I.3. QUELQUES RESULTATS
EMPIRIQUES SUR LA RELATION INVESTISSEMENT-EPARGNE
I.3.1. Revue de la
littérature de la relation investissement-épargne dans les pays
développés
Depuis la fin des années 80, on observe une
libéralisation accrue du marché international des capitaux. Cette
libéralisation a abouti à la globalisation financière,
c'est-à-dire à un marché planétaire des capitaux.
Les marchés internationaux des capitaux sont les théâtres
des opérateurs de prêts et d'emprunt dans les différentes
monnaies et les prix qui se forment sur ces marchés sont les taux
d'intérêt.
Les principaux acteurs sont : les banques, les
entreprises multinationales mais aussi les Etats. Ces marchés comportent
trois pôles importants.
Les prêts bancaires internationaux, les obligations
internationales et les instruments du marché monétaire.
La libéralisation du marché international
des capitaux s'est matérialisée par une croissance importante, en
volume et en volatilité, des transactions financières très
coûteuses. Les effets positifs attendus de cette libéralisation
sont une hausse de l'investissement, une croissance plus rapide et une
augmentation du niveau de vie dans beaucoup de pays.
Dans ce contexte de libéralisation du
marché des capitaux, Feldstein et Horioka (1980) ont cherché
à évaluer le degré de mobilité des capitaux
internationaux à long terme sur base d'une analyse du lien entre
l'investissement et l'épargne des 19 pays de l'OCDE. Cette question est
importante car, selon le degré de mobilité du capital, l'impact
des politiques économiques peut être faible ou fort.
Par exemple, une politique fiscale en faveur de
l'épargne nationale aura un effet d'autant plus important sur
l'investissement du pays où le degré de mobilité du
capital est faible.
En effet, en cas d'absence de mobilité des
capitaux, on retrouve les résultats de l'économie fermée,
l'épargne nationale est égale à l'investissement national.
Si le degré de mobilité du capital est élevé, cette
même politique en faveur de l'épargne aura moins d'impact sur
l'investissement du pays.
Feldstein et Horioka ont donc proposé d'analyser
la corrélation entre le taux d'épargne et le taux
d'investissement afin de déterminer si les économiques
fermées ou, au contraire, si les marchés des capitaux peuvent
être considéré comme parfaitement intègres.
I.3.1.1.Spécification du modèle
Feldstein et Horioka ont proposé de mesurer le
degré de mobilité du capital sur la base d'une analyse de la
corrélation entre l'épargne et l'investissement. Ils ont
estimé l'équation :
(1)
où
représentent respectivement la part de l'investissement brut dans le
produit national et la part de l'épargne nationale dans le produit
national.
E est un aléa.
En cas de parfaite mobilité des capitaux, un
accroissement du taux d'épargne dans un pays doit induire un
accroissement de l'investissement. La productivité marginale du capital
étant une fonction décroissante du stock de capital,
l'accroissement de l'investissement bénéficiera d'abord aux pays
initialement les moins dotés en capital.
Par conséquent, en cas de forte mobilité du
capital, un accroissement de l'épargne nationale n'induit pas un
accroissement identique de l'investissement national. Une estimation de
â2 proche de zéro conduit donc à considérer qu'il y
a une forte mobilité des capitaux dans la mesure où cela signifie
que la corrélation entre l'épargne nationale et l'investissement
nationale est nulle.
En revanche, une estimation de â2 proche de 1
indique qu'un accroissement de l'épargne nationale induit un
accroissement identique de l'investissement national. L'épargne
supplémentaire reste dans son pays d'origine et la mobilité des
capitaux est faible.
La relation (1) peut également être
interprétée en termes des flux de capitaux. On sait que :
I=S-(X-M)
(2)
L'équation (1) devient : â1+
â2 E
(3)
D'où : - â1+(
â2-1)+ E (4)
Le solde du compte courant (X-M) traduit
l'excédent du revenu national sur la dépense nationale.
X-M=Y-C-I-G
Mais il peut également s'interpréter en
termes des flux de capitaux. Ainsi, une valeur positive du compte courant
indique que le pays est un prêteur net vis-à-vis du reste du
monde.
Une valeur négative indique que le pays
dépense plus qu'il gagne et qu'il emprunte à l'étranger
pour combler cet écart.
Ainsi, un excédent du compte courant se traduit par
une sortie nette de capitaux tandis qu'un déficit induit une
entrée nette des capitaux sur le territoire national. Cela
reflète la contrainte budgétaire de la nation. La partie de la
dépense qui ne correspond pas à un revenu (X-M) doit être
empruntée et inversement.
La balance des paiements doit toujours être nulle.
Le compte courant additionné du compte de capital et des interventions
officielles des autorités monétaires sur le marché des
changes doit être nul. Un coefficient estimé de â2
égale à 1 implique donc que l'épargne nationale finance
l'investissement national, mais également que les flux nets des capitaux
ne dépendent pas du taux d'épargne nationale.
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