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Caractérisation écologique d'un site Ramsar : le lac bleu wilaya d'El Tarf proposition d'un plan directeur de gestion

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par Fouad Omar Sabri
Université Badji Mokhtar Annaba Algerie - Master 2 2011
  

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UNIVERSITE BADJI MOKHTAR ANNABA
FACULTE DES SCIENCES
DEPARTEMENT DE BIOLOGIE
LABORATOIRE DES ECOSYSTEMES TERRESTRES ET AQUATIQUES

MEMOIRE DE MASTER

Filière : Monitoring des milieux naturels et gestion durable des ressources
Option : Diagnose des communautés animales

CARACTERISATION ECOLOGIQUE D'UN SITE RAMSAR : LE LAC BLEU
WILAYA D'EL TARF
PROPOSITION D'UN PLAN DIRECTEUR DE GESTION

Présenté par: SABRI Fouad Omar

Membres du jury:

Président : Professeur BENSOUILAH Mourad Promoteur : Professeur BENYACOUB Slim Examinateur : Monsieur DADCI Walid

Année : 2011

Remerciements

Je voudrais exprimer mes sincères remerciements au professeur BENSOUILAH Mourad pour avoir accepter de présider mon jury

J'exprime mes plus vifs remerciements a Monsieur DADCI Walid pour avoir accepté d'examiner le fruit de trois mois de recherche de terrain, de recherche bibliographique et de mise en oeuvre de méthodes diverses.

Le professeur BENYACOUB Slim a eu la patience de diriger et orienter ce travail. Je lui exprime mes plus respectueux remerciements pour ses conseils et remarques.

Je tiens tout particulièrement a exprimer ma reconnaissance a Madame BENYACOUB Zahra pour ses conseils utiles, pour ses encouragements répétés, pour la précieuse documentation qu'elle a su me procurer.

Je souhaite aussi exprimer toute ma reconnaissance aux personnes qui ont participé de près ou de loin a la réalisation de ce travail. Mes amis ont été d'un grand réconfort pour moi, je ne pourrais les citer tous, mais je voudrais qu'ils sachent que je leur suis très reconnaissant.

Je voudrais enfin réserver une grande part de remerciement pour mon père et ma mère, mes frères Djamel et Abderrahmane pour l'intérêt qu'ils ont porté a mon travail et pour les encouragements qu'ils m'ont prodigué tout ce temps.

LISTE DES FIGURES

Titre

Page

1

Localisation générale du lac Bleu

09

2

Bassin versant du lac Bleu (1/25 000)

10

3

Carte bathymétrique du lac bleu en période estivale

12

4

Points de prélèvement de l'analyse physico-chimique de l'eau du lac Bleu

14

5

Zone inondable du lac Bleu

14

6

Occupation actuelle des sols

15

7

Ceinture de végétation typique dans le lac Bleu

25

LISTE DES TABLEAUX

N°

Titre

Page

1

Superficies partielles des différentes tranches de profondeur

12

2

Volumes partiels des différentes tranches de profondeurs

13

3

Paramètres physico-chimiques campagnes 2011

13

4

Superficie des terres emblavées et jachères au lac Bleu

15

5

Espèces végétales du lac bleu et sa périphérie

17

6

Avifaune nicheuse du lac Bleu

17

7

Avifaune hivernante et non résidente du lac Bleu

18

8

Avifaune des milieux forestiers périphériques du lac Bleu

18

9

Odonatofaune du lac Bleu

19

10

Liste des mammifères du lac Bleu

19

11

Liste des rongeurs et lagomorphes du lac Bleu

20

12

Liste des Chiroptères du lac Bleu

20

13

Grille de qualité globale des eaux de surface

22

14

Espèces protégées de l'avifaune du lac Bleu

26

15

Intervalles guides de surveillance de la qualité des eaux de surface du lac Bleu

28

SOMMAIRE

INTRODUCTION 05

I. MATERIEL ET METHODES 07

I-1. RECHERCHE BIBLIOGRAPHIQUE 07

I-2. CARTOGRAPHIE 07

I-3. BATHYMETRIE 07

I-3-1. DETERMINATION DES SUPERFICIES PARTIELLES 08

I-3-2. CALCUL DU VOLUME 08

I-4. ANALYSE PHYSICO-CHIMIQUES DES EAUX 08

I-5. LA FAUNE 08

I-6. LA FLORE 08

II.CONTEXTEGEOGRAPHIQUE GENERAL 09

II-1. DESCRIPTION GENERALE ET LOCALISATION 09

II-2. LE PARC NATIONAL D'EL-KALA 09

II-3. CLIMATOLOGIE GENERALE 10

II-4. CARACTERISTIQUES PHYSIQUES DU BASSIN VERSANT 10

II-4-1. LE RELIEF ET LES PENTES 11

II-4-2. HYDROLOGIE ET HYDROGEOLOGIE 11

III.RESULTATS 12

III-1. CARACTERISTIQUES MORPHOMETRIQUES DU LAC BLEU 12

III-1-1. BATHYMETRIE 12

III-1-2. VOLUME 13

III-2. CARACTERISTIQUES PHYSICO-CHIMIQUES DES EAUX 13

III-3. ZONE INONDABLE 14

III-4. OCCUPATION DU SOL 15

III-5. EVOLUTION RETROSPECTIVE DE L'OCCUPATION DES RIVES 16

III-6. SOURCES DE POLLUTION 16

III-7. DIVERSITE BIOLOGIQUE DU LAC BLEU 16

III-7-1. LA FLORE 16

III-7-2. LA FAUNE 17

III-7-2-1. L'AVIFAUNE 17

III-7-2-2. LES MAMMIFERES 19

IV. DISCUSSION . 21

IV-1. CARACTERISTIQUES MORPHOMETRIQUES DU LAC BLEU 21

IV-2. OCCUPATION DU SOL 22

IV-3. EVOLUTION RETROSPECTIVE DE L'OCCUPATION DES RIVES 23

IV-4. SOURCES DE POLLUTION 23

IV-5. DIVERSITE BIOLOGIQUE DU LAC BLEU 24

IV-5-1. LA FLORE 24

IV-5-2. LA FAUNE 25

IV-6. MESURES DE GESTION ET DE CONSERVATION DU SITE 27

IV-6-1. GESTION DE LA SANTE DE L'ETANG 27

IV-6-2. GESTION DU VOLUME D'EAU 29

IV-6-3. GESTION DE L'EXPANSION URBAINE 30

CONCLUSION . 31

BIBLIOGRAPHIE

Introduction

La prise de conscience de l'importance des zones humides va donner naissance en 1971, à Ramsar, en Iran et à l'initiative d'ONG ; de la convention relative des zones humides d'importance internationale. C'est un traité intergouvernemental d'un genre nouveau, car c'est le seul à concerner exclusivement un milieu bien particulier.

Ce traité est un cadre de coopération pour la convention et l'utilisation rationnelle des zones humides.

Aujourd'hui, la convention de Ramsar compte 160 parties contractantes qui ont inscrit 1896 zones humides, pour une superficie totale de 185 millions d'hectares.

L'Algérie y a adhéré en 1983 en inscrivant les deux premiers sites, le lac Oubeira et le lac Tonga, qui sont également des réserves intégrales du parc national d'el Kala.

Depuis, elle a inscrit 46 nouveaux sites humides qui couvrent 2 958 704 ha. (Boumezber, 2001).

Les zones humides font partie des ressources les plus précieuses sur le plan de la diversité biologique et de la productivité naturelle. Aujourd'hui nous savons qu'elles jouent un role très important dans les processus vitaux, entretenant des cycles hydrologiques et accueillant une flore et une faune diversifiées, originales et économiquement importantes.

Ces écosystèmes sont en voie de raréfaction sur tout le pourtour méditerranéen. Ils jouent pourtant un role essentiel sur les micros climats. Déjà soumis à la raréfaction naturelle de l'eau, ils sont aujourd'hui les plus fragilisés par la pression qu'exerce sur eux l'homme. En effet, l'intensification de l'agriculture exige la mobilisation d'une quantité de plus en plus importante d'eau pour l'irrigation. Celle-ci est directement prélevée dans ces sites humides généralement autour desquels sont localisées les exploitations agricoles.

L'eau est également prélevée pour des besoins domestiques ou industriels locaux qui s'avèrent aussi importants sinon plus, que les besoins agricoles (Benoit et al, 2005), car s'effectuant toute l'année.

Les prélèvements d'eau s'accompagnent inévitablement de rejets dans le méme site. Effluents domestiques, industriels ou lessivage d'intrants agricoles deviennent alors des éléments d'origine anthropique qui alimentent les zones humides de manière permanente ; débordant souvent leurs capacités naturelles d'autoépuration, provoquant ainsi des pollutions graves parfois irréversibles (Zalidis et al, 2002).

Le Parc national d'El-Kala a la particularité d'abriter le complexe de zones humides le plus important du Maghreb. Il a pour mission d'assurer la conservation d'un précieux patrimoine naturel et doit sa notoriété à ses zones humides qui lui confèrent le titre de principal centre de la biodiversité en Méditerranée (Boumezber, 2001).

Les zones humides d'El Kala sont aujourd'hui sérieusement menacées. Non seulement parce qu'elles ont été concédées pour des activités de pompage illicite, mais surtout a cause de la pollution générée par une urbanisation rampante.

C'est le cas du lac Bleu (El Gara Ezzergua) qui fait partie du complexe des zones humides de l'Est algérien. Cet étang est une dépression interdunnaire d'eau douce alimentée par la nappe phréatique et des eaux de pluies qui s'infiltrent a travers les dunes (Atlas IV). Ce site classé Ramsar est, actuellement, au centre d'enjeux socio - économiques et écologiques antagonistes. Soumis a une certaine pression anthropique par les prélèvements d'eau pour l'irrigation et les rejets d'eaux usées qui s'y déversent, il nécessite plus que jamais une intervention officielle susceptible de concilier impératifs économiques des riverains et enjeux écologiques qu'il représente.

Dans ce cadre, le présent travail vise a proposer un schéma raisonné de gestion globale du site, basé sur la connaissance approfondie des caractéristiques écologiques générale de ce site Ramsar d'une part, et des enjeux socioéconomiques dont il est l'objet.

Il s'inscrit dans un programme plus vaste de réalisation d'un programme de gestion des six sites Ramsar du parc national d'El Kala ; programme financée par le Ministère de l'Agriculture - Sous-Direction des Foréts.

I. MATERIEL ET METHODES

Pour atteindre les objectifs de la présente étude, il a fallu consulter des sources d'informations pertinentes et variées sur la faune et la flore du site étudié. Ces informations de la littérature ont été, a chaque fois que cela s'avérait nécessaire, vérifiées, actualisées et validées a partir d'enquêtes et d'observations directes sur le terrain. Notre travail a donc été fondé sur trois principales étapes : la recherche bibliographique, la prospection de terrain et le traitement des données collectées.

I-1. RECHERCHE BIBLIOGRAPHIQUE

Cette étape a été primordiale, elle nous a permis de faire le point sur l'état de la question, avant d'engager le travail sur le terrain.

Il a fallu recenser le maximum d'ouvrages et travaux réalisés sur le sujet. Malheureusement peu de travaux spécifiques au site du lac Bleu sont disponibles. Pour cela, il a été impératif de consulter le fond documentaire existant au sein de l'université d'Annaba, du parc national d'El-Kala, sans pour autant négliger les recherches par Internet.

La bibliographie s'est axée essentiellement sur les aspects de la gestion intégrée de l'eau par bassin versant, l'approche écosystémique de gestion des bassins versants, la conservation de la biodiversité, la gestion des zones humides, le multi-usage des zones humides, les stratégies d'acteurs, la gestion participative et le développement durable de manière générale.

I-2. CARTOGRAPHIE

Les cartes ont été élaborées a partir de données GPS projetés sur des rasters géoréférencés (Google Earth TM, photographie aérienne) via MAP SOURCE TM et le logiciel GIS (Map info Professional 10,5).

I-3. BATHYMETRIE

La bathymétrie a été réalisée a l'aide d'une embarcation. Les points de mesure de la profondeur ont été pointés au GPS et la profondeur mesurées a l'aide d'une sonde graduée.

Le principe consiste a traverser l'étang d'un bout a l'autre reliant les berges en effectuant plusieurs transects, parcourant toute la surface du lac. Le pas de mesure est de 5 m (niveau minimum de précision du GPS) d'un point a un autre et de 20 m d'un transect a un autre.

On considère la surface de l'eau du lac comme étant le niveau zéro. Les différentes profondeurs obtenues sont en mètres et leurs coordonnées géographiques en degré (N-W, SE).

Nous obtenons ainsi un maillage serré des isobathes permettant de calculer avec précision le volume du plan d'eau.

I-3-1. DETERMINATION DES SUPERFICIES PARTIELLES

Le maillage des isobathes va permettre d'obtenir, en reliant les points ou les intervalles d'égale profondeur, des superficies partielles d'iso profondeur. Leur aire sera mesurée par la fonction <<surface >> de Map Info 10.5.

I-3-2. CALCUL DU VOLUME

Le calcul du volume de l'étang a été réalisé par la méthode des superficies partielles multipliées par la moyenne de la hauteur de leur colonne d'eau Vt = ? vi = (hi x Si).

I-4. ANALYSE PHYSICO-CHIMIQUES DES EAUX

L'analyse physico-chimique de l'eau a été effectuée par des sondes automatiques multiparamètres (WTW - pH/Cond 340i/SET) pour ce qui concerne la température, le pH et la conductivité. Le dosage des nitrates a été effectué a l'aide d'un Kit colorimétrique (Visocolor ECO - MACHEREY-NAGEL)

Les mesures ont été réalisées au mois d'avril.

I-5. LA FAUNE

L'étude de la faune s'est basée sur les travaux de Benyacoub (1993), Benyacoub et al. (1996), Benyacoub et al. (1998) et Benyacoub et al. (2005). Les informations obtenues ont été complétées par des sorties sur site réalisées au cours du printemps courant.

Ces sorties nous ont permis de recenser 2 espèces non répertoriées précédemment.

Les méthodes utilisées dans ce cadre sont les méthodes de sondage ponctuel utilisées en présence-absence telles que les EFP ou échantillonnage fréquentiels progressifs (Blondel, 1975).

I-6. LA FLORE

Durant la période de notre étude, la caractérisation de la flore a été réalisée a partir de la vérification et la validation d'une liste d'espèces établie par (Djaaboub, 2007) et de (De Belair, 1994).

II. CONTEXTE GEOGRAPHIQUE GENERAL

II-1. DESCRIPTION GENERALE ET LOCALISATION

Le lac Bleu est un étang de faible superficie localisé au nord-est de la lagune d'El Mellah et à 700 mètres au sud de la Méditerranée. Ses coordonnées géographiques sont : N 36.909° - E 8.338°.

A environ une dizaine de kilomètres à l'ouest de la ville d'El-Kala et situé dans le massif dunaire qui barre tout le nord du lac Mellah jusqu'à Mezira ; il est la conséquence hydrogéomorphologique de la percolation dans une dépression, de la nappe phréatique à travers les sables de la dune.

Figure 1 : Localisation generale au lac Bleu

De forme grossièrement ovale, ce petit étang d'eau douce se caractérise par une profondeur étonnante pour sa faible superficie de 3 ha. Cette profondeur est justement le gage de sa pérennité et a permis la mise en place d'une ceinture caractéristique de végétation.

Particulièrement enclavé, ce site peu habité il y a une vingtaine d'année, permet aujourd'hui à une quinzaine de familles de la mechta << Gmihet >> de vivre de l'agriculture et de l'élevage en utilisant largement son eau pour entretenir des petites exploitations agricoles.

D'une beauté étonnante par sa couleur et son emplacement dans l'écrin jaune des sables de la dune, il a bénéficié en 2006, d'un statut international en étant inscrit, à la demande de l'Algérie, dans la liste des sites Ramsar du parc national d'El-Kala.

II-2. LE PARC NATIONAL D'EL-KALA

Le parc national d'El-Kala (P.N.E.K) a été crée par le décret 83/462 du 13.07.83 et érigé en zone protégée en 1991 par l'UNESCO dans le but d'une conservation du patrimoine naturel Algérien.

Situé à l'extrême Nord-Est Algérien (70 Km à l'Est d'Annaba), il est limité à l'Est par la frontière Algéro-Tunisienne, au Nord par la Méditerranée, à l'Ouest par l'extrémité de la plaine alluviale d'Annaba et enfin au Sud par le contrefort des monts de la Medjerda. Ses

coordonnées géographiques sont 36°52' de latitude Nord et 8°27' de longitude au niveau de la ville d'El Kala (Benyacoub, 1993).

D'une superficie de 78 438 ha, il est subdivisé en trois principaux secteurs : le secteur de Brabtia, le secteur de Tonga et le secteur de Bougous (Oulmouhoub, 2002).

Cette région a fait l'objet de nombreux travaux principalement De Belair G (1990), Benyacoub (1993),
Benyacoub & Chabi (2000) desquels nous allons largement puiser les caractères généraux de la région.

II-3. CLIMATOLOGIE GENERALE

D'une manière générale, la région d'El Kala est située dans le climat méditerranéen chaud avec des températures pouvant atteindre 45 C°. Les températures les plus basses sont enregistrées en altitude durant l'hiver, avec 5 a 6 mois de gelée blanche par an. Au niveau de la mer, les températures atteignent très rarement 0 °C (in Benyacoub S., Chabi V. 2000). Les mois les plus froids sont janvier et février tandis que juillet et aotIt sont les plus chauds.

La région d'El-Kala reçoit une pluviométrie moyenne annuelle de 910 mm et un maximum d'environ 1200 mm/an, pour 115 jours pluie/an.

Les vents dominants sont de Nord-Ouest, avec une vitesse moyenne variant de 3.3 a 4.8 m/s. En été ils deviennent de secteur est - nord-est. Parfois ils tournent au secteur sud et deviennent un dangereux facteur déclenchant d'incendies de forêts.

II-4. CARACTERISTIQUES PHYSIQUES DU BASSIN VERSANT

Figure 2 : Bassin versant du lac Bleu (1/25 000)

La superficie du bassin versant du lac Bleu est de 128 ha et son périmètre égal a près de 6 km. Le ruissellement est quasi nul mis a part l'écoulement des eaux de débordement d'un plan d'eau situé au sud-est a environ 400 m du site. C'est le seul cours d'eau connu de cette zone.

II-4-1. LE RELIEF ET LES PENTES

Le plan d'eau est a l'altitude 4 m. Les reliefs passent de 80-76 m a l'est (Koudiet Er Rhar, Koudiet Terch) a des altitudes de 15-20 m au NW (El Koudia Safra). Les pentes sont plus abruptes a l'est, elles sont proches de 0 % au centre du BV oi se trouve le plan d'eau puis se relèvent légèrement vers le rivage et les rives du lac.

II-4-2. HYDROLOGIE ET HYDROGEOLOGIE

Le réseau hydrographique est inexistant en dehors des petits talwegs qui conduisent les brefs cours d'eau temporaires. Le bassin versant est aréique. La nature du sol, essentiellement sableuse, ne favorise pas le ruissellement qui est fortement réduit au profit de l'infiltration. Les talwegs, creusés par ces eaux de ruissellement éphémères, montrent toutefois que les écoulements de surface se font vers le fond de la cuvette oi se trouve le plan d'eau.

Le plan d'eau du lac Bleu correspond donc a un affleurement de la nappe des formations dunaires qui forment les reliefs recouverts de maquis de chênes Kermès a l'est du lac Mellah. Un aquifère mal connu et qui doit fournir des apports d'eau douce appréciables au Lac Mellah.

III. RESULTATS

III-1. CARACTERISTIQUES MORPHOMETRIQUES DU LAC BLEU

III-1-1. BATHYMETRIE

A partir de la carte des isobathes, on constate que la plus grande profondeur est de 3,15m.

Pour avoir une répartition des différentes profondeurs du lac, le tableau ci-dessous donne les différentes surfaces partielles entre les différentes tranches de profondeur.

Tableau 1: Superficies partielles des différentes tranches de profondeur

Tranches de profondeur (m)

Superficies partielles (ha)

Superficies partielles (%)

2,50 - 3,15

0,400

13,77

2,00 - 2,50

0,621

21,38

1,50 - 2,00

0,541

18,63

1,00 - 1,50

0,384

13,22

0,70 - 1,00

0,184

6,34

0,35 - 0,70

0,396

13,64

0 - 0,35

0,378

13,02

Total

2,904

100

Les profondeurs supérieurs ou égales a 1,00m occupent 67 % de la surface totale du lac, ce qui leurs donnent une légère dominance. La tranche de profondeurs de 2,50 a 3,15 est assez importante. Les faibles et moyennes profondeurs inferieurs ou égales a 1,00m, n'occupent que 33 % de la surface totale du lac.

1 5 0 - 20 0 cm

1 0 0 - 15 0 Cm 7 0 - 1 00 cm

3 5 - 7 0 cm

2 5 0 - 31 5 cm

2 0 0 - 25 0 cm

55 56

52

49

100

46

9

44

13

41

17

0 31 10 0 m

5

20

23

30

34

28

27

33

32

Figure 3 : Carte bathymétrique du lac bleu en période estivale.

Le plan d'eau se caractérise donc par un profil assez abrupt et occupe une dépression dont le creux est important. La profondeur totale mesurée est de 3,15 m, la profondeur moyenne est de 1,5 m

III-1-2. VOLUME

Tableau 2 : Volumes partiels des diffe'rentes tranches de profondeurs.

Tranches de profondeur (m)

Superficies partielles (m2)

Volume partielles (m3)

2,50 - 3,15

4000

11300

2,00 - 2,50

6210

13972,5

1,50 - 2,00

5410

9467,5

1,00 - 1,50

3840

4800

0,70 - 1,00

1840

1564

0,35 - 0,70

3960

2079

0 - 0,35

3780

661,5

Total

29040

43844,5

Ainsi le volume total du lac Vt = 43845 m3.

Ce volume est susceptible d'une grande variation saisonnière qui est fonction de 02 paramètres :

1- Taux d'évaporation qui dépend de la saison et de l'ensoleillement.

2- Quantité prélevée pour l'irrigation.

III-2. CARACTERISTIQUES PHYSICO-CHIMIQUES DES EAUX

Tableau 3 : Paramètres physico-chimiques campagnes 2011

 

Temp °C

pH

Cond .ts cm-1

Nitrates g/l

Point N°1

18,9

6,61

202

3

Point N°2

18,7

9,5

264

2

Point N°3

18

6,97

370

2

Les mesures physico-chimiques ont été effectuées en 3 points.

Point 1 : Lac Bleu rive sud.

Point 2 : Zone de débordement ouest Point 3 : Etang nord.

On remarque une grande variabilité du pH. Le point 2 est caractérisé par le l'aspect temporaire des eaux puisqu'il a été mesuré dans la zone de débordement du lac.

Remarquons également les faibles valeurs de la conductivité qui témoignent d'une minéralisation peu importante des eaux. Les concentrations en nitrate sont également peu importantes.

Figure 4 : Points de prélévement de l'analyse physico-chimique de l'eau du lac Bleu III-3. Zone inondable

Le niveau de base du plan d'eau est également celui du niveau piézométrique de la nappe. Lors des fortes pluies on assiste a une élévation sensible du niveau de la nappe de près de 30 cm. Il s'ensuit alors un débordement de l'eau qui inonde partiellement les terres alentours. Le phénomène peut durer plusieurs jours.

Débordement du lac Bleu délimitant la zone inondable (photo. Y. Arthus Bertrant)

La surface recouverte par les eaux est de 7 ha environ. Elle interdit alors toute pratique agricole en bordure du lac.

Figure 5 : Zone inondable du lac Bleu
14

III-4. OCCUPATION DU SOL

Les terrains autour du plan d'eau notamment à l'est, sont des sables limoneux et tourbeux. Ils sont cultivés et irrigués avec l'eau du lac. Les dunes qui enserrent la cuvette sont recouvertes des formations végétales constituées de maquis de chêne Kermès associé par endroit au genévrier de Phénicie et genévrier oxycèdre.

Fosse septique

Figure 6 : occupation actuelle des sols

Entre le lac et les formations naturelles dunaires, sont disposées les parcelles agricoles qui résultent très vraisemblablement d'anciens défrichements de la périphérie du plan d'eau.

Les parcelles exploitées sont de statut privé. D'après l'enquête menée sur place en avril 2011, les exploitants affirment que ces terres sont « Melk .

Tableau 4 : Superficie des terres emblavées et jachères au lac Bleu

 

Superficie ha

Pourcentage %

Terres agricoles

2,40

25,97

Jachères

6,84

74,03

total

9,24

100

Actuellement les motopompes destinées à l'irrigation sont déjà installés. Certains servent même à l'irrigation de parcelles qui sont en dehors du périmètre du lac Bleu. Il s'agit de parcelles de pastèques au niveau du forage de Boumalek.

L'agriculture est orientée vers des produits à forte valeur ajoutée tels que pastèques, melons, arachides (Bouazouni O. 2004), à forte consommation d'eau. Quelques parcelles sont consacrées à l'agriculture vivrière (haricots, tomates, petits pois).

L'élevage constitue une source de revenus supplémentaire. Les troupeaux de bovins, ovins et caprins pâturent soit dans les jachères qu'ils enrichissent de leurs déjections, soit dans les maquis environnants (Bouazouni O. 2004).

III-5. EVOLUTION RETROSPECTIVE DE L'OCCUPATION DES RIVES

L'examen des documents de photographie aérienne de 1980 et les enquêtes effectuées sur place révèlent deux phénomènes non corrélés :

- La superficie des terres non forestières à très peu changé. Nous avons noté un défrichement de faible ampleur à l'est et au nord du lac entre 2006 et 2011. Ces défrichements ne représentent qu'une superficie de 8300 m2.

- L'habitat en revanche à connu une augmentation significative. De 5 maisons en 1980, on est passé à 14 habitations en 2011. Soit 200% d'expansion !

Ce phénomène ne sera pas sans conséquence sur la qualité patrimoniale du site.

III-6. SOURCES DE POLLUTION

Actuellement l'étang est soumis à deux principales sources de pollution.

La première source est due aux rejets des eaux usées. Toutes les habitations sont plus ou moins reliées à un réseau de collecte des eaux usées (eaux grises et eaux noires). Ce réseau est enfouit dans le sable et débouche actuellement dans une fosse septique commune localisée au sud-est de l'étang derrière l'aulnaie.

La deuxième source de pollution concerne les engrais azotés et phosphatés utilisés dans les parcelles cultivées en périphérie du plan d'eau. L'utilisation de ces intrants est de plus en plus fréquente de l'aveu même des cultivateurs interrogés sur place, au détriment de la fumure organique utilisée jusque là.

III-7. DIVERSITE BIOLOGIQUE DU LAC BLEU

111-7-1. LA FLORE

La flore du lac Bleu est marquée par l'action de deux facteurs principaux :

- La présence de l'eau avec ses gradients classiques d'humidité par le jeu des exondationsimmersions.

- Les conditions xériques des substrats dunaires environnants.

Ces deux facteurs vont conditionner la présence d'un couvert végétal caractérisé par des contrastes forts des espèces qui le compose. D'un côté une végétation hydrophytes voire amphibie, avec son cortège d'hélophytes, d'hydrophytes.

De l'autre, une végétation marquée par la présence d'espèces xérophytes.

Tableau 5 : espéces végétales du lac bleu et sa périphérie

Espèces

Alisma ranunculoides

Lavendula stoechas

Pistacia lentiscus

Alnus glutinosa

Leersia hexandra

Polygonum salicifolium

Anagallis arvensis

Lemna minor

Potamogeton trichoides

Carex elata

Lycopus europaeus

Quercus coccifera

Ceratophyllum demersum

Lythrum meonanthum

Salix pedicellata

Chamaerops humilis

Lythrum salicaria

Salix purpurea

Cladium mariscus

Lythrum tribracteatum

Scirpus lacustris

Erica arborea

Mentha rotundifolia

Thelypteris palustris

Galium palustris

Nymphea alba

Thelypteris interrupta

Genista tricuspidata

Olea europaea

Typha angustifolia

Iris pseudo-acorus

Osmunda regalis

Typha latifolia

Juncus acutus

Paspalum distichum

Utricularia vulgaris

Juniperus oxycedrus

Phragmites australis

Fraxinus excelsior

111-7-2. LA FAUNE III-7-2-1. L'Avifaune

Le lac Bleu a une couverture assez importante d'hélophytes. Il constitue également un site de nidification dont l'importance augmente corrélativement avec la superficie des ceintures de végétation.

D'une manière générale, l'avifaune nicheuse du lac Bleu n'est pas importante. Nous attribuons cette pauvreté a la taille réduite du site. Cependant, les espèces présentes sont des nicheurs réguliers.

Douze espèces constituent le fond de l'avifaune nicheuse de ce site. Parmi celles-ci, nous remarquons la présence d'une espèce patrimoniale, le nyroca.

Tableau 6 : Avifaune nicheuse du lac Bleu

 

Espèces

Blongios nain Bouscarle de cetti Canard colvert Cisticole des joncs Foulque macroule Fuligule nyroca

 

Grèbe castagneux Locustelle luscinIode Martin pêcheur

Poule d'eau

Râle d'eau

Rousserole effarvate

 

Total = 12 espèces

Les sylviidés aquatiques sont présentes dès que la couverture des hélophytes est importante. Le reste des espèces est constitué des opportunistes des zones humides.

Tableau 7 : Avifaune hivernante et non résidente du lac Bleu

 

Espèces

Aigrette garzette Chevalier aboyeur Foulque macroule Grande aigrette Grèbe huppé

Héron cendré

Héron garde-boeufs

 

Bécassine des marais Busard des roseaux Chevalier cul-blanc Chevalier gambette Chevalier guignette

Gravelot a collier interrompu Mouette rieuse

 

Total = 14 espèces

Les oiseaux non résidents et hivernants comptent une quinzaine d'espèces. Parmi elles, la grande Aigrette a une valeur patrimoniale.

Tableau 8 : Avifaune des milieux forestiers périphériques du lac Bleu

Espèces

Bulbul gris

Hirondelle de cheminée

Pic épeiche

Chardonneret élégant

Hirondelle de fenêtre

Pie-grièche a tête rousse

Chouette effraie

Hypolais pale

Pinson des arbres

Cochevis huppé

Linotte mélodieuse

Pouillot de Bonelli

Coucou gris

Martinet a croupion blanc

Pouillot véloce

Engoulevent d'Europe

Martinet alpin

Rossignol philomèle

Fauvette a tête noire

Martinet noir

Rouge-gorge

Fauvette mélanocéphale

Martinet pale

Serin cini

Fauvette orphée

Merle noir

Tchagra a tête noire

Fauvette pitchou

Mésange bleue

Torcol fourmilier

Gobe-mouche gris

Mésange charbonnière

Tourterelle des bois

Grimpereau brachydactyle

Milan noir

Troglodyte mignon

Guêpier d'Europe

Moineau domestique

Verdier

Total = 39 espèces

65 espèces d'oiseaux constituent le patrimoine avifaunistique de la zone du lac Bleu. Cette richesse est localement intéressante eu égard a la relative pauvreté en oiseaux des groupements forestiers des dunes. Le lac Bleu constitue donc, de ce point de vue, une singularité au sein de ces groupements. Un des aspects les plus spectaculaires de cette avifaune, est l'importante population de Guêpier d'Europe présente dans ce site.

La plupart des espèces le fréquentent, pour la masse entomologique qui y est présente et qui constitue une provende trophique dans laquelle elles puisent sans interruption.

En effet, le lac Bleu est une zone humide oi la faune entomologique est spectaculaire. En dehors des carabidés d'eau douce, les organismes les plus visibles sont les odonates :

Plusieurs d'entres-eux ont une valeur patrimoniale car ils constituent des populations relictuelles d'origine afrotropicale comme : Acisoma panorpoides et Urothemis edwardsi (Reinhard Jödicke et al., 2004)et (Suhling F. & Clausnitzer V. 2008)

Tableau 9 : Odonatofaune du lac Bleu (Menai R. 1993)

Espèces

Acisoma panorpoides

Lestes barbarus

Aeshna affinis

Lestes virens

Aeshna mixta

Lestes viridis

Anacieschna isosceles

Orthetrum cancelletum

Anax imperator

Orthetrum nitidinerve

Anax parthenope

Orthetrum trinacria

Brachythemis leucosticte

Sympecma fusca

Cercion lindenii

Sympetrum fonscolombii

Ceriagrion tenellum

Sympetrum meridionale

Coenagrion scitulum

Sympetrum sanguineum

Crocothemis erythraea

Sympetrum striolatum

Diplacodes lefebrii

Trithemis annulata

Erythromma viridilum

Urothemis edwardsii

Ischnura graellsii

 

III-7-2-2. Les Mammifères

La présence d'eau douce et le couvert végétal présent autour du site, favorisent la fréquentation des lieux par divers mammifères. On y trouve les éléments classiques de la grande faune.

Tableau 10 : Liste des mammifêres du lac Bleu

Espèce

abondance

Sanglier
Chacal

Renard
Mangouste
Genette
Hérisson

Commun Commun Peu commun Commune Commune commun

On y observe des rongeurs et lagomorphes

Tableau 11 : Liste des rongeurs et lagomorphes du lac Bleu

Espèces

Abondance

Rat commun
Souris de lataste
Rat rayé d'Algérie
Lapin de garenne

Commun
Commune
Peu commun

commun

Ainsi que plusieurs espèces de Chiroptères associés aux zones humides (Bronislaw W, 1999) et qui trouvent dans les grottes littorales des gItes nombreux pour se reproduire.

Tableau 12 : Liste des Chiroptères du lac Bleu

Espèce

Abondance

Pipistrelle commune

Très commune

Pipistrelle de Kuhl

Peu commune

Petit rhinolophe

Peu commun

Grand rhinolophe

Commun

Rhinolophe de Mehelyi

Commun

Rhinolophe euryale

Peu commun

Petit murin

Commun

Oreillard gris

commun

IV. DISCUSSION

IV-1. CARACTERISTIQUES MORPHOMETRIQUES DU LAC BLEU

Les résultats obtenus font nettement ressortir le caractère patrimonial du lac Bleu. Ce milieu écologiquement sensible est pourtant l'objet d'une pression anthropique grandissante. Dans cette partie nous allons discuter les aspects qui déterminent son intérêt écologique, les facteurs qui sont a l'origine de cet intérêt et enfin les processus qui peuvent conduire a son altération.

L'hydrologie du lac Bleu est un élément déterminant de la notoriété de ce site humide. Partout oi elle est présente en Afrique méditerranéenne, combinée a une climatologie oi les températures moyennes sont élevées, l'eau devient un puissant facteur de productivité primaire. Au Maghreb, zone biogéographique a forte endémicité du fait de sa relative insularité, elle favorise l'installation d'une flore aux origines biogéographiques diverses dont le caractère patrimonial est associé a sa rareté et/son endémicité (Vela et Benhouhou., 2007).

L'étang est alimenté par une nappe phréatique qui imprègne l'ensemble du système dunaire côtier qui va de Sidi Salem a l'est d'Annaba (Nafaa K et al., 2008) jusqu'au Cap Segleb a la frontière algérotunisienne. Au niveau du site d'étude, cette nappe s'écoule vers la mer au nord et vers le lac Mellah au sud. Elle constitue des mares, de profondeur et de superficies différentes, lorsque des dépressions dans le relief dunaire, forment un creux dont le fond est en dessous du niveau piézométrique. Le lac Bleu est le plus important plan d'eau alimenté par ce phénomène d'exsurgence de la nappe. Sa profondeur moyenne est importante eu égard a sa superficie modeste de 2,9 ha. Du reste sa profondeur maximale de 3,15 m est supérieure a celle du lac Oubeira (2,5 m) (Messerer V. 1999) ou du lac Tonga (2 m) (Mohamed L.R. 2007). La zone la plus profonde coincide avec la zone d'eau libre visible a peu près au milieu de l'étang. C'est donc un plan d'eau relativement profond qui recèle un volume d'eau douce important évalué a 44000 m3 environ.

Au nord de l'étang principal, légèrement en surplomb, existe une mare grossièrement rectangulaire d'un demi-hectare, d'une profondeur maximale de 0,5 m.

Les mesures physico-chimiques effectuées au mois d'avril révèlent une eau relativement saine encore. Avec un pH faiblement acide, la conductivité est faible. Elle témoigne d'une minéralisation mineure de l'eau. Les mesures de la concentration en nitrates confirment ces résultats puisque la valeur maximale mesurée au point 1 au sud de l'étang, n'est que de 3 mg/l. Cette valeur classe l'eau du lac Bleu dans la catégorie « Excellente » de la grille de qualité du Ministère de l'Equipement et de l'Aménagement du territoire. Ce résultat n'est pas surprenant du fait d'un temps probable de résidence hydraulique assez faible.

Le processus de percolation a travers les sables dunaires, combiné a une évaporation importante et aux prélèvements pour l'irrigation, doit permettre un renouvellement significatif de l'eau, qui se retrouverait ainsi exempte d'une accumulation trop importante de nutriments en dépit d'un apport qui ne doit pas être négligeable comme nous le verrons plus avant.

Tableau 13: Grille de qualité globale des eaux de surface (Ministère de l'équipement et de l'aménagement du territoire ; agence du bassin hydrographique constantinois-Seybouse-Mellegue, octobre 1999)

Qualité de

L'eau

Paramètre

Excellente

Bonne

Passable

Médiocre

Pollution
excessive

O2 dissous mg/l

> 7

5 à 7

3 à 5

< 3

0

% saturation

> 90

70 à 90

50 à 70

< 50

0

DB0 5 mg/l

< 3

3 à 5

5 à 10

10 à 25

> 25

DCO mg/l

< 20

20 à 25

25 à 40

40 à 80

> 80

NH4 mg/l

< 0,1

0,1 à 0,5

0,5 à 2

2 à 8

> 8

PO4 mg/l

< 0,2

0,2 à 0,5

0,5 à 1

1 à 2

> 2

NO3 mg/l

< 5

5 à 25

25 à 50

50 à 80

> 80

NO2 mg/l

< 0,1

0,1 à 0,3

0,3 à 1

1 à 2

> 2

Lors des épisodes pluvieux hivernaux, la nappe déborde largement des limites de l'étang et inonde les berges sur une longueur de 650 m et une largeur maximale de 200 m. le plan d'eau occupe alors une superficie de plus du double de celle l'étang, d'environ 7 ha.

IV-2. OCCUPATION DU SOL

Le site du lac Bleu a toujours été occupé par les hommes. La présence d'eau douce a constitué une ressource importante pour assurer une certaine production agricole, permettre l'élevage et l'approvisionnement en eau pour les besoins domestiques.

La population implantée au centre du bassin versant regroupe une centaine de personnes qui vivent de l'exploitation de leurs parcelles de terre généralement dans le régime foncier de l'indivision. Les habitants possèdent des bêtes qui se nourrissent alternativement sur les parcelles lorsqu'elles sont en jachère et dans les massifs forestiers aux alentours.

Les exploitations sont caractérisées par un système de jachères parfois pluriannuelles. Actuellement les surfaces exploitées représentent 2,4 ha soit 26% des terres disponibles contre 6,84 ha de jachères, ce qui témoigne d'une économie plutôt de subsistance. La vente des produits pêchés dans le lac Mellah et quelques activités estivales (gardiennage) procurent des revenus supplémentaires. Certains avouent n'avoir aucune source de revenu en dehors des activités agricoles autour de l'étang.

L'agriculture telle que pratiquée, exige une forte utilisation d'eau d'irrigation. La part de celle-ci est mal connue parce qu'elle échappe a tout contrôle.

Depuis quelques années, cette agriculture a été orientée plutôt vers une pratique spéculative, de modeste envergure, a cause de la qualité médiocre du sol (sableux). Cependant, on assiste depuis peu a une utilisation grandissante des engrais chimiques qui viennent remplacer la fumure organique traditionnellement utilisée. Pastèques et arachides constituent les spéculations les plus courantes (Bouazouni O. 2004). Elles bénéficient actuellement d'une conjoncture favorable des prix a la vente.

La pratique de l'élevage est complémentaire aux cultures. Le troupeau est généralement constitué d'une douzaine ou une vingtaine de bovins qu'accompagnent fréquemment un nombre équivalent d'ovins ou de caprins et qui ne sont pas systématiquement destinés a la vente (Bouazouni O. 2004).

Le statut de l'élevage est alarmant. Car la conduite des troupeaux de bovins, ovins et caprins est spéculative et ne répond a aucune norme de parcours. Les éleveurs conduisent généralement leurs troupeaux pendant la période hivernale pour les abandonner en forêt. A la fin du printemps, les troupeaux sont ramenés a la plaine au niveau des jachères, du pourtour du lac, dont les parties inondées offrent un pâturage a haute valeur nutritive.

IV-3. EVOLUTION RETROSPECTIVE DE L'OCCUPATION DES RIVES

Depuis 1980 nous assistons à une amélioration générale du niveau de vie des gens. Cette amélioration est surtout due à l'électrification de la zone et au raccordement au réseau d'eau potable. Ceci a eu pour conséquence une croissance démographique et une extension de l'habitat du fait de l'installation sur place de la nouvelle génération. Ce phénomène doit s'accompagner à terme d'une utilisation accrue de l'eau du lac mais également d'une augmentation des rejets domestiques dans le milieu.

IV-4. SOURCES DE POLLUTION

L'augmentation de l'habitat à la périphérie du lac Bleu et les terres agricoles qui sont sur son périmètre sont la principale cause de la pollution de ce site.

La pollution par les détergents contenus dans les eaux usées, s'effectue par les composants phosphatés et les agents de lavage présents dans la composition des produits ménagers. Une pratique courante dans le site consiste également à effectuer les grandes lessives au bord de l'étang même.

Par ailleurs l'utilisation de croissante d'intrants synthétiques (engrais, pesticide....) engendre certainement une pollution des sols et surtout, par infiltration, une pollution de la nappe qui diffuse vers l'étang.

Si les apports de nutriments dépassent la capacité d'autoépuration et de renouvellement des eaux du système, nous aboutirions certainement à un phénomène d'eutrophisation avec ses conséquences néfastes. Les conséquences sur les peuplements biologiques sont généralement une diminution du nombre d'espèces et une prolifération des espèces opportunistes. Des espèces indicatrices de pollution apparaissent telles que les Lemnacées et Potamogeton trichoides (Potamogétonacées) déjà apparu au lac Bleu en 1997 (De Bélair G et Samraoui B, 1998), ainsi que des espèces indicatrices d'envasement.

Il importe de faire preuve d'une extrême vigilance dans ces conditions, et de prendre rapidement les mesures nécessaires pour éviter une perte irrémédiable du caractère patrimonial du site.

IV-5. DIVERSITE BIOLOGIQUE DU LAC BLEU IV-5-1. LA FLORE

Deux types de flore caractérisent le lac Bleu : la flore des dunes environnantes constituée du groupement a chêne kermès et genévrier et celle des ceintures de végétation de l'étang.

Croissant sur un sol maigre et très filtrant, donc souvent sec, la flore ligneuse des dunes se singularise par la présence massive de Juniperus oxycedrus et Juniperus phenicea. Ces deux espèces sont emblématiques des dunes côtières de la région et constituent a ce titre un élément patrimonial de la flore locale. Leur rôle dans la fixation des dunes est déterminant grace a leur système racinaire hypertrophié. Par ailleurs elles constituent une ressource importante pour l'avifaune tant sur le plan trophique (consommation des baies) que sur le plan spatial (support de nombreux nids de fauvettes, merle et fringillidés). Elles font malheureusement l'objet de coupes fréquentes, pourtant illicites, pour constituer du bois de chauffe.

La flore aquatique est beaucoup plus diversifiée. Largement pourvue en espèces, la flore hélophyte du lac Bleu est composée par une ceinture de végétation qui occupe le pourtour du site. Elle est constituée de : Phragmites australis, Juncus acutus, Osmunda regalis, Typha angustifolia, Typha latifolia, Iris pseudo-acorus, et d'une strate arborée hydrophile, Fraxinus excelsior, Salix pedicellata, Alnus glutinosa , Salix purpurea.

Les groupements identifiés dans ce site sont :

Le groupement a Nymphaea alba Végétation exceptionnelle en Algérie constitue l'aspect estival du Lac Tonga et des rives sableuses du Lac Bleu dans la région d'El-Kala (Géhu, Kaabèche et Gharzouli 1994).

* Helosciadio-Utricularietum exoletae. Végétation constituant les ceintures des rives sableuses du lac Bleu (El-Kala).

* Cladio marisci- Thelipteridetum interuptae. Végétation colonisant les rives tourbeuses du Lac Bleu dans la région d'El-Kala.

* Laurentio bicoloris-Fimbristylidetum squarrosae. Végétation pionnière des rives sableuses du Lac Bleu (EI-Kala).

La flore hydrophyte est représentée par Nymphea alba qui forme un champs spectaculaire qui donne toute son originalité et sa beauté au plan d'eau, Alisma ranunculoides, Ceratophyllum demersum, Lemna minor et Potamogeton trichoides qui peuvent indiquer un atteinte de la qualité de l'eau par les nitrates, Utricularia vulgaris.

Figure 7 : Ceinture de végétation typique dans le lac Bleu

Ainsi, la végétation aquatique du lac Bleu se distingue sur le plan patrimonial par:

- l'existence d'une véritable ceinture de végétation qui exprime un gradient lac-rive d'exondation avec sa végétation typique.

- La présence d'une importante plage de Nénuphar blanc de 1, 3 ha. C'est la deuxième plus importante plage de nénuphar blanc du parc national après celle du Tonga.

- L'existence d'une flore remarquable avec Osmunda regalis et Thelypteris interrupta dont il est, pour cette dernière, la seule station connue dans la région d'El-Kala.

IV-5-2. LA FAUNE

Concernant la faune, nous relèverons essentiellement l'aspect entomologique et l'aspect ornithologique. La qualité physico-chimique remarquable de l'eau et la présence de multiples ressources constituées des ceintures de végétation, ont certainement contribué à l'existence d'une odonatofaune exceptionnelle. Déjà en 1991 Benyacoub et Samraoui (Benyacoub com. Pers) avaient été surpris de la présence de plusieurs espèces relictuelles d'odonates à affinité afro-tropicale comme Acisoma panorpoides ascalaphoides et Urothemis edwardsi. Ces deux espèces on disparu du lac Noir après sa destruction par le feu et son assèchement (De Belair., Samraoui B. 1994). Ces deux auteurs avaient considéré la perte d'U. edwardsi comme grave dans la mesure oü cette espèce ne constituaient qu'une petite population dispersée en Afrique du Nord.

Actuellement Acisoma p. est présente au lac Bleu (Khrouf S., Attar W. 2009) et forme une petite population qui se maintient. Cette présence confère déjà au site une valeur patrimoniale

exceptionnelle justifiant pleinement des mesures de protection sévères, notamment concernant la préservation de la qualité de l'eau et des ceintures de végétation.

Les oiseaux du lac Bleu forment un peuplement typique des petites zones humides. Là encore deux avifaunes vont se côtoyer sur un territoire relativement restreint. L'avifaune des milieux forestiers périphériques compte environ une quarantaine d'espèces. Ce sont surtout les fauvettes et les insectivores aériens comme les Apodidés et Hirundinidés qui y sont les plus fréquents.

Cette dominance des insectivores trouve vraisemblablement sa cause dans la provende trophique que fournit l'étang et dans laquelle elles puisent largement. Un des aspects les plus marquants de ce peuplement, est l'importante population de Guêpier d'Europe présente dans ce site. Deux éléments ont contribués à l'existence de cette population: le substrat sableux formant des talus dans lesquels les Guêpiers creusent leurs nids et une ressource entomologique abondante, notamment les odonates, que cette espèce compte largement parmi ses proies.

Les rapaces sont représentés au moins par la Chouette effraie qui est un hôte permanent du site et par le Milan noir qui est un patrouilleur estivant régulier dans la région.

Les oiseaux d'eau ne sont représentés que par 25 espèces. Ce chiffre inclus les nicheurs et les non résidents. La modestie de cette richesse spécifique est due à la petite taille du plan d'eau (Blondel, 1986). Quelques Anatidés y sont présents avec, parmi eux, un nicheur de qualité, le Fuligule nyroca qui est une espèce patrimoniale. Nous remarquons la présence de Grèbes et du Martin pêcheur qui sont des espèces consommatrices d'animaux aquatiques, exigeantes quant à la qualité de l'eau.

D'un point de vue patrimonial cette avifaune compte 14 espèces bénéficiant d'une protection légale, soit 22% du peuplement.

Tableau 14: espéces protégées de l'avifaune du lac Bleu

Espèce

Aigrette garzette Blongios nain

Busard des roseaux Chardonneret élégant Chouette effraie

Coucou gris

Fuligule nyroca

Grande aigrette Guêpier d'Europe Martin pêcheur Milan noir

Pic épeiche

Serin cini

Torcol fourmilier

Total: 14 espèces

Parmi ces espèces protégées 6 (en bleu) sont directement inféodées à l'élément aquatiques ; soit pour y nicher soit pour s'y nourrir.

Ainsi les oiseaux constituent un élément supplémentaire en faveur du caractère patrimonial du site. Ils contribuent pleinement à justifier des mesures de gestion et de conservation de cet écosystème.

Parmi les mammifères, outre les espèces de la grande faune classique de la région telles que le Sanglier, le Chacal, le Renard et les Vivéridés, relativement commun (Benyacoub et al., 1998), nous soulignerons surtout la présence d'une importante faune chiroptérologique qui y survie. Cette faune est constituée d'espèces particulièrement attirées par la présence des sites humides dans lesquelles elles viennent chasser. Il est clair que l'abondance des insectes conditionne largement la fréquentation de ces écosystèmes par cette faune. Largement protégée en Europe, elle ne fait malheureusement pas l'objet d'une protection légale par le législateur algérien. Elle n'en constitue pas moins une faune patrimoniale d'importance qui justifiera largement les mesures de protection préconisées pour ce site classé.

IV-6. MESURES DE GESTION ET DE CONSERVATION DU SITE

L'élaboration d'un plan de gestion d'un site humide n'est pas une démarche aisée. Outre, la nécessaire définition des réalités biologiques et physico-chimiques de l'écosystème, qui passe par des études pluridisciplinaires complexes et souvent inscrites dans la durée ; il est indispensable d'avoir recours a l'étude de l'environnement humain et a ses relations avec le site en question. Cette étude devrait permettre de définir la nature et l'ampleur de la pression anthropique exercée sur l'écosystème et de dégager les solutions les plus adaptées, voire les mieux négociées, pour garantir la réussite du plan de gestion.

Dans le cas du lac Bleu, nous avons vu que l'eau constituait a la fois une précieuse ressource pour assurer des revenus agricoles aux riverains, mais était également le réceptacle des eaux usées de ces mêmes riverains.

Par ailleurs, nous pouvons raisonnablement avancer que la proximité de l'étang profite largement aux riverains pour les avantages qui leur procurent :

- maintient d'une certaine fraicheur

- disponibilité permanente d'une eau de bonne qualité pour des usages domestiques

- attraction d'une faune diversifiée susceptible de réguler des populations de << nuisibles >> ou de

<< vulnérants >>.

- lieu de divertissement et de détente

- possibilité d'exploitation de ressources végétales renouvelable (joncs - scirpes) pour la vannerie

IV-6-1. GESTION DE LA SANTE DE L'ETANG

Le maintient de la qualité de l'eau constitue le premier objectif du plan de gestion du site. Il s'agit de maintenir le niveau des paramètres physico-chimique de l'eau dans des intervalles compatibles avec l'existence de la biodiversité maximale, botanique et zoologique.

Ces intervalles peuvent êtres définis a partir du tableau des normes de la qualité des eaux de surface du MEAT (Tableau N°15).

Ceci implique une surveillance permanente et régulière de la qualité des eaux par des agents avec un cahier des charges bien précis. Ces agents peuvent appartenir a l'administration du parc ou bien a un bureau d'étude privé ou public avec lequel l'institution responsable du site, le parc naturel, serait lié par contrat.

Tableau 15 : Intervalles guides de surveillance de la qualité des eaux de surface du lac Bleu

(D'après Grille de qualité globale des eaux de surface
(Ministère de l'équipement et de l'aménagement du territoire)

Qualité de

l eau

Paramètre

Excellente

Bonne

O2 dissous mg/l

> 7

5 à 7

% saturation

> 90

70 à 90

DB0 5 mg/l

< 3

3 à 5

DCO mg/l

< 20

20 à 25

NH4 mg/l

< 0,1

0,1 à 0,5

PO4 mg/l

< 0,2

0,2 à 0,5

NO3 mg/l

< 5

5 à 25

NO2 mg/l

< 0,1

0,1 à 0,3

Parallèlement a l'analyse de l'eau, il est impératif d'évaluer l'état de la faune et de la flore. L'analyse des populations végétales et animales vertébrées et invertébrés doit permettre d'effectuer un suivi de leurs effectifs. Ils constitueront un ensemble d'indicateurs biologiques qui permettra de juger de l'état du milieu et de prendre éventuellement les mesures adaptées en cas de risque d'extinction locale d'une espèce.

Les indicateurs biologiques peuvent être choisis parmi les organismes réalisant la plus longue partie ou la totalité de leur cycle biologique dans l'eau.

Les animaux sont, a ce titre, plus sensibles que les végétaux. Nous retiendrons a cet effet : - les odonates (toutes espèces confondues)

- les coléoptères aquatiques (nèpes, dytiques...)

- les amphibiens

Un suivi de ces populations, permettant l'alimentation d'une banque de données, sera effectué de manière régulière. Il comprendra un inventaire complet de cette faune et l'analyse des fluctuations d'effectifs en relation avec les variables physico-chimiques telles que définies plus haut. Les fluctuations anormales et les tendances a la baisse (ou a la hausse) des variables feront l'objet d'un examen attentif ; pour déceler, le cas échéant, des altérations du milieu.

Par ailleurs il est urgent de mettre un terme définitif à l'infiltration des eaux usées à partir de la fosse septique localisée à proximité de l'étang. Le réseau de collecte des eaux grises et noires doit être repensé de manière à assurer son étanchéité et le détourner des eaux de l'étang. Ceci implique un dispositif de reprise des eaux usées en aval des habitations, dans une fosse accessible, et leur refoulement vers un réseau principal qui reste à concevoir. Ce dernier longerait la route de la vieille Calle et permettrait également la collecte des eaux usées de l'ensemble du tissu urbain dispersé le long de cette voie. Le projet est important et ne peut être financé que sur fonds de l'état. Il aura cependant le double avantage de solutionner le problème de pollution du lac Bleu mais également celui de la nappe des dunes de la rive orientale du lac Mellah, qui peut être sérieusement affectée par l'infiltration des eaux usées de toutes les nouvelles constructions qui ont été édifiées depuis une dizaine d'années.

Enfin, la collaboration des riverains est indispensable pour ce volet de gestion, notamment pour ce qui concerne le lavage du linge au bord de l'étang. Un travail de sensibilisation est à prévoir dans ce sens. Il mettrait l'accent sur les avantages que procurent l'étang et les dangers qui peuvent naItre de sa détérioration. Cette action de sensibilisation peut être assortie de l'interdiction de cette pratique.

La pollution des eaux peut être également due à l'utilisation des engrais chimiques. Nous ne disposons d'aucunes données sur les quantités utilisées par les agriculteurs, ni sur la fraction lessivée qui rejoint la nappe. Cependant, il ne sera pas inutile de s'attacher la collaboration des cultivateurs pour appliquer certains principes de précaution de base.

- Les intrants chimiques doivent être épandus à des phases précises de la croissance des plants, et qui seraient précisées par des ingénieurs agronomes. Outre une utilisation optimale par la plante, on limitera au minimum la fraction lessivée dans la nappe.

- Les amendements ne doivent pas être effectués les jours pluvieux pour éviter leur lessivage dans la nappe. Ce qui réduirait en même temps les pertes financières dues à ce phénomène.

- On préfèrera une fumure organique, utile pour les plantes et les sols, qu'un amendement chimique.

IV-6-2. GESTION DU VOLUME D'EAU

Cet aspect est essentiellement lié aux prélèvements pour l'irrigation. Là encore nous ne disposons que de peu d'éléments pour mesurer l'impact de cette pratique sur les volumes disponibles. D'une manière générale les prélèvements sont effectués pour une irrigation saisonnière de cultures de plein air. Ils assurent la croissance des plantes durant la saison vernale et estivale : soit de mai à fin juillet. Les volumes prélevés sont variables. Ils dépendent de la surface cultivée et de la spéculation concernée. Arachides et petits pois sont moins exigeants en eau que pastèques et melons. Actuellement ces prélèvements ne semblent pas avoir d'influence sur le niveau de l'eau. Cependant, on peut redouter une baisse importante de ce niveau en cas de sécheresse prolongée.

Dans ces conditions, ces quelques principes d'irrigation peuvent être préconisés aux cultivateurs :

- L'irrigation doit être effectuée exclusivement en début de soirée. Soit une heure après le coucher du soleil, pour limiter les déperditions par évaporation.

- On évitera les systèmes gaspilleurs tels que les « sprinklers . Notamment pour les cultures alignées (haricots, pastèques, arachides...). Ce système favorise de plus la croissance des adventices et provoque des baisses de rendement. On lui préfèrera une irrigation gravitaire judicieusement contrôlée ou mieux une irrigation au goutte-à-goutte. Cette opération peut être financée par les agriculteurs avec une aide du ministère de tutelle.

- Les motopompes doivent être installées sur des plates-formes discrètes éloignées (10 m au moins) des rives de l'étang. Ceci aura pour but de limiter voir de supprimer la pollution de l'eau par le fuel et les huiles.

- il faudra limiter les prélèvements au strict nécessaire pour éviter tout dérangement par le bruit. Pour cela, les motopompes doivent être placées au même endroit. On peut réaliser une tranchée d'une cinquantaine ou une centaine de mètres vers l'ouest de l'étang, dans la zone inondable, qui permettrait d'éloigner les moteurs de l'étang même. Cette opération est peu onéreuse, elle peut être financée par le parc national.

IV-6-3. GESTION DE L'EXPANSION URBAINE

L'expansion urbaine constitue un souci majeur pour la préservation du site du lac Bleu. Il est impératif d'y mettre un terme sous peine de contrarier définitivement toute action de conservation du site. Les besoins éventuels de terrains à bâtir doivent êtres satisfaits sur d'autres sites éloignés du lac Bleu. Soit du côté de Boumalek ; soit sur des sites totalement délocalisés.

Enfin, l'Etat peut se porter acquéreur des terrains en périphérie du site et proposer des terrains dans des sites moins sensibles sur le plan patrimonial et plus propices à l'agriculture.

CONCLUSION

Le lac Bleu est un site dont la valeur patrimoniale est indéniable eu égard à ses caractéristiques hydrologiques et biologiques. Cependant, ce milieu humide subit de plein fouet les conflits d'usage essentiellement liés à l'eau.

Facteur limitant sous nos latitudes, l'eau devient un enjeu important pour de nombreux aspects de l'activité humaine. Elle constitue également le réceptacle de nombreux résidus de cette activité lorsqu'elle se collectionne en de plus ou moins vastes plans d'eau. Les dégâts que ces milieux subissent ne concernent pas uniquement la qualité de l'eau, mais touchent également une grande part des organismes, qui se chiffre en dizaine d'espèces, en modifiant les caractéristiques physicochimiques de l'élément auquel ils étaient adaptés depuis des centaines de milliers d'années, voire plus.

Le lac Bleu n'est pas exempte de ce phénomène. Milieu privilégié au sein d'un environnement hostile : les sables dunaires arides ; il attire naturellement végétaux, animaux et l'homme. Dés lors il n'est plus à l'abri d'un excès d'utilisation au-delà d'un seuil étroitement corrélé à la seule présence humaine.

Les études réalisées sur la faune et la flore, ont toutes eu pour objectif de dresser l'inventaire le plus complet possible des animaux et des végétaux que ce milieu humide, enclavé dans les sables, a pu permettre de s'installer. Ces inventaires, réalisés depuis une vingtaine d'années, ont tous mis l'accent sur le caractère écologique et biogéographique exceptionnel des organismes observés. La singularité de ces organismes témoignait de la riche histoire biogéographique de la région et contribuait en même temps à enrichir une diversité biologique régionale par des espèces devenues rares.

Les enquêtes, observations et mesures effectuées au cours de cette étude ont mis en relief un fait inquiétant pour l'avenir de ce site humide : la pression démographique locale ne semble pas connaItre de ralentissement en dépit d'une pénurie de logements, de travail, de projets de développement régionaux à moyen et à long terme. Ceci implique que l'étang sera de plus en plus mis à contribution pour fournir ce qu'il produit de mieux : l'eau ; pour assurer une production agricole qui sera développée pour assurer la subsistance de cette population locale.

Dans ce cas, les enjeux écologiques seront de peu de poids face à la précarité d'une existence oi les besoins vitaux de bases (nourriture, soins, éducation...) seront difficilement satisfaits.

Dans ces conditions il sera impératif d'accompagner les inventaires de toute sorte d'études socioéconomiques qui devront permettre de s'attacher la contribution volontaire des riverains à une opération durable et cotIteuse, de gestion du site concerné.

Cette contribution des riverains à la gestion du site devra concerner aussi bien la pratique agricole : amendements, irrigation, gestion du bétail..., que le déversement des eaux usées, ou le dérangement des animaux. Elle nécessite une action permanente d'information et de sensibilisation.

Les riverains doivent comprendre que la gestion et la conservation des zones humides leurs sont non seulement utiles, pour une utilisation durable; mais elles leur sont également nécessaire pour éviter la perte d'une ressource vitale. Tant d'un point de vue économique, que d'un point de vue ludique, esthétique et culturel.

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