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Influences circadiennes sur le jugement social

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par Sébastien Stuhec
Université Libre de Bruxelles - Master en sciences psychologiques à  finalité spécialisée neuropsychologie et développement cognitif 2011
  

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Faculté des Sciences Psychologiques et de l'Éducation

Influences circadiennes sur le jugement social

STUHEC SEBASTIEN Mémoire réalisé sous la direction

de Messieurs les Professeurs Philippe Peigneux et Olivier Klein en vue de l'obtention du grade de Master en Sciences Psycholojques.

Abstract

Nous avons pour objectif d'approfondir les résultats d'un article de Bodenhausen, 1990 qui mettait en évidence une variation circadienne du jugement social. Afin de sélectionner la population de notre étude, 805 personnes ont répondu à un questionnaire de chronotype (sujets du matin ou du soir) en ligne. Sur base des scores à ce questionnaire, 48 sujets ont été testés à leur domicile, 24 extrêmes du matin (âge moyen : 47 ans) et 24 extrêmes du soir (âge moyen : 34 ans). Nous avons testé chaque sujet à deux reprises : une passation au moment optimal (matin pour les matinaux, soir pour les vespéraux) et une passation au moment non-optimal (soir pour les matinaux, matin pour les vespéraux) de leur journée. Dans chaque groupe, la moitié des sujets a commencé par la passation optimale et l'autre groupe par la passation non-optimale et il s'est écoulé 7 à 10 jours entre les deux passations. L'inertie de sommeil a été contrôlée en faisant passer les sujets 1h30 et 10h30 après leur réveil. Les sujets ont passé 4 tâches dont l'ordre de passation a été contre-balancé. Ces tâches mesurent la vigilance (tâche de vigilance psychomotrice), l'inhibition (GoNoGo), le jugement social explicite (échelle de préjugés explicite) et implicite (tâche d'association implicite IAT). Notre étude met en évidence une variation circadienne de la vigilance uniquement chez les sujets du soir, ceux-ci étaient plus rapides au moment optimal de leur journée y compris lorsque l'on fait covarier l'âge dans les analyses. Nos résultats n'indiquent pas de différence significative aussi bien pour le jugement social implicite qu'explicite. Nous n'avons également pas trouvé de différence significative pour l'inhibition mais nous restons prudents pour cette mesure en raison d'un problème d'encodage.

Remerciements

3

Remerciements

Il est un certain nombre de personnes sans qui la réalisation de mes études et de mon mémoire auraient été fortement compromis et à toutes ces personnes je souhaite dire merci !

Les nombreuses difficultés que représente ce travail ont vu un éclairage sans égal grâce à mes promoteurs Philippe Peigneux et Olivier Klein qui se sont montrés toujours à la hauteur. Je tiens également à remercier Philippe Bernard pour les nombreuses heures qu'il m'a consacré et Nicolas Van Der Linden qui m'a été d'un grand secours.

Je tiens à remercier ma maman qui a toujours cru en moi et m'a apporté un soutien inconditionnel. Ma famille et belle-famille ne sont pas en reste et je leur offre toute ma gratitude pour les innombrables coups de pouce qu'ils m'ont apporté, je pense notamment à ma chérie Floriane, sa mère Marie et son père Jean-Louis.

J'ai une pensée également en écrivant cette partie pour le cercle de psychologie, tous ses membres et surtout tous mes amis. Cette formidable association m'a permis de tenir bon quand le moral l'était moins et le soutien de tous ceux qui la compose est une incroyable richesse.

Je remercie également les 805 personnes qui ont pris le temps de répondre à mon questionnaire de chronotype, à toutes celles qui ont bien voulu relayer l'information et aux quelques-unes qui m'ont aidé dans la rencontre avec les bénévoles et dans mes déplacements.

Il serait malhonnête de clôturer cette partie sans remercier les 49 bénévoles qui ont accepté que je vienne à des horaires invraisemblables leur faire passer des tâches qui avaient un gout plutôt amer pour certains d'entre eux.

A toutes ces personnes et aux nombreux que j'oublie probablement, merci !

Table des matières

4

Table des matières

Préface 6

I. Introduction 7

1 Jugement social 7

1.1. Concepts du jugement social 7

1.1.1. Attitudes, croyances et intentions 7

1.1.2. Préjugés, stéréotypes et discrimination 8

1.1.3. Représentation mentale et formation d'impression 8

1.2. Le stéréotype : historique 9

1.3. Contenu des stéréotypes 10

1.3.1. Modèle par exemplaires et modèle par prototype 10

1.3.2. Contenu descriptif et contenu explicatif 11

1.4. Caractéristiques et fonctions 12

1.5. Facteurs cognitifs de maintien des stéréotypes 12

1.5.1. Catégoriser la cible 12

1.5.2. Assimiler les attributs de la cible 13

1.5.3. Interpréter le comportement de la cible 13

1.5.4. Expliquer les causes du comportement de la cible 14

1.5.5. Se souvenir de la cible 14

1.5.6. Généraliser la perception de la cible á sa catégorie sociale 14

1.6. Activation du stéréotype 15

1.6.1. Automaticité 15

1.6.1.1. L'activation des stéréotypes est-elle vraiment automatique ? 16

1.7. Mesure des stéréotypes 16

1.7.1. Tfiche d'association implicite 17

1.7.2. Les mesures indirectes des préjugés 17

2. Fonctions exécutives 18

2.1. L'inhibition 19

2.1.1. Au niveau cognitif 19

2.1.1.1. Historique 19

2.1.1.2. La relation lobe frontal-inhibition. 20

2.1.1.3. Inhibition contrôlée et automatique. 20

2.1.1.4. Caractéristiques de l'inhibition 21

2.2. Evaluation 22

2.3. Inhibition et stéréotypes 24

3 Les rythmes 25

3.1. Les rythmes biologiques 25

3.2. Régulation homéostatique 25

3.3. Les rythmes circadiens 26

3.3.1. Endogènes 26

3.3.2. Génétiquement déterminés 27

3.3.3. Synchronisés 27

3.4. Interaction entre rythmes circadiens et régulation homéostatique 28

3.5. Paradigmes d'exploration 29

3.5.1. Désynchronisation forcée 29

3.5.2. Routine constante 30

3.5.3. Chronotype 30

3.5.4. Contraintes méthodologiques 32

3.5.4.1. Difficulté de la tâche 32

Table des matières

5

3.5.4.2. Différences inter-individuelles 33

3.5.4.3. Inertie de sommeil 33

3.6. Relation avec les fonctions cognitives 33

3.7. Chronotype et inhibition 34

3.8. Chronotype et stéréotypes 35

Questions de recherche et hypothèses 37

Hypothèses 37

II. Méthode 39

Sélection de la population 39

MEQ (Morning Evaluation Questionnaire) 39

Plan expérimental 40

Expérience 41

Tâche Go/No-Go (inhibition) 41

Tâche de vigilance psychomotrice (PVT) (vigilance) 42

Tâche d'association implicite (IAT) (jugement social implicite) 43

Echelle explicite de préjugés (jugement social explicite) 44

III. Résultats 46

Tâche de vigilance psychomotrice 46

GoNoGo 48

Tâche d'association implicite 51

Echelle explicite de préjugés 52

Corrélations 54

IV. Discussion 55

Rappel des hypothèses 55

Résultats principaux et interprétation 56

Tâche de vigilance psychomotrice 57

Tâche GoNoGo (mesure de l'inhibition) 58

Echelle explicite 60

Tâche d'association implicite (IAT) 61

Bibliographie 63

Articles 63

Synthèses d'articles 66

Cours 67

Chapitres de livres 67

Livres 68

Ressources multimédia 69

Sites Internet 69

Thèses et mémoires 70

Thèses et mémoires en ligne 70

Annexes 71

Annexe 1 : Questionnaire de chronotype en ligne 71

Annexe 2 : Echelle explicite de préjugés 76

Preface

En 1990, Galen Bodenhausen mettait en évidence que le jugement social peut être influencé par les rythmes circadiens, un type de rythme biologique d'une durée d'environ 24 heures. En d'autres termes, le jugement social serait influencé par le moment de la journée.

Bodenhausen parvient à ces résultats en étudiant un premier groupe de sujets qui se lèvent très tôt le matin dits extrêmes du matin et un second groupe de sujets qui se lèvent tard dit extrêmes du soir. Il demande à ces participants d'émettre un jugement social sur un texte. Il constate alors que lorsque le moment de la journée ne leur est pas favorable (soir pour les sujets du matin, matin pour les sujets du soir), les sujets sont plus enclins à porter un jugement social davantage défavorable.

Quel mécanisme pourrait expliquer cette variation circadienne du jugement social ?

Une réponse à cette question pourrait être l'inhibition cognitive. Cette fonction cérébrale est la capacité à refreiner ses réactions spontanées. En d'autres termes, l'inhibition permet de s'empêcher de produire certaines réponses. Dans l'étude de Bodenhausen, nous pouvons nous interroger si c'est ce dont il est question. Le sujet, dans un moment qui n'est pas optimal pour lui, ne parvient pas à inhiber un jugement défavorable. Ce point va donc nous intéresser ici, l'inhibition cognitive et le jugement social sont-ils liés. Est-ce l'activation de ce mécanisme qui rend compte de la variation circadienne du jugement social ? Si tel est le cas nous devrions observer tout d'abord une variation circadienne de l'inhibition et cette variation devrait être similaire à celle du jugement social. Autrement dit, le moment n'est pas idéal pour moi, je ne parviens pas à inhiber et mon jugement social s'en ressent, il est plus défavorable.

I. Introduction

Il est tôt le matin, je suis réveillé par le bruit assourdissant que ma voisine fait avec son sèchecheveux. Ni une ni deux, ça trotte dans ma tête, il n'y a qu'une femme pour faire ça. Et si mon horloge interne n'était pas totalement étrangère à ma production de stéréotypes ?

Cette question, à première vue anodine, pourrait n'être pas négligeable dans le milieu des soins ou celui du droit. En effet, si une infirmière à domicile ou un neuropsychologue ont des stéréotypes sur les personnes d'origine étrangère différents le matin du soir, la prise en charge peut s'en trouver différente.

Pour ce travail nous allons donc nous intéresser à trois dimensions : le jugement social, les rythmes circadiens et les fonctions exécutives.

Nous allons commencer par nous interroger sur ce qu'est le jugement social. 1 Jugement social

1.1. Concepts du jugement social

1.1.1. Attitudes, croyances et intentions

Dimension
conative

Dimension
cognitive

 
 

Dimension
affective

Intention

Je vais acheter
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Attitude

J'aime
le nouveau disque
de Richard Séguin

Sources de la croyance Croyance

Expérience personnelle

J'ai écouté le nouveau disque de Richard Séguin Interaction sociale

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Inférence

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Figure 1 : attitude, croyance et intention (Bédard, Déziel & Lamarche, 2006)

Comme l'illustre la figure 1, on peut distinguer 3 dimensions de la personne. L'attitude est un état affectif favorable ou défavorable que l'on ressent envers tout ce qui peut être représenté, incluant les personnes. L'attitude tient du domaine affectif et transparait dans les croyances et intentions de la personne.

Une croyance est une conviction se rapportant à tout objet représentable. Elle trouve trois origines possibles : l'expérience personnelle, l'interaction sociale et l'inférence.

Les intentions, elles, relèvent du domaine des actions qui sont projetées envers un objet/sujet concret, abstrait réel ou imaginaire (Bédard, Déziel & Lamarche, 2006).

1.1.2. Préjugés, stéréotypes et discrimination

Le stéréotype est une croyance répartie sur les traits d'individus se rapportant à un groupe. Le stéréotype est donc une conviction.

Le préjugé est une attitude, générale dépréciative envers les individus d'un groupe. Le préjugé est donc un état affectif.

La discrimination est un comportement dévalorisant vis-à-vis de personnes d'un groupe. Un comportement est la partie d'une action qui est visible à un observateur. La discrimination relève donc de l'action (Bédard et al., 2006).

1.1.3. Représentation mentale et formation d'impression

On distingue 3 formes de représentations : les représentations imagées, les représentations propositionnelles et les représentations liées à l'action.

- Les représentations imagées permettent de coder les renseignements visuels : agencement dans l'espace, structure, couleur, etc.

- Les représentations propositionnelles sont fortement reliées au langage et reflètent notre connaissance sur les caractères des objets de notre environnement et sur les rapports que ces objets entretiennent.

- Les représentations liées à l'action sont relatives à l'exécution et à l'aspect sémantique,

elles sont une connaissance implicite sur le développement et la régulation de l'action.

Les représentations mentales nous permettent de stocker l'information en ceci que leur contenu sur les objets, situations ou événements est conservé en mémoire. Ensuite, comme vu plus haut elles nous renseignent sur le monde, l'explicitent. Qu'il s'agisse des représentations transitoires, conservées en mémoire de travail ou des représentations permanentes, stabilisées dans la mémoire à long terme, les informations doivent être rapidement accessibles. Enfin, elles permettent de guider l'action des individus en ceci qu'elles lui décrivent l'environnement (Meunier, 2009).

Les processus impliqués dans les attributions causales et les représentations mentales des autres sont au coeur de la perception interpersonnelle. Les impressions que nous formons des autres guident nos attentes, nos perceptions et interprétations des comportements des autres mais aussi nos réponses cognitives, affectives et comportementales envers les autres (Mrug & Hoza, 2007).

1.2. Le stéréotype : historique

Nous pouvons facilement percevoir la présence de stéréotypes néanmoins ce concept n'est pas si évident à saisir. On trouve ce terme dès le 18ème siècle, il trouve sa racine étymologique dans les mots grecs stereos (solide) et tùpos (empreinte, caractère), il correspond à cette époque à un procédé d'impression qui permet de « convertir en planches solides un seul bloc des pages préalablement composées en caractères mobiles " (Mortier, 1963; in Légal, 2008). Les stéréotypes offraient un mécanisme typographique rapide, peu onéreux mais de peu de valeur.

Un siècle plus tard, le concept de stéréotypie est appliqué par les psychiatres pour dénommer une attitude sous un angle temporel et topographique (Ashmore & Del Boca, 1981 ; in Légal, 2008). On peut dès lors remarquer que dès sa conception, le stéréotype se réfère à quelque chose de figé, constant, rigide et répété (Légal, 2008).

On doit le terme de stéréotype en sciences sociales à Lippman qui en 1922 perçoit cette notion comme un mécanisme simplificateur qui permet de gérer « l'environnement réel, qui est à la fois trop grand, trop complexe et trop évanescent pour une connaissance directe " (Lippman, 1922 ; in Bosche, 2007).

En 1943, Jean Stoetzel, apporte des précisions sur la notion de stéréotype. Il les décrit comme « porteurs de signification " (Pichon, 2009). Le stéréotype est parfois associé à un raisonnement syllogistique (Stening & Everett, 1979 ; in Bosche, 2007). Par exemple : les français font souvent la grève, M. Dupont est français donc M. Dupont fait souvent la grève. En 1987, Fisher (in Pichon, 2009) va plus loin dans la définition du stéréotype et lui attribue la notion de catégorisation fonctionnelle, le stéréotype se définit comme « une catégorisation descriptive simplifiée par laquelle nous cherchons à situer autrui ou des groupes d'individus ".

1.3. Contenu des stéréotypes

Un stéréotype est formé de l'assortiment de divers éléments de connaissances. Il est question d'un système cognitif comprenant des connaissances et des représentations mentales, apposés à une catégorie ou un groupe, et qui est conservé en mémoire. L'appartenance à une catégorie est déterminée selon Bruner, Goodnow et Austin, 1956 (in Légal, 2008) par un nombre fini de traits sachant que chacun d'entre eux est essentiel. Cette vision a rapidement été délaissée au bénéficie des paradigmes de la psychologie cognitive (Légal, 2008). Rips, Shoben et Smith, 1973 (in Johnson, 2001) nuancent cette vision, pour eux certains objets d'une catégorie comme une bouteille ou une plante sont plus typiques d'une catégorie que d'autres objets.

Rosch et Mervis, 1975 (in Johnson, 2001) suggèrent que l'inscription dans une catégorie se fait selon un certain niveau. Une catégorie serait représentée par un élément prototypique qui est le plus caractéristique de celle-ci.

1.3.1. Modèle par exemplaires et modèle par prototype

Deux types de modèles se sont développés pour expliquer la façon dont ces structures cognitives sont acquises : le modèle par exemplaires et le modèle par prototypes. L'approche associationniste est basée sur les principes d'un apprentissage associatif et met l'accent sur l'histoire de l'apprentissage l'individu. Les bons exemples de la catégorie sont ceux qui ont fréquemment été associés à la catégorie dans le passé. La mémoire se limite alors à retenir peu à peu les informations données. Alternativement, la comparaison basée sur la similarité implique un processus de détermination du degré avec lequel un exemple partage les traits ou propriétés commun(e)s avec les exemples stockés du concept. Dans ce cadre théorique, les bons exemples de la catégorie sont ceux qui sont similaires au prototype de la catégorie. C'est donc le prototype et non l'information sur l'objet ou l'individu, qui va permettre de décider l'inscription ou non aux membres de la catégorie (Johnson, 2001).

Recentrons notre question : Qu'est-ce qu'on rencontre au sein du stéréotype ? Il comprend un ensemble de connaissances à propos des traits d'une catégorie, l'aspect physique, le comportement ou la personnalité de ses membres. On y repère des exemplaires typiques de la catégorie (Légal, 2008). Par exemple, examinons quelques traits souvent reliés aux personnes

d'origine nord-africaine. Quand vous songez à cette catégorie d'individus, des traits vous viennent en tête. Au sein de ceux-ci, vous avez peut-être estimé qu'une personne de cette catégorie parle fort et en arabe (comportements), que ses cheveux sont bruns, crépus et touffus (caractéristiques physiques), qu'elle a une réflexion limitée (capacités), est avare et agressive (personnalité). Les stéréotypes que vous exprimez ne sont pas nécessairement négatifs et vous pouvez également penser qu'une personne d'origine nord-africaine est chaleureuse et extravertie (comportements), que son teint est doré et son regard expressif (caractéristiques physiques), qu'elle a de bonnes capacités à courir (capacités), qu'elle est accueillante et généreuse (personnalité). Vous avez éventuellement imaginé le visage de votre voisin, de Tariq Ramadan ou Zinedine Zidane (exemplaire typique).

On trouvera des variations conséquentes concernant le degré de définition et de contenu des stéréotypes. De ce fait, des stéréotypes sont emplis de contenu et amène vers des connaissances s'appliquant à de nombreuses caractéristiques et comportements de la catégorie visée tandis que d'autres seront maigres et seront restreints à un nombre d'informations très faible. Ces variations trouvent leur origine dans différents éléments : culture, enseignement, considération individuelle du stéréotype etc. Le contenu des stéréotypes d'une personne avec un niveau de préjugés élevé sera probablement composé majoritairement d'éléments négatifs (les maghrébins sont paresseux, virulents, etc.) alors que celui des personnes avec un bas niveau de préjugés contiendra non seulement des éléments négatifs mais aussi des éléments positifs (les maghrébins sont virulents mais ils sont bons marathoniens). Les stéréotypes sont donc différents d'une personne à l'autre.

Par définition, les stéréotypes sont des croyances, parfois erronées mais contenant fréquemment des éléments de vérité. Quoi qu'il en soit, les stéréotypes sont des schématisations de la réalité et reflètent une inclination à l'exagération des ressemblances au sein du groupe stéréotypé (Légal, 2008).

1.3.2. Contenu descriptif et contenu explicatif

Le contenu descriptif des stéréotypes est étudié afin de mettre en évidence la perception homogène des autres groupes. Dans ces investigations, une mesure porte sur l'endogroupe et l'exogroupe. Cette mesure peut par exemple être effectuée par questionnaire où les sujets doivent évaluer si les traits proposés s'appliquent ou non à un groupe communautaire (ex : les japonais sont travailleurs). Ce type de mesure permet de mettre en évidence ce que le sujet

exprime explicitement sur une population mais présente l'inconvénient d'être peu sensible notamment à cause du biais de désirabilité sociale.

Le contenu explicatif des stéréotypes concerne la fonction du stéréotype, ses dimensions cognitive, affective et émotionnelle. Les études portent ici sur le « sens commun », c'est-àdire l'explication que tout-un-chacun tente de donner à ses cognitions. Ainsi, lorsque le sujet est placé dans un cas de dissonance cognitive (par exemple : « je suis militant écologiste» or « je prends un bain tous les jours »), on pourra généralement mettre en évidence chez le sujet un travail de rationalisation afin de rétablir la consonance (ex : « je suis en train d'installer un bac de récupération d'eau de pluie pour mon potager biologique, ce qui compense l'eau de mon bain ».)

Ainsi, le stéréotype sert à simplifier l'environnement mais pas uniquement en réduisant l'information, il est aussi pour fonction de remplir un besoin d'explication de la réalité (SalesWuillemin, 2006).

1.4. Caractéristiques et fonctions

L'accessibilité d'un stéréotype correspond à la probabilité qu'un groupe social soit activé. Plus une catégorie est accessible, plus il est vraisemblable que celle-ci soit stimulée par une entité et donc employée pour catégoriser cet élément (Bry, 2008 ; in Pichon, 2009). L'accessibilité serait dépendante de la fréquence et de la récence d'activation. Elle serait essentielle à l'activation d'une catégorie mentale.

L'utilisation majeure des stéréotypes est pratique, ils offrent la possibilité de simplifier la réalité. Ils nous servent dès lors à gérer la quantité d'informations sur les objets et les individus qui nous entourent et guident nos comportements (Klein, 2008-2009).

1.5. Facteurs cognitifs de maintien des stéréotypes

1.5.1. Catégoriser la cible

Les personnes et les objets sont classifiés en catégories. L'appartenance à une catégorie répond de divers facteurs tels que les catégories qui sont souvent activées, la catégorie qui exprime au mieux le comportement de la cible ou encore les buts du moment.

La catégorisation va permettre de simplifier, de mobiliser les acquisitions passées, d'agencer l'environnement et de guider les comportements.

La catégorisation va orienter l'attention et résulter en une accentuation de la similarité des membres d'une catégorie et l'exagération des différences entre catégories (Waroquier & Klein, 2007).

1.5.2. Assimiler les attributs de la cible

Lorsque nous catégorisons un individu comme appartenant à une catégorie sociale particulière (ex : Alexandre est paresseux), pour que le stéréotype que nous portons sur cet individu soit modifié il est nécessaire que de l'information contre-stéréotypique (ex : ma voisine m'a dit qu'il travaille 8 heures par jour dans une association) soit traitée. Néanmoins, cette information est généralement ignorée lors de la formation d'impression et ce pour deux raisons.

Comme vu ci-dessus, les stéréotypes orientent le processus attentionnel (Fiske, 1998 ; in Waroquier & Klein, 2006). Nous recherchons en l'autre ce que nous prévoyons de visualiser. Par exemple, convié chez un ami d'origine maghrébine, notre choix de cadeau se fera peutêtre davantage dans une confiserie de loukoum que dans une fromagerie.

Mais encore, l'information qui est cohérente avec le stéréotype serait plus facilement intégrée (ex: Bodenhausen & Macrae, 1998 ; in Waroquier & Klein, 2006). Il semble plus simple d'assimiler l'information suivant laquelle une femme au foyer fait régulièrement le ménage (comportement stéréotypique) plutôt que d'assimiler qu'elle lit des livres scientifiques (comportement neutre) ou qu'elle consacre ses week-end à la mécanique automobile (comportement contre-stéréotypique). En mémoire, le groupe social et l'attribut seraient unis par des liens de causalité (une femme au foyer doit s'occuper de sa maison et doit donc faire le ménage, etc.), permettant l'assimilation de l'information concordante avec le stéréotype.

1.5.3. Interpréter le comportement de la cible

Les comportements de la cible, neutres ou mêmes contre-stéréotypiques font fréquemment l'objet d'une interprétation biaisée qui renforce le stéréotype.

En 2007, Correll, Park, Judd et Wittenbrink utilisent un jeu vidéo pour simuler des rencontres avec des cibles potentiellement hostiles. Leur étude s'intéresse au biais racial dans une décision tirer/ne pas tirer. L'expérience révèle notamment que la tendance des participants à commettre une erreur (tirer sur un noir non armé ou ne pas tirer sur un blanc armé) est fortement augmentée lorsque ceux-ci ont précédemment lu l'histoire d'un criminel noir.

1.5.4. Expliquer les causes du comportement de la cible

En 1977, Ross (in Riggio & Garcia, 2009) définissait l'erreur d'attribution fondamentale comme étant la tendance à surestimer les facteurs situationnels pour les comportements des autres.

Cette erreur d'attribution fondamentale trouve une place de choix dans les stéréotypes. En effet, l'erreur d'attribution fondamentale est une double tendance, celle d'octroyer les comportements concordants avec un stéréotype à des facteurs internes et la tendance à interpréter les comportements contre-stéréotypiques comme relevant de l'environnement. Ainsi, Jacques apprend l'histoire d'un jeune, Brahim, qui a aidé une femme blessée dans le métro. Jacques explique ce comportement par une attribution extérieure à Brahim (Brahim est étudiant infirmier et ses amis l'ont incité à aider la femme) plutôt qu'à une disposition interne (Brahim est altruiste).

1.5.5. Se souvenir de la cible

Doosje, Spears, De Redelijkheid et Van Onna, 2007 ont étudié le rôle de la consistance sur la mémoire des groupes de hauts et bas statuts. Leurs résultats indiquent une mémoire supérieure pour l'information consistante avec le stéréotype en comparaison avec une information inconsistante. Cependant, leur seconde étude indique que certains sujets (« high-identifiers ») mobilisent davantage de ressources cognitives pour retenir l'information inconsistante et s'en souviennent par conséquent mieux que les autres sujets (« low identifiers »). Cette étude va contre l'idée que l'identification intra-groupe est reliée à l'information favorable à propos de ce groupe. Apparemment, la motivation à résoudre des inconsistances cognitives amènerait à une mémoire supérieure pour les informations nonfavorables comparativement à la motivation à défendre une image positive en retenant uniquement les informations favorables.

1.5.6. Généraliser la perception de la cible à sa catégorie sociale

Même lorsque les gens sont confrontés à des personnes qui remettent en question leur stéréotype sur l'exogroupe, ils admettent des exceptions individuelles en re-cloisonnant le stéréotype (Allport, 1954 & 1979 ; in Dovidio, Glick & Rudman, 2005). Les personnes créent de petits sous-types qui contiennent les exceptions, protégeant ainsi leur catégorie globale.

Les sous-types sont pratiques parce qu'ils permettent aux gens de retenir leurs catégories qui sont confortables. Les gens trouvent pratique de retenir des catégories générales parce qu'elles nécessitent plus d'effort et l'effort est désagréable (Allport, 1954 &1979 ; in Dovidio et al., 2005). Mais cet aspect pratique a ses limites et le sous-type peut alors devenir sous-groupe. Alors que les sous-types maintiennent le stéréotype, les sous-groupes augmentent la perception de variabilité au sein de la catégorie et limitent la perception rigide d'une catégorie (Dovidio et al., 2005).

1.6. Activation du stéréotype

Quand les gens sont motivés à déprécier un individu, ils sont susceptibles d'activer des stéréotypes négatifs qui autrement seraient restés dormants. De manière similaire, quand ils sont motivés à penser fortement à un individu, ils sont plus enclins à activer des stéréotypes positifs qui autrement n'auraient pas été activés. Ces idées peuvent paraitre controversées parce que certaines études ont indiqué que les stéréotypes sont toujours activés de manière automatique lorsque l'individu est exposé aux membres de groupe stéréotypé (cf. Devine, 1989 ; in Kunda & Sinclair, 1999).

Cependant des recherches plus récentes indiquent que l'activation de pensées stéréotypiques n'est pas automatique pour tout le monde ou dans toutes les situations (Radvansky, Copeland & Von Hippel, 2010)

1.6.1. Automaticité

Les premières applications de la distinction entre processus automatiques et contrôlés dans l'étude des préjugés, déclaraient que l'activation des stéréotypes était automatique. Par exemple, Devine en 1989 (in Devine & Monteith, 1999) indiqua que l'activation des stéréotypes ne nécessitait ni intention ni attention ou capacité, ainsi lorsqu'un indice approprié est présenté (ex : genre, niveau social) l'activation du stéréotype suit inévitablement. Devine a interprété les résultats de son étude comme indiquant que l'activation des stéréotypes est automatique aussi bien pour les individus avec un niveau haut que bas de préjugés.

Des études utilisant des procédures alternatives ont également suggéré que les stéréotypes de genre et d'age peuvent être activés automatique. Par exemple, Purdue et Gurtman (in Devine & Monteith, 1999) ont utilisé une procédure de masquage de l'amorçage avant que les sujets n'en soient conscients. L'évaluation des traits négatifs était plus rapide quand ils étaient

précédés d'une amorce « âgé » qu'une amorce « jeune ». Purdue et Gurtman interprètent ces résultats comme un « âgisme » automatique. Selon Devine et selon Purdue et Gurtman, si les participants ne sont pas conscients de l'amorce, leurs réactions ne peut pas refléter un processus contrôlé (Devine & Monteith, 1999).

Banaji et Hardin, 1996 étudient les stéréotypes de genre en utilisant un temps de présentation entre l'amorce et la cible relativement court, empéchant l'exécution de processus contrôlés. Les jugements pour des paires amorce-cibles consistent sont plus rapides que les jugements pour les paires inconsistantes indiquant une activation automatique des stéréotypes concernant le genre.

1.6.1.1. L'activation des stéréotypes est-elle vraiment automatique ?

L'automaticité regroupe au moins 4 traits qui peuvent être définis en relation avec les objectifs : (non) intentionnel, (in)contrôlé/ (in)contrôlable, autonome, dirigé vers un but, (in)dépendant d'un but (Moors & De Houwer, 2006)

De ces caractéristiques, Bargh, 1989 (in Devine & Monteith, 1999) distingue 3 types d'automaticité :

- L'automaticité pré-consciente : processus automatiques qui se produisent avant la prise de conscience et ne nécessitant que la présence d'un élément déclencheur pour être initiés.

- L'automaticité post-consciente : elle requière certains types de traitement conscient

des stimuli pertinents mais les résultats de ce traitement sont involontaires

- L'automaticité dépendante du but : elle requière un traitement intentionnel, dirigé

vers un but dont les résultats peuvent être volontaires ou non.

1.7. Mesure des stéréotypes

Pour évaluer l'application de stéréotypes et préjugés, de multiples procédés ont été élaborés. Les techniques ont évolué depuis les mesures classiques relativement globales et extrêmement directes, en passant par les mesures d'accessibilité et les mesures classiques et indirectes des préjugés plus fines. Toutes ces approches montrent cependant des bénéfices et des désavantages.

Au fil du temps, la mesure des préjugés a évolué jusqu'à des mesures indirectes moins réactives et sensibles aux normes sociales.

1.7.1. Tâche d'association implicite

Une tâche d'association implicite (IAT) mesure la différence d'association entre 2 concepts cible et un attribut. Les 2 concepts apparaissent dans une tâche à deux choix (ex : insectes/fleurs) et l'attribut dans une seconde tâche (ex : plaisant/déplaisant). Quand les instructions obligent à répondre dans le sens d'une haute association entre catégories (ex : insectes + déplaisant), la performance est plus rapide que lorsque l'association est faible (ex : insectes + plaisant) (Greenwald, McGhee & Schwartz, 2008).

1.7.2. Les mesures indirectes des préjugés

Ces mesures se font sous forme de questionnaires ou d'échelles. Elles essaient de minimiser les biais inhérents aux normes sociales (stratégies d'autoreprésentation, désirabilité sociale) en utilisant des chemins détournés, sans parvenir cependant à les éliminer totalement.

De cette manière, l'échelle de racisme moderne (McConahay, 1986 ; in Légal, 2008), dans son énonciation, adopte des énoncés plus abstraits, reliés de manière plus détournée aux conduites racistes. L'Echelle moderne de sexisme (Swim, Aikin, Hall & Hunter, 1995 ; in Légal, 2008), est passée de mesures requérant un degré d'accord (de « pas du tout" à « tout à fait") avec des formulations du type « Les femmes ne sont généralement pas aussi intelligentes que les hommes " à des mesures plus sophistiquées telles que« La discrimination envers les femmes n'est plus un problème de nos jours " (Légal, 2008).

Comme nous l'avons vu, les stéréotypes ont un but heuristique, ils nous renseignent sur le monde, nous permettent de s'y adapter. Les fonctions exécutives sont les mécanismes quinous permettent de nous adapter à notre monde. Avant de nous intéresser au lien entre ces deux concepts, penchons notre attention sur les fonctions exécutives.

2. Fonctions exécutives

Les fonctions exécutives englobent une série de processus de haut niveau dont la fonction principale est de faciliter l'adaptation à des situations nouvelles ou complexes (Collette, Hogge, Salmon, Van der Linden, 2006 ; in Schmidt, 2009)

Pour réaliser des tâches routinières, les mécanismes mis en place sont automatiques, ne nécessitant pas de réflexion et très peu d'attention. Les situations nouvelles, elles, nécessitent la sélection d'une action appropriée, demandant attention et réflexion (Degiorgio, Fery, Polus & Watelet, s.d.).

La mise en évidence des mécanismes désignés sous l'appellation « fonctionnement exécutif » provient d'études neuropsychologiques de patients cérébro-lésés et d'études d'imagerie cérébrale fonctionnelle de sujets sains. Ces études mettent en exergue une distinction entre les processus étudiés mais pas une totale indépendance (Meulemans, Collette & Van der Linden, 2004).

Ces fonctions qui permettent de s'adapter à des situations nouvelles, qui permettent à l'individu de s'adapter, sont les suivantes :

- L'inhibition (capacité de s'empêcher de produire une réponse automatique) - La mise à jour (rafraîchir le contenu de sa mémoire de travail)

- La flexibilité mentale (passer d'un comportement à un autre)

- La récupération active d'informations en mémoire

- L'attention divisée (être attentif à deux activités en méme temps)

- La planification (organiser une série d'actions)

Le fonctionnement exécutif a initialement été associé à l'activité dans les régions cérébrales frontales (Schmidt, 2009). A ce sujet, des tâches relevant du cortex pré-frontal relativement complexes (Tour de Londres, Wisconsin Card Sorting Test, tâche de raisonnement logique) se sont révélées sensibles aux effets du moment de la journée et à la déprivation de sommeil (Drumond, Brown, Salamat, Gillin, 2004; Jones, Harrison, 2001; in Blatter & Cajochen, 2006). Un nombre grandissant d'études récentes démontre qu'une partie du fonctionnement exécutif dépend de régions cérébrales postérieures (essentiellement pariétales) (Harrison, Jones & Waterhouse, 2007 ; in Schmidt, 2009).

2.1. L'inhibition

L'inhibition est la capacité à s'empêcher de produire une réponse automatique, à arréter la production d'une réponse en cours et écarter les stimulations non pertinentes pour l'activité en cours (Degiorgio et al., s.d.). Cette fonction cognitive trouve donc sa place dans une étude sur les stéréotypes et les rythmes circadiens. En effet, si un sujet ne parvient pas à s'empêcher de produire une réponse automatique et qu'à ce moment de la journée sa réponse est davantage stéréotypique, un pont peut être jeté entre les deux notions.

2.1.1. Au niveau cognitif

Quelle est la différence entre focaliser son attention sur quelque chose et inhiber le reste ? Dans une tâche Stroop, il est difficile de déterminer si le phénomène basique - le ralentissement qui se manifeste lors d'essais incongruents - est dû à une activation plus importante de la couleur de l'encre ou à l'inhibition du nom des mots, ou les deux. Il en est de même pour de nombreuses tâches exécutives-attentionnelles. Mais il y a un cas -- L'inhibition de la réponse - dans lequel l'inhibition, plus que l'attention, est clairement la clé. L'inhibition de la réponse est la suppression de la réponse partiellement préparée (Smith & Kosslyn, 2009)

2.1.1.1. Historique

Le premier cas de changement comportemental rapporté dans de la littérature neuroscientifique est celui de Phineas Gage (Kotowicz, 2007), ayant subi une perforation frontale par une barre de métal. Pour décrire les troubles comportementaux de Phineas Gage, Harlow, 1968 (in Meulemans et al., 2004) utilise déjà le concept d'inhibition. Ce concept sera utilisé dans des domaines divers tel que la psychopathologie, la psychologie développementale ou encore neuropsychologie (Meulemans et al., 2004).

En neuropsychologie, l'inhibition est habituellement décrite comme un processus inverse, qui freine un processus actif plus important que l'on nomme Activation (Boujon, 2002)

Trois fonctions d'inhibition en mémoire de travail ont été identifiées (Hasher al., 1999 ; in Meulemans et al., 2004) : entraver le passage d'informations non appropriés, empêcher l'exécution d'une réponse prédominante et empécher le passage d'informations devenues non

pertinentes. Les mécanismes inhibiteurs seraient fonctionnellement indépendants (Connely & Hasher, 1993 ; in Meulemans et al., 2004).

Pour des raisons historiques (Bianchi, 1895; Harlow, 1968; Luria, 1966; Shallice, 1982 ; in Andrés, 2003), un lien spécifique entre inhibition et cortex frontal a été fortement suggéré en neuropsychologie (Andrés, 2003).

2.1.1.2. La relation lobe frontal-inhibition.

Les lésions des lobes frontaux affectent un système qui est fortement impliqué dans l'aptitude à inhiber ou supprimer les stimuli ou des associations qui ne sont pas pertinentes pour la tâche à accomplir (Dempster, 1991).

Des données en PET scan indiquent une sensibilité à l'interférence accrue dans le cortex préfrontal (Jonides et al., 1998 ; in Thompson-Schill, Jonides, Marshuetz, Smith, D'Esposito, Kan, Knight, & Swick., 2002 ).

Des études indiquent la présence de troubles (par exemple pour l'imitation, Brass et al., 2003 ; in Van Leeuwen, Van Baaren, Martin, Dijksterhuis & Bekkering, 2009) chez des patients frontaux mettant en avant un déficit d'inhibition. Mais encore, les lésions frontales ont été reliées à un fonctionnement inhibiteur réduit (Passingham, 1993 ; Smith & Jonides, 1999 ; in Van Leeuwen et al., 2009).

Ainsi, lorsqu'il demande au patient d'imprimer à sa main tour à tour trois dispositions (main fermée, paume sur le bureau et main tendue placée sur le côté), Luria (1978 ; in Boujon, 2002) constate que les patients avec lésion frontale peuvent reproduire de façon répétitive un méme élément de la série. Quand il demande à ces patients de faire un dessin d'un cercle et d'une croix à tour de rôle, ceux-ci parviennent à recopier le premier dessin de manière itérative, sans changement entre les dessins. Luria déduit de cette inclination à s'obstiner la présence d'un problème dans l'inhibition des routines d'actions automatisées (Meulemans et al., 2004).

2.1.1.3. Inhibition contrôlée et automatique.

John Hughling Jackson est à l'origine, à la fin du 19ème siècle, d'une théorie novatrice sur les déficits liés à un dommage cérébral. D'après cet auteur, les déficits liés à une lésion se focalisent sur les aspects les plus complexes alors que les plus simples et donc les plus automatiques sont relativement préservés (Gagnon & Goulet, 1992 ; in Siéroff, 2003). Par la

suite, il a été exposé à diverses reprises que les atteintes cérébrales perturbent peu les caractéristiques les plus simples d'une fonction (par exemple, dénommer la couleur de l'encre dans une tâche Stroop) alors que les plus élevés semblent plus affectés (Siéroff, 2003).

Il existe donc une distinction pour certains auteurs (Arbuthnott, 1995 ; Popp & Kipp, 1998 ; in Meulemans et al., 2004) entre mécanismes intentionnels ou contrôlés et involontaires ou automatiques. Une tâche d'inhibition contrôlée se caractérise par l'aptitude à inhiber volontairement des réponses prépondérantes ou spontanées lorsque c'est requis. Ce type d'inhibition, de nature exécutive, est réduit à la suppression consciente de réponses non appropriées. Une tâche d'inhibition automatique nécessite des mécanismes inhibiteurs se manifestent en dehors de la conscience. Ce type d'inhibition est une réaction résiduelle automatique de traitement de l'information appropriée. On la nomme généralement inhibition réactionnelle (Meulemans et al., 2004).

2.1.1.4. Caractéristiques de l'inhibition

En 1975, Posner & Snyder mettaient en avant que l'inhibition est un mécanisme actif de suppression. Ils ont mis en évidence que pour qu'une action ou une information pertinente soit sélectionnée, il est nécessaire que les actions ou informations inappropriées soient inhibées. L'inhibition dans la sélection s'exécuterait en fonction des caractères des facteurs distracteurs et ceci pour permettre l'efficience des procédés de traitement de la cible. Cette vision n'a pas toujours été unanime, en effet Gathercole et Broadbent, 1987 (in Boujon, 2002) ont présagé que la baisse des interférences dues aux distracteurs serait liée à un affaiblissement passif dans le temps d'activation de leurs représentations.

L'inhibition est un phénomène adaptatif, son effet sur le temps de réaction est lié, comme l'activation, à la pertinence de l'information véhiculée par le stimulus qui permet la réalisation de l'action (nommé indice ou amorce). Quand l'indiçage apporte une contribution notable pour la réalisation de l'action (fréquence concordante dans 80% des cas), l'effet commun d'inhibition et de facilitation survient. Selon Posner et Snyder, 1975 lorsque la fréquence de validité de l'indice baisse, l'effet d'inhibition se dissipe. Ceci indique que l'effet d'inhibition est adaptatif, volontaire et actif.

L'inhibition est un mécanisme central de suppression qui intervient dans de nombreuses
situations expérimentales, aussi bien la dénomination d'objets que la décision lexicale ou
encore des épreuves de classification (Neill & Westberry, 1987). En effet, elle peut se

manifester y compris lors de changements physiques ou sémantiques du stimulus ou de la réponse.

L'initialisation est lente mais durable, elle prend entre 50 et 100ms, ce qui est lent comparativement à l'activation mais ce phénomène dure quelques secondes (Neill & Westberry, 1987)

Ungerleider et Mishkin, 1992 (in Smith & Kosslyn, 2009) ont démontré en induisant des lésions cérébrales chez le singe qu'il y a 2 phénomènes qui interviennent dans la sélection : le phénomène « what » qui consiste à identifier la cible et le phénomène « where » qui consiste à la localiser. La localisation serait encodée précocement, laisse libre cours au processus d'identification (Boujon, 2002).

Une variation quelconque de direction du mouvement au cours de cette période entraîne un retard pour identifier la cible, c'est ce qu'on appelle le phénomène d'inhibition de retour (IOR) indiquant que l'inhibition se centrerait sur l'objet.

Robertson et al., 2004 (in Zhang & Zhang, 2006) ont suggéré cependant que cet effet pourrait être réinterprété en tant que processus spatiaux de réorientation. Les résultats de Zhang et Zhang, 2006 vont dans ce sens et indiquent que l'IOR basée sur l'objet dans les affichages dynamiques résulterait davantage de la mise à jour de l'inhibition spatiale plutôt que l'inhibition d'objet.

L'étape sur laquelle agirait l'inhibition relèverait du but fixé par la tâche. Peu importe la modalité perceptive des stimuli ou des réponses, l'effet d'inhibition se maintient et reste similaire lors du maintien d'une modalité ou du passage d'une à une autre. Lorsque la consigne est définie selon un acte à effectuer au sein de la tâche, les changements n'interviennent plus sur l'effet inhibiteur (Banich, 2004).

2.2. Evaluation

- L'amorçage négatif

On présente des paires de lettres successives écrites en couleurs différentes. Le sujet doit lire à voix haut une des deux lettres, toujours la lettre de la même couleur (par exemple, celle écrite en rouge). Dans la condition non congruente, la lettre que le sujet devait ignorer est maintenant la cible, la lettre qu'il doit dénommer. On constate alors une augmentation du temps de réaction (Le Rouzo, 2008).

- Le Stroop

Figure 3 : Le Stroop lecture

Figure 4 : Le Stroop interférence

Figure 2 : Le Stroop dénomination

Cette tâche se déroule en 3 parties. La première partie est la dénomination : on présente une feuille sur laquelle se trouvent plusieurs lignes de rectangles en couleur (bleu, vert, rouge et jaune) dont le sujet doit donner la couleur (figure 2).

A la seconde étape, on présente des noms de couleurs écrits en noir (bleu, vert, rouge et jaune) que le sujet doit lire (figure 3).

La troisième étape est celle de l'interférence. On présente des noms de couleurs écrits (bleu, vert, rouge et jaune) dont la couleur d'impression ne correspond pas à la couleur écrite. Le sujet doit donner la couleur dans laquelle les mots sont écrits (figure 4). Il doit donc inhiber la lecture du mot.

- Les réponses contrariées

Il s'agit ici de tester l'aptitude à instaurer et entretenir un plan d'exécution pour un déplacement non automatisé. L'examinateur effectue un geste, le sujet doit produire l'inverse. Par exemple, l'examinateur tape sur la table une fois, le sujet doit taper deux fois. En revanche si l'examinateur tape sur la table deux fois, le sujet doit taper une fois.

- Le Hayling

Le Hayling vise à tester la capacité du sujet à s'empêcher de donner une réponse dominante. (Peigneux, 2009-2010).

On lui présente des phrases dans lesquelles il manque le dernier mot.

La première phase de la tâche pour le sujet est de compléter par un mot congruent. Par exemple : « les arbres perdent leurs... » on attend que le sujet réponde « feuille ».

Dans la seconde phase de la tâche, le sujet doit compléter la phrase par un mot non lié sémantiquement.

Par exemple : « les chats ne font pas des... " le sujet peut répondre « télévision " mais il ne peut pas répondre « chien " qui est la réponse attendue ou « éléphant " une réponse sémantiquement liée.

- Les épreuves de type Go/No-Go

Diverses observations indiquent que des patients frontaux éprouvent une difficulté à contrôler les mouvements volontaires. Ces observations montrent que des patients lésés au niveau préfrontal ne parviennent pas à inhiber leur réponse motrice à un stimulus alors qu'il leur est demandé de ne pas répondre pour ce stimulus. La tâche utilisée pour ce type d'observation se nomme « Go-No Go ", elle a été développée expérimentalement par Drewe en 1975. Ce dernier a rapporté que des patients frontaux, plus précisément avec lésion médiane, avaient significativement plus de difficultés pour inhiber leur réponse à un ou deux stimuli que des sujets ayant une lésion localisée ailleurs au sein du cerveau. (Boujon, 2002).

2.3. Inhibition et stéréotypes

Seulement une poignée d'études ont pointé la possibilité d'inhiber l'activation des stéréotypes et plusieurs d'entre elles ont été discutées (Kunda & Sinclair, 1999). Ce qu'il est intéressant de remarquer dans le cadre de ce mémoire, c'est que l'inhibition semble bien avoir un impact sur les stéréotypes et que si l'inhibition ne peut pas accomplir son action, les stéréotypes paraissent s'exprimer librement. Ainsi, des études sur la motivation indiquent qu'il serait possible dans certains cas d'inhiber notre comportement stéréotypique (Macrae, Bodenhausen & Milne, 1995 ; in Kunda et al., 1999).

L'inhibition cognitive et l'inhibition des stéréotypes sont-ils un seul et même mécanisme ? La question ne semble pas avoir passionné les chercheurs et la littérature sur le sujet est inexistante.

