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Stimulants matériels, catégories marchandes et transition au socialisme à  Cuba: 1959-2009

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par Jérôme Leleu
Institut des Hautes Etudes de l'Amérique Latine UP3 - Etudes latino américaines, spécialité économie 2010
  

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b) Les difficultés encourues au cours de la période de l?Offensive Révolutionnaire

Tout d?abord, les investissements dans l?industrie ainsi que dans l?agriculture, ont été relativement élevés au cours des années 1960. Il ne faut pas oublier de dire que la priorité au vu du niveau de développement économique au début de la révolution, ft l?industrialisation rapide du pays, afin d?accroître les forces productives dans un laps de temps réduit, tout en diversifiant l?agriculture pour ne plus être dépendant des exportations de sucre et pouvoir substituer des importations. Très rapidement, cette politique s?est avérée difficile à mettre en place, tant au niveau de l?industrialisation que de la diversification de l?agriculture.

Cuba est donc revenu à la spécialisation sucrière, aidé par les accords cubano-soviétiques de 1964, à travers lesquels l?URSS s?engageait à acheter du sucre cubain jusqu?en 1970 à un prix fixé à l?avance. Le développement du secteur sucrier devait être la base du développement de l?industrie.

Comme il a été exprimé antérieurement dans cette exposition, malgré l?existence de deux systèmes de planification au cours des premières années de la révolution, du manque de personnels qualifiés au niveau techniques et scientifiques, et des résultats économiques peu encourageant, les politiques sociales ont permis une amélioration notable du bien-être de la

population, et la productivité du travail a augmenté, bien que faiblement. La meilleure augmentation de la productivité a eu lieu en 1964, avec une hausse de 5 à 6%83. Mais à partir de 1965 jusqu?à 1970, celle-ci va décliner, et le taux d?augmentation de la période 1960-1970 sera seulement de 0,4%.

Ce déclin de la productivité du travail peut facilement être imputé à la moindre place des stimulants matériels à partir de 1966, à leur élimination en 1968, à une direction économique trop centralisée, à la suppression des normes de travail et à toutes les mesures qui ont réduits considérablement le rôle de la loi de la valeur. Ces premiers ont peut être été sous estimés en raison d?un idéalisme et d?un dogmatisme idéologique mais comme nous l?avons remarqué, aussi pour ne pas accroître les liquidités monétaires dans les mains de la population. De plus, nous pouvons penser qu?au bout de quelques années l?enthousiasme révolutionnaire allait en s?affaiblissant, en raison d?un non développement de stimulants moraux adéquats ainsi qu?à cause d?une offre réduite de biens de consommation en direction de la population, ce qui entraîna un fort taux d?absentéisme au travail. Les travailleurs n?ayant pas besoin de plus d?argent, ils ne venaient plus travailler à partir d?un certain moment dans le mois. En effet, depuis la révolution les salaires ont été augmentés sensiblement, mais ceux-ci ne pouvaient pas être dépensés de façon efficiente.

En raison du déclin de la productivité mais pas seulement, les résultats économiques à partir de 1965, se sont détériorés. Par exemple, le plan sucrier signé avec l?URSS, n?a été accompli qu?une seule fois, en 1965. Les fois suivantes, les exportations de sucre ont été inférieures à ceux fixés dans le plan. Un objectif majeur que s?était fixé les autorités cubaines au milieu des années 1960, était de produire 10 millions de tonnes de sucre pour l?année 1970. Mais pour diverses raisons, entre autres la politique de stimulation des années 1966-1970 et la trop faible mécanisation de la coupe de la canne à sucre, et malgré un nombre très élevé de travailleurs mobilisés (1 million), l?objectif ne fût pas atteint. Cela a été ressenti comme un échec, bien que ce ft l?année où la production de sucre fût la plus élevée de toute l?histoire de Cuba. La récolte fût de 8,5 millions de tonnes. La forte concentration de ressources sur cette Zafra a également entraîné une moindre attention sur les autres secteurs de l?économie, et a donc accru les difficultés économiques du pays.

83 RODRIGUEZ, José Luis, Estrategia del desarrollo económico en Cuba, Op.cit.

René Dumont, agronome Français, fît plusieurs visites à Cuba et fût sollicité par Fidel Castro pour lui fournir ses observations. Celui-ci préconisait dès le début de la révolution la création de coopératives de production agricoles de taille assez modeste et autonomes84 et s?affichait clairement en faveur de l?autonomie financière des entreprises tout du moins dans l?agriculture.

« L'autonomie financière eût permis de sanctionner l'efficience du groupe de travailleurs dont la rémunération auraient été directement liée à leur productivité »85.

Pour lui, il était prouvé que la conscience révolutionnaire moyenne n?atteignait pas le niveau requit pour une structure aussi étatisée, car il voyait dans le manque d?efficience et l?absentéisme de certains travailleurs le fait que des structures sans stimulants matériels aient été établies.

La voie prise par Cuba au moment de l?offensive révolutionnaire ft réellement précipitée. Des rapports de production trop élevés et socialisés ont voulu être mis en place alors que la structure des forces productives et la conscience des masses n?était pas assez développée pour que ceux-ci puissent pousser de l?avant ces derniers. Une volonté trop affichée, trop pressée de vouloir supprimer au plus vite les catégories marchandes au sein de l?économie était caractéristique de cette période. Bien qu?il faille rejeter le lien mécanique entre rapports de production et forces productives, les rapports de production établis lors de l?offensive révolutionnaire étaient un frein au développement des forces productives, bien qu?une plus forte participation des travailleurs au processus de décision (plan, organisation du travail) aurait pu limiter la dégradation économique. Une amélioration de l?environnement international de Cuba aurait permis également une croissance plus soutenue.

On pourrait également reprendre Préobajensky et dire que le secteur socialiste n?était pas passé par une phase d?accumulation primitive, qui pour lui pouvait durer un temps relativement long surtout dans un pays arriéré au niveau économique.

84 DUMONT, René, Cuba est-il socialiste, Seuil, Paris, 1970. 85Idem.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery