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La culture, opportunité politique, économique, touristique et sociale au profit des villes ? exemple de la ville de Nancy et ses grands rendez-vous

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par Mathilde Jannot
Université de la Sorbonne nouvelle- Paris III - Master 1 2010
  

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Mathilde Jannot
Université de la Sorbonne nouvelle- Paris III
Département de Médiation culturelle
M1 << Conception et direction de projets culturels »
Année 2009-2010

Mémoire
Sous la direction de Mme Cécile Camart

<< La culture ; opportunité politique, économique,
touristique et sociale au service des villes ?
Exemple de la ville de Nancy et ses grands rendez-vous. »

Remerciements :

Je voudrais, pour ce mémoire, adresser mes remerciements à plusieurs personnes parmi lesquelles :

Mme Cécile Camart, ma directrice de mémoire, qui a accepté de me diriger, sachant répondre à mes interrogations et me guider dans mes lectures aux bons moments ;

Philippe et Nadine Martin, qui m'ont aidé à définir mon sujet et qui ont été particulièrement présents pour moi cette année ;

M. Michel Maigret et sa collaboratrice Mme Sylvie Liotet, qui m'ont fait la gentillesse de me recevoir dans leur bureau à Nancy, ont répondu avec patience à mes questions et m'ont communiqué un certain nombre de ressources particulièrement opportunes pour mon mémoire ;

Les conservatrices des trois musées de Nancy, Mme Blandine Chavanne (Musée des Beaux Arts, actuellement aux Musée des Beaux Arts de Nantes), Mme Francine Roze (Musée Lorrain), Mme Valérie Thomas (Musée de l'Ecole de Nancy), la directrice des Affaires culturelles de la ville de Nancy, Mme Véronique Noël, M. Gérard Coing, chargé de valorisation du patrimoine à la DRAC Lorraine qui ont eu la bonté de répondre à mes questions le plus honnêtement possible malgré leurs emplois du temps respectifs chargés ;

M. Frédéric Poulard qui m'a gracieusement communiqué sa these - introuvable en bibliothèque à un moment crucial de ma recherche - ;

Les bibliothécaires de la BNF, de Sainte-Geneviève, de Sainte Barbe, Ruben et Lucien de Paris III qui m'ont permis d'effectuer mes recherches dans des conditions particulièrement agréables ;

Mes amis qui se sont intéressés, de près ou de loin à mon mémoire, qui m'ont supportée, m'ont guidée, éclairée au cours de riches discussions tout au long de cette année, plus particulièrement Aleksandra, Alice, Antoine (merci pour l'aide informatique !), Arnaud F., Arnaud V., Baptiste, Blandine, Camélia (merci pour la relecture !) Cécile, Clémentine, Elise, Gautier, Géraldine, Emmanuelle, Lauriane, Leticia (merci pour l'ordinateur !), Lisa, Loïc, Luca, Margarita, Marinette, Marion, Mathilde F., Maud, Mélanie B., Mélanie M., Thibault, Valérie.

Mes cousins et cousines, proches ou plus lointains, mes oncles et tantes, mes grands parents, mes soeurs et les proches de la famille qui se sont intéressés à mon sujet en me faisant part de certaines réflexions.

Mes parents qui ont su susciter mon intérêt pour l'art et la culture et qui se sont montrés attentifs et patients pour ce mémoire.

Enfin, comme je déteste les impairs, que tous ceux qui ne sont pas remerciés ici - et qui devraient l'être - le soient par cette page de remerciements.

« Plus on veut, mieux on veut.

Plus on travaille, mieux on travaille, et plus on veut travailler. Plus on produit, plus on devient fécond. »

Charles Baudelaire, Fusées, 1887

« (...) Hâtez-vous lentement, et, sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage
Polissez-le sans cesse et le repolissez
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez (...) »
Nicolas Boileau, Art poétique.

« En essayant continuellement, on finit par réussir.
Donc plus ça rate, plus on a de chances que ça marche »
Jacques Rouxel, Les Shadocks.

Sommaire

Remerciements : 2

Sommaire 4

Introduction 6

I. Le patrimoine, outil identitaire de lien social ? 14

A. Démocratisation de la culture dans la ville ou renforcement du sentiment identitaire ?14

1. Justifier socialement l'action culturelle 15

2. Un thème socialement fédérateur ? 19

B. Le patrimoine « la mémoire embellie » ? 24

1. Valeur d'existence et de non-usage du patrimoine et des monuments 24

2. Deux versants modernes de l'événement autour du patrimoine : la contemporanéité et

II.

la prospective.

Les enjeux pour la ville : visibilité et attractivité

27
29

A.

 
 

Une mutualisation financière de moyens

29

 

1.

 

Les acteurs institutionnels.

29

 

2.

 

Mécènes et entreprises partenaires

30

B.

 
 

Légitimer l'action publique

31

 

1.

 

« Ne pas jouer cavalier seul »

31

 
 

a)

De la nécessaire mise en place d'une gouvernance

31

 
 

b)

Réseaux et partenariats

33

 
 

2.

 

L'outil médiatique

36

 
 

a)

« Les médias en parlent »

36

 
 

b)

Utiliser les nouvelles technologies de l'information et de la communication.

38

 

C.

 
 

Les retombées

40

 

1.

 

Les retombées économiques pour les acteurs locaux et pour la ville

40

 
 
 
 

4

2. Les retombées symboliques 43

III. Les acteurs locaux : une confrontation ? 48

A. Le regard des élus 48

1. Instrumentaliser la culture ? 48

2. Dérive vers le « tout commercial »? 49

3. Une « politique paillette » et une ingérence dans le contenu scientifique? 53

B. Les professionnelles de la culture : directrice des affaires culturelles et conservatrices,

garantes des institutions. 55

1. La directrice des affaires culturelles, une intermédiaire ? 55

2. Les conservatrices, scientifiques dans une « tour d'ivoire » ? 56

Conclusion 66

Bibliographie 70

Annexes 79

Introduction

Depuis les années 1970, on assiste de façon globale en France à une certaine municipalisation de la culture renforcée par les lois de décentralisation de 1982 et 1983. L'action publique s'est ainsi territorialisée faisant des villes les « nouveaux centres de commandement culturel »1 bien que chaque échelon territorial ait voulu conserver des compétences dans le domaine culturel. La culture constituait rarement à elle seule un élément moteur d'action et de développement, excepté si la présence d'un patrimoine important le justifiait.2 La culture était considérée comme un champ d'action possible, venant agrémenter les équipements sanitaires, sociaux et éducatifs. On retiendra pour l'acception du mot culture, la définition adoptée par l'UNESCO à Mexico en 1982 : « l'ensemble des traits distinctifs spirituel et matériels, intellectuels et affectifs qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l'être humain, les systèmes de valeurs, les

1 Cf. G. Saez « La dynamique de la coopération culturelle : de la décentralisation à la territorialisation de l'action publique » dans P. Poirrier et R. Rizzardo (dir.), Une ambition partagée ? La coopération entre le Ministère de la Culture et des Communications et les collectivités territoriales (1959-2009), Paris, Collection du Comité d'Histoire du Ministère de la Culture et des Communications, 2009, p.41.

2 Cf. C. Boussemart (dir.), Diriger un service des affaires culturelles, p.4.

traditions et les croyances ». Celle-ci s'apparente désormais à un must pouvant contribuer au développement économique du territoire et au bien-être urbain.3 Alors qu'auparavant l'aménagement culturel du territoire constituait une charge, il est de plus en plus perçu comme une stratégie. C'est un investissement au profit de la population. De plus en plus dans les mégapoles, le lien social tend à se déliter, il peut, de fait, être intéressant, politiquement, de caractériser un territoire par ses équipements (musée, opéra, théâtre, bibliotheque, conservatoire,...) et manifestations culturelles (festivals, expositions, concerts, représentations...). Les villes sont devenues des « entrepreneurs culturels », impliquées non seulement dans l'organisation de manifestations temporaires mais aussi dans la gestion directe la responsabilité d'équipements institutionnels et dans leurs dépenses de fonctionnement tout comme dans la régie de l'animation culturelle avec les associations. De fait, la part des budgets municipaux allouée à la culture n'est plus négligeable. Le poids financier des communes est deux fois plus grand que celui du Ministère de la Culture et de la Communication.4 A ce titre, la ville de Nancy y consacre 23% de son budget global.5

Parallèlement l'intérêt croissant pour les « expositions-événements »6, enclaves temporaires réunissant de façon unique - ou voulue comme telle- des objets au nom d'un propos précis, ne désemplit pas. Ces expositions sacralisent les grandes figures de la modernité incitant fortement à la visite. Qualifiées parfois - à l'instar du cinéma - d'expositions « blockbuster », phénomène amorcé par l'exposition Toutankhamon au Grand Palais en 1975, cela semble être devenu le lieu commun des musées au détriment parfois d'une visite plus méthodique des collections permanentes. Cette expérience, en apparence réservée aux musées tend à s'inscrire sur une aire géographique plus large, le périmetre d'une ville ou d'une collectivité territoriale, tendant ainsi à la muséifier toute entière. On voit de plus en plus des opérations à caractère plus ou moins récurrent se multiplier tels les festivals ou les années à theme. L'innovation de ce type d'opérations dont la particularité antinomique est d'être éphémere nécessitant en amont, une préparation

3 Cf. l'article de C. Younès, « La culture, matière de la ville et de la citadinité », L'observatoire n°34, décembre 2008, pp.25-26.

4 Cf. Françoise Lucchini, La culture des villes, p.123.

5 Source : Mme Véronique Noël, Directrice des Affaires Culturelles de la ville de Nancy.

6 Cf. R. Rapetti « L'exposition-événement », pp.55-65, GALARD Jean (dir.), L'avenir des musées, Editions de la RMN, Paris, 2001.

coûteuse et complexe, tend à se dépersonnaliser dans le paysage français.7 On peut penser pour ces dernières années à Lille 2004, l'année Jules Verne à Nantes et Les Cinq Continents à Amiens en 2005 ou encore l'année Cézanne en Provence. Cependant, on est quelquefois loin d'un « effet Bilbao » en France, puisque si les villes consacrent une part de leur budget à la culture, cela reste dans des proportions raisonnables, sans nécessairement recréer une identité locale et redévelopper toute une économie dédiée uniquement - ou presque - à la culture.

L'année à theme est un événement unique parce qu'elle rassemble des objets précieux au nom d'un discours spécifique, parce qu'elle est rare et généralement exclusive sur un temps et une aire géographique donnés. Si ces manifestations culturelles temporaires sont de plus en plus nombreuses, c'est aussi parce qu' « elles jouent un rôle important, en renouvelant l'intérêt des publics d'amateurs comme [du] grand public sensible à leur caractère exceptionnel. »8 Tandis que les chercheurs ont toujours la possibilité d'entrer dans les réserves d'un musée, l'exposition reste le moyen unique pour le grand public d'avoir accès à des trésors.9 L'émergence de ce type d'activités culturelles consacre une autre forme de culture, tournée aussi vers la fête et le spectacle mais peut également être un « catalyseur de grands projets urbains »10, inscrit éventuellement dans une politique budgétaire à plus long terme. La ville de Nancy a initié ce processus de grands événements dès 1992.

Depuis la fin du XVe siècle, Nancy, ville de 106 300 habitants actuellement (agglomération 258 268 habitants11), témoigne d'un intérêt prégnant pour la culture à de multiples reprises. Après la bataille contre Charles le Téméraire en 1475, les ducs de Lorraine établissent résidence à Nancy et la cour s'y fixe. René II (1451-1508), libérateur de la ville, homme de culture, amoureux des livres, transforme la cité ducale en un centre intellectuel et artistique autour d'une cour composée d'écrivains et d'artistes. Charles III (1543-1608) entreprend l'urbanisation de la ville. C'est sous son règne que le graveur Jacques Callot connaît ses heures de gloire. Le duc Léopold (1698-1729) favorise le

7 Cf. J.Barré, « De l'opportunité médiatique à la tyrannie commerciale », Cahiers Espaces, n° 74, août 2002, p.8.

8Cf. V.Patin, Tourisme et patrimoine, p.43.

9 Cf. R. Montpetit, « L'exposition un geste envers des visiteurs », pp.29-33 dans Médiamorphoses, n°9,2003.

10 Cf. H.Salllet-Lavorel, P.Lecroart, « Quels sont les impacts des grands événements sur les métropoles ? », dans Cahiers Espaces n° 74, août 2002, p.41.

11 http://www.eco-grandnancy.com/francais/3/population.php4

développement économique de la ville après des heures sombres pour la ville. C'est véritablement sous Stanislas Leszczynski (1738-1766) que la ville connaît sa période faste : il fonde le Collège de médecine, la Société royale de sciences et des belles-lettres et l'opéra en 1750. La place qui porte son nom fait découvrir le génie d'Emmanuel Héré et Jean Lamour tandis qu'Emilie du Châtelet est présente à la cour. Voltaire y publia Zadig. Capitale de la revanche après la guerre de 1870, la ville connaît de nouveau un véritable essor avec l'immigration des pays annexés, une industrialisation accélérée et l'héritage de fonctions administratives et culturelles qui incombaient à Metz et Strasbourg, ainsi que l'épanouissement du courant « Art Nouveau » avec Prouvé, Majorelle, Gruber, Gallé et Daum. La ville n'est pas épargnée par les bombardements lors de la première guerre mondiale. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la ville connaît un taux de croissance très marqué et l'université et les grandes écoles sont le fleuron local. Même si Metz est choisie comme capitale régionale, Nancy ne se désarme pas et continue à faire prospérer son patrimoine.

En 1992, on célèbre l'année [de naissance] Jacques Callot, avec une rétrospective de la totalité de l'oeuvre gravée de Callot au musée Lorrain et un cycle de conférence à l'extérieur du musée où les oeuvres sont habituellement situées.

« La différence de cet événement par rapport aux expositions « classiques » est que Callot a été utilisé pour les fêtes de quartiers, le Carnaval s'est fait en partenariat avec les écoles avec les enfants dont les déguisements étaient inspirés des gravures de Callot. L'événement touche les différentes classes de population »12.

L'année Callot a été un réel succès sur le plan local. De fait, pour marquer le passage à l'an 2000 et stimuler une cohésion sociale entre les habitants, la ville réitère l'opération autour de la thématique de l'école de Nancy en 1999. L'année fait coïncider la réouverture du Musée des Beaux Arts, après trois années de travaux, ainsi que les galeries Poirel. Une mission « Ecole de Nancy » constituée de cinq personnes est crée. Cette dernière est en lien permanent avec le maire de Nancy, André Rossinot, l'adjoint à la Culture Dominique Flon ainsi que le vice-président chargé de la culture et du tourisme de la Communauté Urbaine du Grand Nancy (CUGN) Jean-Paul Jurin. En parallèle est crée

12 Entretien avec M. Maigret, 20 janvier 2010, CUGN Nancy. M. Michel Maigret est responsable depuis avril 2009 de la mission Renaissance à la Communauté Urbaine du Grand Nancy (CUGN). Bien que sur l'organigramme de la CUGN on puisse lire qu'il est Directeur général des grands événements, il est assigné à la fonction de chef de mission. Au préalable, il était directeur du pôle Culture et Sport.

un conseil scientifique qui a pour vocation de valider le programme, donner des idées et assurer la cohérence de l'événement. La mission se charge quant à elle, de la conception et de la réalisation de l'événement : de la programmation en partenariat évident avec les institutions de la ville et de l'agglomération, de la communication, de la diffusion en passant notamment par la gestion du budget et la recherche de financements. Sur une période de quatre mois, on concentre un maximum d'événements de plus ou moins grandes ampleurs. On fait converger toutes les formes de culture autour de la thématique de l'école de Nancy. Spectacles, opéras, pièces de théâtre, expositions dans les musées et les bibliothèques, colloques, programmation filmique mais également manifestations à caractère plus populaire comme le Carnaval ou une vente de fleurs, possèdent un lien étroit avec le thème choisi. La concentration de manifestations « lourdes » au niveau logistique (type restauration) et « légères »13 (telles les colloques, les représentations théâtrales) est au coeur de l'actualité. L'événement attire de nombreux visiteurs dont la majorité est nancéienne et l'opération est un réel succès pour la ville et l'économie locale. Entre la réouverture du Musée des Beaux Arts et l'inauguration de la premiere exposition post-rénovation (du 5 février au 23 avril 1999), 75 000 visiteurs se sont précipités pour visiter le musée dans son écrin retrouvé.14

L'opération ayant été une réussite, la ville décide de renouveler l'événement en 2005. Le projet comporte cette fois-ci une optique plus politique, étant donné qu'il correspond non seulement au 250e anniversaire de la place Stanislas mais aussi à sa piétonisation. En effet, la place, classée au patrimoine de l'UNESCO, était un véritable noeud de circulation puisqu'environ 18 000 voitures l'empruntaient chaque jour. Les bâtiments alentours sont nettoyés, la place est repavée redonnant ainsi à la ville son ancienne place royale dans un nouvel écrin.15 L'inauguration de la place Stanislas avec un feu d'artifice est le point de départ des festivités « Nancy 2005, le temps des Lumières ». L'événement s'étend sur l'année complete, concentrant environ 180 événements d'envergure plus ou moins importante avec pour toile de fond, la thématique des Lumières,

13 Légères dans la mesure où c'est le fait quotidien des programmateurs culturels - peut importe l'entité qu'ils incarnent -. Par leur récurrence dans un programme culturel, on sait anticiper ces manifestations et les gérer plus facilement qu'une opération de grande envergure.

14 Cf. F. Loyer, J.P Midant, B. Salmon, Peinture et Art nouveau, Musée des Beaux Arts de Nancy, 24 avril26 juillet 1999, Paris, RMN, 1999, p.11.

15 Dans les catalogues d'exposition ou de collections permanentes correspondant à la dite période, il est intéressant de noter que, dans les préfaces, le terme est employé non seulement par les élus municipaux que par les conservateurs.

appliquée plus spécifiquement à Nancy par la présence de Stanislas. Le modèle de préparation de ce grand rendez-vous - tel qu'il est dénommé par la municipalité16- fonctionne sur le même principe que celui de 1999 avec une mission composée, cette fois-ci de quinze personnes, et d'un conseil scientifique. Celle-ci travaille en étroite collaboration avec le maire, l'adjoint à la culture de la ville de Nancy, Laurent Hénart et la vice-présidente chargée de la culture et du tourisme de la Communauté Urbaine du Grand Nancy, Béatrice De Martin. La renommée de la place Stanislas fait sa propre publicité pour attirer Nancéiens, touristes régionaux, nationaux et étrangers et quoique l'événement soit statistiquement moins satisfaisant qu'en 1999, on décide, presque dès sa clôture17, de planifier pour 2012 un événement voulu tout aussi fédérateur autour du patrimoine Renaissance de la ville.

La différence majeure de 2012 est que la conception ne passera plus par une mission, recrutée par un appel d'offres mais se fait d'ores et déjà en interne à la Communauté Urbaine du Grand Nancy (CUGN). Actuellement, M. Maigret, assisté d'une stagiaire, Mme Liotet, sont seuls pour porter le projet. Cependant, ils travaillent toujours avec les institutions culturelles municipales, André Rossinot, Laurent Hénart et la viceprésidente chargée de la culture et du tourisme de la Communauté Urbaine du Grand Nancy Marie-Christine Leroy aidés d'un conseil scientifique. En 2012, l'achèvement de la rénovation du Musée Lorrain coïncidera avec ce nouveau grand rendez-vous. L'événement a pour but de faire connaître et de mettre en valeur, outre le patrimoine Renaissance de Nancy ; celui de la Lorraine, beaucoup moins connu que celui de la Loire, mais néanmoins présent.

Ces trois rendez-vous sont quant à eux construits en amont, à la différence d'un fait historique qui est choisi. Ces événements ont été des moments importants de rencontres et dont on se souvient. Lors de ces expositions, spectacles, conférences et animations touristiques autour d'un theme fédérateur ; universitaires, conservateurs de musées, scientifiques, sociologues, philosophes, hommes politiques, office de tourisme et hôteliers, se sont rencontrés, ont travaillé ensemble, au profit des Nancéiens. Outre les répercussions culturelles que ces événements ont provoqués, ces rendez-vous ont eu un retentissement

16 http://www.nancy.fr/culturelle/rdv_et_festival/html/nancy2005.php

17 2007

sur l'économie et le tourisme local ainsi qu'une résonance dans les médias, à l'échelle locale, nationale et internationale.

On essaiera de savoir, au fil de notre recherche, si, au travers de l'exemple des grands rendez-vous nancéiens, la culture peut - ou non - servir d'opportunité politique, économique, touristique et sociale aux villes. On s'appuiera essentiellement sur « Nancy 2005, le temps des Lumières », étant donné que pour cette période, les données sont les plus fournies. Néanmoins, rien n'empêchera de faire quelques incartades en évoquant les événements précédents qui servent de modèle à 2005 ni d'utiliser 2012, dans la mesure où le rendez-vous est en préparation.

On tentera dans cette étude d'observer le rôle de la culture, plus particulièrement celui des musées et du patrimoine, et de voir dans quelle mesure la culture peut répondre à certaines des attentes municipales. On peut ainsi se demander s'il s'agit d'animer réellement le patrimoine local pour donner - ou redonner - une dynamique culturelle à la ville. Quel est dans ce cas le rôle social du musée et du patrimoine ? En voulant créer ou recréer une cohésion entre les habitants, cherche t'on à renforcer la démocratisation de la culture ? De même, on pourra s'interroger sur le choix du theme, de la façon dont il peut être actuel, alors qu'il est historiquement plus ou moins lointain et la façon dont il est orienté. Le sujet n'est-il pas finalement consensuel ? Y a-t-il une mise en scène particulière du patrimoine pour le grand public ? Comment parvient-on à fédérer les gens d'appartenances sociales différentes autour d'un theme ? Pour reprendre l'expression de Grignon et Passeron, comment mélanger « le savant et le populaire »18? Veut-on impulser un sentiment identitaire chez les Nancéiens ? On essaiera de voir quelle est l'utilisation actuelle du patrimoine, si quelque part, venir célébrer un patrimoine ne signifie pas rester attaché au passé sans voir l'avenir en nuançant avec l'emploi de la création contemporaine dans la ville.

On analysera ensuite les enjeux pour la ville en termes de visibilité et d'attractivité. Pécuniairement, il y a également des ressorts à mettre en jeu : qui doit payer l'événement et comment légitimer des dépenses culturelles auprès des habitants ? Comment s'organise la gestion de l'événement ? Qui décide de créer l'événement ? L'intérêt, dans le cas qui nous intéressera, est pour la ville de Nancy et les Nancéiens mais est-ce seulement la ville

18 C. Grignon, J.C.Passeron, Le savant et le populaire, Paris, Gallimard, Le Seuil, 1989.

de Nancy à elle seule qui finance ? Quelle est la contrepartie économique pour la ville en matière de développement ? Quelles sont les méthodes utilisées pour justifier une action d'une telle envergure ? L'appui de partenaires suffit-il à justifier l'événement ? Les médias sont-ils un moyen de légitimer l'action ? Quelles sont les retombées économiques pures ? A qui profite l'événement ? Quelles sont également les retombées symboliques en termes d'image véhiculée mais également en termes d'image de soi pour la ville?

Enfin, on s'interrogera sur le rapport qu'entretiennent les élus avec les professionnels de la culture et leurs corollaires. Il conviendra de s'interroger sur le fondement intellectuel de l'événement. Qui décide de créer l'événement ? La volonté de « faire événement » émane t'elle des musées et du choix des conservateurs, qui ont, dans le cas de Nancy, des thématiques antinomiques ? Y a-t-il une volonté des élus d'instrumentaliser la culture en menant une « politique-paillette » ? Y a-t-il une instrumentalisation de la culture ? Y a-t-il des dérives vers des effets inattendus, manifestement contradictoires avec la culture ? Peut-on parler de produits d'appels culturels ? Certains médiateurs interviennent-ils entre élus et conservateurs ? Quel est leur rôle ? Quelles sont les retombées pour les musées ? De quelle façon agissent les professionnels de la culture : sont-ils les libres décideurs de ce qu'ils avancent ? Leur choix est-il dicté ? La présence d'intervenants extérieurs à la municipalité garantit-elle une sincérité des propos ?

I. Le patrimoine, outil identitaire de lien social ?

A. Démocratisation de la culture dans la ville ou renforcement du sentiment identitaire ?

Entendue au sens sociologique, la culture concerne les oeuvres et les pratiques culturelles et se construit dans les rapports sociaux. Ces rapports peuvent être intergénérationnels, mixtes, composites (lorsque la nationalité, la race ou la religion sont différentes), et se situent plutôt dans une optique de « mélange des genres », au sens où l'entend Bernard Lahire in La culture des individus19 mais ne relèvent en aucun cas d'un « principe d'homogénéité de classe » tel que le concevait Pierre Bourdieu20. Selon Jean-Pierre Saez, « l'objectif de toute politique culturelle consiste à faire partager au plus grand nombre l'accès aux biens culturels. »21 Ce principe de démocratisation hérité de la Révolution Française22 est un objectif vers lequel le Ministère de la Culture tend depuis ses prémices tant dans la politique nationale qu'à des échelles territoriales. Récemment celuici, dans son programme « l'accès à la culture pour tous » a d'ailleurs rappelé que :

« L'accès à la culture est un facteur essentiel d'ouverture d'esprit qui favorise l'évolution des mentalités. La fréquentation des lieux culturels est un outil de socialisation et de lutte contre les replis communautaires. De plus, la rencontre dans les lieux culturels de visiteurs différents est un élément important de sensibilisation, allant dans le sens d'un plus grand respect des autres et favorisant la vie commune. »23

19 La culture des individus. Dissonances culturelles et distinctions, Paris, La découverte, 2004. 20La distinction. Critique sociale du jugement. Paris, Editions de minuit, 1979.

21 Cf. J.P Saez, « Les grandes villes et la culture : des enjeux croisés », p.17.

22 Cf. le principe d'égalité de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen : « les hommes naissent et demeurent livres et égaux en droit ».

23 http://www.culture.gouv.fr/culture/politique-culturelle/ensemble/pdf/sentiers-battus.pdf

1. Justifier socialement l'action culturelle

La ville de Nancy n'a nullement l'intention de se détacher de cette ambition. Lors d'un entretien avec M. Maigret, il m'affirmait que : « l'ambition [que se donnent la ville et la Communauté Urbaine] est que tout le monde doit se sentir impliqué dans le système »24 aussi bien par un colloque sur les jardins au XVIIIe siècle que par une vente de fleurs aux couleurs de l'Art Nouveau. Les événements organisés par la ville ont bel et bien une base culturelle, patrimoniale et historique mais le public ne perçoit pas nécessairement la participation à un événement culturel. Subrepticement, la Communauté Urbaine tentera de « veiller à la dimension à la fois culturelle, festive et populaire de l'événement »25 et d'encourager les différents publics, lors d'un micro-événement dans l'événement que constitue l'année à theme, à aller visiter une exposition, voir un spectacle, un concert autour du theme duquel ils viennent de se rapprocher. Ce type d'événement permet en outre, de développer un sentiment d'appartenance à la ville, au-delà des origines culturelles et sociales de chacun. Alors qu'habituellement les habitants d'une ville sont plutôt en situation de « coprésence »26, en se croisant sans se connaître et sans réciprocité de perspectives27mais en ayant seulement le caractère commun d'être de la même ville et d'y déambuler ; les habitants ont l'occasion - lors de ces événements - de se côtoyer et de mieux se connaître. En 2005, de nombreux micro-événements ont eu lieu dont certains dans les quartiers défavorisés de Nancy et son agglomération. L'animation et les préparatifs de la fête de quartier « Tous égaux devant la différence » dans le quartier du Haut du Lièvre en témoignent. Plusieurs ateliers ont été mis en place comme la construction d'un puzzle géant, un travail d'écriture autour d'une sculpture contemporaine, des jeux parcours, un rallye culturel « aux couleurs des valeurs du XVIIIème [où] tolérance, partage des valeurs, connaissance de soi-même et ouverture aux autres cultures [étaient les mots d'ordre]»28. Ce type d'événement issu le plus souvent du fait associatif est organisé en parallèle des manifestations montées par les institutions culturelles. Dans chacun de ces événements, on peut clairement y voir une interaction

24 Entretien M. Maigret, 20 janvier 2010, CUGN Nancy.

25 « Nancy 2005, le temps des Lumières », le bilan, juin 2006, p.9.

26 A. Batteagy, « L'espace commun entre mythes et reconstructions : variations », J.Metral (dir.), Cultures en villes ou de l'art du citadin, La Tour d'Aigues, Editions de l'Aube, 2000, p.243.

27 Analyse d'Ulf Hannerz dans Explorer la ville, Editions de minuit, 1983 citée par A. Batteagy, ibid.

28 Cf. « Nancy 2005, le temps des Lumières », le bilan, juin 2006, p.16 et p.67.

sociale sous-jacente, pendant laquelle chacun peut partager avec d'autres mais aussi apprendre des choses.

Faire venir les gens au musée ou autour d'un site patrimonial, peut relever des mêmes prérogatives. De plus en plus, dans les définitions nationales ou supranationales que se donne le musée, ces notions de démocratisation et de cohésion sociale sont présentes. En témoigne la thématique de la journée mondiale des musées 2010 organisée par l'ICOM : « Musées et harmonie sociale ». La définition du musée donnée par l'ICOM en 2001, considère le musée comme « une institution permanente, sans but lucratif, au service de la société et de son développement [c'est nous qui soulignons] (...) », cette définition inclut par ailleurs une acception plus large du musée au sens où l'entend la loi française, avec les sites et les monuments historiques.29Dans le même sens, la loi « Musées » de 2002, inscrite dans le Code du patrimoine donne pour mission permanente aux musées de France le fait de « concevoir et mettre en oeuvre des actions d'éducation et de diffusion visant à assurer l'égal accès de tous à la culture (
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·) »30. On passe alors d'une « culture pour tous » articulée autour de la distinction traditionnelle culture bourgeoise/culture populaire à une « culture commune » qui implique reconnaissance et partage. A maintes reprises dans les catalogues d'exposition des années qui nous intéressent, on peut lire que des actions de médiation ont été menées. Sans être plus explicite que des évocations, ces phrases sous-entendent néanmoins une volonté d'accès à la culture facilité. Les musées sont d'ailleurs clairement conscients de cette vocation qui leur est attribuée : « Au terme de trois années de travaux (...) le Musée des Beaux Arts a enfin réussi la mutation qui lui fera aborder l'avenir en se concentrant sur le rôle culturel et social qu'il se doit d'avoir. Ce n'est pas le moindre des chantiers à ouvrir. »31. Ce que souligne également le maire :

«Pour autant, le nouveau Musée des Beaux Arts de Nancy n'a pas pour seule vocation d'être le reflet de notre richesse patrimoniale et de notre vitalité culturelle. Il doit être aussi, pour le public local et régional comme pour tous les visiteurs français et étrangers que nous accueillons, un lieu d'enrichissement personnel, de rencontre et de partage. En un mot, un lieu de vie. »32

29 Article 2 a) et b)i.

30 Article L.441-2, c)

31 Cf. B. Salmon. (dir.), Collection du Musée des Beaux Arts de Nancy, Regards, Paris, RMN, 1999, p.16.

32Cf. B. Salmon (dir.), ibid. p.7.

De même, on peut le voir de façon plus explicite dans le bilan de « Nancy 2005, le temps des Lumières » où cette volonté politique s'affirme lorsqu'il est question de « permettre l'accès aux manifestations au plus grand nombre : mesures tarifaires, pass expositions à la carte impliquant les musées de Nancy et du Grand Nancy, « bouquets » spectacle vivant pour croiser les publics »33. Le maximum est fait pour apporter à tous les habitants une chance d'accéder aux manifestations organisées.

L'enquête menée par l'IFOP en avril 2006 révèle que :

« Les événements de « Nancy 2005, le temps des Lumières », ont été largement suivis, 70% des résidents de la Communauté Urbaine ayant en effet participé, dont 38% « au moins une fois », 24 « plusieurs fois » et 8% « le plus souvent possible ». »34

On pourrait reprocher à la ville de Nancy de conforter le « mythe de la démocratisation »35 qui fait imaginer un ensemble de perceptions et d'images unissant les communautés et permettant la justification de l'intervention des acteurs culturels ; ce qu'Erhard Friedberg et Philippe Urfalino développent comme une forme de mécénat qui « permet aux élus d'échapper à la dénonciation de l'arbitraire de leurs choix » en finalisant et justifiant socialement leur action pour pouvoir intervenir dans le domaine culturel. 36 En effet, « (...) moins de la moitié d'entre eux [les résidents de la Communauté Urbaine] juge qu'ils [les événements] ont profité à tous les habitants de l'agglomération (48%) »37. Il y a certes justification sociale de l'activité culturelle - les projets culturels sont motivés par une action sociale à mener - mais pas dénégation cette l'activité, ce qui correspondrait à une action sociale déguisée qui s'insérerait dans des opérations culturelles s'adressant à des publics qui rencontrent des difficultés.

33 « Nancy 2005, le temps des Lumières », le bilan, juin 2006, p.17.

34 Cf. Etude IFOP, Rénovation de la place Stanislas et manifestations « Nancy 2005, le temps des Lumières » : jugements et perceptions des habitants du Grand Nancy, Synthèse des principaux enseignements, juin 2006, p.11. Méthodologie de l'enquête : 702 personnes habitants la Communauté Urbaine de Nancy, âgées de 18 ans et plus, interrogés par téléphone entre le 18 et 20 avril 2006.

35 Cf. G. Saez « Les politiques culturelles des villes. Du triomphe du public à son effacement », pp.197-227

36 FRIEDBERG Erhard, URFALINO Philippe, Le jeu du catalogue. Les contraintes de l'action culturelle dans les villes, Paris, La Documentation Française, 1984.

37Cf. Etude IFOP, op.cit, p.16.

Toutefois, si toute la population de Nancy et de son agglomération ne s'est pas forcément déplacée spécifiquement pour les événements organisés, l'impact des deux grands rendez-vous de 1999 et de 2005 n'est pas négligeable puisqu'ils modifient notablement le cadre de vie des habitants de la Communauté Urbaine, à minima des Nancéiens. Si certains s'en plaignent : « Les principaux motifs d'insatisfaction évoqués concernent d'abord les travaux réalisés : 26% des citations concernent les travaux et leur impact sur la circulation et le stationnement, 11% la durée des travaux et la gêne qu'ils ont causé du fait du bruit ou de la saleté. »38, ce n'est que temporairement. On a tendance à oublier rapidement la durée des travaux et l'insatisfaction passagère causée par des troubles des habitudes quotidiennes. D'autant que « plus de huit habitants de la Communauté Urbaine sur dix (85%) déclarent que certaines choses ou certains événements leur ont plu. (...) les plus fréquemment cités sont les évènements de la place Stanislas (79% de citations), en particulier la rénovation et la piétonisation de la place »39. Les lieux rénovés sont des lieux de passage, empruntés quotidiennement par les habitants, ce sont des lieux de croisement comme le rappelle magnifiquement Pierre Rosenberg pour la place Stanislas :

« Nous oublions surtout l'extraordinaire « croisement » qu'elles [les places, il parle également de la piazza della Signoria] représentent (et dont elles sont les symboles). S'y rencontrent, pêle-mêle, le monde des arts, le monde politique et le monde économique, les ingénieurs, les entrepreneurs, les administrateurs, les ouvriers, les architectes bien sür et les sculpteurs... Ils s'y rencontrent dans l'harmonie ou s'y choquent dans le chaos et la contestation. »40

Ces lieux de « croisement » sont, d'une certaine façon, des lieux d'interaction sociale. De la même manière que les musées peuvent l'être dans la mesure où ils entraînent un dialogue entre les visiteurs qui ne se connaissent pas forcément.

On pourrait se demander si cette cohésion sociale n'est pas éphémère, c'est à dire le temps d'un grand rendez-vous. Or, la présence d'un événement avec une thématique forte, si elle génère une interaction sociale plus forte lors d'une grande manifestation, ne désemplit pas nécessairement après la fin de la manifestation. De même qu'avant le

38 Cf. Etude IFOP, op.cit, p.8.

39 Cf. Etude IFOP, op.cit,p.6

40 Cf. A. Gady, J.M Pérouse De Montclos (dir.); De l'esprit des villes : Nancy et l'Europe urbaine au siècle des Lumières, 1720-1770, p.19.

rendez-vous, l'interaction n'était pas inexistante. Cette cohésion sociale peut être effective et maintenue grâce à un sentiment identitaire fort. En effet, selon Henri-Pierre Jeudy, le culturel est marqueur d'identité et sert de « soupape de sécurité " à la gestion du social41. L'élément culturel, s'il est intelligemment mis en valeur, est un aspect de la politique de la ville qui n'a a priori pas de raison de diviser les individus d'une même entité urbaine, tout au moins sur le fond.

« Les événements qui se sont déroulés en 2005 bénéficient globalement d'une image très positive. En effet, 94% des habitants du grand Nancy jugent qu'ils enrichissent le patrimoine historique et architectural, 62% le pensent « tout à fait », et 91% s'en déclarent fiers, dont 53% « tout à fait 42.

L'élément qui conforte la ville en 1999 est identitaire. Le nom de la ville est d'emblée dans l'intitulé de l'événement : « 1999, l'Année de l'école de Nancy ". Même si le nom générique de l'école de Nancy est l'Art Nouveau, tout contribue pour les habitants de Nancy et des alentours à être fiers de leur « identité locale ". De même, dans chaque démarche événementielle le nom de la ville est présent, ainsi en 2005, il s'agit de « Nancy 2005, le temps des Lumières " et pour 2012, à priori, il s'agira de « Nancy Renaissance ". On peut des lors se demander comment fédérer une population autour d'un theme et si celui-ci ne se révèle pas finalement consensuel.

2. Un thème socialement fédérateur ?

De plus en plus, on recense des manifestations événementielles telles les parades, les grands événements pour le passage de l'an 2000, les grands événements sportifs, les expositions internationales.43On peut penser que ces manifestations collectives viennent relayer les anciens liens sociaux rendus possibles grace à la religiosité, l'appartenance à un syndicat ou à un parti par exemple. Toujours est-il que si l'on privilégie de tels événements telles les expositions temporaires par exemple, le fait est que cela plaît. Cela plaît d'autant plus que la durée en est limitée et qu'il « faut l'avoir vu " ou pouvoir dire « j'y étais ". Tout pousse ainsi les villes à investir pour des événements éphémères mais

41 Cf. H-P Jeudy, La machine patrimoniale, p.104.

42 Cf. Etude IFOP, op.cit, p.10.

43 M. Gravari-Barbas, « La ville festive ou construire la ville contemporaine par l'événement ", PP.279-290

susceptibles de galvaniser les foules plutôt que pour des dépenses de fonctionnement, certes nécessaires et atteignant le même ordre de grandeur que les sommes mises en jeu pour des grands événements, mais dont on a tendance à mesurer l'efficacité en terme de coûts plutôt qu'en terme de besoins réels. L'enjeu est en fait différent, il s'agit aussi d'éviter un investissement qui ne rassemblerait personne, comme nous le verrons plus loin.

Nancy opte plus pour une politique d'incitation à la culture plutôt que de réponse à la demande culturelle. Il s'agit aussi d'inciter la population à se rendre à des activités qu'elle ne réaliserait pas forcément en allant au-delà des attentes citoyennes. On tente d'accompagner le public, on le sensibilise. Il ne s'agit pas de laisser s'exprimer la demande, il s'agit aussi d'en former une. De surcroît, si le public est mieux sensibilisé à la culture, il peut désirer plus que ce qu'il aurait spontanément demandé. La ville et la Communauté Urbaine ne veulent pas proposer du « tout-gratuit ". Elles proposent de développer des manifestations qui vont « stimuler le vivre ensemble "44. On cherche à mélanger le savant et le populaire, en proposant aussi bien des animations plutôt festives que des animations plus complexes. Parmi ces opérations festives, on peut recenser pour 2005 : un bal masqué organisé à l'Opéra au profit d'AIDES, la vente des 92 000 anciens pavés de la place Stanislas reversée au bénéfice de Médecins du Monde, de l'Unicef et de l'Association de lutte contre les myopathies, « Tous à la barre ", 300 mètres de barres d'exercice installées sur la place Stanislas pour suivre un cours de danse organisé par le Ballet de Lorraine, le « banquet des Lumières " où une trentaine de pâtissiers et restaurateurs avaient confectionné 23 000 gâteaux, reproduction de ceux servis à la table de Stanislas dans un décor aux lustres en cristal de Baccarat, un weekend end autour de SaintFiacre, patron des jardiniers avec des fleurs et légumes du XVIIIe siècle exposés et bien sür l'événement phare de la saison : l'inauguration de la Place Stanislas en présence de Jacques Chirac, Gerhard Schröder et Aleksander Kwasniewski. En parallèle des colloques à caractère historique qui prospèrent tels « Les places élevées à la gloire de Louis XV ", « Raison et passions au siècle des Lumières ", « Lumières, religions et laïcité " ou encore des manifestations culturelles nationales spécialement délocalisées comme les « Rencontres de la Villette " et « les Entretiens du patrimoine ». Cette volonté d'organiser des manifestations destinées à l'ensemble de la population s'affiche d'ores et déjà dans le préambule de l'événement Nancy Renaissance : « Les manifestations qu'il est envisagé

44 Cf. J.P Saez, op.cit, p.18.

d'organiser en 2012 s'efforceront, bien entendu, de conjuguer qualité du contenu et audience populaire et auront pour ambition de mieux faire connaître cette passionnante époque, de la révéler au grand public. »45. En outre, des actions de médiation sont mises en place à destination du jeune public pour le sensibiliser. A ce titre, en 2005, les enfants ont pu bénéficier d'événements festifs en partenariat avec leurs écoles en participant à un Carnaval46 sur le theme du XVIIIe siècle. Le projet avait d'ailleurs été initié lors de l'exposition sur Jacques Callot. De façon semblable, toujours en partenariat avec leurs écoles, ils ont pu découvrir le patrimoine nancéien en visitant des chantiers ou avoir une réflexion sur les valeurs du XVIIIe siècle lors de la Journée Européenne des droits de l'enfant. De même, les manifestations régulières, organisées par la ville, telles la Saint Nicolas ou le livre sur la Place47 prévoient dans la programmation de l'événement quelques rencontres ou themes en lien avec le sujet. Ainsi, on réussit à fédérer les gens autour d'un projet plutôt festif qui aura tendance ainsi à rassembler du monde. « L'événement se substitue en quelque sorte aux fêtes locales populaires du passé »48. On peut se demander si on n'opte pas pour le choix de la facilité en trouvant un theme qui fait consensus.

S'agit-il d'une stratégie d'exposition que de redécouvrir un thème pour obtenir l'appui du public ? Peut on penser comme Laurent Wolf qu'il « s'agit d'amener le plus grand nombre de gens à la porte du musée [et par extension des lieux de culture] et de leur signifier avant qu'ils ne la franchissent : vous avez raison d'aimer (...) » ? 49. Il nous faut cependant modérer notre propos étant donné que la thématique choisie pour les grandsrendez-vous n'a pas toujours été un theme qu'on pourrait qualifier de « classique » au sens où il est plus ou moins connu de tous. Si la Renaissance et les Lumières peuvent apparaître plus redondants au regard des publications déjà existantes, de leur présence inscrite dans les manuels scolaires mais aussi parce que sont des thématiques communes en Europe, il n'était pas forcément aisé de traiter des sujets tels que Jacques Callot et l'Ecole de Nancy,

45 Cf. « En 2012, Nancy, le Grand Nancy et la Lorraine célèbreront la Renaissance », p.2.

46 Le Carnaval est organisé tous les ans par les écoles de Nancy.

47 Le livre sur la Place est un salon du livre qui se tient - depuis la rénovation de la Place Stanislas - sur la place Carrière à chaque rentrée littéraire, généralement le 3e weekend de septembre. La Saint-Nicolas, fête du saint-patron des Lorrains a lieu tous les ans le weekend suivant le 6 décembre. (Pour plus d'informations, consulter : www.lelivresurlaplace.fr et www.saint-nicolas.nancy.fr )

48Cf. G. De La Porte du Theil, « La création d'un événement : un métier et des savoir-faire », Cahiers Espaces, n°74, août 2002, p.105.

49 Cf. L. Wolf, « La vérité des grandes expositions. Critique et soumission à l'autorité », Etudes, 2003/2, tome 398, pp.229. Dans cet article Laurent Wolf fait référence à l'exposition Modigliani de 2003 au Musée du Luxembourg.

pour lesquels le regain d'intérêt est relativement récent.50Il était peut-être plus facile cependant d'utiliser ces deux dernières thématiques dans la mesure où elles sont spécifiquement nancéiennes et elles permettent de capter un public local, voire régional avant que d'avoir des ambitions plus gargantuesques. A l'inverse pour les thématiques que l'on dira classiques la difficulté est inverse, il faut en extraire une spécificité nancéienne. Dans le même temps un thème connu, reconnu facilement par le grand public, évoque déjà certaines images mentales.51 D'où peut être une facilité du choix du theme que l'on pourrait reprocher à la ville de Nancy particulièrement aux organisateurs du projet.

On pourrait penser qu'il s'agit d'une aisance que se permettent les conservateurs en utilisant des périodes historiques qu'ils imaginent « comme le point central et vital de transition pour la construction de la réalité d'aujourd'hui ».52 Pour autant, il semble nécessaire d'avoir pour point de départ un patrimoine déjà présent sur lequel la ville et la Communauté Urbaine peuvent se reposer. 96% des habitants de la Communauté Urbaine jugent d'ailleurs que ce type de manifestations est utile pour la mise en valeur du patrimoine historique53. Puisque l'événement va animer non seulement le patrimoine, les musées et la ville entière pour une durée minimale de quatre mois (1999) à un an (2005), il s'avère nécessaire de faire ce choix. En effet, les habitants connaissent, de visu au moins, ce patrimoine ou croient le connaître parce qu'ils sont pénétrés de ces lieux qu'ils côtoient fréquemment. Il serait particulièrement déplacé qu'une ville, qu'elle qu'elle soit d'ailleurs, pour un événement d'une telle envergure, organise tout un événement fondé sur un propos historique qui ne la concerne pas, ou de très loin. Il semblerait par exemple invraisemblable que Nancy monte un événement sur le Paris haussmannien. Evoquer vaguement le Paris haussmannien en tant que repère historique par rapport à un propos sur Nancy à la même période se montrerait plus approprié. C'est d'ailleurs ce qu'a fait le Musée des Beaux Arts lors de l'exposition De l'esprit des villes Nancy et l'Europe urbaine

50 L'année Callot, nous l'avons vu correspondait à une rétrospective de la totalité de l'oeuvre gravée. L'intérêt pour l'école de Nancy est porté dans les années 1970-80 par de jeunes historiens qui s'intéressent à la période, l'Inventaire général des monuments historiques travaille sur les immeubles Art nouveau depuis les années 1980. Parallèlement, les objets Art nouveau, trouvent un regain d'intérêt sur le marché de l'art, notamment japonais, qui ne désemplit pas.

51 Cf. N.Drouguet, « Succès et revers des expositions-spectacles », Culture et musées n°5, juin 2005, pp.65- 88

52 Cf. A. Detherige « Le musée, le public, les médias » dans J.Galard, op.cit, p.71

53 Cf. Etude IFOP, op.cit, p.15.

au siècle des Lumières, 1720-1770 en évoquant d'autres places royales contemporaines de la place royale de Nancy (actuelle place Stanislas) en France et en Europe. C'est ce que s'efforcent de faire les organisateurs des événements, Nancy 2012 s'appuiera avant tout sur le patrimoine Renaissance de la vieille ville avant de se reconsidérer dans un propos plus général. Il en était de même en 1999 avec un patrimoine Art Nouveau particulièrement riche, étendu dans toute la ville même si des ressources extérieures ont été utilisées.

Par ailleurs, on connaît l'enjeu de mise en oeuvre d'expositions. Elles ont un coüt de réalisation élevé de par la sécurité et les frais d'assurance mis en place. De fait, il est préférable pour les institutions organisatrices de bénéficier d'un retour sur investissement, tout au moins de couvrir les frais engagés54. Cette stratégie peut infléchir sur les décisions politiques, budgétaires notamment en choisissant d'abord des themes classiques. D'où le phénomène d'expositions « blockbusters » déjà évoqué, expositions aux titres suggestifs, faisant référence aux ages d'or et aux trésors qui vont capter l'attention du public, comme des financeurs qui veulent investir dans des valeurs sûres. Ces expositions à succès qui s'invitent dans nos musées sont issues directement de la récupération publicitaire par les musées avec, de plus en plus, un système de réservations qui est instauré. Le déplacement exceptionnel d'une oeuvre constitue parfois à lui seul l'événement. 55 On sait d'ores et déjà que le Musée des Beaux Arts accueillera en 2012 quelques oeuvres du Musée des Offices de Florence. Qu'elles que soient ces oeuvres, derriere elles se glisse la notion fascinante de chef d'oeuvres, susceptible d'attirer des visiteurs.

Le patrimoine apparaît comme un miroir de l'identité de la collectivité lui permettant de se construire, de se montrer et de s'exposer. On réinterprète le passé au bénéfice des temps présents, pour revendiquer une place dans l'histoire et dans l'actualité.

54 Cf. V. Patin, op.cit, p.44.

55 Cf. R. Rapetti, op.cit.

B. Le patrimoine « la mémoire embellie »56 ?

Il conviendra de se demander quelle est l'interprétation faite du patrimoine. S'agitil de rester attaché à un passé dans lequel on se conforte ou bien de mettre en perspective les valeurs acquises par le passé pour les confronter à notre période moderne ?

Cette problématique avant même qu'une politique de grands rendez-vous ne soit mise en place faisait déjà l'objet d'un questionnement de la part du maire lors de l'exposition sur Jacques Callot :

« C'est un extraordinaire privilege que d'avoir à gérer l'avenir d'une ville au passé aussi prestigieux. C'est également une lourde responsabilité. Car le souvenir des talents et le charme des monuments ne sauraient justifier que l'on interrompe l'exploitation de nos gisements de création. Nancy doit rester la source d'idées et d'oeuvres qu'elle a toujours été, en pleine activité. »57

1. Valeur d'existence et de non-usage du patrimoine et des monuments

Le patrimoine et les musées ont une valeur de contemporanéité 58 (Gegenwartswerte) qui correspond au présent, aux valeurs d'usage et artistiques qui en sont faites. Un monument constitue l'emblème, ou l'un des emblèmes, de l'identité locale, l'image dominante dans la représentation de la destination. La Place Stanislas est l'un de

56 Cf. Nancy 2005, le temps des Lumières ; dossier de presse, septembre 2004, p.19 et 21.

57 Voir la préface dans C.Pétry, J.Thuillier ; L'art en Lorraine au temps de Jacques Callot, Musée des Beaux Arts de Nancy, 13 juin-14 septembre 1992, Paris, RMN, 1992, p.12.

58 A.Riegl, Le culte moderne des monuments, Le Seuil, 1984.

ceux-ci. C'est un élément investi par la population qui lui procure un « sentiment d'appartenance »59, qui fait qu'elle se reconnaît comme telle, au travers de ce patrimoine identitaire. Ce dernier est constitué par sa valeur d'existence, c'est-à-dire la valeur symbolique que lui attribue la population (en termes d'identité, d'embellissement des lieux et de sens de l'histoire) 60. Le musée en tant que volet du patrimoine a également une valeur d'existence, reconnu comme le « lieu de cristallisation d'une mémoire, d'une identité en résonance d'une société, de personnes ayant vécu là, vivant encore, vivant un jour »61. Les habitants ont saisi, consciemment ou non, ce patrimoine comme un des « reflets intelligibles de leur histoire, de leur culture » 62 en le rendant visible et identifiable par d'autres. Par le regard que les « modernes » posent sur lui et non pour son caractère ontologique, le monument, au sens où l'entend Riegl63, acquiert une valeur. Une des caractéristiques du monument est qu'il a une action sur la mémoire. Il la mobilise au moyen de l'affectivité, « de façon à rappeler le passé en le faisant vibrer par le présent ».64 Le monument possède un rôle métaphorique : il ressuscite un passé privilégié dans lequel ceux qui le regardent sont réintroduits. De fait, dans nos sociétés contemporaines, selon Henri-Pierre Jeudy65; on ne rêverait plus à l'époque suivante qu'en s'obsédant à lui léguer un patrimoine. On aurait plutôt une certaine complaisance dans l'idée que le « passé éclaire le présent. »66. Le danger serait d'obtenir une approche historique, muséographique et patrimoniale hagiographique 67 s'appuyant sur une représentation magnifiée de la société et de la culture locale qui matérialiserait des images mentales réinterprétées positivement par la société.68

59 Cf. M. Gellereau, « Mutations et stratégies de valorisation patrimoniale : les identités multiples des territoires », p.26.

60 Cf. V .Patin, op.cit, p.135.

61 Cf. S. Grange, « Le territoire du conservateur », Musées et collections publiques de France, n°221-222, décembre 1998-mars 1999, p.102.

62 Cf. H-P. Jeudy, La machine patrimoniale, p.14.

63 Riegl rappelle l'étymologie de monument (du latin monumentum, dérivé de monere qui signifie avertir, rappeler), c'est donc ce qui interpelle la mémoire. C'est à dire à la fois un édifice, une oeuvre d'art, des archives...

64 F. Choay, L'allégorie du patrimoine, p.14.

65 Cf. La machine patrimoniale.

66 Cf. H.P Jeudy, ibid. p.14.

67 Cf. N.Drouguet, « Succès et revers des expositions-spectacles », Culture et musées n°5, juin 2005, pp.65- 88.

68 Evoqué dans l'article de M. Regourd, « Le musée, un espace de communication, symbolique des mutations politiques » .

Pour autant même si, en apparence, la ville et la Communauté Urbaine donnent l'image d'une « mémoire embellie »69 qui pourrait faire croire à un maintien symbolique du patrimoine tel qu'il était dès sa construction, cela est assez rapidement démenti, dès lors qu'on sait que : « la restauration de l'ensemble architectural du XVIIIe siècle correspond à la préservation, l'entretien et la conservation de bâtiments remarquables placés sous la responsabilité de la ville. » 70. Le monument historique est en effet censé avoir une place immuable et définitive, et une conservation sans condition. Bien que l'on s'efforce de rechercher la « valeur historique »71 du monument, l'état le plus proche de l'état initial, une authenticité originelle, comme le veut la Charte de Venise : « Elle [L'humanité] se doit de les [les oeuvres monumentales] leur transmettre dans toute la richesse de leur authenticité. »72. C'est un idéal que l'on peut étendre au patrimoine - comme le remarque Pierre Rosenberg pour la place Stanislas - vers lequel on tend: « Nous les voyons [les places della Signoria et Stanislas] telles qu'elles nous sont parvenues. Nous oublions les étapes de leur élaboration, de leur construction, ce qui les a précédées, les modifications et les transformations qu'elles ont pu connaître (ou subir) et qu'à coup sur elles connaîtront encore. » Comme me le suggérait M. Maigret lors de notre entretien, « utiliser le patrimoine n'est pas uniquement restituer le patrimoine à l'identique, uniquement à travers l'imitation ».73 C'est le travail qu'a effectué Pierre-Yves Caillaut, architecte en chef des monuments historiques, en tentant de retrouver l'état initial de la Place Stanislas grace aux archives et représentations conservées mais en tentant d'imaginer la nouvelle place, carrefour de rencontres sans plus être carrefour de circulation. Quelques débats ont d'ailleurs eu lieu pour savoir s'il fallait rouvrir une carrière de pierres semblables à celles qui se trouvaient sur la place ou s'il fallait réintégrer la statue de Louis XV, remplacée par celle de Stanislas à la Révolution, repeindre les ornements sur l'arc Héré ... Finalement, les pavés ont été choisis de taille un peu moins inégale qu'à l'origine. L'arc Héré a été repeint, les grilles qui entouraient la statue n'ont pas été reposées pour laisser les Nancéiens s'asseoir sur les marches. De même, l'éclairage a été envisagé différemment, orienté du bas vers le haut et en éclairant également les fontaines. Ainsi, comme me le suggérait Mme Noël : « Il s'agit d'une articulation permanente entre le patrimoine et la

69Nancy 2005, le temps des Lumières ; dossier de presse, septembre 2004.

70 Cf. ibid., p.22.

71 Cf. A.Riegl, op.cit.

72 http://www.icomos.org/docs/venise.html

73 Entretien M. Maigret, 20 janvier 2010, CUGN Nancy.

modernité. C'est une interrogation sur le patrimoine plutôt qu'une commémoration. ».74En s'interrogeant sur le patrimoine, il s'agit aussi de la valoriser et le faire mieux connaître sans nécessairement être chauvin. Or, bien souvent, on connaît mieux des endroits éloignés que son propre lieu de vie, ce que manifeste André Rossinot dans son introduction au Bottin des Lumières 75: « Etre responsable d'une ville, c'est aussi (...) faire en sorte que les gens se reconnaissent dans leur ville, aient envie de se l'approprier, de la découvrir, car bien souvent ils en méconnaissent tout autant la géographie que l'histoire. ». C'est pourquoi, il est question pour 2012 de s'intéresser non seulement au patrimoine Renaissance de Nancy mais aussi de s'associer à d'autres villes lorraines qui disposent d'un patrimoine Renaissance.76

Pourtant, même s'il ne s'agit pas de se remémorer un patrimoine en restant nostalgique du passé, il est question toutefois de le transmettre, comme l'indique le bilan de l'événement Nancy 2005, le temps des Lumières :

« Ce patrimoine hérité du passé, il nous appartient de le maintenir en état, de l'entretenir, de le valoriser, de l'embellir pour être en mesure de le transmettre aux générations futures. Cette démarche transgénérationnelle dépasse bien évidemment la seule échelle du cycle de vie d'un homme ».77

Autrement dit, il s'agit d'une « valeur de non-usage » attribuée au patrimoine à savoir la transmission du bien aux générations futures.78 S'il s'agit d'une valeur de conservation dont les révolutionnaires se prévalaient pour pérenniser et léguer le patrimoine ; elle n'en oublie pas moins de questionner le présent et de le mettre au regard du passé.

2. Deux versants modernes de l'événement autour du patrimoine :

la contemporanéité et la prospective.

Il s'agit pour une part de « poser un regard différent sur notre patrimoine » 79 en invitant des artistes contemporains à investir la ville et les musées. Par le biais de la commande publique, Nancy a demandé à l'artiste plasticien Pierre Bismuth d'intervenir.

74 Entretien téléphonique avec Mme Véronique Noël le 11/03/2010

75 Cf. Bottin des Lumières, p.8.

76 Ainsi, il est prévu, dans la mesure où les villes l'accepteront, d'associer à l'événement les villes de Sillegny (57), Bar-le-Duc, Marville et Saint-Mihiel (55).

77 Cf. « Nancy 2005, le temps des Lumières », le bilan, op.cit., p.6.

78 Cf. V. Patin, op.cit, p.135.

79 Cf. B. Chavanne dans C.Creste, P-A.Gette, G.Mansart ; Quand le 21e regarde le 18e, p.3.

Celui-ci a installé dans la ville autour du patrimoine XVIIIe de Nancy 8 demi-sphères en miroir réfléchissant d'un mètre de diamètre, incitant ainsi à poser un regard différent sur les monuments qui imprègnent les passants. Une autre commande publique s'était crée pour le plafond de l'Opéra, qui revisitait la notion de lustre. Par ailleurs, le Musée des Beaux Arts a cherché également à promouvoir l'art contemporain au sein de ses collections. Selon Blandine Chavanne80, « le Musée des Beaux Arts a toujours présenté des oeuvres contemporaines à ses contemporains donc il n'y avait pas lieu que le musée ne présente pas d'art contemporain. » Pour 2005, deux expositions se sont tenues au Musée des Beaux Arts : « Quand le 18e regarde le 21e », véritable dialogue entre les collections anciennes du XVIIIe du musée et la création contemporaine - « invitation à la lecture de notre passé permettant son appropriation » -81 ainsi que « Pour de vrai » en partenariat avec le Consortium de Dijon et la Fondation de France.

En outre, même si les Nancéiens et les touristes ne le voient pas forcément, l'obsession de l'événement est d'avoir un versant actuel ou prospectif pour l'avenir. La ville ne veut pas donner l'image qu'elle vit en permanence sur sa gloire passé, et s'interroge sur le présent comme sur l'avenir. Ainsi, lors de colloques et débats d'idées sont engagés en parallèle des expositions et des manifestations festives. « 1999, l'école de Nancy », pose par exemple la question de l'art et l'industrie aujourd'hui. « Nancy 2005, le temps des Lumières » avec Voltaire et l'exil des Jésuites réfugiés en Lorraine invitent à se demander ce que sont la laïcité, la tolérance ou l'asile aujourd'hui. Si l'exposition du Musée des Beaux Arts « De l'esprit des villes, Nancy et l'Europe urbaine au siècle des Lumières, 1720-1770 » s'interroge sur les places royales au XVIIIe siècle, l'exposition « Avenirs de ville » organisée sur le site Alstom invite à se demander ce que seront les villes de l'an 3000. De même les événements de 2012 sur la Renaissance proposeront certainement un regard sur l'imprimerie et l'enjeu actuel du numérique. On est en présence à la fois d'« événements qui parlent du passé mais qui invitent à s'interroger sur l'avenir »82.

80 Conservatrice au Musée des Beaux Arts de Nancy de novembre 2000 à novembre 2006. Entretien téléphonique du 14/04/2010.

81 Cf. B. Chavanne dans C.Creste, P-A.Gette, G.Mansart ; Quand le 21e regarde le 18e, p.3.

82 Entretien M. Maigret, 20/01/2010, CUGN.

Outre la volonté d'impulser une cohésion sociale forte entre les habitants au moyen d'une thématique qui rassemble quelque soit le milieu social d'origine, l'événement tente de mettre le patrimoine au centre de ses efforts en évitant de sombrer dans une complaisance nostalgique du passé. Cependant, au-delà de ce dessein se dissimulent peut-être des intérêts sous-jacents d'un autre ordre.

II. Les enjeux pour la ville : visibilité et attractivité

A. Une mutualisation financière de moyens

La ville n'investit pas seule et elle n'investit pas non plus gratuitement. En offrant des moyens considérables, la ville a dans l'idée d'obtenir une contrepartie économique utile pour son développement. Voyons des à présent, les solutions qu'elle se donne pour l'aider financièrement à supporter le projet mais également les moyens de légitimer ses dépenses.

1. Les acteurs institutionnels.

Comme l'indique Mme Valérie Thomas « [Les activités : expositions, colloques.] ne pouvaient être menées et soutenues que par une ville disposant de moyens humains, techniques et financiers ».83 Nancy en a fait le pari. Même si la ville est à l'initiative du projet de grand événement, elle ne peut supporter à elle seule la totalité financière de l'événement. La Communauté Urbaine, le département, la région et l'Etat se sont associés au projet. Le budget total consacré entre 2003 et 2005 pour « Nancy 2005, le temps des Lumières » est de 9, 45 millions d'euros. L'Etat a participé à hauteur de 1,524 M€ - dont 1 M€ du seul fait du Ministère de la Culture - soit 16,1 % du budget. 12 ministères ont participé : le ministère de l'Intérieur et des cultes pour le colloque « qu'est-ce que la laïcité ? » a par exemple fourni 15 000€. Les collectivités locales oeuvraient pour 62, 7% du budget avec 5,93 M€ répartis entre le Conseil Régional : 0,920 M€ ; 0,560 M€ pour le

83 Cf. V. Thomas, « L'année de l'école de Nancy » dans Musées et collections publiques de France, n° 235- 236, 2002/1 et 2, p.36.

département, 1,75 M€ pour le Grand Nancy et 2,70 M€ pour la ville de Nancy. 84 A titre de comparaison pour « 1999, l'école de Nancy », les dépenses se répartissaient comme suit : « Les dépenses de fonctionnement de la ville de Nancy s'élèvent à 30,5 millions de francs, les recettes à 23,9 millions de francs et le partenariat à 12 millions de francs »85. Quoiqu'il en soit l'engagement de crédits est validé par les élus en dernier ressort. Certains élus demeurent plus intéressés que d'autres, mais beaucoup des élus de la Communauté Urbaine s'associent également au projet en tant que maires de leurs communes pour pouvoir associer un dispositif lié au grand événement dans leur commune. Toutes les forces des communes assemblées permettent de contribuer au dynamisme de celles-ci. Les animations proposées dans chacune des communes en susciteront d'autres par la suite.

2. Mécènes et entreprises partenaires

Souvent les partenaires privés viennent prendre le relais des investisseurs publics. On qualifie cela d'«effet multiplicateur des investissements publics »86. 47 entreprises partenaires ont apporté une participation financière équivalente à 2 millions d'euros, dont 1,4 millions d'euros en numéraire pour « Nancy 2005, le temps des Lumières ». Le mécénat s'est effectué non seulement en apport numéraire, mais aussi en apport de communication. La SNCF87 a diffusé 2 ,5 millions de pochettes pour billets à l'effigie de « Nancy 2005, le temps des Lumières ». La Poste avait imprimé un timbre spécifiquement pour l'événement88. La société Baccarat lors du « Banquet des Lumières » avait réalisé la mise en lumière de l'Arc Héré et de la place Carrière. La CONNEX, société d'exploitation du tramway, en 2005 avait imprimé des « pass Stan » aux couleurs de « Nancy 2005, le temps des Lumières ».

84 Cf. « Nancy 2005, le temps des Lumières », le bilan, p.43.

85 Cf.V. Thomas, op.cit, p.36. [soit en € : 4,5 Millions d€ dépensés: 3, 6 M€ de recettes et 1,8 M€ de partenariat. Le taux de conversion utilisé est : 6,55957F= 1€]

86 Cf. H.Salllet-Lavorel, P.Lecroart, op.cit. p.45.

87 En 2005, Nancy était encore à 2h40 de Paris. Le TGV, arrivé en 2007, sépare les 2 villes en seulement 1H30 de transport. Ce qui est hautement profitable pour l'événement à venir. Rien n'empêche désormais un aller-retour dans la journée à Nancy pour se rendre à une exposition ou à un colloque au même titre qu'un aller-retour Paris-Lille ou Paris-Lyon.

88Cf. « Nancy 2005, le temps des Lumières », le bilan, p.44.

B. Légitimer l'action publique

Pour parfaire sa renommée, les missions successives - répondant à des procédures d'appels d'offres - ne travaillent pas seules pour programmer l'événement. Elles travaillent avec les institutions précédemment nommées pour trouver des financements et accroître l'ampleur de l'événement. Mais la légitimation ne se fait pas uniquement à travers l'apport numéraire d'institutions et d'entreprises partenaires. Un soutien intellectuel et un support communicationnel sont nécessaires pour soutenir l'événement et en assurer la qualité.

1. « Ne pas jouer cavalier seul »

a) De la nécessaire mise en place d'une gouvernance89

En 1999 et 2005, une mission et ses chefs de mission90oeuvrent avec des collaborateurs de la ville de Nancy et de la Communauté Urbaine notamment le service des marchés publics de la ville de Nancy et le service des marchés financiers. Pour 2012, le dispositif est différent, il est lié aux budgets restreints, M. Maigret, au sein de la Communauté Urbaine du Grand Nancy est chef de la mission Renaissance qui a pour

89 On entend la signification de gouvernance au sens où l'entend Anne Gombault dans l'article « Ouvrons la boite noire de la gouvernance des organisations culturelles » dans Espaces, n°268, mars 2009, pp.14-15, c'est-à-dire comme : « l'ensemble des structures et des processus utilisés par le conseil d'administration d'une organisation pour la conduire dans le but d'exercer sa responsabilité ».

90 « Comité Mission Nancy 2005 » sous la direction de Nadine Descendre.

objectif de mettre sur pied le grand événement. L'opération sera cette fois-ci réalisée en interne. Pour une bonne configuration de l'événement, il est essentiel que les acteurs de la gestion politique s'entendent sur le rôle qu'ils ont à jouer afin d'assurer le qualité de la manifestation. Il s'agit d'avoir un conseil d'administration cohérent, qui respecte la loi par sa mission de service public, administré par des personnes ayant des compétences complémentaires. Selon Johanne Turbide, professeur à HEC-Montréal :

le« casting idéal » pour une bonne gouvernance et le fonctionnement optimal d'un organisme culturel est composé : « d'individus qui adherent à la mission et qui en comprennent le processus de création, d'individus plus près de la gestion interne, qui peuvent aider les gestionnaires à mieux surveiller les enjeux financiers et administratifs, d'individus qui peuvent « ouvrir des portes » à l'organisation c'est à dire des gens qui possèdent un réseau de contacts utile aux aspirations de l'entité ».91

En ce sens, le maire, président de la CUGN est l'un des initiateurs du processus de création puisqu'en 1999, le projet émane de sa personne pour marquer le passage à l'an 2000 et en 2005, le projet était porté non seulement par la ville de Nancy mais également par la Communauté Urbaine pour piétonniser la ville. Les élus à la culture tant de la ville que de la Communauté Urbaine adhèrent également au projet, puisqu'ils sont directement concernés par les institutions dont ils ont la charge qui détiennent le contrôle scientifique de l'événement. M. Maigret et sa collaboratrice Mme Liotet s'occupent de la gestion interne. Les élus aux finances de la CUGN sont gestionnaires du projet au sein d'un comité économique. De même, un comité « sciences et techniques », chargé des projets qui se développeront dans le prolongement de l'année événementielle, et un comité « patrimoine et projets urbains », chargé de la mise en oeuvre des opérations de restauration, viennent les soutenir dans leurs actions. En outre, chacun des élus de la Communauté Urbaine peut posséder un réseau de contacts, utiles à l'événement et peut se sentir intéressé par l'événement dans la mesure où il concerne la discipline dont il a la charge. L'élu à l'économie a par exemple cru bon de rappeler pour 2012 que la Renaissance marque la présence d'italiens en Lorraine, voit naître la banque et c'est également la période de la découverte des Etats-Unis. D'où peut être l'utilité de mentionner au sein d'une exposition ou d'un atelier ces moments historiques. En outre, le maire de Nancy, André Rossinot et son adjoint à la Culture, Laurent Hénart comptent parmi ces personnes qui « ouvrent des portes » en faisant bénéficier de leurs réseaux dans la mesure où l'un est ancien ministre,

91 Cf. J.Turbide, « L'enjeu de la gouvernance : prévenir plutôt que guérir », Espaces, n°268, mars 2009, p.26.

l'autre est député. Par ce biais, en 2005, Nancy a pu attirer l'émission « Des racines et des ailes » pour une émission spéciale à l'occasion des 250 ans de la place Stanislas.

L'avantage de cette gouvernance est que la dimension en est intercommunale. Ce qui évite de développer des offres concurrentes ou s'ignorant les unes les autres. On regroupe ainsi les forces de chacun. De fait, afin d'éviter les doublons, Nancy cherche à s'allier avec Metz pour l'événement de 2012.92 Cela correspond également à une perspective plus globale de regroupement régional pour faire le poids à l'échelle mondiale.93

b) Réseaux et partenariats

Par ailleurs, les élus locaux sont assistés d'un comité scientifique. Certains des élus y sont d'ailleurs intégrés. C'est le cas en 2005 d'André Rossinot, maire de la ville ; Michel Dinet Président du Conseil général de Meurthe et Moselle ; Roger Gauthrot, Vice-président de la CUGN; Jean-Pierre Masseret, Président du Conseil régional de Lorraine, Sophie Mayeux, adjointe au maire de Nancy et Philippe Nachbar, sénateur de Meurthe et Moselle. Celui-ci est composé aux deux tiers de scientifiques parmi lesquels historiens, historiens de l'art, historiens de l'architecture, universitaires, spécialistes de la période considérée dans des domaines réservés, de sociologues, philosophes s'associent à des personnalités à la tête d'institutions qui à terme deviendront des partenaires de l'événement parce qu'elles ont des compétences spécifiques. La Bibliothèque Nationale de France, le Musée national de la Renaissance à Ecouen, le Centre d'études supérieures sur la Renaissance de Tours s'associent déjà à l'événement de 2012. Le prestige de ces établissements permet ainsi d'appuyer la notoriété de l'événement. La présence de spécialistes permet, malgré les querelles de chaire, d'avoir des « gardiens du temple » pour faire valoir une cohérence intellectuelle et pour fournir également des idées d'actions. En

92 En se rapprochant par exemple de Jean-Marie Pelt, président de l'Institut européen d'écologie à Metz, présent dans le Conseil scientifique.

93 La loi en réflexion sur les collectivités territoriales tentera à priori de redessiner la carte du territoire français, en diminuant le pouvoir des départements et en favorisant les pôles métropolitains majeurs. Il s'agira manifestement du « sillon lorrain » pour l'axe Thionville-Metz-Nancy-Epinal. Les compétences seront amenées à être révisées. Il semblerait qu'une logique de mutualisation des moyens sur un même domaine soit de rigueur. Les villes auront tout intérêt à travailler ensemble sur des sujets communs.

2005, le Musée Lorrain pour l'exposition « Stanislas, roi de Pologne » avait fait l'objet d'un partenariat prestigieux avec le château royal de Varsovie. Le Musée des Beaux Arts avait travaillé en collaboration avec la Fondation de France et le Consortium de Dijon et fera l'objet d'un partenariat avec le Musée des Offices de Florence pour 2012. La présidence du comité scientifique permet aussi d'ouvrir son carnet d'adresse. Ainsi, en 1999, François Loyer dirigeait le comité scientifique, suivi de Pierre Rosenberg en 2005 et de Claudie Haigneré qui assure sa présidence jusqu'en 2012. François Loyer et Pierre Rosenberg ont été commissaires d'exposition respectivement pour Peinture et Art nouveau, « Fleurs et ornements, « Ma racine est au fond des bois » 94 et « De l'esprit des villes : Nancy et l'Europe urbaine au siècle des Lumières, 1720-1770 ».95 Les instances organisatrices sont d'ailleurs bien conscientes de l'importance de ces partenariats, on peut ainsi lire dans le catalogue du bilan de « Nancy 2005, le temps des Lumières » que : « Nancy, le Grand Nancy et leurs partenaires peuvent s'appuyer sur le réseau ainsi constitué pour le montage de projets à venir ».96 Le renom de certaines personnes telles Laure Adler, Jean-Pierre Changeux, Bertrand-Pierre Galey , Bernard Latarjet ou la référence des institutions qu'ils représentent - respectivement France Culture, le Collège de France, le Muséum National d'Histoire Naturelle, La Villette - et qui sont des modèles suffit parfois à faire événement. Le prestige des institutions partenaires et la réputation des commissaires d'exposition peuvent donc anéantir les désapprobations puisque la qualité du contenu est assurée.97 Le fait de travailler régulièrement avec des institutions nationales, tout au moins, des institutions de référence permet de valoriser l'image de la ville, d'assurer un contact récurrent avec des établissements phares et de s'assurer une visibilité à minima nationale. Aussi, on peut supposer que si l'orfèvrerie de Pouilly récemment découverte98, a été qualifiée de trésor national99, elle l'a peut être été plus facilement dans la mesure où les institutions muséales nancéiennes ont déjà eu de nombreux contacts avec le Ministère de la Culture et de la Communication et plus particulièrement la Direction des Musées de France. Contacts relativement intenses lors des grands rendez-vous notamment

94 Par ordre : au Musée des Beaux Arts de Nancy et au Musée de l'Ecole de Nancy du 24 avril au 26 juillet 1999

95 Musée des Beaux Arts de Nancy du 7 mai au 22 août 2005.

96 Cf. « Nancy 2005, le temps des Lumières », le bilan, p.10.

97 Cf. l'article de L.Wolf, « La vérité des grandes expositions. Critique et soumission à l'autorité », Etudes, 2003/2, tome 398, pp.223-231.

98 Et qui sera exposée en 2012 au Musée Lorrain. Cf. Annexe n°1.

99 Pour plus d'informations sur le trésor national, voir Livre I, titre I, Chapitre Ier du Code du patrimoine

en 2005, où trois des expositions organisées au titre de « Nancy 2005, le temps des Lumières " avaient été reconnues « d'intérêt national ".

En outre, des partenaires extérieurs s'invitent aussi pour les événements. M. Gérard Coing,100 travaillant au service « valorisation du patrimoine » pour l'architecture et les monuments historiques à la DRAC-Lorraine avait réalisé en 1999 une visite virtuelle de la maison Bergeret101 sur le site Internet de la DRAC. Pour la Renaissance, il est actuellement en train de préparer une carte interactive des objets statuaires classés monuments historiques d'ores et déjà présents sur la base Palissy de l'Inventaire Général du Patrimoine.102 L'Inventaire Général du Patrimoine travaillait sur le patrimoine Art Nouveau lors de « 1999, l'année de l'école de Nancy " et sur le patrimoine XVIIIe en 2005, ce dont témoigne la contribution de Mireille-Bénédicte Bouvet, conservateur régional à la DRAC, dans les catalogues d'exposition.

Par ailleurs, pour ces événements, les contributions universitaires sont généreuses. Dans les catalogues d'expositions notamment mais aussi pour le montage des expositions. Les conservateurs font aussi valoir leurs réseaux : d'autres conservateurs peuvent intervenir dans la réalisation d'une exposition, comme le remarquait Mme Francine Roze, conservateur en chef du Musée Lorrain : « La préparation d'une exposition (...) fait partie intégrante du métier du conservateur. C'est généralement de lui que relève le commissariat et tout le travail scientifique d'une telle manifestation. Mais il peut s'associer avec un ou des collègues, ou encore avec d'autres personnes aux compétences reconnues dans le domaine concerné. "103 Rien n'empêche de faire appel, avant de contacter des personnes extérieures, aux scientifiques présents sur place, des lors qu'ils sont spécialistes de la période concernée. Ainsi, Louis Chatellier, professeur en Histoire des mondes moderne et contemporain à Nancy II, avait été intégré au conseil scientifique de « Nancy 2005, le temps des Lumières », en 2012, Philippe Martin, professeur d'histoire moderne à Nancy II fera partie du conseil scientifique. De même les sociétés d'amis se montrent parfois plus

100 Conversation téléphonique du 30/03/2010.

101 Construite en 1903 par Lucien Weissenburger, décorée par Gruber, Majorelle, Prouvé et Vallin, la maison d'Albert Bergeret, imprimeur de cartes postales est un témoignage notable de l'Art Nouveau à Nancy. Pour plus d'informations voir R. Bouvier ; F. Roussel, Maison Bergeret, Itinéraires du patrimoine n°1999, ADAGP, 2003 et site Internet : http://www.culture.gouv.fr/lorraine/Bergeret/pageshtm/index.html

102 http://www.culture.gouv.fr/culture/inventai/patrimoine/frames/index_mob.htm, la base Palissy recense le patrimoine mobilier religieux, domestique, scientifique et industriel de la France.

103 Mail du 26/06/2010.

qu'intéressées dans le montage d'un projet. En 2005, la société des amis du Musée des Beaux Arts avait mis le musée en réseau avec l'université de Philadelphie par exemple. Pour les années concernées, on trouve quelquefois des publications émanant de ces dernières, qui sont fort recevables. En outre, les conservateurs peuvent également contacter la presse spécialisée avec qui ils ont l'habitude de communiquer non seulement pour qu'elle puisse transmettre l'information, éventuellement mettre en vente un hors série ou faire paraître plusieurs articles, mais également pour que celle-ci devienne partenaires de l'opération. Du reste, puisque ces événements sont exceptionnels, ils sont censés être salutaires médiatiquement. 104

2. /'oXtil mpdi1tiJXe

Deux aspects des médias vont nous occuper, à savoir, la communication qu'ils véhiculent mais également les progrès qualitatifs qu'ils permettent d'apporter à l'offre touristique que constitue l'événement.

a) « Les médias en parlent »

Parce qu'il est apparent, l'événement est aisément médiatisable. Ainsi, la ville et la Communauté Urbaine tentent de mettre à profit la communication de leur événement tout d'abord avec les services institutionnels dont ils disposent en leurs sein. Ces services intérieurs de communication relaient et « vendent » une information locale sans nécessairement faire de distinction entre les informations. Ainsi, les journalistes travaillant à l'échelle nationale ont l'habitude de se méfier des services institutionnels de communication craignant d'y voir une redondance d'événements similaires dans divers lieux. De fait, si la mission qui gère l'événement s'en charge au moyen de ces relais institutionnels, il existe en outre une agence de presse recrutée sur appel d'offre à destination des relations nationales voire internationales. En 1999 et en 2005, c'est l'agence Claudine Collin qui a obtenu le marché pour la somme de 90 000 € en 2005.105

104 Cf. J.Barré, op.cit., p.9.

105 Cf. Nancy 2005, le temps des Lumières, dossier de presse, p.29.

L'avantage d'une agence de presse permet d'avoir un carnet d'adresses plus ouvert, parfois sur des terrains non attendus. En 2005, plus de 1400 articles106ont été publiés pour la rénovation de la place Stanislas et pour l'événement « Nancy 2005, le temps des Lumières ». Le magazine Impact médecine avait par exemple publié un article107. Etant donné qu'il existe un potentiel médical important, ce type d'effort n'est pas vain. Cependant pour un événement culturel on attend aussi des journaux à dominante culturelle comme Télérama, Beaux-arts magazine, Le Journal des Arts, L'oeil ou les quotidiens et hebdomadaires nationaux et leurs suppléments « culture ». Ceux-ci ont bien sur été contactés aussi. Les hebdomadaires et les magazines de loisirs peuvent également être profitables à ce genre d'événements dans la mesure où ils peuvent, par une rubrique ou un supplément « voyage » inciter à des séjours autour des expositions.108 Les magazines ayant attrait aux musées et à la culture peuvent à la fois être contactés par l'agence de presse ou par les conservateurs, le travail est généralement fait concomitamment. D'autant que par l'anticipation des expositions en termes de prêts, ces médias sont déjà informés des expositions d'envergure longtemps à l'avance. Ils peuvent toutefois proposer un hors-série ou un supplément spécial vendu ensuite sur les lieux de l'exposition mais qui dispose aussi d'une diffusion nationale.

En 2005, un média peu commun pour l'usage communicationnel que Nancy se réserve habituellement s'est invité, l'émission « Des racines et des ailes » a consacré un enregistrement pour le 250e anniversaire de la Place Stanislas qui a retenu l'attention de 4 millions de téléspectateurs.109 L'information a été transmise par les journaux télévisés nationaux mais aussi sur les couvertures régionales comme France 3 Lorraine et M6 Nancy. En matière radiophonique, Nancy faisait l'objet d'un partenariat avec Radio France d'où une fois encore des échos à portée nationale et régionale110. De même, un site internet spécifique à l'événement111 avait été mis en place, sans compter les relais, nombreux, sur des sites partenaires de l'événement soulignant de cette façon leur action de partenariat. Pour autant, si à l'échelon national l'information a été relayée par ces médias, à l'échelon local, ce sont majoritairement la presse régionale ainsi que la télévision et la radio qui ont

106 Cf. Nancy 2005, le temps des Lumières ; dossier de presse, p.27.

107 http://www.nancy.fr/documents/html/revue_presse_nancy_2005/revue_presse_nancy_2005.htm

108 Cf. J.M Tobelem, Musées: gérer autrement. Un regard international, p. 138.

109Cf. Nancy 2005, le temps des Lumières, dossier de presse, p.29.

110 Par l'intermédiaire de France Bleu Sud-Lorraine.

111 www.nancy2005.com , site ouvert de juillet 2004 à décembre 2005 ayant comptabilisé 221 723 visites.

informé la population locale comme l'indique l'étude IFOP : «Si aucun moyen d'information sur les événements de 2005 n'est cité majoritairement, les principaux médias sont cités par près d'un résident de la Communauté Urbaine sur deux : la presse régionale par 48% et la tv ou la radio par 47% »112. 85% des résidents de la Communauté Urbaine estiment d'ailleurs avoir été bien informés113. La population locale est d'ailleurs importante à toucher, c'est la premiere à qui il faut diffuser l'information, de façon à ce qu'elle soit relayée aussi aux proches et à la famille en visite. On voit d'ailleurs que l'entourage a joué un rôle notable puisque 29% des interviewés s'étaient renseignés par le bouche à oreille et 17% par la famille, les amis ou les collègues et 11% mentionnent l'office de tourisme et 8% Internet.114 Souvent, le bouche à oreille est le meilleur relais de communication qui soit, malgré tous les efforts d'annonces, d'affichages et d'information : pour « Nancy 2005, le temps des Lumières », « 91% d'entre eux [les résidents de la Communauté Urbaine] affirment en avoir parlé autour d'eux, 21% en [avoir] discuté très souvent, 53% quelques fois et 17% rarement »115.

Outre les moyens traditionnels d'information et de diffusion, il ne faut cependant pas négliger l'usage de nouveaux moyens de communication.

b) Utiliser les nouvelles technologies de l'information et de la

communication.

Les Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication (NTIC) parsèment de plus en plus le paysage quotidien. D'aucuns ont senti un nouveau tournant de celles-ci pour un usage touristique et commercial. Si les NTIC ne concernent pas tout le monde, certains demeurant encore sceptiques pour leurs utilisations, d'autres les intègrent pleinement dans la vie de tous les jours. Etre innovant lors d'un événement par le biais des NTIC peut aussi contribuer à accroître la notoriété de la ville, dans la mesure où celle-ci a su se moderniser et démultiplier ses offres. L'usage de ces nouvelles technologies est éventuellement médiatisable, par les biais évoqués précédemment, d'autant plus si leur

112 Cf. Etude IFOP, op.cit, p.13.

113 ibid.

114 ibid.

115 Cf. Etude IFOP, op.cit, p.11.

aspect innovant est encore peu utilisé. Les primo-utilisateurs de NTIC pouvant ainsi valoir comme référence ou exemple en présentant leurs outils à d'autres.116

Ainsi, depuis 2003, la ville de Nancy utilise les téléphones portables comme média avec « Zevisit mobile » pour une visite de la ville. On peut penser que par le biais d'Internet, on pourra en 2012 commercialiser en ligne des courts séjours de dernière minute. Les NTIC permettent également de démultiplier les possibilités d'information des publics : pour les enfants, les clientèles étrangères, les handicapés... en adaptant le contenu spécifique sur le support voulu, en le rendant plus ludique pour les enfants par exemple, en le traduisant ou en l'adaptant à des besoins spécifiques qui concernent les handicapés (écran avec une personne qui s'adresse en langage des signes à une personne sourde...). Une des préoccupations des organisateurs est d'avoir - pour les manifestations à venir - un usage plus conséquent de ces NTIC qui touchent de plus en plus de monde, jeunes ou moins jeunes. Entre autre, utiliser aussi les nouvelles créations qui naissent sur ces nouveaux supports notamment les réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter afin de renforcer le débat ou encore les applications sur I Phone mais aussi se servir du support médiatique qui sera le plus adapté en 2012.

On peut donc aisément constater que les efforts budgétaires fournis pour une opération d'une telle envergure servent ostensiblement à accroître la notoriété de Nancy et sa périphérie grâce à une publicité plus importante que la communication institutionnelle ne lui permettrait pas nécessairement outre mesure. Cette communication n'est pas menée pour être vaine, elle se doit d'avoir des conséquences financières et symboliques.

116 On peut penser aux premiers musées ayant eu l'idée de galeries tactiles ou de l'usage de boucles auditives. Ces précurseurs se voyant ainsi récompensés par le Ministère de la Culture pour leurs initiatives, devenant ainsi consultants référents des lors qu'il est question d'en généraliser l'usage. Par l'occurrence dans laquelle on retrouve ces précurseurs dans des articles plus ou moins confidentiels, ils atteignent la qualité d'expert. Si la Villette a su, par exemple, innover en intégrant dès la conception de ses expositions les processus d'adaptabilité pour les différents types de handicaps ; il n'est pas rare de voir des communiqués du Ministère ou des articles de presse titrant : « Après la Villette, ... se dote d'un système similaire. »

C. Les retombées

La valorisation touristique du patrimoine favorise la croissance économique en développant des activités touristiques génératrices de recettes financières et d'emplois directs, indirects et induits mais aussi d'effets nettement moins mesurables économiquement.

1. Les retombées économiques pour les acteurs locaux et pour la

yille

84% des habitants « estiment qu'ils [ce type d'événements] ont été utiles pour l'activité économique du territoire, 81% pour la mobilisation des acteurs économiques locaux ».117 Des événements concentrant une telle densité de micro-événements peuvent en effet inviter des gens à passer plus d'une journée sur les lieux. Les sites touchés par l'événement vont bénéficier directement des droits d'entrées et des ventes associées. Nous les aborderons ultérieurement. Cependant, il existe des retombées beaucoup plus importantes que les recettes directes de l'exploitation des monuments et des musées. Elles concernent les recettes des dépenses effectuées à proximité de ces sites, « la valeur d'usage directe »118de ceux-ci. Ces dépenses s'appliquent entre autre à l'hébergement, la restauration, aux commerces - excepté les ventes associées aux droits d'entrée - aux activités de loisirs, aux transports et aux services. Ce sont des retombées économiques induites par l'événement. L'événement apporte une opportunité de richesse pour l'économie locale. On estime à environ 720 000, les nuitées dans les hôtels de l'agglomération, dont 20% concernaient la clientele étrangère119. Sur la base d'une dépense moyenne de 55€ par nuitée, cette fréquentation aurait généré de l'ordre de 39,5 millions

117 Cf. Etude IFOP, op.cit, p.15.

118 Cf. V. Patin, op.cit, p.135.

119 Cf. Nancy 2005, le temps des Lumières, le bilan, p.19.

d'euros pour l'économie locale120. Sans oublier toutefois les répercussions économiques pour les finances locales de cette fréquentation touristique, à savoir les parkings, les taxes prélevées sur les opérateurs touristiques et les commerces (taxes de séjour, taxes professionnelles) dont les collectivités locales étaient bénéficiaires. Il est évident que si la ville impulse un événement culturel générateur de fonds monétaires importants pour l'économie locale, elle entend que commerçants et opérateurs du tourisme y participent. Ces derniers ont tout intérêt à s'allier à la ville pour permettre ces chiffres d'affaires, dans leurs avantages propres et pour la ville, par effet dérivé. Ils peuvent être les demandeurs de ce genre de mobilisations.

L'importance des consommations connexes et des bénéfices indirects sur la ville croît d'autant plus si l'offre locale est adaptée à l'événement culturel.121 Sur toute la durée de l'événement, vingt-sept restaurants ont proposé un menu ou des plats inspirés de la cuisine du XVIIIe siècle, cent soixante commerces se sont fait les relais de l'événement en devenant « ambassadeur 2005 »122 en offrant dans leurs commerces des informations sur les événements, des visites guidées ou la possibilité de visiter gratuitement des expositions. Parmi ces ambassadeurs, les cafetiers et restaurateurs offraient à leurs clients des mugs à l'effigie de la Place Stanislas, les pâtissiers apposaient des portraits de Stanislas sur leurs desserts. Cinquante-trois commerçants ont également décoré leur vitrine aux couleurs XVIIIème123. Parfois, les commerçants peuvent aussi être demandeurs de ce genre de projets pour relancer l'économie locale. D'où la nécessité pour les acteurs économiques de la ville de travailler en collaboration avec l'office de tourisme qui reste le premier interlocuteur avec le touriste en lui fournissant à la fois la documentation sur les offres culturelles et les possibilités d'hébergement et de restauration. La participation des Comités Départementaux et Régionaux du Tourisme ne sont pas accessoires puisqu'ils contribuent à la promotion du territoire notamment en menant des actions de visibilité sur les salons à l'étranger et en offrant des publications à destination des touristes en langues étrangères. En 2005, la clientèle hôtelière étrangère a généré 136 412 nuitées et provenait essentiellement des pays voisins et /ou frontaliers : la Belgique, les Pays-Bas et

120 Cf. Nancy 2005, le temps des Lumières, le bilan, p.33

121 Cf. J.M Tobelem, op.cit, p.139.

122 L'initiative du label « ambassadeur 2005 » revient à la Chambre de commerce et d'industrie, qui l'avait déjà testé en 1999.

123 Cf. Nancy2005, le temps des Lumières, le bilan, p.35.

l'Allemagne qui représentent 45% du total des étrangers, le Royaume Uni en représente 17,5%124.

D'où également la nécessité de travailler avec les tours opérator pour faire des forfaits. La contribution économique d'un groupe est plus importante parce qu'elle a un effet multiplicateur : 50 personnes dans un bus sur une seule place de parking, 50 nuits d'hôtels, 50 repas, 50 petits déjeuners, 50 entrées pour une exposition et/ou un spectacle... mais aussi parce que l'effet économique pour la ville est beaucoup plus mesurable qu'un visiteur individuel qui peut venir dans la famille ou chez des amis par exemple. Selon l'enquête IFOP, les événements « ont également permis à près d'un tiers des interviewés (31%), (...), d'accueillir de la famille ou des amis. »125. L'office de tourisme a tout de même accueilli 449 611 visiteurs individuels en 2005 contre 208 877 sur la même période en 2004. - A titre de comparaison, l'affluence moyenne à l'office de tourisme estimée entre mai et juillet 1999 durant l'Année de l'école de Nancy ; pour la même période en 2005, ce chiffre s'établissait à 1714 visiteurs quotidiens.126_ Il est ainsi nécessaire d'anticiper ces prévisions statistiques et d'avoir les équipements matériels suffisants pour accueillir autant

d' « invités ».

Le concours d'infrastructures de transport s'annonce nécessaire, d'une part pour amener des visiteurs, potentiels consommateurs, dans la ville. D'autre part, pour qu'ils

puissent se rendre d'un point à un autre, une fois arrivés. Ainsi, la ville et la CommunautéUrbaine mettent en place des tarifs spécifiques pour les bus et le tramway pour les

visiteurs. Et si les tendances urbanistiques françaises sont à la piétonisation ainsi qu'à une circulation moins dense, on est en droit de penser que l'installation des vélostan'lib® fin 2008, sur le même principe que les Vlove® de Lyon ou les Vélib'® de Paris, pourrait faire l'objet d'offres promotionnelles aussi pour 2012. De même, la SNCF, contribue également à faire venir des visiteurs à Nancy. Nous l'avons vu, d'une part grace à l'impression de pochettes de billet distribuées en France mais également en proposant des offres promotionnelles spécifiques à l'événement. On peut imaginer que la SNCF renouvellera en 2012 le même type de réductions au niveau national qu'elle a proposé lors de l'arrivée du

124 Cf. Nancy 2005, le temps des Lumières, le bilan, p.33.

125 Cf. Etude IFOP, op.cit, p.12.

126 Cf. Nancy 2005, le temps des Lumières, le bilan, p.31.

TGV en Lorraine ou pour l'ouverture de Beaubourg à Metz, comme au niveau régional avec des offres à la journée pour les ter.127

En outre, les travaux de réhabilitation des bâtiments et des monuments historiques effectués à travers la ville, menés dans la mesure du possible, en fonction de l'état du monument, donc pas nécessairement liés au tourisme, génèrent à la fois du chiffre d'affaires pour les entreprises locales ainsi que des emplois indirects.

La ville, comme les acteurs de l'économie locale ont chacun des intérêts latents dans ce type d'opérations. Les commerçants, restaurateurs, hôteliers... ont tout avantage à s'intéresser aux fondements culturels de l'événement et à faire graviter des animations prolongeant les événements, parce qu'elles sont susceptibles d'accroître de façon notable leurs propres chiffres d'affaires tandis que la ville et la Communauté Urbaine, instigatrices du projet ont plutôt un rôle d'« effet de levier ». Excepté les ressources financières qu'elles sont susceptibles de percevoir, elles attendent également des retombées d'un autre ordre.

2. Les retombées symboliques

La rentabilité d'un événement est objectivement mesurable par les chiffres, mais aussi par des retombées plus immatérielles, difficilement quantifiables. Il existe des « bénéfices non financiers » à savoir les bénéfices en termes d'image. 128 L'image est à la fois véhiculée par les médias mais aussi grâce au tourisme.

Les opérations de communication comme les timbres ou les pochettes SNCF à l'effigie de Nancy, les apparitions répétées dans les médias par une pression de l'image et du discours permettent à la ville d'atteindre une certaine visibilité lisible, non seulement à l'intérieur du territoire, mais aussi à une échelle plus conséquente comme le révèle l'enquête IFOP :

« La notoriété des événements phares de la place Stanislas s'avère presque
unanime : 98% des personnes interrogées déclarent en effet avoir entendu

127 Si l'opportunité du TGV est intéressante dans la mesure où elle crée un gain de temps et une praticité notoire, on peut aussi déplorer un éventuel manque à gagner pour l'économie locale, avec certes des visiteurs pour les expositions, spectacles, colloques, débats... sans ou avec peu de consommations connexes et d'effets induits pour la ville.

128 Cf. C. Origet Du Cluzeau, « Le patrimoine comme détonateur du développement local », p.20-22

parler de la rénovation de la place et des sa piétonisation, 95% de la vente des anciens pavés et 87% du spectacle d'inauguration. Les grandes expositions en lien avec le temps des Lumières bénéficient elles aussi d'une très forte mémorisation (75%). En revanche, la connaissance des autres manifestations s'établit à un niveau minoritaire, bien que non négligeable, tant concernant le banquet des Lumières et l'opération « Tous à la barre » (45%) que les débats, les rencontres et les colloques (41%). »129

L'importance et l'attractivité de la ville sont renforcées par la fréquence à

Cette visibilité de plus en plus présente sur une étendue relativement large, contribue à l'extérieur, à accroître la notoriété de la représentation que l'on se fait mentalement de la ville. Si en 2003130, la ville de Nancy bénéficie d'une image neutre dans la représentation qu'on se fait d'elle, les opérations de communication tentent de casser cette image dépréciée. Les habitants de la ville et de la Communauté Urbaine sont d'ailleurs conscients de l'image qui peut être véhiculée par le biais de ces rendez-vous puisque « ces événements symbolisent également la vitalité de la région, 84% estimant qu'ils renvoient l'image d'un territoire dynamique et en pleine évolution (dont 38% « tout à fait ») ». 131

laquelle on parle de ces événements dans les médias. Une présence médiatique récurrente suscite pour la ville critiques et louanges pouvant animer la curiosité de potentiels touristes voulant constater ces jugements de valeur sur place.

Par les flux qu'il va entraîner, l'événement va nécessairement avoir un impact sur les habitants. Outre leur participation endogene à l'événement qui peut leur conférer une certaine fierté confortée par un sentiment identitaire qui les fédère ; le métissage et les échanges résultant du tourisme peut leur donner (ou redonner) un regard neuf sur la ville et sur eux-mêmes. Ni le regard des touristes, ni celui des habitants ne sont neutres. Pourtant, là où le touriste découvre un élément spécial auquel il appose une valeur132, l'habitant y voit un élément banal de son quotidien. Le touriste arrive chargé d'un imaginaire133 qui le conditionne par des représentations collectives - souvent idéalisées - ou personnelles du lieu. La venue de touristes, par le biais d'animations qui réinventent les lieux, va permettre

129Cf. Etude IFOP, op.cit, p.9.

130 Image externe de Nancy et du Grand Nancy, résultats des phases qualitatives et quantitatives, Sociovision, Cofremca, document inédit, 2003.

131 Cf. Etude IFOP, op.cit. p.10

132 Ce que Nathalie Heinich (article « exposition dans Encyclopédie Universaelis) dénomme pour les expositions, la fonction esthétique.

133 Cf. J-Paul Seloudre, « Les fonctions du regard touristique. Peut-on parler d'une « médiation touristique » ? » pp.67-82

aux habitants de se réapproprier leur patrimoine et leur ville et d'y apporter un regard neuf et positif.

Le bienfait de l'événement peut se mesurer également aux souvenirs et à la pérennité intellectuelle qu'il va léguer à la postérité. On l'a vu, les débats d'idées et les colloques s'efforcent de s'ancrer dans des débats contemporains, ce dont témoigne d'ailleurs le bilan de « Nancy 2005, le temps des Lumières » :

« (...) il s'est agi de proposer à partir des valeurs apparues au siècle des Lumières, un regard et une réflexion sur le monde contemporain, dans un équilibre entre des moments forts populaires et un travail de fond sur l'identification et la mise en débat des relations entre les Lumières d'hier et celles d'aujourd'hui »134

Si l'événement est bien mené, il est probable qu'il laisse un souvenir mémorable dans les esprits de ceux qui ont participé. Comme le veut la locution latine : « verba volant, scripta manent », la pérennité de l'événement est donc assurée a minima par les publications de catalogues d'expositions et d'actes de colloque ou sur des supports immatériels (CD, sites Internet...) que tout un chacun peut se procurer, sans forcément avoir participé à l'événement d'ailleurs. A ce titre, on pourrait lister tous les catalogues d'expositions et actes de colloques. Une publication peut toutefois retenir notre curiosité, dans la mesure où elle conscientise clairement cette volonté de pérennité, d'héritage à transmettre. Un Bottin des Lumières a été édité « pour comprendre notre modernité » et garder une trace palpable des actions menées lors de l'événement dont témoigne sa présentation :

« Grâce au talent et à la perspicacité des auteurs qui se sont ralliés à ce projet, convaincus comme nous de sa nécessité et de sa vertu pérenne, nous avons pu élaborer ce Bottin pour donner au lecteur (...) l'occasion de partir de quelque part dans le passé pour aller, ailleurs, vers une compréhension nouvelle du présent. Inversement ce présent qui nous habite tous, nous a donc fourni le point de départ d'une réflexion que l'histoire, sur laquelle nous nous penchons, vient informer ».

134 Cf. « Nancy 2005, le temps des Lumières », le bilan, op.cit. p.14.

Si certains peuvent y voir une trop forte « logique de conservation patrimoniale »135, la retranscription des savoirs et idées débattus lors d'un colloque ou d'une exposition pourront soutenir les futures recherches portant sur des questions similaires.

De ces événements, certaines traces ont une incidence dans la ville, puisqu'elles demeurent. Ainsi, aujourd'hui on peut déambuler ou circuler dans Nancy, avec des panneaux indicatifs qui ont été installés pour l'occasion signifiant les espaces XVIIIe de la ville. De même, la restauration des bâtiments reste visible, pour plusieurs années au moins.

Néanmoins, les grands événements permettent également la création de projets intellectuels durables s'interrogeant sur l'avenir. Cette aspiration s'inscrit déjà dans le projet « 2012, Nancy Renaissance » comme en témoigne le préambule : « Mais il s'agira également (...) par « effet miroir », de nous interroger sur le monde d'aujourd'hui et surtout sur le monde de demain. »136. En 1999 et 2005, plusieurs initiatives ont été lancées :

ARTEM est un projet de campus lancé en 1999 - qui ouvrira ses portes en 2012 - partagé entre trois grandes écoles : l'Ecole Nationale Supérieure des Arts de Nancy, l'Ecole Nationale Supérieure des Mines de Nancy et ICN Business school. Le projet s'inscrit dans la lignée de l'école de Nancy en voulant réinstaurer une collaboration entre ces domaines :

« A la fin du XIXe siècle, l'Art Nouveau marquait la fusion de l'art et du commerce tandis que les créateurs ancraient les arts dans l'age industriel. L'école de Nancy fondait quant à elle, l'Alliance provinciale des industries d'Art, domaines jusqu'alors incompatibles. (...) Un siècle plus tard, Nancy voit naitre le projet ARTEM, déclinaison contemporaine de ce mariage des Arts, de la Technologie et du Management »137

On est ici en présence paradoxale d'une actualisation - qui rend le passé atemporel lui conférant une « puissance de contemporanéité » -138et d'une réflexion prospectiviste.

135 Cf. H-P Jeudy, op. cit. , pour qui la conservation en devenant une « affaire urgente », tend à faire du patrimoine actuel un patrimoine perçu uniquement dans la perspective de sa perte.

136Cf. « Nancy 2005, le temps des Lumières », le bilan, op.cit., p.2.

137 http://artem.inpl-nancy.fr

138 Cf. H.P Jeudy, op.cit, p.76. H.P Jeudy dénonce également l'impossibilité de rendre le passé contemporain par l'unique volonté de remémoration.

Art Nouveau Network est un réseau européen de coopération pour l'étude, la sauvegarde et la mise en valeur de l'Art nouveau tant pour les professionnels que pour le grand public mis en place en 1999. Nancy a participé à la constitution du réseau et partage les actions menées. 139

« Science, Innovation et société « (SIS) dont la volonté est de développer des programmes de culture scientifique et technique pour le plus grand nombre. Différentes instances n'aspirant pas aux mêmes objectifs scientifiques140 répondent à une charte d'objectifs partagés141 , se réunissent tous les mois pour travailler ensemble et publier un catalogue semestriel. Les conférences sur les sciences que le groupe réalise sont filmées et diffusées sur France 5. Il existe également un partenariat avec France 3 Lorraine-Champagne Ardennes pour l'émission : « Heureux qui communique la science » à laquelle certains scientifiques nancéiens participent. Devant le succès des conférences, la Communauté Urbaine du Grand Nancy a programmé l'ouverture d'un site Internet spécifique « Grand Nancy sciences » pour l'automne 2010. Cette volonté de pérennité est réitérée dans le préambule de la charte des objectifs partagés, de même que les effets symboliques attendus pour le grand événement :

« Considérant que la diffusion de la culture scientifique et technique constitue un enjeu de société majeur permettant au citoyen de mieux comprendre le monde dans lequel il vit et de mieux appréhender les défis de demain ;

Considérant que Les signataires de la charte d'objectifs partagés ont des intérêts communs dans le domaine de la production des savoirs en termes de dynamique socio-FcRQRP ITM eN culNurelle, eN OLNNILENiAINF de l'agglomération de Nancy ; (...)

Considérant qu'un ensemble d'acteurs qui produisent, soutiennent ou
diffusent la connaissance scientifique, se sont mobilisés autour des valeurs

139 Le réseau concerne les villes possédant un riche patrimoine Art Nouveau. L'initiative du réseau dépend du service des monuments et des sites de la Région de Bruxelles-capitale. Pour plus de détails, cf. www.artnouveau-net.eu et www.ecole-de-nancy.fr

140 Nancy-Université, Le Centre National de la Recherche Scientifique, L'Institut National de l'Information Scientifique et Technique, L'Institut National de Recherche en Informatique et en Automatique, L'Institut National de la Santé Et de la Recherche Médicale, L'Institut National de Recherche Agronomique, La Délégation Régionale à la Recherche et à la Technologie, Le Rectorat de l'académie Nancy-Metz, Le Centre Hospitalier Universitaire, Le Centre Régional de Documentation Pédagogique, L'Institut de Formation des Maîtres, Le Conservatoire national des arts et métiers en Lorraine et la Communauté urbaine du Grand Nancy.

141 http://www.grand-nancy.org/fileadmin/kiosque/charteop_cst_2006.pdf

d'humanisme et de partage des savoirs dans le cadre de la célébration de « Nancy 2005, le temps des Lumières » ;

Considérant que les mêmes acteurs souhaitent s'investir de manière pérenne142 au service de ces valeurs en agissant ensemble pour opposer l'éveil des consciences à l'obscurantisme ; (...) »

Ces initiatives ont toujours cours et constituent les prolongations de l'événement. On peut constater que, de sa conception à sa réalisation, le maximum est fait pour rassembler les fonds nécessaires à l'événement, diffuser son information afin qu'il soit, dans la mesure du possible, amorti. On peut désormais s'interroger sur le fondement intellectuel de l'événement, en se concentrant sur les relations qu'entretiennent décideurs politiques et professionnels de la culture qui opèrent ensemble à la réalisation du projet.

III. Les acteurs locaux : une confrontation ?

A. Le regard des élus

1. Instrumentaliser la culture ?

Il semble que le choix émanant en première instance d'une « logique des idées »143 de la part des élus, qui répondent à leurs propres exigences, où la culture est envisagée comme une fin en soi pour la ville, puisse être contestable dans la mesure où ce choix peut s'apparenter à une instrumentalisation de la culture. Cette instrumentalisation découlant des retombées induites par l'événement qui ne sont pas explicitement dévoilées lors de l'annonce de celui-ci. Ces objectifs sont de l'ordre de l'impact en termes d'image et de développement. Même si ce bénéfice est difficile à mesurer statistiquement, tous les acteurs de la ville sont unanimes sur l'importance qu'a l'image médiatique et symbolique sur le développement économique. « 74% [des résidents de la Communauté Urbaine] estiment qu'ils [les événements] ont mobilisé l'ensemble des acteurs politiques, économiques et culturels de la région »144. Si l'on en croit Alain Faure145, « chaque collectivité souhaite, (...), acquérir sur le plan culturel des lettres de noblesse (rayonnement artistique, renommée sportive, patrimoine architectural) afin de promouvoir

142 C'est nous qui soulignons.

143 Cf. F. Lucchini, op.cit, p.44.

144 Cf. Etude IFOP, op.cit, p.16.

145Cf. A. Faure, « Les élus locaux à l'épreuve de la décentralisation », Revue française de science politique, 44 (3), 1994, pp.462-479. Cité p.145 par F. Poulard, op.cit.

conjointement les atouts de l'identité géographique et les impératifs de la vitalité socioéconomique. ». Dans le cas de Nancy, il s'agit d'établir une image de marque renouvelée en restant fidèle à son histoire, à son patrimoine et aux valeurs qui lui ont permis de se construire telle qu'elle nous apparaît aujourd'hui, plutôt que s'installer dans une compétitivité avec d'autres villes du Grand Est, ce que manifeste le maire :

« Nancy a fait le choix depuis un certain nombre d'années, et notamment en 1999 lorsqu'a été organisée l'année de l'Ecole de Nancy, d'utiliser sa richesse patrimoniale et culturelle pour faire parler d'elle. (...) Nous faire connaître à partir de ces références, c'est garantir l'attractivité du territoire ". 146

Il s'agit d'apporter un « plus " aux services traditionnels que proposent la ville et la Communauté Urbaine par le biais d'une animation spéciale, qui contribue à rassembler toutes les instances de la ville, toutes tendances politique et sociale confondues. On peut croire qu'il s'agit de coups médiatiques qui font événement uniquement en attirant un public extérieur qui diffuse aussi l'information. Cependant, on peut observer dans ces manifestations une certaine tendance à mélanger des éléments étrangers à la culture. La politique culturelle de la ville intervient « comme résultat de choix, élaborés en amont, à partir des motivations des acteurs urbains en terme de domaines culturels plus implicitement, ces choix relèvent de stratégies politiques liées à la perception de la notion de culture "147. Ainsi, par l'action d'urbanisation et de piétonisation menée avec la rénovation de la place Stanislas et des espaces du XVIIIe siècle, il s'agit aussi pour la ville et la Communauté Urbaine de faire converger des éléments culturels en rapport direct avec cette restauration. Il s'agit d'une stratégie d'urbanisation globale et non d'appositions d'événements culturels aux équipements déjà en place portée par une volonté et un consensus politique fort.