Pour faire le parallèle entre ces deux notions que ce sont l'inhibition cognitive et l'inhibition des stéréotypes, il est intéressant de voir si elles suivent la même variation au cours de la journée. A cette fin, nous allons nous intéresser désormais aux rythmes.

3 Les rythmes

Les activités des êtres vivants se déroulent de manière périodique, suivent un rythme et ont lieu à des fréquences très variables. Ces rythmes correspondent à une succession régulière ou périodique de mouvements, de faits et de phénomènes (Bear, Connors & Paradiso, 2007).

3.1. Les rythmes biologiques

Les rythmes dont nous parlons sont des rythmes biologiques qui ne sont autres qu'une variation cyclique d'un phénomène biologique (physiologie, croissance, comportement des animaux, etc.) dont la période s'ajuste sur celle de phénomènes externes (Bear et al., 2007). Ils vont de la milliseconde à plusieurs années. En chronobiologie, on distingue entre les rythmes circadiens, infradiens, ultradiens et circannuels.

Les rythmes nycthéméraux suivent la révolution de la terre sur elle-même et permettent l'adaptation de l'organisme aux changements quotidiens de luminosité. En l'absence d'information environnementale, certains vont persister, présentant une période proche de 24h (entre 20 et 28h), ces rythmes sont dits circadiens (Achard, 2003).

Les auteurs qualifient d'ultradiens tous les rythmes d'une période inférieure à 20 heures (fréquence cardiaque, stades de sommeil..) et d'infradiens (cycle menstruel...) tous ceux d'une période supérieure à 28 heures (Beugnet-Lambert, 1988). Les rythmes circannuels ont une période d'une année (cycle migratoire des oiseaux, hibernation...) (Gwinner, 1977).

Quatre paramètres sont à prendre en compte pour caractériser un rythme biologique : la période, l'acrophase, l'amplitude et le niveau moyen. La période est la durée totale d'un cycle complet (en secondes, minutes, heures...). L'acrophase, dont l'opposé est la batyphase, correspond au pic de la variable mesurée au cours du temps. L'amplitude représente la variabilité de la valeur biologique mesurée sur une période considérée. Le niveau moyen (ou MESOR) n'est autre que la moyenne des mesures de la variable (Estruch, 2003).

3.2. Régulation homéostatique

L'homéostasie a été définie dès 1932 par Cannon comme le processus de coordination physiologique qui maintient l'état de veille dans l'organisme. Le processus homéostatique a fréquemment été traduit comme une fatigue cellulaire ou métabolique (Kong et al., 2002 ; in Mongrain, 2006). Ce mécanisme augmente la propension au sommeil sur base du temps passé éveillé et réduit la propension à l'endormissement en réponse à un sommeil prolongé

(Borbely & Achermann, 2005 ; in Schmidt, 2009). Le processus homéostatique augmente exponentiellement au cours de l'éveil et diminue de la méme façon durant le sommeil : il reflète le besoin de dormir et l'intensité du sommeil (Daan et al., 1984 ; in Mongrain, 2006).

3.3. Les rythmes circadiens

Les premiers écrits sur les rythmes circadiens remontent à l'Antiquité avec le scribe Androsthènes qui décrivit le comportement nycthéméral des feuilles du tamarinier, celles-ci s'ouvraient le jour et se refermaient la nuit.

Au XVIème siècle le physiologiste et médecin italien Santorio constata une variation journalière du poids corporel. Il mit ainsi en évidence pour la première fois la présence d'un rythme circadien chez l'Homme (Levett & Agarwal, 1979).

3.3.1. Endogènes

En 1729, Ortous de Mairan découvre que le mimosa, méme lorsqu'il est placé dans l'obscurité permanente, continue à ouvrir et fermer ses feuilles. Il montra ainsi que les rythmes circadiens sont endogènes puisqu'ils perdurent en l'absence d'indices environnementaux.

En 1832, Augustin de Candolle découvrit que les feuilles s'ouvraient une à deux heures plus tôt chaque jour et acquéraient par conséquent une périodicité de 22 à 23 heures. Il en conclut qu'il existe une tendance inhérente aux plantes à montrer un mouvement périodique. Il avait ainsi mis en évidence l'existence d'une période endogène en cours libre ("free running period") proche, mais pas forcément égale, à la période du cycle jour/nuit.

Aschoff et Wever (1962) enfermèrent des volontaires dans une cave en absence d'indices environnementaux. Siffre (1964), lui, vécut seul dans une caverne souterraine pendant deux mois. Ces deux expériences ont révélé l'apparition spontanée d'une période en cours libre du cycle activité/repos d'environ 25 h, indiquant que les humains, comme les plantes et les animaux, possédaient un système circadien endogène (Gonze, s.d.).

Aujourd'hui, on considère par définition que les rythmes circadiens sont endogènes. Dans des conditions constantes, ils se déroulent librement avec une période qui dévie légèrement du cycle lumière-obscurité de 24h auxquels ils sont synchronisés naturellement (Schmidt, 2009).

3.3.2. Génétiquement déterminés

En 1935, Erwin Bunning démontre que la période en cours libre du rythme circadien des plantes et des insectes est héritée génétiquement, en croisant des parents de périodes endogènes différentes.

Depuis une dizaine d'années, plusieurs gènes impliqués dans l'horloge circadienne interne ont pu être caractérisés. Le premier organisme génétiquement modifié présentant un rythme circadien d'activité altéré est la mouche (Konopka & Benzer, 1971). Les premiers gènes horloge ("clock genes") ont été détectés chez la mouche (Drosophilia) et le champignon (Neurospora), leur étude a permis de mettre en évidence les régulations qui confèrent à ces gènes une expression circadienne. Par la suite, de nombreux "clock genes" ont été trouvés chez les cyanobactéries, les plantes (Arabidopsis) et les mammifères, y compris l'Homme (Gonze, s.d.).

Des travaux de Linkowski, 1999 sur des jumeaux suggèrent que certains composants du sommeil humain pourraient être génétiquement déterminés. Ils ont notamment trouvé un effet génétique fortement significatif concernant les stades 2 et 4 de sommeil ainsi qu'en sommeil delta. Selon les mêmes auteurs certains aspects de la rythmicité circadienne, notamment l'expression endogène de cortisol, semblent très similaires chez des jumeaux monozygotes mais pas chez des dizygotes, suggérant que dans la plupart des organismes, les facteurs génétiques contrôlent la génération des rythmes circadiens (Linkowski, 1993 ; in Schmidt, 2009).

3.3.3. Synchronisés

Les rythmes circadiens sont certes endogènes mais ils sont également resynchronisés en fonction de facteurs externes appelés Zeitgebers ou synchroniseurs. Les Zeitgebers sont des agents ou évènements environnementaux qui donnent des indices sur l'heure biologique. Chez l'humain, le synchroniseur le plus important est le cycle jour-nuit mais il en existe d'autres comme les obligations sociales (heure de coucher, heure du repas...). La synchronisation peut être considérée comme un état dans lequel deux oscillateurs ou plus ont la même fréquence à cause de leurs influences mutuelles ou unilatérales.

Pour que la synchronisation s'effectue, elle nécessite un processus d'entraînement (adaptation
du rythme biologique à un synchroniseur) qui consiste au couplage d'un rythme endogène à

un cycle externe (ou zeitgeber), comme le cycle jour-nuit ou le cycle de température, avec le résultat que ces deux oscillations ont la même fréquence (Schmidt, 2009).

3.4. Interaction entre rythmes circadiens et régulation homéostatique

Il existe deux mécanismes qui sous-tendent la régulation du cycle veille-sommeil. Ces deux processus sont conceptualisés dans le modèle de Borbely et al., 1982 (Borbely et al., 1982 ; in Achermann, 2004) (figure 5).

Figure 5 : Représentation schématique du modèle deux processus de régulation du sommeil de Borbely et al., 1982 (Achermann, 2004)

Ce modèle se base sur l'interaction entre deux processus : le processus circadien (C) et le processus homéostatique (S) qui agissent en synchronie ou en opposition le long du cycle de 24h.

Le processus homéostatique (S) est défini comme le processus de promotion du sommeil. Au cours du processus S les performances cognitives et l'alerte diminuent et on constate un accroissement de la fatigue. Durant le sommeil, le processus S diminue faisant retomber la pression de sommeil (Schmidt, Colette, Cajochen, & Peigneux, 2007).

Le processus circadien (C) correspond aux variations oscillatoires pendant 24h de la propension au sommeil. La propension au sommeil basée sur le processus circadien est à son niveau le plus bas durant les premières heures du soir et atteint son maximum au petit matin, quand la pression homéostatique est basse (Van Dongen & Dinges, 2003 ; in Schmidt et al., 2007). Ce processus est dépendant du temps, indépendant du sommeil ou de l'éveil, module

deux seuils (H et L) qui déterminent le début et la fin des épisodes de sommeil, respectivement (Achermann, 2004).

3.5. Paradigmes d'exploration

Il existe actuellement plusieurs procédés pour étudier les variations des rythmes circadiens. On trouve parmi ceux-ci le paradigme de désynchronisation forcée, le paradigme de routine constante et enfin une investigation basée sur le chronotype. Ces paradigmes diffèrent considérablement dans la façon dont ils contrôlent les paramètres circadiens et homéostatiques.

3.5.1. Désynchronisation forcée

Il existe un paradigme qui permet de rompre le synchronisme entre les mécanismes C et S afin de déterminer l'impact de chacun de ces deux processus. Le paradigme de désynchronisation forcée consiste à isoler des sujets des indices temporels et de les soumettre à des durées de journées modifiées. Un exemple de cette technique est celui de Nathaniel Kleitman et Bruce Richardson en 1938 qui ont passé 32 jours enfermés dans une grotte du Kentucky (figure 6).

 

1

Figure 6 : Kleitman et Richardson enfermés 32 jours dans une grotte

Le processus circadien ne reçoit plus d'indices temporels (variations de luminosité, activitéextérieure), il ne peut dès lors plus suivre le rythme journalier et suit son propre rythme

(Schmidt et al., 2007).

Cette technique très difficile à mettre en place notamment pour des raisons de temps, de
moyens et de précautions éthiques n'est pas appropriée dans le cadre de ce travail et ne sera

1 http://www.archiveofsleep.com/post/4494298875/cave-experiment-by-nathaniel-kleitman-and-bruce

dès lors pas utilisée. Le paradigme que nous allons utiliser (expliqué plus loin) ne permet pas de différencier entre le processus homéostatique et circadien chez nos sujets. Cependant, bien que les bases neuro-anatomiques et fonctionnelles de ces deux processus semblent différentes, ils participent tous deux à la régulation du sommeil et à la performance en éveil (Schmidt, 2009).

3.5.2. Routine constante

Le paradigme de routine constante permet de démasquer les rythmes circadiens endogènes, normalement incorporés dans le cycle veille-sommeil. Les activités quotidiennes, qu'elles soient d'origine interne ou externe ont le potentiel de masquer les « vrais » rythmes endogènes.

Initialement, le paradigme de routine constante est défini par des conditions environnementales constantes. L'idée qui sous-tend ce paradigme est que la suppression des cycles périodiques extérieurs (ex : variation de la lumière) suffit pour découvrir la contribution du processus circadien. Ainsi, les études à long terme sur les animaux se font avec une lumière constante ou encore dans la pénombre de manière constante.

Les études sur les humains ont révélé que le contrôle des cycles périodiques extérieurs ne suffit pas à révéler la contribution directe de l'horloge circadienne. Les protocoles incluent désormais le contrôle du comportement. Ainsi, on prive les sujets de sommeil, on contrôle la position, la prise de nourriture, les activités. Pour observer un cycle circadien complet, une routine constante doit durer suffisamment longtemps pour que les changements résiduels se dissipent. Les routines constantes durent donc plus de 24h (Duffy & Dijk, 2002).

La limitation majeure de cette approche est qu'elle ne permet pas de séparer la composante circadienne du cycle veille-sommeil (Schmidt et al., 2007).

3.5.3. Chronotype

Chez les humains, les rythmes circadiens ont été mis en évidence depuis 1939 (Kleitman, 1963 ; in Mongrain, 2006). Il y a des personnes dites du matin (matinales), qui vont se coucher relativement tôt et qui ont davantage tendance à être actif le matin, d'autres personnes sont dites du soir (vespérales), elles se lèvent relativement plus tard et privilégient donc une activité plus tard dans la journée.

La phase circadienne se manifeste environ deux heures plus tôt chez les sujets ayant un chronotype du matin par rapport à des sujets vespéraux aussi bien au niveau physiologique que comportemental.

La régulation homéostatique réagirait également au chronotype. Les sujets matinaux dissipent plus vite la pression homéostatique que les sujets du soir au cours du sommeil. A l'éveil au contraire ils accumulent la pression homéostatique plus rapidement que les vespéraux.

Ces types circadiens peuvent être identifiés par questionnaires et fournir des informations sur les caractéristiques circadienne et homéostatique du cycle veille/sommeil d'un sujet (Taillard, 2009).

Dans l'état actuel des choses, deux questionnaires prédominent la littérature dans l'étude du chronotype (Schmidt et al., 2007), le plus populaire est le Morningness-Eveningness Questionnaire (MEQ, Horne & Östberg, 1976), l'autre est le Munich Chronotype Questionnaire (MCTQ, Roenneberg, Wirz-Justice, & Merrow, 2003).

Dans une perspective neuropsychologique, une limitation majeure de l'utilisation des protocoles de désynchronisation forcée et de routine constante réside dans la mise en place de tâches cognitives qui doivent être administrées à intervalle régulier. Dans cette optique, il semble que l'approche basée sur le chronotype soit davantage appropriée à l'étude de l'influence de l'horloge biologique sur les variations de performance dans les fonctions cognitives de haut-niveau (Schmidt et al., 2007).

Le questionnaire de Horne et Östberg est le plus répandu pour mesurer le chronotype chez l'adulte. Le sujet est interrogé sur son état de fatigue et ses moments préférés de la journée pour la réalisation d'activités, pour les repas ou encore son cycle/veille sommeil au travers de 19 questions. Les scores du questionnaire vont de 16 à 86, le sujet est considéré comme extrême du soir si son score est en deçà de 31 et comme extrême du matin si son score est audelà de 69.

Un nombre conséquent d'études ont suggéré que la performance circadienne à des tests cognitifs est largement dépendant de paramètres spécifiques de la tâche, incluant notamment la durée et la difficulté, la méthode d'administration et les variables mesurées (Bonnet, 2005 ; in Schmidt, 2009). La performance cognitive ne serait pas uniquement déterminée par l'activation des systèmes de régulation sous-jacents mais elle serait également modulée par des mécanismes compensatoires tels que des facteurs motivationnels ou les attentes vis-à-vis de l'expérience (Schmidt, 2009).

L'utilisation d'un protocole standardisé et hautement contrôlé (routines constantes et désynchronisation forcée) ainsi qu'une tâche de vigilance (PVT) ont permis de quantifier l'homéostasie éveil-sommeil et les effets dépendant des rythmes circadiens sur la cognition humaine (Blatter & Cajochen, 2006).

3.5.4. Contraintes méthodologiques

La performance cognitive englobe les réponses comportementales à des tâches de complexité différente, aussi bien au niveau de la réaction psychomotrice qu'au niveau de réponses nécessitant des fonctions cognitives de haut niveau (par exemple mémoire, langage, fonctions exécutives). Ces tâches sont clairement différenciées de l'humeur, de la fatigue et du sentiment d'endormissement bien qu'elles y soient corrélées. D'un point de vue méthodologique, mesurer les rythmes circadiens dans la performance humaine est plus complexe que de mesurer les rythmes circadiens de température ou la sécrétion pinéale de mélatonine.

Deux problèmes principaux apparaissent dans la mesure de la performance cognitive circadienne : le type de tâches utilisé et les différences inter-individuelles de performance à une tâche (Blatter & Cajochen, 2006)

3.5.4.1. Difficulté de la tâche

A première vue, il semblerait que la complexité de tâche ne joue pas un rôle crucial dans la recherche circadienne. La PVT (ou tâche de vigilance psychomotrice), très sensible aux baisses de performances dues au manque de sommeil et à la variation circadienne peut difficilement être considérée comme une tâche complexe. Des tâches plus complexes testant les fonctions exécutives sont susceptibles également d'être sensibles à la perte de sommeil et à la phase circadienne.

Cependant, les résultats d'un des tests neuropsychologiques les plus utilisés, notamment dans les processus inhibiteurs, le test Stroop couleur de mots, montre des effets inconsistants d'une étude à l'autre, indiquant un effet du mot de la journée dans certaines études et pas dans d'autres. Une explication pour ces résultats divergents est que le contrôle exécutif n'est pas un processus unitaire mais plutôt des processus indépendants qui sont reliés. La déprivation de sommeil et le moment de la journée n'affecteraient dès lors que certaines composantes du système exécutif (Blatter & Cajochen, 2006).

3.5.4.2. Différences inter-individuelles

On dénote des différences inter-individuelles marquées dans plusieurs aspects circadiens et reliés au sommeil de la physiologie tel que la longueur de la période circadienne (de 23,9h à 24,5h), dans le chronotype (matinal, vespéral), la durée de sommeil ou encore la perte de sommeil. La plupart de ces aspects sont liés à l'âge, aux traits de personnalité.

Des études ont révélé que les individus diffèrent dans leur propension au sommeil ainsi que dans la baisse de la performance cognitive observée pendant une privation de sommeil.

3.5.4.3. Inertie de sommeil

L'inertie de sommeil est une période suivant le réveil suivant laquelle l'attention et la performance des sujets sont affaiblies de telle sorte que le niveau d'éveil normal n'est pas rencontré (Balkin & Badia, 1988 ; in Silva & Duffy, 2008).

Silva et Duffy, 2008 testent des adultes âgés (plus ou moins 65 ans) au travers d'une tâche DSST au travers d'un paradigme de désynchronisation (13,33h d'éveil et 6,67h de sommeil par « jour »). La tâche DSST comprend des paires de nombres-symboles (ex: 1/+, 2/ Ë) suivi d'une liste de chiffres dans laquelle le sujet doit compléter par le symbole correspondant. Ils constatent que la performance des sujets s'améliore au fur et à mesure de leur éveil.

3.6. Relation avec les fonctions cognitives

Les oscillations circadiennes semblent induire de nombreuses variations dans les performances cognitives, c'est le cas par exemple de la vigilance (Adam, Rétey, Khatami & Landolt, 2006), l'alerte (Van Dongen & Dinges, 2000), la mémoire de travail (Folkard et al., 1994; in Schmidt, 2009) ou encore la mémoire déclarative (Cajochen et al., 1999 ; in Schmidt, 2009).

L'évaluation de l'effet du moment de la journée sur les performances cognitives a commencé par des mesures psychophysiologiques. Nathaniel Kleitman, pionnier dans la recherche sur les rythmes circadiens constata une variation diurne dans la vitesse et l'exactitude de la performance cognitive, la meilleure performance étant l'après-midi et la plus mauvaise tôt le matin ou tard dans la nuit (Kleitman, 1933 ; in Blatter & Cajochen, 2006). Il mit également

en évidence que ces variations sont associées au rythme diurne de la température corporelle et qu'un changement spontané ou induit de celle-ci engendrait un ralentissement du temps de réaction.

Quarante ans plus tard, en 1979, Aschoff et Wever utilisèrent le paradigme de désynchronisation forcée. Ce fut la première mesure de la performance circadienne et la première évidence que les rythmes circadiens et le cycle veille-sommeil contribuent tous deux à la variation de la performance cognitive (Blatter & Cajochen, 2006).

Une étude de Taillard, Philip, Claustrat, Capelli, Coste, Chaumet et Sagaspe (2011) met en évidence que les sujets du soir parviennent à maintenir une alerte optimale tout au long de la nuit alors que les sujets du matin n'y parviennent pas. Pour les deux chronotypes, la performance circadienne est corrélée à la somnolence subjective.

Des variations circadiennes ont été observées également sur la mémoire de travail. Rouch, Wild, Ansiau et Marquié (2005) constatent que les travailleurs en équipe qui ont des horaires de travail fluctuants ont de moins bonnes performances dans le rappel immédiat que les travailleurs ayant des horaires fixes. Leurs résultats suggèrent que cette baisse de performance n'est pas tant le fruit de troubles de sommeil mais davantage d'une désynchronisation des rythmes circadiens. Rowe, Hasher et Turcotte (2009) comparent des sujets matinaux âgés à des sujets vespéraux âgés dans une tâche de mémoire de travail visuo-spatiale (empan de Corsi). La tâche leur est présentée soit en ordre ascendant (sets de plus en plus grands) ou descendant (sets les plus longs en premier). Dans la condition descendante, ils observent que les matinaux âgés ont une performance bien meilleure lorsqu'ils sont au pic de leur journée.

3.7. Chronotype et inhibition

Habituellement, on considère que des sujets testés au moment optimal de leur journée ont de meilleures performances comparés à des sujets au moment non optimal, c'est l'effet de synchronie (May & Hasher, 1998 ; in Schmidt, 2009). Des études suggèrent que la synchronie entre les périodes d'éveil circadien importe vraiment dans des tâches cognitives contrôlées, principalement dans des tâches inhibitrices telles que stop-signal ou go/no-go (Schmidt, 2009).

Hasher et ses collègues (Hasher, Lustig & Zachs 2008) se sont intéressés aux processus inhibiteurs et leurs résultats mettent en avant que la nature des fonctions inhibitrices varie au fur et à mesure de la journée en fonction du modèle circadien individuel. Ils se sont intéressés à 3 processus de la fonction inhibitrice : l'accès, la délétion et la répression.

Le processus d'accès de la fonction inhibitrice permet de déterminer parmi les représentations activées laquelle est au centre de l'attention. Une étude de May, 1990 (in Hasher, Lustig & Zachs, 2008) propose une tâche dans laquelle les sujets doivent générer un mot (ex : fromage) à partir de 3 mots non reliés (ex : rat, bleu et chalet). Les sujets sont soumis à une distraction au cours de l'expérience. La performance des sujets du matin est affectée le matin et l'aprèsmidi par le distracteur mais davantage l'après-midi. Les sujets du soir ont une bonne performance optimale le soir mais leur performance est affectée le matin.

Le processus de délétion est critique pour supprimer les informations non pertinentes du focus attentionnel. On présente une phrase avec un mot manquant prédictible (ex : blanc bonnet et bonnet ...) qui est complété par le participant puis remplacé quelques secondes plus tard par un mot moins concordant (ex : miteux). Le mot utilisé par le participant devient non-pertinent. Les expérimentateurs mesurent ensuite le temps d'accès au mot non-pertinent. Chez les sujets du soir, l'après-midi, le mot non-pertinent est supprimé de sorte que son utilisation de nouveau est au-dessous du niveau de base. Le matin en revanche, il est au-dessus du niveau de base. Les sujets du matin montrent également une variation circadienne avec une performance plus mauvaise l'après-midi.

Le processus de répression est le mécanisme de contrôle des réponses. C'est le mécanisme actuellement le plus utilisé selon Miyake et al., 2000 (in Hasher et al., 2008) et que l'on réfère directement à l'inhibition. Il est étudié à travers des tâches comme le Stroop ou le Go-NoGo. Le nombre d'erreurs commis par les sujets dans une tâche de type Go-NoGo apparait plus important au moment non-optimal de la journée aussi bien pour les sujets du matin que du soir.

3.8. Chronotype et stéréotypes

Bodenhausen, 1990 fait l'hypothèse que les variations circadiennes du niveau d'éveil seraient liées à la tendance à développer des stéréotypes sociaux en vertu des effets sur la motivation et la capacité de traitement. Son hypothèse a été confirmée puisque les sujets ont montré davantage de biais stéréotypiques dans leur jugement au moment non optimal de la journée (le matin pour les sujets vespéraux, le soir pour les sujets du matin). Ces résultats se retrouvent

dans un jugement de probabilités concernant les caractéristiques d'une personne et dans la perception de la culpabilité suite à des allégations de mauvaise conduite chez des étudiants. Ces résultats suggèrent que les processus biologiques doivent être considérés dans les tentatives de conceptualiser les déterminants de stéréotypes.

Questions de recherche et hypothèses

37

Questions de recherche

Nous allons nous intéresser dans un premier temps à la réplicabilité des résultats de Bodenhausen, 1990 aussi bien au niveau explicite qu'implicite en contrôlant l'inertie de sommeil. Rappelons que celui-ci a mis en évidence que l'activation des stéréotypes semble influencée par les rythmes circadiens au moins de manière explicite.

Nous tenterons également de vérifier s'il existe des variations circadiennes dans une tâche d'inhibition cognitive telle que le GoNoGo. Cette tâche semble en effet faire l'objet de variations circadiennes (Schmidt, 2009).

Nous nous interrogerons si les variations obtenues sont la conséquence d'une variation de la vigilance.

Enfin, nous étudierons s'il existe une corrélation entre les mesures portant sur le jugement social et l'inhibition cognitive.

Hypothèses

H1 : Les stéréotypes varient en fonction du moment de la journée.

Bodenhausen, 1990 constate que les variations circadiennes du niveau d'éveil seraient reliées à la propension à activer les stéréotypes sociaux. Notre hypothèse est qu'au niveau explicite, en contrôlant l'inertie de sommeil, on ne constate pas d'effet en raison d'un biais de désirabilité sociale. En revanche, au niveau implicite, y compris en contrôlant l'effet d'inertie de sommeil, nous nous attendons à obtenir le même type de résultats que Bodenhausen.

H2 : L'inhibition varie en fonction du moment de la journée

Des études précédentes (Hasher et al., 2008) indiquent que les variations circadiennes ont une influence sur les performances inhibitrices. Notre hypothèse est que les performances en inhibition, et plus particulièrement dans une tâche de type GoNoGo (cf. Schmidt, 2009), sont moins bonnes lorsque la passation est effectuée au moment non-optimal de la journée (matin pour les vespéraux, soir pour les matinaux).

Si l'inhibition ne peut jouer son rôle alors l'expression des stéréotypes semble s'exprimer pleinement (Kunda et al., 1999). L'hypothèse que nous formulons ici est simple, plus la performance en tâche GoNoGo est mauvaise, plus l'expression des stéréotypes sera forte et inversement.

II. Méthode

Sélection de la population

MEQ (Morning Evaluation Questionnaire)

Ce questionnaire (annexe 1) a été administré afin de sélectionner la population.

Celui-ci investigue les caractéristiques de sommeil personnelles, si le sujet est du matin ou du soir. En fonction du score obtenu au questionnaire le sujet est classé vespéral ou matinal.

La procédure est la suivante :

1. Le questionnaire est posté en ligne

2. Des affiches sont posées et une large diffusion est effectuée sur les réseaux personnels.

3. Le sujet est classé dans le groupe vespéral ou matinal selon le score obtenu au questionnaire.

4. On propose deux dates de passation et un horaire au sujet.

Graphique 1 : répartition du chronotype dans l'échantillon

805 personnes ont répondu au questionnaire et le chronotype se répartit de manière gaussienne (Graphique 1). L'age moyen de la population ayant répondu à ce questionnaire est de 36,83 ans et le score moyen est de 52, 94, ce qui équivaut à un score neutre, légèrement du matin. Les sujets extrêmes du matin, ayant un score supérieur ou égal à 70, représentent 3,97% de la population testée. Les sujets extrêmes du soir, ayant un score inférieur ou égal à 31, représentent 4,46% de la population testée.

Sur base de ce questionnaire, 2 groupes ont été formés : un groupe composé de 24 sujets extremes du matin et un groupe composé de 24 sujets extremes du soir. En raison d'une difficulté pratique de recrutement, le score seuil pour les sujets extrêmes du soir a été augmenté à 32.

L'age moyen des sujets extremes du matin qui ont été testés est de 47,08 ans contre 33,75 ans pour les sujets extremes du matin. Cette différence d'age entre les deux groupes est significative (t(1,46)=-2.99 ; p=0,04) et n'a pas pu être contrôlée de manière expérimentale. Ce facteur sera donc intégré dans les analyses statistiques.

Plan expérimental

Comme dit dans la section précédente, il existe deux groupes de participants : les extrêmes du matin ou « matinaux » et les extrêmes du soir ou « vespéraux ».

Chaque sujet a été testé à 2 reprises : une fois au moment non-optimal (10h30 après le réveil pour les matinaux, 1h30 après le réveil pour les vespéraux), une fois au moment optimal (1h30 après le réveil pour les matinaux, 10h30 après le réveil pour les vespéraux).

Les sujets sont testés 1h30 et 10h30 après leur lever afin de contrôler l'inertie de sommeil (Schmidt et al., 2009).

Ces passations ont été contre-balancées, ainsi la moitié des sujets a commencé au moment optimal tandis que l'autre moitié a commencé par la passation non-optimale.

La passation 1h30 après le lever a été commencée en moyenne 1h27 après le lever et la condition 10h30 post-réveil a été commencée en moyenne 10h29 après le lever.

L'ordre de passation des tâches a été contrôlé afin de s'assurer que l'ordre dans lequel le sujet effectue les tâches n'a pas d'impact sur sa performance.

 

Ordre de passation

C1

PVT-IAT-GoNoGo

 

PVT-GoNoGo-IAT

C3

IAT-PVT-GoNoGo

C4

IAT-GoNoGo-PVT

C5

GoNoGo-IAT-PVT

C6

GoNoGo-PVT-IAT

Tableau 1 : Contre-balancement de l'ordre de passation

Ainsi chaque groupe a été réparti en 6 conditions, chaque condition correspondant à l'ordre dans lequel les sujets passent les tâches (tableau 1).

En résumé, voici le plan expérimental utilisé (tableau 2).

 

24 sujets matinaux

24 sujets vespéraux

C1

 

C3

C4

C5

C6

C1

 

C3

C4

C5

C6

Ordre de passation 1h30 ap lever puis 10h30 ap lever

1,2

3,4

5,6

7,8

9, 10

11,12

25,26

27,28

29, 30

31,32

33,34

35,36

Ordre de passation 10h30 ap lever puis 1h30 ap lever

13,14

15,16

17,18

19, 20

21,22

23,24

37,38

39, 40

41,42

43,44

45,46

47,48

Numéros de sujets Tableau 2 : résumé du plan expérimental

Enfin, afin d'éviter un effet test-retest, il s'est écoulé 7 à 10 jours (8,3 jours en moyenne) entre les 2 passations pour chaque sujet.

Expérience

Le sujet effectue 4 tâches : une tâche de type Go/No-Go (inhibition), une tâche PVT (vigilance), une tâche IAT (jugement social implicite) et une échelle explicite de préjugés (jugement social explicite). Les 3 premières tâches sont contrebalancées comme expliqué dans la partie précédente et la 4ème tâche (échelle explicite) est toujours présentée en dernier. Le temps de réalisation de l'ensemble de ces tâches lors d'une passation avoisine les 45 minutes.

L'ensemble des tâches informatisées a été réalisé sur un PC portable Dell Inspiron 6000 cadencé à 1,6GHz avec 1 Go RAM.

Tâche Go/No-Go (inhibition)

La tâche Go/No-Go utilisée est une tâche informatisée dans laquelle le sujet doit appuyer quand il voit n'importe quelle lettre à l'exception d'une (dans notre cas la lettre X) (figure 7). Cette tâche va permettre de mesurer la capacité du sujet à inhiber une réponse prépotente. La tâche dure approximativement 20 minutes.

Condition go Condition no-go

(appuyer lorsqu'une lettre apparait) (ne pas appuyer lorsque la lettre X apparait)

Figure 7 : illustration de la tâche GoNoGo

La tâche utilisée est une traduction française de celle utilisée dans l'article de Hinshaw, Greenhill, Shafritz, Vitolo, Kotler, Jarrett et Glover, 2007 disponible sur le site internet de l'institut Sackler2. La tâche a été exécutée grâce au logiciel e-prime 2.0.8.89. Elle est composée de 5 blocs comprenant chacun 129 items dont 25 items NoGo et 104 items Go.

Tâche de vigilance psychomotrice (PVT) (vigilance)

Cette tâche créée par Dinges, 1985 (in Schmidt, 2009) est également une tâche informatisée dans laquelle le sujet doit répondre le plus vite possible lorsqu'il voit un compteur défiler, sans pour autant anticiper sa réponse. Les mesures prises en compte sont le temps de réaction (TR), le nombre d'erreurs d'omission (TR de plus de 500 ms), le nombre de commissions (le sujet appuie alors qu'il ne devrait pas, le temps de réaction est inférieur à 100 ms) et la variabilité intra-sujet (différence entre les temps de réaction les 10% plus rapides et les 10% moins rapides). Ces mesures vont nous permettre de vérifier si le sujet maintient sa vigilance lors des tâches proposées. Elle va nous permettre également de vérifier également si le maintien de la vigilance est équivalent au moment optimal et non optimal. Cette tâche dure 10 minutes.

L'intervalle entre les stimuli est aléatoire entre 2 et 10s. Le sujet voit ainsi apparaitre approximativement 70 stimuli pendant la réalisation de la tâche.

2 http://www.sacklerinstitute.org/cornell/assays_and_tools/

Tâche d'association implicite (IAT) (jugement social implicite)

La tâche a été adaptée de la version Racism IAT sur le site de Millisecond3. La tâche est exécutée via le logiciel Inquisit 3.0.4.0.

La tâche est composée de 8 items cibles á savoir 8 prénoms masculins, 4 prénoms á consonance francophone (Pascal, Grégory, Damien, Ferdinand) et 4 prénoms á consonance maghrébine (Mohamed, Ahmed, Ali, Youssef). Les prénoms francophones et maghrébins ont été associés sur base de leur fréquence dans la population belge4. Les deux types d'attributs (Bon/Mauvais) comportent chacun 8 items (Bon : merveilleux, superbe, plaisir, beau, plaisant, glorieux, charmant, magnifique / Mauvais : tragique, horrible, agonie, douloureux, terrible, épouvantable, humiliant, méchant).

Lors de cette tâche, le sujet appuie chaque fois sur la touche E pour associer la catégorie de gauche. Il appuie sur I pour la catégorie de droite. Lorsqu'il commet une erreur, une croix rouge apparait en dessous de l'item pour l'inviter à corriger.

Figure 8 : 2 concepts cibles

2 concepts cibles apparaissent dans une tâche á deux choix (Maghrébin/Autre) (figure 8). Dans l'exemple ici, le sujet voit apparaitre le prénom « Pascal » au centre de l'écran, il appuie sur la touche correspondant á la catégorie « Autre » (la touche E sur le clavier).

Le sujet continue á répondre avec les mêmes touches á une seconde tâche qui concerne l'attribut (Bon/Mauvais) (figure 9). Dans l'exemple, le sujet appuie sur la touche correspondant á la catégorie « Mauvais » (touche I). Figure 9 : attribut

Ensuite, l'attribut et les concepts cibles sont mélangés. Ainsi, le sujet voit apparaitre une valeur de l'attribut d'un côté (ex : Bon) ainsi qu'un concept cible (ex : Maghrébin). Et de l'autre côté il voit apparaitre la seconde valeur de l'attribut (ex : Mauvais) et le second concept cible (ex : Mauvais). Au milieu de l'écran apparait soit un prénom

 

Figure 10.1 : conditions mélangées. Prénom.

 
 
 

(figure 10.1) soit un mot (figure 10.2). Dans l'exemple de la figure 10.1, le sujet appuie sur la touche correspondant à « Autre » (touche I). Dans l'exemple de la figure 10.2, il appuie sur la touche correspondant à « Mauvais » (touche I également).

 

Figure 10.2 : conditions mélangées. Mot.

La tâche est contre-balancée afin qu'elle ne commence pas toujours par la méme association concept-attribut.

Pour l'analyse des résultats, nous porterons notre intérét sur le score D. Il s'agit d'une mesure qui divise la différence entre la moyenne des blocs tests par l'écart-type de l'ensemble des temps de réaction des deux blocs. Les résultats de Greenwald, Nosek et Banaji, 2003 indiquent que l'algorithme conventionnel de l'IAT est dépassé par la mesure D pour (a) la magnitude de la corrélation implicite-explicite, (b) la résistance à la contamination par des réponses de vitesse différente, (c) la résistance à l'effet de réduction du score IAT, (d) la sensibilité aux effets connus sur les mesures IAT et (e) la latence implicite explicite dans l'analyse factorielle confirmatoire.

Cette mesure D étant plus fine et plus sensible, c'est elle que nous retiendrons pour l'analyse des résultats de l'IAT.

Nous nous attendons ici à ce que le score D soit de manière générale positif, ce qui indiquerait une préférence de l'échantillon pour la population francophone. Mais surtout nous nous attendons à ce qu'au moment non-optimal de leur journée les sujets aient un score D plus positif qu'au moment non optimal. Cela indiquerait que la préférence pour la population endogène (francophone) est plus marquée au moment non-optimal de la journée.

Echelle explicite de préjugés (jugement social explicite)

Dans cette échelle (annexe 2), on présente au sujet des phrases ambiguës, une par une. A chacune de ses phrases, le sujet doit répondre de « pas du tout d'accord » à « tout à fait d'accord ».

Par exemple :

Les personnes d'origine maghrébine travaillent aussi dur pour aller de l'avant que la plupart des autres Belges.

1. Tout a fait d'accord

2. Plutôt d'accord

3. Plutôt pas d'accord

4. Pas du tout d'accord

Gette tâche va permettre de déterminer si le sujet a une propension plus importante au préjugé de manière explicite au moment non-optimal de sa journée. Gette tâche dure environ 5 minutes.

La méthodologie utilisée pour l'analyse de l'échelle explicite repose sur l'article de Laïla Benraiss (2004). L'échelle est composée de 6 questions construites sous forme d'échelles de Likert à 4 positions. Il s'agit donc d'une échelle de type ordinal où chaque item ne peut prendre que 4 valeurs. Nous effectuons une étude exploratoire afin de purifier l'instrument de mesure. Le test de Bartlett teste l'hypothèse nulle de corrélation des variables. Le seuil de risque est proche de 0 (p=0,000), l'hypothèse des corrélations nulles peut être rejetée. Ici, les données sont ainsi corrélées et donc factorisables. L'indice KMO donné par le test de Kaiser, Meyer et Olkin est de 0,575. Get indice et faible et peu acceptable.

L'alpha de Cronnbach permet de mesurer la fiabilité des items à mesurer ce qu'ils sont censés mesurer. Lorsque l'alpha des questions approche 1, la cohérence interne de l'échelle est bonne, lorsqu'elle approche de 0, la cohérence est faible. Un alpha acceptable est compris entre 0,6 et 0,7 (Nunnally, 1978 ; in Benraiss, 2004). L'alpha de Gronnbach ici est de 0,522, ce qui est également faible.

Nous décidons dès lors de supprimer la question 5, ce qui porte l'indice KMO à 0,606 et l'alpha de Cronnbach à 0,650 qui sont des données acceptables. Un score composite est calculé sur base des items retenus. Ge score correspond à la moyenne des scores de chaque question.

III. Résultats

Tâche de vigilance psychomotrice (mesure de la vigilance)

Pour la tâche de vigilance psychomotrice, des analyses séparées ont porté sur le TR moyen pour les TRs > 100 ms et < 500 ms, le nombre d'omissions (TRs > 500ms), le nombre de commissions (TRs < 100 ms) et la variabilité des TRs (différence de TR moyen entre les 10% les plus rapides et les 10% les plus lents).

Sur l'ensemble des sujets, le temps de réaction (TR) moyen est de 333.24 ms (s.d. 38,83), le nombre d'omissions moyen est de 3.95 (s.d. 5,27), le nombre de commissions moyen est de 0.53 (s.d. 2,11) et la variabilité moyenne est de 161.08 ms (s.d 20,32). Le sujet 18 a été écarté des analyses parce que son TR est au-delà de 2 écart-types.

Le test de Kolmogorov-Smirnoff nous indique que le TR moyen et la variabilité sont distribuées normalement (p>0.20). Ce n'est en revanche pas le cas des omissions et commissions (p<0.01).

Nous avons effectué une analyse de la variance à mesures répétées pour le TR moyen et la variabilité avec un facteur intra-groupe Optimalité (moment de test optimal vs. non-optimal) et deux facteurs inter-groupes Chronotype (matinal vs. vespéral) et ordre de Passation de la condition optimale (lors de la 1ère vs. lors de la 2nde passation), avec l'âge en covariée.

âche de vigilance psychomotrice

Graphique 2 : effet significatif d'optimalité sur le temps de réaction chez les matinaux et vespéraux

Les résultats de l'ANOVA sur les temps de réaction moyen révèlent un effet d'interaction Optimalité*Chronotype (F(1,43)=9,0639;p=0,004) (graphique 2). Tous les autres effets sont non-significatifs (ps > .13). Les tests post-hoc Tukey HSD montrent que le TR moyen est plus rapide au moment optimal que non-optimal dans le groupe Vespéral (TR optimal 310 ms (s.d. 30) vs TR non-optimal 327 ms (s.d. 36) ; p = .003), ce qui n'est pas le cas dans le groupe Matinal (TR optimal 345 ms (s.d. 37) vs TR non-optimal 343 ms (s.d. 39,49) ; p = 0.97). Par ailleurs le TR moyen au moment optimal est plus rapide dans le groupe Vespéral que dans le groupe Matinal (p = .0024). Les autres effets ne sont pas significatifs (ps>0,20).

Aucun effet significatif n'a été observé pour une anova similaire portant sur la variabilité du TR (ps>0,24).

Les analyses effectuées pour les omissions et commissions sont des tests non-paramétriques de type Wilcoxon pour échantillons pairés. On constate une tendance à commettre davantage de commissions au moment non-optimal chez les vespéraux (Commissions optimal 0 (s.d. 0) vs Commissions non-optimal 0,21 (s.d. 0,51) ; W=0,00 ; p=0,07). Tous les autres effets sont

Vespéraux

non-significatifs (ps>0,12).

Les moyennes et écart-types des mesures de la PVT sont reprises dans le tableau 3 ci-dessous.

 

Matinaux

Vespéraux

Moyenne

Ecart-type

Moyenne

Ecart-type

TR Moyen Optimal

345,40

37,00

310,11

30,11

TR Moyen Non Optimal

343,29

39,50

326,65

36,06

Omissions Optimal

4,83

3,88

1,92

2,24

Omissions Non Optimal

3,83

2,90

2,79

3,89

Commissions Optimal

0,61

1,75

0,00

0,00

Commissions Non Optimal

1,39

4,52

0,21

0,51

Variabilité Optimal

167,76

30,21

156,38

22,60

Variabilité Non Optimal

158,63

23,37

163,42

25,15

Tableau 3 : Moyennes et écart-types dans les mesures de la tâche de vigilance psychomotrice chez les matinaux et vespéraux

GoNoGo (mesure de l'inhibition)

Malheureusement, une erreur lors de l'enregistrement des données s'est produite pour cette tâche. Seules les données de 13 sujets du matin ont été effectivement enregistrées lors des deux passations ainsi que celles de 9 sujets du soir.

Pour la tâche GoNoGo, des analyses séparées ont été effectuées sur le temps de réaction (TR) moyen, le pourcentage d'appuis intempestifs, le coefficient de variation et le TR moyen post-X. Une analyse portant sur la comparaison TR moyen et TR moyen post-X a également été réalisée. Les sujets 16,20 et 35 ont été écartés des analyses de TR moyen et de TR moyen post-X (leur performance étant au-delà de 2 écart-types).

Sur l'ensemble des sujets, le TR moyen est de 396,26 ms avec un écart-type de 61,24ms le TR moyen post-X est de 385,93ms avec un écart-type de 65,03, le pourcentage d'appuis intempestifs moyen est de 4,34%, et le coefficient de variation moyen est de 4,34. Les sujets 13 et 14 sont exclus de l'analyse pour les appuis intempestifs.

Le test de Kolmogorov-Smirnoff nous indique que le TR médian, le nombre d'appuis intempestifs et le TR médian post-X sont distribuées normalement (p>0.15). Ce n'est en revanche pas le cas du coefficient de variation (p<0.01).

Nous avons effectué une analyse de la variance à mesures répétées pour le TR moyen, le pourcentage d'appuis intempestifs et le TR moyen post-X avec un facteur intra-groupe Optimalité (moment de test optimal vs. non-optimal) et deux facteurs intergroupes Chronotype (matinal vs. vespéral) et ordre de Passation de la condition optimale (lors de la 1ère vs. lors de la 2nde passation), avec l'âge en covariée.

GoN

Graphique 3 : Effet non significatif d'optimalité sur le TR moyen de la tftche GoNoGo chez les matinaux et vespéraux lors de la première et seconde passation.

Les résultats de l'ANOVA sur le TR moyen relèvent un effet significatif de l'interaction Optimalité*Chronotype*Passation (F(1,15)=14,06;p=0,002) (graphique 3) mais cet effet n'est pas confirmé lors des analyses à posteriori (ps>0,09). On constate également un effet d'Optimalité marginalement significatif pour le TR moyen post-X (F(1,17)=4,27 ; p=0,056) et un effet d'interaction Optimalité*Chronotype*Passation (F(1,17)=11,62 ; p=0,004) également non confirmés par les analyses à posteriori (p>0,23). Tous les autres effets sont nonsignificatifs (ps>0,11). Les analyses mettent en évidence un effet d'Optimalité marginalement significatif pour le nombre d'appuis intempestifs (F(1,17)=4,34 ; p=0,05) non confirmé par les analyses à posteriori (p=0,09).

Les analyses effectuées pour le coefficient de variation sont des tests non-paramétriques de type Wilcoxon pour échantillons pairés. On ne constate aucun effet significatif (ps>0,69).

p o op pa p ma

Nous avons effectué une analyse de la variance à mesures répétées pour le TR moyen avec un

Mainaux

facteurs inter-groupes Chronotype (matinal vs. vespéral) et ordre de Passation de la condition optimale (lors de la 1ère vs. lors de la 2nde passation), avec l'âge en covariée.

Lorsque les sujets sont testés au moment non-optimal, leur TR moyen post-X est significativement plus rapide que lors de l'ensemble de la tâche (TR moyen post-X non-optimal= 370,72 vs TR moyen tâche non-optimal=381,37 ; F(1,19)=12,19 ; p=0,003), confirmé par les analyses à posteriori (p=0,0002). Au moment optimal, on constate un effet significatif Groupe*Passation (F(1,16)=4,59 ; p=0,047) non confirmé par les analyses à posteriori (ps>0,25). Tous les autres effets sont non-significatifs (p>0,25).

Graphique 4 : Effet significatif du temps de réaction moyen lors de la tftche ou après un X pour l'ensemble des sujets.

Lorsque les sujets sont testés au moment non-optimal, leur TR moyen post-X est significativement plus rapide que lors de l'ensemble de la tâche (TR moyen post-X non-optimal= 370,72 vs TR moyen tâche non-optimal=381,37 ; F(1,19)=12,19 ; p=0,003) (graphique 4), confirmé par les analyses à posteriori (p=0,002). Au moment optimal, on constate un effet significatif Groupe*Passation (F(1,16)=4,59 ; p=0,047) non confirmé par les analyses à posteriori (ps>0,25). Tous les autres effets sont non-significatifs (p>0,25).

Le tableau 4 ci-dessous reprend les moyennes et écart-types des sujets matinaux et vespéraux pour les différentes mesures de la tâche GoNoGo.

 

Matinaux

Vespéraux

Moyenne

Ecart-type

Moyenne

Ecart-type

TR Moyen Optimal

388,14

49,22

379,70

41,44

TR Moyen Non Optimal

384,52

42,94

376,96

39,13

TR Moyen Post-X Optimal

375,46

53,85

366,89

42,13

TR Moyen Post-X Non Optimal

373,31

45,38

367,11

40,24

Appuis intempestifs Optimal

4,51

3,46

4,24

2,66

Appuis intempestifs Non Optimal

5,44

3,38

4,55

2,85

Coefficient de variation Optimal

0,45

0,03

0,43

0,011

Coefficient de variation Non Optimal

0,42

0,12

0,43

0,018

Tableau 4 : Moyennes et écarts-types des mesures de la tâche GoNoGo

71610101WWo6iOioOimSfi6iii (mesure implicite des stéréotypes)

Pour la Tfiche d'Association Implicite (IAT), des analyses sont effectuées sur le score D.

Sur l'ensemble des sujets, le score D moyen est de 0,65 (s.d. 0,41), ce qui indique une attitude plus positive envers la population francophone. Le sujet 21 est exclu de l'analyse (score audelà de 2 écart-types).

Nous avons effectué une analyse de la variance à mesures répétées pour le score D avec un facteur intra-groupe Optimalité (moment de test optimal vs. non-optimal), deux facteurs intergroupes Chronotype (matinal vs. vespéral) et ordre de Passation de la condition optimale (lors de la 1ère vs. lors de la 2nde passation), avec l'age en covariée.

p

Graphique 5 : effet d'optimalité non significatif sur le score D de l'IAT chez les matinaux et vespéraux.

L'effet d'interaction Optimalité*Chronotype est non-significatif (F(1,42)=0,73 ; p=0,40) (graphique 5). Tous les autres effets sont également non-significatifs (ps>0,11).

Les moyennes et écarts-type de l'IAT chez les matinaux et vespéraux sont reprises dans le tableau 5 ci-dessous.

 

Matinaux

Vespéraux

Moyenne

Ecart-type

Moyenne

Ecart-type

D-Score Optimal

0,62

0,39

0,47

0,57

D-Score Non Optimal

0,72

0,46

0,71

0,41

Tableau 5 : moyennes et écarts-types du D-score.

Echelle explicite de préjugés

Pour l'échelle explicite de préjugés, des analyses séparées sont réalisées pour le score composite moyen.

Sur l'ensemble des sujets, le score moyen obtenu est de 2,08 (s.d. 0,44) ce qui correspond à

Vespéraux

p

un score légèrement favorable aux personnes maghrébines (le score allant de 1 à 4, un score

de 2,5 correspondant à une attitude ni favorable ni défavorable). Aucun sujet n'a été exclu de l'analyse.

Nous avons effectué une analyse de la variance à mesures répétées pour le score D avec un facteur intra-groupe Optimalité (moment de test optimal vs. non-optimal), deux facteurs intergroupes Chronotype (matinal vs. vespéral) et ordre de Passation de la condition optimale (lors de la 1ère vs. lors de la 2nde passation), avec l'âge en covariée.

 
 

Graphique 6 : effet d'optimalité non-significatif sur le score à l'échelle explicite chez les matinaux et vespéraux.

L'effet d'interaction Optimalité*Chronotype est non-significatif (F(1,43)=0,49 ; p=0,49). On constate un effet d'optimalité (F(1,43)=4,95 ; p=0,03) non confirmé par les analyses à posteriori (p=0,12). Tous les autres effets sont également non-significatifs (ps>0,22).

Les moyennes et écart-types sont repris dans le tableau 6 ci-dessous.

 

Matinaux

Vespéraux

Moyenne

Ecart-type

Moyenne

Ecart-type

Score Optimal

2,00

0,42

2,13

0,47

Score Non Optimal

2,06

0,47

2,15

0,44

Tableau 6 : Score moyen à l'échelle explicite

Correlations

Nous avons porté notre attention sur le lien entre la vigilance et les capacités inhibitrices. Les conclusions de ces analyses devront toutefois être tempérées par le fait que des données sont manquantes pour la tâche d'inhibition suite à un problème technique. Le TR moyen et les omissions de la tâche de vigilance psychomotrice sont significativement corrélés à la moyenne de la tâche GoNoGo et la moyenne post-X (0,56<r<0,59 optimal; 0,47<r<0.69 non-optimal ; p<0,05). Le nombre de commissions est corrélé significativement au coefficient de variation de la tâche GoNoGo au moment non-optimal (r=0,49 ; p<0,05).

Nous avons aussi focalisé notre regard sur la relation entre la vigilance et l'activation de stéréotypes. Au niveau implicite, le nombre de commissions est corrélé significativement au score D de la tâche d'association implicite lors de la passation optimale (r=0,56 ; p<0,05). Au niveau explicite, les corrélations ne sont pas significatives (0<r<0,24).

Nous nous sommes également intéressés à la relation existant entre les capacités d'inhibition telles qu'évaluées dans la tâche Go-NoGo et l'activation de stéréotypes. Au niveau implicite, la corrélation entre les indices d'inhibition et le score D de l'IAT ne sont pas significatives (0,03<r<0,09). Au niveau explicite, la moyenne de la tâche GoNoGo est significativement corrélée au score explicite dans la condition optimale (r=0,45;p<0,05).

Enfin, nous avons porté notre intérét sur le lien entre l'activation implicite et explicite des stéréotypes. Les corrélations entre l'échelle explicite et le score D de l'IAT ne sont pas corrélées significativement (0,07<r<0,42).

IV. Discussion

Rappel des hypothèses

L'objectif principal de ce travail a été d'étudier le lien entre les rythmes circadiens et le jugement social. Nous avons tenté de lier ces deux aspects au travers de l'inhibition cognitive. Autrement dit, nous avons procédé en 3 temps : 1. Voir s'il existe un lien entre la performance en inhibition et le rythme circadien. 2. Voir si la performance inhibitrice est liée au jugement social 3.Voir si ces trois notions sont liées entre elles (ex : au moment non optimal de ma journée, j'ai plus de difficultés à inhiber mes réponses et j'active davantage mes stéréotypes).

A cette fin, nous avons recruté deux groupes de participants sur base d'un questionnaire de chronotype : les sujets extrêmes du soir et les sujets extrêmes du matin. Ces sujets ont été vu au moment optimal (le matin pour les matinaux, le soir pour les vespéraux) et non-optimal de leur journée (le soir pour les matinaux, le matin pour les vespéraux). L'ordre de passation (optimal puis non-optimal vs non-optimal puis optimal) a été contrebalancé et il s'est écoulé 7 à 10 jours entre les deux passations.

Les sujets ont été testés au travers de quatre tâches contre-balancées, l'une d'entre elles est la tâche de vigilance psychomotrice qui permet de s'assurer du maintien de leur attention durant l'expérience. La tâche de GoNoGo est une seconde tâche à laquelle les sujets ont été confrontés, elle mesure la capacité des sujets à inhiber la réponse à un élément dominant. La troisième tâche est l'IAT ou tâche d'association implicite au cours de laquelle on mesure la préférence implicite des sujets pour une population (maghrébin/francophone). Enfin, ils ont été testés au travers d'une échelle explicite de préjugés afin de voir s'il existait une différence dans la réponse exprimée au niveau implicite et explicite par les sujets sur les mêmes populations.

Nous nous attendions dans un premier temps à ce que nos résultats sur la tâche de vigilance indiquent un temps de réaction plus rapide lors de la condition optimale uniquement chez les sujets du soir. Nous nous attendions également pour cette tâche à obtenir des temps de réaction plus rapides pour les sujets du soir que du matin.

Là où nous nous attendions à ce que la vigilance réagisse au facteur circadien, notre attente se
portait également sur des variations circadiennes dans les autres tâches. Ainsi, la première de
nos hypothèses est qu'au moment non-optimal de leur journée, tous les sujets (matinaux et

vespéraux) éprouvent davantage de difficultés à inhiber leurs stéréotypes au niveau implicite mais non au niveau explicite. Nous nous attendons donc à ce que nos sujets révèlent une préférence plus importante pour la population francophone (endogroupe) que pour la population maghrébine (exogroupe) au moment non-optimal de leur journée. Cette préférence devrait se marquer par un score D plus important dans la tâche d'association implicite au moment non-optimal. En revanche, nous nous attendons à ne constater aucune différence sur l'échelle explicite en raison d'un biais de désirabilité sociale.

La seconde hypothèse est que l'inhibition cognitive subirait le méme sort et que l'inhibition serait moins bonne au moment non-optimal de la journée. Nous nous attendons ici à ce que nos sujets appuient plus souvent lorsque cela ne leur est pas demandé (appui intempestif) dans la condition non-optimale. Cela se traduirait par un pourcentage d'appuis intempestifs plus importants dans la tâche GoNoGo.

La troisième et dernière hypothèse rejoint les deux premières et postule que l'inhibition des stéréotypes serait influencée par l'inhibition cognitive. Notre attente ici est que les sujets aient des performances fortement corrélées aussi bien au moment optimal qu'au moment non-optimal de leur journée entre la tâche GoNoGo et la tâche d'association implicite. Ceci se traduirait par un nombre d'appuis intempestifs et un score D congruents (moment non-optimal : nombreux appuis intempestifs, score D élevé / moment optimal : peu d'appuis intempestifs, score D faible).

Résultats principaux et interprétation

Désormais, nous allons présenter les différents résultats de cette étude et soumettre des interprétations en lien avec la partie théorique de cette recherche.

Les données seront présentées successivement puis nous nous intéresserons aux liens existant entre ces données.

Tâche de vigilance psychomotrice

Nous allons tout d'abord nous intéresser à la mesure contrôle de cette étude, la vigilance, au travers des différentes conditions à savoir le groupe d'appartenance (matinal vs vespéral) et le moment de la passation (optimal vs non-optimal). Concernant la variabilité (différence entre les temps de réaction les 10% les plus rapides et les 10% les moins rapides), les omissions (>500ms) et les commissions (<100ms) nous ne constatons aucune différence significative de l'effet du moment (optimal vs non-optimal) aussi bien pour les sujets du matin que pour les sujets du soir. En revanche, là où l'on ne constate pas de différence significative concernant le temps de réaction chez les sujets du matin, les sujets du soir sont significativement plus rapides le soir.

Ensuite, concernant les différences de groupe, nous ne constatons aucune différence entre les sujets matinaux pour la variabilité, les omissions et les commissions. En revanche, les sujets du soir sont significativement plus rapides que les sujets du matin. Bien que l'on constate un effet significatif de l'age, ces effets se maintiennent lorsque l'age est contrôlé.

En réalisant les contrastes locaux pour les différentes mesures, voilà ce que nous obtenons :

(1) Pas d'effet pour les mesures de variabilité, omissions et commissions.

(2) Pas d'effet de moment (optimal vs non-optimal) pour les sujets matinaux

(3) Effet significatif de moment (optimal vs non-optimal) sur le temps de réaction pour les sujets vespéraux

(4) Effet significatif de groupe (matinal vs vespéral) sur le temps de réaction

Le maintien du nombre d'omissions, commissions et de la variabilité nous indiquent que les sujets focalisent leur attention avec autant de consistance au moment optimal que non-optimal. Cette absence d'effet nous invite donc à penser que les sujets ne sont pas plus distraits au moment optimal ou non-optimal de leur journée.

Nous aurions pu nous attendre à ce que les sujets du matin, tout comme les sujets du soir, aient une performance significativement plus lente au moment non-optimal de leur journée à savoir le soir. Une explication quelque peu intuitive de ce phénomène réside dans le profil des sujets extremes du matin. En effet, ce type de profil est généralement la résultante d'un emploi qui impose des horaires matinaux. Ces sujets ont ainsi des journées régulières, qui sont « normalisées » depuis de nombreuses années pour certains. Ces sujets, lorsqu'ils sont

éveillés depuis 10h30 sont testés en milieu d'après-midi, moment où dans leur vie quotidienne, ils sont autant susceptibles d'être aussi actifs qu'à leur lever. Les sujets vespéraux sont généralement inscrits dans un mode de vie qui ne les contraint pas à être actifs dès leur lever, qu'ils soient jeunes et joueurs de jeux vidéo ou qu'ils travaillent de nuit. Leur performance le matin s'en trouve dès lors ralentie. Un point de vue inverse, lui aussi intuitif, serait d'envisager que le moment optimal des matinaux est en réalité un moment contraint. De par leur emploi, ils ont été obligés de devenir productifs le matin. Avec le temps, leur performance le matin s'est améliorée pour atteindre la performance moyenne de leur journée. Schmidt et al., 2009 ont testé des sujets au travers d'une tâche de vigilance psychomotrice et obtiennent des résultats similaires à ceux obtenus dans notre étude. En effet, les sujets du soir sont plus rapides le soir mais on ne constate pas de différence chez les sujets du matin. Dans cette études, les auteurs mettent en évidence une activation plus importante chez les vespéraux notamment dans le locus coerulus et le noyau suprachiasmatique (aires importantes dans les rythmes circadiennes). Cette activation cérébrale plus importante chez les vespéraux pourrait être à l'origine de leur meilleure performance le soir.

L'explication la plus cohérente que nous pouvons apporter concernant la stabilité de la performance chez les matinaux réside dans l'atténuation circadienne chez les plus âgés. Aussi bien dans notre étude que de manière générale, les sujets extrêmes du matin sont généralement plus âgés que les sujets extrêmes du soir. Or, on sait que l'age joue un rôle sur le fonctionnement circadien et qu'avec l'age celui-ci tend à s'aplanir. Une étude d'Adam et al.,2006 met notamment en évidence que lors d'une privation de sommeil, la performance des âgés tend à rester beaucoup plus stable que celle des plus jeunes qui s'effondre.

Tâche GoNoGo (mesure de l'inhibition)

A nouveau, nous avons comparé la performance des sujets matinaux et vespéraux au moment optimal et non optimal de leur journée. Les résultats que nous avons obtenus sont contraires à notre hypothèse : quel que soit le groupe testé, le temps de réaction et le nombre d'appuis intempestifs ne varient pas. En effet, nous n'avons pas mis en évidence d'effet significatif du moment (optimal vs non-optimal) aussi bien pour les matinaux que les vespéraux. Ces résultats vont à l'encontre de la littérature (May & Hasher, 1998 ; in Hasher et al., 2008). En effet, May et Hasher constatent que les sujets du matin produisent globalement plus d'erreurs

et que tous les sujets (matinaux ou vespéraux) effectuent davantage d'erreurs au moment non-optimal.

Nous restons prudents quant aux données obtenues dans cette tâche car plusieurs biais ont contaminé la tâche. Le premier d'entre eux et probablement le plus important est que de nombreuses données n'ont pas été enregistrées par le programme, ce qui réduit de manière importante le nombre de sujets et dès lors la probabilité d'obtenir un effet. De surcroit, cela n'a pas affecté de manière égale le nombre de sujets matinaux et vespéraux créant une inégalité entre les groupes. Ensuite, le contre-balancement de l'ordre de passation des tâches a lui aussi été affecté par ce nombre de sujets manquants.

Ensuite, la longueur de la tâche n'était probablement pas adaptée au testing. En effet, la tâche durait 20 à 25 minutes, ce qui s'est avéré particulièrement long pour de nombreux sujets qui ont manifesté leur désintérêt. Ce biais a probablement créé une sorte d'effet plancher avec une performance dans l'ensemble des conditions davantage régie par un désintérét de la tâche que par un effet d'optimalité. Blatter et Cajochen, 2006 mettent en garde contre cet effet de durée et recommandent l'utilisation de tâches de vigilance courtes (5 à 10 minutes) lors d'une déprivation de sommeil, le sujet devenant trop distractible par la suite.

La corrélation significative entre le temps de réaction moyen de la PVT et celui du GoNoGo nous invite cependant à considérer que la performance obtenue par les sujets dont le score est enregistré est interprétable. L'inhibition est une fonction cognitive de haut niveau, plus exigeante qu'une tâche de vigilance. On peut imaginer que de par l'effort cognitif nécessaire, les sujets sont davantage affectés par la difficulté de la tâche que par un éventuel effet du moment de la journée. Ces résultats ne vont cependant pas dans le sens de la littérature. Manly, Lewis, Robertson, Watson et Datta, 2002 (in Schmidt, 2007) constatent un important effet du moment de la journée, les sujets étant moins efficients tôt le matin qu'en début d'après-midi et le soir.

Nous comparons désormais le temps de réaction à l'ensemble de la tâche à celui obtenu après un X (élément pour lequel il ne faut pas appuyer). Nous aurions eu tendance à penser que le sujet devant inhiber sa réponse, il se prépare à la réponse suivante, à l'inhiber de nouveau et son temps de réaction s'en trouve ralenti. Pourtant au moment optimal de la passation, il n'y a pas d'effet significatif et le sujet se prépare de la même manière à un item suivant un X ou non. Là où nous obtenons un résultat quelque peu surprenant, c'est qu'au moment non-optimal, les sujets répondent plus rapidement après avoir vu un X. Une réponse qui pourrait

être apportée à ce résultat est que l'attention du sujet étant captée par un élément inhabituel, il focalise davantage son attention et son potentiel de préparation en est alors accru. Sa vigilance étant plus grande, il met moins de temps à répondre à l'élément qui suit un X. (Je viens de voir un X, je me suis fait/j'aurais pu me faire piéger, je reste bien attentif !). Buschman et Miller, 2007 ont mis en évidence une activation cérébrale lors de la présentation d'un distracteur qui serait dû à une attention de type bottom-up. Dans notre expérience, nous pouvons penser que le sujet traite l'ensemble de la tâche de manière top-down et le stimulus X lui apparait comme un « distracteur » qui vient capter son attention sur un mode bottom-up. Le sujet, sous l'influence de ce distracteur focalise alors son attention au cas où un nouveau distracteur apparaitrait. Ce phénomène ne se produit qu'au moment non-optimal de la journée, le sujet étant plus à même de réagir à un « distracteur ».

Echelle explicite

Pour cette tâche, nous avons également comparé la performance des sujets matinaux et vespéraux à leur moment optimal et non-optimal. Les résultats que nous avons obtenu confirment notre hypothèse : quel que soit le groupe testé et le moment, les sujets ne manifestent pas de variations dans la mesure des préjugés au niveau explicite. Nous n'avons pas mis en avant d'effet significatif du moment (optimal vs non-optimal) aussi bien pour les matinaux que les vespéraux. Ces résultats vont à l'encontre de la littérature (Bodenhausen, 1990). En effet, les résultats de Bodenhausen indiquent que les sujets émettent un jugement social plus défavorable au moment non-optimal de leur journée.

La première explication que nous pourrions accorder à ce résultat viendrait d'un effet de récupération des items de l'échelle. L'échelle est composée de 5 items et nous pourrions penser que les sujets se souviennent de leur réponse d'une passation à l'autre, effaçant ainsi l'effet du moment de la passation. Cependant, en espaçant les passations de 7 à 10 jours nous pouvons considérer que ce facteur de mémorisation soit supprimé puisque les sujets n'ont normalement pas effectué un encodage en mémoire à long terme.

La seconde explication viendrait de la sensibilité de l'échelle. Les sujets sont susceptibles de manière socialement désirable et une échelle à 4 niveaux (tout à fait d'accord à pas du tout d'accord) n'est pas suffisamment sensible pour détecter un changement de réponse. Les deux premières explications indiquent dès lors qu'il aurait été probablement préférable d'utiliser

une tâche plus complexe comme celle de Bodenhausen, 1990 qui utilise une tâche de jugement sur un texte.

Une autre vision de ce résultat viendrait du fait que les résultats obtenus par Bodenhausen sont liés à l'inertie de sommeil et la pression homéostatique. En effet, tous les sujets testés par cet auteur sont testés à 9h du matin et à 20h. Les sujets extrêmes du soir ne sont normalement pas encore réveillés à 9h du matin et cela entraine chez eux un effet de fatigue qui pourrait expliquer leur performance plus mauvaise. Les sujets extrêmes du matin quant à eux, sont pour certains levés depuis 15h lorsqu'ils passent la tâche à 20h, ils sont donc soumis à une pression de sommeil importante qui elle aussi nuance leurs résultats.

Un compromis entre ces explications résiderait donc dans l'utilisation d'une tâche moins sujette à l'effet de désirabilité sociale que les sujets passent 1h30 et 10h30 après le lever. L'analyse de la prochaine tâche, la tâche d'association implicite devrait donc nous renseigner davantage à ce sujet.

Tâche d'association implicite (IAT)

Nous avons testé ici si les sujets manifestent une préférence pour une population (francophone/maghrébine) plus importante en fonction du moment auquel ils sont testés. Tout d'abord l'échantillon testé présente de manière générale une légère préférence pour la population francophone. Cette préférence, comme nous pouvions nous y attendre, ne diffère pas significativement entre les sujets du matin et du soir.

En revanche, notre hypothèse n'est pas confirmée. Là où nous pensions qu'au moment non-optimal la préférence serait plus marquée au niveau implicite pour la population francophone nous ne constatons aucune différence significative aussi bien pour les sujets du matin que du soir. Si les résultats obtenus par Bodenhausen, 1990 n'étaient pas liés à l'inertie et la pression de sommeil, nous nous attendrions à obtenir le même type de résultats.

Nous pourrions suspecter un manque de sensibilité du score D mais les résultats utilisant l'algorithme classique de l'IAT vont dans le méme sens. Nous pourrions également inférer la présence de biais méthodologique tels que les bruits environnants au domicile mais cela devrait également influencer la performance dans la tâche de vigilance.

Nos résultats semblent dès lors indiquer que les résultats obtenus par Bodenhausen sont
davantage le reflet de l'inertie et la pression de sommeil que d'un effet circadien. Afin de s'en

assurer, il serait nécessaire de faire passer les mêmes tâches que Bodenhausen en contrôlant cette fois-ci l'inertie et la pression de sommeil.

L'activation des stéréotypes ne semble pas reliée à la vigilance. En effet, là où nos sujets du soir sont plus performants le soir, l'activation de leurs stéréotypes, elle, ne semble pas varier aussi bien au niveau implicite qu'explicite. Les résultats obtenus concernant l'inhibition nous invitent à être prudents mais en se penchant sur la littérature (Hasher et al., 2008), la performance des sujets du matin est moins bonne le soir. On ne constate cependant pas dans notre étude de variation dans l'activation des stéréotypes. On pourrait dès lors penser que ces notions ne sont pas directement reliées. Nous restons cependant prudents car les auteurs ne s'accordent pas quant à la présence d'effets circadiens dans la tâche GoNoGo (Blatter & Cajochen, 2006).

Dans la continuité de cette étude, il serait pertinent de tester les sujets dès leur réveil au travers de la méme tâche d'association implicite (IAT). Si des résultats apparaissaient lors de cette expérience, cela nous inviterait alors à repenser les résultats de Bodenhausen en mettant en avant que des résultats se produisent au lever en raison d'une inertie de sommeil mais que lorsque ce facteur est contrôlé ces résultats tendent à disparaitre.

Bibliographie

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Ressources multimédia

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Thèses et mémoires

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Schmidt, C. (2009). Chronotype and time-of-day influences on cognition in young and elderly subjects: a behavioral and functional neuroimaging approach. Thèse soutenue à l'Université de Liège en vue de l'obtention du garde de docteur en sciences psychologiques et de l'éducation.

Thèses et mémoires en ligne

Achard, V. (2003). Influence de l'obésité sur le rythme nycthéméral du PAI-1 plasmatique et de ses facteurs de régulation transcriptionnelle. Mémoire présenté à l'Ecole Nationale Supérieure Agronomique de Montpellier en vue de l'obtention du diplôme d'études approfondies en endocrinologie cellulaire et moléculaire.

Mongrain, V. (2006). Rythmes circadiens et mécanismes homéostatiques de

récupération chez des personnes de type matinal ou vespéral Th~se présentée à l'Université de Montréal dans la Faculté des études supérieures en vue de l'obtention du grade de Philosophiae Doctor (Ph.D.) en Sciences Neurologiques

Annexes

Annexe 1 : Questionnaire de chronotype en ligne

Le questionnaire est disponible à l'adresse chronotype.eu.ma

QUESTIONNAIRE DE TYPOLOGIE CIRCADIENNE

Adapté de: Horne, J. A. and O. Ostberg (1976). "A self-assessment questionnaire to determine morningness-eveningness in human circadian rhythms." Int J Chronobiol 4(2): 97-110.

1. Si vous viviez à votre rythme (celui qui vous plaît le plus), à quelle heure vous lèveriezvous, étant entièrement libre d'organiser votre journée ?

entre 5h00 et 6h30 du matin entre 6h30 et 7h45 du matin entre 7h45 et 9h45 du matin entre 9h45 et 11h00 du matin entre 11h du matin et midi

2. Si vous viviez à votre rythme (celui qui vous plaît le plus), à quelle heure vous mettriezvous au lit, étant entièrement libre d'organiser votre journée ?

entre 20h00 et 21h00

entre 21h00 et 22h15

entre 22h15 et 0h30

entre 0h30 et 1h45 du matin
entre 1h45 et 3h00 du matin

3. Si vous devez vous lever à une heure précise (plutôt tôt), le réveil vous est-il indispensable ?

beaucoup assez

peu

pas du tout

Dans des conditions adéquates (environnement favorable, sans contraintes particulières...), à quel point vous est-il facile de vous lever le matin ?

pas facile du tout pas très facile

assez facile

très facile

5. Comment vous sentez-vous durant la demi-heure qui suit votre réveil du matin?

pas du tout éveillé(e) peu éveillé(e)

relativement éveillé(e) très éveillé(e)

6. Quel est votre appétit durant la demi-heure qui suit votre réveil du matin ?

pas bon du tout

pas bon

assez bon

très bon

7. Comment vous sentez-vous durant la demi-heure qui suit votre réveil du matin ?

très fatigué(e)

relativement fatigué(e) relativement en forme très en forme

8. Quand vous n'avez pas d'obligations le lendemain, à quelle heure vous couchez-vous par rapport à votre heure habituelle de coucher ?

Plus de 2 heures plus tard 1 à 2 heures plus tard

moins d'1 heure plus tard rarement ou jamais plus tard

9. Vous avez décidé de faire du sport. Un(e) ami(e) vous propose de faire des séances d'1 heure et ce 2 fois par semaine. le meilleur moment pour lui est de 7 h à 8 h du matin. Ne considérant que le rythme qui vous convient le mieux, dans quelle forme penseriez-vous être?

vous trouvez cela très difficile

vous trouvez cela difficile

forme raisonnable

bonne forme

10.

A quel moment de la soiréée vous sentez-vous fatigué(e) au point de vous endormir ? entre 2h00 et 3h00 du matin

entre 0h45 et 2h00 du matin

entre 22h15 et 0h45 entre 21h00 et 22h15 entre 20h00 et 21h00

11. Vous souhaitez être au mieux de votre forme pour un examen qui vous demande un effort intellectuel intense durant deux heures. Vous êtes entièrement libre de le passer quand vous le souhaitez. Quelle heure choisiriez-vous ?

de 19 heures à 21 heures de 15 heures à 17 heures de 11 heures à 13 heures de 8 heures à 10 heures

12. Si vous alliez au lit à 23 heures, à quel niveau de fatigue seriez-vous ?

pas du tout fatigué(e) un peu fatigué(e)

relativement fatigué(e) très fatigué(e)

13. Pour une raison quelconque, vous vous couchez quelques heures plus tard que d'habitude, mais vous n'êtes pas obligé(e) de vous lever à une heure précise le lendemain. Laquelle des propositions suivantes choisiriez-vous ?

vous vous réveillez plus tard que d'habitude

vous vous réveillez comme d'habitude mais vous vous rendormez

vous vous levez comme d'habitude mais vous vous recouchez par la suite vous vous réveillez comme d'habitude et vous ne vous rendormez plus

14. Pour effectuer une garde de nuit, vous êtes obligé d'être éveillé entre 4 h et 6 h du matin. Vous n'avez pas d'obligations le lendemain. Laquelle des propositions suivantes vous convient le mieux?

vous n'irez au lit qu'une fois la garde terminée

vous faites une sieste avant et vous vous couchez après la garde vous vous couchez avant et faites une sieste après la garde

vous dormez ce qu'il vous faut avant d'effectuer la garde et ne vous recouchez pas après

15. Vous devez faire deux heures de travail physique intense, mais vous êtes entièrement libre d'organiser votre journée. Laquelle des périodes suivantes choisiriez-vous?

de 19 heures à 21 heures

de 15 heures à 17 heures de 11 heures à 13 heures de 8 heures à 10 heures

16. Vous avez décidé de faire du sport. Un ami vous propose une séance d'entraînement d'1 heure et ce 2 fois par semaine. le meilleur moment pour lui est de 22 h à 23 h. Ne considérant que le rythme qui vous convient le mieux, dans quelle forme penseriez-vous être?

bonne forme

forme raisonnable

vous trouvez cela difficile vous trouvez cela très difficile

17. Supposez que vous pouvez choisir vos horaires de travail. Admettons que vous travaillez 5 heures par jour et que votre travail est intéressant et bien payé. A quelle heure commenceriez-vous ces 5 heures de travail consécutives?

entre minuit et 2h entre 2h et 4h

entre 4h et 5h45 entre 5h45 et 7h30 entre 7h30 et 9h entre 9h et 10h

entre 10h et 12h entre 12h et 14h30 entre 14h30 et 17h entre 17h et 19h30 entre 19h30 et 22h entre 22h et minuit

18. A quelle heure de la journée vous sentez-vous dans votre meilleure forme ?

entre 22h et minuit entre 20h et 22h entre 18h30 et 20h entre 17h et 18h30 entre 14h30 et 17h entre 12h et 14h30 entre 10h et 12h entre 8h et 10h

entre 6h30 et 8h

entre 5h et 6h30

entre 2h et 5h du matin entre minuit et 2h du matin

19. On dit parfois que quelqu'un est un sujet du matin ou un sujet du soir. Vous considérezvous comme étant du matin ou du soir?

tout à fait un sujet du soir plutôt un sujet du soir

plutôt un sujet du matin tout à fait un sujet du matin Commentaires éventuels

Votre score est :

>70 Vous êtes tout à fait du matin 59-70 Vous êtes modérément du matin 42-59 Vous êtes neutre

31-42 Vous êtes modérément du soir <31 Vous êtes tout à fait du soir

Annexe 2 : Echelle explicite de préjugés

1. Les personnes d'origine maghrébine travaillent aussi dur pour aller de l'avant que la plupart des autres Belges.

1 2 3 4

Tout a fait d'accord Plutôt d'accord Plutôt pas d'accord Pas du tout d'accord

2. Quelle est la part de responsabilité qui incombe aux personnes d'origine maghrébine dans
les tensions raciales qui existent en Belgique actuellement ?

1

2

3

4

Toute la

Une grande part de

Une certaine part de

Aucune part de

responsabilité leur

responsabilité leur

responsabilité leur

responsabilité ne leur

incombe

incombe

incombe

incombe

3. En général, les personnes d'origine maghrébine ne se plaignent pas autant qu'elles
devraient le faire à propos de leur situation dans la société belge.

1 2 3 4

Tout a fait d'accord Plutôt d'accord Plutôt pas d'accord Pas du tout d'accord
4. La discrimination des personnes d'origine maghrébine n'est plus un problème en Belgique.
1 2 3 4

Tout a fait d'accord Plutôt d'accord Plutôt pas d'accord Pas du tout d'accord

5. Y a-t-il eu énormément de changements réels dans la situation des personnes d'origine
maghrébine lors des dernières années, beaucoup, seulement un peu ou pas du tout ?

1 2 3 4

Enormément Beaucoup Seulement un peu Pas du tout

6. Lors des dernières années, les personnes d'origine maghrébine ont reçu moins qu'elles ne
le méritent.

1 2 3 4






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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe