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UNIVERSITE BADJI MOKHTAR ANNABA FACULTE DES
SCIENCES DEPARTEMENT DE BIOLOGIE LABORATOIRE DES ECOSYSTEMES TERRESTRES
ET AQUATIQUES
MEMOIRE DE MASTER
Filière : Monitoring des milieux naturels et
gestion durable des ressources Option : Diagnose des communautés
animales
CARACTERISATION ECOLOGIQUE D'UN SITE RAMSAR : LE LAC
BLEU WILAYA D'EL TARF PROPOSITION D'UN PLAN DIRECTEUR DE
GESTION
Présenté par: SABRI Fouad Omar
Membres du jury:
Président : Professeur BENSOUILAH Mourad Promoteur
: Professeur BENYACOUB Slim Examinateur : Monsieur DADCI Walid
Année : 2011
Remerciements
Je voudrais exprimer mes sincères remerciements au
professeur BENSOUILAH Mourad pour avoir accepter de présider mon jury
J'exprime mes plus vifs remerciements a Monsieur DADCI Walid
pour avoir accepté d'examiner le fruit de trois mois de recherche de
terrain, de recherche bibliographique et de mise en oeuvre de méthodes
diverses.
Le professeur BENYACOUB Slim a eu la patience de diriger et
orienter ce travail. Je lui exprime mes plus respectueux remerciements pour ses
conseils et remarques.
Je tiens tout particulièrement a exprimer ma
reconnaissance a Madame BENYACOUB Zahra pour ses conseils utiles, pour ses
encouragements répétés, pour la précieuse
documentation qu'elle a su me procurer.
Je souhaite aussi exprimer toute ma reconnaissance aux
personnes qui ont participé de près ou de loin a la
réalisation de ce travail. Mes amis ont été d'un grand
réconfort pour moi, je ne pourrais les citer tous, mais je voudrais
qu'ils sachent que je leur suis très reconnaissant.
Je voudrais enfin réserver une grande part de
remerciement pour mon père et ma mère, mes frères Djamel
et Abderrahmane pour l'intérêt qu'ils ont porté a mon
travail et pour les encouragements qu'ils m'ont prodigué tout ce
temps.
LISTE DES FIGURES
N°
|
Titre
|
Page
|
1
|
Localisation générale du lac Bleu
|
09
|
2
|
Bassin versant du lac Bleu (1/25 000)
|
10
|
3
|
Carte bathymétrique du lac bleu en période
estivale
|
12
|
4
|
Points de prélèvement de l'analyse physico-chimique
de l'eau du lac Bleu
|
14
|
5
|
Zone inondable du lac Bleu
|
14
|
6
|
Occupation actuelle des sols
|
15
|
7
|
Ceinture de végétation typique dans le lac Bleu
|
25
|
LISTE DES TABLEAUX
N°
|
Titre
|
Page
|
1
|
Superficies partielles des différentes tranches de
profondeur
|
12
|
2
|
Volumes partiels des différentes tranches de
profondeurs
|
13
|
3
|
Paramètres physico-chimiques campagnes 2011
|
13
|
4
|
Superficie des terres emblavées et jachères au lac
Bleu
|
15
|
5
|
Espèces végétales du lac bleu et sa
périphérie
|
17
|
6
|
Avifaune nicheuse du lac Bleu
|
17
|
7
|
Avifaune hivernante et non résidente du lac Bleu
|
18
|
8
|
Avifaune des milieux forestiers périphériques du
lac Bleu
|
18
|
9
|
Odonatofaune du lac Bleu
|
19
|
10
|
Liste des mammifères du lac Bleu
|
19
|
11
|
Liste des rongeurs et lagomorphes du lac Bleu
|
20
|
12
|
Liste des Chiroptères du lac Bleu
|
20
|
13
|
Grille de qualité globale des eaux de surface
|
22
|
14
|
Espèces protégées de l'avifaune du lac
Bleu
|
26
|
15
|
Intervalles guides de surveillance de la qualité des eaux
de surface du lac Bleu
|
28
|
SOMMAIRE
INTRODUCTION 05
I. MATERIEL ET METHODES 07
I-1. RECHERCHE BIBLIOGRAPHIQUE 07
I-2. CARTOGRAPHIE 07
I-3. BATHYMETRIE 07
I-3-1. DETERMINATION DES SUPERFICIES PARTIELLES 08
I-3-2. CALCUL DU VOLUME 08
I-4. ANALYSE PHYSICO-CHIMIQUES DES EAUX 08
I-5. LA FAUNE 08
I-6. LA FLORE 08
II.CONTEXTEGEOGRAPHIQUE GENERAL 09
II-1. DESCRIPTION GENERALE ET LOCALISATION 09
II-2. LE PARC NATIONAL D'EL-KALA 09
II-3. CLIMATOLOGIE GENERALE 10
II-4. CARACTERISTIQUES PHYSIQUES DU BASSIN VERSANT 10
II-4-1. LE RELIEF ET LES PENTES 11
II-4-2. HYDROLOGIE ET HYDROGEOLOGIE 11
III.RESULTATS 12
III-1. CARACTERISTIQUES MORPHOMETRIQUES DU LAC BLEU 12
III-1-1. BATHYMETRIE 12
III-1-2. VOLUME 13
III-2. CARACTERISTIQUES PHYSICO-CHIMIQUES DES EAUX 13
III-3. ZONE INONDABLE 14
III-4. OCCUPATION DU SOL 15
III-5. EVOLUTION RETROSPECTIVE DE L'OCCUPATION DES RIVES 16
III-6. SOURCES DE POLLUTION 16
III-7. DIVERSITE BIOLOGIQUE DU LAC BLEU 16
III-7-1. LA FLORE 16
III-7-2. LA FAUNE 17
III-7-2-1. L'AVIFAUNE 17
III-7-2-2. LES MAMMIFERES 19
IV. DISCUSSION . 21
IV-1. CARACTERISTIQUES MORPHOMETRIQUES DU LAC BLEU 21
IV-2. OCCUPATION DU SOL 22
IV-3. EVOLUTION RETROSPECTIVE DE L'OCCUPATION DES RIVES 23
IV-4. SOURCES DE POLLUTION 23
IV-5. DIVERSITE BIOLOGIQUE DU LAC BLEU 24
IV-5-1. LA FLORE 24
IV-5-2. LA FAUNE 25
IV-6. MESURES DE GESTION ET DE CONSERVATION DU SITE 27
IV-6-1. GESTION DE LA SANTE DE L'ETANG 27
IV-6-2. GESTION DU VOLUME D'EAU 29
IV-6-3. GESTION DE L'EXPANSION URBAINE 30
CONCLUSION . 31
BIBLIOGRAPHIE
Introduction
La prise de conscience de l'importance des zones humides va
donner naissance en 1971, à Ramsar, en Iran et à l'initiative
d'ONG ; de la convention relative des zones humides d'importance
internationale. C'est un traité intergouvernemental d'un genre nouveau,
car c'est le seul à concerner exclusivement un milieu bien
particulier.
Ce traité est un cadre de coopération pour la
convention et l'utilisation rationnelle des zones humides.
Aujourd'hui, la convention de Ramsar compte 160 parties
contractantes qui ont inscrit 1896 zones humides, pour une superficie totale de
185 millions d'hectares.
L'Algérie y a adhéré en 1983 en inscrivant
les deux premiers sites, le lac Oubeira et le lac Tonga, qui sont
également des réserves intégrales du parc national d'el
Kala.
Depuis, elle a inscrit 46 nouveaux sites humides qui couvrent 2
958 704 ha. (Boumezber, 2001).
Les zones humides font partie des ressources les plus
précieuses sur le plan de la diversité biologique et de la
productivité naturelle. Aujourd'hui nous savons qu'elles jouent un role
très important dans les processus vitaux, entretenant des cycles
hydrologiques et accueillant une flore et une faune diversifiées,
originales et économiquement importantes.
Ces écosystèmes sont en voie de
raréfaction sur tout le pourtour méditerranéen. Ils jouent
pourtant un role essentiel sur les micros climats. Déjà soumis
à la raréfaction naturelle de l'eau, ils sont aujourd'hui les
plus fragilisés par la pression qu'exerce sur eux l'homme. En effet,
l'intensification de l'agriculture exige la mobilisation d'une quantité
de plus en plus importante d'eau pour l'irrigation. Celle-ci est directement
prélevée dans ces sites humides généralement autour
desquels sont localisées les exploitations agricoles.
L'eau est également prélevée pour des
besoins domestiques ou industriels locaux qui s'avèrent aussi importants
sinon plus, que les besoins agricoles (Benoit et al, 2005), car s'effectuant
toute l'année.
Les prélèvements d'eau s'accompagnent
inévitablement de rejets dans le méme site. Effluents
domestiques, industriels ou lessivage d'intrants agricoles deviennent alors des
éléments d'origine anthropique qui alimentent les zones humides
de manière permanente ; débordant souvent leurs capacités
naturelles d'autoépuration, provoquant ainsi des pollutions graves
parfois irréversibles (Zalidis et al, 2002).
Le Parc national d'El-Kala a la particularité d'abriter
le complexe de zones humides le plus important du Maghreb. Il a pour mission
d'assurer la conservation d'un précieux patrimoine naturel et doit sa
notoriété à ses zones humides qui lui confèrent le
titre de principal centre de la biodiversité en
Méditerranée (Boumezber, 2001).
Les zones humides d'El Kala sont aujourd'hui
sérieusement menacées. Non seulement parce qu'elles ont
été concédées pour des activités de pompage
illicite, mais surtout a cause de la pollution générée par
une urbanisation rampante.
C'est le cas du lac Bleu (El Gara Ezzergua) qui fait partie du
complexe des zones humides de l'Est algérien. Cet étang est une
dépression interdunnaire d'eau douce alimentée par la nappe
phréatique et des eaux de pluies qui s'infiltrent a travers les dunes
(Atlas IV). Ce site classé Ramsar est, actuellement, au centre d'enjeux
socio - économiques et écologiques antagonistes. Soumis a une
certaine pression anthropique par les prélèvements d'eau pour
l'irrigation et les rejets d'eaux usées qui s'y déversent, il
nécessite plus que jamais une intervention officielle susceptible de
concilier impératifs économiques des riverains et enjeux
écologiques qu'il représente.
Dans ce cadre, le présent travail vise a proposer un
schéma raisonné de gestion globale du site, basé sur la
connaissance approfondie des caractéristiques écologiques
générale de ce site Ramsar d'une part, et des enjeux
socioéconomiques dont il est l'objet.
Il s'inscrit dans un programme plus vaste de
réalisation d'un programme de gestion des six sites Ramsar du parc
national d'El Kala ; programme financée par le Ministère de
l'Agriculture - Sous-Direction des Foréts.
I. MATERIEL ET METHODES
Pour atteindre les objectifs de la présente
étude, il a fallu consulter des sources d'informations pertinentes et
variées sur la faune et la flore du site étudié. Ces
informations de la littérature ont été, a chaque fois que
cela s'avérait nécessaire, vérifiées,
actualisées et validées a partir d'enquêtes et
d'observations directes sur le terrain. Notre travail a donc été
fondé sur trois principales étapes : la recherche
bibliographique, la prospection de terrain et le traitement des données
collectées.
I-1. RECHERCHE BIBLIOGRAPHIQUE
Cette étape a été primordiale, elle nous a
permis de faire le point sur l'état de la question, avant d'engager le
travail sur le terrain.
Il a fallu recenser le maximum d'ouvrages et travaux
réalisés sur le sujet. Malheureusement peu de travaux
spécifiques au site du lac Bleu sont disponibles. Pour cela, il a
été impératif de consulter le fond documentaire existant
au sein de l'université d'Annaba, du parc national d'El-Kala, sans pour
autant négliger les recherches par Internet.
La bibliographie s'est axée essentiellement sur les
aspects de la gestion intégrée de l'eau par bassin versant,
l'approche écosystémique de gestion des bassins versants, la
conservation de la biodiversité, la gestion des zones humides, le
multi-usage des zones humides, les stratégies d'acteurs, la gestion
participative et le développement durable de manière
générale.
I-2. CARTOGRAPHIE
Les cartes ont été élaborées a
partir de données GPS projetés sur des rasters
géoréférencés (Google Earth TM,
photographie aérienne) via MAP SOURCE TM et le logiciel GIS
(Map info Professional 10,5).
I-3. BATHYMETRIE
La bathymétrie a été réalisée
a l'aide d'une embarcation. Les points de mesure de la profondeur ont
été pointés au GPS et la profondeur mesurées a
l'aide d'une sonde graduée.
Le principe consiste a traverser l'étang d'un bout a
l'autre reliant les berges en effectuant plusieurs transects, parcourant toute
la surface du lac. Le pas de mesure est de 5 m (niveau minimum de
précision du GPS) d'un point a un autre et de 20 m d'un transect a un
autre.
On considère la surface de l'eau du lac comme
étant le niveau zéro. Les différentes profondeurs obtenues
sont en mètres et leurs coordonnées géographiques en
degré (N-W, SE).
Nous obtenons ainsi un maillage serré des isobathes
permettant de calculer avec précision le volume du plan d'eau.
I-3-1. DETERMINATION DES SUPERFICIES PARTIELLES
Le maillage des isobathes va permettre d'obtenir, en reliant
les points ou les intervalles d'égale profondeur, des superficies
partielles d'iso profondeur. Leur aire sera mesurée par la fonction
<<surface >> de Map Info 10.5.
I-3-2. CALCUL DU VOLUME
Le calcul du volume de l'étang a été
réalisé par la méthode des superficies partielles
multipliées par la moyenne de la hauteur de leur colonne d'eau Vt = ? vi
= (hi x Si).
I-4. ANALYSE PHYSICO-CHIMIQUES DES EAUX
L'analyse physico-chimique de l'eau a été
effectuée par des sondes automatiques multiparamètres (WTW -
pH/Cond 340i/SET) pour ce qui concerne la température, le pH et la
conductivité. Le dosage des nitrates a été effectué
a l'aide d'un Kit colorimétrique (Visocolor ECO - MACHEREY-NAGEL)
Les mesures ont été réalisées au
mois d'avril.
I-5. LA FAUNE
L'étude de la faune s'est basée sur les travaux
de Benyacoub (1993), Benyacoub et al. (1996), Benyacoub et al. (1998) et
Benyacoub et al. (2005). Les informations obtenues ont été
complétées par des sorties sur site réalisées au
cours du printemps courant.
Ces sorties nous ont permis de recenser 2 espèces non
répertoriées précédemment.
Les méthodes utilisées dans ce cadre sont les
méthodes de sondage ponctuel utilisées en présence-absence
telles que les EFP ou échantillonnage fréquentiels progressifs
(Blondel, 1975).
I-6. LA FLORE
Durant la période de notre étude, la
caractérisation de la flore a été réalisée a
partir de la vérification et la validation d'une liste d'espèces
établie par (Djaaboub, 2007) et de (De Belair, 1994).
II. CONTEXTE GEOGRAPHIQUE GENERAL
II-1. DESCRIPTION GENERALE ET LOCALISATION
Le lac Bleu est un étang de faible superficie
localisé au nord-est de la lagune d'El Mellah et à 700
mètres au sud de la Méditerranée. Ses coordonnées
géographiques sont : N 36.909° - E 8.338°.
A environ une dizaine de kilomètres à
l'ouest de la ville d'El-Kala et situé dans le massif dunaire qui barre
tout le nord du lac Mellah jusqu'à Mezira ; il est la conséquence
hydrogéomorphologique de la percolation dans une dépression, de
la nappe phréatique à travers les sables de la dune.
Figure 1 : Localisation generale au lac
Bleu
De forme grossièrement ovale, ce petit
étang d'eau douce se caractérise par une profondeur
étonnante pour sa faible superficie de 3 ha. Cette profondeur est
justement le gage de sa pérennité et a permis la mise en place
d'une ceinture caractéristique de végétation.
Particulièrement enclavé, ce site peu
habité il y a une vingtaine d'année, permet aujourd'hui à
une quinzaine de familles de la mechta << Gmihet >> de vivre de
l'agriculture et de l'élevage en utilisant largement son eau pour
entretenir des petites exploitations agricoles.
D'une beauté étonnante par sa couleur et
son emplacement dans l'écrin jaune des sables de la dune, il a
bénéficié en 2006, d'un statut international en
étant inscrit, à la demande de l'Algérie, dans la liste
des sites Ramsar du parc national d'El-Kala.
II-2. LE PARC NATIONAL D'EL-KALA
Le parc national d'El-Kala (P.N.E.K) a été
crée par le décret 83/462 du 13.07.83 et érigé en
zone protégée en 1991 par l'UNESCO dans le but d'une conservation
du patrimoine naturel Algérien.
Situé à l'extrême Nord-Est
Algérien (70 Km à l'Est d'Annaba), il est limité à
l'Est par la frontière Algéro-Tunisienne, au Nord par la
Méditerranée, à l'Ouest par l'extrémité de
la plaine alluviale d'Annaba et enfin au Sud par le contrefort des monts de la
Medjerda. Ses
coordonnées géographiques sont 36°52' de
latitude Nord et 8°27' de longitude au niveau de la ville d'El Kala
(Benyacoub, 1993).
D'une superficie de 78 438 ha, il est subdivisé en trois
principaux secteurs : le secteur de Brabtia, le secteur de Tonga et le secteur
de Bougous (Oulmouhoub, 2002).
Cette région a fait l'objet de nombreux travaux
principalement De Belair G (1990), Benyacoub (1993), Benyacoub & Chabi
(2000) desquels nous allons largement puiser les caractères
généraux de la région.
II-3. CLIMATOLOGIE GENERALE
D'une manière générale, la région
d'El Kala est située dans le climat méditerranéen chaud
avec des températures pouvant atteindre 45 C°. Les
températures les plus basses sont enregistrées en altitude durant
l'hiver, avec 5 a 6 mois de gelée blanche par an. Au niveau de la mer,
les températures atteignent très rarement 0 °C (in Benyacoub
S., Chabi V. 2000). Les mois les plus froids sont janvier et février
tandis que juillet et aotIt sont les plus chauds.
La région d'El-Kala reçoit une pluviométrie
moyenne annuelle de 910 mm et un maximum d'environ 1200 mm/an, pour 115 jours
pluie/an.
Les vents dominants sont de Nord-Ouest, avec une vitesse
moyenne variant de 3.3 a 4.8 m/s. En été ils deviennent de
secteur est - nord-est. Parfois ils tournent au secteur sud et deviennent un
dangereux facteur déclenchant d'incendies de forêts.
II-4. CARACTERISTIQUES PHYSIQUES DU BASSIN
VERSANT
Figure 2 : Bassin versant du lac Bleu (1/25 000)
La superficie du bassin versant du lac Bleu est de 128 ha et
son périmètre égal a près de 6 km. Le ruissellement
est quasi nul mis a part l'écoulement des eaux de débordement
d'un plan d'eau situé au sud-est a environ 400 m du site. C'est le seul
cours d'eau connu de cette zone.
II-4-1. LE RELIEF ET LES PENTES
Le plan d'eau est a l'altitude 4 m. Les reliefs passent de
80-76 m a l'est (Koudiet Er Rhar, Koudiet Terch) a des altitudes de 15-20 m au
NW (El Koudia Safra). Les pentes sont plus abruptes a l'est, elles sont proches
de 0 % au centre du BV oi se trouve le plan d'eau puis se relèvent
légèrement vers le rivage et les rives du lac.
II-4-2. HYDROLOGIE ET HYDROGEOLOGIE
Le réseau hydrographique est inexistant en dehors des
petits talwegs qui conduisent les brefs cours d'eau temporaires. Le bassin
versant est aréique. La nature du sol, essentiellement sableuse, ne
favorise pas le ruissellement qui est fortement réduit au profit de
l'infiltration. Les talwegs, creusés par ces eaux de ruissellement
éphémères, montrent toutefois que les écoulements
de surface se font vers le fond de la cuvette oi se trouve le plan d'eau.
Le plan d'eau du lac Bleu correspond donc a un affleurement de
la nappe des formations dunaires qui forment les reliefs recouverts de maquis
de chênes Kermès a l'est du lac Mellah. Un aquifère mal
connu et qui doit fournir des apports d'eau douce appréciables au Lac
Mellah.
III. RESULTATS
III-1. CARACTERISTIQUES MORPHOMETRIQUES DU LAC BLEU
III-1-1. BATHYMETRIE
A partir de la carte des isobathes, on constate que la plus
grande profondeur est de 3,15m.
Pour avoir une répartition des différentes
profondeurs du lac, le tableau ci-dessous donne les différentes surfaces
partielles entre les différentes tranches de profondeur.
Tableau 1: Superficies partielles des différentes
tranches de profondeur
Tranches de profondeur (m)
|
Superficies partielles (ha)
|
Superficies partielles (%)
|
2,50 - 3,15
|
0,400
|
13,77
|
2,00 - 2,50
|
0,621
|
21,38
|
1,50 - 2,00
|
0,541
|
18,63
|
1,00 - 1,50
|
0,384
|
13,22
|
0,70 - 1,00
|
0,184
|
6,34
|
0,35 - 0,70
|
0,396
|
13,64
|
0 - 0,35
|
0,378
|
13,02
|
Total
|
2,904
|
100
|
Les profondeurs supérieurs ou égales a 1,00m
occupent 67 % de la surface totale du lac, ce qui leurs donnent une
légère dominance. La tranche de profondeurs de 2,50 a 3,15 est
assez importante. Les faibles et moyennes profondeurs inferieurs ou
égales a 1,00m, n'occupent que 33 % de la surface totale du lac.
1 5 0 - 20 0 cm
1 0 0 - 15 0 Cm 7 0 - 1 00 cm
3 5 - 7 0 cm
2 5 0 - 31 5 cm
2 0 0 - 25 0 cm
55 56
52
49
100
46
9
44
13
41
17
0 31 10 0 m
5
20
23
30
34
28
27
33
32
Figure 3 : Carte bathymétrique du lac bleu en
période estivale.
Le plan d'eau se caractérise donc par un profil assez
abrupt et occupe une dépression dont le creux est important. La
profondeur totale mesurée est de 3,15 m, la profondeur moyenne est de
1,5 m
III-1-2. VOLUME
Tableau 2 : Volumes partiels des diffe'rentes tranches de
profondeurs.
Tranches de profondeur (m)
|
Superficies partielles (m2)
|
Volume partielles (m3)
|
2,50 - 3,15
|
4000
|
11300
|
2,00 - 2,50
|
6210
|
13972,5
|
1,50 - 2,00
|
5410
|
9467,5
|
1,00 - 1,50
|
3840
|
4800
|
0,70 - 1,00
|
1840
|
1564
|
0,35 - 0,70
|
3960
|
2079
|
0 - 0,35
|
3780
|
661,5
|
Total
|
29040
|
43844,5
|
Ainsi le volume total du lac Vt = 43845 m3.
Ce volume est susceptible d'une grande variation
saisonnière qui est fonction de 02 paramètres :
1- Taux d'évaporation qui dépend de la saison et
de l'ensoleillement.
2- Quantité prélevée pour l'irrigation.
III-2. CARACTERISTIQUES PHYSICO-CHIMIQUES DES EAUX
Tableau 3 : Paramètres physico-chimiques campagnes
2011
|
Temp °C
|
pH
|
Cond .ts cm-1
|
Nitrates g/l
|
Point N°1
|
18,9
|
6,61
|
202
|
3
|
Point N°2
|
18,7
|
9,5
|
264
|
2
|
Point N°3
|
18
|
6,97
|
370
|
2
|
Les mesures physico-chimiques ont été
effectuées en 3 points.
Point 1 : Lac Bleu rive sud.
Point 2 : Zone de débordement ouest Point 3 : Etang
nord.
On remarque une grande variabilité du pH. Le point 2 est
caractérisé par le l'aspect temporaire des eaux puisqu'il a
été mesuré dans la zone de débordement du lac.
Remarquons également les faibles valeurs de la
conductivité qui témoignent d'une minéralisation peu
importante des eaux. Les concentrations en nitrate sont également peu
importantes.
Figure 4 : Points de prélévement de
l'analyse physico-chimique de l'eau du lac Bleu III-3. Zone
inondable
Le niveau de base du plan d'eau est également
celui du niveau piézométrique de la nappe. Lors des fortes pluies
on assiste a une élévation sensible du niveau de la nappe de
près de 30 cm. Il s'ensuit alors un débordement de l'eau qui
inonde partiellement les terres alentours. Le phénomène peut
durer plusieurs jours.
Débordement du lac Bleu délimitant la
zone inondable (photo. Y. Arthus Bertrant)
La surface recouverte par les eaux est de 7 ha environ.
Elle interdit alors toute pratique agricole en bordure du lac.
Figure 5 : Zone inondable du lac
Bleu 14
III-4. OCCUPATION DU SOL
Les terrains autour du plan d'eau notamment à l'est,
sont des sables limoneux et tourbeux. Ils sont cultivés et
irrigués avec l'eau du lac. Les dunes qui enserrent la cuvette sont
recouvertes des formations végétales constituées de maquis
de chêne Kermès associé par endroit au genévrier de
Phénicie et genévrier oxycèdre.
Fosse septique
Figure 6 : occupation actuelle des sols
Entre le lac et les formations naturelles dunaires, sont
disposées les parcelles agricoles qui résultent très
vraisemblablement d'anciens défrichements de la périphérie
du plan d'eau.
Les parcelles exploitées sont de statut privé.
D'après l'enquête menée sur place en avril 2011, les
exploitants affirment que ces terres sont « Melk .
Tableau 4 : Superficie des terres emblavées et
jachères au lac Bleu
|
Superficie ha
|
Pourcentage %
|
Terres agricoles
|
2,40
|
25,97
|
Jachères
|
6,84
|
74,03
|
total
|
9,24
|
100
|
Actuellement les motopompes destinées à
l'irrigation sont déjà installés. Certains servent
même à l'irrigation de parcelles qui sont en dehors du
périmètre du lac Bleu. Il s'agit de parcelles de pastèques
au niveau du forage de Boumalek.
L'agriculture est orientée vers des produits à
forte valeur ajoutée tels que pastèques, melons, arachides
(Bouazouni O. 2004), à forte consommation d'eau. Quelques parcelles sont
consacrées à l'agriculture vivrière (haricots, tomates,
petits pois).
L'élevage constitue une source de revenus
supplémentaire. Les troupeaux de bovins, ovins et caprins pâturent
soit dans les jachères qu'ils enrichissent de leurs déjections,
soit dans les maquis environnants (Bouazouni O. 2004).
III-5. EVOLUTION RETROSPECTIVE DE L'OCCUPATION DES
RIVES
L'examen des documents de photographie aérienne de 1980 et
les enquêtes effectuées sur place révèlent deux
phénomènes non corrélés :
- La superficie des terres non forestières à
très peu changé. Nous avons noté un défrichement de
faible ampleur à l'est et au nord du lac entre 2006 et 2011. Ces
défrichements ne représentent qu'une superficie de 8300
m2.
- L'habitat en revanche à connu une augmentation
significative. De 5 maisons en 1980, on est passé à 14
habitations en 2011. Soit 200% d'expansion !
Ce phénomène ne sera pas sans conséquence
sur la qualité patrimoniale du site.
III-6. SOURCES DE POLLUTION
Actuellement l'étang est soumis à deux principales
sources de pollution.
La première source est due aux rejets des eaux
usées. Toutes les habitations sont plus ou moins reliées à
un réseau de collecte des eaux usées (eaux grises et eaux
noires). Ce réseau est enfouit dans le sable et débouche
actuellement dans une fosse septique commune localisée au sud-est de
l'étang derrière l'aulnaie.
La deuxième source de pollution concerne les engrais
azotés et phosphatés utilisés dans les parcelles
cultivées en périphérie du plan d'eau. L'utilisation de
ces intrants est de plus en plus fréquente de l'aveu même des
cultivateurs interrogés sur place, au détriment de la fumure
organique utilisée jusque là.
III-7. DIVERSITE BIOLOGIQUE DU LAC BLEU
111-7-1. LA FLORE
La flore du lac Bleu est marquée par l'action de deux
facteurs principaux :
- La présence de l'eau avec ses gradients classiques
d'humidité par le jeu des exondationsimmersions.
- Les conditions xériques des substrats dunaires
environnants.
Ces deux facteurs vont conditionner la présence d'un
couvert végétal caractérisé par des contrastes
forts des espèces qui le compose. D'un côté une
végétation hydrophytes voire amphibie, avec son cortège
d'hélophytes, d'hydrophytes.
De l'autre, une végétation marquée par la
présence d'espèces xérophytes.
Tableau 5 : espéces végétales du lac
bleu et sa périphérie
Espèces
|
Alisma ranunculoides
|
Lavendula stoechas
|
Pistacia lentiscus
|
Alnus glutinosa
|
Leersia hexandra
|
Polygonum salicifolium
|
Anagallis arvensis
|
Lemna minor
|
Potamogeton trichoides
|
Carex elata
|
Lycopus europaeus
|
Quercus coccifera
|
Ceratophyllum demersum
|
Lythrum meonanthum
|
Salix pedicellata
|
Chamaerops humilis
|
Lythrum salicaria
|
Salix purpurea
|
Cladium mariscus
|
Lythrum tribracteatum
|
Scirpus lacustris
|
Erica arborea
|
Mentha rotundifolia
|
Thelypteris palustris
|
Galium palustris
|
Nymphea alba
|
Thelypteris interrupta
|
Genista tricuspidata
|
Olea europaea
|
Typha angustifolia
|
Iris pseudo-acorus
|
Osmunda regalis
|
Typha latifolia
|
Juncus acutus
|
Paspalum distichum
|
Utricularia vulgaris
|
Juniperus oxycedrus
|
Phragmites australis
|
Fraxinus excelsior
|
111-7-2. LA FAUNE III-7-2-1. L'Avifaune
Le lac Bleu a une couverture assez importante
d'hélophytes. Il constitue également un site de nidification dont
l'importance augmente corrélativement avec la superficie des ceintures
de végétation.
D'une manière générale, l'avifaune nicheuse
du lac Bleu n'est pas importante. Nous attribuons cette pauvreté a la
taille réduite du site. Cependant, les espèces présentes
sont des nicheurs réguliers.
Douze espèces constituent le fond de l'avifaune nicheuse
de ce site. Parmi celles-ci, nous remarquons la présence d'une
espèce patrimoniale, le nyroca.
Tableau 6 : Avifaune nicheuse du lac Bleu
|
Espèces
|
Blongios nain Bouscarle de cetti Canard colvert Cisticole des
joncs Foulque macroule Fuligule nyroca
|
|
Grèbe castagneux Locustelle luscinIode Martin
pêcheur
Poule d'eau
Râle d'eau
Rousserole effarvate
|
|
Total = 12 espèces
|
Les sylviidés aquatiques sont présentes dès
que la couverture des hélophytes est importante. Le reste des
espèces est constitué des opportunistes des zones humides.
Tableau 7 : Avifaune hivernante et non résidente du
lac Bleu
|
Espèces
|
Aigrette garzette Chevalier aboyeur Foulque macroule Grande
aigrette Grèbe huppé
Héron cendré
Héron garde-boeufs
|
|
Bécassine des marais Busard des roseaux Chevalier
cul-blanc Chevalier gambette Chevalier guignette
Gravelot a collier interrompu Mouette rieuse
|
|
Total = 14 espèces
|
Les oiseaux non résidents et hivernants comptent une
quinzaine d'espèces. Parmi elles, la grande Aigrette a une valeur
patrimoniale.
Tableau 8 : Avifaune des milieux forestiers
périphériques du lac Bleu
Espèces
|
Bulbul gris
|
Hirondelle de cheminée
|
Pic épeiche
|
Chardonneret élégant
|
Hirondelle de fenêtre
|
Pie-grièche a tête rousse
|
Chouette effraie
|
Hypolais pale
|
Pinson des arbres
|
Cochevis huppé
|
Linotte mélodieuse
|
Pouillot de Bonelli
|
Coucou gris
|
Martinet a croupion blanc
|
Pouillot véloce
|
Engoulevent d'Europe
|
Martinet alpin
|
Rossignol philomèle
|
Fauvette a tête noire
|
Martinet noir
|
Rouge-gorge
|
Fauvette mélanocéphale
|
Martinet pale
|
Serin cini
|
Fauvette orphée
|
Merle noir
|
Tchagra a tête noire
|
Fauvette pitchou
|
Mésange bleue
|
Torcol fourmilier
|
Gobe-mouche gris
|
Mésange charbonnière
|
Tourterelle des bois
|
Grimpereau brachydactyle
|
Milan noir
|
Troglodyte mignon
|
Guêpier d'Europe
|
Moineau domestique
|
Verdier
|
Total = 39 espèces
|
65 espèces d'oiseaux constituent le patrimoine
avifaunistique de la zone du lac Bleu. Cette richesse est localement
intéressante eu égard a la relative pauvreté en oiseaux
des groupements forestiers des dunes. Le lac Bleu constitue donc, de ce point
de vue, une singularité au sein de ces groupements. Un des aspects les
plus spectaculaires de cette avifaune, est l'importante population de
Guêpier d'Europe présente dans ce site.
La plupart des espèces le fréquentent, pour la
masse entomologique qui y est présente et qui constitue une provende
trophique dans laquelle elles puisent sans interruption.
En effet, le lac Bleu est une zone humide oi la faune
entomologique est spectaculaire. En dehors des carabidés d'eau douce,
les organismes les plus visibles sont les odonates :
Plusieurs d'entres-eux ont une valeur patrimoniale car ils
constituent des populations relictuelles d'origine afrotropicale comme :
Acisoma panorpoides et Urothemis edwardsi (Reinhard Jödicke et
al., 2004)et (Suhling F. & Clausnitzer V. 2008)
Tableau 9 : Odonatofaune du lac Bleu (Menai R.
1993)
Espèces
|
Acisoma panorpoides
|
Lestes barbarus
|
Aeshna affinis
|
Lestes virens
|
Aeshna mixta
|
Lestes viridis
|
Anacieschna isosceles
|
Orthetrum cancelletum
|
Anax imperator
|
Orthetrum nitidinerve
|
Anax parthenope
|
Orthetrum trinacria
|
Brachythemis leucosticte
|
Sympecma fusca
|
Cercion lindenii
|
Sympetrum fonscolombii
|
Ceriagrion tenellum
|
Sympetrum meridionale
|
Coenagrion scitulum
|
Sympetrum sanguineum
|
Crocothemis erythraea
|
Sympetrum striolatum
|
Diplacodes lefebrii
|
Trithemis annulata
|
Erythromma viridilum
|
Urothemis edwardsii
|
Ischnura graellsii
|
|
III-7-2-2. Les Mammifères
La présence d'eau douce et le couvert
végétal présent autour du site, favorisent la
fréquentation des lieux par divers mammifères. On y trouve les
éléments classiques de la grande faune.
Tableau 10 : Liste des mammifêres du lac Bleu
Espèce
|
abondance
|
Sanglier Chacal
Renard Mangouste Genette Hérisson
|
Commun Commun Peu commun Commune Commune commun
|
On y observe des rongeurs et lagomorphes
Tableau 11 : Liste des rongeurs et lagomorphes du
lac Bleu
Espèces
|
Abondance
|
Rat commun Souris de lataste Rat rayé
d'Algérie Lapin de garenne
|
Commun Commune Peu commun
commun
|
Ainsi que plusieurs espèces de Chiroptères
associés aux zones humides (Bronislaw W, 1999) et qui trouvent dans les
grottes littorales des gItes nombreux pour se reproduire.
Tableau 12 : Liste des Chiroptères du lac
Bleu
Espèce
|
Abondance
|
Pipistrelle commune
|
Très commune
|
Pipistrelle de Kuhl
|
Peu commune
|
Petit rhinolophe
|
Peu commun
|
Grand rhinolophe
|
Commun
|
Rhinolophe de Mehelyi
|
Commun
|
Rhinolophe euryale
|
Peu commun
|
Petit murin
|
Commun
|
Oreillard gris
|
commun
|
IV. DISCUSSION
IV-1. CARACTERISTIQUES MORPHOMETRIQUES DU LAC BLEU
Les résultats obtenus font nettement ressortir le
caractère patrimonial du lac Bleu. Ce milieu écologiquement
sensible est pourtant l'objet d'une pression anthropique grandissante. Dans
cette partie nous allons discuter les aspects qui déterminent son
intérêt écologique, les facteurs qui sont a l'origine de
cet intérêt et enfin les processus qui peuvent conduire a son
altération.
L'hydrologie du lac Bleu est un élément
déterminant de la notoriété de ce site humide. Partout oi
elle est présente en Afrique méditerranéenne,
combinée a une climatologie oi les températures moyennes sont
élevées, l'eau devient un puissant facteur de productivité
primaire. Au Maghreb, zone biogéographique a forte
endémicité du fait de sa relative insularité, elle
favorise l'installation d'une flore aux origines biogéographiques
diverses dont le caractère patrimonial est associé a sa
rareté et/son endémicité (Vela et Benhouhou., 2007).
L'étang est alimenté par une nappe
phréatique qui imprègne l'ensemble du système dunaire
côtier qui va de Sidi Salem a l'est d'Annaba (Nafaa K et al., 2008)
jusqu'au Cap Segleb a la frontière algérotunisienne. Au niveau du
site d'étude, cette nappe s'écoule vers la mer au nord et vers le
lac Mellah au sud. Elle constitue des mares, de profondeur et de superficies
différentes, lorsque des dépressions dans le relief dunaire,
forment un creux dont le fond est en dessous du niveau
piézométrique. Le lac Bleu est le plus important plan d'eau
alimenté par ce phénomène d'exsurgence de la nappe. Sa
profondeur moyenne est importante eu égard a sa superficie modeste de
2,9 ha. Du reste sa profondeur maximale de 3,15 m est supérieure a celle
du lac Oubeira (2,5 m) (Messerer V. 1999) ou du lac Tonga (2 m) (Mohamed L.R.
2007). La zone la plus profonde coincide avec la zone d'eau libre visible a peu
près au milieu de l'étang. C'est donc un plan d'eau relativement
profond qui recèle un volume d'eau douce important évalué
a 44000 m3 environ.
Au nord de l'étang principal, légèrement en
surplomb, existe une mare grossièrement rectangulaire d'un demi-hectare,
d'une profondeur maximale de 0,5 m.
Les mesures physico-chimiques effectuées au mois
d'avril révèlent une eau relativement saine encore. Avec un pH
faiblement acide, la conductivité est faible. Elle témoigne d'une
minéralisation mineure de l'eau. Les mesures de la concentration en
nitrates confirment ces résultats puisque la valeur maximale
mesurée au point 1 au sud de l'étang, n'est que de 3 mg/l. Cette
valeur classe l'eau du lac Bleu dans la catégorie « Excellente
» de la grille de qualité du Ministère de l'Equipement et de
l'Aménagement du territoire. Ce résultat n'est pas surprenant du
fait d'un temps probable de résidence hydraulique assez faible.
Le processus de percolation a travers les sables dunaires,
combiné a une évaporation importante et aux
prélèvements pour l'irrigation, doit permettre un renouvellement
significatif de l'eau, qui se retrouverait ainsi exempte d'une accumulation
trop importante de nutriments en dépit d'un apport qui ne doit pas
être négligeable comme nous le verrons plus avant.
Tableau 13: Grille de qualité globale des eaux de
surface (Ministère de l'équipement et de l'aménagement du
territoire ; agence du bassin hydrographique constantinois-Seybouse-Mellegue,
octobre 1999)
Qualité de
L'eau
Paramètre
|
Excellente
|
Bonne
|
Passable
|
Médiocre
|
Pollution excessive
|
O2 dissous mg/l
|
> 7
|
5 à 7
|
3 à 5
|
< 3
|
0
|
% saturation
|
> 90
|
70 à 90
|
50 à 70
|
< 50
|
0
|
DB0 5 mg/l
|
< 3
|
3 à 5
|
5 à 10
|
10 à 25
|
> 25
|
DCO mg/l
|
< 20
|
20 à 25
|
25 à 40
|
40 à 80
|
> 80
|
NH4 mg/l
|
< 0,1
|
0,1 à 0,5
|
0,5 à 2
|
2 à 8
|
> 8
|
PO4 mg/l
|
< 0,2
|
0,2 à 0,5
|
0,5 à 1
|
1 à 2
|
> 2
|
NO3 mg/l
|
< 5
|
5 à 25
|
25 à 50
|
50 à 80
|
> 80
|
NO2 mg/l
|
< 0,1
|
0,1 à 0,3
|
0,3 à 1
|
1 à 2
|
> 2
|
Lors des épisodes pluvieux hivernaux, la nappe
déborde largement des limites de l'étang et inonde les berges sur
une longueur de 650 m et une largeur maximale de 200 m. le plan d'eau occupe
alors une superficie de plus du double de celle l'étang, d'environ 7
ha.
IV-2. OCCUPATION DU SOL
Le site du lac Bleu a toujours été occupé
par les hommes. La présence d'eau douce a constitué une ressource
importante pour assurer une certaine production agricole, permettre
l'élevage et l'approvisionnement en eau pour les besoins domestiques.
La population implantée au centre du bassin versant
regroupe une centaine de personnes qui vivent de l'exploitation de leurs
parcelles de terre généralement dans le régime foncier de
l'indivision. Les habitants possèdent des bêtes qui se nourrissent
alternativement sur les parcelles lorsqu'elles sont en jachère et dans
les massifs forestiers aux alentours.
Les exploitations sont caractérisées par un
système de jachères parfois pluriannuelles. Actuellement les
surfaces exploitées représentent 2,4 ha soit 26% des terres
disponibles contre 6,84 ha de jachères, ce qui témoigne d'une
économie plutôt de subsistance. La vente des produits
pêchés dans le lac Mellah et quelques activités estivales
(gardiennage) procurent des revenus supplémentaires. Certains avouent
n'avoir aucune source de revenu en dehors des activités agricoles autour
de l'étang.
L'agriculture telle que pratiquée, exige une forte
utilisation d'eau d'irrigation. La part de celle-ci est mal connue parce
qu'elle échappe a tout contrôle.
Depuis quelques années, cette agriculture a
été orientée plutôt vers une pratique
spéculative, de modeste envergure, a cause de la qualité
médiocre du sol (sableux). Cependant, on assiste depuis peu a une
utilisation grandissante des engrais chimiques qui viennent remplacer la fumure
organique traditionnellement utilisée. Pastèques et arachides
constituent les spéculations les plus courantes (Bouazouni O. 2004).
Elles bénéficient actuellement d'une conjoncture favorable des
prix a la vente.
La pratique de l'élevage est complémentaire aux
cultures. Le troupeau est généralement constitué d'une
douzaine ou une vingtaine de bovins qu'accompagnent fréquemment un
nombre équivalent d'ovins ou de caprins et qui ne sont pas
systématiquement destinés a la vente (Bouazouni O. 2004).
Le statut de l'élevage est alarmant. Car la conduite
des troupeaux de bovins, ovins et caprins est spéculative et ne
répond a aucune norme de parcours. Les éleveurs conduisent
généralement leurs troupeaux pendant la période hivernale
pour les abandonner en forêt. A la fin du printemps, les troupeaux sont
ramenés a la plaine au niveau des jachères, du pourtour du lac,
dont les parties inondées offrent un pâturage a haute valeur
nutritive.
IV-3. EVOLUTION RETROSPECTIVE DE L'OCCUPATION DES
RIVES
Depuis 1980 nous assistons à une amélioration
générale du niveau de vie des gens. Cette amélioration est
surtout due à l'électrification de la zone et au raccordement au
réseau d'eau potable. Ceci a eu pour conséquence une croissance
démographique et une extension de l'habitat du fait de l'installation
sur place de la nouvelle génération. Ce phénomène
doit s'accompagner à terme d'une utilisation accrue de l'eau du lac mais
également d'une augmentation des rejets domestiques dans le milieu.
IV-4. SOURCES DE POLLUTION
L'augmentation de l'habitat à la périphérie
du lac Bleu et les terres agricoles qui sont sur son périmètre
sont la principale cause de la pollution de ce site.
La pollution par les détergents contenus dans les eaux
usées, s'effectue par les composants phosphatés et les agents de
lavage présents dans la composition des produits ménagers. Une
pratique courante dans le site consiste également à effectuer les
grandes lessives au bord de l'étang même.
Par ailleurs l'utilisation de croissante d'intrants
synthétiques (engrais, pesticide....) engendre certainement une
pollution des sols et surtout, par infiltration, une pollution de la nappe qui
diffuse vers l'étang.
Si les apports de nutriments dépassent la
capacité d'autoépuration et de renouvellement des eaux du
système, nous aboutirions certainement à un
phénomène d'eutrophisation avec ses conséquences
néfastes. Les conséquences sur les peuplements biologiques sont
généralement une diminution du nombre d'espèces et une
prolifération des espèces opportunistes. Des espèces
indicatrices de pollution apparaissent telles que les Lemnacées
et Potamogeton trichoides (Potamogétonacées)
déjà apparu au lac Bleu en 1997 (De Bélair G et
Samraoui B, 1998), ainsi que des espèces indicatrices d'envasement.
Il importe de faire preuve d'une extrême vigilance dans ces
conditions, et de prendre rapidement les mesures nécessaires pour
éviter une perte irrémédiable du caractère
patrimonial du site.
IV-5. DIVERSITE BIOLOGIQUE DU LAC BLEU IV-5-1. LA
FLORE
Deux types de flore caractérisent le lac Bleu : la flore
des dunes environnantes constituée du groupement a chêne
kermès et genévrier et celle des ceintures de
végétation de l'étang.
Croissant sur un sol maigre et très filtrant, donc
souvent sec, la flore ligneuse des dunes se singularise par la présence
massive de Juniperus oxycedrus et Juniperus phenicea. Ces
deux espèces sont emblématiques des dunes côtières
de la région et constituent a ce titre un élément
patrimonial de la flore locale. Leur rôle dans la fixation des dunes est
déterminant grace a leur système racinaire hypertrophié.
Par ailleurs elles constituent une ressource importante pour l'avifaune tant
sur le plan trophique (consommation des baies) que sur le plan spatial (support
de nombreux nids de fauvettes, merle et fringillidés). Elles font
malheureusement l'objet de coupes fréquentes, pourtant illicites, pour
constituer du bois de chauffe.
La flore aquatique est beaucoup plus diversifiée.
Largement pourvue en espèces, la flore hélophyte du lac Bleu est
composée par une ceinture de végétation qui occupe le
pourtour du site. Elle est constituée de : Phragmites australis,
Juncus acutus, Osmunda regalis, Typha angustifolia, Typha latifolia, Iris
pseudo-acorus, et d'une strate arborée hydrophile, Fraxinus
excelsior, Salix pedicellata, Alnus glutinosa , Salix purpurea.
Les groupements identifiés dans ce site sont :
Le groupement a Nymphaea alba Végétation
exceptionnelle en Algérie constitue l'aspect estival du Lac Tonga et des
rives sableuses du Lac Bleu dans la région d'El-Kala (Géhu,
Kaabèche et Gharzouli 1994).
* Helosciadio-Utricularietum exoletae. Végétation
constituant les ceintures des rives sableuses du lac Bleu (El-Kala).
* Cladio marisci- Thelipteridetum interuptae.
Végétation colonisant les rives tourbeuses du Lac Bleu dans la
région d'El-Kala.
* Laurentio bicoloris-Fimbristylidetum squarrosae.
Végétation pionnière des rives sableuses du Lac Bleu
(EI-Kala).
La flore hydrophyte est représentée par
Nymphea alba qui forme un champs spectaculaire qui donne toute son
originalité et sa beauté au plan d'eau, Alisma ranunculoides,
Ceratophyllum demersum, Lemna minor et Potamogeton trichoides qui
peuvent indiquer un atteinte de la qualité de l'eau par les nitrates,
Utricularia vulgaris.
Figure 7 : Ceinture de végétation typique
dans le lac Bleu
Ainsi, la végétation aquatique du lac Bleu se
distingue sur le plan patrimonial par:
- l'existence d'une véritable ceinture de
végétation qui exprime un gradient lac-rive d'exondation avec sa
végétation typique.
- La présence d'une importante plage de Nénuphar
blanc de 1, 3 ha. C'est la deuxième plus importante plage de
nénuphar blanc du parc national après celle du Tonga.
- L'existence d'une flore remarquable avec Osmunda regalis
et Thelypteris interrupta dont il est, pour cette
dernière, la seule station connue dans la région d'El-Kala.
IV-5-2. LA FAUNE
Concernant la faune, nous relèverons essentiellement
l'aspect entomologique et l'aspect ornithologique. La qualité
physico-chimique remarquable de l'eau et la présence de multiples
ressources constituées des ceintures de végétation, ont
certainement contribué à l'existence d'une odonatofaune
exceptionnelle. Déjà en 1991 Benyacoub et Samraoui (Benyacoub
com. Pers) avaient été surpris de la présence de plusieurs
espèces relictuelles d'odonates à affinité afro-tropicale
comme Acisoma panorpoides ascalaphoides et Urothemis edwardsi.
Ces deux espèces on disparu du lac Noir après sa destruction
par le feu et son assèchement (De Belair., Samraoui B. 1994). Ces deux
auteurs avaient considéré la perte d'U. edwardsi comme
grave dans la mesure oü cette espèce ne constituaient qu'une petite
population dispersée en Afrique du Nord.
Actuellement Acisoma p. est présente au lac Bleu
(Khrouf S., Attar W. 2009) et forme une petite population qui se maintient.
Cette présence confère déjà au site une valeur
patrimoniale
exceptionnelle justifiant pleinement des mesures de protection
sévères, notamment concernant la préservation de la
qualité de l'eau et des ceintures de végétation.
Les oiseaux du lac Bleu forment un peuplement typique des
petites zones humides. Là encore deux avifaunes vont se côtoyer
sur un territoire relativement restreint. L'avifaune des milieux forestiers
périphériques compte environ une quarantaine d'espèces. Ce
sont surtout les fauvettes et les insectivores aériens comme les
Apodidés et Hirundinidés qui y sont les plus fréquents.
Cette dominance des insectivores trouve vraisemblablement sa
cause dans la provende trophique que fournit l'étang et dans laquelle
elles puisent largement. Un des aspects les plus marquants de ce peuplement,
est l'importante population de Guêpier d'Europe présente dans ce
site. Deux éléments ont contribués à l'existence de
cette population: le substrat sableux formant des talus dans lesquels les
Guêpiers creusent leurs nids et une ressource entomologique abondante,
notamment les odonates, que cette espèce compte largement parmi ses
proies.
Les rapaces sont représentés au moins par la
Chouette effraie qui est un hôte permanent du site et par le Milan noir
qui est un patrouilleur estivant régulier dans la région.
Les oiseaux d'eau ne sont représentés que par 25
espèces. Ce chiffre inclus les nicheurs et les non résidents. La
modestie de cette richesse spécifique est due à la petite taille
du plan d'eau (Blondel, 1986). Quelques Anatidés y sont présents
avec, parmi eux, un nicheur de qualité, le Fuligule nyroca qui est une
espèce patrimoniale. Nous remarquons la présence de Grèbes
et du Martin pêcheur qui sont des espèces consommatrices d'animaux
aquatiques, exigeantes quant à la qualité de l'eau.
D'un point de vue patrimonial cette avifaune compte 14
espèces bénéficiant d'une protection légale, soit
22% du peuplement.
Tableau 14: espéces protégées de
l'avifaune du lac Bleu
Espèce
|
Aigrette garzette Blongios nain
Busard des roseaux Chardonneret élégant Chouette
effraie
Coucou gris
Fuligule nyroca
|
Grande aigrette Guêpier d'Europe Martin pêcheur Milan
noir
Pic épeiche
Serin cini
Torcol fourmilier
|
Total: 14 espèces
|
Parmi ces espèces protégées 6 (en bleu) sont
directement inféodées à l'élément aquatiques
; soit pour y nicher soit pour s'y nourrir.
Ainsi les oiseaux constituent un élément
supplémentaire en faveur du caractère patrimonial du site. Ils
contribuent pleinement à justifier des mesures de gestion et de
conservation de cet écosystème.
Parmi les mammifères, outre les espèces de la
grande faune classique de la région telles que le Sanglier, le Chacal,
le Renard et les Vivéridés, relativement commun (Benyacoub et
al., 1998), nous soulignerons surtout la présence d'une importante faune
chiroptérologique qui y survie. Cette faune est constituée
d'espèces particulièrement attirées par la présence
des sites humides dans lesquelles elles viennent chasser. Il est clair que
l'abondance des insectes conditionne largement la fréquentation de ces
écosystèmes par cette faune. Largement protégée en
Europe, elle ne fait malheureusement pas l'objet d'une protection légale
par le législateur algérien. Elle n'en constitue pas moins une
faune patrimoniale d'importance qui justifiera largement les mesures de
protection préconisées pour ce site classé.
IV-6. MESURES DE GESTION ET DE CONSERVATION DU SITE
L'élaboration d'un plan de gestion d'un site humide
n'est pas une démarche aisée. Outre, la nécessaire
définition des réalités biologiques et physico-chimiques
de l'écosystème, qui passe par des études
pluridisciplinaires complexes et souvent inscrites dans la durée ; il
est indispensable d'avoir recours a l'étude de l'environnement humain et
a ses relations avec le site en question. Cette étude devrait permettre
de définir la nature et l'ampleur de la pression anthropique
exercée sur l'écosystème et de dégager les
solutions les plus adaptées, voire les mieux négociées,
pour garantir la réussite du plan de gestion.
Dans le cas du lac Bleu, nous avons vu que l'eau constituait a
la fois une précieuse ressource pour assurer des revenus agricoles aux
riverains, mais était également le réceptacle des eaux
usées de ces mêmes riverains.
Par ailleurs, nous pouvons raisonnablement avancer que la
proximité de l'étang profite largement aux riverains pour les
avantages qui leur procurent :
- maintient d'une certaine fraicheur
- disponibilité permanente d'une eau de bonne
qualité pour des usages domestiques
- attraction d'une faune diversifiée susceptible de
réguler des populations de << nuisibles >> ou de
<< vulnérants >>.
- lieu de divertissement et de détente
- possibilité d'exploitation de ressources
végétales renouvelable (joncs - scirpes) pour la vannerie
IV-6-1. GESTION DE LA SANTE DE L'ETANG
Le maintient de la qualité de l'eau constitue le
premier objectif du plan de gestion du site. Il s'agit de maintenir le niveau
des paramètres physico-chimique de l'eau dans des intervalles
compatibles avec l'existence de la biodiversité maximale, botanique et
zoologique.
Ces intervalles peuvent êtres définis a partir du
tableau des normes de la qualité des eaux de surface du MEAT (Tableau
N°15).
Ceci implique une surveillance permanente et
régulière de la qualité des eaux par des agents avec un
cahier des charges bien précis. Ces agents peuvent appartenir a
l'administration du parc ou bien a un bureau d'étude privé ou
public avec lequel l'institution responsable du site, le parc naturel, serait
lié par contrat.
Tableau 15 : Intervalles guides de surveillance de la
qualité des eaux de surface du lac Bleu
(D'après Grille de qualité globale des eaux
de surface (Ministère de l'équipement et de
l'aménagement du territoire)
Qualité de
l eau
Paramètre
|
Excellente
|
Bonne
|
O2 dissous mg/l
|
> 7
|
5 à 7
|
% saturation
|
> 90
|
70 à 90
|
DB0 5 mg/l
|
< 3
|
3 à 5
|
DCO mg/l
|
< 20
|
20 à 25
|
NH4 mg/l
|
< 0,1
|
0,1 à 0,5
|
PO4 mg/l
|
< 0,2
|
0,2 à 0,5
|
NO3 mg/l
|
< 5
|
5 à 25
|
NO2 mg/l
|
< 0,1
|
0,1 à 0,3
|
Parallèlement a l'analyse de l'eau, il est
impératif d'évaluer l'état de la faune et de la flore.
L'analyse des populations végétales et animales
vertébrées et invertébrés doit permettre
d'effectuer un suivi de leurs effectifs. Ils constitueront un ensemble
d'indicateurs biologiques qui permettra de juger de l'état du milieu et
de prendre éventuellement les mesures adaptées en cas de risque
d'extinction locale d'une espèce.
Les indicateurs biologiques peuvent être choisis parmi les
organismes réalisant la plus longue partie ou la totalité de leur
cycle biologique dans l'eau.
Les animaux sont, a ce titre, plus sensibles que les
végétaux. Nous retiendrons a cet effet : - les odonates (toutes
espèces confondues)
- les coléoptères aquatiques (nèpes,
dytiques...)
- les amphibiens
Un suivi de ces populations, permettant l'alimentation d'une
banque de données, sera effectué de manière
régulière. Il comprendra un inventaire complet de cette faune et
l'analyse des fluctuations d'effectifs en relation avec les variables
physico-chimiques telles que définies plus haut. Les fluctuations
anormales et les tendances a la baisse (ou a la hausse) des variables feront
l'objet d'un examen attentif ; pour déceler, le cas
échéant, des altérations du milieu.
Par ailleurs il est urgent de mettre un terme définitif
à l'infiltration des eaux usées à partir de la fosse
septique localisée à proximité de l'étang. Le
réseau de collecte des eaux grises et noires doit être
repensé de manière à assurer son
étanchéité et le détourner des eaux de
l'étang. Ceci implique un dispositif de reprise des eaux usées en
aval des habitations, dans une fosse accessible, et leur refoulement vers un
réseau principal qui reste à concevoir. Ce dernier longerait la
route de la vieille Calle et permettrait également la collecte des eaux
usées de l'ensemble du tissu urbain dispersé le long de cette
voie. Le projet est important et ne peut être financé que sur
fonds de l'état. Il aura cependant le double avantage de solutionner le
problème de pollution du lac Bleu mais également celui de la
nappe des dunes de la rive orientale du lac Mellah, qui peut être
sérieusement affectée par l'infiltration des eaux usées de
toutes les nouvelles constructions qui ont été
édifiées depuis une dizaine d'années.
Enfin, la collaboration des riverains est indispensable pour
ce volet de gestion, notamment pour ce qui concerne le lavage du linge au bord
de l'étang. Un travail de sensibilisation est à prévoir
dans ce sens. Il mettrait l'accent sur les avantages que procurent
l'étang et les dangers qui peuvent naItre de sa
détérioration. Cette action de sensibilisation peut être
assortie de l'interdiction de cette pratique.
La pollution des eaux peut être également due
à l'utilisation des engrais chimiques. Nous ne disposons d'aucunes
données sur les quantités utilisées par les agriculteurs,
ni sur la fraction lessivée qui rejoint la nappe. Cependant, il ne sera
pas inutile de s'attacher la collaboration des cultivateurs pour appliquer
certains principes de précaution de base.
- Les intrants chimiques doivent être épandus
à des phases précises de la croissance des plants, et qui
seraient précisées par des ingénieurs agronomes. Outre une
utilisation optimale par la plante, on limitera au minimum la fraction
lessivée dans la nappe.
- Les amendements ne doivent pas être effectués les
jours pluvieux pour éviter leur lessivage dans la nappe. Ce qui
réduirait en même temps les pertes financières dues
à ce phénomène.
- On préfèrera une fumure organique, utile pour les
plantes et les sols, qu'un amendement chimique.
IV-6-2. GESTION DU VOLUME D'EAU
Cet aspect est essentiellement lié aux
prélèvements pour l'irrigation. Là encore nous ne
disposons que de peu d'éléments pour mesurer l'impact de cette
pratique sur les volumes disponibles. D'une manière
générale les prélèvements sont effectués
pour une irrigation saisonnière de cultures de plein air. Ils assurent
la croissance des plantes durant la saison vernale et estivale : soit de mai
à fin juillet. Les volumes prélevés sont variables. Ils
dépendent de la surface cultivée et de la spéculation
concernée. Arachides et petits pois sont moins exigeants en eau que
pastèques et melons. Actuellement ces prélèvements ne
semblent pas avoir d'influence sur le niveau de l'eau. Cependant, on peut
redouter une baisse importante de ce niveau en cas de sécheresse
prolongée.
Dans ces conditions, ces quelques principes d'irrigation peuvent
être préconisés aux cultivateurs :
- L'irrigation doit être effectuée exclusivement en
début de soirée. Soit une heure après le coucher du
soleil, pour limiter les déperditions par évaporation.
- On évitera les systèmes gaspilleurs tels que
les « sprinklers . Notamment pour les cultures alignées (haricots,
pastèques, arachides...). Ce système favorise de plus la
croissance des adventices et provoque des baisses de rendement. On lui
préfèrera une irrigation gravitaire judicieusement
contrôlée ou mieux une irrigation au goutte-à-goutte. Cette
opération peut être financée par les agriculteurs avec une
aide du ministère de tutelle.
- Les motopompes doivent être installées sur des
plates-formes discrètes éloignées (10 m au moins) des
rives de l'étang. Ceci aura pour but de limiter voir de supprimer la
pollution de l'eau par le fuel et les huiles.
- il faudra limiter les prélèvements au strict
nécessaire pour éviter tout dérangement par le bruit. Pour
cela, les motopompes doivent être placées au même endroit.
On peut réaliser une tranchée d'une cinquantaine ou une centaine
de mètres vers l'ouest de l'étang, dans la zone inondable, qui
permettrait d'éloigner les moteurs de l'étang même. Cette
opération est peu onéreuse, elle peut être financée
par le parc national.
IV-6-3. GESTION DE L'EXPANSION URBAINE
L'expansion urbaine constitue un souci majeur pour la
préservation du site du lac Bleu. Il est impératif d'y mettre un
terme sous peine de contrarier définitivement toute action de
conservation du site. Les besoins éventuels de terrains à
bâtir doivent êtres satisfaits sur d'autres sites
éloignés du lac Bleu. Soit du côté de Boumalek ;
soit sur des sites totalement délocalisés.
Enfin, l'Etat peut se porter acquéreur des terrains en
périphérie du site et proposer des terrains dans des sites moins
sensibles sur le plan patrimonial et plus propices à l'agriculture.
CONCLUSION
Le lac Bleu est un site dont la valeur patrimoniale est
indéniable eu égard à ses caractéristiques
hydrologiques et biologiques. Cependant, ce milieu humide subit de plein fouet
les conflits d'usage essentiellement liés à l'eau.
Facteur limitant sous nos latitudes, l'eau devient un enjeu
important pour de nombreux aspects de l'activité humaine. Elle constitue
également le réceptacle de nombreux résidus de cette
activité lorsqu'elle se collectionne en de plus ou moins vastes plans
d'eau. Les dégâts que ces milieux subissent ne concernent pas
uniquement la qualité de l'eau, mais touchent également une
grande part des organismes, qui se chiffre en dizaine d'espèces, en
modifiant les caractéristiques physicochimiques de
l'élément auquel ils étaient adaptés depuis des
centaines de milliers d'années, voire plus.
Le lac Bleu n'est pas exempte de ce phénomène.
Milieu privilégié au sein d'un environnement hostile : les sables
dunaires arides ; il attire naturellement végétaux, animaux et
l'homme. Dés lors il n'est plus à l'abri d'un excès
d'utilisation au-delà d'un seuil étroitement
corrélé à la seule présence humaine.
Les études réalisées sur la faune et la
flore, ont toutes eu pour objectif de dresser l'inventaire le plus complet
possible des animaux et des végétaux que ce milieu humide,
enclavé dans les sables, a pu permettre de s'installer. Ces inventaires,
réalisés depuis une vingtaine d'années, ont tous mis
l'accent sur le caractère écologique et biogéographique
exceptionnel des organismes observés. La singularité de ces
organismes témoignait de la riche histoire biogéographique de la
région et contribuait en même temps à enrichir une
diversité biologique régionale par des espèces devenues
rares.
Les enquêtes, observations et mesures effectuées
au cours de cette étude ont mis en relief un fait inquiétant pour
l'avenir de ce site humide : la pression démographique locale ne semble
pas connaItre de ralentissement en dépit d'une pénurie de
logements, de travail, de projets de développement régionaux
à moyen et à long terme. Ceci implique que l'étang sera de
plus en plus mis à contribution pour fournir ce qu'il produit de mieux :
l'eau ; pour assurer une production agricole qui sera développée
pour assurer la subsistance de cette population locale.
Dans ce cas, les enjeux écologiques seront de peu de poids
face à la précarité d'une existence oi les besoins vitaux
de bases (nourriture, soins, éducation...) seront difficilement
satisfaits.
Dans ces conditions il sera impératif d'accompagner les
inventaires de toute sorte d'études socioéconomiques qui devront
permettre de s'attacher la contribution volontaire des riverains à une
opération durable et cotIteuse, de gestion du site concerné.
Cette contribution des riverains à la gestion du site
devra concerner aussi bien la pratique agricole : amendements, irrigation,
gestion du bétail..., que le déversement des eaux usées,
ou le dérangement des animaux. Elle nécessite une action
permanente d'information et de sensibilisation.
Les riverains doivent comprendre que la gestion et la
conservation des zones humides leurs sont non seulement utiles, pour une
utilisation durable; mais elles leur sont également nécessaire
pour éviter la perte d'une ressource vitale. Tant d'un point de vue
économique, que d'un point de vue ludique, esthétique et
culturel.
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