2. Dérive vers le « tout commercial »?

Ainsi, on peut voir des détournements vers un « tout-commercial " au travers d'éléments dérivés de l'événement. En effet, lors de ces manifestations, outre les

146 Cf. N. Descendre, Le Bottin des Lumières, p.8.

147 Cf. F. Lucchini, op.cit, p.5.

publications éditoriales, les cartes postales des oeuvres exposées et les actes de colloque, plusieurs produits dérivés avaient été édités à l'initiative de l'office de tourisme. On se situe dans une « logique de production » où l'investissement consenti par la ville et la Communauté Urbaine vient consolider le tissu économique du territoire en cherchant à stimuler l'emploi et en favorisant l'apparition de produits dérivés.148 Ainsi en 1999 et 2005, on pouvait se procurer des savons à l'effigie de l'année à theme dont il était question, avec un packaging Art Nouveau (Le savon Majorelle®) ou en forme de pavé aromatisé à la bergamote149 (Le Pavé de Nancy®), une bière spéciale inspirée de recettes du XVIIIe a été produite pour le musée français de la brasserie de Saint-Nicolas de Port150, de même on peut s'interroger quant à la légitimité des broches, des « pains des Lumières », des mugs et sous-verres à l'effigie de Stanislas ou des menus inspirés du XVIIIe dans la mesure où l'on fait un usage commercial d'un événement patrimonial et culturel. Certes, ces éléments contribuent aux recettes de l'événement et éventuellement à couvrir des pertes. Dans la mesure où ceux-ci s'étendent sur une ligne de produits vendus entre un et soixante euros, c'est à dire d'une « valeur transactionnelle »151, accessible à tous, on suppose que leur coût de production est moindre pour une plus-value qui a des conséquences pour l'économie locale. On peut ainsi parler de produits d'appel culturel. A titre indicatif, les ventes de la boutique de l'office de tourisme s'élèvent à 336 729€ pour 2005 contre 155 054€ en 2004. Pour les produits dérivés spécifiques : les ventes, échelonnées de 2004 à 2005, se sont élevées à 60 465€.152. Certains produits référencés parmi ceux vendus à l'office de tourisme, sont mis en vente dans les musées. Les conservateurs des trois musées paraissent sceptiques quant à l'idée sans nécessairement l'évoquer comme tel :

« La boutique est gérée par la RMN, c'est donc une délégation de service public sur laquelle nous n'intervenons pas. » ;

« Il arrive, pour certaines expositions, que nous mettions en vente des objets créés spécifiquement pour l'occasion. Pour ceux qui sont en vente ailleurs qu'au musée, il me paraît indiscret d'avoir à donner un avis personnel, quel qu'il soit. » ;

148 Cf. F. Lucchini, op.cit., p.136. Françoise Lucchini réemploie les idées de G.Roussel dans La décentralisation culturelle ou la démocratie difficile, Après Demain, 1990.

149 La bergamote est , avec les macarons , une des spécialités de Nancy.

150 La ville ne dépend pas de la Communauté Urbaine du Grand Nancy. Elle se trouve à 15km de Nancy. 151Cf. J. Cam, « La boutique de musée, un vrai métier à appréhender avec pragmatisme», pp.56-57.

152 Cf. « Nancy 2005, le temps des Lumières », le bilan, p.32.

« En 1999, de nombreux produits dérivés ont été créés par la Mission Ecole de Nancy et vendus au MEN mais depuis, nous avons limité ces derniers car nous n'avons pas le budget et le personnel pour leur réalisation. "153

Toutefois, la mise en vente de produits ne fait pas l'unanimité. D'une part parce que certains opposants du maire ont déposé en 2005, leur marque « Place Stanislas "154, par provocation et pour tenter de limiter l'impact des produits édités sous couverts de l'office de tourisme, dont la municipalité et la Communauté Urbaine avaient la responsabilité. En outre, on peut penser que si le patrimoine devient une valeur marchande, il perd sa valeur symbolique155ou faire perdre l'essence festive des éléments en les transformant en des attractions touristiques156. Certains157 ont réagi vivement contre les municipalités de Nancy et Saint-Nicolas de Port qui ont déposé - en prévision de 2012 - à l'INPI les quatre marques158 : « Saint Nicolas ", « Le marché de la Saint Nicolas ", « Les fêtes de la Saint Nicolas " et « La fête de la Saint Nicolas " se prévalant de la notion de patrimoine commun, d'autres parlant d' « une vision boutiquière d'un patrimoine culturel commun à tous les Lorrains " ou encore que les termes déposés sont « dépourvus de caractère distinctif au regard des produits et services visés dans leur dépôt et ne peuvent donc être déposés au titre de marque en France ". Certaines villes ont eu peur de ne plus pouvoir célébrer la fête de St Nicolas ailleurs en Lorraine, en étant obligées de demander à Nancy et Saint-Nicolas de Port l'autorisation la fêter, mais aussi de la voir dériver en une fête purement commerciale.159

Les institutions culturelles ne voient pas toujours d'un très bon oeil l'association entre culture et tourisme. Le tourisme étant considéré comme produisant un usage instrumental de la culture, mettant en scène un exotisme non fidèle au message des lieux. De même, on voit en lui, par la massification qu'il peut générer, la création de nouveaux problèmes ou contraintes telles un manque de responsabilités face aux oeuvres des musées

153 Entretiens téléphoniques et e-mail des 3 conservatrices.

154 Sur la base des marques de l'Institut National de la Propriété Industrielle, on trouve 3 marques « Place Stanislas ", déposées en 2004. Cf. http://bases-marques.inpi.fr/

155 Cf. H.P Jeudy, op.cit ,p.12

156 Cf. L.Botti, N. Peypoch, B.Solonandrasana, « De la relation entre politique événementielle et attractivité touristique ", p.30.

157 Cf. Annexes 2, 3 ,4.

158 Cf.Annexe n°5.

159 Rien n'empêche cependant de ne pas constater de relation directe entre la Saint Nicolas et la Renaissance. En outre, par la récupération qui en a été faite aux Etats-Unis avec le Père Noël, on peut y voir un usage commercial amorcé depuis plus longtemps...

et au patrimoine, de nouveaux enjeux de conservation à mettre en oeuvre, des nouvelles documentations à fournir, des modifications d'horaires d'accueil mais aussi des changements de communication et d'information ou des tarifs préférentiels à procurer. Cependant, « il est incontestable, en effet, que le développement touristique est producteur de ressources ; correctement administrées, celles-ci peuvent bénéficier directement aux institutions du patrimoine et aux communautés parmi lesquelles elles se trouvent. »160 Ressources économiques dans un premier temps puisque ces produits apportent aux musées, à l'office de tourisme et plus globalement à l'économie locale, des moyens pécuniaires. Pour le musée, ces produits peuvent être une source d'autofinancement. En outre, « en achetant un produit dérivé, (...), le visiteur communique, exporte et commercialise le musée sur son lieu de résidence »161. Le souvenir, matérialisé par un objet, s'avére nécessaire. Petits et grands se contentent de ce genre d'achats complémentaires qui, d'une certaine façon, prolongent la visite. Ce que Joël Cam dénomme la « valeur expérientielle » de la visite.162. Les enfants y décèlent souvent une remémoration voire une réminiscence grace à l'objet, perçu comme un de leurs trésors, qui leur permet de matérialiser leur venue au musée. L'objet n'est pas toujours un gadget, ce peut être un livre, qui de fait apporte une valeur pédagogique au produit dérivé. Le phénoméne n'est pas forcément nouveau dans les musées, même s'il n'est pas autant exploité que dans les musées anglo-saxons ou américains, où les cohérences entre le musée et l'objet ne sont pas toujours des plus aisées ! On peut penser que si l'on s'inspire de ce modéle et que l'on réitére d'un grand événement à l'autre, c'est aussi parce qu'il compte parmi les retombées symboliques citées précédemment. L'objet crée une permanence dans le quotidien des « visiteurs consommateurs » (« la valeur relationnelle »163), permettant à chacun d'eux de le communiquer à autrui par son exhibition et par là même de lui proposer son propre regard (« la valeur aspirationnelle » 164).

160 Principe n°1 de la proposition pour une charte des principes pour les musées et le tourisme culturel,

ICOM. L'ICOM est d'ailleurs une instance qui permet de nuancer les désaccords entre tourisme et culture

par un certain pragmatisme.

161 Cf. M.C Grasse, « Indispensable mais mal aimée, la boutique de musée », p.7.

162 Cf. J.Cam, op.cit., p.56-57.

163 Ibid.

164 Ibid.

3. Une « politique paillette » et une ingérence dans le contenu

scientifique?

En rassemblant un public extérieur, on peut croire qu'il s'agit d'un effet « m'as-tu vu », nécessaire uniquement pour assurer la visibilité et sa Communauté Urbaine à une dimension plus importante que l'échelon local. Cependant, l'événement mobilise en premier lieu les Nancéiens et assimilés. De même, on peut croire qu'il s'agit du « fait du prince », car il est vrai « (...) il n'y a pas de projet sans l'accord et le soutien sans faille d'un maire et ce, quel que soit le rôle respectif de lobbying qu'ont pu jouer d'autres protagonistes. C'est en effet lui qui, en dernier ressort, défend le projet devant le conseil municipal et en assume la responsabilité devant les électeurs »165. En outre, il ne s'agit pas d'une politique décidée sur un coup de tête. Si les élus qui prennent souvent les initiatives culturelles « n'en maîtrisent pas toujours les contenus, les logiques propres et surtout les rythmes »166on l'a vu, par la gouvernance mise en place, il s'agit de laisser cours à une gestation du projet comme le rappelle André Rossinot :

« Vous permettrez simplement à l'homme public que je suis de rappeler qu'il s'agit là du fruit d'une démarche réfléchie, préparée, qui a mis du temps à s'enclencher. Et il s'est avéré nécessaire de fédérer bien des énergies et des bonnes volontés pour disposer des moyens que cela suppose. »167

On le voit pour le projet Renaissance de 2012, la genèse du projet remonte à 2007. Le processus se met en marche également par des automatismes de travail communs récurrents. En outre, si tous les dynamismes de la ville se « croisent »168 : universitaires, conservateurs de musées, scientifiques, sociologues, philosophes, hommes politiques, office de tourisme, commerçants, restaurateurs, hôteliers et habitants, c'est le fruit d'une volonté politique qui cherche à plaire au plus grand nombre et pour ce faire, se justifie en associant tout le monde à l'événement, dans un souci de transparence : « Il est donc devenu impérieux et nécessaire d'associer durablement, au-delà de la légitimité politique que donne l'élection, toutes les forces vives d'un territoire aux décisions qui concernent ses

165 Cf. F.Poulard, Les musées de collectivités, les conservateurs et la mise en oeuvre des politiques culturelles, p.143.

166 Cf. C. Origet Du Cluzeau, « Culture, tourisme et développement, les enjeux d'une rencontre » ; p.32

167 Le Bottin des Lumières, p.8-9.

168 Cf. supra, Pierre Rosenberg.

habitants. »169 Dans tous les cas, le risque politique n'intéressera directement aucun des participants, quelque soit la façon dont ceux-ci sont impliqués.

Sans parler de philanthropie puisqu'il s'agit - quoiqu'il en soit - d'un événement qui a nécessairement des retombées palpables et/ou immatérielles, il importe d'utiliser le fait culturel comme source motrice du dynamisme d'une ville et du bien-vivre qui règne au coeur de celle-ci. Si Erhard Friedberg et Philippe Urfalino, parlent de mécénat de la part des élus, on peut en se rapprochant de la pensée de Mauss, l'assimiler à un don de la part du politique. La politique culturelle en mobilisant des actifs culturels, en fait des facteurs d'amélioration du cadre de vie tout en multipliant les retombées économiques. On peut les rapprocher d'une reconnaissance de dette ou d'un contredon des habitants et des acteurs économiques locaux à la prise en charge de l'événement.

Si « la ville gère l'ensemble des équipements en fonction des effets généraux qu'elle attend plus que pour l'attention portée à un domaine particulier »170, pour les musées de collectivités territoriales, la détermination des budgets relève de négociations entre la municipalité et les acteurs culturels. Les élus sont là pour accompagner, discuter de l'opportunité des choix au regard du budget plutôt qu'en matière de légitimité culturelle. Le politique ne se mêle pas du détail de l'exposition. Les élus ne mesurent pas forcément les enjeux de la conservation préventive et/ou de la restauration et ont une façon différente des conservateurs de se projeter dans l'avenir. Ils préfèrent parfois des actions visibles du public, plutôt qu'une action nécessaire mais qui sera connue uniquement « en interne » 171. Si les conservateurs ont autorité totale sur le contenu scientifique qu'ils présentent, ils doivent composer avec le politique qui validera le financement de l'exposition. Les uns comme les autres sont donc obligés de s'entendre pour garantir une bonne marche de leurs établissements au sein d'une politique municipale cohérente. Ainsi, « les élus ont la responsabilité de la politique et de la stratégie tandis que les fonctionnaires ont la responsabilité de la mise en oeuvre ».172 La présence des institutions garantit l'éventualité d'une ingérence trop forte des politiques dans la gestion des musées.

169 Le Bottin des Lumières, p.8-9.

170 Cf. F.Lucchini, op.cit, p.126.

171 Cf. F. Poulard, op.cit.p.196.

172D. Lamarzelle, Le management territorial. Une clarification des rôles entre élus et cadres territoriaux, Paris, Papyrus, 1997 cité par F.Poulard, ibid., P.123

B. Les professionnelles de la culture : directrice des affaires culturelles et conservatrices, garantes des institutions.

1. La directrice des affaires culturelles, une intermédiaire ?

La directrice des affaires culturelles (DAC), Mme Véronique Noël, définit son rôle comme celui d'une « généraliste de la culture »173puisqu'elle travaille avec tous les équipements ayant attrait à la culture, institutionnels comme associatifs. Elle travaille avec les élus, assure une coordination entre les événements culturels et la garantie d'une politique culturelle équilibrée. Elle doit avoir l'initiative de développer des actions qui ne le sont pas. Elle vérifie « l'irrigation culturelle du territoire. »174 De fait, Mme Noël assume une position d'intermédiaire entre la mairie et les acteurs culturels. Elle traduit les exigences de la mairie tout en défendant les intérêts respectifs des acteurs culturels. Ce rôle n'intervient pas uniquement dans la politique de grands événements mais c'est un travail de terrain. Si le rôle de décision d'un grand événement revient aux élus, la coordination de la programmation se fait avec le chef de mission. « La programmation des grands événements n'arrive pas au hasard. Elle est possible parce qu'il y a des habitudes de travail, des discussions régulières entre les professionnels. Un établissement n'est pas seul dans la ville il constitue avec les autres un des acteurs d'une politique culturelle. Celle-ci n'est pas le résultat d'une succession de programmations (tel un mille-feuille) mais bien l'articulation de ces programmations entre elles. L'événementiel est un objectif parmi d'autres. Cela ne "s'impose" pas aux professionnels. C'est un temps fort qu'ils intègrent dans leurs projets. »

173 Entretien téléphonique avec Mme Véronique Noël le 11/03/2010.

174 Entretien téléphonique avec Mme Véronique Noël le 11/03/2010.

Ainsi, dans ces temps forts, la DAC joue un rôle renforcé de coordinatrice auprès des conservatrices afin d'assurer une programmation harmonisée, mais aussi de médiation pour garantir la diversité la plus complète.

2. Les conservatrices, scientifiques dans une « tour d'ivoire » ?

L'événement est donc une ouverture sur le travail permanent que fournissent les conservatrices au musée. Chaque musée de France, depuis la loi Musées de janvier 2002, se doit de respecter des règles. On pourra constater ci-après, que le grand rendez-vous possède un effet accélérateur et renforce ces missions.

(1) « Conserver, restaurer, étudier et enrichir les collections » 175

Selon Mme Chavanne, conserver et travailler sur les collections fait partie intégrante du métier de conservateur. Elle considère toutefois que c'est une tache quotidienne et que c'est au professionnel de savoir concilier son travail quotidien avec des travaux ponctuels. « Conserver pour conserver n'a pas de sens. Conserver, c'est donc tisser des liens avec hier, aujourd'hui et demain, avec tous ceux qui ont été ou seront des témoins ou des acteurs, non plus de simples visiteurs ». 176 Ainsi, par des expositions temporaires, on peut éviter l'écueil des musées qui consiste à conserver un « patrimoine mausolée » sacralisant le passé sans s'interroger sur le présent.177 Chacune des conservatrices n'a pas vu d'objections à monter une exposition sur une thématique événementielle, dans la mesure où elles ont réussi à le concilier avec les tâches permanentes du musée. Ainsi, lors de l'entretien téléphonique avec Mme Chavanne, elle m'expliquait que dès son entretien d'embauche (en 2000), il était question de préparer « Nancy 2005, le temps des Lumières » et une des questions qui lui avait été posée d'emblée consistait à savoir combien de temps elle souhaitait rester à Nancy. La préparation de « Nancy 2005, le temps des Lumières », ne lui empêchait pas outre l'intérêt porté aux collections permanentes, de monter six expositions par an et de se consacrer à des tâches plus administratives.

175 Article L.441-1, Livre IV, titre IV, Code du patrimoine.

176 Cf. S. Grange, « Le territoire du conservateur », Musées et collections publiques de France, n°221-222, décembre 1998-mars 1999, p.103.

177Cf. F.Thorel, « Patrimoine mausolée, patrimoine valeur refuge, patrimoine citoyen », Musées et collections publiques de France, n°221-222, décembre 1998-mars 1999, pp.105-106

Les événements ont eu également un effet accélérateur sur la restauration des collections, non seulement dans les musées mais aussi sur le patrimoine. Ainsi tous les espaces du XVIIIe siècle de la ville outre la Place Stanislas, les Places de la Carrière et Sainte Catherine, les églises Saint-Sébastien et Notre-Dame de Bonsecours et le salon carré de l'hôtel de ville ont été restaurés sous l'impulsion du Comité Patrimoine et Projets urbains. De même, toutes les collections XVIIIe du Musée des Beaux Arts ont été rénovées.

Par les moyens considérables qui sont engagés, il devient possible de mener des chantiers de grande ampleur, ainsi, Mme Thomas m'avouait que :

« En 1999 pour l'Année de l'Ecole de Nancy, j'ai essayé que le musée profite au maximum de cet évènement pour obtenir des budgets et des travaux qui étaient reportés depuis des années. »178 « Les collections permanentes ont cependant été rénovées par la pose de nouvelles tentures et l'amélioration de l'éclairage et de l'électricité. Deux opérations importantes ont été menées. L'une concerne la rénovation du jardin (...), la restauration de trois édifices situés dans ce jardin, l'aquarium classé monument historique, le monument funéraire de Mme Nathan et l'installation de la porte des ateliers Gallé.179 »

Ces événements sont donc aussi l'occasion d'étudier les collections qui sont à disposition, parfois oubliées dans les réserves ou mal connues parce que en mauvais état, avant d'emprunter à d'autres musées. Dans cette optique, par les moyens mis en place lors de « l'Année de l'Ecole de Nancy », la conservatrice du Musée de l'Ecole de Nancy affirme que l'opération a permis de multiplier une politique d'expositions temporaires mais aussi de renouveler l'exposition des collections permanentes. Depuis 1999, on distingue au Musée de l'Ecole de Nancy, deux types d'expositions :

- Les expositions dossiers qui sont constituées sur les fonds propres du

musée avec pour vocation d'apporter un éclairage nouveau sur un theme précis. Celles-ci ont une récurrence annuelle.

- Les expositions temporaires s'appuyant sur des prêts et collaborations

mais aussi sur les fonds propres. Celles-ci avaient été quelque peu laissées
à l'abandon depuis 1993. Le musée n'avait d'ailleurs bénéficié que de sept

178 Mme Valérie Thomas, conservatrice du MEN, mail du 12/03/2010

179 Cf. V. Thomas, op.cit, p.37.

expositions temporaires180 depuis son ouverture en 1964. Depuis 1999, deux expositions temporaires sont en moyenne présentées chaque année.

On voit dès lors qu'un tel événement peut impulser un nouvel an au sein de la vie d'un musée. Il est important que le musée ne se repose pas sur ses acquis laissant ainsi au visiteur l'image d'un musée poussiéreux du XIXe siècle. Au regard des publications établies lors des expositions temporaires des deux autres musées, on peut remarquer que cet élan avec un développement important en 1992 annonçant une croissance exponentielle et intense des expositions temporaires.181

Ainsi, par la même occasion, on peut procéder à l'inventaire ou au récolement. Ce qui constitue également un enrichissement pour les musées, puisque c'est une façon d'envisager l'exposition future des collections permanentes. Ainsi, Mme Thomas n'est « pas certaine que le MEN participera à l'opération Renaissance car nous avons d'autres priorités (Récolement qui est une obligation légale) qui ne rentrent pas dans ce cadre. »182Qui plus est, il est difficile, contrairement à 2005, de voir un héritage de la Renaissance dans l'Ecole de Nancy. Parallèlement, le Musée Lorrain numérise, dresse un inventaire systématique des collections qu'il restaure pour 2012 depuis 2005.183 La nécessité de concentrer toutes les énergies disponibles en un temps très court remet en cause l'habitude des modes de fonctionnement des musées. Tout le monde met l'énergie dans le même sens pour arriver à un résultat qui fait consensus. Ainsi, si les musées de Nancy coopèrent toujours - pour des sujets qu'ils peuvent avoir en commun-, que ce soit dans le cadre de grandes manifestations culturelles ou d'expositions de moins grande envergure.184 Une pérennité des relations inter muséales apparaît plus visible depuis « l'année de l'école de Nancy ». Ainsi en 2007, la ville de Nancy a proposé d'aborder la thématique du verre à l'occasion de l'exposition Luxembourg - Grande Région, capitale européenne de la culture avec des financements moins conséquents que pour 2005 ou

180 Cf. Annexe n°6.

181 Ce relevé n'est pas établi scientifiquement avec une grille d'étude. Il se fait par le relevé des années des catalogues d'expositions déposés à la Bibliothèque nationale de France. Malheureusement, ces deux musées répondent à la communication institutionnelle et ne disposent pas, à la différence du Musée de l'Ecole de Nancy, d'un site web consacré. Ainsi, on ne trouve pas d'archivage des expositions temporaires passées mais uniquement la programmation événementielle à venir.

182 Mme Valérie Thomas, mail du 12/03/2010

183 Eric Moinet dans F.Roze (dir.), Saint-Nicolas et les Lorrains, entre histoire et légende, Nancy, Musée Lorrain, 3 décembre 2005-27 février 2006, Metz, Editions Serpenoise, 2005, p.11

184Mme Roze, Conservatrice au Musée Lorrain, Mail du 26/03/2010.

1999. De même, avec le trio d'expositions sur Victor Prouvé en 2008. Comme le rappelle Mme Thomas : « cela se fait uniquement lorsque le sujet ou les collections des musées s'y prêtent, cela n'est pas fait systématiquement. ». Mme Noël mentionne toutefois que si ce n'est pas la déclinaison d'un sujet dans les trois musées sur une même période, les musées se concertent pour assurer une offre régulière d'expositions temporaires répartie sur l'année. D'ailleurs, cette collaboration régulière permet aussi de faciliter les prêts entre musées. Ce que mettait en exergue Mme Chavanne pour l'exposition « De l'esprit des villes » qui a fait l'objet de prêts nombreux du Musée Lorrain. En outre, de nouvelles réserves suite à la rénovation du Musée Lorrain185vont être communes à l'ensemble des six musées de l'agglomération nancéienne, ce qui peut leur permettre de coopérer plus facilement lors de prêts. La rénovation des bâtiments permettra l'ouverture de nouveaux espaces afin de devenir « le musée de tous les Lorrains » en répondant aux missions muséographiques contemporaines.

Par ailleurs, les musées ne restent pas figés, sans faire d'acquisitions. Le Musée Lorrain a pu acquérir le trésor national de Pouilly sur Meuse en vue de l'événement Renaissance. Le Musée des Beaux Arts a poursuivi une politique d'exposition de la production contemporaine dans l'espace permanent par le biais d'acquisition ou de dépôt du Fonds National d'Art Contemporain sans trahir les collections qui sont au musée.186 Le Musée de l'Ecole de Nancy bénéficie quant à lui de l'aide du Fonds Régional d'Acquisition des Musées de Lorraine.

(2) « Rendre les collections accessibles au public le plus large, concevoir et mettre en oeuvre des actions d'éducation et de diffusion visant à assurer l'égal accès de tous à la culture» 187

Le musée est un service public c'est à dire une activité exercée par une collectivité publique en vue de donner satisfaction à un besoin d'intérêt général. On peut penser comme Frédéric Thorel qu'« outre les oeuvres il y a le public ; le premier patrimoine à protéger est le patrimoine humain (...). L'action du musée peut contribuer à restaurer le

185 E. Moinet dans F.Roze (dir.), Saint-Nicolas et les Lorrains, entre histoire et légende, Nancy, Musée Lorrain, 3 décembre 2005-27 février 2006, Metz, Editions Serpenoise, 2005, p.11

186 Entretien téléphonique avec Mme B.Chavanne, le 14/04/2010.

187 Article L.441-1, Livre IV, titre IV, Code du patrimoine.

patrimoine humain, quelquefois ruiné, abîmé, dans nos quartiers ou ailleurs, en faire un public concerné par la sauvegarde d'un patrimoine à partager (
·
·
·.) ".188 Il s'agit en premier lieu du public local. Nous l'avons d'ores et déjà abordé en première partie de ce mémoire. L'élargissement des publics peut aussi se faire grâce au tourisme qui amène un public extérieur, qui ne fréquente pas forcément les musées qui l'entourent quotidiennement. Les musées se sont efforcés pour chaque événement de promouvoir les actions de médiation culturelle et d'adapter leurs discours à tous les types de publics. Les musées ont su s'associer aux projets associatifs d' « aventures partagées » dont le but était d'ancrer un projet mobilisant les acteurs institutionnels dans un quartier de la ville. Ainsi, les associations du Haut du Lièvre, avaient organisées une réalisation d'oeuvres contemporaines de l'exposition « Pour de vrai ". Les Musées des Beaux Arts et de l'Ecole de Nancy disposent, depuis 1999, d'un service éducatif commun. Celui-ci permet alors de sensibiliser les jeunes publics et les adolescents grâce à des visites et animations spécifiques qui leurs sont réservées. Ce service permet également d'accueillir de façon plus encadrée les groupes scolaires. Le service éducatif propose en amont des formations pour les enseignants et des fiches pédagogiques permettant d'anticiper ou prolonger la visite. Pour les publics en groupe, type associations, centres de loisirs, MJC..., ce service offre des thèmes de visite et des ateliers plus spécifiques. Il a mis en place des actions à destination des publics individuels lors des premiers dimanches du mois avec des visites animées pour les enfants. Les troisièmes dimanches du mois, les trois musées proposent des rendez-vous familiaux avec une visite ou une animation qui leur est consacrée. En outre, pour les enfants de quatre à douze ans, le service éducatif a mis en place des stages qui ont lieu les mercredis ou pendant les vacances scolaires. Si cette expérience a été initiée pendant un grand événement, elle remplit une des missions obligatoires du musée189 et reste de façon permanente au musée. Par ailleurs, le public étudiant peut, depuis 2006, disposer de la « Carte Jeunes Nancy Culture " permettant notamment de visiter, de manière illimitée, les musées de la ville après s'être acquitté du paiement de la carte190. Plusieurs

188 Cf. « Patrimoine mausolée, patrimoine valeur refuge, patrimoine citoyen ", Musées et collections publiques de France, n°221-222, décembre 1998-mars 1999, p.106.

189 « Chaque musée de France dispose d'un service ayant en charge les actions d'accueil du public, de diffusion, d'animation et de médiation culturelles. Le cas échéant, ce service peut être commun à plusieurs musées. " (Article L.442-7, Livre IV, titre IV, Code du patrimoine)

190 Le coüt de la carte est de 5€ pour les résidents d Nancy et la Communauté Urbaine, 10 € pour les autres étudiants (jusque 26 ans). Cette carte, toutefois , n'est pas spécifique aux musées, elle permet en outre, des réductions pour les activités culturelles de la ville et sa Communauté Urbaine.

pass Musées existent de façon permanente pour permettre ces actions d'accès égal à la culture, pour les publics adultes.191 En outre, au sein du Musée des Beaux Arts, la mission « nouveaux publics adultes », créée en 2001, a pour vocation d'accueillir les publics handicapés. Le musée a ainsi bénéficié en 2005 du label « Tourisme et handicap ». Certes, l'effet « d'égalité pour tous » n'agit pas uniquement lors des grands événements mais c'est un enjeu que l'on peut intégrer dans le montage de ceux-ci grâce aux moyens déployés. La mission de 2001 se devait d'atteindre l'objectif de 2005, pour qu'il soit beaucoup plus remarqué. Actuellement, ces effets sont prolongés. De même, le musée tente aujourd'hui de s'exporter à travers l'exposition de reproduction d'oeuvres sorties des réserves à destination des personnes hospitalisées au Centre Alexis Vautrin.192Au travers d'une manifestation événementielle, ce sont des missions permanentes et quotidiennes du musée qui sont développées. Par la visibilité que ces événements vont créer, il convient de les intégrer. Dans le projet de rénovation du Musée Lorrain, la création de nouveaux espaces permettra aussi de prendre en compte es problématiques muséales nouvelles.

On peut de manière générale, comme le suggère Noémie Drouguet, trouver que les chiffres de fréquentation apparaissent souvent comme le seul bilan et que seuls les retours dans la presse ou l'efficacité d'une campagne de promotion sont mesurés.193 En effet, « l'année de l'Ecole de Nancy » a connu une forte fréquentation dont témoignent les 380 000 visiteurs des trois expositions et les 75 000 visiteurs de celles présentées à Nancy et hors Nancy »194. En 2005, les 3 expositions ayant bénéficié du label d'intérêt national ont accueilli 103 266 visiteurs dont 32 921 entrées gratuites195. La fréquentation totale du Musée Lorrain sur l'année 2005 s'élève à 85 906 visiteurs contre 70 365 en 2004, celle du Musée des Beaux Arts s'est élevée à 121 147 entrées, contre 83 501 en 2004. 196 Et plus de mille visites de groupes en 2005 ont été enregistrées par l'office de tourisme en 2005 contre 711 l'année précédente197.

191 2 pass « 3 musées » existent : a) Les trois musées qui nous intéressent, la carte est à 8€ pour trois mois, b) Musée du Fer, Aquarium, Jardin Botanique avec une carte à 10€ pour trois mois. Il existe aussi une carte

« pass 6 musées » à 14€ pour trois mois.

192Etablissement hospitalier qui prend en charge le traitement des cancers.

193Cf. N.Drouguet, op.cit.

194 Cf. V. Thomas, op.cit. p.35.

195 « Nancy 2005, le temps des Lumières », le bilan, p .42.

196 Ibid, p.24.

197 Ibid. p.32.

La communication en amont a, il est certain, favorisé les hausses de fréquentations justifiant en 1999 le recrutement d'une chargée de communication au Musée de l'Ecole de Nancy et l'appel régulier du cabinet de relations presses Claudine Collin. La chargée de communication a permis au musée de se doter d'un site web indépendant, ne répondant à pas à une communication institutionnelle, même si son recensement est quand même fait sur les sites Internet de la ville et de l'office de tourisme. En outre, il existe désormais un blog du musée198, permettant de communiquer les actualités récentes du musée et les événements à venir d'une façon plus informelle, se voulant novatrice et donc proche d'un public maîtrisant les NTIC. Cette diffusion permet de renforcer un accès de tous à la culture. En 1999, « l'organisation de l'année de l'Ecole de Nancy a entraîné le recrutement de deux personnes supplémentaires (un régisseur des collections, une responsable du service culturel) et la mutation de deux fonctionnaires de la ville à la conservation.»199 Ce renfort permet ainsi de renforcer les services proposés et d'assurer leur qualité.

(3) « Contribuer aux progrès de la connaissance et de la recherche ainsi qu'à leur diffusion. »200

Il est important pour les musées de ne pas uniquement s'attacher aux collections anciennes ou s'appuyer sur les recherches déjà effectuées. Une politique d'exposition, même si elle s'inscrit dans une notion de temps différente de celle que se donne le musée, quant à la pérennité et à la conservation, n'a de sens que si la relation avec les oeuvres est sauvegardée et qu'elle contribue à leur déploiement et à des travaux scientifiques autour du thème choisi. Lors de ces grands rendez-vous, c'est l'occasion d'augmenter les connaissances sur un sujet donné (ce que Nathalie Heinich nomme la « fonction documentaire de l'exposition »)201. Les expositions temporaires sont aussi un moyen d'envisager un nouvel angle d'attaque. C'est par exemple la vocation que s'est donné le Musée de l'Ecole de Nancy en créant les expositions-dossiers. Les catalogues d'expositions apportent souvent lors de ces événements, la mention d'un apport

198 http://off.ecole-de-nancy.com/web/

199 Cf. V. Thomas, op.cit, p.37.

200 Article L.441-1, Livre IV, titre IV, Code du patrimoine.

201 Article « exposition » in Encyclopedia Universaelis.

documentaire conséquent, ce dont témoigne la conservatrice du Musée des Beaux Arts: « 1999 aura été une année faste pour le Musée des Beaux Arts, après sa réouverture en février dernier, et le succès remporté par l'année de l'Ecole de Nancy, (...) un programme particulièrement fertile en découvertes ».202 Précédemment, nous avons remarqué que les catalogues d'exposition donnent lieu également à des contributions documentaires plus ou moins nombreuses, universitaires ou de l'Inventaire Général du Patrimoine mais aussi estudiantines. « (...) De nombreux fonds, des revues ont été dépouillés à cette occasion par des étudiants de l'université de Nancy II »203. Ainsi, une thèse était en cours (de Mlle Blandine Otter204) en 1999 à Nancy II, on peut supposer qu'elle a contribué à l'avancée des recherches. Il appartient aussi aux conservateurs de ne pas proposer des manifestations « fast-food »205, offrant un condensé réducteur d'informations. Par leurs recherches, opérées pendant la création de l'exposition, les conservateurs contribuent également aux progrès de la connaissance. Une exposition est anticipée et n'avance pas un propos sans sources. D'où, l'intervention parfois de conservateurs spécialisés qui viennent soutenir un propos. Ainsi, si les trois expositions de 2005 : « Stanislas, un roi de Pologne en Lorraine » au musée Lorrain, « De l'esprit des villes. Nancy et l'Europe au siècle des Lumières » au Musée des Beaux-arts et « La lumière au siècle des Lumières et aujourd'hui » aux Galeries Poirel ont reçu le label d'intérêt national, c'est d'une part pour les actions de médiation culturelle et l'ouverture à un large public, mais c'est aussi un gage de qualité scientifique reconnu par le Ministère de la Culture et de la Communication.

Même si les grands rendez-vous apportent des flux touristiques conséquents et non négligeables, le tourisme se doit de respecter de manière responsable le musée. Les musées par le biais des conservatrices doivent rester éthiquement des lieux de savoir, d'éducation et d'intégration sociale sachant manier qualité et adaptation du service afin d'éviter de devenir des lieux de divertissement. Le risque pour les musées est de devenir des produits de marketing perdant ainsi toute pertinence et toute crédibilité. Au regard de l'évolution des contextes et des nouveaux enjeux muséologiques, il s'agit de redéfinir les priorités sans que les différents contextes n'affectent sa structure. Quant à un éventuel risque d'ingérence

202 Cf. B.Salmon dans C.Destrez, B. Salmon, Jacques Majorelle, rétrospective, Musée des Beaux Arts de Nancy, 1er décembre 1999-31 janvier 2000, Paris, RMN, 1999, p.8.

203 Cf. V. Thomas, op.cit, p.36

204 Elle travaille depuis au service de documentation du Musée de l'Ecole de Nancy.

205 Cf. C.Menz, « Contrat de prestation, marketing, controlling. Au joyeux monde des nouveaux musées. », p.95.

des élus, les conservateurs doivent travailler avec les élus, puisqu'ils en dépendent et qu'ils ont la responsabilité du fonctionnement des musées. Mais doivent-ils préférer un désintérêt des élus à l'égard du musée, qui bien souvent s'accompagne d'un manque de moyens ou doivent-ils se réjouir de leur intérêt ? 206 Comme Sylvie Grange l'indique : « les élus sont l'émanation de la démocratie nous [les conservateurs] en dépendons. Leur rôle consiste à décider, soit qu'ils nous aient demandé de mettre en oeuvre tel ou tel objectif, soit que nous leur en ayons fait la proposition.207 Même si les élus n'ont pas la légitimité scientifique et la liberté intellectuelle du contenu, ils sont les initiateurs du projet. Quoiqu'un sujet d'exposition et son angle d'attaque puissent ne pas être neutres non plus. Les institutions étatiques hiérarchiques (le conseiller musée à la DRAC ou l'Inspection des Musées de France) demeurent garantes de la légitimité, les conservateurs peuvent éventuellement attirer leur attention pour avoir plus de crédit face aux élus.208 L'intérêt de participer à la manifestation est puissant parce que celle-ci apporte visibilité et fréquentation pour le musée, il est presque impossible de refuser une telle opportunité puisque ces musées dépendent de la collectivité. Même si des blocages sont possibles, des intérêts divergents peuvent parfois transcender parce que l'événement laisse une place spécifique à chaque institution dans la programmation.209

Les points de vue des conservatrices de Nancy demeurent assez mitigés. Mme Roze invoque son devoir de réserve lorsqu'on lui demande quelles sont ses méthodes de travail avec la municipalité et si elle a l'impression de conforter un gout convenu. Mme Chavanne y voit un aspect positif pour le musée et avoue, en tant que fonctionnaire municipale, ne pas revendiquer une éventuelle contrainte puisque le fonctionnement des musées se fait sur les crédits publics. Elle trouve également le projet fédérateur puisqu'il amène à la fois un projet et les moyens « d'autant qu'il est assez rare que les villes se préoccupent de la culture, donc lorsqu'elles le font il faut profiter de l'opportunité. ».Tandis que Mme Thomas porte un jugement atténué. Pour elle :

206 Cf. F. Poulard, op.cit, p.200.

207 S. Grange, « Le territoire du conservateur », Musées et collections publiques de France, n°221-222, décembre 1998-mars 1999, p.104.

208 Cf. F .Poulard, op.cit, p.228

209 Cf. V. Appel, C. Bando, H .Boulanger, G. Crenne, V. Croisant , B. Toullec, La mise en culture des territoires, Nouvelles formes de culture événementielle et initiatives des collectivités locales, Nancy, Presses Universitaires de Nancy, 2008

« Tous les problèmes et dysfonctionnements du musée de l'Ecole de Nancy n'ont pas été réglés pour 1999. La ville de Nancy et les autres partenaires ont cependant trop tendance à considérer que le musée a beaucoup profité de l'année de l'Ecole de Nancy. Il est pourtant difficile de conserver aujourd'hui l'impact de cette opération, la fréquentation du musée a été en hausse depuis 2000 mais connaît depuis, une légère baisse. La confusion se fait facilement entre l'investissement important consenti pour l'année de l'Ecole de Nancy et celui proportionnellement plus modeste pour le musée de l'école de Nancy. (...) L'année de l'Ecole de Nancy fut un moment exceptionnel dans la vie et l'histoire du musée de l'école de Nancy. Mais il est très difficile de conserver sur le long terme, le rythme et l'impulsion donnés par l'année de l'Ecole de Nancy, d'où parfois le regret de ne pas avoir eu le choix d'un investissement régulier pour le musée et d'une réflexion plus globale sur le patrimoine Art nouveau à Nancy. »210

Ce qui nous laisse croire que « la tentation du court terme reste forte, avec le lancement d'opérations visibles rapidement et susceptibles de faire venir des visiteurs. »211

210 Cf. V. Thomas, op.cit, p.37.

211 Cf. C. Barçon, « Stratégies touristiques des villes, un délicat équilibre à trouver » dans Cahiers Espaces, n°78, juillet 2003, p. 56.

Conclusion

On a tenté de montrer, au travers de l'exemple de Nancy, dans quelle mesure la culture peut jouer un rôle au sein d'une politique globale.

Socialement, le rendez-vous présente un intérêt, il permet un accès du plus grand nombre à la culture et aux événements qui lui sont rattachés, se voulant ainsi comme un temps festif, de rencontres, de « croisements » autour d'un patrimoine en commun. Patrimoine, possédant une vertu fédératrice voire identitaire renforçant ainsi le sentiment d'appartenance à la ville. Les habitants de Nancy et de sa Communauté Urbaine pouvant alors partager des référents communs. Les musées et le patrimoine, plus généralement la culture, semblent devenir l'apanage des collectivités territoriales et notamment des villes. Gérer une ville ne se réduit manifestement plus à la régie d'actes techniques. « Garantir la cohésion sociale, fédérer les talents, mettre en présence des sensibilités, des générations, bref faire en sorte que les gens se reconnaissent dans leur ville, aient envie de se l'approprier, de la découvrir (...) »212semble désormais être aussi une des fonctions que la ville doit remplir. Les trois musées de Nancy qui nous intéressent entendent jouer un rôle moteur dans la vie culturelle tant au quotidien que poussés par des temps forts. Ils permettent à chacun de découvrir et s'approprier leurs collections en restant des lieux de partage des connaissances et du patrimoine, contribuant ainsi à l'enrichissement personnel. Les musées, à travers ces grands événements entendent opter pour une réflexion sur l'avenir, ne se contentant pas de s'appuyer sur un patrimoine glorieux. Ils rendent possible

212 André Rossinot dans N. Descendre, Le Bottin des Lumières, p.8-9.

le dialogue de leurs collections avec la création contemporaine. Emanant d'une volonté politique, les grands rendez-vous, en condensant les possibilités culturelles stimulent une offre constante. Cependant, il faut veiller à ne pas uniquement stimuler l'offre pour accroître la demande au risque de diluer l'intérêt des publics. Il faut veiller à proposer en continu une « irrigation culturelle » du territoire avec des propositions variées en restant ouvert à ce que souhaitent les habitants locaux.

Pour autant, « (...) 87% des personnes interrogées souhaitent que ce type d'événements soit renouvelé à l'avenir (
·
·
·) »213. Cela signifie que l'opération est correctement articulée et que les investissements financiers ne sont pas futiles. Les énergies des organisateurs du projet sont communes pour un même projet, les administrateurs institutionnels s'appuyant sur un large réseau de partenaires qui prolongent intellectuellement les enjeux financiers engagés pour proposer une offre fiable et de qualité. Le projet se doit d'être une réussite intellectuelle et culturelle, il doit aussi être une réussite touristique - par la fréquentation qu'il engendre - et économique avec des retombées, de préférence positives. Cependant, il ne pourrait pas être qu'une réussite touristique et économique. Si « pendant longtemps, on a considéré que mêler les problèmes d'argent aux problèmes de culture constituait une sorte de non-sens, quasiment une incongruité. Certains conservent d'ailleurs toujours l'arrière-pensée qu'il ne faudrait pas parler d'argent quand on parle de culture. Mais nous savons bien que tout doit se mesurer, et que l'argent constitue l'un de ces moyens de mesure (même si ce n'est évidemment pas le seul). S'il ne faut pas trop parler d'argent, il faut toujours parler d'efficacité, car il est inadmissible de ne pas être efficace dans quelque domaine que ce soit où on utilise de l'argent, qu'il soit public ou privé. »214. Cette efficacité se mesure également avec les retombées plus immatérielles telle la présence médiatique, l'attractivité engendrée et aussi la pérennité intellectuelle et physique qu'il va léguer à la postérité. Actes, publications participent à cette dernière, les rénovations apportées aux bâtiments et aux objets paraissent être engagées pour plusieurs générations, de même que les projets intellectuels qui sont le fruit de ces événements.

213 Cf. Etude IFOP, op.cit, p.17.

214Intervention de R .Mézin dans M.Gabillard, R.Mezin, F. Thorel, « Culture et gestion, le point de vue des élus locaux », P.42

Enfin, s'il nous semblait de prime abord qu'il puisse y avoir une certaine instrumentalisation de la culture, dès lors que notre regard est extérieur. Il apparaît en fait que l'événement soit profitable aux musées dans tous les sens du terme et que tous les professionnels de la culture soient plutôt satisfaits que leurs services puissent être mis à profit lors d'événements d'une telle ampleur. « C'est un travail concerté, le professionnel a besoin du politique pour le budget, l'élu a besoin du professionnel pour l'approche scientifique ».215 L'événement est conçu en amont, il n'est là que parce qu'il s'appuie sur un patrimoine existant pour illustrer son propos et s'articule comme un temps fort par rapport aux programmations que proposent les musées aux publics. La difficulté consiste toutefois à éviter que les investissements conséquents qui sont déployés pour les manifestations événementielles ne soient pas mieux répartis au fil des ans afin d'être disponible de façon pérenne.

Néanmoins, les événements sont bénéfiques aux musées à plus d'un titre. Ils donnent lieu à une fréquentation plus importante et diversifiée en matière de publics grâce aux moyens qui sont déployés proposant ainsi une communication opérationnelle. Ces rendez-vous permettent aux musées de remplir leurs missions de façon accélérée, parce que tous les professionnels oeuvrent dans le même sens. Les moyens étant mutualisés, il devient plus simple de collaborer. L'étude des collections se voit renforcée grâce à leurs restaurations. S'adapter aux nouveaux enjeux sociétaux est un des défis actuels des musées notamment en s'articulant à l'économie, en veillant toutefois à conserver leur intégrité.

On peut se demander à une échelle plus importante, si l'événementiel n'est pas une solution par défaut pour les collectivités suscitée par la fugacité des mandats et la difficulté de reconduire les actions culturelles d'une politique opposée. D'où la nécessité parallèle d'un travail continu d'inscription territoriale de la culture et de mobilisation des acteurs pour éviter leur instrumentalisation.

On constate, spécifiquement pour Nancy, que les trois grands événements ont coïncidé avec la rénovation des trois grands musées. On pourrait s'interroger, dans un autre cadre, sur le jardin botanique, l'aquarium et le musée du fer. Seraient-ils susceptibles d'être aussi porteurs de manifestations telles que « l'Année de l'Ecole de Nancy » et « Le temps des Lumières » l'ont été ? Ce sur quoi un opposant de la majorité ironisait en disant que

215 Entretien téléphonique avec Mme Véronique Noël le 11/03/2010.

Nancy ne pouvait pas en permanence faire des grands événements en « remontant jusqu'aux temps préhistoriques », signifiant ainsi l'épuisement des possibilités patrimoniales comme un des risques pour la ville et sa Communauté Urbaine. On peut lui rétorquer qu'il existe différents angles d'approches d'une thématique muséale et patrimoniale et que souvent, au fil du temps, on revoit ses positions. De même, les investissements consentis en 1999 pour le Musée de l'Ecole de Nancy et le Musée des Beaux Arts, en 2005 pour les collections du Musée des Beaux Arts et le patrimoine XVIIIe de la ville ou pour le Musée Lorrain, ne répondront peut être plus, d'ici peu, aux problématiques sociétales actuelles et qu'il serait alors de bon temps de revoir ces jugements.

En outre, il serait également intéressant de s'interroger sur l'essence festive impulsée pour ces événements. N'existe-t-il pas d'autres moyens de faire venir les gens au musée ? Plus généralement, on se demanderait alors quel sera le futur de l'événementiel et si l'on peut opter pour une voie médiane, entre expositions temporaires et collections permanentes.

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VIEVILLE Dominique, « Le projet culturel de musée », Equipements culturels territoriaux : projets et modes de gestion, Paris , la Documentation française , 1994, pp.67-69.

VIGHETTI Jean-Bernard, « Qu'est-ce que le tourisme urbain ? », Cahiers Espaces n°39, pp31-35.

YOUNES Chris, « La culture, matière de la ville et de la citadinité », L'observatoire n°34, décembre 2008, pp.25-26.

WASSERMAN Françoise, BERTHO-LAVENIR Catherine, POUVEREL Bernard, MARIN Jean-Yves, JOUBERT Caroline, « Musée et tourisme », table-ronde de l'ICOM, Caen, 2009.

WOLF Laurent, « La vérité des grandes expositions. Critique et soumission à l'autorité », Etudes, 2003/2, tome 398, pp.223-231.

5. Sites web

Site Art Nouveau network http://www.artnouveau-net.eu/

Site de recherche des marques de l'INPI : http://bases-marques.inpi.fr/ Site du Ministère de la culture : www.culturegouv.fr

Site du Musée de l'Ecole de Nancy : http://www.ecoledenancy.com/web/index.php?page=presentation-men

Site de l'ICOM : http://icom.museum/index_fr.html

Le service public de la diffusion du droit www.legifrance.fr

Site de la ville de Nancy :

> http://www.nancy.fr/accueil/html/ > http://www1.nancy.fr/culturelle/grands-rendez-vous/nancy-2005.html > http://www.nancy.fr/culturelle/rdv_et_festival/html/nancy2005.php > http://www1.nancy.fr/culturelle/musees/musee-des-beaux-arts.html > http://www1.nancy.fr/culturelle/musees/musee-de-lecole-de-nancy.html > http://www1.nancy.fr/culturelle/musees/musee-lorrain.html

Site du tourisme culturel : www.tourismeculturel.net

Annexes

Annexe 1 : Communiqué de presse Trésor de Pouilly sur Meuse

www.culture.gouv.fr

Annexe n°2 : Polémique autour de la marque Saint Nicolas

Les villes de Nancy et de Saint Nicolas de Port ont engagé une démarche auprès de l'INPI visant à déposer les marques « Saint Nicolas », « le marché de Saint Nicolas », « les Fêtes de Saint Nicolas » ainsi que « la Fête de Saint Nicolas », pour différents produits et services en classes 4, 14, 16, 18, 21, 25, 26, 28, 29, 30 et 35.

Compte tenu de la notoriété de Saint Nicolas en Alsace, de la multitude d'églises et chapelles portant son nom, de même que des nombreux marchés et foires sans compter les fêtes de villages diverses dans notre région, l'utilisation exclusive d'une telle appellation nous est apparue totalement en contradiction à toutes les traditions reconnues et suivies depuis le Moyen Age en Alsace.

Le terme de « marché de St Nicolas », « foire de .. », « fête de .. » notamment sont des termes utilisés depuis près de huit siècles sur de nombreuses manifestations, sans compter la simple référence à « Saint Nicolas ».

Il suffit de rappeler que près de 35 églises importantes portent ce nom en Alsace, sans compter les chapelles, oratoires et autres monuments présents dans l'espace rural alsacien. Pour mémoire encore, près de 45 marchés, fêtes et foires de la Saint Nicolas notamment se déroulent en Alsace entre le 4 novembre et le 7 décembre annuellement depuis la nuit des temps, en plus de toutes les traditions religieuses qui ont rythmé toutes les manifestations de la vie sous le patronage du Saint.

Lors de ces manifestations, il convient de noter que la quasi-totalité des produits revendiqués au sein des
dépôts des marques ci-dessus mentionnées sont traditionnellement confectionnés, fabriqués ou vendus à
l'occasion de manifestations placées sous le patronage du saint ou vendus à l'occasion des fêtes et foires quiy sont directement liées.

Dans ce cadre l'Association Départementale du Tourisme du Haut-Rhin entend s'opposer à la démarche des villes de Nancy et de Saint Nicolas de Port, afin de protéger nos traditions ancestrales liées à Saint Nicolas, et de conserver dans tous les cas la possibilité de communiquer sur le sujet sans contestation possible par aucune autre entité, collectivité, entreprise ou intérêt particulier étrangers à l'Alsace.

Pour ce faire l'ADT du Haut-Rhin, présidée par Eric Straumann, député et conseiller général, a missionné le cabinet conseil en propriété industrielle « Meyer & partenaires » situé à Strasbourg pour défendre les intérêts alsaciens et contester la possibilité d'une appropriation exclusive des marques telles que déposées.

La premiere étape de cette action, compte tenu de l'urgence de la situation, a été le dépôt le 14 octobre dernier pour le compte de l'ADT par le cabinet d'un mémoire fortement argumenté démontrant que les termes déposés sont « dépourvus de caractère distinctif au regard des produits et services visés dans leur dépôt et ne peuvent donc être déposés au titre de marque en France », et de ce fait que les demandes d'enregistrement sont contraires aux dispositions du Code de la Propriété industrielle .

L'ADT du Haut-Rhin, assistée par son Conseil « Meyer & partenaires» suit ainsi la procédure en cours, avec pour objectif que soient rejetées officiellement les demandes d'enregistrement effectuées par la ville de Nancy et Saint Nicolas de Port des marques « Saint Nicolas », « le marché de Saint Nicolas », « les Fêtes de la Saint Nicolas » ainsi que « la Fête de Saint Nicolas.

Jeudi 16 juillet 2009 4 16 /07 /2009 12:32 http://www.ericstraumann.info/article-saint-nicolas-n-est-pas-une-marque-38846831.html

Annexe n°3 :Marque déposée "Saint Nicolas ®" : la pétition en ligne

Madame, Monsieur, chers Collègues, chers Amis,

Les maires de Saint Nicolas de Port et de Nancy souhaitent limiter l'usage du nom de Saint Nicolas en déposant les marques (( Saint Nicolas ,,, (( Le marché de Saint Nicolas ,,, ((Fête de Saint Nicolas ,, et (( Les fêtes de Saint Nicolas ,, auprès de l'Institut National de la Propriété Industrielle. Nous, habitants de Nancy et de Saint-Nicolas de Port, nous opposons à cette demande parce qu'elle est contraire à la notion de patrimoine commun. Si vous recevez ce message [Note : le présent texte est destiné à être transféré par courriel à un maximum de personnes] et que vous souhaitiez, comme nous, que le nom et les fêtes de Saint Nicolas restent dans le patrimoine commun à tous, contactez l'INPI pour dire que vous refusez la mise en place de marque déposée sur "Saint Nicolas".

MM Rossinot, maire de Nancy, et Binsinger, maire de Saint-Nicolas de Port, ne peuvent disposer de notre patrimoine commun pour faire de l'argent.

Afin de donner encore plus d'impact à cette demande, transférez ce mail à toute personne de votre entourage intéressée par la défense de ce patrimoine. Si nous sommes nombreux à contacter l'INPI pour exprimer notre refus de mettre une marque sur Saint Nicolas, alors l'Institut écoutera peut-être plutôt notre demande que la leur.

Merci à tous de votre engagement. Rendez-vous sur le site de l'INPI et choisissez l'option : Demande d'information sur un dossier déposé.

Copiez et collez le message en rouge ci-dessous

Saint Nicolas est un patrimoine commun à beaucoup de Français, d'Européens et de personnes de nationalités très différentes. Au nom de la notion de patrimoine commun j'exprime mon désaccord à la mise sous marque déposée de ce nom.

Merci de confirmer votre engagement en signant la pétition en ligne :

Merci à tous.

David SARRADO

Daniel WISNIEWSKI Odette DOUEZ

Jean-Louis BAUDY Patricia OBRIOT

Annexe n°4 :Fête : polémique en Lorraine après le dépôt de la marque "Saint-Nicolas"

La polémique enfle à nouveau autour du dépôt de la marque "saint nicolas ®". Un article du Monde.fr met bien en lumière la problématique... La conclusion de Bertrand Masson, du groupe délus d'opposition au conseil municipal de Nancy, est tout à fait pertinente. Surtout à Saint-Nicolas de Port.

A la veille des célébrations de la Saint-Nicolas, la Lorraine est traversée par une polémique qui concerne le dépôt de la marque "Saint-Nicolas" par les mairies de Nancy et Saint-Nicolas-dePort (Meurthe-et-Moselle). Pour dénoncer la "privatisation" de la fête, un élu de l'opposition socialiste à Nancy, Bertrand Masson, a lancé mercredi une pétition en ligne qui a déjà recueilli les signatures d'une vingtaine d'édiles socialistes, dont les présidents du Conseil régional de Lorraine et du Conseil général de Meurthe-et-Moselle, ainsi que certains maires de l'agglomération nancéienne. Les conseils municipaux de Nancy et de Saint-Nicolas-de-Port (7.500 habitants) ont en effet voté en juillet dernier le dépôt de quatre marques à l'Institut national de la propriété intellectuelle (Inpi): "Saint Nicolas", "Le marché de la Saint Nicolas", "Les fêtes de la Saint Nicolas" et "La fête de la Saint Nicolas". "On privatise une fête, comme si Nancy et Saint-Nicolasde-Port étaient les seules villes concernées", dénonce Bertrand Masson, chef de l'opposition municipale de Nancy qui estime que les deux communes ont fait preuve d'"une vision boutiquière d'un patrimoine culturel commun à tous les Lorrains". Les signataires demandent le retrait des marques déposées à l'INPI ainsi que l'inscription de la fête de la Saint-Nicolas au patrimoine culturel immatériel de l'Unesco. "Nous avons fait cette démarche pour protéger l'initiative privée, ce dépôt n'est pas opposable aux initiatives des collectivités publiques", s'est défendu Laurent Hénart, adjoint à la Culture (UMP-Rad) à la mairie de Nancy. "N'importe quelle mairie pourra décider d'éditer des produits dérivés", assure-t-il. "Nous avons eu deux précédents, notamment avec l'appellation +Place Stanislas+ en 2005: il a fallu transiger avec les particuliers qui avaient déposé ce nom, ça a eu un coût certain en frais de justice. Maintenant, on se protège", justifie-t-il. Laurent Hénart, par ailleurs tête de liste UMP aux élections régionales en Lorraine, observe que "personne n'a fait opposition ou n'a déposé d'observations durant le délai légal après le dépôt à l'INPI". "C'est une fois ce délai écoulé que certains s'agitent: il y a une posture pré-électorale regrettable, Saint-Nicolas mérite mieux que ça", estime-t-il.

Source : http://www.davidsarrado.fr/article-fete-polemique-en-lorraine-apres-le-depot-dela-marque-saint-nicolas--40544879.html

Annexe n°5 : Marque Saint-Nicolas

Marque : SAINT NICOLAS

Classification de Nice : 4 ; 14 ; 16 ; 18 ; 20 ; 21 ; 25 ; 26 ; 28 ; 29 ; 30 ; 35 Produits et services

· 4 Bougies et mèches pour l'éclairage ;

· 14 joaillerie, bijouterie, horlogerie et instruments chronométriques, monnaies, boîtiers, bracelets, chaînes, porte clefs de fantaisie, statues ou figurines (statuettes) en métaux précieux, étuis ou écrins pour l'horlogerie, médailles ;

· 16 produits de l'imprimerie, articles pour reliures, photographies, articles de papeterie ; adhésifs (matières collantes) pour la papeterie ou le ménage, matériel pour les artistes, pinceaux, machines à écrire et articles de bureau (à l'exception des meubles), matériel d'instruction ou d'enseignement (à l'exception des appareils), caractères d'imprimerie, clichés, papier, carton, boîtes en carton ou en papier, affiches, albums, cartes, livres, journaux, prospectus, brochures, calendriers, instruments d'écriture, objets d'art gravés ou lithographiés, tableaux (peintures) encadrés ou non, aquarelles, patrons pour la couture, dessins, instruments de dessin, mouchoirs de poche en papier, serviettes de toilette en papier, linge de table en papier, papier hygiénique, couches en papier ou en cellulose (à jeter), sacs et sachets (enveloppes, pochettes) en papier ou en matières plastiques pour l'emballage, sacs à ordures en papier ou en matières plastiques ;

· 18 parapluies, portefeuilles, porte-monnaie, sacs à main, à dos, à roulettes, sacs d'écoliers, filets ou sacs à provisions ;

· 20 récipients d'emballage en matières plastiques, vaisseliers, vannerie, boîtes en bois ou en matières plastiques ;

· 21 ustensiles et récipients non électriques pour le ménage ou la cuisine, porcelaine, faïence, bouteilles, objet d'art en porcelaine, en terre cuite ou en verre, statues ou figurines (statuettes) en porcelaine, en terre cuite ou en verre, verres (récipients), vaisselle ;

· 25 vêtements, chaussures, chapellerie, chemises, vêtements en cuir ou en imitation du cuir, ceintures (habillement), fourrures (vêtements), gants (habillement), foulards, cravates, bonneterie, chaussettes, chaussons, chaussures de plage, de ski ou de sport, couches en matières textiles, sous-vêtements ;

· 26 dentelles et broderies, rubans et lacets, boutons, barbes, cheveux ou moustaches postiches, passementerie, perruques ;


· 28 jeux, jouets, décorations pour arbres de Noël (à l'exception des articles d'éclairage),

balles ou ballons de jeu, jeux de cartes ou de tables, patins à glace ou à roulettes, trottinettes ;

· 29 gelées, confitures, compotes ;

· 30 farines et préparations faites de céréales, pain, pâtisserie et confiserie, épices, biscuiterie, gâteaux, sucreries, chocolat ;

· 35 publicité, diffusion de matériel publicitaire (tracts, prospectus, imprimés, échantillons), organisation d'expositions à buts commerciaux ou de publicité, publicité en ligne sur un réseau informatique, location de temps publicitaire sur tout moyen de communication, publication de textes publicitaires, location d'espaces publicitaires, diffusion d'annonces publicitaires, relations publiques.

Déposant

· VILLE DE NANCY, Collectivité publique, personne morale de droit public, Meurthe-etMoselle, 1 Place Stanislas Case officielle numéro 1 54035 NANCY Cedex, FR

· VILLE DE SAINT NICOLAS DE PORT, Collectivité publique, personne morale de droit public,
Meurthe-et-Moselle, 4. Place de la République 54210 SAINT-NICOLAS-DE-PORT, FR

Mandataire : Cabinet Michel Poupon, L'Escuriale - Technopole de Brabois 17 av. de la Forêt de Haye 54519 VANDOEUVRE Cedex, FR

Numéro : 3662684

Statut : Demande publiée

Date de dépôt / Enregistrement : 2009-07-07 Lieu de dépôt : DÉPÔT ELECTRONIQUE PARIS Historique

· Publication 2009-08-14 (BOPI 2009-33) Copyright (c) 2009 INPI

http://bases-marques.inpi.fr

Annexe n°6 : Expositions depuis l'ouverture du Musée de l'Ecole de Nancy : Expositions temporaires... depuis la création du musée de l'Ecole de Nancy

Majorelle. Un art de vivre moderne

2 mai - 30 août 2009

Exposition présentée dans les galeries Poirel à Nancy

Scénographe : Didier Blin, Centre Technique Municipal (CTM)

Commissaires : Roselyne Bouvier, Valérie Thomas

Publication d'un catalogue Majorelle. Un art de vivre moderne. Paris, Chaudun, Nancy, Ville de Nancy, 2009

Victor Prouvé. Les années de l'Ecole de Nancy

16 mai - 21 septembre 2008

Exposition présentée au musée des Beaux-Arts, au musée de l'Ecole de Nancy et au musée Lorrain

Scénographe : Didier Blin, CTM

Commissaires : Blandine Otter, Jérôme Perrin, Valérie Thomas (pour le musée de l'Ecole de Nancy)

Publication d'un catalogue Victor Prouvé 1858-1943. Paris, Gallimard, Nancy, Ville de Nancy, 2008

Verrerie Art nouveau. L'exemple des frères Muller

6 octobre 2007 - 20 janvier 2008

Scénographe : Véronique Dolfus, CTM

Commissaire : Valérie Thomas

Publication d'un catalogue Verrerie Art nouveau. L'exemple des frères Muller. Paris, Somogy, Nancy, Ville de Nancy, 2007

Le Musée de l'Ecole de Nancy dévoile ses réserves. OEuvres méconnues ou inédites

3 mars -- 13 mai 2007

Exposition présentée dans les galeries Poirel à Nancy

Scénographie : CTM

Commissaires : François Parmantier, Jérôme Perrin

Publication d'un catalogue Le musée de l'Ecole de Nancy dévoile ses réserves. Fage, Nancy, Ville de Nancy, 2007

Roger Marx un critique aux côtés de Gallé, Monet, Rodin, Gauguin...

6 mai -- 28 août 2006

Exposition présentée au musée de l'Ecole de Nancy et au musée des Beaux-Arts de Nancy

Scénographe : Jérôme Habersetzer, CTM

Commissaires : Jérôme Perrin, Valérie Thomas (pour le musée de l'Ecole de Nancy) Publication d'un catalogue Roger Marx un critique aux clités de Gallé, Monet, Rodin, Gauguin... Paris, Artlys, Nancy, Ville de Nancy, 2006

Couleurs et formes. L'héritage du XVIIIe si~cle dans l'Ecole de Nancy

16 septembre -- 31 décembre 2005

Scénographe : Philippe Renaud

Commissaires : Roselyne Bouvier, Valérie Thomas

Publication d'un catalogue Couleurs et formes. L'héritage du XVIIIe siècle dans l'Ecole de Nancy. Paris, Somogy, Nancy, Ville de Nancy, 2005

Verreries d'Emile Gallé. De l'oeuvre unique à la série

12 mai -- 15 août 2004

Scénographe : Philippe Renaud, CTM

Commissaires : Hélène Bieri Thomson, Valérie Thomas

Publication d'un catalogue Verreries d'Emile Gallé. De l'oeuvre unique à la série. Paris, Somogy, 2004

Emile André, voyages en Orient

Emile André, architecte et artiste décorateur

8 octobre 2003 -- 12 janvier 2004

Expositions présentées au musée des Beaux-Arts et au musée de l'Ecole de Nancy Scénographie : CTM

Commissaires : Hervé Doucet, François Parmantier, Valérie Thomas

Publication d'un ouvrage Emile André. Artiste de l'Ecole de Nancy. Metz, Serpenoise, Nancy, Musée de l'Ecole de Nancy, 2002

L'art du Japon et l'Ecole de Nancy. Échanges et influences Exposition, 16 avril -- 13 juillet 2003

Scénographie : CTM

Emile Gallé et Victor Prouvé. Une alliance pour le mobilier

16 octobre 2002 -- 26 janvier 2003

scénographie : CTM

Commissaires : Jérôme Perrin, Valérie Thomas

Publication d'un catalogue Emile Gallé et Victor Prouvé. Une alliance pour le mobilier. Nancy, AAMEN, 2002

Loïe Fuller, danseuse de l'Art nouveau

17 mai -- 19 août 2002

Exposition présentée au musée des Beaux-Arts de Nancy

Scénographe : Philippe Renaud, CTM

Commissaires : Jérôme Perrin, Valérie Thomas

Publication d'un catalogue Loïe Fuller, danseuse de l'Art nouveau. Paris, RMN, 2002

Céramiques Art nouveau de Hongrie, la manufacture Zsolnay

17 octobre 2001 -- 14 janvier 2002

Scénographie : CTM

Publication d'un catalogue

Céramiques végétales. Ernest Bussi~re et l'Art nouveau

21 juin -- 25 septembre 2000

Scénographie : CTM

Commissaires : François Parmantier, Valérie Thomas

Publication d'un catalogue Céramiques végétales. Ernest Bussière et l'Art nouveau. Nancy, musée de l'Ecole de Nancy, banque SNVB, 2000

L'Ecole de Nancy. Fleurs et ornements

24 avril -- 26 juillet 1999

Scénographe : Philippe Renaud

Commissaire : Valérie Thomas

Publication d'un catalogue L'Ecole de Nancy. Fleur et ornements. Paris, RMN, 1999 (épuisé)

Géo Condé : céramiques 1922-1939

18 novembre 1992-28 février 1993

Autochromie. 80e anniversaire 8 juin -- 29 juillet 1985

Le cuir au musée

Automne 1985

Publication d'un catalogue Le cuir au musée de l'Ecole de Nancy. Nancy, musée de l'Ecole de Nancy, 1985 (épuisé)

Sellier

Novembre 1982 -- février 1983

Publication d'un catalogue Sellier. Nancy, musée de l'Ecole de Nancy, 1982

Louis Hestaux, collaborateur de Gallé

1982

Publication d'un catalogue Louis Hestaux. Nancy, musée de l'Ecole de Nancy, 1982(épuisé)

Le vitrail

1981

Publication d'un catalogue (épuisé)

Broderie et tissus

1980

Publication d'un catalogue Musée de l'Ecole de Nancy. Broderie et tissus. Nancy, musée de l'Ecole de Nancy, 1980(épuisé)

Sous la lampe

Juillet - septembre 1979

Orient romanesque, Orient pittoresque dans l'oeuvre de Victor Prouvé 1977

http://www.ecole-de-nancy.com/web/index.php?page=les-expositions-temporaires






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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci