un fagot par jour par foyer, soit environ 4.5 à 5 kg. Cette consommation double dans les cabarets de « bil-bil », pour la fabrication du vin local. Une partie est vendue en bordure de la route pour ravitailler les centres urbains tels que Garoua et Ngaoundéré. Le bois est entassé devant les concessions en fagots de 50 F et 100 F. Les principaux preneurs sont les chauffeurs de camion qui voyagent à vide ou à moitié chargés. Le commerce du bois occupe plus de 48.57% de ménages.

+ Le charbon de bois

Le charbon est utilisé par les forgerons comme combustible pour fabriquer des outils. Le charbon est peu utilisé pour la cuisine, il est vendu en bordure de la route. Les forgerons et certains vendeurs fabriquent du charbon en brousse par le procédé suivant : l'arbre est coupé, couché sur le sol, puis on l'entoure de brindilles auxquelles on met le feu. Le charbon est retiré incandescent du feu, puis éteint avec de la terre. On utilise également le résidu du foyer allumé pour la préparation de la nourriture. Pterocarpus erinaceus et Prosopis africana sont les espèces les plus utilisées car il s'agit de bois dur qui ne donne pas de cendre.

+ Le bois de service

Le tableau V présente les espèces les plus utilisées comme bois de service. Parmi ces espèces, Monotes kerstingii, Anogeissus leiocarpus, Burkea africana et Prosopis africana sont les plus appréciés grâce à leur solidité, leur durabilité et leur résistance aux attaques des termites. Ce bois est utilisé pour les toitures, les barrières, les enclos à bétail et les manches des outils (houes, haches etc.).

Tableau V: Quelques espèces utilisées comme bois de service

Espèces

Nom local : Dii

(Dourou)

utilisation

% d'utilisation

Monotes kerstingii

Nome

Toiture,

45.7

Anogeissus leiocarpus

Ta'ap

manche des

37.1

Burkea africana

Him

outils,

34.2

Stereospermum kunthianum

Gop

clôture.

28.5

Prosopis africana

Siansian

 

22.8

Diospyros mespiliformis

Gwadip

 

14.4

Pterocarpus luscens

Hahal

 

11.4

Pseudocedrella kotschyi

Boueto't

 

11.4

Le bois de service est également utilisé comme tuteurs d'ignames dans les champs. Les tiges les plus utilisées sont celles ayant un diamètre de 4 à 5 cm et de 125 à 140 cm de hauteur, les jeunes tiges étant les plus sollicitées. Les espèces les plus utilisées sont : Prosopis africana, Pterocarpus erinaceus, Piliostigma thonningii, Annona senegalensis, Crossopteryx febrifuga et Pterocarpus luscens.

e) Quelques produits forestiers utilisés dans la pharmacopée traditionnelle

Outre les produits forestiers susmentionnés, les personnes enquêtées ont également signalées quelques produits forestiers non ligneux entrant dans la pharmacopée traditionnelle. Ces informations ont été données par des personnes ressources (les guérisseurs traditionnels) lors des enquêtes informelles. Plus de 25 espèces ainsi que les différentes parties utilisées et les maladies soignées sont, à cet effet, consignées dans le tableau VI.

Tableau VI: Les espèces utilisées pour la pharmacopée

Espèce

Nom local : Dii (Dourou)

Partie de l'arbre utilisée

Maladies soignées

Feuilles

Racine

Ecorce

Adansonia digitata

Book

x

 
 

Nanisme chez les enfants

Adenodolichos paniculatus

Boun

 

x

 

Rougeole, toux

Anogeissus leiocarpus

Ta'ap

x

 

x

Dysenterie, jaunisse

Asparagus africanus

Gouavo

 

x

 

Maladie vénérienne

Boswellia dalzieli

Biemfi

x

 

x

Morsure de serpent

Cassia arereh

Gamohi

x

x

 

Utiliser comme vitamine

Ceiba pentandra

Koun

x

 

x

Paludisme

Crossopteryx febrifuga

Guip

 
 

x

Diarrhée

Cussonia arborea

Bemzete

 

x

x

Paralysie

Daniellia oliveri

Dop

 

x

 

Yeux, trouble mental

Detarium microcarpum

Goueto'ot

 

x

 

Mal de coeur, filaire

Entada africana

Bazième

 

x

x

Sorcellerie

Erythrina senegalensis

Bembeh

x

 

x

Jaunisse

Ficus etrangleur

Dian

x

 

x

Hernie

Ficus sycomorus

Siip

x

x

 

Toux

Gardenia aqualla

Diag

 
 

x

Plaie

Grewia bicolor

Goglam

 

x

 

Sorcellerie, dysenterie

Ipomoea heterotricha

Demhock

 

x

 

Verres intestinaux

Khaya senegalensis

Pep

 

x

x

Bas ventre

Nauclea latifolia

Vo'op

 

x

 

Règle douloureuse, plaie

Parkia biglobosa

Lii

 
 

x

Rougeole

Piliostigma thonningii

Ba'al

x

 
 

Sorcellerie

Prosopis africana

Siansian

 

x

x

Gale, carie dentaire

Securidaca

Zoun

 

x

 

Chasse les démons

longepedonculata

Bock

 

x

x

Mal des yeux

Ximenia americana

 
 
 
 
 

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote