Cette étude sur le mouvement punk/hardcore et la langue
française nous permet de dégager plusieurs conclusions et pistes
à suivre dans le domaine de la diffusion du français.
Tout d'abord, force est de constater que, comme tous les
styles musicaux, le punk/hardcore donne naissance à des artistes maniant
la langue avec talent et dispensant un message tout à fait
intéressant. Ainsi ce style peut avoir sa place dans une classe de FLE
comme on l'a vu dans le tout dernier chapitre, notamment avec un public jeune.
Maintenant, ce travail ne s'intéresse qu'aux groupes qui ont choisi la
langue française, et le sujet mériterait d'être
élargi à ceux qui chantent en anglais pour avoir un autre point
de vue. Il faut considérer ce mémoire comme le début d'un
travail sur la langue et le langage punk/hardcore où beaucoup de choses
restent à faire : on pourrait choisir un corpus de textes de groupes
français chantant en anglais avec une série d'interviews analogue
à celle utilisée ici. On pourrait aussi interviewer des groupes
anglais ou anglophones et leur demander leur avis sur la question des groupes
non anglophones qui chantent dans leur langue. De plus il serait
également très intéressant de choisir un corpus de textes
de groupes chantant en différentes langues (italien, français,
anglais, allemand, portugais, basque, espagnol, suédois...) afin de voir
si les thèmes abordés restent similaires à ceux
évoqués dans le chapitre « Les rapports des groupes
à la langue ».
A la suite de cela, je pense que d'un point de vue
scientifique, le concept de « supraculture » évoqué
à quelques reprises au long de ce travail me paraît
particulièrement intéressant à développer.
Rappelons que nous avons considéré le mouvement punk/hardcore
comme une supraculture car il relie entre elles des personnes issues de
langues/cultures différentes, de générations et de
catégorie socioprofessionnelles complètement différentes.
Ces gens là partagent une musique avec des références
particulières (certains groupes ayant acquis au fil des années le
statut de « culte » dans le mouvement, comme les Clash,
Bérurier Noir, NOFX, Black Flag, dans des styles différents),
ainsi
qu'une certaine vision artistique et éthique (le
Do It Yourself, la non recherche du profit...). A cette culture
particulière venant d'un mouvement culturel et artistique, peut-on
rapprocher un langage spécifique ? Les punks du monde entier
utilisent-ils le même vocabulaire que celui analysé à
travers le corpus de textes de ce mémoire ? C'est là une autre
question à laquelle une étude mérite d'être
portée. En effet, si tel était le cas, il ne s'agirait plus alors
d'une variation ni géographique, ni diachronique, ni diaphasique ni
même diastratique ! On pourrait de ce fait trouver une nouvelle variation
de la langue liée à la supraculture à laquelle se rattache
le locuteur.
En termes de diffusion du français, on pourrait
également analyser la situation dans d'autres « supracultures
» : par exemple, le jeu « StarCraft » réunissant
plusieurs joueurs à travers la planète développe un
univers tout à fait particulier et donne lieu à des rencontres,
des forums, des compétitions et des sites internet entièrement
consacrés à ce jeu. De nouveau, on a ici affaire à un
mouvement, de type « ludique » cette fois, qui rassemble des
personnes qui au départ n'ont ni la même langue ni la même
culture, mais qui échangent pourtant, se retrouvent (parfois
physiquement, c'est à dire qu'elles ne s'affrontent plus seulement via
internet mais dans des salles où les ordinateurs sont reliés en
réseau, autrement en dit en « lan ») pour des
compétitions et échangent entre elles. On appelle cela «
l'E-sport », un mouvement qui reste très peu connu du grand public.
J'invite le lecteur à visionner une partie en tapant par exemple «
Starcraft 2 replay » sur youtube, avec des commentaires en français
de parties de Starcraft 2 tout simplement incompréhensibles aux non
initiés !
Au sortir de ce mémoire, nous nous retrouvons donc avec
beaucoup plus de questions et de pistes à explorer que de
réponses, en tous cas en ce qui concerne la partie recherche. Au niveau
du rapport d'activité, une constatation s'impose et n'apporte aucune
nouveauté : il est toujours difficile d'organiser un concert et de
rentrer sans ses frais !
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