CENTRE DE RECHERCHE ET D'ACTION POUR LA PAIX
(CERAP)
MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
REPUBLIQUE DE COTE D'IVOIRE
UNION-DISCIPLINE-TRAVAIL
INSTITUT DE LA DIGNITE ET DES DROITS HUMAINS
(IDDH)
ECOLE DE SCIENCES MORALES ET POLITIQUES D'AFRIQUE DE
L'OUEST (ESMPAO)
GOUVERNANCE LOCALE ET DEVELOPPEMENT
COMMUNAUTAIRE DURABLE : CAS DU CENTRE DE
SANTE
DU VILLAGE GBOTO ZEVE AU TOGO.
Mémoire présenté et soutenu
publiquement en vue de l'obtention du diplôme de Master II en
Ethique et Gouvernance.
Option : Ethique Economique et Développement
Durable.
Par : Sous la direction de :
OLOUME BEYEME Valentine Dr. GUY KOUAKOU
Année académique 2010-2011
DEDICACE
A mon frère Jean-Jacques BAYANGONA et à toute
ma famille.
REMERCIEMENTS
La réalisation de ce travail n'aurait été
possible sans la contribution de plusieurs personnes à qui nous tenons
à exprimer ici notre gratitude.
Nos remerciements vont tout d'abord à l'endroit de
notre Directeur de Mémoire, le Docteur KOUAKOU Guy, pour sa
disponibilité, son encadrement et ses conseils et à notre tuteur
M. KONE Rodrigue pour son appui.
Nous remercions ensuite tout le personnel encadreur et
enseignant du CERAP pour l'encadrement de proximité, et la
qualité de la formation reçue au sein de l'Institut de la
Dignité et des Droits Humains.
C'est également l'occasion de remercier M. KUAGBENU Nestor
et toute son équipe de LUPAJOTE Togo, au sein de laquelle nous avons pu
effectuer ce stage de trois mois.
Par ailleurs, nous témoignons notre profonde gratitude
à toutes les personnes dont les noms suivent:
- Monseigneur Joseph ATANGA;
- Brigitte ANABA; - Hervé OKOLONG; - Olivier ENGOUTE ;
- Albert ASSAMBA ; - Antoine EVOUNA ; - Marc OUATTARA; - Grégoire PLAKOO
; - Vincent FOUTCHANTSE;
- Charline ROUSSEL.
Enfin, que tous ceux qui n'ont pas été cités
sur cette page, nous ayant apporté un soutien quelconque, de près
ou de loin, reçoivent nos sincères remerciements.
LISTE DES SIGLES ET ABBREVIATIONS
APD : Accords de Partenariat pour le Développement ARV :
Anti-Retro Viraux
CERAP : Centre de Recherche et d'Action pour la Paix CVD :
Comité Villageois de Développement
DGSCN : Direction Générale de la Statistique et de
la Comptabilité Nationale
FCFA : Franc de la Communauté Financière Africaine
LUPAJOTE : Lutte pour la Paix et la Joie sur Terre MARP : Méthode
Accélérée de Recherche Participative OCB : Organisation
Communautaire de Base
OCDE : Organisation de Coopération pour le
Développement Economique
OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
ONG : Organisation Non Gouvernementale PIB : Produit
Intérieur Brut
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
USP : Unité de Soins Périphériques
VIH : Virus de l'Immunodéficience Humaine PPTE : Pays
Pauvre Très Endettés
DSRP : Document de Stratégie de Réduction de la
Pauvreté
PVVIH : Personne Vivant avec le VIH Sida OSC : Organisations de
la Société Civile
SE : Suivie Evaluation
CAMEG : Centrale d'Achat des Médicaments
Génériques EDS : Enquêtes Démographiques et de
Santé
MAEE : Ministère des Affaires Etrangères et
Européennes
LISTE DES TABLEAUX ET ILLUSTRATIONS
TABLEAUX
Tableau 1 : Collectivités locales
Tableau 2 : Grandes villes du Togo et leurs populations
Tableau 3 : Récapitulatif des contraintes à
l'atteinte des OMD au Togo Tableau 4 : Corpus documentaire
Tableau 5: Structure des groupes selon le sexe
Tableau 6: Taille globale de l'échantillon
Tableau 7: Chiffres clés de la coopération
décentralisée au Togo
Tableau 8: Répartition des coopérations France-Togo
(estimations en 2011). Tableau 9: Particularités du développement
des communautés
ILLUSTRATIONS
Schéma 1 : Arbre à problèmes du centre de
santé de Gboto Zévé
Schéma 2 : Arbre à solutions
Schéma 3 : Diagramme de Venn de Gboto Zévé
Schéma 4 : Mode 1 de la coopération décentralisée
Schéma 5 : Mode 2 de la coopération décentralisée
Schéma 6 : Mode 3 de la coopération
décentralisée
Schéma 7 : Courbe de diffusion en forme de `S' des
catégories d'adoption des innovations Figure 1 : Carte
géographique du Togo
Figure 2 : Localisation de la zone d'étude, le village
Gboto Zévé
RESUME
L'idée de la pluralité des voies de
développement implique nécessairement une analyse au cas par cas
des problèmes de développement. Ceci est d'autant plus vrai dans
un contexte de développement communautaire où toutes les
spécificités locales (géographique, économique,
sociale, culturelle, etc.) doivent être prises en compte dans le
processus d'élaboration des stratégies de changement social.
Mais, dans l'énumération de ces spécificités
locales, le système de gouvernance locale est habituellement omis. C'est
fort de ce constat et imprégnée d'une démarche de
sociologue de développement que la présente étude a bien
voulu mettre en lien la gouvernance locale et le développement
communautaire. Le choix a porté à juste titre sur le Togo en
raison de son statut de pays pauvre et sous-développé. De plus,
dans ce type de pays la pauvreté sévit beaucoup plus en milieu
rural qu'en milieu urbain, où l'on note une absence ou une insuffisance
des infrastructures éducative, sanitaire, etc., en plus du faible
pouvoir d'achat des populations.
Cette étude qui se veut une approche de terrain, a
privilégié la méthode qualitative. Les outils de collecte
de données provenant pour l'essentiel de la Méthode
Accélérée (ou active) de Recherche Participative (MARP)
ont permis d'opérer un diagnostic participatif avec les populations
locales du village de Gboto Zévé. Ces outils étaient
constitués de l'arbre à problèmes, de l'arbre à
solutions, du diagramme de Venn. Plusieurs autres entretiens de groupes et
individuels ont été simultanément menés avec des
groupes cibles.
A la suite d'une analyse principale basée sur les
critères de la bonne gouvernance que sont la participation, la
responsabilité et la transparence, les résultats obtenus à
l'issue de cette investigation révèlent :
- d'une part, une influence négative de la gouvernance
locale du village de Gboto Zévé sur sa dynamique de
développement communautaire.
- et d'autre part, une similitude entre les contraintes
générales de développement auxquelles fait le Gouvernement
togolais et les contraintes spécifiques de Gboto Zévé. Ce
qui, finalement, suscite, dans la discussion l'interrogation sur le lien entre
régulation globale et gouvernance locale.
En bref, il convient de préciser que méme si la
gouvernance locale n'est pas la transposition à l'échelle
réduite de la régulation globale, elle reste tout de méme
influencée par cette dernière.
Mots-clés : Gouvernance locale,
politique publique, développement communautaire, durabilité,
santé publique, santé communautaire, santé primaire.
ABSTRACT
The idea of multiple paths of development necessarily involves
a case-by-case analysis of development problems. This is especially true in the
context of community development where all the local conditions (geographical,
economic, social, cultural, etc.) must be taken into account in the process of
developing strategies for social change. But in the enumeration of these local
conditions, the system of local governance is usually omitted. It is with this
observation and impregnated with a sociologist development approach that this
study has been kind enough to link local governance and community development.
The choice has rightly focused on Togo because of its status as poor and
underdeveloped country. Moreover, in this kind of country, the poverty is much
higher in rural than in urban areas, where there is a lack or inadequacy of
educational infrastructure, health, etc. In addition to the low purchasing
power of populations.
This study that has therefore required a field approach has
focused on qualitative methodology. Tools for data collection from the bulk of
the PRA allowed to operate a participatory diagnosis with local populations of
the village of Gboto Zévé. These tools were made of the problem
tree, the tree of solutions, the Venn diagram. Several other groups and
individual interviews were conducted simultaneously with the target groups.
Following a primary analysis based on the criteria of good
governance which are participation, accountability and transparency, the
results obtained after the investigation revealed:
On the one hand, an influence of local governance from the
village of Gboto Zévé on its dynamics of community
development.
On the other hand, a similarity between the overall
constraints of the togolese Government and the specific constraints of Gboto
Zévé. Which ultimately gives rise, in the discussion questioning
the link between global regulation and local governance.
In short, it should be noted that although local government is
not implementing the scale of global regulation, it is still influenced by
it.
Keywords: Local governance, public
policy, community development, sustainability, public health, community health,
primary health care.
SOMMAIRE
INTRODUCTION
|
3
|
Première partie : PRESENTATION DU TOGO , CADRES
THEORIQUE ET
|
|
METHODOLOGIQUE DE L'ETUDE
|
..5
|
Chapitre I - PRESENTATION DU TOGO
|
6
|
A- SITUATION GEOGRAPHIQUE, ORGANISATION POLITIQUE ET
|
|
ADMINISTRATIVE
|
.6
|
B- SITUATION DEMOGRAPHIQUE, ECONOMIQUE ET SOCIALE
|
10
|
C- CONTRAINTES ET PERSPECTIVES
|
14
|
|
Chapitre II- CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE
|
.17
|
A- PROBLEMATIQUE
|
18
|
B- SYNTHESE DE LA REVUE DE LA LITTERATURE
|
23
|
C- CADRE D'ANALYSE
|
26
|
|
Chapitre III - CADRE METHODOLOGIQUE DE L'ETUDE
|
31
|
A- TECHNIQUE D'ETUDE
|
31
|
B- COLLECTE DES DONNEES ET ECHANTILLONNAGE
|
32
|
C- METHODE DE TRAITEMENT ET D'ANALYSE DES DONNEES
|
38
|
Deuxième partie: RESULTATS ET DISCUSSION
..40
Chapitre IV- RESULTATS 41
A- RESPONSABILITE DES ACTEURS LOCAUX 41
B- ORGANES ET MECANISMES DE PARTICIPATION EXISTANTS 46
C- TRANSPARENCE 49
Chapitre V- DISCUSSION 51
A- INFLUENCE DU CADRE GLOBAL 51
B- DIFFERENTS MODELES DE DEVELOPPEMENT COMMUNAUTAIRE
C- CONCLUSION PARTIELLE : QUEL MODELE DE DEVELOPPEMENT
|
58
|
COMMUNAUTAIRE POUR GBOTO ZEVE ?
|
67
|
Chapitre VI- RECOMMANDATIONS
|
69
|
A- RECOMMANDATIONS A L'ENDROIT DE LUPAJOTE TOGO
|
69
|
B- RECOMMANDATIONS A L'ENDROIT DE LA COMMUNAUTE
|
70
|
C- RECOMMANDATIONS A L'ENDROIT DE L'ETAT
|
.72
|
CONCLUSION
|
..73
|
BIBLIOGRAPHIE
|
75
|
ANNEXES
|
..80
|
INTRODUCTION
Les étapes de développement sont souvent
présentées par les tenants des théories
généralisantes tel que Rostow1 comme un processus
linéaire. Ce qui fait alors de certaines étapes un passage
obligé pour atteindre le sommet. La présente étude, loin
de s'inscrire dans cet ordre, entend plutôt privilégier une
approche de terrain. Car, les voies du développement étant
variées, c'est au cas par cas que doivent s'analyser les
problèmes de développement. C'est dans ce sens que nous avons
bien voulu mettre en avant ce constat de Morin2 en début de
ce mémoire:
« Vouloir désigner les retardataires en
proposant à tous une voie unique, c'est ignorer la variété
des conditions locales : climatiques, culturelles, politiques,
sociales».
Dans le contexte africain, ceci est clairement
démontré lorsqu'il s'agit du développement communautaire,
où plusieurs spécificités culturelle, sociale,
économique et politique doivent être prises en compte pour
planifier le changement dans une communauté donnée.
L'adhésion à cette thèse, qui a toujours soutenue notre
curiosité scientifique en sociologie du développement, nous
conduit à la fin de ce cursus en Master d'Ethique et Gouvernance
à nous interroger davantage sur la question. Il s'agit globalement de
faire le lien entre gouvernance locale et développement communautaire,
car les deux nous semblent désormais étroitement liés et
indissociables pour un développement durable.
Il a été déjà
démontré par bon nombre de cas3 que la
durabilité des programmes de développement communautaire, quel
que soit le secteur concerné (éducation, santé,
assainissement, eau potable, etc.), ne saurait être garantie par la seule
construction ou réhabilitation des infrastructures, sans une
réelle organisation locale des bénéficiaires.
1 Cité par Morin dans La sociologie, Nathan,
février 2010, 2ème édition.
2 Idem, P 116
3L'exemple des travaux de Guene et al., in
Promotion de l'hygiène du milieu : Une stratégie
participative,
Lausanne, Presses Polytechniques et Universitaires Romandes,
1999, 1ère édition, 192 pages.
Notre choix s'est porté à juste titre sur un
pays dit « en retard » pour mener cette étude. Il s'agit du
Togo, qui, comme bon nombre des pays du tiers-monde, est classé pays
pauvre. Notre réflexion sur le développement communautaire et la
gouvernance locale s'est appuyée sur une localité
particulière et un secteur particulier. Il s'agit de la localité
de Gboto Zévé et du secteur de la santé.
Ce cadre de réflexion dans une communauté du
milieu rural est donc le contexte idéal pour expérimenter le lien
entre gouvernance locale et développement communautaire, et ceci dans un
secteur essentiel tel que la santé.
Pour le faire, nous avons dégagé un plan en deux
grandes parties comportant chacune trois chapitres, subdivisés
eux-mêmes en sections. La première partie du travail concerne
l'approche théorique et méthodologique. Un chapitre y sera
consacré à la présentation du Togo dans ses grandes
lignes. La deuxième partie présentera l'analyse et
l'interprétation des résultats de l'étude. Avant la
conclusion générale, un chapitre fera également mention
des principales recommandations à l'endroit des parties prenantes.
Première partie :
PRESENTATION DU TOGO, CADRES THEORIQUE ET
METHODOLOGIQUE DE L'ETUDE
Chapitre I - PRESENTATION DU TOGO
Dans ce chapitre introductif, une présentation du Togo
dans ses grandes lignes est faite avant d'aborder l'objet d'étude
proprement dit. Cette présentation sommaire se fera en trois sections.
Les deux premières donneront un éclairage général
sur les plans politique, économique et social. La troisième
section fera état des contraintes et perspectives actuelles du
Gouvernement togolais.
A- SITUATION GEOGRAPHIQUE, ORGANISATION POLITIQUE ET
ADMINISTRATIVE
Cette première section présentera le pays du point
du vue géographique, politique et administratif.
1- Situation géographique
Le Togo ou la République togolaise est situé en
Afrique de l'ouest. Il fait frontière avec le Bénin à
l'Est, le Burkina Faso au Nord, et le Ghana à l'Ouest. C'est l'un des
plus petits Etats africains avec une superficie de 56 790 km2 dont
600 km de longueur et 100 Km de largeur. Le Togo a une façade maritime
au Sud où se situe la région maritime, avec pour chef-lieu la
ville de Lomé, qui est également la capitale politique et
économique du pays.
La carte géographique suivante présente le Togo, sa
position en Afrique de l'ouest, ses principales frontières et ses
grandes villes.
Figure 1 : Carte géographique du
Togo
2- Situation politique
Le Togo est indépendant depuis le 27 avril 1960.
Après 38 ans de règne du Président défunt
Gnassingbé EYADEMA, le pays est actuellement dirigé depuis le 3
mai 2005 par son fils Faure Gnassingbé, qui a placé son mandat
sur la promotion du développement, le bien commun, la paix et
l'unité nationale. Après les manifestations organisées
dans les grandes villes suite à l'élection controversée du
24 avril 2005, le pays jouit actuellement d'une relative stabilité
politique.
3- Organisation administrative
La dernière réforme administrative a réparti
le pays en 5 régions et 34 préfectures, comme le présente
le tableau suivant :
Tableau 1 : Collectivités
locales
N°
|
Région
|
Préfecture
|
Chef-lieu
|
1
|
Centrale
|
Blitta
|
Blitta
|
2
|
Centrale
|
Sotouboua
|
Sotouboua
|
3
|
Centrale
|
Tchamba
|
Tchamba
|
4
|
Centrale
|
Tchaoudjo
|
Sokodé
|
5
|
La Kara
|
Assoli
|
Bafilo
|
6
|
La Kara
|
Bassar
|
Bassar
|
7
|
La Kara
|
Binah
|
Pagouda
|
8
|
La Kara
|
Dankpen
|
Guérin-Kouka
|
9
|
La Kara
|
Doufelgou
|
Niamtougou
|
10
|
La Kara
|
Kéran
|
Kanté
|
11
|
La Kara
|
Kozah
|
Kara
|
12
|
Maritime
|
Avé
|
Kévé
|
13
|
Maritime
|
Bas-mono
|
Afagnan
|
14
|
Maritime
|
Des Lacs
|
Aného
|
N°
|
Région
|
Préfecture
|
Chef-lieu
|
15
|
Maritime
|
Golfe
|
Lomé
|
16
|
Maritime
|
Vo
|
Vogan
|
17
|
Maritime
|
Yoto
|
Tabligbo
|
18
|
Maritime
|
Zio
|
Tsévié
|
19
|
Plateaux
|
Ogou
|
Atakpamé
|
20
|
Plateaux
|
Akébou
|
Kougnohou
|
21
|
Plateaux
|
Amou
|
Amlamé
|
22
|
Plateaux
|
Anié
|
Anié
|
23
|
Plateaux
|
Danyi
|
DanyiApéyémé
|
24
|
Plateaux
|
Est-Mono
|
Elavagnon
|
25
|
Plateaux
|
Haho
|
Notsé
|
26
|
Plateaux
|
Kloto
|
Kpalimé
|
27
|
Plateaux
|
Kpélé
|
Adéta
|
28
|
Plateaux
|
Moyen-Mono
|
Tohoun
|
29
|
Plateaux
|
Agou
|
Agou-Gadzépé
|
30
|
Plateaux
|
Wawa
|
Badou
|
31
|
Savanes
|
Cinkassé
|
Cinkassé
|
32
|
Savanes
|
Kpendjal
|
Mandouri
|
33
|
Savanes
|
Oti
|
Mango
|
34
|
Savanes
|
Tandjouare
|
Tandjouare
|
Source : Ministère de
l'Administration Territoriale, de la Décentralisation et des
Collectivités Locales. (
www.gouv.tg).
L'intérêt de ce tableau par rapport à
notre étude est de donner un aperçu sur le niveau de
décentralisation au Togo. Force est de constater que le processus de
décentralisation y est encore limité.
Le découpage administratif s'arrête à deux
niveaux : la région et la préfecture. Les sous-préfectures
sont quasi absentes, les communes sont en nombre réduit. Dans la
préfecture de Yoto par exemple (ligne 17), lieu de l'étude, la
ville de Tabligbo est la seule circonscription administrative de toute la
préfecture. Les autres entités sont essentiellement des cantons
et des villages.
En dépit des aspects géographique, politique et
administratif, il est important d'introduire d'autres éléments de
présentation pour une bonne connaissance générale du
Togo.
B- SITUATION DEMOGRAPHIQUE, ECONOMIQUE ET SOCIALE
Cette deuxième section du chapitre sur la
présentation générale du Togo fournira des informations
sur la démographie, l'économie et le social
1- Démographie
La population du Togo est à l'image de sa superficie.
Autrement dit, c'est un Etat peu peuplé. Les estimations
récentes, et plus précisément celle de 2009, chiffraient
la population togolaise à 6,6 millions d'habitants4, soit
50.5% de femmes et 49.5% d'hommes, pour une densité de 95 habitants au
Km2. Le taux de croissance annuelle de la population5 est
de 2,17%. La population urbaine était de 42,7% en 2009 ; plus de 55% de
la population vit en milieu rural. Ce qui signifie que la grande
majorité de la population est rurale. Les dix plus grandes villes du
pays ainsi que la taille de leur population sont présentées au
tableau de la page suivante :
4 Donnée de l'Annuaire statistique pour
l'Afrique 2011.
5 Estimation de la DGSCN,
www.stat-togo.org,
consulté le 19 avril 2011.
Tableau 2 : Grandes villes du
Togo et leur population
VILLES
|
NOMBRE D'HABITANTS
|
Lomé
|
1
|
759 244
|
Bassar
|
|
101 800
|
Mango
|
|
126 455
|
Atakpamé
|
|
168 284
|
Sokodé
|
|
187 000
|
Kara
|
|
211 949
|
Aného
|
|
233 000
|
Tsiévié
|
|
253 000
|
Dapaong
|
|
34 178
|
Kpalimé
|
|
80 000
|
Source : Ministère de
l'Administration Territoriale, de la Décentralisation et des
Collectivités Locales. (
www.gouv.tg).
2- Economie
L'économie repose essentiellement sur la culture
vivrière. Elle regroupe à elle seule 65% des travailleurs. Le
reste de la main d'oeuvre, environ 30%, vit des cultures de rente telles que le
cacao, le café, le coton, mais aussi des ressources minières
à l'instar du phosphate, qui fait du pays le cinquième producteur
mondial. Le Port Autonome de Lomé (PAL), un des premiers port en eau
profonde de la sous-région, couvre les besoins de nombreux pays voisins
comme le Mali, le Burkina Faso, le Niger. C'est ainsi que, depuis le
début de la crise en Côte d'Ivoire, le Togo est devenu une
plate-forme très importante pour les opérateurs
économiques de la sous-région.
Le Togo fait partie des Pays Pauvres Très
Endettés (PPTE). Mais, depuis quelque temps, il n'a pas
bénéficié de l'aide publique au développement dont
le niveau est passé de 11,9% du PIB en 1990 à 2,5% en 2003. La
principale conséquence a été la diminution de
moitié des investissements publics durant la même
période.
Le début de reprise, qui est noté depuis 2007,
s'explique cependant en grande partie par le soutien au processus
électoral et les allégements de dette. La crise des finances
publiques que le Togo a connue jusqu'en 2005, accentuée par l'absence
d'un programme financier avec les Institutions de Bretton Woods, a
entrainé une explosion de l'encours de la dette publique interne et
externe (accumulation d'arriérés de paiement, absence
d'allégement de dette) dont le niveau représentait
près de 95% du P11B en fin 2007.
Les allégements de dette obtenus en 2008, après
la signature de la Facilité pour la Réduction de la
Pauvreté et la Croissance, ont ramené cet indicateur aux
alentours de 75% du P11B en fin 20086.
3- Le social7
Comme la plupart des pays africains
sous-développés, les indicateurs de développement humain
ne sont pas satisfaisants au Togo où des efforts restent encore à
fournir dans tous les secteurs. C'est ainsi que dans les domaines de la
nutrition, de l'éducation et de la santé, l'on note une forte
corrélation entre la situation des OMD et la prévalence de la
pauvreté. Cette situation est encore plus ressentie dans les zones
rurales de manière générale et dans la région des
Savanes en particulier qui est la région la plus pauvre du pays. La
pauvreté touche près de deux togolais sur trois, dont trois sur
quatre en milieu rural. En plus de ce niveau élevé de la
pauvreté, la situation est aussi caractérisée par une
extrême vulnérabilité des individus à la
pauvreté dont le taux a été estimé à 81,2%.
La population active est seulement de 2 635 000 dont 38,2% de
femmes8. Le Togo est cependant autosuffisant sur le plan
alimentaire.
Au niveau de l'éducation primaire, le taux de
scolarisation net (87% en 2008) est l'un des meilleurs de la
sous-région ouest-africaine. Ce niveau satisfaisant a été
pendant longtemps le fruit de la forte implication des ménages dans le
financement de l'école primaire avant que le Gouvernement n'introduise
en 2008 la gratuité des frais scolaires.
6 Ces données sont en grande partie celles
du rapport sur les OMD du Système des Nations Unies au Togo
intitulé Le Togo se mobilise autour des OMD, 3ème
rapport de suivi des Objectifs du Millénaire pour le
Développement, avril 2010, 41 pages, document en ligne sur le site
www.tg.undp.org,
consulté le 06 avril 2011.
7 Ibidem.
8 Annuaire statistique pour l'Afrique 2011.
Malgré ces indicateurs quantitatifs louables, la
performance a pâti du fait du contexte économique difficile. C'est
ainsi que le niveau de redoublement est encore élevé (22%), le
taux d'achèvement moyen (57%), le taux d'encadrement faible (50
élèves par enseignement), un mobilier scolaire et un
matériel pédagogique insuffisant, une formation des enseignants
restée longtemps en-deçà des standards... ; En ce qui
concerne la parité filles/garçons, elle est sur une tendance
satisfaisante au niveau du primaire (0,95 en 2008) ; elle est par
contre de 0,65 dans le premier cycle du secondaire et 0,31dans le second cycle
;
Les femmes continuent à occuper très peu
d'emplois dans le secteur moderne non agricole. Elles exercent plus leurs
talents dans le secteur informel et agricole où elles excellent dans la
production agricole, sa transformation et sa commercialisation.
Sur le plan sanitaire, les niveaux de mortalité
infantile (enfants de moins de 1an) et infanto-juvénile (enfants de
moins de 5 ans) sont encore élevés, car ils sont respectivement
estimés à 77%o et 123%o. Le renforcement des programmes de
campagnes intégrées (prévention, vaccination, nutrition,
lutte contre le paludisme) pourrait contribuer à réduire ces
niveaux. Le taux de mortalité maternelle demeure très
éloigné du seuil de 160 pour 100.000 naissances vivantes. Il
nécessite le renforcement des efforts en matière de consultations
prénatales et d'accouchement assisté par du personnel
qualifié. Dans les domaines de la lutte contre le VIH, le paludisme et
la tuberculose, des résultats intéressants ont été
obtenus grâce aux efforts déployés par le Gouvernement avec
l'appui de la communauté internationale. C'est ainsi que la
prévalence du VIH a été stabilisée et la prise en
charge des personnes malades s'est beaucoup améliorée avec
l'introduction de la gratuité des anti-rétroviraux (ARV). Des
progrès ont été réalisés dans la lutte
contre le paludisme qui demeure la première cause de mortalité
dans les formations sanitaires, ils demeurent cependant fragiles et contraints
par les problèmes du système de santé et la
pauvreté d'une grande partie de la population.
C- CONTRAINTES ET PERSPECTIVES
Les contraintes qui se posent au Gouvernement togolais, selon
les agences du système des Nations Unies au Togo9sont de deux
types : des contraintes d'ordre général et des contraintes
d'ordre spécifique.
1- Contraintes
générales
Les contraintes générales sont entre autres :
- la faible mobilisation des ressources ;
- l'insuffisance des capacités de mise en oeuvre aux
niveaux national et local ;
- les limites de l'environnement institutionnel, des
ressources humaines, des instruments et procédures, de la logistique
et des moyens de fonctionnement.
On note également la lenteur dans le processus de
décentralisation, l'absence de déclinaison locale des politiques
sectorielles dans les secteurs qui en disposent et la vétusté des
infrastructures, etc.
2- Contraintes spécifiques
D'une manière spécifique, les contraintes
concernent l'absence de politique sectorielle dans chacun des domaines de
l'emploi, du genre, de l'assainissement, de l'environnement, etc. Le tableau 3
de la page suivante 15 donne les détails pour chaque domaine
concerné.
3- Perspectives
Malgré les contraintes susmentionnées, le
Gouvernement affiche sa volonté de relever les défis en
s'appuyant sur les orientations de sa Stratégie de Développement
à Long Terme basée sur les OMD. Il a, à cet effet,
préparé des politiques sectorielles de l'agriculture,
l'éducation primaire, la santé, l'eau potable, en prenant en
compte des interventions compatibles avec les besoins nécessaires
à la réalisation d'ici 2015 des OMD au Togo.
9 Op.cit., p. 12.
Tableau 3 : Récapitulatif des
contraintes à l'atteinte des OMD au Togo
|
CADRE DE PLANIFICATION BASEE SUR LES OMD
|
FINANCEMENT
|
PRESTATION DE SERVICE AU NIVEAU LOCAL
|
MISE EN OEUVRE DES PROJETS ET SUIVI - EVALUATION
|
OMD 1
|
Faible croissance et
insuffisance des stratégies de
croissance pro-pauvre Absence d'une politique (globale et
à jour) sur l'emploi : la dernière
date de 2006
Lenteur dans la réforme foncière
Retard dans la décentralisation et absence de plan de
développement rural décentralisé
|
D'une manière générale,
les allocations actuelles du DSRP sont largement inférieures
aux besoins OMD pour la période 2009-2013 (environ 44%
des besoins)
Education : 3% Santé : 62% Eau/Assainissement
: 28%
Agriculture : 70%
|
Faiblesse de l'encadrement appui conseil pour le
développement rural et la nutrition,
disponibilité des intrants
Faible productivité
Morcellement et
petite taille des exploitations
agricoles
|
Faible capacité des services de l'agriculture en
matière de gestion du cycle de projets
Vétusté du système d'information agricole
Manque de statistiques sur l'emploi
Absence d'un mécanisme opérationnel de S E
|
OMD 2
|
Absence de
déclinaison locale du plan sectoriel de
l'éducation
|
Faiblesse de la supervision de proximité
Nombre de logements
insuffisants des enseignants, des infrastructures,
(tables bancs, cantines solaires) et du matériel
pédagogique
Abandon durant une longue période de la formation
continue
des enseignants Accès à l'école parfois
contraint par
la faiblesse des revenus des parents Gestion
centralisée
des ressources
|
Faible capacité des services de
l'enseignement primaire en matière de gestion du cycle
de projets
Absence d'un système d'information fiable Absence d'un
mécanisme opérationnel de S E
|
OMD 3
|
Faible prise en compte
de la transversalité du genre
Non adoption de la
Politique Nationale
d'équité et d'égalité du genre
|
Faible capacité d'intervention sur le terrain
Freins à la
réalisation des actions sur le terrain
en faveur des femmes
Faible
représentativité de la femme dans la
sphère politique et économique
Faible présence de
la femme dans l'emploi salarié non agricole
Féminisation de la pauvreté
|
Faible capacité des services en charge de la promotion du
genre en
matière de gestion du cycle de projets
Faible capacité des OSC
s'occupant du genre Manque de statistiques
désagrégées selon le sexe
Absence d'un mécanisme opérationnel de S E au
niveau local
|
OMD 4 OMD 5 OMD 6
OMD 7
OMD 8
CADRE DE PLANIFICATION BASEE SUR LES OMD
Absence s'une politique (à jour) de l'environnement Faible
prise en compte de la transversalité de l'environnement
Absence d'une politique globale d'accès à l'eau
potable
Absence d'une politique en matière d'assainissement
Absence de déclinaison locale du Plan National de
Développement Sanitaire
Absence d'une politique de l'aide
Absence d'une politique commerciale
Longue suspension de la coopération
au
développement : APD /PIB : 11,9% en 1990 ;
2,5% en 2003
Faiblesse des ressources internes
FINANCEMENT
PRESTATION DE SERVICE AU NIVEAU LOCAL
Faiblesse de la qualité des prestations sur le
terrain (faiblesse des ressources humaines, qualité du plateau
technique)
Faible taux de fréquentation des structures
sanitaires (30% à cause notamment du faible revenu des ménages)
Concentration du personnel médical (80% dans les centres urbains) Faible
capacité de stockage des vaccins et non respect du calendrier vaccinal
Malnutrition et manque d'hygiène Insuffisance de l'offre de services en
maternité à moindre risque Stigmatisation des PVVIH
Accès et qualité de l'eau victimes des
contraintes
physiques et climatologiques Faible capacité des
communautés en matière de gestion des ouvrages
Non finalisation
des textes d'application du code de l'eau
Trop grande présence de l'Etat (juge et partie) Absence
d'une politique de l'eau Topographie peu favorable pour drainer les eaux
pluviales
MISE EN OEUVRE DES PROJETS ETSUIVI
-EVALUATION
Faible capacité des services de la santé en
matière de gestion du cycle de projets Faiblesse de la coordination des
interventions des partenaires au développement
Non opérationnalité du système
national d'information sanitaire Système national de SE à
bâtir
Faible capacité des services de l'environnement pour
mettre les activités des accords multilatéraux en matière
d'environnement Faible capacité des services de l'eau en matière
de gestion du cycle de projets
Faible capacité de coordination des interventions des
partenaires dans le secteur de l'eau Inexistence d'un mécanisme des
ressources en eau et de l'état des ouvrages
Faible capacité des services de Développement en
matière de mobilisation, de gestion et de coordination de l'aide
Source : Rapport du Système des
Nations Unies au Togo sur les OMD, 2010.
N.B : Les OMD 4, 5 et 6
sont mis en évidence parce qu'ils concernent le domaine de la
santé.
Ce chapitre introductif a permis de présenter le Togo
dans ses grandes lignes. Cette présentation, allant du
général au particulier, s'est terminée par ces
détails sur le secteur à intérêt : celui de la
santé (voir tableau 3 pages 15-16). Ceci permet maintenant de
circonscrire spécifiquement les cadres théorique et
méthodologique de l'étude.
Chapitre II- CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE
Le présent chapitre s'intéresse à l'objet
d'étude. Nous aurons d'abord la problématique, ensuite un cadre
d'analyse en précisera la théorie de référence.
Enfin une synthèse de la revue de la littérature permettra de
recentrer la problématique.
A- PROBLEMATIQUE
1- Position du problème
Selon une analyse des données de la seconde
Enquête Démographique et de Santé (EDS) au
Togo10, de nombreux efforts ont été entrepris pour
redynamiser le secteur de la santé afin de garantir à la
population une égalité de chance dans l'accès aux soins de
santé de qualité. Parmi ces actions entreprises, l'on peut citer
:
- la mise en place de mécanismes permettant d'associer les
communautés à la prise en charge de leur problème de
santé ;
- la mise en place d'une Centrale d'Achat des
Médicaments Génériques (CAMEG) et la construction
d'entrepôts régionaux de médicaments
génériques ;
- l'accroissement de l'appui des partenaires de type
bilatéral et multilatéral.
Malgré ces efforts, le secteur de la santé continue
d'être confronté à de nombreux problèmes, notamment
:
- le délabrement d'un nombre croissant de centres de soins
ou d'hôpitaux ;
'° Vignikin K. et Gbetoglo D. (sous la direction de),
Analyse approfondie des données de la seconde enquête
démographique et de santé au Togo, les dossiers de l'URD,
Lomé, 2001, pages 90 à 91.
- une pénurie croissante de personnel qualifié
et leur répartition inégale sur le territoire national ;
- un manque chronique de médicaments essentiels,
d'équipements, de consommables médicaux dans les formations
sanitaires et pour les populations.
- des difficultés d'accès des populations aux
centres de santé, aggravées par l'augmentation des frais de
consultation, les prix des médicaments et des consommables
médicaux, lesquels ont subit l'effet de la dévaluation du FCFA
;
- une pression démographique sur l'offre sanitaire.
Les données du PNUD11 ne disent pas autre
chose. En effet, les indicateurs de développement humains au Togo
révèlent des progrès certes encourageants au niveau de
l'éducation. Mais cela n'est pas toujours le cas dans le secteur de la
santé où un certain nombre de problèmes se posent avec
acuité. Aussi, pour l'OMS12 les indicateurs de la
santé dans le monde appellent à l'action. Le dernier rapport de
l'institution sur la santé dans le monde en 2010 se résume en ces
termes : « les soins de santé primaire maintenant plus que
jamais » Mais cela reste encore un grand défi dans le
monde, et particulièrement en Afrique, à cause de plusieurs
facteurs endogènes et/ou exogènes aux communautés.
La situation sanitaire sus-évoquée
prévaut également pour Gboto Zévé, village togolais
situé dans la préfecture de Yoto, dans la région maritime,
à environ 80 km de Lomé la capitale. Quoique disposant certaines
infrastructures de base (en dehors de l'électricité, l'eau
potable est disponible et les écoles sont fonctionnelles), ce village
d'environ 2 500 habitants, abrite par contre un centre de santé qui,
bien que fonctionnel, est de moins en moins fréquenté par les
populations qui ont parfois recours aux méthodes de soins
traditionnelles et aux accouchements à domicile pour certaines femmes.
D'autres encore préfèrent effectuer le déplacement vers
les centres de santé des villages voisins.
L'enquête exploratoire effectuée sur le terrain
révèle quelque part l'inertie des différents acteurs
locaux, qui pourrait être sans doute une des principales causes de
11 Op.cit., p. 12.
12 www.who.int/topics/primary_health_care,
consulté le 19 avril 2011
nombreux problèmes relevés dans le secteur de la
santé dans ce village. Cette inertie se caractérise entre autres
par l'inexistence d'un organe de participation communautaire dans la gestion du
centre de santé, ce qui pourrait donner lieu à une mauvaise
gouvernance. Le manque et l'inaccessibilité (coüt
élevé) des médicaments ont été
également évoqués par les populations
interviewées.
Comme action entreprise pour résoudre le
problème de la faible fréquentation du centre de santé, le
personnel de ce dernier avait initié une sensibilisation de la
population, mais celle-ci s'est avérée infructueuse. La mauvaise
gouvernance (signalée ici par l'inexistence d'un organe de participation
communautaire dans la gestion du centre de santé), peut donc entraver le
développement d'une communauté et la réalisation des OMD.
Cette situation ne peut pas contribuer à améliorer les conditions
de vie des populations déjà peu satisfaisantes.
Au niveau national, la politique de santé a
également entrepris comme actions (telles que mentionnées en
début de cette section) la mise en place de mécanismes
permettant d'associer les communautés à la prise en charge de
leurs problèmes de santé, la mise en place d'une
Centrale d'Achat des Médicaments Génériques, la
construction d'entrepôts régionaux de médicaments
génériques et l'accroissement de l'appui des partenaires de type
bilatéral et multilatéral. Or, à voir de près, il
apparait que l'essentiel des problèmes notés dans le secteur de
la santé à Gboto Zévé sont pourtant en lien avec
ces actions.
Mais, loin de faire ici une évaluation
générale des politiques publiques togolaises, nous accentuerons
notre réflexion sur le premier point qui concerne la mise en place de
mécanismes permettant d'associer les communautés à la
prise en charge de leurs problèmes de santé. Ceci en raison non
seulement de notre approche de développement communautaire participatif,
mais aussi en raison du problème posé.
2- Question de recherche
Le problème ainsi posé débouche sur une
question. Cette question de recherche ou encore fil conducteur qui guidera
cette réflexion est donc la suivante : quelle est la
relation qui existe entre le système de
gouvernance locale du centre de santé de Gboto Zévé et sa
dynamique de développement communautaire?
3- Les objectifs de l'étude
Cette étude vise un objectif général et
trois objectifs spécifiques.
> Objectif général
L'objectif global de ce travail est de montrer la relation
qui existe entre gouvernance locale et développement communautaire. En
d'autres termes, il s'agit de monter le lien qui existe entre la gouvernance
locale et le développement communautaire du centre de santé de
Gboto Zévé en vue de proposer un nouveau cadre de gouvernance
locale participative pour l'amélioration du fonctionnement de sa
structure sanitaire.
> Objectif spécifique 1
Le premier objectif spécifique est de déterminer
d'abord les causes du faible taux de fréquentation du centre de
santé de Gboto Zévé.
> Objectif spécifique 2
Le deuxième objectif spécifique consiste ensuite
à évaluer le système de gouvernance locale en vigueur dans
la communauté.
> Objectif spécifique 3
Le troisième objectif spécifique enfin est de
faire des propositions pour l'amélioration du cadre de gouvernance
locale du centre de santé de Gboto Zévé.
4- Intérêt et limites de
l'étude
L'intérêt de cette étude est de faire une
approche spécifique des conditions de développement communautaire
dans une localité précise, sans épouser une
démarche
généralisante du développement. Mais,
bien que se limitant seulement au niveau local, l'étude pourrait tout
aussi intéresser les décideurs puisque relevant de la
sphère des politiques publiques. C'est aussi la première
étude qui est menée dans le cadre de la gouvernance locale en
générale et du secteur de la santé en particulier dans le
village de Gboto Zévé.
Par contre, les principales limites de ce travail concernent
l'étendue de son champ d'application. N'eüt été le
défaut des ressources financières et temporelles, l'étude
pouvait tout aussi s'étendre aux autres domaines du développement
communautaire tels que l'éducation, l'assainissement, etc.
Aussi, cela, n'a pas permis de mener des entretiens en
profondeur avec tous les acteurs concernés par la question. Car, il faut
le reconnaître, même si l'objectif n'était pas
l'évaluation générale des politiques publiques, une grande
partie des problèmes soulevés s'y rapportaient
néanmoins.
C'est dans ce sens que certains entretiens ont
été menés avec certains responsables du ministère
de la santé et de la Centrale d'Achat des Médicaments
Génériques (CAMEG).
5- Delimitation du champ de
l'étude
Tout d'abord, le champ de l'étude n'entend pas
embrasser le domaine des politiques publiques, bien que faisant partie de ce
vaste ensemble. Il ne s'agit donc pas de faire une évaluation de la
politique nationale de santé ou de la gouvernance togolaise.
C'est plutôt une approche spécifique du
problème de la gouvernance locale de Gboto Zévé, en lien
avec son développement communautaire, dont le cas peut ne pas
s'appliquer à d'autres villages togolais.
Ensuite, l'étude se limite surtout dans le cadre de
l'action de l'association Lutte pour la Paix et le Joie sur Terre (LUPAJOTE).
En effet, l'association qui accompagne les communautés dans leurs
initiatives de développement souhaiterait d'abord comprendre tous les
contours de la situation du milieu avant la prise de décision,
particulièrement en ce
qui concerne la pertinence, l'efficacité, l'efficience et
la durabilité des projets auxquels elle serait éventuellement
partenaire dans cette localité.
B- SYNTHESE DE LA REVUE DE LA LITTERATURE
En guise de synthèse, la littérature
consultée sur le sujet s'articulera en deux points : la
disponibilité des sources et la revue critique des ces
dernières.
1- Disponibilité des sources
Les ouvrages traitant de l'un des aspects du sujet et en lien
avec la gouvernance locale et le développement communautaire sont
abondants. De plus la consultation d'ouvrages méthodologiques, des
articles, des communications et des rapports d'étude s'est
avérée nécessaire dans le but de recentrer de plus en plus
la problématique. Toute la documentation a été accessible
dans le centre de documentation du CERAP à Abidjan et au Centre Culturel
Français de Lomé. Une grande partie des sources est
constituée de la webographie (ensemble des sites internet
consultés). Le tableau suivant donne des précisions sur le corpus
documentaire.
Tableau 4 : Corpus documentaire
N°
|
RUBRIQUE
|
TOTAL
|
I
|
Ouvrages sur les indicateurs démographiques et
socioéconomiques du Togo
|
3
|
II
|
Ouvrages méthodologiques
|
5
|
III
|
Documents spécialisés en management,
évaluation et développement communautaire
|
5
|
IV
|
Documents électroniques
|
7
|
V
|
Lexiques
|
2
|
VII
|
Articles, communications, revues et périodiques
|
8
|
VIII
|
Sites internet
|
22
|
Total
|
52
|
Source : Auteur
2- Revue critique de la
littérature
La littérature consultée pour la
réalisation de ce travail se concentre autour de trois axes, allant du
général au particulier. Comme précédemment
précisé à la première partie de cette section,
cette articulation avait pour but de mieux affiner la problématique de
l'étude. Ces trois axes sont les suivants :
> les indicateurs et critères universels de la bonne
gouvernance : ce volet de la littérature a permis de cadrer
l'étude dans le domaine général de la gouvernance ;
> les indicateurs socio-économiques et
démographiques du Togo. : cette dimension a facilité la position
du problème en mettant en relation le cadre général de la
gouvernance et le problème spécifique identifié dans ce
cas d'étude ;
> les résultats de recherche, les travaux et
publications des institutions spécialisées (PNUD, Banque
Mondiale, Banque Africaine de Développement, etc.). Ces documents ont
fourni une vision assez détaillée des OMD au Togo,
particulièrement dans le domaine de la santé.
Cependant, malgré l'apport considérable de la
documentation consultée, des
limites peuvent toutefois être notées à cette
revue de la littérature.
La littérature consultée n'a pas fourni des
données spécifiques sur la population d'étude proprement
dite, celle du village de Gboto Zévé. Cela pourrait se justifier
par le fait que les documents faisant état des questions de gouvernance
locale et de développement communautaire spécifiques au Togo ne
sont pas nombreux dans le corpus documentaire de l'étude. La
majorité de ces ouvrages identifiés au Centre Culturel
Français de Lomé n'étaient pas actuels (au-delà de
dix ans). Par contre les ouvrages récents sur le Togo et ayant eu un
apport considérable étaient des ouvrages socioéconomiques
et démographiques. Les positions des différents auteurs par
rapport à la problématique diffèrent en fonction des
disciplines des uns et des autres.
Pour Isabel Guisnel13 , le cadre
méthodologique de l'OCDE qui ne fournit que des indicateurs quantitatifs
des OMD ne permet pas d'évaluer le développement participatif, la
bonne gouvernance, la démocratisation et les droits de l'homme. La
Banque Mondiale et l'Union Européenne par contre sont avancées
dans la définition des indicateurs de la bonne gouvernance. L'auteur
estime qu'un travail de réseau est nécessaire en vue d'adopter
une approche commune qui définira des indicateurs qualitatifs, à
fin de prendre en compte les perceptions et attentes des populations et les
transformations de la gouvernance au quotidien. Elle précise à
cet effet que :
« Des analyses sur la perception des populations
elles-mêmes des facteurs économiques qui déterminent leurs
conditions de vie sont indispensables. Il faut :
-étudier les dysfonctionnements à l'origine
de l'exclusion ou la non participation des populations aux processus de
décision publique,
-mesurer les liens entre le système de valeurs et
le système politicoéconomique, les caractéristiques
socio-démographiques,
-évaluer les attentes locales pour compenser le
biais institutionnel de la plupart des coopérations. »14
Morin15 dans son approche sociale du
développement souligne que l'on passera de théories trop
générales dans les années 60 et 70 à des approches
de terrain dans les années 80 et 90. Dans les multiples dimensions du
développement social, Morin ajoute l'expression fiable de la
volonté collective.
En d'autres termes, cette volonté collective n'est rien
d'autre que la participation communautaire que Guene et
al.16qualifient d'essentielle. Ceci en vue de stimuler les
initiatives locales, décentraliser les responsabilités au niveau
local et favoriser l'autogestion, en renouant ainsi avec les modes
traditionnelles d'organisation de l'Afrique subsaharienne.
13 Guisnel, I., `'Les indicateurs de bonne gouvernance
: Fabrique et pratique des indicateurs de gouvernance»
Séminaire régional sur la gouvernance au sudj, document en
ligne sur le site
www.bj.refer.org/ofpa/ofpa.
14 Idibem.
15 Op.cit., p. 3.
16 Guene O. et Al., Promotion de l'hygiène
du milieu : Une stratégie participative, Lausanne, Presses
Polytechniques et Universitaires Romandes, 1999, 1ère
édition, 192 pages.
En fin de compte, les approches de ces différents auteurs
consultés ont permis de choisir et de fixer un cadre d'analyse.
C- CADRE D'ANALYSE
Le cadre d'analyse comme l'expression l'indique,
définit déjà les principaux axes d'orientation de
l'analyse des résultats. Pour cela des précisons sur la
théorie de référence et les mots-clés de
l'étude sont nécessaires.
1- Théorie
La théorie retenue est celle du changement social.
L'analyse se fera selon les critères de la bonne gouvernance que sont la
responsabilité, la participation et la transparence. Nous insisterons
particulièrement sur la dimension participative de la gouvernance.
Les indicateurs qualitatifs retenus résultant des
enquêtes exploratoires sont :
- pour la responsabilité : l'appropriation,
l'engagement et l'intérêt manifestés par la population dans
le fonctionnement du centre ainsi que la volonté de changer ;
- pour la participation: les mécanismes de
participation de la population aux processus de décision publique en
général et du fonctionnement du centre de santé en
particulier, les organes de participation existants ;
- pour la transparence : le système de gestion interne du
centre et le circuit d'approvisionnement en médicaments, etc.
2- Définition des termes et
mots-clés
Par ordre d'importance, les mots-clés de cette
étude sont : gouvernance locale, politique publique,
développement communautaire et durabilité. Par ailleurs, une
clarification des termes de santé publique,
santé communautaire et santé primaire sera faite. Mais il est
à signaler qu'une dimension particulière de la santé n'a
pas été spécifiée dans cette étude,
l'objectif étant beaucoup plus de mettre la gouvernance locale en
rapport avec le développement communautaire. Comme signalé dans
la délimitation et les limites de l'étude, le secteur de la
santé n'a constitué qu'un choix de contraintes et de
prétexte.
> Gouvernance locale : la gouvernance peut
être définie comme la manière dont s'exerce
l'autorité politique, économique et administrative dans la
gestion des affaires. C'est aussi le processus par lequel une
société se pilote et se dirige17. La gouvernance
locale peut donc être appréhendée comme un processus de
mise en compatibilité de plusieurs proximités institutionnelles
unissant des acteurs (économiques, institutionnels, sociaux...)
géographiquement proches, en vue de la résolution d'un
problème productif ou de la réalisation d'un projet local de
développement. Une telle définition insiste fondamentalement sur
l'idée de processus, c'est-à-dire de dynamique institutionnelle
collective qui articule, de manière toujours singulière,
différentes logiques d'acteurs se confrontant et/ou coopérant sur
un territoire. Ce processus n'est pas nécessairement vertueux : il
existe des processus de déconstruction institutionnelle (crises
industrielles, par exemple) qui correspondent à des situations de
gouvernance "faible". La gouvernance locale se concrétise par la
construction de compromis locaux entre acteurs (aussi bien privés que
publics) et se caractérise par le degré d'articulation et de
cohésion des différentes proximités institutionnelles qui
spécifient le territoire, qu'il s'agisse du rapport salarial, de
l'affrontement entre capitaux individuels, des relations acteurs
privés/acteurs publics, etc.18
> Politique publique : De façon
générale, la notion de « politiques publiques » peut se
comprendre comme un ensemble de décisions prises,
17 Op.cit., p. 24.
18Définition du Groupement de Recherches
Economiques et Sociales, Université Montesquieu-Bordeaux 4 et
Université des Sciences Sociales Toulouse 1, cahier du GRES, N°
2003-5, mai 2003.
http://www.gres-so.org
et d'activités conduites par des acteurs publics, en
vue de résoudre un problème public dans un espace ou un secteur
donné de la société. Toutefois, derrière cette
définition et en examinant la notion de plus près, il
apparaît que les politiques publiques renvoient à un champ, un
système de décision qui relève d'un processus
particulièrement complexe à un niveau, celui des acteurs en
présence. Cette complexité du processus des politiques publiques
transparaît dans la diversité des fondements théoriques
servant de cadre d'analyse de cette notion. Construits selon une approche
pluridisciplinaire (sociologie, droit, science politique, économie), les
concepts d'analyse développés sur les politiques publiques
s'appuient effectivement sur le jeu des acteurs, la nature des ressources
qu'ils mobilisent et les règles institutionnelles en cours, et c'est ce
qui contribue à les différencier.
C'est dans le même sens que Nyeck19 souligne que
:
« Les politiques publiques sont le miroir de
l'activité des gouvernements. Leur place dans la sécurité
et le bien-être des citoyens, dans la distribution des revenus, dans la
collecte des impôts, la régulation de l'action administrative est
centrale pour le développement d'une société. (...). Du
fait de la concertation multi acteurs, les politiques publiques sont un lieu
marqué par le jeu des acteurs, mais également par le choc des
enjeux. »
> Développement communautaire : le
développement communautaire est un processus au cours duquel une
communauté augmente graduellement le contrôle et le pouvoir
qu'elle exerce sur les questions qui la concernent. Le développement
communautaire, c'est donc des gens qui constatent leurs problèmes et
leurs besoins communs et qui entreprennent des démarches
nécessaires afin de les résoudre et de répondre à
ces besoins. Le but ultime est la prise en charge communautaire20.
Le développement communautaire repose essentiellement sur trois piliers
: les microprojets,
19 Cahier de l'IGAC n° 06 février 2011.
20 « Le développement communautaire, une
stratégie pour promouvoir la santé des franco-ontariens »,
document disponible sur le site
http://www.opc.on.ca/fls/devcomft.html
l'animation et la formation. Reprenant Metangmo, Guene ajoute que
le développement dit communautaire serait en termes simples:
« beaucoup de petites choses, faites par beaucoup de
petites gens dans beaucoup de petits milieux21»
> Durabilité : caractère de
ce qui est durable, non pas forcément dans le sens du rapport de
Brundtland sur le développement durable, mais plutôt vers celui de
la pérennité des projets et actions entreprises dans le cadre
d'un développement social.
> La santé publique désigne
tout ce qui à l'échelon public concerne la santé des
populations. Le but de la santé publique est donc de réduire la
morbidité et d'aboutir au final à un accroissement de
l'espérance de vie des populations.
> La santé communautaire par contre
est une des stratégies possibles de mise en oeuvre de la promotion de la
santé. Ses principales caractéristiques sont une base collective
pour les actions à construire (la communauté), l'identification
collective des besoins, problèmes et ressources (le diagnostic
communautaire), la participation ouverte à tous les acteurs
concernés (médecins, usagers, institutions,
etc.).22
> La santé primaire enfin est
l'ensemble des soins de santé essentiels rendus universellement
accessibles aux individus et aux familles au sein de leur communauté par
des moyens acceptables par eux et à un coût que les
communautés et le pays puissent assumer. Ils sont partie
intégrante tant du système de santé national, dont ils
sont la cheville ouvrière, que du développement économique
et social d'ensemble de la communauté23.
Le cadre théorique donne certes des éclairages sur
les notions conceptuelles, mais ne suffit pas à lui seul pour la
construction de l'objet d'étude.
21 Op.cit., p. 3.
22Gwénola Levasseur, la revue Exercer, Janvier/
Février 2005, N° 072-7
23 Définition de l'OMS disponible sur le site
www.who.int/topics/primary_health_care/fr
Des précisions sont également nécessaires
sur l'approche de terrain ayant abouti à la collecte des données.
C'est l'objet du chapitre suivant qui présentera et expliquera le cadre
méthodologique de l'étude.
Chapitre III - CADRE METHODOLOGIQUE DE L'ETUDE
Il s'agit ici d'expliquer l'approche méthodologique de
l'étude de terrain qui a conduit aux résultats exposés
dans la deuxième partie. Une première section justifiera le choix
de la technique utilisée, ses difficultés et limites. La
deuxième présentera le processus de collecte,
l'échantillonnage ainsi que les outils utilisés. La
dernière enfin détaillera la méthode de traitement et
d'analyse des données.
A- TECHNIQUE D'ETUDE
Cette section consiste d'abord à justifier le choix de la
technique d'étude, mais aussi de faire l'état des
difficultés rencontrées sur le terrain.
1- Justification du choix de la technique
d'étude
En raison des objectifs de l'étude, la technique
retenue est l'enquête qualitative. Le choix de cette technique se
justifie aussi par le fait que cette étude a voulu faire une approche
globale de la gouvernance dans un espace concis. D'où le choix des
critères et indicateurs généraux de la bonne gouvernance
tels que la responsabilité, la participation et la transparence. Il faut
également noter l'exigence d'entrer en relation avec les populations
afin d'échanger avec elles sur un sujet qui nécessite leur
perception et leur ressenti, et, de ce fait, ne pouvant être facilement
recueillis par la méthode quantitative.
Toutefois, bien qu'étant la mieux adaptée, la
méthode qualitative a tout de méme posé quelques
difficultés de terrain.
2- Difficultés de terrain
La principale difficulté rencontrée était
la barrière linguistique, et donc l'impossibilité de mener des
conversations directes lors des focus groups (groupes de
discussion).
Les participants aux groupes de discussion s'exprimaient pour
la grande majorité en langue locale waotchi et en langue
éwé (langue parlée dans tout le grand Sud du
pays). Ce qui a nécessité la présence d'un
interprète-traducteur et d'un « retranscripteur » dans
l'équipe pluridisciplinaire composé à cet effet. Cette
mesure a été envisagée en vue de limiter les biais
liés à la traduction.
B- COLLECTE DES DONNEES ET ECHANTILLONNAGE
Il a été signalé dans les limites de la
littérature une insuffisance, voir une absence d'études
spécifiques dans la village Gboto Zévé. C'est pourquoi une
présentation de la zone d'étude sera nécessaire à
ce niveau. Ensuite seront tour à tour expliqués
l'échantillonnage, la méthode et les outils de collecte de
données.
1- Présentation de la zone
d'étude
Gboto Zévé est un village du canton Gboto,
situé dans la préfecture de Yoto, (région maritime au
Sud), à environ 80 Km au Nord-est de la capitale togolaise, Lomé
(voir figure 2, page 33).
Le canton Gboto est constitué de six (06) villages
à savoir Kossidamé, Assigamé, Amoussi, Vodoupé,
Zouvi et zévé. L'appellation de chacun de ses villages du canton
est généralement précédée du préfixe
« Gboto », d'où par exemple Gboto Zévé pour le
village Zévé. Tout comme l'on pourrait aussi dire Gboto
Kossigamé, Gboto Assigamé, etc.
De sources orales et selon les informations recueillies sur
les lieux, l'histoire révèle que les populations autochtones de
cette localité seraient originaires de l'actuelle ville de Oyo au
Nigéria. La langue parlée localement est le « waotchi
».
Figure 2 : Localisation de la zone
d'étude : le village Gboto Zévé
La population, d'un effectif de plus de 2 500 habitants, vit
essentiellement de l'agriculture vivrière. La culture du coton comme
culture de rente n'a pas connu un essor très favorable, malgré
l'engagement de certains planteurs.
Le premier centre de santé du village construit en l 961
comprenait 5 pièces dont :
- une salle de consultation ; - une salle d'accouchement ; -
une salle des accouchées ; - une salle de soins ;
- une salle pour garder le matériel de soins.
Ce dispensaire était géré par une
sage-femme formée par des religieuses (infirmières) de la
Providence Saint André de Kouvé (localité voisine).
En 1988-1989, une ONG Canadienne en collaboration avec
l'élite extérieure (EtatsUnis d'Amérique et France) du
village a construit un nouveau centre de santé qui devient
opérationnel le 2 janvier 1992. Il est actuellement dirigé par un
personnel qualifié dont :
- un infirmier diplômé d'Etat ; - une sage-femme
;
- un aide soignant ;
- un gérant.
Contrairement au premier dispensaire, le présent, d'une
capacité plus grande comprend sept (07) salles, une grande
véranda et un incinérateur. Il dessert également sept (
07) villages, fermes et hameaux voisins. (Voir détail en annexes
N°II et III).
Le village compte également d'autres infrastructures
telles que des écoles (maternelle, primaire et collège
d'enseignement général). Les populations disposent de l'eau
courante, d'un centre d'alphabétisation et d'une bibliothèque
communautaire. Mais cette dernière bien que fournie en livres, n'est
malheureusement pas utilisée par la communauté.
Le niveau et la qualité de vie des populations n'est
pas à apprécier. Car, la plupart des ménages vivent dans
la précarité et connaissent d'autres difficultés
liées aux conditions de vie difficiles propres au milieu rural africain
: la mauvaise qualité des routes, l'électrification rurale et
l'assainissement insuffisants.
2- Echantillonnage
Géographiquement, Gboto Zévé est un
carré constitué de quatre quartiers. C'est fort de cette
orientation que le plan d'échantillonnage a consisté à
recruter les participants aux quatre coins du village, par souci de
représentativité spatiale uniquement. Rappelons encore que la
méthode qualitative retenue n'exigeait pas une quantification
particulière de la population. Le souci majeur étant la
représentativité spatiale ainsi que les quotas d'ages et de
sexe.
La taille des groupes était de 12
personnes24, soit un total de 36 personnes pour les focus groups. On
note une faible représentativité des femmes et des jeunes dans
les groupes.
Le tableau qui suit donne la structure des différents
groupes selon le sexe.
Tableau 5 : Structure des focus groups
selon le sexe
|
Sexe
|
Total
|
Hommes
|
Femme
|
|
Groupe 1
|
8
|
4
|
12
|
Groupe2
|
8
|
4
|
12
|
Groupe3
|
11
|
1
|
12
|
Total
|
27
|
9
|
36
|
Source : Présente étude
Au delà de ces trois groupes de discussion, plusieurs
autres entretiens individuels et informels ont été menés
dans le but de la triangulation. Le tableau de la page suivante en donne les
détails selon le nombre et les cibles. Au total le nombre global des
personnes interviewées pour tous les types d'entretiens
réalisés est de 50.
24 Selon les normes méthodologiques de la
recherche en sciences sociales, la taille des groupes de discussion est de 8
à 12 personnes.
Tableau 6 : Taille globale de
l'échantillon
Type d'entretien
|
Nombre d'interviewés
|
Cible
|
Focus groups
|
36
|
Population de Gboto Zévé (Hommes, femmes,
jeunes)
|
Entretiens individuels
|
10
|
-Chef du village
-Personnel du centre de santé -Ministère de la
santé
-Elite du village à Lomé
-Personnel enseignant des écoles
|
Entretiens informels
|
4
|
-Informateurs clés de la communauté -Autres
personnes ressources
|
Total
|
50
|
Source : Présente étude
3- Méthode et Outils de collecte de
données
Selon le type de données recherchées, trois
méthodes de collecte ont été combinées. Il s'agit
de :
- la recherche documentaire pour circonscrire le cadre
théorique ;
- l'observation et l'entretien libre pendant la phase
exploratoire, pour
établir d'abord le contact avec le milieu d'étude
et les différents acteurs,
et pour compléter ensuite les données du cadre
théorique;
- l'entretien semi-directif pour recueillir les données de
terrain au sein de la zone d'étude ;
- la MARP (Méthode Accélérée de
Recherche Participative) pour rendre effective la participation des populations
au processus de recherche-action.
Pour collecter ces données diverses, les outils les mieux
adaptés étaient le guide de discussion semi-directif et les
outils participatifs de la MARP.
Le guide de discussion (voir annexe N° 1.), a
été utilisé pour l'animation des focus groups. Il
renfermait des questions ouvertes formulées à la suite de
l'opérationnalisation des variables qualitatives recherchées.
Les outils de la MARP quant à eux avaient pour but
d'opérer le diagnostic participatif. Il s'agit de renforcer la
participation des populations au processus de recherche-action, afin que
celles-ci soient considérées comme actrices plutôt que
spectatrices de leur propre développement. L'importance de cet outil qui
n'est plus à démontrer reste toujours d'actualité. Selon
Minfegue25 :
« Le diagnostic participatif semble aujourd'hui
être un outil de choix pour les organismes publics et organisations
(locales et internationales) intéressés par des planifications
locales d'action de développement. Cet outil qui apparait
diversifié dans ses phases d'utilisation, bien que posant des
problèmes méthodologiques liés à cette
diversité d'usage, peut apparaitre être un catalyseur de choix des
dynamiques endogènes de participation populaire mais aussi de promotion
locale de quelques principes de gouvernance à savoir : la transparence,
la reddition des comptes ou la démocratie (locale). »
Les trois outils de la MARP utilisés étaient les
suivants :
- l'arbre à problèmes pour visualiser de
façon collective les problèmes, leurs causes et leurs
conséquences. L'objectif final étant l'analyse approfondie des
causes les plus pertinentes pour la recherche commune des solutions
appropriées;
- l'arbre à solutions pour déterminer les actions
à mener et les résultats attendus;
- le diagramme de Venn ou diagramme des organisations pour la
collecte des données socio-institutionnelles. L'intérêt de
cet outil a été la visualisation des activités
économiques et relations sociales entre les
25 Minfegue, A., le diagnostic participatif comme
espace fortuit de projection, de concertation et de
«contrôle » entre « administrateurs » et «
administrés », les cahiers de l'IGAC, n°5, février
2011, p.1.
différentes organisations internes et externes à la
communauté, afin de susciter la discussion.
Il est à signaler que l'intérêt des outils
de la MARP utilisés ici dans cette étude est leur dimension
exploratoire, la phase de planification du changement ne pouvant encore
être envisagée à cette étape. Les données
ainsi recueillies ont été traitées et analysées
suivant un processus à trois étapes : la retranscription directe
des entretiens, l'analyse principale et l'analyse secondaire.
Les trois étapes de ce processus sont
détaillées à la section qui suit, consacrée
à la méthode de traitement et d'analyse des données.
C- METHODE DE TRAITEMENT ET D'ANALYSE DES DONNEES
La méthode de traitement et d'analyse des données
qualitatives a consisté en la retranscription des entretiens, l'analyse
principale et l'analyse secondaire.
1- Retranscription directe des
entretiens
La toute première étape du traitement des
données était la retranscription directe des entretiens en langue
française. En effet, comme déjà signalé dans les
difficultés de communication rencontrées avec la méthode
utilisée, il était nécessaire, pour une meilleure
exploitation des données, de retranscrire, autant que possible,
l'intégralité des entretiens de groupe plutôt que de les
enregistrer. Aussi, la présence d'un animateur local bilingue
maîtrisant les deux langues (français et éwé)
à été primordiale à cette étape. Cette
retranscription s'est faite pour chacun des trois groupes et a essayé au
maximum de prendre en compte toutes les interventions. Dans le même
temps, un autre membre de l'équipe était chargé de noter
également les observations d'ordre général pour chaque
groupe : hétérogénéité des groupes,
dynamique de la discussion, intervention des femmes, durée de la
discussion, etc.
Ces retranscriptions ont ensuite constitué des
données brutes pour l'analyse proprement dite. L'analyse en question
s'est déroulée en deux phases : l'analyse principale et l'analyse
secondaire.
2- Analyse principale
Par définition, l'analyse est la décomposition
d'un tout en ses éléments en vue de déterminer des
relations entre ces éléments. Contrairement à l'analyse
descriptive et inférentielle (analyse quantitative), l'analyse
qualitative ou traitement des données non numériques consiste
à faire des liens entre elles pour en comprendre la structure ou les
processus sous-jacents. L'analyse principale s'est donc opérée en
fonction de la question de recherche et des objectifs de l'étude. Les
sections du chapitre IV consacré à l'analyse des résultats
illustrent ce plan. Ainsi, à chaque section de l'analyse principale
correspondra un des trois critères de la bonne gouvernance retenus en
début de cette étude. Il s'agissait de la participation, la
responsabilité et la transparence.
3- Analyse secondaire
La deuxième phase de l'analyse qui correspond ici
à la discussion ou l'interprétation des résultats est dite
analyse secondaire. C'est une analyse supplémentaire des données
qui s'est effectuée pour enrichir l'analyse principale. Elle s'est faite
à partir des facteurs contrôlés et non
contrôlés de la recherche.
La finalité des différentes analyses est entre
autres de faire des propositions pour l'action future. Mais, avant d'entamer
les recommandations, une conclusion partielle a été faite
à la fin des chapitres traitant des résultats de
l'étude.
Deuxième partie : RESULTATS ET
DISCUSSION
Chapitre IV- RESULTATS
Ce chapitre, comme précédemment indiqué,
présente les principaux résultats de l'étude. C'est en
quelques sortes la restitution des entretiens, observations et ateliers de la
MARP réalisés sur le terrain. Chacune des trois sections est
consacrée à un critère d'observation précis. Les
indicateurs étant de nature qualitative, ces résultats seront
donc essentiellement le fruit de l'analyse de contenu des différentes
retranscriptions.
A- RESPONSABILITE DES ACTEURS LOCAUX
1- Arbre à problèmes
Logiquement, il revient avant tout d'identifier les
problèmes avant d'attribuer les responsabilités. C'est pourquoi,
dans ce contexte de recherche-action participative en milieu communautaire, il
a été opportun d'utiliser l'arbre à problèmes comme
outils de diagnostic. Le problème central étant la faible
fréquentation du centre de santé, les participants, de par leur
analyse approfondie ont pu creuser les racines ou causes du problème et
les conséquences qui en découlent. Cette approche a permis par la
suite aux uns et aux autres de reconnaitre leur part de responsabilité
dans les problèmes détectés.
Le schéma de la page suivante présente l'arbre
à problèmes du centre de santé de Gboto Zévé
réalisé par les participants lors de l'atelier sur la MARP.
Causes principa les
|
|
Gestion privée de la pharmacie
|
C o n s é
q u e n
c e s
FAIBLE TAUX DE FREQUENTATION DU CENTRE DE
SANTE
P
r
o
b
l è
m e
c e
n t r a l
Insuffisance d'infrastructures (matériels d'analyse,
logements pour personnel , latrines.)
Inexistence d'un comité de santé
Non respect des engagements financiers de certains
malades
Cherté et manque de médicaments
Schéma1 : Arbre problèmes
du centre de santé de Gboto Zévé
Indisponibilité du personnel
Absence d'informations sur le mode de
fonctionnement interne (Transparence)
Non remboursement des dettes
Causes Secondaires
A la lecture du schéma précédent, il ressort
que :
> Le problème central identifié
est la faible fréquentation du centre de santé par les
populations de Gboto Zévé ;
> Les causes sont de deux ordres :
- les causes principales ou causes profondes du
problème qui sont : le système de gestion privée de la
pharmacie, le manque d'infrastructures (logement, latrines, matériel
d'analyse médical), l'inexistence d'un comité de santé, le
non respect des engagements financiers de certains malades ;
- les causes secondaires résultant directement des
problèmes principaux qui sont : la cherté et le manque de
médicaments à la pharmacie de l'hôpital,
l'indisponibilité du personnel (la nuit ou à certains moments
d'urgence), l'absence d'informations sur le mode de fonctionnement interne.
> Les conséquences ou effets que
produisent ces problèmes sont :
- une augmentation de la mortalité néonatale
causée par les déplacements souvent tardifs et risqués des
femmes enceintes qui effectuent le déplacement pour d'autres centres de
santé;
- des dépenses supplémentaires
occasionnées par le coût du transport à payer pour se
rendre dans les dispensaires des villages voisins ;
- une perte de confiance du personnel du centre de
santé envers les femmes enceintes qui désertent le dispensaire.
Ceux-ci les renvoient effectuer plus tard les vaccinations des nourrissons au
lieu de leur naissance ;
- une sous-estimation de la démographie du village.
Dans la perception des villageois, le fait que les naissances soient
enregistrées dans d'autres villages amène à sous-estimer
la taille de leurs ressortissants. Car, les déclarations de naissances
des nouveau-nés seront établies dans ces centres de santé
où ils sont nés.
Après l'analyse en profondeur des problèmes au
niveau de cette phase diagnostic, l'atelier suivant a consisté à
la réalisation de l'arbre à solutions.
2- Arbre a solutions
En principe, l'arbre à solutions est
complémentaire de l'arbre à problèmes. Il se
réalise en vue de planifier le changement. C'est alors que les causes du
problème deviennent les actions à entreprendre et les
conséquences les résultats attendus. Dans ce cas d'étude,
il a aussi été une démarche pour procéder à
la reconnaissance de la responsabilité collective des différents
acteurs du système, à travers les problèmes
identifiés en amont. Il est important de signaler que, même si la
majorité des problèmes sont du ressort de la
responsabilité de la communauté, certains, et pas des moindres,
résultent du pouvoir des politiques publiques. Mais vue la
délimitation du champ scientifique de cette étude, le centre
d'intérêt a été celui des problèmes relevant
essentiellement de la gouvernance locale. Le schéma de la page qui suit
(schéma 2) en donne plus de détails.
Légende
Responsabilité partagée entre
l'Etat et la communauté(gouvernance locale et
politiques publiques
Responsabilité de la communauté, de l'Etat et
des partenaires
Responsabilité de la communauté (gouvernance
locale)
Les médicaments sont vendus moins chèrs et
sont disponibles
Une gestion communautaire de la pharmacie est mise en
place
Les conditions de travail et de logement du personnel
sont améliorées
Le personnel est disponible
LE CENTRE DE SANTE EST SUFFISAMMENT
FREQUENTE
La communauté est informée sur la
gestion du centre de santé
Le comité de santé est mis en place
Les dettes sont remboursées
Les engagements financiers sont respectés
Schéma2 : Arbre à
solutions
B- ORGANES ET MECANISMES DE PARTICIPATION EXISTANTS
1- Cadre socio-institutionnel
L'analyse des données socio-institutionnelles,
collectées à travers le diagramme de Venn ou diagramme des
organisations (voir schéma 2 page 47), révèle :
- des groupements disparates et donc une faible intersection
entre les différentes organisations ; ce qui ne permet pas de saisir la
nature des relations entre les groupes ;
- en dehors des quatre groupements agricoles, tous les autres
groupes fonctionnent sur l'individualisme. Tout ce passe comme si chacun des
quatre quartiers du village détenait ses propres structures ;
- cette organisation interne se traduit également avec
l'extérieur, car il y a très peu d'échanges significatifs
avec les villages voisins. En dehors d'une école voisine qui a une
relation avec le village, il n'y a que les femmes allaitantes des villages
voisins qui fréquentent en majorité le centre de santé en
période de vaccination ;
- la présence d'un Comité Villageois de
Développement (CVD) dans le village, lequel n'est pas aisément
positionné dans le diagramme
par les participants. Ils pensent toutefois que toutes les
organisations devraient avoir une intersection avec le CVD.
En bref, ce qu'il faut retenir du cadre socio-institutionnel
c'est la faible interaction entre les groupes et l'absence d'une structure de
coordination.
Ecole voisine
Groupements d'agriculteurs
Groupe de jeunes
Association des parents
d'élèves
Femmes des villages voisins fréquentant le
centre de santé
|
Association des femmes
|
Village
|
Schéma 3 : Diagramme de Venn de
Gboto Zévé
2- Participation à la gestion des affaires du
village
Dans le cadre de la décentralisation et du
développement local, la participation des acteurs locaux consiste pour
eux à exercer effectivement l'intégralité des pouvoirs,
qui leur sont conférés en matière d'initiative et de
décision, dans le choix et dans la mise en oeuvre des actions et
programmes qui concernent leur avenir. Mais, loin de l'entrevoir dans une
optique de décentralisation et de développement local, nous
analyserons la participation ici
dans le sens de la prise en charge communautaire, donc dans le
sens du développement communautaire tel que décrit dans les
concepts clés en début de cette étude. Pour ce faire, les
cinq points suivants seront observés:
- les organes de participation ;
- les formes de participation ;
lLes expressions pratiques de participation dans les projets
communs ; - les mécanismes de participation ;
- la dimension genre.
Il existe certes plusieurs organes de participation tels que
le démontre le diagramme de Venn : groupes de femmes, d'agriculteurs, de
jeunes, et méme, à l'échelle plus élevée, un
comité villageois de développement. Cependant, la
communauté ne participe pas à la vie du centre de santé :
aucun organe de participation ne s'intéresse aux questions
sanitaires.
Les formes de participation les plus courantes qui sont
l'information, la consultation, la concertation et le partenariat semblent
absentes, vu la structure disparate des différentes groupes.
Toutefois, il a existé auparavant, dans le cadre de
certains projets communautaires (construction des salles de classes par
exemple), des apports en nature et en espèce de la communauté. Ce
qui traduit que l'information, la consultation, la concertation et le
partenariat sont possibles au sein de cette communauté.
Cependant, la marginalisation particulière d'un groupe
social quelconque n'a pas été notée. L'on note tout de
méme un faible dynamisme des jeunes et des femmes dans l'initiative
commune. Le groupe des jeunes n'a aucune autre mission de développement
particulière, en dehors de l'activité sportive qui est le
football. Les quatre associations de femmes se retrouvent pour des
activités folkloriques comme la danse.
C- TRANSPARENCE
1- Absence d'un organe de
concertation
Comme remarqué ci-contre dans le diagramme des
organisations, aucun organe de participation n'est représenté au
sein du centre de santé. Le comité de santé qui a
existé dans le passé n'est plus opérationnel depuis
environ trois ans. Cette situation explique bien l'absence d'informations de la
communauté sur le mode de fonctionnement interne du centre de
santé. La relation entre les deux acteurs que sont le centre de
santé et la communauté est donc presque absente. Il ressort des
entretiens que les populations sont bien conscientes de cette situation, mais
aucune action concrète n'a encore été envisagée
pour rétablir cette relation.
En effet, seul le comité de santé pourrait
être l'organe de participation le mieux indiqué pour
établir la liaison entre les deux parties, c'est-à-dire le centre
de santé et la population.
2- Absence de participation des acteurs locaux et
dysfonctionnement des institutions
La conséquence logique de ce qui précède,
est la méconnaissance du mode de fonctionnement interne du centre de
santé, par la communauté. Et dont sa difficulté d'en
évaluer la transparence dans la gestion. L'absence de participation des
acteurs locaux dans la gestion des affaires les concernant entraine donc un
dysfonctionnement des institutions. Mais il est à signaler toutefois
que, à ce niveau, les acteurs locaux ne perçoivent pas clairement
une responsabilité quelconque de leur part. Le but de l'investigation
n'a pas été, dans ce premier temps, de susciter cette prise de
conscience. Il s'est agit d'abord de faire un diagnostic des différents
problèmes de gouvernance locale pouvant ralentir ou affecter la
dynamique de développement communautaire de la région. Ce qui
permettra par la suite de mieux envisager les actions en vue d'une meilleure
planification du changement.
Toutefois, une interprétation ou une discussion des
résultats présentés reste importante pour bien cerner les
autres contours de la situation. Ce sera l'objet du chapitre suivant.
Chapitre V- DISCUSSION
La présente discussion apporte un éclairage
nouveau à la suite de l'analyse principale, effectuée au chapitre
précédent. A titre de rappel sur le point méthodologique
de cette étude, particulièrement sur la méthode de
traitement et d'analyse des données, ce chapitre constitue l'analyse
secondaire, qui, par définition, s'effectue en fonction des facteurs
contrôlés et non contrôlés de l'étude. Dans le
cadre de cette discussion, il s'agira précisément des facteurs
dits « non contrôlés », car n'ayant pas
été pris en compte au départ par la question et les
objectifs de recherche.
Le premier facteur (section A) est celui de l'influence
méme du cadre global togolais sur la situation de Gboto
Zévé.
Le deuxième facteur est celui de la pertinence des
modèles de développement communautaire (section B). En effet, il
existe plusieurs types de développement communautaire dont la pertinence
et l'efficacité doivent être au préalable analysées,
puis adoptées en fonction du niveau de la décentralisation, des
capacités institutionnelles, organisationnelles, économiques et
sociales de la communauté. Un exposé de ces différents
modèles de développement communautaire sera fait dans cette
section, avant l'indication (dans les recommandations) du modèle
approprié pour ce cas d'étude.
Enfin, une conclusion partielle en guise de synthèse
(section C), à cette partie concernant l'analyse et
l'interprétation des résultats de l'étude, ouvrira la voie
au dernier chapitre (chapitre VI) qui traitera essentiellement des principales
recommandations formulées à l'endroit des parties prenantes.
A- INFLUENCE DU CADRE GLOBAL
1- Similitude des problèmes au niveau local et
au niveau national
Il est certes vrai que la gouvernance locale n'est jamais la
transposition à une échelle territoriale réduite de la
régulation globale.
Mais, à voir de près, il apparait d'une part
que, la plupart des problèmes rencontrés dans la phase du
diagnostic communautaire de Gboto Zévé, sont les mêmes que
les différentes contraintes du Gouvernement togolais en matière
de santé. D'autre part, les obstacles à l'atteinte des OMD, tels
que relevés dans la première partie théorique
(confère << contraintes et perspectives >>, et OMD 4, 5, 6 ;
pages 14, 15 et 16). L'arbre à solutions avait déjà en
quelques sortes identifié ces similitudes, en faisant ressortir des
responsabilités partagées entre acteurs étatiques et
locaux.
Ainsi, au nombre de ces similitudes, l'on peut retenir entre
autres :
> l'absence de déclinaison des politiques
sectorielles au niveau local, qui peut à juste titre justifier l'absence
de déclinaison locale du Plan National de Développement
Sanitaire. Il n'existe pas un Plan Local de Développement Sanitaire
à Gboto zévé ;
> l'insuffisance des ressources humaines et de la
qualité du plateau technique qui entraîne des faiblesses dans la
qualité des prestations sur le terrain. De même, l'arbre à
problèmes de Gboto Zévé révèle que
l'insuffisance des infrastructures (matériels d'analyse, latrines, etc.)
est l'une des causes du dysfonctionnement ;
> le faible revenu des ménages qui limite la
fréquentation des structures sanitaires (le taux national de
fréquentation des structures sanitaires étant de 30%). Une
similitude au niveau local de Gboto Zévé (toujours
conformément à l'arbre à problèmes), est
l'endettement de certaines malades au niveau du centre de santé. Ces
derniers se soignent << à crédit >> et sont souvent,
pour certains, dans l'impossibilité de payer leur facture par la
suite.
A l'analyse, ceci semble aller à l'encontre du
questionnement de base de la problématique, recherchant le lien entre
gouvernance locale et développement communautaire, tant l'influence de
la régulation globale est visible. Au départ, il était
question de mettre en relation la gouvernance locale et la dynamique de
développement communautaire. Mais à ce niveau, de nouvelles
interrogations jaillissent, et l'on peut se demander finalement si la faible
fréquentation du centre de santé de Gboto Zévé est
logiquement la conséquence d'un système tout entier ou uniquement
l'inertie des populations locales.
2- Limites de la
décentralisation
Les actions d'aide au développement ou de
solidarité internationale jouent un rôle non négligeable
dans le développement des communautés des pays pauvres. Cependant
elles se déroulent le mieux dans un cadre de décentralisation
favorable. Or, la lenteur du processus de décentralisation au Togo ne
favorise pas l'émergence de la coopération
décentralisée. Ce qui fait que, contrairement aux autres pays
africains, le Togo ne bénéficie pas facilement des financements
de la coopération décentralisée. Le fait que Gboto
Zévé ne soit pas une collectivité locale peut aussi
être un frein à son essor.
A titre d'exemple, les tableaux ci-après (tableau 7 et
8) faisant état des lieux de la coopération
décentralisée entre la France et le Togo montrent que, les effets
positifs de ce moyen d'appui au développement des communautés,
pourraient encore être plus visibles, dans un contexte de
décentralisation plus avancée.
Tableau7 : Les chiffres-clés de la
coopération décentralisée au Togo
49 collectivités locales
françaises
69 autorités locales togolaises
partenaires 142 projets de coopération
décentralisée
Estimation des montants annuels en 2010 alloués
par les Collectivités territoriales françaises :
Cadre conventionné : 1 million d'Euros soit 650
Millions de FCFA
Hors cadre juridique loi togolaise : Associations, CVD, ONG,
Agences de Bassins, etc.) : 1Million d'Euros.
Source : Atelier sur la
coopération décentralisée au Togo, avril 2011.
Tableau 8 : Répartition des
coopérations France-Togo (estimations en 2011).
Villages et cantons 45
Préfectures 6
Régions 1
Collectivités française Nombre
Communes 32
Communauté de Communes 9
Conseils Généraux 4
Conseils Régionaux 2
Collectivités togolaises Nombre
Communes 10
Source : Atelier sur la
coopération décentralisée au Togo, avril 2011.
En effet, les Comités Villageois de
Développement (CVD) et autres associations locales existent beaucoup
plus en lieu et place des communes. La conséquence directe est l'absence
de convention ou de jumelage de communes, du fait que les CVD ne sont pas des
collectivités. La reconnaissance de la coopération
décentralisée par la loi de 2007 relative à la
décentralisation et aux libertés locales26 stipule
à cet effet que :
« Les collectivités territoriales peuvent
conclure des conventions ou accords de jumelage avec les collectivités
territoriales étrangères dans les limites de leurs
compétences et dans le respect des engagements internationaux de la
République togolaise. »
Cette loi met en avant un mode de coopération des
collectivités territoriales entre elles (voir schéma 4 page
55).Ce qui n'offre donc pas de cadre légal pour la coopération
dans le cadre des CVD ou autres associations locales.
26 Atelier d'information et d'échange de bonnes
pratiques sur la coopération décentralisée au Togo, France
Volontaire, Lomé, Le 19 avril 2011.
Relation entre deux (02) collectivités (minimum)
liées pas convention
Collectivité Territoriale
Schéma 4 : Mode 1 de la
coopération décentralisée
erritoiale
Cependant, le cadre légal français de la
coopération décentralisée, étant plus flexible,
dispose de quelques particularités bénéfiques pour les cas
de décentralisation non avancées, parmi lesquelles la
possibilité de signer des conventions avec des représentants non
élus, sous le respect des engagements de la France, à travers le
Ministère des Affaires Etrangères et Européennes (MAEE).
C'est ainsi que deux autres modes de coopération deviennent possibles
tels que le démontrent les schémas 5 et 6 de la page
suivante27 :
27 Les trois schémas sur les différents
modes de coopération décentralisées ont pour source le
document de présentation de Boutrou C., atelier sur la
coopération décentralisée au Togo, avril 2004.
Comités de jumelage
Collectivité du Nord Collectivité du Sud
Comité de jumelage du nord
|
|
|
|
Comité de jumelage du sud
|
|
|
|
|
|
|
|
Relation mais pas de convention
Schéma 5 : Mode 2 de la
coopération décentralisée
Association ou ONG prestataire
Collectivité du Nord Collectivité du Sud
Association/ONG prestataire
Schéma 6 : Mode 3 de la
coopération décentralisée
3- Insuffisance des financements dans le secteur de la
santé
L'insuffisance des financements dans le secteur de la
santé constitue également une influence du cadre global sur la
situation de Gboto Zévé. En effet, dans le rapport du Programme
des Nations Unies pour le Togo sur les OMD en 2010, on note une longue
suspension de la coopération au développement pour les points 4,
5 et 6 des OMD concernant la santé au Togo. Aussi, les Accords de
Partenariat pour le développement (APD) qui représentent 11% du
PIB en 1990 chutent à 2,5% en 2003.
C'est ainsi que, dans les domaines d'intervention de la
coopération décentralisée entre la France et le Togo par
exemple, la santé n'est pas parmi les secteurs
privilégiés, comme le démontre le graphique ci-dessous
:
Graphique1 : Domaines d'intervention de
la coopération décentralisée en chiffre
7,4%
7,8%
5,6%
6,3%
13,1%
3,3%
2,6% 2,6% EauAssaunisement
/ Assainissement
19,2%
37,7%
Education-Formation Développement rural Santé
Activités génératrices de revenus
Culture-Communication Environnement Développement social
Appui à la société civile
Source : Adapté de la
présentation de Boutrou, C. (atelier sur la coopération
décentralisée au Togo en septembre 2007), avril 2011.
A toutes ces contraintes susmentionnées, s'ajoute
également, sur le plan financier, la faiblesse des ressources internes
proprement dites du Gouvernement togolais. Sur cet aspect, malgré les
légers progrès accomplis, beaucoup d'efforts restent encore
à faire pour accélérer la croissance afin de
générer des ressources internes.
Les influences de la régulation globale sur les
problèmes analysés ainsi relevées, le deuxième
objectif de ce chapitre sur la discussion des résultats consiste
maintenant à s'interroger sur la pertinence d'un modèle de
développement communautaire propre à Gboto Zévé au
regard de toutes ces contraintes.
B- DIFFERENTS MODELES DE DEVELOPPEMENT
COMMUNAUTAIRE
Considérant le fait que cette étude se situe
dans un processus de Recherche - Action, il est nécessaire d'expliquer
l'intérêt d'une stratégie d'intervention future à
Gboto Zévé, et de connaitre les modèles de
développement communautaire en vigueur ainsi que leur
complémentarité et leur flexibilité. Ceci permettra aux
parties prenantes de mieux les adapter plus tard dans la phase de planification
du changement.
1- Pourquoi une stratégie d'intervention
?
De manière générale, une stratégie
d'intervention représente à la fois un art et une science pour
orchestrer les ressources en vue d'atteindre certains objectifs28.
Le travail social exige qu'après plusieurs travaux empiriques
constitués de recherches documentaires, de groupes de discussion et
d'entrevues avec les acteurs du système, une stratégie soit
définie pour entreprendre l'action en vue du changement. Car,
soulignons-le, la finalité d'une telle investigation est la prise de
conscience pour l'action future en vue du changement social. Tant il est vrai
que le changement social signifie le passage d'une
28 Cormeau Y., Les stratégies d'intervenion
en développement économique communautaire (texte court),
Université Laval, juillet 2002, 10 pages.
situation << A » jugée moins satisfaisante
à une situation << B » jugée satisfaisante. Et c'est
là que réside d'ailleurs toute la problématique du
développement, de sorte que les pays par exemple qui sont dans cette
dynamique sont appelés pays << en voie de développement
».
A l'échelle communautaire dont il question ici, ces
voies sont variées en fonction des types de problèmes
identifiés, mais aussi des spécificités locales. C'est
précisément dans ce sens que Cormeau dans sa définition de
la stratégie précise que :
« Elle comporte un processus de réflexion, une
approche de l'action et une articulation des moyens dans une direction
souhaitée. Une stratégie d'intervention implique une mise en
ordre des choix, leur progression, leur synchronisation avec le contexte et une
mise en oeuvre appropriée.29 »
Reprenant Checkoway, il ajoute que la stratégie
d'intervention se distingue de la tactique en ce sens qu'elle se déploie
sur le long terme et qu'elle résulte d'un plan d'action envisagé
en accord avec les orientations du groupe, les objectifs à atteindre et
les obstacles à surmonter. La tactique représente donc en dernier
ressort l'opérationnalisation de la stratégie.
L'exposé de ces modèles de développement
communautaire, par rapport à la finalité de cette étude,
permettra à la structure d'intervention LUPAJOTE, et
éventuellement aux autres intervenants du secteur, non seulement
d'orienter efficacement leurs projets, mais aussi de contribuer
réellement au développement social de la localité. Ceci en
touchant du doigt les réalités locales, par la prise en compte
des problèmes jugés prioritaires par les populations
elles-mémes. C'est ce qu'on appelle en d'autres termes le
développement communautaire participatif.
En effet, c'est un développement qui porte
déjà en son sein, et dès sa conception, les germes de la
durabilité, puisqu'il accorde une place importante à la
participation des bénéficiaires, leur responsabilité et
leur engagement pour le changement. C'est la raison pour laquelle le cadre
théorique des modèles de développement est à
prendre en compte, à cette étape dite d'élaboration et /
ou du choix de la stratégie d'intervention.
29 Op.cit., p.57.
Ainsi donc, dans ce cas, la stratégie possible
découlera d'un plan de développement communautaire et non d'un
plan de développement axé sur la communauté. Car, il
s'agit de faire une différenciation entre les deux concepts, le
développement axé sur la communautaire étant
diamétralement opposé au développement communautaire. Le
premier est exogène contrairement au second qui est endogène.
C'est en quelques sortes la logique du haut vers le bas, opposée
à celle du bas vers le haut.
Or, méme si l'un et l'autre disposent en leur sein des
avantages et des inconvénients, nul n'ignore les chances de
réussite infimes du « Top down » (un développement du
haut vers le bas : il s'apparente au modèle de développement
axé sur la communauté, voir tableau 9 ci-dessous) dans le
contexte rural. Avant de présenter les modèles de
développement communautaire en question, une présentation
détaillée (voir tableau 9 ci - dessous), des
particularités des deux systèmes s'avère
nécessaire.
Tableau 9 : Particularités du
développement des communautés
Développement axé sur la communauté
Développement communautaire
Met surtout l'accent sur la résolution des
problèmes en s'attaquant aux lacunes et aux faiblesses
Les problèmes sont définis par le gouvernement
ou des organismes externes
Le changement passe par
l'information, l'éducation et l'amélioration des
services
Les professionnels sont le pivot central du processus et les
principaux décideurs
Met plutôt l'accent sur les forces et les
compétences
Ce sont les communautés qui cernent leurs propres
problèmes
Le changement passe plutôt par l'accroissement des
capacités et la prise de contrôle par la communauté
Les professionnels constituent plutôt une ressource pour
la résolution des problèmes
Les principaux décideurs sont les institutions,
les représentants gouvernementaux et tous les responsables
nommés
Les décisions-clés sont prises par les
représentants du milieu, qu'ils soient des leaders informels ou
élus
Source : Adapté de Lavalle, D.,
Démarche partenariale de développement de la
communauté, Québec, octobre 2001.
2- Modèles de développement
communautaire en vigueur
Ici, seront pris en compte essentiellement les modèles
de développement communautaire favorables à la promotion de la
santé. Le terme modèle ici prendra le sens de théorie.
Dès lors, il y a lieu de s'interroger : pourquoi l'intervention dans
cette communauté nécessitera t-elle un cadre théorique
?
En effet, une théorie est un modèle explicatif
de la réalité. Autrement dit, c'est une manière
agencée d'examiner et de décrire un phénomène ou
une situation, selon une logique particulière. Les intervenants
utilisent donc des théories afin de :
- comprendre les individus, organisations et communautés
avec lesquels ils travaillent;
- guider la sélection et le développement des
stratégies appropriées pour l'action ;
- expliquer les facteurs favorisant (ou inhibitifs) aux
changements individuels, communautaires et sociaux.
La grande majorité des théories en promotion de
la santé proviennent des sciences sociales ou du behaviorisme (sciences
du comportement). Mais elles contiennent aussi beaucoup
d'éléments de différentes disciplines telles que la
psychologie, la sociologie, le marketing, le comportement du consommateur, la
gestion et la science politique. Cette diversité reflète la
complexité même des questions de promotion de santé. Elles
vont audelà du comportement de l'individu et incorporent la
société toute entière, et même le rôle
qu'apportent les politiques publiques tout comme les structures de
l'organisation communautaire, dans la définition de la santé.
Ainsi l'on parle de modèle ou de cadre théorique pour deux
raisons essentielles.
La première raison est que la plupart des
théories de la promotion de la santé ayant été
développées par des sociologues aux États-Unis, ne
reflètent pas la diversité et les spécificités des
autres cultures du monde.
La seconde est que, contrairement à d'autres domaines
du développement, les théories en promotion de la santé ne
sont pas très développées et n'ont pas subi des
études poussées.
Toutefois, la littérature30 mentionne qu'il
existe un large éventail d'approches découlant des quatre
composantes d'une théorie en promotion de la santé. Il s'agit
:
- des théories explorant le changement du comportement
sain chez l'individu;
- des théories expliquant le changement au niveau
communautaire ; - des théories explorant les changements
organisationnels;
- des théories expliquant le développement de
politiques publiques favorisant la santé.
En pratique, certaines de ces théories ont des
caractéristiques communes. Mais la problématique de cette
étude et le diagnostic des problèmes de Gboto Zévé
étant d'ores et déjà connus, nous nous limiterons aux
théories expliquant le changement au niveau communautaire. Ces
théories sont : la diffusion de l'innovation, la mobilisation
communautaire et un cadre plus récent qui différencie les
stratégies de base communautaire des initiatives de développement
communautaire.
a) Diffusion de l'innovation
Une innovation est quelque chose de nouveau, en termes
d'idée, de pratique ou de nouveau produit. Et la diffusion est le
processus par lequel cette chose nouvelle est introduite et acceptée par
une communauté ou une société. Les résultats des
recherches en sciences sociales, et plus particulièrement en
développement communautaire,31 montrent que les gens sont
plus aptes à recevoir des pratiques nouvelles si et seulement si
celles-ci sont :
- compatibles avec leurs besoins ;
- flexibles et peuvent s'adapter à des
situations variées ;
- renversables au cas où les gens veulent
retourner à leurs anciennes coutumes ;
- avantageuses en comparaison avec l'alternative
;
- assez simples pour que les gens puissent les
comprendre et les adapter ;
30 Bulletins d'information en promotion de la
santé (Bloc Notes du Centre ontarien d'information en prévention)
disponible sur
http://blocarchive.opc.on.ca.
31 Op.cit., p. 57.
- plus rentables que les bénéfices
perçus.
La théorie de la diffusion de l'innovation classe les
individus dans cinq catégories basées sur le temps pris pour
adopter une innovation :
- innovateurs (la source de l'innovation) ;
- premiers adhérents (individus convaincus avec
information pertinente) ; - majorité première ;
- majorité tardive ;
- Retardataires.
Le schéma 7 ci-dessous illustre la courbe de diffusion
en forme de `S' des catégories d'adoption des
innovations. Le petit nombre de premiers adhérents et une petite
proportion des retardataires adoptent une innovation après la
majorité des individus. Les premiers adhérents sont les chefs de
file, ceux qui influencent les autres en les encourageant à adopter les
nouvelles coutumes.
Schéma 7: Courbe de
diffusion en forme de `S' des catégories d'adoption des innovations
Source : Extrait des travaux du Centre
ontarien d'information en prévention,
http://blocarchive.opc.on.ca
, (Adapté de Nutbeam and Harris, 1998).
La théorie de la diffusion de l'innovation a
été étudiée dans plusieurs milieux et pour diverses
raisons. C'est un outil utile à l'analyse de la motivation et la
réaction de la population face à l'introduction de nouvelles
idées. Elle est utile dans l'orientation des interventions en promotion
de la santé, en particulier celles qui veulent maximiser l'adoption des
idées et pratiques prouvées efficaces.
La principale limite de cette théorie est son approche
de la notion de « retardataire ». En effet celle-ci peut poser et
pose méme beaucoup d'ambigüité, dans certaines
circonstances. Cette théorie entre donc ainsi en confrontation avec
d'autres qui établissent que, lorsque le changement est promu dans la
communauté, on doit être sensible aux obstacles sociaux,
économiques et structurels qui empêchent les groupes marginaux
à faire des choix sains. Car, une adoption non réfléchie
de la théorie pourrait servir à renforcer les
inéquités structurelles qui ne sont pas forcément
causées par le choix de l'individu.
b) Mobilisation communautaire
Comme indiqué en début de cette partie, et selon
les options du cadre théorique de l'étude, la participation
active des membres de la communauté dans l'identification de leurs
problèmes prioritaires ainsi que des actions appropriées pour le
changement est l'élément pour la réussite d'une initiative
de développement communautaire. C'est dans ce cadre que s'inscrit la
mobilisation communautaire, qui comprend plusieurs variantes, parmi lesquelles
le cadre de Rothman, qui reste le plus connu. Ce cadre décrit trois
approches distinctes pour influencer l'implication des
communautés32 :
- le développement local ; - le Planning social ; et
- l'action sociale.
· Le développement local
: est un processus qui vise la création de progrès
social et économique pour la communauté entière en
assurant sa participation active. Le problème est défini par les
gens du milieu. Le but de ce processus consiste à régler le
problème, d'aider les gens à s'organiser et à obtenir plus
de pouvoir. Le rôle du
32 Inspiré des travaux du centre ontarien
d'information en prévention.
travailleur communautaire est de former des petits groupes de
tâche afin d'identifier et de solutionner les problèmes en commun.
Toutes les démarches et les décisions nécessaires sont
prises par les populations tandis que divers intervenants communautaires
apportent un appui technique.
· Le planning social met
l'accent sur un processus technique de résolution de problèmes
sociaux. Ce modèle présuppose que le changement requiert des
planificateurs experts qui possèdent des habiletés techniques
pour identifier les problèmes et recommander l'action plus
rationnelle.
· L'action sociale postule
qu'il existe un segment défavorisé de la population qui a besoin
d'être organisé, afin de revendiquer ses besoins pour plus de
ressources ou encore, pour un traitement basé sur la justice sociale et
la démocratie. Elle consiste en une mobilisation des gens qui sont
directement touchées par un problème commun. On cherchera alors
à corriger les déséquilibres de pouvoir entre les groupes
opprimés et la société. L'action sociale peut donc
être entendue comme une approche de confrontation en vue de
l'équilibre de pouvoir entre les groupes marginaux et les segments
dominants d'une communauté.
c) Cadre récent
Le cadre récent des modèles de
développement communautaire en promotion de la santé
différencie les stratégies à base communautaire des
initiatives de développement communautaire.
Les stratégies à base communautaire assurent un
lien entre les programmes et services des groupes communautaires. Les
interventions suivent l'échéancier déterminé et les
pouvoirs de décision restent avec l'agent responsable des subventions
plutôt qu'avec les participants de la communauté.
Les initiatives du développement communautaire quant
à elles se distinguent des stratégies de base communautaire dans
plusieurs aspects :
- la problématique ou la question est définie par
la communauté plutôt que par l'agent responsable des
subventions;
- le processus de planification du développement des
initiatives communautaires est continu et basé sur des
négociations entre les organisations et les groupes communautaires, avec
un travailleur communautaire agissant comme médiateur ;
- le développement communautaire est axé sur la
capacité potentielle de la communauté, c'est-à-dire son
habileté collective à contrôler les facteurs
d'influence.
Cependant, à voir de près, ce cadre
récent en dehors d'être centré sur la pleine participation
communautaire semble néanmoins intégrer d'autres aspects des
stratégies à base communautaire. Ce qui rend finalement
complémentaires et flexibles les différents modèles.
3- Complémentarité et flexibilité
des modèles de développement communautaire
La diffusion du changement, l'organisation communautaire et le
cadre récent constituent trois modèles utiles pour décrire
la diversité des orientations en développement communautaire.
Mais en réalité et dans la pratique, très peu de
démarches de développement communautaire correspondent à
un seul modèle. Selon les praticiens, qu'importe le choix du
modèle que l'on fait, l'essentiel est de s'adapter. Car, il demeure
important de toujours garder une marge de flexibilité afin de mieux
s'adapter aux changements éventuels qui pourront s'opérer. En
effet, dans le processus du changement social, les changements obtenus ne sont
pas toujours des changements souhaités. D'où la notion d'effets
pervers, c'est-à-dire des effets non souhaités et gênants,
entravant souvent les effets positifs souhaités et attendus à la
suite de la diffusion d'une innovation.
Tout se passe finalement comme si le modèle type est
finalement celui dont la stratégie s'appuie sur le potentiel des
individus, des réseaux sociaux, des groupes, des communautés et
des ressources. Ceci dans le but de permettre aux populations de prendre en
main leurs problèmes sociaux. Chaque communauté qui a donc fait
son autodiagnostic peut finalement créer son propre modèle de
développement communautaire.
C'est ici que l'approche participative adoptée pendant
la phase terrain de cette étude trouve tout son sens. Car, à
travers ces ateliers et entretiens de groupe, notamment l'arbre à
problèmes, l'arbre à solutions et le diagramme de Venn, la
communauté parvient déjà à mieux se connaître
elle-même : la priorité de ses problèmes, sa
responsabilité, son organisation sociale, ses réseaux, ses
ressources internes, ses compétences, etc.
Ainsi, l'on peut donc affirmer sans se tromper que, toute
cette démarche a déjà constitué sans doute, pour la
communauté de Gboto Zévé, un pas important vers la
conception propre de son modèle développement communautaire.
C- CONCLUSION PARTIELLE : QUEL MODELE DE DEVELOPPEMENT
COMMUNAUTAIRE POUR GBOTO ZEVE ?
D'une part, la question de recherche de cette étude se
proposait de comprendre la relation pouvant exister entre gouvernance locale et
développement communautaire. L'analyse principale des données de
terrain démontre certes que la gouvernance locale a une influence sur le
développement communautaire.
Mais, d'autre part, l'analyse et l'interprétation des
résultats révèlent également une influence de la
régulation globale sur la situation locale de Gboto
Zévé.
Au regard des contraintes générales et
spécifiques du Gouvernement togolais, qui sont quasi les mêmes que
les problèmes rencontrés dans la communauté, il n'est pas
aussi exclu que les politiques publiques aient une influence sur la gouvernance
locale ; même si cette dernière ne saurait être entendue
comme la transposition à une échelle territoriale réduite
de la régulation globale.
Si finalement les contraintes au développement
communautaire de Gboto Zévé ont un lien avec les contraintes
générales du Gouvernement togolais, il est fort probable que les
problèmes que l'on rencontre dans cette localité existent
également ailleurs, dans d'autres villages togolais. Ce qui semble alors
remettre en cause la position de départ (voir cadre théorique de
l'étude) sur la pluralité des voies de développement.
Dans ce sens, cette position donnerait plutôt la
suprématie aux théories généralisantes du
développement, à l'instar de la théorie du cercle
vicieux de sousdéveloppement, des étapes du
développement, et donc par conséquent la notion de
retardataire face à l'innovation (voir schéma
7, page 63).
A la question de savoir quel modèle de
développement communautaire pour Gboto Zévé ? Il convient
de répondre que le modèle adéquat s'inscrit dans le cadre
récent, c'est-àdire celui de l'initiative communautaire.
Toutefois, les approches pouvant être combinées, comme cela a
été noté plus haut, il conviendrait d'ajouter à
cette initiative communautaire un vaste volet mobilisation communautaire. Car,
comme relevé tout au long de ces analyses, la communauté manque
d'initiative, non seulement en l'absence d'un leader (que pourrait constituer
le Comité Villageois de Développement), mais aussi en l'absence
d'une dynamique interne. Il faut également noter une organisation
socio-institutionnelle assez disparate, parce très peu, ou même
pas du tout, ouverte à la collaboration et au partenariat.
A titre de rappel, cette étude s'est effectuée
dans la cadre d'une mission au sein d'une ONG locale. Cette structure qui
intervenait déjà dans d'autres communautés rurales, a bien
voulu, avant toute intervention, comprendre la situation particulière de
Gboto Zévé afin de mieux y orienter ses prochaines actions. Cette
étape, loin de dresser déjà un plan d'action proprement
dit, pour la mise en oeuvre de cette approche mixte (initiative communautaire
et mobilisation communautaire) convenant à Gboto Zévé, se
limitera uniquement à faire quelques recommandations à l'endroit
des principales parties prenantes.
Chapitre VI- RECOMMANDATIONS
Les résultats obtenus à la fin de ce travail
laissent entrevoir l'existence de trois principaux acteurs à l'endroit
de qui s'adressent ces recommandations. Il s'agit tout d'abord de l'association
LUPAJOTE au sein de laquelle nous avons effectué cette mission, ensuite
de la communauté locale de Gboto Zévé, et enfin de l'Etat
togolais.
A- RECOMMANDATIONS A L'ENDROIT DE LUPAJOTE TOGO
Les recommandations à l'endroit de cet acteur concernent
la pertinence de ses microprojets, son efficacité interne et la
durabilité de ses actions.
> Pertinence des
microprojets:
v' Il faut veiller à ce que les idées de projets
soient conformes aux problèmes soulevés dans l'arbre à
problèmes :
- création d'une pharmacie communautaire ;
- acquisition du matériel d'analyse ;
- appui à la mise en place d'un comité de
santé, etc.
> Efficacité interne
L'un des points forts de LUPAJOTE est son réseau de
partenaires qui contribue déjà à sa visibilité sur
les plans national et international, en peu de temps seulement d'existence.
Cependant, il est impératif d'agir sur l'organisation et le
fonctionnement internes de la structure qui doit renforcer (améliorer)
son efficacité interne pour passer de l'approche humanitaire à
l'approche du développement, ceci par la formation et le renforcement
des capacités de tout le personnel en management des projets.
> Durabilité des actions
- Prendre en compte, et ceci tout au long du cycle du projet
(de la formulation à l'évaluation), toutes les exigences du
développement communautaire participatif : participation locale,
mécanismes d'autonomisation, facteurs de pérennité, etc.
;
- envisager la coopération décentralisée
selon le mode 3 (voir schéma 6, page 56). Il s'agit du mode
ONG/association prestataire, entre collectivité du Nord et
collectivité du Sud, puisque Gboto Zévé n'est pas une
collectivité territoriale décentralisée.
Les recommandations ci-dessus faites à l'endroit de la
structure d'intervention trouvent leur sens si et seulement si, de l'autre
côte également, la communauté envisage un changement
profond de son organisation.
B- RECOMMANDATIONS A L'ENDROIT DE LA COMMUNAUTE
La communauté locale de Gboto Zévé doit
surtout améliorer son cadre institutionnel et s'ouvrir au
partenariat.
> Améliorer le cadre
socio-institutionnel
Il s'agit tout d'abord pour Gboto Zévé
d'améliorer son cadre socioinstitutionnel. Comme l'a si bien
démontré le diagramme de Venn en début d'analyse, les
différentes structures sensées développer des initiatives
de développement sont très disparates et
désorganisées. Par conséquent, les actions suivantes
s'imposent :
- la refondation entière du CVD ;
- la redéfinition du rôle des jeunes et des femmes
pour une participation plus importante aux affaires du village ;
- la remise sur pied du comité de santé.
Celui-ci s'intéressera aux questions de santé sous tous ses
aspects. C'est-à-dire des aspects individuel et communautaire tels que
la sensibilisation pour le changement de comportement, en passant par les
aspects de gestion interne du centre de santé. Ce comité de
santé serait entre autres, l'organe de participation de la
communauté au fonctionnement du dispensaire. Et donc, en tant que relais
communautaire, il serait par conséquent très actif pour la mise
en oeuvre des projets éventuels dans le cadre d'un partenariat.
> S'ouvrir au partenariat
Un autre point faible de l'organisation du village est
l'inexistence des partenariats. Il n'a été constaté aucune
collaboration importante avec une communauté voisine ou une autre
structure en charge du développement rural. Or une démarche
partenariale de développement de la communauté est
nécessaire et même impérative, pour toutes les
municipalités et acteurs locaux qui souhaitent développer des
projets concertés d'amélioration de la qualité de vie.
Pour y parvenir, Gboto Zévé doit :
- gérer ses conflits intra et intercommunautaires
(rechercher la cohésion sociale);
- prospecter auprès des ONG et associations pour
solliciter d'éventuelles collaborations.
Evidemment, tout ceci ne serait être possible sans une
vision partagée du CVD et de l'ensemble de la population, laquelle
vision doit être matérialisée à travers un plan de
développement de la localité.
C- RECOMMANDATIONS A L'ENDROIT DE L'ETAT
La présentation générale du Togo a permis
de comprendre que la pauvreté y est profondément rurale. Aussi,
la discussion des résultats de l'étude révèle que
plusieurs dysfonctionnements identifiés à Gboto
Zévé ont un lien avec les politiques publiques et les contraintes
du Gouvernement togolais.
C'est dire que la situation de ce village peut être commune
à plusieurs autres villages togolais. Alors il est important pour l'Etat
de :
- rendre effectifs les mécanismes permettant d'associer
les populations à la prise en charge de leur problème de
santé ;
- disposer d'un cadre dans lequel les populations pourront
assurer la maîtrise d'ouvrage de leurs initiatives de
développement communautaire ;
- accélérer le processus de décentralisation
;
- préparer et mettre sur pied la politique de
développement rural.
CONCLUSION
Au terme de cette étude où il était
question de savoir quelle est la relation entre gouvernance locale et
développement communautaire, il convient d'en rappeler les principales
articulations avant de tirer des conclusions.
Le constat de départ était le suivant : alors
que certaines populations n'ont pas encore accès aux soins de
santé primaire selon les normes de l'OMS, d'autres par contre, à
l'instar du village de Gboto Zévé, en disposent et pourtant ne
les fréquentent pas. De ce constat, nous avons posé le
problème en termes de gouvernance locale et développement
communautaire, en relevant l'importance de l'implication et de la participation
effective des populations locales à la bonne marche de leurs affaires,
leur bien être ne dépendant pas uniquement de la performance des
politiques publiques, et donc de l'action de l'Etat.
Pour aborder ce problème ou répondre à la
question de recherche, trois objectifs spécifiques ont été
fixés à savoir : déterminer les causes du faible taux de
fréquentation du centre de santé , évaluer le
système de gouvernance locale en vigueur dans la communauté, et
faire des propositions pour l'amélioration du cadre de gouvernance
locale de Gboto Zévé.
Dans le but d'atteindre ces objectifs, la démarche
méthodologique s'est appuyée sur la méthode qualitative,
essentiellement basée sur les approches participatives. Il s'est agit
des groupes de discussion, des outils de la MARP tels que l'arbre à
problèmes pour le diagnostic communautaire, l'arbre à solutions
pour établir les responsabilités des acteurs, et le diagramme de
Venn pour l'analyse socio-institutionnelle. L'analyse des données
recueillies a conduit aux principaux résultats suivants :
1- les causes du faible taux de fréquentation
du centre de santé ne relèvent pas uniquement de la
responsabilité des acteurs locaux, mais aussi de l'influence de la
régulation globale ;
2- le système de gouvernance locale de Gboto
Zévé a une influence négative sur sa dynamique de
développement communautaire ;
3- une réforme totale du cadre
socio-institutionnel est nécessaire pour l'amélioration du
système de gouvernance locale.
L'on peut ainsi affirmer par ces résultats, que les
objectifs spécifiques fixés en début de cette étude
ont été atteints.
Toutefois, le contexte étant celui de la
Recherche-Action, quelques recommandations, ont été
formulées à l'endroit des parties prenantes, surtout à
l'endroit de LUPAJOTE Togo pour l'efficacité de ses interventions
futures dans la localité. La limite de ses recommandations demeure
cependant leur mise en oeuvre au niveau des deux acteurs que sont la
communauté et surtout l'Etat. Ce qui rejoint sans doute une des limites
même du champ scientifique de l'étude à savoir une approche
de développement communautaire durable plutôt qu'une
évaluation générale des politiques publiques
togolaises.
En définitive l'on peut se demander si seule
l'intervention de LUPAJOTE sera efficace pour le changement, vu que,
finalement, l'action combinée et concertée des trois acteurs que
sont la communauté, l'ONG prestataire et l'Etat s'avère
nécessaire pour un développement communautaire durable.
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- PEZET A., et SPONEM S., (sous la direction de) : Petit
bréviaire des idées
reçues en management, Paris, La Découverte, 2008,
297 pages.
- Programme Management Institute : Guide du corpus des
connaissances en management de projet, New York, PMI, 2004,
2ème édition, 389 pages.
IV- Documents électroniques
- Groupe de la Banque Africaine de
Développement et Al, Annuaire statistique pour l'Afrique 2011, document
disponible sur les sites
www.afdb.org,
www.au.int, et
www.uneca.org, 346 pages.
- Centre d'Aide à la Rédaction
des Travaux Universitaires (Rédaction aux Etudes Supérieures),
Rédiger une revue de la littérature, Université
d'Ottawa, 2007, 5 pages. (Document en ligne sur le site
www.sass.uottawa.ca/redaction
).
- Fonds International de Développement
Agricole (FIDA) : Choisir ce qu'il faut suivre et évaluer, guide
pratique de suivi et évaluation des projets, septembre 2010 ,36
pages, [document en ligne] sur le site
www.ifad.org, consulté
le 18 septembre 2010.
- JACOB S., et al : L'évaluation
participative en action, le projet
d'évaluation des pratiques du Centre jeunesse de
Québec-Institut universitaire, N°2, 2010, [document en ligne]
sur le site
www.perfeval.net), 84
pages.
- Ministère de l'Economie et du
Développement et PNUD Togo: Profil de la pauvreté et de la
vulnérabilité au Togo, version 2, Lomé, mars 2007, 97
pages, [document en ligne] sur le site
www.tg.undp.org,
consulté le 06 avril 2011.
- République Togolaise et Banque
Mondiale : Le projet de Développement Communautaire (PDC),
(sans date), [Document en ligne] sur le site
www.mindevbase.tg,
consulté le 06 avril 2011, 22 pages.
- République Togolaise et Banque
Mondiale : Le Togo se mobilise autour des OMD, 3ème
rapport de suivi des Objectifs du Millénaire pour le
Développement, avril 2010, 41 pages, document en ligne sur le site
www.tg.undp.org,
consulté le 06 avril 2011.
V- Lexiques
- BETBEZE, J-P., Les 100 mots de l'économie,
Paris PUF, 4ème édition, août 2010, 127
pages.
- GRAWITZ, M., Lexique des sciences sociales, Paris
Dalloz, 2004 ,8ème édition, 421 pages.
VI- Articles, communications, revues et
périodiques
- << Le développement
communautaire, une stratégie pour promouvoir la santé des
franco-ontariens ». document sans auteur, février 2001, 2 pages,
disponible sur le site
http://www.opc.on.ca/fls/devcomft.html.
- Bulletin de liaison de l'agence de la
santé et des services sociaux de l'Abitibi-Témiscamingue.''Les
projets villes, villages, territoires et communautés en santé,
qu'est ce que ça donne'', Chronique 1,2 et 3 de septembre à
décembre 2006, 6 pages.
- Groupement de Recherches Economiques et
Sociales, Université Montesquieu-Bordeaux 4 et
Université des Sciences Sociales Toulouse 1. <<La
dynamique institutionnelle des territoires : entre gouvernance locale et
régulation globale ». Cahier du GRES,
N° 2003-5, mai 2003, document en ligne sur le site
http://www.gres-so.org, 15
pages.
- GUISNEL, I., `'Les indicateurs de bonne
gouvernance : Fabrique et pratique
des indicateurs de gouvernance». Séminaire
régional sur la gouvernance au
sudi, document en ligne sur le site
www.bj.refer.org/ofpa/ofpa,
11pages. - Institut Renaudot. avril 2003. Au sujet de la
santé, 6 pages.
- Levasseur, G., << la santé
communautaire », la revue Exercer Janvier / Février 2005,
N° 072-7, document en ligne sur le site
www.resmed.univrennes1.fr,
4 pages.
- Minfegue, Assouga, C., le diagnostic
participatif comme espace fortuit de projection, de concertation et de <<
contrôle » entre << administrateurs » et <<
administres », les cahiers de l'IGAC, n°5, février 2011, 7
pages.
- Nyeck, C., << Que retenir de l'analyse
et l'évaluation des politiques
publiques ? », les cahiers de l'IGAC, n° 6
février 2011, 6 pages.
VII- Sites internet
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www.interieur.gouv.tg,
<< programme de décentralisation au Togo », consulté
le 06 avril 2011.
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www.tg.undp.org, <<
profil de la vulnérabilité au Togo », consulté le 06
avril 2011.
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suivi-évaluation des projets », consulté le 10 septembre
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www.scn.org/gcad/modules/parinf.htm,
« recherche participative », consulté le 15 mars 2011
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www.rechercheparticipative.org,
<< recherche participative », consulté le 15 mars 2011
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Statistiques structurelles et conjoncturelles», consulté le 19
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www.mémoireonline.com,
consultation continue des mémoires divers ;
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http://blocarchive.opc.on.ca,
Bulletins d'information en promotion de la
santé (Bloc Notes du Centre ontarien
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www.igacinst.org, les
cahiers de l'IGAC, consulté le 02 juin 2011. -
www.gouv.tg, les
collectivités locales, consulté le 11 août 2011.
ANNEXES
ANNEXE I
GUIDE DE DISCUSSION SEMI-DIRECTIF
Caractéristiques du groupe
Cible :
Taille du groupe :
Composition du groupe : Hommes ( ) Femmes ( ) Jeunes ( ) Vieux (
) Age :
Durée de la discussion:
Animateur : Présentez tout d'abord en détail les
objectifs de l'étude aux
participants, briser la glace et rassurer le groupe de la
confidentialité des
déclarations.
I- EVALUATION DE LA GOUVERNANCE LOCALE A-
Responsabilité des acteurs locaux
Animateur : Commencez si possible cette section avec l'atelier
sur l'arbre à
problèmes.
- Quels sont selon vous les principaux problèmes du
village
- Pouvez-vous les classer par ordre de priorité ?
- Pouvez-vous proposer des solutions à ces
problèmes ?
- Que pensez-vous que la communauté à un rôle
à jouer dans la résolution de ces problèmes?
- Si oui quel est ce rôle ?
- Si non pourquoi ?
ANNEXE I (SUITE)
B- Organes et mécanismes de participation
- Quels sont les associations et autres regroupements qui
existent dans le village ?
Animateur : Relancez en termes de comités, d'associations
de femmes, de jeunes,
de cultivateurs, de parents d'élèves, etc.
- Parmi ces groupements communautaires quels sont ceux qui ont
une relation avec le centre de santé ?
- En quoi consiste cette relation ?
Animateur : Introduire si possible l'atelier participatif sur le
diagramme de Venn à ce
niveau.
C- Transparence -
Connaissez-vous le mode de fonctionnement du centre de santé ?
Animateur : Relancez uniquement en termes de mécanisme
d'approvisionnement
en médicaments, paiement du personnel vacataire et autres
charges de
fonctionnement général.
- Si oui : Quels sont selon vous les points à
améliorer ?
- Si non : souhaiteriez-vous comprendre davantage ce mode de
gestion interne ? - Pourquoi ?
II- ANALYSE DU CHAMP DE FORCE
Cette séquence a pour but d'identifier les facteurs
éventuels de résistance au changement
- Souhaitez --vous fréquenter à nouveau le centre
de santé ? - Pourquoi ?
- Selon-vous que comment faut-il envisager le changement ? -
Quels sont les obstacles qui se poseraient à cette initiative ?
ANNEXE I (Suite et fin)
III- ATTENTES
- Quelles sont vos attentes de façon
générale en ce qui concerne le développement du
village?
- Quelles sont vos attentes particulières en ce qui
concerne le domaine de la santé ?
Animateur : Terminer la discussion et remerciez .
ANNEXES II
DISCUSSIONS DE GROUPE ET ATELIERS MARP
Arbres à problèmes et diagramme de Venn
PLAN SANITAIRE DU DISPENSAIRE DE GBOTO ZEVE
ANNEXE III
ANNEXE III (Suite et fin)
ANNEXE IV
Vue de l'extérieur Salle des patients
Pharmacie Salle de soins
CENTRE DE SANTE DE GBOTO ZEVE
ANNEXES IV (Suite et fin)
Salle des malades Incinérateur
TABLE DES MATIERES
LISTE DES SIGLES ET ABBREVIATIONS .iii
LISTE DES TABLEAUX ET ILLUSTRATIONS v
REMERCIEMENTS ii
RESUME .vi
ABSTRACT vii
i
SOMMAIRE 1
INTRODUCTION 3
Première partie : PRESENTATION DU TOGO , CADRES
THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE DE L'ETUDE .5
Chapitre I - PRESENTATION DU TOGO 6
A- SITUATION GEOGRAPHIQUE, ORGANISATION POLITIQUE ET
ADMINISTRATIVE 6
1- Situation géographique 6
2- Situation politique 8
3- Organisation administrative 8
B- SITUATION DEMOGRAPHIQUE, ECONOMIQUE ET SOCIALE
10
1- Démographie 10
2- Economie 11
3- Social 12
C- CONTRAINTES ET PERSPECTIVES 14
1- Contraintes générales 14
2- Contraintes spécifiques 14
3- Perspectives 14
Chapitre II- CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE .18
A- PROBLEMATIQUE 18
1- Position du problème 18
2- Question de recherche 20
3- Objectifs de l'étude 21
4- Intérêts et limites de l'étude 21
5- Délimitation du champ de l'étude 22
B- SYNTHESE DE LA REVUE DE LA LITTERATURE 23
1- Disponibilité des sources 23
2- Revue critique de la littérature 24
C- CADRE D'ANALYSE 26
1- Théorie 26
2- Définition des termes et mots-clés 26
Chapitre III - CADRE METHODOLOGIQUE DE L'ETUDE
31
A- TECHNIQUE D'ETUDE 31
1- Justification du choix de la technique d'étude 31
2- Difficultés de terrain 32
B- COLLECTE DES DONNEES ET ECHANTILLONNAGE 32
1- Présentation de la zone d'étude 32
2- Echantillonnage 35
3- Méthode et Outils de collecte de données 36
C- METHODE DE TRAITEMENT ET D'ANALYSE DES DONNEES
38
1- Retranscription directe des entretiens 38
2- Analyse principale 39
3- Analyse secondaire 39
Deuxième partie: RESULTATS ET DISCUSSION
40
Chapitre IV- RESULTATS .41
A- RESPONSABILITE DES ACTEURS LOCAUX 41
1- Arbre à problèmes 41
2- Arbre à solutions .44
B- ORGANES ET MECANISMES DE PARTICIPATION EXISTANTS
46
1- Cadre socio-institutionnel 46
2- Participation à la gestion des affaires du village
47
C- TRANSPARENCE 49
1- Absence d'un organe de concertation 49
2- Absence de participation des acteurs locaux et
dysfonctionnement des institutions 49
|
Chapitre V- DISCUSSION
|
.51
|
A- INFLUENCE DU CADRE GLOBAL
|
51
|
1- Similitude des problèmes au niveau local et au niveau
national
|
51
|
2- Limites de la décentralisation
|
53
|
3- Insuffisance des financements dans le
secteur de la santé
|
57
|
|
B- DIFFERENTS MODELES DE DEVELOPPEMENT
|
|
COMMUNAUTAIRE
|
58
|
1- Pourquoi une stratégie d'intervention
?
|
58
|
2- Modèles de développement
communautaire en vigueur
|
61
|
a) Diffusion de l'innovation
|
62
|
b) Mobilisation communautaire
|
64
|
c) Cadre récent
|
65
|
3- Complémentarité et
flexibilité des modèles de développement communautaire
|
66
|
C- CONCLUSION PARTIELLE : QUEL MODELE DE
|
|
DEVELOPPEMENT COMMUNAUTAIRE POUR GBOTO ZEVE ?
|
67
|
Chapitre VI- RECOMMANDATIONS
|
69
|
A- RECOMMANDATIONS A L'ENDROIT DE LUPAJOTE
TOGO......
|
69
|
B- RECOMMANDATIONS A L'ENDROIT DE LA
COMMUNAUTE...70
C- RECOMMANDATIONS A L'ENDROIT DE L'ETAT 72
CONCLUSION ..73
BIBLIOGRAPHIE 75
ANNEXES 80
ANNEXE I ...I
ANNEXE I (Suite) II
ANNEXE I (Suite et fin) ..III
ANNEXES II ..IV
ANNEXE III ..V
ANNEXE III (Suite et fin) .VI
ANNEXE IV VII
ANNEXES IV (Suite et fin) .VIII
|